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EYB 2011-185053 – Résumé Cour supérieure Bélanger c. Québec (Ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs) 400-17-001703-087 (approx. 28 page(s)) 12 janvier 2011 Décideur(s) Ouellet, Suzanne Type d'action ACTION en injonction permanente. ACCUEILLIE. ACTION en nullité d'un certificat d'autorisation et d'avis de conformité. ACCUEILLIE. Indexation MUNICIPAL; AMÉNAGEMENT ET URBANISME; RÈGLEMENT DE ZONAGE; PERMIS ET CERTIFICATS; OFFICIERS MUNICIPAUX; SECRÉTAIRE-TRÉSORIER; avis de conformité délivrés par une municipalité qui atteste de la conformité d'un projet de sablière; interprétation des activités permises dans une zone résidentielle qui permet l'usage commercial, agricole et semi-industriel; ADMINISTRATIF; ACTES DE L'ADMINISTRATION; LICENCE ET PERMIS; CONTRÔLE JUDICIAIRE; POUVOIR DE SURVEILLANCE ET DE CONTRÔLE; NORME DE CONTRÔLE; détermination du délai raisonnable pour intenter un recours; certificat d'autorisation délivré par le ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs; Ministère induit en erreur Résumé Réjeane Bélanger, Serge Pinet et Robert Duchesneau (les demandeurs) demandent l'annulation du certificat d'autorisation délivré par le ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs en faveur de Bétonnière La Tuque inc. (Bétonnière). De plus, ils demandent l'annulation des avis de conformité délivrés par la municipalité de La Bostonnais en faveur de Nancy Giroux et de Luc Constant, lequel attestait la conformité d'un projet de sablière. Enfin, ils demandent une ordonnance à l'endroit de Bétonnière de ne pas entreprendre l'exploitation d'une sablière sur le terrain visé. Les défendeurs soulèvent un moyen d'irrecevabilité fondé sur la tardiveté du recours. Ils soutiennent que le délai de 64 jours écoulé entre la délivrance du certificat d'autorisation et la signification de la requête en nullité est déraisonnable. Le délai raisonnable de trente jours généralement applicable au recours en révision judiciaire n'est pas systématiquement appliqué à un recours en nullité et en injonction. Il appert de la preuve que les demandeurs ont suivi le dossier de près. Il était légitime d'attendre la fin du processus, soit la décision du Ministère et l'issue des démarches entreprises par la municipalité avant d'entreprendre un processus judiciaire. Même s'il fallait compter le délai à partir de la connaissance de la délivrance du certificat d'autorisation, le délai écoulé est de moins de soixante jours et est raisonnable eu égard à la nature du recours et des circonstances. En effet, les demandeurs n'étaient pas partie au processus de délivrance des certificats de conformité et du certificat d'autorisation. En conséquence, il appert que le recours fut entrepris dans un délai raisonnable et ce moyen Éditions Yvon Blais, une société Thomson Reuters. ©Thomson Reuters Canada Limitée. Tous droits réservés. Page 1

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EYB 2011-185053 – Résumé

Cour supérieureBélanger c. Québec (Ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs)400-17-001703-087 (approx. 28 page(s))12 janvier 2011

Décideur(s)Ouellet, Suzanne

Type d'actionACTION en injonction permanente. ACCUEILLIE. ACTION en nullité d'un certificatd'autorisation et d'avis de conformité. ACCUEILLIE.

IndexationMUNICIPAL; AMÉNAGEMENT ET URBANISME; RÈGLEMENT DE ZONAGE;PERMIS ET CERTIFICATS; OFFICIERS MUNICIPAUX; SECRÉTAIRE-TRÉSORIER;avis de conformité délivrés par une municipalité qui atteste de la conformité d'un projet desablière; interprétation des activités permises dans une zone résidentielle qui permet l'usagecommercial, agricole et semi-industriel; ADMINISTRATIF; ACTES DEL'ADMINISTRATION; LICENCE ET PERMIS; CONTRÔLE JUDICIAIRE; POUVOIR DESURVEILLANCE ET DE CONTRÔLE; NORME DE CONTRÔLE; détermination du délairaisonnable pour intenter un recours; certificat d'autorisation délivré par le ministère duDéveloppement durable, de l'Environnement et des Parcs; Ministère induit en erreur

RésuméRéjeane Bélanger, Serge Pinet et Robert Duchesneau (les demandeurs) demandentl'annulation du certificat d'autorisation délivré par le ministère du Développement durable, del'Environnement et des Parcs en faveur de Bétonnière La Tuque inc. (Bétonnière). De plus, ilsdemandent l'annulation des avis de conformité délivrés par la municipalité de La Bostonnaisen faveur de Nancy Giroux et de Luc Constant, lequel attestait la conformité d'un projet desablière. Enfin, ils demandent une ordonnance à l'endroit de Bétonnière de ne pasentreprendre l'exploitation d'une sablière sur le terrain visé.

Les défendeurs soulèvent un moyen d'irrecevabilité fondé sur la tardiveté du recours. Ilssoutiennent que le délai de 64 jours écoulé entre la délivrance du certificat d'autorisation et lasignification de la requête en nullité est déraisonnable. Le délai raisonnable de trente joursgénéralement applicable au recours en révision judiciaire n'est pas systématiquement appliquéà un recours en nullité et en injonction. Il appert de la preuve que les demandeurs ont suivi ledossier de près. Il était légitime d'attendre la fin du processus, soit la décision du Ministère etl'issue des démarches entreprises par la municipalité avant d'entreprendre un processusjudiciaire. Même s'il fallait compter le délai à partir de la connaissance de la délivrance ducertificat d'autorisation, le délai écoulé est de moins de soixante jours et est raisonnable euégard à la nature du recours et des circonstances. En effet, les demandeurs n'étaient pas partieau processus de délivrance des certificats de conformité et du certificat d'autorisation. Enconséquence, il appert que le recours fut entrepris dans un délai raisonnable et ce moyen

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d'irrecevabilité doit être rejeté.

Les défendeurs soutiennent que le directeur général et secrétaire-trésorier de la municipalitéaurait dû être assigné à la place de la municipalité. Il appert que les avis de conformitéattaqués en nullité sont la propriété de la municipalité et font partie de ses archives. Les avisde conformité émanent de la municipalité via le secrétaire-trésorier qui les signe en tantqu'officier municipal. Une fois signés, les avis de conformité constituent un acte municipalqui lie la municipalité au niveau du contenu. Enfin, le recours des demandeurs vise à faireconstater la nullité des avis et non à les révoquer. Il ne s'agit donc pas d'un recours qui vise àforcer le secrétaire-trésorier à faire un geste quelconque. Pour ces raisons, le moyend'irrecevabilité est non fondé et doit être rejeté.

Pour ce qui est de la norme de contrôle, ce litige ne se trouve pas dans la sphère d'expertise duMinistère et la Loi sur la qualité de l'environnement ne prévoit aucune clause privative. Ladécision du Ministère est donc assujettie au pouvoir de contrôle et de surveillance de la Coursupérieure. La norme de contrôle applicable est celle de la décision correcte tant pour les avisde conformité accordés par le secrétaire-trésorier que pour les certificats d'autorisationaccordés par le Ministère.

La zone en litige est qualifiée de zone résidentielle qui permet aussi un usage commercial,agricole et semi-industriel rattaché à la transformation primaire des ressources naturelles.Premièrement, il est clair que les zones résidentielles et commerciales n'autorisent pasexpressément l'exploitation d'une sablière. Deuxièmement, cela ne relève pas non plus d'uneactivité agricole parce qu'elle ne correspond pas à la définition prévue à la Loi sur le territoireagricole. La jurisprudence a également confirmé qu'une sablière est une activité non agricole.Troisièmement, l'exploitation d'une sablière ne constitue pas un usage spécifique permis auxactivités semi-industrielles rattachées à la transformation primaire des ressources naturelles.En effet, l'activité projetée par Bétonnière constitue une activité d'extraction de substancesminérales. Des activités de transformation des ressources naturelles sont autorisées, mais nond'extraction. Le projet de sablière sur la zone en litige contrevient donc au règlementmunicipal de zonageet les avis de conformité délivré pour ce projet sont conséquemmentillégaux et nuls. De ce fait, le certificat d'autorisation ne pouvait donc être délivré.Considérant que les usages permis dans la zone en litige ne permettent pas les sablières, lecertificat d'autorisation est nul parce qu'il contrevient au Règlement sur les carrières etsablières. En conséquence, les actions doivent être accueillies.

Suivi• Demande d'autorisation d'appel à la Cour suprême, no 35073, 15 novembre 2012• Appel accueilli, C.A. Québec, nos 200-09-007310-110, 200-09-007314-112, 17 septembre

2012, EYB 2012-211410Jurisprudence citée1. 9047-4784 Québec inc. c. Béchard, EYB 2007-115447, 2007 QCCS 710, J.E. 2007-1122

(C.S.)2. 114957 Canada ltée (Spraytech, Société d'arrosage) c. Hudson (Ville), [2001] 2 R.C.S. 241,

2001 CSC 40, REJB 2001-24833, J.E. 2001-13063. Ange-Gardien (Municipalité de) c. 3374751 Canada inc., EYB 2008-128375, 2008 QCCA

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57, J.E. 2008-268 (C.A.)4. Chertsey (Municipalité de) c. Québec (Ministre de l'Environnement), EYB 2008-133376,

2008 QCCS 1361, J.E. 2008-906 (C.S.)5. Coalition des citoyens et citoyennes du Val Saint-François c. Québec (Procureur général),

REJB 1999-10939, [1999] R.J.Q. 511, J.E. 99-530 (C.S.)6. Comité des citoyens de la Presqu'Île-Lanaudière c. Québec (Procureur général), EYB

2006-109252, 2006 QCCS 4861, J.E. 2006-1872 (C.S.)7. Dunsmuir c. Nouveau-Brunswick, [2008] 1 R.C.S. 190, 2008 CSC 9, EYB 2008-130674,

J.E. 2008-5478. Entreprises Gillivert inc. c. Saint-Paul de Joliette (Municipalité de), EYB 2008-134549,

[2008] R.D.I. 466, 2008 QCCA 1146, J.E. 2008-1292 (C.A.)9. Dupuis c. Montréal (Ville de), EYB 2009-162053, [2009] R.J.Q. 2049, 2009 QCCS 3381,

J.E. 2009-1490 (C.S.)10. Gestion Serge Lafrenière inc. c. Calvé, REJB 1999-11983, [1999] R.J.Q. 1313, J.E.

99-1019 (C.A.)11. Immeubles Port Louis ltée c. Lafontaine (Village), [1991] 1 R.C.S. 326, EYB 1991-67741,

J.E. 91-39512. Jacol Realty Holdings Incorporated/Placements immobiliers Jacol Inc. c. Gore

(Municipalité du Canton), EYB 1994-64890, [1995] R.L. 51, J.E. 94-470 (C.A.)13. Lévesque c. Groupe Ray Lacroix ltée, REJB 1997-598, J.E. 97-914 (C.A.)14. Québec (Commission de protection du territoire) c. Laplante, REJB 1996-71815, [1996]

R.J.Q. 581, J.E. 96-597 (C.A.)15. Rimouski (Ville de) c. Développements Vaillancourt inc., EYB 2009-162345, [2009] R.D.I.

457, 2009 QCCA 1475, J.E. 2009-1489 (C.A.)16. Saint-Michel-Archange (Municipalité) c. 2419-6388 Québec Inc., EYB 1992-63857, [1992]

R.J.Q. 875, J.E. 92-583 (C.A.)

Doctrine citée1. BEAULIEU, B, FERLAND, Y. et ROY, F., L'arpenteur-géomètre et les pouvoirs

municipaux en aménagement du territoire et en urbanisme, Cowansville, Éditions YvonBlais, 1995, xxix, 450 p., p. 114

2. DUSSAULT, R. et BORGEAT, L., Traité de droit administratif, 2e éd., t. 3, Québec,P.U.L., 1989, xviii, 1342 p., p. 663-683

3. GIROUX, L., Aspects juridiques du règlement de zonage au Québec, Québec, P.U.L., 1979,p. 2

4. LECHASSEUR, M.-A., Zonage et Urbanisme en droit municipal québécois, 2e éd.,Montréal, Wilson & Lafleur, 2009, 530 p., p. 57,58

Législation citée1. Charte des droits et libertés de la personne, L.R.Q., c. C-12, art. 46.12. Code de procédure civile, L.R.Q., c. C-25, art. 333. Code municipal du Québec, L.R.Q., c. C-27.1, art. 175, 179, 199

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4. Loi sur l'aménagement et l'urbanisme, L.R.Q., c. A-19.1, art. 2465. Loi sur la protection du territoire et des activités agricoles, L.R.Q., c. P-41.1, art. 16. Loi sur la qualité de l'environnement, L.R.Q., c. Q-2, art. 96, 1247. Loi sur les mines, L.R.Q., c. M-13.1, art. 8, 1408. Règlement municipal de zonage no 4-89, Municipalité de la Bostonnais, art. 2.4, 2.4.1,

2.4.2, 2.6.1, 3.2.1, 3.2.2, 4.10, 5.1.1, 5.1.2, 6.4.1, 8.4, 8.4.1, 9.19. Règlement relatif à l'application de la Loi sur la qualité de l'environnement, (1993) 125

G.O. II, 7766, art. 8, 8 al. 1, 8 al. 310. Règlement sur les carrières et sablières, R.R.Q., 1981, c. Q-2, r. 2 [c. Q-2, r. 7], art. 1s), 2,

3l), 10

Date de mise à jour : 28 novembre 2012Date de dépôt : 15 avril 2011

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1.Pièce P-1.2.Pièce D-3.

EYB 2011-185053 – Texte intégral

Cour supérieureCANADAPROVINCE DE QUÉBECDISTRICT de Trois-Rivières400-17-001703-087

DATE : 12 janvier 2011

EN PRÉSENCE DE :Suzanne Ouellet , J.C.S.

Réjeane Bélanger, Serge Pinet et Robert DuchesneauDemandeursc.Ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs, Municipalité de LaBostonnais, Bétonnière La Tuque inc., Nancy Giroux et Luc ConstantDéfendeursetProcureure générale du QuébecMise en cause

Ouellet J.C.S. :–

Le contexte1 Le 12 mai 2008, le ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs(ci-après le ministère) émet un certificat d'autorisation en faveur de Bétonnière La Tuque inc.À la suite de votre demande de certificat d'autorisation datée du 19 février 2008, reçue le 25mars 2008 et complétée le 1er mai 2008, j'autorise, conformément à l'article 22 de la Loi surla qualité de l'environnement (L.R.Q., chapitre Q-2), le titulaire mentionné ci-dessus àréaliser le projet décrit ci-dessous:exploitation d'une sablière d'une superficie de 6500 mètres carrés, avec activité deconcassage sur une période totale de vingt jours, situé sur le lot 38B-ptie du rangNord-Ouest, canton de Bourgeoys, dans la municipalité de La Bostonnais faisant partie del'agglomération de la Ville de La Tuque.»1

2 Ce certificat a été modifié le 5 mai 2009, mais l'activité autorisée demeurait la même.2

3 Les demandeurs présentent une requête en nullité et injonction.

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4 Par un jugement du 3 septembre 2008, rectifié le 22 septembre 2008, l'Honorable RobertDufresne, j.c.s. émettait une injonction interlocutoire pour valoir jusqu'à jugement final sur larequête introductive.

5 Le Juge Dufresne ordonnait à la défenderesse Bétonnière La Tuque Inc. et ses représentants dene pas entreprendre l'exploitation et, le cas échéant, de cesser l'exploitation d'une sablière, desactivités de concassage ainsi que tous les travaux préparatoires à l'exploitation d'une sablière surle lot 38 B au cadastre officiel du Rang Nord-Ouest, canton de Bourgeoys, circonscriptionfoncière de La Tuque.

6 Au stade de l'injonction permanente, les demandeurs demandent :

1.l'annulation du certificat d'autorisation portant le numéro 7610-04-01-06009-01 délivré le12 mai 2008 et modifié le 5 mai 2009 par le ministère du Développement durable, del'Environnement et des Parcs en faveur de Bétonnière La Tuque inc.;

2.l'annulation des avis de conformité délivrés les 13, 14 et 26 février 2008 par la Municipalitéde la Bostonnais en faveur des défendeurs Giroux et Constant, lequel attestait la conformitéd'un projet de sablière dans la zone AF6;

3.une ordonnance à l'endroit de Bétonnière La Tuque Inc. ainsi qu'à ses administrateurs,employés, mandataires, représentants, sous-traitants et ayants droit de ne pas entreprendrel'exploitation et, le cas échéant, de cesser l'exploitation d'une sablière, exploitation d'activitésde concassage ainsi que tous les travaux préparatoires à l'exploitation d'une sablière sur le lot38 B au cadastre officiel du Rang Nord-Ouest, Canton de Bourgeoys;

4.une réserve de recours contre les défendeurs pour les dommages pouvant découler de ladélivrance illégale des avis de conformité, du certificat d'autorisation et de l'exploitation d'unesablière sur le lot 38 B;

5.l'exécution provisoire du jugement;

6.la mainlevée du cautionnement de 3 000 $;

7.les dépens.

Analyse et décision

Les moyens d'irrecevabilité

Le délai raisonnable7 La Procureure générale du Québec et les défendeurs soulèvent un moyen d'irrecevabilité fondésur la tardivité du recours. Ils invoquent que le délai de 64 jours écoulé entre la délivrance du

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3.René DUSSAULT et Louis BORGEAT, Traité de droit administratif, 2e éd., Tome III, Québec: P.U.M. 1989, p.663-683.4.Immeubles Port Louis Ltée c. Lafontaine (Village), [1991] 1 R.C.S. 326.5.Comité des citoyens de la Presqu'Ile Lanaudière c. Québec (Procureur Général), 2006 QCCS 4861, par. 47;Dupuis c. Montréal (Ville de), 2009 QCCS 3381, par. 40-46.6.Acte de vente du 7 juillet 1995, pièce P-2.7.Titre de propriété de Robert Duchesneau, pièce P-3.

certificat d'autorisation et la signification de la requête en nullité et injonction est déraisonnable.

8 Voyons les principes applicables.

9 «La notion de délai raisonnable est [...] très étendue. Elle laisse «au juge un large pouvoirdiscrétionnaire»3. Dans son appréciation, il doit :[...] Tenir compte de la nature de l'acte attaqué, de la nature de l'illégalité commise et sesconséquences, et d'autre part, des causes du délai entre l'acte attaqué et l'institution del'action. La nature du droit invoqué est un facteur pertinent à l'exercice de la discrétion, maisil n'est pas le seul. Il y a lieu aussi d'évaluer le comportement du demandeur.»4

10 Le délai raisonnable de trente jours généralement applicable au recours en révision judiciairen'est pas systématiquement appliqué à un recours en nullité et injonction :[47] Comme la requête introductive d'instance du Comité demandeur invoque à la fois lanullité du décret et de l'autorisation attaqués, l'abus et l'excès de pouvoir et des irrégularitéset illégalités, elle ne saurait être assimilée à une simple requête en révision judiciaire àl'encontre d'une décision d'un tribunal administratif dans le cadre d'un litige déjà engagéentre les parties. C'est dans ce contexte que la jurisprudence a tout naturellement dégagél'exigence d'un délai raisonnable équivalent à un délai d'appel pour instituer le recours enrévision judiciaire. Cette notion de délai raisonnable, faut-il le répéter, est inapplicable enl'espèce et le recours en nullité du Comité demandeur ne saurait être taxé de tardif.» 5

(soulignement ajouté)

11 Voyons les faits.

12 Le 7 juillet 1995, les demandeurs Bélanger et Pinet achètent une partie du lot 40 situé dans lamunicipalité de La Bostonnais6. S'y trouvent une résidence, un garage et une écurie.

13 Par cette acquisition, ils désiraient procurer à leurs enfants les bénéfices de la campagne etprendre leur retraite à cet endroit.

14 Depuis 1995, les demandeurs Bélanger et Pinet ont amélioré leur propriété qui est située àenviron 1 kilomètre de la route.

15 Le demandeur, Robert Duchesneau, est propriétaire du lot 39 sur lequel se trouve uneroulotte qu'il habite occasionnellement.7

16 Le lot 38-B est la propriété de la défenderesse Nancy Giroux. Cette dernière est égalementune employée de la municipalité.

17 La distance entre le lot des demandeurs Bélanger et Pinet et celui de Madame Giroux est

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8.Procès-verbal de l'assemblée du conseil municipal du 14 janvier 2008, pièce P-12.9.Lettre P-5.10.Pièce P-5.11.Interrogatoire après défense de Réjeanne Bélanger du 1er décembre 2008, pièce MLB-6, p. 39-40.

d'environ 850 pieds.

18 Fin 2007 ou début 2008, Madame Bélanger eut vent qu'un projet de sablière était en cours.

19 Le 14 janvier 2008, les demandeurs Pinet et Bélanger assistent à une assemblée du conseilmunicipal. Il ressort du procès-verbal de l'assemblée que le conseil n'est pas au courant du projet8:Monsieur Pinet s'interroge sur les industries qui veulent s'implanter dans notre municipalitéil demande vu qu'on a un beau grand territoire pour accueillir ces gens est-ce qu'ils vont s'envenir n'importe quand ou n'importe où?

Le conseiller Philippe répond ici le règlement à La Bostonnais je ne le connaît(sic) pas maisont(sic) va chercher l'informations(sic) avant d'agir.

La mairesse Chantal répond que si nous avons des demandes c'est le comité du CCU qui vase pencher sur le dossier.

Le conseiller Philippe demande à monsieur Pinet est ce que vous avez entendu parler dequelque chose?

Monsieur Pinet répond oui mais je n'en parle pas en publique(sic).

20 Suite à cette assemblée, le conseiller Philippe Huard rencontre le couple Bélanger-Pinet. Ilreprésente alors qu'il ferait de plus amples recherches sur le projet.

21 Le 17 janvier 2008, la défenderesse Giroux formule à la municipalité une demande afin d'êtreautorisée à opérer une sablière9.

22 Vers le 5 février 2008, Madame Bélanger contacte l'inspectrice municipale qui confirme lademande de Madame Giroux10.

23 Madame Bélanger fait une plainte que l'inspectrice prend par écrit. Aucune copie n'est remiseà Madame Bélanger11.

24 Au cours de l'assemblée du conseil du 11 février 2008, le demandeur Pinet intervient. Voicil'extrait du procès-verbal de l'assemblée sur le sujet :Monsieur Pinet revient à la charge sur la qualité de vie à La Bostonnais et aimerait connaîtrel'évolution du dossier de la sablière. Un bref résumé lui est transmis relativement aucheminement du dossier et on l'informe que les citoyens devront se prononcer sur le devenirde la municipalité. La position du conseil en est une d'ensemble et elle sera gérée par uneréglementation appropriée. À cet effet, la maire suppléante fait état de la rencontre tenueavec le procureur de ville de La Tuque.

Monsieur Pinet aurait aimé que le conseil statue dès ce soir pour bloquer tout projet enmatière de sablière. Pour l'instant, il se sent menacé.

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12.Procès-verbal de l'assemblée du conseil municipal du 11 février 2008, pièce P-22, p. 11.13.Pièce MLB-5, p. 11-12.14.Pièce P-6 en liasse.

Monsieur Gagnon comprend la position de Monsieur Pinet et ajoute que le conseil doitprotéger ses citoyens contre certains grands projets, genre méga porcherie. Il est donc d'avisque le conseil statue le plus rapidement possible en matière de réglementation.»12

25 Après la réunion, le défendeur Luc Constant, conjoint de Madame Giroux, explique le projetaux demandeurs Pinet et Bélanger. Il représente qu'il s'agit plutôt d'un projet de constructionrésidentielle et que l'inspectrice municipale a conseillé un permis de sablière compte tenu desexigences reliées à un permis de construction résidentielle.

26 Interrogé après défense le 1er décembre 2008, le demandeur Duchesneau corrobore :R. Moi, j'ai le dix (10) de février, j'ai été rencontrer monsieur Luc Constant, conjoint àNancy Giroux. En premier, j'ai appelé Nancy étant donné qu'on se connaissait par lamunicipalité. Elle, elle recevait des taxes. Alors, je l'avais connue là, alors j'ai prix la peinede l'appeler pour lui demander quels étaient ses projets concernant la gravelière sablière àcôté de chez nous. Inutile de vous dire q'elle était très fâchée puis elle m'a demandé oùest-ce qu'était la fuite à la municipalité concernant les dires que je faisais.Q.Qu'est-ce que vous lui avez répondu?

R.Moi, j'ai répondu, bien je n'ai pas à te donner mes sources pour tout de suite, je veuxconnaître vraiment tes intentions. Est-ce que je peux te rencontrer aujourd'hui? Ça c'était undimanche. Elle, elle me dit non qu'elle n'a pas le temps puis ça ne fait pas son affaire. Faitqu'elle dit, moi je ne rallonge pas la conversation. Elle a raccroché. Quelques minutes après,elle me rappelle puis elle me demande à nouveau qu'est-ce que c'est mes informa..., où j'avaispris mes informations, puis si j'étais intéressé de rencontrer son conjoint, Luc Constant, ilserait disponible. Alors, moi puis ma conjointe, on a été rencontrer Luc Constant. Puis là ilnous a expliqué que c'était pour, il avait demandé un permis de sablière et gravelière pour êtrecapable de se construire dans deux (2), trois (3) ans, puis que si je voulais aller visiter leslieux, je pouvais y aller avec lui puis ma conjointe. [...]».13

27 Le 14 février 2008, le directeur général et secrétaire-trésorier Jacques Hamel écrit à madameGiroux :Même si votre demande a trait à l'opération d'une sablière, vous avez admis qu'il s'agissaitd'un moyen pour vous de préparer votre lot pour l'érection de votre résidence et c'est dans cecontexte que l'inspectrice municipale est intervenue et le conseil municipal traite cedossier».14

28 Vers le 15 février 2008, Madame Bélanger rencontre Monsieur Riberdy, propriétaire deBétonnière La Tuque Inc.

29 Il lui confirme qu'il a reçu des «papiers» de la municipalité. Il s'agit en fait de l'avis de

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15.Id.16.Pièce P-1.17.Pièce P-13.18.Interrogatoire après défense de Réjeane Bélanger du 1er décembre 2008, pièce MLB-6, p. 80-81.19.Pièce P-12.20.Pièce P-14.21.Pièce P-15.22.Pièce P-16.

conformité émis le 14 février 2008.15

30 Vers le 19 février 2008, Madame Bélanger entame ses démarches auprès du ministère.

31 Peu avant la réunion du conseil de mars 2008, elle est informée par la mairesse suppléante,Chantal St-Louis, qu'un avis juridique est demandé aux procureurs de la municipalité.

32 Entre mars et mai 2008, Madame Bélanger rencontre le directeur général etsecrétaire-trésorier, Jacques Hamel, qui lui représente toujours qu'il cherche une solution.

33 Le 12 mai 2008, le certificat d'autorisation est délivré par le ministère à Bétonnière La Tuqueinc.16. Madame Bélanger l'apprend vers le 20 mai 2008.

34 Le 21 mai 2008, Madame Bélanger rencontre les conseillers, à l'exception de MonsieurHuard. Le directeur général et secrétaire-trésorier Hamel, la mairesse suppléante, MessieursRobert Duchesneau et Pinet sont également présents.

35 Madame Bélanger présente ses arguments en remettant copie de son dossier à chacun desmembres du conseil.

36 Le conseil représente qu'il soumettra le dossier aux procureurs de la municipalité.

37 Le 22 mai 2008, Madame Bélanger rencontre Serge Lévesque du ministère pour lui faire partde sa position. Elle confirme s'opposer au projet dans une lettre du 30 mai 2008.17

38 Lors d'une rencontre du 2 juin 2008, le directeur général et secrétaire-trésorier Hamelsuggère à Madame Bélanger de faire une pétition et lui confirme que l'avis juridique demandé estattendu.

39 De fait, la pétition est déposée à la municipalité le 9 juin 2008.18

40 Quelques jours après, la municipalité reçoit l'avis juridique, mais n'en divulgue pas lecontenu à Madame Bélanger. C'est alors qu'elle mandate officiellement ses procureurs pourentreprendre les procédures.

41 S'ensuit une série de mises en demeure :12-06-08 mise en demeure à la municipalité19

17-06-08 mise en demeure au ministère20

17-06-08 mise en demeure à Bétonnière La Tuque Inc.21

17-06-08 mise en demeure à Madame Nancy Giroux et Luc Constant.22

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23.Pièce P-13 : L'avis de conformité reçu le 10 avril 2008 est daté du 26 février 2008.

42 Le 18 juin 2008, Serge Lévesque du ministère écrit à Madame Bélanger :Madame,

Nous avons pris connaissance de votre lettre du 30 mai 2008 et désirons vous faire part desrenseignements suivants:Lors de la présentation de la demande de certificat d'autorisation pour l'exploitation de lasablière mentionnée en objet, un avis municipal a été fourni. Cet avis, daté du 14 février 2008,indique que le projet est conforme au règlement 4.89 de la Municipalité. Un tel avis n'étantpas satisfaisant, il a été demandé au promoteur de fournir un nouvel avis indiquant que leprojet ne contrevient à aucun règlement municipal. Nous avons reçu un nouvel avis conformele 10 avril 2008. Vous trouverez ci-joint copie de ces deux avis.

Vous êtes informée que le territoire où est situé le projet de la sablière en cause est zonéagroforestier par la Municipalité. Le Règlement sur les carrières et sablières n'interdit pasl'établissement d'une sablière dans un territoire zoné agroforestier.

Lorsqu'un projet assujetti à l'obtention préalable d'un certificat d'autorisation en vertu de laLoi sur la qualité de l'environnement est conforme à la réglementation et aux normesapplicables, nous devons délivrer le certificat d'autorisation demandé.

L'article 145.33 de la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme auquel vous faites référence dansvotre lettre impose à la Municipalité des obligations particulières dans le cas où celle-ci doitstatuer sur un usage conditionnel. Il ne vise aucunement la délivrance des certificatsd'autorisation en vertu de la Loi sur la qualité de l'environnement.

L'information dont nous disposons actuellement nous amène à conclure que le certificatd'autorisation pour l'exploitation d'une sablière sur le lot 38 B-ptie du rang Nord-Ouest, dansle canton de Bourgeoys de la municipalité de La Bostonnais, a été délivré conformémentaux règles en vigueur.

En terminant, nous tenons à vous assurer que vos remarques au sujet de l'attitude du chargéde dossier ont été prises en considération et que les suites appropriées ont été données. [...]».23

43 Le 27 juin 2008, les procureurs de la municipalité répondent à la mise en demeure du 12 juin2008.

44 La requête introductive est signifiée le 15 juillet 2008.

45 La preuve révèle que les demandeurs ont suivi le dossier de près. Dès février 2008, MadameBélanger déposait une plainte à la municipalité. Il y a eu des discussions avec le directeur généralet secrétaire-trésorier Hamel, la mairesse suppléante St-Louis, un avis juridique fourni à lamunicipalité après le 9 juin 2008, etc.

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24.Pièce P-24.25.Interrogatoire après défense de Réjeane Bélanger du 1er décembre 2008, pièce MLB-6, p. 70.26.Id., p. 80-81.27.Interrogatoire de Réjeane Bélanger du 1er décembre 2008, pièece MLB-6, p.90.28.Mises en demeure des 12 et 17 juin 2008.29.Interrogatoire après défense de Réjeane Bélanger du 1er décembre 2008, pièce MLB-6, p. 84.

46 Le 30 mai 2008, Madame Bélanger écrit à Serge Lévesque du ministère24. Dans sa lettre, ellefait allusion à leur rencontre du 22 mai 2008 et à leur conversation téléphonique du 29 mai 2008.

47 Les interventions des demandeurs au niveau politique leur donnaient espoir.

48 Par sa collaboration jusqu'en juin 2008, la municipalité contribuait à entretenir cet espoir. Àce titre, madame Bélanger affirme :R. [...] depuis début janvier que nous on avait fait des démarches, moi et mon conjoint, puisque là le onze (11) de février le conseil aurait dû prendre position et monsieur Hamelm'avait bien dit de lui faire confiance parce qu'il dit, moi je ne peux pas vous donner laposition du conseil, sauf qu'il dit que l'enlignement du conseil vous est favorable. Fait qu'ilm'avait dit, faites-moi confiance.»25

[...]

R. ... écoutez, je me doutais par rapport à tout le comporte..., au fil des temps on a toujourspensé, en tout cas, moi j'ai toujours pensé qu'en quelque part la municipalité, tu sais, jepensais qu'elle était avec moi, tu sais, qu'elle était dans..., semblait toujours s'informer pournous pour essayer puis, c'est ça, ils nous avaient demandé de faire une pétition, d'amener del'information, fait que c'est sûr, à un moment donné je me suis aperçu qu'il n'y avait pascomme débouché autre que la sablière elle avançait. [...]».26

49 L'espoir s'est estompé en juin 2008 de façon concommitante à la tombée de l'avis juridique àla municipalité, la lettre du ministère du 18 juin 2008 et l'inertie de la municipalité suite au dépôtde la pétition.R. ...c'est là que j'ai voulu consulter, ça c'est au mois de juin, j'ai voulu consulter maîtreLalonde. Je suis allée montrer mon dossier à maître Lalonde.

Q. Maître Lalonde. Au mois de juin, savez-vous exaxtement quelle date?

R. Le seize (16) juin. Parce que je voyais que la municipalité ça ne bougeait pas, même avecla pétition que je leur avais faite à leur demande.»27

50 On ne peut faire reproche aux demandeurs d'avoir entretenu cet espoir jusqu'en juin 2008,moment de l'impasse totale. Le processus préalable à la judiciarisation est alors immédiatemententrepris.28

51 Le recours est entrepris le 15 juillet 2008, moins de vingt jours après la réponse à la mise endemeure par les procureurs de la municipalité le 27 juin 2008.

52 Par ailleurs, le certificat d'autorisation fut émis par le ministère le 12 mai 2008 et porté à laconnaissance de la demanderesse Bélanger vers le 20 mai 2008.29

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30.Coalition des citoyens et citoyennes Duval St-François c. Québec (Procureur Général), [1999] R.J.Q. 511, p.525-526.31.2009 QCCS 3381.32.R.R.Q., c. Q-2, r.2.33.Rimouski (Ville de ) c. Les Développements Vaillancourt Inc., 2009 QCCA 1475, par. 31.

53 Jusqu'au 12 mai 2008, rien n'était encore décidé par les autorités gouvernementales.30

54 Le ministère, par son représentant Serge Lévesque, a même poursuivi les discussions avec lademanderesse Bélanger. Sa lettre du 30 mai 2008 et la réponse du 18 juin 2008 de MonsieurLévesque le démontrent.

55 Il était légitime, voire sage, d'attendre la fin du processus, soit la décision du ministère (mai2008) et l'issue des démarches entreprises par la municipalité (juin 2008).

56 Comme dans l'affaire Dupuis c. Montréal (Ville de) :[43] D'une part, le Tribunal n'est pas convaincu qu'il serait approprié ici d'exiger que lerecours soit intenté dès que le citoyen a connaissance de la zone délimitée par lamunicipalité pour la consultation sans même attendre l'issue de la procédure; il semble plusraisonnable d'attendre que le conseil de la municipalité décide s'il adopte ou non ladisposition susceptible d'approbation référendaire. Dans le présent cas, le règlement estdevenu exécutoire à la fin de septembre et le recours a été intenté à la fin de novembre, cequi ne semble pas un délai déraisonnable. 31 (soulignement ajouté)

57 Enfin, par leur recours en nullité, les demandeurs plaident les contraventions au Règlementsur les carrières et sablières32 et au Règlement de zonage de la municipalité. Ils invoquent lanullité des avis de conformité et du certificat d'autorisation.

58 Même s'il fallait computer le délai à partir de la connaissance de l'émission du certificatd'autorisation, le délai écoulé est de moins de soixante jours et est raisonnable eu égard à lanature du recours et des circonstances qui se résument ainsi :

les demandeurs n'étaient pas partie au processus de délivrance des certificats de conformité etdu certificat d'autorisation;

par leur recours, ils n'attaquent pas une décision d'un tribunal administratif dans le cadre d'unlitige où ils étaient parties;

le comportement des représentants de la municipalité entre février et juin 2008;

la position définitive des procureurs de la municipalité transmise le 27 juin 2008;

59 Le Tribunal conclut que le recours fut entrepris dans un délai raisonnable et ce moyend'irrecevabilité est rejeté.33

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34.c. Q-2, r. 1.001.35.Pièce P-9.

L'irrecevabilité du recours contre la municipalité60 Les défendeurs font valoir que le directeur général et secrétaire-trésorier Hamel aurait dû êtreassigné au lieu de la municipalité ou à tout le moins être partie au débat.

61 Le secrétaire-trésorier est un officier municipal en vertu de l'article 179 du Code municipal :179. Toute municipalité doit avoir un officier préposé à la garde de son bureau et de sesarchives. Cet officier est désigné sous le nom de «secrétaire-trésorier».

62 Par ailleurs, l'article 199 du Code municipal prévoit :199. Le secrétaire-trésorier a la garde de tous les livres, registres, plans, cartes, archives etautres documents et papiers qui sont la propriété de la municipalité ou qui sont produits,déposés et conservés dans le bureau de la municipalité. Il ne peut se désister de lapossession de ces archives qu'avec la permission du conseil, ou sur l'ordre d'un tribunal.

63 Les avis de conformité attaqués en nullité sont donc la propriété de la municipalité et fontpartie de ses archives.

64 De par leur libellé et en vertu de l'article 8 du Règlement relatif à l'application de la Loi surla qualité de l'environnement34, les avis de conformité émanent de la municipalité via lesecrétaire-trésorier qui les signe en tant qu'officier municipal :8. Celui qui demande un certificat d'autorisation doit également fournir au ministre uncertificat du greffier ou du secrétaire-trésorier d'une municipalité locale ou, s'il s'agit d'unterritoire non organisé, d'une municipalité régionale de comté, attestant que la réalisation duprojet ne contrevient à aucun règlement municipal. [...]».

65 Une fois signés, les avis de conformité constituent «un acte municipal» qui lie la municipalitéau niveau du contenu, de la portée et des conséquences juridiques à l'endroit des tiers. L'article175 du Code municipal prévoit :175. La municipalité est responsable des actes de ses officiers dans l'exécution des fonctionsauxquelles ces derniers sont employés, [...]».

66 Enfin, le recours des demandeurs vise à faire constater la nullité des avis et non à lesrévoquer. Aussi, il ne s'agit pas d'un recours qui vise à forcer le secrétaire- trésorier à émettre unautre avis ou à poser un geste quelconque.

67 Pour ces raisons, le moyen d'irrecevabilité est non fondé et rejeté.

La norme de contrôle applicable68 D'abord, le litige soulève des questions de droit. Entre autres :

l'interprétation du règlement de zonage no 4-89 de la municipalité35;

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36.R.R.Q., c.Q-2, r.2.37.L.R.Q., c.A-19.1.38.R.R.Q., C.Q-2, r.1.001.39.L.R.Q., c.M-13.1.40.J.E. 2008-906 (C.S.).41.Id., par. 55.42.Art. 96 de la Loi sur la qualité de l'environnement.43.Art. 33 C.p.c. Sur l'absence de clause privative, voir également 9047-4784 Québec Inc. c. Béchard, 2007 QCCS710, par. 64 à 67.

l'application et l'interprétation de l'article 10 du Règlement sur les carrières et sablières36 parrapport au Règlement de zonage;

l'application et l'interprétation de l'article 246 de la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme37par rapport à l'article 10 du Règlement sur les carrières et sablières;

l'application et l'interprétation de l'article 8 du Règlement relatif à l'application de la Loi surla qualité de l'environnement38,

l'impact de certaines dispositions de la Loi sur les mines39.

69 Deuxièmement, à l'instar de l'affaire Chertsey (Municipalité de) c. Québec (Ministère del'Environnement)40, l'expertise du ministère ne peut être reconnue en regard de la nature desquestions soulevées :[58] Quant à l'expertise du ministère de l'Environnement, l'on peut penser qu'il possède uneexpertise reconnue en matière d'environnement, mais moindre s'il est questiond'aménagement et d'urbanisme. La réserve est donc moins grande dans un tel cas. Dans lamesure où le litige commande l'interprétation des dispositions législatives et règlementairesen cause, le litige implique indéniablement des questions de droit.»41

70 La solution du litige ne se trouve donc pas dans la sphère d'expertise du ministère.

71 Troisièmement, même si la décision du ministère relativement à l'émission d'un certificatd'autorisation en vertu de la Loi sur la qualité de l'environnement n'est pas sujette à appel42, cetteLoi ne prévoit aucune clause privative.

72 La décision du ministère est donc assujettie au pouvoir de contrôle et de surveillance de laCour supérieure43.

73 Ces arguments valent pour la municipalité lorsqu'il s'agit d'évaluer la légalité des avis deconformité émis par son secrétaire-trésorier.

74 Pour ces motifs, la norme de contrôle applicable est celle de la décision correcte tant pour lesavis de conformité émis par le secrétaire-trésorier que pour les certificats d'autorisation émis par

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44.Dunsmuir c. Nouveau-Brunswick[2008] 1 R.C.S. 190, par. 50.

le ministère.

75 Il y a lieu de faire l'exercice proposé à cet effet dans l'arrêt Dunsmuir :[50] S'il importe que les cours de justice voient dans la raisonnabilité le fondement d'unenorme empreinte de déférence, il ne fait par ailleurs aucun doute que la norme de la décisioncorrecte doit continuer de s'appliquer aux questions de compétence et à certaines autresquestions de droit. On favorise ainsi le prononcé de décisions justes tout en évitantl'application incohérente et irrégulière du droit. La cour de révision qui applique la norme dela décision correcte n'acquiesce pas au raisonnement du décideur; elle entreprend plutôt sapropre analyse au terme de laquelle elle décide si elle est d'accord ou non avec la conclusiondu décideur. En cas de désaccord, elle substitue sa propre conclusion et rend la décision quis'impose. La cour de révision doit se demander dès le départ si la décision du Tribunaladministratif était la bonne.»44

2.3 Le mérite du recours2.3.1 La validité des avis de conformité émis par le secrétaire-trésorier directeurgénéral.

76 Les 13, 14 et 26 février 2008, la municipalité, par son secrétaire-trésorier Jacques Hamel,émet les trois avis de conformité suivants :Avis du 13 février 2008:

5. Nature du projet :- Sablière6. Zonage : Agroforestier AF6(Ra,Rb,Rm,Rs,Cr,Ag)7. Le projet ci-haut mentionné est conforme:

OUI NON

- Au règlement municipal 4.89 X8. Remarques : 1. Cet avis ne dispense pas le requérant

d'obtenir toute autre autorisation requisepour toute loi ou tout règlement le caséchéant.2. Une zone tampon boisée d'une largeurd'au moins dix mètres devra être établie etmaintenue entre les limites de la sablière ettout autre terrain voisin.3. Toute excavation du sol est interdite àproximité des territoires d'intérêt incluant lecorridor (60 mètres) de la route 155 nord.

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4. Lors d'opération de concassage, lesheures permises sont du lundi au vendredide 8 heures à 17 heures excluant les joursfériés. Ces opérations sont autorisées pour20 jours au total pendant la périodecouverte du permis. Pièce P-6.

Avis du 14 février 2008 :

5. Nature du projet :- Sablière6. Zonage : Agroforestier AF6(Ra,Rb,Rm,Rs,Cr,Ag)7. Le projet ci-haut mentionné est conforme:

OUI NON

- Au règlement municipal 4.89 X8. Remarques : 1. Cet avis ne dispense pas le requérant

d'obtenir toute autre autorisation requisepar toute loi ou tout règlement le caséchéant.2. Une zone tampon boisée d'une largeurd'au moins dix mètres devra être établie etmaintenue entre les limites de la sablière ettout autre terrain voisin.3. Toute excavation du sol est interdite àproximité des territoires d'intérêt incluant lecorridor (60 mètres) de la route 155. PièceP-7.

Avis du 26 février 2008 :

5. Nature du projet :- Sablière6. Zonage : Agroforestier AF6(Ra,Rb,Rm,Rs,Cr,Ag)7. Le projet ci-haut mentionné est conforme:

OUI NON

X- Le projet de sablière sur le lot P-38

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appartenant à Mme Nancy Giroux, necontrevient à aucun règlement municipal.8. Remarques : 1. Cet avis ne dispense pas le requérant

d'obtenir toute autre autorisation requisepar toute loi ou tout règlement le caséchéant.2. Une zone tampon boisée d'une largeurd'au moins dix mètres devra être établie etmaintenue entre les limites de la sablière ettout autre terrain voisin.3. Toute excavation du sol est interdite àproximité des territoires d'intérêt incluant lecorridor (60 mètres) de la route 155 nord.4. Lors d'opération de concassage, lesheures permises sont du lundi au vendredide 8 heures à 17 heures excluant les joursfériés. Ces opérations sont autorisées pour20 jours au total pendant la périodecouverte du permis. Pièce P-8.

77 La grille des usages et normes annexée au Règlement dans la zone AF6 prévoit les usagessuivants :Résidentielunifamilial (Ra)

bifamilial (Rb)

maison mobile (Rm)

saisonnier (Rs)

Commercial

- rural (Cr) (6.4.1)

Agricole (Ag)

Usage spécifiquement permis (X3)activités semi-industrielles rattachées à la transformation primaire des ressources naturelles.

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48.Règlement de zonage no. 4-89, pièce P-11 extrait du plan de zonage, pièce p-9.

78 L'article 10 du Règlement sur les carrières et sablières édicte :10. Zonage : Il est interdit d'établir une nouvelle carrière ou une nouvelle sablière dont l'aired'exploitation est située dans un territoire zoné par l'autorité municipale pour finsrésidentielles, commerciales ou mixtes (commerciales-résidentielles). Il est pareillementinterdit d'établir une nouvelle carrière à moins de 600 m d'un tel territoire ou d'établir unenouvelle sablière à moins de 150 m d'un tel territoire.

79 À la lumière de la grille, la zone AF6 est qualifiée de zone résidentielle qui permet aussi unusage commercial. S'il s'agissait des seuls usages permis, elle serait sans conteste protégée parl'article 10 du Règlement. Par contre, la zone AF6 permet deux autres usages reliés au litige :agricole (Ag) et les activités semi-industrielles rattachées à la transformation primaire desressources naturelles. Il ne s'agit pas de territoire zoné «aux fins» prévues à l'article 10 duRèglement.

80 Les défendeurs plaident ainsi que le projet de sablière, parce que situé en zone«agroforestière», ne constitue pas «un territoire zoné pour fins résidentielles, commerciales oumixtes» et ne bénéficie pas de la protection prévue à l'article 10 du Règlement.

81 Le tribunal ne partage pas cet avis.

82 L'application de l'article 10 du Règlement commande l'interprétation des dispositions duRèglement de zonage dans leur ensemble. Le Règlement comprend la «grille des usages etnormes» se trouvant en annexe et les usages sont décrits au Règlement de zonage.

83 Le sens de l'expression «territoire zoné» utilisée à l'article 10 est indissociable des usagespermis dans les différentes zones protégées (résidentielles, commerciales ou mixtes) parce que ladescription de ceux-ci fait partie intégrante du Règlement de zonage.

84 La grille des usages et normes en annexe au Règlement en fait partie intégrante et rassembletoutes les caractéristiques particulières à chaque zone du plan de zonage.3.2.1 Normes générales

Les usages permis à l'intérieur de chaque zone du plan de zonage sont indiqués à l'intérieurde la grille des usages et normes.

3.2.2 La grille des usages et normes :

La grille des usages et normes en annexe au présent règlement fait partie intégrante duprésent règlement et rassemblte toutes les caractéristiques particulières à chaque zone duplan de zonage»48

85 Il ne faut pas se limiter à la désignation ou l'appellation de la zone. Il faut pousser l'exerciceet vérifier si l'usage agroforestier ou agricole (Ag) permet l'opération d'une sablière. Cetteapproche globale respecte la finalité du zonage :D'une façon générale, le zonage consiste à identifier ou à déterminer volontairement, surtout le territoire d'une municipalité, des zones fonctionnelles à l'intérieur desquellesl'affectation du sol est soumise à des modalités d'utilisation et à des contraintes spécifiques,

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49.B. BEAULIEU, Y. FERLAND et F. ROY, L'arpenteur-géomètre et les pouvoirs municipaux enaménagement du territoire et en urbanisme, Cowansville, Les Éditions Yvon Blais inc., 1995, p. 114, reprisdans Zonage et Urbanisme en Droit municipal Québécois, 2009, 2e édition, Montréal, wilson & Lafleur, p. 57,58.50.L. GIROUX, Aspects juridiques du Règlement de zonage au Québec, Québec, Presses de l'Université Laval,1979, p.27. Repris dans Zonage et Urbanisme en Droit municipal Québécois, précité, note 50.51.[1995] R.L. 51.52.Articles 5.1.1 et 5.1.2 du Règlement de zonage, pièce P-11.53.Id. Art. 6.4.1.54.Art. 9.1 du Règlement de zonage, pièce P-11.

édictées par le législateur ou l'autorité compétente, et consacrant des préférences d'usages.»49

Le pouvoir de zoner se définit et se distingue essentiellement comme technique juridiquepar sa finalité propre qui est le contrôle de l'usage du territoire.»50 (soulignement ajouté)

86 C'est d'ailleurs de cette manière que la Cour d'appel a procédé dans l'arrêt Jacol RealtyHoldings inc. c. Municipalité du Canton de Gore51 :Comme le souligne avec à-propos le mémoire de l'intimée Seale (m.i., p. 20 et 25), l'article10 du Règlement sur les carrières et sablières a voulu assurer la coordination et lacomplémentarité entre le réglementation provinciale et les règlements municipaux sur lezonage. Il oblige le ministre à respecter les règlements municipaux en matièred'aménagement du territoire. Il lui refuse le droit d'émettre un permis qui contredirait lesdispositions du règlement de zonage municipal. Si l'usage n'est que résidentiel oucommercial, ou si seuls ces deux usages sont permis, le ministre ne pourra émettre depermis en vertu du Règlement sur les carrières et sablières. Si l'exploitation de carrières etsablières est prévue avec d'autres usages même résidentiels ou commerciaux, le permispourrait être accordé. Les occupants à fins résidentielles ou commerciales resteront alorsprotégés par les zones tampons que prévoient les articles 10 et 11 du Règlement sur lescarrières et sablières.» (soulignement et accentuation ajoutés)

87 Dans cette affaire, la zone «villégiature» n'était pas désignée comme «résidentielle,commerciale ou mixte», mais elle autorisait l'implantation des sablières. Ce qui n'est pas le casen l'espèce pour la zone AF6.

88 En l'espèce, les zones résidentielles52 et commerciales rurales53 faisant partie de la zone AF6n'autorisent pas expressément les sablières.

89 Une première question se pose en regard de l'usage agroforestier (Ag). Permet-ill'exploitation d'une sablière?

90 Selon l'article 9.1 du Règlement de zonage, l'usage Ag est un usage «permis dans les zonesagricoles protégées par la Loi sur le territoire agricole.»54

91 Or, l'opération d'une sablière ne relève pas d'une activité agricole parce qu'elle ne correspondpas à la définition «d'activités agricoles»prévue à la Loi sur le territoire agricole :1. Dans la présente loi, à moins que le contexte n'indique un sens différent, on entend par:

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55.Commission de protection du territoire agricole du Québec c. Laplante[1996] R.J.Q. 581, 588 (C.A.).56.Art. 9.1 du Règlement de zone, pièce P-11.57.Lévesque c. Groupe Ray Lacroix Ltée, J.E. 97-914 (C.A.).

0.1° «activités agricoles»: la pratique de l'agriculture incluant le fait de laisser le sol enjachère, l'entreposage et l'utilisation sur la ferme de produits chimiques, organiques ouminéraux, de machines et de matériel agricoles à des fins agricoles.

Lorsqu'elles sont effectuées sur sa ferme par un producteur à l'égard des produits agricolesqui proviennent de son exploitation ou accessoirement de celles d'autres producteurs, lesactivités d'entreposage, de conditionnement, de transformation et de vente des produitsagricoles sont assimilées à des activités agricoles; [...]

92 La Cour d'appel a également confirmé qu'une sablière «est une activité non agricole.»55

93 Par ailleurs, même si l'énumération des usages du groupe «Ag» n'est pas limitative56, lasablière n'y est pas expressément mentionnée contrairement, par exemples, aux usages «Pu» et «Lb».8.4 Dispositions particulières applicables aux zones où l'usage «Pu» est permis.

8.4.1 Constructions et usages autorisés[...]

À titre indicatif et de manière non limitative, sont de ce groupe les usages suivants:

[...]sablière;

(accentuation ajoutée)

7.2 Dispositions particulières applicables aux zones où l'usage industriel «Ib» est permis

7.2.1 Construction et usages autorisés

Sont de ce groupe, les usages de type manufacture, atelier, usine, chantier, entrepôt, s'ilssatisfont aux prescriptions et normes de la Loi sur la qualité de l'environnement, sesamendements et les règlements qui en découlent.

Sont notamment de ce groupe, à titre indicatif:[...]

extraction et traitement de minerai et produits de carrière;

94 Ces mentions spécifiques qui ne se retrouvent pas dans l'usage Ag font présumer que «que lelégislateur municipal n'a pas voulu inclure cette activité».57

95 Selon la «grille des usages et normes», ni les usages industriels lourds «Ib», ni les usages «

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58.R.R.Q., 1981, c. Q-2, r.2.

Pu» ne sont autorisés dans la zone AF6.

96 Une deuxième question se pose : le projet de sablière constitue-t-il un usage spécifiquepermis relatif «aux activités semi-industrielles rattachées à la transformation primaire desressources naturelles»?

97 La «transformation» et «l'extraction» des ressources naturelles constituent deux activitésdistinctes au sens du Règlement de zonage municipal :2.6.1 Définitions de portée générale

[...]

Carrière:

Tout endroit d'où l'on extrait à ciel ouvert des substances minérales consolidées.

[...]

Sablière:

Tout endroit d'où l'on extrait à ciel ouvert des substances minérales non consolidées, ycompris du sable ou du gravier, à partir d'un dépôt naturel.

(soulignement ajouté)

4.10 Normes concernant l'excavation du sol

[...]

B) Toute excavation du sol sur terrains privés pour fins d'extraction devra être conforme auxnormes de localisation du règlement sur les carrières et sablières du ministère del'Environnement sur le sujet.

98 Le Règlement sur les carrières et sablières58 définit :[...]

s) «sablière»: tout endroit d'où l'on extrait à ciel ouvert des substances minérales nonconsolidées, y compris du sable ou du gravier, à partir d'un dépôt naturel, à des finscommerciales ou industrielles ou pour remplir des obligations contractuelles ou pourconstruire des routes, digues ou barrages, à l'exception des excavations et autres travauxeffectués en vue d'y établir l'emprise ou les fondations de toute construction ou d'y agrandirun terrain de jeux ou de stationnement;» (soulignement ajouté)

99 Contrairement à ce que plaident les défendeurs, l'activité projetée par Bétonnière La Tuqueinc. correspond à cette définition. La compagnie le reconnaît lorsqu'elle écrit :Vous trouverez ci-joint notre demande pour l'exploitation d'une sablière à La Bostonnais(agglomération de La Tuque).

Le projet consiste en une seule opération de concassage pour environ 70 000 tonnes

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59.Lettre du 19 février 2008 signée par le contrôleur de Bétonnière La Tuque inc., pièce MLB-4.60.L'Ange-Gardien (Municipalité de) c. 3374751 Canada Inc., 2008 QCCA 57 (C.A.).61.Entreprises Gillivert inc. c. St-Paul-de-Joliette (Municipalité de)2008 QCCA 1146, par.9, 10, 29.62.Précité, note 54.

métriques sur deux semaines de concassage. La surface à exploiter est une bute qui seraamenuisée par l'opération et laissant ainsi, à la toute fin, une nouvelle forme au terrain afinde permettre une future construction résidentielle de la part de la propriétaire. Nouscomptons stocker le MG-20 pendant environs (sic) deux ans et de nous y approvisionner augré des contrats.»59 (soulignement ajouté)

100 Suivant sa définition, une sablière constitue une activité d'extraction de substancesminérales et non une activité de transformation.60

101 La grille des usages et normes autorise en zone AF6 des activités de transformation, maisnon d'extraction des ressources naturelles. Sur cet aspect, l'opération d'une sablière n'est pas unusage permis dans la zone AF6.

102 Enfin, le fait qu'une construction résidentielle soit projetée suite à l'exploitation de lasablière et le caractère temporaire de celle-ci ne modifient pas une situation actuelle dérogatoire :[9] Il est concevable qu'en temps et lieu les nombreuses cavités laissées par l'extraction dusable sur les lots de l'appelante pourraient toutes servir à des activités de nature agricolemais, entre-temps, c'est une sablière que l'appelante a exploitée, sur des lots dont un usageparallèle, éventuellement susceptible de s'intensifier mais encore peu développé, est laculture des canneberges.[10]En somme, l'appelante prétend justifier l'usage principal et dérogatoire de ses lots, soitl'exploitation d'une sablière, par un autre usage, conforme celui-là à la réglementation envigueur, mais qui est pratiqué sur une échelle comparativement beaucoup plus réduite. Il y alà une dénaturation du sens à donner à la notion d'usage accessoire. Dans les faits, sil'appelante parvenait à réaliser son projet tel qu'elle paraît l'avoir planifié, un usage principalet licite, la culture des canneberges, succéderait après plusieurs années à un usage principalantérieur et illicite, l'exploitation d'une sablière.

[...]

[29]Dans ces circonstances, il ne saurait être question d'un usage accessoire. Il s'agit plutôt,comme on l'a relevé plus haut, de deux usages principaux qui se succèdent dans le temps, l'unillicite et l'autre licite. Voilà pourquoi la question formulée ci-dessus au paragraphe [11] esthypothétique et pourquoi le juge de première instance a eu raison de conclure comme il l'afait.»61

103 En conclusion, les sablières ne constituent pas un usage autorisé dans la zone AF6 et,contrairement à l'arrêt Jacol Realty Holdings62, le Règlement de zonage de la municipalité de LaBostonnais n'autorise pas dans une même zone les habitations et les sablières, ni les commercesde type rural et les sablières.

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63.Pièce P-1.64.Pièce MLB-4.

104 Le projet de sablière sur le lot 38 B contrevient ainsi au Règlement municipal de zonage4-89 et les avis de conformité émis pour ce projet sont conséquemment illégaux et nuls.2.4 La légalité des certificats d'autorisation émis par le ministère.

Le certificat d'autorisation du 12 mai 2000.63

105 Selon l'analyste René Trudel, le certificat d'autorisation a été émis parce que les usagesagroforestiers sont permis dans la zone AF6. Il juge sur dossier sans vérification du Règlement dezonage64 se fiant seulement aux avis de conformité émis par le secrétaire-trésorier :Q. [...] Alors, je reviens à ma question juste pour être sûr. Donc, à la question relative auzonage, à la question A, la vérification que vous faites, c'est encore sur dossier, c'est-à-direque vous référez...

R. À l'attestation. À l'avis de conformité.Q.À l'avis de conformité reçu le dix (10), qui est à l'onglet 5?

R.Exact.

Q.Et vous ne faites pas d'autres, ce que je veux savoir, faites-vous d'autres vérifications, parexemple, aller voir à la municipalité...

R.Non.

[...]

R.Non.

Q.C'est sur dossier encore une fois ?

R.Oui.

Q.Donc, dans le cadre de votre analyse, vous ne demandez pas une copie ou des extraits durèglement de zonage ?

R.Non.

Q.Puis vous n'en aviez pas dans ce cas précis là ?

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65.Interrogatoire après défense de René Trudel du 1er décembre 2008, pièce P-26, p. 18, 19, 20. Voir aussi lerapport d'analyse du 29 avril 2008, pièce PG-6.66.R.R.Q., c. Q-2, r.2.67.R.R.Q. c.Q-2, r. 1.001.

R.Non plus.

Q.Puis est-ce que vous saviez qu'est-ce que ça signifiait les lettres RA, RB, RM, RS?

R.Ce sont des affectations au zonage, des activités permissibles dans le cadre du zonage. Maisnous on s'arrête au zonage parce que si ça avait été zoné résidentiel comme c'est dit dans lerèglement, on aurait pris position en conséquence. Agro-forestier, règle générale on émet...

[...]

106 Plus loin, il ajoute :R. Je n'ai pas dit ça. Nous, ce que l'on regarde c'est le zonage. Les affectations, les usages cen'est pas à ce niveau-là, on ne se préoccupe pas des usages, on se préoccupe du zonage.Q.Mais quand vous dites ce n'est pas à ce niveau-là, qu'est-ce que vous voulez dire ? Ce n'estpas à ce niveau-là qu'on..., à ce niveau-là on s'occupe seulement du zonage...

R.Du zonage.

Q.... ce n'est pas à ce niveau-là qu'on s'occupe des affectations ?

R.On ne regarde pas les affectations, on regarde le zonage.

Q.O.K. mais vous dites pas à ce niveau-là, est-ce que ça veut dire que vous les regardez à unautre niveau?

R.Non.»65 (soulignement ajouté)

107 Or, les avis de conformité sont nuls parce que le projet de sablière contrevient au Règlementmunicipal de zonage et ont été émis en contravention des articles 3 l) et 10 du Règlement sur lescarrières et sablières66 et 8(1) du Règlement relatif à l'application de la Loi sur la qualité del'environnement67 :3. l) un certificat de la municipalité signé par le greffier ou le secrétaire-trésorier attestantque le projet ne contrevient à aucun règlement municipal et, le cas échéant, une copie detoute approbation ou permis requis en vertu d'un règlement de la municipalité.

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68.Pièce D-3.69.Pièce D-4.70.Substances minérales de surface» comprend le sable et le gravier (art. 1 de la Loi sur les mines);L.R.Q.,c.M-13.1;5. Est abandonné au propriétaire du sol le droit aux substances minérales suivantes, lorsqu'elles setrouvent dans des terres qui ont été concédées ou aliénées par l'État à des fins autres que minières avant le 1erjanvier 1966, ou dans des terres où le droit aux substances minérales a été révoqué en faveur de l'État depuis le1er janvier 1966: le sable, le gravier, la pierre à construire, à sculpture ou à chaux, le calcaire pour fondants, lapierre à meule et à aiguiser, le gypse, l'argile commune utilisée dans la fabrication de matériaux deconstruction, de brique réfractaire, de poterie ou de céramique, l'eau minérale, la terre d'infusoire ou tripoli, laterre à foulon, la tourbe, la marne, l'ocre et la stéatite, pourvu qu'elles soient, à l'état naturel, isolées des autressubstances minérales, ainsi que le droit aux substances minérales de la couche arable.(soulignement ajouté)

10. Zonage: Il est interdit d'établir une nouvelle carrière ou une nouvelle sablière dont l'aired'exploitation est située dans un territoire zoné par l'autorité municipale pour finxrésidentielles, commerciales ou mixtes (commerciales-résidentielles). Il est pareillementinterdit d'établir une nouvelle carrière à moins de 600 m d'un tel territoire ou d'établir unenouvelle sablière à moins de 150 m d'un tel territoire.

8. Celui qui demande un certificat d'autorisation doit également fournir au ministre uncertificat du greffier ou du secrétaire-trésorier d'une municipalité locale ou, s'il s'agit d'unterritoire non organisé, d'une municipalité régionale de comté, attestant que la réalisation duprojet ne contrevient à aucun règlement municipal. [...].

108 De ce fait, le certificat d'autorisation du 12 mai 2008 ne pouvait être émis tel que l'exigel'article 2 du Règlement sur les carrières et sablières :2. Autorisation: Nul ne peut entreprendre l'exploitation d'une carrière ou d'une sablière,entreprendre l'utilisation d'un procédé de concassage ou de tamisage dans une carrière ouaugmenter la production d'un tel procédé de concassage ou de tamisage à moins d'avoirobtenu du ministre un certificat d'autorisation conformément à l'article 22 de la Loi.

109 Il est nul.

Le certificat d'autorisation modifié du 5 mai 200968

110 Conformément aux articles 8 et 140 de la Loi sur les mines, le 16 mars 2009, Bétonnière LaTuque inc. obtenait un bail non-exclusif d'exploitation de substances minérales de surfaces duministère des Ressources Naturelles et de la Faune69 :8. Sont des droits réels immobiliers les droits miniers conférés au moyen des titres suivants:

[...]

- bail d'exploitation de substances minérales de surface;

[...]70

140. Celui qui extrait ou exploite des substances minérales de surface doit avoirpréalablement conclu avec le ministre un bail d'exploitation de substances minérales desurface. [...].

111 Le 5 mai 2009, le ministère modifiait le certificat d'autorisation en conséquence dans le

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71.L.R.Q., c. A-19.1.72.Ressources Graphicar inc. c. Québec (ministère de l'environnement), [1993] R.D.I. 101, 106 (C.S.).73.L.R.Q., c. Q-2.

cadre du régime d'exception prévu à l'article 246 de la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme(ci-après L.A.U.)71 :246. Opérations minières. Aucune disposition de la présente loi, d'un schémad'aménagement et de développement, d'un règlement ou d'une résolution de contrôleintérimaire ou d'un règlement de zonage, de lotissement ou de construction ne peut avoirpour effet d'empêcher le jalonnement ou la désignation sur carte d'un claim, l'exploitation, larecherche, la msie en valeur ou l'exploitation de substances minérales et de réservoirssouterrains, faits conformément à la Loi sur les mines (chapitre M-13.1).

Le premier alinéa ne vise pas l'extraction de sable, de gravier ou de pierre à construire surdes terres privées où, en vertu de la Loi sur les mines, le droit à ces substances minéralesappartient au propriétaire du sol.» (soulignement ajouté)

112 L'article 246 L.A.U. écarte l'exigence de l'avis de conformité au Règlement de zonage émispar le secrétaire-trésorier :L'article 246 de la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme crée une exception particulière auxopérations minières et a pour effet de soustraire au contrôle, par voie de schémad'aménagement, de règlement de contrôle intérimaire ou de règlement de zonage ou deconstruction, l'exploitation de substances minérales et de réservoirs souterrains faiteconformément à la Loi sur les mines.»72 (soulignement ajouté)

113 L'article 8(1) et (3) du règlement relatif à l'application de la Loi sur la qualité del'environnement73 prévoit :8. Celui qui demande un certificat d'autorisation doit également fournir au ministre uncertificat du greffier ou du secrétaire-trésorier d'une municipalité locale ou, s'il s'agit d'unterritoire non organisé, d'une municipalité régionale de comté, attestant que la réalisation duprojet ne contrevient à aucun règlement municipal.

[...]

Le premier alinéa ne s'applique pas à celui qui, en vertu de la Loi sur les mines (L.R.Q., c.M-13.1), est autorisé à effectuer des travaux d'exploration, de recherche, de mise en valeurou d'exploitation de substances minérales ou de réservoirs souterrains, sauf s'il s'agit detravaux d'extraction de sable, de gravier ou de pierre à construire sur les terres privées où, envertu de l'article 5 de cette Loi, le droit à ces substances minérales est abandonnée aupropriétaire du sol.» (soulignement ajouté)

114 Les demandeurs admettent que l'article 246 s'applique en l'espèce. Il faut cependant préciserqu'il s'applique seulement depuis le 16 mars 2009.

115 Or, même si l'avis de conformité n'était pas requis, le certificat d'autorisation modifié du 5mai 2009 rend-il légal le projet de sablière dans la zone AF6?

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74.St-Michel-Archange (Municipalité de) c. 2419-6388 Québec inc., [1992] R.J.Q. 875C.A., p.889-890, 892.75.Id.76.Id.77.[2008] Q.C.C.S. 1361.

116 La question suscite la considération de la L.A.U. qui, à l'article 246, ne réfère ni à la Loi surla qualité de l'environnement ni au Règlement sur les carrières et sablières adopté en vertu decette loi.

117 Est-ce possible de réconcilier ces textes législatifs au nom de la présomption de cohérencedes lois et de leur hiérarchisation?

118 Est-ce possible de réconcilier ces législations en regard de leur objectif respectif qui estdifférent :

1-Une loi de portée générale qui vise à faire « de la protection de l'environnement unepréoccupation importante pour tous [...] 74»: La Loi sur la qualité de l'environnement;

2-Une loi qui vise «essentiellement à rationaliser l'organisation des territoires municipaux75»: La Loi sur l'aménagement et l'urbanisme;

3-Un règlement général dont l'objectif est de «réduire au minimum l'impact de l'exploitationdes carrières et sablières sur l'environnement»: Le Règlement sur les carrières et sablières76.

119 À l'instar de l'affaire Chertsey (Municipalité de) c. Québec (Ministre de l'environnement)77,la réponse est oui.[105] Le Tribunal estime qu'il est possible de réconcilier les textes de l'article 246 de la Loisur l'aménagement et l'urbanisme et de l'article 10 du Règlement sur les carrières etsablières.[106]Il ne s'agit pas de donner un pouvoir aux autorités municipales d'interdire les opérationsminières sur leur territoire, ce qui serait prohibé par l'article 246 de la Loi sur l'aménagementet l'urbanisme. Il s'agit de donner effet à un règlement d'ordre public de protection del'environnement.

[107]Les deux dispositions peuvent recevoir application :

en zone résidentielle, commerciale ou mixte, aucune nouvelle carrière ou sablière ne pourras'établir à l'intérieur des limites prescrites, et ce, en application de l'article 10 du Règlementsur les carrières et sablières, d'ordre public.

partout ailleurs, aucun règlement de zonage (ou autre prescrit par la loi) ne pourra empêcherles opérations minières énumérées à l'article 246 de la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme.»78

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78.Id.79.Gestion Serge Lafrenière inc. c. Calvé, [1999] R.J.Q. 1313, 1326 (C.A.).80.11457 Canada inc. c. Hudson, [2001] 2 R.C.S. 241, 249.81.L.R.Q., c.C-12, art. 46.1.

120 De plus, l'article 246 L.A.U. ne prime pas, n'exclut pas et n'abroge pas implicitementl'article 10 du Règlement sur les carrières et sablières pour plusieurs raisons :

1.L'interdiction de l'article 10 émane d'un règlement d'ordre public adopté en vertu d'une loid'ordre public. L'interdiction n'émane pas d'un règlement de zonage municipal79.

2.L'article 124 de la Loi sur la qualité de l'environnement prévoit la suprématie de sesrèglements à tout règlement municipal :

Ces règlements, de même que les normes fixées en application du deuxième alinéa de l'article31.5 prévalent sur tout règlement municipal portant sur le même objet, à moins que lerèglement municipal ne soit approuvé par le ministre auquel cas ce dernier prévaut dans lamesure que détermine le ministre. Avis de cette approbation est publié sans délai à la Gazetteofficielle du Québec. [...]».

3.La protection de l'environnement est une «valeur fondamentale au sein de la sociétécanadienne» 80 et le droit à un environnement sain est garanti par la Charte québécoise desdroits et libertés81.

121 Considérant que les usages permis dans la zone AF6 ne permettent pas les sablières, letribunal estime que le certificat d'autorisation modifié du 5 mai 2009 est nul parce qu'ilcontrevient toujours à l'article 10 du Règlement sur les carrières et sablières.

122 Compte tenu des conclusions accordées, l'exécution provisoire s'impose.

123 Considérant les circonstances du litige, le comportement collaborateur de la municipalitéjusqu'en juin 2008 et celui du ministère qui a été induit en erreur par les informations contenuesaux certificats de conformité, il n'y a pas lieu de faire droit à la réserve de recours.

124 POUR CES MOTIFS, LE TRIBUNAL :

125 ANNULE le certificat d'autorisation portant le numéro 7610-04-01-06009-01 délivré le 12mai 2008 et modifié le 5 mai 2009 par le ministère du Développement durable, del'Environnement et des Parcs en faveur de Bétonnière La Tuque inc.;

126 ANNULE les avis de conformité délivrés les 13, 14 et 26 février 2008 par la Municipalité deLa Bostonnais en faveur de Nancy Giroux et Luc Constant attestant de la conformité d'un projetde sablière dans la zone AF6;

127 ORDONNE à Bétonnière La Tuque inc. ainsi qu'à ses administrateurs, employés,mandataires, représentants, sous-traitants et ayants-droit de ne pas entreprendre l'exploitationd'une sablière ni l'exploitation d'activités de concassage ainsi que tous les travaux préparatoires àl'exploitation d'une sablière sur le lot 38-B au cadastre officiel du Rang Nord-Ouest, canton de

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Bourgeoys, circonscription foncière de La Tuque;

128 ORDONNE l'exécution provisoire du jugement nonobstant appel;

129 ORDONNE la mainlevée du cautionnement de 3 000 $ versé le 12 septembre 2008;

130 LE TOUT, avec dépens.

Ouellet J.C.S.Me Marc Lalonde, pour les demandeursMe Jean-François Girard, pour municipalité de La BostonnaisMe Sylvie F. Lévesque, pour les défendeursMe Emmanuelle Savoie-LeBlanc, pour la mise en cause et MDDEP

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