feuille verte n°214 - janvier 2016
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Europe Ecologie - Les Verts Franche-ComtéTRANSCRIPT
COURAGE ET ESPOIRS POUR 2016
Des vœux de début d’année ? À part le temps clément
qui règne encore au moment où sont rédigées ces lignes
(mais qui, du point de vue du changement climatique, n'est
peut-être pas une si bonne chose !), l’actualité - politique,
sociale, internationale ou environnementale - a de quoi
laisser dubitatif quant à cette tradition. Et puisqu'il est diffi-
cile, en ce début de 2016, de faire preuve d'un optimisme
délirant, souhaitons à tous les militants écologistes, mais
aussi à tous les habitants de notre pauvre planète, assez de
courage pour, justement... ne pas se décourager et pour
poursuivre, vaille que vaille, les actions en faveur de la tran-
sition écologique.
Oui, du courage il en faudra ! La terrible année qui
vient de se terminer aura néanmoins suscité des espoirs
par la tenue de la COP 21 et les engagements pris à cette
occasion - même si ces engagements ne sont pas à la hau-
teur de nos attentes. Il faut dire que c’est en abordant les
mesures concrètes qu’on voit l’écart entre les promesses et
les actes. Quasi au même moment, l’autorisation de rejet
des boues rouges dans les Calanques est prolongée de six
ans et ailleurs, des hélicoptères sont mis à contribution
pour transporter sur les pistes de ski la neige que le ciel ne
veut ou ne peut plus donner ! Si ces faits peuvent paraître
dérisoires face aux défis qui nous attendent, ils pourraient
donner raison à ceux qui n’ont vu dans la conférence de
Paris que de belles paroles.
Les récents résultats des Régionales ne sont pas là non
plus pour nous remonter le moral. Même si cet éditorial n’a
pas vocation à en faire l’analyse, il faudra profiter de cette
année sans échéance électorale pour engager une recons-
truction de l’écologie politique, une écologie politique cré-
dible, qui donne envie à nos concitoyens de mettre en
œuvre notre projet de société écologique et solidaire.
Notre slogan « Penser global, agir local » doit nous
servir de boussole. Aujourd’hui nos idées, nos analyses sont
reprises par l’ensemble de la société. À nous d'offrir à nos
concitoyens ce qu'ils sont en droit d'attendre des écolo-
gistes : une multiplication de propositions, d’actions con-
crètes qui redonnent l’espoir, qui montrent que le change-
ment, c’est possible...
Bonne année 2016 et bon courage !
JANVIER 2016 / n°214 / 1,70 €
Corinne Tissier
et Bernard Lachambre
Cosecrétaires EÉLV Franche-Comté
33, Avenue Carnot
COP 21 : UN ACCORD EN DEMI-TEINTE
Sommaire
2
P 1 : Édito
P 2-3 : COP 21 : un accord en demi-teinte
P 4-5 : À Besançon, Pierre Rabhi a défendu l’agroécologie
P 6-7 : Jean-Marie Pelt n’est plus
P 7 : Où trouver EELV au plus près de chez soi ?
P 8-9 : Après le reflux
P 9 : Bye bye Gilles !
P 10-11 : Science et écologie
P 12-13 : La déchéance de la nationalité est une idée insup-
portable
P 14 : Appel à dons … et remerciements
P 15 : Help !
P 15 : Help ! (Ré)abonnez-vous !
P 16 : Un mois, émois et moi
P 17 : Bulletin d’adhésion
P 18 : Quelques souvenirs de 2015
La COP 21 s'est tenue à Paris début décembre dans
un contexte tendu après les attentats de Paris. Laurent
Fabius, le président du Sommet, s'est félicité de la signature
par 195 pays d'un accord historique « différencié, équilibré,
juste, durable, dynamique et juridiquement contraignant » .
Les ONG sont moins enthousiastes, elles soulignent le
manque d'ambition des engagements des États et le
manque de contraintes.
La question de la justice climatique
La recherche d'un accord mondial visant à limiter les
émissions de gaz à effet de serre s'est avérée complexe,
notamment parce que les situations des États sont extrê-
mement disparates. Il y a en effet de très gros écarts entre
des pays comme le Qatar ou les États-Unis, avec respective-
ment 40 t et 17 t d'émission de CO2 par habitant et par an,
et des pays comme Madagascar et le Mali, qui n'en émet-
tent que 100 kg et 50 kg. De plus, certains pays riches, qui
ont derrière eux deux siècles de développement industriel à
base de charbon et de pétrole, ont une très lourde respon-
sabilité dans la situation climatique d'aujourd'hui.
Entre le Mali et le Qatar, les émissions de CO2 par
habitant sont dans un rapport de 1 à 800, et demander
les mêmes efforts à des pays aussi différents n'a donc
aucun sens. Mais en outre, ce sont les pays les plus
pauvres qui sont aux premières loges du réchauffement
alors qu'ils n'en sont absolument pas responsables et
qu'ils n'ont pas les moyens d'y faire face. D'où l'idée d'une
aide des pays développés vers les pays pauvres pour per-
mettre à ces derniers de s'adapter.
Certes les objectifs sont ambitieux…
L'accord de Paris sur le climat, qui devrait entrer en
vigueur en 2020, compte 17 pages et est précédé d'un
préambule de 22 pages. Pour la première fois, c'est un
accord universel, impliquant 195 pays qui devront tous
agir pour lutter contre le changement climatique. L'ambi-
tion est forte : limiter le réchauffement en dessous des
2°C en poursuivant les efforts pour essayer de ne pas dé-
passer + 1,5°C par rapport à la période pré-industrielle
(1). D'après le GIEC (2), pour arriver à un tel objectif, il
Dérèglement climatique
faudrait que les émissions de gaz à effet de serre diminuent
de 70 à 90 % d'ici à 2050, mais ce n'est pas dit explicitement
dans l'accord.
Les premières contributions des États, contenant des
engagements détaillés et vérifiables, devront être confir-
mées ou mises à jour en 2020 et, à partir de 2025, renouve-
lées toujours à la hausse tous les 5 ans. Les pays développés
devront faire acte de solidarité en finançant le développe-
ment soutenable et l'adaptation aux conséquences du
changement climatique des pays en développement à hau-
teur d'au moins 100 milliards de dollars par an. Les pertes
et dommages comme les catastrophes naturelles, accen-
tuées par le réchauffement et déjà subies par les pays les
plus vulnérables, sont reconnus dans l'accord. Enfin les
195 pays reconnaissent l'intérêt de donner un prix au car-
bone pour accélérer la diminution des émissions de GES (3).
… mais les contraintes faibles
Le premier point négatif, c'est que les différents en-
gagements des États ne sont pas cohérents avec les ambi-
tions affichées de l'accord. Même en étant respectées, les
contributions nationales volontaires soumises par les États
au sommet de Paris entraîneraient un réchauffement de
près de 3,5°C. On est loin du compte. Et l'accord ne prévoit
pas de nouveaux engagements obligatoires avant 2025.
Beaucoup de décisions de l'accord sont formulées
avec le conditionnel (par exemple « devrait » au lieu de
« doit »), ce qui en affaiblit la portée. Les 100 milliards pro-
mis aux pays en développement depuis Copenhague ne
sont pas détaillés et pourraient reprendre en partie des
aides au développement existantes. La contrainte est donc
plus politique que juridique, puisque l'ONU ne prévoit pas
de sanctions en cas de non-respect par un pays. Pire, les
pays ont la possibilité de quitter l'accord 3 ans après son
entrée en vigueur sans être inquiétés. La seule vraie obli-
gation de l'accord de Paris est que chaque pays devra pu-
blier ses données et ses objectifs, et on espère que l'ému-
lation jouera…
En conclusion, si le texte définit clairement des ob-
jectifs ambitieux à long terme, les moyens pour y parvenir
sont loin d'être correctement définis. En l'absence de con-
traintes juridiques et de sanctions, rien n'obligera les pays
développés à assumer leurs responsabilités de « pollueurs
historiques ». Mais peut-être que l'Accord de Paris va per-
mettre d'accélérer le mouvement de désinvestissement
dans les énergies carbonées : le lundi 14 décembre, deux
jours après la clôture de la COP 21, l'action de Peabody
Energy, le plus gros producteur de charbon américain,
chutait de 13 % à la Bourse de New York, tandis que les
parts de SunPower, constructeur de panneaux photovol-
taïques, gagnaient 8,7 %…(4)
Gérard Mamet
(1) Rappelons qu'en 2015, nous sommes déjà à + 0,85°C.
(2) GIEC : Groupe International d'Experts sur le Climat,
mandaté par les Nations Unies.
(3) GES : Gaz à effet de serre. Le principal GES est le
dioxyde de carbone ou CO2. Il y a aussi d'autres gaz
comme le méthane et le protoxyde d'azote, moins abon-
dants dans l'atmosphère mais qui ont un pouvoir de ré-
chauffement bien supérieur, respectivement 25 et 300 fois
plus élevé que le CO2
(4) Alternatives Economiques n° 353, janvier 2016, p. 60.
3
À l'invitation du groupe local de l'association Le Coli-
bri, Pierre Rabhi a donné une conférence le 6 novembre
dernier à Besançon, dans un Grand Kursaal bien rempli.
C'est en 1963 que Pierre Rabhi s'est installé comme paysan
dans les Cévennes ardéchoises, après une expérience d'OS
dans l'industrie automobile. Au cours de ces cinquante ans
de travail de la terre, il a acquis une solide expérience en
agronomie, qui a fait de lui un expert reconnu de l'agroéco-
logie. Son approche philosophique nous invite aussi à re-
penser plus globalement les rapports entre l'homme et la
nature.
Le temps presse, l'heure est grave
« Je suis venu parler de choses
extrêmement graves. » Le ton est
donné dès le début de la conférence.
« La problématique du monde est
devenue très périlleuse : nous
sommes en train d'épuiser les res-
sources. On a donné aux énergies
fossiles et à l'argent les pleins pou-
voirs. » Pierre Rabhi dénonce les iné-
galités entre des hypernantis et des
gens dans la misère totale, entre une
caste qui consomme les quatre cinquièmes des ressources
produites et le « bas de gamme » de l'humanité reléguée. Il
n'est pas étonnant, fait-il remarquer, que ce système en-
gendre de la violence.
L'Homme a rompu avec la nature et nous ne savons
pas où nous allons. Les problèmes d'environnement les
plus aigus sont connus : eau polluée, terre empoisonnée,
forêts détruites. Même notre nourriture n'est plus de
bonne qualité, alors que nous pourrions répondre mieux à
nos besoins en respectant la vie. Il faut arrêter de faire de
l'acharnement thérapeutique sur un modèle moribond. On
doit passer de la compétition à la coopération. Heureuse-
ment, des initiatives citoyennes ont surgi un peu partout
et nous montrent qu'on peut se nourrir, se soigner, édu-
quer autrement
Une utopie imaginative
Pierre Rabhi, le philosophe de la « sobriété heu-
reuse », de la « puissance de la modération », se réclame
aussi de l'utopie, qui est pour lui une sorte de transgres-
sion, « un espace de délire et d'imagination ». Appliquée
à l'agroécologie, l'utopie est une tentative de réconcilia-
tion entre l'agriculture et les lois de la vie. L'industrialisa-
tion de l'agriculture est une véritable catastrophe car
elle maltraite la nature et plonge
les individus dans l'insécurité et la
dépendance d'un système. Il est
temps de revenir à la notion de
« terre nourricière ».
L'agriculture a une place centrale
dans nos organisations humaines,
dans la construction de la civilisa-
tion. Elle conditionne notre capa-
cité de nous nourrir et donc de
survivre. Or l'agriculture indus-
trielle est responsable de près de
70 % des destructions écologiques sur la planète et de
la disparition de millions de paysans. Cette agriculture
n'est pas pérenne : elle épuise et empoisonne les sols,
elle détruit les écosystèmes, elle gaspille les espaces et
les ressources. L'agroécologie n'est donc pas une
simple méthode agronomique, c'est aussi un état d'es-
prit. L'approche agroécologique rompt avec une vision
réductionniste et fragmentaire du vivant, qu'elle
cherche à appréhender dans sa cohérence et son uni-
té.
4
Agriculture
À BESANÇON, PIERRE RABHI A DÉFENDU L'AGROÉCOLOGIE
5
Plaidoyer pour l'agroécologie
Dans un livre récent, L'agroécologie, une éthique de
vie (1), Pierre Rabhi explique : l'agroécologie part de l'idée
que la terre (2) n'est pas un simple « support », elle est
vivante, avec des couches ou « horizons » de composition
physiques et biologiques différentes, mais complémen-
taires, qu'il faut éviter de chambouler. Quand c'est pos-
sible, il est intéressant de cultiver plusieurs espèces végé-
tales dans le même champ. On optimise ainsi la couverture
du sol et la captation de l'énergie solaire.
On ne fertilise pas le sol avec des engrais chimiques,
mais on l'enrichit avec de la matière organique provenant
du compostage de déchets végétaux et de déjections ani-
males. L'humus est au cœur de la vie des sols : il retient
l'eau, donne de la cohésion aux terres sablonneuses et
ameublit celles que l'argile rend trop lourdes.
La diversité des semences permet de faire coïncider
chaque biotope avec une variété particulière de graine.
Cette biodiversité des plantes cultivées est le résultat du
travail des paysans ou des groupes de paysans depuis
l'invention de l'agriculture. La richesse en humus et l'utili-
sation de semences adaptées donnent des plantes plus
robustes, qui résistent mieux aux maladies. Cependant,
l'agroécologie peut être parfois confrontée à des attaques
de parasites. On peut alors y faire face en utilisant des pro-
duits naturels faiblement toxiques ou en ayant recours à la
lutte biologique.
L'agroécologie est totalement incompatible
avec la condition imposée aux animaux des élevages
industriels. Ils y sont ravalés au rang de machine à
produire des protéines et y sont confinés dans un
minimum d'espace pour un maximum de profit.
« L'élevage agroécologique doit considérer le confort
de l'animal, lui assurer un espace de liberté de mou-
vement dans une relation sensible. » Son alimenta-
tion ne doit pas se faire à base de concentrés, qui
détournent des millions d'hectares de l'alimentation
humaine, mais conformément à sa physiologie natu-
relle.
Dans sa conclusion, Pierre Rabhi précise :
« L'agroécologie est peu compatible avec la centrali-
sation et l'uniformisation. […] Chaque combinaison de
terres, de végétations, d'histoires écologiques et agri-
coles, de génies humains, produira une solution parti-
culière. » Et plus loin : « L'agroécologie est une adap-
tation permanente qui s'enracine dans l'inventivité
des habitants d'un territoire. »
Gérard Mamet
(1) L'agroécologie,
une éthique de vie. Entre-
tien avec Jacques Caplat.
Pierre Rabhi. Actes Sud/
Colibris, octobre 2015.
(2) Pierre Rabhi ex-
plique qu'il préfère le mot
terre au mot sol, qu'il juge
trop technique.
Europe Ecologie Les Verts de Franche-Comté
(33, Avenue Carnot 25000 Besançon)
Directeur de publication : Gérard Roy
Comité de lecture : Michel Boutanquoi, Gérard Mamet,
Gérard Roy, Suzy Antoine, Françoise Touzot
CPPAP: 0518 P 11003
Maquette : Corinne Salvi Mise en page : Suzy Antoine
Imprimé sur papier recyclé
Par les soins d’Europe Ecologie Les Verts de Franche-Comté
ISSN 1169-1190
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23 décembre 2015, en fin d’après-midi, sur France
Inter : Jean-Marie Pelt, le célèbre biologiste, vient de
mourir. Tout de suite, affluent dans ma tête les titres de
ses livres : La cannelle et le panda (Fayard), La solidarité
chez les plantes, les animaux, les humains (Livre de
poche), ou encore Au fond de mon jardin (Fayard)...
Il était né le 24 octobre 1933 à Rodemack, en
Moselle. Le résumé de son parcours professionnel est
impressionnant : pharmacien à l’origine, puis biologiste,
botaniste et écologue, professeur agrégé puis professeur
honoraire des universités en biologie végétale et pharma-
cognosie. Il fut maire-adjoint de Metz, ville où il présida
l’Institut européen d’écologie (1).
Un pédagogue hors pair
Passionnant à écouter, notam-
ment dans l'émission CO2 mon
amour, sur France Inter, il avait réussi
à vulgariser la vie des plantes et à la
rendre accessible au commun des
mortels. Il avait une manière particu-
lière de présenter les choses, d’inté-
grer les plantes dans tout le cycle du
vivant et de montrer qu’elles parta-
geaient les mêmes problématiques
(associativité, combativité, sociabilité)
que les animaux.
Un aventurier
Il ne s’arrêtait pas aux enseignements universitaires.
Il a sillonné l’Afrique, à la recherche des sorciers et des
plantes qu’ils utilisaient, à la façon des naturalistes du 18e
siècle. C’était un des pionniers de l’ethnobotanisme, qui a
parcouru le monde à la recherche de plantes médicinales.
Il a ainsi montré qu’isoler le principe actif d’une plante ne
suffisait pas à faire un médicament, il faut aussi que
d’autres molécules (apparemment inactives) soient pré-
sentes pour que le tout fonctionne en interaction.
Un grand scientifique et un botaniste
- Ardent défenseur de l'agriculture biologique, il fut à
ce titre très sollicité par les médias sur les problèmes de
sécurité alimentaire. Il affirmait que ce type d’agriculture
pouvait nourrir le monde, à condition que nous acceptions
de changer notre façon de manger : acheter local, choisir
des produits de saison, diminuer drastiquement la con-
sommation de viande bovine. Il dénonçait une « agri-
culture complètement soumise aux grandes multina-
tionales ».
- Il étudiait l’impact des pesticides sur l'envi-
ronnement et la santé et s’inquiétait de l’augmenta-
tion du nombre de cancers dans la population. Il est
le premier à s’être intéressé à l’écotoxicologie, c’est à
dire au devenir des produits chimiques dans l’envi-
ronnement. Une de ses contributions les plus impor-
tantes a été de faire prendre conscience de l’impor-
tance de l’environnement dans l’équilibre du monde
en montrant que tout est lié.
- La lutte contre les OGM fut l'un des grands
combats de sa vie. En 1997, lorsque la France auto-
rise la mise en culture de maïs transgénique,
Jean-Marie Pelt dénonce les bio-
logistes qui ont joué « aux ap-
prentis sorciers ». Il cofonde en
1999, avec Corinne Lepage et
Gilles-Éric Séralini, le Comité de
recherche et d'information indé-
pendantes sur le génie génétique
(CRIIGEN). De plus en plus inquiet
de l'état de la planète, il cosigne
en 2008, toujours avec Gilles-Eric
Seralini, l'essai Après-nous, le
déluge? (2), dans lequel les deux
hommes soulignent « l'urgence » de réagir à l'épuise-
ment des ressources naturelles et à la
«transformation radicale des milieux et des êtres ».
- Il fut parmi les premiers à pointer les dangers
de l’amiante.
- Il était également opposé au nucléaire.
« C’est une énergie qui est tout sauf durable, car elle
repose sur l’exploitation d’un minerai, l’uranium, qui
est une ressource limitée et située hors de nos fron-
tières, ce qui met à mal l’argument de l’indépendance
énergétique. »
Un Initiateur de l’écologie urbaine
Il a été premier adjoint de Jean-Marie Rausch,
maire de la ville de Metz. Il a transformé la cité en
appliquant un modèle de développement durable,
« une ville-jardin plus juste et plus harmonieuse »,
selon Dominique Gros, l’actuel maire. Il en a fait un
Disparition
JEAN-MARIE PELT N’EST PLUS
7
laboratoire à l’échelle réelle des villes du futur et prouvé
qu’avec des moyens et une volonté politique, on pouvait
améliorer le quotidien et préserver la planète.
Il y a créé l’Institut Européen d’Écologie, installé dans le
cloître des Récollets, une association de recherche et de
promotion de l'écologie, notamment en milieu urbain.
Un chrétien
Il était chrétien et ne s’en cachait pas. Jean-Marie
Pelt conciliait la rigueur de la démarche scientifique, un
militantisme écologique fort et un émerveillement perma-
nent devant la complexité de la nature.
Jean-Marie Pelt a su alerter l’opinion grâce à
une œuvre considérable et à sa présence média-
tique. N’avait-il pas appelé, à quelques semaines de
l'élection présidentielle de 2012, le prochain prési-
dent de la République à faire de l'écologie sa
«priorité absolue» ?
Merci à vous, monsieur Pelt, de nous avoir
ouvert les yeux sur un monde souvent ignoré des
hommes et - ô combien ! - précieux à l’humanité.
Suzy Antoine
(1) Wikipédia
(2) Éditions Flammarion - Collection Champs
sciences
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« Je suis Charlie », « Je suis Paris » : deux
vagues de solidarité, de refus de la haine et de la vio-
lence sur les plages de la République ; les lumières de la
France brillant sur les places du monde comme un hom-
mage à un certain art de vivre, comme une manière de
créer un lien fort et invisible entre les nations. On pouvait
tenter d'y croire, à cette France belle à pleurer, belle
comme une promesse que chacun se fait et fait à tous.
Mais en deux dimanches, une marée brune est
venue tout saloper, souiller cette plage tant rêvée. Elle est
venue nous envelopper des effluves nauséeux d'un ra-
cisme ordinaire que les digues de la République ne con-
tiennent plus, nous empuantir des relents immondes de
l'exécration de l'étranger, flattée par des égoutiers qui
frayent sans vergogne avec les franges les plus viles de
leur famille.
On ne me fera pas croire que ces braves gens
ne votent pas en conscience, qu'ils ne seraient que les
victimes d'un système que prétend dénoncer une clique
de nantis qui se font passer pour des enfants du peuple.
On ne vote pas FN aveuglément, sans que le discours,
même policé par les ralliés de la dernière heure, ne ren-
contre un écho dans le tréfonds insondable des pensées
de chacun. On n’« essaye » pas l’extrême droite comme
une essaye le dernier smartphone à la mode.
L'abstention apparaît de fait, et paradoxalement,
beaucoup plus démocratique dans sa logique du refus, de
la désertion, et plus dérangeante pour notre action poli-
tique que cette manière de se vautrer dans les vomis-
sures de la xénophobie et de la protestation haineuse.
Et comme un désastre n'arrive jamais seul,
EÉLV connaît un nouveau reflux ; en Bourgogne-Franche-
Comté, les électeurs nous ont administré une monumen-
tale correction.
Il est de bon ton de maudire le PS pour ces dé-
sastres, de l'agonir de reproches. Pourtant lui résiste au
premier tour, même si sa victoire au second, dans notre
région, est d'abord le résultat d'une triangulaire. Les ava-
nies, les trahisons depuis l’élection de François Hollande
rempliront les livres d'histoire, mais notre échec ne peut
seulement s'expliquer de l'extérieur. Pourquoi perdons-
nous des électeurs ? Pourquoi peinons-nous à convaincre
les abstentionnistes ? Peut-être parce qu'à force de faire
de la politique « autrement », on finit par la faire comme
les autres, en se plaçant sur orbite ministérielle ou prési-
dentielle, jusqu'à se rendre inaudible ou à rendre seule-
ment audibles les réquisitoires de procureurs - qui ne
manquent pas dans nos (maigres) rangs !
Ce que d'aucuns nomment de la flagellation relève
pourtant d'un examen critique et lucide qui s'imposerait,
mais dont nous ne sommes peut-être plus capables.
Désastres et désolation
APRÈS LE REFLUX
9
Nous sommes face à un champ de ruines.
Après plus de trente ans de militantisme écologiste, avec
ses hauts et ses bas, son intensité variable, cette triste vi-
sion résonne comme un échec cinglant. L'absence de pers-
pectives, la dérive qui s'ouvre devant nous, alimentée par la
véritable forfaiture du président-général Hollande - avec sa
réforme constitutionnelle qui marque sa volonté de se faire
réélire non sur un projet (encore moins sur un bilan !), mais
sur la prétention d'être un rempart face au FN - ne fait que
renforcer un sentiment de faillite.
Nos verbes sont morts. Nous n'avons pas été
capables de les transformer en espérance. Ils ne
sont plus que cendres. La lassitude gagne. N'est-il
pas temps que le vent se lève, qu'il balaye ces fi-
gures embaumées qui parlent d'avenir depuis leur
passé ? Comme le dit Antonin Artaud :
Fais vaciller notre cerveau
Au sein de sa propre science
Et ravis-nous l'intelligence
Aux griffes d'un typhon nouveau.
Michel Boutanquoi
Au local régional
BYE BYE, GILLES !
Au téléphone, vous n’entendrez plus la voix de mon
collègue Gilles Gardot. Vous ne lirez plus sur vos ordina-
teurs ses annonces ou ses réponses à vos mails. Gilles a été
licencié.
À la suite de la défaite électorale des écologistes aux
Régionales, EÉLV Bourgogne Franche-Comté doit rembour-
ser environ 100 000 € au Crédit Coopératif. Certes, les dons
envoyés par les militants nous aident, mais il est également
nécessaire de faire des économies. Cela
commence souvent par un licenciement,
une résiliation de bail pour un local (ce qui
fait une assurance de moins à payer) ou le
remerciement de la femme de ménage.
Gilles a donc fait partie de ce lot de
mesures. Embauché au mois de décembre
2011, il assurait le lien entre les groupes
locaux, tenait à jour le site régional, en-
voyait les communiqués de presse, gérait
les listes de messagerie. Une partie de son
travail a été répartie entre les membres du
BER. Mais il est certain qu’il ne sera pas
possible d’être aussi réactif.
Merci à Gilles pour tout le travail accompli,
pour sa bonne humeur et sa convivialité. Il y aura un
vide au local.
Le siège régional reste ouvert tous les lundis et
mardis ainsi qu’un mercredi sur deux. Je continuerai
d’assurer mes tâches : accueil téléphonique et phy-
sique au local, tenue du fichier des adhérents, tréso-
rerie de l’Association de financement, rédaction des
comptes rendus, lien avec les groupes
locaux et... mise en page, impression
et envoi de La Feuille Verte - dont le
cas sera étudié dans un second train
de mesures d’économie... En fonction
de mes disponibilités, j’essaierai de
renseigner et d’aider toute personne
faisant appel à EÉLV.
Suzy Antoine
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1. L'isoloir, plus démocratique que le vote
électronique
Après une période électorale, la question se pose
de nouveau : devons-nous remplacer le vote traditionnel,
avec bulletin papier et urne, par le vote électronique, plus
rapide et moins coûteux ? Il a été démontré dès 2006 qu'il
était impossible, dans le vote électronique, de concilier la
vérifiabilité du décompte des voix et le secret du vote. Or
ces deux propriétés sont essentielles à la démocratie. La
transmission du bulletin papier de l'urne sur la table de
comptage le fait immédiatement disparaître de l'urne. En
informatique, le bulletin virtuel est d'abord recopié avant
d'être transmis et éventuellement détruit. Mais sa destruc-
tion n'est nullement automatique. L'absence de fuite
d'information est plus difficile à garantir dans un vote élec-
tronique puisqu'il peut y avoir aussi du piratage ou des
malversations. (Pour la Science n° 458, décembre 2015,
p. 20)
Commentaire : Puisqu'un protocole électronique
ne peut concilier la vérifiabilité du décompte des voix et le
secret du vote, il est préférable de s'en tenir au vote tradi-
tionnel pour les scrutins qui constituent la base de notre
démocratie. Par contre, compte tenu de son faible coût, le
vote électronique pourrait être utilisé dans les processus
de concertation ou les enquêtes d'utilité publique. Bien
qu'il n'offre pas toutes les garanties, le vote électronique
est néanmoins plus fiable qu'un sondage.
2. Faut-il interdire les robots tueurs auto-
nomes ?
Les problèmes éthiques commencent à se poser
très concrètement pour les systèmes d'intelligence artifi-
cielle. Par exemple, dans le domaine des véhicules auto-
nomes, le débat est urgent : en cas de risque inéluctable
de collision, la voiture doit-elle être programmée pour
se jeter contre un arbre ou pour télescoper la voiture
qui vient en face ? L'utilisation de plus en plus fréquente
des drones dans les interventions militaires demande
l'accélération des discussions sur les SALA (1). Pour l'ins-
tant, ils sont pilotés à distance et maintiennent un hu-
main dans le circuit de décision. Mais il semble que des
robots tueurs autonomes sont déjà prêts à fonctionner
dans certains laboratoires militaires (États-Unis, Israël…).
Dans ce cas, l'arme recherche les ennemis, les identifie
et les tue sans qu'aucun humain ne valide leur choix. Les
questions posées sont donc : souhaitons-nous continuer
dans cette direction ? Faut-il limiter ou interdire de
telles armes ? (Pour la Science n° 458, décembre 2015,
pp. 78-83)
Commentaire : Le célèbre écrivain de science
fiction Isaac Asimov avait déjà, dès 1942, énoncé une
sorte de code éthique de la robotique. La première loi
d'Asimov disait : « Un robot ne peut porter atteinte à un
être humain ni, restant passif, laisser un être humain
exposé au danger. » Aujourd'hui, il s'agit d'une question
qui fait l'objet de discussions internationales. Près de 3
000 chercheurs en intelligence artificielle et robotique
ont signé en juillet dernier une lettre demandant l'inter-
Science et écologie
VOTE ELECTRONIQUE, ROBOTS TUEURS ET ANTIOXYDANTS
La science pour éclairer les choix de l'écologie politique.
La réflexion politique pour développer la critique de la science.
11
diction des armes autonomes offensives échappant à tout
contrôle humain. Il s'agirait de signer le même type d'inter-
diction que pour les armes nucléaires, chimiques ou bacté-
riologiques et d'éviter ainsi une nouvelle course à l'arme-
ment. Les chercheurs craignent, en effet, que « les armes
autonomes deviennent les Kalachnikov de demain ».
3. Les antioxydants, alliés des tumeurs
Les antioxydants étaient considérés jusqu'à main-
tenant comme bons pour la santé parce qu'ils neutralisent
les radicaux libres. Rappelons que les radicaux libres sont
des molécules instables, produites en petites quantités par
les cellules, qui peuvent endommager l'ADN et ainsi induire
des cancers. On considérait donc que les antioxydants
étaient des anticancéreux. Mais une étude suédoise vient
de montrer que les antioxydants pourraient aussi faciliter la
croissance de certaines tumeurs, comme les mélanomes
qui sont des cancers de la peau, ou les cancers du pou-
mons. En ajoutant du NAC (2) à l'eau donnée à des souris
sensibles au mélanome, les métastases des ganglions lym-
phatiques ont été multipliées par deux. (La Recherche
n° 506, décembre 2015, p. 31).
Commentaire : L'hypothèse des chercheurs est
que les antioxydants protégeraient à la fois les cellules
saines et les cellules cancéreuses contre les radicaux
libres. Les antioxydants pourraient ainsi donner un coup
de pouce aux cellules précancéreuses ou aux petites
tumeurs non encore détectées. Il convient donc d'être
prudent avec l'utilisation des antioxydants dans les com-
pléments alimentaires.
Gérard Mamet
(1) SALA : Systèmes Autonomes Létaux d'Armement. En
anglais, LAWS, pour Lethal Autonomous Weapons Sys-
tems.
(2) Le NAC (N-acétylcystéine) est un antioxydant qui
entre dans la composition de certains compléments ali-
mentaires.
La saga Star Wars vue par Charlie Hebdo
Tous les
dessins sont
publiés avec
l’aimable
autorisation
de Charlie
Hebdo
12
Une chose est sûre et tout le monde en est à peu
près d'accord, même Jean-Pierre Chevènement, récem-
ment converti à la déchéance de nationalité : cette me-
sure n'a aucun effet pratique, aucun aspect dissuasif
pour quelqu'un qui est prêt à mourir en se faisant sau-
ter avec une ceinture d'explosifs. Alors les partisans de
la mesure parlent de son aspect symbolique ; mais de
quel symbole s'agit-il ?
La déchéance de la nationalité est une vieille
idée de l'extrême droite, mise en œuvre par le gouver-
nement de Vichy contre les résistants. Pas terrible
comme pedigree… Permettre la déchéance de la natio-
nalité de binationaux, même nés en France, c'est intro-
duire une différence de droit entre les citoyens. Le mes-
sage symbolique est donc du genre « Certains sont
moins Français que d'autres », avec des effets poten-
tiels désastreux pour la cohésion nationale. Cette me-
sure est en contradiction avec la Déclaration des Droits
de l'Homme et du Citoyen, qui dit que tous les hommes
naissent et demeurent libres et égaux en droit.
Certains commentateurs trouvent maligne cette
proposition de Hollande parce qu'elle couperait l'herbe
sous le pied de la droite. Mais c'est très dangereux de
jouer ainsi avec notre histoire, avec nos valeurs, en mon-
trant, en plus, un manque de constance calamiteux dans
les convictions. Il s'agit aussi d'une rupture profonde avec
ce qui est un fondement de notre République. L'arrière-
pensée du président « normal » est donc de la pure tac-
tique électorale pour essayer de diviser la droite et ainsi
faciliter sa réélection en 2017. Mais une telle mesure
présente l'énorme risque de renforcer idéologiquement
et électoralement le FN. D'ailleurs, Marine Le Pen et
Florian Philippot se sont empressés de s'en réjouir, ce
dernier ayant même écrit ironiquement sur son compte
Tweeter : « Le gouvernement préfère Marine à
Christiane. »
Une large partie de la gauche s'indigne
La proposition du président de la République a
provoqué un séisme à gauche. Du côté des écologistes,
on retrouve le clivage qui s'est traduit par le départ
d'EÉLV d'une partie des parlementaires. En soutiens in-
conditionnels et zélés de tous les renoncements de Hol-
lande, Jean-Vincent Placé et François de Rugy ont assez
vite annoncé qu'ils approuvaient l'extension de la dé-
chéance de nationalité et qu'ils la voteraient.
De son côté, Cécile Duflot, sur France-Inter, a an-
noncé qu'elle « s'opposerait calmement mais fermement
à cette réforme ». Elle a rappelé que cette mesure était
portée historiquement par l'extrême droite, qu'elle était
totalement inefficace contre le terrorisme et que c'était
un symbole désastreux pour les binationaux. Elle a ajouté
que « la dignité du politique, c'est d'avoir des convictions
et d'être constant sur ses valeurs ». Sa position est large-
Dérive idéologique
LA DECHÉANCE DE LA NATIONALITÉ EST UNE IDÉE INSUPPORTABLE (1)
En août 2010, dans son discours de Grenoble, Nicolas Sarkozy avait voulu
étendre la déchéance de nationalité, ce qui avait semé le trouble dans son
propre camp : trois de ses ministres d'alors, Bernard Kouchner, Hervé Morin
et Fadela Amara, avaient exprimé des réserves sur ce virage sécuritaire. Dans
Le Figaro du 31 août 2010, l'ex-secrétaire du PS François Hollande estimait
que cette extension de la déchéance de nationalité était « attentatoire à la
tradition républicaine et nullement protecteur pour les citoyens ». Aujour-
d'hui, c'est lui qui veut aller encore plus loin que Sarkozy en inscrivant la dé-
chéance de nationalité dans la Constitution. Comment les citoyens peuvent-
ils s'y retrouver dans une telle confusion ?
13
ment partagée par les militants d'EÉLV. Par exemple, Eric
Piolle, maire EÉLV de Grenoble, a dit que « le gouverne-
ment défigure la République et exauce le discours de
Grenoble de Nicolas Sarkozy. Crépuscule lamentable pour
François Hollande. »
Au PS, les réactions hostiles ont été abondantes. De
nombreux responsables ont dit avec plus ou moins de
force leur désapprobation : Anne Hidalgo, maire de Paris,
Bruno Julliard son premier adjoint, Alain Joxe, ancien mi-
nistre, les frondeurs Pascal Cherki, Christian Paul,
Pouria Amirshahi, Barbara Romagnan, les Jeunes Socia-
listes, et beaucoup d'autres. Olivier Faure, porte-parole
du PS, a jugé également qu'en élargissant la déchéance
de nationalité aux binationaux, «on crée un lien explicite
entre terrorisme et immigration, ce qui n'est pas néces-
saire. […] Daech s'est attaqué à ce que nous sommes, la
meilleure réponse est effectivement de rester ce que nous
sommes». Mais c'est peut-être Thomas Piketty qui a le
jugement le plus sévère : « À l'incompétence économique,
voici que le gouvernement ajoute l'infamie. »
La société civile réagit aussi
Dans Libération, le 30 décembre, 24 universitaires,
dont Dominique Méda, Patrick Viveret, Daniel Cohen et
Annette Wieviorka, demandent à François Hollande, sous
forme de lettre ouverte, de revenir sur la déchéance de
nationalité : « Plus que jamais, la France a besoin de ceux
dont la binationalité dit la richesse des origines et donc
des cultures, qui depuis toujours font la grandeur de la
France. En menaçant ceux de ses membres pourtant nés
Français d’en être exclus, vous les rejetez aux marges de
notre communauté nationale et vous en fragilisez par là
même la structure. »
Plus de 70 ONG, dont la LDH, ATTAC, la CGT, le SNJ,
la Cimade, le Gisti, Osez le féminisme, etc., ont signé un
appel : « Le projet de changer la constitution pour per-
mettre l’instauration d’un état d’urgence permanent et la
déchéance de nationalité pour les binationaux nés fran-
çais ont soulevé bien des inquiétudes sur la dérive du
gouvernement. Malgré les avis négatifs des experts, al-
lant du défenseur des droits Jacques Toubon aux juges
antiterroristes tels que Marc Trevidic, en passant par des
constitutionnalistes tels que Dominique Rousseau, tous
s’accordent sur la dangerosité de telles mesures, mais
aussi sur leur inefficacité à combattre le terrorisme. » La
finalité de l'appel est clairement affirmée : « Non au pro-
jet de déchéance de la nationalité, non à une démocratie
sous état d’urgence, non à une réforme constitutionnelle
imposée sans débat, en exploitant l’effroi légitime suscité
par les attentats. Nous n’acceptons pas la gouvernance
de la peur, celle qui n’offre aucune sécurité mais qui as-
surément permet de violer nos principes les plus essen-
tiels. »
Au moment où on écrit ces lignes, beaucoup de
parlementaires n'ont pas encore rendu publique leur
position. Pour que la réforme constitutionnelle soit
adoptée par les sénateurs et les députés réunis en con-
grès, il faut une majorité qualifiée des 3/5e des voix, soit
555 sur 925. Il semble qu'à gauche, une majorité se des-
sine pour voter contre. À droite c'est l'inverse, mais des
parlementaires UDI ou LR ont déjà annoncé leur opposi-
tion au projet, comme Benoist Apparu, Bernard Debré
ou Patrick Devedjian. Des proches du chef de l'État lui
proposent une porte de sortie : remplacer la déchéance
de nationalité par une peine d'indignité nationale. Espé-
rons qu'une majorité de parlementaires refusera de
voter une mesure qui s'apparente à un prêt-à-porter
législatif pour le FN.
Gérard Mamet
(1) Propos tenu dans Mediapart le 24 décembre par
Me Henri Leclerc, ancien dirigeant du PSU, figure emblé-
matique de la gauche judiciaire et président d'honneur
de la Ligue des Droits de l'Homme.
À l’heure où je rédige cet article, EÉLV Bourgogne
Franche-Comté a déjà perçu environ 27 000 € de dons,
provenant de militants de la région ainsi que de toute la
France. La solidarité est en train de jouer et cela fait
chaud au cœur de recevoir, en plus des chèques, des
petits mots d’encouragement.
Merci à toutes ces personnes, pour beaucoup
anonymes, qui continuent à nous soutenir malgré notre
défaite. Il nous faut tirer les leçons de cet épisode électo-
ral afin de pouvoir renaître dans le paysage politique.
Tout n’est pas lié au contexte ; EÉLV doit se remettre en
question.
Vous pouvez, bien sûr, continuer à nous envoyer vos
dons. Je relaie l’appel lancé le 17 décembre par les co-
secrétaires régionaux et la tête de liste régionale, Cécile
Prudhomme :
Suzy Antoine
14
Appel à dons…
… ET REMERCIEMENTS
Pour que vive l’écologie en Bourgogne Franche-Comté
Le 6 décembre, 37 694 électeurs ont choisi le projet écologiste pour la Bourgogne Franche-Comté.
Tout au long de la campagne, nous avons porté ce projet : un projet pour la région, un projet pour le climat, pour
l’emploi, pour la solidarité. Nous avons fait campagne en tant que citoyens représentant la diversité des habitants de notre
région : ruraux et urbains, encartés ou représentants de la société civile, agriculteurs, enseignants, employés, cadres, méde-
cins, ouvriers, chômeurs, retraités…
Dans un contexte particulièrement difficile, cette campagne n’a malheureusement pas trouvé l’écho que nous espé-
rions. Avec moins de 5 % des voix exprimées, nos dépenses de campagne (100 000 €) ne nous seront pas remboursées par
l’État. Nous avons dès les prochains jours des échéances financières importantes.
Pourtant les urgences climatique et sociale n’ont pas disparu. La pollution dans nos rivières, dans nos assiettes,
n’a pas disparu. Les enjeux écologiques sont cruciaux, de plus en plus importants. La Bourgogne Franche-Comté ne pourra pas
faire l’impasse sur ces questions.
Nous avons déjà reçu plusieurs dizaines de promesses de
dons, mais nous avons encore impérativement besoin de
votre solidarité pour passer cette échéance, et pour continuer à
faire vivre nos idées en Bourgogne Franche-Comté.
Si vous payez des impôts, votre don ouvre droit à une réduction
d’impôt de 66 % : quand vous faites un don de 100 €, celui-ci ne
vous coûtera que 34 € après déduction d’impôt.
Vous pouvez donner par chèque à l’ordre de :
– ASSOCIATION DE FINANCEMENT EELV Franche-Comté : à envoyer à EELV Franche-Comté, 33 avenue Carnot,
25000 Besançon.
– ou encore AFE Régionales 2015 EELV BOFC : à envoyer à EELV Franche-Comté, 33 avenue Carnot, 25000 Besançon
Vous pouvez donner par carte bancaire en allant sur notre site de campagne :
http://lesecologistesbourgognefranchecomte.fr/appel-a-solidarite-pour-les-ecologistes-de-bourgogne-franche-comte/
Vous ne pouvez l'ignorer : les Régionales n'ont pas
été, pour Europe Écologie Les Verts de Franche-Comté
(et d'ailleurs...), une franche réussite. Notre débâcle élec-
torale se traduit, entre autres, par de grosses difficultés
financières aux conséquences forcément désagréables.
Parmi les victimes des économies nécessaires, on
risque fort de trouver... La Feuille Verte ! Comme vous le
savez, cette dernière est envoyée gratuitement aux adhé-
rents d'EÉLV-FC ; les non-adhérents, eux, peuvent s'y
abonner pour un prix (16,00 euros pour 11 numéros an-
nuels) vraiment modique eu égard à l'investissement que
réclame sa parution - depuis plus de 20 ans, rappelons-
le !...
Malheureusement, le nombre d'abonnements
payants demeure désespérément bas et bien insuffisant,
dans les conditions actuelles, pour assurer la pérennité
de notre canard. Si vous êtes aussi attachés que nous à
la continuité de La Feuille Verte, il n'y a pas 36 solutions :
abonnez-vous, réabonnez-vous, faites (ré)abonner les
gens autour de vous, « placez » des numéros partout où
vous pouvez ! N'ayons pas peur des banalités quand
elles disent vrai : pour une publication (sans la moindre
publicité, bien sûr), l'abonnement, c'est le nerf de la
guerre.
Chèques bienvenus, à l'ordre d'EÉLV-FC. Soyez-en
mille fois remerciés. (Cf bulletin d’abonnement sur cette
page.)
Et bonne année 2016 à tout le monde.
Le Comité de lecture de La Feuille Verte
15
(Ré)abonnez-vous !
HELP !
Comment recevoir La Feuille Verte ?
Vous n’êtes pas adhérent d’Europe Ecologie Les Verts de Franche-Comté ?
Et du même coup, vous ne recevez pas systématiquement
La Feuille Verte, le mensuel des écolos comtois ?
Abonnez-vous ! Réabonnez-vous! Et faites abonner les gens autour de vous !
Ainsi, vous serez sûr de ne rater aucun numéro, et cela pour la modique somme
de 16,00 euros seulement (11 numéros par an).
Nom : ………………………………………. Prénom : …………………………………………………...
rue : …………………………………………………………………………………………………………………….
CP : …………………… Ville : ………………………………………………………………………………….
Chèque à l’ordre d’EELV-FC, à adresser à :
EELV-FC — 33, Avenue Carnot — 25000 Besançon
Boussole.
Pour Manuel Valls,
une partie de la
gauche « s'égare au
nom de grandes
valeurs ». Et une
autre partie a trouvé
son chemin au nom
de belles saloperies.
Traditions.
Vingt-six riches Qa-
taris (dont deux
membres de la
famille royale), adeptes de la chasse au faucon, enlevés
dans le désert irakien, où l'on affectionne fort ce délicieux
hobby. Un truc à te faire aimer les ravisseurs, quels qu'ils
soient.
Cultivés. « C'est qui, ce
barbu ? » s'inquiètent, de-
vant une gravure représen-
tant Léonard de Vinci, des
policiers chargés de perqui-
sitionner chez un
« suspect » dénoncé à tort.
En cette période d'état
d'urgence et d'imbécillité
flicaillère, je préfère balan-
cer tous mes portraits
d'Hugo, Platon, Marx,
Moïse, Charlemagne et le
capitaine Haddock.
Détestations. À l'occasion des mesures prises pour
limiter les déplacements des supporteurs de foot, je dé-
couvre qu'il existe une Association nationale des suppor-
teurs, créée à l'été 2014 ! Et que celle-ci refuse qu'on con-
sidère « une fois de plus les supporteurs comme un pro-
blème, comme une source de nuisances ». Ce qu'ils ne sont
effectivement pas plus que - exemples pris au hasard - les
chasseurs, les amateurs de quad ou de 4x4, les électeurs
du FN ou Ségolène Royal.
Saga. Le ministère de l'Éducation nationale utilise
Star Wars pour sa campagne annuelle de recrutement. La
richesse des slogans (sept au total) laisse pantois ; mon
préféré : « La passion de transmettre, avoir tu dois. » Ça
se veut du Maître Yoda, c'est à peine du Chewbacca.
Fayot. Réjoui par l'extension de la déchéance de
nationalité, le coprésident du groupe écolo au Sénat
« trouve positif que le président de la République ap-
plique son discours de Versailles ». Ta gueule, JiVéPé, ta
gueule !
Silence. Michel Onfray annonce son retrait du
paysage médiatique. On regrettera juste le caractère
non contagieux d'une aussi excellente initiative.
Talamoni. Pour fêter leur victoire, les nationa-
listes corses entonnent dans l'hôtel de région d'Ajaccio
le Dio vi salvi Regina (Que Dieu vous garde, Reine).
Identitaires et curaillons, ils ont vraiment tout pour
plaire.
Putsch. Au Venezuela, le pouvoir chaviste, qui a
largement perdu les législatives, accuse l'opposition
victorieuse de « coup d'État électoral » et crée un Parle-
ment parallèle en guise de « subversion pacifique contre
un Parlement bourgeois ». Attendons les explications de
Mélenchon avant de nous indigner bêtement.
Salauds ! (1) On a déjà souligné l'oxymore con-
tenu dans l'appellation « Office national de la chasse et
de la faune sauvage » (ONCFS). Dans une récente lettre
d'info, ledit organisme (un établissement public censé
contribuer à la protection du patrimoine naturel) publie
un article intitulé « Devenir piégeur, c'est simple, utile et
amusant ». On ne fera pas de commentaire pour ne pas
être accusé de grossièreté.
Salauds ! (2) Déjà 36 loups (animaux protégés)
abattus cette saison en France, et un nouveau randon-
neur tué début décembre par un chasseur. Dans le pre-
mier cas, le pouvoir est complice, dans le second, il s'en
fout. Et on ne peut même plus se dire que ce serait pire
avec la droite.
Insultés. Cabu, Charb, Honoré, Tignous et Elsa
Cayat « décorés » de la Légion d'honneur (Wolinski et
Maris l'étaient déjà !) à titre posthume. Celui ou celle
qui a eu cette idée, j'espère qu'on va au moins le rouler
dans le goudron et les plumes.
Gérard Roy
16
UN MOIS, ÉMOIS ET MOI
17
L’adhésion, c’est maintenant !
Prenez un stylo, sortez votre carnet
de chèques et faites-le tant que
vous y pensez !
33, Avenue Carnot / 25000 Besançon / 03 81 81 06 66 / http://franchecomte.eelv.fr/
Quelques souvenirs de 2015