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Etudiant de France spécial congrèsTRANSCRIPT
1
Union Nationale des Étudiants de Francen°288 - Hors-série Mars - Avril 20092 euros
Le magazine engagé des étudiants
Étudiants de France
dANs ce NUMÉro :
• le bilan d’activité 2007-2009 prÉseNtÉ par la Majorité nationale
• les textes des teNdANces de l’UneF
• les contribUtions des sensibilités
ee
participez
et votez !
EDF textes total.indb 1 11/03/09 13:21:31
2 Etudiants de France n°288 • Hors- Série • Mars- Avril 2009
RappoRt d’activité2 ans avec l’unef
MaRs 2007 - MaRs 2009Le dernier congrès de l’UNEF à Lille, en mars 2007, a été l’occasion de fêter le centenaire de l’organisation mais également pour l’ensemble du syndicat, un mois avant les élections présidentielles, de se rassembler derrière un projet ambitieux et offensif qui avait réuni plus de 80% des votes des adhérents.Forts de ce mandat et des lignes jaunes définies pendant ce congrès, l’ensemble des militants des sections locales de l’UNEF ont mené pendant deux ans une activité déterminée contre les différentes attaques portées contre le service public d’enseignement supérieur et les droits étudiants. Cette période qui s’écoule a en effet été une période marquée par l’élection de Nicolas Sarkozy, et avec elle l’accélération des réformes visant à détruire les systèmes de solidarité collective. Ce sont donc deux années où l’UNEF a dû mettre toutes ses forces dans la bataille pour préserver le service public d’enseignement supérieur, et se battre pour conquérir de nouveaux droits pour les étudiants. L’UNEF a su défendre l’ensemble des étudiants sur les universités mais elle est également intervenue auprès des pouvoirs publics en utilisant tous les leviers pour faire avancer son projet. Pétitions, mobilisations, grève, interpellations, rencontres nationales, travail d’expertise et de propositions…, l’UNEF est intervenue sur toutes les problématiques de l’enseignement supérieur, et , en lien avec les syndicats de salariés, a également inscrit son action dans les les mobilisations contre la remise en cause des services publics et de notre système de protection sociale.
En deux ans, l’UNEF s’est affirmée comme un acteur central de l’enseignement supérieur et du mouvement social. Les étudiants ne s’y sont d’ailleurs pas trompés : ils sont toujours plus nombreux à adhérer, à militer et à soutenir l’organisation.
Voici donc le bilan présenté par la Majorité Nationale de l’activité menée par l’UNEF ces deux dernières années.
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3Etudiants de France n°288 • Hors- Série • Mars- Avril 2009
Mars 2007
80ème congrès de l’UNeF : l’UNEF orga-
nise son congrès et fête ses 100 ans du 22 au
25 mars à Lille. A quelques semaines des élec-
tions présidentielles, l’UNEF assume son rôle
de porte-voix de la jeunesse en interpellant les
différents candidats. Elle fixe les 7 exigences et
lignes jaunes des étudiants et met en garde les
candidats contre toute tentative d’attaque à l’en-
contre des jeunes et du service public d’ensei-
gnement supérieur.
du 26 au 29 mars : comme chaque année,
l’UNEF organise le Festival étudiant contre le
racisme et les discriminations, dans plus de 25
A.G.E.
avril 2007
campagne d’interpellation : après son
congrès l’UNEF lance sur les universités la der-
nière phase de sa campagne d’interpellation
des candidats à l’élection présidentielle sur les
7 exigences des étudiants.
14 avril : l’UNEF participe à la « Marche des
Oubliés » organisée avec l’association AC Le
Feu.
22 avril : Suite aux résultats du premier tour
de l’élection présidentielle et au vu du danger
que représentent les propositions avancées
pendant la campagne par le candidat de l’UMP,
l’UNEF appelle les étudiants à battre la droite au
second tour.
Mai 2007
Manifestation du 1er mai : Entre les deux
tours de l’élection présidentielle, l’UNEF appel-
le les étudiants à descendre dans la rue pour
imposer dans le débat les questions sociales.
le 6 mai, nicolas sarkozy est élu prési-
dent de la république : l’UNEF prend acte du
résultat et rappelle l’urgence
à répondre aux aspirations
des jeunes.
Arrêté sur les études de
droit : l’UNEF lance une
campagne dans les universi-
tés pour dénoncer un arrêté
qui vise à reconnaître pour
deux mentions du diplôme
de l’IEP de Paris le statut de
première année de master de droit.
l’esib, l’organisation étudiante européen-
ne, dont l’UneF a participé à la création,
devient l’esU (European Student’s Union),
marquant ainsi un premier tournant syndical de
l’organisation.
Juin 2007
sos examens : à travers des tracts d’infor-
mation et des permanences syndicales, l’UNEF
permet que les droits étudiants soient respectés
pendant la période des examens.
Mobilisation des iFsi : l’UNEF participe et
organise la mobilisation des étudiants en soins
infirmiers, notamment les journées de manifes-
tation du 24 mai et 14 juin, qui exigent la recon-
naissance de leur formation au niveau licence.
La mobilisation contraint Roselyne Bachelot,
ministre de la santé à l’ouverture de négocia-
tions.
Marche des Fiertés : l’UNEF participe, le 30
juin à la marche des fiertés avec l’intersyndica-
le de l’éducation.
Juillet 2007
1er et 2 juillet : le Collectif National de l’UNEF
rassemble près de 500 militants, deux mois
après l’élection de Nicolas Sarkozy, et pose des
exigences au moment où les discussions sur la
loi sur l’autonomie des universités sont déjà très
avancées.
2 juillet : Avec l’ensemble des organisations
syndicales de l’enseignement supérieur et la
CPU, l’UNEF organise les Assises de l’Ensei-
gnement Supérieur, pour demander une autre
loi et mettre en avant ses priorités pour l’univer-
sité et les étudiants.
chaînes d’inscription : comme tous les ans
au mois de juillet, l’UNEF accueille dans l’en-
semble des univer-
sités les étudiants
lors de leur inscrip-
tion pour les aider à
s’orienter et en leur
proposant d’adhérer.
Le nombre d’adhé-
rents de l’UNEF aug-
mente de 15%.
Frais illégaux : Pour la troisième année
consécutive, l’UNEF publie son palmarès des
universités qui pratiquent des frais d’inscrip-
tion illégaux. Une université sur deux est hors la
loi. L’UNEF informe les étudiants et engage des
recours devant les tribunaux administratifs.
voyage d’étude à rabat et alger : l’UNEF
organise du 21 au 28 juillet 2007 un voyage
d’étude pour étudier les modalités d’accès des
étudiants étrangers à l’espace d’enseigne-
ment supérieur français. Elle y rencontre tous
les acteurs locaux de l’enseignement supérieur
(universités, ambassades, organisations étu-
diantes…).
Depuis plusieurs années, les conditions de vie
et d’études des étudiants étrangers se dégra-
dent de manière dramatique. Ils sont victimes
d’une politique d’immigration qui se durcit et les
place en permanence sous la menace de l’ex-
pulsion. Ces deux dernières années, l’UNEF
a travaillé, aux côtés des associations d’étu-
diants étrangers, à tous les niveaux pour faire
avancer les droits des étudiants étrangers.
- L’UNEF défend des centaines d’étudiants
dans ces permanences « étudiants étrangers
». Elle développe les permanences dans plus
de 10 universités.
- Du 21 au 28 juillet 2007, l’UNEF organise un
voyage d’étude à Rabat et à Alger pour étudier
les modalités d’accès des étudiants étrangers
à l’espace d’enseignement supérieur français.
Elle dénonce la sélection pratiquée par les
CEF.
- En juillet 2008, à Paris 8, l’UNEF obtient la
régularisation de 28 étudiants en situation irré-
gulière.
- L’UNEF obtient l’accès des étudiants étran-
gers au fonds national d’aide d’urgence.
- Chaque année l’UNEF a organisé une ren-
contre nationale des étudiants étrangers.
Zoom sur...
La défense des étudiants étrangers
EDF textes total.indb 3 11/03/09 13:21:44
4 Etudiants de France n°288 • Hors- Série • Mars- Avril 2009
août 2007
le 11 août : la loi relative aux responsabilités
et libertés universités est adoptée par le Parle-
ment. L’UNEF dénonce une loi mauvaise et dan-
gereuse pour le service public d’enseignement
supérieur.
septeMbre 2007
Pour la troisième année consécutive, l’UNeF
publie son panier de l’étudiant et dénonce
la baisse continue du pouvoir d’achat étudiant :
en 5 ans, les dépenses ont augmenté de 27,2%
alors que les aides n’ont augmenté que de 10%.
L’UNEF lance une grande campagne de péti-
tions pour exiger des mesures d’urgence.
Fête de l’Humanité : l’UNEF y tient un stand
et y mène sa campagne sur le pouvoir d’achat
des étudiants.
octobre 2007
2 et 3 octobre : le collectif national de l’UNEF
rassemble près de 500 militants. L’UNEF lance
sa campagne « 15 milliards pour les riches et
combien pour les étudiants ? » et appelle les
étudiants à se mobiliser pour obtenir de pro-
fondes modifications de la LRU, un réengage-
ment budgétaire de l’Etat dans l’enseignement
supérieur et des mesures sociales pour les étu-
diants.
L’UNEF accueille ses adhérents et tous les
étudiants en organisant des réunions de rentrée
sur tous les campus.
bourses aux livres : l’UNEF organise la soli-
darité en animant les bourses aux livres dans de
nombreuses universités.
loi sur le regroupement familial : l’UNEF
participe à la journée de mobilisation du 20 octo-
bre contre le projet de loi du ministre de l’immi-
gration et de l’identité nationale qui vise à durcir
les critères de regroupement familial, nouvelle
étape dans le processus de stigmatisation des
immigrés, après les lois CESEDA.
régimes spéciaux de retraite : l’UNEF
appelle les étudiants à se mobiliser aux côtés
des salariés pour la défense des régimes spé-
ciaux, et participe à la journée d’action du 18
octobre. Le pays est perturbé pendant plusieurs
semaines. Le gouvernement est contraint d’ap-
porter des compensations aux salariés.
noveMbre 2007
FerUF : l’UNEF présente des listes aux élec-
tions des conseils de résidence universitaire.
De nombreux candidats de l’UNEF sont élus
et travaillent au quotidien pour améliorer les
conditions de vie des étudiants en résidence
universitaire.
Franchises Médicales : l’UNEF signe un
appel unitaire contre la mise en place de fran-
chises médicales et participe à la journée de
mobilisation du 30 novembre contre ce nouvel
affaiblissement de la protection sociale.
DéceMbre 2007
8 décembre : l’UNEF organise les Etats
Généraux pour la réussite de tous à l’université
et publie une plateforme de 50 revendications.
bruno julliard quitte l’UneF après 2 ans et
demi passés à sa tête. jean-baptiste prévost,
étudiant à l’iep de paris et à l’université de
paris 1, lui succède.
13 décembre : Valérie Pécresse annonce les
orientations du plan réussite en licence. A cette
occasion, 740 millions d’€ sont débloqués pour
favoriser la réussite des étudiants. Ce plan est
une première réponse au chantier imposé par
l’UNEF dès l’arrivée de Nicolas Sarkozy au pou-
voir. Il permet de reconnaître que la responsabi-
lité de l’échec ne repose pas sur l’étudiant mais
sur le système universitaire. L’UNEF salue une
base de travail intéressante, mais dénonce l’ab-
sence d’augmentation de l’encadrement.
postes aux concours : juste avant les vacan-
ces de Noël, le ministre de l’éducation natio-
nale annonce une baisse de 9,7% des postes
ouverts aux concours de l’enseignement pour
2008. L’UNEF dénonce une nouvelle saignée
et lance une campagne avec les syndicats de
l’éducation.
sos examen : l’UNEF lance sa campagne
sur toutes les universités pour informer les étu-
diants de leur droits. Elle défend plusieurs cen-
taines d’étudiants.
Janvier 2008
immigration : l’UNEF et RESF lancent un
appel et participent à la journée de manifesta-
tion du 19 janvier contre la politique du gouver-
nement en matière d’immigration.
l’UneF dénonce la réforme des bourses
et la suppression des « points de charge »
et lance une campagne de recensement de l’en-
semble des étudiants lésés.
16 janvier : l’UNEF est reçue par Nicolas
Sarkozy. Elle dénonce l’absence de réponse
à la situation sociale des étudiants et annonce
que les étudiants ne seront pas des figurants du
«sarkoshow» dans les mois qui viennent..
journée de mobilisation dans l’éducation :
le 24 janvier, 400 000 personnes manifestent
à l’appel de l’UNEF et de l’ensemble des syndi-
cats de l’éducation pour exiger des créations de
postes dans l’enseignement supérieur et refu-
ser les suppressions dans les collèges et les
lycées.
21 janvier : le député, Jean-Paul Anciaux,
remet à la ministre son rapport sur le logement
étudiant. L’UNEF rend public sa contribution et
les revendications qu’elle porte sur le logement
étudiant, en pointant les retards inacceptables
du plan Anciaux 1.
Février 2008
stages : le décret garantissant une gratifi-
cation des stages à hauteur de 30% du SMIC
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5Etudiants de France n°288 • Hors- Série • Mars- Avril 2009
Retour sur six mois de bras de fer pour défendre le service public d’enseignement supérieur
l’adoption à marche forcée d’une loi contestée
Dès la campagne présidentielle, le ton était donné : Nicolas Sarkozy alors can-didat souhaitait réformer l’université sur la base du modèle américain, déclarant par exemple que « le problème des droits de scolarité devra franchement être posé », que « l’Etat n’est pas obliger de financer les filières qui conduisent au chômage » comme les lettres classiques… L’UNEF pose alors très clairement des lignes jau-nes lors sa campagne d’interpellation des candidats à la présidentielle. Elle obtient un premier recul : au lendemain des élec-tions législatives, le premier ministre an-nonce que la réforme de l’université ne modifiera ni le libre accès, ni le caractère national des droits d’inscription. Confron-tée à une réforme à marche forcée, l’UNEF demande au gouvernement de revoir son calendrier.
Face au refus du gouvernement de modi-fier son calendrier, dans un contexte où les étudiants ne sont pas présents dans les universités, et consciente du rapport de force, l’UNEF fait le choix de s’investir en juin dans les négociations pour défen-dre les droits des étudiants. L’UNEF dé-nonce le premier projet présenté par le gouvernement, insistant sur 3 points : la démocratie car un CA à 20 membres et 3
élus étudiants n’est pas acceptable, l’ins-tauration de la sélection à l’entrée du mas-ter et le caractère national de l’autonomie qui peut varier selon les établissements qui créerait des statuts d’université à deux vitesses. L’UNEF vote contre le projet de loi présenté en CNESER du 22 juin. Forte du rapport de force suite à ce vote, l’UNEF obtient 2 reculs du gouvernement : pas de sélection à l’entrée du master et de statut d’université à 2 vitesses. Malgré un rejet de la loi par l’ensemble de la communauté universitaire, la discussion se poursuit au Parlement. La loi est définitivement adop-tée par l’Assemblée Nationale le 11 août. L’UNEF dénonce une loi mauvaise et dan-gereuse.
l’UneF appelle les étudiants à se mobiliser
A la rentrée, le gouvernement, non content d’avoir imposé une loi rejetée par la com-munauté universitaire, n’a pas cru bon de respecter les promesses budgétaires des-tinées à accompagner la réforme et à met-tre en place les réformes demandées par les étudiants avec le budget 2008. Pour ces raisons, à la rentrée, l’UNEF appelle les étudiants à se mobiliser pour lutter contre le désengagement politique et financier de l’Etat, introduit par la loi et amplifié par l’absence de moyens. Elle demande aussi des réponses sur l’aides sociales et pour favoriser la réussite des étudiants. A son collectif national d’octobre, l’UNEF lance sa campagne « Sarkozy président, c’est 15 milliards pour les riches, combien pour les étudiants ? » et appelle à des AG.
Le mouvement prend vite de l’ampleur, dans un contexte de la mobilisation des fonctionnaires et contre les régimes spé-ciaux. Le 6 novembre, 6 universités sont bloquées, le 19 novembre, 47. Le 20 no-vembre plus de 50 000 étudiants descen-dent dans la rue aux côtés des fonction-naires. Le 26 novembre, 46 universités sont bloquées. L’UNEF soutient ces blo-cages. Cependant, consciente de l’objectif du gouvernement d’envoyer le mouvement étudiant dans le mur en affichant une fer-meté à toute épreuve, l’UNEF construit le rapport de force le plus important et cherche à obtenir le plus d’avancées pos-sibles à la mobilisation étudiante. L’UNEF
maintient l’unité, malgré des désaccords importants sur certaines revendications ou même sur certaines actions radicales. Face à un gouvernement qui s’attache plus à l’affichage d’une réforme qu’à son contenu véritable, l’UNEF cherche à obte-nir le maximum de garanties et de garde-fous pour répondre aux inquiétudes des étudiants sur le désengagement de l’Etat, les risques de sélection et les inégalités grandissantes entre établissements. C’est pour cette raison qu’elle ne demande pas l’abrogation de la loi mais des modifica-tions sur les points majeurs, à l’image des cheminots qui se battent pour vider sa réforme des régimes spéciaux de son contenu et garantir leurs droits en terme de rémunération, de montant de la retraite et d’âge effectif de départ.
les premières victoires de la mobilisation étudiante
Ainsi, dès qu’elle sent une stagnation du mouvement, l’UNEF,cherche des débou-chés à la mobilisation afin de transformer le rapport de force en avancées, contre les principaux dangers de la loi mais également en réponses aux attentes des étudiants (aides sociales, réussite). Le 27 novembre, la ministre entend enfin la mobilisation étudiante et y apporte de pre-mières réponses en apportant un certain nombre de réponse aux inquiétudes des étudiants : augmentation du budget de l’enseignement supérieur de 50% sur 5 ans, mise en place d’un cadrage national des diplômes, création d’un 6ème échelon de bourses et déblocage de 730 millions d’euros pour la réussite en licence.
Ces premiers éléments constituent des gardes fous importants aux dangers de la LRU. Consciente qu’il ne s’agit que d’un premier pas, mais au vu de la forte baisse de la mobilisation et des tensions gran-dissantes dans les universités, l’UNEF, considérant que la mobilisation ne peut plus s’amplifier, appelle les étudiants à prendre en compte ces avancées, à rester vigilants pour que le gouvernement res-pecte ses engagements. L’UNEF appelle à poursuivre la mobilisation sous d’autres formes pour peser sur la loi quant à la dé-mocratie et aux statuts des personnels.
Mobilisation de l’automne 2007. Fort de sa victoire aux élections présidentielles, et conformément à ses engagements de
campagne, Nicolas Sarkozy annonce dès son arrivée au pouvoir, en mai 2007, d’engager son gouvernement dans une réforme de
l’université. L’UNEF engage un bras de fer pour défendre les droits étudiants et obtenir à la rentrée 2007 les gardes-fous nécessaires
afin de préserver le service public d’enseignement supérieur.
EDF textes total.indb 5 11/03/09 13:21:52
6 Etudiants de France n°288 • Hors- Série • Mars- Avril 2009
est publié. Pour l’UNEF, il s’agit d’une première
avancée. L’UNEF publie un projet de réglemen-
tation des stages avec la CGT, FO et Généra-
tion Précaire.
logement : l’UNEF lance une campagne de
pétitions pour exiger 1 milliard d’€ pour construi-
re et réhabiliter les cités universitaires. Elle
obtient 620 millions d’€ et un plan de construc-
tion de 40 000 chambres en cité U.
6 et 7 février : le Collectif National de l’UNEF
rassemble près de 500 militants. Il est l’occasion
de faire le bilan de la mobilisation du premier
semestre et de lancer la campagne de l’UNEF
pour les élections au CROUS.
Mars 2008
1er mars : l’UNEF organise une rencontre
nationale sur la précarité des étudiants, dans
le cadre de sa campagne pour les élections au
CROUS.
l’UneF interpelle les candidats aux élec-
tions municipales autour de 10 priorités.
De nombreux candidats reprennent ses propo-
sitions : à Toulouse, le maire promet la gratui-
té des transports pour les moins de 26 ans ; à
Montpellier, la ville s’engage à construire 3000
logements.
17 au 21 mars : l’UNEF organise le Festival
étudiant contre le racisme et les discriminations,
dans plus de 30 A.G.E.
avril 2008
elections au croUs : du 25 mars au 4 avril,
le projet de l’UNEF, de statut social pour tous
les étudiants, est très largement soutenu par
les étudiants en obtient près de 40% des voix.
L’UNEF confirme sa place de première orga-
nisation étudiante, deux ans après la parodie
d’élections de 2006.
l’UneF soutient le mouvement des
lycéens contre les suppressions de postes
dans les lycées et appelle les étudiants à les
rejoindre. Elle participe à l’ensemble des mani-
festations et se met au service des organisa-
tions lycéennes.
l’UneF dénonce le projet du gouverne-
ment de supprimer les tarifs jeunes à la
sNcF. Face au tollé général, le gouvernement
recule.
l’UneF soutient la mobilisation des tra-
vailleurs sans-papiers.
Mai 2008
1er mai : l’UNEF appelle les étudiants à mani-
fester aux côtés des salariés pour dénoncer les
suppressions de postes dans la fonction publi-
que, la baisse du pouvoir d’achat et la réforme
des retraites.
retraites : l’UNEF manifeste aux côtés des
salariés pour exiger un système de retraite soli-
daire. Elle lance un appel « la retraite une affaire
de jeunes » avec 13 organisations syndciales et
de jeunesse pour protester contre l’allongement
de la durée de cotisation et exiger la prise en
compte des années d’étude dans le calcul des
retraites.
10 et 11 mai : l’UNEF organi-
se à Evry la rencontre nationale des élus étu-
diants, qui rassemble près de 400 élus étudiants
de toute la France. Elle publie son plan d’action
des élus étudiants.
13 mai : pour les 40 ans de mai 68, l’UNEF
organise une conférence avec Jacques Sau-
vageot, vice-président de l’UNEF à l’époque et
l’ensemble des responsables des organisations
syndicales (CGT, UNSA, FO, FSU, CFDT).
Ces deux dernières années, l’UNEF a placé
au cœur de son activité la bataille pour la
réussite de tous les étudiants. Lors des élec-
tions présidentielles de mai 2007, l’UNEF a
interpellé l’ensemble des candidats sur la
situation catastrophique des 1ers cycles en
mettant au cœur du débat la question de
l’échec. Une fois installé, l’UNEF obtient du
nouveau gouvernement l’ouverture du chan-
tier « réussite en licence ». Cependant la mi-
nistre ne semblait pas pressée de faire abou-
tir ce chantier, résolue à ne pas débloquer
de moyens budgétaires. Sous la pression du
premier semestre, la ministre est contrainte
d’annoncer un plan pour la « réussite en li-
cence » financé à hauteur de 730 millions
d’€ sur 5 ans. Ce plan reprend nombre de
propositions de l’UNEF formulées quelques
jours plus tôt à l’occasion d’une rencontre na-
tionale sur la réussite des étudiants.
Pour l’UNEF, le plan licence est une avan-
cée importante car le gouvernement recon-
naît enfin la responsabilité du système dans
l’échec des étudiants, particulièrement en
1er cycle. L’échec ne repose plus sur la res-
ponsabilité individuelle des étudiants mais
sur les insuffisances du système d’ensei-
gnement supérieur. Les orientations du plan
licence (augmentation du volume horaire,
suivi individualisé…) seront autant de points
d’appui pour l’UNEF pour demander la mise
en place de dispositifs de lutte contre l’échec
dans les universités.
Cependant, alors que l’amélioration de l’en-
cadrement des étudiants fait parti des priori-
tés du plan licence la ministre n’accompagne
ses bonnes intentions d’aucune création de
postes d’enseignants et personnels admi-
nistratifs. En novembre 2008, l’UNEF dresse
un premier bilan de son application. Celui-ci
est sans appel loin de la « révolution » pro-
mise, le plan licence a été mis en œuvre «
avec modération » et « à la carte » par les
universités. En l’absence de recrutement, de
cadre règlementaire contraignant, le statu
quo a souvent été la règle et l’ambition une
exception.
Zoom
sur
...
La bataille pour la réussite des étudiants
Zoom
sur
...
EDF textes total.indb 6 11/03/09 13:24:27
7Etudiants de France n°288 • Hors- Série • Mars- Avril 2009
Marche des fiertés : l’UNEF participe, à la
marche des fiertés avec l’intersyndicale de l’édu-
cation. Elle adhère au collectif inter-LGBT.
elections de la lMde : l’UNEF poursuit son
investissement dans le mutualisme étudiant et
soutient des listes pour l’élection des délégués
à l’Assemblée Générale de la LMDE. Elle sort
majoritaire de ces élections. Ces délégués, et
de nombreux militants de l’UNEF, participent au
Congrès de la LMDE à Grenoble qui est l’occa-
sion de célébrer les 60 ans du régime de sécuri-
té sociale étudiant.
Juillet 2008
5 et 6 juillet : le Collectif National de l’UNEF
rassemble plus de 500 militants pour faire le
bilan d’un semestre très chargé, et victorieux
sur le plan électoral.
chaînes d’inscription : comme tous les ans
au mois de juillet, l’UNEF accueille dans l’en-
semble des universités les étudiants lors de
leur inscription pour les aider à s’orienter et leur
proposer d’adhérer. Le nombre d’adhérents de
l’UNEF augmente encore.
elections au cNeser : tous les 2 ans l’en-
semble des élus étudiants élisent leurs repré-
sentants au conseil national de l’enseignement
supérieur et de la recherche. L’UNEF rempor-
te 42% des suffrages, soit 5 sièges sur 11. Elle
confirme sa place de première organisation étu-
diante.
début juillet sont annoncés les montants
des droits d’inscription pour l’année. Pour
2008/2009, l’augmentation dépasse les 4%.
L’UNEF dénonce une hausse intolérable au vu
de la dégradation de la situation sociale des étu-
diants.
Frais d’inscription illégaux : l’UNEF rend
public pour la 4ème année consécutive son pal-
marès 2008 des universités hors la loi. 40% des
principes de sa réforme, ainsi que le projet de
« masterisation » programmé pour 2010. Si
l’UNEF est favorable à la reconnaissance diplô-
mante des deux années de formation dispen-
sées à l’IUFM, elle dénonce un projet guidé
avant tout par une logique d’économies budgé-
taires conduisant à la suppression des IUFM et
au désengagement de l’Etat de la formation des
enseignants.
18 juin : l’UNEF organise un rassemblement
devant le ministère contre la réforme des points
de charge et dépose les dossiers de près de 200
étudiants « recalculés ». Le ministère reconnaît
que sa réforme des bourses pose problème et
fait des perdants. Face à la pression des étu-
diants, il est obligé de débloquer 15 millions d’€
pour compenser la baisse des bourses des étu-
diants « recalculés ».
plan campus : l’UNEF publie un tour de
France des universités laissées pour compte
par l’opération campus, et exige que 1,5 milliard
d’€ soient alloués à la rénovation de l’ensemble
des sites universitaires dégradés.
l’UneF réalise 48% des voix aux élections
au cNoUs et retrouve sa première place en
obtenant 4 sièges sur 8.
Juin 2008
sos examens : à travers ses tracts d’infor-
mation et ses permanences syndicales, l’UNEF
permet que les droits étudiants soient respectés
pendant la période d’examens.
baisse des aides au logement : l’UNEF
lance une grande campagne de pétitions contre
la baisse programmée des aides au logement et
obtient plusieurs dizaines de milliers de signatures
en quelques jours. La ministre du logement, Chris-
tine Boutin, ajourne son projet de modification des
critères d’attribution des aides au logement.
réforme de la formation des enseignants :
le 2 juin, Nicolas Sarkozy annonce les grands
Contre la précarité : un statut social
pour tous
Les droits d’inscription nationaux sont fixés
chaque année par arrêté ministériel. Ce-
pendant certaines universités mettent en
place en toute illégalité des frais d’inscription
supplémentaires pouvant s’élever jusqu’à
plusieurs centaines d’euros. Depuis 2005,
l’UNEF se bat pour faire cesser ces pratiques
et faire rentrer les universités dans la légalité.
Chaque été, pendant les inscriptions, l’UNEF
dresse son palmarès des universités hors-
la-loi.
En juillet 2007, son recensement montre, que
malgré les poursuites engagées contre cer-
tains établissements, une université sur deux
a encore recours à ces pratiques. La ministre
de l’enseignement supérieur s’engage alors
à faire supprimer tous les frais d’inscription il-
légaux. En septembre, force est de constater
que de nombreuses universités sont encore
hors-la-loi. L’UNEF demande que la situation
de chaque université soit examinée en CNE-
SER. Sur la base du recensement de l’UNEF,
une réunion est organisée par le ministère.
Sous la pression de l’UNEF et du ministère
toutes les universités suppriment les frais
d’inscription illégaux pour l’année en cours et
s’engagent à rembourser les étudiants.
En juillet 2008, lorsque l’UNEF fait son re-
censement, si les pratiques illégales recu-
lent 35 universités font de la résistance et
demandent des frais d’inscription dépassant
10 000 € pour certains masters (Aix Marseille
3). Face à la pression de l’UNEF, plusieurs
universités suppriment les frais d’inscription
illégaux (Aix Marseille 2, Littoral, Lyon 2…)
Face à l’opiniâtreté de certains présidents
d’université, l’UNEF engage des recours de-
vant les tribunaux administratifs, notamment
contre l’université d’Aix Marseille 3.
Zoom
sur
... La bataille contre les frais d’inscription illégaux
EDF textes total.indb 7 11/03/09 13:24:38
8 Etudiants de France n°288 • Hors- Série • Mars- Avril 2009
universités sont encore dans l’illégalité. Elle réa-
lise des recours gracieux auprès de 35 universi-
tés et attaque plusieurs établissements devant
les tribunaux administratifs.
septeMbre 2008
pour la quatrième année consécutive,
l’UNeF sort son enquête sur le pouvoir
d’achat des étudiants à la rentrée. Le constat
est encore une fois sans appel : alors que les
dépenses obligatoires ne cessent d’augmenter
(+5,9%), les aides n’augmentent pas. La situa-
tion de précarité des étudiants s’accroît donc un
peu plus en cette rentrée. Elle lance sa campa-
gne pour exiger un plan d’urgence pour les étu-
diants.
Fête de l’Humanité : l’UNEF tient un stand
et fait signer de nombreuses pétitions pour sa
campagne de rentrée sur le pouvoir d’achat des
étudiants.
18 septembre : l’UNEF participe au rassem-
blement organisé devant le ministère de l’en-
seignement supérieur, pour dénoncer les 900
suppressions de postes dans les universités
programmées dans le budget 2009. Le rassem-
blement réunit plus de 500 personnes.
rentrée universitaire : l’UNEF accueille ses
adhérents et tous les étudiants en organisant
des réunions de rentrée sur tous les campus.
bourses aux livres : l’UNEF organise la soli-
darité en animant les bourses aux livres dans de
nombreuses universités.
octobre 2008
1er octobre : l’UNEF organise une opération
« RU gratuit » pour protester contre la baisse du
pouvoir d’achat et défendre le service public du
CROUS, remis en cause par le rapport Lambert.
Soutenue par les organisations de personnels
du CROUS, l’UNEF met la pression sur le gou-
vernement et fait ainsi entendre les revendica-
tions des étudiants.
réforme de la formation des enseignants :
le 4 octobre, l’UNEF participe aux états géné-
raux sur la formation des enseignants à l’univer-
sité de Paris 12 avec l’ensemble des syndicats
de l’éducation.
4 et 5 octobre : le collectif national de l’UNEF
qui rassemble plus de 550 étudiants. L’UNEF
lance sa campagne « Sarko, coupable d’atteinte
aux droits étudiants ! » et appelle à des assem-
blées générales sur les universités.
7 octobre : l’UNEF participe à une journée
internationale d’action sur le pouvoir d’achat et
à la manifestation appelée par l’ensemble des
confédérations syndicales.
l’UneF participe à la mobilisation contre
le fichier edviGe et notamment au rassemble-
ment du 16 octobre devant l’Assemblée Natio-
nale. L’importante mobilisation fait reculer le
gouvernement qui est contraint de retirer les
points les plus dangereux pour les libertés publi-
ques de son projet initial.
La rentrée universitaire est marquée par de
nombreuses attaques contre la communauté
universitaire. Non contente de dégrader plus
encore les conditions de vie étudiantes par
sa politique (90% des étudiants voient leur
pouvoir d’achat diminuer à la rentrée), Va-
lérie Pécresse annonce la suppression de
900 emplois dans l’enseignement supérieur.
Cette décision résonne comme une véritable
provocation pour les étudiants. Un an après
les garanties obtenues grâce à la mobilisa-
tion, le compte n’y est pas : en trompe l’œil,
le budget de l’enseignement supérieur est
insuffisant et ne répond pas aux priorités des
étudiants. Contrairement aux engagements,
l’enseignement supérieur n’est pas une prio-
rité budgétaire.
Dans ces conditions, l’UNEF décide de ne
pas en rester là et lance une campagne axée
sur trois revendications principales : un plan
d’action sociale pour les étudiants pour ré-
pondre à la précarité, un plan de recrutement
d’enseignants et de personnels, et le refus
de la mise en concurrence entre des uni-
versités. Parce que le gouvernement reste
sourd aux revendications étudiantes, l’UNEF
décide d’organiser des assemblées généra-
les dans toutes les universités, et impulse
une journée nationale de manifestation le 20
novembre pour mettre un frein aux politiques
menées par le gouvernement. Ces assem-
blées générales vont rassembler de nom-
breux étudiants partout en France (ils sont
plus de 500 à Reims, Clermont, Rennes…)
et vont être une des clés de la réussite de la
journée du 20 novembre. 200 000 personnes
dont 20 000 jeunes descendent dans la rue.
Souvent isolée, l’UNEF fait le choix de prépa-
rer l’affrontement en augmentant le rapport
de force dans les universités. C’est ce qui
a permis notamment que la Ministre tienne
ses engagements sur les 50 000 nouveaux
boursiers, ou d’obtenir des avancées pour
les droits des étudiants dans les universités
(à VSQ, à Paris X, à Rouen…). Ces choix ont
surtout permis de structurer les campus en
portant nos revendications et nos analyses
auprès des étudiants et. Sans ce travail, la
mobilisation des étudiants au second semes-
tre n’aurait pas été possible. Zoom
sur
...
L’UNEF à l’offensive pour porter un coup d’arrêt aux politiques du gouvernement
EDF textes total.indb 8 11/03/09 13:24:42
9Etudiants de France n°288 • Hors- Série • Mars- Avril 2009
19 octobre : l’UNEF appelle les étudiants à
manifester de Paris aux côtés des personnels
de l’éducation pour dénoncer la politique du
gouvernement en matière d’éducation. Cette
journée est une réussite, rassemblant près de
80 000 personnes.
présidence Française de l’Union euro-
péenne : l’UNEF, avec l’ESU et l’International
de l’Education, lance une campagne de péti-
tions sur la mobilité étudiante. Lors de la confé-
rence sur la mobilité organisée à Nancy, l’UNEF
interpelle la ministre de l’enseignement supé-
rieur pour exiger les moyens nécessaires pour
favoriser la mobilité des étudiants.
noveMbre 2008
FerUF : l’UNEF présente des listes aux élec-
tions des conseils de résidence universitaire.
De nombreux candidats de l’UNEF sont élus
et travaillent au quotidien pour améliorer les
conditions de vie des étudiants en résidence
universitaire.
20 novembre : à l’appel de tous les syndicats
de l’Education, plus de 200 000 manifestants
défilent dans les rues de nombreuses villes de
France pour dénoncer la politique éducative du
gouvernement (réforme du lycée, suppressions
de postes…). Plus de 20 000 jeunes descendent
dans la rue à l’appel de l’UNEF.
DéceMbre 2008
1er décembre : l’UNEF participe à la journée
mondiale de lutte contre le SIDA.
budget 2009 : l’UNEF dénonce un budget
2009 pour l’enseignement supérieur en trompe
l’œil et qui tourne le dos aux priorités des étu-
diants. Pour la première fois depuis 15 ans,
900 postes sont supprimés dans les universi-
tés. L’UNEF interpelle les parlementaires et fait
voté des motions dans de nombreux conseils
d’administration d’université. De nombreux bud-
gets d’université sont repoussés par les conseils
d’administration (Rouen, le Havre, Montpellier
3…). La mobilisation permet à certaines univer-
sités d’obtenir une rallonge budgétaire et le réta-
blissement de quelques postes (Montpellier 3,
Besançon…).
10 décembre : l’UNEF participe à une jour-
née d’action dans l’éducation aux côtés des syn-
dicats lycéens et de personnels.
Mobilisation lycéenne : l’UNEF appel-
le les étudiants à soutenir la forte mobilisation
lycéenne contre la réforme du lycée et les sup-
pressions de postes et se met au service des
syndicats lycéens. La forte mobilisation impose
à Xavier Darcos, ministre de l’éducation natio-
nale de reculer et reporter d’un an sa réforme.
12 décembre : l’UNEF appelle à la solidari-
té avec la jeunesse de Grèce mobilisée et orga-
nise un rassemblement devant l’ambassade de
Grèce qui réunit plusieurs centaines de person-
nes.
Mouvement des étudiants en iUt : Au mois
de novembre et de décembre dernier, les étu-
diants des IUT se sont fortement mobilisés pour
défendre l’avenir de leur formation à l’appel des
directeurs d’IUT. L’UNEF a pleinement son rôle
de syndicat de tous les étudiants en permet-
tant de rendre leur mouvement autonome et en
le structurant. Au-delà de la défense d’une for-
mation, ce mouvement a permis de mettre en
lumière les problèmes budgétaires des univer-
sités et l’augmentation de la concurrence dans
l’enseignement supérieur.
bourses : l’UNEF obtient une réouverture
exceptionnelle du système de bourse devant
permettre à 25 000 étudiants d’obtenir une
bourse. Cette mesure, réclamée par l’UNEF,
La résidence Jean Zay d’Antony est une des
plus grandes cités universitaires d’Europe.
Construite en 1955, elle n’a jamais connu de
réhabilitation d’ampleur et les 2100 cham-
bres qu’elle compte pourraient devenir inuti-
lisables si elles ne sont pas réhabilitées rapi-
dement. Sans réhabilitation de la résidence,
la perte des chambres de la cité universitaire
d’Antony représenterait une baisse de 16%
des chambres CROUS d’Ile de France. La
communauté d’agglomération des Hauts
de Bièvres, dont fait partie la ville d’Antony,
souhaite se voir transférer la gestion des
bâtiments de la résidence par l’Etat. Le but
affiché est la destruction partielle ou totale de
la résidence, qui ne correspondrait pas à son
environnement urbain. L’UNEF s’oppose for-
tement à un transfert de la résidence de l’Etat
vers la communauté d’agglomération parce
qu’elle est contradictoire sa rénovation et le
maintien du CROUS comme gestionnaire de
la résidence.
L’UNEF est intervenue à tous les niveaux
pour obtenir un plan de rénovation de la cité
U. Elle a lancé une pétition qui a recueilli plu-
sieurs milliers de signatures pour demander
une réhabilitation de la résidence et le refus
de son transfert. Celle-ci a permis de faire
débloquer 2 millions d’€ par le Région Ile-de-
France. Cependant l’Etat refuse d’intervenir.
Grâce à l’action de l’UNEF, le conseil d’ad-
ministration du CROUS de Versailles rejette
la convention de transfert de la cité U de
l’Etat vers la communauté d’agglomération.
Cependant l’Etat passe en force et publie
d’arrêté de transfert malgré le rejet du CA
du CROUS. L’UNEF continue la bataille en
déposant un recours devant le tribunal admi-
nistratif.
Zoom sur...
La bataille de l’UNEF pour défendre la résidence universitaire d’Antony
EDF textes total.indb 9 11/03/09 13:24:48
10 Etudiants de France n°288 • Hors- Série • Mars- Avril 2009
dans l’enseignement supérieur en 2010 et 2011
et la réécriture complète du décret modifiant le
statut des enseignants-chercheurs. L’UNEF
prend acte de ces premiers éléments de répon-
se mais en l’absence de réponse sur l’ensem-
ble des revendications des étudiants, appelle
les étudiants à maintenir la pression en partici-
pant à une nouvelle journée de mobilisation le
5 et le 11 mars.
juste et durable entre palestiniens et israéliens
afin de dénoncer les violences exercées contre
les civils, exhorter Israël à mettre fin à son inter-
vention militaire et appeler à l’ouverture de nou-
velles négociations dans la perspective d’un
accord de paix.
29 janvier : une journée de manifestations est
appelée par l’ensemble des organisations syn-
dicales du pays. L’UNEF et les étudiants des-
cendent dans la rue aux côtés des salariés. Plus
de 2,5 millions de personnes dont de nombreux
jeunes, manifestent pour dénoncer les politi-
ques du gouvernement, et notamment l’absence
de réponses face à la crise et ses conséquen-
ces sociales.
Février 2009
Face aux restrictions budgétaires, le mou-
vement français pour le planning familial
est menacé. Le MFPF, l’UNEF et la LMDE lan-
cent une campagne de pétitions qui recueille
plusieurs centaines de milliers de signatures.
6 février : L’UNEF organise une rencontre
nationale des élus étudiants en conseils de rési-
dence. Elle permet de former plus de 50 élus de
toute la France pour mieux défendre les droits
des étudiants et améliorer leur vie quotidienne
en résidence universitaire.
Mobilisation dans l’enseignement supé-
rieur : alors que la grogne monte dans les uni-
versités, les 7 et 8 février, le Collectif national
de l’UNEF réunit plus de 500 étudiants. L’UNEF
appelle les étudiants à se réunir massivement
dans les assemblées générales et à voter la
grève.
A l’appel de l’intersyndicale de l’enseignement
supérieur et de la recherche, le 10 février, plus
de 100 000 personnes dont 70 000 étudiants
descendent dans la rue pour dénoncer les poli-
tiques du gouvernement en matière d’enseigne-
ment supérieur (réforme du décret sur le statut
des enseignants-chercheurs, suppressions de
postes…). Le gouvernement refuse pourtant
d’apporter des réponses à la communauté uni-
versitaire.
De nouvelles journées de mobilisation ont lieu
les jeudi 19 et 26 février, la communauté univer-
sitaire reste fortement mobilisée avec toujours
plusieurs dizaines de milliers de personnes
dans la rue.
Fin février, face à la pression, le gouverne-
ment commence à reculer. Le premier minis-
tre annonce le gel des suppressions de postes
était indispensable pour respecter l’engage-
ment de Valérie Pécresse de 50 000 nouveaux
boursiers échelon 0 (exonération des frais d’ins-
cription) à la rentrée 2008. En effet, plus de 25
000 étudiants ne pouvaient pas bénéficier de
la bourse à laquelle ils avaient droit en cette
rentrée pour cause de critères trop restrictifs
conduisant le gouvernement à économiser plu-
sieurs millions.
Janvier 2009
sos examens : à travers ses tracts d’infor-
mation et ses permanences syndicales, l’UNEF
permet que les droits étudiants soient respectés
pendant la période d’examens.
19 janvier : l’UNEF participe à la journée de
mobilisation dans l’éducation.
réforme de la formation des ensei-
gnants : le ministère de l’éducation nationa-
le annonce la suppression de 3000 postes
ouverts aux concours de l’enseignement pour
2009. L’UNEF dénonce cette nouvelle saignée
et lance une campagne pour informer les étu-
diants et demander un plan pluriannuel de
recrutement dans l’éducation. Elle interpelle
également Xavier Darcos et Valérie Pécresse
pour demander des garanties sur la réforme de
la formation des enseignants. De premiers élé-
ments de réponse sont apportés par les minis-
tres le 15 janvier.
l’UneF condamne l’offensive israélien-
ne dans la bande de Gaza, qui fait plusieurs
centaines de victimes. Elle appelle à participer
aux manifestations du samedi 10 janvier orga-
nisées par le Collectif national pour une paix
Pendant un siècle, l’UNEF a incarné la vo-
lonté d’unité du mouvement étudiant. Parfois
contesté ou fragilisé, le mouvement étudiant
a néanmoins démontré, par son histoire, sa
capacité à s’organiser de manière autonome
avec pour seule boussole les intérêts des
étudiants. La réunification syndicale entre
l’UNEF-ID et l’UNEF-SE en 2001 a permis
de refermer 30 années de division de l’UNEF.
Il est aujourd’hui nécessaire d’aller plus loin,
l’UNEF souhaite donc faire franchir une nou-
velle étape à ce processus, dans le prolon-
gement de la réforme statutaire votée lors du
précédent congrès en 2007.
C’est pour cette raison que l’UNEF, à l’occa-
sion de son collectif national des 4 et 5 oc-
tobre 2008, a voté un appel pour l’unité du
mouvement étudiant, en direction des orga-
nisations étudiantes, des groupes organisés
dans la jeunesse et de tous les étudiants.
L’UNEF prend contact avec les organisations
localement et nationalement.
De premiers pas ont été faits dans ce sens,
les militants de la Confédération étudiante de
Rennes, Bordeaux, etc…ont rejoint les rangs
de l’UNEF au mois de juillet 2008, de même
que la section locale de Sud étudiant de
Marseille au mois d’octobre. Ces premières
avancées en appellent d’autres.
L’UNEF appelle à l’unité du mouvement
étudiant
Zoom sur...
EDF textes total.indb 10 11/03/09 13:24:52
11Etudiants de France n°288 • Hors- Série • Mars- Avril 2009
Bilan électoralRésultats du CNESER et du CNOUS 2008
L’UNEF est représentée dans les universités et dans les CROUS au travers de ses élus étudiants. Tous les deux ans, ont lieu les élections des représentants étudiants dans les conseils centraux des universités (conseil d’administration, conseil des études et de la vie universitaire, conseil scientifique) et des conseils d’administration des CROUS. Ces élus votent ensuite pour élire leurs représentants nationaux au CNESER (conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche) et au CNOUS (conseil national des œuvres universitaires et sociales).
Lors de l’ensemble de ces élections, les listes « UNEF et associations étudiantes » sont ressorties très largement victorieuses, confortant ainsi la place de l’UNEF comme première organisation étudiante représentative.
Voici le bilan électoral de deux ans de travail dans les conseils.
2006 (en%)1
2008 (en%) 1
Gains (en
points)
aix-Marseille 1, 2 et 3
33,7% 25% -8
Amiens 29,4% 28% -1,4
Angers 19,3% 36% +16,7
Artois 54,5% 36% -18,5
Avignon 25% 38,1 +13,1
besançon 36,7% 26,1 -10,6
bordeaux 1, 2,3 29,6% 29,9% +0,3
brest 33,3% 24% -9,7
caen 20,6% 40% +19,4
cergy-pontoise 36,7% 44% +7,3
chambéry 28% 25% -3
clermond-Ferrand 1 et 2
30,6% 23,8% -6,8
dijon 22,9% 20% -2,9
evry 46,2% 55% +8,8
Grenoble 1,2 et 3 33,7% 29% -4,7
iep paris 45,4% 36,4% -9
la rochelle 52,4% 36,8% -15,6
le Havre 41,7% 52,4% 10,7
le Mans 17,2% 28% +10,8
lille 1,2 et 3 26,5% 37,5% +11
limoges 27,6% 23,1% -4,5
littoral 32,4% 43,5% +11,1
lorient-vanne 57,7% 35% -22,7
lyon 1,2 et 3 32,6% 32,4% -0,2
Marne la vallée 50% 46,7 -3,3
Metz 43,3% 44% +0,7
Montpellier 1, 2,3 16,7% 22,7% +6
Mulhouse 6,9% 20% +13,1
nancy 1 et 2 33,3% 39,2% +5,9
Nantes 32,4% 32% -0,4
Nice 20,6% 13% -7,6
Nîmes2 33,3%
orléans 44,1% 50% +5,9
paris 1 44,1% 36% -8,1
paris 2 25,8% 14,3% -11,5
paris 3 30% 52% +22
paris 4 0% 26,7% +26,7
paris 5 20% 12% -8
paris 6 15,6% 22,7% +7,1
paris 7 16,1% 40% +23,9
paris 8 41,7% 65,2% +23,5
paris 10 45,4% 32% -13,4
paris 11 30,3% 36% +5,7
paris 12 32,3% 40% +7,7
paris 13 32,3% 32% -0,3
pau 24% 36,8% +12,8
perpgnan 16,7% 19% +2,3
poitiers 15,6% 24% +8,4
reims 30% 26,9% -3,1
rennes 1 et 2 37,9% 41,3% +3,4
rouen 36,4% 28% -8,3
saint-etienne 22,6% 30,4% +7,8
strasbourg1, 30,3% 25,8% -4,5
toulon 7,7% 20,8% +13,1
toulouse 1, 2, 3 40% 31,6% -8,4
tours 14,7% 21,7% +7
valenciennes 27,6% 28% +0,4
versailles 48,4% 34,6% -13,8
total 30,62% 31,65% +1,03
résultats cNeser
liste voix elus
UNeF 774 5
FaGe 394 2
pde 212 1
Fse/sUd 131 0
Uni 265 2
cé 247 1
les élections au cneser
Lors des élections au CNESER, la liste « UNEF et associations étudiantes » a remporte une victoire historique en obtenant 774 voix, soit 41,5% des suffrages et 5 élus sur 11. Ces résultats montrent que les étudiants ont très largement fait le choix de l’UNEF, de sa démarche syndicale et de son efficacité à défendre les droits des étudiants.
bilan Des élections au cneser - progression 2006-2008
1. La LRU a modifié le nombre d’élus étudiants, c’est pourquoi les résultats sont donnés en pourcentage2. L’université de Nîmes a été créée en 2007
résultats cNoUs
liste voix elus
UNeF 82 4
FaGe 38 2
pde 30 1
Uni 22 1
les élections au croUs et au cNoUs
Après la parodie d’élection de 2006, où l’UNEF n’avait pas cédé au chantage du gouvernement en plein mouvement pendant le CPE en boycottant les élections au CROUS, elle retrouve sa place de première organisation étudiante dans les CROUS en remportant très largement les élections. Elle remporte 38% des suffrages et 44% des sièges (soit 81 élus) et redevient majoritaire dans 19 académies. Ces résultats sont confirmés par les élections au CNOUS. En votant massivement pour l’UNEF les étudiants ont exprimé le rejet des politiques du gouvernement et l’absence de réponse apportées à leur situation sociale. Ils ont ainsi largement plébiscité le projet de statut social porté par l’UNEF.
EDF textes total.indb 11 11/03/09 13:24:53
12 Etudiants de France n°288 • Hors- Série • Mars- Avril 2009
Ce 81ème congrès de l’UNEF s’ouvre dans
un contexte de crise économique sans
précédent depuis les années 30. Cette
crise n’est pas simplement l’énième soubresaut
d’un système financier à la dérive, elle représente
la faillite de la mondialisation libérale et de
ses dogmes. Elle trouve son origine dans une
profonde inégalité de répartition des richesses
et consacre l’échec des politiques libérales
imposant l’affaiblissement de l’action publique
et des protections collectives comme règles de
développement indépassables.
Si la crise ne peut à elle seule expliquer les
difficultés sociales et la régression libérale
dans lesquelles s’est enlisé notre pays, ses
conséquences sociales vont durablement peser
sur le contexte dans lequel nous inscrivons notre
action syndicale. La France s’enfonce dans la
récession et l’explosion du chômage, la précarité
et l’incertitude face à l’avenir assombrissent
l’horizon de milliers de jeunes et de salariés.
En menant une politique de délitement de
l’Etat et des solidarités, le gouvernement
porte la responsabilité principale dans cette
dégradation de la situation. La prétendue «
rupture » sur laquelle Nicolas Sarkozy a été élu en
2007, se résume finalement à un alignement sur
le modèle néolibéral américain au moment précis
où celui-ci échoue. Alors que la France résiste
mieux que ses voisins grâce à ses systèmes de
protections collectives et à l’activité d’un secteur
public puissant, le gouvernement s’obstine à «
maintenir le cap » de réformes dictées par une
logique libérale de remise en cause des services
publics. Cet acharnement témoigne d’une volonté
de profiter de la crise pour faire avancer le modèle
de société où les salariés et l’État sont mis à
contribution tandis que les actionnaires voient
leurs superprofits épargnés et leur égoïsme social
encouragé. Face à la crise, le gouvernement a
donc choisi la politique du pire. Il ne prépare pas
l’avenir, il l’hypothèque.
cette politique libérale injuste avant la
crise est aujourd’hui devenue insupportable.
Le décalage entre la politique d’économies
budgétaires dont les plus faibles doivent payer
TEXTE PRÉSENTÉ PAR LA MAJORITÉ NATIONALEpRotégeR la jeunesse et déMocRatiseR
l’univeRsité pouR pRépaReR l’aveniRle prix et les milliards offerts aux plus aisés, aux
entreprises ou à un système bancaire en faillite
sans contrôle ni garantie apparaît pour ce qu’il
est : un scandale politique économique et social.
Les règles du jeu prétendument immuables de la
société libérale ont fait la preuve de leur échec
et sont aujourd’hui profondément contestées.
Les jeunes et les salariés refusent de payer pour
une crise dont ils ne sont en rien responsables.
Les mobilisations puissantes aux Antilles, les
récentes mobilisations des lycéens et étudiants,
la réussite des journées interprofessionnelles qui
ont rassemblé plusieurs millions de personnes
constituent un indéniable changement de rapport
de force social.
Frappés de plein fouet par les politiques
libérales, les jeunes se retrouvent aujourd’hui
en première ligne. Fragilisés socialement, sans
revenu stable ni réelle protection, ils subissent
de plein fouet la récession et l’explosion des
inégalités. La pression du chômage de masse,
qui augmente plus fortement chez les 18-25 ans,
entraine une généralisation de la déqualification
et le développement de l’emploi précaire. Si le
diplôme reste une protection contre le chômage,
il n’est plus une perspective d’ascension sociale.
L’attention portée aux aspirations de la jeunesse
dans une société détermine ses valeurs et son
avenir. C’est le signe d’une société qui régresse.
Cette société de l’insécurité sociale, de l’injustice,
de la régression, du bien-être de quelques-uns
au prix du malheur de millions d’autres, cette
société n’est pas la nôtre. Notre projet syndical
s’inscrit résolument dans une volonté de rupture
avec la société telle qu’elle s’impose à nous.
Nous refusons de grandir dans une société qui
se déconstruit. Nous refusons d’être une variable
d’ajustement lors de l’entrée sur le marché du
travail. Nous refusons d’être l’otage de la crise et
du chômage pour construire notre avenir.
Cette situation politique et sociale appelle
une intervention forte de la part de la principale
organisation de jeunesse. Ce 81ème congrès de
l’UNEF est l’occasion de porter des revendications
syndicales offensives et rassembleuses pour
répondre à la crise qui frappe notre pays et aux
aspirations de notre génération.
Malgré la diversité de leurs origines et de leurs
situations, les jeunes partagent un même besoin
de formation et d’insertion, et une aspiration
commune à l’autonomie. Pour ces raisons,
toute politique de division et de stigmatisation
de la jeunesse est vouée à l’échec. pour faire
face à la crise et préparer l’avenir, la société
doit impérativement mettre la jeunesse en
sécurité sociale et donner à l’ensemble de
notre génération les moyens d’accéder à une
formation qualifiante. Il y a urgence : si la société
n’a d’autre perspective à offrir à sa jeunesse que
déqualification, précarité, et chômage, elle pose
les bases d’une explosion sociale sans précédent
et d’une rupture politique durable avec notre
génération.
La période qui s’ouvre est déterminante pour
l’avenir de l’enseignement supérieur. Après une
période de stagnation de la massification et
d’abandon des universités, la perspective d’une
baisse du nombre d’étudiants et d’une régression
de la démocratisation se profile. En renforçant
l’autonomie des universités, sans contrôle et sans
moyens équitablement répartis, la politique du
gouvernement depuis 2007 répond à la logique
simpliste et libérale de démission de l’Etat du
service public d’enseignement supérieur et vise
l’apparition d’une poignée de grandes universités
compétitives sur la scène internationale.
Les premières victimes de cette course à la
concurrence entre établissements sont les
universités de masses, privées des moyens de
faire réussir les étudiants qu’elles accueillent,
notamment ceux issus des milieux modestes.
Une bataille est d’ores et déjà engagée, entre les
partisans de l’affaiblissement du service public
d’enseignement supérieur qui est aujourd’hui à
l’œuvre, et les tenants d’une nouvelle étape de
la démocratisation, dont l’UNEF doit être le fer
de lance. A ceux qui souhaitent poursuivre cette
politique et céder aux tentations de la sélection,
notamment à l’entrée du M1, et de la libéralisation
des frais d’inscription, nous opposerons la plus
grande fermeté. Mais résister ne suffit pas, il nous
faut désormais créer les conditions d’un rebond de
la démocratisation, en portant des revendications
EDF textes total.indb 12 11/03/09 13:24:55
13Etudiants de France n°288 • Hors- Série • Mars- Avril 2009
permettant de remettre l’égalité au cœur du
service public d’enseignement supérieur, et en
ouvrant de nouvelles perspectives de conquêtes
pour les étudiants. sursaut ou déclin : pour la
démocratisation de l’enseignement supérieur,
l’alternative est claire.
A la logique de libéralisation de l’enseignement
supérieur nous opposons une autre perspective
: une université publique capable d’offrir à
l’ensemble d’une génération les moyens de
construire son émancipation et d’acquérir le plus
haut niveau de qualification possible. Il est urgent
d’achever la massification de l’enseignement
supérieur et d’engager une nouvelle étape de la
démocratisation de la réussite. Les universités
ne pourront relever ce défi sans de nouvelles
réformes qui convergent vers l’objectif impératif
de réussite du plus grand nombre. Loin de rendre
cette exigence caduque, la crise témoigne du
besoin de dépenses d’avenir pour faire face à
ses conséquences économiques et sociales. Le
diplôme reste la meilleure arme face au chômage.
Donner aux jeunes les moyens de se former relève
d’une relance par l’investissement dont notre pays
ne peut pas se priver.
Cette orientation syndicale offensive doit
résolument s’ancrer dans l’action. Le milieu
étudiant a fait la preuve ces derniers mois de sa
combativité, de ses ambitions, de son impatience.
La forte mobilisation de la communauté universitaire
témoigne du refus déterminé des étudiants d’une
politique universitaire qui fragilise leur avenir. Dans
la continuité de cette mobilisation, notre congrès
doit être un point d’appui pour la suite : l’UNeF
doit ouvrir un nouveau cycle de contestation
et de conquête dans l’enseignement supérieur.
Face à un gouvernement sourd enfermé dans ses
certitudes, nous devons œuvrer à la construction
d’un rapport de force majoritaire, s’appuyant sur
des mobilisations victorieuses et s’inscrivant dans
la durée. A l’heure où le gouvernement délégitime
ses interlocuteurs, ignore l’action collective et
s’attaque à tous les contre-pouvoirs, les étudiants
ont besoin d’un syndicalisme de transformation
sociale puissant, alliant rapport de force construit
et recherche permanente de débouchés.
Puissante sur le plan électoral, au cœur des
mobilisations de la communauté universitaire et de
la jeunesse, l’UNEF sort renforcée de la période
récente. Nous devons continuer de tracer le sillon
d’un syndicalisme étudiant toujours mieux reconnu
comme acteur à part entière des transformations
sociales, agissant en lien avec le syndicalisme
salarié. Ce congrès doit ouvrir un nouveau cycle
de développement de notre organisation, mais
également une nouvelle dynamique syndicale de
rassemblement. L’UNEF est la maison commune
du mouvement étudiant : la majorité nationale
souhaite proposer à l’ensemble de l’organisation
de poursuivre nos efforts collectifs pour organiser
le plus grand nombre d’étudiants au sein du
syndicat majoritaire.
Ces derniers mois ont montré la force de la
jeunesse organisée pour imposer de premiers
reculs au gouvernement. Il n’y a rien d’automatique
à ce que de cette crise et du nouveau rapport de
force social sorte un progrès. Notre responsabilité
est à la mesure de ce rapport de force, elle est
particulièrement lourde au vu des attentes de
notre génération. C’est l’aptitude de l’UNEF à faire
face à ce contexte inédit qui sera jugée par les
étudiants.
protéger et qualiFier les Jeunes pour Faire Face à la crise
Pour sortir de l’incertitude, notre génération a
exprimé son besoin de protection sociale ainsi que
son aspiration à une insertion professionnelle de
qualité. La société doit y apporter des réponses !
La hausse du chômage, la déqualification, la
précarité et la baisse du pouvoir d’achat ne sont
en rien une fatalité : la crise ne fait que mettre en
lumière et amplifier les conséquences de l’absence
de statut social de la jeunesse. En période de
chômage, le diplôme reste la meilleure arme.
L’accès de tous à une qualification est nécessaire
pour donner aux jeunes les moyens de faire face à
la crise et leur donner une perspective d’insertion
durable. Dans ces conditions, l’émancipation
par le diplôme suppose une mise en sécurité
sociale et doit permettre l’acquisition de
qualifications protectrices sur le marché du
travail.
A – Mettre les jeunes en sécurité sociale
La massification de l’enseignement supérieur,
l’allongement de la durée des études et le recul
de l’âge moyen d’entrée sur le marché de l’emploi
ont conduit à l’émergence d’un nouvel âge de la
vie qui s’étend de la fin des études secondaires à
l’installation dans un emploi stable : la jeunesse.
Cette période, au cours de laquelle chacun à
vocation à construire son projet de formation,
d’insertion, à déterminer ses propres choix de vie,
est aujourd’hui une période d’instabilité. Majeurs
civilement à 18 ans, les jeunes sont considérés
comme mineurs socialement et restent coincés
entre la dépendance familiale et la précarité des
petits boulots.
Face à une mutation sociale de cette ampleur, la
société a su dans le passé s’adapter. Après la 2nde
guerre mondiale, l’apparition d’un temps de la vie
après le travail, s’est accompagnée de la création
du régime solidaire de retraite, afin de sortir les
vieux de la misère et rompre avec les solidarités
privées ou familiales. Pourtant, notre société
considère toujours la jeunesse comme une forme
de purgatoire nécessaire. La jeunesse doit être le
temps de l’émancipation, pas celui des galères qui
conditionnent des choix dont découle toute notre
vie future, personnelle ou professionnelle. En
application de la Charte de Grenoble qui prévoyait
dès 1946 le « droit à une prévoyance sociale
particulière » pour les étudiants, nous exigeons la
création d’un statut social qui garantisse à chacun
les moyens d’accéder à l’autonomie, de mener
à bien un parcours de formation. Ce statut est
universel et doit protéger l’ensemble des jeunes
qui n’accèdent pas aujourd’hui à une formation et
une insertion de qualité. Il se compose d’un volet
financier, l’allocation d’autonomie, d’un véritable
service public de la vie étudiante (logement,
transport, restauration) et d’un droit à une
protection sociale de haut niveau (santé, régime
étudiant de sécurité sociale).
1. L’allocation d’autonomie : pierre angulaire du statut social
100 000 étudiants vivent sous le seuil de
pauvreté, un étudiant sur deux est contraint de se
salarier pour financer ses études. Cette précarité
sociale en constante augmentation depuis 2001
provoque chaque année la sortie sans diplôme
du système éducatif de dizaines de milliers de
jeunes. Pour financer ses études, un étudiant n’a
le choix qu’entre la précarité des petits boulots et
la dépendance familiale. L’absence d’alternative
augmente l’échec et reproduit les inégalités
sociales. Nous refusons que le salariat étudiant
soit une solution pour financer ses études, parce
qu’étudier est un métier à temps plein.
- Un système d’aide sociale à bout de souffle
Le système d’aide sociale actuel, hérité
de l’après guerre, n’a pas su s’adapter à la
massification de l’enseignement supérieur et à
l’accueil de nouveaux publics à l’université. A la
fois insuffisant, illisible et injuste, le système d’aide
sociale est à bout de souffle. Il est insuffisant car
même le montant des aides les plus élevées ne
EDF textes total.indb 13 11/03/09 13:24:56
14 Etudiants de France n°288 • Hors- Série • Mars- Avril 2009
couvre que partiellement les besoins des étudiants
: 40% des boursiers sont contraints de travailler,
augmentant ainsi leur risque d’échec. Le système
est illisible : il existe plus de 150 aides recensées
gérées par de multiples opérateurs. Le système
est injuste : chaque année, l’Etat consacre ainsi 1,7
milliard d’€ aux familles les plus riches déclarant
une demi-part fiscale au titre d’un étudiant à
charge et seulement 1,3 milliard d’€ aux étudiants
les plus modestes par le biais des bourses. Ces
exonérations peuvent s’élever à plus de 4300€ par
an pour les familles les plus favorisées alors que
le montant maximum des bourses est de 4000€!
Enfin ce système est structurellement inadapté :
les bourses comme les exonérations fiscales sont
calculées en fonction de la situation des parents,
sans prise en compte de la situation réelle de
l’étudiant. Un tel système enferme le jeune au
sein de la cellule familiale et est un obstacle à la
prise de l’autonomie. Aucun choix de vie ni aucun
projet d’étude n’est possible sans le consentement
au moins implicite des parents. Ce système est
facteur de reproduction sociale : le jeune ne peut
envisager d’autres formations que celles que sa
famille est en mesure de financer. L’instauration
d’un statut doit permettre de remplacer la
solidarité familiale par la solidarité collective.
Nous refusons que le financement des études
repose sur l’attribution d’un capital de départ
destiné à égaliser les « chances » de réussite de
chacun sur la ligne de départ avant de lancer les
jeunes dans une compétition effrénée, ou sur un
investissement individuel (prêts) : l’éducation est
un droit collectif qui relève d’un investissement de
la société pour son avenir.
- Une allocation d’autonomie pour tous les
jeunes en formation et en insertion
Ce statut social passe notamment par la refonte
de l’ensemble des aides existantes et l’instauration
d’une aide unique : l’allocation d’autonomie. Elle
doit être universelle pour garantir le droit de chaque
jeune à l’autonomie et à la formation. Elle doit
également couvrir les jeunes pendant la période
d’insertion professionnelle et de recherche du
premier emploi. L’allocation d’autonomie doit être
en partie individualisée en fonction de la situation
propre de chaque jeune (logement indépendant,
situation géographique) et calculée sur la base
d’une déclaration fiscale indépendante.
Nous ne voulons pas d’un « revenu minimum »
mais d’une allocation dont le montant est suffisant
pour permettre à chaque jeune de couvrir
l’ensemble de ses besoins et pour mener à bien
son projet sans être contraint de se salarier1. En
dehors de toute logique d’assistance, nous voulons
permettre aux jeunes de prendre toute leur place
dans la société, en reconnaissant leurs droits.
Le financement de l’allocation autonomie
implique la refonte des aides existantes : aides
d’Etat (bourses, demi-part fiscale…) et les aides
financées par la part socialisée des salaires (aides
au logement, allocations familiales…). Mais on ne
peut envisager de démocratiser l’enseignement
supérieur à moyens constants : sa mise en
place nécessite le doublement des sommes
actuellement consacrées aux aides directes. Un
investissement public massif et la création d’une
nouvelle cotisation sociale doivent permettre de
débloquer les 7 à 8 milliards d’€ nécessaires.
Enfin parce que les étudiants ont vocation à gérer
leurs propres affaires, l’allocation d’autonomie
doit être gérée par des représentants élus des
bénéficiaires. Pour la société, il ne s’agit pas
d’une dépense supplémentaire, mais le choix d’un
investissement dans l’avenir et la jeunesse. Sa
mise en place en période de chômage intéresse
toute la société et permettrait de libérer des
milliers d’emplois actuellement occupés par les
étudiants salariés.
La conquête du droit à l’autonomie est notre
ambition et toutes les avancées en ce sens sont
des points d’appui pour notre démarche syndicale
(augmentation du nombre et du montant des
bourses, basculement de la 1/2 part fiscale dans
le système d’aides directes…).
2. Ouvrir de nouveaux droits pour la jeunesse
Le statut social ne se limite pas à une dotation
financière. Lorsqu’il s’agit de se loger, se restaurer,
se soigner, d’accéder à la culture, au transport,
nous refusons de nous en remettre uniquement au
marché. La société doit donc donner aux jeunes
tous les outils nécessaires pour les protéger et
être acteur de leur propre vie. Offrir une protection
à l’ensemble de la jeunesse implique l’ouverture
de droits nouveaux: droit à l’accès à un logement
autonome, droit à la santé, droit à la culture et aux
loisirs, droit au transport… Ces droits nouveaux
doivent être garantis par un véritable service public
de la vie étudiante, bénéficiant d’un financement
public et garantissant des tarifs abordables et
l’égalité de traitement sur le territoire. Ces services
ont vocation à être gérés par des représentants
élus des usagers au sein des CROUS d’une part,
via la mutualité étudiante d’autre part. Alors que
depuis plusieurs années, l’Etat se désengage
financièrement des CROUS et que les attaques
contre les systèmes de protection sociale se
multiplient, nous devons nous battre pour inverser
la tendance.
- permettre l’accès de tous les jeunes à un
logement autonome
La crise du logement revêt pour les jeunes
une dimension particulière. L’augmentation des
loyers ces dernières années, l’insuffisance et la
dégradation du parc de logements sociaux géré
par le CROUS contraignent de nombreux jeunes,
à rester habiter chez leurs parents, à travailler
pour payer leur loyer, ou à accepter un logement
insalubre. Pourtant, pour de nombreux étudiants,
l’accès à un logement indépendant détermine
la possibilité même de faire les études de leurs
choix, de les réussir et d’accéder à l’autonomie.
La priorité pour le logement étudiant doit être
la construction et la réhabilitation de logements
sociaux. Nous nous battrons pour le respect
strict des engagements de construction et de
réhabilitation suite à la remise du rapport « Anciaux
2 ». Le CROUS doit être l’opérateur unique du
logement social étudiant. Il offre la garantie d’un
établissement entièrement public qui attribue
les logements sur critères sociaux et associe les
étudiants à sa gestion. Les réhabilitations doivent
s’opérer sans perte de chambres. Des mesures
doivent également être prises pour faciliter l’accès
des étudiants au parc privé : maîtrise des loyers,
réquisition des logements vides, extension du
cautionnement solidaire, revalorisation des aides
au logement, exonération de la taxe d’habitation…
- rendre les étudiants maîtres de leur santé
Les politiques libérales de remise en cause du
système de protection sociale de ces dernières
années transfèrent la solidarité nationale vers la «
responsabilité » individuelle. Alors que la situation
sanitaire et sociale des étudiants se dégrade,
(23% des étudiants renoncent à des soins faute de
moyens financiers, 15% d’entre eux n’ont pas les
moyens de se payer une complémentaire santé)
les étudiants ont besoin d’une protection sociale de
haut niveau. Nous réclamons un régime obligatoire
qui prenne en charge 100% des dépenses de
santé. A court terme, il est indispensable de mettre
en place une aide à la mutualisation permettant à
chaque jeune de prendre en charge ses dépenses
de manière autonome. L’accès aux soins des
jeunes et le développement de politiques de
prévention adaptées sont également déterminants.
Nous devons obtenir la transformation des MPU
en véritables centres de santé.
Enfin nous devons défendre la gestion par les
étudiants du régime étudiant de sécurité sociale
: garantie de la solidarité intergénérationnelle, il
permet la mise en place de politiques de prévention
adaptées aux problématiques étudiantes. 1. Les données de l’OVE actualisées évaluent à plus de 900€ les besoins mensuels d’un étudiant pleine-ment autonome
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15Etudiants de France n°288 • Hors- Série • Mars- Avril 2009
3. Conquérir l’égalité des droits entre français et étrangers
Protéger socialement la jeunesse pour garantir
un droit à la réussite doit répondre à un impératif
absolu : l’égalité stricte des droits entre étudiants
français et étudiants étrangers. Depuis l’arrivée
au pouvoir de Nicolas Sarkozy, le gouvernement
mène une offensive en matière de politiques
migratoires qui consacre l’utilitarisme migratoire
et la remise en cause des droits des étrangers
présents sur notre sol. Le ministre de l’identité
nationale et de l’immigration somme les préfets
de faire du chiffre et de remplir des quotas
d’expulsions. Les rafles se multiplient, les
étrangers sans papiers n’osent plus sortir, circuler,
aller travailler et étudier.
Ce durcissement n’est pas sans conséquence
sur l’accueil des étudiants étrangers. Alors que
l’accès au savoir doit être un droit pour chacun,
et que les pouvoirs publics affichent l’ouverture
internationale de l’enseignement supérieur
comme une priorité, les étudiants étrangers
subissent des conditions d’étude indignes et
leurs droits sont systématiquement bafoués.
Notre démarche syndicale vise l’amélioration
concrète des conditions d’accueil, de vie et
d’étude des étudiants étrangers. Nous réaffirmons
notre attachement à la liberté de circulation et à
l’exercice du droit d’asile. Pour permettre l’égalité
entre tous, nous devons lutter contre la sélection
qui s’exerce à l’étranger via les Centre d’Etudes en
France et les consulats. La législation régissant le
séjour des étudiants étrangers est une machine
à « fabriquer » des sans-papiers en raison de
la lourdeur des démarches administratives et
de l’arbitraire des préfectures. Nous réclamons
l’abrogation de la circulaire autorisant le contrôle
du parcours pédagogique des étudiants, du ressort
strict des universités, par les préfectures. L’accès
à l’université doit s’effectuer uniquement sur des
critères pédagogiques. la carte d’étudiant doit
donner automatiquement droit à une carte de
séjour.
b - Garantir l’accès de tous à une qualification
L’accès au diplôme reste la meilleure protection
contre le chômage et est une condition
indispensable de l’émancipation individuelle.
Pourtant, si l’université a honorablement réussi la
massification de l’accès aux études en l’absence
de moyens suffisants pour l’accompagner, sa
démocratisation reste encore un défi pour la
société.
Pour répondre au besoin de qualification de
la jeunesse, la société doit répondre à cette
exigence de démocratisation de l’enseignement
supérieur. Des réformes profondes doivent
s’engager pour donner à l’université les moyens
d’accueillir 3 millions d’étudiants, d’assurer la
réussite de chacun d’entre eux, et de leur donner
les moyens d’une insertion professionnelle durable
et de qualité. Si les jeunes diplômés subissent
la déqualification, les jeunes non-qualifiés se
retrouvent en fin de file d’attente sur le marché
de l‘emploi : l’objectif d’augmentation du nombre
de jeunes qui acquièrent une qualification est
donc inséparable de celui de leur reconnaissance
effective sur le marché du travail.
1. Révolutionner la pédagogie pour permettre la réussite de tous
Un étudiant sur deux échoue en première année
et 150 000 jeunes sortent du système éducatif
sans qualification : la sélection par l’échec joue à
plein en premier cycle, où seuls ceux qui ont un
bagage culturel suffisant réussissent à l’université.
Si la mise en place du plan licence a été un
premier pas pour reconnaître la responsabilité du
système universitaire dans l’échec des étudiants,
l’absence d’amélioration de l’encadrement et de
pilotage par l’Etat ne permettent pas d’en faire
un outil efficace pour lutter durablement contre
l’échec. Pour amener plus de jeunes vers une
qualification, il est indispensable de faire porter les
efforts sur les premiers cycles universitaires afin
de faire de la lutte contre la sélection par l’échec
une priorité.
- priorité aux premiers cycles !
Les premiers cycles universitaires sont une
véritable « boucherie » pédagogique et sociale :
leur organisation doit être totalement repensée.
Non sélective et pluridisciplinaire dans les
premières années, la licence doit permettre à la
fois une sortie qualifiante vers le marché du travail
et garantir la poursuite d’études en master. Pour
atteindre cet objectif, il convient d’agir sur trois
leviers :
Augmenter le taux d’encadrement des
étudiants pour faire passer le volume horaire à
25 heures d’enseignement minimum par semaine
dans toutes les filières. Nous demandons un
plan pluriannuel de recrutement d’enseignants-
chercheurs et de personnels administratifs et
techniques.
construire des cursus pluridisciplinaires
progressifs au niveau des grands domaines
de formations, avec des contenus disciplinaires,
méthodologiques et de préparation à la vie
professionnelle pour mettre fin aux filières
tubulaires et favoriser les réorientations.
individualiser la pédagogie. Alors que
les publics qui accèdent à l’université se sont
diversifiés, les méthodes de transmission des
savoirs n’ont pas évolué : cours en amphi à 600,
absence de lien entre enseignants et étudiants…
L’étudiant doit être replacé au cœur du système
universitaire. L’individualisation de la pédagogie
et le suivi de chaque étudiant doivent devenir la
règle. En première année, les cours en amphi
doivent disparaître au profit des cours en petits
groupes. La formation et l’évaluation des carrières
des universitaires doivent prendre en compte la
question de la pédagogie.
- Améliorer l’orientation
A tous les niveaux d’étude, l’orientation ne doit
pas être contrainte, ni être le privilège des milieux
informés. Il faut permettre à chaque étudiant une
orientation progressive et réversible. Pour cela un
véritable service public d’orientation doit être mis
en place avec des moyens humains (recrutement
de COPSY) et financiers conséquents. Pour
faciliter les réorientations, une carte nationale des
passerelles et des équivalences doit être définie.
- Faire des examens un élément de
progression et non de sélection
Les examens sont trop souvent utilisés comme
un instrument de sélection des étudiants alors
qu’ils devraient être un élément à part entière
de la pédagogie. Les contenus des examens
doivent valoriser la réflexion sur la répétition
et le bachotage. Nous refusons les examens
couperets : l’évaluation doit prendre en compte la
progression des étudiants et non les sanctionner,
le contrôle continu primer sur le contrôle terminal,
le contrôle terminal et les sessions de rattrapages
doivent constituer une véritable 2nde chance. Les
corrigés des examens doivent être systématisés.
2. Protéger les jeunes sur le marché du travail
Alors que jusqu’au début des années 80,
les études débouchaient directement sur une
insertion professionnelle durable, aujourd’hui
l’accès des jeunes diplômés à l’emploi est un
véritable parcours du combattant. A la sortie des
études, ils accumulent souvent les stages, les
périodes de chômage, les emplois précaires avant
d’accéder à un emploi stable (en moyenne à 27
ans). La pression exercée par le chômage accroît
ce processus de déqualification et de concurrence
EDF textes total.indb 15 11/03/09 13:24:58
16 Etudiants de France n°288 • Hors- Série • Mars- Avril 2009
sur le marché de l’emploi. Faisant écho au nombre
important d’étudiants-salariés, la présence d’une
telle main d’œuvre malléable et bon marché
déstabilise le marché du travail et nivelle vers le
bas les salaires et les conditions de travail de tous
les salariés.
Face à cette situation, le patronat et ses relais
politiques mettent en accusation l’université,
coupable de délivrer des diplômes inadaptés
et dévalorisés. A l’inverse, le diplôme reste la
meilleure arme contre le chômage et la garantie
d’une meilleure insertion professionnelle.
La vraie dévalorisation des diplômes réside
dans leur absence de reconnaissance par
les entreprises qui profitent du chômage pour
utiliser les qualifications des jeunes diplômés
sans les rémunérer à leur juste valeur. Ce n’est
pas l’université qui est responsable du chômage
mais la situation économique et la dérégulation
du marché du travail. Pour protéger les jeunes
sur le marché du travail, il convient d’améliorer
globalement la situation de l’emploi et de renforcer
la préparation à une insertion professionnelle
durable à l’université.
- Favoriser l’emploi des jeunes
C’est en sécurisant le marché du travail pour
tous les salariés que les jeunes seront mieux
protégés. Pour nous, il n’y a pas un problème
d’emploi des jeunes mais un problème global de
l’emploi qui se répercute particulièrement sur les
jeunes, car ils sont plus fragiles socialement et
font office de première variable d’ajustement.
Parce que les jeunes sont des travailleurs
comme les autres, nous refusons toute réponse
spécifique prétendument destinée à réduire le
chômage des jeunes (du type CPE) et aboutissant
surtout à réduire leurs droits, et à les stigmatiser.
Cette démarche doit être un point d’appui pour
des actions communes avec les syndicats
professionnels pour la défense de l’emploi.
Alors que l’Etat organise le plus grand plan
social en supprimant plus de 30 000 emplois
dans la fonction publique, nous demandons une
programmation de l’emploi public (éducation,
santé..) afin de faire face aux besoins d’un service
public de qualité et sortir les étudiants se destinant
à ces métiers de l’incertitude. En l’absence de
minima sociaux avant 25 ans ou d’indemnisation
chômage, pour ne pas être contraint de prendre le
premier emploi venu pour pouvoir survivre une fois
diplômé, la période de recherche du 1er emploi
doit être protégée par une extension de la
protection sanitaire et sociale et la création d’une
aide à la recherche du 1er emploi. Le recul de l’âge
moyen d’entrée dans un emploi stable conduit les
jeunes à cotiser plus tard que par le passé : il est
indispensable de permettre à chaque étudiant
de valider les années d’études dans le calcul
des annuités ouvrant droit à la retraite pour
garantir son droit à la retraite.
- pour une reconnaissance des
qualifications
En l’absence de cadrage national des diplômes
et d’inscription dans les conventions collectives,
les qualifications délivrées par l’université sont
largement utilisées par les entreprises sans être
reconnues, en termes de statut et de rémunération.
Il est nécessaire de renforcer le diplôme afin d’en
faire un outil de protection collective sur le marché
du travail. Aux côtés des syndicats professionnels,
nous réclamons une reconnaissance des
qualifications dans les conventions collectives et
dans la grille indiciaire de la fonction publique. Des
négociations de branches portant sur les salaires
et la reconnaissance des qualifications doivent
aboutir, au besoin par l’intervention de l’Etat et par
un conditionnement de la fiscalité d’entreprise.
A chaque poste doit être associé un niveau de
qualification et un niveau de rémunération.
- construire l’université de tous les métiers
L’université ne prépare plus aujourd’hui aux seuls
métiers de la recherche, du droit ou de la médecine.
Elle doit préparer à tous les métiers, notamment
à ceux nécessitant un niveau de qualification
élevé. L’université doit progressivement intégrer
toutes les formations supérieures (formations
paramédicales, enseignement agricole, écoles
d’archi…). Des équivalences entre les formations
doivent être multipliées et la pluridisciplinarité
développée pour assurer une orientation
professionnelle progressive et un champ
d’insertion le plus large possible.
L’université doit préparer l’ensemble des
étudiants à la vie professionnelle, faute de quoi
l’insertion professionnelle de qualité restera
réservée à une minorité sociale au sein des
filières sélectives. Nous refusons la logique
adéquationniste et revendiquons une insertion
professionnelle durable : il s’agit de répondre
aux besoins de qualification et de reconversion
future du salarié, pas aux besoins de court terme
des entreprises. L’ensemble des cursus doit être
professionnalisé et chaque niveau de diplôme doit
être qualifiant. Cela passe par l’intégration dans
tous les cursus de modules de construction du
projet professionnel, de préparation à la rédaction
de CV et aux entretiens d’embauche, de cours
de droit du travail, de langues et d’informatique,
de stages règlementés (rémunération à hauteur
de 50% du SMIC dès le 1er mois, encadrement
pédagogique…).
pour une formation professionnelle des
enseignants accessible à tous. Si nous
sommes favorables à une reconnaissance
qualifiante des 2 ans de formation en IUFM, nous
dénonçons la réforme en cours de la formation des
enseignants initiée par le gouvernement. Guidée
par une logique d’économies budgétaires rendues
possibles par la suppression de la rémunération
liée au statut de fonctionnaire stagiaire, cette
réforme liquide la formation professionnelle des
futurs enseignants et remet en cause l’accès de
tous les étudiants à ces métiers. Nous exigeons
la mise en place d’une autre réforme à la rentrée
2011, après une année de débat et de négociation
avec l’ensemble de la communauté éducative, afin
de faire évoluer la place du concours, le contenu
de la formation professionnelle dont les IUFM
doivent être l’opérateur, de permettre un véritable
cadrage des masters préparant aux concours de
l’enseignement, et de renforcer l’accompagnement
social des étudiants se destinant à ces métiers.
reMettre l’égalité au cœur Du service public D’enseigneMent supérieur pour Franchir une nouvelle étape De la DéMocratisation
Le service public d’enseignement supérieur est
un outil puissant : en 30 ans, il a multiplié par dix
ses effectifs permettant une réelle massification de
l’accès aux études. Cette massification a ouvert les
portes de l’enseignement supérieur à une partie
de la jeunesse qui en était jusqu’alors exclue : elle
constitue un indéniable progrès social. Pourtant,
la démocratisation de la réussite reste encore un
défi pour la société. L’université n’est plus celle
de la réussite et de l’ascension sociale : 40% des
inscrits en 1er cycle sont en situation d’échec, les
enfants d’ouvrier sont sous-représentés parmi
les bacheliers et quasiment absents des effectifs
d’étudiants en master. L’université, qui accueillait
moins de 5 % d’une classe d’âge dans les années
1960, accueille aujourd’hui près de la moitié d’une
génération : son organisation n’a pourtant pas
suffisamment suivi l’évolution de son public.
Loin de répondre aux insuffisances du service
public, la loi sur l’autonomie votée en 2007 les a
renforcées. Fragilisé par des années de pénuries
budgétaires, le service public d’enseignement
supérieur est aujourd’hui mis à mal par un
désengagement de l’Etat, qui se défausse de
ses responsabilités politiques sur les universités
autonomes pour se limiter à assurer un service
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17Etudiants de France n°288 • Hors- Série • Mars- Avril 2009
minimum. Dans leur course en avant vers la
concurrence, les établissements mènent des
politiques malthusiennes, réservant l’essentiel
de leurs moyens à quelques formations élitistes
et délaissant les formations de 1er cycles, en
particulier dans les secteurs jugés les moins
porteurs (lettres et sciences humaines) où le sous
encadrement est chronique. Cette « nouvelle
donne » universitaire va non seulement aboutir à
un renforcement des inégalités entre universités
d’excellence et universités de proximité, mais
également à l’apparition de véritables déserts
universitaires sur le territoire, encouragée par le
processus actuel de fusions d’universités.
Ces évolutions affaiblissent le service public
d’enseignement supérieur et constituent autant
de frein à la démocratisation. Nous estimons
indispensable d’inverser la tendance et de
mettre en perspective de nouvelles évolutions
de l’enseignement supérieur qui recréent les
conditions de l’égalité au sein du service
public et renforcent le rôle de pilotage et de
régulation de l’etat. Face au risque d’apparition
de déserts universitaires, nous opposons la mise
en place d’un politique nationale d’‘aménagement
du territoire. Face aux divisions entre universités
et filières sélectives, nous opposons l’unification
de l’enseignement supérieur. Face au financement
des universités à la performance, nous nous
battons pour un financement public, égalitaire, et
en fonction des besoins.
Enfin, de nouvelles réformes doivent
voir le jour afin d’achever la massification
et de franchir une nouvelle étape de la
démocratisation. A l’inverse de la loi LRU,
ce combat s’inscrit dans le cadre d’un service
public de l’enseignement supérieur renforcé :
indépendant des intérêts particuliers, le service
public est le seul outil capable de préserver
l’éducation des logiques marchandes et de mener
une politique universitaire au service de l’intérêt
général.
L’allongement de la durée de la vie, le progrès
scientifique et technique, l’évolution des savoirs et
des connaissances pose à la société française un
double défi : organiser la formation supérieure de
toute une génération et faire bénéficier l’ensemble
de la société des savoirs réservés jusqu’ici à
quelques-uns. C’est un choix de société majeur,
pas moins révolutionnaire que la mise en place
de l’instruction primaire obligatoire à la fin du XIXe
siècle. Une politique volontariste d’élévation du
niveau de qualification est aujourd’hui nécessaire,
à l’image des politiques menées pour permettre à
80% d’une classe d’âge d’obtenir le bac. L’objectif
de 50% d’une génération diplômée de licence
doit être une priorité. Nous devons porter dans
le débat universitaire l’exigence d’une nouvelle
loi d’orientation et de programmation pour
l’enseignement supérieur, articulant les
objectifs politiques à une augmentation effective
des moyens, notamment humains, pour les
accompagner.
6 priorités pour renforcer le service public d’enseignement supérieur
1) Pour l’égalité des droits, un cadrage national des diplômes !
Les diplômes différent aujourd’hui d’une
université à l’autre, et participent à la mise en
concurrence des universités. L’éclatement et
l’illisibilité de l’offre de formation suite à la réforme
LMD constituent un frein à la mobilité, instaurent
une sélection insidieuse, empêchent toute réelle
reconnaissance des diplômes et accentuent
les inégalités entre étudiants. Si l’UNEF a fait
avancer ce constat, nous devrons accélérer la
mise en place d’un nouveau cadrage national des
diplômes, garantissant des intitulés communs
et harmonisant par le haut les droits étudiants.
Nous demandons la mise en pace d’un référentiel
pédagogique national encadrant le volume
horaire, le taux d’encadrement et le contenu des
formations.
2) C’est à l’Etat de financer l’enseignement supérieur !
Alors que le gouvernement utilise le financement
de l’enseignement supérieur pour renforcer la
concurrence entre établissements et que le
sous-financement pousse les universités à «
diversifier » leurs ressources en s’engageant
dans une course inégale aux financements privés
ou dans des augmentations illégales des droits
d’inscription, nous affirmons que de nouvelles
modalités de financement sont nécessaires pour
recréer les outils de l’égalité au sein du service
public d’enseignement supérieur.
Le financement de l’enseignement supérieur
doit relever de l’Etat, seul à même de porter une
vision de long terme et de garantir les missions
du service public : péréquation, accueil de tous,
démocratisation, maintien des disciplines jugées «
non-rentables », aménagement du territoire. Malgré
un changement de ton du gouvernement au sujet
du sous-financement de l’enseignement supérieur,
nous dénonçons une stagnation des crédits
budgétaires affectés aux universités qui ne permet
ni de rattraper les retards accumulés, ni d’engager
une politique ambitieuse de démocratisation.
Nous réclamons un réengagement financier de
l’Etat, garanti par une loi de programmation, avec
pour objectif d’augmenter les crédits récurrents de
fonctionnement des établissements et de réduire
les inégalités entre universités et grandes écoles.
L’enseignement supérieur doit être accessible à
tous et tendre vers la gratuité.
Afin de revenir sur l’instauration d’un financement
des universités à la performance entrainant un
durcissement des inégalités, nous revendiquons
une répartition des moyens en fonction des
besoins, sur la base de critères nationaux et
objectifs, qui permettent de mieux prendre en
compte les contraintes de chaque université (taux
de boursiers, d’étudiants salariés, besoins des
sciences humaines). La part des financements
sur contrat doit être strictement minoritaire et
la politique contractuelle faire l’objet d’un débat
national et transparent sur ses objectifs.
Si le secteur privé, qui bénéficie des retombées
des qualifications, doit contribuer au financement
de l’enseignement supérieur, ceux-ci doivent
être strictement minoritaires et l’Etat doit
mutualiser l’ensemble des financements privés, à
commencer par la taxe d’apprentissage, pour les
répartir afin d’éviter tout risque de dépendance
aux besoins à court terme du marché. Nous
dénonçons l’instauration par la LRU de
fondations universitaires destinées à collecter des
financements privés. Nous nous opposons à toute
libéralisation des frais d’inscription, notamment
sous la forme de frais progressifs basés sur le
revenu des parents, tels qu’à Sciences-Po, qui
poussent les établissements à ne recruter que des
étudiants issus de milieux aisés pour assurer leur
financement. La redistribution ne peut s’effectuer
au sein de chaque établissement, mais exige une
fiscalité plus juste.
3) Pour un aménagement du territoire au service de la démocratisation
Le renforcement de l’autonomie des universités,
couplé aux fusions anarchiques d’universités
encouragées par le biais des PRES ou de la
mise en œuvre de l’opération campus, entrainent
de profondes recompositions de la carte
universitaire. La volonté politique de faire émerger
quelques grands pôles compétitifs sur la scène
internationale menace l’avenir des universités de
villes moyennes et de certains centres délocalisés.
Les risques de création de déserts universitaires
ou de découplage entre universités d’excellence
adossées à la recherche et universités de proximité
limitées à la Licence sont réels. Ils auraient pour
conséquence de limiter le choix ou de détourner
des études des milliers de jeunes, et conduiraient
à un recul de la démocratisation.
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18 Etudiants de France n°288 • Hors- Série • Mars- Avril 2009
Aux logiques de concurrence à l’œuvre,
nous opposons la nécessité de construire
des coopérations entre établissements et
des mutualisations facteurs de progrès. Nous
demandons une réglementation de la mise en
place des PRES pour en faire des structures de
coopération portées par tous les établissements
d’une même région, destinée à la mutualisation
de certaines activités (recherche, service
interuniversitaires) et garantissant une gestion
démocratique et une réelle représentation
étudiante. Si nous ne sommes pas défavorables
au principe de regroupement de certaines
universités, notamment dans les grandes villes,
nous demandons l’arrêt des fusions en cours et
l’ouverture d’un débat national sur l’aménagement
du territoire en matière universitaire, afin de garantir
l’égalité d’accès à des formations de qualité. Ce
débat doit s’accompagner de l’élaboration d’une
carte nationale des formations.
4) Unifier l’enseignement supérieur
En maintenant la partition historique entre
grandes écoles et universités, l’Etat organise
une concurrence inégale au sein du service
public, en concentrant les moyens sur les filières
sélectives et en délaissant les universités. Les
filières sélectives, les prépas et les grandes
écoles publiques ou privées, sont des voies de
contournement royales pour les élites richement
dotées – par l’argent ou le capital culturel de
leurs parents – qui souhaitent éviter les amphis
bondés de la fac et se reproduisent au sein de ces
filières à l’écart de l’université et de la recherche.
La sélection à l’entrée des écoles et des classes
prépas entretient la reproduction sociale. Si les
dispositifs de discrimination positive à l’entrée
permettent à certains de se donner bonne
conscience, ils ne règlent pas le problème de
fond.
Il est temps de mettre un terme à cette division en
supprimant les grandes écoles et en avançant vers
l’unification de l’enseignement supérieur autour de
l’université. L’excellence doit revenir à l’université :
les classes préparatoires doivent y être intégrées.
Nous refusons tout financement public et
reconnaissance par l’Etat d’établissements ou de
formations privés, qui encouragent la concurrence
déloyale entre établissements.
5) Construire une Europe de l’éducation facteur de progrès
Pour notre génération, l’Europe est une
évidence. Pourtant, le contenu actuel de la
construction européenne ne correspond pas à
nos aspirations. A l’opposé d’une Europe du tout
marché, de la concurrence et des technocrates,
nous voulons participer à l’émergence d’une
Europe démocratique, facteur de solidarité et de
progrès social.
A quelques semaines d’échéances
électorales européennes, nous souhaitons
porter les aspirations de notre génération en
faveur d’une réorientation de la construction
européenne et d’une europe de l’education
réellement facteur de progrès. Sous couvert
de mise en œuvre de la stratégie de Lisbonne ou
d’application du processus de Bologne, il existe
incontestablement en Europe une pression à la
libéralisation des systèmes éducatifs. Alors que va
s’ouvrir le débat sur les perspectives européennes
en matière d’enseignement supérieur après 2010,
nous devons peser sur ces discussions et imposer
la construction d’un service public d’enseignement
supérieur à l’opposé des logiques de concurrence.
L’Europe doit se fixer des ambitions politiques
communes élaborées démocratiquement: nous
demandons l’élaboration d’un traité européen sur
l’enseignement supérieur, assorti d’un budget
spécifique, et garantissant une harmonisation
par le haut des droits étudiants (libre accès à
l’université, limitation des droits d’inscription,
définition d’un statut social de l’étudiant au niveau
européen, d’un cadre européen des formations,
permettant une reconnaissance effective des
diplômes et des qualifications en Europe). La
mobilité étudiante, aujourd’hui réservée à une
minorité (seulement 1% des étudiants en France),
doit devenir un droit. L’évolution du contenus des
formations et l’augmentation en nombre et en
montant des aides nationales à la mobilité doivent
rendre effectif le droit à un semestre à l’étranger
dans les cursus. Une augmentation du budget
éducatif de l’UE est nécessaire pour permettre
la mise en place d’un fond européen à la mobilité
destiné à compenser les différences de coût de
la vie pour les étudiants en mobilité), ainsi qu’un
fonds de cohésion universitaire (sur le modèle des
fonds structurels) afin de lutter contre le « dumping
universitaire ». Nous ne pourrons porter seuls ce
projet. Afin que l’ESU devienne le véritable porte
voie syndical des étudiants, nous entendons
y poursuivre notre investissement et travailler
avec les organisations partenaires de l’UNEF au
renforcement du pôle syndical au sein de cette
organisation.
6) Défendre la recherche publique et les jeunes chercheurs
La recherche publique a été modifiée en
profondeur par l’application de la loi recherche
en 2006 qui a entrainée un accroissement de
la concurrence entre les équipes et les labos,
notamment pour la course aux financements,
et la remise en cause de pans entiers de la
recherche jugée « non-rentable ». En concentrant
les moyens sur quelques thèmes « stratégiques »
ou quelques « pôles », le gouvernement remet en
cause l’adossement de l’ensemble des formations
à la recherche qui permet la prise en compte
des savoirs récents dans les enseignements
dispensés et qui détermine la qualité de
l’enseignement. L’Etat doit au contraire garantir
l’équilibre qui est pourtant en train de se rompre
entre recherche fondamentale et recherche
appliquée. Il est indispensable d’accroitre le
financement public de la recherche pour atteindre
3% du PIB et garantir son indépendance et la
mise en place de projets sur le long terme, par
le biais d’une hausse des crédits récurrents des
labos et d’une limitation des financements sur
projets via l’ANR. Les organismes de recherche
doivent être préservés, tout en améliorant les
coopérations avec la recherche universitaire,
et le renforcement de la pluridisciplinarité du
CNRS, à l’opposé de la logique d’instituts
proposée par le gouvernement. Nous réclamons
un véritable statut du doctorant (financement
sur la durée de la thèse, encadrement, moyens
matériels de l’intégration dans les labos, propriété
intellectuelle). L’augmentation quantitative du
nombre de financements est une priorité: 40%
des docteurs abandonnent leur thèse en cours
faute de moyens. Parce que la véritable fuite des
cerveaux est moins celle de docteurs partant
exercer à l’étranger que celle des étudiants qui se
détournent à priori des métiers de la recherche
du fait de carrières peu attractives dans le privé
et d’une politique de sous-recrutement dans la
recherche publique, nous réclamons notamment
un plan pluriannuel de recrutements d’emplois
scientifiques statutaires et la reconnaissance du
doctorats dans les conventions collectives.
l’uneF, synDicat De tous les étuDiants, Moteur Des coMbats De notre génération
Dans la période, alors que le gouvernement
s’attaque à l’ensemble des protections collectives,
le rôle de l’UNEF est fondamental. Il nous
appartient ainsi de le renforcer et de démontrer
l’utilité de l’engagement collectif. Afin d’être
les acteurs centraux de la protection et de la
transformation de l’enseignement supérieur, nous
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19Etudiants de France n°288 • Hors- Série • Mars- Avril 2009
devons rassembler autour de notre conception du
syndicalisme de transformation sociale.
a – l’UneF organisation de transformation sociale
L’UNEF s’inscrit dans la tradition du mouvement
ouvrier. Rassemblant les étudiants pour assurer
leur défense matérielle et morale, indépendamment
des opinions philosophiques et religieuses de
chacun : le seul propriétaire de l’UNEF, c’est ses
adhérents. Nous défendons un syndicalisme
revendicatif, qui combine la rue et les urnes. Nous
refusons la fausse division entre syndicalisme de
lutte et syndicalisme d’accompagnement. Dans la
période, seul un syndicalisme de transformation
sociale, alliant rapport de force construit et
recherche permanente de débouchés, évitera
deux déconvenues : celle des luttes qui n’ont
pas su trouver de traduction concrète pour les
étudiants et celle de l’existence d’une bureaucratie
qui se juge à elle seule légitime pour négocier
dans l’intérêt des étudiants en dehors de tout
rassemblement majoritaire. Parce qu’un pas vaut
mieux que milles programmes, aucune victoire
n’est ni partielle, ni totale : elle nous donne un
point d’appui pour aller plus loin, à condition de
construire avec les étudiants un rapport de force
permanent. Dans le contexte, nous devons être en
état de mobilisation permanente (syndicalisation,
pétitions, élections, assemblées générales,
grève…) afin de structurer notre milieu, de
l’organiser et de le préparer à l’affrontement avec
le gouvernement en lui donnant le cas échéant les
moyens de se mobiliser.
b – renforcer l’outil syndical pour résister et conquérir de nouveaux droits
La construction d’un syndicat de masse, outil
au service des étudiants doit nous permettre
de renforcer le rapport de force, d’accroître nos
champs d’intervention et de légitimer notre action.
1. Construire l’unité du mouvement étudiant
Plus que jamais, dans une période de régression
sociale et d’attaques contre le service public
d’enseignement supérieur, l’UNEF a vocation à
s’ouvrir et à organiser en son sein toute la jeunesse
pour porter sa voix et faire avancer ses droits.
Conscients de nos responsabilités pour créer les
conditions du rassemblement, nous souhaitons
faire de ce chantier une priorité. Pour nous, il doit
reposer sur 3 principes : le respect du pluralisme
reposant sur le droit de tendance, la construction
de cette démarche au sein de la « maison
commune » qu’est l’UNEF, et le syndicalisme de
transformation sociale. Les premiers pas franchis
depuis l’appel au rassemblement du mouvement
étudiant doivent nous permettre de passer à
une nouvelle étape dans les mois à venir. Nous
prendrons toutes les initiatives pour faire avancer
ce processus : construction de campagnes locales
communes, élaboration de listes communes lors
des échéances électorales locales…
Au vu du contexte politique et social, chacun
doit prendre ses responsabilités. Le renforcement
du mouvement étudiant est plus que jamais
incompatible avec ses divisions. Ceux qui prônent
la division au nom d’un soi-disant pluralisme font
le jeu des réactionnaires qui savent profiter à la
moindre occasion des divisions du camp adverse.
L’unité du mouvement étudiant est fondamentale
pour construire des mobilisations larges et pour
maintenir un rapport de force durable.
2. Des sections syndicales au service des étudiants
Afin de renforcer le rapport de force à tous les
niveaux, l’UNEF doit ainsi se doter de sections
syndicales fortes, permettant d’assurer, au
quotidien, la défense individuelle et collective de
tous étudiants. Nous devons également formuler,
dans les filières, des revendications pour répondre
aux problématiques de tous les étudiants. Parce
que syndiquer le plus grand nombre d’étudiants
est aussi un élément déterminant pour augmenter
le rapport de force et assurer notre indépendance
financière, la syndicalisation permanente doit être
au cœur de notre activité.
3. Les élections étudiantes au service du rapport de force
Dans un an se dérouleront les élections
universitaires et au CROUS organisées
dorénavant sur une même période. Cette
période électorale doit être un enjeu majeur pour
l’organisation : chaque étudiant convaincu est
un outil supplémentaire au service du rapport de
force. Au service de notre projet syndical, nos
élus participent concrètement à faire avancer
nos propositions. Notre réseau d’élus doit être
structuré pour mutualiser les expériences et les
victoires locales.
c. l’UneF organisation de jeunesse
L’UNEF, en tant qu’organisation de jeunesse,
n’a pas vocation à intervenir seulement sur les
questions universitaires. Elle doit se saisir de tous
les sujets permettant d’aboutir à la transformation
de la société.
1. Face à la crise renforcer et développer les solidarités
Le mouvement ouvrier s’appuie sur trois
piliers : le syndicat pour défendre ses droits, la
mutuelle pour assurer la protection collective et la
coopérative pour organiser la solidarité matérielle
au quotidien. L’UNEF s’est construite sur cet
héritage pour améliorer les conditions matérielles,
sanitaires et morales des étudiants. Face à la crise
et aux politiques libérales qui cassent tous les
systèmes de protection collective, nous devons
renforcer et développer les solidarités en direction
des étudiants et de l’ensemble de la jeunesse.
- renforcer la Mutuelle des etudiants comme
outil de transformation sociale
La gestion du système étudiant de sécurité
sociale doit nous permettre d’agir au quotidien
sur l’accès aux soins, la prévention des risques
spécifiques à la jeunesse pour améliorer les
conditions de vie et d’études des étudiants. Le lien
permanent entre les élus de la LMDE, élus sur
des listes soutenues par l’UNEF, et les militants
du syndicat, doit permettre de conserver une
mutuelle militante, à l’offensive pour défendre le
régime de sécurité sociale étudiant.
- renforcer la solidarité en développant les
services pour les étudiants
Là où le service public est défaillant, l’UNEF
doit permettre à chaque étudiant d’avoir accès
aux services nécessaires au bon déroulement
de ses études. Les coopératives sont un outil
essentiel pour organiser la solidarité. Elles sont
aussi un outil décisif pour structurer davantage
notre milieu et développer notre organisation. Le
développement de partenariats culturels et de
services pédagogiques sont autant de pistes à
explorer pour améliorer le quotidien des étudiants.
Mais au-delà, sur le modèle des caisses de
secours créées par les ouvriers, nous devons
réfléchir au développement de nouveaux outils
pour protéger les étudiants et développer la
solidarité.
2. Engagés contre les discriminations
Ce qui motive notre combat, c’est la bataille
pour l’égalité des droits et contre toutes les
discriminations, qu’elles soient sociales,
culturelles, de genre ou fondées sur l’orientation
sexuelle. L’UNEF doit s’engager et être de toutes
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20 Etudiants de France n°288 • Hors- Série • Mars- Avril 2009
Premiers signatairesPREVOST Jean Baptiste, Paris 1, PrésidentLE CRAS Thierry, Paris 13, Vice-Président, élu au CNESERMELIN Anna, Paris 13, Secrétaire Générale, élue au CNESERMAURICE Sébastien, Paris 10, TrésorierALLEK Sifax, Nancy, Président d’AGEANFOSSI Vincent, Toulon, Président d’AGEAOUDIA Sahra, Nimes, Présidente d’AGEAOUDJEHANE Kamel, Paris 8, Bureau NationalARADJ Serge, Paris 6, Vice président d’AGEAUBRY Manon, IEP, Présidente d’AGEAUMJAUD Gilles, Grenoble, Tresorier d’AGEAUVRAY Emmanuel, Le Mans, Président d’AGEBALLAIRE Laure, IEP, Secrétaire Générale d’AGEBALLON Maeva, Paris 10, Secrétaire Générale d’AGEBEAUJOLIN Lucas, Paris 6, Secrétaire Général d’AGEBECHU, Mathieu, Paris 12, Secrétaire Général d’AGEBEGAT Christophe, Aix- Marseille, Secrétaire Général AdjointBENOIST Tristan, Paris 6 , Bureau National de la LMDEBENOIT Simon, La Rochelle, Secrétaire Général d’AGEBENTAOUNE Anissa, Paris 10, Présidente d’AGEBENY Deborah, Lille, Responsable de CAS de Lille 3BERTEMONT François, Caen, Président d’AGEBIARD Tina, Montpellier, Présidente d’AGEBOIX Romain, Toulouse, Trésorier d’AGEBORDENAVE Vincent, Paris 1, Secrétaire général d’AGE, VPE CEVUBOUDIN Clément, Paris 4, Secrétaire Général de la LMDEBOUDRA Mounir, Avignon, Président d’AGEBOURGUIGNON Thomas, Evry, Sécrétaire Général d’AGEBRETON Thalia, Paris 2, Trésorière adjointe de la LMDEBRYGO Philippine, Paris 4, Présidente d’AGEBURGAT Yannis, Lyon, Secrétaire Général d’AGECALVIGNAC Damien, Nancy, Trésorier d’AGECAN Thomas, Rouen, Secrétaire générale de l’AGE CARDIN Jean-Edouard, Littoral, Président d’AGECARVALHO Sandra, Bordeaux, Trésorière d’AGECHAILLOU, Sébastien, Paris 1, Président d’AGE, VPE CACHAUMETTE Boris, Commission de contrôle, élu au CNESERCHAUVIN Catherine, Artois, Présidente AGECLUZEL Augustin, Paris 2, Président d’AGECORNUET Nicolas, Paris 11, Président d’AGECOTORA Maria, IEP, Bureau NationalCREAC’H Malorie, Brest, Secrétaire Générale d’AGEDE HAAS Magali, Strasbourg, Secrétaire Général d’AGE, VPE CROUS, DELAIR Laure, Paris 12, Présidente d’AGE, VPE CROUS CréteilDENIAUD Justine, NantesDIDISSE Jonasse, Rouen, BN, président d’AGEDJEBARA Azwaw, Paris 1, Bureau National, élu au CNESERDOBBELS David, Paris 1, Bureau National, élu au CNESERDOLIVET Léa, Tours, Secrétaire GénéraleDUBIN Olivier, VSQ, Trésorier d’AGEERICH Amandine, Rennes , Secrétaire Générale d’AGEFAURE Albain, Aix Marseille, Secrétaire Général d’AGEFAVARO Vanessa, Paris 10, Bureau NationalFILOCHE Germain, Paris 1, Commission de ContrôleFLEURET Alexandre, IEP, Vice Président d’AGEFONTENAS Alban, Grenoble, Bureau NationalGARNIER Juliette, Lyon, Présidented’AGEGOBERT Thomas, Valenciennes, Président d’AGEGOUET BREVAULT Mélodie, Rennes , Présidente d’AGEGOUGAIN Nicolas, Rennes 2, Bureau National de la LMDEGRIFFOND Juliette, Paris 12, Bureau NationalLEBOUC VAUTIER Paul, Le Havre, Secrétaire Général d’AGEHALLIER Vivien, Paris 13, Président d’AGEHARO Mathieu, Strasbourg, Trésorier d’AGEHURTADO Line, Lyon, Vice Présidente d’AGEIWASAKI Ken, Paris 4 Secrétaire général d’AGEJANODET Annabelle, Paris 2, Bureau National, élue au CNESERJAOUANNET Maelle, Nice, Présidente d’AGEJEUDY Mila, Paris 1,Commision de contrôleJOHO Julie, Strasbourg, Présidente d’AGEJOUKILI Ayat, Grenoble, Secrétaire Générale d’AGEJOURDAIN Lucas, Paris 1, Président de la
Commission de Contrôle, élu au CNOUSJUMEL Amandine, Le Havre, déléguée au BNKERGUTUIL Gaëlle, Versailles Saint Quentin, BN de la LMDELABBE Ludivine, Toulouse, Présidente d’AGELE DISERT Marine, Paris 2, Secrétaire générale d’AGELE ROY-MIGNOT Thibault, Caen, Secrétaire Général d’AGELEMOIGNE Elodie, Paris 13, Bureau NationalLEPERLIER Gilles, La Réunion, Président d’AGE, élu au CNOUSLESUEUR Mathieu, Antilles-Guyane, Président d’AGELIEWIG Elodie, Toulouse, Secrétaire Générale d’AGE, VPE Toulouse ILOMBARD Sébastien, Cergy, Président d’AGEMAGAGNINI Lucie, Besancon, Présidente d’AGE, VPE CROUSMANDELBAUM Julie, Paris 2, Bureau NationalMARDOC Laure, IEP, Secrétaire générale d’AGEMARGAUD Antoine, Secrétaire Général d’AGEMAROIS Simon, La Rochelle, Président d’AGEMARTINET William, VSQ, Secrétaire Général D’AGEMASEGOSA Jerome, Pau, Président d’AGEMASSIBOT Hadrien, Lyon, Trésorier d’AGEMERIGOT Nicolas, Evry, Président d’AGEMERLO Salomé, Paris 4, Bureau NationalMICELLI Julien, Reims, Président d’AGEMICLOT Camille, Paris 1, Bureau National, élu au CNOUSMOHDEB Said, Paris 8, VPE CEVUMORAND Anthony ,Le Havre président d’AGE MOREAU Léo, Cergy, Secrétaire Général d’AGEMUNCH Jean-Arnaud, Paris 13, Bureau NationalNEUHEUSER Jean-Christophe, Mulhouse, Président d’AGEODERDA Marion, Paris 12, Bureau Naional, élu au CNOUSPAILLER Noémie, Brest, Présidente d’AGEPASQUIER Hélène, Lyon, Bureau NationalPELAY Malvina, Paris 8, Président e d’AGEPERREAU Camille, Bordeaux, Présidente d’AGEPERRIGUEY Ambre, Rennes, Secrétaire Générale d’AGEPESCHANSKI Adrien, Paris 1, Trésorier,PIEDERRIERE Annaïg, Cergy, Bureau National, élue au CNESERPIERRE Marie-Charlotte, Grenoble, Présidente d’AGE, VPE CROUSPOLENNE Cecilia, Montpellier, Secrétaire Général d’AGEPOSSON Johan, Tours, Président d’AGEPROSPER Juan, La Réunion, Secrétaire Général d’AGE, VPE PROTAIN Michael, Nancy, Secrétaire Général d’AGERAHMANI Siham, Perpignan, Présidente d’AGE, RINGOT Victor, Président d’AGE, LilleRODRIGUES Audrey, Paris 13, Secrétaire GénéraleRODRIGUEZ DE ALMEIDA Frédéric, Paris 12, Trésorier d’AGERODRIGUEZ Quentin, Paris 7, Secrétaire général d’AGEROME Sylvestre, Paris 6, Président d’AGERUELLE Yves, Marne la Vallée, Bureau NationalSABAU Yannick, Cergy, Bureau nationalSAILLARD Mélodie , Metz, Président d’AGESARIFI Rabi, Lille, Responsable de CAS de Lille 1SAVINEL Alexia, Secrétaire Générale d’AGE, LilleSENN Lucile, Lorient Vannes, Présidente d’AGESHAHRYARI Sayna, Paris 7, Présidente d’AGESILISTRINI Michael, Nancy, VPE Nancy IISOULIER Benoit, Versailles Saint Quentin, Président d’AGE, VPE CROUS VersaillesSOUVETON Nicolas, Paris 12, BN de la LMDESTOECKEL Karl, Paris 1, Bureau National, élu au CNOUSSZEFTEL Gabriel, Paris 1, Commission de Contrôle, VP de la LMDETORTEL Alexandre, Paris 10, Trésorier de la LMDETOUBIANA Julie, Aix Marseille, Présidente d’AGEVAILLANT Myriam, Bordeaux, Secrétaire Générale d’AGEVALLE Lucienne, Saint Etienne, Présidente d’AGE, VPE de l’université de St EtienneVALLETTE Raphael, Marne La Vallée, Président d’AGEVERAN Lauriane, Paris 2, Bureau NationalVERSOS Catarina, Paris 12, Bureau National de la LMDEVIOLET Guillaume, Paris 13, Bureau NationalVOISIN Florent, Paris 1, Bureau National, élu au CNESERZAROUKIAN Anouch, Orléans, Président d’AGE, VPE de l’université d’ OrléansZEMMOUR Emmanuel, ENS Ulm
les batailles pour défendre l’égalité des droits et
lutter contre toute forme de discrimination.
3. L’UNEF engagée dans le combat féministe
A l’université comme dans l’ensemble de la
société, les inégalités sont criantes. Nous devons
nous battre pour l’égalité hommes / femmes à
tous les niveaux : à l’université, dans le monde
professionnel, ou dans la vie quotidienne… mais
aussi dans notre organisation. Mais au-delà,
c’est l’image du rôle social de chacun que nous
devons nous efforcer de changer. Cette bataille
doit être menée aux côtés des organisations et
associations féministes.
4. Défendre la laïcité
La politique de Nicolas Sarkozy de remise en
cause des protections collectives et de mise
en avant de la régulation de la société par le
religieux représente une remise en cause sans
précédent de la laïcité, et préparent le terrain
au repli sur soi et au communautarisme. Notre
projet syndical s’inscrit dans le combat pour
l’émancipation et défend une République laïque
: la laïcité est le souci de ce qui est commun et
à ce titre un ciment de la société. Nous refusons
notamment le financement et la reconnaissance
des diplômes des établissements privés
confessionnels par l’Etat.
5. L’UNEF internationaliste
Au-delà des frontières géographiques, culturelles
et politiques, tous les peuples aspirent à leur
émancipation, dont l’Education est le premier des
outils. L’UNEF est internationaliste parce que son
combat de transformation sociale par l’Education
est un vecteur universel pour le progrès et la
paix. Parce que notre internationalisme est avant
tout un anti-impérialisme, l’UNEF doit pleinement
assumer son rôle de solidarité internationale.
Au vu des développements sociaux et politiques
récents, nous devons en particulier développer
nos relations avec les étudiants d’Amérique
latine. Il est de notre responsabilité de donner
une grille de lecture à des milliers de jeunes qui
soit s’identifient à certains conflit, soit ou désirent
agir parce qu’ils refusent les injustices : nous
combattons notamment les lectures ethnico-
religieuse de conflits politique internationaux, au
Proche-Orient ou ailleurs.
EDF textes total.indb 20 11/03/09 13:25:04
21Etudiants de France n°288 • Hors- Série • Mars- Avril 2009
Si l’Union Nationale des Etudiants de
France porte un projet fort et cohérent
pour les aides sociales avec l’allocation
autonomie, les orientations sur l’Enseignement
Supérieur ne s’inscrivent pas dans un cadre
revendicatif unique. Pour aboutir à un véritable
projet qui rassemble l’ensemble des étudiants,
nous devons nous fixer des objectifs clairs.
le combat pour la démocratisation de l’enseignement supérieur :
Dans son « Manifeste pour une réforme
démocratique de l’Enseignement Supérieur »
de 1964, l’UNEF défendait déjà la massification
de l’enseignement supérieur qui a abouti à «
l’université des 2 millions d’étudiants ». Notre
projet syndical vise à transformer l’Université
pour transformer la société en permettant à
de nouvelles couches sociales d’accéder à
une éducation de haut niveau. Aujourd’hui, le
gouvernement, s’il ne porte pas dans l’immédiat
de projet destiné à introduire une sélection à
l’entrée de l’Université, utilise d’autres moyens
pour attaquer cet objectif en détruisant le contenu
des enseignements : les filières misant sur
l’acquisition d’un esprit critique sont menacées,
les contenus des diplômes sont modifiés vers
davantage de professionnalisation, les moyens
sont davantage tournés vers des supplétifs au
détriment des enseignements fondamentaux…
le combat pour une autonomie intellectuelle :
L’enjeu pour le gouvernement est d’empêcher
l’acquisition d’une « autonomie intellectuelle
» tout en maintenant un nombre important
d’étudiants car les demandeurs d’emplois avec
un haut niveau de formation sont devenus
nécessaires à l’économie libérale. Ainsi, les
Contribution de la sensibilité DEMOS, membre de la Majorité Nationale
unifions notRe pRojet pouR l’enseigneMent supéRieuR autouR du pRincipe d’autonoMie intellectuelle
Signataires
Thomas Can, secrétaire général de l’AGE de RouenBoris Chaumette, Commission de contrôle, élu au CNESERJonas Didisse, BN, président d’AGE de RouenMichael Fercoq, trésorier de l’AGE du HavreJonathan Halimi, AGE de Paris 3Amandine Jumel, déléguée au BNGhislain Lafleur, VPE du CROUS de Haute NormandiePaul Lebouc Vautier, secrétaire général de l’AGE du HavrePétronille Le Thiec, AGE de CaenLoic Lucas, VPE de l’Université de RouenMarine Malandain, VPE de l’Université du HavrePauline Masson, AGE de RouenAnthony Morand, président d’AGE du HavreFlorent Simon, trésorier de l’AGE de RouenMathilde Thune, commission administrative
réformes visent à empêcher la formation de
citoyens responsables. L’UNEF doit se battre
pour assurer que l’Enseignement Supérieur
permette le développement de l’esprit critique.
Une démocratisation de l’Enseignement
Supérieur qui oublierait de former des citoyens
critiques ne permettrait pas de transformer
la société. Nous devons donc analyser les
réformes gouvernementales et les contenus
des enseignements en prenant en compte
la « valeur émancipatrice » des différentes
formations. Nos réactions et nos revendications
doivent se faire en fonction de ces principes. Le
projet de l’UNEF pour l’Enseignement Supérieur
doit viser cet objectif.
le combat syndical :
Pour les mêmes raisons, le syndicat doit être
un outil d’émancipation sociale par sa structure
et par son fonctionnement. Faire le choix, en
conscience, de se syndiquer à l’UNEF, c’est
déjà faire preuve d’une capacité de résistance
face au gouvernement et d’une certaine
autonomie intellectuelle. Le rôle du syndicat
est de prolonger la formation du militant dans
un espace d’épanouissement et de formation
à l’esprit critique : l’engagement militant n’est
pas une forme d’ « encartement moral » ! Il
est bien entendu pour cela nécessaire qu’un
étudiant qui s’engage puisse prendre part à
toutes les discussions de son syndicat. Les
structures d’un syndicat doivent permettre à
l’individu de proposer, débattre, s’approprier
les revendications et les orientations. Ainsi,
les militants doivent disposer d’une marge de
manœuvre locale suffisante pour prendre des
initiatives, avec l’accord de leur section locale et
dans le respect des orientations de la structure
nationale.
C’est cette effervescence à la base
qui permettra l’apparition de nouvelles
revendications notamment sur les doctorants,
de nouveaux concepts comme l’écologie, et
assurera à l’UNEF de rester le syndicat de tous
les étudiants, en phase avec l’ensemble de son
milieu.
EDF textes total.indb 21 11/03/09 13:25:06
22 Etudiants de France n°288 • Hors- Série • Mars- Avril 2009
Le 81ème congrès de L’UNEF s’inscrit
dans un contexte social particulièrement
difficile. Les deux premières années du
règne Sarkozy ont été celles de tous les reculs
: de l’offensive contre l’Université publique
à la casse du droit du travail, en passant les
politiques racistes par l’ex-ministère Hortefeux,
rien n’échappe au rouleau compresseur
conservateur. Les politiques libérales menées
depuis des années sont directement à l’origine
de la crise économique que l’on connaît.
Pourtant, ces politiques sont aujourd’hui
accélérées par le gouvernement Fillon.
Sous couvert de « modernisation » du pays,
c’est un nouveau modèle de société que la
classe dirigeante met en place. Un modèle dans
lequel le droit de tous à l’éducation, ou encore
à la santé, sont des reliques du 20° siècle. Le
gouvernement de combat qui se trouve face à
nous a entrepris une destruction systématique
de tous les acquis sociaux : remise en cause du
droit de grève par le biais du « service minimum
», marchandisation des services publics, baisse
des impôts des plus riches, répression syndicale
dans le privé… Les objectifs sont clairs. Il s’agit
de détruire les protections collectives des salariés
pour baisser le « coût » du travail, d’ouvrir de
nouveaux marchés juteux, d’en finir avec toute
forme de redistribution des richesses. Pendant
que les licenciements se multiplient, que le taux
de chômage explose et que les services publics
sont asphyxiés financièrement, des milliards
sont distribués aux banques et les exonérations
de cotisations patronales n’ont jamais été si
nombreuses. A l’échelle mondiale, c’est la guerre
qui s’intensifie entre les pays impérialistes pour
l’accaparement des richesses et des ressources
partout sur la planète : occupation militaire de
l’Irak et de l’Afghanistan, menaces d’intervention
contre l’Iran, soutien sans borne à l’Etat d’Israël
malgré la barbarie dont il a fait preuve lors de
l’agression militaire contre Gaza.
Dans l’enseignement supérieur français, la
mise en place de la LRU et la multiplication
de réformes et décrets la complétant ont
largement redessiné le paysage universitaire.
Dans la France d’après, le « marché du savoir
et de la connaissance » remplace peu à peu le
service public d’enseignement supérieur. La
conséquence : l’éducation à plusieurs vitesses
devient la norme. Pour les élites, des pôles ultra
compétitifs et concurrentiels. Pour les classes
populaires entrées par effraction à l’Université
après 1968, des collèges universitaires n’offrant
que des Licences hyper-professionalisantes
n’ayant aucune valeur à moyen terme sur le
marché du travail. En cassant ainsi les diplômes,
le gouvernement s’attaque à nos protections
collectives. Tout comme le gouvernement
renvoie la question de la hausse des salaires
à la négociation entreprise par entreprise,
il individualise les diplômes pour laisser
chaque futur salarié négocier en tête à tête
avec son patron. La précarité n’est donc plus
simplement le lot quotidien des étudiants, c’est
aussi leur seule perspective d’avenir. Alors
que le pouvoir d’achat des étudiants ne cesse
de baisser, le gouvernement propose des
crédits à la consommation pour financer ses
études ! Toujours plus soumis à la nécessité
de se salarier au détriment de leurs études, les
étudiants sont parmi les premières victimes de la
crise économique.
Pourtant les résistances sont nombreuses face
à cette offensive sans précédent de la classe
dirigeante. Depuis mai 2007 les étudiants se sont
mobilisés avec vigueur contre la LRU, n’ont eu
de cesse de dénoncer les suppressions de poste
dans l’Education Nationale, ont lutté au côté des
lycéens, ont combattu les expulsions d’étudiants
étrangers. Comme l’ensemble du mouvement
social, le milieu étudiant n’a pas baissé les bras
devant l’arrogance et les attaques de Sarkozy
et de son gouvernement. Mais ce dernier a
tout fait pour submerger les résistances : en
TEXTE PRÉSENTÉ PAR LA TENDANCE POUR UNE UNEF UNITAIRE ET DÉMOCRATIqUE
face à la défeRlante des attaques, faisons le choix de la Résistance !
attaquant sur tous les fronts en même temps, il
a voulu infliger une défaite majeure au salariat
et à la jeunesse. Loin d’y parvenir, Sarkozy
ne fait qu’attiser la colère : la mobilisation
historique du 29 janvier en est un signe. La
résistance des enseignants chercheurs depuis
de nombreuses semaines montre la voie sur les
facs. Les étudiants sont mobilisés et déterminés.
Aujourd’hui le gouvernement tente d’imposer un
projet global et cohérent dans les Universités, et
face à cela nous devons organiser une riposte à
la hauteur des enjeux. Nous devons porter dans
le milieu étudiant un projet alternatif et crédible,
une rupture radicale avec les politiques libérales
à l’œuvre à l’Université Seul un mouvement
d’ensemble, majoritaire, unitaire et démocratique
permettra de l’emporter et de mettre un coup
d’arrêt à l’offensive du gouvernement. A la veille
de son 81ème Congrès, l’UNEF est donc mise
devant ses responsabilités. Le CPE l’a montré
en 2006, la capacité organisationnelle et la
force militante de notre syndicat sont des atouts
majeurs. Il est temps de les mettre au profit d’une
lutte sans concession contre les ravages de la
modernisation universitaire. A l’heure où nos
camarades syndicalistes antillais nous montrent
la voie de la victoire, il est grand temps de suivre
l’exemple et de faire de notre Congrès la rampe
de lancement d’une riposte qui soit enfin à la
hauteur des enjeux et des attaques !
i - la Destruction Du Droit à l’éDucation : une attaque contre la Jeunesse pour Mieux précariser le salariat !
L’objectif du gouvernement de baisser le coût
du travail est cohérent avec les impératifs du
nouveau Monopoly mondial qui sévit depuis vingt
ans : les Etats sont aujourd’hui en compétition
pour attirer les capitaux mondiaux, ce qui
EDF textes total.indb 22 11/03/09 13:25:08
23Etudiants de France n°288 • Hors- Série • Mars- Avril 2009
implique de taxer moins les entreprises et d’avoir
des salariés bon marché avec des niveaux de
qualification comparables. Le système éducatif
est au cœur de toutes les attaques. Il faut pour
la classe dirigeante réorganiser l’ensemble du
marché de travail, et donc réorganiser l’école
qui forme les salariés de demain. Leur but est
de changer les règles du jeu, et pas seulement
de faire des économies budgétaires. Comme le
rappelait il n’y a pas si longtemps un ponte du
Medef, il est nécessaire de revenir un à un sur
tous les acquis de 1945, et notamment l’accès
de tous à l’éducation et au savoir. Ce n’est pas
un hasard si c’est l’Ecole dans son intégralité
qui se retrouve aujourd’hui dans la ligne de
mire du gouvernement. De la maternelle à
l’Université, c’est la marchandisation à tous les
étages : réforme de la maternelle, du primaire,
du lycée, suppression des RASED, suppression
de postes, LRU…
Dans son offensive généralisée contre
l’école publique, Sarkozy n’a pas caché qu’il
comptait faire de l’Université sa priorité. C’est
l’enseignement supérieur qui forme une bonne
partie des futurs salariés et les enseignants.
Pour changer l’école, son fonctionnement et
son rôle, il faut d’abord changer la formation
de ses enseignants. Ce n’est pas un hasard si
l’Université est un des secteurs les plus touchés
par les réformes qui sont menées tambour
battant depuis mai 2007. A cela s’ajoute la
pression de Bruxelles, les classes dirigeantes
des différents pays d’Europe avançant la
construction d’un système marchand européen
qui puisse concurrencer les systèmes américains
et japonais. L’Europe est à la traîne sur ce
terrain, et la France, où les gouvernements
successifs ont dû affronter un mouvement
étudiant puissant, en est l’un des plus mauvais
élève dans la mise en place du marché du savoir
et de la connaissance.
Les attaques pleuvent depuis dix ans sur
l’Université, et le gouvernement Sarkozy est
dans la droite ligne de ces prédécesseurs : des
décrets aux réformes, tout est bon pour mettre
en œuvre le modèle marchand. L’introduction
de la loi relative aux Libertés et Responsabilités
des Universités, loi cadre qui transforme en
profondeur l’enseignement supérieur, a entamé
un tournant. Face à la multiplicité des attaques,
nous devons aujourd’hui dégager la cohérence
du projet du gouvernement afin de pouvoir établir
la stratégie la meilleure qui soit et imposer notre
propre projet pour l’Université.
1- la réalité du milieu étudiant : précarité et inégalité devant le droit à l’éducation.
La précarité étudiante n’est plus à démontrer.
Depuis de nombreuses années se multiplient
les rapports qui l’attestent. Chaque année ce
sont plus de 800 000 étudiants qui sont obligés
de salarier pour financer leurs études. 20% de
ceux-ci sortent du système universitaire sans
diplômes, faute de pouvoir concilier scolarité
et salariat. Dans le même temps les dépenses
obligatoires augmentent chaque année ; frais
d’inscription, hausse des loyers, augmentation
du coût de la vie... Résultat, ce sont aujourd’hui
100 000 étudiants qui vivent sous le seuil de
pauvreté, pendant que le reste des étudiants
galèrent pour s’en sortir. Dans ce contexte,
non content de laisser la masse des étudiants
dans une situation sociale inacceptable, le
gouvernement en rajoute : suppression des
points de charges, augmentation des frais
d’inscription, proposition de crédits étudiants à
la consommation... Touchés de plein fouet par
la crise économique, les étudiants sont parmi
les premières victimes de la régression sociale
orchestrée par Sarkozy.
Comme si cela ne suffisait pas, les conditions
d’étude se dégradent elles aussi. On ne compte
plus les bâtiments délabrés dans les facs, violant
toutes les normes d’hygiène et de sécurité.
Pendant que 10 pôles d’excellence triés sur le
volet sont refaits à neuf, on confie la gestion de la
misère aux universités elles-mêmes. Sur le plan
social, les CROUS sont asphyxiés et menacés de
disparaître. Si l’on ajoute à cela la précarisation
du service public lui-même, la suppression
de nombreux postes de fonctionnaires dans
l’enseignement supérieur et la précarisation des
personnels, c’est le fait d’étudier dans de bonnes
conditions qui est devenu précaire.
Cernés par la précarité, chez eux comme dans
leur fac, les étudiants sont au cœur d’un système
largement inégalitaire. La précarité des étudiants
est un obstacle au droit à l’éducation pour tous.
2 - professionnalisation et déqualification des diplômes : la précarité comme seul horizon.
La précarité n’est plus simplement le quotidien
des étudiants : si on ne s’oppose pas à
l’entreprise actuelle de casse de nos diplômes,
c’est aussi leur seule perspective d’avenir.
Depuis plusieurs années, les gouvernements
successifs ont mis l’Université au banc des
accusés sur la question du chômage des jeunes,
en opposant aux formations généralistes la
rhétorique de la «professionnalisation». C’est
un des objectifs majeur qui a guidé la mise en
place des réformes depuis une dizaine d’année.
Puisque le problème viendrait des formations,
il suffirait de calquer le contenu des formations
sur les besoins immédiats du patronat régional
en termes d’emploi. La réforme LMD de 2003,
permettant à chaque université de produire sa
propre offre de formation régionale, répondait à
cet objectif. Cette tendance aux diplômes courts
et professionnalisants est accentué par le Plan
Réussite en Licence, qui remplace le contenu
fondamental de la Licence par des compétences
techniques (expression orale, rédaction de
CV, maîtrise des outils informatiques…)
déconnectées de l’enseignement fondamental
du diplôme.
Contre la professionnalisation, défendre l’«insertion professionnelle durable»
Statistiquement, il est incontestable que
les filières professionalisantes sont celles qui
permettent aux jeunes d’accéder plus vite à
l’emploi. Cela tient en partie à la sélection
à l’entrée des diplômes professionnels, qui
recrutent leurs étudiants en fonction d’une
estimation des débouchés sur le marché
du travail. Contrairement aux idées reçues,
professionnalisation et démocratisation des
études font dans la réalité rarement bon ménage.
Statistiquement, le différentiel s’inverse sur une
carrière entière : non seulement en fonction
du niveau de diplôme au départ, mais aussi et
surtout en fonction du degré de culture générale,
de vision transversale des problèmes. Ceux qui,
au long de leur vie professionnelle, seront le
plus à même d’affronter les défis des mobilités
professionnelles, les évolutions des entreprises
comme les évolutions économiques et sociales
diverses et variées, ce sont ceux qui auront au
départ le bagage le plus élevé en termes de
culture générale. Une formation suffisamment
générale, c’est donc la garantie de ne pas être
coincé dans un secteur d’activité particulier, et
donc à la botte d’un employeur. Sur un marché
international toujours en mouvement, des
diplômes directement adaptés au besoin des
entreprises immédiats est une aberration pour
les futurs salariés. Enfin, la professionnalisation
ne peut que renforcer les inégalités sociales.
Quand on est issu d’un milieu populaire, ce n’est
pas notre famille qui nous permet d’accéder
à un certain niveau de culture générale : soit
EDF textes total.indb 23 11/03/09 13:25:09
24 Etudiants de France n°288 • Hors- Série • Mars- Avril 2009
c’est l’école, soit on se retrouve coincé dans
une inégalité de départ qui se cumulera tout au
long de notre vie. La professionnalisation sert
avant tout les employeurs, en leur fournissant
des salariés « prêts-à-l’emploi » adaptés sur
mesure aux besoins du patronat local. A celle-
ci, nous devons opposer une véritable politique
d’insertion professionnelle durable, vectrice
d’émancipation sociale.
Mission : déqualification !
L’objectif de la professionnalisation telle qu’elle
se pratique est de déqualifier nos diplômes, de
soumettre les futurs salariés au patronat. La
casse du cadre national des diplômes impulsée
par la réforme LMD participe de cette entreprise :
sans cadrage national des contenus de diplômes
et sans reconnaissance de ceux-ci dans les
conventions collectives, avec des diplômes à la
carte qui différent d’une fac à l’autre, les salariés
de demain se retrouverons en tête à tête avec
leur patron, sans possibilité de se défendre
collectivement. Si on peut se réjouir à première
vue de la reconnaissance du niveau Bac + 5 de
la formation des enseignants, la Masterisation
que tente d’imposer le gouvernement est être
en réalité une nouvelle attaque contre la valeur
de nos diplômes, qui fera passer à moyen terme
le niveau de qualification standard de Bac + 3 à
Bac + 5. En effet, on imagine mal par exemple
un avocat moins formé qu’un enseignant, et
donc les concours du barreau rester à Bac +
4. Le Bac + 5 va devenir la règle pour accéder
à un emploi de qualité, alors que la sélection
à l’Université s’opère actuellement à l’entrée
du M2. La réforme des IUFM enclenche un
processus qui laissera à terme la masse des
étudiants sur le banc de touche, c’est-à-dire avec
des Licences qui ne vaudront plus grand-chose.
De plus, en supprimant les stages rémunérés, le
gouvernement laisse sur le carreau les étudiants
qui n’auront pas les moyens de financer deux
ans de plus à la fac .
3 - la mise en concurrence des Universités : l’arme de déqualification massive de nos diplômes.
Le débat dans la communauté universitaire,
déclenché par la mobilisation des enseignants-
chercheurs, s’est cristallisé à juste titre autour
de la loi LRU. Si les stratégies internationales
de marchandisation de l’enseignement
supérieur ont toujours eu du mal à s’imposer en
France face à un mouvement étudiant fort, le
gouvernement a inversé le rapport de force en
2007 en introduisant la pierre angulaire de son
dispositif pour l’enseignement supérieur. Celle-
ci, loi cadre de dérégulation, pose les conditions
indispensables à la mise sur pied du marché du
savoir et de la connaissance et représente un
point d’appui pour toutes les réformes qui lui ont
succédé.
La LRU, pierre angulaire du dispositif gouvernemental
La LRU est une loi cadre. Elle pose les deux
composantes nécessaires à l’apparition du
marché dans l’enseignement supérieur :
- L’apparition de plusieurs opérateurs mis en
concurrence : on parle pour la première fois
dans cette loi non plus de l’Université, mais des
universités qui représentent autant d’opérateurs
sur le nouveau marché. Pour ca la loi donne
aux universités la possibilité de se construire un
patrimoine (possibilité de vendre ou louer leurs
bâtiments dans une logique purement financière),
de chercher des financements (crédits d’impôts
pour les financeurs et participation de ceux-ci
dans le dispositif universitaire par le biais des
fondations) et enfin de choisir son personnel.
Le choix des personnels porte un sérieux coup
au statut de la fonction publique, corrolaire de
l’existence du service public : avec le marché de
l’enseignement apparaît un autre marché, celui
des personnels enseignants et non-enseignants.
Le décret sur le statut des universitaires est un
décret d’application de la LRU.
- L’apparition d’un régulateur de marché
indépendant, à savoir l’Etat. Pour les libéraux,
la concurrence ne peut être effective que si
les financements publics sont distribués d’une
manière unique et objective : la réforme de
l’allocation des moyens s’inscrit par exemple
dans cette logique. D’une part on a institué des
critères objectifs de répartition, d’autre part les
budgets sont globalisés avec la fin du fléchage
des crédits. Les règles du jeu sont posées, et les
opérateurs peuvent librement développer des
stratégies sur le marché.
Avec la LRU, «tout devient possible». Le
terrain était préparé à l’avance : l’autonomie
pédagogique des diplômes mise en place par
la réforme LMD était un préalable à l’autonomie
financière. La réforme ECTS de 2001 fourni la
monnaie européenne des futures marchandises
échangeables internationalement. Les réformes
et décrets actuels visent à achever le processus.
Pour un processus non achevé qu’il est temps de stopper !
Comme dans tous les pays «avancés» d’Europe
dans l’application du modèle libéral, nous nous
dirigeons vers un système éducatif à plusieurs
vitesses : d’un côté des «collèges universitaires»
de masse formant jusqu’à la Licence, de l’autre
des «pôles d’excellence» sélectifs adossés à la
recherche. L’Opération Campus, qui concentre
les moyens sur dix campus universitaires, vise
à la création de ces pôles compétitifs à l’échelle
mondiale. Dans la même veine, B. Apparu,
rapporteur UMP pour l’enseignement supérieur,
avouait que la possibilité pour les universités
de sélectionner leurs étudiants était un élément
indispensable du projet gouvernemental et avait
été évacué de la loi LRU pour des raisons de
stratégie politique. La Réforme de l’Allocation
des Moyens aux universités (RAMU), qui pose
entre autres le taux de réussite au diplôme
comme critère pour l’attribution de financements
aux facs, va obliger les universités à sélectionner
leurs étudiants à l’entrée de certains diplômes
pour conserver leurs crédits. Fini le temps où
le gouvernement prenait le risque de formuler
son projet et de permettre à une opposition
politique de voir le jour : dans la France d’après,
il intervient par micro-réformes dont l’aspect
technique rend difficile la compréhension du
processus d’ensemble. Le retrait de la RAMU doit
être obtenue, sans quoi la sélection sera bientôt
une pratique commune. Enfin, la Masterisation
de la formation des enseignants est un préalable
à l’application de ce modèle au primaire et
au secondaire, comme le laisse envisager la
réforme Darcos au lycée. La suppression des
concours nationaux n’est qu’une question de
temps, les Masters enseignement n’ayant aucune
cohérence au niveau national. Le projet de loi
sur les Etablissements Publics d’Enseignement
Primaire est une réforme de gestion du primaire
calquée sur le modèle de la LRU.
La mise en place du marché de l’enseignement
supérieur est la meilleure arme du gouvernement
pour professionnaliser et déqualifier nos
diplômes. L’existence d’un marché, donc
d’une multiplicité d’«offre de formations»,
est contradictoire avec l’idée d’un cadrage
national des contenus de diplômes et de leur
reconnaissance dans les conventions collectives.
Les «universités entrepreneuriales», dans leur
construction d’une stratégie économique et
poussées par les critères d’efficacité mis en
place actuellement, chercheront les meilleurs
débouchés immédiats pour leurs diplômés en
EDF textes total.indb 24 11/03/09 13:25:10
25Etudiants de France n°288 • Hors- Série • Mars- Avril 2009
professionnalisant à outrance. Quand bien
même les universités ne seraient pas contrôlées
majoritairement par des investisseurs privés,
les objectifs d’asservissement de l’Université et
des futurs salariés au marché seront remplis.
Enfin, suivant les conseils avisés du MEDEF,
la substitution du marché au service public
constitue une ultime victoire de la droite contre
le mouvement social : la destruction du droit à
l’éducation et de l’accès au savoir pour tous.
4 - Quand le marché remplace le service public : la fin du droit à l’éducation pour tous
Une offensive idéologique contre l’émancipation de la jeunesse
Ce qui relevait du service public est désormais
considéré comme une manne de profit à
exploiter. En substituant le marché au service
public, le gouvernement change le rôle de
l’Université, comme le rapport des étudiants aux
diplômes. La jeunesse n’est plus formée en tant
que future génération de citoyens, à qui il faudrait
donner des clefs de compréhension du monde
pour faire exister la démocratie. Le rapport au
diplôme est individualisé, les cadres collectifs
sont brisés comme les solidarités qu’ils auraient
pu permettre. Derrière l’étudiant «acteur de sa
formation», c’est l’étudiant-client «investissant
dans sa formation» qui se profile. C’est ainsi qu’il
faut comprendre la volonté gouvernementale
d’introduire un système de prêts à taux zéro pour
supplanter le système de bourses sur critères
sociaux. Les réformes ne visent pas uniquement
à mettre les facs en concurrence, elles mettent
les étudiants eux-mêmes en concurrence. La
marchandisation du système éducatif permet
l’apprentissage dès le plus jeune âge de la
guerre économique. Le projet du gouvernement
représente une offensive idéologique sans
précédent contre la jeunesse.
La mise en place de deux systèmes universitaires, pour deux jeunesses
La mise en place d’une université à deux
vitesses revient à en éjecter aujourd’hui les
fils des classes populaires qui se sont battus
pour y entrer hier. Si la démocratisation de
l’école n’était pas effective, elle sera bientôt
impossible avec ce modèle universitaire. Les
différents types de Bacs ne sont pas composés
du même public social, comme les différents
types de Bacs n’amène pas aux mêmes strates
de l’échelle sociale. Étonnamment, un fils
d’ouvrier à de grandes chances de finir ouvrier.
Les réformes gouvernementales vont avoir
comme conséquence de fermer les portes des
facs d’élites aux étudiants issus des classes
populaires. Le système de l’«orientation active»
est un dispositif qui permet de gérer les flux
d’étudiants, pour éviter par exemple qu’un
bachelier technologique ou professionnel
s’inscrive en Licence générale (partant du
principe qu’il y échouera). Ce principe est injuste
socialement : chacun doit pouvoir s’inscrire
librement dans l’Université de son choix, sans
être jugé sur des pré-requis mais sur ses
résultats. Le système induit par l’orientation
active ne cesse d’être renforcé, par exemple avec
le Plan Réussir en Licence quand il promet une
prime aux IUT attirants plus de bacheliers pro
et techno que la moyenne nationale. S’il existait
plusieurs Bacs pour plusieurs milieux sociaux, il
doit aujourd’hui exister pour le gouvernement de
multiples offres de formations universitaires pour
plusieurs milieux sociaux, et chacun doit être sûr
de rester socialement à sa place.
Le projet du gouvernement de marchandisation
de l’enseignement supérieur n’est pas compatible
avec notre projet syndical. La démocratisation
de l’Université, c’est-à-dire la réussite de
tous sans distinction de classe sociale, est
incompatible avec l’apparition des «universités
entrepreneuriales». Au fil des réformes, notre
syndicat n’a pas su décrypter à temps la
cohérence du projet de la classe dirigeante. Le
terrain était miné depuis plus de dix ans. Des
erreurs stratégiques de taille ont été commises.
Si certains droits étudiants ont pu être conservés,
les réformes structurelles passent. Durant cette
période l’UNEF a su gagner des batailles, mais
il est aujourd’hui grand temps d’affronter la
machine libérale, sans quoi il est bien possible
qu’elle finisse par perdre la guerre !
ii) une stratégie pour construire la contre oFFensive
Nous sommes face à un projet global du
gouvernement qui vise à redéfinir l’enseignement
supérieur. Les nombreuses réformes et les
décrets ne sont que les différents volets d’un
projet dont le but est de remettre en cause
l’accès à une éducation de qualité pour tous et de
soumettre l’université à la loi de la concurrence
internationale. Dans ce contexte l’idée même
de démocratisation de l’enseignement supérieur
est en recul. Sarkozy ne veut pas seulement
casser nos droits, il veut nous infliger une défaite
historique.
Le gouvernement n’a qu’une chose en tête,
briser une à une les résistances pour dérouler
son projet. La mise en place successive de ses
décrets accélère la destruction de nos droits.
Nous devons nous donner les moyens de mettre
un coup d’arrêt à la politique de Sarkozy, et pour
cela de le combattre frontalement. Nous ne
pouvons pas laisser ce gouvernement détruire
nos droits les uns après les autres sans rien
faire. Nous devons chercher par tous les moyens
à riposter pour imposer un projet alternatif.
a) Une stratégie qui réponde aux enjeux de la situation et qui permette de gagner.
1 - Une situation contrastée
des résistances importantes
Depuis l’élection de Sarkozy, les luttes se sont
multipliées dans de nombreux secteurs de la
société. De la mobilisation contre les régimes
spéciaux à la défense des travailleurs sans-
papiers, les solidarités tentent de s’organiser.
Dans ce contexte de résistance sociale, le
milieu universitaire est l’un des plus combatifs.
Les batailles locales sur des revendications
spécifiques ont été très nombreuses. Surtout,
la mobilisation contre la LRU a mis des milliers
d’étudiants dans la rue et en AG, démontrant ainsi
la combativité du milieu étudiant. Aujourd’hui
plus que jamais, la jeunesse est déterminée à en
découdre avec Sarkozy.
Un gouvernement affaibli
Pour la première fois depuis mai 2007, la
confiance est dans notre camp. En chute libre
dans les sondages, le chef de file des libéraux
paye aujourd’hui une politique antisociale qui ne
passe plus. Considéré comme intouchable en
2007, le gouvernement Fillon a subi un premier
revers politique lors des municipales de 2008.
Fragilisé, il a répondu à la crise économique par
un cadeau de 15 milliards aux banquiers. Plus
que jamais sous pression, Sarkozy doit affronter
une exaspération généralisée de la population
contre leurs politiques au service des plus
riches.
Dans ce contexte, la mobilisation des lycéens
cet hiver a donné des sueurs froides aux
dirigeants. Si les lycéens ont réussi à eux seuls
à faire reculer le gouvernement, c’est avant tout
parce qu’il tremble devant l’idée d’un mouvement
de la jeunesse qui pourrait s’étendre aux salariés,
à l’image de la mobilisation anti-CPE. Et surtout
EDF textes total.indb 25 11/03/09 13:25:11
26 Etudiants de France n°288 • Hors- Série • Mars- Avril 2009
la révolte de la jeunesse grecque n’était pas
loin de donner des idées en France, scénario à
éviter absolument pour les dirigeants. Face à la
grève exemplaire en Guadeloupe, il a été obligé
d’accorder 200 euros d’augmentation de salaire.
Cette victoire prouve que c’est possible de
remporter des victoires face à ce gouvernement
et ne fait que l’affaiblir d’autant plus.
des difficultés à remporter des batailles
Poutant le bilan des victoires depuis 2007
n’est pas significatif. Malgré les résistances,
l’université à la sauce libérale prend corps. Si les
différentes mobilisations ont pu obtenir quelques
avancées, la politique du gouvernement continue
à s’appliquer. Parce qu’elles sont restées
parcellaires, isolées, ces luttes n’ont pas permis
de gagner dans la durée .
A l’inverse de 2006 lors du CPE, la mobilisation
n’est pas parvenue à recentrer ses revendications
sur des mots d’ordre clairs et permettant de faire
le lien entre le milieu étudiant, les personnels et
les enseignants chercheurs. Pour autant, l’heure
n’est pas au défaitisme. La mobilisation récente
de la communauté universitaire montre que les
enseignants sont prêts à tenir un bras de fer
avec Pécresse. Cette détermination redonne
espoir au milieu étudiant : les jeunes ne sont pas
prêts à abandonner la bataille contre l’autonomie
des universités et voir leur avenir sacrifié par les
politiques libérales.
Malgré l’arrogance du gouvernement et sa
volonté de faire taire les voix discordantes, le
mouvement social relève la tête. Au-delà des
universités, c’est le contexte social qui doit nous
convaincre qu’il y a aujourd’hui toutes les raisons
de se mobiliser. La journée d’action unitaire du 29
janvier a été sur ce point une immense réussite.
Cristallisant le ras le bol de la grande majorité
de la population, cette journée a mis ensemble
dans la rue le privé et le public, les profs et les
cheminots, les hospitaliers et les licenciés de
Renault-Sandouville, les étudiants, les lycéens…
Au-delà de toute attente, ce sont 2,5 millions de
personnes qui, dans la rue, ont redonné espoir
au mouvement social et ont dégagé de nouvelles
perspectives pour l’avenir.
2 -Il est possible de gagner, par la grève générale !
Incontestablement, le rapport de forces n’est
donc plus le même en 2009 qu’en 2007. Dans la
jeunesse comme chez les salariés, l’heure est
à la mobilisation. Pour autant les victoires sont
maigres depuis l’élection de Sarkozy et le bilan
doit en être tiré. Depuis 2003, les mouvements
sociaux ont été nombreux. Mais que ce soit le
mouvement contre la réforme des retraites
ou de la Sécu, que ce soit le mouvement des
intermittents ou bien la grève à la SNCM, il est
clair qu’aujourd’hui aucun secteur n’est assez fort
pour gagner seul. La victoire contre le CPE est à
ce titre une lutte exemplaire : dans l’unité, il est
possible d’infliger une défaite à un gouvernement
et à sa politique.
C’est fort de ce bilan que nous devons
entamer un bras de fer sans concession avec
le gouvernement et Sarkozy. Nous ne pouvons
nous permettre d’attendre sagement 2012,
l’urgence est d’infliger au gouvernement une
défaite sur le terrain social. Lycéens, étudiants,
jeunes travailleurs, salariés du public comme
du privé, nous devons unir nos forces pour
renverser la vapeur. Au-delà de simples
campagnes politiques et de journées d’action
sans lendemain, nous devons construire pas à
pas un rapport de forces suffisant pour obtenir
enfin des victoires significatives.
Loin d’être un vœu pieu, la grève générale est
le seul moyen pour gagner et la seule perspective
que nous offre le contexte social. Face à
l’arrogance de Sarkozy, seul un mouvement
d’ensemble unifiant les luttes sectorielles peut
nous permettre de gagner. La grève générale
aux Antilles nous montre le chemin d’une lutte
exemplaire, unitaire et démocratique. Nos
camarades antillais nous ont montré qu’il était
possible de gagner contre ce gouvernement.
L’unité syndicale qui a permis la réussite de la
journée du 29 janvier doit être un point d’appui
pour construire une résistance collective qui
renverse radicalement le rapport de forces.
sur quels axes mobiliser ?
Pour gagner la bataille, il ne suffira pas
d’expliquer les dernières réformes en date dans
l’enseignement supérieur, surtout dans une
période où chaque année universitaire connaît
son lot de mouvement social. Les différents
décrets du gouvernement sur le financement, les
enseignants chercheurs, les personnels, sont
des conséquences directes de la loi d’autonomie
des universités. L’enjeu est de parvenir à mettre
en lumière, au travers de toutes ces réformes, le
projet global du gouvernement : la mise en place
du marché du savoir et de la connaissance. Il
faut amener la question de la LRU en l’articulant
aux mesures concrètes et immédiates qui en
découlent aujourd’hui et se battre également pour
son retrait. Il faut avancer sur des revendications
qui portent un projet en rupture avec celui du
gouvernement, des revendications aptes à
enrayer la machine libérale : le cadrage national
des intitulés et des contenus des diplômes.
Unifier les revendications…
Il faut, dès que possible, créer des liens entre
les questions concrètes pour montrer la logique
des attaques actuelles et la nécessité d’y
répondre. Lorsque différentes universités sont en
lutte sur la réforme des IUFM, les suppressions
de postes... Nous devons expliquer à tous les
étudiants que ces réformes découlent de la
LRU, nous devons pousser à ce que ces luttes
s’unifient contre la réforme elle-même. Lorsque
plusieurs universités sont en lutte, nous devons
montrer ce qui leur est commun. L’opposition
entre «facs poubelles» et «pôles d’excellence»,
la sélection sociale sont des phénomènes
largement perçus par les étudiants, à nous
de montrer que cela passe par les réformes et
qu’il faut lutter contre pour construire une grève
nationale à même de renverser le rapport de
forces.
défendre une orientation dans les
mobilisations qui permette de gagner
On ne fait pas une grève massive en étant
minoritaire, et notre boussole est donc bien
la construction d’une grève majoritaire. Il est
nécessaire de s’adresser à l’ensemble des
étudiants et pas seulement aux seuls mobilisés,
en massifiant et en conscientisant patiemment.
Mais on ne fait pas non plus une grève majoritaire
sans que la majorité des étudiants soient actifs.
Il faut donc chercher à convaincre qu’il faut
s’impliquer au quotidien dans la construction de
la grève, condition pour pouvoir ensuite dégager
des forces pour se tourner vers l’extérieur. Pour
cela, nous devons pousser au développement
des cadres d’auto-organisation, à commencer
par les AG elles-mêmes ! L’auto-organisation doit
permettre à l’ensemble des étudiants de se saisir
des enjeux de la situation et de la mobilisation
ainsi que de pouvoir décider tous ensemble de la
totalité des questions relatives à la mobilisation.
La massification d’une mobilisation passe par
la prise en charge par la majorité des étudiants
de leurs propres affaires. Pour permettre aux
étudiants d’écrire leur propre tract et de fixer
leur propre rythme, nous devons développer
des comités de mobilisation ouverts à tous
ceux qui veulent mener de l’activité. Construire
l’auto-organisation, cela ne veut pas dire que le
syndicat se dissout devant la mobilisation mais
simplement que celui-ci respecte les formes
d’organisation dont se dotent la mobilisation
(AG…) et les mots d’ordre et rythmes décidés
par les cadres d’auto-organisation.
Pour permettre au mouvement de s’étendre et
EDF textes total.indb 26 11/03/09 13:25:12
27Etudiants de France n°288 • Hors- Série • Mars- Avril 2009
de se renforcer, nous devons chercher à l’unifier
nationalement, tant au niveau des rythmes que
de ses revendications. C’est en centralisant la
grève à un niveau national que nous en ferons
plus qu’une somme d’universités en lutte.
Les étudiants ne gagneront pas seuls, il faut
chercher à entraîner, une fois que les étudiants
sont mobilisés, les salariés dans la bataille. Et
c’est possible parce que l’université n’est pas
un vase clos coupé du reste de la société. Afin
de faire le lien entre les étudiants et les salariés
la question centrale qui doit être au cœur de
notre intervention est celle des diplômes et
des qualifications; si nous nous battons pour
des diplômes de qualité pour tous c’est parce
que cela permettra d’avoir des conditions de
travail décentes (conventions collectives) et
des salaires à la hauteur des qualifications. En
cela nos revendications rejoignent celles des
salariés.
organiser le milieu étudiant
Pour reconstruire largement la conscience
dans le milieu étudiant de la nécessité de
s’organiser collectivement pour agir, il n’y a
pas de raccourci. Il faudra des luttes d’ampleur
mais la première chose à faire, c’est de faire
la démonstration au quotidien de l’utilité de
l’organisation collective et du syndicat. Notre
syndicat doit être en capacité d’agir au quotidien
pour la défense des droits des étudiants et doit
peser sur la réalité en obtenant des victoires sur
les questions les plus concrètes et immédiates
(pouvoir d’achat en baisse, frais d’inscription
qui augmentent, problèmes d’inscription, de
bourse…). Ce n’est que par la résolution la plus
systématique des problèmes que rencontrent
l’ensemble des étudiants tout au long de
l’année que nous ferons la démonstration dans
la pratique que ce n’est que par l’organisation
et la lutte collective que l’on peut défendre nos
droits ou en gagner de nouveaux (campagnes
SOS examens, SOS inscriptions, problèmes de
bourses, de logement...). Lors des campagnes
visant à résoudre les problèmes concrets des
étudiants, nous devons faire le lien avec les
réformes universitaires et la dégradation de
l’enseignement supérieur et expliquer que seule
une opposition sans concession à l’ensemble
des réformes libérales permettra d’enrayer la
dégradation continuelle de nos conditions de vie
et d’études. Nous pouvons donner confiance aux
étudiants pour qu’ils luttent en s’appuyant sur les
difficultés actuelles du gouvernement et sa peur
que les luttes se généralisent. Les étudiants
sont un des secteurs les plus combatif, il faut
organiser la combativité sur la durée pour qu’ils
ne soient plus en ordre dispersé.
Un mouvement d’ensemble ne se décrète pas,
il ne suffit pas d’appuyer sur un bouton pour le
déclencher. Il faut comprendre aujourd’hui que
c’est possible et s’appuyer sur ces potentialités,
pour mobiliser les étudiants et les amener vers
la victoire afin d’imposer un projet alternatif
pour l’enseignement supérieur qui permette
réellement de permettre un libre accès de toutes
et tous à un enseignement supérieur et à des
diplômes de qualité.
b) imposer un projet alternatif
Aujourd’hui le syndicat doit se donner les
moyens de construire une mobilisation d’ampleur
car l’enjeu est de taille : imposer face au projet du
gouvernement, une éducation et des diplômes
de qualité pour tous.
Un diplôme de qualité, c’est un diplôme
accessible à tous, qui donne des connaissances
disciplinaires, un esprit critique réel et qui donne
des droits dans le monde du travail.
Accessible à tous
Un diplôme de qualité accessible à tous passe
par un véritable service public d’enseignement
supérieur débarrassé des logiques marchandes
et de rentabilité, avec des financements
100% publics et égalitaires, seule garantie de
l’égalité entre tous. C’est aussi un encadrement
pédagogique de qualité et des conditions
d’études décentes, aux antipodes de ce que veut
faire le gouvernement avec les suppressions
de poste et l’Opération campus. Cela veut dire
aussi absence de sélection, qui prive certains du
droit de progresser, alors que Pécresse évoque
à nouveau une possibilité de sélection entre L et
M.
Un vrai contenu
Un diplôme de qualité, c’est d’abord un fort
contenu général, c’est-à-dire que l’essentiel
du contenu du diplôme est tourné vers la
connaissance de la discipline. Il faut donc
privilégié l’acquisition de connaissances réelles
et non pas de micro compétences adaptées à un
poste de travail spécifique dans une entreprise
spécifique (ex: chef de rayon Carrefour…)
Seule une formation initiale d’un haut niveau de
qualification, tant dans les savoirs fondamentaux
que dans les domaines techniques et
professionnels, peut garantir l’acquisition
des bases nécessaires à la requalification
permanente des salariés.
Pour que nos diplômes aient une valeur
reconnue partout dans la société, il faut aussi
remettre en oeuvre un cadre national des
diplômes. Non seulement la dénomination des
mentions des diplômes doit être la même partout
ainsi que les modalités de validation, mais le
contenu du tronc commun de chaque mention
doit être défini nationalement.
Exemple : un diplôme qui a le même contenu et
le même intitulé partout et reconnu nationalement
une Licence MacDonald’s. Ce diplôme pourrait
même parfaitement être reconnu dans la
Convention collective de MacDonald’s ou de la
restauration rapide, il n’en resterait pas moins
un diplôme bidon. Il est donc impératif de lier un
cadrage national et un contenu tourné vers la
connaissance de la discipline.
Pour une insertion professionnelle de qualité
A l’opposé de la professionnalisation
voulue par le MEDEF, nous proposons une
véritable insertion professionnelle de qualité.
L’ensemble des formations doit comprendre
des enseignements d’insertion professionnelle
avec des cours, par exemple, de droit du travail,
dispensés par des juristes, des syndicalistes,
des salariés...
L’ensemble des diplômes doit donner accès
à des qualifications reconnues dans les
conventions collectives. Ces qualifications
doivent garantir un niveau de rémunération et
des droits précis en termes de conditions de
travail. Sur le marché du travail, il faut également
que l’ensemble des diplômes aboutissent à des
grades reconnus au même niveau dans les
conventions collectives.
Les stages tels qu’ils existent aujourd’hui
n’apportent en terme de formation que très peu.
Dans l’immédiat nous devons nous battre pour
un suivi pédagogique strict des stages, une
rémunération des stagiaires à la hauteur du poste
occupé, et une limitation de la durée des stages
afin d’empêcher les entreprises de fonctionner
avec une majorité de stagiaires (l’équivalent de
200 000 emplois temps plein).
Il est évident que les politiques sociales et
universitaires du gouvernement ne sont que
deux volets d’un projet politique cohérent. Avec
la forte augmentation de la sélection sociale, la
revendication d’un diplôme qualifiant resterait
lettre morte sans un accès égal de toutes et tous
à des conditions de vie et d’étude décente.
EDF textes total.indb 27 11/03/09 13:25:13
28 Etudiants de France n°288 • Hors- Série • Mars- Avril 2009
Pour un pré-salaire d’autonomie !
Dépourvue de statut social propre, la jeunesse
compte parmi les premières victimes de la
crise et se voit contrainte à une alternative
entre dépendance familiale et salariat. Pour
ses franges les plus en difficulté, un salaire à
mi-temps ne suffit même pas à répondre aux
besoins minimaux alimentaires ou de santé, et
les étudiants boursiers pouvant se passer d’un
complément salarial se font rares.
Les jeunes aujourd’hui sont toujours infantilisés
; majeur civilement à 18 ans, ils sont socialement
dépendants de leurs parents jusqu’à 25 ans
(demi-part fiscale, allocations familiales jusqu’a
21 ans) et ne peuvent de fait s’émanciper et
prétendre à leur autonomie (logement individuel,
choix d’études et de vie…). La famille reste
encore l’horizon indépassable d’un système
d’aide sociale injuste et insuffisant (plus de
500000 bourses définies sur les revenus des
parents). Nous proposons donc une allocation
d’autonomie pour toutes et tous basé sur un
projet pédagogique et professionnel et non
pas une « aumône de l’Etat providence ».
Cette allocation serait financée par deux biais
: en préalable la refonte du système d’aides
sociales actuelle et par la cotisation sociale
(cotisation salariale et cotisation patronale). Le
montant doit être suffisant et évalué de manière
rigoureuse pour permettre aux jeunes de se
consacrer pleinement à leur projet avec un suivi
pédagogique pour une meilleure réussite et une
insertion professionnelle satisfaisante. La forme
de rétribution ne peut être un salaire en tant que
tel puisque ce dernier est indexé sur une grille
de qualification. Le jeune étant en formation et
cherchant à acquérir ces qualifications, doit donc
avoir une rémunération forfaitaire, un présalaire
définit préalablement au même titre que les
retraites par répartition. Ceci supposera une nette
hausse des salaires puisque la cotisation est un
élément de salaire. Cette hausse des salaires
est indispensable, c’est pourquoi il faut relier
nos revendications avec les salariés (hausse
des salaires…) et revenir sur la destruction du
système des retraites par répartitions
iii- un synDicat De tous les coMbats
Plus que jamais les étudiants ont besoin d’un
syndicat utile au quotidien, qui soit à l’offensive,
qui ne lâche rien face aux attaques libérales.
Face à la cohérence du projet gouvernemental
et du rapport de forces existant, la confrontation
apparaît de plus en plus indispensable pour
imposer notre projet, et l’arme dont nous
disposons reste l’action collective. Nous devons
chercher à construire un syndicat de masse,
unifié, démocratique, qui soit dans le camp du
mouvement social et qui se donne pour objectif
de transformer la société.
1-Faire le choix définitif du mouvement social
L’heure est à la résistance et à son
organisation. Le rôle de l’UNEF dans la jeunesse
est aujourd’hui central : pour le service public
d’enseignement supérieur, pour notre avenir
à tous, contre la machine libérale, le syndicat
doit dès aujourd’hui poser les bases de
l’affrontement.
Pour s‘inscrire dans le camp du mouvement
social, le syndicat doit d’abord démontrer son
utilité au quotidien pour pouvoir convaincre
les étudiants de se mobiliser, au moment où
le gouvernement casse le service public de
l’enseignement supérieur et organise la mise en
concurrence entre les universités. Une UNEF
responsable c’est une UNEF qui s’oppose sans
concession aux réformes libérales. En fédérant
sur son projet, elle fait le choix d’être une
boussole pour canaliser la colère qui monte de
plus en plus afin de défendre nos droits et en
gagner de nouveaux.
La faible participation des étudiants aux
élections (moins de 20%) démontre qu’ils ne
jugent pas cela utile et qu’ils ne pensent pas
que le syndicat est utile pour les représenter.
En prouvant au quotidien l’utilité du syndicat,
en prouvant que le projet que nous portons
et que notre stratégie permettent de gagner,
nous pouvons faire du temps des élections un
élément de la construction du rapport de forces
sans concentrer tous nos efforts. Elle ne doit
pas non plus être un obstacle à la mobilisation
des étudiants et l’UNEF doit, si nécessaire,
faire le choix du mouvement et ne pas céder
au chantage électoral comme elle a su le faire
au moment des élections du CROUS de 2006,
pendant le CPE.
Avoir des élus permet d’avoir des informations
sur ce qui se passe et de gagner quelques
avancées mais il est utopique de croire que c’est
dans ces instances que la seule action des élus,
permet de changer l’université (composition
des conseils défavorable aux étudiants…).
Finalement, avoir des élus permet d’informer
l’ensemble des étudiants, de vérifier que les
droits étudiants sont préservés, de relayer
les luttes qu’il peut y avoir sur l’université, de
nouer des contacts avec les enseignants et les
BIATOSS et obliger l’université à se positionner
sur certains sujets. Pour obtenir de réelles
victoires, il faut combiner l’action des élus et la
construction d’un véritable rapport de forces.
Nous devons envisager les élections de l’année
prochaine comme une période test pour un
programme d’urgence pour les étudiants en
rupture radicale avec le gouvernement et son
projet : il faut le battre dans la rue et dans les
urnes !
Ce n’est qu’une fois ce rapport de forces
établit, et pas avant, que des négociations
peuvent être envisagées. La LRU l’a montré,
une négociation à froid ne peut pas être une
négociation victorieuse. Se mettre à la table
des négociations avec un gouvernement quand
on est le syndicat majoritaire n’est pas un
acte répréhensible en soi. Mais cela entraîne
parfois le syndicat dans une position difficile à
tenir : comment refuser une réforme que l’on a
négocié ? Comment négocier ce que l’on refuse
? Finalement cela revient presque à chercher, en
commun avec le gouvernement, à appliquer une
réforme dont nous ne voulons pas. Pour imposer
nos revendications et gagner, le moyen d’action
privilégié doit rester la construction d’une grève
étudiante et à terme la construction de la grève
générale.
Pour être un syndicat responsable, l’UNEF a
besoin d’être un outil efficace, au service des
étudiants.
2 - construire un outil efficace
Construire un syndicalisme unifié
L’UNEF demeure encore aujourd’hui et de
très loin la première organisation étudiante.
La majeure partie des étudiants, lorsqu’ils
rencontrent un problème, se tournent vers
l’UNEF. Néanmoins, il y a toujours moins de 1%
d’étudiants syndiqués et le décalage entre niveau
des luttes et niveau d’organisation des étudiants
reste fort. Nous devons travailler à renforcer
l’organisation des étudiants, l’unification du
milieu étudiant et l’unification syndicale. En
effet, ce n’est que par la construction d’un outil
cherchant consciemment à regrouper en son
sein la majorité des étudiants que nous nous
donnerons les moyens de construire un outil à
même de résister efficacement aux attaques de
la classe dirigeante.
EDF textes total.indb 28 11/03/09 13:25:15
29Etudiants de France n°288 • Hors- Série • Mars- Avril 2009
Pour cela, bien sûr nous devons
systématiquement chercher à renforcer l’UNEF
en y faisant adhérer de nouveaux étudiants.
Nous devons également chercher à gagner
les gens sur la durée : trop nombreux sont les
étudiants qui ne restent à l’UNEF qu’un an, au
cours de leur première année, et qui repartent
ensuite faute d’avoir été convaincus de l’utilité
du syndicat. Nous devons chercher à faire de
chaque adhérent de l’UNEF, un militant syndical
régulier. Cela ne veut pas dire faire de l’activité
militante un préalable mais chercher à faire que
l’ensemble des membres du syndicat puisse
mener une activité.
Aujourd’hui c’est un mouvement social en
miettes qui fait face à la déferlante libérale. Le
milieu étudiant est plus que concerné par cette
situation. Des associatifs, des « syndicalistes de
lutte », des « syndicalistes d’accompagnement
», des écologistes ont décidé de faire bande à
part. Cette division affaiblit considérablement
le mouvement étudiant, nous ne gagnons rien à
être divisés.
C’est pour cela que, en tant qu’organisation
majoritaire, la responsabilité de l’UNEF est
encore plus importante que celle des autres
organisations dans la réussite de ce processus.
Elle doit créer au jour le jour les conditions de
l’unification du mouvement étudiant. Elle doit
donc pousser le plus souvent possible aux
rapprochements : campagnes communes
locales et nationales, réunions unitaires, listes
communes... La seule unité d’action bien
qu’indispensable est insuffisante. Tous ces
rapprochements doivent avoir pour but de
montrer que ce qui nous unit est plus fort que ce
qui nous divise. Nous ne devons pas avoir peur
de l’inconnu ni du débat au sein de l’organisation.
Nous n’avons rien à craindre à envisager à terme
le dépassement de l’actuelle UNEF dans un
outil hégémonique rassemblant l’ensemble des
étudiants et resserrant leurs rangs pour affronter
tous ensemble les batailles futures.
Pas d’unité sans démocratieL’unité n’est pas possible sans démocratie. La
question de la démocratie dépasse la simple
position de principe et s’inscrit dans la volonté de
rassembler le plus d’étudiants au sein de l’UNEF
pour en faire le syndicat de tous les étudiants.
Dans le cadre des mobilisations étudiantes,
on constate les aspirations qui existent à
l’apprentissage de la démocratie et à sa mise
en pratique. Ces éléments doivent se retrouver
au quotidien dans le syndicat. Trop souvent
dans les AGE, les camarades des tendances
minoritaires ne sont pas conviés aux réunions
hebdomadaires, les adhérents n’ont pas tout
le temps accès aux locaux du syndicat, encore
moins quand ces camarades sont dans une
tendance minoritaire. Sans parler de l’interdiction
pour les minorités de s’adresser à l’ensemble
des adhérents du syndicat du fait de l’absence
de partage des fichiers d’adhérents.
Le droit de tendance est un fonctionnement
qui permet d’exprimer, de mesurer et de
représenter les différentes orientations. Il faut
donc que l’orientation du syndicat soit sous
contrôle permanent des adhérents. Aujourd’hui
les modalités de vote organisent la concurrence
entre les AGE : les voix des adhérents d’une
petite AGE où il y aurait 100 adhérents et où
90 d’entre eux se déplaceraient pour voter
compteraient bien moins que les 90 votants
d’une grosse AGE qui aurait 500 adhérents.
Nous proposons donc que chaque adhérent qui
se déplace pour voter compte pour un et que sa
voix représente un mandat.
Les nécessités démocratiques dans notre
organisation sont liées à la nécessité de
construire une organisation de masse. En effet,
il est impensable que des dizaines de milliers
de jeunes puissent passer de la démocratie et
de l’autoorganisation des luttes étudiantes de
ces dernières années au régime de caserne du
syndicat. Les AGE ne doivent pas être mises
sous tutelle du Bureau National mais doivent
conserver une certaine autonomie pour faire du
syndicat un outil dans lequel tous les étudiants
puissent trouver leur place.
Pas de démocratie sans indépendanceLes campagnes syndicales et les positions
de l’UNEF ne dépendent pas de l’étiquette du
gouvernement. Elles s’élaborent collectivement
(par les militants et les adhérents) par l’analyse
des préoccupations concrètes des étudiants.
Elles se dotent d’objectifs concrets (repousser
une attaque, obtenir des victoires) et d’une
stratégie syndicale reposant sur la construction
d’un rapport de force. On peut alors tirer de
vrais bilans et dire en quoi l’UNEF a fait (ou pas)
avancer les intérêts des étudiants.
L’indépendance politique n’est pas l’absence
d’appartenance à un parti : être à l’UNEF
n’implique pas de rendre sa carte. Il s’agit de
prendre toutes les décisions dans les cadres du
syndicat, indépendamment des partis politiques
ou des centrales syndicales.
L’indépendance financière vis-a-vis des
gouvernements, des administrations, des partis
politiques ou des organisations syndicales de
salariés doit être recherchée. C’est pour cela
que les adhérents payent une cotisation en
adhérant.
3 - Un syndicat de transformation sociale
Pour un syndicat de transformation sociale
En tant que syndicat étudiant, l’UNEF a vocation
à défendre les intérêts matériels et moraux
des étudiants. Cependant, notre engagement
syndical ne se limite pas à l’université. Les
valeurs que nous portons nous conduisent à
nous battre sur le terrain de la transformation de
la société. Ce qui se passe dans le reste de la
société a des conséquences sur ce qui se passe
à l’université et inversement. Pour construire une
autre université, il nous faudra lutter pour une
société plus juste et plus égalitaire.
Les étudiants ne sont pas que des étudiants,
ce sont des futurs salariés et plus de la moitié
d’entre eux sont déjà salariés pour financer
leurs études. Dans cette lutte pour transformer
la société, les salariés sont la force qui joue un
rôle central. C’est la raison pour laquelle l’UNEF
doit se considérer clairement comme étant du
côté des salariés et de leurs organisations.
L’UNEF doit faire le choix de l’action dans et en
dehors de l’université, avec les organisations qui
luttent et se mobilisent au sein des mouvements
sociaux.
Un syndicat internationaliste
C’est par son combat pour le droit des
Algériens à l’autodétermination que l’UNEF
s’est en grande partie construite telle qu’elle
est aujourd’hui. Cela s’est aussi passé en
soutenant des actes qualifiés de terroristes par
les autorités françaises. Nous ne devons pas
rougir de cet héritage. Aujourd’hui, les guerres
et occupations militaires sont incessantes, avec
leur lot de barbarie et de cruauté. L’agression
israélienne contre la bande de Gaza l’a une
nouvelle fois montré. Il y a encore plus besoin
que l’UNEF se déclare clairement comme étant
du côté de l’ensemble des peuples opprimés.
Cela passe notamment par la lutte contre
toutes les occupations militaires (Palestine,
Irak, Afghanistan, Côte d’Ivoire…) et le combat
pour le droit des peuples à l’autodétermination
; ce qui est d’autant plus nécessaire lorsque
c’est notre propre gouvernement qui est à
l’offensive. Les politiques guerrières ont aussi
des conséquences pour la population de l’Etat
qui les mène. Quand il augmente son budget
EDF textes total.indb 29 11/03/09 13:25:16
30 Etudiants de France n°288 • Hors- Série • Mars- Avril 2009
Premiers signatairesAllain Damien, StrasbourgBarbier Guillaume, VPE CROUS, AmiensBeaujean Pierre-Antoine, trésorier, Clermont FerrandBergdoll Lucie, Paris 6Berland Marc, CA, AngersBernalicis Ugo, vice président d’AGE, LilleBorensztejn Antoine, Paris 6Bouënel Delphine, CA, BN, CNOUS, Paris 5Brouillard-Dusong Valentin, CA, Délégué au BN, AngersBroustail Batiste, CaenBrusadelli Nicolas, CA, BN, AmiensChapuis Mathieu, ReimsChaudieu Victor, trésorier, ChambéryCiapin Etienne,GrenobleCorcaud Simon, AngersCure Perrine, VPE CROUS, Clermont FerrandDaveine Thibault, secrétaire Général, ChambéryDeias Damien, secrétaire général, DijonDelegue Jean, Paris 3Delrue Benoit, CA, LilleDi Giovanni Anne-Sophie, reponsable de CAS, Grenoble 1Djemaï Hichem, Paris 10Ducatez Simon, LittoralDufour Suzanne, Paris 1Duriez François, VPE, Lille 3Eisenberg Mathilde, Paris 10Gaujard Caroline, Paris 10Giono Jérémie, CA, BN, GrenobleGouardou Mickael, GrenobleHelle Delphine, trésorière, DijonHémon Régis, président d’AGE, NantesHordé Jessica, présidente d’AGE, Paris 5Jacquot Clément, président d’AGE, Clermont FerrandJamet Lucile, CC, AmiensJanodet Charly, président d’AGE, DijonLederer Agathe, Paris 3Lelong Mathieu, LittoralLeroy Olivier, StasbourgLihouc Camille, LilleMarchina Bastien, MontpellierMolis Audrey, présidente d’AGE, AmiensMontforte Dimitri, CA, BN, Paris 10Perrin Morand, CA, CNESER, NancyPierrick Vuitton, Bureau d’AGE, NancyPlanard Elsa, présidente d’AGE, ChambéryRichin Danielle, Paris 13Sainty Benjamin, Le MansScali Damien, LilleSchaal Goulven, Paris 8Schmit Pierre-Antoine, vice président d’AGE, GrenobleSimon Eloi, Paris 10Telliez Germain, VPE, AmiensTessier Matthias, NantesVacher Kevin, Aix-MarseilleViaouet Gildas, NantesViaouet Pierrick, RennesVidal Natacha, AngersZambelli Julien, CA, Paris 7
militaire, il baisse les budgets sociaux, quand il
entre en guerre, il fait passer des lois liberticides
au nom de l’union nationale. Pour qu’elle soit
réelle, les peuples opprimés doivent compter
sur leurs propres forces et sur le soutien des
autres peuples. En aucun cas leur émancipation
ne peut passer par l’appel à d’autres puissances
militaires et économiques ou aux institutions
mises en place par celles-ci (OTAN, ONU, OMC,
FMI…). L’UNEF doit l’affirmer en participant
à la préparation d’échéances de solidarité
internationale telles que les contre-sommets de
l’OTAN, du G8…
Un syndicat qui lutte contre toutes les oppressions
L’UNEF doit faire le lien entre toutes les
luttes d’émancipation qui traversent la société.
Certaines catégories de la population subissent
des discriminations et des oppressions
spécifiques. C’est pourquoi nous devons mener
des campagnes offensives pour gagner l’égalité
des droits entre les hommes et les femmes, nous
devons participer régulièrement aux collectifs
qui luttent pour le droit des femmes, l’avortement
libre et gratuit (CADAC et Planning Familial par
exemple), nous devons nous investir pleinement
dans les journées nationales d’action sur ces
questions.
L’organisation devrait également regarder
ses pratiques de près, notamment en ce qui
concerne la division des tâches militantes :
depuis plusieurs années la présidence de l’UNEF
est confiée à un homme et le secrétariat général
à une femme ! Nous devons être un syndicat
féministe en principe ... et en pratique !
De même, nous devons lutter pour l’égalité
des droits entre hétéros et Lesbiennes, Gays,
Bisexuels, Transsexuels et Intersexes (LGBTI),
dans l’organisation et à l’université. Cette égalité
en pratique passe par une participation active
de l’ensemble des camarades du syndicat aux
diverses échéances qui ont lieu dans l’année :
journée mondiale contre l’homophobie, marches
des fiertés et journée mondiale contre le SIDA.
Là où des associations LGBTI existent, l’UNEF
doit se lier à elles pour préparer ces échéances.
Enfin, il s’agit de lutter concrètement pour
construire un syndicat anti-raciste. Aujourd’hui,
les discours sur l’immigration, les quartiers
populaires, les»racailles» de banlieues et
les politiques gouvernementales en matière
d’immigration renforcent les théories racistes et
leurs colporteurs. Près de 25 % de la population
estime que le FN fait des propositions positives
pour lutter contre l’insécurité et l’immigration.
La relative politisation des étudiants doit nous
permettre d’intervenir de manière forte sur
le terrain des luttes anti-racistes et de battre
en brèche toutes les formes de racisme,
d’antisémitisme, d’islamophobie et les préjugés
xénophobes quels qu’ils soient.
RESF a organisé des mobilisations dans les
écoles, collèges et lycées et a parfois réussi à
empêcher des expulsions par des mouvements
de grève impliquant les élèves et les profs. Mais il
est impossible d’empêcher toutes les expulsions
une à une. C’est pourquoi il faut s’organiser sur le
modèle de RESF en créant des collectifs Réseau
Université Sans Frontières, pour recenser tous
les cas de Sans-papiers, organiser la solidarité
sur un plan local et mener la bataille pour que
Français et Etrangers soient égaux en droits à
l’université, tout en préparant dès maintenant un
grand mouvement pour la régularisation de tous
les sans-papiers et pour l’abrogation de toutes
les lois racistes.
voter pour la tUUd c’est voter pour :
- Une opposition sans concession aux
politiques libérales qui détruisent nos droits et le
service public d’éducation
- Des diplômes nationaux de qualité en lien
avec la recherche et permettant une insertion
professionnelle réussie et durable
- Une tendance qui se prononce clairement
contre la LRU et ses conséquences.
- La construction au quotidien du rapport de
forces, en organisant et mobilisant les étudiants
et qui tend vers l’unification des luttes et la
construction d’un mouvement d’ensemble
- Un syndicat qui fonctionne de manière
démocratique et transparente seule garantie de
l’unité et de l’engagement de tous
- L’unification du mouvement étudiant,
nécessaire parce qu’ensemble nous sommes
plus forts.
- Un statut social pour les jeunes en formation
et en insertion permettant l’accès de tous à
l’éducation et à l’autonomie
- Un syndicat qui fait le choix définitif du
mouvement social et qui se bat pour la
transformation de la société : égalité des droits
homme/femme et étrangers/français, soutien
aux luttes LGBTI et antiracistes, pour la solidarité
internationale.
EDF textes total.indb 30 11/03/09 13:25:17
31Etudiants de France n°288 • Hors- Série • Mars- Avril 2009
Nous avons fait le choix de rédiger notre
contribution avec des camarades
d’autres tendances, ou qui ne se
reconnaissent dans aucunes d’entre elles. A
notre avis, le système en Tendances, telle qu’il
est aujourd’hui en place à l’UNEF, cloisonne
le débat et ne permet pas la participation de
l’ensemble des camarades aux prises de
décisions. Pour y remédier, nous appelons
l’ensemble de l’organisation à une réflexion
sur son fonctionnement, afin de se donner les
moyens de devenir un vrai syndicat de masse.
pour un vrai statut social de l’étudiant...
Aujourd’hui, toute l’UNEF partage le constat
de la précarité accrue qui frappe les étudiants.
Tous sont d’accord pour affirmer la nécessité
d’un « statut étudiant ». La question que nous
posons, c’est : qu’entendons-nous par là?
Pour tous les courants de l’UNEF (et même
du milieu étudiant plus largement), il s’agit de
donner à l’étudiant une aide financière afin
qu’il puisse subvenir à ses besoins. Le débat
est ensuite de savoir comment on donne
cet argent, sous quelle forme... Pour nous,
l’enjeu est ailleurs.
...des aides matérielles conçues comme des nouveaux droits !
Le seul moyen d’obtenir des victoires
durables, c’est de sortir du marché privé
l’ensemble des besoins fondamentaux
des étudiants :
− Étudier : il faut revendiquer la gratuité
des études, et permettre à tous d’avoir
accès gratuitement aux polycopiés et à la
documentation nécessaire à la réussite de
ses études;
− se loger : il faut fournir un logement
public à chaque étudiant, en multipliant
les constructions et en nationalisant les
résidences étudiantes privées. Il faut tendre
à la gratuité des loyers, par le plafonnement
tant au niveau du public que du privé. Nous
devons également faire supprimer la taxe
Contributrion de la sensibilité Unité ét Action de la Tendance pour une UNEF unitaire et démocratique
Signataires
Marc Berland, Angers, CAJérémie Giono, Grenoble, BNValentin Brouillard-Dusong, Angers, Délégué au BN et CA
Alalou Sébastien, Lyon 2Allain Damien, StrasbourgBarka Elise, Lille 1Bernalicis Ugo, Lille 3, VP d’AGEBourdon Xavier, NantesBroustail Baptiste, CaenCiapin Etienne, Grenoble 2Collineau Marlène, Nantes, Trésorière de l’UNEF-Nantes et VP-CROUSCorcaud Simon, AngersCossange Nicolas, Montpellier 2 (Béziers)Creton Kevin, Lille 2Delalleau François, Lille 1Delegue Jean, Paris 3Delrue Benoit, Lille 3, CADi-Giovanni Anne-Sophie, Grenoble 1, Res-ponsable de CASDucatez Simon, Littoral (Calais)Duriez François, Lille 3, VPEGirard Eloise, Nantes, SG de l’UNEF-NantesGouardou Michael, Grenoble 1Heiber Simon, Grenoble 2Hemon Régis, Nantes, Pdt de l’UNEF-NantesLelong Mathieu, Littoral (Boulogne sur mer)Leroy Olivier, StrasbourgLihouc Camille, Lille 3Marchina Bastien, Montpellier 2Ribero Nicolas, Nantes, Pdt de la FERUF-NantesSchmit Pierre-Antoine, Grenoble 2, VP d’AGESimon Eloi, Paris 10Tessier Mathias, NantesVidal Natacha, Angers
d’habitation pour les étudiants.
− Manger : il faut remettre à flot la
Restauration Universitaire, en améliorant
qualité et capacités d’accueil, et en baissant
fortement le prix du ticket, ce qui implique
des augmentations massives de subventions
publiques. En parallèle, il faut mettre en
place un réseau d’épiceries sociales gérées
par les CROUS.
− se soigner : il faut défendre la Sécurité
Sociale étudiante, et améliorer le Régime
obligatoire plutôt qu’encourager le recours
aux complémentaires, qui par nature
creusent les inégalités. Nous devons
également nous battre pour le retour à une
caisse unique, la LMDE, et faire supprimer
les SMERs. De plus, il faut généraliser les
Centres de Santé Universitaires : il ne suffit
pas d’être couvert, encore faut il avoir accès
aux soins...
− se déplacer : enfin, nous devons
revendiquer la gratuité des transports pour
les étudiants, à tous les échelons (SNCF,
Régions, Départements, Agglomérations...),
en commençant par l’échelon local.
Pour les autres besoins (loisirs, accès à la
culture...), il faut également rechercher la
baisse des coûts en priorité.
Si l’on satisfait la majorité des besoins des
étudiants par le biais du secteur public, on
sort des logiques de rentabilités qui ont
courts sur le Marché privé (tant en terme
de logement que de restauration, et tout
le reste...). Sortir du marché les besoins
fondamentaux permet de protéger dans
la durée alors qu’un simple augmentation
des aides ne garantie en rien une protection
durable face à une inflation spéculative
mécanique.
Une aide financière devra compléter ces
aides matérielles. Cette conception du Statut
Social s’inscrit dans une réflexion renouvelée
de la mise en Sécurité Sociale des étudiants,
qui doit être le point de départ de débats
dans notre organisation dans le cadre de la
Sécurité Sociale Professionnelle.
EDF textes total.indb 31 11/03/09 13:25:18
32 Etudiants de France n°288 • Hors- Série • Mars- Avril 2009
Quel rôle pour l’UNEF, à l’heure de notre
81ème congrès ? Nous sommes aujourd’hui
avant tout dans un contexte de crise. Une
crise annoncée comme sans précédent au vue
de l’importance des conséquences sociales
qu’elle engendre. Cette crise, depuis le
tournant spectaculaire qu’elle a pris au mois de
septembre avec un effondrement de l’économie
mondiale, a donné lieu à bon nombre d’analyses
qui convergent toutes vers une dénonciation
de la financiarisation de l’économie et de ses
excès. La spécificité de cette crise demeure
l’incapacité des politiques à en saisir l’ampleur
et les conséquences, conséquences que nous
avons décidé de ne pas sous-estimer au vu de
leurs impacts certains dans les années à venir
sur la population, notamment étudiante.
D’abord qualifiée de financière, abstraite
et sans réels dangers pour la population
française, car limitée à l’étranger, à l’image
du nuage radioactif de 1986 qui ne devait
pas traverser les frontières, la crise ne devait
pas traverser l’Atlantique. Pourtant, force
a été de constater que les jeux financiers
effectués, prônant comme moyen d’accession
à la propriété une spéculation financière
sans limites, ont eu des répercussions
considérables sur notre société. En effet, la
crise des subprimes a dans un premier temps
déstabilisé le système bancaire mondial,
causant nombre de faillites et perturbant ainsi
nos habitudes de consommation intimement
liée aux établissements de crédits.
Seulement, à l’instant où la machine
économique devient folle, c’est l’ensemble
du monde économique qui se retrouve mis
à mal. La conséquence la plus dramatique
ne se faisant pas attendre, c’est bien une
véritable crise sociale qui prend place, gelant
la consommation des plus précaires qui était
conditionnée par les différents prêts d’argent.
Faute d’une hausse convenable des salaires,
la part dans la redistribution des richesses n’a
cesser de baisser face à celle du capital durant
les vingt dernières années.
De fait se met en place un véritable cercle
vicieux, la consommation chutant en entraînant
inexorablement une baisse de la production, qui
entraîne elle même une diminution du nombre
d’emplois, ne permettant plus, de fait, la
consommation nécessaire au fonctionnement
de la machine économique. C’est donc tout
le système économique qui est aujourd’hui
remis en cause, dans ses objectifs, et dans son
fonctionnement.
En parallèle, nous nous trouvons à un moment
de bilan des deux premières années du mandat
de Nicolas Sarkozy, dont l’analyse économique
fut si pertinente qu’il prônait l’importation en
France des recettes américaines qui ont plongé
le monde entier dans cette crise.
Ainsi, l’un des premiers actes du président
Sarkozy fut de faire voter la loi Libertés et
Responsabilités des Universités durant l’été
2007, le tout avec un minimum de concertations,
et à un moment où la communauté universitaire
pouvait bien difficilement réagir. Force est de
constater que cette loi, bien loin de la réforme
universitaire ambitieuse pour permettre un
développement serein des universités que
nous prônions lors du précédent congrès, va
surtout laisser la possibilité à des présidents
d’universités rendus surpuissants de gérer
la pénurie financière et le manque de postes.
Certes, quelques pôles d’excellence arriveront
à se tirer du lot pour obtenir le soutien de
l’Etat, mais on est loin d’avoir ici une politique
volontariste en terme d’éducation et de
recherche.
Pour autant, si ce gouvernement a toujours
été très arrogant envers le mouvement social,
instaurant des lois telles que le fumeux «
service minimum » pour encadrer le droit de
grève, il semblerait que le réveil dû à la crise
soit douloureux, et nous devons en prendre
compte. Le pouvoir d’achat en berne et la
situation actuelle des entreprises ne permettent
pas d’envisager une amélioration à venir sans
intervention étatique et décrédibilisent la
TEXTE PRÉSENTÉ PAR LA TENDANCE
REFONDATION SyNDICALE
pRotégeR les étudiants face à la cRise politique actuelle du gouvernement. Les prix
des produits de première nécessité n’ont cessé
d’augmenter durant les deux dernières années,
le Secours Populaire ayant calculé que les
familles les plus précaires avaient subi une
hausse de leurs dépenses « incompressibles »
(logement, nourriture) de 30 % !
Grâce à un niveau de dépenses publiques
toujours très élevé (52.4 % du PIB en France
contre 37.4 % aux Etats-Unis en 2007),
d’arriver à ralentir les effets de la crise. Car si
la France subit, aujourd’hui, moins violemment
que les autres pays développés le choc de
la crise, c’est parce que l’héritage de l’Etat
providence, nos dispositifs de solidarité
mutualisés, n’ont pas pu (encore) être détruits
par la droite au gouvernement. Face à la crise,
c’est bien la nécessité de la protection sociale,
des dispositifs de solidarités, que nous devons
mettre en avant. La meilleure protection contre
le chômage, c’est un diplôme. La meilleure
protection contre la précarité chez les étudiants,
c’est un statut social qui incite à la formation.
De telles revendications sont non seulement
justes dans un contexte de crise économique,
mais nous permettent de remettre en avant la
nécessité de la formation comme protection
face au chômage.
Nous, jeunes syndicalistes étudiants,
devons donc prendre part à la construction
d’un nouveau modèle social. Un système
qui réhabilite la formation, l’enseignement
supérieur et la recherche comme nouveaux
vecteurs d’investissements dans une économie
de la connaissance et du savoir. Un système
qui réhabilite la protection sociale universelle,
et qui fasse de la formation un pilier de cette
protection sociale.
cette action, nous l’envisageons
pragmatique dans ses propositions et
radicalement tournée vers un projet social
face à la crise.
EDF textes total.indb 32 11/03/09 13:25:19
33Etudiants de France n°288 • Hors- Série • Mars- Avril 2009
i. l’enseigneMent supérieur coMMe vecteur De protection sociale
La crise économique qui nous touche va
profondément impacter les politiques publiques
en France. Avec un gouvernement qui nie la
réalité de cette crise et fait le choix de tailler
massivement dans le budget des structures
publiques, notamment celui de l’Education
nationale et, dans une moindre mesure, celui de
l’enseignement supérieur et de la recherche.
Pour autant, la France n’a jamais été un bon
élève pour le financement de ses universités.
Loin d’être une priorité, l’enseignement
supérieur en France fait figure de parent pauvre
depuis de nombreuses années comparé aux
autres pays développés. En y investissant que
1.1 % du PIB contre 1.5 % en moyenne dans
les autres pays de l’OCDE, la France n’a pas
fait le choix d’un investissement massif dans
l’université pour développer une société de la
connaissance et du savoir.
Au contraire, la logique qui se met en
place à travers la concentration d’un certain
nombre d’universités en gigantesques
pôles universitaires comprenant plus de 50
000 étudiants, pôles dits « d’excellence »,
décliné par le plan campus va accélérer le
développement le développement d’un système
universitaire à deux vitesses. Dans ce contexte,
trois profils d’université vont se mettre en place
: les pôles d’excellence qui auront vocation à
attirer « l’élite » enseignante et étudiante de
la communauté universitaire, et qui auront les
faveurs du ministère ; les universités de taille
moyenne dont il y a fort à parier que le budget
évoluera peu, et qui se structureront sur des
politiques d’attractivité des étudiants. Et pour
finir, les grands perdants de cette réforme : les
universités dites de proximité, les plus petites
et les plus isolés, souvent pluridisciplinaires et
très professionalisantes (telles que définies par
le ministère de l’enseignement supérieur).
Nous considérons, à la TRS, que c’est sur
ces dernières que nous devrons concentrer
nos efforts pour que les étudiants ne payent
pas les pots cassés de la crise et de la politique
du gouvernement dans les prochaines années.
a) désenclaver et développer les universités de proximité
Par son caractère avant tout financier, la crise
économique que nous vivons actuellement ne
touchera pas tous les territoires de la même
façon. En effet, les territoires dépourvus
de tissus industriels solides, privés d’une
présence de l’Etat via les services publics, ces
territoires isolés donc, avant tout ruraux mais
parfois situés en banlieue, seront touchés de
plein fouet par la crise.
Dès lors, ces étudiants choississent de se
former dans des universités pour des critères
avant tout de proximité, mais également
financiers (Cf. Stephane Beaud). Cherchant à
se professionnaliser pour entrer sur le marché
du travail le plus vite possible, ils verront leurs
perspectives locales se réduire : la hausse
des faillites d’entreprises et la réticence à
investir en période de crise diminueront ces
perspectives professionnelles. Si l’on y ajoute
un désinvestissement de l’Etat dans les
formations les moins professionnalisantes, le
diplôme y sera bien moins protecteur face au
chômage.
Nous devons donc nous concentrer sur ces
universités, qui sont de fait un vrai vecteur
d’ascension sociale pour les étudiants qui s’y
forment. Dans le contexte de crise actuelle, sur
des territoires qui seront de fait plus touchés, la
formation par le biais des universités devrait au
contraire être remis en valeur afin de permettre
à ces étudiants d’être armés efficacement
contre le chômage.
Universités de proximité : retour sur un succès aujourd’hui menacé
Les universités de proximité ont un
rôle spécifique d’attraction de « nouveaux »
étudiants vers l’enseignement supérieur en
offrant des formations proches de leur domicile
à des publics situés dans des zones isolées.
Leur existence même est un facteur d’élévation
de l’ambition sociale des familles présentent sur
ces territoires, souvent peu formées. Ainsi, le
taux de boursiers y est en moyenne supérieur
à 30 %, contre une moyenne nationale de 22
%.
Contribuant de façon positive à l’attraction
de nouveaux publics vers l’enseignement
supérieur, la capacité des universités de
proximité à faire réussir ceux-ci ces dernières
années a été démontrée par leur succès : 20 %
des étudiants y sont inscrits. Dans son rapport
sur l’enseignement supérieur en France,
François Goulard, alors ministre délégué
à l’enseignement supérieur (2007) insistait
sur l’importance de ces universités pour la
démocratisation de l’enseignement supérieur.
Or, la politique actuelle du gouvernement
remet totalement en cause le succès de ces
universités, et surtout leur capacité de permettre
aux étudiants de se former efficacement
dans une période de forte augmentation du
chômage. Quand le gouvernement choisit de
donner l’augmentation la dotation global de
fonctionneme t… la plus faible aux universités
de proximité une réduction de l’augmentation
de dotation globale de fonctionnement la plus
faible aux universités de proximité (+ 3.63
% contre une moyenne de 6.5 %) tout en
impactant fortement les réductions de postes
sur ces universités (- 0.4 % contre – 0.2 %),
il envoie un message clair : les universités de
proximités n’ont pas vocation à donner une
formation de qualité aux étudiants.
Une formation complète pour un diplôme protecteur face au chômage
Faire le choix de se battre pour que les
universités de proximité puissent développer
une offre de formation qui renforce l’accès
des étudiants à l’université, c’est leur donner
un autre avenir que la seule concurrence dont
les étudiants et leurs formations souffriront
forcément. Le gouvernement a choisit de
concentrer la recherche dans certains pôles
universitaires, dans un souci de rentabilité dont
l’efficacité reste à démontrer (6ème dans les
classements internationaux en recherche, la
France est 18ème en terme de financement de
la recherche - OCDE).
On peut alors craindre que les plus petites
universités, notamment les universités
pluridisciplinaires de proximité, voient leurs
postes d’enseignants chercheurs remplacés
par de simples chargés d’enseignement. Nous
considérons, à la TRS, qu’il s’agit clairement
d’une ligne jaune à ne pas franchir.
Car la dualité enseignement/recherche est
au cœur du fonctionnement de l’université,
elle permet aux étudiants de bénéficier de
cours délivrés par des spécialistes dans leurs
domaines, sur des contenus dont l’actualité
scientifique est assurée.
C’est cette spécificité qui permet aux
universités de continuer à démocratiser
l’enseignement supérieur en proposant des
formations de qualité reconnues dans les
EDF textes total.indb 33 11/03/09 13:25:20
34 Etudiants de France n°288 • Hors- Série • Mars- Avril 2009
autres pays européens. C’est également à
travers la pluridisciplinarité, souvent propre
aux universités de proximité, permettant à
des enseignants chercheurs de différentes
disciplines de travailler dans une même
formation, que les étudiants peuvent se former
et s’orienter convenablement. C’est enfin
grâce à la qualité des enseignements reçus
en licence et en master que de nouveaux
étudiants emprunteront avec succès la voie de
la formation par la recherche.
Des dispositifs concrets pour améliorer la qualité des universités de proximité
Notre rôle de syndicat étudiant nous met dans
la responsabilité non seulement de contester
cette évolution dangereuse des universités de
proximité, mais également de définir des modes
de fonctionnement. Relayés avec d’autres
partenaires de la communauté universitaire, ils
permettront de mettre un frein à cette logique
de désinvestissement de l’Etat qui abandonne
peu à peu son rôle protecteur.
Le coût du maintien des unités de recherche
dans les universités de proximité est souvent
évoqué pour en justifier le désinvestissement
et le regroupement sur des pôles plus
importants. Pour autant, de nombreuses
unités de recherches situées sur des territoires
isolés ont su mutualiser par elles-mêmes
leurs moyens pour acheter du matériel que
leur tutelle refusait de financer, à l’image des
regroupements de laboratoires universitaires
qui s’allient sur des projets communs et
mutualisent leur matériel. La TRS appelle donc
à la création de Groupements d’Intérêt Public,
et plus généralement la coopération entre les
universités de proximité, qui leur permette de
mutualiser le matériel de recherche et ainsi de
continuer à produire une recherche de qualité,
tout en justifiant le maintien de leurs postes
d’enseignants-chercheurs.
En ce qui concerne l’insertion professionnelle,
souvent mise en exergue dans les universités
de proximité, nous devons prôner une
démarche innovante, surtout dans une période
où le chômage va fortement augmenter,
à fortiori pour les jeunes. Ainsi, tout en
mettant en place via les Bureaux d’Aide à
l’Insertion Professionnelle des conventions
entre entreprises et universités pour garantir
rémunération et suivi pédagogique aux
étudiants stagiaires, nous proposons que
d’autres aspects du monde de l’entreprise,
soient portés sur ces campus : découverte de
l’entreprenariat social et solidaire … Préparer
les étudiants à s’insérer sur le marché du travail
passe également par une approche novatrice
de ces problématiques.
De la même façon, l’incitation à la
formation chez des étudiants intéressés en
premier lieu par des études courtes passe
par un développement de la pluridisciplinarité
et des passerelles à l’université. Pour les
universités de proximité, nous considérons
que c’est via des co-habilitations entre ces
universités que ces passerelles seront le plus
visibles pour les étudiants, et les inciteront au
mieux à poursuivre des études en leur donnant
une vision des autres possibilités qui leurs sont
offertes. La mobilité étudiante doit dès lors être
favorisée pour rendre réelles ces opportunités
de formation.
b) Favoriser une mobilité étudiante choisie et non plus subie
Une crise qui oblige les étudiants à être mobiles
Nous sommes aujourd’hui dans un contexte
de crise sans précédent, caractérisé par un taux
de chômage record qui touche particulièrement
les jeunes1 . Ainsi, l’INSEE prévoit au moins 300
000 chômeurs supplémentaires pour la seule
année 2009. Dans un contexte de chômage de
masse et de croissance économique en berne,
le peu d’efforts consentis par les pouvoirs
publics n’ont pas réussi à enrayer un chômage
qui touche actuellement près d’un jeune actif
sur quatre.
Le chômage des jeunes ne demeure pas
une fatalité. Nous savons qu’aujourd’hui
l’enseignement supérieur et in fine l’obtention
d’un diplôme tend à protéger du chômage. En
effet, le taux de chômage des non diplômés
dépasse 13% alors que les diplômés de
l’enseignement supérieur sont quasiment en
plein emploi avec un taux qui avoisine les 5%2.
Pour autant l’obtention d’un diplôme
ne garantit pas l’obtention d’un emploi
immédiatement à la sortie du cursus
universitaire. Ici réside un problème récurrent
à l’insertion des jeunes diplômés, à savoir le
temps de latence qui s’écoule entre le moment
où l’étudiant obtient son diplôme et le moment
où il trouve un emploi. En effet, selon un avis du
Conseil économique et social les plus diplômés
connaissent toujours, trois ans après la sortie
du système éducatif, un taux de chômage de
9%.
Aussi, ce temps de latence est le point
problématique dans l’insertion professionnelle
des étudiants. Mais il ne faudrait pas penser
que ces derniers demeurent le même pour tous.
En effet, ces jeunes issus de l’enseignement
supérieur sont confrontés à des problèmes
d’insertion professionnelle plus ou moins
conséquents selon leur âge, leur diplôme, leur
cursus ou leur filière de formation, mais aussi
leur environnement, social ou familial.
Trop souvent, ce temps de latence incarne
une période de précarité variable selon
l’environnement social des jeunes concernés,
mais au delà de ce fait un facteur déterminant
reste l’impact du territoire sur lequel évolue
l’étudiant. Parce que les disparités territoriales
en France demeurent un problème majeur
dans l’insertion professionnel, l’UNEF doit agir
en conséquence. En effet, il est extrêmement
difficile, voir impossible de s’insérer
professionnellement dans certaines régions
sinistrées. Prenons comme exemple quelques
données chiffrée du taux de chômage par
département selon les estimations de l’INSEE
au 3ème semestre 2008:
Hérault 11,10%
Gard 10,80%
Ain 4,90%
Cantal 4,80%
Ces statistiques nous démontrent bien que
les possibilités de s’insérer professionnellement
sont variables selon les territoires. Derrière ces
chiffres il faut bien voir des environnements
différents notamment en terme de bassins
d’emploi. Dans ce contexte de crise, nous
devons axer notre réflexion sur des solutions
à apporter à ce problème. La disparité
géographique des bassins d’emplois amène les
étudiants à se déplacer dans le but de s’insérer
ou de bénéficier d’une meilleure formation.
En effet, il serait hypocrite et dangereux de
penser que l’ensemble des étudiants arrivera à
s’insérer à proximité de leur lieu d’étude ou de
vie. Ainsi cela pose la question des possibilités
de mobilité des étudiants afin de ne pas être
pieds et poings liés à un territoire à faible
possibilité professionnelle.
1. Selon Eurostat, en 2006, le chômage des jeunes de moins de 25 ans atteignait en France 21,6% alors que le taux de chômage général était de 9,2%.2. Source INSEE ministère de l’emploi, 2007
EDF textes total.indb 34 11/03/09 13:25:22
35Etudiants de France n°288 • Hors- Série • Mars- Avril 2009
Valoriser la mobilité nationale ET internationale des étudiants
Face à ce constat, la TRS tient à proposer
des solutions globales. Parce qu’à présent
seule la mobilité des jeunes s’avère être un
moyen de limiter le temps de latence. Aussi
cette population exerce déjà cette mobilité par
contrainte. C’est pourquoi nous voulons, offrir
aux jeunes issues de l’enseignement supérieur
un moyen d’orienter leur mobilité plutôt que de
la subir.
Cependant, nous ne pouvons pas attendre
d’un gouvernement réactionnaire, dans ce
contexte de crise, de répondre aux besoins
des étudiants sans nous mettre en dynamique
en lançant nous-même notre projet pour les
étudiants. C’est pourquoi la TRS propose, que
l’UNEF mette en place une agence nationale
de la mobilité.
Cette agence aurait pour rôle de permettre
aux jeunes issus de l’enseignement supérieur
qui veulent effectuer un stage dans un autre
ville, ou se déplacer hors de leur logement
personnel pour un temps court, de trouver
plus facilement où se loger sans payer deux
loyers. En travaillant avec des partenaires
au niveau national, cet organisme, via peut-
être une cotisation modique, deviendrait vite
incontournable pour les étudiants, tout en
répondant à un besoin concret pour ceux-ci.
Nous considérons que la problématique
de l’insertion professionnelle des étudiants
doit également s’appréhender à l’échelon
international. La possibilité de s’adapter
avec ses qualifications et ses compétences
dans un environnement nouveau est une
qualité aujourd’hui indispensable pour un
salarié, est très reconnue par l’environnement
professionnel et encore trop peu mise en
valeur par l’enseignement supérieur. Pourtant
c’est aussi en s’attaquant à ce sujet qu’il nous
est possible de limiter le temps de latence
des jeunes en recherche d’emploi. Il est donc
nécessaire de permettre aux étudiants de
voir leurs compétences reconnues par d’autre
pays, car c’est autant plus de possibilités qui
s’offre en terme de débouchés professionnels.
Le fait que nous soyons tous touchés par
cette crise internationale doit s’accompagner
de perspectives de même envergure pour les
étudiants. Cela nous permettra de remettre
dans le débat européen la problématique de
l’harmonisation européenne des diplômes,
objectif que le processus de Bologne semble
avoir quelque peu oublié …
Or, force est de constater que les possibilités
de formation à l’étranger ne sont que trop
peu exploitées. En 2008 ce sont moins de
1,5% des étudiants qui sont partis à l’étranger
via le programme Erasmus. Ce constat est
inacceptable, tant cet outil pourrait être vecteur
d’intégration. Ce processus doit donc être
développé pour intégrer la quasi-totalité des
cursus universitaire.
Car lorsque nous parlons d’insertion
professionnelle, nous ne pouvons pas faire
l’impasse sur la possibilité qu’il existe de
s’insérer à l’étranger. En effet, à l’heure où
des pays faisant parti de l’union européenne
enregistrent un taux de chômage chez les
jeunes de moins de 25 ans inférieur de moitié
à celui de la France, nous ne pouvons faire
l’impasse sur cette possibilité.
Dans cette optique la TRS tient à porter
une réforme structurelle de l’enseignement
supérieur faisant de la mobilité internationale
des étudiants, une arme face à la crise et au
chômage. Cette réforme doit être ambitieuse
et contrairement à la LRU, elle doit avoir pour
objet de réformer les contenus pédagogiques
plutôt que de se focaliser uniquement sur un
nouveau mode de gouvernance. C’est bien en
réformant l’organisation de nos enseignements
que nous donnerons un nouveau souffle à
l’université. Parce que la délivrance d’un
diplôme n’est pas garante d’un emploi, c’est
bien par une promotion de nos compétences
internationales en plus de nos qualifications
que nous offrirons à chacun la possibilité d’une
mobilité choisie plutôt que subie.
Ainsi nous proposons de décomposer nos
enseignements en deux parties. Une partie dite
« majeure » comprenant les enseignements
spécifiques à chaque filière, et une autre
partie dite « mineure », consacrée à un
enseignement dispensé en langue étrangère.
Ce mode d’enseignement doit permettre à
chaque étudiant de s’intégrer en France ou
à l’étranger tout en étant capable d’agir dans
une perspective d’ensemble. Parce que la
maîtrise d’une langue étrangère garantit dans
de nombreux domaines une compétence
reconnue, qui reste trop peu développée en
France. En facilitant la mobilité des étudiants
nous travaillons à leur adaptabilité, qualité
cruciale en tant de crise.
C’est également dans cette optique qu’il
nous paraît indispensable que l’agence
nationale de la mobilité prenne toute sa place
en ayant la possibilité d’assurer un logement
à ces étudiants ou personnes issues de
l’enseignement supérieur partant à l’étranger
pour écourter leur délai de latence, voire
parfaire leur formation.
C’est aussi par ce genre d’actions que nous
pourrons nous poser légitimement comme le
syndicat qui défend les droits des étudiants
dans cette période de crise, et convaincre
toujours plus d’étudiants de nous rejoindre.
C’est en rénovant nos pratiques que nous
pourrons conserver cette nouvelle génération
en attente d’engagement dans notre syndicat.
Défendre un modèle européen de l’enseignement supérieur
La période actuelle se prête parfaitement à la
promotion d’un tel travail à l’heure où l’Europe
est en pleine construction. Parce qu’il est de
plus en plus difficile de nous limiter au cadre
strictement national dans notre mobilisation,
car nous faisons partie d’une Europe qui
reste à construire dont nous devons être des
acteurs privilégiés. Le tord de la majorité
nationale sur ce sujet a été d’appréhender la
question européenne seulement sous l’angle
des échanges Erasmus. D’autant plus qu’elle
commence à se rendre compte que le cadre
de l’ESU n’est pas adapté à un vrai mouvement
de syndicalisme européen. Dans ce cas, la
question du maintien de notre investissement
dans cette organisation doit être posée.
L’UNEF doit impérativement travailler avec des
partenaires européens sur des sujets de lutte
communes. Si l’ont parle souvent d’augmenter
notre rapport de force, le développer au-delà
de nos frontières est indispensable à l’aube du
bilan du processus de Bologne. Nous devons
appréhender l’Europe comme un véritable
outil politique au service des étudiants. Nous
sommes aujourd’hui à la veille des élections
européennes et l’UNEF doit impérativement
imposer ses problématiques étudiantes dans
ce débat.
La modification de la carte universitaire qui
va se concrétiser dans les années à venir en
France, avec très clairement des universités à
deux vitesses faute de moyens publics suffisant
pour les subventionner, cette évolution ne se
fera pas qu’en France, mais dans bien d’autres
pays européens. Ce modèle anglo saxon et
EDF textes total.indb 35 11/03/09 13:25:23
36 Etudiants de France n°288 • Hors- Série • Mars- Avril 2009
libéral de l’évolution des universités, est-il
le seul que les pays de l’union européenne
peuvent définir pour harmoniser leurs diplômes
? Ou les nombreuses mobilisations étudiantes
à l’échelle européenne ne posent-elles pas la
question de la défense d’un autre modèle, plus
basé sur un enseignement supérieur public
accessible à tous et émancipateur ?
ii. créer un systèMe De protection sociale par la ForMation
a) pour la création d’un crédit de formation universel
Dans l’objectif de favoriser la formation
comme principal rempart contre le chômage
résultant de la crise, nous proposons d’instaurer
un crédit de formation universel. Un crédit,
c’est à dire, à partir de 16 ans, la possibilité de
bénéficier de 20 semestres de formation pris
en charge par l’Etat. Universel, car accessible
à la fois aux jeunes en situation de formation
initiale ou de reprise d’étude mais également à
toute personne jusqu’à l’age de la retraite qu’il
soit salarié ou à la recherche d’un emploi.
Protéger les jeunes et les étudiants en formation initiale
Définir un outil qui permet une réelle
accession à l’autonomie et à l’indépendance
des jeunes (vis-à-vis des parents et de l’Etat)
passe nécessairement par une formation
permettant de s’insérer avec succès sur le
marché de l’emploi. C’est un outil de justice
sociale, car il permet d’offrir à chaque jeune
quelque soit son milieu familial la possibilité
d’accéder à un haut niveau de formation. Ce
vecteur d’ascension sociale se concrétise par
une aide individualisée basée sur le foyer fiscal
du jeune en formation. Cette aide nécessite
une prise en compte de la situation individuelle
et de l’environnement dans lequel il a évolué :
son degré d’indépendance par rapport à ses
parents, de salariat, de reprise des études..
L’aide individualisée peut se présenter sous la
forme d’un ensemble comprenant la prise en
charge des frais d’inscriptions, des dépenses
de logement en fonction des besoins de
l’étudiant. En effet les 100 000 étudiants
quittant l’université chaque année démontrent
que le système d’aide sociale n’est pas en
capacité de permettre à tous les étudiants
d’accéder à la formation initiale.
Créer un droit à la formation tout au long de la vie
La formation tout au long de la vie se
concrétise pour les salariés et les personnes
en recherche d’emploi en permettant l’accès
de tous à la formation. Ce retour à la formation
doit être favoriser par des mesures permettant
aux salariés de continuer à percevoir leur
salaire afin de maintenir leur niveau de vie
en leur permettant de se former pour lutter
contre leur précarisation future. Lorsque l’on
constate qu’en moyenne 70% des personnes
formées retrouvent un travail à l’issue de cette
formation, l’incitation à la reprise des études se
pose comme un vecteur réel de lutte contre le
chômage.
Cette démarche doit être incitative lorsque
l’on sait que seulement 0,3% des salariés
retournent sur les bancs de l’université en
France, soit 10 fois moins que dans les pays
nordiques. Ce crédit de formation créera de
fait des passerelles entre un monde du travail
touché de plein fouet par la récession et une
université où la formation peut apporter une
réelle solution au déclassement social et au
chômage.
Ce constat nous a amené à définir un crédit
de formation universel comme protection
contre la précarisation des emplois. En effet
la flexibilité et l’instabilité des emplois doit faire
émerger une université évolutive prévoyant et
anticipant les différents changements de la
société pour lutter plus efficacement contre
le chômage. Les ouvriers peu qualifiés sont
les premières victimes de licenciements et
ne peuvent pas retrouver de travail en raison
de leur qualification trop faible, entraînant un
déclassement social de fait. Ce phénomène
se retrouve dans toute la société, les salaires
à l’embauche des cadres ayant diminué de 15
% en moyenne, et les jeunes diplômés sont de
plus en plus contraints d’accepter des emplois
déqualifiés par rapport à leur formation. Les
diverses observations sociologiques tendent
d’ailleurs à prouver l’instabilité des premières
expériences effectuées par les diplômés et
le fait qu’elles sont le fruit d’opportunités
et non pas liés à la sécurité de l’emploi : les
étudiants cherchent à avoir des expériences
« valorisables » par peur d’être trop vite
déclassés, d’où la prépondérance du choix de
contrats précaires pour s’insérer au plus vite
sur le marché du travail.
Toutes ces mesures contribuent à la
construction d’un véritable hélicoptère social
capable d’évoluer transversalement en
facilitant le passage de salarié à étudiant. Cet
aspect social sera aussi couplé à un aspect
humain en créant une solidarité accrue entre
les générations.
b) lutter contre l’extrême pauvreté des jeunes les plus démunis
Dans un contexte de paupérisation des
différents milieux sociaux, il est primordial de
protéger les jeunes, diplômés ou non, contre la
pauvreté. Lorsque l’on sait que 20% des jeunes
de 15 à 25 ans sont au chômage et qu’un
tiers des chômeurs « officiels » n’ont le droit à
aucun revenu individuel (AC chômage), nous
considérons à la TRS que les minima sociaux
doivent s’étendre à tous les jeunes à partir
de 18 ans afin de permettre un garde fou à la
précarisation. En effet, en raison d’un temps de
latence accru entre l’obtention du diplôme et le
premier emploi stable, le jeune sans emploi doit
trop souvent compter sur la solidarité familiale
pour subsister.
En outre, la crise étant génératrice
d’insécurité sociale et de baisse du pouvoir
d’achat, il n’est pas certain que l’ensemble
des parents salariés puissent assumer leurs
enfants en âge de se prendre en charge. De
fait, cette absence de solidarité familiale doit
être compenser par l’élargissement du RMI
pour permettre aux jeunes de subsister en
attendant de trouver un emploi.
En complément de cette politique de
protection des plus précaires, le crédit de
formation universel sera une mesure incitative
pour la formation en donnant aux étudiants un
pécule suffisant pour assurer matériellement
leurs études, et s’articule naturellement avec
le RMI qui assure uniquement la survie des
personnes. De fait, les jeunes, les salariés et
les personnes en recherche d’emploi peuvent
délibérément faire le choix ou non de débuter
des études supérieures ou de les reprendre
dans le futur. Dans cette situation, nous
considérons, à la TRS, qu’il est nécessaire
de répondre aux différentes situations des
étudiants en instaurant une véritable sécurité
sociale professionnelle permettant à chacun
d’avoir un droit personnel à la formation tout au
long de la vie.
EDF textes total.indb 36 11/03/09 13:25:24
37Etudiants de France n°288 • Hors- Série • Mars- Avril 2009
La mise en place de cette sécurité sociale
couplée à l’élargissement des minima sociaux
a pour objectif de couvrir l’ensemble des
étudiants en prenant en compte leurs parcours
individuel, tout en laissant bien à chacun le
choix de se former ou non. Nous considérons
que faire des études ne doit pas être un moyen
de repousser l’entrée dans une période de
chômage, mais bien vu uniquement comme
une opportunité de progression personnelle et
sociale.
iii. pour une réForMe statutaire De l’uneF
Le texte que nous avons écrit avec nos
camarades l’an passé, « Pour un syndicalisme
du 21ème siècle », revendique clairement
un renouveau des pratiques militantes. Le
centralisme « démocratique », propre aux
organisations de masse notamment, a fait
long feu. Le syndicat doit être un outil dont
chaque adhérent peut se saisir, sur lequel les
militants, les élus étudiants peuvent se reposer
pour appuyer leurs idées et leurs projets. Le
syndicalisme étudiant stakhanoviste calqué sur
le modèle des centrales syndicales salariés est
mort. Fini le temps de l’OCI …
comprendre l’évolution de l’engagement des étudiants
Le militantisme ne peut plus être seulement
vu sous le prisme d’un engagement total, sous
un mode révolutionnaire et stakhanoviste. Les
parcours militants des jeunes, et notamment
des étudiants qui s’impliquent aujourd’hui
dans le mouvement social sont sporadiques,
fragmentés dans leur durée, finalisés vers des
objectifs limités. Ils sont aussi vécus comme
des choix individuels, plutôt que des luttes
et des combats communs. (Daniel Cefaï, «
Pourquoi se mobilise-t-on ? »). Ce militantisme
irrégulier, fluide et volatile qui caractérise les
derniers mouvements étudiants d’ampleur,
nous pouvons la capter au sein du syndicat,
et c’est ce que nous voulons faire avec la
tendance refondation syndicale. Mais, pour
cela, il nous faut bien renouveler, refonder
notre fonctionnement.
Il existe aujourd’hui un formidable potentiel
d’engagement que nous sommes encore loin
d’avoir su attirer vers nous. Si nous choisissons
de nous doter pour les années à venir d’une
orientation offensive, si nous démontrons aux
étudiants la capacité qu’à l’UNEF de défendre
et de gagner des droits dans un contexte social
de plus en plus difficile, l’attente sera grande
chez les étudiants de débouchés militants.
s’appuyer sur les nouveaux outils du militantisme pour rendre autonomes nos militants
Les étudiants sont dans l’attente de formes
d’engagement ponctuelles, de possibilités
de s’investir tout en étant reconnus. C’est ce
que l’UNEF doit être capable de leur offrir.
Pourquoi par exemple continuer à organiser
des manifestations « traditionnelles » devant le
ministère de l’Enseignement Supérieur, certes
des grandes messes toujours plébiscitées dans
le syndicat, quand des actions plus originales,
plus mobilisatrices sont possibles ?
De la même façon, nous devons quitter notre
vision archaïque des formes de communication
avec les étudiants pour être enfin visibles
sur Internet, principal média d’information
et d’échange des étudiants aujourd’hui. Ce
n’est pas un hasard si nombre d’organisations
étudiantes européennes, syndicales
ou associatives, utilisent les réseaux
communautaires.
Il s’agit en effet du moyen le plus simple de
s’engager sur une cause donnée, et de le faire
connaître autour de soi.
permettre aux adhérents de s’impliquer dans le syndicat : les éléments que nous devons réformer dans les statuts de l’UNeF
Tous ces éléments précités, la TRS les
a développés avec succès dans ses AGE.
La réforme des statuts que nous appelons
de nos vœux doit ainsi avoir deux éléments
structurants : la défense d’un fonctionnement
plus transparent et démocratique de l’UNEF,
ainsi que la possibilité pour les AGE d’avoir un
fonctionnement plus autonome.
Aujourd’hui, il est tout à fait impensable pour
un syndicat de salarié de ne pas être transparent
envers ses adhérents, aussi bien en terme de
fonctionnement interne (vote à bulletins secrets
…) que de gestion financière (quittus financier
détaillé lors des congrès). Dans l’UNEF, il est
ainsi anormal que le vote à bulletin secret soit
une exception, alors même qu’il est la norme
dans toute organisation démocratique. De la
même façon, pourquoi seule les statutaires de
la tendance majorité nationale connaît le détail
des comptes de l’UNEF, quand on demande
une solidarité de l’ensemble des AGE en cas de
difficultés financières ? Ces questions doivent
être résolues au plus vite pour permettre un
fonctionnement plus ouvert de notre syndicat.
Tout aussi important, les liens entre le
bureau national de l’UNEF et nos AGE doivent
être clarifiés. Nous posons la question à nos
camarades de la majorité nationale : malgré
le développement des formations régionales,
ceux-ci considèrent-ils que leurs camarades
en AGE ne sont pas assez « autonomes » pour
choisir par eux-mêmes leur bureau ? Sont-ils si
mal organisés qu’ils ne puissent militer sans un
cadre du bureau national dans certaines AGE
? Et pourquoi ne pourraient-ils pas définir des
campagnes plus adaptées à la situation locale,
sans entrer en opposition avec l’orientation du
syndicat ?
Nous avons décidé, à la TRS, que plutôt que
d’envoyer nos membres du bureau national
structurer le fonctionnement de l’ensemble
de nos AGE, que ce sont au contraire les
présidents d’AGE qui devraient structurer
le débat en participant ponctuellement au
bureau national. De cette façon, ceux-ci sont
non seulement à même de saisir les enjeux
politiques du syndicat, mais de les partager
avec le reste de leur AGE, tout en fonctionnant
de façon beaucoup plus autonome. Une telle
réforme est-elle inconcevable dans l’UNEF ?
A moins de considérer que l’héritage trostkiste
est au cœur du fonctionnement du syndicat,
cette mise sous tutelle des AGE par le bureau
national n’a plus lieu d’être dans un syndicat du
XXIème siècle.
Nous avons sus rallier des étudiants d’autre
forces, syndicales ou associatives, via notre
engagement pour faciliter leur implication dans
le syndicat, pour reconnaître leurs initiatives,
pour faciliter leur volonté de porter l’orientation
de l’UNEF de façon innovante. Ces ralliements
doivent nous poser la question de l’intérêt de la
grande UNEF dans le contexte actuel.
Face à la crise, une politique de grands projets étudiants
Dans la période de crise actuelle, notre
volonté de rassembler le mouvement étudiant
doit aussi avoir pour objectif de porter des
projets d’envergure pour répondre aux besoins
des étudiants, notamment ceux auxquels le
gouvernement ne répondra pas. Nous ne
EDF textes total.indb 37 11/03/09 13:25:25
38 Etudiants de France n°288 • Hors- Série • Mars- Avril 2009
Premiers signatairesMaxance Barré (Poitiers),Malik Baikou (Bordeaux), François Benoiton (Pdt Angers), Anne-Charlotte Bourris (Rennes), Julien Bugeau (Trésorier Limoges), Alexandre Campos Oriola (Pdt Limoges), Guillaume Chiche (Bureau National), Simon Clerec (Bureau national), Thibault Delahaye (Paris 5), Ibrahima Dia (Limoges), Alexis Duprez (Angoulème), Julia Duschenes (Rennes), Lamia El Aharaage (Limoges), Violaine Godet (CA, Angers), Hervé Grasser (Strasbourg), Pierre Grasser (Strasbourg), Julie Haouzi (Présidente P3), Floriane Maillet (SG Dauphine),Cécile Marty (Angers), Pauline Mentec (Secrétaire Général Poitiers), Jérémie Michel (SG Angers), Pierre Alexis Moreau (Trésorier Dauphine), Thibaud Neuille (Trésorier Poitiers), Boris Oberthal (SG Limoges), Mohammed Nehal (SG P3), Maxime Taxil (P3), Guillaume Sylvestre (Commission de contrôle), Alain Thébault (Paris 1), Charlie Zerna (Trésorier Angers)
devons pas ressusciter le fantasme de la
mythique « Grande UNEF », mais bien mettre
en dynamique le syndicat pour relancer une
politique de projets innovants propre à cette
période historique du syndicat quand, pour
répondre aux attentes des étudiants après
guerre, l’UNEF avait créé les CROUS, lancé
le principe du mutualisme étudiant …
C’est aussi par ce genre d’actions que
nous pourrons nous poser légitimement
comme le syndicat qui défend les droits des
étudiants dans cette période de crise, et
convaincre toujours plus d’étudiants de nous
rejoindre. C’est en rénovant nos pratiques
que nous pourrons conserver cette nouvelle
génération en attente d’engagement dans
notre syndicat.
Une UNeF moderne doit apporter à ses adhérents
L’attente des étudiants et des adhérents
envers un syndicat étudiant est fortement
axée sur la reconnaissance de leur
engagement personnel, nous l’avons dis
précédemment. Force est aujourd’hui de
constater que les élus étudiants, nos élus
étudiants puisque nous sommes majoritaires
dans les conseils universitaires, sont bien
mal considérés : difficulté à négocier le
rattrapage des cours, pas de statut des
élus dans nombres d’université, aucune
formation au fonctionnement de l’université,
pas de reconnaissance du travail accompli
… les élus étudiants doivent-ils donc être
les serfs des conseils centraux ? C’est à
l’UNEF de défendre la reconnaissance de
l’investissement militant des adhérents dans
les universités, et de porter une réforme du
statut des élus étudiants.
investir d’autres champs de mobilisation et de conscientisation
Autre évolution nécessaire que nous
porterons sur nos AGE : l’intervention sur
les thématiques de société. De nombreuses
associations se structurent aujourd’hui sur
le campus autour de thèmes aussi divers
et variés que le développement durable, la
citoyenneté européenne … C’est à nous de
convaincre ces étudiants que leurs idées
seront mieux défendues au sein du syndicat,
aussi bien au niveau local qu’au niveau
national.
De la même façon, le champ mutualiste,
à travers le travail avec la mutuelle des
étudiants, est un point de développement
au potentiel énorme pour notre syndicat.
Les étudiants des campus santé qui nous
sont aujourd’hui largement fermés par les
corpos commencent à se sentir de plus en
plus concernés par les réformes de casse
du service public de la santé, à commencer
par la réforme Bachelot des hôpitaux passée
en urgence en février 2009. Aujourd’hui,
seule la LMDE se préoccupe de sensibiliser
le milieu étudiant à ces problèmes.
Dans un contexte social tendu, les valeurs
mutualistes portées par la LMDE seront
a fortiori complémentaires du discours
de l’UNEF, notamment via la défense de
l’économie sociale et solidaire, qui est
elle aussi une réponse à la crise de notre
système économique actuelle, via la
promotion de l’entreprenariat sans profits.
Montrer que l’UNEF peut faire sienne des
valeurs devenues phares dans la société
est un gage de notre position centrale dans
le milieu étudiant.
EDF textes total.indb 38 11/03/09 13:25:32
39Etudiants de France n°288 • Hors- Série • Mars- Avril 2009
EDF textes total.indb 39 11/03/09 13:26:11
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EDF textes total.indb 40 11/03/09 13:26:31