edition du lundi 20 janvier 2014

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LES ANNONCES DE LA SEINE J ournAL oFFiCieL dʼAnnonCes LégALes - i nFormAtions générALes, J udiCiAires et teChniques bi-hebdomadaire habilité pour les départements de Paris, Yvelines, Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis et Val de Marne 12, rue Notre-Dame des Victoires - 75002 PARIS - Téléphone : 01 42 60 36 35 - Télécopie : 01 47 03 92 15 Internet : www.annoncesdelaseine.fr - E-mail : [email protected] FondAteur en 1919 : rené tAnCrÈde - direCteur : JeAn-rené tAnCrÈde Lundi 20 janvier 2014 - Numéro 4 - 1,15 Euro - 95 e année A u soir de sa vie professionnelle, Jacques Degrandi, qui fera valoir ses droits à la retraite le 1 er juillet 2014, a livré quelques messages forts lors de l’audience solennelle annuelle de rentrée qu’il a présidée pour la dernière fois ce mercredi 8 janvier 2014 en présence de hautes personnalités. Cette année Madame la Garde des Sceaux s’est fait représenter par sa Directrice de Cabinet Christine Maugüé. Comme le 11 janvier 2012 (Les Annonces de la Seine du 19 janvier 2012, pages 1 et suivantes) le discours du Premier Président prendra rang parmi ceux qui marqueront l’histoire judiciaire française : « il faut profiter de l’occasion historique résultant de la crise pour bouleverser nos modes de pensées et nos structures dans un monde qui change formidablement, à un rythme inattendu ». Le Chef de Cour a notamment insisté sur les qualités intrinsèques nécessaires au métier de juge en dehors de celles de juriste, au premier rang desquelles l’humanisme, l’empathie, l’abnégation, la disponibilité et l’opiniâtreté dans le travail. Le Procureur Général François Falletti a choisi pour sujet d’intérêt juridique d’évoquer trois thématiques « cruciales dans le quotidien du Parquet Général de Paris : le statut du Parquet, la nécessaire simplification normative et l’inadéquation des moyens financiers et humains  ». Pour l’orateur, il est indiscutable que le statut du Parquet a connu des améliorations nombreuses depuis vingt ans, relativement à son indépendance notamment avec les réformes constitutionnelles de 1994 et 2008, mais force est de constater qu’une mauvaise image persiste : « c’est incompréhensible que l’on continue de lire ou d’entendre que le Parquet serait aux Ordres du Ministère de la Justice dans la conduite des dossiers ». Dans ce contexte « comment sortir de la contradiction qui veut que les magistrats du Parquet, placés sous l’autorité d’un membre de l’exécutif, soient simultanément membres de l’autorité judiciaire et doivent conduire leurs missions juridictionnelles sans influence dans les affaires particulières ? ». La Commission Nadal, concernant la question de la remontée de l’information en direction du Ministère de la Justice à l’égard des dossiers individuels en cours « a émis des suggestions qui vont dans le bon sens  » car elles écartent les mises en cause du Ministère de la Justice au titre de supposés conflits d’intérêts. François Falletti a préconisé et appelé de ses vœux la création d’un Procureur national ou d’un collège de Procureurs Généraux « en charge de procéder notamment aux arbitrages utiles sur le terrain de l’action publique  ». En ce qui concerne la simplification normative et le déficit en terme de moyens humains et financiers, le Procureur Général de Paris a également souligné qu’il était « urgent d’agir pour que soient levés les éléments de confusion qui pénalisent le fonctionnement judiciaire ». Jean-René Tancrède Photo © Jean-René Tancrède - Téléphone : 01.42.60.36.35 Jacques Degrandi RENTRÉE SOLENNELLE l Cour d’appel de Paris - Le métier de juge par Jacques Degrandi ...................................... 2 - Prendre des mesures fortes en faveur de l’institution judiciaire par Francois Falletti ...................................................................... 4 l Cour d’appel de Rennes - L’organisation judiciaire au 21 ème siècle par Philippe Jeannin .... 8 - Repenser le rôle du magistrat par Véronique Malbec ............. 10 - Installation du Procureur Général le 6 septembre 2013 par A. Coriolis .............................................................................. 10 AGENDA .................................................................................................. 7 ELECTIONS l Autorité des Marchés Financiers - Michel Pinault élu Président de la Commission des sanctions .... 7 l Conseil National des Barreaux - Jean-Marie Burguburu réélu Président ............................................ 24 VIE DU CHIFFRE l JPA International - Rentrée fiscale et sociale 2014............................................................ 13 l Conseil Supérieur de l’Ordre des Experts-Comptables - Editeur de la collection « L’Expert en Poche ».................................. 24 SOCIÉTÉ l Cercle des Stratèges Disparus - « Les paradis fiscaux, la concurrence fiscale » ........................ 14 JURISPRUDENCE l Tribunal de Grande Instance d’Aix-en-Provence - Le CNB et l’Ordre des Avocats d’Aix-en-Provence obtiennent la condamnation du site « divorce-discount.com »............. 15 ANNONCES LÉGALES ................................................ 16 Cour d’appel de Paris Audience Solennelle de Rentrée, 8 janvier 2014

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  • Les Annonces De LA seine

    JournAL oFFiCieL dAnnonCes LgALes - inFormAtions gnrALes, JudiCiAires et teChniquesbi-hebdomadaire habilit pour les dpartements de Paris, Yvelines, Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis et Val de Marne

    12, rue Notre-Dame des Victoires - 75002 PARIS - Tlphone : 01 42 60 36 35 - Tlcopie : 01 47 03 92 15Internet : www.annoncesdelaseine.fr - E-mail : [email protected]

    FondAteur en 1919 : ren tAnCrde - direCteur : JeAn-ren tAnCrde

    Lundi 20 janvier 2014 - Numro 4 - 1,15 Euro - 95e anne

    Au soir de sa vie professionnelle, Jacques Degrandi, qui fera valoir ses droits la retraite le 1er juillet 2014, a livr quelques messages forts lors de laudience solennelle annuelle de rentre quil a prside pour la dernire fois ce mercredi8janvier 2014 en prsence de hautes personnalits. Cette anne Madame la Garde des Sceaux sest fait reprsenter par sa Directrice de Cabinet Christine Maug.Comme le 11 janvier 2012 (Les Annonces de la Seine du 19 janvier 2012, pages 1 et suivantes) le discours du Premier Prsident prendra rang parmi ceux qui marqueront lhistoire judiciaire franaise: il faut profi ter de loccasion historique rsultant de la crise pour bouleverser nos modes de penses et nos structures dans un monde qui change formidablement, un rythme inattendu. Le Chef de Cour a notamment insist sur les qualits intrinsques ncessaires au mtier de juge en dehors de celles de juriste, au premier rang desquelles lhumanisme, lempathie, labngation, la disponibilit et lopinitret dans le travail.Le Procureur Gnral Franois Falletti a choisi pour sujet dintrt juridique dvoquer trois thmatiques cruciales dans le quotidien du Parquet Gnral de Paris: le statut du Parquet, la ncessaire simplification normative et linadquation des moyens fi nanciers et humains. Pour lorateur, il est indiscutable que le statut du Parquet a connu des amliorations nombreuses depuis vingtans,

    relativement son indpendance notamment avec les rformes constitutionnelles de 1994 et 2008, mais force est de constater quune mauvaise image persiste: cest incomprhensible que lon continue de lire ou dentendre que le Parquet serait aux Ordres du Ministre de la Justice dans la conduite des dossiers. Dans ce contexte comment sortir de la contradiction qui veut que les magistrats du Parquet, placs sous lautorit dun membre de lexcutif, soient simultanment membres de lautorit judiciaire et doivent conduire leurs missions juridictionnelles sans infl uence dans les aff aires particulires?.La Commission Nadal, concernant la question de la remonte de linformation en direction du Ministre de la Justice lgard des dossiers individuels en cours a mis des suggestions qui vont dans le bon sens car elles cartent les mises en cause du Ministre de la Justice au titre de supposs confl its dintrts.Franois Falletti a prconis et appel de ses vux la cration dun Procureur national ou dun collge de Procureurs Gnraux en charge de procder notamment aux arbitrages utiles sur le terrain de laction publique.En ce qui concerne la simplifi cation normative et le dfi cit en terme de moyens humains et fi nanciers, le Procureur Gnral de Paris a galement soulign quil tait urgent dagir pour que soient levs les lments de confusion qui pnalisent le fonctionnement judiciaire . Jean-Ren Tancrde

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    Jacques Degrandi

    RENTRE SOLENNELLElCour dappel de Paris- Le mtier de juge par Jacques Degrandi ...................................... 2- Prendre des mesures fortes en faveur de linstitution judiciaire par Francois Falletti ...................................................................... 4lCour dappel de Rennes- Lorganisation judiciaire au 21me sicle par Philippe Jeannin .... 8- Repenser le rle du magistrat par Vronique Malbec ............. 10- Installation du Procureur Gnral le 6 septembre 2013 par A. Coriolis .............................................................................. 10

    AGENDA .................................................................................................. 7ELECTIONSlAutorit des Marchs Financiers - Michel Pinault lu Prsident de la Commission des sanctions .... 7lConseil National des Barreaux - Jean-Marie Burguburu rlu Prsident ............................................ 24

    VIE DU CHIFFRElJPA International - Rentre fi scale et sociale 2014 ............................................................ 13lConseil Suprieur de lOrdre des Experts-Comptables - Editeur de la collection LExpert en Poche.................................. 24

    SOCITlCercle des Stratges Disparus - Les paradis fi scaux, la concurrence fi scale ........................ 14

    JURISPRUDENCElTribunal de Grande Instance dAix-en-Provence- Le CNB et lOrdre des Avocats dAix-en-Provence obtiennent la condamnation du site divorce-discount.com ............. 15

    ANNONCES LGALES ................................................ 16

    Cour dappel de ParisAudience Solennelle de Rentre, 8 janvier 2014

  • 2 Les Annonces de la Seine - Lundi 20 janvier 2014 - numro 4

    Rentre solennelle

    Le mtier de jugepar Jacques Degrandi

    Jai t fortement tent de dvelopper aujourdhui les thmes concernant la justice du XXIme sicle et loffice du juge. Mais jai expos mes ides sur ces questions au

    cours des annes passes, notamment lors des audiences solennelles de rentre ou loccasion de contributions qui mont t demandes, la dernire le 16 mai 2013 par le groupe de travail de la Commission des lois du Snat sur la justice de premire instance. Je les maintiens sans quil soit besoin de les voquer nouveau. Quil me soit simplement permis dexprimer une nouvelle fois la conviction quil faut profiter de loccasion historique rsultant de la crise pour bouleverser nos modes de penses et nos structures dans un monde qui change formidablement, un rythme inattendu. Cest le moment de faire voluer lorganisation judiciaire dont il faut accentuer la lisibilit, la clrit et lefficacit sans perte de qualit. Je nignore pas les rsistances auxquelles les propositions de tous ordres, en particulier celles faites par la Confrence des premiers prsidents lissue de son sminaire annuel le 29mai 2013, de crer le tribunal dpartemental de premire instance, de supprimer une quinzaine de cours dappel, de djudiciariser et dpnaliser, de dvelopper des modes alternatifs de rglement des conflits et de promouvoir un juge recours et non plus un juge omniprsent, se heurtent de fortes rsistances, notamment au nom de la proximit. Mais la proximit, ce nest pas disposer du juge au coin de la rue. Les moyens actuels permettent de se transporter jusqu lui le jour de laudience. Non, la proximit, cest tre en mesure pour le citoyen de percevoir facilement lorganisation judiciaire, une organisation simplifie qui ne ncessite pas le recours un spcialiste pour savoir quel juge sadresser. Cest disposer dun accs facile au juge par le biais dune porte dentre unique grce aux nouvelles technologies. Cest enfin disposer dun juge qui sera mme de rsoudre le litige dans un dlai de quelques mois et pas de quelques annes comme cest souvent le cas actuellement. Je crois que la Garde des Sceaux nest pas trs loigne

    de cette conception. Jen veux pour preuve la lettre de mission quelle a adresse la Premire Prsidente dOrlans et au Procureur Gnral de Rouen. Elle y souhaite une proximit concrte permettant dassurer au citoyen une rponse effective, efficace et efficiente ses demandes. Je forme le vu que la dtermination qui lanime permette de promouvoir un tel rsultat bref dlai en dpit des obstacles qui ne manqueront pas de surgir sur la route. Jen viens au sujet principal de la dernire audience solennelle de rentre que jai lhonneur de prsider puisque le moment est venu pour moi de tourner la page. Je goterai en effet le temps de la retraite partir du 1er juillet 2014. Ce sujet, qui porte sur le juge dans la socit, se veut un hommage appuy mes collgues et au beau mtier de magistrat de lordre judiciaire quils exercent. Le juge est frquemment stigmatis, certes parfois juste titre, le plus souvent cause de dysfonctionnements qui procdent de linsuffisance des moyens consentis linstitution judiciaire. Ces dysfonctionnements, dont ils ne sont pas responsables, occultent la grandeur de la justice du quotidien, celle qui permet de rguler au jour le jour les centaines de milliers de conflits dont elle est saisie chaque anne. Ces litiges nintressent que peu de monde de sorte que limage colporte de linstitution ne reflte que linfime partie, malheureusement souvent ngative, de la ralit. Monsieur Henri de Larosire, alors quil tait Prsident du Tribunal de grande instance de Vannes, la judicieusement fait observer dans la communication quil a faite le 16 octobre 2006 lAcadmie des Sciences Morales et Politiques. Je lai cit une premire fois en janvier 2007. Je nhsite pas le refaire. Quune mre dlaisse et sans ressource obtienne du pre de son enfant une pension alimentaire pour contribuer son ducation nintresse personne. Quune famille retrouve son toit parce quelle a plac les conomies de toute une vie dans la construction dune maison dont lentrepreneur de gros uvre a fait faillite indiffre. Qui se proccupe de ce jeune chef dentreprise dont les projets sont anantis parce que son stock est inond et que son assureur refuse de lindemniser ? Quelle importance que ce pre ne puisse revoir sa fille que sa mre a emmene

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    Les Annonces De LA seineSige social :

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    Directeur de la publication et de la rdaction : Jean-Ren Tancrde

    Comit de rdaction :

    Thierry Bernard, Avocat la Cour, Cabinet BernardsFranois-Henri Briard, Avocat au Conseil dEtatAgns Bricard, Prsidente de la Fdration des Femmes AdministrateursAntoine Bullier, Professeur lUniversit Paris I Panthon SorbonneMarie-Jeanne Campana, Professeur agrg des Universits de droitAndr Damien, Membre de lInstitutPhilippe Delebecque, Professeur de droit lUniversit Paris I Panthon SorbonneBertrand Favreau, Prsident de lInstitut des Droits de lHomme des Avocats Europens, ancien Btonnier de BordeauxDominique de La Garanderie, Avocate la Cour, ancien Btonnier de ParisBrigitte Gizardin, Magistrat honoraireRgis de Gouttes, Premier avocat gnral honoraire la Cour de cassation Chlo Grenadou, Juriste dentrepriseSerge Guinchard, Professeur de Droit lUniversit Paris II Panthon-AssasGrard Haas, Avocat la Cour, Prsident de GesicaFranoise Kamara, Conseiller la premire chambre de la Cour de cassationMaurice-Antoine Lafortune, Avocat gnral honoraire la Cour de cassation Bernard Lagarde, Avocat la Cour, Matre de confrence H.E.C. - EntrepreneursJean Lamarque, Professeur de droit lUniversit Paris II Panthon-AssasChristian Lefebvre, Prsident Honoraire de la Chambre des Notaires de ParisDominique Lencou, Prsident dHonneur du Conseil National des Compagnies dExperts de JusticeNolle Lenoir, Avocate la Cour, ancienne MinistrePhilippe Malaurie, Professeur mrite lUniversit Paris II Panthon-AssasJean-Franois Pestureau, Expert-Comptable, Commissaire aux comptesGrard Pluyette, Conseiller doyen la premire chambre civile de la Cour de cassationJacqueline Socquet-Clerc Lafont, Avocate la Cour, Prsidente dhonneur de lUNAPL Yves Repiquet, Avocat la Cour, ancien Btonnier de ParisRen Ricol, Ancien Prsident de lIFACFrancis Teitgen, Avocat la Cour, ancien Btonnier de ParisCarol Xueref, Directrice des affaires juridiques, Groupe Essilor International

    Publicit :Lgale et judiciaire : Didier Chotard Commerciale : Frdric Bonaventura

    Commission paritaire : n 0718 I 83461 I.S.S.N. : 0994-3587Tirage : 13 151 exemplairesPriodicit : bi-hebdomadaireImpression : M.I.P. 3, rue de lAtlas - 75019 PARIS

    Copyright 2014Les manuscrits non insrs ne sont pas rendus. Sauf dans les cas o elle est autorise expressment par la loi et les conventions internationales, toute re-production, totale ou partielle du prsent numro est interdite et constitue-rait une contrefaon sanctionne par les articles 425 et suivants du Code Pnal.

    Le journal Les Annonces de la Seine a t dsign comme publicateur officiel pour la priode du 1er janvier au 31 dcembre 2014, par arrts de Messieurs les Prfets : de Paris, du 24 dcembre 2013 ; des Yvelines, du 19 dcembre 2013 ; des Hauts-de-Seine, du 18 dcembre 2013 ; de la Seine-Saint-Denis, du 26 dcembre 2013 ; du Val-de-Marne, du 30 dcembre 2013 ; de toutes annonces judiciaires et lgales prescrites par le Code Civil, les Codes de Procdure Civile et de Procdure Pnale et de Commerce et les Lois spciales pour la publicit et la validit des actes de procdure ou des contrats et des dcisions de justice pour les dpartements de Paris, des Yvelines, de la Seine-Saint-Denis, du Val-de-Marne ; et des Hauts-de-Seine.N.B. : Ladministration dcline toute responsabilit quant la teneur des annonces lgales.

    -Tarifs hors taxes des publicits la ligneA) Lgales : Paris : 5,49 E Seine-Saint-Denis : 5,49 E Yvelines : 5,24 E Hauts-de-Seine : 5,49 E Val-de-Marne : 5,49 E B) Avis divers : 9,76 E C) Avis financiers : 10,86 ED) Avis relatifs aux personnes : Paris : 3,83 E Hauts-de-Seine : 3,83 ESeine-Saint Denis : 3,83 E Yvelines : 5,24 E Val-de-Marne : 3,83 E - Vente au numro : 1,15 E- Abonnement annuel : 15 E simple 35 E avec supplments culturels 95 E avec supplments judiciaires et culturels

    Composition des AnnonCes LgALesnormes typogrAphiques

    surfaces consacres aux titres, sous-titres, filets, paragraphes, alinas

    Titres : chacune des lignes constituant le titre principal de lannonce sera compose en capitales (ou majuscules grasses) ; elle sera lquivalent de deux lignes de corps 6 points Didot, soit arrondi 4,5 mm. Les blancs dinterlignes sparant les lignes de titres nexcderont pas lquivalent dune ligne de corps 6 points Didot, soit 2,256 mm.Sous-titres : chacune des lignes constituant le sous-titre de lannonce sera compose en bas-de-casse (minuscules grasses) ; elle sera lquivalent dune ligne de corps 9 points Didot soit arrondi 3,40 mm. Les blancs dinterlignes sparant les diffrentes lignes du sous-titre seront quivalents 4 points soit 1,50 mm.Filets : chaque annonce est spare de la prcdente et de la suivante par un filet 1/4 gras. Lespace blanc compris entre le filet et le dbut de lannonce sera lquivalent dune ligne de corps 6 points Didot soit 2,256 mm. Le mme principe rgira le blanc situ entre la dernire ligne de lannonce et le filet sparatif. Lensemble du sous-titre est spar du titre et du corps de lannonce par des filets maigres centrs. Le blanc plac avant et aprs le filet sera gal une ligne de corps 6 points Didot, soit 2,256 mm.Paragraphes et Alinas : le blanc sparatif ncessaire afin de marquer le dbut dun paragraphe o dun alina sera lquivalent dune ligne de corps 6 points Didot, soit 2,256 mm. Ces dfinitions typographiques ont t calcules pour une composition effectue en corps 6 points Didot. Dans lventualit o lditeur retiendrait un corps suprieur, il conviendrait de respecter le rapport entre les blancs et le corps choisi.

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  • Les Annonces de la Seine - Lundi 20 janvier 2014 - numro 4 3

    Rentre solennelle

    outre-mer pour suivre le nouvel homme de sa vie ? Lactualit peut-elle sintresser ce jeune homme paralys par un accident de la circulation lge ou dautres construisent des projets davenir ? Quelle importance quun pre de famille perde son emploi faute de pouvoir se rendre au travail parce que son automobile a t mal rpare par un garagiste ? Qui, ce couple surendett aprs avoir contract des crdits rptition quil ne pourra jamais rembourser, mme sil y consacrait toutes les faibles ressources de sa vie, intresse-t-il ? Qui peut se sentir concern par cet octognaire dont les seuls moyens de subsistance proviennent du loyer dun magasin, impay depuis des mois, et dont loccupant se maintient dans les lieux ? Comment se soucier de ce retrait paisible qui, aprs une vie de labeur et de russite, est priv de ses biens et voit la scurit matrielle de ses vieux jours compromise car il a eu limprudence de se porter caution des dettes de lun de ses enfants qui a fait de mauvaises affaires ? Pourtant, ces drames de la vie ordinaire bouleversent nombre de nos concitoyens, jusqu faire basculer leur existence. Ces malheurs et ces dtresses alimentent, sans bruit, nos Palais de justice o les juges tentent, chaque fois, en appliquant la rgle de droit, de donner aux litiges quils sous-tendent la solution que la loi commande, sans mconnatre les enjeux humains et les consquences sociales de leurs dcisions . Chacun conviendra que cette communication met utilement en exergue la tche quotidienne des magistrats de lordre judiciaire. Il ne faut pas dissimuler que certains sont faiblement performants, que dautres mnent publiquement des combats faisant douter de leur impartialit, que quelques-uns cdent aux trompettes de la renomme dans des conditions peu thiques, que daucuns sadonnent un usage tmraire des prrogatives judiciaires, heureusement

    corrig avant lissue de la procdure. Mais il sagit dune faible minorit et il est heureux que le Conseil suprieur de la magistrature, statuant en formation disciplinaire, sanctionne sans faiblesse des comportements qui ne sont pas conformes loffice et lthique du juge. La trs grande majorit des magistrats mrite quant elle, une haute considration. La plupart des personnes qui accomplissent des stages dans les juridictions modifient trs sensiblement limage quils en avaient auparavant. Lexprience leur dmontre que celle perue lextrieur de linstitution ne reflte que trs imparfaitement le contenu, la difficult, la technicit de leurs tches et lhumanit avec laquelle ils sen acquittent. Le mtier de magistrat consiste quant lui, principalement, rsoudre les litiges en articulant des donnes de fait et de droit de telle sorte que la loi soit applique en tenant compte, dans toute la mesure du possible, de lquit. Il faut donc pour lexercer des qualits de juriste. Elles ne suffisent videmment pas. Il faut galement des qualits humaines. La plus importante est probablement lempathie, autrement dit la capacit de se mettre la place des autres et de les traiter comme on souhaiterait ltre. Louverture desprit est tout aussi essentielle pour permettre dapprhender les donnes priphriques des litiges et subsquemment la porte des dcisions. Il faut encore de labngation, un engagement et une disponibilit que peu de professions exigent, une puissance de travail opinitre. Cest le prix payer pour tre utile aux justiciables, la socit et linstitution. Cela dit, le mtier est un de ceux dont on ne peut pas se lasser. Il est possible au cours dune carrire dexercer des fonctions varies, au parquet,

    linstruction, au sige pnal, au sige civil, au sige commercial ou social de la cour dappel et de la Cour de cassation, la chancellerie, la direction dune juridiction, linspection des services judiciaires. Chaque fonction permet de vivre une exprience diffrente, de dvelopper un talent particulier, dapprocher des contentieux multiples et toujours intressants sur le plan juridique et humain, avec une foule de nuances qui permet de rpondre lapptence de chacun et de dcouvrir toutes les facettes de lhumanit. Certaines de ces fonctions, en particulier celles la Chancellerie, au Parquet et la direction des juridictions, permettent de dcouvrir comment lactivit de linstitution judiciaire sarticule avec celle des autres rouages de ltat. Elles vous transforment en administrateur appel matriser la gestion budgtaire, celle des ressources humaines, mais aussi toutes les problmatiques de limmobilier, de linformatique, des marchs et jen passe. Ce mtier permet aussi de se convaincre que le pouvoir juridictionnel, qui consiste, ainsi que la fort bien analys luniversitaire Thierry Renoux, dire le droit avec une force de vrit comparable celle de la loi , est un pouvoir pur en ce sens quil relve de la seule conscience du juge lorsquil dlibre avec ses collgues pour prendre la dcision. L rside son essence et je peux affirmer, au soir de ma carrire, quil est lun des plus beaux mtiers qui soit. A lheure o lon voque une dsaffection des tudiants des facults pour la magistrature, je forme le vu que les meilleurs dentre eux et les hommes de qualit muris dans des cercles professionnels touchant au droit sen convainquent et viennent en faire lexprience. Je gage quils ne le regretteront pas. Quant moi, je suis fier et heureux quil ait rempli une partie non ngligeable de mon existence.

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  • 4 Les Annonces de la Seine - Lundi 20 janvier 2014 - numro 4

    Prendre des mesures fortes en faveur de linstitution judiciairepar Francois Falletti

    Dans les jours qui viennent, va souvrir un dbat important pour prparer ladaptation de la Justice aux missions qui lui reviennent dans la socit pour un meilleur service rendu nos concitoyens. Plusieurs commissions ont prpar le terrain ; elles ont mis des propositions nouvelles ou confi rm des pistes damlioration envisages au cours des annes passes.Il faut souhaiter que le travail dadaptation de notre Institution ainsi engag puisse aboutir dans des dlais proches, tant est forte lattente des citoyens et des professionnels de Justice.Cest, quen effet, nous sommes nombreux conserver le souvenir des commissions et groupes de travail qui ont maill la vie judiciaire au fil de ces 20 dernires annes, depuis les rfl exions menes sur la dpartementalisation en 1991, la commission Vedel en 1992 sur le statut de la Magistrature et la mise en cause de la responsabilit des membres de lExcutif, le rapport Truche sur le Ministre public en 1997.Les commissions Magendie, Guinchard, Varinard et Coulon sur divers aspects de lorganisation judiciaire, la commission Justice pnale et Droits de lHomme prside par Mireille Delmas-Marty en 1990/1991, la commission parlementaire sur laff aire dOutreau et la commission Lger propos de la rforme de la mise en tat des aff aires pnales, sans oublier la vaste consultation lance en 2001 par le Ministre de la Justice dans le cadre des entretiens de Vendme, cette liste ntant au demeurant en rien exhaustive ; certaines de ces rfl exions ont dbouch sur des infl exions sensibles du fonctionnement de la Justice, dautres sont demeures pour une large part ltat de projets.Or, la situation de la Justice apparait aujourdhui particulirement diffi cile faute davoir t rforme en profondeur, et alors que le contexte budgtaire trs contraint frappe des structures judiciaires qui nont gure profi t des dcennies passes pour se doter de moyens la hauteur des besoins ncessaires lexercice de missions qui ne cessent de crotre. Lon ne peut cet gard que dplorer les carences dans lanticipation quillustrent ces diffi cults et regretter que les indispensables solutions dampleur aient trop longtemps t retardes.Faute de pouvoir voquer lensemble des diffrents sujets abords par les groupes de travail, lesquels seront dailleurs approfondis dans le cadre de dbats ouverts ds ce vendredi lUNESCO, il me semble que le plus important est dinsister sur lurgence quil y a dsormais prendre des mesures fortes trs bref dlai pour mettre un terme une certaine confusion qui se manifeste dans bien des domaines; jvoquerai plus particulirement ici les trois thmatiques qui suivent, qui sont cruciales dans le quotidien du Parquet gnral de Paris : le statut du Parquet, une ncessaire simplification normative, linadquation des moyens, spcialement sagissant de notre rgion Ile-de-France.

    I - LE STATUT DU PARQUET En fi nir avec la confusion autour du statut du Parquet. Jobserve que je suis amen revenir sur cette thmatique chaque anne, dans le contexte

    de cette audience solennelle. Dj en 2012, je soulignais que les ambigits qui entourent le statut du Parquet soulvent un grave enjeu de dmocratie : elles ne servent ni les citoyens, invits imaginer des connivences honteuses au nom dintrts de carrire peu reluisants au dtriment de lapplication de la Loi, ni les lus qui sont parfois taxs de pressions sur le cours de la Justice, ni les magistrats du Parquet eux-mmes dont on dgrade limage au regard de ce qui doit constituer le cur mme de leur thique professionnelle.Relevons en toute objectivit que le statut du parquet a connu des amliorations successives au cours des 20 dernires annes, spcialement du fait des rformes constitutionnelles de 1994 et 2008 ; le Conseil constitutionnel raffi rme dailleurs rgulirement le rattachement du Parquet lAutorit judiciaire.Plus rcemment, troislments importants sont venus renforcer ldifice du Ministre Public : tout dabord, lengagement a t pris par le Prsident de la Rpublique -son prdcesseur sy tait galement engag en janvier 2012- de se conformer aux avis rendus par le CSM dans le processus de nomination des magistrats du Parquet, sans attendre une rforme ancrant cette rgle dans les textes. Le processus de nomination donne par ailleurs lieu une publication en transparence depuis un an pour les fonctions de Procureur gnral et dAvocat gnral la Cour de cassation, linstar des autres emplois de la Magistrature. Enfi n, la loi du 25 juillet 2013 a apport une clarifi cation essentielle en supprimant pour le Garde des Sceaux la possibilit dadresser aux magistrats du Parquet toute instruction dans les aff aires individuelles, le Ministre conservant la seule prrogative de diff user des circulaires de politique pnale caractre gnral.Comment comprendre alors que lon continue de lire ou entendre que le Parquet serait aux ordres du Ministre dans la conduite de ses dossiers? Cela tient sans doute la force de lhabitude et au fait que cette prsentation dun Parquet instrumentalis donne davantage prise aux polmiques ; sy ajoutent les dbats initis par plusieurs dcisions rendues par la Cour de

    Strasbourg et par la Cour de cassation sur la notion dautorit judiciaire quoiquelles aient t rendues dans des contextes particuliers sur lequel je nai pas le temps dinsister ici.Il est certain que le renforcement du statut du Ministre Public, et par voie de consquence limage de linstitution judiciaire et la vie dmocratique, gagneraient beaucoup linscription dans la Constitution de mesures propres garantir limpartialit du processus de nomination, au minimum en prvoyant un avis conforme du C.S.M., et a fortiori en allant plus loin par un alignement pur et simple des modes de nomination des magistrats du sige et du Parquet comme le prconise la commission Nadal. Cette rfl exion ancienne tait dailleurs dj prsente en 1997 dans les travaux de la commission prside par Pierre Truche. Il faut esprer quune volution des textes en ce sens puisse enfin intervenir. Indpendamment de ces souhaitables innovations constitutionnelles, lobservation de la pratique que nous pouvons eff ectuer Paris illustre certains besoins de clarification. Tout dabord, la formulation de larticle 5 de lordonnance statutaire numro58-1270 du 22dcembre 1958 mriterait dtre actualise: les magistrats du Parquet sont placs sous la direction et le contrle de leurs chefs hirarchiques et sous lautorit du Garde des Sceaux, Ministre de la Justice. A laudience, leur parole est libre. Une nouvelle rdaction serait logique pour tenir compte du fait que le Ministre de la Justice nadresse plus dinstructions individuelles, tout en conservant la possibilit dadresser des directives gnrales. Comment autrement sortir de la contradiction qui veut que les magistrats du Parquet, placs sous lautorit dun membre de lExcutif, soient simultanment membres de lAutorit judiciaire et doivent conduire leurs missions juridictionnelles sans infl uence dans les aff aires particulires?Un deuxime angle de clarifi cation, au demeurant sur un terrain voisin, concerne la question de la remonte de linformation en direction du Ministre lgard de dossiers individuels en cours. La commission Nadal a mis ce sujet quelques suggestions qui vont dans le bon sens, mais il conviendrait, me semble-t-il, daller plus loin dans la rfl exion, par exemple sagissant de la

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    situation particulire gnre par la mise en cause de certaines personnalits politiques ou membres du gouvernement afin dviter des mises en cause du Ministre de la Justice au titre de supposs conflits dintrt.Une clarification simpose sur un troisime terrain : la disparition de larbitrage du Garde des Sceaux lorsque plusieurs juridictions rparties sur le territoire sont en situation de comptence concurrente ou impliquent des regroupements de procdures, rend ncessaire lorganisation dun indispensable mcanisme de substitution. La commission Nadal propose de laisser le Procureur gnral interrgional spcialis assurer cet arbitrage au sein du ressort largi qui est le sien. Il est galement envisag de mettre au point, sagissant de lorganisation du regroupement de procdures dissmines sur diffrents points du territoire, une procdure de rglement de procureurs, comme il existe une procdure de rglement de juges, sous la responsabilit du Parquet gnral prs la Cour de cassation.Pour ce qui concerne notre ressort, il parait possible de dduire des rflexions de la commission Nadal que chaque fois que surviendra un conflit dans le cadre dune comptence concurrente au niveau national, cest le Procureur gnral de Paris qui aura la responsabilit darbitrage ; ceci vaudrait donc pour le terrorisme, les crimes contre lHumanit et, partir du premier fvrier, pour les affaires entrant dans le champ de comptence du nouveau procureur financier national ; la commission des lois du Snat avait dailleurs propos cette solution sagissant du procureur financier avant que lensemble du projet de loi concern ne soit finalement rejet par la Haute assemble.Certaines situations nont pas t voques par la commission Nadal : je songe notamment aux conflits de comptence entre plusieurs procureurs gnraux interrgionaux en charge de JIRS (juridictions inter-rgionales spcialises), daffaires de sant, en cas de grande catastrophe impliquant une centralisation rapide de faits et victimes disperses sur tout le territoire national, qui sinscrivent dans une dynamique de direction de laction publique qui chappe en ltat au Parquet gnral de la Cour de cassation.En dfinitive, comme je lvoque rgulirement, la cration dun Procureur national, ou, linstar des Pays-Bas, dun collge de Procureurs gnraux, en charge de procder notamment aux arbitrages utiles sur le terrain de laction publique demeure dactualit au-del de ces pistes de rflexion intressantes. Cette solution, mise en uvre dans de nombreux Etats, prsenterait en outre lintrt, parmi dautres, dancrer plus clairement le Parquet au sein de lAutorit judiciaire et de prparer notre systme la mise en place dun futur Parquet europen actuellement en cours de dbat au sein de lUnion europenne.

    II - LES NORMES Sengager resolument vers des simplifications normatives. Le phnomne de linflation normative est dnonc de longue date, et chacun a lesprit les dterminantes tudes du Conseil dEtat ce sujet. Force est cependant de constater que la situation ne samliore gure, bien au contraire, dans tous les domaines. Cest particulirement vrai sagissant du Droit pnal et de la procdure pnale. Au rythme dau moins une loi par an depuis 30ans, cette dernire a peu peu perdu ses repres, et les bouleversements rcents dsormais

    imposs par les jurisprudences conjugues du Conseil constitutionnel, de la Cour europenne des Droits de lHomme, de la Cour de cassation et de la Cour de Justice de lUnion europenne ont vivement accentu une inscurit juridique chronique. Ce ne serait pas trs grave sil sagissait dun simple exercice de juriste ; or, ces incertitudes conditionnent aussi la libert et la scurit des citoyens et plus largement tous les aspects de la vie en socit. Sans partager ncessairement le constat dsabus prt Tacite dans le contexte de lEmpire Romain, selon lequel les lois sont dautant plus nombreuses que lEtat est corrompu, il est permis de considrer que lexcs de normes conduit peu peu perdre les principes fondamentaux dun Etat en bonne sant. Montesquieu ne dit rien de diffrent lorsquil crit dans lEsprit des Lois que les lois inutiles affaiblissent les lois ncessaires.Prcisment, le plus grave en ce qui concerne notre procdure pnale, cest quelle superpose dsormais de multiples principes issus de traditions juridiques diverses sans parvenir dgager une cohrence indispensable.Par ailleurs, la transposition rpte de textes europens dans un appareil judiciaire mal prpar renforce encore ces incertitudes : que lon songe la loi du 5 aot 2013, prise pour lapplication dune Directive de lUnion europenne, qui institue lobligation de traduire les pices principales des procdures pnales sans donner une dfinition simultane et prcise de ce quil faut entendre par cette expression. La perspective de la transposition de la directive relative laccs au dossier en cours de garde vue, a dj commenc de faire natre des incertitudes procdurales et des difficults pratiques srieuses, voire insurmontables dans les liaisons entre parquets, cabinets dinstruction et services denqute.Les fluctuations normatives et jurisprudentielles autour de pratiques aussi essentielles que la go-localisation, laccs aux pices essentielles des dossiers en cours de garde vue et leur traduction tout au long de la procdure, le droulement des enqutes, en viennent mettre en cause, au gr des dcisions rendues par les diffrentes juridictions, pendant de trop longues priodes, lgalit des citoyens devant la Loi pnale sur lensemble du territoire. Ces hsitations juridiques fragilisent en outre la confiance que doivent avoir les acteurs de Justice et des services dinvestigations dans le cadre juridique de leur action.Il est urgent de revisiter notre procdure pnale dans son ensemble pour que soit dgag un dispositif plus simple et adapt aux nouvelles incitations internationales et aux volutions releves au cours de ces 30dernires annes. Est-il, par exemple, indiffrent que notre Code de procdure pnale ait t conu en un temps ou le recours linstruction prparatoire concernait presque 25 % des affaires, contre peine 4 % aujourdhui? Comment comprendre que certaines mesures lgislatives portant sur linstruction prparatoire adopte en 2007 demeurent rgulirement diffres? La suggestion formule par la commission Nadal de renforcer le caractre contradictoire du cadre procdural de lenqute prliminaire simpose ; elle ne peut cependant suffire et doit, comme la commission le suggre aussitt, tre suivie dune rforme profonde. Cest dire que cette mise plat que certains de nos voisins ont su raliser, par exemple en Allemagne, en Italie, plus rcemment en Autriche et en Suisse, doit tre engage sans tarder, comme jai dj eu

    loccasion den mettre le vu, et sinscrire dans un projet prenant en compte les diffrents aspects dune indispensable rforme, y compris sur le terrain pratique de lorganisation des juridictions. Cette ncessaire rvision de la mise en ltat des affaires pnales, dsormais urgente, navait-elle pas dailleurs dj t prconise il y a plus de 20 ans par la commission Delmas-Marty? Et le pralable pos par cette dernire commission dune rforme du statut du parquet nest-il pas susceptible dtre enfin lev ?Si cette rforme densemble de la mise en tat des affaires pnales constitue mes yeux une priorit, il ne faut pas pour autant oublier de veiller ladaptation et la simplification de nos textes dans dautres domaines ; cela revient en particulier sinterroger sur le rle que lon souhaite confrer au juge dans des matires telles que lhospitalisation sous contrainte ou lapplication des peines ; le rapport de lIHEJ (Institut des Hautes tudes de Justice) qui prconise une redfinition de lintervention du juge en privilgiant une mission de supervision conformment aux prescriptions constitutionnelles envisage dailleurs cette volution.Il est enfin des domaines o il est urgent dadapter notre lgislation aux volutions de notre monde, spcialement au regard de lactivit de rseaux maffieux internationaux. La proccupation est grande face linadquation du traitement judiciaire des mineurs exploits par de tels rseaux circulant travers lEurope, en dpit dun travail considrable conduit par les magistrats, les policiers en lien avec les autorits de certains Etats quil y a lieu de saluer. Prs de 35% des mineurs issus de lest de lEurope arrts dans la capitale pour diverses infractions sont aujourdhui des enfants de moins de 13ans lgard desquels les rponses judiciaires sont inadaptes. Remettre la rue ou dans leur milieu criminogne des enfants aussi jeunes, est-ce vraiment assurer leur protection et la mission ducative voulue par les textes? La rponse, vidente dans son principe, implique la mise au point durgence de procdures et de structures rnoves.Quels quen soient les motifs, linstabilit et linadquation normatives ont un cot important pour la Socit et les justiciables. Ainsi, pour le ressort de la Cour dappel de Paris, ce sont 2270936euros qui ont t accords en2012 pour lindemnisation des mesures de dtention provisoire suivies de dcisions de non-lieu, de relaxe ou dacquittement, reprsentant 25099 journes de dtention avant jugement, pour un total cumul de 68ans 9mois et 9jours pour 148requrants. Les actions tendant la mise en cause de la responsabilit de lEtat pour un fonctionnement dfectueux du service public de la Justice, notamment au regard du non- respect du dlai raisonnable, ont tendance se dvelopper. Dans un ordre dide voisin, la Cour de Strasbourg a condamn nouveau la France pour ne pas avoir t en mesure de faire juger par la Cour dAssises spcialise des accuss impliqus dans une affaire de terrorisme. Nest ce pas le signe que notre Droit doit tre simplifi, acclr et modernis? Cest une erreur que de penser que les joies des plaideurs et des procduriers servent ncessairement lidal de Justice. Il ne faut pas, comme dit ladage, que la loi, comme la toile daraigne, retienne le plus lger en laissant chapper le plus lourd.

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    III - LES MOYENS HUMAINS ET FINANCIERS Adapter notre organisation aux spcificits de lIle-de-France. Les spcificits indniables de lIle-de-France, que les commissions nont pas eu le temps danalyser, devront tre examines dans la priode qui souvre prsent. Certains particularismes tiennent bien sr au fait que cette rgion reprsente elle seule plus dun citoyen sur six, sans compter tous ceux qui la traversent ou y sjournent, et dispose dun poids conomique vident, mais aussi aux conditions de vie particulires que connaissent ceux qui exercent sur ce territoire hors norme ; cest dailleurs prcisment pour cette raison que le ressort de la Cour dappel de Paris fait lobjet dun classement hors-catgorie qui la distingue des autres plus grandes juridictions de France, ce que mconnait la prsentation figurant dans lun des rapports.Je me bornerai ici voquer deux thmes, relatifs respectivement lorganisation judiciaire et la gestion des ressources humaines dans cette rgion.Sagissant de lorganisation judiciaire, la cration de la police dagglomration en 2009 sur le territoire de la prfecture de police de Paris a fait apparaitre un cadre de travail nouveau intressant quatre parquets (Paris, Bobigny, Crteil et Nanterre) implants sur deux Cours dappel. Cette situation rend plus ncessaire que jamais une coordination exemplaire entre les Parquets gnraux de Paris et de Versailles, ce dernier tant comptent pour lun de ces quatre parquets (les Hauts-de-Seine). Comment en effet concevoir des analyses et pratiques mal harmonises lgard de services denqute exerant sur Paris comme sur la petite couronne?

    Cette problmatique doit imprativement tre conserve lesprit, que ce soit dans le schma propos par la commission Nadal qui voque la constitution dune seule Cour dappel rgionale pour lIle-de-France avec une antenne Versailles, ou dans le contexte de plusieurs Cours dappel par rgion voqu par la commission Marshall. Plus gnralement, et indpendamment de toute rforme de structure, larticulation des deux Cours dappel de Paris et Versailles qui interviennent dans un contexte urbain et un ensemble conomique communs impliquant notamment des transferts de population considrables chaque jour rend indispensable une mise en cohrence des politiques mises en uvre sur les deux ressorts. Le conseil rgional de politique pnale, institu entre les parquets gnraux des deux Cours, permet prcisment de dfinir des lignes de politique communes, qui ont port cette anne sur les thmatiques de violences intrafamiliales, de prlvement dorganes et dhabitat indigne. Une harmonisation plus pousse et portant sur tous les domaines dintervention des Parquets, y compris en matire civile et commerciale, serait justifie compte tenu de linterpntration des territoires et de la prsence dinterlocuteurs communs de linstitution judiciaire. Ici plus quailleurs, un effort de rationalisation simpose.Enfin, il est souhaitable de tirer les consquences du particularisme de plus en plus marqu du Tribunal de grande instance et de la Cour dappel de Paris au titre de leurs spcialisations propres au niveau national ou interrgional dans des domaines importants, notamment lantiterrorisme, la lutte contre les gnocides et les crimes contre lHumanit, le traitement des oprations militaires extrieures, les responsabilits du nouveau parquet financier

    national, les recours contre les sanctions prises par les Autorits administratives indpendantes, les infractions en matire de sant, la criminalit organise dans le cadre des JIRS, les questions touchant la nationalit ou aux brevets.Limprieuse ncessit pour linstitution judiciaire de russir pleinement dans le traitement de ces contentieux spcialiss justifierait que soit engage une rflexion particulire dans la perspective dune organisation judiciaire rnove qui na pas pu tre effectue par les groupes de travail.Sur un second point essentiel, il faut souligner les difficults particulires que connaissent les parquets du ressort de la Cour de Paris en matire de gestion des ressources humaines; chacun sait que les fonctions du Ministre public connaissent une certaine dsaffection, qui se matrialise particulirement dans les parquets de la priphrie parisienne : travers la Justice comme par celle dautres administrations, la prsence de lEtat doit se manifester avec force sur ces territoires sur lesquels lexercice professionnel se heurte un terrain particulirement difficile. Le constat rpt au fil des ans est malheureusement toujours le mme : nombre de fonctionnaires fraichement recruts, soumis aux rudes contraintes financires et pratiques de la rgion parisienne, nont de cesse que de rejoindre leur rgion dorigine o ils ont leurs attaches. Il sensuit un mouvement permanent dagents qui, souvent pour des raisons trs lgitimes ne se fixent pas dans les juridictions de lIle-de-France, provoquant involontairement des problmes de gestion difficiles.Le constat pour les magistrats des Parquets est assez voisin et lon ne trouve que peu de candidats en dehors des sorties dcole. Ainsi, le Parquet de Meaux, confront la mise en place cette anne du centre du Mesnil-Amelot

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    qui attire sur le ressort un contentieux massif en provenance de quelques 60 prfectures et gnrant des permanences trs tardives, souvent au-del de minuit, ne comporte-il lheure actuelle aucun vice-procureur pour un eff ectif thorique de 18 parquetiers. Ce grave dfi cit dencadrement intermdiaire se retrouve au demeurant dans les autres juridictions priphriques, spcialement Evry, Bobigny et Crteil, pnalisant fortement le fonctionnement de ces juridictions. La diffi cult est dautant plus grande que le quota de magistrats placs auprs des chefs de cour pour porter appui aux juridictions en diffi cult est trs faible au regard des besoins, en tout cas bien infrieur en proportion ce que lon peut observer dans dautres rgions.Pour remdier aux diffi cults de recrutement que lon peut observer sur diff rents points du territoire, lun des groupes de travail prconise de favoriser la carrire de certains magistrats et fonctionnaires qui accepteraient dexercer sur des sites dits sensibles au regard des besoins.Cette formule, pour intressante quelle soit, ne pourra, me semble-t-il, que demeurer dun impact limit au regard du nombre de positions couvrir sur la seule Ile-de-France ; une rflexion plus pousse doit tre imprativement engage bref dlai pour dvelopper des incitations, y compris dordre fi nancier ou des mesures caractre social, afin de permettre de compenser effectivement et rapidement certaines des contraintes propres lexercice dans certaines juridictions qui ont du mal

    tre dotes des eff ectifs ncessaires.Dans limmdiat, linterrogation est particulirement grande au regard du dfi cit des magistrats qui devrait persister pendant encore plusieurs annes du fait, notamment, des dparts en retraite prvisibles : il est dsormais urgent de prvoir des mcanismes de recrutement particuliers, notamment du ct des professions du Droit sagissant des magistrats, et de dvelopper des assistants des magistrats qui favoriseraient le travail en quipe tout en dchargeant les Parquets de certaines tches et pourraient apporter, dans des dlais rduits, un appui dsormais indispensable ; devraient en outre tre dploys des personnels techniques dont lon ne peut se passer pour un dploiement optimal des outils et logiciels pralables une dmatrialisation dont on peut attendre beaucoup.Toutes ces prconisations ne sont pas nouvelles; elles nont pu voir le jour jusqu prsent. Leur mise en uvre eff ective au plus vite, particulirement attendue, serait susceptible dapporter un appui apprci dans le fonctionnement des parquets pour un meilleur service rendu aux justiciables.

    En conclusion Comme je lai exprim tout au long de mon intervention, je ne puis que souligner lurgence dagir pour que soient levs les lments de confusion qui pnalisent le fonctionnement judiciaire, tout particulirement sagissant des juridictions du ressort de la Cour dappel de Paris. 2014-31

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    Elections

    Agenda

    INSTITUT FRANAIS DES PRATICIENS DES PROCDURES COLLECTIVES- AVOCATS CONSEILS DENTREPRISE- CONSEIL NATIONAL DES BARREAUX

    9me dition des Entretiens de la Sauvegarde La crise moteur de croissance27 janvier 2014Maison de la Chimie 28, rue Saint-Dominique 75007 PARISRenseignements: 01 44 50 15 [email protected] 2014-33

    ACADMIE DES SCIENCES MORALES ET POLITIQUES

    La libert religieuse1 700me anniversaire de ldit de Milan28 janvier 2014 Institut de France 23, quai de Conti75006 PARIS Renseignements: 01 44 41 43 23 [email protected] 2014-34

    DOCUMENTATION FRANAISE

    Les mercredis de la Documentation franaise Crise ou changement de modle ? Confrence-dbat le 29 janvier 201429, quai Voltaire75007 PARISRenseignements: 01 40 15 71 [email protected] 2014-35

    ASSOCIATION DROIT ET COMMERCE

    Remise du prix Droit et Commerce 12 fvrier 2014Conseil Constitutionnel 2, rue Montpensier 75001 PARIS Renseignements: 01 46 28 38 37 [email protected] 2014-36

    CONSEIL DTAT

    O va lEtat ? Ltat peut-il survivre la mondialisation?12 fvrier 2014Salle dAssemble gnrale1, Place du Palais-Royal75001 PARIS Renseignements: 01 72 60 58 [email protected] 2014-37

    Michel Pinault a t lu la prsidence de la Commission des sanctions suite au renouvellement partiel des membres de celle-ci. Marie-Hlne Tric prsidera la deuxime section de la Commission. Aprs la dsignation courant dcembre 2013 de six nouveaux membres, la Commission des sanctions de lAutorit des marchs fi nanciers a procd lors de sa runion du 7 janvier 2014 llection de son nouveau prsident. Michel Pinault, prsident de section au Conseil dEtat et membre de la Commission des sanctions depuis juin 2011, succde ainsi Claude Nocquet, conseiller la Cour de cassation.Le prsident de la Commission des sanctions est lu la majorit par les membres de la Commission, parmi les quatre magistrats dsigns par le vice-

    prsident du Conseil dtat et le Premier Prsident de la Cour de cassation. Il doit tre rlu aprs chaque renouvellement partiel.Pour se prononcer sur un dossier, la Commission des sanctions peut se runir en formation plnire ou en formation de section. En effet, comme le permet le Code montaire et financier, la Commission est organise en deux sections, compose chacune de six membres et prside

    par lun des conseillers dEtat ou des conseillers la Cour de cassation. La Commission dans sa formation plnire et la premire section sont donc prsides par Michel Pinault. Les membres de la Commission ont galement lu Marie-Hlne Tric, conseiller honoraire de la Cour de cassation et membre de la Commission depuis janvier 2011, prsidente de la deuxime section. 2014-32Source: Communiqu du 9 janvier 2014

    Autorit des Marchs FinanciersMichel Pinault lu prsident de la Commission des sanctions

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    Paris, 7 janvier 2014

    D.RMichel Pinault

  • Rentre solennelle

    8 Les Annonces de la Seine - Lundi 20 janvier 2014 - numro 4

    Lorganisation judiciaire au 21me siclepar Philippe Jeannin

    Je voudrais dire ici, au-del des perspectives incertaines sur lesquelles souvre lanne 2014, que des points ont t marqus, et que les rsultats obtenus sont ceux dun collectif de magistrats et fonctionnaires qui se sont mobiliss sur la rorganisation de cette juridiction, soulignant une fois de plus, le grand professionnalisme des greffi ers, adjoints administratifs et techniques. Sagissant des juridictions du ressort, lanne 2013 aura t celle de la mesure de ladaptation des ressources humaines aux volutions nes de la nouvelle carte judiciaire.Plusieurs ressorts ont atteint cet objectif. Un nombre signifi catif de juridictions prsente ce jour une activit quilibre en matire civile et pnale. Toutefois, dautres situations restent proccupantes. Des tensions psent en effet durablement sur lactivit. Dautres facteurs conjoncturels sajoutent cette tendance gnrale, lensemble se traduisant dans les cinq observations qui suivent.

    Premire observation : Dabord la question des vacances structurelles de postes des magistrats du sige dj voque pour la cour juridiction. Au moment o je vous parle, lexception du Tribunal de grande instance de Vannes, tous les tribunaux de grande instance du ressort connaissent, avant toutes absences lies aux congs (maladies maternit parentaux), une vacance dau moins un poste dans les fonctions du sige non spcialises, ou dans des fonctions spcialises concourant (ex. les juge dinstruction Saint-Malo ou Quimper) pour une part importante de leur activit des fonctions dites annexes de jugement, ou encore dans certains des tribunaux dinstance rattachs (notamment Saint-Nazaire et Saint-Brieuc).

    La deuxime observation vient en prcision de la prcdente. Les vacances constates sont ainsi comptabilises aprs engagement de lensemble des magistrats placs disponibles pour les juridictions du ressort en comblement de neuf postes. Il nen demeure pas moins quen consacrant la totalit de leff ectif de ces magistrats cette fi n, nous sommes privs dune importante capacit

    dintervention sous forme de contrats dobjectifs dont les eff ets avaient t trs positifs en 2012 et encore au cours du premier semestre 2013 et qui avaient permis, en provoquant des surnombres, de rorganiser compltement plusieurs services spcialiss, notamment au Tribunal de grande instance de Nantes, ou de parvenir aider labsorption partielle des fusions de juridiction comme Brest ou Saint-Brieuc.

    Troisime observation : Lexcution du plan national de rvision du stock des mesures de tutelle au 31dcembre 2013, pour mise en conformit avec les dispositions de la loi du 5mars 2007, a t globalement men bien dans lensemble des tribunaux dinstance du ressort. Dans une Cour dappel qui, aprs celle de Paris, prsentait le stock le plus important de mesures rviser, la performance nest pas mince. Toutefois, cet eff ort a eu un prix lev dun double point de vue. Les juridictions les plus charges ont d produire un eff ort tel pour raliser lobjectif que des transferts internes de charge dactivit ont d tre raliss dun service lautre, pnalisant souvent le contentieux civil dont les dlais se sont accrus dans ces juridictions. Par ailleurs, la masse des crdits vacataires fl chs juste titre par la direction des services judiciaires sur cette opration na pas t compense au second

    semestre 2013 par des dlgations supplmentaires sur les crdits dagents non titulaires, en raison de la contrainte budgtaire, ce qui a contribu des tensions sur la globalit des moyens donnes aux greff es de lensemble des juridictions du ressort.

    Quatrime observation : Les ajustements de la carte judiciaire peuvent se rvler des oprations prilleuses en situation de contraintes deff ectifs.Je me suis dj exprim sagissant de la situation du Tribunal dinstance de Fougres. Larrive erratique et chelonne des eff ectifs dont la juridiction a t dote, qui sest tale sur une anne, lerreur consistant penser quune charge de travail valu 1,5 ETPT (quivalent temps plein annuel travaill) peut se rduire laff ectation dun seul magistrat dans des fonctions aussi squentielles et diversifi es que celles de linstance, limmobilisation pendant prs de deux ans de 2200 dossiers de tutelle dplacs de Vitr et Fougres Rennes, puis de Rennes Fougres pour un rsultat prvisible dun stock rsiduel de mesures non rvises lchance du 31dcembre 2013, sont autant dlments propices crer, aprs seulement deux ans de fonctionnement, une situation dengorgement inluctable qui na pu tre limite que par la prsence dun magistrat trs expriment dans les fonctions et un grand professionnalisme du greff e. Lexamen des conditions ventuelles de la cration dun second poste a t renvoy contre lavis des chefs de cour un an ce qui, au mieux, concrtiserait, supposer larbitrage favorable, une telle hypothse au plus tt en septembre 2015. Or, aider cette juridiction lheure actuelle par aff ectation dun magistrat plac revient accepter une vacance supplmentaire dans un autre ressort.Par ailleurs, si les perspectives immobilires, comme les publications de postes correspondant une partie de la dotation prvisionnelle, permettent datteindre lobjectif douverture dans le ressort de Saint-Brieuc dune chambre dtache du Tribunal de grande instance Guingamp, le 1er septembre 2014, la situation de cette juridiction et de son ressort se traduit aujourdhui par deux vacances de postes de magistrats, une au Tribunal de grande instance et une au Tribunal dinstance. Deux postes de magistrats du sige sont prvus pour faire fonctionner la chambre dtache. Souhaitons, alors quun eff ort supplmentaire a t demand la juridiction dont la fusion avec le Tribunal de grande instance de Guingamp tait en voie de stabilisation, en lespce de supporter la charge du redploiement

    Audience solennelle de rentre, 9 janvier 2014

    Monsieur le Premier Prsident Philippe Jeannin et Madame le Procureur Gnral Vronique Malbec accueillaient leurs invits ce jeudi 9 janvier 2014 lors de laudience solennelle de rentre judiciaire de la Cour dappel de Rennes, ce fut loccasion pour les Chefs de Cour dvoquer la rforme de lInstitution Justice bout de souffl e. La crmonie sest droule la veille du dbat national lUNESCO sur la justice du 21me sicle (Les Annonces de la Seine du 13 janvier 2014 pages 16 et suivantes). Les principaux thmes abords furent les suivants : renforcer le statut et lindpendance des magistrats, crer un tribunal dpartemental, rpondre aux crises de fonction et de vocation en redonnant du sens et de la crdibilit la politique pnale, dvelopper les nouvelles technologies, ajuster la carte judiciaire Autant de sujets passionnants et importants qui sont des facteurs de sensibilisation des acteurs au sein des juridictions franaises.Le dbat sur la justice du 21me sicle est certes ouvert mais il faut rsister face aux diffi cults et crire dans la ralit de nos pratiques une page pour avancer sur ce chemin a conclu Philippe Jeannin. Jean-Ren Tancrde

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    Cour dappel de Rennes

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    Les Annonces de la Seine - Lundi 20 janvier 2014 - numro 4 9

    dun poste vers la chambre dtache, que le second poste qui doit tre cr au-del de son effectif actuel ne soit pas pourvu dans les mmes conditions par redploiement au nom de la pnurie par le jeu du niveau actuel de vacances. On ne peut ici encore qualerter sur les dangers de cette solution qui, en contradiction totale avec les annonces, au lieu de proximit, gnrerait des difficults immdiates sur la totalit du primtre dactivit de la juridiction Saint-Brieuc comme Guingamp.

    Cinquime observation : Malgr ces difficults, ces incertitudes, les compte-rendus des audiences solennelles qui se tiendront dans chacun des ressorts vous montreront que certaines juridictions ont russi des performances trs remarquables, que certaines des fusions de la carte judiciaire sont assimiles ou en voie de consolidation, et que celles qui ont t le plus dficitaires en moyens, ont russi maintenir des niveaux dactivit qui, sans rduire les difficults, ne les ont pas aggraver, sauf dans le domaine dactivit des TASS (Tribunal des affaires de scurit sociale) o la disparition des magistrats honoraires qui hier assuraient la prsidence de nombre de ces juridictions, ne peut tre compense, et ce, dans un contexte o les greffes de ces juridictions qui ne relvent pas du ministre de la justice ont connu galement une importante dflation.Les lignes qui avaient t dfinies lan dernier dans le domaine pnal et tout spcialement pour favoriser lexcution effective des peines demprisonnement ferme dans le cadre damnagements chaque fois que la situation du condamn sy prtait ont t partout mises en uvre. Mais il convient de le redire. Agir dans ce domaine, laisser moins de peines sans excution se traduit par une augmentation importante de lactivit judiciaire et des services pnitentiaires dinsertion et de probation, y compris jusque dans lexercice des voies de recours. Le dficit global des moyens dapplication des peines que nous avons signal auprs des services de la chancellerie, notamment en rappelant le redploiement opr sur les seuls moyens de la cour pour permettre daugmenter la

    capacit de traitement du service de lapplication des peines de Nantes a t pris en compte, du moins en ce qui concerne les magistrats. Trois postes supplmentaires de juges de lapplication des peines sont crs la circulaire de localisation 2013 Saint-Nazaire, Quimper et Rennes.Malheureusement, et pour les raisons dj indiques, aucun dentre eux na pu tre pourvu jusqu prsent. La progression de la procdure sur reconnaissance pralable de culpabilit est un lment favorable retenir pour lquilibre du secteur pnal.Ces cinq observations traduisent leffort de tous, les rsultats, mais aussi bien des difficults devant nous. Pourtant, et dans lattente dune reconstitution progressive de nos moyens, il faut continuer agir, grer au mieux les ressources humaines, lorganisation des services et lquilibre des contentieux.2014 commence aussi sous le signe de la rflexion sur lavenir de la justice. Le cadre de cette audience ne me permet que dvoquer ce sujet parmi la masse de ceux qui touchant lorganisation judiciaire au XXIme sicle, loffice du juge ou au ministre public couvrent la totalit du champ prospectif des enjeux essentiels dune justice plus moderne, plus participative, consolidant ses procdures de droit interne par une intgration toujours plus forte des rfrences aux normes europennes.Indpendamment des critiques qui, comme notre pays en a lhabitude, ne manqueront pas de sabattre ab irato sur nombre des prconisations des rapports issues des groupes de travail mis en place par Madame la Garde des Sceaux, saluons nanmoins dans cette initiative le souci de voir toutes les ides sexprimer pour sortir de cette seule et sempiternelle quation comptable laquelle je viens pourtant de vous soumettre opposant limportance de la demande judiciaire, lexigence de qualit dans lcoute et la production des dcisions un nombre insuffisant de juges.Cest pourquoi, conjuguant les lments de synthse contenus notamment dans ces travaux

    consacrs au primtre de loffice du juge, lcoute des initiatives prises par plusieurs juridictions, des exprimentations dj conduites ici dans des domaines diffrents, affaires familiales, rfrs, lcoute des demandes dactions plus concertes manant des barreaux du ressort, jentends, ct de la question de lvaluation des charges de travail, engager ds cette anne un processus plus oprationnel, plus global, plus rgional, sur les procdures ngocies en matire civile, notamment la mdiation judiciaire, mais aussi valuer, en liaison avec les tribunaux dinstance, la pratique et la mthodologie de la conciliation judiciaire.Les consultations sur les rapports que je viens dvoquer, notamment les dveloppements consacrs ces sujets dans celui relatif au juge du XXIme sicle constituent une occasion importante de sensibilisation des acteurs au sein des juridictions.Certes, nous savons toutes les questions qui entravent encore le dveloppement de ces solutions alternatives au rglement des litiges, formation et qualification des mdiateurs alors quil nexiste pas de diplme dtat sauf en matire familiale, craintes des avocats de se voir encore concurrencs dans ce rle sur un terrain o ils devraient tre, en raison de leurs qualifications et des garanties attaches leur statut professionnel, des intervenants majeurs, question du financement de la mdiation, culture peu ancre dans nos murs judiciaires de pratiques qui font craindre trop souvent juste titre aux magistrats qui sy investissent un temps considrable pass pour des rsultats dont la modestie ne diminue en rien la charge de leur production juridictionnelle. Cest pourquoi le rapport relatif au juge du XXIme sicle souligne-t-il juste titre que si linstitution veut rellement favoriser le dveloppement des modes ngocis de rglement des litiges, () cet objectif doit faire explicitement partie des missions dvolues aux chefs de juridiction et aux chefs de service, afin que le temps qui lui est consacr ne puisse apparatre comme indment distrait des tches juridictionnelles.

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    Repenser le rle du magistratpar Vronique Malbec

    Laudience solennelle de rentre est souvent loccasion pour les procureurs gnraux de dresser, pour leur ressort, le bilan judiciaire de lanne coule et dexposer leur feuille de route pour lexercice venir. Certains chefs de cour profitent galement de ce moment pour faire part de rflexions plus personnelles sur lvolution de linstitution, son devenir, ses forces et faiblesses.Cest aujourdhui ma premire audience solennelle de rentre en qualit de Procureur gnral. Mon discours sera inscrit dans le prsent, rsolument tourn vers lavenir, mais avant tout pragmatique.2014 sera, je lespre, une anne charnire pour linstitution judiciaire tant les rfl exions engages depuis plusieurs mois quant nos missions et aux moyens dy faire face sont nombreuses et importantes. Si ces rflexions peuvent parfois apparatre lointaines et thoriques pour les magistrats, fonctionnaires et contractuels exerant dans les juridictions de la Cour dappel de Rennes, elles portent pourtant en elles lespoir que les vents dune rforme moderne et effi cace puissent souffler dans les voiles de notre institution. Je suis convaincue que les prconisations issues de ces groupes de travail peuvent, si elles saccompagnent dune volont politique franche et dtermine, avoir une traduction concrte et quotidienne pour lensemble des magistrats et fonctionnaires de nos juridictions.Les hasards du calendrier ont abouti ce que cette audience de rentre prcde de vingt-quatre heures les assises de la justice du 21mesicle que la Garde des Sceaux organise durant deux jours Paris. Cet vnement sinscrit dans la continuit logique des rapports issus des groupes de travail confis aux Premiers Prsidents Didier Marshall et Pierre Delmas-Goyon, de la commission prside par le Procureur Gnral honoraire de la Cour de cassation, Jean-Louis Nadal et de ltude mene par lInstitut des hautes tudes de la justice sur La prudence et lautorit, loffice du juge au 21me sicle.La ministre a, en effet, souhait, rception de lensemble de ces travaux, organiser un dbat national permettant une rflexion et des changes approfondis sur les moyens damliorer le service rendu aux citoyens et les conditions dexercice de leurs missions par les professionnels de justice.Lensemble de ces rflexions a abouti un constat: il est ncessaire de repenser le rle du magistrat et de modifier profondment nos organisations. Cest une ncessit pour le justiciable, cest une

    ncessit galement pour lensemble des acteurs du processus judiciaire, pour tous ceux qui, au quotidien, contribuent luvre de justice.Cet vnement, articul autour de dbats et de travaux en ateliers, runira lensemble des acteurs de la vie judiciaire : magistrats, fonctionnaires, avocats et professions juridiques, partenaires institutionnels et associatifs de la justice, reprsentants des usagers, ainsi que les milieux universitaires et de la recherche, les autorits politiques et administratives et lensemble de la socit civile, Ainsi que je lindiquais, les espoirs que cette dmarche a fait natre sont la hauteur de lenjeu : considrables. Je souhaite trs sincrement que ces espoirs ne soient pas dus.Je ne vous accablerai pas en exposant lensemble des pistes susceptibles damliorer notre organisation. Certaines sont intressantes, aises mettre en uvre, dautres, plus ardues, ncessitent des modifications lgislatives, voire constitutionnelles sagissant du statut des magistrats du ministre public. Toutes ne sont pas innovantes puisque certaines avaient dj t envisages, il y a un peu plus de dix ans, dans le cadre des entretiens de Vendme ou lors des travaux ayant abouti la rdaction de plusieurs rapports.Lessentiel, en ce qui concerne le ministre public (et vous me permettrez de limiter mon propos cet aspect), est contenu dans les conclusions de la commission Nadal. Il nest pas excessif de dire que les Parquets sont bout de souffle car confronts une triple crise :lla charge de travail des collgues et la responsabilit affrente leurs tches est croissante, tandis que lacceptation de lensemble des contraintes inhrentes

    lexercice du Parquet est plus difficile. Jai constat cette tendance depuis plusieurs annes, notamment lorsque jtais en administration centrale. Jai galement pu faire ce constat rcemment lors de mes dplacements au sein des Parquets. Cest ce que jappelle la crise de fonction,l intimement lie ce premier facteur, la profession est aujourdhui confronte une vritable crise de vocation chez les jeunes magistrats qui font de moins en moins le choix du Parquet ou quittent trs rapidement cette fonction,lenfin, et de manire plus gnrale, la lgitimit des magistrats du ministre public est mise mal. A plusieurs gards, il est clair que nous sommes dsormais confronts une crise du statut de parquetier.Face cette triple crise, quelles sont les solutions ? La commission Nadal a articul ses propositions en dix thmes. Je nen reprendrai que quelques-uns.

    >Modifier notre statut et garantir notre indpendance. Cela peut paratre une vidence. Cette solution que jencourage de mes vux permettra de raffirmer que le parquetier est et doit rester un magistrat part entire. Cest en effet la richesse de notre corps et lune des composantes essentielles de notre indpendance.La commission propose ainsi dinscrire dans la Constitution lunit du corps judiciaire et de transfrer au Conseil suprieur de la magistrature le pouvoir de proposition des postes de procureur gnraux, procureurs et magistrats du parquet de la Cour de cassation, lidentique de la formation du sige. Je ne suis toutefois pas favorable ce second point. Il nest en eff et pas choquant que le ministre puisse proposer au Conseil suprieur de la magistrature le nom des magistrats du parquet qui dirigent la police judiciaire, exercent laction publique et portent les politiques pnales, rpressives et prventives en les coordonnant avec les diverses politiques publiques de ltat. Ces magistrats trouvent aussi une part de leur lgitimit de partie publique , porteuse de lintrt gnral, travers le pouvoir de proposition du garde des sceaux.Par contre, lide essentielle, que je partage, est que la nomination se fasse sur avis conforme du Conseil suprieur de la magistrature et quainsi, la dcision fi nale appartienne notre Haut conseil. En outre, le retrait des procureurs gnraux de la liste des emplois traits en Conseil des ministres parait des plus lgitimes.Quoiquil en soit, cette voie de la rforme est dsormais la seule option. Cest celle qui mettra un terme la crise de statut et qui permettra que cesse le dni, parfois mme parmi les collgues du sige, de notre qualit part entire de membre de lautorit judiciaire.

    Cest donc en ce sens que nous devons uvrer pour, associant lensemble des partenaires au premier rang desquels les barreaux, dvelopper dans chaque ressort un schma local dapplication des procdures ngocies et, dans toute la mesure du possible, une harmonisation rgionale sur les bases suivantes :lDtermination dun primtre des contentieux ligibles.l tablir un protocole commun, tant sur le droulement de la procdure que sur les partenariats associs la mise en uvre de la mdiation.lvaluer avec les barreaux, pour ce qui concerne les aff aires familiales, selon les situations locales, la pertinence dadoption de protocoles conclus sur

    la base de larticle 29 de la loi du 10 juillet 1991 en matire daide juridictionnelle. Sagissant de la conciliation judiciaire, il sagit au niveau de chaque arrondissement de raliser un tat des pratiques au sein de chaque tribunal dinstance et dvaluer sur chaque site la pertinence et les marges dvolution de ces dispositifs.Le ple statistique de notre service dadministration rgional devra tre associ troitement cette opration pour introduire dans notre rfrentiel statistique local les indicateurs propres mesurer la progression de ces solutions alternatives comme solutions de litiges initialement ports devant nos juridictions.Il serait galement intressant que les tribunaux

    de commerce sengagent dans cette voie et que les conseils de prudhommes, dans toute la mesure du possible, ractivent ces processus, ce qui suppose que les parties abandonnent chaque fois que possible des postures trop systmatiques et purement tactiques dvitement du bureau de conciliation, la loi ndictant en ltat aucune sanction lie au dfaut de comparution ce stade. Le dbat sur la justice du XXIme sicle est ouvert. Mais quatorze annes se seront bientt coules dans ce sicle et la tche de modernisation est immense. Rsister face aux diffi cults et crire dans la ralit de nos pratiques une page pour avancer sur ce chemin. Ce sont les vux que je forme pour 2014.

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    Les Annonces de la Seine - Lundi 20 janvier 2014 - numro 4 11

    >Instaurer un tribunal dpartemental. Vous me permettrez de mattarder un peu plus sur cette proposition frappe au sceau du bon sens qui, si elle venait tre mise en uvre, aurait des consquences trs concrtes pour la Bretagne.Il sagit ici de modifier notre primtre dintervention en le faisant concider avec les limites du dpartement. Sil ne sagit nullement de revoir de nouveau la carte judiciaire en supprimant des structures, le constat a t fait de linadquation du ressort des juridictions avec lorganisation des services dconcentrs de lEtat (rgion ou dpartement), y compris avec ceux du ministre de la justice (que lon pense ici la carte de ladministration pnitentiaire ou celle de la protection judiciaire de la jeunesse).En Bretagne, la quasi-exception des Ctes dArmor et de la juridiction de Saint-Brieuc, chaque dpartement de cette Cour comprend deux Tribunaux de grande instance depuis la rforme de la carte judiciaire :lNantes et Saint-Nazaire pour la Loire-Atlantique,lRennes et Saint-Malo pour lIlle-et-Vilaine,lBrest et Quimper pour le Finistre,lLorient et Vannes pour le Morbihan.Jvoquais une quasi-exception pour Saint-Brieuc en raison du cas unique que reprsente le Tribunal de grande instance de Saint-Malo dont le ressort stend, au-del de lIlle-et-Vilaine, aux Ctes dArmor.Cette situation complexifie ncessairement laction des procureurs dans la mesure o tous leurs interlocuteurs exercent a minima leurs pouvoirs lchelle du dpartement. Non seulement le pouvoir des procureurs sen trouve rduit dans leurs relations, notamment avec les commandants de groupement de la gendarmerie dpartementale et le directeur dpartemental de la scurit publique, mais surtout il pourrait arriver, ce qui nest pas le cas dans le ressort, et jen sais gr lensemble des procureurs, que les politiques pnales des uns et des autres et les directives daction publique ne soient pas les mmes, ce qui fragiliserait laction de tous.Ce parquet dpartemental auprs dune juridiction dpartementale unique disposerait dautant dantennes que danciens tribunaux. Si nous prenons lexemple de lIlle-et-Vilaine, le Parquet dpartemental serait localis Rennes, au sein du tribunal de grande instance de lIlle-et-Vilaine, et une antenne de ce parquet se trouverait

    Saint-Malo. Cette nouvelle organisation, plus rationnelle, permettrait de mutualiser les permanences entre les deux Parquets, de spcialiser les magistrats du Parquet dans tel ou tel contentieux. Elle devra avoir un impact pratique significatif au niveau de la rpartition de la charge de travail des magistrats du parquet et pourrait constituer lune des cls permettant de rsoudre la crise de fonction que jvoquais tout lheure.Si cette architecture mrite dtre affine, notamment dans la redfinition du classement hirarchique des juridictions, ce que concde volontiers la commission, elle aurait plus globalement lavantage doffrir de la lisibilit et de la cohrence dans laction publique. Elle serait organise conformment aux principes habituels dunit, dindivisibilit et de hirarchie.

    >Donner au ministre public des moyens la hauteur de son rle. Cette option qui nest certainement pas de confort, est au contraire absolument incontournable. Il sagit en effet dadapter les effectifs des parquets pour tenir compte de la diversit des missions qui leur sont confies. Lenjeu est ici de rsoudre la fois la crise de fonction et la crise de vocation. Dans le cadre de lenqute prliminaire ou du dveloppement des mesures alternatives aux poursuites, le renforcement des pouvoirs du parquet , je cite le rapport, sest accompagn du recours au traitement direct des procdures, imposant des permanences de jour comme de nuit, 365 jours par an, dune lourdeur croissante, ceci dans un contexte marqu par la cration dun nombre important de nouvelles incriminations pnales et dune certaine volatilit des rgles procdurales. La conscration concomitante du rle des parquets en matire de prvention de la dlinquance sest traduite par une implication toujours plus importante des procureurs de la Rpublique et des magistrats du parquet dans les politiques partenariales .Au-del de la sphre pnale, il faut rappeler que les comptences du ministre public sexercent aussi en matire civile et commerciale, en matire de tutelles et de soins psychiatriques sans consentement. Laccroissement de ces comptences sest fait souvent, et je sais que les procureurs prsents dans

    la salle ne me contrediront pas, sans le renfort de magistrats supplmentaires dans les parquets.Je ne crois toutefois pas, titre personnel en tout cas, la possibilit dun accroissement dans les annes venir des effectifs du Parquet, tant les vacances de postes sont nombreuses dans lensemble des ressorts. Au Parquet, mais galement au sige Monsieur le Premier Prsident.Si les concours qui viennent de se terminer sont favorables, puisque lEcole nationale de la magistrature va devoir former une promotion de 285 personnes, chiffre qui navait pas t atteint depuis longtemps, auxquels il faut ajouter les 60issus des concours complmentaires, ce seront, dans le mme temps, environ 300 magistrats qui feront annuellement valoir, dans les quatre cinq annes venir, leurs droits la retraite. De fait, le solde positif ne viendra que trs partiellement combler les 405 vacances de postes que nous connaissons actuellement dans lensemble du pays.Il faut donc compter sur nos forces vives actuelles et tenter demprunter les chemins tracs par les rapports de Messieurs Garapon, Delmas-Goyon, Marshall et de la commission Nadal : il faut confier dautres le soin de nous aider en leur transfrant une partie de nos attributions. Quon les appelle assistants du ministre public, greffiers juridictionnels, attachs de justice, jeunes avocats, juristes universitaires ou assistants de justice, lide est la mme : dlguer certaines tches des collaborateurs qualifis, intgrs au sein de lquipe du parquet, et placs sous la responsabilit fonctionnelle du procureur de la Rpublique. Cette quipe largit autour du magistrat existe chez nos voisins europens, notamment en Allemagne et fonctionne parfaitement.Quelle que soit la dcision finale, il faudra prciser les comptences, dfinir les contours des missions et adapter les statuts.Nous devons galement nous appuyer sur le dveloppement des nouvelles technologies. Les Procureurs du ressort ont dj eu cur de dvelopper des outils performants qui facilitent leur travail. Nous allons poursuivre dans cette voix en y associant les fonctionnaires et les avocats et en travaillant une harmonisation au niveau du ressort

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    12 Les Annonces de la Seine - Lundi 20 janvier 2014 - numro 4

    de la cour. Un travail a dores et dj t entam, en concertation avec les magistrats du sige de la cour et des tribunaux, sur la numrisation des procdures pnales ; un autre va tre engag en lien galement avec les barreaux sur la communication lectronique en matire pnale, et je remercie les btonniers, que jai pu rencontrer dans mes visites des Parquets, de laccueil favorable que jai reu. Je sais que nous allons pouvoir travailler dans le mme tat desprit constructif.

    >Redonner du sens et de la crdibilit la politique pnale. Cet axe a incontestablement vocation rpondre aux crises de fonction et de vocation que jvoquais tout lheure.Il sagit en premier lieu de sinterroger sur la dtermination des priorits de politique pnale. A cet gard, la commission Nadal a constat le manque de lisibilit de cette politique dans le double contexte dune pnalisation croissante de la vie sociale et dune mdiatisation des affaires que traite la justice pnale.Tous les sujets, ou presque, ont t au fil du temps des priorits de politique pnale, sans quaucun nait t abandonn. Que diriez-vous si je vous annonais aujourdhui que, finalement, je demande aux procureurs dabandonner la lutte contre la dlinquance de proximit, les trafics de produits stupfiants ou la violence routire ? Vous ne manqueriez pas, juste raison, de vous en tonner, mais dun autre ct, si jajoute aux sujets voqus comme prioritaires, les violences faites aux femmes, aux enfants ou raison de lorientation sexuelle, la lutte contre les cambriolages, la criminalit organise, la protection de lenvironnement et rcemment des espces protges, et jen oublie volontairement, on comprend rapidement que si tout est prioritaire, rien ne lest plus vraiment.Ce quil faut cest que nous puissions, en accord avec vous messieurs les haut-fonctionnaires, chefs de service de la police nationale, officiers gnraux et suprieurs de la gendarmerie nationale, valuer avec pertinence quelle est lvolution de la dlinquance dans le ressort et les secteurs sur lesquels nous devons faire porter conjointement nos efforts.Rcemment, le ministre de lintrieur a mis en place, au niveau national, un plan anti-cambriolage pour lutter plus efficacement contre ce type de dlinquance prsent aussi dans notre ressort. Il est heureux que, quelques semaines plus tard, la Garde des Sceaux,

    dans une circulaire date du 29novembre 2013, nous ait galement demand dtre tout particulirement vigilants dans le traitement de ces dlits. Cet exemple illustre bien la ncessit dune plus grande harmonie entre les ministres de la justice et de lintrieur au niveau national comme au niveau local quant aux objectifs atteindre et aux moyens mobilisables pour y parvenir.Si lon veut redonner du sens et de la crdibilit notre politique pnale, il convient galement de permettre aux magistrats du ministre public de se recentrer sur leurs missions essentielles en redonnant son plein effet au principe dopportunit des poursuites. Depuis mon arrive la tte de ce parquet gnral, et lors de mes diffrentes rencontres avec les procureurs du ressort, nous avons voqu ce sujet. La mise en place de la loi organique relative aux lois de finances, LOLF pour les initis, sest traduite par la cration dindicateurs de performance permettant dvaluer notre efficacit et notre efficience.Parmi eux, le taux de rponse pnale value, en fonction des infractions juridiquement constitues et lucides, la proportion de celles qui ont donn lieu une rponse judiciaire des parquets (rappel la loi, composition pnale, procdures alternatives aux poursuites, saisine dun juge dinstruction ou de la juridiction de jugement). Il sen dduit a contrario un taux de classement sans suite qui correspond aux procdures qui nont fait lobjet daucun de ces traitements et donc daucune rponse pnale.Ce taux de rponse pnale sest considrablement amlior ces dernires annes puisquil tait de 63% dans la France entire en 2001 et quil tait en 2012 de 89 %, allant jusqu 95% dans un des parquets du ressort de notre cour.Tout comme la commission Nadal, je dplore cette volution qui induit des effets pervers. En effet, lefficacit des Parquets en terme lolfien , et par voie de consquence les emplois budgtaires qui sont localiss, dpendent en partie de limportance de ce taux. Un parquet qui a un taux de poursuite de 95% est cens avoir un besoin en magistrats et en fonctionnaire plus important que celui qui va avoir un taux infrieur de dix points.Or, ces taux sont artificiels. Une grande partie est lie de simples rappels la loi qui correspondent la mise en garde solennelle de ne pas ritrer, mesures signifies par les enquteurs ou les dlgus du procureur. De telles mesures, qui auraient autrefois fait lobjet dun simple classement sans suite en opportunit, contribuent accrditer lide que

    linstitution judiciaire est en capacit de donner des rponses pnales tous les actes de dlinquance quels quen soit la gravit, ce qui est faux. Revenons lessentiel, tablissons des priorits et concentrons-nous sur les affaires les plus graves en assumant ces choix. Cela nous permettra dviter un miettement de notre action et partant, de lui redonner du sens en vitant lessoufflement de tous.Cette rflexion doit aller de pair avec celle concernant le traitement en temps rel des procdures pnales qui, devenu le droit commun du traitement des procdures, permet de rpondre de manire immdiate et par voie tlphonique aux services de police et de gendarmerie. Sy traite simultanment les affaires les plus graves survenues la permanence, mais galement les infractions mineures qui ne ncessitent aucune urgence. Le temps et lnergie consacrs par les magistrats de permanence ce traitement se fait au dtriment de certains contentieux plus techniques, du rglement des dossiers dinformation, mais surtout contribue au sentiment de dvalorisation du travail des magistrats du parquet qui, pour certains, casque sur les oreilles, rpondent une centaine dappels tlphoniques dans la journe, en ayant perdu la notion de qualit de la rponse et de plus-value juridique, bref de direction des enqutes. Ils ont tous limpression de subir et non plus de contrler laction des services.Revoir cette faon de travailler permettra de remobiliser les magistrats du parquet et de renforcer lattractivit de ces fonctions.Lensemble de ces propositions va dans le bon sens. Mes visites dans les Parquets du ressort men ont convaincu. Les entretiens avec lensemble des magistrats du Parquet de ces juridictions, les greffiers en chefs, greffiers et fonctionnaires des services de la chane pnale mont confort dans labsolue ncessit de revoir notre faon de travailler. Tous les Parquets fonctionnent au mieux des moyens qui sont les leurs avec un investissement et un engagement sans faille, mais la moindre vacance de poste se traduit par du dcouragement, la crainte de ne pas arriver faire face lensemble des tches ou prendre du retard gnrateur de rclamations des justiciables ou des auxiliaires de justice.Sans attendre les suites du rapport de la commission Nadal, je vais, avec les procureurs, travailler la dclinaison concrte, au sein de notre cour, des pistes que je viens dvoquer. 2014-38

    Le 6 septembre 2013 dans la majestueuse salle du Parlement de Bretagne, il a t procd linstallation de VroniqueMalbec, Directrice des Affaires Judiciaires, nomme par dcret du 10 juin 2013, Procureur Gnral prs la Cour dappel de Rennes, cinquime Cour dappel de France, Cour inter-rgionale.Elle succde Lonard Bernard de La Gtinais, nomm Premier Avocat Gnral prs la Cour de cassation, grand magistrat attach sa terre de Bretagne dont successivement lAvocat gnral Doyen, PhilippePetitprez et le Premier Prsident, PhilippeJeannin, ont fait lloge.Laudience solennelle sest droule selon le crmonial habituel : discours de lAvocat Gnral Doyen, du Premier Prsident et du Procureur Gnral. Elle sest ouverte en prsence dune foule de personnalits : le Prfet, les lus, Monsieur le Btonnier Christophe Ricour,

    membre du Conseil Suprieur de la Magistrature, Madame Chantal Bussire, Premier Prsident de la Cour dappel de Bordeaux, Monsieur Andr Ride, Procureur Gnral prs la Cour dappel de Bordeaux, Jacques Beaume, Procureur Gnral prs la Cour dappel de Lyon, Monsieur HenriDesclaux, Procureur Gnral honoraire de Versailles, les Prsidents et Procureurs des juridictions du ressort, le Btonnier de Rennes en exercice, StphaneGardette, Monsieur Jean-FranoisBeynel, Directeur des Services judiciaires, Madame Marie-SuzanneLeQuau, Directrice des Affaires Criminelles, Monsieur AndrGariazzo, Secrtaire Gnral et Monsieur FranoisFeltz, Inspecteur Gnral des services judiciaires.Monsieur lAvocat Gnral Doyen PhilippePetitprez aprs avoir rappel lhistoire et la grandeur des origines du Parlement de Bretagne, pargn en 1723

    lors de lincendie de la ville de Rennes mais pas en 1994 (restauration acheve en 2000) a fait lloge de Monsieur LonardBernard de La Gtinais, et retrac le parcours professionnel de Madame VroniqueMalbec.Monsieur PhilippeJeannin, Premier Prsident de la Cour dappel de Rennes et de la Cour inter-rgionale, avec la richesse de sa pense, de son savoir, a exprim son opinion sur les problmes de lactualit judiciaire, notamment sur le statut des Magistrats du Parquet, un projet confi par Madame la Garde des Sceaux, Monsieur Jean-LouisNadal, Procureur Gnral Honoraire prs la Cour de cassation, au sein dune commission ouverte. Cette rforme doit assurer lindpendance des magistrats du Parquet.Suivant la tradition, Madame le Procureur Gnral, installe en ses fonctions, a cltur cette belle assemble et a rendu hommage aux magistrats qui ont marqu

    sa carrire professionnelle, au premier rang desquels Jean-LouisNadal, dont aprs le Premier Prsident, elle a soulign les qualits exceptionnelles. Elle a remerci ses collgues de la Chancellerie prsents et sest adresse avec chaleur aux avocats sans oublier les magistrats du Tribunal de commerce et des juridictions du ressort. Elle est ensuite revenue sur limportance de son rle comme Procureur Gnral de la cinquime Cour dappel de France et sur la diversit des juridictions du ressort, notamment celle de Brest en matire de pollution maritime puis a confirm quelle mesurait limportance du dcret du 26juillet 2013, modifiant larticle30 du Code de procdure pnale.Enfin, elle sest engage dployer tous les moyens pour lutter contre la dlinquance organise et le trafic de stupfiants afin de rpondre lattente de