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Projet d’Appui aux Elections 2011 (PAE)
PNERAL
RAPPORT FINAL
Septembre 2011
Republique du Bénin
Bénin
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IDENTITE DU PROJET
Titre du Projet: PROJET D’APPUI AUX ELECTIONS DE 2011
Award ID 00050805
Durée du Projet . Date de début: 25 janvier 2011
. Date de fin: 25 septembre 2011
Pays: République du Bénin.
Effets CPAP (2009-2013) Associés Promotion de la bonne gouvernance et du développement
participatif
Produits CPAP (2009-2013) visés La réforme du système électoral est effective.
Partenaire de réalisation Commission Electorale Nationale Autonome (CENA)
Cour Constitutionnelle (CC)
Point Focal au Bureau du PNUD: Mathieu Ciowela, DRR/UNDP
Période couverte par le rapport janvier – septembre 2011
Coordonnateur du Projet Martin NADON, Conseiller Technique Principal;
Rapport préparé par : Martin NADON, CTP_PAE_PNUD
Paul DOUAKOUTCHE, Chargé du reporting_PAE
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Sommaire I. INTRODUCTION ............................................................................................................................... 4
II. COORDINATION TECHNIQUE ET FINANCIERE DE L’APPUI OFFERT ................................................. 6
A. CONTEXTE ET JUSTIFICATION ...................................................................................................... 6
i. Contexte politique ................................................................................................................... 6
ii. Contexte de mise en œuvre du PAE ........................................................................................ 6
iii. Cadre Juridique des élections. ................................................................................................. 6
B. STRUCTURES DE GESTION DES ELECTIONS ................................................................................. 7
i. Composition et missions des organes de gestion des élections ............................................. 7
ii. Organisation et missions de l’assistance technique ................................................................ 8
C. MOBILISATION DES RESSOURCES FINANCIERES ......................................................................... 9
III. EXECUTION, SUIVI ET EVALUATION DES ACTIVITES .................................................................... 9
A. ACQUISITION ET MISE A DISPOSITION DES MATERIELS ELECTORAUX ET APPUI AUX
DEMEMBREMENTS DE LA CENA .......................................................................................................... 9
i. Acquisition et mise à disposition des matériels électoraux .................................................... 9
ii. Appui à la vérification et livraison des cartes d’électeurs ..................................................... 11
iii. Appui au rapprochement des électeurs de leurs bureaux de vote ....................................... 11
B. APPUI AUX DEMEMBREMENTS DE LA CENA ............................................................................. 12
C. APPUI A LA COUR CONSTITUTIONNELLE ................................................................................... 12
D. FONCTIONNEMENT DE L’UGP ................................................................................................... 12
E. GESTION DES RESSOURCES FINANCIERES ................................................................................. 12
IV. DIFFICULTES RENCONTREES ET SOLUTIONS APPORTEES .......................................................... 15
A. L’ELECTION PRESIDENTIELLE ..................................................................................................... 15
B. AUX ELECTIONS LEGISLATIVES ................................................................................................... 16
V. RECOMMANDATIONS .................................................................................................................... 17
A. RECOMMANDATIONS PRINCIPALES .......................................................................................... 17
B. AUTRES RECOMMANDATIONS .................................................................................................. 18
VI. CONCLUSION ............................................................................................................................. 20
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I. INTRODUCTION
1. En 2011, la République du Bénin devait faire face à l’organisation de deux consultations
électorales majeures : une élection présidentielle et des élections législatives.
2. Pour réussir l’organisation de ce double scrutin, le Gouvernement du Bénin a sollicité et
obtenu l’appui des partenaires au développement à travers le projet d’appui aux élections de
2011 au Bénin (PAE).
3. Le PAE s’inscrit dans le cadre des programmes de coopération bilatérale entre le Bénin et les
Partenaires Techniques et Financiers (PTF), qui font de la promotion de la bonne gouvernance
la base du développement. Il est intervenu à la suite du Projet d’Appui à la Réalisation de la
LEPI identifié comme un outil de gestion transparente du processus électoral, de prévention
des conflits post électoraux et de planification du développement national et sectoriel.
4. Considérant la disponibilité du fichier électoral (LEPI), le PAE avait pour principal objectif
d’apporter l’assistance nécessaire au succès des opérations électorales proprement dites à
savoir : la mise à disposition du matériel de vote et l’appui à la Cour Constitutionnelle pour
veiller à la transparence et la sincérité des votes.
5. Les principaux résultats attendus au terme du projet étaient:
- les matériels électoraux sont acquis et mis à la disposition de la CENA et de ses
démembrements ;
- Les capacités de la Cour Constitutionnelle à remplir avec efficacité ses fonctions
constitutionnelles consistant à veiller à la régularité des élections présidentielle et
législatives et de la gestion des contentieux, sont renforcées.
6. Pour obtenir ces résultats, Plusieurs activités ont été menées par le PAE. Le présent rapport
en rend compte en quatre points:
- Coordination technique et financière de l’appui offert ;
- Exécution, suivi et évaluation des activités réalisées
- Difficultés rencontrées et solutions apportées
- Recommandations
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II. COORDINATION TECHNIQUE ET FINANCIERE DE L’APPUI
OFFERT
A. CONTEXTE ET JUSTIFICATION
i. Contexte politique
7. Située dans le Golfe de Guinée, la République du Bénin est un pays dont l’histoire politique est
retrace successivement une période d’instabilité chronique (1960-1972) à cause des remises
en cause fréquentes des institutions de la République (coups d’Etat), un régime militaro-
marxiste caractérisé par le parti unique (1972-1990) et enfin le renouveau démocratique (de
1990 à nos jours) défini par le multipartisme intégral, option faite par l’ensemble des acteurs
politiques à l’historique conférence des forces vives de la nation de février 1990.
8. Cette dernière option a permis au pays de connaitre une stabilité politique notable avec
plusieurs alternances au sommet de l’Etat et le renouvellement conséquent des membres de
la représentation nationale. Régi par le régime de séparation des pouvoirs, le système
politique a vu progressivement les institutions de la République s’installer et fonctionner
normalement.
ii. Contexte de mise en œuvre du PAE
9. En dépit des progrès réalisés depuis 1990, des faiblesses ont été décelées dans les processus
électoraux et l’on a entrepris de rechercher les voies et moyens pour instaurer plus de
transparence dans les élections, consolider l’Etat de droit et renforcer le système
démocratique en cours.
10. Au nombre des insuffisances auxquelles il fallait remédier, figurait l’épineuse question relative
aux fichiers électoraux utilisés jusque-là. Manuscrites et réalisés à la hâte pour chaque
élection, les listes électorales n‘offraient aucune garantie de fiabilité. Elles ont constitué la
principale source des contestations électorales qui auraient pu déraper n’eut été la maturité
du peuple et le génie béninois. En vue d’apporter les améliorations souhaitées par tous, les
acteurs politiques et sociaux ont convenu de la réalisation de la Liste Electorale Permanente
Informatisée (LEPI).
11. Mise en œuvre avec le soutien de la communauté internationale à travers le Projet d’Appui à
la Réalisation de la LEPI (PAREL), cette liste est devenue une réalité début 2011 après un
processus qui a duré un peu plus de deux ans. De fait, la LEPI devait subir son premier test
grandeur nature c’est-à-dire, servir à l’organisation du double scrutin de 2011.
12. Considérant la controverse et les polémiques qui ont entouré le processus de réalisation de la
LEPI, l’utilisation de cet outil pour les élections présidentielle et législatives était considérée
comme un défi majeur.
13. Pour y faire face, le Gouvernement s’est résolu à mobiliser les partenaires au développement
dont le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) pour l’accompagner.
iii. Cadre Juridique des élections.
14. Après moult atermoiements consécutifs aux tiraillements entre députés de la mouvance
présidentielle et ceux de l’opposition d’une part, et entre la représentation nationale et la Cour
Constitutionnelle d’autre part, les lois devant régir l’organisation du double scrutin de 2011
ont été finalement adoptées et promulguées. Il s’agit des lois :
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- n° 2011-03 du 04 mars 2011 portant habilitation spéciale des organes en charge de la
réalisation de la liste électorale permanente informatisée et de l’organisation du
double scrutin de l’année 2011 ;
- n° 2010-33 du 07 janvier 2011 portant règles générales pour les élections en
République du Bénin ;
- n° 2010-35 du 30 décembre 2010 portant règles particulières pour l’élection des
membres de l’Assemblée Nationale ;
- n° 2005-26 du 06 août 2010 portant règles particulières pour l’élection du Président
de la République ;
15. La loi N°2010-33 du 07 janvier 2011 portant règles générales pour les élections en République
du Bénin dispose en son article 4 que l’élection a lieu sur la base d’une liste électorale
permanente informatisée (LEPI) et en son Article 19 que Les élections sont gérées par un
organe administratif dénommé Commission Electorale Nationale Autonome (CENA).
B. STRUCTURES DE GESTION DES ELECTIONS
La loi N°2010-33 du 07 janvier 2011 portant règles générales pour les élections en République
du Bénin définit la composition et la mission de la CENA et de ses démembrements.
i. Composition et missions des organes de gestion des élections
� La Commission Electorale Nationale Autonome (CENA)
16. La Commission électorale nationale autonome (CENA) est composée de onze (11) membres
dont neuf (09) provenant des sensibilités politiques (Gouvernement et Assemblée) et deux
(02) des corporations ou organisations de la société civiles. Ils sont choisis parmi les
personnalités reconnues pour leur compétence, leur probité, leur impartialité, leur moralité
et leur sens patriotique. Elle est chargée de la préparation, de l’organisation, du déroulement,
de la supervision des opérations de vote et de la centralisation des résultats.
� Les Commissions Electorales Départementales (CED)
17. La Commission électorale nationale autonome (CENA) est représentée dans chaque
département par une Commission électorale départementale (CED) de onze (11) membres.
� Les Commissions Electorales Communales (CEC)
18. Dans chaque commune, l’organisation et la gestion des élections sont assurées par une
Commission électorale communale (CEC) de neuf (09) membres, sauf les communes ayant un
statut de département où la Commission électorale communale (CEC) est composée de vingt-
et-un (21) membres.
� Les Commissions Electorales d’Arrondissement (CEC)
19. Dans chaque arrondissement, la gestion des élections est assurée par une Commission
électorale d’arrondissement (CEA) de neuf (09) membres ; sauf les arrondissements de plus de
50.000 habitants où la Commission électorale d’arrondissement (CEA) est composée de dix
sept (17) membres.
� Le Secrétariat Administratif Permanent de la CENA (SAP/CENA)
20. Le Secrétariat administratif permanent de la Commission électorale nationale autonome
(SAP/CENA) est composé de quatre (04) membres. Le Secrétariat administratif permanent de
la Commission électorale nationale autonome (SAP/CENA) est chargé entre deux élections :
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- de la conservation de la mémoire administrative de la Commission électorale
nationale autonome (CENA) ;
- de la récupération, de l’entreposage et de l’entretien du patrimoine électoral ;
- de la formation des agents électoraux ;
- de la vulgarisation des lois électorales dès leur promulgation, en collaboration et avec
l’appui du Gouvernement ;
- de l’élaboration de l’avant-projet du budget des élections ;
- de l’informatisation et/ou de la mise à jour annuelle de la liste électorale permanente
par des structures professionnelles dont la compétence est avérée et ce, par appel à
concurrence.
ii. Organisation et missions de l’assistance technique
Les organes officiels de gestion des élections ont été assistés par la communauté
internationale à travers le Projet d’Appui aux élections de 2011 au Bénin (PAE) conformément
au document de projet signé entre le Gouvernement du Bénin et le PNUD. Ce projet avait pour
but de soutenir le Bénin dans l’organisation et la gestion du double scrutin de 2011 en
renforçant les capacités de la CENA sur les plans institutionnel, organisationnel et matériel et
en aidant la Cour Constitutionnelle à bien gérer le contentieux de l’élection présidentielle. Le
projet a été réalisé suivant la modalité « Exécution Directe » par le PNUD qui a mis en place
une unité de gestion supervisé par un Comité d’Orientation et de Pilotage.
� Le Comité d’Orientation et de Pilotage
21. Tel que prévu au document de projet, l’orientation stratégique et l’appui offert dans le cadre
du Projet était sous la responsabilité d’un Comité d’Orientation et de Pilotage qui se réunissait
régulièrement. Présidé par le Président de la CENA, ce Comité était composé des représentants
de la CENA, de la Cour Constitutionnelle, du Gouvernement béninois, des partenaires
techniques et financiers (PTF) et du PNUD. Sa mission était de :
- définir les orientations stratégiques sur le financement par le Panier commun des activités
électorales;
- instruire l’Unité de Gestion du Projet sur la gestion du PAE ;
- décider de toutes les questions permettant d’assurer la gestion et le fonctionnement
effectif du PAE et le fonctionnement de l’Unité de Gestion du Projet, en conformité avec
les dispositions du Protocole d’Accord, de ses Annexes et du Document de Projet.
22. Dans ce cadre le COP/PAE a tenu sept (7) réunions au siège de la CENA. Ces rencontres ont
permis d’établir un suivi régulier de l’avancement des opérations, de définir et réviser les plans
d’action, et aussi de faire des recommandations à la CENA quant aux activités réalisées et en
vue.
� L’Unité de Gestion du Projet (UGP)
23. De part son expertise, l’équipe de l’Unité de Gestion du Projet a fourni à l’administration
électorale, un appui global dans le cadre des opérations tout le long du processus électoral :
- Le Conseiller Technique principal
Il avait pour mission de gérer, superviser et coordonner l’équipe du PAE, conseiller la CENA
en matière de supervision du processus électoral et d’organisation des scrutins, planifier
et coordonner le soutien des partenaires.
- L’expert en logistique électorale
Il a élaboré en liaison avec la CENA, un plan d’appui logistique et les stratégies de mise en
œuvre, assuré la coordination de l’exécution des opérations logistiques et mis en place un
système d’inventaire et de suivi du matériel électoral.
- Le chargé du reporting
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Il a préparé les différents comptes rendu des réunions du COP auxquelles il a participé
pour permettre le suivi efficace de la mise en œuvre des recommandations du Comité.
- Le consultant politique
Il a fourni au CTP les informations et tactiques relatives à la planification stratégique et la
prise de décision.
- Les Volontaires des Nations Unies (VNU)
Au nombre de 84, ils ont été mis à contribution pour appuyer l’administration électorale
dans l’actualisation et la correction des dysfonctionnements enregistrés sur le fichier
électoral entre les deux scrutins.
24. L’UGP a été soutenu dans sa mission par différentes unités du PNUD Bénin et en particulier
par le Centre Intégré de Services qui a procédé à l’acquisition du matériel pérenne et des
consommables. Le Projet a également pu compter sur la compétence et le professionnalisme
du management du PNUD c'est-à-dire Madame le Représentant Résident et son adjoint.
C. MOBILISATION DES RESSOURCES FINANCIERES
25. Le Danemark, les Pays-Bas, la Belgique, l’Union Européenne et le PNUD sont les principaux
pays et institutions qui se sont engagés à financer le PAE pour un total de $ 7, 674,105 selon
les montants suivants.
N° PAYS/INSTITUTION Montant en USD
1 Belgique : 1, 300,000.
2 Danemark : 1, 024,105.
3 Pays-Bas : 1, 250,000.
4 Union Européenne : 3, 900,000.
5 PNUD : 200,000.
TOTAL 7, 674,105
26. Le Danemark, les Pays-Bas, la Belgique et le PNUD ont entièrement honoré leurs promesses
de contribution. Quant à l’Union Européenne, pour des raisons de formalités complexes à
remplir, sa contribution devait être libérée dans un délai plus ou moins long.
III. EXECUTION, SUIVI ET EVALUATION DES ACTIVITES
Les deux principales activités prévues au Projet d’appui aux élections (PAE) étaient :
� acquisition et mise à disposition des différents matériels électoraux et appui aux démembrements
de la CENA;
� appui à la Cour Constitutionnelle afin qu’elle puisse mieux remplir sa mission de veiller à la
régularité de l’élection présidentielle et gérer les contentieux électoraux.
A. ACQUISITION ET MISE A DISPOSITION DES MATERIELS ELECTORAUX
ET APPUI AUX DEMEMBREMENTS DE LA CENA
i. Acquisition et mise à disposition des matériels électoraux
27. Les opérations d’acquisition des matériels et fournitures s’est déroulée dans le strict respect
des normes de transparence des Nations Unies.
28. Outre l’acquisition de matériel électoral ainsi que l’appui aux démembrements de la CENA et
à la Cour Constitutionnelle, le PAE s’est sérieusement investi dans un appui technique à la
CENA sur des aspects liés surtout à la logistique, aux opérations électorales et à la gestion des
résultats. Les différentes opérations se sont réalisées suivant des règles précises.
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� Appui dans la définition technique des besoins en matériel
29. Un travail préalable d’identification de la nature des matériels nécessaires, d’évaluation des
quantités requises et de précision des caractéristiques techniques a été jugé nécessaire. Ce
diagnostic a permis d’identifier et d’acquérir les matériels non sensibles et sensibles ainsi qu’il
suit :
� Matériel non sensible (communément appelé matériel lourd)
• Urnes (18000 unités)
• Scellé (360000 unités)
• Encreurs (10000 unités) • Encre à tampon (18000 unités) • Autres fournitures de bureau, manuel, etc.
� Matériel sensible
• Encre indélébile (40000 unités)
• Enveloppes diverses
• Bulletin de votes1
• Autres documents importants (Divers formulaires, PVs, etc.)
� Appui à la mise en place des structures logistiques adéquates
30. Cotonou représentait le centre de réception et de stockage principal du matériel électoral. Le
seul entrepôt disponible d’une capacité d’environ 200 m2 était déjà rempli. En prévision des
grands volumes de matériel à réceptionner, des espaces de stockage complémentaires ont été
créés à l’aide de l’installation d’infrastructures adéquates voire, à l’air libre.
31. Il a fallu ensuite s’assurer que chaque CED/CEC dispose d’un espace de stockage approprié
pour le matériel reçu. Cet endroit était dans certains cas un
entrepôt ou un conteneur
fermé et dans d’autres cas
une salle libre de tout
travaux durant la période
d’entreposage du matériel
à la gendarmerie ou
ailleurs. Cela dépendait du
nombre de bureaux de
vote (BV) créés dans cette commune ainsi que des
disponibilités en entrepôt.
� Réception du matériel – Mesure de contrôle et de vérification
32. La plupart du matériel électoral a été reçu entre février et début avril 2011. Par conséquent,
le dédouanement, la vérification, le chargement/ déchargement et l’entreposage d’un volume
aussi énorme (environ 1500 mètres cubes) ont représenté un véritable défi pour les membres
de l’équipe logistique de moins de 10 personnes (CENA et Projet confondus) qui devaient se
répartir en plusieurs groupes, chacun étant responsable d’une activité logistique différente
(ex. un groupe pour la vérification, un autre pour le contrôle, etc.) au niveau des entrepôts et
à l’aéroport.
1 Le PAE devait fournir les bulletins de vote à hauteur de 183 FCFA/l’unité. Au cours d’une réunion entre le Ministère
des Finances et de l’économie, le PNUD et la CENA, il a été convenu que le Gouvernement préfinance l’impression
desdits bulletins de vote quitte à être remboursé par le PNUD à concurrence des ressources mobilisées et
disponibles.
Réception des urnes à l'aéroport
international de Cotonou
Urnes entreposées dans la
cour de la CENA
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� Déchargement et comptage du matériel : Il était indispensable de compter le matériel au
chargement et au déchargement, à l’aéroport et aux entrepôts. Pour minimiser les risques
d’erreur, le déchargement et le chargement à l’aéroport et aux
entrepôts étaient réalisés à la fois sous contrôle de la CENA, du
fournisseur et du projet.
� Sécurité du matériel pendant
le transport et dans les
entrepôts: L‘aspect sécuritaire
du matériel électoral relevait
directement de la responsabilité
générale du gouvernement
Béninois, le projet et la Cellule de sécurité des Nations Unies
n’avaient pas de rôle particulier à jouer dans l’organisation
de la sécurité.
� Constat de réception : Très peu d’anomalies ont été enregistrées lors des réceptions. Le cas
échéant, les fournisseurs étaient très réactifs dans la recherche de solutions. Des contacts
directs entre les représentants des fournisseurs à l’étranger et la logistique étaient maintenus
de manière soutenue au moment des réceptions.
� Vérification et Entreposage du matériel : A chaque réception, il a fallu mettre en place un
mécanisme de vérification et de contrôle capable de garantir non seulement la qualité des
biens réceptionnés par rapport aux bons de commande mais aussi capable de déceler
rapidement les anomalies pour communication immédiate avec le Centre de Services du
PNUD.
� Rapport de réception : Les documents de réception ont toujours été signés en 3 exemplaires
pour permettre à chacun des trois acteurs (CENA, projet et fournisseur) de garder un original
signé. A la suite de chaque réception, un rapport détaillé sur la qualité et la quantité des biens
reçus était rédigé par la logistique et fourni aux concernés, incluant le CDS pour suivi du
paiement et pour les éventuelles réclamations ultérieures.
ii. Appui à la vérification et livraison des cartes d’électeurs
33. La logistique électorale a jouer un rôle capital dans la vérification, le contrôle et l’expédition
de plus de 3.5 millions de cartes d’électeurs imprimées et empaquetées par les agents de la
société SNEDAI sous-traitant de l’Office National d’Imprimerie de Presse réquisitionné pour
l’impression desdites cartes.
34. Cet exercice a non seulement permis de réduire au minimum les risques de mélange des
électeurs d’un centre de vote à un autre, mais aussi, de découvrir des manquants ainsi que
quelques cas de surplus en vue de porter les corrections nécessaires avant l’acheminement
sur le terrain.
iii. Appui au rapprochement des électeurs de leurs bureaux de vote
35. Après l’arrimage de la liste électorale à la cartographie électorale, il a été constaté que de
nombreux électeurs ont vu leurs centres de vote éloignés de leur lieu de résidence. Cette
situation s’explique par le non renseignement des localités de résidence de ces derniers sur
les fiches de collectes d’informations individuelles les concernant. Pour y remédier, les
Volontaires des Nations Unies (VNU) ont été mis à contribution.
36. Du 22 au 29 mars 2011, ils ont effectué des missions sur toute l’étendue du territoire national
pour :
- Répertorier tous les villages (voir Hameaux) où les électeurs sont éloignés de leurs
bureaux de vote ;
Transport des urnes de l’aéroport
vers le siège de la CENA
Une urne scellée
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- Rechercher et préciser sur le terrain, les villages, quartier de ville, Hameaux associés
des électeurs dont les localités de résidence sont Non renseignées dans la base de
données de la LEPI
- Prendre copie sous l’autorisation de la CENA, des listes d’émargement par
dérogation auprès des CEC\CEA ;
- Répertorier les nouveaux lieux de vote crées lors de la présidentielle de Mars 2011 ;
- Identifier et répertorier les lieux de vote habituels des villages, quartiers, hameaux
dont les électeurs ont été dispersés dans d’autres Bureaux de Vote et établir la liste
des votants pour chacune de ces localités;
37. L’exploitation judicieuse des résultats de ces missions ont permis d’apporter les corrections
nécessaires notamment la réaffectation des électeurs dans les nouveaux centres et bureaux
de votes créé pour les besoins de la cause.
B. APPUI AUX DEMEMBREMENTS DE LA CENA
38. Une lettre d’accord signée entre le PNUD et la CENA le 28 mars 2011 permettait au PAE de
consacrer une partie des fonds mobilisés à l’appui des commissions électorales
départementales, communales et d’arrondissements pour leur permettre d’acquérir
différents éléments nécessaires à leur fonctionnement (électricité, eau, téléphone etc.). Une
grande partie de cette contribution a été versée au début du mois d’avril. Selon les termes de
la même lettre d’accord, le reliquat a été reversé sur présentation des justificatifs.
C. APPUI A LA COUR CONSTITUTIONNELLE
39. La mise en œuvre de cette composante du PAE a consisté à mettre à la disposition de la Cour
Constitutionnelle les moyens nécessaires pour permettre à cette haute instance judiciaire du
Bénin, de remplir efficacement sa mission dans le cadre de l’élection présidentielle.
40. L’action envisagée au départ était le recrutement et la formation de 2000 délégués de la Cour
qui avaient pour rôle d’observer les activités de vote et de dépouillement dans les différents
bureaux de vote et d’en rendre compte à la Cour.
41. Finalement, la Cour a décidé de porter à 6258 (dont 1258 payés avec la contribution du PAE)
le nombre de ses délégués en raison « de sérieuses difficultés qui ont marqué la gestion du
processus électoral » écrit-elle dans un rapport envoyé au PNUD le 11 avril 2011.
D. FONCTIONNEMENT DE L’UGP
42. L’UGP n’a pas été mise en place telle que prévue dans le document de projet. Réduite au strict
minimum, son fonctionnement n’a pas consommé toutes les ressources financières prévues
au budget.
E. GESTION DES RESSOURCES FINANCIERES
43. D’un montant prévisionnel de 8, 769,473 USD, le budget était constitué à 77 pour cent de
dépenses relatives à l’achat du matériel fongible (bulletins, encre, documents de bureau de
vote etc.) et non fongible (urnes, lampes etc.). Les autres dépenses étaient destinées tel que
mentionné plus haut, à l’appui aux démembrements de la CENA, à la Cour Constitutionnelle et
à la gestion du Projet.
44. Dans ce cadre, le projet a acquis du matériel non fongible (urnes, scellés etc.) pour un montant
de 714,140 dollars US et du matériel fongible (encre, cachets, documents de bureau de vote
etc.)pour 768,288 dollars US.
45. Un montant de 164,430 dollars USD a été transféré à la CENA pour prendre en charge les frais
d’électricité, d’eau, de téléphone de ses démembrements.
13
46. L’absence d’un second tour de l’élection présidentielle a entrainé une économie importante
au niveau de l’achat des bulletins de vote. De même, la mise en place d’une Unité de Gestion
simplifiée par rapport à ce que prévoyait le Document de Projet a réduit substantiellement le
budget du PAE.
47. Les fonds promis par l’Union Européenne n’ont pas été vite décaissés en raison des procédures
complexes propres à cette institution.
Tableaux des contributions et des dépenses du projet au … mois 2011
PROJET DE BUDGET POUR L'APPUI AUX ELECTIONS 2011
Prévision budgétaire 7 829 337
Fonds mobilisés 7 674 105
Ecart budgétaire 155 232
Fonds reçus au 18/08/11 3 904 720
Dépenses au 18/08/2011 2 174 820
Balance au 18/08/2011 1 729 900
Intitulé/Libellé Prév Prévisions Réalisations
Montant total en F CFA
Montant total en $
Dépenses au 18/08/2011
COMPOSANTE 1 : FOURNITURES DE MATERIEL ELECTORAL PERENNE ET DES CONSOMMABLES COMPLEMENTAIRES POUR LA CENA ET SES DEMEMBREMENTS POUR LES ELECTIONS
3 006 330 250 6 012 661 1 624 748
Matériel non fongible 332 777 150 665 554 714 140
Urnes (18000 unités) inclus ci-dessous
Scellés (360000 unités) 328 015 550 656 031 704 169
Cartouche/ piles (2 par lampe) 2 250 000 4 500 4 712
Cadenas de sécurité avec code (2par arrondissement) 2 511 600 5 023 5 259
Matériel fongible / Consommables 2 591 338 100 5 182 676 769 383
1.2.1 Bulletins de vote 4 000 000 d'élect *[1+(20% de rebut et reste)] pour 3 votes 2 196 000 000 4 392 000
1.2.2 Divers autres consommables
Pot de colle (16000 unités) 592 000 1 184 1 230
Encreurs (10000 unités) 4 500 000 9 000 9 346
Encre à tampon (18000 unités) 3 510 000 7 020 7 290
Encre indélébile (40000 unités) 284 860 000 569 720 569 720 Feuilles Grand format (360,000 unités) 18 981 000 37 962 37 962
Feuilles de dépouillement (58,000 blocs de 5 feuilles) 7 540 000 15 080 15 660
Procès verbal du déroulement du scrutin (74,000 blocs de 5 feuilles) 9 620 000 19 240 19 980
Bracelets élastiques (8000 unités) 3 715 500 7 431 7 717
Scotch (18000 unités) 4 500 000 9 000 9 346
Dissolvant (18000 unités) 3 600 000 7 200 7 200
Coton; sachet de 200g (18000 unités) 19 800 000 39 600 12 155
14
Cachet CENA (18000 unités) 5 400 000 10 800 11 308
Papier fort (1000 unités) 25 000 50 52
Papier Repro (5000 unités) 10 832 400 21 665 22 684
Badges CENA CED CEC CEA (personnels) + presse + observateurs (total: 11588 unités) 6 976 700 13 953 15 754
Clé USB 2,0Go (100 unités) 500 000 1 000 1 047
CD ROM (1000 unités) 423 000 846 886
Lait (6000 petites boîtes) 1 562 500 3 125 3 245
*Badges bureau de vote (42000 unités) 8 400 000 16 800 16 800
Appui aux démembrements de la CENA 82 215 000 164 430 141 224
Produits d'entretien 5 000 000 10 000 8 560
Electricité et eau (100 000/mx12x3m) 1 800 000 3 600 3 096
Fournitures et autres consommables 3 600 000 7 200 6 192
1.3.2 Appui au fonctionnement des CEC (77 Communes)
Eau et électricité 1 930 000 3 860 3 320
Communication 10 000 000 20 000 17 154
Location CEC (50000x77) 3 465 000 6 930 5 960
Fournitures et autres consommables 37 500 000 75 000 64 400
1.3.3 Appui au fonctionnement des CEA (546 arrondissements)
Eau et électricité 8 000 000 16 000 13 760
Communication (5 000f/mx2mx546p) 10 920 000 21 840 18 782
COMPOSANTE 2 : APPUI A LA COUR CONSTITUTIONNELLE 220 000 000 440 000 220 000
Recrutement et formation du personnel temporaire pour les deux tours du scrutin présidentiel (voir détail projet 06/CC en annexe)
220 000 000 440 000 220 000
UNITE DE GESTION DE PROJET (UGP) 432 238 670 864 477 232 954
CONSEILLER TECHNIQUE PRINCIPAL 51 230 100 102 460 38 920
EXPERT ADMINISTRATION & FINANCES 46 980 000 93 960
EXPERT EN LOGISTIQUE 46 980 000 93 960
EXPERT REPORTING ET VISIBILITE 7 056 000 14 112
CONSULTANTS INTERNATIONAUX 60 000 000 120 000 17 965
VOLONTAIRES DES NU (80 VNU pendant 6 mois) 91 680 000 183 360 172 009
ASSISTANT ADMINISTRATIF 6 553 410 13 107
ASSISTANT 4 611 660 9 223
CHAUFFEURS 5 047 500 10 095 1 659
ENTRETIEN VEHICULES 4 800 000 9 600
MATERIEL DE BUREAU 4 800 000 9 600
VOYAGES 10 000 000 20 000 527
APPUI DE LA TASK FORCE CE-PNUD 5 000 000 10 000
AUTRES FRAIS DE FONCTIONNEMENT 12 500 000 25 000 1 875
Evaluation 25 000 000 50 000
Audit 50 000 000 100 000
SOUS-TOTAL 3 658 568 920 7 317 138 2 077 702
Frais de gestion du Projet (7%) 512 200 97 118
COUT GLOBAL DU PROJET D'APPUI AUX ELECTIONS 2011 3 914 668 744 7 829 337 2 174 820
15
IV. DIFFICULTES RENCONTREES ET SOLUTIONS APPORTEES
La CENA a été installée presque simultanément avec la mise en place du Projet. L’élection
présidentielle étant alors prévue pour le 27 février 2011, cette installation était très tardive puisque
l’article 14 de la Loi portant règles générales pour les élections stipule que la CENA doit être installée
au minimum 120 jours avant le premier scrutin. Ce retard dans l’installation de la CENA dû à des
contradictions d’ordre politique a eu des conséquences négatives sur l’organisation du double scrutin.
A. L’ELECTION PRESIDENTIELLE
48. Le Conseiller Technique du PAE n’a pris ses fonctions qu’une dizaine de jours avant le scrutin
présidentiel alors prévu pour le 27 février 2011. Il a donc fait connaissance avec les membres
de la CENA dans un contexte difficile alors que ceux-ci venaient d’être installés et avaient
beaucoup de travail à accomplir pour rattraper le temps perdu par les tergiversations
politiques concernant leur nomination. Celui-ci s’est cependant mis au travail en conseillant
notamment la CENA au niveau du calendrier électoral. Il s’est également rendu utile, aux dires
mêmes de la CENA, en lui rappelant certaines dispositions de la loi notamment l’obligation de
l’article 81 de mentionner sur les feuilles de dépouillement le caractère provisoire des résultats
qu’elles contiennent. Il a également procédé au calcul du nombre exact de feuilles de
dépouillement et de procès-verbaux nécessaires dans chaque bureau de vote en fonction de
l’article 85 de la Loi électorale du 7 janvier 2011.
49. Les élections béninoises de 2011 ainsi que la mise en œuvre du Projet se sont déroulées dans
un contexte de méfiance de certains acteurs quant à la Liste Electorale Permanente
Informatisée (LEPI). La crainte que cette liste n’ait pas pris en compte un grand nombre
d’électeurs lors du recensement électoral a amené le Parlement à voter le 4 mars 2011 une loi
qui habilitait les responsables du système électoral « à prendre toutes les mesures utiles visant
à assurer et à faciliter aux citoyens en âge de voter l'exercice de leur droit constitutionnel de
vote". L’élection prévue le 6 mars a donc été reportée de quelques jours pour que des
opérations spéciales d’inscription se déroulent dans l’intervalle.
50. Le scrutin
présidentiel s’est
finalement déroulé le
13 mars 2011. Il s’est
dans l’ensemble bien
déroulé, aucun
incident majeur ne
venant perturber le
calme et la sérénité
du vote. Dès le
lendemain, le CTP en
dressait un premier
bilan à l’attention de
la CENA. Signalant
d’entrée de jeu le fait
que le premier scrutin d’une série est toujours le plus complexe et le plus aléatoire
(notamment en raison du fait que plusieurs activités telles que la formation et le déploiement
Electeurs alignés et attendant leur tour pour s'acquitter de leur
devoir civique
16
du matériel lourd ne seront pas à répéter), le CTP a fait les recommandations à la CENA en vue
du scrutin suivant à savoir:
� Mise en place d’un Centre des Opérations et d’une Cellule d’intervention regroupant des
éléments décisionnels en matière de logistique, d’opérations de vote, de listes électorales, de
communications et de sécurité afin de faire face rapidement et efficacement aux situations
problématiques pouvant se présenter le jour du scrutin.
� Elaboration d’un Plan logistique détaillé et précis pour l’acheminement du matériel sensible
afin notamment d’éviter les retards dans l’ouverture des bureaux de vote.
� Renforcement des démembrements de la CENA en termes de ressources matérielles et
financières afin de leur permettre d’exécuter efficacement les opérations importantes qui leur
sont demandées. A noter que cette recommandation écrite, faite dès le lendemain de la
présidentielle, a pris tout son sens dans les semaines suivantes avec la grogne généralisée dans
les démembrements.
� Intégration à la LEPI des listes d’électeurs s’étant inscrits lors des opérations spéciales
d’inscription tenues la semaine précédant le vote afin d’éviter à nouveau les difficultés
rencontrées dans certains centres par les bureaux de vote spéciaux et le recours abusif au vote
par dérogation.
51. Le CTP a ajouté d’autres éléments auxquels la CENA devait porter son attention : le fait que les
agents des Bureaux de Vote ne portaient pas les badges d’identification commandées par le
PAE, l’utilisation incontrôlée des scellés (risque d’une rupture de stock à ce niveau) et
l’aménagement de certains bureaux qui laissait parfois à désirer (notamment des isoloirs…trop
isolés).
B. AUX ELECTIONS LEGISLATIVES
52. Les élections législatives d’abord prévues pour le 17 avril ont finalement eu lieu le 30 avril. Ce
report était tout à fait dans l’ordre des choses puisque, suite au report de la présidentielle, le
calendrier électoral des législatives devenait trop serré pour tenir toutes les activités
nécessaires au scrutin et surtout la période de contentieux relative au dépôt des candidatures.
53. L’élément marquant de la période pré-électorale a donc été cette grogne généralisée des
membres des commissions départementales, communales et d’arrondissement quant à leurs
indemnités et à leur budget de fonctionnement insuffisants à leurs yeux.
54. S’agissant des budgets d’opération, les missions effectuées sur le terrain nous ont permis de
constater que lesdits démembrements vivaient une situation pénible. Ceux-ci n’avaient
aucune marge de manœuvre financière en mesure de leur permettre de payer des dépenses
aussi élémentaires que des indemnités à des manutentionnaires pour vider les camions lors
de la livraison du matériel. L’installation tardive de la CENA et par la suite de ses
démembrements n’ a sans doute pas permis d’élaborer une politique de rémunération juste
pour les membres de ces démembrements de même que des normes de contrôle et de gestion
budgétaire décentralisés.
55. Le manque d’ardeur, voire l’arrêt complet du travail à certains endroits, a nui
considérablement au bon déroulement des opérations électorales. L’information des électeurs
et l’affichage des listes électorales n’ont pas été réalisés à temps. Le recrutement et la
formation des agents des Bureaux de Vote se sont fait dans une relative confusion de même
que la distribution des cartes d’électeur et la réception et le contrôle du matériel sensible.
56. Par ailleurs, l’intégration à la LEPI de 130,000 nouveaux électeurs venant d’avoir 18 ans, et
des électeurs inscrits tardivement à la présidentielle en vertu de la loi du 4 mars ainsi que la
décision de transférer 400,000 électeurs afin de les rapprocher de leurs bureaux de vote ont
17
engendré la création de 1464 centres de vote et de 1270 bureaux de vote de plus qu’à la
présidentielle. Cette situation aurait été gérable si elle n’avait pas, par ailleurs, provoqué le
fait que de très nombreux électeurs se sont retrouvés affectés à de nouveaux bureaux et
parfois même de nouveaux centres de vote sans en être correctement informés. Incapables
de s’y retrouver, plusieurs électeurs ont quitté les centres de vote sans avoir pu voter.
57. Tous ces éléments réunis ont fait que le jour du scrutin, nous avons été témoin de nombreux
manquements : nombreuses absences de membres de Bureaux de Vote, remplacement par
des membres non formés, matériel électoral mal sécurisé, ouverture tardive des bureaux de
vote, électeurs ne sachant dans quel bureau voter etc.
58. Cette situation explique sans doute en partie, le faible taux de participation et expliquera sans
doute par la suite, l’annulation des résultats de nombreux bureaux de vote par la Cour
Constitutionnelle en raison de procès-verbaux mal remplis.
V. RECOMMANDATIONS
A. RECOMMANDATIONS PRINCIPALES
59. Les élections béninoises ont toujours été organisées par des commissions électorales ad hoc.
L’article 14 de la Loi portant règles générales pour les élections en République du Bénin dispose
que « les membres de la CENA sont désignés, pour chaque échéance électorale, cent trente
(130) jours minimum avant le mois durant lequel le scrutin a lieu ». Le mandat de la CENA se
termine par ailleurs trente (30) jours au plus tard après la proclamation des résultats définitifs
de l’élection. Il s’agit d’un bien court mandat pour une mission si importante et si complexe,
surtout quand il y a plusieurs scrutins à organiser. En plus, pour des considérations politiques,
la CENA de 2011 n’a été installée que quelques semaines avant le premier scrutin… les
démembrements que quelques jours !
60. Les membres de la CENA (sauf un) sont désignés par des instances politiques et ne sont pas
des experts en matière électorale bien que certains d’entre eux jouissent d’une certaine
expérience pratique. Etant nommés par des instances politiques ils ont tous une coloration
politique qui est de commune renommée.
61. La CENA béninoise est donc temporaire et fortement politisée alors que la tendance mondiale
depuis une vingtaine d’années est plutôt à la création de commissions électorales
permanentes professionnelles et véritablement indépendantes. Cette tendance vers la
permanence, la professionnalisation et l’indépendance est notamment motivée par le fait que
les élections modernes comportent plusieurs activités qui se réalisent en plusieurs phases et
dont certaines en dehors des années électorales : conception et rédaction des lois, élaboration
de plans de formation et de plans logistiques, ententes avec différents partenaires (banques,
société de téléphonie etc.), recrutement et formation du personnel cadre, inscription des
électeurs, enregistrement des partis politiques, archivage, inventaire du matériel etc. A la fin
d’un processus électoral, il est souhaitable que le travail commence en vue du suivant. Le
problème rencontré au sujet des primes et des budgets de fonctionnement des
démembrements est un exemple de question qui aurait pu être réglée par l’adoption de règles
et politiques internes en dehors de la période d’effervescence électorale.
62. Par ailleurs toutes ces tâches techniques nécessitent la participation active de professionnels
aguerris provenant de différents domaines (informaticiens, logisticiens, financiers, formateurs
etc.) et non plus de responsables désignés politiquement qui sont souvent animés de
beaucoup de bonne volonté et de dynamisme mais qui n’ont pour la plus part ni l’objectivité
18
ni l’expertise technique pour réaliser une mission aussi sensible et névralgique que
l’organisation des élections dans le pays.
63. C’est pourquoi nous recommandons la création d’une CENA permanente, indépendante des
pressions politiques et formée de techniciens hautement spécialisés dans les différentes
disciplines nécessaires dans l’organisation des élections. Cette CENA devrait avoir à sa tête
une personnalité de calibre, avec une forte autorité morale, d’une neutralité et d’une
intégrité que personne ne pourrait mettre en cause. Cette CENA devrait aussi comprendre
un Comité de liaison avec les responsables des partis politiques.
64. Tel que prévu par la loi, les élections de 2011 se sont faites avec la nouvelle Liste électorale
permanente informatisée. Cette liste, malgré les difficultés rencontrées dans sa mise en place,
constitue une avancée considérable pour les élections béninoises et devrait servir d’exemple
dans l’avenir pour plusieurs pays du continent. Cette LEPI doit cependant être gérée, sécurisée
et mise à jour régulièrement pour rester un outil fiable et crédible pour l’organisation des
futures élections. Rien n’est prévu dans les différentes lois électorales sur la pérennisation de
la LEPI.
65. Nous recommandons que la LEPI devienne l’entière responsabilité de la Commission
électorale permanente dont nous proposons la création. D’ici à ce que cette nouvelle
commission soit créée et qu’une nouvelle législation électorale soit adoptée, nous suggérons
que la LEPI soit conservée par le SAP-CENA sans qu’il ne lui soit apportée de modification.
Une mise à jour serait effectuée, en temps opportun, par la future CENA permanente.
B. AUTRES RECOMMANDATIONS
66. Le Bénin fait imprimer ses bulletins de vote en territoire béninois. Cette mesure, visant sans
doute à favoriser l’économie locale comporte cependant des risques accrus au niveau de la
sécurité. Si cette orientation est maintenue, nous recommandons d’accroitre les règles de
contrôle des marchés et l’élaboration de termes de références comportant des règles élevées
de sécurité et de contrôle des bulletins : interdiction de la sous-traitance, destruction des
bulletins restants, surveillance attentive de la production etc.
67. Nous avons constaté une absence quasi-totale de femmes au sein des différents niveaux des
commissions électorales. Aucune femme ne siège notamment à la CENA. Cette sous-
représentation féminine est difficilement justifiable dans un pays qui dit être « le laboratoire
de la démocratie ». Nous recommandons qu’un meilleur équilibre soit créé à l’avenir, au
besoin en établissant dans la loi des règles de quota. A titre d’exemple au Burundi, chaque
genre doit être représenté à hauteur minimale de 40 pour cent à la Commission électorale.
68. Les nouvelles technologies informatiques sont à peu près absentes à la CENA ou sont mal
utilisées. Pourtant de nombreuses applications pourraient améliorer la qualité des services :
publication des listes électorales et des résultats détaillés (de chaque bureau de vote) sur le
site internet, indication aux électeurs de leur bureau de vote en fonction de leur numéro de
carte d’électeur etc. Les développements de la téléphonie cellulaire peuvent également être
mis à profit pour informer l’électeur.
69. La loi no.2010-33 portant règles générales pour les élections en République du Bénin n’a été
adoptée que le 7 janvier 2011 soit à sept semaines des premières élections alors prévues le 27
février. Une telle adoption tardive de la loi électorale ne permet pas aux différents
intervenants (Cour Constitutionnelle, CENA, partis politiques, observateurs etc.) de bien la
comprendre la loi et de l’assimiler correctement. Nous suggérons que toute nouvelle loi ou
toute modification aux lois actuelles soit adoptée au minimum un an avant les rendez-vous
électoraux qui suivront.
19
70. Les grandes tendances diffusées par la CENA après le scrutin présidentiel ne sont pas une
opération prévue à la loi mais uniquement une pratique coutumière. N’ayant aucun
fondement légal, cette pratique hautement sensible peut créer des complications comme
nous l’avons constaté avec la dispute interne à la CENA lors de la diffusion de ces tendances.
Nous recommandons que des dispositions légales viennent encadrer cette pratique.
71. Afin d’éviter toute suspicion, les résultats provisoires et les résultats définitifs de chaque
bureau de vote devraient être affichés sur le site internet de la CENA. Ainsi toute personne
(observateurs, partis politiques, journalistes, simples citoyens) ayant assisté au dépouillement
dans un bureau de vote pourrait vérifier la concordance entre les résultats réels du bureau de
vote et les résultats officiels diffusés par la CENA. Ainsi tout tripatouillage lors de la
transmission des procès-verbaux deviendrait beaucoup plus risqué.
72. Comme nous le mentionnions plus haut, l’arrêt, sinon le ralentissement de travail, des
membres des CED, CEC et CEA a considérablement nui au bon déroulement des élections
législatives. Outre la nécessité pour la CENA de prévoir à l’avenir, bien avant la période
électorale, les conditions de travail et les principes de gestion des budgets dans les
démembrements, une disposition de la loi devrait clairement interdire aux membres des
démembrements, d’aller en grève ou de menacer de le faire surtout dans les dernières
semaines précédant un scrutin.
73. Une bonne formation des agents de bureau de vote est un des ingrédients essentiels à la
recette d’une bonne élection. Malheureusement cette vérité est souvent répétée mais peu
souvent appliquée. Pour la présidentielle, mais surtout pour les législatives, la formation des
agents des bureaux de vote s’est faite de manière désorganisée et à la dernière minute. Nous
suggérons que des formations d’agents de bureau vote puissent se tenir en dehors totalement
des périodes électorales. Cette formation générale pourrait se conclure par la remise de
certificats de compétence. Cette pratique permettrait en outre à la CENA de se constituer un
vivier d’agents compétents et d’exclure les mauvais sujets. Les partis politiques pourraient être
encouragés à inscrire leurs partisans pour ces formations. Un peu avant chaque scrutin une
formation plus spécifique pourrait être donnée.
74. Il existe encore des bureaux de vote à l’air libre « sous les arbres » même dans des milieux
urbanisés. Ces bureaux comme celui de Ylomahouto dans Godomey, en plus d’être sujets aux
aléas de la météo, sont beaucoup
plus difficiles à sécuriser. Nous
recommandons qu’il soit indiqué
dans la loi que les bureaux de vote
soient tous installés à l’intérieur
d’immeubles sauf dans les cas ou
cela est vraiment impossible.
75. Les résultats des bureaux de
vote sont transmis dans des
enveloppes régulières en papier et qui se trouvent facilement sur le marché. La CENA devrait
faire produire ses propres enveloppes avec son logo et sur lesquelles seraient inscrits les
documents qui doivent y être déposés. Une telle façon de faire, en plus d’être plus sécuritaire,
facilite le travail des agents des bureaux de vote. De plus, l’enveloppe destinée à la Cour
Bureau de vote installé en plein air sous un arbre
20
Constitutionnelle devrait être faite de plastique pour mieux la protéger des intempéries et des
tentatives de fraude.
76. Il a été dénoncé dans certains journaux que la souche des bulletins de vote était numérotée
mais que les bulletins ne l’étaient pas. Il s’agit toutefois de la bonne façon de faire. Les souches
des bulletins sont numérotées pour en assurer la traçabilité et en faciliter le contrôle.
Toutefois, les bulletins ne doivent pas être numérotés afin de préserver le secret du vote et
éviter de favoriser l’achat de conscience. Au dépouillement en effet il serait très facile de relier
l’électeur à son bulletin.
77. L’article 88 de la loi portant règles générales pour les élections au Bénin indique que les listes
d’émargement doivent être affichées dans les mairies après le scrutin. S’agissant de
documents sensibles qui peuvent servir éventuellement d’éléments de preuve, nous
recommandons que ces listes soient plutôt insérées dans le pli destiné à la Cour
Constitutionnelle.
78. Lors des élections législatives, étant donné l’augmentation des bureaux de vote, il manquait
près de 500 isoloirs à la CENA. Sur le terrain cependant il semblait en manquer beaucoup plus,
nous laissant penser que certains isoloirs aient pu être délibérément mis de côté par certains
membres de bureaux de vote pour empêcher le secret du vote. Dans certains bureaux, le vote
était quasiment public ! Certains isoloirs étaient par ailleurs tellement mal installés que cela
donnait le même résultat. La CENA doit absolument s’assurer que le droit fondamental au
secret du vote est respecté notamment par une meilleure formation des agents et par une
supervision plus rigoureuse des opérations de vote.
VI. CONCLUSION
79. Aujourd’hui, les élections ne s’organisent plus comme il y a vingt ans. Les techniques ont
beaucoup évoluées. Le Bénin a fait un grand pas en avant avec l’adoption d’une liste électorale
permanente informatisée. Il sera à ce chapitre cité en exemple sur l’ensemble du continent. Il
ne reste plus au Bénin que de poursuivre dans la même direction en assurant la pérennité de
cette liste et en ajustant sa gestion des processus électoraux aux réalités modernes
notamment par la création d’une commission électorale permanente, professionnelle et
rigoureusement indépendante de l’état et des partis politiques.