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J'AI PEUR QUAND LA NUIT SOMBRE d'après des versions du Chaperon rouge issues de la tradition orale ERD'O cie - Edith Amsellem

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Page 1: ERD'O cie - Edith Amsellem J'AI PEUR QUAND LA … · 8 au 10 Juin 2018 2 représentations avec Le Théâtre de Châtillon ... depuis le Moyen Âge ? La version de Charles Perrault

J'AI PEUR QUAND LA NUIT SOMBRE d'après des versions du Chaperon rouge issues de la tradition orale

ERD'O cie - Edith Amsellem

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Depuis 2011, avec mon désir de théâtre dans des lieux « non dédiés », j’ai pris la direction artistique de la compagnie ERD'O.Que ce soit avec "Les Liaisons dangereuses sur terrain multisports" créé en 2012 ou avec "Yvonne, princesse de Bourgogne sur château-toboggan" créé en 2015, je cherche à confronter les textes avec des espaces symboliques, révélateurs du sens intrinsèque d’une œuvre.

Je regarde la ville brute comme un trésor public, comme un grand magasin de scénographies, et envisage certaines parcelles tel un décor possible, un écrin idéal prêt à recevoir une fiction à interpréter.Les bouts de réel que je choisis pour raconter des histoires révèlent des images mentales communes à tous, mais en suggèrent aussi d’autres, plus intimes, plus enfouies, plus secrètes :Avec "Les Liaisons dangereuses sur terrain multisports", j’ai utilisé l’espace dans sa fonction ludique pour y inscrire une métaphore sportive, un match homme-femme. A cela s’est superposée aussi l’idée noire de la compétition jusqu’à la mort du sujet, dominé, battu par les forces de l’autre et par sa propre fragilité. Pour "Yvonne, princesse de Bourgogne sur château-toboggan", j'ai pris les structures de jeux, royaume exutoire de la petite enfance, pour convoquer la cruauté nue, l’égoïsme infantile, la perversité polymorphe.

La question de l’obscénité de la classe dominante, dans son cynisme décomplexé vis-à-vis des valeurs morales, celle de la femme dans la société contemporaine, drainant préjugés et clichés dévalorisants, sont les préoccupations centrales de mes spectacles.

Confronter le théâtre à la réalité des espaces bruts, à l’extérieur, à la vie qui se déroule en arrière-plan, augmente le risque lié à l’imprévu, l’aléatoire, et intensifie le rapport au présent et à l’ici et maintenant.Sans effet, sans lumière, sans fioriture, je place l’acteur au centre de mes territoires d’expérimentation, cherchant obstinément cet endroit rare et précieux : where the magic happens, probablement entre le vrai et le faux, le jeu et le non-jeu, le connu et l’inconnu.

La création de "J’ai peur quand la nuit sombre " d’après des versions du Chaperon rouge issues de la tradition orale, en mai 2018, va s'inscrire dans une continuité du travail proposé dans mes deux premiers spectacles. Cette fois, je choisis pour plateau les parcs et les jardins publics, ces lieux mystérieux et effrayants la nuit, qui feront sans doute résonner certaines peurs des femmes, de la puberté à la ménopause.

ERD'O

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LA FILLE LA MÈRE LA GRAND-MÈRE

LA FORÊT

LE LOUPLA PUBERTÉLE TRICOT

LA PEUR LES ÂGES D'OR

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à partir de 12 ans

durée envisagée 2h30 en libre circulation jauge envisagée 240 personnes

d’après des versions du Chaperon rouge issues de la tradition oraleadaptation et mise en scène Edith Amsellem

avec Yoann Boyer, Laurène Fardeau, Laurence Janner, Lou Montézin, Anne Naudon

création sonore et musique Francis Ruggirellocréation lumières Laurent Marroscénographie Edith Amsellem, Laurent Marro, Charlotte Mercier, Francis Ruggirellocréation costumes Aude Amédéotravail autour du tricot Charlotte Merciercoiffures et maquillages Geoffrey Coppini

régie générale Laurent Marrorégie son William Burdet

Distribution Production ERD’O Cie / Coproduction Le Merlan scène nationale de Marseille, La Criée, Théâtre national de Marseille, Le Pôle Arts de la Scène – Friche la Belle de Mai (Marseille), Le Théâtre de Châtillon, La Passerelle scène nationale de Gap, Le Citron Jaune - Centre National des Arts de la Rue, Lieux Publics Centre National de Création en espace public / Accueil en résidence La Gare Franche / Avec le soutien de la DGCA - Ministère de la Culture et de la Communication, la Ville de Marseille, la DRAC PACA, le Département des Bouches-du-Rhône - Centre départemental de création en résidence.

Pour les saisons 15/16, 16/17 et 17/18, ERD'O bénéficie du soutien du Merlan scène nationale de Marseille dans le cadre de son dispositif La Ruche, cellule d'accompagnement de compagnies émergentes de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur.

Partenaires

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du 21 au 25 novembre 2016 Résidence 1 : Le conte, le texte au studio du Merlan scène nationale de Marseille5 jours Mise en perspective des différentes versions du conte : tradition orale, Perrault, Grimm

du 14 au 17 février 2017 Stage/audition pour le rôle du Petit Chaperon rouge au Théâtre Massalia à Marseille4 jours / vacances scolaires zone B Stage théâtre avec un groupe de 15 filles entre 9 et 12 ans

du 22 au 26 février 2017 Remue-Méninges avec Lieux Publics Centre National de Création en espace public4 jours Pierre Sauvageot invite cinq artistes en Corse pour questionner leur projet de création en espace public

2 au 11 mai 2017 Résidence 2 au Théâtre de Châtillon10 jours Recherche scénographique

17 au 26 août 2017 Résidence 3 à l'Etang des Aulnes (Conseil départemental 13)10 jours Répétitions avec l’ensemble de l’équipe du 21 au 31 oct 2017 Résidence 4 au Citron Jaune - Centre National des Arts de la Rue10 jours / vacances scolaires zone B Répétitions avec l’ensemble de l’équipe

5 au 10 mars 2018 Résidence 5 à La Gare Franche6 jours / vacances scolaires zone B Répétitions avec l’ensemble de l’équipe, en intérieur, travail sur le jeu.

23 avril au 3 mai 2018 Résidence 5 à La Passerelle scène nationale de Gap10 jours / vacances scolaires zone B Répétitions avec l’ensemble de l’équipe

11 au 22 mai 2018 Résidence 6 avec le Merlan scène nationale de Marseille Premières dates de tournée. En construction...23 au 26 mai 2018 Co-programmation Le Merlan scène nationale de Marseille et La Criée, Théâtre national de Marseille8 au 10 Juin 2018 2 représentations avec Le Théâtre de Châtillon Juillet 2018 2 représentations avec Le Festival Scènes de Rue à Mulhouse

Calendrier prévisionnel

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Il était une fois...Tout le monde connaît "Le Petit Chaperon rouge", célèbre conte d'avertissement sur les dangers de la désobéissance : "Petite fille, ne t'écarte pas du droit chemin, sinon tu rencontreras le loup et il te mangera !" Cette morale s'appuie sur deux versions littéraires qui ont fait la célébrité du conte, celle de Perrault qui finit mal : "Et en disant ces mots le loup se jeta sur le Petit Chaperon rouge et le mangea", et celle des frères Grimm qui finit bien : avec l'arrivée du chasseur-sauveur sortant ses ciseaux et libérant le Petit Chaperon rouge et sa grand-mère du ventre du loup.

Pourtant, j'ai découvert dans certaines versions moins connues de la tradition orale, des Petits Chaperons rouges plus audacieux. Au même titre que les mythes, ils sont affaire de grandes personnes et abordent toutes les hantises du sexe et de la mort. Inceste, viol, pédophilie, gérontophilie, cannibalisme, scatologie et fétichisme y sont réunis en un cocktail explosif. Comment un conte aussi transgressif a-t-il pu nous parvenir expurgé, réduit à une simple histoire visant à éduquer les enfants conformément aux règles du code social d'une époque ? Qu'en est-il de l’histoire de trois générations de femmes (la grand-mère - la mère - la jeune fille) se transmettant l'essence même de la vie, du parcours initiatique de cette jeune fille pubère et du happy-end dans lequel l'héroïne s'en sort seule ?

J'aime profondément cette figure féminine qui ne se soumet pas à la loi indiscutable, universelle, de la sauvagerie masculine. Elle défie la peur, l'homme, l'extérieur, assume de prendre le risque de rencontrer le loup et apprend à détaler pour vivre libre. Résonnent en moi les mots de Camille Paglia sur le viol : "C'est un risque inévitable, c'est un risque que les femmes doivent prendre en compte et accepter de courir si elles veulent sortir de chez elles et circuler librement. Et si ça te fait trop peur, il faut rester chez maman et t'occuper de faire ta manucure." Chez ces Petits Chaperons là, il y a une force qui m'impressionne et me rassure, ni masculine ni féminine : la faculté de dire "non" et de décider de son destin.

En montant ce spectacle, je souhaite revenir à l'essence même du conte pour convoquer toute sa force symbolique, celle d'un voyage initiatique à l'intérieur du féminin et de tout ce qui se transmet de mère en fille. Dans un jeu de pistes de la maison de la mère à la maison de la grand-mère, notre Petit Chaperon rouge va partir en quête de ses origines et d'elle-même. Et comme lorsqu'on découvre une à une les boîtes décroissantes d'une série de poupées russes, elle parviendra à la dernière, la toute petite, celle qui n'est pas encore prête à s'ouvrir...

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"Le Petit Chaperon rouge" est une histoire racontée de génération en génération, tant de fois répétée et par conséquent déformée, qu'on perd la trace de son origine. Ainsi, si "Le Petit Chaperon rouge" est généralement associé à Charles Perrault ou aux frères Grimm, combien d’adultes et d’enfants savent réellement distinguer les deux versions du conte ? Plus encore, combien savent que sous ces textes écrits et élevés au rang de littérature jeune public, se cachent des versions orales bien plus trash racontées entre adultes dans les villages depuis le Moyen Âge ? La version de Charles Perrault (1695), écrite pour socialiser les enfants, édulcore les versions de la tradition orale, réécrivant l'histoire selon les critères de la bienséance de la cour du Roi et des Salons.Il semble que la version des Grimm (1812) s'inspire fortement de celle de Perrault, excepté dans la fin que les Grimm ont préférée rendre heureuse, avec l’intervention inespérée du chasseur-sauveur.

Dans la continuité du travail de collecte de contes oraux entrepris en Europe au XIXe siècle et de la classification internationale élaborée par Aarne et Thompson, le folkloriste Paul Delarue a recueilli plus de 35 versions différentes de ce conte.Chaque version présente une identité particulière et des variantes significatives de sens en fonction des motifs, par exemple : - les chemins à prendre pour arriver chez la grand-mère ont des noms évocateurs, celui des épingles et celui des aiguilles ou celui des pierrettes et celui des épinettes, ou simplement le long et le court,- sur sa route, la fillette cueille parfois des fleurs, parfois des fruits rouges, ramasse des aiguilles ou court après les papillons, - le motif cannibale, la chair et le sang de la grand-mère que la petite fille est invitée à consommer, se retrouve dans toutes les versions populaires mais pas chez Perrault et Grimm,- le strip-tease, rappelant le rituel de déshabillage de la mariée dans la chambre nuptiale, devient parfois un simple et rapide coucher,- l'habit rouge de la fillette est un trait accessoire, arrivé avec la version de Perrault, - et le dénouement varie aussi, bien évidemment.

Quelle version choisir aujourd'hui ? À l'évidence pour moi une des versions orales destinées aux adultes. Elles réservent dans leurs plis et leurs replis, des sens de lecture autrement plus riches que le fade avertissement des dangers de la séduction. Le Conte de la mère-grand me semble le plus ouvert, le plus pertinent mais il se pourrait que comme tous les conteurs, je me permette des modifications, adjonctions et fantaisies, propres à mon interprétation et à l'époque dans laquelle je vis.

Un conte qui n’appartient à personne

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Le Conte de la mère-grand est une variante du Petit Chaperon rouge recueillie par Achille Millien vers 1885 aux Amognes, dans la Nièvre et publié par Paul Delarue dans Le Conte populaire français (Maisonneuve et Larose, 1957).

C'était une femme qui avait fait du pain. Elle dit à sa fille :– Tu vas porter une époigne toute chaude et une bouteille de lait à ta grand. Voilà la petite fille partie. À la croisée de deux chemins, elle rencontra le bzou qui lui dit :– Où vas-tu ?– Je porte une époigne toute chaude et une bouteille de lait à ma grand.– Quel chemin prends-tu ? dit le bzou, celui des aiguilles ou celui des épingles ?– Celui des aiguilles, dit la petite fille.– Eh bien ! moi, je prends celui des épingles.La petite fille s'amusa à ramasser des aiguilles.

Et le bzou arriva chez la Mère grand, la tua, mit de sa viande dans l'arche et une bouteille de sang sur la bassie.La petite fille arriva, frappa à la porte.– Pousse la porte, dit le bzou. Elle est barrée avec une paille mouillée.– Bonjour, ma grand, je vous apporte une époigne toute chaude et une bouteille de lait.– Mets-les dans l'arche, mon enfant. Prends de la viande qui est dedans et une bouteille de vin qui est sur la bassie.Suivant qu'elle mangeait, il y avait une petite chatte qui disait :– Pue !... Salope !... qui mange la chair, qui boit le sang de sa grand.– Déshabille-toi, mon enfant, dit le bzou, et viens te coucher vers moi.– Où faut-il mettre mon tablier ?– Jette-le au feu, mon enfant, tu n'en as plus besoin.Et pour tous les habits, le corset, la robe, le cotillon, les chausses, elle lui demandait où les mettre. Et le loup répondait : "Jette-les au feu, mon enfant, tu n'en as plus besoin."

Conte de la mère-grand (1870)

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Quand elle fut couchée, la petite fille dit :– Oh ! ma grand, que vous êtes poilouse !– C'est pour mieux me réchauffer, mon enfant !– Oh ! ma grand, ces grands ongles que vous avez !– C'est pour mieux me gratter, mon enfant !– Oh ! ma grand, ces grandes épaules que vous avez !– C'est pour mieux porter mon fagot de bois, mon enfant !– Oh ! ma grand, ces grandes oreilles que vous avez !– C'est pour mieux entendre, mon enfant !– Oh ! ma grand, ces grands trous de nez que vous avez !– C'est pour mieux priser mon tabac, mon enfant !– Oh ! ma grand, cette grande bouche que vous avez !– C'est pour mieux te manger, mon enfant !

– Oh ! ma grand, que j'ai faim d'aller dehors !– Fais au lit mon enfant !– Au non, ma grand, je veux aller dehors.– Bon, mais pas pour longtemps.Le bzou lui attacha un fil de laine au pied et la laissa aller.

Quand la petite fut dehors, elle fixa le bout du fil à un prunier de la cour. Le bzou s'impatientait et disait : "Tu fais donc des cordes ? Tu fais donc des cordes ?"

Quand il se rendit compte que personne ne lui répondait, il se jeta à bas du lit et vit que la petite était sauvée. Il la poursuivit, mais il arriva à sa maison juste au moment où elle entrait.

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Les espaces verts : parcs et jardins publics

Le danger que Le Petit Chaperon rouge va affronter seule sur un chemin dans la forêt est le même que celui redouté par toutes les femmes, la nuit, dans des rues désertes. A priori l'espace public est mixte, mais il demeure un lieu où les déséquilibres entre les deux sexes restent profonds. De jour, ça ne se voit pas. Mais de nuit, les femmes vont d'un point à un autre par nécessité et ne stationnent jamais. Toutes les mères transmettent à leurs filles leurs stratégies de protection, non celles de défense : "porte un pantalon plutôt qu'une jupe, maquille-toi sobrement, fuis les regards, baisse la tête, marche vite, évite les rues désertes et en cas de danger: COURS, COURS, MA FILLE..."Éduquées à subir, les femmes redoutent qu'on abuse de la faiblesse de leur sexe. "Les petites filles sont dressées pour ne jamais faire de mal aux hommes, et les femmes rappelées à l'ordre chaque fois qu'elles dérogent à la règle", nous dit Virginie Despentes dans King Kong Théorie. Elle nous dit aussi :"Je suis furieuse contre une société qui m'a éduquée sans jamais m'apprendre à blesser un homme s'il m'écarte les cuisses de force, alors que cette même société m'a inculqué l'idée que c'était un crime dont je ne devais jamais me remettre."

En choisissant les parcs et les jardins publics, je souhaite convoquer toutes les représentations et les fantasmes de peur qui y sont associés. Ces espaces fermés à clé la nuit par les municipalités, vont devenir le plateau idéal de notre Petit Chaperon rouge d'aujourd'hui.

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Trois générations de femmes et un loup"Le destin féminin se joue en trois temps : puberté, maternité, ménopause, trois temps qui correspondent à trois classes généalogiques : jeune fille, mère, grand-mère. Le cycle de la reproduction se trouve en effet, du point de vue de la société, bouclé quand, du fait qu'une femme devient mère, sa mère devient grand-mère : le jeu se joue donc à trois. La petite fille élimine déjà un peu sa mère le jour de sa puberté, encore un peu plus le jour où elle connaît l'acte sexuel, et définitivement si celui-ci est procréatif, en d'autres mots, au fur et à mesure que ses fonctions génésiques s'affirment. Mais c'est aussi une image vampirique qui nous est proposée quand le sang afflue chez la fille – condition première de son destin génésique – il doit quitter la mère qui va se trouver dépossédée de son pouvoir de faire des enfants comme dans un jeu de vases communicants. Et le conte dit plus : la fille conquiert ce pouvoir sur sa mère, elle le lui prend, elle l'absorbe au sens propre. Ce que nous dit donc le conte, c'est la nécessité des transformations biologiques féminines qui abou-tissent à la supplantation des vieilles par les jeunes, mais de leur vivant les mères seront remplacées par leur fille, la boucle sera bouclée avec l'arrivée des enfants de mes enfants. Moralité les mères-grands seront mangées." Yvonne Verdier

Dans ces relations féminines intergénérationnelles, par loup interposé, la figure masculine est maître du jeu. Personnage théâtral, d'une étrangeté menaçante et attirante, à la fois humaine et animale, le loup met en scène le Petit Chaperon rouge vers son destin de femme. Dans le même temps, il joue avec brio tous les rôles susceptibles de servir l'accomplissement de son dessein : la dévoration des deux générations de femmes, l’emprise et la domination masculine. On le rencontre à la croisée des deux chemins, incarnant un homme déterminé, celui qui pose les questions. Le loup arrive le premier dans la cabane au fond des bois, et après avoir mangé en partie la grand-mère, il se travestit. Lorsque le Petit Chaperon rouge arrive chez son aïeule, le loup imite la voix de la grand-mère et fait manger à la jeune fille un repas sacrificiel et cannibale, composé des restes du corps et du sang de sa mère-grand. Le loup orchestre le déshabillage de la petite comme on éplucherait un oignon et lui demande de le rejoindre au lit. Comme si elle avait absorbé une potion magique lui permettant d'être plus clairvoyante, Le Chaperon commence à se méfier. Elle est sidérée par l'immensité du corps de cet animal : tout est grand chez lui. Les masques tombent. Et sans doute parce qu'elle n'est pas encore prête pour le grand saut et qu'elle a du courage, elle réussit à échapper à son ravisseur grâce à une ruse physiologique. Le loup l'autorise à aller faire pipi à l'extérieur de la maison en l'attachant comme on mettrait un chien en laisse. Une fois dehors, le Petit Chaperon rouge coupe le cordon qui la relie au loup et COURT, COURT chez sa mère. Elle s'est sauvée. La boucle est bouclée, l'histoire peut recommencer...

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Plan de l'espace de jeu

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Le tempsLa chaîne des contes s'inscrit dans la durée : la durée de chaque histoire qui varie en fonction de l'inspiration du conteur, et la durée impalpable de la transmission de génération en génération à travers les siècles. Dans cet éternel recommencement, la fable vit sa vie et se transforme à l'infini. Pour faire ressentir aux spectateurs l'idée même de cette répétition, la structure du spectacle sera constituée de six séquences identiques d'une vingtaine de minutes, jouées en boucle et chorégraphiées sur une bande-son narrative. Le public sera invité à suivre plusieurs séquences sur la durée du spectacle.

1 séquence = le conte raconté 1 fois = 20 minutesle spectacle = 6 séquences en boucle = 20 minutes x 6 = 2 heures

L'espaceUn peu comme au musée ou au zoo, le public aura la possibilité de se promener librement dans le vaste espace de jeu. Les deux maisons, celle de la mère et celle de la grand-mère, devront être suffisamment éloignées pour que le principe fonctionne. Dans cette exposition vivante, chaque spectateur pourra prendre l'histoire par n'importe quel bout, et le temps du spectacle, avoir la sensation de posséder le don d'ubiquité. Par exemple : pendant la première séquence, quelqu'un choisira de suivre Le Petit Chaperon rouge dans son périple à travers la forêt, pendant la seconde, de rester devant chez la mère pour voir ce qu'elle fabrique pendant que sa fille est partie accomplir sa mission, pendant la troisième de pister le loup et de le découvrir dans toute sa duplicité et pendant la quatrième d'observer la grand-mère dans sa solitude infinie, etc. et ainsi de suite, dans n'importe quel ordre et à son propre rythme.

Le sonComme dans Pierre et Le Loup, où il n'est pas nécessaire d'écouter le conteur pour comprendre l'histoire, la musique évoquera les rythmes de chaque épisode de la fable et mettra l'accent sur les émotions traversées par le Petit Chaperon rouge. Les comédiens seront portés par cette musique diffusée dans tout l'espace de jeu et devront la suivre comme une partition. Aux trois endroits stratégiques (voir plan), chez la mère, chez la grand-mère et au point de rencontre du loup et du Petit Chaperon rouge, des micros seront placés et amplifiés autour de la zone. Ce sera l'endroit des mots et de l'intimité. Je vais écrire une partition intime à chaque personnage : pour les trois femmes, le texte sera lié aux âges d'or de la féminité (la puberté, la maternité, la ménopause), et pour le loup, le texte sera plus narratif, structurant l'histoire dans l'espace et le temps.

Une exposition vivante dans la nature

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L'étude du lexique des différentes versions fait apparaître de singulières analogies entre les motifs du conte et les outils de la dentellière (le chemin des aiguilles et des épingles, le fil de laine au poignet du Petit Chaperon rouge, la chevillette et la bobinette, le chaperon en tant que vêtement, la dent de loup...).Elle permet de saisir dans le tissu du conte une trame dissimulée, un réseau de sens enfoui. Le tricot, qui s'inscrit dans la répétition des mailles comme la chaîne des contes, et la laine rouge comme repère pour suivre le fil de l'histoire dans l'aire de jeu, seront les éléments centraux de la scénographie. Ils nous permettrons de figurer les deux maisons, celle de la mère et celle de la grand-mère, et de baliser les deux chemins, celui des épingles et celui des aiguilles. Les maisons, comme des plans en trois dimensions sans les murs, renforceront l'idée d'une exposition de l'intime. Le spectateur-voyeur pourra soit se poster devant les habitacles, soit déambuler de chez la mère à chez la grand-mère, en suivant les chemins de cailloux lacérés de laine rouge. Nous imaginons venir quelques jours avant la représentation pour investir l'espace et le construire. Un atelier participatif pourrait être envisagé en amont des représentations, pour permettre à des habitants de partager avec nous un temps de création et d'installation dans la nature.

Suivez le fil rouge dans l'espace vert

Traces de la résidence aux Arbories (août 2016)

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Edith AMSELLEM metteure en scène Très jeune, elle commence la danse classique et rêve de devenir une étoile.A 12 ans, elle réussit le concours d’entrée de l’Opéra de Marseille et prend très au sérieux l’exigence de cette grande maison. Malheureusement (ou heureusement !), lorsque la puberté libère toutes ses hormones, elle se fait renvoyer pour cause de morphologie trop généreuse… Elle ne deviendra pas danseuse. Durant ses études elle tâtonne : Bac B, BTS graphisme, Maîtrise de conception et mise en oeuvre de projets culturels. En parallèle, elle travaille dans des théâtres à Marseille, ouvreuse au Gymnase, caissière aux Bernardines puis graphiste au Badaboum. Elle découvre d’innombrables spectacles. En 1999 elle rencontre Eva Doumbia qui, précisément parce qu’elle n’a aucune expérience, lui confie le rôle de Rosette dans On ne badine pas avec l’amour de Musset. Heureux hasard, ce spectacle tourne, notamment dans 11 pays d’Afrique de l’ouest. En 2000, elle rejoint Anne Marina Pleis dans l’aventure des Taxis-Théâtre, à Marseille, Bruxelles et Metz. Ce projet atypique qui emmène les spectateurs dans des voitures en prenant la ville pour décor, lui ouvre les yeux sur la pertinence de l’espace réel pris comme toile de fond dans la narration d’une fiction. Elle travaille ensuite sous la direction de Laurent de Richemond, Franck Dimech, Pascal Farré, Christophe Chave, Jean-Marie Arnaud Sanchez…

En 2005, elle prend part à la création du Collectif En Rang d’Oignons. Elle joue et participe à l’écriture et à la mise en scène de tous les spectacles : A la Mounette, Je vois un Loup, Ai-je bien vu le méchant courir au fond de la Scène et Pierre et le Loup. Elle tire l’équipe hors des salles de théâtre : plage, bar, maison de retraite, muséum d’histoire naturelle, mais quelque chose résiste. Le groupe implose en 2010. En 2011, avec son désir de théâtre dans des lieux spécifiques, elle lance son premier projet de mise en scène Les Liaisons dangereuses sur terrain multisports d’après Choderlos de Laclos.En 2015, elle crée son second spectacle Yvonne, princesse de Bourgogne sur château-toboggan d’après Witold Gombrowicz et précise sa volonté de continuer à mettre en scène des textes, dans des espaces non dédiés au théâtre.Actuellement elle travaille sur J’ai peur quand la nuit sombre, d’après des versions du Chaperon rouge issues de la tradition orale, qui verra le jour en mai 2018 dans des parcs, déserts, la nuit...

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Laurent MARRO Régie générale, création lumières, scénographieLaurent Marro aime le bricolage. S’essayant à scier, raboter, coller, visser et dévisser dans divers domaines, il tombe sans le faire exprès dans le spectacle vivant. Il crée et anime avec des partenaires un petit lieu d’expression et d’expérimentation théâtrale dans un quartier populaire de Marseille (Les Bancs Publics - 1998) où il développe aussi le travail pluridisciplinaire d’une compagnie disparue aujourd’hui, paix à son âme (Irène avale un dé). Par hasard et par goût, il se risque à la danse en traversant des plateaux undergrounds (Projet Météo – improvisation collective pour danseur, plasticienne et musiciens), institutionnels (Cie Barbara Sarreau – Marseille notamment) ou très académiques (Grand Théâtre de Genève). Il croise un jour Eva Doumbia avec laquelle il collabore pendant 10 ans en prenant la charge technique et visuelle des créations de la compagnie théâtrale La Part du Pauvre. Il aime toujours le bricolage et il se frotte alors au montage et à la diffusion vidéo. Et ça lui plaît. Comme il aime aussi que les choses soient souples et ergonomiques, il devient petit à petit, sans trop s’en rendre compte, régisseur technique et/ou logistique de certaines propositions (régie générale Festival Parallèle-Komm’n’Act, Théâtre 27, Cie Luk’M, Préavis de Désordre Urbain, régie de site sur certains vagabondages du Merlan-Scène nationale à Marseille, logistique chauffeurs au FIDMarseille…). Depuis 2013, il est membre du Groupe SansDiscontinu (Pascale Bongiovani), un collectif de techniciens qui font des spectacles.

Francis RUGGIRELLO Création sonore et musicale, scénographiePlasticien de formation (DNSEP), j'ai exposé de 1989 à 2008 des installations/sculptures en France et à l’étranger, sous le pseudo de Francis R.Contrebassiste et compositeur, j'ai co-fondé le groupe ATTENDEZ en 1995 puis récemment le trio rock instrumental BABYCART. J'ai travaillé également sur plusieurs projets sonores pour le spectacle vivant.Depuis 2000, Je travaille pour des compagnies théâtrales en tant que scénographe et constructeur, entre autre avec Eva Doumbia (Cie La Part du Pauvre), Edith Amsellem (Cie En Rang d’Oignons), Franck Dimech (Théâtre de Ajmer), Anne Marina Pleis (théâtre 27), Laurence Janner (Badaboum Théâtre), Christophe Chave (Cie les gens d’en face), Laurent de Richmond (Soleil Vert), Jonathan Pontier, Lionel Kasparian (Cie Art Temps Réel), Stephane Arcas, etc…Depuis 2009 je suis sculpteur au Festival d’Art Lyrique d’Aix-en-Provence, en particulier sur Siegfried mis en scène Stefan Braunschweig, Orphée mis en scène Yves Beaunesne, Acis & Galatea mis en scène Saburo Teshigawara et Written on skin mis en scène Katie Mitchell, L’Enlèvement au sérail mis en scène Martin Kusej, Cosi fan tutte mis en scène Christophe Honoré. J’y ai également été chef machiniste entre 2006 et 2015.En 2016, j‘ai commencé à travailler avec Olivier Grossetête sur ses structures monumentales .

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Yoann BOYER Danseur, improvisateur, performeur, le loupDanseur contemporain, improvisateur et diplômé en Life/Art Process®, Yoann Boyer se forme auprès de Josette Baïz et le groupe grenade pendant 10 ans.Désireux d’étendre ses possibilités, il rejoins le programme européen de formation D.A.N.C.E. dirigé par W.Forsythe, W.Mc Greggor, F.Flamand et A.Preljocaj.S'ensuit une série de collaborations chorégraphiques pluri-stylistiques : W.Forsythe, P.Droulers, C.Carlson, T.De Mey, J.Leighton, S.Dreher, C.Haleb & J.Hamilton avec qui il découvre les techniques d'improvisation.Une telle diversité des genres le rend confus, la chorégraphie l’ennuie, il est à la recherche de nouveaux outils d'expression : il se forme aux arts du Clown auprès de Eric Blouet qui lui ouvre de nouveaux territoires performatifs.En 2012 son intérêt à faire du lien entre le personnel et l'artistique l'emmène auprès de Anna Halprin dans le programme de formation Tamalpa d'où il sort diplômé. Il s'ouvre alors à une toute nouvelle approche de la danse et de la performance : Une approche du sensible et de l'intime.Aujourd'hui, nourrit de toutes ces expériences, il rentre à Marseille où il développe ses projets artistiques et pédagogiques autour de l'improvisation et du jeu performatif, entre abstraction et expressivité. Il est sélectionné comme artiste dans le laboratoire Euro-Mediterranéen pour le développement des arts dans l'espace public : Art'R'Public. Il rencontre Edith et sa compagnie ERD’O, le courant passe, l’idée d’incarner la figure du Loup lui plait, une nouvelle aventure commence !

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Laurence JANNER Comédienne, la grand-mèreLaurence Janner aime les défis. Après quelques années de bons et loyaux services à France Télécom et aux Chèques postaux de Marseille, elle décide à 32 ans de reprendre ses études pour se consacrer à sa passion, le théâtre. A la faculté d’Aix-en-Provence, elle obtient une maîtrise d’info-communication et fait des rencontres capitales. En 89 elle démissionne de la fonction publique pour rénover un vieux hangar sur le Vieux-Port avec des amis comédiens et crée le Badaboum théâtre, premier théâtre pour enfants de la région. Elle va mettre en scène une trentaine de spectacles, avec un fort désir de communiquer aux plus jeunes son amour des œuvres. Laurence Janner aime décloisonner. Elle va construire tous ses spectacles en ouvrant un espace de rencontre dans lequel enfants et adultes se retrouvent. L'ouverture et la passerelle étant nécessaire à sa force créatrice, elle s'immerge dans les cultures du Maghreb et des Roms pour jouer et raconter le monde avec poésie.Comédienne dans l’âme, elle travaille en pointillé, avec d’autres metteurs en scène, notamment Eva Doumbia en 1992 et 1998, Anne Pleis en 1999 et 2000 dans Taxithéâtre sur des textes de Botho Strauss, Céline, Jean-Pierre Ostende, puis en 2002 dans Penthéliséa, avec Louis Dieuzayde en 2003 et 2004.Aujourd’hui elle a 62 ans, elle est grand-mère et s'apprête à prendre sa retraite de directrice. Avoir du temps pour jouer est une perspective qui la met en joie.

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Anne NAUDON Comédienne, la mèreEn 1991, elle quitte… Les Deux-Sèvres, la grisaille, l’école de danse «classique» et le cours de théâtre au conservatoire de région, pour venir suivre le cursus d’études théâtrales à l’université d’Aix-en-Provence. En 1994, elle rencontre Franck Dimech et joue dans plusieurs de ses mises-en-scène, dont Sauvés de Bond où elle tient le rôle de Pam, ou celui de Marthe dans l’Echange de Claudel.Elle multiplie les expériences au théâtre, et participe à plusieurs créations, sous les directions, dans le désordre, de Frédérique Wolf Michaux, Nicole Yanni, Agnès Del Amo, Gérard Lorcy, Christelle Harbonn, Laurent Vignaux, Elisabetha Sbiroli... En 2003, c'est avec Laurence Janner et le Badaboum Théâtre (Théâtre jeune public), qu'elle entame une longue collaboration, et joue dans Peau d’âne, Lulu Poppop et enfin Cyrano mis-en-scène par Anne-Claude Goustiaux.Adepte du grand écart (formation de danse classique oblige), elle s’engage aussi dans des performances bizarres et parfois extrêmes, avec Laurent de Richemond, ou encore François-Michel Pesenti avec qui elle travaille sur Les Paésines.En 2009, avec Christophe Chave, elle joue Joséphine dans les 4 jumelles de Copi . Plus récemment, embarquée par Édith Amsellem (Cie En Rang d'Oignons), elle quitte les boites noires, pour le plein air, le bitume ou les gymnases, en interprètant la marquise de Merteuil, dans une adaptation des Liaisons Dangereuses sur terrain multisports d’après Laclos. Une première qui s'est poursuivie avec le rôle de la Reine dans Yvonne, princesse de Bourgogne sur château toboggan d’après Gombrowicz et prochainement avec la Mère dans J'ai Peur quand la nuit sombre. En parallèle, elle rejoint Carole Errante (Cie la Criatura), qui lui confie le rôle de Blanche Neige, dans sa mise en scène du Cas Blanche Neige de Barker, créée en Avril 2016.

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Lou MONTÉZIN Comédienne, le ChaperonLou découvre pour la première fois le plaisir du plateau en jouant dans le chœur d’Iphigénie à Aulis, mise en scène par Christian Esnay, à la Faïencerie de Creil, à l’âge de 16 ans. C’est une évidence, elle veut user la scène et en vivre. Elle rentre au Conservatoire du 7ème arrondissement de Paris et décroche un premier rôle, La sœur, dans La Chambre des souvenirs mise en scène par Zoé Lemonnier au Théâtre Darius Milhaud. S’ensuit Que je me lève…, une création pour trois acteurs dirigé par un comédien du Théâtre du Soleil, Sarkaw Govany, à l’Art Studio théâtre, puis repris dans le cadre du festival Art En Exile. Enfin elle obtient le rôle de Soledad dans Gore de Javier Daulte, mis en scène par Lucas Olmedo. En parallèle elle a intégré le cours « faire danser les acteurs » de Nadia Vadori Gauthier ou elle apprend des techniques de BMC, d’improvisations instantanées et de Contact Improvisation. Nadia V.G. ouvre en parallèle un atelier à un petit nombre de poésie sonore ou Lou expérimente sons étranges et lointains qui dansent et rappent sur des textes automatiques. Elle est alors invitée à performer avec le Corps Collectif où elle s’enchante pour la partition et la nudité collective.

Tout ça est très beau mais elle se dit que, pour jouer, il lui faudrait avoir vécu un peu plus d’aventures. Elle décolle pour la Nouvelle-Zélande. Là bas, elle s’initie aux joies de la pédagogie. Au Laughing Horses, à Glenhope, elle donne à de petits enfants des ateliers de mouvements et théâtre. Quelques mois plus tard elle retente l’aventure avec des plus grands à Takaka. Elle revient, mais ce n’est plus la même chose… alors elle reprends son sac à dos et part vagabonder, à bord de Marin, la Volkswagen combi robotique, dans le Far West ou elle rencontre un musicien avec qui elle fera plusieurs cours métrages et des clips vidéos. Pour gagner leurs pains quotidiens ils donnent quelques concerts dans des bars sur la route. Dans sa tête tout se mélange : théâtre, voyage, danse, musique, performance… elle décide de tenter la grande aventure : suivre l’enseignement de Anna et Daria Halprin à Tamalpa en Californie. Là bas, pour subvenir à ses besoins, elle jouera plusieurs pièces muettes, à Wu Wei, qui se composent autour de persona animal portant des masques céramique, fait-mains par l’artiste Rachel Pozivenec. Après 3 ans d’exil, elle revient en France en Septembre 2016, ou elle intègre un collectif de performers. On lui parle du petit chaperon rouge, elle tente sa chance, et la voilà prise dans l’aventure, avec enthousiasme et curiosité !

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Aude AMÉDÉO Création costumesTrès tôt passionnée par le théâtre, j’ai fait mes premières expériences en 1988 auprès de Geneviève Sevin Doering.Après quelques années de tournées avec les ballets Roland Petit, j’ai aspiré à faire des créations de costumes pour du théâtre.Des premières créations de Cyril Lecomte Les Bacchantes d’Euripide, Labyrinthes, Les Emigrés de Slawomir Mrozek, jusqu’à une collaboration fidèle avec Alexis Moati et la compagnie Vol Plané depuis Peter Pan en 2010, Petites sirènes, L’avare, Et le diable vint dans mon coeur, jusqu’à Alcestes en 2016 et plus...J’ai récemment travaillé à la création des costumes du Cas Blanche Neige de Carole Errante.J’ai aussi collaboré en tant que costumière aux films d’Hélène Milano, Paule Sardou et Christian Philibert Travail d’arabe.Parallèlement, toujours attentive à l’esthétique des costumes, je travaille à la teinture et aux patines sur les costumes pour des spectacles d’opéra et parfois sur des films.De 1992 à 1997 au Théâtre du Chatelet, et depuis 1998 pour le Festival d’Art Lyrique d’Aix en Provence, chaque année, pour plus de 70 spectacles d’opéra.Mais je suis aussi intervenue comme teinturière patineuse, pour l’Opéra de Lyon, La Monnaie de Bruxelles, le Théâtre des Champs Elysées, l’Opéra de St Etienne, l’Opéra de Lille...C’est avec grand plaisir et pleine de curiosité que j’entame une collaboration avec Edith Ansellem...

Charlotte MERCIER Travail autour du tricotCharlotte Mercier est née en 1965 à Colombes de l'amoureuse union d'un bricoleur fou et d'une professeure d'art, future thérapeute. Son enfance au creux des montagnes de Savoie fait germer en elle un fort lien à la nature et à son esthétique. Cette enfant très dextre et au cerveau qui tricote, joue à créer et toute matière y passe: bois, tissus, laine, nourriture...Devenue jeune femme et sentant que le vent se lève, Charlotte s'envole vers la capitale où sa beauté et son allure élancée l'amènent au mannequinat. Mais quelques années plus tard, lassée des croches-pattes à talon et passionnée par son rôle de mère, elle quitte la mode sans un regard.Elle part alors, armée de sa créativité et de ses amours, de ville en ville et devient tour à tour couturière, chapelière, restauratrice, danse thérapeute, bijoutière...Vous pouvez la trouver aujourd'hui dans la Drôme, où, à l'ombre du mont Glandasse, elle excelle (entre autres) dans l'art du crochet. Dans son atelier, elle s'affaire à ses créations originales et élégantes issues d'un libre et savant alliage de technique et pulsions.

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Projet d'action artistique 2016/17

EN PARTENARIAT AVEC LE MERLAN SCÈNE NATIONALE DE MARSEILLE

BRODER LA VILLE 2En 2015, nous avons imaginé BRODER LA VILLE 1 en parallèle de la programmation au Merlan du spectacle Yvonne, princesse de Bourgogne sur château-toboggan. Ce projet, tissé sur la fable du spectacle, avait pour objectif de faire verbaliser aux adolescents leurs désirs dans le cadre d'ateliers d'écriture, pour ensuite les broder sur certaines trames présentes dans la ville (grillage, clôture, barrière, mobilier urbain...), supports diffusant ainsi leurs rêves intimes dans l’espace public. BRODER LA VILLE 2 s'invente en continuité avec le désir d'aller plus loin et de convoquer un public intergénérationnel (lycéens + seniors ayant une pratique liée à la laine : broderie, canevas, tricot…). Ce projet d'action artistique va venir nourrir les répétitions de notre prochaine création J'ai Peur quand la nuit sombre, en questionnant le rapport à la peur qu'ont les adolescents et les seniors.

Lecture des différentes versions du conte25 novembre 2016 à 15h - Au studio du MerlanA la suite d’une semaine de résidence au studio du Merlan, nous inviterons les élèves à une lecture des différentes versions du conte, des versions orales à celle de Perrault puis des frères Grimm. Cette mise en perspective permettra de comprendre comment à travers les siècles le conte s’est édulcoré, jusqu’à devenir un simple conte d’avertissement.

Ateliers d’écriture entre décembre 2016 et février 2017autour de la thématique de la peur. Qu’est ce que la peur du loup dans le monde contemporain ?(liste, jeux du frigo, cadavres exquis, feuilles tournantes…) 2 x 2 heures

Ateliers de broderie en espace publicentre mars et mai 2017Nous allons broder dans l’espace public autour de l’établissement scolaire les phrases choisies issues des ateliers d’écriture. Les séniors transmettent leur pratique aux élèves.2 X 3 heures

Parcours de spectacles à découvrir au Merlansur la saisonNous accompagnerons les élèves à trois spectacles de la programmation du Merlan pour échanger avec eux sur d’autres propositions artistiques et enrichir le projet.

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Traces de Broder la ville 1 (sur les rêves)

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BibliographiquesCeci est mon sang de Elise Thiébaut (2017)

King Kong Théorie de Virginie Despentes (2006)

La clé des contes de Bernadette Bricout (2005)

Une faim de loup Anne-Marie Garat (2004)

Psychanalyse des contes de fées de Bruno Bettelheim (1999)

Le Petit Chaperon rouge à l'usage des adultes de Claude de la Genardière (1996)

Femmes qui courent avec les loups de Clarissa Pinkola Estés (1992)

Façons de dire, façons de faire de Yvonne Verdier (1979)

Le Petit Chaperon rouge dans la tradition orale de Yvonne Verdier (1978)

FilmographiqueSombre de Philippe Grandrieux (1999)

La Nuit du chasseur de Charles Laughton (1956)

PhotographiqueLe Petit Chaperon Rouge de Sarah Moon (1983)

Références

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THÉÂTRE(S) MAGAZINE ÉTÉ 2015

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ArtistiqueEdith Amsellem 06 12 69 15 53

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TechniqueLaurent Marro 06 09 01 71 07

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