environnement economique et gestion de l’entreprise · du 20ème siècle, le pibh et la ... •...

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SSA – 2013 - 1 MASTER Administration des Entreprises Stéphane Saussier [email protected] « Environnement Economique Et Gestion de l’Entreprise » Cours introductif

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SSA – 2013 - 1

MASTER Administration des Entreprises

Stéphane Saussier

[email protected]

« Environnement Economique Et Gestion de l’Entreprise »

Cours introductif

SSA – 2013 - 2

Organisation des études

•  2 Cours en amphithéâtre •  9 séances de travaux dirigés •  Un ouvrage « hybride » théorique pour approfondir

•  Principes d’économie de John Solman, Alison Wride – Editions Pearson – Définitions et approfondissement

•  Economic Approaches to Organisations, 4/E, Sytse Douma & Hein Schreuder

•  Philosophie des TD •  Préparation en amont •  Présentation de « cas » •  Interactions avec les intervenants

SSA – 2013 - 3

Organisation des études

•  Ce que vous pouvez attendre des intervenants •  Etre challengés sur vos exposés •  Des illustrations plus poussées basées sur leur expérience

professionnelle •  Des précisions sur les principaux concepts à retenir pour

chacune des séances

•  Ce que vous trouverez sur l’EPI •  Des illustrations vous permettant d’approfondir les questions

abordées : Articles de journaux, articles scientifiques, vidéo, … •  Un résumé en quelques slides des concepts à retenir pour

chacune des séances •  Pas de forum pour le moment !

http://epi.univ-paris1.fr/ ou www.webssa.net

SSA – 2013 - 4

www.webssa.net

SSA – 2013 - 5

L’équipe •  Miguel Amaral, Economiste senior à l’ARAF •  Matteo Agostino, Contract Manager chez EDF •  Naoil Bouhassoun, Chargée de l’évaluation économique et

financière des grands projets d’investissement, RFF •  Claire Botella, Consultante iSecteur Public, KPMG •  Thomas le Gouezigou, Chargé de mission tarification /

pricing à RFF •  Marie-Christine Henriot, MCF à l’Université Paris XI Orsay,

en charge des relations avec les entreprises •  Christophe Nachbaur, Professeur associé chez EDC Paris

et Consultant Ixora •  Salah Eddine Morsili, Chef de projet, EDF •  Jean-Christophe Thiebaud, Economiste à l’ARAF

Évaluation des étudiants

Note finale

Contrôle continu 1 épreuve en TD

(25% de la note)

Note de participation

Présentation d’un cas

(25% de la note)

Examen final Décidé en

concertation avec les chargés

d’enseignement

(50% de la note )

SSA – 2013 - 7

Évaluation des enseignements

• Fiches d’appréciation (jour de l’examen) : supports, livre de référence, organisation pratique, enseignants

• Réunions des délégués de groupes

SSA – 2013 - 8

Objectifs de l’enseignement

•  Comprendre les arbitrages à l’œuvre dans : •  Les décisions de consommation •  Les décisions de production des entreprises •  Les choix d’internalisation et d’externalisation des

entreprises : les « frontières » des entreprises •  Les problèmes posés par l’externalisation et la coopération

inter-entreprises •  Les problèmes de management intra-entreprises

•  Analyser le rôle des entreprises sur les marchés (passif vs. actif)

•  Discuter l’impact de l’environnement légal sur les décisions des entreprises

SSA – 2013 - 9

L’approche utilisée

• Une approche essentiellement micro-économique •  Une analyse au niveau des entreprises •  Au niveau d’un marché •  Fondements micro-économiques de faits macro-

économiques

• Un passage par l’approche macro-économique en introduction

SSA – 2013 - 10

Les séances de TD

1 – Schéma économique d’ensemble et création de richesse nationale 2 – Les décisions des consommateurs – les concepts de base 3 – Les décisions de l’entreprise – les concepts de base 4 – La détermination des frontières de l’entreprise 5 – les incitations dans les entreprises 6 – La concurrence 7 – Le rôle de l’Etat et de l’environnement légal

SSA – 2013 - 11

Pib et Création de richesse

Nous vivons une époque exceptionnelle 9 150$ en 2005

SSA – 2013 - 12

Nous vivons une époque exceptionnelle !

SSA – 2013 - 13

Notre époque n’est pas exceptionnelle pour tous

SSA – 2013 - 14

Nous vivons une époque exceptionnelle !

SSA – 2013 - 15

Une époque exceptionnelle

•  En résumé: depuis le 19ème siècle, et surtout le milieu du 20ème siècle, le PIBh et la population de l’économie mondiale croissent à un taux exceptionnellement élevé au regard des 20 derniers siècles

•  Cette croissance s’accompagne de changements structurels importants

•  Espérance de vie •  Santé •  Type de biens produits et consommés •  L’amélioration du niveau de vie est inégalement

répartie

SSA - 2013 - 16

Plan du cours d’aujourd’hui

•  A. L’entreprise et ses interactions avec les acteurs de l’économie : le circuit économique (Vision Macro)

•  La création de richesse passe par l’activité de production de la firme

•  Le PIB : un indicateur central ?

•  B. L’entreprise et son comportement sur le marché (Vision Micro)

•  (B.1. La création de richesse passe par le fonctionnement des marchés qui détermine le prix des biens et services produits)

•  B.2. Les frontières de l’entreprise •  B.3. Entreprise et concurrence sur les marchés

Entreprises

Ménages

Marché dutravail

Travail

Travail

Circuitéconomique

Flux réel

Flux monétaire

Agent économique

Légende

Les entreprises embauchent du personnel pour

pouvoir produire

A.

SSA – 2013 - 18

Entreprises

Ménages

Marché dutravail

Salaire Travail

TravailSalaire

Circuitéconomique

Flux réel

Flux monétaire

Agent économique

Légende

En contrepartie de leur travail, les

ménages reçoivent un salaire

SSA – 2013 - 19

Entreprises

Ménages

Marché dutravail

Marché desbiens &services

Salaire Travail Biens & services

Biens & servicesTravailSalaire

Circuitéconomique

Flux réel

Flux monétaire

Agent économique

Légende

Les entreprises produisent des

biens et des services, qu’elles

vendent aux ménages

SSA – 2013 - 20

Entreprises

Ménages

Marché dutravail

Marché desbiens &services

Salaire Travail Biens & services Paiement des biens

Biens & services Paiement des biensTravailSalaire

Circuitéconomique

Flux réel

Flux monétaire

Agent économique

Légende

En contrepartie de ces biens et services, les

ménages versent un prix d’achat aux entreprises

SSA – 2013 - 21

Banques

Entreprises

Ménages

Marché descapitaux

Marché dutravail

Marché desbiens &services

Epa

rgne

Inve

stis

sem

ent

Salaire Travail Biens & services Paiement des biens

Biens & services Paiement des biensTravailSalaire

Circuitéconomique

Flux réel

Flux monétaire

Agent économique

Légende

Les ménages ne consomment pas

l’intégralité de leur revenu : la part non

consommée est épargnée auprès des

banques

Les entreprises financent leurs

investissements en empruntant aux

banques

SSA – 2013 - 22

Banques

Entreprises

Ménages

Marché descapitaux

Marché dutravail

Marché desbiens &services

Epa

rgne

Inté

rêts

Inve

stis

sem

ent

Salaire Travail Biens & services Paiement des biens

Biens & services Paiement des biensTravailSalaire

Circuitéconomique

Flux réel

Flux monétaire

Agent économique

Légende

Inté

rêts

En contrepartie de leurs emprunts, les

entreprises paient des intérêts

En contrepartie de leur épargne, les ménages perçoivent des intérêts

SSA – 2013 - 23

Banques

Entreprises

Ménages

EtatMarché descapitaux

Marché dutravail

Marché desbiens &services

Epa

rgne

Inté

rêts

Inve

stis

sem

ent

Salaire Travail Biens & services Paiement des biens

Biens & services Paiement des biensTravailSalaire

Circuitéconomique

Flux réel

Flux monétaire

Agent économique

Légende

Inté

rêts

SSA – 2013 - 24

Banques

Entreprises

Ménages

EtatMarché descapitaux

Marché dutravail

Marché desbiens &services

Epa

rgne

Inté

rêts

Inve

stis

sem

ent

Impôts

Impôts

Salaire Travail Biens & services Paiement des biens

Biens & services Paiement des biensTravailSalaire

Circuitéconomique

Flux réel

Flux monétaire

Agent économique

Légende

Inté

rêts

L’État se finance grâce à des

prélèvements obligatoires

SSA – 2013 - 25

Banques

Entreprises

Ménages

EtatMarché descapitaux

Marché dutravail

Marché desbiens &services

Epa

rgne

Inté

rêts

Inve

stis

sem

ent

Biens non-marchands

Impôts

Biens non-march

ands

Impôts

Salaire Travail Biens & services Paiement des biens

Biens & services Paiement des biensTravailSalaire

Circuitéconomique

Flux réel

Flux monétaire

Agent économique

Légende

Inté

rêts

Grâce à ce budget, l’État fournit des biens et services non-marchands

SSA – 2013 - 26

Banques

Entreprises

Ménages

EtatReste du monde Marché descapitaux

France

Marché dutravail

Marché desbiens &services

Epa

rgne

Inté

rêts

Inve

stis

sem

ent

Biens non-marchands

Impôts

Biens non-m

archands

Impôts

Salaire Travail Biens & services Paiement des biens

Biens & services Paiement des biensTravailSalaire

Circuitéconomique

Flux réel

Flux monétaire

Agent économique

Légende

Inté

rêts

SSA – 2013 - 27

Banques

Entreprises

Ménages

EtatReste du monde Marché descapitaux

France

Marché dutravail

Marché desbiens &services

Epa

rgne

Inté

rêts

Inve

stis

sem

ent

Biens non-marchands

Impôts

Biens non-m

archands

Impôts

Exportations

Salaire Travail Biens & services Paiement des biens

Biens & services Paiement des biensTravailSalaire

Circuitéconomique

Flux réel

Flux monétaire

Agent économique

Légende

Inté

rêts

Les entreprises Françaises fournissent des biens au reste du

monde

SSA – 2013 - 28

Banques

Entreprises

Ménages

EtatReste du monde Marché descapitaux

France

Marché dutravail

Marché desbiens &services

Epa

rgne

Inté

rêts

Inve

stis

sem

ent

Biens non-marchands

Impôts

Biens non-m

archands

Impôts

Prix des exportations

Exportations

Salaire Travail Biens & services Paiement des biens

Biens & services Paiement des biensTravailSalaire

Circuitéconomique

Flux réel

Flux monétaire

Agent économique

Légende

Inté

rêts

En contrepartie de ces exportations, les

entreprises françaises reçoivent un prix

SSA – 2013 - 29

Banques

Entreprises

Ménages

EtatReste du monde Marché descapitaux

France

Marché dutravail

Marché desbiens &services

Epa

rgne

Inté

rêts

Inve

stis

sem

ent

Biens non-marchands

Impôts

Biens non-m

archands

Impôts

Prix des exportations

Importations

Exportations

Salaire Travail Biens & services Paiement des biens

Biens & services Paiement des biensTravailSalaire

Circuitéconomique

Flux réel

Flux monétaire

Agent économique

Légende

Inté

rêts

Les ménages français achètent des biens aux entreprises du

reste du monde

SSA – 2013 - 30

Banques

Entreprises

Ménages

EtatReste du monde Marché descapitaux

France

Marché dutravail

Marché desbiens &services

Epa

rgne

Inté

rêts

Inve

stis

sem

ent

Biens non-marchands

Impôts

Biens non-m

archands

Impôts

Prix des exportations

Prix des importations

Importations

Exportations

Salaire Travail Biens & services Paiement des biens

Biens & services Paiement des biensTravailSalaire

Circuitéconomique

Flux réel

Flux monétaire

Agent économique

Légende

Inté

rêts

En contrepartie de ces importations, les ménages

versent un prix

SSA – 2013 - 31

Le circuit économique

RESSOURCES = EMPLOIS

La richesse créée = La production des entreprises nationales

= Produit Intérieur Brut = Somme des valeurs ajoutées de toutes les sociétés nationales

Cela se traduit par une égalité

SSA – 2013 - 32

Le circuit économique

RESSOURCES = EMPLOIS

C ménages + C Administrations Publiques + FBCF + Δ S +(X-M) Dépense interne + Solde Externe

PIB =

PIB =

SSA – 2013 - 33

Pour affiner

• Prise en compte de l’inflation •  PIB en valeur nominale et PIB en valeur réelle

• Prise en compte de la taille de la population •  PIB par habitant

• Prise en compte des taux de change •  La parité des pouvoirs d’achat (PPA)

SSA – 2013 - 34

Demande intérieure

Demande extérieure

P. 468 et suivantes de votre ouvrage de référence

C ménages + C Administrations

Publiques + FBCF

(X-M)

SSA – 2013 - 35

Le circuit économique et sa mesure : Pourquoi se centrer sur le PIB

2008 : Sensation d'écart entre mesure statistique des réalités socio-économiques et perception de ces mêmes réalités par les citoyens

Nicolas Sarkozy, Président de la République française a demandé à J. Stiglitz (Prix Nobel d'Economie en 2001), A. Sen (Prix Nobel d’Economie en 1998) et J-P. Fitoussi de mettre en place la

•  Commission pour la Mesure des Performances Economiques et du Progrès Social (CMPEPS)

SSA – 2013 - 36

Le circuit économique et sa mesure : exemple du PIB

La Commission a eu pour objectifs de :

- déterminer les limites du PIB en tant qu’indicateur des performances économiques et du progrès social,

- réexaminer les problèmes relatifs à sa mesure,

- identifier les informations complémentaires pour aboutir à des indicateurs du progrès social plus pertinents

SSA – 2013 - 37

Le circuit économique et sa mesure : exemple du PIB

Sensation d'écart entre mesure statistique des réalités socio-économiques et perception de ces mêmes réalités par les

citoyens : Concepts statistiques appropriés mais processus de mesure imparfait.

•  le PIB calculé par habitant peut ne pas être représentatif : beaucoup de personnes peuvent se trouver plus mal loties, alors même que le revenu moyen a augmenté.

•  les embouteillages font augmenter le PIB (augmentation de la consommation d’essence), effet différent sur la qualité de la vie…

Ce qui amène à se poser une question :

SSA – 2013 - 38

Richesse et bien être : deux choses identiques ?

SSA – 2013 - 39

Pib et création de bonheur •  Comment mesurer le bonheur ?

Source : rapport commission Fitoussi-Sen-Stiglitz http://www.stiglitz-sen-fitoussi.fr/

SSA – 2013 - 40

Pib et création de bonheur •  Comment mesurer le bonheur ?

Source : rapport commission Fitoussi-Sen-Stiglitz http://www.stiglitz-sen-fitoussi.fr/

SSA – 2013 - 41

Pib et création de … bonheur

SSA – 2013 - 42

Pib et création de … bonheur

SSA – 2013 - 43

Pib et création de … bonheur

SSA – 2013 - 44

B. Les décisions des entreprises

• Une analyse micro-économique • Mise en évidence des arbitrages pour un ensemble de questions qui sont centrales dans les décisions productives de l’entreprise •  Faire ou faire faire ? •  Augmenter ou non le prix ? •  Incitations monétaires ou non des employés ? •  …

SSA - 2013 - 45

Une remarque : de quelles entreprises parlerons-nous ?

•  Le tissu des entreprises en France (Source Insee 2010)

•  La France compte 3 millions d’entreprises •  1,9 M sont des entreprises individuelles •  1 M emploient de 1 à 9 salariés •  Seulement 2 000 entreprises de 500-2000 salariés •  500 entreprises de plus de 2 000 salariés

•  Une spécificité française : le nombre insuffisant d’entreprises de taille moyenne

Taille en nombre de salariés Total dont PME (1)

0 1 à 9 10 à 49 50 à 199 200 à 499 500 à 1999 2 000 ou plus

Au 1er janvier 2007 Industries agricoles et alimentaires

20 178 36 533 6 160 1 068 265 117 15 64 336 7 306

Industries hors IAA 83 660 64 176 26 846 6 145 1 413 625 119 182 984 33 470

Construction 182 367 169 032 26 711 2 065 260 120 14 380 569 28 872 Commerce 362 040 251 926 37 882 5 279 848 291 80 658 346 43 472 Transports 50 112 26 193 9 520 1 924 384 117 30 88 280 11 583 Activités financières 33 132 17 164 1 978 579 167 202 58 53 280 2 620

Activités immobilières 156 817 38 070 3 324 468 107 34 3 198 823 3 833

Services aux entreprises 337 473 147 225 26 653 3 972 867 396 101 516 687 30 912

Autres services 519 975 233 675 24 379 3 263 389 105 33 781 819 27 782

Total (2007) 1 745 754 983 994 163 453 24 763 4 700 2 007 453 2 925 124 189 850 Total (2009) 1 911 485 995 199 167 455 26 084 4 798 2 051 506 3 107 578 195 122

SSA - 2013 - 46

B-1. La vision la plus fruste : l’entreprise est une fonction de production

• Hypothèses •  Des agents économiques rationnels

•  Définition •  Un objectif unique

•  La maximisation du profit •  La maximisation du bien-être

•  Des marchés plus ou moins concurrentiels •  Conditions de concurrence

– Information parfaite et gratuite (transparence) ↔ système complet de marchés ↔ pas d’incertitude – Agents « price-takers » – Biens homogènes – Circulation sans entrave des facteurs de production

SSA – 2013 - 47

Une entreprise représentée au travers d’une fonction de production

La firme « boîte noire »

Marchés des inputs

Marchés des outputs

Inputs: l’ensemble des facteurs de production utilisés dans le processus de production (main d’œuvre; matière première, capital financier et physique…), prix des inputs (p1, p2) Outputs: les produits du processus de production (produits vendus par l’entreprise, pollution…), prix du produit p

2 questions : Comment et combien produire avec des ressources limitées ? (Cf. Sloman)

Des notions importantes : CM, CVM, Economies d’échelle, Surplus …

SSA – 2013 - 48

L'équilibre sur un marché concurrentiel et le surplus généré à CT

( ) ( )** pDpS =

p

q

*p

*q

( )pS

( )pD

La somme des offres individuelles

La somme des demandes individuelles

SSA – 2013 - 49

L’équilibre général

•  Il existe un vecteur prix d’équilibre qui assure l’équilibre entre l’offre et la demande sur l’ensemble des marchés

•  Quels implications ? •  Sur un marché de concurrence pure et parfaite, à

l’équilibre les entreprises font un profit économique nul

•  Toute autre situation de marché est caractérisée par la création d’un surplus plus faible

•  Dans certaines configuration de marché, les entreprises peuvent envisager de mettre en place des stratégies réduisant la concurrence (i.e. augmentant leur profit)

SSA – 2013 - 50

B-2. Où est l’entreprise ? Quelles frontières ?Un texte fondateur

R. H. Coase (1910 - 2013 ) Nobel Prize 91

« The main reason why it is profitable to establish a firm would seem to be that there is a cost of using the price mechanism » (Coase 1937)

SSA – 2013 - 51

Côuts de transaction et la nouvelle économie institutionnelle

2009: Oliver E. Williamson "for his analysis of economic governance, especially the boundaries of the firm".

1993: Douglass C. North "for having renewed research in economic history by applying economic theory and quantitative methods in order to explain economic and institutional change"

1991: Ronald H. Coase "for his discovery and clarification of the significance of transaction costs and property rights for the institutional structure and functioning of the economy".

SSA – 2013 - 52

La taille de la firme

•  La taille de la firme ne concerne pas les quantités produites mais le nombre de transactions ou d’activités qui restent dans ses frontières

Ronald H. Coase (1910-2013)

A1 C3 D4 E5 B2

SSA – 2013 - 53

Oliver E. Williamson et la théorie des coûts de transaction

Nobel 2009: Oliver E. Williamson "for his analysis of economic governance, especially the boundaries of the firm".

Oliver Williamson propose une opérationalisation de la notion de coûts de transaction de Ronald Coase

SSA – 2013 - 54

La théorie des coûts de transaction (O.E. Williamson)

Hypothèses (réalistes!)

•  Contexte : TCT et anti-trust

Hypothèses comportementales

Caractéristiques de l’environnement

Rationalité Limitée

Incertitude et/ou

complexité

Contractualisation incomplète sur les

marchés

Opportunisme Petit nombre de partenaires

Besoin d’engagements

crédibles

Clairvoyance Recherche

de minimisation

des coûts

SSA – 2013 - 55

Que sont les coûts de transaction ?

Ink costs

Negociation costs

Ex ante Costs

Search costs

Contract

costs

Maladaptation costs

Renegociation costs

Ex post Costs

Monitoring costs

Breach costs

Source : Adapté de Williamson 1985

SSA – 2013 - 56

Quelles-sont les sources des coûts de transaction ?

• Actifs spécifiques •  Définition : actifs non

rédéployables sans coûts élevés vers d’autres clients ou d’autres usages.

La condition de « petit nombre » provient des actifs spécifiques

Quasi-rente appropriable

Dépendance entre les partenaires contractuels

Ouvre la voie à l’opportunisme – Hold-up

SSA – 2013 - 57

Le problème du Hold-Up

Lando: « But, this was not our initial agreement!»

Darth Vader: « I change the terms of the agreement. Consider yourselves happy that I do not change them more.»

"It's always been a danger, but it looms like a shadow over every- thing we've built here. But things have developed that will ensure security. I've just made a deal

that will keep the Empire out of here forever."

Intégration ou externalisation: Quelles propositions ?

Characteristics of investments

Non Moderately Highly

Specific Specific Specific

Uncertainty level low

around transactions Market

High Firm

With high frequency Source : adapté de Williamson 1985

SSA – 2013 - 59

Pour résumer Alignement Structures de Gouvernance & transactions

Coûts de Transaction

Intensité des risques contractuels / actifs spécifiques

marché

Firme

M>IV IV>M

SSA – 2013 - 60

Quelles implications ?

• On n’intègre jamais pour des raisons de coûts de production

• Seuls les coûts de transaction peuvent expliquer les décisions d’intégration verticale (pour des raisons d’efficacité)

SSA – 2013 - 61

Le rôle des incitations

•  En complément des questions de frontières optimales des entreprises

•  Comment faire de manière efficace? •  Comment faire faire de manière efficace?

•  L’importance des asymétries d’informations •  Sélection adverse •  Aléa moral

Le rôle des incitations monétaires

SSA – 2013 - 62

•  Les entreprises évoluent sur un marché •  Un marché qu’elles subissent ? •  Un marché qu’elles influencent ? •  Un marché qu’elles contrôlent ?

•  Le prix : la rencontre d’une offre et d’une demande sur un marché

•  Avec des entreprises passives ? •  Avec des entreprises ayant des stratégies actives ?

•  Les entreprises peuvent choisir leurs frontières pour •  Être plus efficaces •  Réduire la concurrence …

B-3. Le marché, lieu où se crée la valeur. Quelles-sont les marges de manœuvre des entreprises ?

SSA – 2013 - 63

L'équilibre sur un marché concurrentiel et le surplus généré à CT

( ) ( )** pDpS =

p

q

*p

*q

( )pS

( )pD

La somme des offres et demandes individuelles

SSA – 2013 - 64

L'équilibre sur un marché concurrentiel et le surplus généré à LT

( ) ( )** pDpS =

p

q

*p

*q

( )pS

( )pD( )pS

SSA – 2013 - 65

Les ententes

La concurrence est un problème pour les firmes •  Stratégies agressives af in d’él iminer la

concurrence •  Les firmes afin d’améliorer leur pouvoir de marché peuvent

chercher à éliminer leurs concurrents

•  Ou chercher à empêcher l’entrée sur leur marché de concurrents potentiels.

•  La collusion est une stratégie coopérative •  «Une collusion, c’est le fait de s’entendre secrètement dans le

but de nuire à quelqu’un »

•  Exemple des cartels (Opep)

SSA – 2013 - 66

Les ententes

•  « On voit rarement les gens d’une même profession se réunir, même pour le plaisir. Ils s’entendent pourtant toujours pour comploter contre le bien public ou augmenter les prix. La loi ne peut empêcher ces conspirations sans mettre la liberté en danger. Tout au plus peut-elle éviter de les encourager et tenter de les décourager ». SMITH 1777

•  Le Sherman Act interdit ces accords aux Etats-Unis ;

•  article 85 du traité de Rome interdits ces pratiques aux sein de l’Union Européenne).

Demande

Qc

Pc

Pm

Qm

CM=Cm

Perte seche

Collusion et surplus social : un impact similaire à celui du monopole

SSA – 2013 - 68

Les difficultés à maintenir la collusion a- Problème de l'autodiscipline:

•  Stratégie d'un cartel: réduire collectivement la production afin de faire augmenter les prix.

•  Or chaque firme a individuellement intérêt à tricher (comportement de "passager clandestin") : faire payer par les autres entreprises le prix de la collusion (réduction de la production) tout en bénéficiant du prix de marché élevé.

•  Si le nb de firmes qui dévient en

augmentant leur production au-delà du niveau convenu est trop important cartel s'autodétruit.

•  Ces accords sont-ils crédibles ? Susceptibles

d’être respectés ?

SSA – 2013 - 69

Risques de collusion : analyse économique

•  Approche Statique et stabilité des accords collusifs.

•  Un accord de coopération amène les deux joueurs dans un dilemme du prisonnier

•  Les accords collusifs ne devraient pas voir le jour

(10, 10) (19,-1)

(-1,19)

(0,0)

Entreprise 1

Ent. 2 C

NPC

Coopération Ne Pas Coopérer Cas de deux entreprises qui envisagent de se partager un profit de monopole (=20) sur un marché

Seul équilibre de Nash

SSA – 2013 - 70

Risques de collusion : analyse économique

•  Interactions répétées et stabilité des accords collusifs. •  A. Modélisation en termes de jeu répétés.

Dilemme du Mille-pattes

SSA – 2013 - 71

Pourtant les accords de collusion sont nombreux !

•  Article de Emmanuel Combe sur Telos (Avril 2008) : •  http://www.telos-eu.com/fr/article/

consommateurs_les_ententes_vous_spolient

SSA – 2013 - 72

Pourtant les accords de collusion sont nombreux. Et les entreprises récidives !

Le Monde, 20/09/2010

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•  Fines imposed by the Commission – Sources: DG Competition (April 2013)

Les amendes imposées par la commission européennes

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Risques de collusion : analyse économique

•  Interactions répétées et stabilité des accords collusifs. •  A. Modélisation en termes de jeu répétés.

(…) Jeux répétés à l’infini

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Quand doit-on craindre la collusion entre deux entreprises ?

Le gain à coopérer pour se partager le profit πM

Le gain à ne pas coopérer pour se partager le profit πM

12ΠM +δ

12ΠM +δ 2

12ΠM + ...

V =12ΠM

11−δ

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Quand doit-on craindre la collusion ?

V =12ΠM

11−δ

>ΠM ⇔δ >1/2

Mais n’est qu’un taux d’actualisation de la forme :

Avec r : taux d’intérêt financier annuel ; f : fréquence de révision des prix ; h : probabilité de pérennité de la structure de marché g : taux de croissance du marché

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Quand doit-on craindre la collusion ?

Un prix de collusion est d’autant plus probablement un équilibre que

•  la fréquence à laquelle les firmes réajustent leurs prix est élevée,

•  la probabilité de pérennité de l’industrie est élevée, •  et le taux de croissance de l’industrie est élevée. •  Le marché est concentré

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Discussion Et que dire :

•  Du taux de concentration du marché ? •  De la transparence des prix ?

Marché du ciment au Danemark

Extension

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100

200

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janv-94 avril Jul Oct mars-95 Jun Nov

Ent1

Ent2

Ent3

Ent4

Source: Introduction to Industrial Organization, Luis Cabral, Chapter 8, 2012 – http://luiscabral.org//economics/books/iio2/

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Les facteurs institutionnels propices à la collusion

•  Une analyse nouvelle de certaines clauses sensées protéger le client

•  Darty

•  Boulanger

•  Carrefour !

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Les facteurs institutionnels limitant la collusion : Aux US

•  La division antitrust du Department of Justice des États-Unis a mis en place un programme de clémence

•  Modifié en 1993 pour préciser et élargir la couverture de l’amnistie. Le nouveau régime prévoit que la clémence peut

•  être accordée à la fois si l’entente est dénoncée à une autorité qui en ignore l’existence ou

•  si elle intervient après l’ouverture d’une enquête. •  La seule restriction concerne le fait qu’une amnistie ne peut

être accordée à ceux qui ont été les instigateurs de l’entente.

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Les facteurs institutionnels limitant la collusion

•  Cette réforme de 1993 a eu un effet spectaculaire. Le nombre de demande de clémence est passé à plus de 20 par an.

•  Dans le cadre de l’enquête menée aux États-Unis sur une entente sur le marché des vitamines, la coopération de l’entreprise demandant l’amnistie a directement permis des incriminations et des amendes de 500 millions et 225 millions de dollars à l’encontre respectivement d’Hoffmann-LaRoche et de BASF

•  tandis que Rhône Poulenc qui avait dénoncé le cartel était amnistié. •  Sur l’année 1999, les Etats-Unis ont infligé un montant

d’amendes pour cartel supérieur au total de toutes les amendes infligées depuis la mise en place du Sherman Act plus d’un siècle avant.

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Les facteurs institutionnels limitant la collusion : l’UE

•  La Commission européenne a adopté en 1996 un tel programme.

•  Un premier règlement prévoyait des réductions d’amendes importantes (de 75 à 100 % de réductions) en cas de dénonciation d’une entente avant l’ouverture d’une enquête.

•  En revanche, les réductions étaient réduites (de 50 à 75 %) lorsqu’une investigation était déjà en cours mais que celle-ci ne permettait pas de réunir les preuves nécessaires à la condamnation de la pratique.

•  Entre 1996 et fin 2001, trois immunités totales ont été accordées

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Les facteurs institutionnels limitant la collusion

•  En 2001, le programme de clémence a permis l’adoption de dix décisions d’ententes condamnant 56 entreprises pour un montant de 1,836 milliard d’euros, dépassant en un an le total des amendes qui avaient été infligées depuis l’application du Traité de Rome.

•  Le succès de ce programme a conduit au renforcement et à la clarification de cette politique en 2002 par le règlement 2002/C 45/03.

•  La nouvelle législation européenne prévoit qu’une immunité totale est accordée au premier membre d’une entente qui fournit d’importants renseignements et des preuves de l’intérieur à la Commission

•  La seule restriction qui subsiste dans le règlement de 2002 concernant le rôle joué par le dénonciateur au sein de l’entente est qu’une amnistie ne peut être accordée à une entreprise qui a forcé les autres membres à participer à l’entente.

– En 2004, 49 demandes de clémence dans 25 affaires différentes ont été déposées.

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Les facteurs institutionnels propices à la collusion

•  La France s’est également dotée d’un tel programme dans le cadre des lois NRE de 2001.

•  L’article L.464-2 du code du Commerce prévoit une réduction de peine de moitié pour toute entreprise qui ne conteste pas les faits qui lui sont reprochés et qui s’engage à modifier ses comportements pour l’avenir.

•  Une exonération partielle ou totale des sanctions est également prévue pour celui qui dénonce une entente et qui apporte des éléments de preuve dont ne disposait pas encore le Conseil de la concurrence.

• Aujourd’hui, la plupart des États membres sont dotés d’un programme de clémence

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CONCLUSION

•  L’entreprise créatrice de richesse •  L’entreprise « face » à des marchés •  L’entreprise face à une demande •  Des décisions de production •  Des décisions d’internalisation / externalisation •  Des marges de manœuvre pour influer sur son

environnement