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FLORENT SCHMITT crépuscules - ombres et autres pièces pour piano laurent wagschal

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FLORENT SCHMITT crépuscules - ombreset autres pièces pour piano

laurent wagschal

FLORENT SCHMITT

Crépuscules, ombreset autres pièces pour piano

Laurent Wagschal piano

www.timpani-records.com1C1219

TT = 63'32

Crépuscules 1 – Sur un vieux petit cimetière (5'58) 2 – Neige (2'40) 3 – Sylphides (2'17) 4 – Solitude (5'56)

Ombres 5 – J’entends dans le lointain... (12'53) 6 – Mauresque (4'59) 7 – Cette ombre, mon image... (8'09)

8 – Et Pan, au fond des blés lunaires, s’accouda (5'47)

Enfants 9 – de chœur (1'36)10 – de troupe (1'55)11 – gâté (1'24)12 – turbulent (1'15) 13 – do (2'49)14 – moustique (0'41)15 – Moïse (sauvé des eaux) (2'08)16 – terrible (1'42)

Enregistrement/recording: mai 2005, Paris, Temple Saint-MarcelDirection artistique et enregistrement/Producer and balance engineer:Nikolaos SamaltanosCouverture/cover: Luigi Loir ‘Paris sous la neige’

À la fin du xixe siècle, dans un monde musical très marqué par la musique allemande et notamment par Wagner, les musi-ciens français, emmenés par Franck, Fauré puis par Debussy vont créer un vaste mouvement avec une esthétique caractéristique et tout à fait nouvelle. Ainsi une série impressionnante de compositeurs de tout premier ordre vont voir le jour et Florent Schmitt fait partie, aux côtés de Ravel, Roussel, Dukas ou d’Indy des musiciens qui vont mar-quer la vie musicale jusqu’à la seconde guerre mondiale. Célébré de son vivant comme l’un de nos plus grands musiciens, Florent Schmitt est aujourd’hui très injustement négligé voire ignoré. Si l’on peut encore en-tendre parfois certaines œuvres orchestrales, sa musique pour piano est complètement oubliée et compte pourtant un indiscutable chef-d’œuvre : les Ombres, ainsi que de magnifiques pages également présentées sur ce disque.

Né en 1870 à Blâmont en Lorraine, Florent Schmitt étudie le piano et l’harmonie au Conservatoire de Nancy avant de venir à Paris où il suit les cours de composition de Massenet puis de Fauré. En 1900 (à la cinquième tentative !), il décroche enfin le Premier Grand Prix de Rome. Manifestant une désinvolture extrême avec le règlement de la Villa Médicis, il consacre l’essentiel de ses cinquante mois de « rési-dence » en des voyages à travers toute l’Europe, l’Afrique du nord et jusqu’en Turquie, voyages qui nourriront plus tard son inspiration. Ra-pidement, trois œuvres marquantes vont obtenir un grand succès et ins-taller solidement la réputation du compositeur tant auprès du public que de ses pairs. C’est d’abord, en 1906, le grandiose Psaume XLVII ; l’année suivante, La Tragédie de Salomé, dédiée à Stravinsky que ce der-nier admira beaucoup et dans laquelle certains ont vu les prémisses de la fameuse Danse sacrale ; enfin, en 1909, le monumental Quintette pour piano et cordes. Jusqu’à la fin de sa longue existence (il mourra en 1958, à l’âge de quatre vingt huit ans), Florent Schmitt va connaître ainsi tous les honneurs et sera régulièrement programmé par les meilleurs interprètes et les grands orchestres.

Durant de longues années, il sera le critique musical respecté et re-douté de la revue Le Temps. De ce fait, il connaîtra parfaitement la musi-que de son temps, assistant à toutes les créations. Fustigeant sans ména-gement ce qu’il appelle le « m’as-tu-ouïsme », il fera également preuve de discernement et de grande ouverture d’esprit, défendant avec enthou-siasme les œuvres de ses compatriotes, mais aussi celles d’un Stravinsky, Hindemith, Schoenberg ou Szymanowski, d’esthétiques pourtant si éloi-gnées de lui. Il dirige quelque temps le conservatoire de Lyon et obtient en 1936 le respectable fauteuil de Directeur de l’Institut. En 1958, quel-ques mois avant sa mort, il assiste à la création par Charles Munch de sa Seconde Symphonie.

Le langage très personnel de Florent Schmitt se caractérise par une ins-piration mélodique chaleureuse, une harmonie subtile et sensuelle ainsi qu’une grande richesse rythmique. Si certaines de ses œuvres, notam-ment pour piano, sont clairement impressionnistes, on ne trouve dans son style, comme l’a noté Roussel « rien de cette mièvrerie, ni de ces raffine-ments excessifs qu’on a pu reprocher parfois à notre école nationale. » Et il ajoute : « S’il a écouté avec complaisance les accents charmeurs de Debussy, s’il en a goûté, comme tous ses contemporains, l’exquise et pro-fonde volupté, il n’en a retenu qu’une grande leçon d’indépendance. » Compositeur très fécond, le catalogue de ses œuvres comprend 138 nu-méros d’opus1 et aborde, à l’exclusion notable de l’opéra, absolument tous les genres. Quant à la personnalité de Florent Schmitt, elle se révèle particulièrement protéiforme et se renouvelle constamment. Il est tantôt le peintre des grandes fresques orientales où se mêlent sang, volupté et violence (Salomé, Antoine et Cléopâtre, Salammbô), tantôt le poète in-timiste et délicat de l’enfance (Le Petit Elfe Ferme-l’Œil, Pupazzi), tantôt enfin l’humoriste pince sans rire dans le courtelinesque Fonctionnaire MCMXII, sous-titré « Inaction en musique », ou dans les cocasses Scènes de la vie moyenne. Son inspiration se meut entre les deux extrêmes que sont le tragique et l’humour.

Pour le piano, Florent Schmitt n’est pas en reste, il lui consacre, outre vingt-sept numéros d’opus de compositions originales (constituant plus d’une centaine de pièces), la Symphonie Concertante, de très nombreux quatre mains et réalisera lui-même avec beaucoup de soin la transcrip-tion de ses œuvres symphoniques. Jusqu’en 1910, à l’exception des Soirs op. 5 et des Pièces Romantiques op. 42, l’œuvre pour piano se révèle

CETTE OMBRE, MON IMAGE...Laurent Wagschal

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cependant très inégale et assez décevante, essentiellement constituée de courtes pièces de caractère sentimental et romantique, encore imper-sonnelles, influencées notamment par Schumann et Chabrier et reniées plus tard par le compositeur qui les qualifiera sévèrement de « piécettes sans intérêt ». À partir des Ombres, souhaitant que le pianiste « en ait plein les mains », l’écriture devient très dense et requiert généralement l’utilisation de trois portées.

En 1913 sont publiés à Londres les Crépuscules op. 56 qui compren-nent quatre pièces dont une première rédaction avait été entreprise entre 1898 et 1902. Remarquable, ce recueil est malheureusement quasi in-connu et il n’y a plus guère qu’à la Bibliothèque Nationale qu’on pourra en consulter la partition.

À l’instar de Ravel dans Le Gibet ou dans La Vallée des cloches, Sur un vieux petit cimetière est traversé tout au long de la pièce par un motif de notes égrenées en syncope et indiqué « comme de lointaines clo-chettes ». Le thème principal, une magnifique mélodie modale, douce et paisible, émerge lentement d’un étonnant halo sonore, avant d’être développé dans un climat qui peu à peu s’exalte et devient passionné. Puis, après une suspension sur une longue résonance, la coda reprend le thème dans le calme du début mais avec de nouvelles et très ingénieuses harmonisations.

Neige s’inspire de la Ballade de la neige op. 6, cette dernière écrite avec beaucoup moins de réussite quelques années plus tôt et dans la même tonalité de sol dièse mineur. Le thème, mélancolique et désolé, admira-ble de poésie, est accompagné, un peu à la manière de Schumann, d’un simple arpège en croches tantôt descendant, tantôt montant.

Sylphides est un scherzo très brillant, aux harmonies très fauréennes — le Fauré de la dernière manière —, et qui apporte au recueil de nou-velles couleurs vives et lumineuses.

Le recueil s’achève par Solitude, qui met remarquablement en musi-que cette citation de Léon Paul Fargue : « Mais ce qu’on aime finit tou-jours par se décider à vous quitter… On est seul. On est toujours seul. Tout a pour but la solitude… » Florent Schmitt utilise ici un procédé très intéressant, qu’on trouve fréquemment dans ses œuvres pour piano comme à l’orchestre, et qui consiste à doubler à l’unisson une mélodie à deux octaves d’intervalle. Après une dernière et vaine apparition du

thème évocateur de bonheurs passés, la musique retombe dans cette solitude désabusée et accablante, résumée par ce do dièse tenu seul, longuement et qui clôt la pièce.

Avec les Ombres op. 64, écrites entre 1913 et 1917, Florent Schmitt atteint sa pleine maturité et signe incontestablement un chef-d’œuvre, qui devrait figurer parmi les sommets de la littérature pianistique fran-çaise aux côtés des Images de Debussy ou de Gaspard de la nuit de Ravel, avec lequel Ombres partage justement certains aspects : durée comparable, même forme de triptyque dont les pièces, complètement indépendantes, sont inspirées par des poèmes, enfin même traitement orchestral de l’écriture pianistique. On peut parler ici de véritables poè-mes symphoniques pour piano.

Inspirée par un extrait des Chants de Maldoror de Lautréamont cité en exergue : « J’entends dans le lointain des cris prolongés de la douleur la plus poignante », la première pièce est la plus ambitieuse de toute son œuvre pianistique par sa durée (la seule à excéder dix minutes), mais surtout par ses difficultés d’exécution redoutables. Basé sur deux thèmes principaux amplement développés, l’un révolté et l’autre qui le suit im-médiatement, très intérieur, mais tous deux pleins d’un sentiment drama-tique et douloureux, ce premier volet, écrit en cette sombre année 1917, fait évidemment écho au conflit de la première guerre mondiale. Fidèle à son souhait de « voir tous les chefs-d’œuvre écrits primitivement pour le piano avant d’être orchestrés », une version pour piano et orchestre de cette pièce sera réalisée et créée par Jacques Février et l’Orchestre Colonne en 1930.

Plus courte et n’ayant pas de support littéraire, Mauresque fait office d’intermède divertissant. Après une courte introduction menaçante, le thème principal est exposé avec langueur et indolence et un second mo-tif avec ses enchaînements debussystes d’accords de quinte maintient la pièce dans une ambiance sereine et dénuée de sentiments dramatiques.

Faisant à nouveau penser à Debussy, la dernière pièce est inspirée d’un poème de Walt Whitman : « Cette ombre, mon image qui va et vient, cherchant sa vie… » Florent Schmitt, après Debussy dans Images ou Ravel dans Miroirs, aborde le thème typiquement impressionniste de l’image réfléchie et emploie ici des harmonies et des couleurs cristalli-nes absolument remarquables.

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En 1920, La Revue Musicale propose à dix musiciens d’écrire une pièce en hommage à Debussy, disparu deux ans plus tôt. Ainsi naît le Tombeau de Claude Debussy, auquel collabore Florent Schmitt, aux cô-tés notamment de Dukas, Ravel, Roussel, Bartok et Stravinsky. S’inspi-rant d’un poème de Paul Fort, il signe Et Pan, au fond des blés lunaires, s’accouda, émouvant hommage au compositeur de La Mer. L’année sui-vante, il lui joint La Tragique Chevauchée, ce diptyque de valeur formant ainsi les Mirages op. 70 qui seront orchestrés et créés sous cette forme par Koussevitzky en 1924.

En 1939, Schmitt, qui entre dans sa soixante-dixième année et qui par ailleurs a écrit de nombreux recueils didactiques à destination de la jeunesse, effectue une nouvelle évasion dans le monde de l’enfance avec la composition d’Enfants, cycle plein de fraîcheur et de tendresse, qui s’achève par un pied de nez et avec un clin d’œil évident à Stravinsky.

1. En vérité seulement 137, car Florent Schmitt choisit, en hommage à l’ultime sonate pour piano opus

111 de Beethoven, de passer directement de l’opus 110 à l’opus 112 dans le catalogue de ses œuvres !

Pianiste parmi les plus originaux et brillants de sa génération, Laurent Wagschal s’est distingué depuis plusieurs années par son engagement pour défendre le répertoire de la musique française ainsi que certains compositeurs injustement négligés. En témoigne ainsi sa discographie chaleureusement saluée par la presse (Télérama, Le Monde, Diapason, Classica, Pianiste Magazine...), et composée d’une vingtaine d’enre-gistrements parmi lesquels figurent notamment : des disques monogra-phiques consacrés aux œuvres pour piano de Gabriel Pierné, Gabriel Fauré (les Nocturnes), Florent Schmitt, Maurice Emmanuel ; l’intégrale de la musique de chambre avec vents de Saint-Saëns avec les solistes de l’Orchestre de Paris (nominée aux Victoires de la Musique Classi-que 2011 dans la catégorie « Meilleur enregistrement de l’année ») ; le Concert de Chausson et le Double Concerto de Mendelssohn avec Nicolas Dautricourt et l’Orchestre d’Auvergne ; la musique de chambre de Debussy avec les solistes de l’Opéra de Paris ; la musique de chambre de Maurice Emmanuel.

Laurent Wagschal se produit régulièrement sur des scènes prestigieu-ses à Paris (Théâtre du Châtelet, Théâtre des Champs-Élysées, Auditorium du Musée d’Orsay, Radio-France), à l’étranger (Auditorium National de Musique de Madrid, Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, Carnegie Hall à New York, Dongsoong Hall à Séoul, Tokyo Opera City Recital Hall), ainsi que dans de nombreux festivals (Midem de Cannes, Festival Cho-

pin à Bagatelle, Festival Présences, Festival du Périgord Noir...). Il a rem-porté plusieurs prix internationaux et s’est déjà produit en soliste avec notamment l’Orchestre des Concerts Lamoureux, l’Orchestre Pasdeloup, l’Orchestre de la Cité Universitaire de Paris, l’Orchestre d’Auvergne, le Brussels Philharmonic Orchestra et l’Orchestre Classica de Moscou.

« Un pianiste singulier, empreint d’un étonnant charisme (…), qui pos-sède un toucher sensible, coloriste et élégant, quoique mélancolique, et une intelligence naturelle de cette météorologie de climats propre à la musique française. » Marie-Aude Roux, Le Monde (5/09/2010)

« (…) Un jeune interprète d’une trempe et d’une singularité jumelles. » Gilles Macassar, Télérama (18/08/2010)

« (…) Clearly, a superb pianist of great power and eloquence. » Bryce Morrison, Gramophone (02/2011)

« Laurent Wagschal est aujourd’hui l’un des meilleurs spécialistes du piano français. » Jacques Bonnaure, Classica (03/2011)

« Laurent Wagschal est un pianiste surprenant, au toucher coloré, flui-de, maniant avec habileté une espèce de force tranquille. » Marie Deles, Ouest France (22/01/2001)

« On n’oublie pas Laurent Wagschal dès lors que l’occasion nous a été donnée de l’entendre. » Michèle Espour-Dureuil, Le Journal de Saô-ne-et-Loire (22/08/2004)

Site web : www.laurentwagschal.com

LAURENT WAGSCHAL

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© Nathan Bleurvacq

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At the end of the 19th century, in a musical world dominated by Ger-man music and, in particular,by Wagner, French musicians, led by Franck, Fauré and later Debussy, would create a vast movement with a charac-teristic and thoroughly new aesthetic. Thus did an impressive group of first-rank composers see the day, including Florent Schmitt alongside Ravel, Roussel, Dukas and d’Indy — musicians who were going to mark French musical life up until the Second World War. Celebrated during his lifetime as one of France’s greatest musicians, Florent Schmitt is now quite unjustly neglected and even ignored. Although we can still occa-sionally hear certain orchestral works, his piano music is completely overlooked, despite containing one indisputable masterpiece, Ombres, Op. 64, as well as other magnificent pieces also presented on this disc.

Born in 1870 in Blâmont, in the Lorraine region of eastern France, Flo-rent Schmitt studied piano and harmony at the Conservatory in Nancy before going to Paris where he studied composition, first with Massenet then with Fauré. In 1900, he at last won the Grand Prix de Rome — on his fifth attempt! Showing extreme casualness in regards to the rules of the Villa Médicis, he spent most of the fifty months of ‘residence’ travel-ling throughout Europe, North Africa and as far as Turkey, voyages that would later nurture his inspiration. Three outstanding works would soon achieve great success and solidly establish the composer’s reputation with the public as well as his peers. First, in 1906, there was the gran-diose Psalm XLVII; the following year, La Tragédie de Salomé, dedicated to Stravinsky, who admired it greatly and in which some people have seen the origins of the famous Danse sacrale; and finally, in 1909, the monumental Quintet for piano and strings. Up until the end of his long existence (he died in 1958, at the age of 88), Florent Schmitt would ex-perience all the honours and be regularly programmed by artists and the leading orchestras.

For many years, he was the respected and feared musical critic for Le Temps and, attending all the premieres, he thus had very thorough knowledge of the music of his time. Bluntly denouncing what he consi-

dered superficial ‘showing off’, he would also demonstrate discernment and considerable open-mindedness, enthusiastically defending works by his compatriots, as well as those of Stravinsky, Hindemith, Schoenberg and Szymanowski, despite their aesthetics being so far removed from his. He was director of the Lyon Conservatory for a while and, in 1936, obtained the respectable chair of Director of the Institut. In 1958, a few months before his death, he attended the first performance of his Second Symphony by Charles Munch.

Florent Schmitt’s highly personal language is characterised by warm melodic inspiration, subtle, sensual harmony and great rhythmic ri-chness. Although some of his works, especially for piano, are clearly Impressionistic, as Roussel points out, we find ‘none of that sentimen-tality or those excessive refinements that could sometimes be reproa-ched in [the French] national school’. And he goes on to add: ‘Although he complacently listened to the seductive strains of Debussy, although he tasted, like all his contemporaries, the exquisite and profound vo-luptuousness, he retained only an important lesson of independence from them’. A highly prolific composer, his catalogue includes 138 opus numbers1 in absolutely all genres, with the notable exclusion of opera. As for Florent Schmitt’s personality, it proved to be particular-ly Protean and constantly renewed itself. This painter of vast Oriental frescoes, mixing blood, voluptuousness and violence (Salomé, Antoi-ne et Cléopâtre, Salammbô), could also be a delicate, intimist poet of childhood (Le Petit Elfe Ferme-l’Œil, Pupazzi) or, finally, a tongue-in-cheek humorist in the ‘Courtelinesque’2 Fonctionnaire MCMXII, sub- titled ‘Inaction in music’, or in the comical Scènes de la vie moyenne. His inspiration alternates between the two extremes of the tragic and comic.

For the piano, Florent Schmitt was hardly stingy: in addition to 87 opus numbers of original compositions (making up some hundred pieces), there is also the Symphonie concertante and a large number of pieces for piano four hands, and he himself would transcribe his symphonic works with considerable care. Yet, up until 1910, with the exception of Soirs, Op. 5 and Pièces romantiques, Op. 42, the music for piano turns out to be quite uneven and relatively disappointing, consisting essentially of short pieces of a sentimental, romantic nature, still impersonal and influenced in particular by Schumann and Chabrier. They would later by

THIS SHADOW, MY IMAGE...Laurent Wagschal

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renounced by the composer who would harshly describe them as ‘pié-cettes without interest’. Starting with Ombres, and wanting the pianist to ‘have his hands full’, the writing becomes quite dense and generally requires the use of three staves.

In 1913, Crépuscules (‘Twilights’), Op. 56 was published in London. Made up of four pieces, of which a first version dates back to between 1898 and 1902, this remarkable collection is, unfortunately, almost to-tally unknown, and it is now almost only at the Bibliothèque Nationale in Paris that the score can be consulted.

Like Ravel in Le Gibet or La Vallée des cloches, Sur un vieux petit cimetière (‘On an old, small cemetery’) is shot through from beginning to end by a motif of syncopated notes played one by one and marked ‘like distant bells’. The main theme, a magnificent modal melody, gentle and peaceful, slowly emerges from an astonishing halo of sound, before being developed in a climate that gradually becomes excited and then impassioned. Next, after a suspension over a long resonance, the coda reprises the theme in the calm of the beginning but with new and quite ingenious harmonisations.

Neige (‘Snow’) takes its inspiration from the Bal-lade de la neige Op. 6, written a few years earlier — and much less successfully — in the same key of G sharp minor. The admirably poetic but melancholy and desolate theme is accompanied — somewhat in the manner of Schu-mann — by a simple arpeggio in semiquavers, sometimes falling, some-times rising.

Sylphides is a very brilliant scherzo with harmonies that are highly reminiscent of Fauré (the Fauré of the last period) and gives the cycle bright, luminous new colours.

The set concludes with Solitude, which remarkably translates into music this quotation by Léon Paul Fargue: ‘But what one loves always ends up deciding to leave you… One is alone. One is always alone. The goal of everything is solitude…’ Here, Florent Schmitt uses a very interesting procedure, which is frequently found in his works for piano and orchestra and consists of doubling a melody in unison at a two-octave interval. Af-ter a final, vain appearance of the theme with its evocation of past happi-ness, the music falls back into this disenchanted, overwhelming solitude, summed up by a long C sharp tenuto on which the piece ends.

With Ombres (‘Shadows’), Op. 64, written between 1913 and 1917, Florent Schmitt reached full maturity and signed an indisputable mas-terpiece, which deserves a place at the summit of French piano litera-ture alongside Debussy’s Images and Ravel’s Gaspard de la nuit. In fact, Ombres shares certain aspects with those scores: comparable length, the same triptych form whose completely independent pieces are inspired by poems and, finally, the same orchestral treatment of the piano writing. Here one might speak of veritable symphonic poems for piano.

Inspired by an excerpt from Lautréamont’s Chants de Maldoror, quoted as an epigraph — ‘In the distance I hear prolonged cries of the most poignant suffering’ — the first piece is the most ambitious of his entire piano oeuvre in its length (the only one to exceed ten minutes), but especially in its fearsome technical difficulties. Based on two amply developed main themes — the one rebellious, the other, which follows immediately, quite inward, but both full of dramatic, painful feeling; this first part, written in the dark year of 1917, obviously echoes the conflict of the Great War. Faithful to his wish to ‘see all the masterpieces written initially for piano before being orchestrated’, a version for piano and orchestra would be realised and first performed by Jacques Février and the Orchestre Colonne in 1930.

Shorter and having no literary support, Mauresque serves as an enter-taining interlude. After a brief, threatening introduction, the main theme is stated languorously and indolently, and a second motif with its De-bussyst progressions of fifths maintains the piece in a serene atmosphere devoid of dramatic feelings.

The last piece, once again bringing Debussy to mind, is inspired by a Walt Whitman poem: ‘This shadow, my image that comes and goes, see-king its life…‘ Florent Schmitt, after Debussy in Images or Ravel in Mi-roirs, broaches the typically Impressionistic theme of the reflected image and here uses absolutely remarkable harmonies and crystalline colours.

In 1920, the Revue Musicale asked ten musicians to write a piece in homage to Debussy, who had died two years earlier. Thus did the Tombeau de Claude Debussy come into being, with Florent Schmitt col-laborating alongside, in particular, Ravel, Dukas, Roussel, Bartók and Stravinsky. Taking inspiration from a poem by Paul Fort, he wrote Et Pan, au fond des blés lunaires, s’accouda, (‘And Pan, at the bottom of the lu-

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nar corn, leant on his elbows’), a moving tribute to the composer of La Mer. The following year, he added La Tragique Chevauchée (‘The tragic Ride’) to it, thus forming the admirable diptych Mirages, Op. 70, which would be orchestrated and first performed in that form by Koussevitzky in 1924.

In 1939, Florent Schmitt, who was entering his 70th year and, moreo-ver, wrote numerous didactic collections meant for young people, car-ried out a new escape into the world of youth with the composition of

Enfants (‘Children’), a cycle full of freshness and tenderness, which ends cocking a snook, in an obvious wink at Stravinsky.

Translation: John Tyler Tuttle

1. In truth, only 137, for Florent Schmitt chose, in tribute to Beethoven’s last piano sonata, Opus 111, to skip directly from Opus 110 to Opus 112 in the catalogue of his works!

2. French playwright Georges Courteline (1858-1929) stigmatised — with great humour — human stupidity and mediocrity.

One of the most original and brilliant pianists of his generation, Lau-rent Wagschal has made his mark over the past few years through a commitment to the defence of the French music repertory and in par-ticular of certain unjustly neglected composers. This is shown by a dis-cography, warmly hailed by the press (Télérama, Le Monde, Diapason, Classica, Pianiste Magazine, etc.), that comprises some twenty or so recordings including, notably: monographic discs of the piano works of Gabriel Pierné, Fauré (the 13 Nocturnes), Florent Schmitt; Saint-Saëns’ complete chamber music with wind with the soloists of the Orchestre de Paris (nominated at the Victoires de la Musique Classique 2011 in the category ‘Best recording of the year’); Chausson’s Concert and Mendelssohn’s Double Concerto with Nicolas Dautricourt and the Orchestre d’Auvergne; Debussy’s chamber music with the soloists of the Paris Opera; the complete works for violin and piano by Szyma-nowski with Nicolas Dautricourt.

Laurent Wagschal regularly appears on prestigious platforms in Pa-ris (Théâtre du Châtelet, Théâtre des Champs-Élysées, Auditorium du Musée d’Orsay, Radio-France), and abroad (Madrid National Music Auditorium, Palais des Beaux-Arts in Brussels, Carnegie Hall in New York, Dongsoong Hall in Seoul, Tokyo Opera City Recital Hall), as well as in many festivals (Midem in Cannes, Festival Chopin in Bagatelle,

Présences, Festival du Périgord Noir, etc.). He has won several inter-national prizes and has already appeared as a soloist notably with the Orchestre des Concerts Lamoureux, the Orchestre Pasdeloup, the Or-chestre de la Cité Universitaire de Paris, the Orchestre d’Auvergne, the Brussels Philharmonic Orchestra and Classica Orchestra of Moscow.

“A singular pianist, imbued with an astonishing charisma (…) who possesses a touch that is sensitive, colourful and elegant, although me-lancholic, and a natural intelligence of that meteorology of climates unique to French music.” Marie-Aude Roux, Le Monde (5/09/2010)

“(…) a young performer whose mettle is matched by his singularity.” Gilles Macassar, Télérama (18/08/2010)

“(…) clearly, a superb pianist of great power and eloquence.” Bryce Morrison, Gramophone (02/2011)

“Laurent Wagschal is today one of the finest specialists of the French piano.” Jacques Bonnaure, Classica (03/2011)

“Laurent Wagschal is a surprising pianist, with a colourful, fluid touch, his skill blended with a kind of tranquil strength.” Marie Deles, Ouest France (22/01/2001)

“You do not forget Laurent Wagschal when you have the opportunity of listening to him.” Michèle Espour-Dureuil , Le Journal de Saône-et-Loire (22/08/2004)

website: www.laurentwagschal.com

LAURENT WAGSCHAL