QUE SONT-ILS DEVENUS?
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~ MéridienMag· W3 • juin/juillet/Août 201 0
Depuis près de quinze ans, l'ancien président du groupe marseillaisSPMP-Riviera se bat pour faire reconnaître les irrégularités qui ont suivila liquidation en 1996 du leader français des chasses d'eau. Dénonçantun "fonctionnement défectueux de la justice", il poursuit l'État à quiil réclame 90 M€ au titre des préjudices matériels et moraux.
Armelle Muraour
Après quinze ans de com
bat judiciaire, RichardArmenante entrevoit ]e
bout du tunnel. Le ]"'juin,i] connaîtra]a date d'audience quil'opposera à... ]'État. "Enfin, jevais pouvoir m'exprimer!", se réjouit l'ancien président du groupeSPMP-Riviera. Son but: faire re
connaître ]a "gabegie" qui a, selonlui, entouré ]a liquidation en ]996de l'entreprise. Il poursuit l'Étatpour "fonctionnement défectueuxde la justice" et réclame 90 M€
d'indemnisation. "C'est le prix demon honneur, de mon entrepriseet un montant suffisamment élevépour éviter de nouvelles erreurs",
rétorque-t-i], serein: "Compte tenudes pièces fournies au dossier,justice doit m'être rendue".
Biens saisis et maladieDans les années 90, ]a SPMP Riviera surfe sur ]e succès de ses mécanismes wc écolo et des bacs de
jardin à réserves d'eau qui portentencore son nom. Les bacs Riviera
sont ainsi devenus un générique,au même titre que Frigidaire. Mais]e 23 juillet] 996, l'entreprise marseillaise (160 salariés, ]02 millionsde francs de CA en 1994), doit déposer ]e bilan. Les banques refusent de financer en partie un plande développement (30 millions defrancs), déjà engagé. Le dossier esttransféré au tribunal de commerce
aixois, qui nomme Guy Marianicomme administrateur judicaire.Ce dernier poursuit Richard Armenante pour fraude fiscale. Relaxé en première instance, l'ancien
patron de ]a SPMP-Riviera estcondamné en appel en mars 2002à six mois de prison avec sursis etdeux millions de francs d'amende.
Ses biens sont saisis, son pavillonhypothéqué. Ruiné, affaibli par unemaladie nosocomia]e qui ]e laisseinvalide à 50 %, il vit avec moinsde 800 € par mois. Mais il en fautplus pour abattre ce fils de résistant. Dès 2003, i] recherche tous
les articles parus sur Guy Mariani.Il découvre qu'il fut condamné en1994 à 18 mois de prison avec sursis pour malversations financières,
avant d'être relaxé enappel. "Dufait de ses démêlés avec lajustice,il n'aurait jamais dû être nomméadministrateur judiciaire", tonneRichard Armenante, qui en vautpour preuve ]a condamnation, en2000, de Guy Mariani à cinq ansde prison ferme dont deux avecsursis pour malversation et fauxen écritures. En mars 2009, il a été
IlÙSen examen pour des ma]versations financières commises entre1993 et ]998.
Réunir des preuves,éditer un journalLors de l'audience à venir, Ri
chard Armenante pointera les erreurs de ]a justice: "Guy Mariania fait disparaître les déclarationsmensuelles de CA que nous avi
ons refaites sous l'égide du Trésoraprès un problème informatique.Or, lors de l'audience en appel, lejuge a refusé d'entendre la direc
trice du Trésor qui attestait de lasincérité des comptes !" , s'étrang]e Richard Armenante, qui mettra
" 90 M€d'indemnisation.
C'est le prixde mon honneur,de mon
entrepriseet un montantsuffisa m ment
élevé pour éviterde nouvelleserreurs Il
en avant ]e témoignage d'A]ainSeyrieyx. L'ancien président de]a Chambre régionale des comptes de Marseille de ]989 à ]998 yaffirme qu'un magistrat du tribuna] de commerce marseillais lui aconfié avoir décidé de transférer cedossier à Aix-en-Provence et noué
un "accord" avec Guy Mariani"pour qu'Armenante y laisse sachemise". Les journaux se désintéressent de son cas? Richard Armenante en créé un. En février 2006
naît Top-A]erte, destiné à "dénoncer les dysfonctionnements" subispar des citoyens. Richard Armenante en a bâti ]e business plan et ysiège comme doyen du consei] dessages. "Malgré les difficultés, j'aitoujours essayé d'agir, pour moimais aussi pour les autres", affirme l'ancien adjoint à l'économiemarseillais. Ses multip]es courriersaux IlÙnistères du Budget et de ]aJustice paient. En juillet dernier, leministère du Budget a suspendu]a vente aux enchères de ses deux
appartements et depuis mars, lessaisies sur ses indemnités. "L'État
commence à m'écouter", apprécie Richard Armenante. Dans un
état d'esprit "très positif', i] n'attend que son indemnisation pour"repartir de l'avant" : créer uneweb-TV et déve]opper]a diffusionde Top-A]erte mais aussi concrétiser ses "projets de développementd'entreprise", dans l'environnement. Lesque]s ? Motus. Après sesbatailles judiciaires, Richard Armenante est prêt à s'engager dansd'autres combats. Economiquescette fois. 1