Au début du vingtième siècle l’automobile en était encore à ses balbutiements. L’automobile était un moyen de locomotion encore très rare et réservé à une élite argentée. Jamais les constructeurs n’auraient pu imaginer l’utilisation qui serait faite de leurs machines. L’automobile rentrait dans l’histoire du grand banditisme par le biais d’un illustre malfrat, Jules Bonnot.

Né en 1876 dans le Doubs dans une famille misérable avec un père analphabète et une mère qui décède très tôt le laissant livré à lui même. Jules était doté d’un caractère vif et très rétif, insolent et très bagarreur il est condamné pour «pêche avec engin prohibé» à l’âge de 15 ans ! L’escalade ne faisait que commencer. Il suit une formation de mécano dans les usines Peugeot où il va parfaire son habileté pour la conduite qui lui sera fort utile ensuite pour commettre ses méfaits.. Il s’engage très rapidement dans le militantisme anarchiste et se trouve de ce fait renvoyé de la plupart des postes qu’il occupe, semant le trouble, fomentant des grèves et défiant l’autorité établie. A 25 ans il épouse une petite couturière avec laquelle il aura 2 enfants, seul son deuxième enfant survivra, épouse qui le quittera définitivement en partant en Suisse avec le secrétaire syndicaliste de Jules. Il ne reverra jamais sa femme ni son fils... Jules sombre dans la misère et se retrouve au chômage.

Ces événements n’ont fait qu’attiser la haine et la hargne de Bonnot, il commet des larcins de plus en plus souvent et de plus en plus gros de Lyon à Genève, les affaires prospèrent ! Il part en Angleterre où il est un temps le chauffeur de Sir Arthur Conan Doyle, père du célèbre Sherlock Holmes, qui n’aurait jamais pensé que son chauffeur puisse devenir si tristement célèbre.

Grand banditisme et automobile

L e B u l l e t i n26

GRAND BANDITISME ET...> Anecdotes d’Amicalistes

Jules BONNOT

Bonnot ouvre deux ateliers de mécanique à Lyon dont un lui servira de planque pour ses butins. C’est là que l’histoire de la bande à Bonnot commence, Jules Bonnot fut l’un des premiers bandits à utiliser l’automobile. Pour ce faire il a besoin d’être entouré, c’est en 1910 qu’il rencontre un anarchiste Italien Sorrentino, surnommé Platano avec lequel il commettra vols et braquages en tous genres... De retour sur Paris il rencontre un groupe d’anarchistes comme lui, tout aussi jeunes et férocement convaincus par l’anarchisme pur et dur. Raymond Callemin surnommé Raymond la science, Edouard Carouy, Eugène Dieudonné, André Soudy, Octave Garnier, Antoine Monier, René Valet et Paul Medge forment la fameuse « Bande à Bonnot ».

27N° 15

La bande à Bonnot terrorise littéralement la France, partout où elle passe, elle sème le crime tuant de sang froid femmes, policiers, vieillards, rien ne l’arrête, très vite les hommes de la bande sont recherchés pour meurtre.

En Décembre 1911 la bande attaque la Société Générale rue Ordener à Paris, affaire qui fait la « renommée » de la bande à Bonnot, c’est la première fois qu’une automobile est utilisée pour un braquage !

La police ne parvient jamais à les arrêter, vu leur rapidité d’action et leurs automobiles, ils sont nommés « les bandits tragiques » puis « les bandits en auto » et enfin « la bande à Bonnot ».

Bonnot est l’ennemi n° 1. Ils n’ont de cesse de voler des automobiles, comme par exemple cette Delaunay Belleville, 12cv modèle 1910.

Mais l’étau se resserre sur la bande à Bonnot et les premières arrestations commencent grâce aux célèbres Brigades du Tigre, fondées par Clémenceau.

Les photos des malfaiteurs font la une des journaux, la bande est au cœur de l’actualité. Jules Bonnot décide alors de faire un coup d’éclat en braquant la banque de la Société Générale à Chantilly, deux hommes sont tués pour un maigre butin, 50 000 francs à se partager !

Aussitôt 200 inspecteurs sont lancés à leurs trousses , une prime de 100 000 francs est offerte à quiconque permettra leur capture !

> Anecdotes d’AmicalistesGRAND BANDTISME ET...

Ou des voitures plus courantes comme celle ci :

La dégringolade de la bande s’amorce en mars 1912 avec les arrestations de Soudy, Raymond Callemin et Monier, la peine de mort les attend. Bonnot s’enfuit vers Paris après l’assassinat de Jouin, chef de la sécurité, il est repéré et se cache chez un ami anarchiste Dubois, à Choisy-le-Roy, la police les trouve, la maison est cernée !

Régine HUE

L e B u l l e t i n28

Une fusillade éclate, Dubois est tué, Bonnot tire sur les policiers mais le nombre fait force, c’est un véritable carnage qui s’ensuit par l’intervention de plusieurs centaines d’hommes armés jusqu’aux dents, ils ont même de la dynamite, tout le monde veut la peau de Jules Bonnot...

GRAND BANDITISME ET...> Anecdotes d’Amicalistes

Bonnot ne résiste pas longtemps à cette fusillade, il meurt de 6 balles dans le corps mais trouve la force de tirer encore 3 balles sur les policiers qui le trouvent ensanglanté dans la chambre, il décède en arrivant à l’Hôtel-Dieu !

Les deux derniers de la bande, Valet et Garnier seront tués à leur tour de la même façon. Les corps seront jetés dans la fosse commune...

Valet et Monnier seront condamnés aux travaux forcés et Dieudonné fut gracié in extremis et sa peine commuée en travaux forcés à perpétuité.

Bonnot n’a pas eu droit à un procès, à un jugement, l’épopée de la Bande à Bonnot, la bande des illégalistes, n’a duré que quelque mois, pourtant la Bande à Bonnot venait d’entrer dans la légende...