Enjeux socio-économiques du développement agricole en Tunisie
Conférence internationale sur le développement des énergies renouvelables et leurs applications pour une agriculture durable – RE & AGRI
Tunis, 2 décembre 2014
2 décembre 2014 Conférence RE & AGRI 2
1. L’agriculture, un secteur clef pour le développement économique et social
Un enjeu macro-économique
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Le secteur agricole contribue à environ 10 % du PIB
2 décembre 2014 Conférence RE & AGRI
Un enjeu macro-économique Les produits agricoles et agro-alimentaires représentent 10 % des exportations
tunisiennes.
Le déficit de la balance agroalimentaire tend à s’accroître
Sur les 10 dernières années, environ 50 % de la disponibilité en céréales est
assurée par l’importation (1,2 Mds USD en 2011)
Un impact défavorable sur la sécurité et la souveraineté alimentaires au niveau national (dépendance à des marchés volatils)
4 2 décembre 2014 Conférence RE & AGRI
Un enjeu social La population active du secteur agricole et de la pêche est constituée de 550 000 personnes
en 2012 (INS). Cet effectif est relativement stable sur la période 2007 – 2012.
Le secteur représente 18 % de la population active totale.
Une prévalence de la pauvreté relativement plus importante dans les territoires ruraux et le secteur agricole
Des infrastructures publiques moins développées dans les zones rurales de l’intérieur
Le développement équilibré des territoires est au cœur des priorités politiques tunisiennes
5 2 décembre 2014 Conférence RE & AGRI
Source : INS, 2012
2 décembre 2014 Conférence RE & AGRI 6
2. Dynamiques et contraintes du développement agricole
Dynamiques structurelles
Une tendance au morcellement des exploitations
Une forte concentration des terres
En 2005, 54 % des exploitants ne détenaient que 11 % des surfaces ; 1 % des exploitants en contrôlaient 22 %).
Une population vieillissante
En 2005, 13 % des exploitants avaient moins de 40 ans, 43 % plus de 60 ans.
Le niveau de formation des exploitants agricoles est relativement faible
Une pluriactivité importante: 40 % des exploitants exerçaient une activité principale hors de l’exploitation
7 2 décembre 2014 Conférence RE & AGRI
1961-1962 1994-1995 2004-2005 Nombre d’exploitations 326 000 471 000 516 000 Surface moyenne (ha) 16 11,2 10,2 % Exploitations < 5 ha 41 % 53 % 54 %
% Exploitations < 10 ha 63 % 73 % 75 % Source : Enquête sur les structures des exploitations agricoles, MARH, 2006
Dynamiques structurelles
Une faible capacité d’investissement pour la majorité des exploitants
Cf. Etude sur le financement du secteur (AFD / BM / FAO, 2012) :
120 000 exploitants endettés (i.e. en défaut de paiement), exclus de fait de tout emprunt formel
Représente 23 % du total des exploitations, dont 72 % de petits agriculteurs disposant de dettes < 4 000 TND
Endettement global échu : 760 M TND
Seuls 7 % des agriculteurs bénéficient de prêts bancaires
Stagnation, voire régression de l’investissement public La part des investissements agricoles dans les investissements globaux est passée de
13,7 % en 1999 à 8,7 % en 2007. Le volume des investissements en Dinars constants a régressé sur la même période.
8 2 décembre 2014 Conférence RE & AGRI
Ressources naturelles et durabilité Des ressources en eau déjà fortement mobilisées : à plus de 90 % pour les ressources renouvelables ;
insuffisamment valorisées : dans les périmètres irrigués, le taux d’exploitation est de 78 à 83 %, et le taux d’intensification de 85 à 92 %.
Des sols soumis à des processus de dégradation Salinisation (près de 50 % des terres irriguées) ;
Erosion, perte de matière organique ;
Limites de la monoculture céréalière.
Une agriculture fortement exposée aux variabilités climatiques
9 2 décembre 2014 Conférence RE & AGRI
Ressources naturelles et durabilité
L’impératif de l’adaptation aux changements climatiques
10 2 décembre 2014 Conférence RE & AGRI
Ressources naturelles et durabilité
L’impératif de l’adaptation aux changements climatiques
11 2 décembre 2014 Conférence RE & AGRI
Dynamiques organisationnelles Une intervention historiquement forte de l’Etat, conférant peu de responsabilités aux
organisations professionnelles
Le statut des GDA (plus grande partie des OP) contraint fortement la nature de leur activité (pas d’activité commerciale)
Les capacités de ces GDA demeurent faibles
Illustration : résultat du diagnostic mené auprès de 56 GDA dans 26 grands PPI de 5 gouvernorats
Des relations avec l’Etat à clarifier
Un tissu coopératif (SMSA) en cours de développement (loi 2005 & décret 2007 – environ 200 SMSA existantes en 2013 – selon la FAO)
En pratique, peu de services de services de développement agricole apportés par les OP, et un rôle encore faible dans la structuration des filières
Un enjeu pour la réalisation et la gestion des investissements collectifs
12 2 décembre 2014 Conférence RE & AGRI
GDA non fonctionnels
GDA actifs à champ d’action limité
GDA assurant les fonctions principales du contrat de
gérance
GDA assurant des fonctions de gestionnaires du réseau
21 % 31% 38 % 10 % Source : DGRE / Société du Canal de Provence, 2014
Bilan : limites du modèle actuel de développement agricole
Résultats positifs de la politique agricole tunisienne :
Au cours des 30 dernières années, la croissance de la production agricole a été supérieure de 3 % à celle de la population
Mais des performances productives en-deçà du potentiel
En pluvial (92 % de la SAU), les rendements céréaliers sont inférieurs à ceux de la région MENA ; les rendements oléicoles sont inférieurs à ceux des pays du Nord de la Méditerranée)
Un déficit de compétitivité face à des marchés d’exportation exigeants et normés
Une forte pression exercée sur les ressources naturelles, déstabilisant les écosystèmes
Une contribution insuffisante à la sécurité alimentaire nationale
Une répartition déséquilibrée des fruits de la croissance entre les territoires
13 2 décembre 2014 Conférence RE & AGRI
2 décembre 2014 Conférence RE & AGRI 14
3. Quelques opportunités et axes de développement
Une approche renouvelée de la gestion des ressources naturelles
Au-delà de la politique de mobilisation des ressources en eau, nécessité d’investir sur l’efficience de l’irrigation
Passer d’une démarche de conservation et de protection des ressources en eau et en sol à une approche de gestion de ces ressources, tenant compte de leur valorisation économique
Le nouveau contexte socio-politique, et l’objectif de valorisation économique des ressources, imposent une concertation accrue avec les usagers (producteurs)
Financement Cadre de Gestion des Bassins Versants (41 M €, en exécution)
Programme d’Investissement Sectoriel Eau (PISEAU II, 46,5 M €, en exécution)
Programme de GRN dans les territoires ruraux vulnérables (en cours d’instruction)
Projets de gestion durable des écosystèmes fragiles (FFEM)
15 2 décembre 2014 Conférence RE & AGRI
Améliorer la compétitivité de l’agriculture
Petite et moyenne agriculture : des gains potentiels de productivité importants
Vers une vision élargie et inclusive de la mise à niveau des exploitations
Besoin d’une meilleure connaissance de la diversité des systèmes de production (typologie), afin d’adapter et de différencier les interventions
Renforcer les organisations professionnelles (SMSA notamment) : fourniture de services aux membres, structuration des filières
Rénover le partenariat entre l’Etat et les OP
Développer le conseil de gestion aux exploitations (aide à la décision, amélioration des performances technico-économiques)
Développer de nouveaux mécanismes de financement du secteur, et sécuriser l’investissement
Améliorer la compétitivité des produits d’exportation par l’amélioration de la qualité et la promotion des produits
16 2 décembre 2014 Conférence RE & AGRI
Améliorer la compétitivité de l’agriculture
Programme de Modernisation de l’agriculture (700 k€ en subvention)
Appui à la gestion du risque climatique (fonds de garantie sécheresse, 415 k€)
Financement d’IMF intervenant en milieu rural (3,6 M €)
Programme d’appui à l’économie agricole (en instruction)
Appui à la mise en place d’indications géographiques (1 M €)
17 2 décembre 2014 Conférence RE & AGRI
Merci pour votre attention
Matthieu LE GRIX Chargé de mission Agriculture, Eau & Environnement – AFD Tunis [email protected] +216 71 861 799