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FICHE TECHNIQUE SUPPORT DU S.D.G.C. Les fiches techniques précisent le Schéma Départemental de Gestion Cynégétique approuvé le 13 Juillet 2006. Elles sont les points de départ de la définition des différents objectifs. -------------------- LES PRELEVEMENTS Cette fiche complète les points III - 2) et III - 3) des pages 23 et 24 et le point III - 1) pages 49 à 62 du SDGC. -------------------- Les prélèvements sont impérativement liés aux règles suivantes : 1) Les prélèvements qualitatifs et quantitatifs de grand gibier doivent être le reflet d’une PREDATION NATURELLE : - En prélevant prioritairement des jeunes de l’année, des animaux déficients, malades ou blessés et en recherchant une récolte maximale de sujets mûrs et vieux – synonyme de sélection naturelle efficace. - Cela implique une volonté d’épargne des animaux d’âge moyen et adultes. 2) Les prélèvements qualitatifs et quantitatifs doivent respecter la biologie et l’éthologie des espèces. Ainsi, pour chaque espèce, la chasse va s’exercer : - dans le temps avec des dates d’ouverture et de fermeture spécifiques liées à la biologie et pouvant dépendre de la climatologie. - dans l’espace en fonction de l’aire d’évolution de chaque espèce et des interactions avec les activités humaines diverses : agricoles, forestières, touristiques et de loisirs selon les saisons. D’où des notions de sécurité impliquant une réglementation précise (voir fiches « formation, information et communication » et « sécurité »). 3) La recherche du gibier blessé lors de l’action de chasse est un devoir et doit être précédée systématiquement par la volonté du chasseur de réaliser son tir dans de bonnes conditions afin d’éviter des souffrances ou des pertes inutiles (voir fiche « La recherche au sang »). 4) Le suivi de la réalisation du plan de chasse est un élément objectif du suivi de la population. Chaque prélèvement fait l’objet d’une déclaration (constat de tir, carnet de prélèvement). Ces prélèvements par la chasse se pratiquent à l’aide d’un outil incontournable qui est le PLAN DE CHASSE adapté à chaque espèce.

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FICHE TECHNIQUE SUPPORT DU S.D.G.C. Les fiches techniques précisent le Schéma Départemental de Gestion Cynégétique approuvé le 13 Juillet 2006. Elles sont les points de départ de la définition des différents objectifs.

--------------------

LES PRELEVEMENTS Cette fiche complète les points III - 2) et III - 3) des pages 23 et 24 et le point III - 1) pages 49 à 62 du SDGC.

-------------------- Les prélèvements sont impérativement liés aux règles suivantes :

1) Les prélèvements qualitatifs et quantitatifs de grand gibier doivent être le reflet d’une PREDATION NATURELLE :

- En prélevant prioritairement des jeunes de l’année, des animaux déficients, malades ou blessés et en recherchant une récolte maximale de sujets mûrs et vieux – synonyme de sélection naturelle efficace.

- Cela implique une volonté d’épargne des animaux d’âge moyen et adultes.

2) Les prélèvements qualitatifs et quantitatifs doivent respecter la biologie et l’éthologie des espèces. Ainsi, pour chaque espèce, la chasse va s’exercer :

- dans le temps avec des dates d’ouverture et de fermeture spécifiques liées à la biologie et pouvant dépendre de la climatologie.

- dans l’espace en fonction de l’aire d’évolution de chaque espèce et des interactions avec les activités humaines diverses :

• agricoles, • forestières, • touristiques et de loisirs selon les saisons.

D’où des notions de sécurité impliquant une réglementation précise (voir fiches « formation, information et communication » et « sécurité »).

3) La recherche du gibier blessé lors de l’action de chasse est un devoir et doit être

précédée systématiquement par la volonté du chasseur de réaliser son tir dans de bonnes conditions afin d’éviter des souffrances ou des pertes inutiles (voir fiche « La recherche au sang »).

4) Le suivi de la réalisation du plan de chasse est un élément objectif du suivi de la

population. Chaque prélèvement fait l’objet d’une déclaration (constat de tir, carnet de prélèvement).

Ces prélèvements par la chasse se pratiquent à l’aide d’un outil incontournable qui est le PLAN DE CHASSE adapté à chaque espèce.

I) DEFINITION ET ROLE DU PLAN DE CHASSE OBLIGATOIRE Dans chaque département et pour chacune des espèces de grand gibier soumises au plan de chasse, le Préfet fixe, sur proposition du Directeur Départemental de l’Agriculture et de la Forêt, après avis du Conseil Départemental de la Chasse et de la Faune Sauvage et du Président de la Fédération Départementale des Chasseurs, le nombre minimum et le nombre maximum d’animaux à prélever annuellement, répartis par sexe ou catégorie d’âge. Tout animal peut être soumis à plan de chasse, quel que soit son statut (gibier, nuisible, protégé…) Historique : La loi du 30 juillet 1963 a instauré le plan de chasse, dont l’application était facultative au départ, jusqu’à être rendu obligatoire sur l’ensemble du territoire français en 1979 pour le cerf et le chevreuil. Le plan de chasse est actuellement régi par les articles L 425-6 à L 425-13 du Code de l’Environnement. Le Département des Vosges est découpé en 13 massifs cynégétiques, correspondant à des unités de gestion homogènes. Les massifs ont également été découpés en 56 sous - massifs en fonction des capacités nourricières, des zones de quiétude, des barrières naturelles et des densités de population. Les sous – massifs, ou unités de gestion, représentent une aire de répartition d’une population de chevreuil. Le cerf englobe plusieurs unités de gestion chevreuil. Rôle du plan de chasse : Son rôle est défini dans l’article L 425-6 de la loi DTR. Il a pour but de gérer les espèces conformément à leur biologie et à leur éthologie afin de maintenir un équilibre faune – flore (voir les 2 fiches Equilibre agro-cynégétique et Equilibre sylvo-cynégétique). Le plan de chasse est attaché au territoire, et non au titulaire du droit de chasse. En conséquence, pour permettre une gestion durable des espèces, un seuil de 15ha boisés d’un seul tenant (ou 30ha au total d’un seul tenant) est la surface requise pour prétendre, le cas échéant, à une attribution de plan de chasse, au vu des densités actuelles de grand gibier sur les différents massifs cynégétiques du département. Le plan de chasse est calculé au prorata de la superficie du territoire concerné et de la densité de gibier en présence. Les propositions d’attribution de la FDCV tiendront compte de la moyenne des attributions du sous-massif considéré. La demande de plan de chasse doit être établie, pour chaque territoire de chasse et à raison d’une demande pour chacun, par la personne physique ou morale qui est détentrice du droit de chasse, ou par le propriétaire, conformément à l’article L425-7 du Code de l’Environnement. Chaque territoire devra être justifié par le biais de baux ou d’abandons de droits de chasse écrits et enregistrés à la Fédération des Chasseurs (voir fiche Le Bail de Chasse). Lorsque le gibier est en équilibre avec son milieu, il convient de ne prélever que l’intérêt du capital faunistique, c'est-à-dire le croit annuel. Dans le cas contraire, en situation de sous - densité, il faudra relever progressivement les niveaux de populations en prélevant moins que l’accroissement, et à l’inverse, en situation de sur – densité il faudra diminuer les populations en augmentant le plan de chasse. Le système mis en place s’applique à toutes les classes d’âges et aux deux sexes, quel que soit le mode de chasse pratiqué.

II) LE FONCTIONNEMENT DES PLANS DE CHASSE

1) Les demandes de plan de chasse :

Elles doivent être adressées avant le 15 mars de chaque année soit à l’ONF, pour les forêts relevant entièrement du régime forestier, soit à la Fédération Départementale des Chasseurs, pour les autres territoires. La demande doit être établie, pour chaque territoire de chasse et à raison d’une demande pour chacun, par la personne physique ou morale qui est détentrice du droit de chasse. Cette personne devra être en mesure de justifier de ce droit. Avant de formuler les demandes, sur chaque unité, une véritable concertation entre Fédération de chasse, chasseurs, forestiers, propriétaires et élus locaux est mise en place dans l’ordre des étapes suivantes : Au sein des GIC : Dans le cadre des réunions de fin de saison des GIC, les Présidents de Société de Chasse et les Adjudicataires, membres de ce groupement, peuvent effectuer leurs demandes de plan de chasse avec une politique commune de gestion. La Pré-concertation : La pré-concertation va réunir les différents acteurs départementaux de la démarche du plan de chasse :

- La Fédération Départementale des Chasseurs des Vosges, - La Louveterie, - L’Office National des Forêts, - L’association des Communes Forestières, - le Centre Régional de la Propriété Forestière d’Alsace-Lorraine, - l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage.

Lors de celle-ci, les différents organismes établissent des objectifs globaux de prélèvements pour chaque espèce et par sous-massif cynégétique. La Répartition par Plan de Chasse : Avec les résultats de la pré-concertation, les objectifs globaux de prélèvement sont répartis entre les différents plans de chasse des sous-massifs, en tenant compte de la demande initiale et des avis des différents acteurs. La Commission Départementale des Plans de Chasse : La Commission départementale des Plans de Chasse se prononce sur les désaccords. Elle examine toutes les demandes de plan de chasse et formule un avis qui est transmis au Préfet pour décision. La Commission se tient sous la présidence du Préfet de département.

L’Arrêté Préfectoral Individuel d’Attribution : Chaque demandeur de plan de chasse est ensuite destinataire d’un arrêté préfectoral individuel d’attribution de plan de chasse. Objectifs : ► Poursuivre les actions relatives à la justification des territoires de chasse : la FDCV se tiendra à la disposition des chasseurs pour les aider dans leurs démarches de justification de leur territoire, et leur distribue r des documents « modèles » de bail de chasse. ► Renforcer la composition de la Commission départementale des Plans de Chasse : proposer l’intégration, en tant que membres de droit, du Président du Conseil Général, ou son représentant, d’un représentant de l’association des Maires et d’un représentant des grandes associations cynégétiques.

2) Le Dispositif de Marquage : De couleur différente chaque année, les dispositifs réglementaires de marquage correspondent aux attributions. Ils comportent les initiales de l’espèce, du sexe, le numéro du département, l’année de délivrance et le numéro du bracelet, ainsi que le panel des éventuelles dates de tir de l’animal soumis à plan de chasse. Ces dispositifs sont remis aux détenteurs de plan de chasse par la Fédération des Chasseurs.

3) Le Suivi de la Réalisation : Il est un élément objectif du suivi de la population. Chaque prélèvement fait l’objet d’une déclaration (constat de tir, carnet de prélèvement).

III) PLANS DE CHASSE ADAPTES À CHAQUE ESPECE A – LE PLAN DE CHASSE CERF A – 1) Organisation du plan de chasse CERF Le plan de chasse « CERF » a pour but d’assurer l’équilibre agro-sylvo-cynégétique (voir les deux fiches Equilibre agro-cynégétique et Equilibre sylvo-cynégétique) et la gestion de l’espèce. Cette gestion est illusoire en dessous d’un certain seuil de population. Lorsque l’espèce est suffisamment représentée, sa gestion, en harmonie avec sa biologie et son éthologie, comporte 4 étapes : Dans le respect de l’article L 425-4 de la loi DTR, l’objectif est de maintenir des densités suffisantes dans les noyaux afin de satisfaire le statut grégaire (bien-être social) et garantir le pool génétique. 1 – Estimation des cheptels par : - étude des plans de chasse (attributions et réalisations des années antérieures) - comptages (voir fiche sur les suivis)

2 – Définition d’un plan de chasse quantitatif :

- à partir des prélèvements effectués, on tient compte de l’évolution du cheptel et des bio-indicateurs pour définir la quantité des animaux à prélever. - pour définir ces chiffres, il est absolument nécessaire de tenir compte des pertes hors chasse : braconnage, accident, dépassements de plans de chasse, rigueur hivernale au dessus de la moyenne, etc.… - pour une population en équilibre avec le milieu, à sex-ratio équilibrée, avec une pyramide des âges harmonieuse et des pertes faibles, on retiendra comme base de calcul du plan de chasse quantitatif environ 60% des biches avant naissances.

3 – Définition du plan de chasse qualitatif :

- le plan de chasse qualitatif a pour but d’équilibrer la population. - le tir des jeunes est nécessaire pour reproduire le schéma naturel d’une part, et d’autre part, pour libérer quelques femelles de leur petit afin de pouvoir les prélever sans faire d’orphelins.

- dans les Vosges, nous utilisons pour cela 3 types de bracelets : * bracelet Faon de cerf non sexé (FC) pour le tir des faons de l’année * bracelet Biche (B) pour le tir des biches * bracelet Cerf (C) pour le tir des cerfs coiffés quel que soit leur âge.

- il faut se réserver la possibilité éventuelle de fractionner le bracelet C en sous-catégories (C1, C2…) pour répondre à une volonté d’« activer » le plan de chasse qualitatif si nécessité s’en fait sentir. - la répartition théorique de ces bracelets serait de 1/3 FC, 1/3 B, 1/3 C, mais il faut tenir compte des pourcentages de réalisation de chaque catégorie ainsi que de la sex-ratio existante et de la qualité de la pyramide des âges, d’où le paragraphe suivant.

4 – Elaboration des critères quantitatifs et qualitatifs de prélèvements et d’épargne :

- Depuis toujours, au cours des expositions de trophées de cerf, nous constatons un déficit patent de vieux cerfs et de cerfs mûrs (9ans et plus) très probablement dû à une pyramide des âges non équilibrée, et sur certains secteurs à une sex-ratio en faveur des femelles. Devant un tel constat, il est nécessaire, dans tout le département et dans tous les massifs à cerf, après avoir déterminé le nombre de biches et de faons à prélever, de minorer de 20% celui des mâles coiffés. Cette mesure va tendre à restaurer le sommet de la pyramide des âges des mâles et à augmenter le nombre de mâles adultes et vieux sur les places de brame, ce qui aura pour effet de dynamiser la sélection naturelle. - le vieillissement de la population mâle permet une meilleure répartition dans l’espace et en périphérie en dehors des noyaux (zones propices aux dégâts), ce qui va dans le sens d’une diminution des dégâts. - cette épargne des mâles permet également de compenser le braconnage plus fort sur les cerfs (à cause du trophée) que sur les biches, ainsi que les pertes « chasse » par blessure et les pertes lors des combats de brame. - dans l’attribution des cerfs coiffés au niveau du massif, il est nécessaire de tenir compte des pourcentages de réalisation de chaque catégorie. - pour répondre à notre logique, pour un massif donné, l’attribution « Cerfs coiffés » devrait se situer entre 80 et 85 % des réalisations biches de l’année précédente.

Analysons également la population nécessaire de Biches sédentaires sur un territoire pour l’obtention d’attribution d’1 cerf coiffé : Exemple de population : 80 Biches 80 Cerfs - Accroissement : 48 (60 % des femelles avant naissances) - Pertes (20 %) : 9 - Plan de Chasse global théorique : 39 réparti en 13 Biches 13 Faons 13 Cerfs X 80 % = 10 Cerfs � L’obtention de 10 Cerfs se détermine donc à partir d’une population sédentaire de 80 Biches.

DONC, l’obtention d’1 bracelet de Cerf correspond à l’existence de 8 Biches sédentaires propres à un territoire donné, ou de 8 + 5 Faons (60 % de 8 = 4,8 donc ~ 5) = 13 Biches – Faons à l’ouverture de la chasse sur ce territoire.

1 Cerf = 8 Biches = 13 Biches-Faons 1.8.13 est un chiffre symbolique à retenir.

• Les forestiers ne doivent pas s’inquiéter de cette mesure d’épargne des mâles car la

dynamique de la population est assurée par les biches et les faons. Et comme nous l’avons cité précédemment, le vieillissement des mâles favorise leur dispersion dans l’espace.

• Cas particulier de la chasse au brame :

Ce type de chasse est un « privilège » : il ne doit pas autoriser des dérapages (sur-prélèvement en cerfs d’âge moyens à épargne), mais au contraire se pratiquer dans un souci de gestion rationnelle. C’est la raison pour laquelle, dans le département des Vosges, l’exercice de la chasse au brame est conditionné, par arrêté préfectoral, et par un prélèvement de jeunes cerfs (daguets, 2ans, 3ans) d’au moins 1/3 du plan de chasse Cerf ou des réalisations. A - 2) Exposition annuelle obligatoire des trophées de cerf Le contrôle quantitatif et qualitatif des prélèvements « cerfs coiffés » se réalise au cours d’une exposition annuelle obligatoire des trophées de cerfs accompagnés de leur mâchoire inférieure (indispensable pour la détermination de l’âge). Le but de cette exposition est à la fois pédagogique et technique. Elle permet :

- de comparer la qualité des cheptels entre les différents massifs, - d’analyser les prélèvements par classe d’âge (daguets, subadultes, adultes

mûrs, vieux), - d’analyser la qualité des tirs et des trophées par classe d’âge et par massif.

A – 3) Gestion dans l’espace Dans le département des Vosges, de récentes observations montrent que le cerf peut être présent sur l’ensemble du département.

Il faut noter que le cerf évolue sur de grands territoires (15.000 ha) et que sa gestion doit être collective, d’où la nécessité d’agir en GIC. Dans le département, le cerf étant un animal forestier, en toute logique, le plan de chasse ne peut s’étudier qu’après analyse des surfaces boisées. Il existe même des interférences entre massifs car cette espèce ne connaît pas les limites administratives et géographiques. Il en découle que les règles de gestion doivent s’uniformiser sur l’ensemble du département afin qu’en toute équité chacun puisse récolter le fruit de ses efforts de gestion. A – 4) Gestion dans le temps La mise en application et la réalisation de ce plan de chasse doivent s’effectuer au cours d’une durée conforme à la biologie de l’espèce d’où des dates d’ouverture et de fermeture (selon dispositions réglementaires) : * 1er Septembre : - Ouverture de la chasse individuelle et silencieuse pour le cerf, la biche

et le faon, sur autorisation préfectorale. (Pré-brame - A partir de l’ouverture générale (4° dimanche de Septembre), chasse et Brame) individuelle et silencieuse pour le cerf, la biche et le faon même sans autorisation préfectorale. * 15 Octobre : - Ouverture de la chasse de l’espèce cerf en battue. (fin du Brame) - Maintien de la chasse individuelle et silencieuse. * 31 Janvier : Fermeture de la chasse en battue (rigueur hivernale) avec possibilité de

chasser en chasse individuelle et silencieuse jusque fin Février. A – 5) Objectif : Améliorer la gestion du Cerf par le plan de chasse ► Compte tenu de l’évolution de la répartition du Cerf sur le département, la Fédération a pour objectif d’assurer le maintien et l’évolution des populations sur l’ensemble du département. Cette évolution se fera dans le cadre de l’observatoire départemental, et dans le respect des équilibres agro et sylvo-cynégétiques en se basant sur les indicateurs usuels (suivi des populations, suivi des plans de chasse, suivis floristiques,…). ► Assurer le soutien et le développement des GIC. ► Envisager une démarche pour tenter d’uniformiser les règles de gestion sur l’ensemble du département. Des échanges seront réalisés avec les départements voisins dans un objectif similaire. B – LE PLAN DE CHASSE CHEVREUIL B-1) Organisation du plan de chasse chevreuil Comme pour le cerf, la gestion du chevreuil nécessite qu’il existe, sur un territoire donné, une quantité suffisante d’animaux. Une fois constituée, cette population sera gérée par un plan de chasse afin d’assurer un équilibre FAUNE – FLORE conformément à la biologie de l’espèce. Le plan de chasse s’établit selon les étapes de gestion suivantes : 1 – Estimation du cheptel par :

- étude des plans de chasse (attributions et réalisations des années antérieures) - recensement des populations par observations durant l’année avec 2 périodes favorables à cette approche :

* la première en mars – avril, avant le débourrement de la végétation, quand les animaux se montrent dans les clairs, donne une idée de la population après chasse. * la seconde en août – septembre pour estimer le nombre de jeunes par rapport aux adultes et ainsi le taux d’accroissement.

- comptages I.K. (voir fiche sur les méthodes de suivi) - méthodes indirectes : * étude de l’abroutissement de la flore forestière * analyse des bio - indicateurs fauniques :

. évolution du poids des chevrillards et des animaux de 1an . évolution des trophées des brocards d’un an. 2 – Définition du plan de chasse quantitatif : A partir des prélèvements effectués, on tient compte de l’évolution du cheptel et des bio-indicateurs. Il faudra bien entendu tenir également compte des pertes connues (accidents de la route, noyades, maladies, prédation lynx, renards et chiens errants, hivers très rigoureux avec dérangement, braconnage…). D’autre part, la division des lots de chasse et la multiplication des petites attributions freinent toute tentative de gestion commune et suivie des populations. Il convient donc, pour les chasseurs, d’envisager une action collective au sein d’un GIC. En tout état de cause, il sera nécessaire de posséder le droit de chasse sur un minimum de surface, définie dans les schémas locaux, pour prétendre obtenir un prélèvement. 3 – Définition du plan de chasse qualitatif : Dans les Vosges, le plan de chasse qualitatif comporte 3 bracelets : - 1 bracelet Brocard CHM (chevreuil mâle) - 1 bracelet Chevrette CHF (chevreuil femelle) distribués en quantités à peu près égales. - 1 bracelet Chevreuil Indifférencié CHI (pour les petits plans de chasse de 1 animal) Les chevrillards mâles ou femelles peuvent être bagués indifféremment avec un bracelet CHM ou CHF afin de ne pas être « bloqué » dans la réalisation du plan de chasse. Le chasseur s’efforcera d’équilibrer les prélèvements mâles et femelles sur une ou plusieurs saisons afin de maintenir une bonne sex-ratio. Dans les règles de gestion du département figure la volonté de prélever 50% de jeunes (chevrillards et animaux de 1 an révolu). Les autres 50% correspondant aux catégories 2 ans et plus, avec comme objectif un prélèvement de 20% pour la catégorie « vieux » (6 ans et plus), traduction d’une bonne pyramide des âges. 4 – Le tir d’été : Ce mode de chasse est soumis à autorisation préfectorale individuelle. Le tir d’été concerne le brocard à partir du 1er juin et la chevrette à partir du 15 août. La présentation des trophées prélevés pendant le tir d’été est obligatoire. Elle a lieu au cours d’une exposition annuelle.

Ce tir d’été ne peut se pratiquer qu’en chasse silencieuse individuelle (approche ou affût) et ce jusqu’à l’ouverture générale (4ème dimanche de septembre). Ce tir de régulation se dirigera prioritairement sur des animaux déficients : têtes bizardes, blessés, vieux et jeunes (1an), avec l’éthique et la volonté de protéger les grands brocards subadultes et adultes. Le tir des chevrettes se limite aux femelles non suitées jeunes ou déficientes. La qualité des tirs doit être conforme à l’arrêté préfectoral. B-2) Gestion dans l’espace L’espèce est présente dans toutes les zones du département. Comme pour le cerf, le département est découpé en 13 massifs (1 à 13) et 56 sous-massifs (1a à 13h) sur lesquels sont calqués 40 GIC. Logiquement, les densités et les plans de chasse sont plus forts dans la zone plaine que dans la zone montagne (biotope moins favorable et lutte interspécifique avec le cerf plus importante). B-3) Gestion dans le temps La gestion du chevreuil au travers du plan de chasse se réalise au cours d’une période calquée sur la biologie de l’espèce (selon dispositions réglementaires). * Au 1er juin : Ouverture de la chasse du brocard en tir d’été en chasse individuelle (Période de rut) silencieuse uniquement * 15 août : Ouverture de la chevrette en chasse individuelle silencieuse (Période de croissance des chevrillards) * 4ème dimanche de septembre : Ouverture générale - possibilité de tirer en battue brocards, chevrettes, chevrillards - maintien de la chasse individuelle silencieuse * 31 janvier : Fermeture de la chasse en battue (hiver est confirmé) avec possibilité de chasser en chasse individuelle et silencieuse jusque fin février. B-4) Objectif : Améliorer la gestion du Chevreuil par le plan de chasse Globalement, la population « chevreuil » du département est satisfaisante. ► Un plan de chasse triennal pourra être mis en place, localement, de façon expérimentale, au vu des expérimentations dans les départements voisins. ► Le nombre d’animaux prélevé en tir d’été est à conditionner en fonction de la qualité des tirs réalisés l’année précédente dans le lot de chasse concerné. ► Pérenniser et développer la gestion collective au sein d’un GIC C – LE PLAN DE CHASSE CHAMOIS C-1) Définition du plan de chasse quantitatif :

La gestion du chamois ne concerne qu’un petit nombre de sociétés de chasse de la montagne vosgienne avec une attribution globale se situant autour de 40 animaux en 2005. Le plan de chasse stabilisateur correspond à 15% des effectifs estimés avant naissance. Compte tenu de la situation actuelle et de la volonté d’améliorer les densités, le plan de chasse ne doit pas dépasser 10% de la population pendant quelques années. Ce sont les résultats des prochains comptages qui guideront les décisions futures. Dans notre département, la gestion se réalise à l’aide d’un seul bracelet (ISI) non sexé et utilisable pour toutes les classes d’âge. Selon l’évolution des populations, nous garderons l’éventuelle possibilité d’instaurer un plan de chasse qualitatif (bracelet sexé ou bracelet jeune ou les 2 réunis). La chasse du chamois peut se pratiquer en chasse collective (battues) ou en chasse individuelle silencieuse. C-2) Gestion dans l’espace : La population « chamois » vosgienne est issue d’une introduction datant de 1956 dans le massif du Markstein. Elle évolue essentiellement de chaque côté de la grande crête des Vosges du Sud entre le Col de la Schlucht et St Maurice/Moselle, avec un développement plus important sur le versant alsacien (Haut – Rhin) où se situent les noyaux. Les derniers comptages de 2003 ont mis en évidence une baisse brutale de 75% dans le noyau Hohneck - Markstein par rapport à la situation de 1997. La volonté est commune entre les chasseurs et les forestiers vosgiens et alsaciens de reconstituer en partie la population initiale en réduisant fortement les plans de chasse d’autant plus que l’espèce subit une forte prédation par le lynx et un gros dérangement « touristique ». Il est bon de signaler, dans le département des Vosges, la présence de 3 petits noyaux isolés dans les secteurs de - Retournemer - Le Valtin – Xéfosse - Straiture Et dans lesquels les densités sont stables ou en légère progression. C-3) Gestion dans le temps : (Selon dispositions règlementaires) * ouverture le 1er septembre : En chasse individuelle silencieuse uniquement avec autorisation préfectorale * 4ème dimanche de septembre : Ouverture générale permettant de chasser en battue et en chasse individuelle silencieuse jusqu’au 31 janvier. * 1er février à fin février : Période de chasse individuelle silencieuse uniquement. C-4) Objectif : Améliorer la gestion du Chamois par le plan de chasse

► Compte tenu de la situation actuelle et de la volonté d’améliorer les densités, le plan de chasse ne devrait pas dépasser 10 % de la population pendant quelques années, sous réserve des résultats des prochains comptages qui guideront les décisions futures. ► Dans l’intérêt de l’espèce, et localement, les prélèvements pourront être effectués uniquement en chasse individuelle et silencieuse. D – LE PLAN DE CHASSE SANGLIER D-1) Situation actuelle : Le sanglier, qui se chassait « d’instinct » il y a quelques années, doit se gérer actuellement d’une manière particulière, fine et non classique. Le volume des dégâts qu’on lui impute est lié à la fois à la densité des populations et aux modes culturaux. Cette gestion du sanglier implique d’abord la recherche de solutions au problème des dégâts à 3 stades différents :

- la façon de chasser et de réguler l’espèce - l’aménagement des territoires - le financement des dégâts.

D-2) Critères de prélèvement quantitatifs et fonctionnement du plan de chasse Depuis 2002, un plan de chasse sanglier généralisé est instauré dans le département des Vosges, afin de répondre au problème, jusqu’alors toujours croissant, posé par les dégâts. Le plan de chasse, par le biais des attributions, fixe un prélèvement minimum et permet de répondre en partie au financement des dégâts. L’importance des prélèvements dans un secteur est à la fois liée à la densité des populations et au montant des dégâts. Les attributions se font en concertation entre les chasseurs et les autres partenaires.

- Un premier plan de chasse est établi en Commission Départementale de Plan de Chasse en mai. - La commission des recours, en septembre, examine les demandes émanant des secteurs où les observations d’été ont montré un fort accroissement et une population réelle plus importante que celle estimée au printemps. - Enfin, les cas exceptionnels peuvent être examinés lors d’une commission au mois de décembre, en fonction des dégâts dans le secteur.

Il faut signaler que cette espèce, bien que classée nuisible, mérite d’exister au même titre que les autres espèces et au nom de la biodiversité. C’est la raison pour laquelle, dans les secteurs à faible densité et à faibles dégâts, le plan de chasse doit favoriser le maintien, voire améliorer sensiblement les populations dans le respect de l’équilibre agro-cynégétique (voir fiche). Le marquage des animaux se fait à l’aide d’UN BRACELET UNIQUE non sexé et sans appartenance à une catégorie d’âge ou de poids. Bien que satisfaisant, ce type de marquage pourrait évoluer dans le futur. Il est important de noter qu’une taxe à l’hectare existe parallèlement au plan de chasse afin de compléter le financement des dégâts dans les zones à dégâts dépassant la moyenne départementale souhaitée.

Chaque responsable de chasse est chargé d’effectuer la déclaration de l’animal tué auprès de la Fédération des Chasseurs en précisant son sexe, son poids (> ou < 50kg) et le n° du bracelet utilisé. D-3) Critères de prélèvement qualitatif : Le plan de chasse légal n’impose pas de règles qualitatives mais les chasseurs se doivent d’améliorer les structures de population en respectant les principes suivants :

- Prélever une grande proportion de jeunes animaux (entre 20 et 60kgs vifs) soit 50 à 60% de bêtes rousses, 20 à 30% de bêtes de compagnie, et 10 à 20% d’animaux de plus de 2 ans.

- Ne jamais tirer la bête de tête qui assure la cohésion du groupe. - Respecter les laies suitées. - Gérer sur une unité territoriale de gestion (GIC) de 3000ha minimum.

D-4) Gestion dans le temps : 1er juin : Ouverture en chasse individuelle silencieuse uniquement et sur autorisation préfectorale 15 août au 4° dimanche de septembre : Ouverture en battue uniquement dans les zones agricoles. 4° dimanche de septembre : Ouverture générale. Chasse en battue et individuelle silencieuse jusqu’au 31 janvier. 1er février à fin février : Chasse individuelle silencieuse. D-5) Aménagement des territoires : Création de cultures et d’agrainage dissuasif toute l’année en quantité modérée et avec des pics en périodes sensibles (voir fiche Equilibre agro-cynégétique). Protection des semis et des cultures par des clôtures électriques régulièrement entretenues. D-6) Objectif : Améliorer la gestion du Sanglier par le plan de chasse La baisse des populations évidente est confirmée par l’inversion de la courbe des dégâts. Il faut cependant rester très vigilant sur les zones sensibles où les populations et les dégâts demeurent importants. Les plans de chasse devront s’affiner au mieux afin de coller à la réalité et tenir compte de l’aspect prolifique de l’espèce. ► Suivre l’évolution des populations à travers la réalisation du plan de chasse et l’importance des dégâts. ► Prévoir la réalisation de battues d’effarouchement, en présence des Louvetiers, dans des zones de concentration particulières (secteurs enclavés entre des routes par exemple). ► Dans les secteurs à densité faible, notamment en montagne, avec des dégâts mineurs, le plan de chasse servira à maintenir, voire même à rétablir une population stable et raisonnable. ► Le sanglier étant un animal forestier ne fréquentant les milieux agricoles que de façon transitoire, il conviendra d’étudier le plan de chasse après analyse des surfaces boisées, étant entendu que les surfaces de plaine ne sont considérées que comme un complément du ou des plans de chasse au bois environnants.

► Veiller à la prise en compte de principes pour améliorer la structure des populations au sein du plan de chasse légal qui n’impose pas de règles qualitatives :

- prélever une grande proportion de jeunes animaux - ne jamais tirer la bête de tête qui assure la cohésion du groupe - respecter les laies suitées - gérer sur une unité territoriale de gestion (GIC) de 3.000ha minimum.

Avenir de l’espèce : La « bête noire » a toute sa place dans notre écosystème et c’est par une gestion rationnelle en harmonie avec les impératifs agricoles que l’on pourra maintenir à un niveau convenable les populations de sanglier, espèce sauvage constituant une part du patrimoine faunique national.

IV) PRELEVEMENT MAXIMUM AUTORISE (PMA) Pour les espèces sédentaires non soumises à plan de chasse, ainsi que pour les espèces migratrices, un PMA pourra être déterminé espèce par espèce après concertation avec les acteurs locaux et en accord avec l’administration. Ces PMA sont accompagnés, ou non, de mesures de gestion complémentaires dans le cadre d’un Plan de Gestion Cynégétique Approuvé par le Préfet (PGCA). L’objectif de la FDCV est de pérenniser le fonctionnement actuel du PMA.

Fiche Biologie – Ethologie CHEVREUIL

Classe : mammifère Ordre : ongulé artiodactyle Sous-ordre : ruminant Famille : Cervidé Espèce : Capréolus

I) CARACTERES PHYSIQUES GENERAUX 1) Description :

Mâle : brocard Femelle : chevrette Jeune : faon de 0 à 6 mois puis chevrillard de 6 à 12 mois.

2) Taille – Poids :

Hauteur : 60 à 70cm au garrot Longueur : entre 1m et 1.2m Poids vif : entre 15 et 30kgs selon les territoires et les densités de population. Le mâle pèse en moyenne 2 à 3kgs de plus qu’une femelle du même âge.

3) Longévité :

10 à 12 ans en théorie, mais un chevreuil de 7 – 8 ans peut être considéré comme vieux. Le chevreuil est du type sauteur. Pelage roux en été après la mue de printemps et gris brun en hiver après la mue d’automne. Le chevreuil appartient à la famille « cervidé » : le mâle porte des bois caducs.

4) Identification des animaux :

• Reconnaissance des sexes : - Mâle : de janvier à octobre repérable grâce aux refaits suffisamment développés (velours) puis à la présence des bois. Présence d’un pinceau pénien (au niveau du sexe) en vue de profil. En hiver, le miroir présente une forme de haricot. - Femelle : ne porte pas de bois. Présence d’un pinceau pubien (au niveau de la vulve) en vue de profil. En hiver, le miroir présente une forme de cœur.

• Détermination de l’âge : Seule la silhouette des sujets jeunes de moins de 15 mois est caractéristique (cou long et frêle, tête portée haut). La chronologie des bois et celle du pelage peuvent être utiles dans la détermination de l’âge : en règle générale, les plus vieux brocards nettoient leurs bois et sont décoiffés les premiers et la mue du pelage est d’autant plus précoce que l’animal est jeune. L’examen de la mâchoire, post mortem, donne des précisions sur l’âge par :

1 – l’analyse de l’éruption puis de la chute des dents de lait : - Le chevrillard possède sur chaque ½ mâchoire inférieure 3 incisives, 1 canine et 3 prémolaires dont la 3° est trilobée. La 1° molaire définitive apparaît vers 4 – 5 mois, et la 3° molaire définitive perce après 11 – 12 mois. - Entre 12 et 14 mois, les 3 prémolaires de lait tombent pour laisser place aux dents définitives. La 3° prémolaire définitive n’est que bilobée. - L’examen de la mâchoire permet donc d’indiquer avec une quasi-certitude qu’un animal est dans sa première année. - A 15 mois, le chevreuil possède sa dentition complète : 32 dents au total dont, par ½ maxillaire inférieur, 3 incisives, 1 canine, 3 prémolaires, 3 molaires. 2 – Pour les animaux de 2 ans et plus, l’appréciation de l’âge s’effectue par l’examen de l’usure de la table dentaire. La marge d’erreur est grande et les variations individuelles peuvent être importantes.

II) HABITAT Un paysage morcelé convient bien au comportement individualiste du chevreuil. Il se plait dans les zones où alternent boisements diversifiés et espaces ouverts. Les grandes facultés d’adaptation de l’espèce lui permettent de coloniser des milieux différents tels que futaie, taillis, marais, bocages, landes, plaines, boqueteaux, etc.… On le rencontre en montagne jusqu’à 2000m d’altitude mais un enneigement excessif constitue un facteur limitant.

III) OCCUPATION DE L ’ESPACE – COMPOSITION DES GROUPES Contrairement au cerf, cervidé grégaire, le chevreuil marque une nette préférence pour le comportement solitaire. Il est également beaucoup plus sédentaire. Au cours de l’année, la majorité des animaux reste fidèle à une même zone et la population demeure dispersée. On distingue : - le domaine vital : canton d’une centaine d’hectares sur lequel se déroule la vie de la plupart des individus. - le territoire : surface plus restreinte (10 à 40ha) à l’intérieur du canton et dont le mâle adulte interdit l’accès à ses semblables pendant une partie de l’année. - la zone d’activité : fréquentée par une femelle pendant la belle saison (mise bas, élevage des jeunes, reproduction). Chaque secteur comprend des aires de gagnage. La cellule matriarcale constitue la structure de base qui comprend la chevrette accompagnée de son ou de ses jeunes de l’année. Leurs liens très étroits persistent jusqu’à 10 – 11 mois. Dans la vie sociale, on distingue 2 grandes périodes :

- la belle saison (avril à octobre) où le mode de vie très individualiste répond à une offre alimentaire abondante.

- La mauvaise saison (novembre à mars) durant laquelle les animaux adoptent un comportement de groupe favorisant la survie (exploitation commune des meilleurs secteurs nourriciers) et la stratégie anti-prédateur (meilleure vigilance).

IV) STRUCTURE DES POPULATIONS Une population d’animaux doit vivre en équilibre avec son milieu, mais également avoir une composition obéissant à des lois naturelles gouvernant son harmonie. Deux éléments revêtent une importance capitale : 1 – la sex-ratio doit être équilibrée car il naît autant de mâles que de femelles. Un déséquilibre entraîne des troubles du comportement. 2 – la pyramide des âges doit être équilibrée dans les 2 sexes. La présence de sujets adultes et vieux en grand nombre favorise la compétition pendant le rut et garantit une sélection naturelle optimale. L’évolution de la structure de la pyramide est fortement influencée par les intentions des chasseurs (recherche du trophée, de la venaison, du tableau) et par le mode de chasse employé sur la zone colonisée.

V) DENSITE Pour former une véritable population qui puisse satisfaire à ses instincts sociaux, les animaux doivent être suffisamment nombreux. Cependant, leur densité ne doit pas dépasser la capacité territoriale. Une surpopulation se traduit par :

- un appauvrissement de la flore - une réduction de la corpulence des individus - une baisse de la fécondité des femelles - une forte diminution de la résistance aux maladies - une concurrence intra spécifique excessive extériorisée par un stress et des

batailles trop fréquentes. La capacité d’accueil d’un territoire est liée à :

- la nature géologique du sol - la composition et l’âge des peuplements forestiers - le mode de traitement de la forêt (futaie, taillis sous futaie) - le pourcentage de clairières et de lisières - la nature des cultures riveraines - le climat - le relief - la tranquillité - la présence d’autres herbivores : le chevreuil entre en effet en concurrence

interspécifique avec le cerf et le chamois. La meilleure capacité d’accueil se rencontre dans les massifs boisés feuillus sur sol calcaire riches en végétation basse, à l’opposé des grandes surfaces résineuses adultes sur sol gréseux et maigres en végétation arbustive. Le chevreuil préfère la diversité à l’uniformité. A titre indicatif, une densité de moins de 2 têtes aux 100ha est très faible, et supérieure à 20 têtes aux 100ha est très élevée.

Suite à des densités trop fortes dans les massifs boisés, dans certains secteurs, le chevreuil a colonisé les plaines et s’est adapté à ce milieu ouvert en vivant en hardes (structures de défenses adaptées aux espaces ouverts).

VI) ALIMENTATION La physiologie alimentaire du chevreuil se caractérise par : - une panse de petit volume (6% de l’ensemble du corps contre 15% chez le cerf) - une faible capacité de digérer une nourriture abondante en fibres ligneuses grossières.

Ceci entraîne pour l’espèce : - un fractionnement important des périodes d’activité alimentaires (8 à 12 en 24h) - un besoin très grand de variétés. Le chevreuil est un « gourmet » qui recherche

d’abord des plantes digestes et énergétiques à l’opposé du cerf qui est un tondeur. - Le moindre rôle joué par le pâturage de l’herbe par rapport à la sélection des parties

tendres des végétaux semi-ligneux et ligneux. Vu sa sédentarité, l’espèce a besoin de trouver cette nourriture variée dans un espace restreint. Les gagnages de prédilection sont toujours les clairières, les coupes riches en jeunes taillis, les bords de chemin, les lisières où les animaux trouvent des plantes « de lumière » à forte valeur nutritive et vitaminique. Parmi les espèces recherchées les plus consommées citons :

- espèces ligneuses et semi ligneuses : chêne, charme, frêne, érable, noisetier, saule, sapin, épicéa, aubépine, genet, ronce (importance primordiale en hiver), lierre, framboisier, myrtille…

- espèces herbacées : surtout dicotylédones - divers : fruits forestiers (glands, faines, châtaignes dont le rôle est capital en

hiver), et autres (pommes, champignons, maïs, avoine, …) La quantité de nourriture hivernale disponible est l’un des principaux facteurs limitants de l’espèce.

VII) DEGATS Les dégâts aux cultures sont quasi nuls. En forêt, on distingue 2 sortes de déprédations : 1 – Les dégâts alimentaires Essentiellement l’abroutissement, c'est-à-dire la consommation de l’extrémité des pousses des jeunes arbres au moment du débourrement. Parmi les essences préférentiellement abrouties, notons le chêne, le frêne, le sapin, le douglas. Par forte densité, la régénération de ces essences peut être compromise. 2 – Les dégâts comportementaux Les brocards avec leurs bois pratiquent des frottis sur de jeunes tiges, en période de fraye, de réorganisation territoriale et de rut. Paraissent visés en priorité, les arbres odoriférants surtout résineux : pins, sapins, épicéas, mélèzes.

VIII) REPRODUCTION , NAISSANCES, TAUX D ’ACCROISSEMENT

1) Reproduction Le rut du chevreuil se situe entre le 15 juillet et le 15 août. La gestation de la chevrette dure 280 jours.

2) Naissances Les naissances se déroulent entre début mai et fin juin. Elles sont plus tardives dans les régions à climatologie rigoureuse (altitude, montagne). Le nombre de faons varie de 1 à 3 par femelle (moyenne admise = 1,8). La chevrette est réceptive dès sa 2ème année (14 mois) et jusqu’à la fin de sa vie. La gémellité est de règle chez les femelles adultes. Il naît autant de mâles que de femelles.

3) Taux d’accroissement Le taux d’accroissement (différence entre le taux de naissance et le taux de mortalité naturelle et accidentelle) oscille annuellement entre 70 et 80% de la population femelle. Dans les cas de sur-densité, ce taux d’accroissement diminue. Les biotopes riches à densité identique produisent d’avantage que les biotopes pauvres.

Fiche Biologie – Ethologie CERF ELAPHE

Classe : mammifère Ordre : ongulé artiodactyle Sous ordre : ruminant Famille : Cervidé Genre : Cervus Espèce : Cervus élaphus

I) CARACTERES PHYSIQUES GENERAUX 1) Description

Mâle : cerf Femelle : biche Jeune : faon (0 à 12 mois), puis hère pour le mâle de 6 à 12 mois. On appelle respectivement daguet et bichette le mâle et la femelle dans leur 2ème année de vie. Un cerf de 2° tête a entre 2 et 3 ans, une 3° tête entre 3 et 4 ans, etc. Une biche suitée est une biche accompagnée de son faon.

2) Taille – Poids Au sein de l’espèce cerf, il existe un fort dimorphisme sexuel propre à toutes les espèces polygames. CERF adulte BICHE adulte Hauteur au garrot : 1.2 à 1.4m 1 à 1.2m Longueur : 1.9 à 2.4m 1.7 à 2.1m Poids : 120 à 250kg 60 à 120kg

3) Longévité Un cerf peut vivre jusqu’à 18 – 20 ans, mais à l’état sauvage, rares sont les cerfs qui dépassent l’âge de 15 ans. La maturité sexuelle est généralement atteinte à 2 ans. La croissance du squelette est terminée à l’âge de 5 ans chez la biche et 7 ans chez le cerf.

4) Identification des animaux

• Reconnaissance des sexes : La reconnaissance des sexes ne pose pas de problème : les mâles sont beaucoup plus forts que les femelles, leur silhouette est plus trapue avec un coffre volumineux et un cou puissant orné d’une crinière. Bien entendu, lorsqu’ils sont pourvus de bois, les cerfs se reconnaissent instantanément. Seuls les petits daguet peuvent se confondre avec les biches dans les hardes d’hiver.

• Estimation de l’âge sur pied : Sans entrer dans les détails, on peut signaler chez le mâle que la taille augmente jusqu’à 5 à 7 ans, au-delà la stature s’épaissit et le port de tête se fait de plus en plus bas. Chez la biche, l’aspect gracile de la bichette s’atténue petit à petit, le modelé du corps devient plus anguleux, le museau s’allonge, le cou s’aplatit et les arcs orbitaires saillent.

• La détermination de l’âge après la mort :

Elle s’effectue essentiellement par l’examen des mâchoires (½ mâchoire inférieure de préférence). - jusqu’à 30 mois, on se référera au calendrier d’éruption : * de 5 à 12 mois : le faon possède 3 prémolaires de lait (la 3° est trilobée) et 1 molaire

définitive (M1) qui apparaît vers 6 – 7 mois : p1.p2.p3.M1 * de 13 à 24 mois : le daguet ou la bichette possède 5 dents : 3 prémolaires de lait

usées (p3 trilobée) et 2 molaires définitives (M1 et M2) : p1.p2.p3.M1.M2

* entre 25 et 30 mois : les prémolaires de lait tombent pour être remplacées par des prémolaires définitives à 2 lobes. La 3° molaire sort entre le 28° et le 31° mois. La denture définitive est alors constituée : P1.P2.P3.M1.M2.M3

- à partir de la 3° année, l’observateur examinera le degré d’usure des dents définitives. Avec l’âge, les crêtes s’émoussent (surtout celles de M1), le plateau d’usure s’élargit et les sillons médians des molaires s’effacent. Pour un examinateur averti, l’âge peut se déterminer à 1 ou 2 ans près, jusqu’à 10 ans (âge où le sillon médian de M1 est disparu). Des techniques de coupe dentaire et d’analyse des stries de croissance du cément permettent d’estimer l’âge de manière très précise souvent à 1 an près. Les techniques sont réservées à des spécialistes.

II) HABITAT A l’origine le cerf était un animal de steppe, c’est la raison pour laquelle il apprécie les terrains dégagés. Les dérangements humains (agriculture, activités diverses) l’ont repoussé dans les massifs forestiers. Son habitat de prédilection est donc la grande forêt comportant une forte proportion de sous bois dégagés et de trouées de grande dimension (clairières, lisières, etc.) où il peut se nourrir. Les zones de couvert lui sont indispensables pour la remise ou la reposée (taillis, ronciers, jeunes peuplements, etc.) En montagne, le cerf peut évoluer entre 1000 et 2000m. L’espèce cerf est donc très exigeante en espace et en tranquillité.

III) OCCUPATION DE L ’ESPACE ET ORGANISATION SOCIALE 1) Occupation de l’espace :

L’ensemble des zones occupées en permanence ou temporairement par une même population s’appelle un territoire. Dans un territoire, une population de cerf n’est jamais répartie de manière homogène :

- Il existe des noyaux à très forte densité occupés surtout par les biches, les faons, les bichettes et les daguets.

- D’autres zones moins peuplées se situant en périphérie abritent les mâles. En dehors du rut, les jeunes mâles subadultes se groupent en « clubs de coiffés » alors que les mâles mûrs et vieux s’isolent ou sont parfois accompagnés d’un jeune mâle appelé page. Ils fréquentent plutôt les lisières et certains bois satellites plus prodigues en tranquillité.

Le domaine vital d’une biche est plus restreint que celui du cerf ; la superficie fréquentée dépend beaucoup de la nourriture disponible, du climat et de la tranquillité. Elle se situe entre 700 et 1.200ha selon les conditions. Le cerf beaucoup plus erratique évolue sur des surfaces pouvant atteindre 10.000 voire 15.000ha. Au moment du rut, les 2 sexes se retrouvent dans les noyaux.

2) Organisation sociale : La cellule familiale de base d’une population de cerfs est un trio matriarcal composé d’une biche, de son faon de l’année et de sa progéniture du printemps précédent : bichette ou daguet. Le cerf est une espèce grégaire, caractéristique propre à toutes les espèces évoluant en milieu ouvert et qui se sécurisent contre les prédateurs par un mode de vie en groupe. La harde constitue donc le principal refuge de l’animal inquiété, permet la communication, synonyme de bien être social. Les densités trop faibles limitant la vie en groupe entraînent donc une « misère sociale » (BUBENIK) avec une influence négative sur les bois par une augmentation du stress, lequel diminue la capacité d’absorption de la nourriture et augmente les besoins donc les dégâts de type écorçage ou abroutissement. La composition et l’importance des hardes dépendent du milieu de vie (la cohésion est plus forte en milieu ouvert), de la saison et des facteurs de dérangement. Il existe 4 types principaux de hardes :

• la harde dites « de biches » constituées d’un assemblage de cellules familiales. La harde est guidée par une biche expérimentée dominante appelée MENEUSE, laquelle est suivie de son faon de l’année, de celui de l’année précédente (bichette ou daguet), de ses autres filles qui peuvent également être suitées et éventuellement de ses sœurs et de jeunes mâles (2° têtes).

• La harde de mâle observée en dehors du rut et constituée d’animaux jeunes et moyens (clubs de coiffés). Dans ce type de harde, le cerf dominant « ferme la marche ».

• La harde mixte d’hiver est provoquée et favorisée par des rigueurs climatiques et une raréfaction de nourriture. Composée de mâles et de femelles, ce type de harde est toujours conduite par une biche.

• La harde de brame, sous la direction d’une meneuse comprend un mâle dominant qui en écarte les autres mâles.

La dépendance sociale du jeune dure 2 ans, bien au-delà du sevrage, ce qui explique la présence autour de la biche de son faon et de son daguet ou bichette. Ce phénomène interdit à tout chasseur de faire des orphelins qui se trouvent condamnés à mourir ou à survivre dans un état de déficience irréversible. L’adoption n’existe pas dans l’espèce cerf.

IV) STRUCTURE DES POPULATIONS La qualité et le bien être d’une population passent par l’harmonie de sa structure sociale. Dans les populations naturelles équilibrées, le rapport des sexes est sensiblement de 1 mâle pour 1 femelle. Il est cependant conseillé de pratiquer une gestion cynégétique favorisant la sex-ratio au profit des mâles (1 femelle pour 1.2 mâle) afin d’obtenir une meilleure compétition pendant le rut (donc une meilleure sélection naturelle) ainsi qu’un vieillissement plus garanti permettant de prélever jusqu’à 20% de mâles de 9 ans et plus.

Au sein d’une population harmonieuse, les classes d’âges respectives se répartissent approximativement de la manière suivante : - faons 20% - daguets, bichettes 15% - jeunes (2 à 7 ans) 30% - moyens (7 à 10 ans) 20 à 25% - vieux 10 ans et plus 10 à 15% Beaucoup de nos populations de grands cervidés sont déséquilibrées en faveur des jeunes et des femelles en raison d’une gestion inadaptée. Une population correspond à un groupe unitaire organisé, au sein duquel existe entre les individus tout un réseau de relations mutuelles établissant des liens communautaires. Il faut un nombre suffisant d’animaux pour satisfaire aux instincts sociaux de l’espèce, sinon se produit un phénomène d’isolement néfaste aux individus avec diminution de la compétition naturelle lors du rut et risque de consanguinité accru. Pour répondre à ces impératifs et garantir un pool génétique suffisant, une population doit comporter un minimum de 400 têtes.

V) DENSITE La densité possible d’une population dépend de la capacité d’accueil du territoire concerné et, en particulier :

- du pourcentage de bordures forestières en prairies ou cultures - du pourcentage de cultures ou de prairies enclavées - des essences forestières - du type de sylviculture avec ou sans lumière au sol dont dépend la présence de

substances herbacées - de la nature géologique des sols.

Le dérangement joue un rôle majeur et provoque une surconsommation aboutissant à des « fausses sur-densité ». Il convient de distinguer 2 notions : 1 – la densité biologiquement supportable (DBS) dont le dépassement entraîne la dégradation qualitative de la population. 2 – la densité économiquement supportable (DES) inférieure à la précédente et sensée indiquer le seuil au-delà duquel les dégâts à la forêt et aux cultures deviennent intolérables. La DES ne doit pas se traduire par des chiffres théoriques de densité, mais par des observations sur la flore tout en tenant compte des impératifs biologiques de l’espèce.

VI) ALIMENTATION Le cerf est un gros mangeur et consomme 10 à 13kg de substances végétales par jour. Il est essentiellement un herbivore, mais sa flore intestinale lui permet de digérer des substances riches en cellulose. Sa nourriture se compose approximativement de :

- 60 à 70 % de substances herbacées - 30 à 35 % de substances semi ligneuses et ligneuse

- 5 % de fruits forestiers Ces chiffres peuvent évoluer en fonction des biotopes et des saisons (plus de ligneux et semi ligneux en hiver). Par souci de tranquillité, le cerf viande surtout au début de la nuit et à l’aube. Dans un milieu peu perturbé, il aura 4 ou 5 périodes de gagnage journalières séparées par des repos de rumination.

VII) DEGATS 1) Les dégâts à la forêt sont de 2 types :

• Les dégâts d’ordre alimentaire :

- l’abroutissement se produit surtout en hiver et au printemps lors du débourrage des feuilles. Il correspond à la consommation des pousses terminales latérales ou sommitales des arbres. Certaines essences plus appétantes pour l’espèce sont particulièrement touchées (merisier, douglas, sapin, chêne, hêtre, sorbier, etc.). Lorsque l’abroutissement concerne les jeunes pousses, la régénération naturelle est compromise.

- l’écorçage apparaît lorsque l’animal détache des lambeaux de l’écorce des jeunes arbres à l’état de gaulis ou de perchis (surtout épicéa, douglas, hêtre, frêne, châtaignier…). L’écorçage est un dégât grave car il compromet la croissance, la qualité, voire la survie de l’arbre concerné. L’écorçage se produit surtout en hiver (grand froid, neige épaisse) et en cas de sécheresse estivale extrême. Il est souvent dû à des dérangements qui poussent les cervidés à se réfugier dans des remises constituées de jeunes arbres et qui déclanchent, par le stress, chez l’animal, des réflexes de corticomanie.

• Les dégâts d’ordre comportemental :

- ce sont les frottis sur les jeunes arbres reconnaissables aux lambeaux d’écorce qui pendent le long de la tige.

- Les mâles frottent les arbres : un peu avant la chute des bois à la fraye des velours pendant le rut

2) Les dégâts agricoles :

Des dégâts agricoles peuvent se rencontrer dans des cultures situées en lisière de massif. Ils sont d’ordre alimentaire (surtout début printemps et été) et concernent essentiellement les céréales (maïs, colza). En résume, les dégâts résultent donc de prélèvements alimentaires, d’actes comportementaux mais aussi d’insatisfaction éthologiques et de dérangements liés aux activités humaines provoquant de fausses « sur-densités » en augmentant les besoins alimentaires de l’espèce.

VIII) REPRODUCTION – NAISSANCES – TAUX D’ACCROISSEMENT 1) Reproduction :

En août, des hardes de biches se reconstituent par le rassemblement de groupes familiaux alors que les groupes de mâles se disloquent lorsque les mâles dominants écartent leurs compagnons de harde. Les mâles quittent la périphérie pour rejoindre le cœur des massifs forestiers où se trouvent les noyaux de biche. C’est l’état physiologique des biches qui déclenche le brame. Le brame s’adapte à la période la plus favorable (climat, végétation) à la naissance des faons. Il sera donc plus précoce dans les forêts riches de plaine et en basse altitude qu’en montagne. Il se déroule en moyenne entre le 10 septembre et le 10 octobre avec un apogée situé fin septembre. Le but du mécanisme du rut veut que les grands étalons au sommet de leur puissance fécondent les premiers les meilleures reproductrices. Il existe donc un échelonnement progressif de l’entrée en rut en fonction de l’âge des individus. Le cerf est polygame et un dominant peut régner sur une dizaine de femelles. Des cerfs plus jeunes appelés « cerfs satellites » tourneront autour de la place de brame. C’est le dominant qui couvre successivement les biches en œstrus (stade qui ne dure que quelques heures). Dans une population de cerfs bien structurée, les mâles ne participent au rut qu’à 7 – 8 ans. La sélection naturelle jouera d’autant plus que la sex-ratio sera en faveur des mâles et que toutes les classes d’âge seront bien représentées, en particulier les classes adultes et vieux. Après le rut, l’esprit de compétition se relâche, l’instinct territorial disparaît et les cerfs tendent à se regrouper par affinité chez les jeunes ou à s’isoler chez les vieux. Ces impératifs biologiques doivent guider les chasseurs vers une gestion favorisant la production de mâles adultes et vieux, et l’existence d’une bonne sex-ratio équilibrée en encore mieux en faveur des mâles. Cette bonne gestion implique des prélèvements mâles plus faibles que les prélèvements femelles (voir chapitre « Plan de chasse Cerf »).

2) Naissances Après environ 240 jours de gestation, la biche met au monde un faon, très rarement deux. Les naissances s’étalent de début mai à fin juin selon les régions. Dans nos climats, la majorité des faons naissent entre le 15 mai et le 15 juin. La faon tête sa mère dès sa naissance, le sevrage interviendra en hiver (janvier – février) mais peut se prolonger lorsque la mère n’est pas gestante. Il naît sensiblement autant de mâles que de femelles. Une biche est apte à être fécondée dès sa 2° année, cependant, dans des territoires riches et à faible densité, les bichettes connaissent un taux de fécondation élevé. La biche est fécondable généralement jusqu’à la fin de sa vie. Les biches bréhaignes rendues stériles par l’âge sont très rares.

3) Taux d’accroissement

Le taux théorique d’accroissement d’une population de cerf se situe entre 55% et 65% du nombre de femelles de tous âges présentes avant naissance. Ce taux varie avec la richesse du milieu, les conditions climatiques, la densité des animaux, la structure des populations, le dérangement et les prélèvements. En forêt de plaine, la mortalité naturelle chez les faons est de l’ordre de 10% du nombre des naissances ; elle peut atteindre 20% en milieu montagnard. La présence de prédateurs (lynx), le climat de la fin du printemps (qui ne doit pas être trop humide) et la condition physique des femelles gestantes jouent un grand rôle dans la survie des jeunes.

Fiche Biologie – Ethologie SANGLIER

Classe : mammifère Ordre : ongulé artiodactyle Sous-ordre : Suiforme Famille : Suidé Genre : Sus scrofa

I) CARACTERES PHYSIQUES GENERAUX 1) Description :

Mâle : sanglier Femelle : laie Femelle accompagnée de sa progéniture : laie suitée 0 – 6 mois : marcassin 6 mois – 1 an : bête rousse 1 à 2 ans : bête de compagnie 2 à 3 ans : ragot ou laie ragote 3 à 4 ans : tiers an (mâle) 4 à 5 ans : quartanier (mâle) Après 5 ans : le mâle est appelé vieux ou grand sanglier et la femelle est une grande

laie. Le terme solitaire ne s’applique qu’à des mâles adultes qui vivent la plupart du temps isolés.

2) Taille – Poids : En France : Hauteur au garrot jusqu’à 80 à 90cm Longueur jusqu’à 1,5m Poids maxi : 100 à 110kg pour les laies adultes 150 à 180kg pour les grands mâles Il existe donc un dimorphisme sexuel propre à toutes les espèces polygames (comme pour l’espèce cerf).

3) Longévité : La longévité maximale serait de 12 à 15 ans. La pression cynégétique limite énormément l’espérance de vie qui dépasse rarement 7 - 8 ans.

4) Identification des animaux : • Reconnaissance des sexes :

Le mâle est plus massif et plus gros (dimorphisme sexuel) que la femelle. A partir de 2 ans, il porte des défenses visibles qui retroussent la lèvre inférieure. En vue postérieure, dans de bonnes conditions d’observation, on peut apercevoir ses testicules (suites) et de profil son pinceau pénien. Chez les femelles en lactation, les mamelles sont souvent bien apparentes. Au printemps, les laies suitées muent plus tardivement.

En se basant uniquement sur la silhouette d’un animal isolé, il est difficile d’affirmer le sexe avec certitude.

• Reconnaissance de l’âge : - de 0 à 6 mois, il est aisé de reconnaître les marcassins caractérisés par la présence de rayures blanches, brunes et noires, et par leur petite taille. - entre 6 mois et 1 an, les rayures disparaissent et subsiste un poil roux d’où le nom de « bêtes rousses ». - de 1 à 2 ans, le sanglier est appelé bête de compagnie et porte des soies noires. La taille et le poids (30 à 50kg plein) sont variables en fonction de l’âge et de la qualité physique de leur mère. Le fait qu’ils soient groupés derrière une laie permet de les « cataloguer » dans cette catégorie. - à partir de 2 ans, il est pratiquement impossible d’attribuer un âge sur pied car les tailles, les couleurs et les morphologies peuvent varier d’un individu à l’autre. Seul l’examen post-mortem des mâchoires permet une identification de l’âge. - Dentition : Le sanglier possède 44 dents, soit 11 par demi mâchoire, réparties comme suit : 3 incisives – 1 canine – 4 prémolaires – 3 molaires. La caractéristique essentielle est que, chez le mâle, les canines sont à croissance prolongée ; les canines inférieures appelées défenses poussent vers le haut en se recourbant vers l’arrière et viennent s’aiguiser sur celles de la mâchoire supérieure appelées grés. Entre 6 et 8 mois, une seule molaire est présente. Vers 12 mois, la 2° molaire fait son apparition A partir de 2 ans – 2 ans ½, la 3° molaire est installée sur la mâchoire qui s’allonge et qui termine sa croissance autour de 3 ans.

II) HABITAT L’habitat principal du sanglier est la forêt. Il se plait dans les grands massifs feuillus ou mixtes peu perturbés, pourvus de remises fourrées ou fermées au niveau du sol : ronciers, épines, bruyères, jeunes plantations de résineux, etc.… les forêts trop claires seront généralement délaissées. Le sanglier s’adapte également à d’autres milieux : le marais, la garrigue ou le maquis. En altitude, il ne dépasse guère la limite des forêts et quitte les zones trop enneigées. L’extension de la culture de maïs, si attractives pour elles a parfois déplacé les populations de sanglier vers les bordures des massifs ou les boqueteaux de plaine. Le sanglier nage bien.

L’eau s’avère indispensable : eau claire pour boire et surtout eau fangeuse pour se rouler et construire des souilles afin d’éliminer ses parasites mais surtout pour favoriser la régulation thermique de son corps car comme tous les suidés, le sanglier ne transpire pas. Malgré cette attirance pour l’eau, il ne se bauge que dans des endroits secs et abrités.

III) OCCUPATION DE L ’ESPACE ET ORGANISATION SOCIALE 1) Déplacements – Domaine vital :

Le sanglier a une réputation de nomade, mais les grands déplacements sont plus rares qu’on ne le pense et l’erratisme des animaux est souvent lié à une contrainte (manque de nourriture, dérangement excessif et répété) plus qu’à un besoin naturel. Quand les besoins en alimentation et en sécurité se trouvent satisfaits, les groupes matriarcaux se sédentarisent. Les mâles adultes sont plus mobiles et leur domaine vital d’au moins 1500ha peut atteindre 10000ha alors que celui des femelles varie entre 200 et 500ha.

2) Vie sociale : Le sanglier, comme le cerf, est une espèce grégaire à statut matriarcal : une laie adulte conduit le groupe appelé compagnie. On distingue 3 types de groupements : 1 – la laie suitée avec ses 2 dernières portées (marcassins ou bêtes rousses et bêtes de compagnie) 2 – les mâles de 2 à 4 ans environ qui vivent en petits « clubs » mais rejoignent parfois le groupe familial. 3 – les grands mâles solitaires ou parfois accompagnés d’un jeune mâle appelé page. Plusieurs groupes familiaux peuvent se rassembler pour former une bande importante (jusqu’à 30 ou 40 sujets) toujours menée par la laie la plus âgée. Les adultes de sexe différent vivent séparés en dehors du rut.

IV) DENSITE Son activité nocturne et ses refuges situés au sein de couverts difficilement accessibles rendent difficiles les recensements. Ce sont les activités cynégétiques et l’analyse des tableaux de chasse qui permettent de réaliser la meilleure évaluation quantitative. La richesse du milieu et l’importance des dégâts agricoles sont les critères de choix pour déterminer les densités à atteindre.

V) ALIMENTATION Le rythme journalier du sanglier est nettement biphasique : une phase de repos dans la journée et une phase d’activité alimentaire nocturne. Son activité de fouille est essentielle dans la recherche de la nourriture.

C’est un omnivore non spécialisé qui consomme :

- 85% d’éléments végétaux : céréales, fruits forestiers et sauvages, racines, tubercules et herbes en petites quantités. - 15% d’éléments d’origine animale (besoins en protéines) : insectes, reptiles, rongeurs, escargots, vers, charognes,…etc.

Il faut noter que c’est l’alimentation forestière automnale (glands, faînes, châtaignes…) qui joue le rôle le plus important dans son alimentation.

VI) DEGATS Le sanglier joue un rôle positif dans l’équilibre forestier en aérant le sol et en favorisant la germination des semences. Les dégâts causés par le sanglier sont donc uniquement agricoles. Ils affectent dans l’ordre : 1 – le maïs culture 2 – les autres céréales (blé, avoine…) 3 – les prairies naturelles ou artificielles 4 – les plantes sarclées (pommes de terre, …etc.) 5 – les plantes fruitières (vignes…) Les dégâts sont surtout alimentaires (végétal consommé, sol des prairies bouleversé lors de la recherche de vers) mais aussi comportementaux (piétinement, roulage des cultures). Le volume des dégâts n’est pas toujours lié à la densité des animaux. Peu de sangliers peuvent être très déprédateurs dans certaines circonstances. Un printemps froid ou sec qui retardera la germination des graines et un automne pluvieux qui repoussera la date des récoltes multiplient les risques de dégâts sur le maïs. La perturbation du milieu forestier et une chasse irrationnelle portant sur les sangliers adultes contribueront également à l’accroissement des dégâts aux cultures.

VII) REPRODUCTION La reproduction chez le sanglier est soumise à une très grande variabilité due à des facteurs encore mal élucidés : 1 – facteurs physiques (lumière, climat) Un climat doux est favorable. 2 – facteurs alimentaires Une bonne nourriture (glands, maïs) avance la période des chaleurs et des naissances. 3 – facteurs éthologiques Structure d’âge de la population, présence ou perte des meneuses.

1) Maturité sexuelle Entre 8 et 12 mois chez le mâle, et 8 à 20 mois chez la femelle.

La laie ne peut être gestante qu’avec un poids minimum de 30 à 35kg. Dans de bonnes conditions, des bêtes rousses peuvent être gestantes. Le repos sexuel de la laie est total en été (de juin à septembre). Dans de bonnes conditions, l’activité sexuelle reprend en octobre sinon en hiver. Elle entre alors en œstrus tous les 21 jours.

2) Rut Principalement de la mi novembre à la mi janvier avec un pic en décembre, mais des saillies peuvent avoir lieu entre septembre et mai. On a constaté une synchronisation des chaleurs chez les femelles d’une même compagnie. C’est la laie meneuse qui entrerait en chaleur la première, déclenchant ensuite celles des autres femelles.

3) Naissances La gestation dure 4 mois. Les mises bas peuvent avoir lieu de janvier à septembre avec un pic printanier très marqué entre mars et mai.

4) Taux d’accroissement Le nombre de jeunes par portée augmente avec l’âge et le poids de la mère : de 2 ou 3 à 8 ou 9. La moyenne se situe entre 4 ou 5 par laie les bonnes années. La production maximale serait celle des laies de 4 – 5 ans pesant 70kg et plus. Le taux de fécondité est très élevé mais le taux de mortalité naturelle peut atteindre 30 à 50% surtout dans les premières semaines suivant la naissance et ceci pour des raisons climatiques. Le taux d’accroissement annuel peut être estimé entre 50 et 150% de la population totale avant naissances. On peut tabler sur 100% en moyenne. L’espèce est donc PROLIFIQUE. Ces variations peuvent être très sensibles d’une année à l’autre (déficit ou excès de nourriture, climatologie, …etc.).

Fiche Biologie – Ethologie CHAMOIS

Classe : mammifère Ordre : ongulé artiodactyle Sous-ordre : ruminant Famille : Bovidés Genre : Caprins Espèce : Rupicapra rupicapra

I) CARACTERES PHYSIQUES GENERAUX 1) Description

Mâle : bouc Eterlou (1 à 2ans) Femelle : chèvre Eterle (1 à 2 ans) Jeune : chevreau ou cabri

2) Taille – Poids Le dimorphisme sexuel est peu prononcé. Bouc Chèvre Hauteur au garrot : 0,70 à 0,85m 0,70 à 0,85m Longueur : 1,1 à 1,3m 1,1 à 1,3m Poids vif : 30 à 50kg 25 à 35kg

3) Longévité 22 ans et plus (exceptionnelle pour un ongulé de cette taille)

4) Cornes Le mâle et la femelle portent des cornes, productions cutanées creuses et permanentes qui poussent autour d’une cheville osseuse de l’os frontal. De couleur noirâtre, elles comportent une hampe perpendiculaire au crâne et un crochet plus ou moins fermé à leur extrémité (plus fermé chez le mâle). La croissance des cornes est importante les 1ères années (surtout 2° année) et se ralentit ensuite pour ne plus donner en 4° année qu’un segment de 5mm et des segments de l’ordre du mm ensuite. La croissance des cornes est liée à l’abondance de nourriture ainsi qu’au bagage génétique. En général les cornes sont plus courtes et moins épaisses chez les femelles que chez les mâles. Chez le bouc la hauteur varie de 15 à 20cm et la longueur de 25 à 30cm.

5) Identification des sexes

Le bouc a un cou plus large, un poitrail plus marqué et des cornes plus recourbées que la chèvre. De profil, il est possible d’identifier son pinceau pénien.

II) HABITAT En France, le chamois n’est présent que dans les massifs montagneux (Alpes, Massif Central, Vosges…). Dans le département des Vosges, il évolue sur la partie Sud de la grande crête (La Bresse, Cornimont, Ventron, Bussang) et dans quelques secteurs isolés de montagne rocheuse (Valtin-Xéfosse, Straiture, Retournemer). Son domaine de prédilection se situe de part et d’autre de la lisière supérieure de la forêt montagnarde. En été, il exploite plutôt l’étage des pelouses aux expositions fraîches. Il affectionne les reliefs tourmentés avec falaises, couloirs herbeux de préférence sur les versants « Nord ». En hiver, il fréquente soit les forêts, soit les versants exposés au soleil, ou les zones déneigées par les vents. Dans les Vosges, il évolue entre 900 et 1400m.

III) OCCUPATION DE L ’ESPACE ET VIE SOCIALE Le chamois est une espèce fortement grégaire qui peut se réunir en hardes de plusieurs dizaines d’individus lorsque les densités le permettent. Dans les territoires à densité faible ou moyenne (cas des Vosges), on rencontre des hardes bien individualisées et stables à dominante de femelles et de jeunes dites « chevrées » ; les mâles sont souvent solitaires et discrets. Ils rejoignent les chevrées au moment du rut. La cellule matriarcale est l’unité sociale de base ; le chevreau est étroitement lié à sa mère durant sa première année. Il la quittera lors de la mise bas suivante et la rejoindra par la suite pour reconstituer la cellule familiale classique constituée du trio : chèvre – chevreau – éterle ou éterlou. Les éterlous peuvent également rejoindre les hardes de mâles.

IV) ALIMENTATION Fondamentalement, le chamois est un consommateur de plantes herbacées. Lorsque l’épaisseur de neige ne leur permet plus d’accéder à cette nourriture, ils deviennent des abroutisseurs c'est-à-dire des consommateurs de bourgeons divers et de feuilles de résineux. Le chamois est également très sélectif dans sa nourriture et la diversité floristique lui est indispensable. On peut définir son régime alimentaire de la manière suivante : - végétaux herbacés : 50% - végétaux ligneux : 35% - végétaux semi-ligneux : 10%

- fruits forestiers : 5%

V) REPRODUCTION ET ACCROISSEMENT Le rut du chamois s’étale de début novembre à mi-décembre. La gestation dure 23 semaines. La femelle met bas entre mi-mai et début juin, un seul petit, exceptionnellement deux. L’allaitement par un lait très riche se poursuit de façon rapidement dégressive jusqu’à mi-novembre. C’est généralement à partir de son 3° anniversaire que la femelle met au monde assez régulièrement (mais pas toujours) un chevreau chaque année jusqu’à la fin de la vie. Il naît autant de mâles que de femelles. La mortalité post-natale par intempéries et prédation (renard, chien errant, lynx) n’est pas négligeable. Il faut noter que le lynx, lorsqu’il en a le choix, est plus attiré par le chamois que par le chevreuil. Le taux annuel d’accroissement varie entre 15 et 20% de la population, ce qui est inférieur aux autres espèces de grand gibier évoluant dans les Vosges. Le taux de survie serait de 50% jusqu’à 1an, puis très élevé par la suite.