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JEAN EUSTACH

Jean Eustache : photo prise d'une bande video realisee en septembre 81 par Jean-Andre Fieschi a la paluche, (Photo Serge Le Peron)

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A FRANCHI LA PORTE

Lorsque nous avons lu en mai 81 dans les Cahiers ces « fragments d'un scenario aban-

donne », surtitres, comme pour eclairer davantage ce champ de ruines, Peine perdue, et

surrnontes encore d'une photo de l'auteur nu, couche, le dos tourne, sur un drap blanc,

nous n'avons pas su y voir ce qui s'y annoncait ainsi, et qui retrospectivernent nous

parait si indubitable. Nous n'avons pas su voir dans ces « fragments» les apprets reels

d'un tombeau et que le gisant s'y etait deja reellement place Iui-meme, deja Ie dos tourne

a la vie. Nous n'avons pas su lire le verdict sans appel que Jean Eustache avait sans doute

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Fragment 1

La ville n'avait peut-etre pas change, mais

tout etait d ifferent. Pourtant cela ne se voyait

pas de l'aeroport. Ni d'en haut, quelques ins-

tants avant. Pendant 5 annees, dans rna cham-

bre a Paris, j'avais tout garde intact dans rna

mernoire. II me suffisait de fermer les yeux

pour revoir ce que je voulais revoir. l'avais

compose des numeros de telephone de plu-sieurs quartiers, North Hollywood, West-

wood, Bel-Air , quelques autres, je connaissais

les maisons, les endroits ou etait pose Ie tele-

phone, j'entendais la sonnerie et sans avoir a

toujours fermer les yeux, je voyais les col lines

d'Hollywood, Wilshire Bid, Cuesta-Way, la

maison rose. Quand la personne que j'appelais

decrochait Ie telephone, je pouvais a peu de

choses pres savoir ou elle etait ass ise, ce qu'el le

avait devant les yeux. Dire que cela me faisait

rever de rna chambre, au cinquierne etage d 'un

vieil immeuble sur cour a Paris serait exagere.

Cela ne me faisa it pas rever. Mais je savais que

cela existait, qu'il y faisait soleil quand je ne

pouvais pas dormir la nuit, et les paroles que

j'entendais me faisaient penser que je serais

toujours Ie bienvenu si je retournais la-bas.

Mais les annees avaient passe et je n'avais pas

entretenu darnities par correspondance, je

r i'ecris pas beaucoup, je telephone plutot mais

c 'est cher. On se decourage. Puis j'avais perdu

mon carnet d'adresses et de telephones de L.A.

et de tous les U.S.A. Je ne me souvenais que

des nurneros que je connaissais par coeur. Ce

netait pas beaucoup. A l'aeroport personnene m'attendait, je n 'avais pas reussi it joindre

Laurie avant de quitter Paris. J'essayais a nou-

veau de I'appeler mais sans plus de succes. Le

tour a ete vite fa it, je me souvenais de certa ins

noms, de cer taines adresses mais je pensais quecinq annees s'etaient deroulees, elles n'avaient

pas agi sur moi mais n'avaient-e lles pas trans-

forme les autres.

Qui appeler ? Prendre un taxi? Pour ou ?

Je pensais me faire deposer dans un motel

modeste. Jusqu'a demain. Je verrais bien.

Jean Eustache

PEINE PERDUE

cet te vil le m'accepte, moi qui vient y demander

quelque chose que je ne connais pas, et qui n'y

vient pas y donner quelque chose en echange.

Je me souviens de situations semblables,

j'avais 20 ans, 23 ans, 30, je jouais, j'avais

toute la vie devant moi. Je crois que ce n'est

plus Ie cas aujourd'hui, en tout cas je ne Ie res-

sens pas parei!. Ai-je quelque chose devant

moi, si oui, ce la ne minteresse pas te llement.J e ne regarderai rien avec attention et rien ne

restera dans mon esprit, ni comme mernoire, ni

comme souvenir. J'ai souvent sounaite un

nouveau reveil, pour renaitre, tout ressentir a

nouveau, les joies, les peines et tout e t tout. Je

crois aujourd'hui ce reveil trop grand ou trop

dangereux pour I'homme que je suis. Cette

porte vers la felicite qui me visite dans mes

reves peut je crois n'etre que celie de la mort.

Fragment 2.

Quoiqu'elle en dise (ou qu'elle en disait) je

n'ai jamais vecu avec Sylvie. Nous n'avons

jamis vecu ensemble. Pourtant depuis long-

temps, plusieurs annees peut-etre, elle dit sou-

vent, ou disait, depuis que je vis avec toi, car

j 'appelle cela vivre, ou, depuis que nous vivons

ensemble, car j 'appelle cela vivre. Vivre, moi ,

je ne savais pas que c'etait cela, je pensais que

c'etait autre chose, autre chose, quelque chose

que j'avais connu dans Ie temps, dans Ie passe,

mais it y reflechir, ou a y penser, est-ce bien la

meme chose, je ne sais plus tres bien si j'ai su

ce qu'etait vivre avec quelqu'un. Et sans me

pousser beaucoup, je pourrai dire que je nesais peut-etre pas non plus ce que c'est de

vivre. Vivre tout court. Est-ce la meme chose

que vivre seul ? Vivre seul, cela je crois que je

sais ce que c'est et c'est pourquoi je ne I'ai

jamais supporte. Sauf avant. Mais avant je ne

me posais pas la question. Et je ne vivais pas

seul, mais ca je ne Ie savais pas. Je ne l'ai su

que plus tard. Mais il etait troptard, et on ne

m'avait pas mis en garde.

Fragment 3.

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PROJET DE FILM DE JEAN EUSTACHE ET JEAN-FRANQOIS AJION

LA RUE S'ALLUME

Ce scenario de court-metrage, ou, pour employer une formule meilleure, de film de metrage court - 30 minutesenviron -, La rue s'allume, Jean Eustache voulait Ie tourner en 35 mm et en couleur. II avait obtenu

recemment une subvention de la Commission d'aide au court-metrage. Deux acteurs etaient pressentis, Jean-Pierre Sentier et Michael Lonsdale, ainsi que deux comediennes. Jean Eustache ne voulait pas Iefaire lire, ni

aux comediens ni it ceux qui voulaient en prendre connaissance, mais il souhaitait plutot Ie leur faire ecouter. IIavait enregistre it cette fin Ie dialogue de La rue s'allume sur une cassette, avec sa propre voix et celie de son filsPatrick, pensant qu'on pouvait plus approcher ce qu'allait etre ce film en l'ecoutant qu'en Ie lisant. II disait lui-

 

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Moi : Je suis sur Ie reseau, pas toi ?Lui: Non, je n'appelle plus.Moi: Peux-tu me donner Ie numero deCatherine Crachat ; .il y a du monde ce soir ;il y a Jean-Marc, Damien, Tendre emulsion,Ie Menestrel, enfin tout Ie monde... ChatBette, Colombo, I'Archange, Caramel,Ophelie, Katmandou, la Mascotte, Belette,

Orphee ...Lui: (off) Oui, oui, ...Moi : Tu venx que je continue? Depuis huitheures du soir, Jean-Marc appelle charm anteet jeune femme, j'ai pense it Catherine Cra-chat, donner son numero. Je l'avais, mais jeI'ai perdu.Lui: (off) Attends, je te Ie donne.

:1

!Silence - « Lui» doit sans doute etre aile con-sulter son carnet d'adresses ...

J'ouvre ici une parenthese : je n'ai pasI'intention de preciser au lecteur de ce projet,qui, de « Moi » ou de « Lui », sera ou non it

I'image. Je transcris leur conversation, je ladonne pour ce qu'elle est.Lui: Allo ?Moi: Oui ?Lui: (enchainant) Ecoute, aussi incroyableque cela puisse paraitre, je ne I'ai pas.Moi : Non, tu deconnes.Lui : (Ie coupant, chevauchant it partir du :Non) : Ecoute, je vais te dire ce qui a du sepasser, je I'avais de tete, je n'avais pas jugebon de le foutre sur mon camet... Je l'avaisde tete et de coeur.Moi : Ca commence par 555...Lui: (L'interrompant) Attends! Je vais cher-cher sur mon autre carnet. Je vais cherchersur mon vieux carnet.

silence.Lui: Allo - Eh bien tu vois, sur mon vieuxcarnet, j'ai Ie numero de la rue de Tournon.

Moi : (chevauchant) Non, non je ne veux pas.Lui: (continuant) ... Bob Fleming, Bob Fle-ming ; tu connais ?Moi : (Ie coupant) Oui. ..Lui: (continuant) Diane Guillemin, JosephTrudeau, (plus precis) Antoinette Fouque,tiens, tu veux Antoinette Fouque ?Moi : Je I'ai.

Lui: 335 26 82Moi : Je l'ai ... Je I'ai... Je I'ai ...Lui: Oui, et j'ai pas Crachat.Moi : (continuant rna phrase) ... quoiqu'il soitsur la liste rouge.Lui: Claire Chalon, je ne sais meme pas quic'est ; ah si ! c'est rna belle-seeur ; Marie-Josee Roche ...Moi : Qu'est-ce que tu as fait avec ton a...Lui: (me coupant) J'ai Jean-Francois Ajion6373589.Moi: Qu'est-ce que tu as fait avec tonetrangere ?Lui: Quoi?Moi : (Plus fort et plus lent) Qu'est-ce que tuas fait avec ton etrangere ?Lui: Comment, qu'est-ce que j'ai fait?Moi : (fort)Tu ne m'entends pas?Lui: (marmonnant) ... Rien de nouveau ...Quoi ... Enfin, j'ai rien invente... J'ai Fedorofet Troussevich ... Tu veux pas mettre Fedorofet Troussevich sur Ie reseau ?Moi : (net) Non.Lui: Ici Fedorof et Troussevich cherchantcharmante jeune fille.Moi : Non, je ne peux pas dire ca, perl'0nnene me croira.Lui: Oui, eh bien ecoute, je suis tres etonnemoi-meme, je suis stupefait de ne pas '{tvoirson numero, mais je ne l'ai pas. Done ca faitvingt ans qu'elle est effacee de mes carnets.J'ai Domitila, tu veux Domitila ?Moi : (excede) Non, je veux pas Domitila, je

LA RUE S'ALLUME

et depuis un an et un jour que je ne lui ai pastelephone; tu penses bien que j'ai complete-ment oublie Ienumero, Evidemment, tu peuxtelephoner a Ferreri, il te donnera sonnumero. Ferreri, c'est FAL, (effe, A, elle).J'ai pas les chiffres, j'ai que les lettres ...Moi : Je veux pas telephoner a Ferreri.Lui: (continuant) Effe, A, Elle, 05 38.

Moi : (repetant) Je ne veux pas telephoner aFerreri.Lui: Et pourquoi tu ne veux pas telephonerFerreri?Moi : Effe, A, Elle, combien ?Lui: 05 38 ?Moi :Mais il va savoir.., elle va savoirdiatement que... c'est moi qui la brancheIe reseau et je ne veux pas.Lui: Ecoute, je te donne son numero demain.Je te Ie promets. Je vais faire une petite

enquete, c'est pas urgent, tu vas pas la foutresur Ie reseau des cette nuit.Moi : Non, mais la, ce soir, j 'etais sur unbranche incroyablement sur tout Iemonde.les entends comme je t'entends.Lui: J'ai I'adresse de mon cousinPalaiseau, ca ne t'interesse pas.Moi : Non. Non.Lui : Catherine Millot, ca ne t'interesseelle est tres jolie.Moi : Connais pas.Lui: Mais elle est tres jolie.Moi : Oui eh bien on va pas la filer au reseausi elle est tres jolie.Lui: Mais Catherine Crachat aussi est jolie.Moi : Catherine Crachat elle est vieille.Lui : Evidemment elle commence a prendrede l'age mais elle est jolie quand merne.Moi : Elle est pas mal, mais c'est la fin, jeveux dire, c'est la menop !Lui: Non. Non. 10 ans.Moi : 10 ans encore avant la menop.

 

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PROJET DE FILM DE JEAN EUSTACHE ET JEAN-FRANQOIS AJION

Lui: C'est Celine.Moi : Qui.

Lui: Bon. Voila. Son bouquin etait chez toi.

Et tu n'as meme pas lu « Une banale

histoire ».

Moi: Je n'avais merne pas lu « Due banale

histoire », Qu'est-ce qu'elle a pense de toi,

dans tes films, ta petite a ... , ton etrangere ?

Lui: Rien.Moi : Elle a rien pense de plus ni de moins.

Elle est avec toi.

Lui: Heu ... Qui.Moi : Tu as de la chance:

Lui : Qui ; tu es seul.

Moi: Non.

Lui: Eh oui. Bon. Que te dire. Tu vas pas a

l'eglise integriste demain.Moi : Je dors, je dors, je dors, je dors.

Lui: II y a une fanfare de la legion americaine

au square des Blancs Manteaux, tu n'y vas

pas.Moi : (net) Je dors. Je vais dormir. Dormir.

Dormir. Si je pouvais dormir a jamais je Ieferai.

Lui: Ca t'arrivera bientot, t'inquiete pas.Moi : Qui, bien, j'attends avec impatience

Lui: Bon, que te dire d'autre, qu'ai-je vu de

beau. J'ai vu I'espion ce soir.

Moi : Poinsot. Lui.Lui: Qui bien sur. C'est tout. C'est tout ce

que j'ai vu. Je n'ai meme pas vu Ie grand beau

bete, rien.

silence

peu avance, je lui ai dit que je connaissais Ietroisieme secret de Fatima. Tu sais.Lui: Qui, oui, je sais.

Moi : Tu sais que je Ie sais, ou tu sais que je

pretends Ie savoir.

Lui: Je sais qu'il y a un troisieme secret de

Fatima, je ne sais pas ce que c'est. Tu ne lui as

pas revele Ie secret j' espere ?

Moi : Eh bien si, en partie ...

Lui: A mon avis c'est pas a Cendrine qu'il

fallait Ie dire.

Moi : Je ne lui ai pas tout dit. Le troisiernesecret de Fatima c'est ...

Lui: (Ie coupant) Parce que Ie secret de

Fatima avec Cendrine ce ne sera plus un

secret.

Moi : (continuant) ... c'est la date de la fin du

monde. Alors, j'ai un petit peu avance la date

de la fin du monde.

Lui: Qui. Tu I'as mise quand ? En 1978 ?

Pour la persuader qu'on y est deja arrive et

qu'on s'en rend pas compte.

Moi : Non, non, j'ai un petit peu avarice ladate de la fin du monde et je lui ai dit qu'on

devrait faire I'amour ensemble avant parce

qu'apres ce sera (soupir) je sais pas commenton pourra faire ... Alors elle m'a dit qu'elle

allait reflechir a la question. J'ai un petit peu

avance la date mais pas beaucoup, d'un mois

seulement.... Parce que je connais la date de la fin du

monde ... Enfin je connais la date de la fin du

monde selon Ie troisieme secret de Fatima.

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Moi : II y a de quoi oui. Mais c'est comme ca.Lui: Alors, a ton avis, il faut pas se casser latete.Moi : Si. Justement.

Lui: II vaut mieux que je depense mes pieces

d'or tout de suite.

Moi : Eh bien en tout cas d'ici 83.

Lui: Ce serait bete qu'elles restent apres la

fin du monde, et puis elles sont turques en

plus.

Moi: Non; tu devrais en profiter d'ici

novembre 83. C'est un conseil d'ami.Lui: Mais a quoi. Je ne sais pas a quoi. Ache-

ter du Yin plus cher tu penses. II y a des vinsde La Coupole qui cofitent tres tres cher queje ne me suis jamais payes,

Moi : Je ne sais pas. Tu fais ce que tu veux.

Non. Les vins de La Coupole non, tu peux

avoir mieux a faire.Lui: Bon, on verra.

Moi: Non, tu peux avoir mieux a faire.

Deconne pas. Je te file Ie tuyau mais tu Ie gar-

des pour toi, c'est novembre 83.Lui: Mais qui te l'a dit ? Je veux des assuran-

ces, d'ou tu sors ca ?Moi : Tu n'auras pas d'assurances, tu n'auras

rien.

Lui: Mais tu t'es peut-etre fait flouer par une

Fatima de Pigalle.

Moi : Ma parole vaut ce qu'elle vaut. Tu Ie

prends comme tu veux fin 83 . .. Novembre. IIreste deux ans et demi je te dis.

Lui: Mais d'ou tu tiens ca, moi tu peux me

 

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ques autres. Nous allons mourir ensemble.L'idee me deplait moins que de mourir toutseu!. Dans une prison. Je ne veux pas mourirdans une prison.Lui: Qui, oh oui (soupirs), tu es un peu chi-chiteux quand meme,

Moi : Qui. Un petit peu, je I'avoue, maisquand meme.Lui: II y a des promenades dans les prisons,au moins, alors que chez toi, il n'y en a pas.Tu sortirais, au moins, en prison. Tu ferais unpeu de foot Ie dimanche matin, tu aurais uneheure de promenade alors que chez toi tu n'asrien.Moi : Qui, oui, je sais, mais ca va comme ca.Pourquoi vous etes partis si vite hier soir ?Lui: Si vite, si vite, tu es drole, C'etait pas sivite que ca.Moi : Vous etes partis a minuit, ce n'est pas

' u n e ' h e u r e ~ l : : l q ; u e l Y e o n i > e n v a . ' V ' O \ Y ' s ~\'e'S

alles prendre un whisky au Wepler ?Lui: Qui, c'est ca, nous sommes alles auWepler. ..Moi : Parce que je ne voulais pas sortir.Lui: Non. Si tu avais voulu venir. Je t'aiinvite trois fois. D'ailleurs je t'invite auWepler quand tu veux ; des que tu as envied'aller au Wepler tu me telephones ... Songe amoi, je suis pret a aller te rejoindre au Wepler

n'importe quandoMoi : Je ne sors pas.Lui: Ecoute, tu n'as que deux pieces chez toi,tu pourrais en faire ta troisierne piece, ce neserait plus sortir la...Moi: Dis-moi, FAN, c'est EFFE, A,ENNE ... 05 38 FERRERILui: FAL. EFFE, A, ELLE, ELLE ! Ellecomme Lili.Moi : FAL. EFFE, A, ELLE, ELLE ! J'avaismal note!

II

Mais ...Lui: Catherine c'est une vieille France osten-tatoire et eux c'est la France fraiche etclandestine.Moi : Tu as raison ! Mais je pense quandmeme leur donner Ie numero de Catherine ...Et surtout, ne dis pas que c'est moi qui I'ai

donne.Lui: Mais non, moi je ne dirai rien, tu saisbien que je ne dis plus rien, enfin a Catherineen tout cas.~oi: Quel est Ie numero personnel deLacan?Lui: Lacan, Bon Dieu, Bon Dieu, Lacan ...Ah j'ai perdu mon vieux carnet, ca y est...Attends une seconde ...Moi : Je I'avais sur un morceau de papier et jeI'ai perdu, oublie,

Lui: Tu sais, je crois toujours avoir desntfll'l~i'"o'Sei t 'e 'Si t'a, ),'a) l " D ' U ) " D ' U ' l 'S < Q ' e ' S' i l' U m ~ ' i 'i . ) 'i ,sur des vieux morceaux de papier ... Et done jeles perds.Moi : Moi aussi, Parce que je voudrais don-ner Ie numero de Lacan sur Ie reseau, me sur-nommer Jacques... Le fataliste ou FrereJacques.Lui: (consultant a nouveau son carnet)Attends, je vais te dire: Caroline Loeb, Geor-ges Lichtenberger, Marie-France Lambotte,

Ferreri, Laborde, Bernadette Lafont, MichelLeiris, tiens je me demande pourquoi j'ai Ienumero de Michel Leiris, c'est curieux ca.Moi : Tiens, donne-Ie-moi.Lui: 81 42 14.Moi : Comment ?Lui: Ah non pas lui, c'est un type ; non c'est

un homonyme, c'est un type de Reims. \Moi : Ah bon d'accord !Lui: (continuant) Elisabeth Leonard, RosineLebrun, Helene Laplaine, heu ... J'ai pas

LA RUE S'ALLUME

Moi : Je ne sais pas qui c'est.Lui: J'ai dinette Baty, tu sais.Moi : Qui, oui.Lui: Heu . .. J'ai, ah c'est curieux ca, feutrepour IeSade, entre parenthese, Claudette, il ya des choses biza,rres, qu'est-ce que ca veutdire ca : Feutre pour Ie Sade.

Moi : Je ne sais pas.Lui: J'ai Mourousi. Ecoute, tu te rendscompte que j'ai Mourousi et j'ai ni Lacan, niCrachat. J'ai Mourousi 236 66 28.Moi : Mais ca ne m'interesse pas.Lui: J'ai Catherine Faux.Moi : Ca ne m'interesse pas non plus.Lui: Ajion encore, Edgar Piouf, ElisabethPozner, Domitila, Donna Gollay, DanielleBroda, Danielle Broda, j'ai, j'ai Ajion, j'ai Iechlorure de magnesium Delbiaz Catherine

Verguaud qui c'est celle-la, j'ai Bob Calle, tu' V ' e ' U ' ) , . l ? > 'i .) 'u C 'h \\ ' t ~

Moi: (excede) NQN.Lui: J'ai Ie Chai de I'Abbaye.Moi : Non plus.Lui: J'ai I'ivrogne, Jean-Paul Faux ...Moi : (le chevauchant, Ie coupant) Non, non,non.Lui: Tu veux pas I'ivrogne? J'ai BeauChene, Laurence Bataille, j'ai Baba, j'aiHelene Barbeau, j'ai la Banque de Saint-

Cloud. Bon voila, ecoute, voila, j 'ai rien de cequ'il faut, j'ai rien de ce qu'il faut, ce qui nem'etonne pas enormement. Bon ecoute, alorsdemain je te telephone Ie numero deCatherine.Moi: Okay,

Lui: D'accord, je prends Ie temps de Ie pren-dre, je Ietrouverai, je I'aurai coute que cofrte,c'est simple, ou je cherche dans l'annuaire ouje Ie demande a Ferreri; enfin je te telephonedemain.

 

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J :: . eus A - FRAI\lGF11 CA P f

Jean Eustache : photo prise d'une bande video realisee en septembre 81 par Jean-Andre Fieschi a la paluche. (Photo Serge Le Peron)

Lorsquc n

donne », SU I

surrnontes CI

nous n'avonparait si ind:

d'un tornbeaa la vie. Noudeja prononces phrases I

d'indiffereru

« J'ai soujoies, les pei

reux pour 1 '1

peut je crois

Cet accende Jean Eu

issue. Son dl

fini par se reson suicide,

profonde, dl

s'etait brisefilms) un se

« Le mati

le monde se

Et encore:

« Et sans m(

que c'est decela, je croi

avant. Mais

Ie savais pas,

en garde. »II est possl

quentations ,« t rop tard )1

nous, qui no

les, nous quicroirons pas

Jean Eustacf

se crucifie c e