expose sur le faux

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  • 8/17/2019 Expose Sur Le Faux

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    Document rédigé en Mars 2015 par Charlène WANPO !""#$ auditrice de %ustice & l'#cole Nationale de la Magistrature$ a(ec la précieuse aide de )asneem *hedarun$ +ansle, "udhor$)an-een Auleear$ Meenacshi .amgothee et Natasha /issessur $ chercheurs & l' !nstitute or %udicialand "egal tudies o Mauritius

    Le faux, l'usage de faux et le faux en écriturepublique : Comparaison de l’état du droit et dela jurisprudence en France et à Maurice

    3 C'est un pro4lème important et délicat & l'heure actuelle ue celui de sa(oir sous uellesconditions$ & partir de uel stade$ l'altération de la (érité e6pose son auteur & la répression !l s'agit de départager$ (is7&7(is d'elle$ la morale et le droit pénal89+ Donnedieu de :a4res$ "a notionde documents dans le au6 en écriture$ re(ue de sciences criminelles 1;

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    I. Éléments constitutifs des infractions de faux

    ! " Le faux ordinaire

    1) Élément matériel de l'infraction générale de faux

    En droit français, le faux est prévu par l'article 554-4 du code pénal qui prévoit que )Constitueun au6 toute altération rauduleuse de la (érité$ de nature & causer un pré>udice et accomplie paruel ue mo,en ue ce soit$ dans un écrit ou tout autre support d'e6pression de la pensée ui a pour

    o4>et ou ui peut a(oir pour e et d'éta4lir la preu(e d'un droit ou d'un ait a,ant des consé uences >uridi ues*

    En droit mauricien, l'article 467 du code pénal précise que se rend coupable de faux ordinairetoutes autres personnes que les fonctionnaires ou officiers publics )ui auront commis un au6 enécriture authenti ue et pu4li ue$ ou en écriture de commerce ou de 4an ue soit a= par contre a?onou altération d@écritures$ dates ou signatures$ ou l'emploi d'un nom supposée soit 4= par a4rication de con(entions$ dispositions ou décharges ou par leur insertion après coup dans cesactes$ soit c= par addition au6 clauses$ déclarations ou aits ue ces actes a(aient pour o4>et derece(oir et de constater$ ou par altération des dites clauses$ aits ou déclarations sera punie *

    +n voit ainsi des différences importantes appara0tre entre ces deux droits. &'une part, le codemauricien proc de par énumération des différents procédés pouvant constituer un faux, commec3était le cas dans l'ancien code pénal fran ais. 8ette énumération ex(austive, en raison du principede légalité des délits et des peines, peut limiter les comportements susceptibles de constituer unfaux.&'autre part, le code mauricien ne fait référence qu'au seul support écrit, tout comme les textes del'ancien code pénal fran ais qui ne visaient eux aussi que la falsification d'actes, d'écritures, lettresde c(ange, c( ques, documents. Seul le faux en écriture, dit également faux documentaire ouscriptural, est ainsi appré(endé par le code pénal mauricien. 8'est ici une grande différence avec lecode pénal fran ais puisque désormais l'article 554-4 du code pénal actuel proc de à une véritableextension de la définition du support du faux, et par conséquent du domaine d'application del'incrimination, en visant non seulement le faux commis dans un écrit mais aussi le faux commis surtout autre support de la pensée.

    &ans les deux législations, l'élément matériel de l'infraction générale de faux se manifeste parl'altération de la #érité dans un support #alant titre! La nature du support et sa valeur probatoiresont donc les deux caractéristiques qui permettent de définir ce que peut être le support du faux.

    *** Quel peut être ce support

    9out d'abord, comme nous l'avons vu, tant le droit fran ais que le droit mauricien, font référence àl'écrit au titre du support d'un faux.

    – Le faux commis dans un écrit :

    :ositivement, l'exigence d'un écrit renvoie classiquement à la nécessité d'une écriture faite de signesvisibles à laquelle est elle-même associée la nécessité d'un support matériel doté d'une permanence.

    $'agissant de l’écriture faite de signes #isibles : ;égativement, l'exigence d'un écrit exclut deretenir la qualification de faux en présence de la seule fourniture de renseignements oraux erronés,

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    8'est notamment le cas des cartes à bande magnétiqueE, des disquettes46, des clefs ?SF, des 8&-Gom, des &H&, films, microfilms, diapositives ou encore des disques durs d'un ordinateur.?ne cour d'appel avait retenu la qualification de faux en présence de la falsification d'une cartemagnétique en l3esp ce, il s'agissait d'une duplication, sur une carte vierge, des donnéesinformatiques contenues sur la bande magnétique d'une autre carte. La c(ambre criminelle de la8our de cassation a estimé que la 8our d'appel avait $ustifié sa décision. La Iaute $uridiction aapprouvé les $uges du fond d'avoir estimé qu'il s'agissait bien Dd'une écriture ui igure sur la pistemagnéti ue de la carte$ mBme si cette écriture$ de orme moderne$ nécessite un appareil adé uat

    pour pou(oir Btre lueD44

    . En droit mauricien, les textes ne font pas référence à un support autre que celui de l3écrit. n l3étatactuel du droit, il est donc impossible pour les $uges d3appré(ender les faux commis sur dessupports dématérialisés. +n peut se demander si les $uges ne seront pas amenés à interpréterlargement les dispositions actuelles afin de sanctionner les faux commis grJce aux nouvellestec(nologies ou si ils respecteront la lettre du code pénal, et le principe de légalité des délits et des peines, et refuseront d3étendre la qualification de faux aux faux commis sur ) tout autre supportd'expression de la pensée *.

    ***Quelle "aleur doit a"oir ce support

    En droit français !L'article 554-4 du code pénal exige en effet que l'écrit ou les autres supports dela pensée aient pour ob$et ou puissent avoir pour effet )d'éta4lir la preu(e d'un droit ou d'un aita,ant des consé uences >uridi ues*. "l doit donc obligatoirement constituer un titre4

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    refuse de retenir la qualification de faux pour un document ne comportant que l'empreinte digitalede la personne estimant que cela est insuffisant pour constituer un titre $uridique valant preuve4>.

    %&&M sur les déclarations unilatérales qui sont sujettes à #érification : En droit français !&'un point de vue général, ne répondent pas à l'exigence d'un écrit a%ant unevaleur probatoire, les déclarations unilatérales qui sont su$ettes à vérification.Cinsi, les déclarations établies par un prévenu en sa propre faveur ne représentent que ses seules

    affirmations su$ettes à vérification et ne sauraient être qualifiées de faux, tout comme desconclusions déposées en $ustice4@, des devis4A, des notes d'(onoraires47.8e principe a même été appliqué à propos d'une reconnaissance d'enfant naturel. La 8(ambrecriminelle de la 8our de cassation a en effet posé dans un motif de principe que ) la reconnaissancemensong re d'un enfant naturel dans un acte de l'état civil ne constitue pas en soi un faux punissable, cette reconnaissance pouvant tou$ours être contestée, en vertu de l'article ==E du codecivil par son auteur lui-même *4E.

    En droit mauricien! La 8our suprême semble elle aussi considérer que les déclarations unilatéralessu$ettes à vérification ne peuvent être constitutives de faux. 8'est ainsi qu'elle a refusé dereconna0tre un faux dans le document personnel rempli en cas de demande de passeport estimantque ce document n'avait pas valeur de titre

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    d'un fait a%ant des conséquences $uridiques.

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    constituer une source de droit, l'article 45A n'exigeant rien de plus que le faux.=6

    Les termes de l'article 554-4 du 8ode pénal consacrant avec clarté l'exigence d'un support valanttitre indépendamment, on pouvait légitimement considérer qu'une solution $urisprudentielle inverseà la précédente devait, à l'avenir, être retenue. "l n'en est rien puisque la c(ambre criminelle de la8our de cassation vient de réaffirmer, en présence d'une fausse attestation à destination del'administration fiscale, que D s'agissant d'un au6 matériel ui a occasionné un pré>udice$ peuimporte u'il ait eu ou non pour o4>et ou pour e et d'éta4lir la preu(e d'un droit ou d'un ait a,antdes consé uences >uridi ues *=4

    *** Quelle est la nature l'altération de la "érité

    N la différence de l'ancien 8ode pénal qui faisait état d'altération d'écritures, de supposition de personnes, de fabrication ou d'addition, le 8ode pénal fran ais ne proc de plus à l'énumération desmo%ens de l'altération. 8ette altération peut se présenter sous la forme d'un faux matériel lorsque le procédé de l'altération de la vérité affecte le support lui-même, le contenant, ou d'un fauxintellectuel quand le procédé de l'altération de la vérité affecte l' énoncé du support, le contenu.

    Le code pénal mauricien lui continue d3énumérer les mo%ens de l'altération ce qui n3empêc(e pourtant pas les $uges de retenir le faux intellectuel.

    – le faux matériel

    "l % a faux matériel lorsque c'est le support qui est falsifié. Les solutions $urisprudentielles permettent de distinguer deux t%pes de faux matériels ! le faux matériel par altération d'un documentaut(entique et le faux matériel par la réalisation pleine et enti re d'un faux, c'est à dire par lacréation d'un titre nouveau.

    L'altération du document peut être faite par lavage à l'aide d'une substance c(imique, par l'effet d'un

    raturage, par l'effet d'un grattage, par un acte de saisie informatique $ par un collage,par un agrafage, par le ra$out de lignes de texte, par l'effacement et le remplacement d'une mention...

    Le défaut d'aut(enticité existe également lorsque l'auteur du faux tente de donner l'apparence del'aut(enticité à un document. 8e deuxi me t%pe du faux matériel peut être réalisé par plusieurs procédés ! il peut ainsi na0tre de la fabrication du document lui-même, de l'imitation d'une signature,de l'apposition d'une fausse signature, etc.

    En droit mauricien !S'agissant de l'imitation de signature ou de l'apposition d'une fausse signature,la 8our Suprême a précisé sa position. lle estime ainsi que le fait de signer un document en lieu et place d'une autre personne, en se faisant passer pour elle, est bien constitutif d'un faux=

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    Les $uges précisent que dans ce cas, l'imitateur de signature est de bonne foi d s lors qu'il a agi sansintention de nuire.=5 La 8our de 8assation refuse de retenir le faux, dans ce cas, compte tenu del'absence d3élément moral.

    %&&M sur le faux matériel exprimant une #érité : Le faux matériel est-il également constituélorsque le support souffrant d'un défaut d'aut(enticité exprime malgré tout une vérité / &ans cette (%pot( se, le contenu de l'acte est exact, mais l'acte présente un défaut d'aut(enticité

    puisqu'il est rédigé pour les besoins de la cause. En droit français! La $urisprudence est asseO fluctuante. Cinsi, certaines décisions refusent de voirun faux dans ce procédé. :ar exemple, il a été admis que le fait de fabriquer des lettres missives pour les substituer à d'autres ne pouvait servir de base à une accusation de faux si les lettressubstituées émanaient du même auteur, qu'elles portaient sa signature, et que le contenu étaitidentiques aux lettres originales.=> La $urisprudence a aussi décidé que la femme qui guide la mainde son époux, ) p(%siquement incapable d'écrire, pour rédiger un testament, ne se rend pas coupablede faux d s lors que la volonté du testateur, aux facultés mentales intactes, n'a à aucun moment faitdéfaut à l3œuvre commune et dans la mesure o# la preuve de cette participation du testateur peutrésulter de la comparaison des écritures respectives des époux *=@.

    n revanc(e, lorsque la main guidée était passive et l'auteur dépourvu de lucidité, le document ainsirédigé constituait bien un faux.=A &e même, le faux en écriture a été retenu à propos de la fabricationd'une preuve écrite d'une convention qui n'avait été que verbale=7 ou d'une reconnaissance de dette=E ou d'une attestation56. La 8our de cassation a re$eté le pourvoi formé contre l'arrêt par lequel les $uges du fond ont estimé que Dle ait de a4ri uer une pièce destinée$ t7elle con orme & l'original$& se su4stituer & un contrat écrit dont les pré(enusE ne retrou(aient pas la trace$ en (ue de sa production en >ustice$ & titre de preu(e$ constitue le délit de au6D54.+n peut se demander si la rédaction de l'article 554-4 du code pénal permet le maintien de cessolutions étant donné que ce texte vise expressément l'altération frauduleuse de la vérité et peut êtreinterprété comme exigeant un défaut de véridicité. 8eci étant, l'altération de la vérité peut aussiconcerner l'acte lui-même, son existence. Cinsi le délit de faux sanctionne alors la supposition del'écrit.

    – le faux intellectuel

    L'on est en présence d'un faux intellectuel8lors ue$ l'écriture n'étant pas matériellement alsi iée$l'altération de la (érité porte sur le contenu$ la su4stance$ les circonstances de l'acte89F Gar?on=Le faux intellectuel se caractérise donc par un défaut de véridicité ! le mensonge atteint ici lecontenu de l'écrit et non le support. 8ela consiste à porter des déclarations mensong res sur l'écrit,déclarations mensong res portées par le déclarant lui-même ou par un tiers. En droit français! Le faux intellectuel peut être constitué par supposition de personnes enmentionnant mensong rement dans un acte la présence d'une personne. :ar exemple, il a été $ugécomme constitutif d'un faux le fait de faire faussement état de la remise de l'acte à une personne5< oude faire faussement état de la présence d'actionnaires dans les feuilles de présence liées aux

    =58ass. crim., @ nov. 4E7E=>8C :aris, 4= déc. 477A

    =@8ass. crim., 47 mars 47=6=A 8ass. crim. =6 nov. 4EA4=78ass. crim.,

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    assemblées générales d'une société anon%me5= ou encore de certifier faussement la présenced'(éritiers lors de l'établissement d'une déclaration d'option6 ou l'omission volontaire d'une somme déposée sur un compte ouvert dans une banque suisse dans l'inventaire établi par un curateur et remis au $uge des tutelles>4. En droit mauricien !"l semble qu'ici les $uges mauriciens adoptent une position différente de leurs(omologues fran ais. n effet, la 8our suprême a $ugé que l'omission de mentions dans un actenotarial ne pouvait pas être considéré comme un faux.><

    %&&M sur la simulation : La question se pose de savoir si les (%pot( ses de simulation, quereconna0t le droit civil peuvent constituer un faux. "l % a simulation c(aque fois que les parties à unacte s'entendent pour dissimuler leur accord par de fausses dispositions qui peuvent porter surl'identité des parties, sur le montant ou sur les conditions de la transaction réalisée. Si faux il devait% avoir, il ne pourrait s'agir que d'un faux intellectuel. &e prime abord, il appara0t difficile deconsidérer cela comme un faux compte tenu du fait que la simulation ne constitue point par elle-même une cause de nullité en droit civil.

    En droit français !Le $uge pénal adopte alors une attitude pragmatique envers les actes simulés,considérant qu'ils constituent un faux s'ils ont été réalisés en vue de tromper les tiers. La cour de

    8assation applique une distinction entre ces actes selon qu'ils sont, ou non, pré$udiciables pour lestiers précisant ) si les énonciations mensongères au6 uelles les parties croient pou(oir consentir

    5=8ass. crim., 4@ mars 4EA6558ass. crim., A avr. 8ass. crim., févr.

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    dans une con(ention peu(ent ne constituer u'une simple simulation non punissa4le$ il en estautrement lors ue les ausses énonciations ont été concertées a(ec l'intention coupa4le de tromperles tiers et de leur porter é(entuellement un pré>udice85H

    En droit mauricien !La 8our suprême adopte une position identique $ugeant notamment que sil'intention de la simulation était de tromper des personnes alors la qualification de faux doit êtreretenue>5.

    Cinsi, dans les deux cas, les $uges rec(erc(ent le but de la simulation. Si cette derni re avait pourunique but de tromper les tiers, de les induire en erreur et de frauder leurs droits, alors la simulationest bien constitutive d'un faux. n revanc(e, si la simulation poursuit un but autre que celui detromper, elle reste valable et ne saurait être vue comme un faux.

    *** #'altération doit elle être pré$udicia%le

    En droit français ! L'exigence d'une altération de la vérité de nature à causer un pré$udice estau$ourd'(ui expressément posée par l'article 554-4 du code pénal mais était dé$à vérifiée par la $urisprudence rendue sous l'empire de l'ancien code pénal. La 8(ambre criminelle de la 8our decassation a en effet affirmé dans un arrêt en date du 4> $uin 4E@< qu'il n'% a faux punissablequ'autant que )la pièce contre aite ou altérée est suscepti4le d'occasionner & autrui un pré>udiceactuel ou é(entuel *.Le code pénal actuel n'exige pas la réalisation effective d'un pré$udice pour la constitution du faux.Cinsi, le pré$udice lié à l'altération de la vérité peut être actuel>> ou simplement éventuel.>@ Le $uge pénal rappelle que le pré$udice peut indifféremment être de nature matérielle ou de naturemorale. Cinsi, le pré$udice matériel peut résulter de ce que le faux a contribué à la mise enliquidation de la victime,>A a abouti à l'accroissement du montant d'une dette>7 ou encore étaitsusceptible d'entra0ner l'application d'une clause de garantie du passif >E ou de provoquer la perte desdroits à congés.@6 Le pré$udice moral peut lui résulter par exemple de ce que le faux a gravement faitsouffrir la crédibilité commerciale du propriétaire@4 ou a porté atteinte à l'(onorabilité professionnelle de la victime.@< Le pré$udice peut être également individuel ou collectif, la c(ambre criminelle de la 8our decassation faisant alors notamment état de Dl'atteinte portée au6 intérBts de la sociétéD@=

    En droit mauricienI La position des $uges mauriciens est identique la 8our suprême a préciséqu'un pré$udice potentiel était suffisant,@5 rappelant ainsi qu'il n3était pas nécessaire que le dommageait réellement eu lieu, se soit effectivement réalisé. &e même, les $uges acceptent les pré$udices personnels ou sociaux, matériels ou moraux.@> Le pré$udice moral est défini par les $uges commeune atteinte à la confiance légitime que le public peut avoir dans les documents en question@@.

    %&&M sur l'exigence du caract re substantiel de l'altération !

    >=8ass. crim., 4< déc. 4EAA>5 8our suprême, Fansoodeb v G, 4E@<>>8ass. crim., @8ass. crim., E $uin 4E@5, 8ass. crim., 47 mai >A8ass. crim., 44 $anv. 4EE@>78ass. crim., @68ass. crim., A sept. @48ass. crim.,

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    En droit français! "l est apparu que l'altération de la vérité ne pouvait être de nature à causer un pré$udice que si elle portait sur une mention que l'acte a pour ob$et de recevoir ou, plus précisément,sur une disposition que la loi ou les parties ont regardé comme étant fondamentale. "l est dés lorsexigé que le procédé de falsification porte sur des dispositions substantielles de l'acte. La nécessitéd'opérer une distinsction entre les mentions substantielles et les mentions accessoires a étéconsacrée par une $urisprudence fort ancienne.@A

    8'est ainsi qu'a été qualifiée de mention substantielle la date indiquée sur le rapport d'uncommissaire aux comptes d s lors que cette date permet d'établir que ledit rapport a été mis à leurdisposition dans les conditions prévues par la loi.@7 n revanc(e, s'est vue dénier la qualification demention substantielle la fausse indication, dans un acte de transaction, relative à la situationmatrimoniale et au domicile d'une des parties.@E La $urisprudence postérieure à l'entrée en vigueur du nouveau 8ode pénal prouve la continuité de lasolution consacrée par la c(ambre criminelle de la 8our de cassation en refusant de considérercomme substantielle l'altération de la date de la conclusion d'un contrat de travail.A6

    &) Élément moral de l'infraction générale de faux

    En droit français ! Sous l'empire de l'ancien 8ode pénal, la 8our de cassation a estimé que l'arrêt,

    qui déclare que l'agent a sciemment réalisé le faux en écriture, a suffisamment constaté l'élémentintentionnel de ladite infraction.A4 lle a$oute que l'intention frauduleuse résulte de la connaissancequ'avait l'agent d'altérer la vérité dans un écrit.A<Cu$ourd'(ui, l'article 554-4 du code pénal vise expressément l'altération frauduleuse de la vérité. nd'autres termes, il exige littéralement la preuve que l'agent a agi sciemment et volontairement. "lfaut donc que soit rapportée la preuve de l'intention frauduleuse de l'agent,A= intention coupable quirésulte, 3 de sa conscience de l'altération de la (érité dans un document suscepti4le d'éta4lir la preu(e d'un droit ou d'un ait a,ant des consé uences >uridi ues JK<

    Si les mobiles poursuivis par l'auteur du faux sont en principe indifférents,A>on peut toutefois relevercertaines décisions qui font référence à l'intention de nuire. "l semblerait qu'à l'exigence d'un dolgénéral, la cour ait parfois a$outé la nécessité de prouver une intention de nuire en estimant quel'agent devait ) a(oir eu connaissance du pré>udice ue l'altération de la (érité était suscepti4le decauser & autruiA@ * ou ou devait avoir agi Ddans le dessein de nuireDAA

    En droit mauricienI Les $uges mauriciens ont une position proc(e de celles des $uges fran ais. neffet, ils exigent au titre de l3élément moral une intention frauduleuse. "ls précisent même que cetteintention frauduleuse réside dans la conscience qu'a le prévenu de modifier la réalité mais aussi saconscience qu'une telle modification pouvait causer un pré$udice.A7 8ertaines décisions font ellesaussi expressément référence à l'intention de nuire au titre de l3élément moral.AE

    (! L'usage de faux1) élément matériel

    @A8ass. crim.,

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    %&&M sur l'articulation entre le faux et l'usage de faux ! En droit français !L'article 554-4 alinéa < du code pénal incrimine spécifiquement l'usage de fauxfaisant du faux et l'usage de faux deux infractions distinctes. Les actes de faux et d'usage n'ont pas àêtre réalisés par la même personne. &e ce fait, l'agent qui fait usage du document falsifié est punissable quand bien même il ne serait pas l'auteur du faux et quand bien même l'auteur du fauxdemeure inconnu. &e plus, il est possible de poursuivre un agent pour usage de faux alors que les poursuites pour faux sont éteintes pour cause de prescription.

    ais, il est tout à fait envisageable que celui qui a fabriqué le faux soit aussi celui qui en fait usage.

    8ette même personne peut-elle voir sa responsabilité engagée cumulativement pour les deuxinfractions ou le faux et l'usage de faux sont deux qualifications incompatibles ne pouvant êtreretenues à l'encontre de la même personne / "l ne fait pas de doutes qu'il est tout à fait possible de prononcer la double déclaration de culpabilité de la personne en cas de faux et d'usage de faux.

    En droit mauricien !"l s'agit aussi de deux infractions distinctes puisque le code pénal incriminespécialement l'usage de faux à l'article 46E. &e plus, la 8our suprême a aussi rappelé à plusieursreprises qu'il s'agissait d'une infraction différente du faux.76 lle estime notamment que lesconditions pour retenir l'infraction de faux sont différentes de celles pour retenir l'usage de faux etqu'un seul et même acte ne peut pas être qualifié à la fois de faux et d'usage de faux. :our retenir laresponsabilité du prévenu au titre de ces deux infractions, il est indispensable de mettre en évidencedeux comportements différents.74 La 8our assure ici une indépendance claire être les deuxinfractions.Les $uges de la 8our suprême ont notamment décidé que le fait que l'auteur d'un faux ait été relaxén3empêc(ait pas de condamner l'auteur de l'usage de faux, marquant ainsi clairementl3indépendance entre ces deux infractions7 &e même, le simple fait de viser un document argué de faux dans unmémoire en défense produit devant la 8our de cassation, ne saurait constituer un usage de faux.L

    n revanc(e, dés lors qu'il existe un acte positif, il semble que le terme usage soit entendu tr slargement au sens d'utilisation, de reproduction, de production en $ustice, de présentation, de production aupr s de l'administration, de transmission, de l'envoi par télécopie ou par courrier.7A

    En droit mauricien : L'usage de faux n'est pas non plus défini par les textes comme l'a rappelé la8our suprême précisant ainsi qu'il revenait aux $uges de décider ce qui relevait ou non d'un usage.

    768our suprême, Cbdool Qa(eb o(amed vRs 9(e ing 4E56, G =7748our suprême, audarbux v 9(e Mueen 4EA=7 $uin 4E=E7>8ass. crim., 5 nov.

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    La 8our précise toutefois, en faisant référence à la doctrine, que l'usage est ) une application del'acte & l'emploi au uel il est destiné "es procédés d'usage (arient d@après la nature des actescomme d@après le 4ut ue se propose le aussaire *.77 La 8our suprême semble adopter une position extensive de l'usage puisqu'elle a notamment préciséque le procédé de l'usage importait peu.7E :our autant, la 8our suprême exige bel et bien un acte d'usage, acte nécessairement positif. lle a eneffet refusé de reconna0tre comme un usage de faux le fait pour un $usticiable de fournir à son avouéun faux document, faux document que l'avoué a transmis ensuite aux instances polici res et

    $udiciaires. La 8our a estimé que le $usticiable n'avait pas lui même fait usage du document, seull3avoué l'avait utilisé en le transmettant aux autorités. Selon la 8our, en l'absence d'usage, laresponsabilité du $usticiable ne peut donc pas être retenue. &e plus, elle refuse de condamnerl3avoué faute d'intention délictuelle, ce dernier n'a%ant pas connaissance du caract re frauduleux del'acte.E6

    n adoptant une telle position, la 8our suprême retient une définition de l'usage similaire à celle dela 8our de 8assation. lle refuse de reconna0tre l'usage de faux ici eu égard eu fait qu'il s'agissed'une abstention et non d'un acte positif.

    )* sur l’élément moral

    En droit français! L'usage de faux suppose que l'agent ait conscience de faire usage d'un supportfalsifié, qu'il ait agi en connaissance de cause ou ait eu connaissance de la fausseté du titre utiliséE4.:ar exemple, est constitué le délit d'usage de faux par la production en $ustice de ces documentsfaux, peu important que cette production ait été spontanée ou effectuée en exécution d'une décisionde $usticeE<

    En droit mauricien !"l est aussi exigé une telle intention. :our retenir l'usage de faux, il faut prouver que la personne savait qu'il s'agissait d'un faux. Les $uges font aussi référence à l'intentionde causer un pré$udiceE=.

    C! Le faux en écriture publique ou aut+entique

    L'article 46@ du code pénal mauricien dispose que )tout onctionnaire ou o icier pu4lic ui$ dansl'e6ercice de ses onctions$ aura commis un au6 soit par ausses signatures$ soit par altération desactes$ écritures$ dates ou signatures$ soit par suppositions de personnes$ soit par des écritures aitesou intercalées sur des registres ou d'autres actes pu4lics$ depuis leur con ection ou cl ture * se rendcoupable d'un faux en écriture publique ou aut(entique.L'article 46A du code pénal mauricien dispose que )tout onctionnaire ou o icier pu4lic ui$ enrédigeant des actes de son ministère en aura rauduleusement dénature la su4stance ou lescirconstances$ soit en écri(ant des con(entions autres ue celles ui auraient été tracées ou dictées par les parties soit en constatant comme (rais des aits au6 ou comme a(oués des aits ui nel@étaient pas * se rend coupable d'un faux en écriture publique ou aut(entique.

    L'article 554-5 du code pénal fran ais précise que ) le au6 commis dans une écriture pu4li ue ouauthenti ue ou dans un enregistrement ordonné par l'autorité pu4li ue est puni de di6 ansd'emprisonnement et de 150 000 euros d'amende "'usage du au6 mentionné & l'alinéa ui précèdeest puni des mBmes peines * 8et article remplace les dispositions des articles 45A et 457 de l'anciencode pénal et inscrit le faux en écriture publique parmi les faux dans un document administratif.778our suprême, Cbdool Qa(eb o(amed vRs 9(e ing 4E56, G =77E8our suprême, G v Frue 4776E68our suprême, Cbdool Qa(eb o(amed vRs 9(e ing 4E56, G =7E48ass. crim., $anv. 4E@4, 8ass. crim., 44 déc. 4EA5E

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    &u fait de sa nature particuli re, l'écrit public ou aut(entique présente la valeur probatoire exigée par l'article 554-4, et sa falsification porte nécessairement atteinte à la foi publique ce qui établitautomatiquement l'existence du pré$udice éventuel.E5Le $uge n'a plus qu'à établir l'existence d'unefalsification intentionnelle.

    En droit français! 8oncernant les supports, cette infraction est plus étroite que le faux classique puisqu'elle n'englobe pas tout support d'expression de la pensée. lle ne vise que l'écriture oul'enregistrement. :ourtant, le droit fran ais est ici encore plus large que le droit mauricien puisqu'il

    précise que le faux en écriture publique peut être commis sur des enregistrements, enregistrementsqui pourront être tant sonores que visuels ou audiovisuels.

    Les écritures publiques sont celles rédigées par un représentant de l'autorité publique qui agit dansl'exercice de ses fonctions. Sont considérés comme des écritures publiques les écrits des autorités politiques, législatives ou gouvernementales, tels que les lois, décrets, etc.E> Sont également desécritures publiques, les décisions de $usticeE@, les sentences arbitrales exécutoiresEA, les actes de procédure tels qu'assignation, appel, pourvoiE7 ainsi que les proc s-verbaux de douane, des officiersou des agents de police $udiciaireLes écritures aut(entiques sont celles rédigées par des officiers publics ou ministériels (abilités parla loi pour recevoir certains actes ou faire certaines constatations. 8onstituent de tels actes, les actesdressés des notaires, des greffiers ou (uissiers. S'agissant des notaires, il a été décidé que constituentdes écritures aut(entiques les documents comptables visés par les notaires ainsi que leurs registresEE.8ependant, la 8our de cassation a précisé que les actes sous-seing privés déposés au rang desminutes d'un notaire n'avaient le caract re d'acte aut(entique que si le dépTt était accompli par tousles signataires466.

    En droit mauricien! La même définition a été retenue par le code pénal mauricien et par la 8oursuprême, les $uges précisant que les écritures seront dites publiques uniquement dans le cas o# lefonctionnaire a agi dans le cadre de ses fonctions. Cinsi, lorsqu'un fonctionnaire falsifie desdocuments publics dont il a la c(arge, il sera $ugé pour avoir commis un faux en écriture publiqueselon les dispositions des articles 46@ et 46A du code pénal464.8ela semble être aussi le cas pour les écritures aut(entiques il est nécessaire que ces actes aient étéfaits par l'officier public dans le cadre de ses fonctions. 8onstituent par exemple des écrituresaut(entiques les actes de mariage, les actes de notaires et même les écritures passées sur le livred'un compte épargne de banque.46< La 8our suprême a affirmé que le régime des actes aut(entiques et des actes publiques étaientidentiques.46=

    (( sur l incompétence de l'auteur ! En droit français !Le faux en écriture aut(entique ou publique est constitué d s lors que l'écriturerevêt l'apparence d'une écriture aut(entique ou publique l'incompétence de l'auteur de l'acte estsans influence sur la qualification.465

    En droit mauricien !Les $uges de la 8our suprême adoptent une anal%se différente à ce su$et.Cinsi, le fait que l'acte aut(entique ait été fait par un fonctionnaire qui n'avait pas les pouvoirs defaire un tel acte empêc(e de considérer le faux comme aut(entique, le faux sera $ugé commeE58ass. crim. >E@8ass. crim. nov. 4E6=EE8ass. crim. 4er $uin 4EA@4668ass. crim. 7 $anv. 4E764648our suprême, Gamc(urrn v G K 47=46E4658ass. crim., =6 $uin

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    ordinaire46>. +n ne peut alors parler de faux en écriture publique que si l'officier avait le pouvoir defaire l'acte dans le cas contraire, il s'agira d'un faux ordinaire.46@

    II. + odalités de la répression des infractions générales de faux et d'usage de faux ! " ersonnes punissables

    Lorsque plusieurs personnes ont concouru à la réalisation du faux et à son usage se pose la questionde la participation de c(acune d'entre elles aux infractions réalisées et de l'imputation de cesinfractions à ces personnes au titre d'auteurs, de coauteurs ou de complices. Lorsqu'une personne estauteur du faux utilisé par un autre individu, ces deux personnes sont toutes deux auteursrespectivement d'un faux et d'un usage de faux et non pas complices l'une de l'autre.

    (( sur l'auteur intellectuel ! En droit français ! 'agissant du faux, des difficultés d'imputations sont soulevées lorsqu'unindividu fait réaliser la falsification par un tiers. Si le tiers rédacteur de la déclaration est de bonnefoi, il éc(appe à toute répression sur le terrain du faux et le déclarant doit être considéré commel'auteur du faux. n revanc(e, si le tiers n'ignore pas la fausseté des déclarations, il devient auteurdu faux puisqu'il est celui qui réalise matériellement l'altération frauduleuse de la vérité. Le rTle dudéclarant est alors celui du complice46A qui agit par instruction ou provocation.:ourtant, d'autres $urisprudences de la c(ambre criminelle de la 8our de cassation assimile l'auteurintellectuel à l'auteur matériel de l'infraction de faux,467 celui qui fait fabriquer un écrit faux coop reau crime de faux à titre d'auteur, de même que celui qui a personnellement fabriqué l'écrit.46E "lsemble que le délit de faux peut être imputé aussi bien à celui qui alt re la vérité qu'à celui qui lafait altérer.

    En droit mauricien !La 8our suprême consid re que celui qui fait faire un faux est coupable d'unfaux, elle retient sa responsabilité au titre d'un auteur et non d'un complice.446La solution retenue estidentique à celle de la 8our de 8assation.

    (! " oursuites1) la prescription

    En droit français !Les infractions de faux444 et d'usage de faux44< ont été considérées comme desinfractions instantanées, le point de départ du délai de prescription de l'action publique est donc fixéau $our de réalisation de l'infraction instantanée, c'est-à-dire au $our de réalisation du faux44= ou au $our d'utilisation de la pi ce fausse pour l'usage de faux. &e fa on constante, la c(ambre criminellerefuse d'admettre le report du point de départ du délai de prescription de l'action publique au $our dedécouverte de la falsification par la victime445.

    &) ction ci"ile

    La personne qui peut invoquer un pré$udice certain personnel et direct découlant de la commissiondu faux ou de l'usage de faux peut se constituer partie civile ou $oindre son action civile à l'action

    46>8our suprême, :rocureur Kénéral v +livier 4E>646@8our suprême, Iassam v G 4E>E, UaPOee v G 4E@4, "bra(im v G 4E@>46A8ass. crim., 4A $anv.

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    publique déclenc(ée par le minist re public.

    (( sur le pré$udice en cas de faux en écriture pu%li-ue! En droit français !&ans un premier temps, la 8our de cassation a estimé que le faux en écriture publique ne pouvait porter atteinte qu'à la foi publique et à l'ordre social refusant de recevoir lesactions civiles en l3esp ce44>. :uis, la c(ambre criminelle a modifié sa position en considérant quede telles infractions étaient susceptibles de causer aussi un pré$udice personnel et direct aux partiesciviles.44@

    ) Concours de uali ications

    En droit français !Les qualifications de faux peuvent entrer en concours avec d'autres infractionsapplicables pour les mêmes faits notamment lorsque le faux est le mo%en utilisé pour commettreune autre infraction, comme l'escroquerie par exemple. ?n même fait est alors susceptible derecevoir deux qualifications pénales différentes ! apr s avoir considéré qu'il s'agissait d'un concoursidéal d'infractions obligeant à retenir la qualification pénale la plus (aute,44A désormais, la c(ambrecriminelle de la 8our de cassation approuve les $uges du fond qui retiennent le cumul desqualifications au motif que le faux et l'escroquerie sanctionnent la violation d'intérêts distincts etcomportent des éléments constitutifs différents.447

    44>8ass. crim.,