départ à la retraite l 50 transmettre sa ferme bio en bio · machine économique. « nous lui...

1
Daniel Denis et Didier Gallot sont éleveurs laitiers bio à Saint-Brice- sous-Rânes dans l’Orne. À presque 60 ans se pose la question de la retraite et donc, de la transmission. Leurs enfants ont pris d’autres che- mins, non agricoles. « La date n’est pas arrêtée, en 2022, ce serait bien », espère Daniel Denis. « On estime entre quatre et cinq ans la durée moyenne d’une cession, indique Claire Boudeau-Blanchard, coordinatrice transmission au sein de Bio en Normandie, malheureuse- ment, peu d’agriculteurs préparent vraiment leur retraite. » C’est ce que révèle l’enquête qu’elle a menée auprès d’une centaine d’entre eux et qui montre que 550 fermes bio seront à transmettre d’ici cinq ans. Candidats Daniel Denis reçoit des candi- datures depuis l’année dernière, moment où il a décidé, avec son associé, d’entamer les premières démarches. La plupart des candi- dats reçus ne sont pas Normands, « ce sont souvent des couples qui ont un projet de vie. On retrouve des projets passion, dans une deuxième partie de carrière, de personnes qui veulent redonner du sens à leur exis- tence ». Au Gaec du Val de Frêne, la maison d’habitation occupée par les parents de Didier Gallot est un frein. Mais un bâtiment pourrait être aménagé dans la cour. Exploitation viable Aucun des candidats reçus par Da- niel Denis n’avait de projet bovin lait. « En bio, les gens viennent sur des profils marqués, ce sont des néo-ruraux qui visent une petite ferme,avec des petites installations : maraîchage, paysan-boulanger ou petits ruminants, relève Claire Bou- deau-Blanchard, rares sont ceux qui veulent faire de l’élevage bovin ». Et pourtant,la ferme de Daniel Denis et Didier Gallot est viable, avec un prix du lait de 484/1 000 l (2019), un EBE très correct et une répartition du temps de travail allégée. L’as- treinte du week-end revient toutes les trois semaines. Appuyés par un salarié à mi-temps, les associés ont plus d’un mois de vacances chaque année. Transmettre en bio Paradoxalement, si la bio connaît un véritable engouement, les can- didats ne se bousculent pas. « Le ratio de candidats à l’installation,au moment de la vente,est de moins en moins important », prévient Claire Boudeau-Blanchard. C’est pourquoi elle conseille aux futurs cédants « d’avoir des jeunes dans la ferme, stagiaires ou apprentis, ça permet de rester connecté aux nouvelles générations et d’avoir accès à un réseau au moment de la cession ». Installés en 1994 et 1996, les asso- ciés ont converti la ferme en 2002. Si la transmission en bio est pour eux primordiale, « je ne sais pas si je dirai encore ça dans deux ans », soulève l’éleveur. « L’enjeu est celui du financement public, souligne la coordinatrice, une conversion, c’est du temps et des aides publiques. Si les fermes ne sont pas reprises en bio, que vont-elles devenir ? » DOROTHÉE BRIAND 12 - 16 JUILLET 2020 REUSSIR - L’AGRICULTEUR NORMAND Départ à la retraite l Transmettre sa ferme bio en bio l Futur cédant, Daniel Denis a entamé des démarches pour transmettre sa ferme laitière bio à Saint-Brice-sous-Rânes dans l’Orne. DR Alors que les fermes bio sont, elles aussi, confrontées aux difficultés de reprise, 550 exploitations seront à transmettre d’ici cinq ans en Normandie. A Saint-Brice-sous-Rânes (61), témoignage dans l’une d’entre elles. Claire Boudeau-Blanchard est coordi- natrice transmission au sein de Bio en Normandie. DR PÉRENNISER L’AGRICUL- TURE BIOLOGIQUE Sur les 550 fermes bio à trans- mettre d’ici cinq ans en Nor- mandie, plus de la moitié est en bovin lait ou viande. Les résul- tats de l’enquête menée par Bio en Normandie révèlent que la majorité des agriculteurs sou- haitent transmettre leur ferme et que 74% d’entre eux ont à cœur de pérenniser l’agricultu- re biologique. UNE SEMAINE POUR DECOUVRIR L’AGRICULTURE BIO Faire Bien, la marque de produit laitiers bio et solidaires, a fédéré le centre de formation de Coutances, les Chambres d’agriculture de Normandie, les services de remplacement et Bio en Normandie autour d’un parcours innovant composé de 3 étapes : la découverte du métier d’éleveur laitier, l’apprentissage des gestes techniques puis l’accompagnement vers une reprise d’exploitation. Une pépinière accueille des adultes sur un parcours progressif de deux ans, qui va de la découverte du métier sur le terrain jusqu’à l’autonomie professionnelle complète. La semaine de découverte a lieu du 24 au 28 août au sein du centre de formation de Coutances. S’inscrire : Auprès du CFPPA de Coutances : [email protected]

Upload: others

Post on 14-Aug-2020

2 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: Départ à la retraite l 50 Transmettre sa ferme bio en bio · machine économique. « Nous lui avons dit qu’il pouvait compter sur ... « faire plus d’agroécologie, répondre

■ Daniel Denis et Didier Gallot sont éleveurs laitiers bio à Saint-Brice-sous-Rânes dans l’Orne. À presque 60 ans se pose la question de la retraite et donc, de la transmission. Leurs enfants ont pris d’autres che-mins, non agricoles. « La date n’est pas arrêtée, en 2022, ce serait bien », espère Daniel Denis. « On estime entre quatre et cinq ans la durée moyenne d’une cession,indique Claire Boudeau-Blanchard, coordinatrice transmission au sein de Bio en Normandie, malheureuse-ment, peu d’agriculteurs préparent

vraiment leur retraite. » C’est ce que révèle l’enquête qu’elle a menée auprès d’une centaine d’entre eux et qui montre que 550 fermes bio seront à transmettre d’ici cinq ans.

CandidatsDaniel Denis reçoit des candi-datures depuis l’année dernière, moment où il a décidé, avec son associé, d’entamer les premières démarches. La plupart des candi-dats reçus ne sont pas Normands, « ce sont souvent des couples qui ont un projet de vie. On retrouve des projets passion, dans une deuxième partie de carrière, de personnes qui veulent redonner du sens à leur exis-tence ». Au Gaec du Val de Frêne, la maison d’habitation occupée par les parents de Didier Gallot est un frein. Mais un bâtiment pourrait être aménagé dans la cour.

Exploitation viableAucun des candidats reçus par Da-niel Denis n’avait de projet bovin lait. « En bio, les gens viennent sur des profils marqués, ce sont des

néo-ruraux qui visent une petite ferme, avec des petites installations : maraîchage, paysan-boulanger ou petits ruminants, relève Claire Bou-deau-Blanchard, rares sont ceux qui veulent faire de l’élevage bovin ». Et pourtant, la ferme de Daniel Denis et Didier Gallot est viable, avec un prix du lait de 484€/1 000 l (2019), un EBE très correct et une répartition du temps de travail allégée. L’as-treinte du week-end revient toutes les trois semaines. Appuyés par un salarié à mi-temps, les associés ont plus d’un mois de vacances chaque année.

Transmettre en bioParadoxalement, si la bio connaît un véritable engouement, les can-didats ne se bousculent pas. « Le ratio de candidats à l’installation, au moment de la vente, est de moins en moins important », prévient Claire

Boudeau-Blanchard. C’est pourquoi elle conseille aux futurs cédants « d’avoir des jeunes dans la ferme, stagiaires ou apprentis, ça permet de rester connecté aux nouvelles générations et d’avoir accès à un réseau au moment de la cession ». Installés en 1994 et 1996, les asso-ciés ont converti la ferme en 2002. Si la transmission en bio est pour

eux primordiale, « je ne sais pas si je dirai encore ça dans deux ans », soulève l’éleveur. « L’enjeu est celui du financement public, souligne la coordinatrice, une conversion, c’est du temps et des aides publiques. Si les fermes ne sont pas reprises en bio, que vont-elles devenir ? » ■

DOROTHÉE BRIAND

■ Le Premier ministre a reçu, jeudi 9 juillet, à l’Hôtel de Matignon, les par-tenaires sociaux dont la FNSEA, pour une prise de contact réciproque et pour faire le tour des dossiers d’ac-tualités et à venir. Le temps imparti pour chaque syndicat était limité à une heure et « l’organisation était

millimétrée, presque militaire », glisse un participant. La FNSEA avait deux chantiers importants à présen-ter à Jean Castex : le Plan de relance et le dossier des retraites.

Transitions déjà engagées « Le Premier ministre nous a assuré que l’agriculture est inscrite dans le Plan de relance. À ce sujet, il a indiqué que cette intégration sera significative, concertée et bien ci-blée », insiste Christiane Lambert. Un autre tour de table, avec les mêmes partenaires sociaux est prévu à Ma-tignon vendredi 17 juillet. La prési-dente de la FNSEA souhaite, à cette occasion que l’agriculture participe à la reconstruction de l’économie française « en mieux, avec les tran-sitions déjà engagées en agricul-

ture ». À travers ce plan de relance, elle entend faire valoir et conforter la souveraineté alimentaire solidaire.

Potentialités Le Premier ministre a indiqué à ses interlocuteurs qu’il voulait aller vite sur l’après-Covid pour relancer la machine économique. « Nous lui avons dit qu’il pouvait compter sur l’agriculture qui concentre à elle seule toutes les potentialités exis-tantes, car l’agriculture qui est créa-trice d’emplois est une chance à la fois économique, sociale, environ-nementale et territoriale ». La FNSEA entend faire porter cette ambition, à l’échelle nationale, mais également européenne, en inscrivant ces ob-jectifs dans le plan de relance eu-ropéen.

Faire plus En effet, le Conseil européen qui rassemble les chefs d’Etat et de Gouvernement des 27, se réunira les 17 et 18 juillet à Bruxelles. À cette occasion, le président de ce Conseil, Charles Michel présentera des pro-positions concrètes élaborées sur la base du précédent Conseil du 19 juin qui avait étudié le nouvel instru-ment de relance et le cadre financier pluriannuel (CFP) pour la période 2021-2027. Pas moins de 500 mil-liards d’euros sont en jeu, auxquels s’ajoutent 250 autres Mds�pour des accès à des prêts garantis. Pour la FNSEA, l’agriculture française et eu-ropéenne doit avoir accès à une par-tie des milliards d’euros qui vont être mobilisés. Ces fonds doivent per-mettre aux agriculteurs français de

« faire plus d’agroécologie, répondre mieux aux attentes sociétales, être plus résilients en luttant contre le changement climatique mais aus-si être en capacité d’apporter plus de solutions avec des bioproduits, de la biomasse, des biocarburants, de la capture carbone », souligne Christiane Lambert. Sur le dossier retraites, celle des agriculteurs est engagée, « mais le chantier n’est pas terminé, car il reste notamment le cas des conjoints d’exploitants, des aides familiaux et des polypen-sionnés à traiter, indique Christiane Lambert. D’une manière plus glo-bale, cette réforme est nécessaire. Il en va de l’équilibre des comptes sociaux ». ■

ACTUAGRI

Une délégation de la FNSEA, conduite par Christiane Lambert et Jérôme Despey, a été reçue jeudi 9 juillet à l’Hôtel de Matignon par le Premier ministre, Jean Castex. Au menu des discussions : Plan de relance et retraites.

12 - 16 JUILLET 2020 REUSSIR - L’AGRICULTEUR NORMAND

Départ à la retraite l

Transmettre sa ferme bio en bio

Rencontre Premier ministre - FNSEA l « L’agriculture sera dans le plan de relance »

50

AU FIL DE L’ACTUALITÉAU FIL DE L’ACTUALITÉAU FIL DE L’ACTUALITÉ

Futur cédant, Daniel Denis a entamé des démarches pour transmettre sa ferme laitière bio à Saint-Brice-sous-Rânes dans l’Orne. DR

Alors que les fermes bio sont, elles aussi,

confrontées aux difficultés de reprise, 550

exploitations seront à transmettre d’ici cinq ans

en Normandie. A Saint-Brice-sous-Rânes (61),

témoignage dans l’une d’entre elles.

Claire Boudeau-Blanchard est coordi-natrice transmission au sein de Bio en Normandie. DR

PÉRENNISER L’AGRICUL-TURE BIOLOGIQUESur les 550 fermes bio à trans-mettre d’ici cinq ans en Nor-mandie, plus de la moitié est en bovin lait ou viande. Les résul-tats de l’enquête menée par Bio en Normandie révèlent que la majorité des agriculteurs sou-haitent transmettre leur ferme et que 74% d’entre eux ont à cœur de pérenniser l’agricultu-re biologique.

UNE SEMAINE POUR DECOUVRIR L’AGRICULTURE BIOFaire Bien, la marque de produit laitiers bio et solidaires, a fédéré le centre de formation de Coutances, les Chambres d’agriculture de Normandie, les services de remplacement et Bio en Normandie autour d’un parcours innovant composé de 3 étapes : la découverte du métier d’éleveur laitier, l’apprentissage des gestes techniques puis l’accompagnement vers une reprise d’exploitation. Une pépinière accueille des adultes sur un parcours progressif de deux ans, qui va de la découverte du métier sur le terrain jusqu’à l’autonomie professionnelle complète. La semaine de découverte a lieu du 24 au 28 août au sein du centre de formation de Coutances.S’inscrire : Auprès du CFPPA de Coutances : [email protected]