gazette le méliès n074 septembre 2012

32
N°074 Dans Camille redouble, Noémie Lvovsky reprend le principe qu’avait utilisé Francis Ford Coppola dans son Peggy Sue Got Married. Elle y interprète le rôle-titre et nous livre sans doute LA comédie de l’année ! Camille a rencontré Eric à 16 ans, il fut le premier et le dernier homme de sa vie. Ils sont tombés fous amoureux et, encore ado- lescents, ont eu une fille. La mère de Camille n’a jamais su qu’elle allait être grand-mère, elle est morte quelques heures avant que Camille le lui annonce… Aujourd’hui, Camille est une quadra pas complètement épanouie : sa vie amoureuse part en eau de boudin, elle a un peu mal dans une carrière d’actrice ratée, elle picole et finit par se faire larguer par l’homme de sa vie… Alors qu’elle file seule à la fête du nouvel an chez des amies, aux douze coups de minuit, elle s’évanouit et se réveille transportée dans son passé eighties. Elle retrouve ses parents, ses copines de lycée, etc… Elle a son corps de femme mûre, elle n’a rien perdu de l’expérience des années. Autour d’elle, les proches, les profs, les mecs ne s’aperçoivent pas qu’elle n’est plus une ado et la traitent comme si elle avait 16 ans… Noémie Lvovsky, qui depuis quelques films semblait doucement se diriger vers un cinéma un peu plus mainstream et confor- table (une sorte de Woody Allen un peu mou à la française), réussit avec Camille redouble ce que beaucoup de cinéastes français essaient en vain de réaliser : un film à la fois grand public et osé. Comme dans Peggy Sue Got Married, le comique, la magie et l’intérêt du film naissent d’une situation impossible et fantasmatique, consistant à revivre son adolescence avec la maturité qui nous manquait alors. Une situation qui aidera Camille à redonner un sens à sa vie passée, et donc aussi à son présent : une vraie psychanalyse ! Mais Camille redouble est aussi et surtout un film festif. Lvovsky l’a construit comme une joyeuse auberge espagnole où tous ceux qu’elle aime sont invités (Jean-Pierre Léaud, Mathieu Amalric, Denis Podalydès, Riad Sattouf, Anne Alvaro font de brèves apparitions…) et comme un argument pour donner libre cours à sa fantaisie d’éternelle gamine dissipée, courant après les garçons pendant le sport ou se déchaînant sur une piste de boum. Si vous êtes prêts à vivre deux heures de bonheur, courez voir Camille Redouble. Sinon…

Upload: cinemas-le-melies-saint-etienne

Post on 11-Mar-2016

235 views

Category:

Documents


10 download

DESCRIPTION

Tous les films et les horaires

TRANSCRIPT

Page 1: Gazette le Méliès N074 septembre 2012

N°07

4

Dans Camille redouble, Noémie Lvovsky reprend le principe qu’avait utilisé Francis Ford Coppola dans son Peggy Sue Got Married. Elle y interprète le rôle-titre et nous livre sans doute LA comédie de l’année ! Camille a rencontré Eric à 16 ans, il fut le premier et le dernier homme de sa vie. Ils sont tombés fous amoureux et, encore ado-lescents, ont eu une fille. La mère de Camille n’a jamais su qu’elle allait être grand-mère, elle est morte quelques heures avant que Camille le lui annonce… Aujourd’hui, Camille est une quadra pas complètement épanouie : sa vie amoureuse part en eau de boudin, elle a un peu mal dans une carrière d’actrice ratée, elle picole et finit par se faire larguer par l’homme de sa vie… Alors qu’elle file seule à la fête du nouvel an chez des amies, aux douze coups de minuit,

elle s’évanouit et se réveille transportée dans son passé eighties. Elle retrouve ses parents, ses copines de lycée, etc… Elle a son corps de femme mûre, elle n’a rien perdu de l’expérience des années. Autour d’elle, les proches, les profs, les mecs ne s’aperçoivent pas qu’elle n’est plus une ado et la traitent comme si elle avait 16 ans… Noémie Lvovsky, qui depuis quelques films semblait doucement se diriger vers un cinéma un peu plus mainstream et confor-table (une sorte de Woody Allen un peu mou à la française), réussit avec Camille redouble ce que beaucoup de cinéastes français essaient en vain de réaliser : un film à la fois grand public et osé. Comme dans Peggy Sue Got Married, le comique, la magie et l’intérêt du film naissent d’une situation impossible et fantasmatique,

consistant à revivre son adolescence avec la maturité qui nous manquait alors. Une situation qui aidera Camille à redonner un sens à sa vie passée, et donc aussi à son présent : une vraie psychanalyse ! Mais Camille redouble est aussi et surtout un film festif. Lvovsky l’a construit comme une joyeuse auberge espagnole où tous ceux qu’elle aime sont invités (Jean-Pierre Léaud, Mathieu Amalric, Denis Podalydès, Riad Sattouf, Anne Alvaro font de brèves apparitions…) et comme un argument pour donner libre cours à sa fantaisie d’éternelle gamine dissipée, courant après les garçons pendant le sport ou se déchaînant sur une piste de boum. Si vous êtes prêts à vivre deux heures de bonheur, courez voir Camille Redouble. Sinon…

Page 2: Gazette le Méliès N074 septembre 2012

4

04 77 47 83 40www.operatheatredesaintetienne.fr

C’EST LA RENTRÉE :

Page 3: Gazette le Méliès N074 septembre 2012

Les films

3

Sommaire

Votre pub dans la gazette :Contactez Gisèle Grataloup au 04 77 32 32 01ou via [email protected] : Le Méliès concept graphique : Corne Bleue impression: IGPM Tirage : 27 000 exemplaires

b

La place de Bob Marley dans l’histoire de la musique, son statut de figure sociale et politique et l’héritage qu’il nous laisse sont uniques et sans précédent. Ses chansons délivrent leur message d’amour et de tolérance, de résistance à l’oppression, et trans-cendent les cultures, les langues et les religions aujourd’hui encore, avec la même force que lorsqu’il était en vie. En collaboration avec la famille de l’artiste – qui a ouvert ses archives privées pour la première fois - Kevin Macdonald a réuni une mine d’informations, des images d’archives rarissimes et des témoignages poignants qui interrogent le phénomène culturel tout en dessinant le portrait intime de l’artiste, depuis sa naissance jusqu’à sa mort en 1981, faisant définitivement de Marley le film documentaire de référence, au moins pour les 30 années à venir.

Rude Boy Story est un documentaire sur le parcours musical atypique du groupe de reggae français Dub inc. : une bande de potes qui construit sa route hors des sentiers battus, en prônant l’indé-pendance et l’autoproduction, loin des circuits médiatiques traditionnels. Le réalisateur, qui a suivi le groupe durant trois ans, auto-produit un film qui met en lumière une aventure délicate et pro-fondément humaine ; celle qui permet à Dub inc. de préserver ce qui fait d’eux un groupe différent : leur liberté.

Page 4: Gazette le Méliès N074 septembre 2012

4

L’unique roman d’Alfred de Musset, La Confession d’un enfant du siècle, fait partie de ces œuvres indémodables devenues culte au fil des ans. Cette adaptation au casting rock et glamour par Sylvie Verheyde (incroyable réalisatrice du magnifique Stella il y a 4 ans) revisite l’œuvre-culte de Musset - ou plutôt la modernise tout en se refusant à la situer de nos jours, pour en extraire d’autant plus son caractère universel et surtout intemporel. Son film, dont les dialogues restent très fidèles au texte originel, se passe à Paris en 1830 et suit l’histoire d’Octave (Doherty), un homme trahi par sa maîtresse, qui tombe dans le désespoir et la débauche : le « mal du siècle ». La mort de son père l’amène à la campagne où il rencontre Brigitte, une jeune veuve interprétée par la sublime mais de dix ans son aînée Charlotte Gainsbourg. Le déclic entre eux deux est immédiat mais leur passé a brisé toute capacité à vivre entièrement et dans la spontanéité leurs désirs. Alors, incapables de s’aimer, ils commencent par s’apprivoiser en se découvrant dans une relation amicale qui basculera vite dans la passion qui torture…

Emily, que tout le monde l’appelle Skunk, est une pré-ado de 11 ans rayonnante, drôle et dynamique. Tout son univers bascule le jour où, témoin d’une agression, elle voit les certitudes rassurantes de l’enfance laisser place à l’injustice, au danger et à la peur. Même si Skunk trouve refuge auprès de Rick, son voisin, un gentil garçon abîmé par la vie, elle doit faire un choix : rester dans une vie à laquelle elle n’était pas destinée ou en laisser les lambeaux derrière elle et prendre un nouveau chemin ? Difficile de saisir ce qui peut se passer dans la tête d’une gamine de 11 ans dont le monde est en train de changer radicalement à la suite d’événements peu communs. Pourtant, tout comme Jason Reitman, qui, il y a quelques années, avait parfaitement réussi à rendre une tranche de vie d’une adolescente américaine (a-)typique dans Juno, Rufus Norris, dont c’est ici le premier film, y arrive avec autant de talent, de finesse et de sobriété.

A Glasgow, Robbie, tout jeune père de famille, est constamment rattrapé par son passé de délinquant. Il croise la route de Rhino, Albert et la jeune Mo lorsque, comme eux, il échappe de justesse à la prison mais écope d’une peine de travaux d’intérêts généraux. Henri, l’éducateur qu’on leur a assigné, devient alors leur nouveau mentor en les initiant secrètement… à l’art du whisky ! De distilleries en séances de dégustation huppées, Robbie se découvre un réel talent de dégustateur, bientôt capable d’identifier les cuvées les plus exceptionnelles, les plus chères. Avec ses trois compères, Robbie va-t-il se contenter de transformer ce don en arnaque - une étape de plus dans sa vie de petits délits et de violence ? Ou en avenir nouveau, plein de promesses ? Seuls les anges le savent…

Page 5: Gazette le Méliès N074 septembre 2012

5

Les films

C’est une vraie et belle histoire d’amitié entre deux gamines aux caractères dissemblables. C’est aussi l’histoire d’amour des parents de l’une d’elles : un couple chez qui la force de l’habitude a éteint les feux de la passion pour laisser place à la tendresse et dont la mère - célibataire – de l’autre enfant va menacer l’équilibre instable...Alors oui, le synopsis ne raconte rien de l’histoire, ou presque, ne vous met pas forcément l’eau à la bouche tout de suite ; vous vous dites peut-être que ça sera pompeux, bobo, voire intello… surtout avec un titre pareil ! Et finalement, c’est tout le contraire que vous découvrirez à l’écran. Du vent dans mes mollets est une comédie simple, drôle et magique à la fois. On s’amuse beaucoup à voir Agnès Jaoui interpréter avec brio une « caricature » de mère juive. On rit énormément avec deux petites héroïnes pleines de vie, aussi joviales et souriantes que leur vocabulaire est abouti et cru. On pleure aussi. On a même versé quelques larmes durant le film car, comme le disaient Les Rita Mitsouko, « les histoires d’amour finissent mal, en général ». Et pourtant pas toujours : loin de se perdre bêtement dans le pathos ou le drame facile, Carine Tardieu prend son temps pour s’attarder sur les petites choses et émotions du quotidien avant de les retourner et pervertir la perception que les enfants peuvent en avoir. Touchante, drôle et parfois grave, la réalisatrice touche à tout sans jamais en faire trop.

www.fetedulivre.saint-etienne.fr

12, 13&14oct. 2012

de Saint-Étienne

PLACES JACQUARD & JEAN-JAURÈS

La mémoire d’une ville

Illus

trat

ion

: Sév

erin

Mill

et

Gérard Mordillat, parrain de la 27e

Fête du LivreCette année, la Fête du Livre accueille un parrain écrivain et cinéaste. Avec son équipe et ses comédiens, assistez

“Le Grand Retournement” qui raconte la crise comme vous ne l’avez jamais vue, tout en alexandrins d’après un texte de l’économiste Frédéric Lordon. Avec François Morel, Jacques Weber, Edouard Baer : un casting d’enfer !!!

Ateliers BDVous êtes fan de BD etrêvez de vous retrouverdans l’atelier de vos auteurs préférés, dans le secret de leur art ? C’est possible ! Inscrivez vous vite aux ateliers BD de l’École d’Architecture pendant la Fête du Livre !

Renseignements/réservations 04 77 34 32 53

Page 6: Gazette le Méliès N074 septembre 2012

Murielle et Mounir s’aiment passionnément. Depuis son enfance, le jeune homme vit chez le docteur Pinget, qui lui assure une vie matérielle aisée. Quand Mounir et Murielle décident de se marier et d’avoir des enfants, la dépendance du couple envers le médecin devient excessive. Murielle se retrouve alors enfermée dans un climat irrespirable, ce qui mène insidieusement la famille vers une issue tragique…« Un grand film ! » Voilà simplement ce que les journalistes présents cette année à Cannes s’accordaient unanimement à dire concernant ce nouvel opus du réalisateur belge Joachim Lafosse. Après ses puissants Nue Propriété et Élève libre, Lafosse, cinéaste ayant toujours d’une façon ou d’une autre placé les dysfonctionnements familiaux et la notion de limites au cœur de ses films, transcende un fait divers célèbre en Belgique et sait s’en dégager pour en faire une sublime fiction à la portée universelle. Dès le départ il désamorce le suspense du fait divers, À perdre la raison s’ouvrant sur sa fin, juste après que le drame a eu lieu : une mère en pleurs à l’hôpital, qui demande à ce qu’on « les » enterre au Maroc, puis un plan large sur un avion chargeant quatre petits cercueils dans la soute… Spectacle glaçant, long et lancinant. L’histoire reprend alors par le début, encore joyeux et insouciant : un jeune couple qui s’amuse, batifole, s’apprête à se marier et à vivre ensemble… Enfin, « vivre ensemble » est un bien grand mot pour Murielle et Mounir (Emilie Dequenne et Tahar Rahim), puisque s’immisce entre eux deux le bon docteur Pinget (le génial Niels Arestrup !). La coexistence de tout ce petit monde en une même maisonnée est tout d’abord troublante, puis de plus en plus dérangeante, perturbante, malsaine… D’abord histoire d’amour belle et transcendée par son trio d’acteurs, À perdre la raison se transforme petit à petit en un inéluctable drame familial, c’est une critique sociale pure et précise qui commence dans l’innocence pour se terminer dans la tragédie… Entre-temps, l’étau se resserre doucement mais sûrement sur les personnages, en particu-lier sur Murielle, qui sombre dans une désespérance psychologique tragique. Le pire étant, que l’analyse du cinéaste est claire et limpide, que l’on voit avec clarté les relations ambiguës et les tensions assassines s’installer, laissant un climat d’oppression étrangler peu à peu le personnage… Le film montre avec justesse et subtilité ces compromissions du quotidien, ces acceptations de choses qui mènent sournoisement les gens à leur perte. Le long-métrage se fait fatalement étouffant, jusqu’à ce dénouement abominable que l’on ne voit pas forcément tout de suite venir, filmé avec une douceur étonnante et profondément troublante, vous verrez. Un beau film marquant et maîtrisé !

6

Prix d’interprétation féminine Un Certain Regard Cannes 2012

Page 7: Gazette le Méliès N074 septembre 2012

7

Les films

« C’est l’histoire d’un homme qui devient célèbre parce qu’il ne voulait pas devenir célèbre… c’est ça qui est nouveau ! » Il était Monsieur-tout-le-monde, un homme banal, il devient l’objet d’un énorme buzz médiatique. Dans son nouveau film, le réalisateur de Quand j’étais chanteur et de À l’origine, raconte le destin de Martin Kazinski (Kad Merad), un anonyme rendu célèbre malgré lui. Devant le calvaire des paparazzis et la soudaine fascination d’inconnus, ce citoyen lambda perd totalement pied. Souhaitant retrouver l’anonymat sans tarder pour redevenir enfin un homme dans la foule, il va se confronter à un univers sans pitié…Avec un cynisme affiché, Xavier Giannoli tisse une comédie proche du thriller et nous brosse un portrait féroce du monde im-pitoyable des médias et de la célébrité. Cécile de France y campe une journaliste carriériste prise dans la spirale infernale des chaînes d’information qui, pour nous divertir, doivent sans cesse créer des événements de plus en plus anodins et avilissants.

direction Arnaud Meunier

renseignements / réservation : 04 77 25 14 14

FAIM DE LOUPIlka Schönbein

PINOCCHIOCarlo Collodi / Joël Pommerat

GARÇONNEElsa Imbert

L’ENFANT ET LES SORTILÈGESMaurice Ravel / Colette / Didier Puntos / Arnaud Meunier

LETTRES D’AMOUR DE 0 À 10 Susie Morgenstern / Christian Duchange

LES ORPHELINESMarion Aubert / Johanny Bert

JEUNEPUBLIC

Toute la programmation sur

www.lacomedie.frSAISON2012 / 2013

Page 8: Gazette le Méliès N074 septembre 2012

8

Joe Cooper est détective de la police de Dallas le jour, et tueur à gages la nuit pour arrondir ses fins de mois. Lorsque Chris, un dealer d’une vingtaine d’années, voit son stock dévalisé par sa mère, il est contraint de trouver la somme de 6 000 dollars au plus vite s’il ne veut pas mourir dépecé par les hommes de main du vieux caïd local. Lorsqu’il s’aperçoit que l’assurance vie de sa mère s’élève à 50 000 dollars, désespéré, il pense vite à « Killer Joe ». Bien que Joe ait pour habitude d’être payé à l’avance, il accepte d’assouplir ses règles à condition que Dottie, la séduisante petite sœur de Chris, serve de « caution » jusqu’à ce qu’il soit payé... mais forcément, rien ne va se dérouler comme prévu…Est-il encore besoin de présenter celui qui, à l’instar de Coppola, régna en maître durant l’âge d’or du Nouvel Hollywood ? Mais, comme un grand vin, il semblerait pourtant que le réalisateur de L’Exorciste et French Connection se bonifie avec l’âge tant il nous livre avec Killer Joe un pur joyau comme on n’en avait pas vu depuis longtemps. Avec une maestria hallucinante, Killer Joeconjugue le plaisir coupable de Baby Doll et le polar sang pour sang coenien, façon Fargo. Mais le tour de force est d’avoir confié le rôle principal au beau gosse Matthew McConaughey qui livre ici une prestation absolument époustouflante. Dès les premières images, le ton est donné. Sous une pluie battante à ne pas mettre un chien dehors (si ce n’est le molosse de la maison), Chris (Emile Hirsch) semble particulièrement perturbé par la tournure des événements lorsqu’il déboule sur le perron de la bicoque paternelle. Accueilli par sa belle-mère (Gina Gershon), la touffe à l’air, il trouve son père (Thomas Haden Church) captivé par un show de monster trucks à la télévision, une cannette de bière à la main, tandis que Dottie (Juno Temple), sa sœur à peine pubère, s’ennuie à périr dans sa chambre. En l’espace de quelques minutes, Friedkin nous introduit dans l’intimité profonde d’une famille recomposée de la basse classe américaine, avec un humour incisif et désabusé qui fait autant rire que froid dans le dos. En pareil contexte, selon l’adage, il est bien connu que la misère pousse au crime. Avec ce vieux briscard de Friedkin aux commandes, ne vous attendez pas à ce qu’il prouve le contraire...

Page 9: Gazette le Méliès N074 septembre 2012

9

Les films

Abe, la trentaine, s’accroche à son adolescence et notamment à la collection de jouets qui décore sa chambre. Ce véritable geek vit toujours chez ses parents (incroyables Mia Farrow et Christopher Walken, aux costumes et coiffures seventies impossibles), il travaille pour son père qui le considère comme un loser et passe ses soirées à jouer avec sa mère au backgammon. Lorsqu’Abe rencontre Miranda, trentenaire déprimée revenue vivre chez ses parents, il entrevoit la possibilité d’une grande histoire d’amour et parvient à la convaincre de l’épouser…Le propre des comédies de Todd Solondz est de pousser le cynisme le plus loin possible, en montrant l’impossibilité ou le peu de naturel des relations de séduction hommes-femmes, ainsi que tous les mauvais tours que peuvent se jouer les amants (la présentation de l’ex, Mahmoud, que le copain est supposer « aimer »...). Ici le personnage féminin donne une définition bien triste du mariage : l’abandon de l’espoir, de la carrière, du succès, de l’estime de soi... ça fait envie ! Bref, toujours bardé d’un humour noir et amer, Dark Horse ronronne gentiment sur le mode « je suis un film de Todd Solondz », mais n’apporte pas grand-chose de nouveau à l’univers du réalisateur de Happiness ou Bienvenue dans l’âge ingrat. Il confirme juste les difficultés de personnes peu gâtées par la nature à avoir une relation amoureuse, mais offre cependant une galerie de personnages sym-pathiques (comme la secrétaire cougar, flippante). Réjouissant mais sans surprise. (Abus de ciné)

(SUPER) HAMLET ~ Cie La Cordonneried’après Shakespeare - Ciné-concert dès 9 ans Samedi 13 octobre / 20 h 30

RAJERYMusiques du monde - Madagascar dès 8 ans Samedi 24 novembre / 20 h 30

L'AVARE ~ Cie Tàbola Rassad’après Molière - Théâtre d’objets dès 12 ans Samedi 16 février / 20 h 30

POUCET POUR LES GRANDS~ Cie Travelling théâtrede Gilles Granouillet - Théâtre

dès 7 ans Samedi 16 mars / 20 h 30

CUERDO ~ Cie La LoggiaCirque dès 6 ans Samedi 13 avril / 20 h 30

Ô ! ~ Cie En attendantThéâtre dès 4 ans Samedi 6 avril / 15 h 00

SAISON 2012 - 2013 EN FAMILLE !

- Spectacles (sauf Ô !) : 7 €- Ô ! : 5 €

Tarif - 15 ansInfo-résa 04 77 53 03 37www.latalaudiere.fr

19 rue Romain-Rolland / LA TALAUDIÈRE

CENTRE CULTUREL COMMUNAL

Lice

nces

: 1-

1370

57 e

t 3-

1377

94 - Co

ncep

tion

grap

hiqu

e et

illu

stra

tion

© M

ylèn

e Ec

lach

e

Page 10: Gazette le Méliès N074 septembre 2012
Page 11: Gazette le Méliès N074 septembre 2012

Duo de volailles, sauce chasseur de Pascale Hecquet (6’) Cast de Pierre Renverseau (12’30) Les oranges de Yannick Percherand-Molliex (5’37) Berlinoise de Rocco Labbé (11’50) Feeling Nothing de Alexandra Latour-Maxime Kuppert, Laurent Dietrich, Davy Dumartheray et Amandine Popolare (7’36) Dérapages de Olivier Riou (7’55) Manège de Romain Cauchois (11’45)

La Bifle de Jean-Baptiste Saurel avec Franc Bruneau, Vanessa Guide, David Nuñes (25’)sélection Cannes 2012 Semaine de la Critique

Francis est patron d’un vidéoclub qui doit son succès aux films de Ti-Kong, star de kung-fu. Complexé par sa bite, il n’arrive pas à avouer ses sentiments à Sonia, son employée. Mais lorsqu’elle se voit offrir un rôle dans Evil Nurse

-dernier opus de Ti-Kong- Francis n’a plus le choix… Il doit sauver Sonia d’un terrible danger : La Bifle.

La Mystérieuse disparition de Robert Ebb de Matthieu Landour et Clément Bolla (12’40) Sweet Mosquito de Audrey Najar et Frédéric Perrot (15’)

Si tu veux revoir ta mère de Xavier Douin (9’40) Tommy de Arnold de Parscau (durée 8’30)

La Bague de Denis Gabriel Galland (11’40)

Retrouvez le programme complet et détaillé sur www.tournezcourt.fr€ Pass 1 journée : 8€ Pass festival : 12€

Lettre d’un fou de Alexandre Senequier (17’)Lose Actually de Daniel Brunet et Liam Engle (7’) Nous n’irons pas mourir de Jean Berthier (17’30) Orange Ô désespoir de John Banana (3’35) Entre deux chairs de Guillaume Foirest (2’30)Inspire de Pierre Saïah (7’) Bonjour de Maurice Berthelemy (8’54)

Come what may de Maxime Feyers et Mathieu Bergeron (15’) Des ailes de Pierre Hannequin (6’47) No(s) limit(es) de Dorian Hays et Sébastien Dubor (17’55) Après toi de Wilfried Méance (7’) Août de Cedric Martin (9’)

Avec mon p’tit bouquet de Stéphane Mercurio (11’15) And Death Will Be Allright de WeAre TrèsGentil (7’)

InvaZion de Maxime Vayer (14’04) Kill The Roach, l’art du geste de Dov Ellia et Paul Belêtre (11’57)

Casse gueule de Clément Gonzalez (7’52) Agnieszka de Izabella Bartosik (10’)

La coccinelle et la souris de François Barbier (10’55) Mamembre de Christophe Feuillard, Sylvain Payen, Caroline

Diot, Guillaume Griffoni, Martin Clarisse, Julien Ti-I-Taming et Quentin Cavadaski (6’35)

Welcome Jeanine de Jean Michel Fête (15’) La cour des grands de Annarita Zambrano (16’07)

Her Name is Crazy de Arnaud Sadowski et Loïc Paillard (18’50)

A Shadow Of Blue de Carlos Lascano (12’07) Héroïques anonymes de Fanny Jean Noël (5’10)

Personne(s) de Marc Fouchard (12’06) Renée de Jezabel Marques-Nakache (4’27)

It Is A Miracul’house de Sébastien Freiss (18’30)Rose de Marie Coulangeon (11’28)

Palmipedarium de Jeremy Clapin (12’) Prochainement sur vos écrans de Fabrice Maruca (10’47) Daniel de Alexandra Grau de Sola (14’) Les éphémères fugitifs de Baptiste Rouveure (5’) Voisin voisin de Timothée Augendre et Geoffroy Degouy (18’24)

Résultats des votes du jury, remise des prix et projections des films primés

11

FESTIVAL TOURNEZ COURTdu 13 au 15 septembre

partenaires des rencontresavec les réalisateurs

Page 12: Gazette le Méliès N074 septembre 2012

12

Avec Block Party et Soyez sympas, rembobinez, le nouveau Gondry forme une sorte de trilogie urbaine (plutôt new yorkaise) où le réalisateur français fait du brassage ethnique la matière même d’un cinéma social, coloré, décalé et touchant. Il nous invite ici à prendre le bus avec une bande d’ados qu’on va suivre sur le chemin qui les ramène du lycée. S’en suit un génial huis clos motorisé et logorrhéique, comme une sorte de Speed écrit par un Rohmer du Bronx.Dernier jour de classe dans une école de NYC. Les élèves récupèrent leur téléphone portable à la consigne (pratique répandue dans les lycées publics américains) avant de monter dans le bus qui les ramène chez eux. Excités par ce sas de décompression entre l’école et le foyer parental, les jeunes y mettent vite « le bronx ». Très vite, des archétypes apparaissent : la bande des durs à l’arrière, la fille mal aimée, la tête de turc, les deux gays, le couple scotché par la bouche, les deux fausses bonnes copines (la belle et la moche), les musicos… Mais Gondry évite la suite de vignettes, et s’il passe de l’un à l’autre, il tient jusqu’au terminus les histoires de chaque personnage en faisant la part belle aux maladroits, aux silencieux et aux discrets : ceux qu’on ignore généralement au cinéma comme dans la vie.Sa caméra est comme le crayon du manga boy, le garçon qui noircit son carnet de croquis et saisit sur le vif les saynètes du bus. En résulte une circulation des mots (ça vanne méchamment), des images, des flux. La génération YouTube, portable greffé à la main, passe son temps à échanger textos et vidéos et à redistribuer les cartes. Les alliances se nouent et se dénouent à la vitesse d’un SMS. The We and The I est ainsi pour le moins agité. Dès les premières minutes, la vie bat son plein, ça fuse, ça virevolte dans tous les sens. Agitation et parfois confusion sont au menu car on découvre chaque personnage en temps réel comme si nous étions dans le bus avec eux ; et il faut bien dire qu’a priori rien ne ressemble plus à un ado qu’un autre ado. Mais le but de Gondry n’est pas de dessiner un portrait au vitriol de la jeunesse, car son groupe d’adolescents bruyants et exubérants, avec ses bizuteurs, ses victimes, ses amoureux… évolue et se transforme au fur et à mesure que le bus se vide. Les relations deviennent alors plus intimes et nous révèlent les facettes cachées de leur personnalité. Le postulat de The We and The I est en effet simple et efficace : étudier le comportement individuel des jeunes en fonction de l’importance numérique du groupe, décroissante au fil des arrêts. Le « Nous » face au « Moi ». Et si au début du voyage on en prendrait bien un pour taper sur l’autre, petit à petit il n’en reste plus qu’une poignée, dévoilant à force de conversations plus intimes une sensibilité à fleur de peau, des peurs, des incompréhensions… Ainsi, la tonalité très légère du début - entre vannes, tchatche, frime et moquerie bon enfant - devient au fil du film de plus en plus mélancolique. Franchement émouvante, la dernière partie du film montre à quel point ces jeunes sont paumés, combien ils composent des personnages pour mieux cacher leur véritable nature. Mais quand les masques tombent…

Page 13: Gazette le Méliès N074 septembre 2012

SAISON2012-2013

Samedi13/10

(SUPER) HAMLETd’après Shakespeare Cie La CordonnerieCiné-concert

Samedi24/11

RAJERYMusiques du mondeMadagascar

Samedi1er/12

LES FEMMES SAVANTESd'après MolièreCie du DétourThéâtre burlesque

Samedi19/01

DOBET GNAHORÉMusiques du mondeCôte d’Ivoire

Samedi16/02

L'AVARECie Tàbola Rassad’après Molière Théâtre d’objets

Samedi16/03

POUCET POUR LES GRANDSde Gilles GranouilletCie Travelling ThéâtreThéâtre

Samedi13/04

CUERDOCie La LoggiaCirque

Samedi25/05

AMPARO SANCHEZMusiques du mondeEspagne

Samedi08/06

FAIT(S) DIVERSNicolas BonneauThéâtre-conte

À

VOIR EN

FAM

ILL

E

À

VOIR EN

FAM

ILL

E

À

VOIR EN

FAM

ILL

E

À

VOIR EN

FAM

ILL

E

À

VOIR EN

FAM

ILL

E

Consultez notre plaquette en lignewww.latalaudiere.fr

BilletterieSou, Vitrineréseaux FNAC

- 3 spectacles : 36 €- complet : 90 €

Abonnements

- Tarif normal * : 14 € * sauf Amparo Sanchez : 20 €

- Tarif réduit * : 10 €* étudiants et demandeurs d'emploi

- Tarif - 15 ans : 7 €

Carte M’ra acceptée

Tarifs

Info-résa 04 77 53 03 37

AdresseCentre Culturel Le Sou19 rue Romain-Rolland

42350 LA TALAUDIÈRE

Parking à proximité

plaquette en lignewww.latalaudiere.fr

plaquette en lignewww.latalaudiere.fr

plaquette en ligne

Théâtre burlesque

plaquette en lignewww.latalaudiere.fr

plaquette en lignewww.latalaudiere.fr

plaquette en ligne

© Ju

lie C

ollet

© Lu

cia

Herre

ra©

Serg

io R

odrig

uez

© Arn

aud

Ledo

ux©

René

e M

isse

Oliv

ier Ha

bani

spo

ur K

olle

Bolle

© Do

min

ique

Lag

nous

© La

uren

t Co

mbe

© Sé

bast

ien

Dum

as

CENTRE CULTUREL COMMUNAL

Lice

nces

: 1-

1370

57 e

t 3-

1377

94 - Co

ncep

tion

grap

hiqu

e et

illu

stra

tion

© M

ylèn

e Ec

lach

e

Page 14: Gazette le Méliès N074 septembre 2012

14

Nathan (Pio Marmaï) est un beau et jeune glandeur parisien, dealer de beuh et, très accessoirement, Juif ashkénaze. La religion ne lui évoque qu’une vague denrée folklorique consommée au sein d’une famille dont il se tient à bonne distance ; et l’alyah,pratique consistant pour les juifs de tous les pays à tout quitter pour se mettre à disposition d’Israël, est aussi concevable pour lui que d’aller demander un conseil de reconversion professionnelle à la brigade des stups. Pourtant, c’est exactement ce que Nathan va décider d’entreprendre, du jour au lendemain, en saisissant l’opportunité d’ouvrir un restaurant avec son cousin en Israël. Lui qui connaît à peine le nom des fêtes juives, qui se moquait de son cousin parti faire son service militaire en Israël et qui ne parle pas un mot d’hébreu, va entamer le parcours du combattant pour rejoindre la Terre promise.Le film raconte le laps de temps qui s’écoule entre la décision de Nathan et son départ. Quelques semaines au cours desquelles il doit faire, au pas de charge, un bilan plutôt morose de sa plus si jeune existence. Côté carrière, il sait que son petit commerce se terminera un jour ou l’autre derrière les barreaux d’une cellule. Côté famille, le désastre est total, avec un père remarié et indifférent, une mère disparue, une lointaine cousine dont il était jadis amoureux et qu’il a du mal à oublier, et surtout un frère aîné (Cédric Kahn, qui campe ici un personnage aussi ambigu que génial !) qui passe son temps à se coller dans les ennuis et à lui soutirer de l’argent pour s’en sortir. Reste le volet sentimental, le plus délicat puisqu’il vient d’entamer une relation amoureuse avec une jeune femme (la belle Adèle Haenel) qui veut croire que l’amour qu’elle porte à ce garçon compliqué est la solution à tous ses problèmes.Le choix de Nathan ne correspond à aucun désir. Il ne s’agit ni d’une révélation mystique ni d’une résolution pour un avenir meilleur, mais d’une unique et minuscule porte de sortie. Une occasion de boucler, en même temps que ses valises, une période de sa vie dont chaque ingrédient est une pièce formant le puzzle de son échec. Pour y échapper, il doit alors donner le change à tout le monde : faire avaler au recruteur pour Israël qu’il est un bon juif, rompre définitivement la relation vampirique qui l’unit à son frère, trouver 15 000 euros et, pas le plus facile, sembler imperméable à l’amour qui a surgi sans prévenir…La mise en scène sérieuse et classique du premier long-métrage d’Elie Wajeman sert parfaitement le scénario de cette évasion mélancolique. Surtout, le film fait éclater au grand jour ce qui semble intéresser par-dessus tout le jeune cinéaste formé à la section scénario de la Fémis : une passion contagieuse pour ses personnages et pour ceux qui les incarnent. (Next)

Page 15: Gazette le Méliès N074 septembre 2012

15

Les films

Il y a des matins, quand le réveil affiche 7h60, où l’on ferait mieux de rester couché. Mais Dolph Springer, banlieusard marron à moustache de tweed, décide néanmoins de se lever : choix malheureux et erreur initiale qui va précipiter le destin de cet homme que rien n’avait préparé à une telle journée. Dolph a perdu son chien, Paul. Le mystérieux Master Chang pourrait en être la cause. Le détective Ronnie - la solution. Emma, la vendeuse de pizzas, serait un remède, et son jardinier - une diversion ? Ou le contraire. Car Paul est parti, et Dolph a perdu la tête…Quentin Dupieux, aka Mr Oizo, revient au cinéma avec cette comédie complètement absurde et décalée : un univers qu’il maîtrise à la perfection depuis Rubber, son pneu-tueur.

BILLETTERIE : LE SOU / FNACwww.latalaudiere.fr

INFO-RÉSAS : 04 77 53 03 37Lice

nces

: 1-

1370

57 e

t 3-

1377

94

- Gra

phis

me

- illus

tratio

n ©

Mylèn

e Ec

lach

e - Ph

oto. ©

Lau

rent

Com

be e

t Sé

bast

ien

Dum

as

(SUPER) HAMLETCie La Cordonnerie

Samedi 13 Octobre - 20 h 30

être

Association recherche nouveaux écoutants bénévolesFormation assurée Information: jeudi 13 septembre 18h30 Maison des associations (salle24)4 rue André Malraux Saint-Etienne Renseignements 07 61 05 52 52

[email protected]

Page 16: Gazette le Méliès N074 septembre 2012

16

Quelque part aux Philippines, des terroristes islamistes kidnappent un groupe d’Occidentaux et de Philippins, touristes et travailleurs sociaux. Alors qu’elle apporte des provisions au siège d’une ONG en compagnie d’une autre bénévole philippine, Thérèse Bourgoine, citoyenne française qui travaille dans l’humanitaire, est kidnappée à son tour. Pour eux commencent des mois de captivité et de cohabitation avec des ravisseurs souvent très jeunes, tout autant qu’avec une jungle hostile…Captive s’inspire de faits réels : en 2001 survinrent aux Philippines plusieurs enlèvements et prises d’otages, dont celle de l’hôtel Dos Palmas à Palawan, perpétrée par le groupe Abu Sayyaf. La séquence inaugurale nous plonge d’emblée dans la violence de l’attaque. La caméra de Mendoza se faufile dans les chambres et les embarcations avec une énergie sidérante, très proche du reportage. Cette nervosité ambiante, qui confère au film son allure de survival, est le résultat d’une préparation singulière, que l’on croirait inspirée d’une émission de télé-réalité. Avec Captive, nous assistons au moindre détail d’une prise d’otages en temps réel, nous en devenons d’ailleurs nous-mêmes captifs, désireux de connaître l’issue du drame. Film de survie haletant, qui évoque les grands modèles du genre - on pense plusieurs fois à Délivrance de Boorman – le film nous plonge dans l’envers du décor, nous obligeant à réfléchir sur la valeur des images « officielles ». Car ce ne sont guère les motivations de l’acte terroriste qui intéressent le cinéaste. Mendoza filme des rapports de force, des tensions indicibles, comme pour en restituer la complexité. Dans ce film percutant mais humain, tout le monde est captif : non seulement les personnes prises en otage, mais également le groupe Abu Sayyaf, obligé de s’enfoncer dans la jungle pour échapper aux forces armées. Le réalisateur délaisse tout manichéisme pour interroger la manière dont les rapports sociaux se muent lorsque la survie devient une nécessité. Son regard n’est jamais complaisant, mais soucieux de mettre en lumière la difficulté à tracer des frontières entre le bien et le mal, l’homme et l’animal, la fiction et la réalité…

Page 17: Gazette le Méliès N074 septembre 2012

db b b

db b b

db b b

db b b b

db b b b

b b b b

d

b b b

Les horaires

17

Les nouveautés de la semaine : Killer Joe, Cherchez Hortense , Faces, Shadows

les musiques que vous entendez en

salLes 3 & 4 ont été sélectionNées par

Page 18: Gazette le Méliès N074 septembre 2012

db b b

db b

b b

b b

db b b

b b b b

db b b

Les nouveautés de la semaine : Camille redoucble, The we and I, Broken, Dark Horse

les musiques que vous entendez en

salLes 3 & 4 ont été sélectionNées par

18

Page 19: Gazette le Méliès N074 septembre 2012

d

b b

d

b b

d

b b

d

b b

d

b b

b b b

d

b b

Les horaires

19

Les nouveautés de la semaine : Captive, Alyah, L’oeil de l’astronome, Wrong, Une femme sous influence, Shadows, Le enfants loups

les musiques que vous entendez en

salLes 3 & 4 ont été sélectionNées par

Page 20: Gazette le Méliès N074 septembre 2012

d

b

d

db

d

b

d

b

b

d

b

Les nouveautés de la semaine : Vous n’avez encore rien vu; Des hommes sans loi; Magic Mike; House of boys

les musiques que vous entendez en

salLes 3 & 4 ont été sélectionNées par

20

Page 21: Gazette le Méliès N074 septembre 2012

21

Les films

Treize comédiens, de Mathieu Amalric à Lambert Wilson en passant par Sabine Azéma, Anne Consigny ou Michel Piccoli, sont réunis dans la maison d’un metteur en scène fraîchement décédé. Celui-ci leur confie une mission testamentaire : assister à la captation d’Eurydice, pièce de Jean Anouilh, jouée par une jeune compagnie et, selon leur avis, donner leur aval à celle-ci. La projection à peine commencée, les « anciens » ne peuvent s’empêcher de rejouer à leur tour la belle et triste histoire d’amour d’Orphée et Eurydice... Voilà pour le résumé de Vous n’avez encore rien vu, qui porte bien son titre car ledit résumé justement n’est qu’une indication d’usage. Il s’agit d’un film d’Alain Resnais. Or Alain Resnais ne fait rien comme personne, s’affranchit de tout consensus, met en scène comme bon lui semble ; et il a bien raison, car cela semble bon, et même excellent. A la captation ultramoderne et pertinente mise en image par Bruno Podalydès et projetée aux comédiens, Resnais oppose sa vision du cinéma et du théâtre où tout est faux sauf les sentiments. « Oppose » est impropre, d’ailleurs. Resnais n’est pas un donneur de leçons. Au contraire. Il propose, il offre, il transmet. Il joue avec les corps, malaxe les images, use du splitscreen (écran partagé en plusieurs images), ferme un plan à l’œilleton, trafique grossièrement des incrustations... Bref, il s’amuse ! A bientôt 90 ans, Alain Resnais est le plus vif et le plus inventif de tous les cinéastes français. Vous n’avez encore rien vu prouve une santé intellectuelle olympique. C’est un hommage au verbe, un hymne au cinéma, une déclaration d’amour au théâtre. Autant de passions que Resnais a l’élégance et l’art de communiquer de façon ludique et artistique. En deux mots comme en cent, c’est un très grand moment de plaisir cinématographique.

Page 22: Gazette le Méliès N074 septembre 2012

22

1931. Au cœur de l’Amérique en pleine Prohibition, dans le comté de Franklin en Virginie, Etat célèbre pour sa production d’alcool de contrebande, les trois frères Bondurant sont des trafiquants notoires.Jack, le plus jeune, ambitieux et impulsif, veut transformer la petite affaire familiale en trafic d’envergure. Il rêve de beaux costumes, d’armes, et espère impressionner la sublime Bertha...Howard, le cadet, est le bagarreur de la famille. Loyal, son bon sens se dissout régulièrement dans l’alcool qu’il ne sait pas refuser...Forrest, l’aîné, fait figure de chef et reste déterminé à protéger sa famille des nouvelles règles qu’impose un nouveau monde économique. Lorsque Maggie débarque fuyant Chicago, il la prend aussi sous sa protection.Seuls contre une police corrompue, une justice arbitraire et des gangsters rivaux, les trois frères écrivent leur légende : une lutte pour rester sur leur propre chemin, au cours de la première grande ruée vers l’or du crime.Après son adaptation bouleversante, bien que trop paralysée par le respect absolu de l’œuvre littéraire, de La Route de Cormac McCarthy, John Hillcoat renoue en quelque sorte avec le western pour Des Hommes sans loi. Sur un scénario du fidèle Nick Cave, adapté du roman Pour quelques gouttes d’alcool de Matt Bondurant, il signe une chronique familiale dans la grande tradition du cinéma américain mariant western, film de gangster et grande fresque crépusculaire. Dans son approche des comportements humains, entre romance et violence, en dressant le portrait d’une génération qui s’éteint, comme dans Les Incorruptibles de De Palma, c’est l’histoire des Etats-Unis qui s’écrit à nouveau. Un pur plaisir de cinéma à l’ancienne.

Selection Officielle Cannes 2012

Page 23: Gazette le Méliès N074 septembre 2012

Luxembourg, 1984. Sur un coup de tête, Frank, 18 ans, quitte sa famille étouffante pour aller s’installer à Amsterdam. Le jeune homosexuel trouve refuge dans un cabaret, le House of Boys, dirigé par un patron autoritaire que tous surnomment Madame. Frank devient rapidement le danseur vedette du club, éclipsant Jake, un jeune Américain hété-rosexuel. Subjugué par le charme de ce dernier, Frank met tout en œuvre pour le séduire et, contre toute attente, finit par y parvenir. Mais leur relation naissante prend une tournure dramatique lorsque Jake, à la suite d’une overdose, découvre qu’il est porteur du virus du sida, une nouvelle maladie mortelle que certains nomment le cancer gay…Misant sur une approche plus frontale qu’André Téchiné dans Les Témoins, House of Boys est pourtant beaucoup plus festif que son illustre prédécesseur en proposant une ode aux années 80 : époque aussi exaltante que douloureuse.

Mike a 30 ans et multiplie les petits boulots : maçon, fabricant de meubles, etc... Il se rêve entrepreneur. Il est surtout strip-teaseur. Chaque soir, sur scène, dans un club de Floride, il devient Magic Mike. Le danseur au physique bien sculpté prend sous son aile Adam, un jeune en qui il se reconnaît lui, quelques années plus tôt ; il le surnomme le Kid et lui apprend les rouages du métier.L’hyperactif Steven Soderbergh a choisi d’aborder avec humour un sujet assez peu exploité au cinéma, sans évacuer pour autant les aspects plus sombres du métier. Au contraire, une fois remis de tous ces fessiers bien huilés et d’une ou deux situations portant sur la taille de l’engin, c’est au quotidien commun de ces hommes que s’intéresse le cinéaste et c’est là où le film devient une véritable réussite comme le Showgirls d’un certain Paul Verhoeven.

Les films

23

Page 24: Gazette le Méliès N074 septembre 2012

24

John Cassavetesen quelques mots...

Fils d’un homme d’affaires grec, John Cassavetes abandonne vite ses études pour rejoindre l’American Academy Of Dramatic Arts. D’abord acteur de télévision, il débute au cinéma comme acteur en 1955 avec Nuit de terreur d’Andrew L. Ston. Il enchaîne les films (Face au crime, 1956, de Don Siegel ; L’homme qui tua la peur, 1957, de Martin Ritt ; Libre comme le vent, 1958, de Robert Parrish) avant de passer de l’autre côté de la caméra. En 1960, il réalise Shadows. Le thème, l’amour entre un Blanc et une jeune noire, est approché du point de vue de la communauté noire. Interprété par des inconnus, le film se distingue par une large place laissée à l’im-provisation. Photographié en extérieurs réels, il porte l’empreinte d’une nouvelle écriture cinématographique : le plan long, débarrassé des ellipses narratives, plié au rythme du langage parlé. Un détail qui a son importance : la musique souligne à merveille le swing de la caméra. Ce premier film devient le porte-drapeau de la nouvelle vague américaine. Too lates blues (1961), qui raconte la déchéance d’un joueur de jazz idéaliste, est critiqué à sa sortie par son producteur, la Paramount. Un enfant attend (1963) suscite les mêmes réticences. En 1967, John Cassavetes joue dans The Dirty dozen de Robert Aldrich, puis, en 1968, dans Rosemary’s Baby de Roman Polanski. Il revient ensuite à un cinéma artisanal, hors Hollywood. Faces (1968), réalisé sans argent, constitue un de ses chefs-d’oeuvre. Ce tableau de la faillite des rapports conjugaux représente 6 mois de tournage et 2 ans et demi de montage. L’intensité du jeu des acteurs résulte d’une totale spontanéité d’expression. Reconnu, Cassavetes entre dans une période faste. Il tourne Husbands (1970), la dérive de trois hommes mariés avec Peter Falk et Ben Gazzara ; Ainsi va l’amour (1971), Une femme sous influence (1973) où Gena Rowlands incarne une mère déchirée entre plusieurs rôles. Gloria (1980), un polar tourné à New York, est son plus grand succès public. Gena Rowlands y interprète une comédienne ratée et traquée par la Mafia. Meurtre d’un bookmaker chinois (1976), dans la même veine, met en scène Ben Gazzara en propriétaire d’une boîte de strip-tease dans un Los Angeles hanté par des tueurs. Après Opening Night (1978), Cassavetes reçoit la consécration pour Love Streams (1983). Adapté d’une pièce de théâtre, le film dresse un bilan du couple Cassavetes-Rowlands. Le cinéaste y développe ses thèmes traditionnels : la mort, la folie, la solitude. Après Big Trouble (1985), Cassavetes, malade, commence Begin the Beguine avec Peter Falk et Ben Gazzara. Il meurt brutalement en 1989.

Focus John CASSAVETESFaces

5 > 18 septembre

Film américain de John Cassavetes (1969 - 2h09min - VOST) avec John Marley, Gena Rowlands, Lynn Carlin...

Après une nuit un peu folle, Richard rentre chez lui et se dispute avec sa femme Maria. Après lui avoir annoncé son intention de divorcer, il claque la porte et part retrouver une autre femme. Maria décide alors de passer la nuit dans un night club avec ses amies. Elle y rencontre Chet avec qui elle termine la nuit. Au matin, Richard revient à la maison alors que Chet part sur la pointe des pieds. C’est le moment d’un premier face à face vital pour ce couple en chute libre...Plus qu’un monument, ce film est une légende ! Tourné en 16 mm durant six mois, deux années de montage enfermé dans un garage, cent cinquante heures d’images tournées, une première version de dix-sept heures, puis réduction à trois heures pour enfin trouver sa durée de diffusion définitive.Dix ans séparent Shadows de Faces. Entre les deux, il y a eu Too Late Blues et A Child is Waiting - deux films plus traditionnels (mais beaux néanmoins), tournés dans le système ; Faces est une réaction violente et passionnée contre la manière de travailler des grands studios hollywoodiens. La force d’un retour aux sources. La joie de retrouver les amis, la famille. Tout cela éclate dans Faces, alternance de scènes d’une incroyable violence rentrée où la tension arrive à la frontière de l’hystérie, et de tendresse, de douceur, avec en permanence un immense respect des personnages, quels que soient leurs actes.

Shadows6 > 18 septembre

Film américain de John Cassavetes(1959 - 1h27min - VOST) avec Ben Carruthers, Lelia Goldoni, Hugh Hurd...

Shadows est le premier film de John Cassavetes. L’irruption de l’absolue liberté dans l’univers souvent trop policé du cinéma américain. Tournant caméra à l’épaule, improvisant son scénario au jour le jour, privilégiant les hasards et le mouvement, Cassavetes traque la plus petite étincelle de vie, la moindre vibration

des sentiments. Il se fiche de la technique, il ne pense qu’à l’émotion, au trouble.Hugh, Benny et Lelia sont frères et sœur. Hugh ressemble à ce qu’il est : un Noir. Les deux autres ont la peau plus blanche, ça ne leur facilite pas la vie, ça perturbe leur identité. Hugh est le plus solide des trois, il fait vivre la famille en chantant dans des cabarets de troisième zone. Il voudrait être un grand chanteur, on lui fait présenter des shows de strip-tease. Benny rêve d’être trompettiste, mais on le voit surtout traîner avec ses potes, lunettes noires sur le nez. Lelia voudrait être écrivain sans y croire vraiment. Elle est jolie, courtisée. En particulier par un jeune Blanc qui a un mouvement de recul lorsqu’il apprend qu’elle a du sang noir…

Page 25: Gazette le Méliès N074 septembre 2012

25

Les films

On a rarement vu un film réalisé par un homme qui montre une telle empathie pour un personnage de femme… C’est d’une honnêteté, d’une sensibilité bouleversante, une cure d’intelligence et d’amour.Gena Rowlands est Mabel, la femme de Nick (Peter Falk), chef de chantier d’origine italienne. Comme toujours submergé de travail, Nick ne peut pas rentrer chez lui pour la nuit. Mabel reste seule avec les enfants. Une fois qu’elle les a confiés à sa mère, elle est vraiment seule. Elle se saoule et, dans une demi-conscience, ramène un homme à la maison. Le lendemain matin, Nick débarque avec toute son équipe d’ouvriers, affamés. Mabel leur prépare des spaghettis et tente d’être gentille avec tout le monde. Mais ses efforts dégénèrent en scène de ménage avec Nick, qui la trouve trop entreprenante avec un ouvrier noir… Un autre jour, Mabel prépare un goûter pour ses enfants et ceux du voisin. Elle déguise les gamins, leur fait faire des choses un peu folles. Ca ne plaît pas aux parents, qui râlent, qui

Film américain de John Cassavetes(1978 - 2h24min - VOST)

avec Gena Rowlands, John Cassavetes, Ben Gazzara...

La célèbre comédienne de théâtre Myrte Gordon est la vedette d’une pièce de Sarah Goode : «The Second Woman». Après une représentation à New Haven, Myrte assiste à la mort d’une jeune admiratrice passionnée...

Film américain de John Cassavetes(1977 - 1h48min - VOST)

avec Ben Gazzara, Seymour Cassel...

Cosmo Vitelli, patron d’une boîte de strip-tease et criblé de dettes, est contraint par la Mafia de tuer un bookmaker chinois. C’est le début d’une chasse à l’homme qui va l’en-traîner loin. Très loin…

Film américain de John Cassavetes(1980 - 2h03min - VOST)

avec Gena Rowlands, John Adames, Buck Henry...

Une femme hérite d’un jeune garçon que son père, traqué par la mafia, lui confie. D’abord réticente, elle fera finalement tout pour sauver l’enfant pourchassé.

séance présentée par Christophe Chabert(Critique cinéma au Petit Bulletin)

hurlent. Ces rebuffades répétées, Mabel les encaisse de plus en plus mal. Elle voudrait s’expliquer, dire qu’elle ne cherche qu’à faire plaisir, mais les mots lui manquent. Alors, faute de pouvoir communiquer, Mabel se fêle, se craquelle, se casse…Un film comme ça, on ne peut pas le dire, il faut le voir, en vivre les moindres sursauts. Gena Rowlands et Peter Falk sont au-delà des qualificatifs.

Page 26: Gazette le Méliès N074 septembre 2012

26

Mais que ce passe-t-il donc à New-York en cette année 1984 ? Pourquoi donc autant d’agitation ? Et qui sont ses quatre types habillés de manière ridicule avec de vieilles redingotes de mécanos, un pulvérisateur d’insecticide dans le dos et qui se baladent dans un vieux corbillard à la sirène geignante ? Quoi ? Comment dites-vous ? Des Ghostbusters ? Vous voulez rire… des casseurs de fantômes ? Pfff, n’importe quoi !! Oh ! Mais regardez… C’est quoi ce machin tout vert qui fouille dans la poubelle ? Encore un pauvre SDF cul-de-jatte… ahalala, quelle époque vivons-nous, tenez monsieur, voilà un ticket restau…aaaaaaaaaaahhhhh !!! Pas ma main, non d’un chien !En ce temps de grâce 2012, rendez-vous est donc pris avec Dan Aykroyd, Bill Murray et Harold Ramis pour revivre ensemble (et sur grand écran SVP) les aventures de ces trois loosers/gaffeurs invétérés, qui vont se transformer en une équipe de désinfection spécialisée dans la chasse aux ectoplasmes. Lancement de saison oblige les camarades de MCDTS nous concoctent quelques belles surprises afin de ressortir comme d’hab’ avec la banane jusqu’au oreilles dans lesquelles (zoreilles) bourdennora longtemps l’hymne 80’s funky de Ray Parker Jr : Who Ya Gonna Call ? Ghooooostbuster !!! tant ce film, re-baptisé SOS Fantômes en français, est tout simplement un pur moment de magie qui a marqué d’une pierre blanche l’histoire de la comédie américaine. Enjoy !

POPCORN À VOLONTÉ + AFTER AU MÉLIÈS CAFÉf (+ 2f de consigne pour le gobelet popcorn recyclable)

www.mescouillesdanstonslip.com www.facebook.com/mcdts www.lemelies.com

Page 27: Gazette le Méliès N074 septembre 2012

27

Les films

Eté 1610. Un des premiers télescopes inventés par Galilée arrive enfin à Prague, la capitale de l’Empire germanique. Pendant dix nuits, Jean Kepler, astronome de Rodolphe III, peut enfin explorer le ciel à l’aide de la nouvelle invention et voir ce que personne encore n’a jamais vu. La terrasse où Kepler installe son observatoire devient le lieu où la cour impériale se donne rendez-vous. Nuit après nuit, on y vient comme au spectacle, regarder dans le télescope, assister à la dissection d’un œil humain, comploter contre l’empereur. Au cœur de cette agitation, Jean Kepler, inclassable et inlassable, trace sa voie singulière entre la science et la superstition, la liberté et l’intolérance... Portrait d’un homme passionné et d’une époque troublée, L’Œil de l’astronome est un conte scientifique intelligent et poétique, dont le sujet intrinsèquement lié à la pratique cinématographique nourrit une très belle méditation sur l’endurance de l’obscurantisme face aux avancées de la science.

Page 28: Gazette le Méliès N074 septembre 2012

28

LE PRINCIPE EST SIMPLE : Vous venez à la caisse du Méliès, avec votre support amovible type clé USB et on vous copie dessus le film de votre choix (parmi les titres du catalogue ) au format ouvert Matroska (.mkv), sans DRM (Digital Rights Management : Gestion des droits numériques), contre la modique somme de 5€ (les 5€ comprennent 3€ pour l’ayant droit, 0,82€ de TVA et 1,18€ pour la salle). La résolution minimale de la vidéo est celle d’un DVD, et quand la source le permet la vidéo sera à une résolution HD.

Page 29: Gazette le Méliès N074 septembre 2012

29

Cycle Cinéma des Antipodes

Voici un film qui met en éveille nos cinq sens, une expérience de cinéma à vivre exclusivement en 35mm sur grand écran.En 1900, les jeunes filles élèves au lycée d’Appleyard se rendent en excursion, le jour de la Saint-valentin, à Hanging Rock, une énorme roche volcanique trônant au cœur du bush australien. Au cours de cette randonnée, des évènements étranges ont lieu. Toutes les montres s’arrêtent à midi, tandis que, plus tard, trois élèves et leur professeur de mathématiques sont portées disparues. Des fouilles sont organisées par les autorités, en vain. Parmi les dernières personnes ayant vu les trois élèves, un jeune anglais, Michael Fitzhubert, décide de revenir quelques jours plus tard à Hanging Rock afin de mener ses propres recherches...Actif très tôt – il a vu naître en 1906 le premier long métrage de fiction du septième art, The Story of the Kelly Gang –, le cinéma australien aura pourtant dû attendre 1975 et la découverte de ce surprenant Pique-Nique à Hanging Rock, film « en costumes » habité par le mystère et le fantastique, pour cesser d’être négligé par une cinéphilie mondiale encore trop tournée vers l’Europe et les États-Unis. De sorte qu’on a parfois tendance à caractériser la cinématographie nationale par la même étrangeté et le même mysticisme ancestral qui empreignent ce film de Peter Weir. L’idée se révèle ici assez réductrice. Si le second long métrage de Peter Weir, par son évocation d’une communauté policée en conflit avec des forces primitives et inexplicables, se réfère certainement à une part de l’héritage collectif australien (occupants d’une terre aborigène jadis colonisée au travers de la déportation de forçats britanniques), le discours de cette œuvre à la sensualité singulière dépasse cette seule lecture rapide. Paul Jeunet viendra donc nous éclairer sur ce film aussi beau et captivant qu’intriguant et ambigu.

La vivacité des cinémas néozelandais et australiens. Une programmation de 6 films au Méliès et au France élaborée et présentée par Paul Jeunet, l’homme aux 10 canoés, 150 lances et 3 épouses et surtout ancien enseignant de cinéma à l’IUFM de St Etienne et responsable des rencontres cinématographiques de Marcigny.

Film Néo-Zélandais de Taika Waititi(2012 - 1h28min - VOST)

Film australien de Wayne Blair(2012 - 1h40min - VOST)

Film australien de Phillip Noyce (2003 - 1h34min - VOST)

Film australien de Warwick Thornton(2009 - 1h41min - VOST)

Film australien de Rolf De Heer et Peter Djigirr (2006 - 1h31min - VOST)

Page 30: Gazette le Méliès N074 septembre 2012

Prochainement

Tarifs(validité 30 juin 2014)

c

c

c

c

c

c

c

c

c

c

c

Du côté des enfants

Hana et ses deux enfants, Ame et Yuki, vivent discrètement dans un coin tranquille de la ville. Leur vie est simple et joyeuse, mais ils cachent un secret : leur père est un homme-loup. Quand celui-ci disparaît brutalement, Hana décide de quitter la ville pour élever ses enfants à l’abri des regards. Ils emménagent dans un village proche d’une forêt luxuriante…La Traversée du temps puis Summer wars avaient permis à Mamoru Hosoda d’incarner une possible relève de l’animation japonaise post-Miyazaki. Avec Les Enfants-loups, Ame et Yuki, il n’y a plus de doute : on est en présence d’un grand cinéaste, qui signe ici un des films importants de l’année. (Christophe Chabert – Le Petit Bulletin)

6 ans

Sammy et Ray, deux tortues de mer, amis depuis toujours, ont la belle vie le long d’une barrière de corail, guidant leurs nouveaux nés Ricky et Ella au cours de leurs premiers pas en mer. Soudain, ils sont capturés par des braconniers et se retrouvent à Dubaï au milieu d’un aquarium abritant un incroyable spectacle pour touristes...3 ans

Depuis la nuit des temps, au cœur des terres sauvages et mystérieuses des Highlands d’Ecosse, récits de batailles épiques et légendes mythiques se transmettent de génération en génération. Merida, l’impétueuse fille du roi Fergus et de la reine Elinor, a un problème… Elle est la seule fille au monde à ne pas vouloir devenir princesse ! Maniant l’arc comme personne, Merida refuse de se plier aux règles de la cour et défie une tradition millénaire sacrée aux yeux de tous et particulièrement de sa mère...

6 ans

30

Page 31: Gazette le Méliès N074 septembre 2012

Chanson Musique du monde

Les Ogres de BarbackSamedi 6 octobre

AnaisJeudi 8 novembre

MisiaJeudi 21 février

BénabarJeudi 18 avril

Musique - Danse

Kouyaté / NeermanMardi 9 octobre

Attention,Maîtres chanteurs !Lundi 4 février

HomeSamedi 23 mars

Zoé Conway and John Mc IntyreJeudi 16 mai

Humour

Guy BedosMardi 30 octobre

GrandiloquentMoustache Poésie ClubMercredi 28 novembre

BP ZoomMardi 9 avril

Théâtre

Géographie(s)variable(s)Vendredi 9 et samedi 10 novembre

L’Ouest solitaireJeudi 22 novembre

Les femmes savantesMardi 22 janvier

C’est la faute à Le CorbusierJeudi 14 et vendredi 15 février

Seul en scène - Cabaret solo

Le gorilleVendredi 16 novembre

La part égaleJeudi 14 mars

PatinoireMercredi 20 mars

Eloge de l’oisivetéJeudi 4 avril

Sais

on

La2012l13

cultu

relle

Sais

on

2012l13

Jeun

e pub

lic

LaPapiers pliés, Pianos, Poires et Parapluies…Mercredi 21 novembre

Le PetitloquentMoustache Poésie ClubMercredi 28 novembre

Un petit tour et puis revientMercredi 16 janvier

R.A.S. !Mercredi 27 mars

Poucet pour les grandsMercredi 10 avril

Abonnez-vous !Maison de la Culture Le Corbusier : 04 77 100 777

® D

enis

Rou

vre

© M

ax C

olin

Droi

ts ré

serv

és

© G

uisl

aine

Rig

olle

t

© C

B Ar

agao

31

Avec la rentrée, soyez curieux de votre région.A deux pas de Saint-Etienne,Le club des passionnés de découvertes

Inscrivez-vous et recevez un programme trimestriel fort d’une trentaine de rendez-vous privilégiés...

www.clefsdeloireforez.com

PATRIMOINE

soyez curieux de votre région.soyez curieux de votre région.

Page 32: Gazette le Méliès N074 septembre 2012

Pascal Bonitzer, scénariste et réalisateur remarquable, nous avait jusqu’ici donné des films certes réussis mais assez froids et cyniques, comédies bourgeoises acides devant lesquelles il était difficile de s’enthousiasmer tout à fait (on citera ses meilleures : Rien sur Robert,Petites Coupures, Je pense à vous…). Avec Cherchez Hortense, il balaie toutes nos réticences et nous emballe pour de bon : narrateur hors pair, il nous livre ici un récit qui frise la perfection, vif, acéré, caustique juste ce qu’il faut mais avec de vrais enjeux, incarnés en des personnages ciselés à l’or fin et interprétés par des acteurs en état de grâce.L’homme qui est au centre de Cherchez Hortense (dont on ne vous expliquera pas le titre énigmatique) est Damien, un prof de civilisation chinoise qui enseigne, avec un dilettantisme qui frise parfois le désintérêt, sa discipline tant aimée à des businessmen et women plus ou moins contents d’eux-mêmes, uniquement soucieux de connaître tous les ressorts et faiblesses de leurs futurs clients asiatiques. Il est marié à Iva, metteur en scène de théâtre aussi volcanique et charismatique que lui est taciturne et discret. Sa vie est devenue une gentille routine où il joue souvent, en l’absence d’Iva très sollicitée, le père au foyer pour Noé, un gamin tout à fait lucide sur les travers de ses parents. Ça ronronne ferme jusqu’au jour où Iva confie à Damien une mission de la plus haute importance : intercéder auprès de son père, membre influent du Conseil d’Etat, pour qu’il favorise la régularisation d’une certaine Zorica, réfugiée serbe qui est la protégée du frère d’Iva et de son épouse, couple de coiffeurs tapageurs que Damien a toutes les peines du monde à supporter plus

Notre coup de b

Le Méliès cinéma indépendant 10 place Jean Jaurès 42000 [email protected] / www.lemelies.com / www.facebook.com/CinemaLeMeliesSaintEtienne

de dix minutes… Ça peut paraître simple : demander un service à son père dans un but humanitaire. Mais pour Damien, qui a toujours vécu terrorisé dans l’ombre de ce géniteur aussi brillant que distant, aussi courtois que condescendant, c’est une véritable montagne à franchir. Et de fait il n’arrive pas à faire cette démarche et va s’engluer dans des petits mensonges, des petites lâchetés aux conséquences insoupçonnées, autant pour la jeune femme en attente de papiers que pour la famille de Damien, pour ses amis et pour la jolie cliente de la librairie où il a ses habitudes, qui va peu à peu bouleverser son cœur et peut-être bien le réveiller. Pour de bon, le faire sortir des gonds de sa vie apparemment privilégiée mais désespérément étriquée...Superbement écrit et conduit comme nous l’avons souligné d’entrée, d’une invention et d’une drôlerie permanentes, Cherchez Hortense est porté par un extraordinaire Jean Pierre Bacri, qui trouve ici un de ses meilleurs rôles, bien au-delà de la figure du perpétuel bougon auquel on le réduit parfois : désenchanté, fatigué, puis bousculé, chamboulé, rendu à sa pleine humanité. A son côté, Claude Rich est fabuleux en haut fonctionnaire cynique et manipulateur, odieux par choix et menteur par volupté : les face à face père-fils nous réservent quelques beaux moments drolatiques. Et puis Isabelle Carré, et puis Kristin Scott Thomas, et puis Jackie Berroyer en copain suicidaire et dostoïevskien : tous impeccables !Au-delà du rire et de la satire, Pascal Bonitzer livre une très pertinente et très vivante réflexion sur l’absurdité de l’obsession identitaire et nationale, sur la nécessité d’ouvrir les yeux et de bouger, surtout quand on ne risque rien à le faire… (merci Utopia !)

Nouveau au Méliès