PSG : tout savoir sur les tactiques, les transferts et le financement
Dans un passé pas si lointain, le PSG avait tout d’une écurie moyenne, n’arrivant pas à
s’imposer sur le plan national et européen à quelques rares exceptions près (vainqueur de la
coupe d’Europe des vainqueurs de coupe en 1996, de la coupe Intertoto en 2001 et de la coupe
de France en 2004, 2006 et 2010) et ce non pas faute de moyens, les dirigeants ayant toujours
penché pour une injection de fonds considérable pour les transferts. Suffisait-il d’attirer des
joueurs de premier plan tels que Ronaldinho, Gabriel Heinze, Nicolas Anelka, Jay-Jay Okocha ou
encore Pauleta inter alia pour tirer l’équipe vers le haut ? Manifestement non, car le football
moderne est bien plus que la simple addition de ses parties. Autrement dit pour gagner, il faut
non seulement un ensemble homogène mais aussi une direction solide. De longues années
durant, le PSG a du mal à trouver l’entraîneur capable de créer un collectif digne de ce nom,
séduisant autant sur le terrain qu’en dehors, non sans provoquer la colère de ses supporters.
Déçus par le pauvre spectacle qui se déroule sur la pelouse, ceux-ci n'hésitent pas à bouder le
Parc des Princes en guise de représailles ou à huer les joueurs ; davantage, le PSG vit au rythme
d’une gouvernance instable (huit présidents se succèdent entre 2005 et 2011!) et subit une
constante pression, due notamment au fait qu’il est le seul club professionnel de la capitale.
L'entrée de Qatar Investment Authority (QIA) dans le capital du PSG en mai 2011 marque une
rupture totale. Le PSG devient l’une des sections du nouveau club omnisports du Paris Saint-
Germain, dont le conseil de surveillance est présidé par Nasser Al-Khelaïfi. A coups de millions
d’euros, les propriétaires originaires du Golfe sont décidés à changer la donne en fixant dès le
départ des objectifs ambitieux : gagner sur tous les fronts. Un paquet initial de cent millions
d’euros est dépensé. La logique qui anime les Qatariens est claire : pour construire à long
terme, il faut combiner recrutement d’internationaux et investissement dans des jeunes
talents. Le premier souhait est exaucé par la venue de plusieurs éléments de qualité comme le
gardien italien Salvatore Sirigu et l’attaquant français Jérémy Ménez, riches de leurs
expériences dans le Calcio. Le capitaine de la sélection uruguayenne Diego Lugano arrive
également. En parallèle, des bons joueurs de Ligue 1 regagnent le groupe comme Blaise
Matuidi et Kevin Gameiro. Le second axe s’incarne quant à lui dans la signature de la perle
argentine Javier Pastore pour 43 millions d'euros, au nez et à la barbe de l’Inter Milan ou de
Chelsea. Il s’agit d’une somme inégalée jusque-là dans le championnat hexagonal. La
nomination de Leonardo, un ancien parisien jouissant d’une puissante aura, au poste
de directeur sportif n’est pas étrangère à cette première vague de renforts. C’est à ce moment-
là que les pronostiques sur Bwin et les paris sportifs flairent la bonne affaire. Les efforts
commencent à porter leurs fruits dès les premiers mois : champion d’automne sous la houlette
d’Antoine Kambouaré, le PSG passe ensuite aux mains de Carlo Ancelotti, double vainqueur de
la Ligue des champions, pendant la trêve hivernale. C’est lui qui va vraiment s’atteler à
construire quelque chose de nouveau à Paris. Au même moment, un redoutable trio brésilien
rejoint les rangs du PSG pour consolider la défense, en priorité, et dans une moindre mesure le
milieu de terrain : Maxwell, Alex et Thiago Motta. En revanche, le PSG peine à faire venir un
grand attaquant. L’équipe rate le titre de champion de France pour la saison 2012 sur le fil au
profit de Montpellier.
A l’intersaison, le PSG passe la vitesse supérieure et pose les jalons de son effectif actuel, en se
tournant une fois de plus vers les stars mondiales du marché italien. Cette fois, le secteur
offensif est à l’honneur : le suédois Zlatan Ibrahimović et l’argentin Ezequiel Lavezzi sont choisis
pour donner au jeu d’attaque parisien une dimension exceptionnelle. Par ailleurs, Thiago Silva,
l’un des meilleurs défenseurs du monde – d’où le montant record de 49 millions d’euros
déboursés au Milan AC pour son transfert – et l’ancien triple meilleur défenseur du
championnat hollandais Gregory van der Wiel sont sélectionnés pour former l’une des
meilleures défenses au monde. Enfin, les jeunes prodiges Marco Verratti, désigné comme le
« nouveau Pirlo » par la presse transalpine, et Lucas Moura, grand espoir du football brésilien et
mondial, parachèvent cette pluie d’étoiles. Tous les ingrédients semblent réunis pour
concrétiser le retour des rouges et bleus dans l’élite du football continental.
Le PSG termine le championnat à la première place. C’est le troisième sacre après les titres de
champion de France de 1986 et 1994. 25 victoires, 8 matchs nuls et 5 défaites pour un total de
83 points. 43 points sur 57 sont collectés à domicile et 40 à l’extérieur, soit douze de plus que
son dauphin l'Olympique de Marseille. Meilleure attaque du championnat avec 69 buts
marqués, le PSG possède en plus la meilleure défense en encaissant 23 buts mais également la
meilleure différence de but (+46 contre +6 pour Marseille). Ibrahimović étale tout son talent en
inscrivant 35 buts. L’affluence à domicile dépasse à chaque rencontre la barre des 42.000
spectateurs, de plus en plus nombreux à assister à la renaissance de leur équipe favorite. En
Ligue des Champions, le PSG survole les poules et accède sans difficulté aux quarts de finale,
performance qui n'avait pas été réalisée depuis 1995, après avoir éliminé le FC Valence en
huitièmes. Le tirage au sort désigne le FC Barcelone comme adversaire, qui élimine finalement
le PSG aux buts à l'extérieur à l'issue de deux matchs nuls. Sur le plan tactique,
Ancelotti adopte le fameux « sapin de noël » (4-3-2-1), qui est en fait une alternative au
traditionnel 4-2-2. Système mettant l’accent sur le milieu de terrain, il avait déjà conduit le
Milan AC au sacre en Ligue des Champions en 2006-2007. Ancelotti met toutefois du temps à
identifier son équipe type. Cela n’empêche pas le PSG de se montrer solide et efficace, en
pratiquant un football dont la double mission est de garder le ballon au sol et de le remonter de
l'arrière à l’aide de contres, grâce à la vitesse de ses flèches offensives. Au terme d’une saison
dans l’ensemble réussie, l’entraîneur italien quitte Paris dix-huit mois après ses débuts, vexé par
ses dirigeants, avec lesquels il entretient des rapports presque inexistants, et déçu par le
manque de professionnalisme de certains sportifs. Dans un entretien récent, Ancelotti a
déploré l’absence d’une culture de la victoire au sein de ses anciennes troupes.
C’est Laurent Blanc, alias le « Président », qui prend la relève. Loin d’être le premier choix, son
arrivée suscite un vent de scepticisme. Certains critiques anticipent un échec du coach tricolore
malgré la venue de l’attaquant uruguayen Edinson Cavani en échange de 63 millions d’euros –
désormais le plus gros transfert de Ligue 1 – et du défenseur brésilien Marquinhos. Mais
quelques mois plus tard, les pronostics s’avèrent erronés : le début de saison est tout
simplement le meilleur de l’histoire du club en termes de points (24 points en 10 journées de
championnat). Avec 8 longueurs d'avance sur Monaco, les Parisiens dominent actuellement
plus que jamais la Ligue 1 dans tous les classements, qui semble déjà gagnée. Véritable rouleau
compresseur, Paris s’impose en dégageant une puissance et une sérénité impressionnantes.
Blanc a réussi à fructifier l’héritage de son prédécesseur en apportant sa touche personnelle par
le biais d’un nouveau schéma en 4-3-3. Le trident de feu Motta-Matuidi-Verratti est garant de la
possession du ballon, ce qui stabilise l’ensemble. Derrière, la défense reste quasi-imperméable.
Le jeu est plus espacé, aérien et offensif. Quand le rendement n’est pas convainquant, Blanc
n’hésite pas à innover en se tournant vers un 3-5-2, peu utilisé en France. Mais le vrai coup de
maître ? Gérer les égos surdimensionnés. Pour l’heure, Blanc maîtrise parfaitement son groupe
et n’hésite pas à faire sortir Ibrahimović en cours de match, chose qu’Ancelotti n’avait jamais
osé faire. En Ligue des Champions, le PSG domine ses matchs de poule puis balaye le Bayer
Leverkusen en huitièmes de finale, en rejoignant le Real Madrid, le Bayern Munich et le FC
Barcelone. La question que tout le monde se pose concerne le destin de Paris dans la
compétition, qui veut faire coûte que coûte un pas de plus que l’an passé. Cela dépendra en
majeure partie de l'adversaire qui lui sera assigné le 21 mars prochain.
L’équipe directrice envisage d’investir encore plus dans les années à venir. Objectif : rester sur
le trône national, certes, mais surtout dominer l’Europe du football. Pour l’instant, la qualité de
l’effectif n’est pas encore comparable à celles du Bayern, du Real ou du Barça. Il faudra donc
parfaire le collectif, construire sa propre identité et développer un mental d’acier. Les chiffres
expriment très bien cette volonté puisque le PSG est devenu le cinquième club du monde par le
montant de ses revenus lors de la saison 2012-2013, selon la dernière version du « Football
Money League », avec un total de revenus de 398,8 millions d’euros. La fin de saison s’annonce
en tout cas passionnante, tout comme les transferts de l’été prochain.