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RÉPONSES AU QUESTIONNAIRE DU PARLEMENT EUROPÉEN
À L'INTENTION DU COMMISSAIRE DÉSIGNÉ
M. Valdis DOMBROVSKIS
Vice-président exécutif désigné pour une économie au service des personnes
Question n° 1: Compétence générale, engagement européen et indépendance personnelle
Quels sont les aspects de vos qualifications et de votre expérience personnelle qui sont
particulièrement utiles pour accéder à la fonction de commissaire et promouvoir l’intérêt
général européen, en particulier dans le domaine dont vous auriez la charge? Quelles sont
vos motivations? Quelle sera votre contribution à la présentation du programme
stratégique de la Commission? Comment entendez-vous mettre en œuvre l’intégration de
la dimension de genre et tenir compte de la dimension hommes-femmes dans tous les
domaines d’action de votre portefeuille?
Quelles garanties d’indépendance êtes-vous en mesure de donner au Parlement et
comment feriez-vous en sorte que vos éventuelles activités passées, actuelles ou futures ne
puissent pas jeter le doute sur l’exercice de vos fonctions au sein de la Commission?
Il y a trente ans, le 23 août 1989, plus de deux millions de personnes se donnaient la main pour
former une chaîne humaine reliant les trois États baltes - l'Estonie, la Lettonie et la Lituanie.
«La Voie balte» – qui représente aujourd'hui un événement marquant de l'Histoire – était une
manifestation pacifique contre le régime oppressif de l'Union soviétique. Un cri des trois
peuples baltes pour la liberté, la démocratie et le droit à l'auto-détermination. Que de chemin
parcouru depuis ce jour, pour mon pays, la Lettonie, comme pour moi. Aujourd'hui, l'Europe
est unie, la Lettonie y est solidement arrimée et 500 millions d'Européens vivent libres et
prospères. Pour autant, nous ne devons pas tenir le projet européen pour acquis. Les temps ont
à ce point changé que nous devons défendre les valeurs européennes, œuvrer pour l'unité et
relever de nouveaux défis – ensemble. Ce printemps, j'étais candidat aux élections européennes,
à la tête d'une liste au programme résolument pro-européen. Les électeurs m'ont confié le
mandat d'œuvrer à une Union européenne plus forte et plus unie. Je suis convaincu que c'est là
l'intérêt de la Lettonie et des autres États membres. Remplir ce mandat est ma motivation
première et mon devoir.
Concernant mes qualifications professionnelles, j'ai l'honneur d'exercer la fonction de vice-
président pour l'euro et le dialogue social dans la Commission Juncker. Depuis juillet 2016, je
suis également responsable de la stabilité financière, des services financiers et de l'union des
marchés des capitaux. Je suis chargé, conjointement avec le commissaire Pierre Moscovici, de
la gouvernance budgétaire et économique de l'Union européenne; je dirige les travaux relatifs
au renforcement de l'Union économique et monétaire (UEM) européenne. La Commission a
apporté des améliorations au Semestre européen, en mettant davantage l'accent sur sa
dimension sociale, la croissance inclusive et le renforcement du dialogue avec les autorités
nationales, les partenaires sociaux et les parties prenantes. Je me suis rendu dans tous les États
membres pour débattre des évolutions économiques, budgétaires et sociales. J'ai effectué 40
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visites aux parlements nationaux et tenu à peu près autant de réunions avec les partenaires
sociaux nationaux.
Nous avons accompli des progrès dans l'approfondissement de l'UEM. J’ai dirigé les travaux
sur l’achèvement de l’union bancaire et sur la mise en place d’une union des marchés des
capitaux. Je suis très motivé par la perspective de mener à bien ces deux projets, qui
contribueront à rendre l’économie et le système financier européens plus solides et plus
résilients et qui, dès lors, favoriseront la croissance et la stabilité. J’encouragerai toutes les
parties concernées à relancer très rapidement les travaux sur les propositions de la Commission
relatives aux instruments budgétaires, notamment à l’instrument budgétaire de convergence et
de compétitivité, mais aussi à un instrument de stabilisation budgétaire au niveau de l’Union.
La Commission actuelle a présenté une proposition de mécanisme européen de stabilisation des
investissements, et l'une des priorités de la prochaine Commission sera la mise en place d'un
régime européen de réassurance des prestations de chômage. J’ai été chargé, avec la
commissaire Marianne Thyssen, de développer le socle européen des droits sociaux et de
relancer le dialogue social au niveau de l’Union.
Lorsque je suis devenu Premier ministre de la Lettonie, l’économie nationale était en chute
libre, frappée de plein fouet par la crise financière. Remettre l’économie sur ses rails puis
adhérer à l’euro cinq ans plus tard n’aurait pas été possible sans un dialogue constant avec les
partenaires sociaux tout au long de cette période difficile.
J’ai occupé le poste de Premier ministre de la Lettonie dans trois gouvernements successifs, de
mars 2009 à janvier 2014. J’ai été député au Parlement européen (2004-2009), où j’ai été
membre de la commission des budgets et membre suppléant de la commission des affaires
économiques et monétaires. Cette année, j’ai été élu au Parlement européen pour la troisième
fois. J’ai renoncé à mon mandat de député à la suite de la décision du gouvernement letton de
me nommer commissaire désigné. J’ai également été élu à la Saeima, le parlement letton, trois
fois (en 2002, 2010 et 2011) et j'ai été ministre des finances de la Lettonie de 2002 à 2004.
En somme, j'ai une longue expérience politique au sein des institutions de l’Union – Parlement
européen, Conseil européen, Conseil et Commission européenne –, expérience qui me donne
une connaissance pratique de la manière dont le processus décisionnel de l’UE fonctionne.
En ce qui concerne le programme stratégique qui nous attend, je partage l'avis de la présidente
élue Ursula von der Leyen selon lequel la capacité de réaction de l'Union est mise à rude
épreuve par les défis redoutables que sont, par exemple, le changement climatique, la
numérisation, l’évolution démographique, un système commercial international moins ouvert
et l'émergence de nouvelles puissances. Ces évolutions nécessiteront une transformation
profonde de nos économies, qui révolutionnera nos sociétés et modifiera la manière dont chacun
vit et travaille. Si ma nomination est confirmée, je serai chargé de piloter et de coordonner, dans
l'ensemble de la Commission, les travaux visant à ce que l'économie européenne soit au service
des personnes et que notre modèle unique d’économie sociale de marché soit préservé. Cela
suppose de promouvoir l’équité et l’inclusion dans l’ensemble de nos politiques économiques,
de façon que la transition verte et numérique ne se fasse pas au détriment des membres les plus
vulnérables de nos sociétés. Il nous faut réformer la fiscalité et investir dans l’éducation et la
mise à niveau des compétences; nous avons également besoin de politiques sociales qui aident
concrètement les plus faibles. Je continuerai à œuvrer, avec mes collègues, à la mise en œuvre
du socle européen des droits sociaux.
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La transition vers une économie neutre pour le climat nécessitera des investissements massifs,
tant publics que privés. Pour combler le déficit d'investissements, fort de mon expérience en
matière de politique de finance durable, je travaillerai à l’élaboration d’un nouveau plan
d’investissement dans la finance durable. Le défi de l’urgence climatique peut ouvrir des
perspectives aux entreprises européennes si elles font preuve de rapidité. Elles pourraient alors
prendre l'avantage sur la concurrence dans la course aux produits et services verts, qui – j'en
suis certain – vont se développer à l’échelle mondiale. La croissance économique et la durabilité
climatique ne sont pas deux notions inconciliables.
Nous devons poursuivre notre entreprise de consolidation de l'UEM pour aider l'Europe à peser
de tout son poids économique sur la scène mondiale. Nous devons accroître le rôle international
de l’euro. À cette fin, il nous faut parachever l’union bancaire en trouvant une solution pour
mettre en place son dernier pilier, le système européen d’assurance des dépôts. Parallèlement,
nous devrions intensifier notre lutte contre le blanchiment de capitaux: l’argent sale n'a pas sa
place dans les banques européennes. Je considère l’union des marchés des capitaux comme une
priorité absolue, car elle est indispensable pour faciliter l’accès au financement de nos petites
et moyennes entreprises, qui sont le moteur de notre économie et de la création d’emplois. Alors
que l’Europe ne manque ni de talents ni d'entreprises innovantes, ses PME ont du mal à devenir
des innovateurs à grande échelle, souvent faute d’avoir un accès suffisant au financement. En
outre, dans le cadre du programme d’approfondissement de l’UEM, il sera nécessaire de
continuer à travailler sur les instruments budgétaires.
En ce qui concerne la gouvernance économique, je souhaite préserver les améliorations
constantes que nous avons apportées au Semestre européen pour la coordination des politiques
économiques, notamment le renforcement de sa dimension sociale, et intégrer les objectifs de
développement durable dans ce cadre, tout en conservant l’orientation macroéconomique du
Semestre européen.
Le projet européen ne peut être crédible que s’il reste ouvert à ses membres et à ceux qui
appellent à l'aide en cas de besoin. C’est pourquoi, si ma nomination est confirmée, je
continuerai à soutenir les efforts déployés par les États membres pour adopter l’euro. Je pense
que nous devrions également soutenir les pays partenaires qui se trouvent dans le voisinage
élargi de l'Union, notamment l'Ukraine, que nous devrions aider à stabiliser son économie.
Je souhaite aider à combler le fossé encore trop large qui sépare l'Est et l'Ouest de l'Europe.
Mon équipe reflétera cet équilibre géographique, et respectera également la parité hommes-
femmes, que j’ai toujours défendue. Je soutiens sans réserve la position de notre présidente élue
en matière d’équilibre femmes-hommes. Ce principe figure en bonne place dans le socle
européen des droits sociaux. Je soutiendrai activement l'adoption de mesures concrètes qui
mettront en pratique le principe d’égalité femmes-hommes. Je contribuerai à l’élaboration
d’une nouvelle stratégie européenne en matière d’égalité des sexes et je plaiderai pour
l'adoption de mesures contraignantes en matière de transparence des rémunérations afin de
dénoncer les écarts salariaux entre les hommes et les femmes. Je continuerai aussi à encourager
l'adoption de mesures de promotion de l'égalité femmes-hommes dans le cadre du Semestre
européen. Prôner l'adoption de mesures visant à renforcer la participation des femmes au
marché du travail n’est qu’un exemple de la manière dont les recommandations par pays
peuvent contribuer à maintenir la question de l’égalité hommes-femmes au premier rang des
priorités politiques.
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L’égalité de traitement est importante à de nombreux égards. Elle crée un sentiment d’équité et
d’inclusion, qui engendre à son tour un sentiment d’appartenance. C’est ce que les Européens
attendent de nous.
Je prends l'engagement de respecter pleinement les devoirs d’indépendance, d’intégrité,
d’impartialité et de disponibilité prévus à l’article 17, paragraphe 3, du traité sur l’Union
européenne et à l’article 245 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE),
ainsi que l’obligation de secret professionnel prévue à l’article 339 du TFUE. Je déclare
solennellement me conformer aux règles de déontologie énoncées aux articles précités et dans
le code de conduite des commissaires. J’ai rempli et publié ma déclaration d’intérêt et je la
mettrai immédiatement à jour en cas de changement.
Je m’engage également à éviter toute fonction ou toute situation qui pourrait mettre en cause
mon indépendance, mon impartialité et ma disponibilité au service de la Commission. Je
m’abstiendrai d’assumer toute autre charge publique et d'exercer toute autre activité
professionnelle, rémunérée ou non. Je m’engage à informer sans délai la présidente de la
Commission de l’existence de toute situation pouvant entraîner un conflit d’intérêts dans
l’exercice de mes fonctions officielles.
Question n° 2: Gestion du portefeuille et coopération avec le Parlement européen
Comment évalueriez-vous votre rôle en tant que membre du collège des commissaires? À
quel égard vous considéreriez-vous responsable et comptable devant le Parlement de vos
actions et de celles de vos services? Quels engagements spécifiques êtes-vous prêt à
prendre en termes de transparence renforcée, de coopération accrue et de prise en compte
effective des positions et demandes d’initiative législative du Parlement? Concernant les
initiatives envisagées ou les procédures en cours, êtes-vous prêt à informer le Parlement
et à lui fournir des documents sur un pied d’égalité avec le Conseil?
Ma nomination au poste de vice-président exécutif pour une économie au service des personnes
est un honneur. Si ma nomination est confirmée, j’aurai la lourde tâche de coordonner l’une des
six grandes priorités des orientations politiques formulées par notre présidente. Tout en
assumant la responsabilité politique de mes activités, je travaillerai en totale coopération avec
tous les membres du Collège pour élaborer des politiques cohérentes et honorer les
engagements énoncés dans ces orientations politiques, en recherchant des synergies entre les
différents domaines d’action et sans perdre de vue les priorités. Je m'emploierai énergiquement
à promouvoir l'efficacité et la cohésion au sein de mes équipes, deux conditions indispensables,
selon moi, pour obtenir les meilleurs résultats possibles. Je partage l’avis de la présidente élue
selon lequel «il est grand temps de concilier le social et le marché au sein de notre économie
moderne». J'ai l'intention de jouer un rôle de médiateur et de facilitateur au sein de la
Commission et dans les relations avec les parties prenantes. Je suis certain que mon expérience
de vice-président et de Premier ministre peut être utile à cet égard.
Je compte sur une relation de travail étroite avec le Parlement européen, ses organes et ses
membres à chaque étape du processus d’élaboration des politiques. J'assisterai régulièrement
aux sessions plénières et aux réunions des commissions; je me rendrai disponible pour des
discussions informelles et j'entretiendrai des contacts réguliers avec les députés, en particulier
les présidents et les coordinateurs des commissions compétentes. Je demanderai à mon équipe
d’établir des relations étroites avec les bureaux des députés au Parlement européen, fondées sur
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l’ouverture, la transparence, la confiance mutuelle et la circulation rapide des informations. Je
donnerai corps au souhait de notre présidente élue de voir le Parlement européen parler d'une
voix plus forte sur les questions touchant à la gouvernance économique de l’Union. J’exercerai
ma fonction de gestion et d’organisation de la représentation de la Commission dans les
domaines relevant de ma compétence, notamment pour maximiser sa présence politique lors
des débats en séance plénière, des réunions des commissions et des négociations en trilogue.
En tant que seule institution européenne élue au suffrage direct, le Parlement européen est le
représentant des opinions et des aspirations des citoyens et apporte une légitimité aux processus
politique et décisionnel de l’Union. La Commission est responsable devant le Parlement
européen. Ce principe de responsabilité revêt une grande importance: il contribue à l’efficacité
et à la bonne gouvernance de la Commission et permet à celle-ci d’expliquer ses positions aux
différents stades du processus politique et législatif. Sans préjudice du principe de collégialité,
j’accepte ma responsabilité politique personnelle dans les domaines qui m’ont été assignés,
conformément à l’accord-cadre de 2010 sur les relations entre le Parlement européen et la
Commission. Dans ce contexte, je peux également vous garantir que mes relations avec mon
cabinet et les services placés sous ma responsabilité seront fondées sur la loyauté, la confiance
et la transparence, ainsi que sur une information réciproque et une assistance mutuelle.
Je veillerai à ce que les équipes des commissaires travaillant dans les domaines qui m’ont été
confiés examinent attentivement les résolutions du Parlement qui présentent un intérêt pour leur
domaine d’activité et à ce qu'elles en débattent. Les avis exprimés par le Parlement européen
constituent une contribution très précieuse au débat politique et très utile pour bâtir un
consensus entre les institutions de l’UE. La Commission est prête à donner suite aux résolutions
dans un délai de 3 mois.
La présidente élue von der Leyen est favorable à un droit d’initiative pour le Parlement
européen. Elle s’est engagée à ce que sa Commission réponde par un acte législatif aux
résolutions du Parlement adoptées à la majorité des membres qui le composent, dans le strict
respect des principes de proportionnalité et de subsidiarité ainsi que de l'accord «Mieux
légiférer». Je souscris pleinement à cet objectif, et dans le cadre de l'engagement du prochain
Collège à renforcer le partenariat avec le Parlement européen, je travaillerai main dans la main
avec le Parlement à tous les stades des débats sur les résolutions adoptées au titre de l’article
225 du TFUE. Je suis déterminé à coopérer étroitement avec les commissions parlementaires
compétentes et à participer activement, sur place, à la préparation de résolutions au titre de
l’article 225 du TFUE. Je suis absolument convaincu que cela améliorera le dialogue et
renforcera la confiance et le sentiment d’œuvrer ensemble à la réalisation d’un objectif
commun.
La Commission répondra également aux résolutions du Parlement dans les trois mois suivant
leur adoption, conformément à l’accord-cadre. Elle exercera un contrôle politique sur ce
processus.
Enfin, je m’engage à mettre intégralement en œuvre, pour ce qui est de l’accès aux réunions,
aux informations et aux documents, le principe de l’égalité de traitement du Parlement et du
Conseil en tant que colégislateurs, ainsi que j'y suis tenu en ma qualité de membre du Collège
responsable devant les députés directement élus du Parlement.
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3. Vous êtes responsable de la mise en place d’une économie au service des personnes. En
ce qui concerne le cadre de gouvernance économique, êtes-vous sûr qu’il soit
suffisamment solide pour éviter une crise de la balance des paiements et une crise de la
dette souveraine à l’avenir et que comptez-vous faire pour remédier aux carences de
longue date de l’Union économique et monétaire, à savoir l’absence d’une fonction de
stabilisation et d’une capacité budgétaire européenne pour stimuler les investissements et
créer des emplois? En outre, confirmez-vous que vous resterez responsable de l’euro au
sein de la prochaine Commission?
En tant que vice-président, je veillerai à ce que la Commission utilise tous les outils à sa
disposition pour mettre l’économie au service des personnes.
L’euro, la monnaie commune partagée par la plupart des États membres de l’UE, représente
bien plus que des pièces et des billets dans nos portefeuilles. C’est un symbole de l’unité et de
la prospérité européennes, basé sur une Union économique et monétaire forte. Comme indiqué
dans la lettre de mission de la présidente élue von der Leyen, si ma nomination est confirmée,
je coordonnerai le groupe des commissaires concernés et je dirigerai les travaux sur
l'approfondissement de notre Union économique et monétaire, un rôle que je remplissais déjà
au sein de la Commission actuelle. Je continuerais également à diriger les travaux sur le rôle
international de l’euro. Donc, pour répondre à votre dernière question, je resterais responsable
de l’euro.
À la suite de la dernière crise, la Commission, avec les autres institutions de l’UE et les États
membres, a consenti d'énormes efforts, premièrement pour préserver la stabilité et l’intégrité
de nos économies, et deuxièmement pour renforcer notre cadre de gouvernance. Avec le plan
d’investissement pour l’Europe, nous avons rendu possibles des investissements
supplémentaires dans l’économie européenne à hauteur de 433,2 milliards d'EUR. Nous avons
nettement renforcé la dimension sociale de l’Union économique et monétaire et encouragé une
politique fiscale équitable. Ainsi, l'économie européenne et l’euro sont désormais en bien
meilleure forme. Nous connaissons notre septième année consécutive de croissance; l’emploi
se situe à un niveau record, les chiffres du chômage sont à leur niveau le plus bas depuis la crise
et la pauvreté recule. La reprise ne s’est pas faite de manière égale entre les États membres,
mais il ne fait pas de doute que la stabilité globale et l’intégrité de l’économie européenne, et
en particulier la stabilité de la zone euro, ont été renforcées par rapport aux années précédant la
crise.
Nous devons à présent nous appuyer sur les progrès accomplis et préparer notre économie à
l’importante transformation qui est nécessaire pour relever les nouveaux défis exposés par la
présidente élue Ursula von der Leyen dans ses orientations politiques. Nos travaux doivent
porter sur plusieurs domaines, notamment la promotion de l'investissement et l’ajustement de
la structure de notre économie. Nous devons être vigilants vis-à-vis de possibles risques pour
la stabilité économique et financière et préserver la viabilité des finances publiques. Mener une
politique budgétaire responsable signifie également à ce stade améliorer la qualité des finances
publiques et utiliser la marge de manœuvre budgétaire pour soutenir les investissements et les
réformes.
Un défi majeur consistera à combler le déficit d’investissement afin de maîtriser la transition
vers une économie neutre pour le climat. Le plan d’investissement pour une Europe durable,
que je coordonnerai, vise à mobiliser 1 000 milliards d’EUR d'investissements aux quatre coins
de l’UE au cours de la prochaine décennie. Pour atteindre cet objectif, il nous faut coopérer
étroitement avec de nombreux collègues au sein de la Commission et rassembler des fonds
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publics et privés, en nous appuyant sur InvestEU, sur les fonds de cohésion et sur nos travaux
dans le domaine de la finance durable. Pour soutenir ce processus, il conviendrait que la Banque
européenne d'investissement consacre la moitié de son financement total à des investissements
en faveur du climat d’ici à 2025. Ces travaux doivent se faire en étroite coordination avec
l’élaboration d'une nouvelle stratégie industrielle à long terme pour l’UE.
Parallèlement, notre Union économique et monétaire n’est pas encore achevée. La Commission
a présenté une série de propositions et a présenté un certain nombre d’initiatives visant à
compléter le cadre de gouvernance économique, par exemple en ce qui concerne l’union
bancaire, l’union des marchés des capitaux et les nouveaux instruments budgétaires. Bon
nombre de ces propositions ont franchi avec succès les étapes de la procédure législative et font
désormais partie de l’architecture plus forte que je viens d'évoquer. D'autres propositions, par
exemple celle qui concerne un mécanisme central de stabilisation budgétaire, sont encore en
discussion au Parlement européen et au Conseil. Je suis convaincu que le mécanisme de
stabilisation budgétaire est nécessaire pour continuer à renforcer la résilience de la zone euro et
de l’UE en cas de choc important. La Commission actuelle a présenté une première proposition
concrète de mécanisme européen de stabilisation des investissements. Sous le mandat de la
nouvelle Commission, j’œuvrerai, avec les commissaires chargés de l’économie et de l’emploi,
à l'élaboration d’un régime européen de réassurance des prestations de chômage. J'ai également
la ferme volonté de mener à terme les négociations sur le programme d’appui aux réformes et
sur l’instrument budgétaire de convergence et de compétitivité pour la zone euro afin de
soutenir les réformes et investissements propices à la croissance menés par les États membres,
en étroite coopération avec la commissaire chargée de la cohésion et des réformes.
Au sein de la nouvelle Commission, nous devrons faire avancer les travaux sur l’Union
économique et monétaire dans le cadre d'un programme plus large et plus global qui comprend
également l’investissement, les relations commerciales libres et équitables, la fiscalité
équitable, la politique industrielle, le marché intérieur et le renforcement du soutien aux petites
et moyennes entreprises.
4. Quels devraient-être les trois principaux objectifs politiques de réglementation future
du secteur financier au cours du prochain mandat de la Commission? Quel regard portez-
vous sur l’union bancaire à l’heure actuelle et sur les prochaines étapes en vue de son
achèvement, en particulier la finalisation du filet de sécurité commun pour le Fonds de
résolution unique et la conception concrète d’un système européen d’assurance des dépôts
(SEAD), en dépit des divergences de vues actuelles entre les États membres, et ces
prochaines mesures incluent-elles l’adoption par la Commission d’une nouvelle
proposition législative sur le SEAD? Comment envisagez-vous de renforcer les banques
et de les rendre plus sûres, de réduire leur importance systémique et leur exposition à
leurs propres émetteurs souverains, de combiner la réduction des prêts non performants
avec la protection des consommateurs dans l’ensemble de l’Union et de garantir des
conditions de concurrence équitables entre toutes les banques européennes? Pensez-vous
que le secteur des services financiers de l’Union soit préparé à un Brexit sans accord?
Quels sont les secteurs qui nécessitent des travaux supplémentaires pour être pleinement
préparés à un Brexit, quelle que soit sa forme? Comment évaluez-vous les préparatifs à
un Brexit sans accord en matière de compensation et de règlement, en particulier en ce
qui concerne les produits dérivés libellés en euros?
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Le secteur financier est une base de notre économie et de la société dans son ensemble.
Lorsqu’il fonctionne correctement, il peut être un vecteur de succès économique et de
prospérité. Lorsqu’il ne fonctionne plus, les conséquences peuvent être dévastatrices. Les
réformes majeures que nous avons mises en œuvre depuis la crise financière mondiale ont
permis que le secteur financier et le secteur bancaire de l’UE retrouvent en grande partie la
santé et ont favorisé la reprise économique en général. Nous avons besoin d’un secteur financier
sûr, qui soutient une croissance économique durable et qui nous aide à faire face aux enjeux
mondiaux d’aujourd'hui. Malgré les améliorations intervenues ces dix dernières années, les
dures leçons que nous avons apprises de la crise financière mondiale montrent que nous devons
rester vigilants à tout moment quant aux possibles risques pour la stabilité financière.
Mon premier objectif politique sera de veiller à ce que le secteur financier continue de financer
l'économie d’une manière sûre et efficace. Dans ce contexte, notre but premier sera d'achever
l’union bancaire et de poursuivre la mise en place de l’union des marchés des capitaux. De
nombreux progrès ont été accomplis au cours des cinq dernières années, mais nous pouvons en
faire beaucoup plus pour améliorer encore le financement de l’économie. Mon deuxième
objectif politique sera de veiller à ce que les capitaux soutiennent la transition vers une
économie durable. Pour que l’Europe devienne le premier continent neutre pour le climat au
monde, il faudra investir des milliers de milliards d’euros. Bien que le secteur public ait un rôle
clé à jouer à cet égard, d’importants apports d’investisseurs privés seront essentiels. L’Europe
ne peut pas agir seule sur ces questions; seule une démarche mondiale peut fonctionner. Nous
devrions donc continuer à travailler avec nos partenaires internationaux afin de mobiliser des
investisseurs privés dans le monde entier. Troisièmement, le passage à une économie
numérique est en train de transformer tous les aspects du monde dans lequel nous vivons. Nous
devons faire en sorte que nos politiques soient compatibles avec la transformation numérique
du secteur financier. Il nous faut veiller à ce que les entreprises puissent saisir ces nouvelles
possibilités lorsque celles-ci bénéficient à leurs clients et à l’économie dans son ensemble. Dans
le même temps, notre cadre juridique doit continuer à protéger suffisamment les
consommateurs et les investisseurs; nous devons également être capables d’atténuer les risques
lorsqu'ils surviennent, en particulier s’ils peuvent avoir une incidence sur la stabilité financière.
Enfin, j’élaborerai des propositions visant à faire en sorte que l’Europe soit plus résiliente face
aux sanctions extraterritoriales infligées par des pays tiers, et que les sanctions imposées par
l’UE soient correctement appliquées, notamment dans l’ensemble de son système financier.
Dans le domaine des sanctions, je travaillerai en étroite collaboration avec le haut
représentant/vice-président.
L'achèvement de l’union bancaire constituera une priorité de premier plan. L’idée initiale de
l’union bancaire, en 2012, était ambitieuse, radicale et totalement neuve. Nous oublions souvent
combien de progrès ont été réalisés en quelques années seulement. Aujourd'hui, nous disposons
de mécanismes communs de surveillance et de résolution, et les bilans des banques sont plus
solides. Cependant, les progrès n’ont pas été aussi notables en ce qui concerne certaines
mesures essentielles pour renforcer l'architecture de l’union bancaire. Par exemple, le concept
de système européen d'assurance des dépôts, le troisième pilier, manquant, de l’union bancaire,
est encore en discussion entre les États membres. Sans préjudice des prérogatives
institutionnelles de la Commission, l’issue de ces discussions et la position du Parlement
européen devraient être prises en compte pour décider des prochaines mesures à prendre en
2020. Je reste attaché à un système européen d’assurance des dépôts et il est clair que nous
devons élaborer un consensus sur cette question entre les États membres et avec le Parlement
européen. Les États membres sont récemment arrivés à un «large accord» sur une réforme du
traité instituant le Mécanisme européen de stabilité, qui fera aussi du Mécanisme le filet de
sécurité commun pour le Fonds de résolution unique. Il s'agit d’un progrès substantiel et je
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soutiendrai activement les négociations visant à obtenir des résultats de qualité, tout en étant
favorable à une conclusion rapide de ces importants travaux.
Grâce aux nombreuses réformes, les banques d’Europe sont aujourd’hui bien plus fortes, mieux
capitalisées, moins endettées et, de façon générale, mieux préparées pour résister à des chocs
économiques. Dans le même temps, il est nécessaire de poursuivre les travaux sur certains
problèmes qui subsistent.
Il est nécessaire d’encourager les banques à diversifier encore leurs portefeuilles d’obligations
souveraines et à réduire la «préférence nationale», qui reste beaucoup trop forte et laisse les
banques exagérément exposées aux difficultés budgétaires du gouvernement de leur pays
d’origine. Je ne sous-estime pas la complexité et la sensibilité politiques, juridiques et
techniques de ces questions dans les différents pays de l’UE ni leurs implications pour la
stabilité financière; il sera donc essentiel d'élaborer un consensus tant au Parlement européen
qu'avec les États membres.
Le volume des prêts non performants a nettement diminué, à 3 % environ pour l’UE dans son
ensemble, grâce aux efforts décisifs entrepris ces dernières années par les décideurs politiques,
les autorités de surveillance et les banques. Cependant, ce nombre cache de grandes différences
entre États membres et entre banques. Pour faciliter la poursuite de la réduction des niveaux de
prêts non performants, nous devrions achever rapidement nos travaux sur les marchés
secondaires et la procédure accélérée de recouvrement de garantie, en tenant pleinement compte
de la nécessité de concevoir un système qui protège les consommateurs.
Enfin, il nous faut mettre en œuvre la dernière série de réformes de Bâle III qui complètent le
cadre prudentiel après-crise applicable aux banques, d'une manière qui préserve les spécificités
européennes et la diversité du secteur bancaire de l’UE.
Je regrette profondément le Brexit, cependant un retrait ordonné du Royaume-Uni est
clairement préférable à un retrait désordonné. Nous devons toutefois nous tenir prêts à tous les
scénarios, y compris un Brexit sans accord. Sur le plan du secteur financier, je pense que nous
sommes aussi bien préparés que possible. C’est grâce aux nombreux actes juridiques que nous
avons adoptés ces derniers mois que nous y sommes arrivés. Sur la base d’une analyse conjointe
de la Banque centrale européenne et de la Banque d’Angleterre, les services de la Commission
ont pris des mesures pour réduire tous les risques pour la stabilité financière en cas de Brexit
sans accord. Un Brexit sans accord pourrait provoquer des perturbations dans la fourniture de
services financiers et une certaine volatilité des marchés financiers. Toutefois, il est plus
probable que l’incidence négative la plus importante sur le secteur financier vienne des
retombées du Brexit sur l’économie réelle. À cet égard, les tests de résistance ont montré que
le secteur financier était suffisamment résilient. Nous continuerons à suivre de près les
évolutions du marché et prendrons des mesures appropriées si nécessaire. Dans le domaine
spécifique de la compensation et du règlement, l’UE est également prête à un scénario sans
accord. La Commission a adopté une décision temporaire sur l’équivalence des contreparties
centrales afin de préserver la stabilité financière de l’UE à 27 en cas de Brexit sans accord. En
particulier, en ce qui concerne les transactions sur dérivés de gré à gré non compensées, des
dispositions sont en place pour que les contrats restent valables et puissent continuer d’être
honorés après le Brexit. En parallèle, et au-delà du Brexit, un accord a été trouvé cette année
sur de nouvelles règles pour renforcer la surveillance des contreparties centrales. Ces règles
amélioreront la panoplie d'instruments prudentiels dont dispose l’UE, notamment pour les
contreparties centrales de pays tiers qui revêtent une importance systémique pour l’UE.
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5. Comment évaluez-vous l’union des marchés des capitaux (UMC) à l’heure actuelle et
quelles sont les mesures concrètes que vous entendez proposer pour achever l’UMC en
vue de diversifier l’accès au financement pour les entreprises et de faciliter le financement
des petites et moyennes entreprises, tout en favorisant la transition vers une économie
plus verte grâce à une finance durable? Les services financiers de détail sont des services
essentiels, mais le secteur est systématiquement classé comme l’un des marchés les moins
performants en termes de satisfaction des consommateurs, et des actes législatifs
importants ne sont pas mis en œuvre ou appliqués de manière satisfaisante: quelles
mesures prendrez-vous pour améliorer la convergence en matière de surveillance et
l’application de la législation en matière de protection des consommateurs dans le
domaine des services financiers? Que pensez-vous d’une future révision de la législation
de l’Union en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux?
L’union des marchés des capitaux est essentielle pour stimuler l’investissement, la croissance
et la création d’emplois. Des marchés de capitaux dynamiques et intégrés, qui complètent un
secteur bancaire solide pour financer notre économie, sont le meilleur moyen de financer
l’innovation et de créer davantage de possibilités d'investissement et de diversification des
risques pour les investisseurs européens. Étant donné que l’union des marchés des capitaux
contribue au partage des risques par le secteur privé dans les États membres, elle est cruciale
pour compléter l’Union économique et monétaire et pour renforcer le rôle international de
l’euro. Des progrès importants ont été accomplis depuis le lancement de l’union des marchés
des capitaux en 2015. Onze propositions législatives ont été adoptées ou approuvées et la
Commission a mis en œuvre ou présenté plus de 50 mesures non législatives. Je suis néanmoins
conscient que d'importants obstacles structurels subsistent. Donner un nouvel élan à
l’achèvement de l’union des marchés des capitaux sera une priorité.
Nous pouvons en faire plus pour que les entreprises européennes aient accès au financement
dont elles ont besoin pour investir et créer des emplois. Ces cinq dernières années, nous nous
sommes concentrés en particulier sur les mesures visant à améliorer le financement par le
marché pour les petites et moyennes entreprises, notamment, dernièrement, en réduisant la
charge administrative et les coûts de mise en conformité liés à l’entrée en Bourse. Sur la base
de ces travaux, la vice-présidente exécutive désignée pour une Europe adaptée à l’ère
numérique et moi proposerons une stratégie pour les petites et moyennes entreprises,
notamment pour les aider à améliorer leur accès au financement. À cette fin, outre d'autres
mesures, je mettrai en place un fonds public-privé destiné à favoriser l'accès des petites et
moyennes entreprises aux marchés boursiers.
Nous avons certes quelque peu progressé au cours des cinq dernières années pour supprimer
les obstacles structurels dans des domaines importants pour les investissements transfrontières,
mais nous devrions recenser soigneusement les lacunes restantes et proposer de nouvelles
initiatives ambitieuses. Par exemple, les investisseurs mentionnent souvent les obstacles liés à
la législation en matière d’insolvabilité et aux procédures fiscales en tant qu’obstacles aux
investissements transfrontières. La Commission a aussi préconisé une véritable surveillance
européenne et nous devrons évaluer si les règles récemment adoptées en ce qui concerne les
autorités européennes de surveillance sont suffisantes pour soutenir la convergence en matière
de surveillance dans l’UE.
Nous aurons également besoin d’une stratégie pour atteindre notre objectif de neutralité
climatique à l’horizon 2050 et attirer des capitaux privés afin qu’ils contribuent au respect des
engagements en la matière. Si ma nomination est confirmée, j’ai l’intention de lancer
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rapidement une consultation publique pour connaître le point de vue de toutes les parties
prenantes, dans la perspective de définir la base d’une nouvelle stratégie en matière de finance
verte. Une intensification des efforts apparaît déjà nécessaire dans plusieurs domaines: il
convient notamment de renforcer les bases de la finance verte en étudiant comment améliorer
la publication d’informations par les entreprises sur la durabilité et sur les recherches et les
notations en matière de durabilité. Les travaux sur la taxinomie à l’échelle de l’UE sont
fondamentaux pour déterminer quelles activités économiques sont durables sur le plan
environnemental. La taxinomie contribuera à la lutte contre l’écoblanchiment, qui est largement
répandu dans le secteur financier actuellement, et elle constituera la base de nos travaux en
matière de normes et labels, par exemple en vue de l’élaboration d’une norme de l’UE
applicable aux obligations vertes, ou d’un label écologique de l’UE. Je dirigerai les efforts
déployés pour attirer des investissements privés vers des activités vertes en mettant à profit
toute la puissance du budget de l’UE, grâce à un ambitieux plan d’investissement pour une
Europe durable et en faisant de la Banque européenne d’investissement la banque européenne
du climat. Il nous faudra en outre coopérer étroitement avec nos partenaires pour conduire les
efforts de développement de la finance durable à l’échelle mondiale.
Je suis convaincu que l’union des marchés des capitaux ne pourra pas être achevée sans une
participation plus active des investisseurs de détail. Je m’engage à y travailler, afin que les
consommateurs de toute l’Europe aient accès à des produits plus nombreux et de meilleure
qualité, plus facilement, en toute sécurité et à moindre coût. Cela nécessitera une approche
globale portant sur l’ensemble de la législation existante. Le plan d’action relatif aux services
financiers pour les consommateurs a permis d’obtenir des avantages tangibles, par exemple en
réduisant le prix des paiements transfrontières entre tous les États membres de l’UE, et nous
devrions en revoir la mise en œuvre. Nous devrions rechercher des solutions pour offrir des
paiements transfrontières instantanés à faible coût et définir une stratégie claire pour les
atteindre. En ce qui concerne les investissements, nous devrions évaluer si les règles de
transparence présentes dans les différents actes législatifs sont suffisamment cohérentes,
efficaces et adaptées à l’ère numérique. Nous devrions également veiller à ce que les
consommateurs aient accès à des informations complètes sur les coûts et les performances des
produits d’investissement. Cependant, des marchés financiers véritablement intégrés ne
peuvent fonctionner correctement que si l’on applique et fait respecter les règles de manière
cohérente dans tous les États membres. Nous veillerons à ce que toutes les directives de l’UE
dans ce domaine soient intégralement transposées dans la législation nationale en temps voulu,
assurerons le suivi de toutes les plaintes de consommateurs et renforcerons l’information sur
les droits des consommateurs et les outils de résolution des problèmes. Nous évaluerons
attentivement les modifications récemment approuvées en ce qui concerne les missions des
autorités européennes de surveillance et la priorité accrue accordée à la protection des
consommateurs.
Nous devrions en outre exploiter le potentiel des nouvelles technologies numériques pour que
les consommateurs européens bénéficient de meilleures conditions, tout en protégeant
l’intégrité et la stabilité du système financier européen. À cet effet, je m’engage à poursuivre
les travaux dans le domaine des technologies financières et à proposer une approche commune
de l’UE à l’égard des cryptomonnaies.
La lutte contre le blanchiment de capitaux sera essentielle pour garantir l’intégrité du système
financier. Il est probable que des problèmes continueront à se poser même après la mise en
œuvre intégrale des mesures récentes, et nous devrons travailler sur différents fronts pour
améliorer la situation. Il faudra, pour ce faire, assurer la mise en œuvre intégrale de la législation
de l’Union (4e et 5e directives anti-blanchiment) et engager des procédures d’infraction à
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l’encontre des États membres qui accusent un retard dans la transposition des dispositions. Nous
devrions également veiller à ce que la surveillance bancaire soit plus systématique. Il existe des
divergences importantes entre les cadres de lutte contre le blanchiment de capitaux des États
membres, et des différences dans la manière d’appliquer les règles dans un cadre transfrontière.
Renforcer la surveillance dans l’ensemble de l’Union est clairement une priorité. Sur la base
des analyses déjà réalisées, nous continuerons à évaluer les moyens les plus appropriés pour
faire en sorte que la surveillance de la lutte contre le blanchiment de capitaux soit de la plus
haute qualité sur tout le territoire de l’Union. Je vois un grand intérêt à confier à un organe de
l’Union des missions spécifiques de surveillance en matière de lutte contre le blanchiment de
capitaux et leur coordination. Compte tenu de l’importance des cellules nationales de
renseignement financier dans l’architecture actuelle, leur rôle devrait être analysé avec soin.
Enfin, nous devrons renforcer le rôle de l’UE dans les discussions internationales sur la lutte
contre le blanchiment de capitaux, pour faire en sorte que les normes élevées de l’UE soient
mieux prises en compte sur la scène internationale.
6. En tant que vice-président exécutif pour une économie au service des personnes, vous
serez chargé de coordonner les travaux sur le plan d’action pour mettre en œuvre le socle
européen des droits sociaux et dirigerez les travaux visant à renforcer le rôle du dialogue
social au niveau européen. Vous dirigerez également les travaux visant à recentrer le
Semestre européen afin qu’il intègre les objectifs de développement durable des Nations
unies.
Dans le passé, en partie sous l’effet des compétences de l’Union telles que définies dans les
traités, il y a eu un déséquilibre entre politiques sociales, environnementales et
économiques au niveau de l’Union, les questions économiques s’étant vu attribuer un rôle
plus important. Ursula von der Leyen, présidente élue de la Commission, souligne qu’ «il
est désormais plus important que jamais de placer les droits sociaux, la protection et
l’équité au cœur de notre économie moderne».
Quelles sont les initiatives législatives et non législatives spécifiques que vous prévoyez, et
selon quel calendrier, afin de:
- mettre en œuvre le socle européen des droits sociaux et promouvoir un marché
européen du travail équitable, fonctionnel et libre;
- mettre en pratique l’engagement de placer les droits sociaux, la protection et
l’équité au cœur de notre économie moderne, en particulier dans le cadre du Semestre
européen, afin de garantir qu’une priorité égale soit accordée aux objectifs sociaux et
économiques de l’Union et d’assurer l’intégration des objectifs de développement durable
des Nations unies?
Permettez-moi tout d’abord de rappeler que j’ai coordonné les travaux préparatoires sur le socle
européen des droits sociaux, proclamé en novembre 2017 à Göteborg lors du premier sommet
social organisé sur les vingt dernières années. À cette occasion, j’ai constaté, de la part des
chefs d’État ou de gouvernement de l’UE et du Parlement européen, un engagement ferme à
mieux mettre en œuvre et appliquer les droits sociaux.
Sous la direction de la présidente élue von der Leyen, je continuerai à tout mettre en œuvre pour
que nos concitoyens bénéficient des droits et des principes du socle européen des droits sociaux
d’une manière efficace et pertinente. Si ma nomination est confirmée, je coordonnerai les
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travaux d’élaboration d’un plan d’action ambitieux pour mettre en œuvre le socle européen des
droits sociaux; ce plan figurera au premier rang de mes priorités. Je prendrai en considération,
dans ce cadre, l’ensemble des instruments dont nous disposons, qu’il s’agisse de mesures
législatives ou non législatives, de financements de l’UE ou du Semestre européen.
Le socle des droits sociaux représente un engagement politique et une responsabilité partagés;
dès lors, sa mise en œuvre nécessitera une action tant à l’échelon européen qu’à l’échelon
national, dans le respect des compétences respectives et du principe de subsidiarité. La mise en
œuvre du socle nécessitera également un engagement politique actif, en particulier avec le
Parlement européen, avec les États membres et au sein de ceux-ci, avec les partenaires sociaux
et avec d’autres parties prenantes, notamment la société civile. Cela a également été souligné
dans le programme stratégique adopté par le Conseil européen en juin 2019.
Au niveau de l’Union, je collaborerai avec mes collègues, notamment le commissaire chargé
de l’emploi, afin de présenter un certain nombre d’initiatives concrètes qui contribueront à
mettre le socle en pratique, telles que:
une initiative législative relative à des salaires minimums équitables, respectant les
traditions nationales en matière de fixation des salaires, à travers des conventions
collectives ou des dispositions juridiques;
une garantie européenne pour l’enfance;
le renforcement de la garantie pour la jeunesse;
un régime européen de réassurance des prestations de chômage;
une nouvelle stratégie européenne en matière d’égalité des sexes, comprenant des
mesures visant à introduire des mesures contraignantes en matière de transparence des
rémunérations;
la mise à jour de la stratégie en matière de compétences;
des moyens pour améliorer les conditions de travail des travailleurs de plateformes.
Ces mesures, ainsi que d’autres qui figurent dans les orientations politiques, constituent un point
de départ ambitieux. Nous devons continuer à étudier l’ensemble des 20 principes, en
coopération avec le Parlement européen et les États membres, et déterminer les aspects sur
lesquels des progrès supplémentaires sont nécessaires. Comme le montre le tableau de bord
social, les résultats obtenus sur le plan social diffèrent fortement d’un État membre à l’autre.
J’estime que la Commission devrait ouvrir la voie à une convergence vers le haut et contribuer
à une croissance inclusive dans l’intérêt de tous. J’entends poursuivre cet objectif avec
détermination.
Compte tenu de nos engagements au niveau mondial, et du rôle moteur que doit jouer l’Europe,
je conduirai les efforts visant à réorienter le Semestre européen pour en faire un instrument qui
intègre les objectifs de développement durable des Nations unies fixés pour 2030. Les objectifs
de développement durable forment un cadre qui doit rendre possible une transition juste vers
une société et une économie durables. Il faut les transposer dans le contexte de l’Union
européenne. Les mesures que nous prenons dans les sphères économique, sociale et
environnementale doivent aller de pair. Le Semestre européen peut fournir un cadre approprié
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pour surveiller les progrès accomplis dans la réalisation de ces objectifs et concevoir des
orientations pour les actions à mener dans les États membres. Tout en maintenant l’orientation
macroéconomique du Semestre européen, nous allons donc réorienter son processus. Pour
garantir la transparence du processus du Semestre, il est important que la Commission collabore
activement et en temps utile avec le Parlement européen, les États membres, les partenaires
sociaux et d’autres parties prenantes. Dans ce contexte, je veillerai à ce que les membres de la
Commission chargés des questions économiques et sociales se présentent devant le Parlement
européen avant chaque étape clé du cycle du Semestre européen.
7. En tant que vice-président de la Commission Juncker, vous avez relancé le dialogue
social. Quelles mesures concrètes prévoyez-vous pour continuer à renforcer le dialogue
social au niveau européen au cours des cinq prochaines années? Et comment la
Commission entend-elle veiller à ce que les partenaires sociaux soient consultés et associés
de manière appropriée lorsqu’elle propose des initiatives législatives, et notamment un
instrument juridique sur les salaires minimums?
Au sein de la Commission Juncker, la responsabilité du dialogue social a, pour la première fois,
été confiée explicitement et officiellement à un membre du Collège. Sous ma responsabilité,
nous avons lancé un «nouveau départ pour le dialogue social», posant les bases d’une
interaction plus étroite et approfondie avec les partenaires sociaux.
Je suis fier de ce que nous avons accompli ensemble au cours des cinq dernières années. Il me
semble que nous avons bien progressé pour renforcer le dialogue social, notamment en
reconnaissant aux partenaires sociaux un rôle plus important dans le Semestre européen et dans
l’élaboration des politiques de l’UE. Dans ce cadre, j’ai veillé à associer et à consulter les
partenaires sociaux de l’UE au-delà du domaine des politiques sociales et des obligations
découlant des traités, dans des domaines clés tels que l’Union économique et monétaire, le plan
d’investissement, le marché unique numérique, l’énergie, l’amélioration de la réglementation
ou la préparation du nouveau cadre financier pluriannuel. Je mettrai à profit la dynamique créée
par le nouveau départ pour le dialogue social pour poursuivre la bonne coopération avec les
partenaires sociaux européens à tous les niveaux et dans des domaines d’action essentiels.
Je prévois aussi d’améliorer l’efficacité et le fonctionnement du dialogue social
interprofessionnel et sectoriel afin de faire face à l’évolution du monde du travail, de
promouvoir le recours aux financements du Fonds social européen+ pour renforcer les capacités
des partenaires sociaux nationaux et d’aider les partenaires sociaux à gérer le tournant
numérique ou la transition vers une économie neutre pour le climat. À cet égard, le sommet
social tripartite restera un moment clé de l’approfondissement de notre coopération au plus haut
niveau politique.
Je veillerai à ce que les partenaires sociaux soient consultés sur les initiatives législatives
prévues et associés à leur élaboration, conformément aux traités. Les formes de consultation
varieront en fonction de la base juridique. Conformément aux obligations découlant du traité
(article 154 du TFUE), la Commission consultera les partenaires sociaux comme l’exige
l’article 153 du TFUE. En ce qui concerne précisément la question des salaires minimums, je
suis pleinement conscient du rôle essentiel des partenaires sociaux en la matière et je veillerai
à ce qu’ils soient dûment associés à toute initiative future. D’une manière générale, je
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chercherai à assurer une approche cohérente de l’ensemble des services de la Commission en
ce qui concerne la consultation des partenaires sociaux sur les initiatives de politique sectorielle
ayant des implications sociales, telles que le plan d’investissement pour une Europe durable,
ou dans le domaine du commerce.
8. Les réformes structurelles sont essentielles pour créer des emplois, garantir la
prospérité des Européens et assurer la viabilité de la protection sociale. Toutefois, de trop
nombreuses recommandations par pays ne sont pas mises en œuvre par les États
membres. La proposition relative à un programme d’appui aux réformes est en cours
d’examen au Parlement européen. Comment comptez-vous accélérer la mise en œuvre de
ces réformes par les États membres ainsi que l’adoption et la rapide mise en œuvre du
programme d’appui aux réformes?
En raison des liens étroits qui existent entre les économies des États membres, je suis fermement
convaincu que les réformes structurelles sont une question d’intérêt commun. Si des progrès
tangibles ont été accomplis en ce qui concerne la grande majorité des recommandations depuis
le lancement du Semestre européen en 2011, je reconnais un ralentissement des progrès ces
dernières années. On constate aussi des différences entre les pays et entre les domaines d’action;
le secteur financier et les domaines de la politique du marché du travail, de la fiscalité et des
transports, notamment, affichent un solide bilan. Pour ce qui est de l’économie réelle, on
constate que les réformes structurelles portent leurs fruits. les réformes menées à la suite des
recommandations par pays ont contribué à un retour de la croissance dans tous les États
membres et à une baisse du taux de chômage de 10,2 % (EU-28 en 2014) à 6,8 % (EU-28 en
2018). Les pays qui s’attaquent aux faiblesses structurelles avec détermination tendent à
afficher une croissance plus forte des revenus et de l’emploi.
Au cours du prochain mandat, je collaborerai avec les commissaires chargés de l’économie, de
l’emploi et de la cohésion et des réformes afin d’améliorer l’adhésion aux réformes et
d’accélérer leur mise en œuvre par les États membres, notamment en renforçant encore notre
dialogue avec les parties prenantes aux échelons européen et national et en assurant un meilleur
alignement entre les recommandations du Semestre et les fonds de l’UE.
Depuis 2014, les Fonds structurels et d’investissement européens ont été largement utilisés pour
remédier aux problèmes recensés dans les recommandations par pays. Il est important selon
moi d’adapter cet engagement avec la prochaine génération de programmes, notamment au
moyen du Fonds social européen+, du Fonds européen de développement régional, du Fonds
européen d’ajustement à la mondialisation et du nouveau Fonds pour une transition juste, pour
mentionner les principaux instruments de financement qui ont une incidence sur la création
d’emplois, soutiennent les citoyens dans leur quotidien et investissent dans le capital humain.
Sous la Commission actuelle, nous avons également créé un service spécialement chargé de
fournir un appui technique aux réformes. On a observé une forte demande des États membres
à cet égard. Depuis 2015, plus de 760 projets de réforme, couvrant 26 États membres, ont été
soutenus par le service d’appui à la réforme structurelle de la Commission.
La proposition relative à un programme d’appui aux réformes fait également partie des efforts
destinés à encourager les réformes. Ce programme, toujours en cours de négociation, vise à
fournir un appui financier et technique aux États membres pour les aider à mettre en œuvre les
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réformes jugées prioritaires dans le cadre du Semestre. Nous travaillons actuellement sur un
instrument budgétaire de convergence et de compétitivité pour la zone euro et les pays du
mécanisme de change II, sur la base du programme d’appui aux réformes. Cet instrument visera
à soutenir les réformes structurelles et les priorités d’investissement dans la zone euro. Je
coordonnerai les travaux en vue de son achèvement.