Rapport de l’enquête CAP initiale en Eau-Hygiène-Assainissement
Commune de Mao
Mai 2016-Juin 2016
Par Fadil Youssouf Mahamat (ACF) et Toguina MADJIADE (ASRADD), Référents projet NUTRIS
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ACRONYMES ET ABREVIATIONS
ACF : Action Contre la Faim
ASRADD : Association Sahélienne de Recherches Appliquées pour le Développement Durable
NUTRIS : Nutrition intégrée et renforcée pour la santé
CAP: Connaissances, Attitudes et Pratiques
MSEAH: Marketing Social, Eau-Hygiène-Assainissement
RGPH2: Recensement Général de la Population et de l’Habitat
WASH: Water Sanitation and Hygiene promotion
GPS : Global Positioning System
AGR : Activité génératrice de revenu
AFD : Agence Française de Développement
EAH : Eau-Hygiène-Assainissement
STE : Société Tchadienne des eaux
Ouaddis : Zones humides de bas fond, souvent consacrées à l’agriculture et offrant des ressources d’eau de surface / sub-surface.
Kanem : une des vingt-deux régions du Tchad. Elle abrite le projet NUTRIS
Mao : chef-lieu de la région du Kanem et zone d’enquête CAP
Wadi-Bissam : un des départements du Kanem
Mondo : chef-lieu du Département de Wadi-Bissam
Noukou : département du nord-Kanem
Rig-rig : sous-préfecture du Kanem, distant de 125 kilomètres de la ville de Mao sur l’axe ouest.
Ntiona : sous-préfecture du département de nord-Kanem, distant de 45 kilomètres de la ville de Mao sur l’axe nord-ouest
Kanembou : une des principales langues des habitants du Kanem
Gorane : une des principales langues des habitants du Kanem et principalement du département nord-Kanem
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1- INTRODUCTION
Dans le cadre de la mise en œuvre des activités du projet « Renforcer l’influence et l’expertise d’ACF et de ses partenaires de la société civile du sud en matière de lutte contre la sous-nutrition dans les pays de l’Afrique subsaharien », connu sous le nom de « NUTRIS », le programme plaidoyer-EAH a organisé en mai 2016 dans la commune de Mao une enquête terrain dont l’objectif est d’évaluer les Connaissances, les Attitudes et les Pratiques (CAP) des bénéficiaires dudit projet pendant sa période de mise en œuvre.
Cette enquête vise en outre à connaître formellement et statistiquement le niveau des connaissances et l’effectivité des pratiques d’hygiène et d’assainissement au sein des populations ciblées par le projet.
Carte géographique de la commune de Mao (provisoire)
1-1 Cadre de l’enquête
L’intervention d’Action Contre la Faim dans la Région du Kanem depuis 2009, continue dans plusieurs domaines d’activités. On compte parmi les domaines couverts la nutrition/santé, les pratiques de soins, la sécurité alimentaire et la promotion à l’hygiène par la mise en place du paquet minimum WASH et la construction et la réhabilitation de points d’eau et des latrines dans les centres de santé appuyés par ACF. Tous ces programmes concourent à lutter contre la sous-nutrition et ses causes sous-jacentes. Le projet « Renforcer l’expertise et l’influence d’ACF et de ses partenaires de la société civile du sud en matière de lutte contre la sous-nutrition dans trois pays d’Afrique subsaharienne » (NUTRIS) s’inscrit dans le même ordre d’idées. Il est prévu dans l’objectif 2 de ce projet « Améliorer l’accès à l’EAH des populations ciblées » la réalisation de l’étude marketing social appliquée à l’EAH. La méthodologie comporte une étape préalable qui consiste à réaliser une enquête de Connaissances, Attitudes et Pratiques (CAP). Cette enquête produira une description des conditions EAH de départ, elle constituera une base de données initiale et permettra de confirmer le choix du domaine d’intervention. En fin de projet, l’enquête CAP est renouvelée pour mesurer l’impact du projet.
En effet, le volet de marketing social de l’eau de l’assainissement et de l’hygiène (MSEAH) se déroulera exclusivement dans le district sanitaire de Mao et essentiellement dans les villages et les quartiers de Mao. Si initialement le volet marketing social devait porter sur les équipements d’assainissement, l’enquête CAP devrait apporter plus d’éléments pour préciser l’orientation sur le secteur d’intervention EAH à privilégier et les produits ou services relatifs à ce secteur.
Contexte du Tchad, Kanem :
La région du Kanem regroupe 3 départements : le Wadi-Bissam, le nord Kanem et le Kanem (chef-lieu Mao). Elle couvre une superficie de 72365 km2 avec une population estimée à 333 387 habitants (RGPH2).
La région du Kanem compte 5 districts sanitaires dont 3 fonctionnels (Mao, Mondo et Noukou) et 2 non fonctionnels (Rig-rig et Ntiona).
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La commune de Mao, située dans le chef-lieu du Département du Kanem, est créée par le décret N° 564/PR/96 du 28 Octobre 1996. Elle couvre une superficie de 32 km² sur un rayon de 8km avec une population de 66 956 (soixante-six mille neuf cent cinquante-six mille) dont 31 219 (trente-un mille deux-cent dix-neuf) hommes et 35 737 (trente-cinq mille sept-cent trente-sept) femmes.
Les principales langues parlées par la population sont le kanembou, le Gorane et l’Arabe local. Elle renferme plusieurs Ethnies dont les majorités sont les kanembou et les Gouranes.
L’économie principale de la commune est la commercialisation des natrons, des dattes, des produits maraîchers, etc. De par sa situation géographique (passage pour la Lybie, le Niger et le Nigeria) et du fait de l’évolution de contexte sécuritaire dans les pays limitrophes, Mao devient un véritable carrefour pour les voyageurs. La ville s’agrandit et crée des petites opportunités d’affaires pour la population (bail, commis, transport, etc.). Cependant, l’accès à l’eau potable, l’assainissement amélioré et la gestion des déchets ménagers sont les défis de l’heure. La commune dispose d’un Château d’eau crée en 1972 pour une population de 11 000 habitants, 34 forages manuels et 146 puits traditionnels. Compte tenu de l’augmentation massive de la population à 66 956habitants, le réseau urbain couvre seulement 15% de la ville et des besoins. Le reste des quartiers est alimenté via des pompes manuelles dont la moitié est hors service. Le taux d’accès aux latrines est de 20 et 25% dans les zones péri urbaines avec un taux important de défécation à l’air libre. Les maladies diarrhéiques représentent 32% des cas de consultation dans le district sanitaire de Mao et constitue la première cause de maladie. A cela s’ajoute l’ensablement des Ouaddis et des quartiers, l’érosion entrainant des ravins, la faible production agricole et la faible scolarisation des filles. 1-2 Objectifs Afin de faire un état des lieux des connaissances, des attitudes et des pratiques en Eau, Hygiène et Assainissement des populations de la commune de Mao, le programme WASH-Plaidoyer a réalisé une enquête CAP initiale en début du projet et une autre finale le sera à la fin du projet pour évaluer les connaissances et mesurer l’impact des activités sur les bénéficiaires. Par ailleurs, les résultats de cette enquête préliminaires serviront à apporter plus d’éléments à l’étude MSEAH pour préciser l’orientation sur le secteur d’intervention EAH à privilégier et les produits ou services relatifs à ce secteur.
2- METHODOLOGIE
2-1 : Outils
Cette enquête a été réalisée dans la commune de Mao, qui comptent 49421 habitants selon les données disponibles auprès des autorités communales. Elle a couvert 26 villages et quartiers, avec un échantillon de 210 ménages. Aussi avons-nous relevé les coordonnées GPS de tous les sites (131) qui constituent la commune pour construire une carte géographique de la zone du projet.
Il s’agit d’une enquête par échantillonnage par grappe aléatoire. Elle touche un grand nombre de ménages, des hommes et des femmes, des parents d’enfants, des propriétaires des maisons et/ou des locateurs.
L’échantillonnage
Dans un échantillonnage par grappes aléatoire, qui est adapté aux populations importantes (> 5 000), on a besoin de la liste des villages de la zone, ou des quartiers, et de leur population. Le principe consiste à déterminer le nombre de ménages formant chaque groupe (cluster) grâce à la méthode suivante :
puis à localiser ces groupes. Chaque groupe sera échantillonné : un nombre fixe de ménages sera interviewé dans chacun.
30 grappes de 7 ménages = 210 ménages
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Tableau 1 : liste des villages retenus pour l’enquête
N° ordre
Village/quartier Homme Femme population Total
Ménage ordinaire
Grappe
1 KOUMBAGRI 3400 3 600 7 000 875 3
2 KIRIKASSAM d’ALI ABAKAR TAHER 82 68 150 30 1
3 TCHIDI KOLOURI de YOUSSOUF ADOUM 200 300 500 46 1
4 ALIFARI 1 de MHT DIGUEI 200 300 500 62 1
5 BILLIA de KALLAH CHOUKOU 480 520 1 000 143 1
6 MEDI KAYA KOURA d'ALI KOSSO 70 90 160 21 1
7 LOUFAH 100 100 200 28 2
8 AYOULOUM KATEKATE d'ELHADJ MHT MBODOU
180 263 443 63 1
9 AYOULOUM OBEINA de MOUSTAPHA MHT OBEINA
200 300 500 62 1
10 MOMINI de MHT ELHADJ KOULFOU 50 70 120 24 1
11 RAYONDOU 1 de MHT ADOUM 100 120 220 31 1
12 SAHRI 1200 1 200 2 400 342 2
13 MEDELARI 350 400 750 343 1
14 ALI ALIFEI 550 600 1 150 232 1
15 BORNOTY 1 100 1 500 2 600 371 1
16 FEZANAIS 300 312 612 122 1
17 TCHOULORI 1 1069 531 1 600 294 1
18 BOZONGA 340 540 880 176 1
19 FOUKOUGOUROU4 350 300 650 84 1
20 MAIFORT 2 750 800 1 550 197 1
21 OUADIDOUM 230 220 450 85 1
22 AMOURAL GAOZ 200 320 520 215 1
23 KINITCHI 700 800 1 500 214 1
24 MAO YOULO1 1 434 1 236 2 670 314 1
25 DJOUGOU d'ABAKAR MHT NOUR 400 500 900 42 1
26 DJOUGOU de MOUSTAPHA ABAKAR KACHIM
190 206 396 54 1
TOTAL 14225 15196 29421 4470 30
Pour constituer l’échantillon de cette enquête, nous avons utilisé les données de recensement général de la commune de Mao (décembre 2015), et celles du plan de développement communal de Mao (juillet 2014). Le calcul de la taille de l’échantillonnage est fait sur simple fichier Excel comprenant la liste des villages, le nombre de ménages/village, le nombre de ménages cumulés/village et le nombre de grappes retenus/village.
Au total, 210 interviews ont été réalisées auprès des ménages de différent statut familial et types d’activités exercées. La répartition des enquêtes par quartier est en moyenne de 8 interviews par quartier. Aucune fiche n’a été annulée. La totalité des données collectées a été traitée et analysée. Le questionnaire relatif à la collecte des données est annexé au document.
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2-2 : L’équipe
Cette étude a été réalisée durant 8 jours par 10 enquêteurs, sous la supervision du responsable de projet NUTRIS, volet MSEAH (ACF) et de l’Adjoint responsable de programme Plaidoyer (ASRADD).
Les enquêteurs avaient été identifiés par ASRADD et formés pendant deux jours à la fin du mois d’avril, par les 2 exécutants du projet ci-cités, sur la méthodologie d’échantillonnage des ménages à interviewer et les techniques de collecte des données EAH. Un guide a été conçu en effet pour faciliter le travail aux enquêteurs. En moyenne, plus de 3 interviews ont été réalisées par enquêteurs en une journée.
3- LIMITES DE L’ENQUETE
Pour des raisons de choix de méthodologie et des contraintes liées aux difficultés logistiques (budget pour la location des véhicules) et matérielles (accès aux données démographiques), l’enquête a été réalisée principalement sur la commune de Mao. Les autres zones du district de Kanem n’ont pas été concernées. Aussi, peut-être que les données ont leurs limites et ne permettent pas de couvrir tous les problèmes, néanmoins elles fournissent des informations utiles sur certains des problèmes visés par le projet NUTRIS et particulièrement en ce qui concerne les pratiques relatives à l’accès à l’eau, l’assainissement et la promotion de l’hygiène.
4- RESULTATS ET ANALYSE DES DONNES
4-1 : DONNEES SOCIO-ECONOMIQUES
Figure 1 : Répartition des ménages par sexe Figure 2 : Répartition des ménages par sexe et par âge
On constate dans la 1ère figure que les personnes concernées par l’enquête sont majoritairement des femmes. Elles représentent plus de 2/3 des répondants. Ici, le critère « sexe » n’a pas été un critère de sélection de ménage pour le projet bien que selon les habitudes, ce sont les femmes qui sont toujours impliquées dans la chaine d’approvisionnement et de gestion d’eau à domicile. Mais ce résultat vient confirmer les données déjà connues du recensement général de la population et de l’habitat (RGPH2, 2009) et celui réalisé par la commune de Mao (décembre 2015). Aussi dans la 2e figure, on constate que les répondants sont pour la plupart des jeunes dont l’âge varie entre 20 à 50 ans. Les personnes de 3e âge et les personnes de moins de 20 ans sont celles qui ont été les moins touchées par l’enquête.
21,4%
78,5%
0
20
40
60
80
100
120
140
160
180
Homme Femme
% des ménages par sexe
0,4%
4,2% 3,8% 4,2%6,1%
1,9%0,4%
4,2%
24,7%
18%16,1%
7,6%5,2%
2,3%
Moinsde 20ans
De 20 à30 ans
De 30 à40 ans
De 40 à50 ans
De 50 à60 ans
De 60 à70 ans
70 anset plus
% des ménages par sexe et par âge
Homme Femme
6
Figure 3: répartition des ménages par statut familial
Figure 4 : Répartition des ménages par activité Figure 5 : Répartition des ménages par sexe et par activités
Les 2 figures montrent que 34% des répondants sont « sans activité », 23% exercent le « commerce », 21% pratiquent « l’agriculture » et 13% « l’artisanat ».
Aucune personne ne vit de l’élevage. Les autres métiers (agent de santé, administrateur de l’Etat, policier, marabout, …) représentent 8%.
Parmi les personnes « sans activité », les femmes sont les plus nombreuses. Néanmoins, celles qui sont activent, s’intéressent aux petits commerces florissants des produits importés de la Libye et la vente des dattes. Les bénéfices générés sont dépensés dans les besoins de la famille. Beaucoup attendent encore la pluie pour cultiver leurs champs. Leurs capacités restent limitées pour développer l’agriculture maraichère et transformer les produits de leurs cultures.
Recommandations : Afin d’accroitre leur autonomie, il faut développer des programmes d’appui aux initiatives des femmes par l’octroi des microcrédits, le financement des AGR et un encadrement sur les techniques des cultures, la transformation et la conservation des produits maraichers et notamment les dattes.
20,4%
0,9% 0% 0%
39,5%
4,2%
31%
4%
Chef deménage
Enfant du chefde ménage
Conjoint duchef deménage
Frère/soeurdu chef de
ménage
Répartition des ménages par sexe et par statut familial
Homme Femme
21,4%
0%
23,3%
13,3%
34%
8%
0
10
20
30
40
50
60
70
80
Répartition des ménages par activité principale
6,1%
0%
6,6%4,2%
0,4%4%
15,2%
0%
16,6%
9%
34%
4%
Répartition des ménages par sexe et selon l'activité exercée
Homme Femme
Les personnes interviewées sont essentiellement des personnes ressources du ménage : 60% des chefs de ménages et 30% des conjoints de chefs de ménages.
Cependant, on note que ce rôle de « chef de ménage » attribué jusqu’à là aux hommes est exercé aussi par les femmes.
En effet, lors des discussions avec les enquêtés, il ressort que les hommes (jeunes en général) s’absentent de leurs foyers pendant plusieurs mois à la recherche de l’or ou du travail. Ce qui entraine souvent des séparations au niveau des couples et l’exercice des nouvelles responsabilités par les femmes.
7
Figure 6 : Fréquentation de l’école (par sexe)
Recommandation : pour favoriser la scolarisation des filles dans la commune de Mao, il faut soutenir les initiatives locales en faveur de l’éducation des filles et l’alphabétisation des femmes. Il faut également organiser des forums aux médias et avec les leaders communautaires sur le droit à l’école des enfants.
Figure 7 : % des personnes dans les ménages Figure 8 : % des ménages ayant un enfant de - 5 ans
Au total 1404 personnes vivent parmi les 210 ménages enquêtés soit une moyenne de 7 personnes par ménage (Figure 7) et environ 80% des familles ont au moins un (1) enfant de moins de 5 ans (Figure 8).
En effet les enfants de moins de 5 ans sont très vulnérables parce qu’ils sont en transition entre le lait maternel et les aliments complémentaires, entre l’immunité de leurs mères et l’acquisition de leurs propres immunités. C’est vers cet âge aussi que l’enfant se détache progressivement de son environnement immédiat pour explorer la nature (contact avec la terre, la boue, l’eau, …) et élargir son champ social. Cette étape fait partie du processus normal du développement de l’enfant mais c’est aussi une période où le risque de
10,4% 11%14,2%
64,2%
Oui Non
Fréquentation de l'école par sexe
Homme Femme
0,4%
8,5%
31% 31%
14,8%
6,7% 7,6%
Moinsde 2pers
De 2 à 4pers
De 4 à 6pers
De 6 à 8pers
De 8 à10 pers
De 10 à12 pers
12 perset plus
% des personnes dans les ménages
23,8%
24,2%
13,3%
5,2%2,3%
0,4%
De 1 à 2enfants
De 2 à 3enfants
De 3 à 4enfants
De 4 à 5enfants
De 5 à 6enfants
6 et plus
% des ménages ayant un enfant de - 5 ans
Sur les 210 personnes interviewées, 158 n’ont jamais été à l’école dont 135 sont des femmes.
Un chiffre que nous confirme bien le dernier recensement de la commune de Mao qui présente un taux d’analphabétisme élevé à 65% de la population masculine et 95% de la population féminine. La plupart des enfants à l’âge de scolarisation ne vont pas à l’école. En dehors de la ville de Mao, la cantine scolaire reste un déterminant fort pour motiver les enfants à aller à l’école.
En effet, la commune dispose d’un centre de formation technique professionnelle et d’un centre d’alphabétisation non formelle.
8
contamination par des germes est grand. On observe souvent des épisodes des diarrhées et des vomissements dû à l’ingestion de ces pathologies. L’hygiène de proximité et de l’environnement doivent donc être renforcée afin de lui garantir une croissance normale.
Figure 9 : Zones inondables Figure 10 : Fréquence de l’inondation
On constate que 39% des maisons visitées lors de l’enquête sont inondées pendant la saison des pluies.
L’eau se stagne dans la cour entre 1 à 3 jours (44%) à 1 semaine (29%) et parfois jusqu’à plus d’un mois (21%).
En effet, les personnes qui ne trouvent pas d’issu pour évacuer l’eau vers la rue, creusent un trou d’environ 2 à 3 mètres de profondeur pour le contenir et attendre qu’elle soit évaporée ou être absorbée par le sous-sol.
Par contre d’autres personnes, barricadent l’entrée de leurs maisons avec des sacs remplis de terre ou amassent des ordures ménagées dans les endroits où stagne l’eau. Ce sont là les moyens d’adaptation de la population qui ne sont pas toujours efficaces et peuvent être sources de prolifération des maladies hydriques (paludisme, typhoïde, diarrhée, …).
Recommandation : il faut doter les comités d’assainissement des quartiers des matériels de travail (pelle, pioche, brouette, bottes,…) et les former sur les bonnes pratiques d’hygiène et la désinfection de l’eau afin de sensibiliser à leur tour la population sur le danger qu’elle encoure.
39%
61%
Zones inondables
Oui
Non
44%
29%1%
5%
21%
Fréquence de l'inondation
Un à 3 jours
Une semaine
Deux semaines
De 2 semaines à1 mois
Plus d'un mois
9
4-3 APPROVISIONNEMENT EN EAU ET USAGE DE L’EAU
Figure 11 : Source d’approvisionnement en eau sur les 2 saisons de l’année
Recommandation : Il faut sensibiliser les bienfaiteurs et les leaders communautaires de l’accompagnement technique que peut leur apporter la délégation de l’hydraulique dans la réalisation de leurs ouvrages.
Il faut les sensibiliser à mieux protéger les ouvrages contre la divagation des animaux et la contamination de l’eau.
Il faut également soutenir la délégation de l’hydraulique dans son projet de recensement des ouvrages d’eau dans la région afin de disposer d’une base des données à jour sur leur nombre et sur leur état de lieu.
Figure 12 : Motifs de choix de collecte d’eau
14% 2%
46%
2%
36%
Source d'approvisionnement en eau sur les 2 saisons de l'année
Eau de surface Puits traditionnel
Eau de pluie stockée Puits ouvert
Forage aménagé Puits aménagé
Eau de robinet/STE
0
20
40
60
80
100
120
140
160
180
Motif de choix de collecte d'eau
Les principales sources d’approvisionnement en eau pour les ménages sont :
le forage aménagé (46%), l’eau de robinet de la STE (36%) le puits traditionnel (14%) le puits aménagé (2%) le puits ouvert (2%)
Ces ouvrages ont été réalisés pour la plupart par des bienfaiteurs, fils de terroir mais sans aucun contrôle de la qualité de l’eau par le service technique de l’Etat.
En effet, on observe qu’il n’y a pas de différence dans l’approvisionnement en eau selon qu’on est à la saison sèche ou à la saison des pluies.
171 ménages sur 210 choisissent
principalement leur point d’eau du fait de
sa proximité avec leurs maisons.
Ainsi, avoir un point d’eau à proximité de
chez soi est un motif déterminant de choix
de collecte, peu importe la source d’eau.
Les autres motifs tels que un point d’eau qui
prend « moins de temps d’attente », ou
que la « qualité d’eau est meilleure », ou
encore que « l’eau est moins chère ou
gratuite » ont été également cités mais à
faible proportion.
10
Figure 13 : Quantité d’eau journalière consommée Figure 14 : Besoin d’eau journalier
La quantité d’eau moyenne collectée par les ménages est de 177,8 litres par jour au lieu de 105 litres. Cela montre que le ratio quantité moyenne d’eau par rapport à la taille moyenne des ménages (7 personne par ménage) reste au-dessus des recommandations des normes sphères (15 litres/jour/personne). Nous pouvons en déduire qu’il y a une surutilisation de l’eau liée à certaines pratiques d’hygiène telle que « l’usage de l’eau pour s’essuyer après les selles », l’ablution ou l’arrosage des plantes et de la cour contre la poussière.
Figure 15 : Type de récipients de collecte d’eau
Recommandation : En général, il est conseillé de nettoyer régulièrement le récipient de collecte d’eau et plus encore quand le bidon n’est pas « noir ». Car le bidon transparent ou d’autres couleurs favorise le développement des micros organiques (algue, par exemple) et assemble les impuretés. Aussi, faudra-t-il éviter, en cas de trou dans le bidon, de le recoller avec des matières de récupération non stériles.
En effet, la consistance du bidon et sa couleur sont autant des critères qui peuvent être pris en compte dans l’achat par la logistique et les programmes des distributions pour des usages sains et durables.
6,1%
47,1%
36,1%
6,1%4%
0% 0,4%0
20
40
60
80
100
120
Moinsde 90 L
De 90à 180 L
De 180à 270 L
De 270à 360 L
De 360à 450 L
De 450à 540 L
540 Let plus
Estimation de la quantité d'eau journalière
0
2000
4000
6000
8000
10000
12000
Moinsde 2pers
Plus de2 pers
Plus de4 pers
Plus de6 pers
Plus de8 pers
Plus de10 pers
12 perset plus
Taille moyenne des ménages
Besoin d'eau journalier
Qté d'eau consommée
Qté d'eau nécessaire
4%
9%
87%
Type de récipients de collecte d'eau
Récipient noncouvert
Récipient couvert
Bidon plastiquefermé
On note que sur les 210
ménages enquêtés, 87% utilisent
un bidon plastique fermé
comme récipient de collecte
d’eau. Ce qui limite en effet
l’affection de l’eau par les
particules et les matières fécaux-
orales pendant le transport.
11
Figure 16 : Achat d’eau par les ménages Figure 17 : Coût d’achat d’eau
Il ressort de cette enquête que 79% des répondants achètent leur eau chez la STE ou auprès des comités de point d’eau gérés par les chefs de villages, les Imam ou des particuliers.
Ainsi, 34% des ménages dépensent en moyenne par mois entre 2000 F à 4000 F, 26% dépensent moins de 2000 F, 18% dépensent entre 4000 F à 6000 F et 16% dépensent entre 6000 F à 8000 F. Ceux qui payent au-delà de 8000 F ne représentent que 6%.
Le paiement se fait de façon bimensuelle chez la société tchadienne des eaux (STE) et par cash chez les autres prestataires. Cependant, dans certains villages le paiement se fait par mois ou par semaine.
Quant au 21% des répondants qui n’achètent pas l’eau, ils boivent l’eau des puits traditionnels et des puits aménagés.
Figure 18 : principaux problèmes d’approvisionnement
79%
21%
Achat d'eau par les ménages
Oui Non
26%
34%
18%
16%
1% 3% 2%
Coût d'achat d'eau
Moins de 2000 F De 2000 à 4000 F De 4000 à 6000 F
De 6000 à 8000 F De 8000 à 10000 F De 10000 à 12000 F
12000 F et plus
1,9%
25,2%
16,6%
0,4%
34,28%
8%5,2%
2,3%
13,3%
0,4% 2% 2%
Principaux problèmes d'approvisionnement
12
Parmi les principaux problèmes d’approvisionnement ressortis dans l’enquête, 34,8% des répondants trouvent que la « quantité d’eau est insuffisante », 25,2% trouvent que « le tarif d’eau est trop élevé » et 16,6% considèrent que le « point d’eau est trop éloigné ».
En effet, la ville de Mao s’est considérablement agrandie et le château d’eau conçu initialement pour 11000 habitants ne pouvait pas alimenter toute la population de la commune. Il fonctionne donc à ralentie faute des pompes et des forages accessoires pour renforcer sa capacité. Les tuyaux de canalisation sont vétustes et les nouvelles demandes d’abonnement sont importantes. Les quartiers et villages les plus éloignés sont difficilement desservis et le débit d’eau reste faible. Ce qui pourrait expliquer le long temps d’attente et qui amène les personnes à chercher l’eau de forage un peu plus loin.
Il ressort également dans cette enquête que le tarif d’eau reste globalement « trop élevé » pour de nombreuses familles. La dépense moyenne par mois s’élève autour de 7000 F CFA. Mais selon le responsable de la STE, ce taux est déjà largement subventionné (coût de production 400F par m3et revendu à 105F) et en général le tarif au Tchad reste très compétitif dans la sous-région.
Recommandation : pour répondre à ces problèmes d’approvisionnement, la STE doit augmenter la capacité de son château d’eau en se dotant des forages et des pompes supplémentaire, en renouvelant ses branchements pour rendre plus accessible l’eau à la population.
Aussi, devrait-elle pratiquer une politique attractive en matière de tarif d’eau et les droits d’abonnement.
Il faut aussi, à moyen et court termes, construire ou réhabiliter les pompes manuelles des villages (Koumbagri, Momini de Mahamat Elhadj Koulfou, Medi Kaya Koura, Tchidi Kolouri, kinithi, Ayouloum Katékaté, Loufah, Alifari et Ayouloum Obeina) qui ne disposent pas de l’eau potable.
Ces mesures, si elles sont appliquées, contribueront à réduira le temps d’attente à la pompe ainsi que le tarif d’eau pour population vulnérables.
Figure 19 : Critère de sélection de l’eau de boisson
29%
41%
15%
6%
9%
Critère de sélection de l'eau de boisson
Elle devrait avoirun bon goût
Elle devrait êtreclaire
Elle devrait ne pasavoir d'odeur
Elle devrait ne pasrendre malade
Elle devrait êtrefraîche
41% des répondants pensent que
l’eau de boisson devrait être
claire,
29% pensent que l’eau devrait
avoir un bon goût, et
15% pensent que l’eau ne devrait
pas avoir d’odeur.
Les critères de fraîcheur (9%) et de
santé (6%) viennent en dernière
position dans le classement.
13
Figure 20 : Séparation de l’eau de boisson de l’eau pour autres usages Figure 21 : Type de récipient utilisé
67% de ménages séparent l’eau de boisson de l’eau pour d’autres usages et 73% le conservent dans la jarre en terre cuite contre 27% dans le tonneau et le bidon.
On déduit par là qu’au-delà de l’aspect pauvreté qui limiterait les personnes à procurer les produits manufacturés et durables comme le filtre à eau, le récipient en terre cuite est utilisé pour garder l’eau fraîche dans une zone où la température en saison chaude peut aller jusqu’à 44°C.
Recommandation : Il faut sensibiliser la population pour éviter de garder l’eau de boisson dans la jarre au-delà de 48 heures au risque de développer des germes nuisibles pour la santé.
Aussi, faut-il former des artisans à fabriquer des filtres à eau avec des matériaux locaux (l’argile, par exemple) qui servira comme la jarre « fraiche » mais « hygiénique ».
Figure 22 : Souhaits des ménages pour l’amélioration de l’approvisionnement en eau potable
67%
33%
Séparation de l'eau de boisson de l'eau pour d'autres usages
Oui
Non
14%
73%
0%0%
13%
Type de récipient pour la conservation de l'eau de boisson
Tonneau
Jarre en terrecuite
Bassine
Seau
Bidon
49%
32%
16%
29%
18%
2%
18%14%
Souhaits des ménages pour l'amélioration de l'approvisionnement en eau potable 49% des ménages souhaitent avoir
une « eau de meilleure qualité »,
32% souhaitent que l’eau soit « moins chère »,
et 29% souhaitent avoir « un points d’eau plus proche de chez eux ».
Ce qu’ils souhaitent également, c’est d’avoir des « points d’eau moderne » (18%), avec « moins de coupure d’eau » (18%) et la « réhabilitation des points d’eau » de la STE (16%).
Ces souhaits sont en corrélation avec les problèmes d’approvisionnement identifiés dans la figure 18.
14
4-4 : HYGIENE DE L’EAU ET DES ALIMENTS
Figure 23 : proportion des ménages lavant les légumes et les fruits avant consommation
Figure 24 : Connaissances des ménages liées à la potabilité de l’eau
Recommandation : il faut sensibiliser la population sur la qualité de l’eau et particulièrement à celle qui consomment l’eau des puits ouverts et les bienfaiteurs qui construisent les forages à la communauté.
Parfois Toujours Jamais
45%
55%
0%
Lavage des légumes et fruits avant consommation
2
32%
3 1
51
63%
50%
70
0
20
40
60
80
100
120
140
Connaissances des ménages liées à la potabilité de l'eau
On constate que, quasiment, toutes les personnes interviewées lavent les légumes et les fruits avant de les consommer :
55% les lavent de manière systématique
et 45% de manière irrégulière
A la question de « comment savez-vous quand votre eau n'est pas potable ? »
63% des personnes interviewées répondent que « si l’eau a une couleur »,
et 50% « s’il y a des particules dans l’eau ».
Les personnes se basent plutôt sur des éléments visibles et concrets pour déterminer la potabilité de l’eau. Ce qui n’est pas toujours évident et applicable à toutes les situations. Par exemple si le fond géochimique est chargé (Sodium, Arsenic, etc.) où il y a la présence des organismes pathogènes, il peut y avoir d’impact sur la santé.
15
Figure 25 : Utilisation d’un traitement pour l’eau de boisson Figure 26 : Méthode de traitement pour l’eau
On observe dans ces résultats que 65% des ménages n’ont jamais traité l’eau de boisson contre 35% qui déclarent l’avoir traitée au moins une fois. Parmi ceux-ci, 59% utilisent l’eau de Javel, 33% décantent l’eau et 8% font l’ébullition.
Le filtre à eau et les pastilles (aquatabs, PURE) ne sont pas cités comme méthode de traitement pour l’eau par les enquêtés parce qu’il est difficile de les munir dans la zone. Ils sont plus utilisés dans les institutions et les organisations qu’au niveau domicile. Ce qui n’est pas le cas pour l’eau de Javel. Il est assez connu du public du fait qu’il est assez diffusé à travers le Tchad dans le cadre de la lutte contre le choléra par exemple. On peut aussi le trouver dans les marchés et les boutiques des quartiers. Au niveau des ménages, il est utilisé pour le traitement de l’eau de boisson, des légumes et pour la lessive. Par contre le traitement de l’eau par ébullition est assez marginal (8%). Le climat de la commune de Mao est de type Sahélo-saharien où poussent quelques végétations naturelles, exotiques et herbacées mais qui ne permettent pas de couvrir les besoins des familles en bois de chauffe. En général, la ville de Mao est ravitaillé par les autres régions (Barh el-ghazel, Hadjer Lamis et Lac) et le charbon par le Niger. Le bois de 1,5 m environ est vendu à 100000F et le sac de charbon à 10000F. Ils reviennent encore chers à la population et le gaz butane est loin d’être accessible par son coût et sa disponibilité sur le marché.
Recommandation : il faut sensibiliser la population sur l’utilisation de l’eau de javel pour que son usage soit courant dans toutes les familles.
Il faut sensibiliser les producteurs maraichers et les commerçants des légumes de laver leurs produits avec de l’eau de Javel avant de l’envoyer sur le marché.
Il faut également développer le programme de production de l’eau de Javel dans les structures de santé pour la promotion de l’hygiène et la prévention des maladies.
6%
29%
65%
Utilisation d'un traitement pour l'eau de boisson
Oui, toujours
Oui, parfois
Non, jamais
8%
59%
33%
Méthode de traitement pour l'eau de boisson
Filtre à eau
Par ébullition
Avec des pastilles(aquatabs,PURE...)
Avec de la javel
Par décantation
16
4-5 : SANTE
Figure 27 : Diarrhée chez les enfants de – 5 ans Figure 28 : Comportements des ménages face à la diarrhée
Sur les 168 ménages ayant un enfant de moins de 5 ans interrogés, 96 déclarent que leurs enfants ont faits la diarrhée dans les deux dernières semaines qui ont précédé l’enquête. (Figure 27)
On observe (Figure 28) que les toutes les familles n’adoptent pas le même comportement pour traiter la diarrhée : 54% amènent leurs enfants au centre médical contre 26% qui achètent des médicaments de contrefaçon au marché noir et 17% utilisent les médicaments traditionnels sans certification.
Aussi, une faible proportion des familles donnent une solution orale de réhydratation faite par elles-mêmes (2%) et pratiquent la scarification (1%).
En effet, la diarrhée est l’une des causes principales de la perte de poids rapide associée à la malnutrition. Elle est à la fois une cause et une conséquence de la sous-nutrition : d’un côté la diarrhée empêche l’enfant de grandir et de prendre du poids normalement, de l’autre la sous-nutrition augmente la fréquence et la durée des épisodes diarrhéiques.
Recommandation : pour minimiser les contacts avec les pathogènes sources de diarrhée (bactérie, virus, vers intestinaux, …) et limiter la transmission de maladie par les moustiques et les mouches, il faut garantir l’accès à l’eau potable et l’assainissement et avoir une bonne hygiène personnelle, alimentaire et domestique.
57%
43%
Diarrhée chez les enfants de moins de 5 ans
Oui
Non 54%
17%2%
26%
0%1%
Comportement des ménages pour le traitement de la diarrhée
Centre médical/clinique
Médicamentstraditionnels
Solution orale deréhydratation faites parvous-mêmeMédicaments aumarché
Vous ne faites rien
Autre
17
Figure 29 : Personne responsable de la santé dans le ménage.
Figure 30 : Souhaits des ménages pour améliorer la santé de leurs familles
37%
62%
1%
Personne responsable de la santé des enfants dans le ménage
La mère
Le père
Les docteurs
Les ONG
Le chef de village
Toute la famille
Autre
35%
31%
21%
10%
1% 2%
Souhaits des ménages pour améliorer la santé de leurs familles
Desmédicaments
plus de centresde santé
Une meilleurhygiène
Une eau propre
Un meilleurassainissement
Plus d'argent
La responsabilité de la santé des enfants dans le ménage est reconnue prioritairement au père (62%) et à la mère (37%).
Les autres personnes comme le grand-frère ou la grand-sœur sont également citées (1%) par les enquêtés.
En effet, aucune personne n’attribue la responsabilité de la santé de ses enfants aux ONG, aux docteurs ou aux chefs de villages. Ce qui montre une certaine prise de conscience des communautés que les autres peuvent les aider, les soutenir mais ne pas se substituer à elles.
Pour améliorer la santé de leurs familles, les ménages souhaitent avoir principalement :
des médicaments (35%), de plus de centre de santé (31%), et d’une meilleure hygiène (21%)
Ils ont également besoin :
d’une eau propre (10%), de plus d’argent (2%), et d’un meilleur assainissement (1%).
En effet la politique de gratuité des soins, effective depuis 2012, concerne exclusivement les femmes et les enfants de moins de 5 ans qui se présentent aux centres de santé de premier échelon. Les CDS quant à eux sont construits en général par les membres de la communauté qui reçoivent l’appui du ministère de la santé.
18
4-6 ASSAINISSEMENT EN EAU ET USAGE DE L’EAU
Figure 30 : Utilisation des latrines Figure 31 : Motifs de non utilisation des latrines
Sur les 210 ménages interrogés dans le cadre de cette enquête, 49% utilisent des latrines traditionnelles, 14% les latrines en béton et 37% défèquent à l’air libre dans la brousse.
96% des personnes qui défèquent à l’air libre citent comme motif principal de non utilisation des latrines « l’absence des latrines chez elles» faute de moyens financiers avec la présomption qu’elles n’ont pas à leur portée.
4% d’autres justifient leur pratique par le fait que les « latrines sentent mauvais ».
Cependant, comme un peu partout dans les différentes zones de l’étude, ce n’est pas par manque de moyens financiers qu’il n’y a pas de latrines dans des maisons. C’est tout d’abord le manque d’informations claires sur les technologies disponibles, leurs coûts réels, et l’existence de compétences au niveau local. C’est aussi l’absence de l’habitude d’utiliser les latrines et encore une fois la perception que seules les personnes aisées peuvent se permettre d’avoir une latrine.
Recommandation : Il faut promouvoir des pratiques d’hygiène correctes comme le lavage des mains, le recouvrement des fèces avec de la terre et la défécation à distance des points d’eau, des habitats et des lieux publics. Car la pratique de défécation à l’air libre provoque un risque sanitaire et dégrade l’environnement. Aussi, pour réduire les mauvaises odeurs et l’entrée de mouches dans la fosse, un couvercle peut être utilisé pour couvrir le trou de défécation ménagé dans la dalle. Il est également important de susciter la demande de la communauté pour la construction des latrines à fosses ventilée avec des matériaux locaux qu’elle dispose.
37%
49%
14%
Utilisation des latrines
La brousse
Des latrinestraditionnelles
Des latrinesen béton
96%
4%
Motifs de non utilisation des latrines
Il n'y a pas delatrines
Elles sont sales
Elles sententmauvaises
Elles sont privées
Elles sont trèséloignées
La porte estcassée/pas bienclôturées
19
Figure 32 : Distance de latrines par rapport à l’habitation
Figure 33 : Utilisation de latrines par les membres de la famille Figure 34 : Latrines partagées avec d’autres familles
100% des ménages utilisent leurs latrines avec tous les membres de leurs familles (figure 33)
et 76% les partagent avec d’autres familles. (Figure 34)
En général, les familles partagent les latrines quand elles sont nombreuses à habiter dans la même concession.
On observe en effet que cette situation n’est pas commode car les familles se rejette la responsabilité de l’entretien de la latrine. Il survient des petits conflits liés à l’accès (temps d’attente long) ou à la propriété du lieu (mauvaise utilisation de l’espace, mauvais usage par les enfants les plus jeunes qui éprouvent des difficultés à bien s’asseoir au trou, …). Aussi, quand la fosse n’est pas importante, elle se remplit assez rapidement et peut rester plusieurs jours sans être vidée. Ce qui conduit certaines familles à aller chez les voisins.
5%
2%
9%
7%
3%
27%
47%
Distance de latrines par rapport à l'habitation
Moins de 2 m
De 2 m à 4 m
De 4 m à 6 m
De 6 m à 8 m
De 8 m à 10 m
De 10 m à 12 m
12 m et plus
100%
0%
Utilisation de latrines par tous les membres de la famille
Oui
Non
76%
24%
Latrines partagées avec d'autres familles
Oui
Non
On note que les latrines sont globalement placées loin des habitations. On a :
47% des latrines qui sont à une distance de 12 mètres et plus
et 27% qui sont comprise entre de 10 à 12 mètres.
La proximité des latrines aux lieux d’habitation rend l’environnement nauséabond et favorise le risque d’exposition aux maladies entrainés par les cafards, les mouches et les moustiques.
En effet, les latrines dans leur ensemble manquent des conditions d’hygiène et ne garantissent pas l’intimité aux utilisateurs surtout aux femmes où le contexte recommande qu’elles aient leurs latrines séparées des hommes.
20
Les 24% des ménages qui ne partagent pas leurs latrines sont principalement des ménages qui n’ont pas d’autres familles dans la concession ou que chaque famille à sa propre latrine et ne dépend pas des autres. (Figure 34)
Figure 34 : Pratiques des ménages pour s’essuyer après les selles
Recommandation : Il faut sensibiliser la population à séparer le bouillard qu’elle utilise pour les toilettes de celui d’autres usages afin de limiter l’ingestion des pathogènes par transmission ‘oro-fécale.
Aussi, faut-il construire des fosses en béton ou à défaut les faire revêtir avec du ciment pour éviter la contamination de la nappe par les eaux usées.
Figure 35 : Gestion des selles de jeunes enfants
1% 9%
90%
Baton enbois
Papier(cahier,journal,
...)
Pierre Carton Feuille,rafle
d'un épi,...
Eau Autre
Pratiques des ménages pour s'essuyer après les selles
50%
6%
26%
17%
1%
Dans lalatrines
Autour dela maison
Dans labrousse
Lesenterrez
Autres
Gestion des selles de jeunes enfants
Il ressort dans cette enquête que 90% des personnes interviewées utilisent l’eau pour s’essuyer après les selles.
Les 10% restant utilisent la pierre (9%) et le bâton en bois (1%).
Ces pratiques sont assez répandues dans la région du Kanem et même au-delà. Celles-ci sont héritées d’une tradition ancienne liée à l’hygiène et à la « purification corporelle ».
En effet selon les observations des enquêteurs, il faut environ 1,5 litre d’eau par personne pour s’essuyer correctement.
Sur les 167 ménages ayant un enfant de – 5 ans, on note les comportements suivants :
50% jettent les selles de leurs enfants dans les latrines,
26% dans la brousse et 17% les enterrent.
En général, l’usage de pot ou des couches pour les bébés n’est pas une habitude culturelle pour les habitants de la commune de Mao.
En effet, les bébés de – 1 an font leurs besoins dans leurs linges qui seront nettoyés par la suite et à partir d’un an et plus, ils sont posés sur les pieds de leurs mères. Un peu plus tard vers 2 ans, ils sont «plus autonomes » en faisant leurs selles dans la cour de la maison ou dans la rue. Les excréments sont ainsi ramassés pour être déposé dans les 3 principaux endroits ressortis par l’enquête.
21
Recommandation : Il faut sensibiliser la population à utiliser de pot et des couches pour leurs bébés ; de ne pas ramasser la terre en déposant les selles dans les latrines au risque de remplir rapidement les fosses et d’empêcher la décomposition biologique des matières. Il faut également sensibiliser ceux qui jettent les fèces des enfants dans la brousse, de délimiter l’air de défécation et à recouvrir les selles du sable pour empêcher le contact avec les mouches et les mauvais odeurs.
Figure 36 : Gestion de déchets par les ménages
Figure 37 : Priorités des ménages pour assainir les quartiers
0%1,9%
62,8%
19,5%
14,2%
1,4%
Ne sait pas Audépotoircontrôlé
Dépotoirnon
contrôlé
Vous lesbrûlez
Vous lesenterrez
Autre
Gestion de déchets par les ménages
13,8%
0,4%
13,8%
64,7%
1,9%6,1%
0,4%
Priorités des ménages pour assainir les quartiers
Les résultats de l’enquête par rapport à la gestion des déchets montrent :
+ 63% des ménages jettent leurs déchets dans le dépotoir non contrôlé,
+ 19% les brûlent pour éviter l’encombrement et + 14% les enterrent dans la cour de la
maison.
En effet, on observe de façon générale un manque de civisme de la part des populations comme le relève l’enquête. Elle n’est pas éduquée dans la gestion de ses déchets. La rue et les maisons abandonnées servent de dépotoirs. Les déchets ne sont pas triés et souvent ménagés aux eaux usées, milieux favorables pour la prolifération des maladies. La Mairie a construit quelques bacs à ordure dans les quartiers de Mao, à « assainir » le marché de la ville et à mettre en place les comités d’EAH des quartiers. Mais face à l’ampleur des besoins, le défi est grand.
Pour assainir correctement les quartiers de la commune de Mao, les ménages proposent prioritairement :
Un bon système de ramassage des déchets (64%)
La construction des latrines publiques (13%)
Et l’évacuation des eaux usées (6%)
Un certain nombre de personnes n’ont pas répondu à cette question par manque d’idées. Elle représente 13%.
On déduit que cette première priorité ressort bien comme réponse à la problématique de gestion des déchets de la figure 36.
22
Recommandation : Au niveau de la commune, il faut mettre en place des bacs à ordure plutôt mobile (tracter par un animal, par exemple) et des espaces contrôlés de décharge en dehors de la ville.
Que la Mairie puisse attribuer des marchés aux entreprises de prestataires de service dans le domaine d’EAH ou former les comités des quartiers pour collecter des déchets à partir des ménages et entretenir les lieux publics (écoles, stations, marché, centres de santé…).
Il faut redynamiser les cours d’instruction civique et de moral dans les écoles et sensibiliser la population sur les bonnes pratiques d’hygiène.
Au niveau des ménages, il faut impliquer les familles à la collecte et au tri des déchets. Il faut également créer ou promouvoir des petits équipements de traitement des déchets à domicile
Figure 38 : Responsabilité de l’assainissement dans le ménage
95%
3% 0 0 0 2% 0
Personne responsable de l'assainissement dans le ménage A la question de savoir « qui a la responsabilité
de l’assainissement dans le ménage? »,
95% des enquêtés l’attribuent à la mère contre 3% seulement au père.
Au vu de cette analyse, on déduit que les personnes sont restées sur le schéma traditionnel classique où les questions de santé et des grandes décisions relèvent de l’homme et tout qui a trait à la gestion de la maison et de la propriété relèvent de la femme.
Cependant, une faible proportion des ménages (2%) déclarent que la responsabilité est à toute la famille.
23
4-7 HYGIENE CORPORELLE
Figure 39 : Lavage des mains après être allé aux toilettes Figure 40 : Moment de lavage des mains
Il est à noter que 99% des personnes interrogées déclarent avoir lavé leurs mains après être allé aux toilettes. (Figure 39)
Cependant dans la figure 40, on constate que le lavage des mains se fait à plusieurs moments :
27% « avant le repas »,
20% « après défécation »,
19% « après le repas » et
14% « après le travail »
Très peu de personnes lavent les mains « avant l’allaitement » (1%) ou « après avoir changé l’enfant » (1%).
Figure 41 : Raisons de lavage des mains
99%
1%
Lavage des mains après être allé aux toilettes
Oui
Non
20%
18%
27%
19%
14%
1%1%
Moment de lavage des mains
Après défecation
Avant la cuisine
Avant le repas
Après le repas
Après le travail
Avant d'allaiter
Après avoirchangé l'enfant
49%
48%
1% 1%1%
Raisons de lavage des mains
Pour empêcherles maladiesPour être propre
Pour sentir bon
Par tradition
Par habitude
Vous ne savez pas
Par ce qu'uneONG l'a ditAutre
Les personnes lavent les mains pour deux (2) principales :
Pour empêcher les maladies (49%) et pour être propre (48%)
Une faible proportion de personnes le font pour :
Se sentir bon (1%),
Par tradition (1%),
Et par habitude (1%)
24
Figure 42 : Dispositifs pour le lavage des mains Figure 43 : Type de dispositifs de lavage des mains
Selon l’observation des enquêteurs sur le terrain, 63% des ménages disposent une installation spécifique pour le lavage des mains contre 37%. Le type de dispositif utilisé ces ménages sont :
Le seau ou la bassine dédié (62%),
Le bouillard (appelé sakane en arabe local) de la composante « autre » (37%)
Et le bidon équipé de robinet (1%)
Recommandation : A défaut d’avoir un support lave-mains avec toutes les composantes au niveau des domiciles, il faut néanmoins sensibiliser la population à ne pas utiliser l’eau de bassine pour laver les mains de plusieurs personnes à la fois. Elle risque de souiller les mains avec l’eau salle des autres au lieu de les rendre propre. Il faut également les sensibiliser à travers les médias et les troupes théâtrales sur la façon de laver correctement les mains.
Figure 44 : Manière de lavage des mains Figure 45 : Manière de séchage des mains
63%
37%
Dispositifs pour le levage des mains
Oui
Non
0% 0%
62%
1%
37%
Type de dispositifs de lavage des mains
Robinetextérieur (jardin,mur, ...)
Lavabo
Seau/bassinedédié
Bidon équipé derobinet
Autre
34%
1%
65%
0%
Manières de lavage des mains
Avec de l'eauuniquement
Avec de l'eau etdes cendres
Avec de l'eau et dusavon
Autre
7%
1%
92%
Manière de séchage des mainsAvec une servietteindivuelle
Avec une serviettecollective
A l'air libre
Avec un mouchoir àpapier
Sur les vêtements
Avec n'importe quoi
Autre
25
L’enquête révèle que 65% des personnes interviewées lavent les mains « avec de l’eau et du savon » et 34% « avec de l’eau uniquement ». (Figure 43)
Parmi ces personnes, 92% sèchent leurs mains à l’air libre contre 7% qui utilisent une serviette individuelle et 1% une serviette collective.
En effet, l’usage de serviette collective non stérilisée par des personnes pourrait les exposer à des maladies telles que l’hépatite, la gale, la teigne, etc.
Figure 46 : Souhaits pour l’amélioration de l’hygiène corporelle
4-8 SENSIBILISATION ET COMMUNICATION
Figure 46 : Disposition d’un poste radio dans le ménage Figure 47 : Usage de radio par la famille
7%
45%
12%
36%
0%
Souhaits pour l'amélioration de l'hygiène corporelle
Une douche
du savon
un récipientspécial
sufisament d'eau
Autre
77%
23%
Oui Non
Disposition d'un poste radio dans le ménage
Homme Femme Enfants Tout lemonde
13%
33%
0%
54%
Usage de radio par les membres de la famille
Pour améliorer leurs hygiènes corporelles,
45% des ménages souhaitent disposer plus de savon ;
36% des ménages souhaitent avoir suffisamment d’eau ;
12% des ménages souhaitent avoir un récipient spécial pour les toilettes ;
Et 7% des ménages souhaitent avoir une douche
26
Sur les 210 ménages interviewés dans le cadre de l’enquête, 161 disposent d’un poste radio soit un taux total de 77%.
On note en effet que tous les membres de la famille ont accès à la radio (54%) et les femmes (33%) deux fois plus que les hommes (13%).
Figure 48 : Fréquence d’écoute de la radio Figure 49 : Radio les plus écoutées
96% des ménages qui disposent de radio l’écoutent « chaque jour » contre 4% qui écoutent « quelque fois/semaine ». Parmi les stations, la radio locale (FM Ndjimi) est la plus écoutée. Pratiquement, 99% des ménages suivent son programme. La radio internationale a très peu d’audience pour la population de la commune de Mao ainsi que la radio nationale. Mais pour cette dernière, on pense qu’elle n’a pas été cité par les enquêtés du fait que la radio locale fait des synchronisations aux heures d’informations avec la station nationale (ONRTV). De fois, il est facile de les différencier.
Recommandation : Il faut impliquer les communicateurs dans la mise en place des programmes d’appui à la communauté. Il faut organiser des ateliers d’échanges et d’informations en leur faveur sur des thématiques liées à la santé, à la malnutrition, à l’hygiène et à l’assainissement afin qu’ils relayent les bons messages à la population. Il faut également plaider pour que la radio puisse diffuser même dans la journée et le jour du marché.
96%
4%
Chaque jour Quelques fois/semaine
Fréquence d'écoute de la radio
0,6% 3%
99%
Radio nationale Radiointernationale
FM locale
Radio les plus écoutées
27
Figure 50 : Connaissances sur les messages sur l’EAH Figure 51 : Moyen de diffusion des ménages sur l’EAH
On constate à travers les résultats de ces 2 figures que :
53% des personnes interviewées ont entendu des messages sur l’hygiène corporelle (lavage des mains, lavage des nourriture, propriété, …),
24% sur le traitement des eaux, maladies liées à l’eau
et 7% sur l’environnement (ordures, vidange de latrines, usage des toilettes).
Ces messages ont été principalement suivis à la radio (47%), par les personnels de santé (13%) et les leaders communautaires (3%).
Seulement 0,6% des répondants déclarent avoir pris connaissance de ces messages par la télévision. On déduit par là que la télévision est le moyen de communication le moins approprié pour faire passer des messages de sensibilisation à la population. La ville éprouve des difficutés pour s’alimenter correctement en électricité et les équipents (écran, décodeur, générateurs, etc.) restent inaccessibles pour la population.
5- CONCLUSION
L’enquête réalisée sur les connaissances, attitudes et pratiques des habitants des 26 villages et quartiers de la ville de Mao a permis d’avoir une sorte de photocopie de la situation au début du projet. Ainsi, elle a permis d’identifier les conditions d’accès à l’eau des habitants de la commune de Mao, leurs pratiques en matière d’hygiène et d’assainissement. En effet, après discussions avec les parties prenantes, des recommandations ont été formulées pour chaque secteur (EAH) afin que la population, les servives étatiques et les partenaires de l’Etat puissent chacun contribuer à améliorer des conditions d’hygiène et d’assainissement des habitants et de lutter contre la sous-nutrition et les maladies hydriques de la région.
24%
53%
7%
1%
Traitement deseaux, maladies
liées à l'eau
Hygiènecorporelle :lavage des
mains, lavagenourriture,propreté
Environnement(ordures, eauxusées, vidange
de latrines,Usage destoilettes)
Autre
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