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ducation la sant en milieu scolaireChoisir, laborer et dvelopper un projetSandrine Broussouloux Nathalie Houzelle-Marchal

ducation la sant en milieu scolaireChoisir, laborer et dvelopper un projet

ducation la sant en milieu scolaireChoisir, laborer et dvelopper un projetSandrine Broussouloux Nathalie Houzelle-Marchal

Direction de la collection Philippe Lamoureux dition Vincent Fournier Institut national de prvention et dducation pour la sant 42, boulevard de la libration 93203 Saint-Denis cedex France LInpes autorise lutilisation et la reproduction des rsultats de ce texte sous rserve de la mention des sources et lexception de ses photos. ISBN 2-908-444-97-6

Auteurs Sandrine Broussouloux, charge de mission, Institut national de prvention et dducation pour la sant (Inpes) Nathalie Houzelle-Marchal, charge de mission, Institut national de prvention et dducation pour la sant (Inpes)

Avec le concours du ministre de lducation nationale, de lEnseignement suprieur et de la Recherche, Direction gnrale de lenseignement scolaire, bureau de laction sanitaire et sociale et de la prvention (Flicia Narboni, responsable du dossier ducation la sant et la sexualit et Nadine Neulat, chef de bureau) du ministre de la Sant et des Solidarits, Direction gnrale de la sant, bureau Sant des populations, prcarit et exclusion (Anne-Marie Servant, responsable du dossier Sant des jeunes )

RemerciementsNous remercions cordialement pour leur relecture attentive et les prcisions apportes : Christine Ayrault, mdecin de lducation nationale, dpartement des Yvelines, Acadmie de Versailles Franoise Benedict, inrmire conseillre technique auprs du recteur, Acadmie de Crteil

Monique Baudry, charge de mission prvention la Mission interministrielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (Mildt) Pierre-Loc Denichou, directeur dcole lmentaire, Langolen, dpartement du Finistre Michel Dpinoy, directeur auprs du directeur gnral, Inpes Didier Jourdan, professeur des universits, Institut universitaire de formation des matres de Clermont-Ferrand Annick Fayard, directrice du dveloppement de lducation pour la sant et de lducation thrapeutique, Inpes Christine Kerneur, inrmire conseillre technique la Direction gnrale de lenseignement scolaire, ministre de lducation nationale Genevive Le Menn, inrmire conseiller technique adjointe, Inspection acadmique de lEssonne Annie-Claude Marchand, chef du dpartement Partenariats et dveloppement rgional au sein de la Direction du dveloppement de lducation pour la sant et de lducation thrapeutique, Inpes Alain Mathy, proviseur adjoint, Pantin, Acadmie de Crteil Jean-Louis Michard, inspecteur gnral de lducation nationale en Sciences de la vie et de la Terre Alain Monnot, principal honoraire, acadmie dOrlans Tours Armelle Namy, directrice dcole maternelle, Alfortville, dpartement du Val-de-Marne Jean-Luc Naud, principal, pernay, acadmie de Reims ric Pateyron, directeur dcole lmentaire, Nanterre, dpartement des Hauts-de-Seine

Brigitte Tastet, mdecin conseiller technique auprs du recteur, acadmie de Crteil Jeanne-Marie Urcun, mdecin conseiller technique la Direction gnrale de lenseignement scolaire, ministre de lducation nationale Christiane Veyret, adjointe au chef du bureau la Direction gnrale de lenseignement scolaire, ministre de lducation nationale Claudine Vigier, inrmire conseillre technique, Inspection acadmique de Lozre Nous remercions, pour sa contribution lillustration des tapes de la dmarche de projet, le groupe de travail Milieu scolaire anim par la Fdration nationale dducation pour la sant (Fnes) et tout particulirement : Valrie Godet, charge de projet, Codes de la Somme Marie-Laure Kergadalan, charge de projet, Codes des Alpes-de-Haute-Provence Franoise Matre, directrice, Codes des Ardennes

Bibliographie et structures ressources Olivier Delmer, documentaliste, Inpes Catherine Lavielle, documentaliste, Inpes

SommaireSommaire11 13 17 18 23

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Avant-propos Mode demploi

Introduction : Lducation la sant lcoleLe champ de lducation la sant lcole Agir en ducation la sant : les leviers daction

29 33 34 39 43 44 48 53 54

De lide laction : choisir et mener un projet tape 1 : Constituer lquipe et impliquer les partenaires Fiche n 1 : Lquipe projet Fiche n 2 : Le partenariat tape 2 : Analyser la situation et xer les objectifs Fiche n 3 : Lanalyse de la situation et la dnition des priorits Fiche n 4 : Les objectifs tape 3 : Mettre en uvre le projet Fiche n 5 : La planication et le suivi du projet

e57 60 62 73 79 80 84

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Fiche Fiche Fiche Fiche

n n n n

6 : Le nancement 7 : Les intervenants extrieurs 8 : Lanimation dun groupe dlves 9 : Les outils dintervention

tape 4 : valuer et communiquerFiche n 10 : Lvaluation Fiche n 11 : La communication et la valorisation du projet

89 90 92 94 96 101 102 106 113 117

Illustrations des tapes de la dmarche de projet Illustration n 1 Illustration n 2 Illustration n 3 Illustration n 4 En savoir plus sur lducation la santDe la sant la promotion de la sant Lducation la sant en milieu scolaire La prvention

Pour aller plus loin : bibliographie et structures ressourcesBibliographie Structures ressources Sigles

119 135 139

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Avant-propos

La mission premire de lcole est de transmettre des savoirs. Cependant, parce quil existe un lien rel entre sant et apprentissages, parce que les tablissements scolaires sont frquents quotidiennement par tous les enfants, il appartient aussi lcole, espace de socialisation et de pratique de la citoyennet, de veiller leur sant et de les aider adopter des comportements qui prservent celle-ci dans le respect deux-mmes, des autres et de lenvironnement. Sant et ducation sont donc troitement lies et constituent ensemble le socle sur lequel sappuie une dynamique de la russite : lducation contribue au maintien de la sant et la sant procure les conditions ncessaires aux apprentissages. Or la prise en compte de la sant des lves ne peut tre laffaire de quelques spcialistes mais concerne lensemble de la communaut ducative. Cest pourquoi lcole doit assurer aux lves, tout au long de leur scolarit, une ducation la sant en articulation avec les enseignements. La prise en compte de la sant par lcole est inscrite dans de nombreux textes ofciels. En 2003, elle a fait lobjet de la signature dun contrat-cadre entre le ministre charg de lducation et celui charg de la sant qui sintgre dans un programme quinquennal de prvention et dducation la

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sant. Cette dynamique se trouve renforce, la rentre 2006, par les dispositions du dcret relatif au fonctionnement des tablissements publics locaux denseignement (EPLE) qui inscrivent le Comit dducation la sant et la citoyennet (CESC) dans le pilotage de chaque tablissement scolaire du second degr et lintgrent la politique globale de russite de tous les lves. Ainsi, lune des missions des CESC est de dnir un programme dducation la sant, la sexualit et de prvention des comportements risque. Malgr ces avances et limplication de chacun pour promouvoir lducation la sant auprs des lves, son dveloppement rencontre encore des difcults : le nombre dactions structures et prennes reste limit, et leur efcacit demeure difcilement valuable en termes de sant publique. Cest dans ce contexte que lInstitut national de prvention et dducation pour la sant (Inpes) et la Direction gnrale de lenseignement scolaire (DGESCO) se sont engags depuis 2003 dans un partenariat actif, dont lune des nalits est de faciliter la mise en uvre de lducation la sant dans les tablissements scolaires, en particulier par la mise disposition doutils dintervention, de documents dinformation et de supports mthodologiques. Le prsent ouvrage est donc le fruit dun travail collectif. Conu comme un outil daccompagnement pour les quipes ducatives et les intervenants dsireux dentreprendre des actions dducation la sant, ce guide mthodologique prsente les diffrentes tapes de la dmarche de projet et propose des exemples dactions concrtes. Il est complt par des rfrences documentaires. Nous formulons le souhait quil apporte un vritable appui la mise en uvre et au dveloppement des actions dducation la sant dans les tablissements scolaires. Cependant, il ne trouvera rellement son sens que si chacun des acteurs se lapproprie et ladapte sa pratique professionnelle, ainsi quau contexte particulier de chaque tablissement. Le Directeur gnral de lInpes Le Directeur gnral de lenseignement scolaire

Philippe Lamoureux

Roland Debbasch

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Mode demploi

Conu et ralis avec les acteurs de lducation nationale, cet ouvrage est un outil daccompagnement pour les quipes ducatives et les intervenants dsireux dentreprendre des actions dducation la sant en milieu scolaire. Bien que sadressant en priorit aux personnels de lducation nationale, il peut tre utile toutes les personnes qui participent la mise en uvre dun projet de sant en milieu scolaire (membres dassociations, parents). La mthodologie de projet dcrite ici est trs classique, mais elle a t illustre en fonction des spcicits du milieu scolaire. Lobjectif est de pouvoir sadresser la fois aux personnels du premier et du second degr, en dpit des diffrences dorganisation des coles, collges et lyces. Certains points mthodologiques sont plus appropris un type dorganisation qu un autre. Par exemple, la notion d quipe ducative est plus adapte un collge ou un lyce qu une cole maternelle.

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ducation la sant en milieu scolaire

Ce guide orient vers laction comporte quatre parties : la premire partie, cur de louvrage, prsente les principales tapes du dveloppement dun projet dducation la sant en milieu scolaire. Des ches dtaillent une partie ou la totalit de ltape du projet. Cette structuration par che permet plusieurs lectures : une lecture linaire, tape par tape ; une lecture plus ponctuelle, par che, en fonction de lavance du projet et des besoins de lquipe projet ; la deuxime partie illustre les tapes de la dmarche de projet partir de quatre actions concrtes menes en milieu scolaire ; la troisime partie, plus thorique, rappelle les principales notions employes en ducation la sant ; les annexes proposent une bibliographie et une liste de structures ressources pour aller plus loin.

INTRODUCTION

LDUCATION LA SANT LCOLE

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ducation la sant en milieu scolaire

Le ministre charg de lducation nationale dnit les objectifs de la politique de sant en faveur des lves. Ces orientations sont dclines travers les projets acadmiques 1, dpartementaux, dtablissement, et dcole.

LE CHAMP DE LDUCATION LA SANT LCOLELducation la sant 2 lcole 3 vise aider chaque jeune sapproprier progressivement les moyens doprer des choix, dadopter des comportements responsables, pour lui-mme comme vis--vis dautrui et de lenvironnement. Elle permet ainsi de prparer les jeunes exercer leur citoyennet avec responsabilit, dans une socit o les questions de sant constituent une proccupation majeure. Ni simple discours sur la sant, ni seulement apport dinformations, elle a pour objectif le dveloppement de comptences. 4 Elle vise rpondre aux enjeux ducatifs, aux enjeux actuels de sant publique et, plus largement, aux enjeux socitaux mais doit aussi sadapter aux attentes

1. Lacadmie est lchelon administratif permettant de dcliner dans les rgions la politique ducative dnie par le gouvernement. Elle permet dagir en fonction du contexte local, en partenariat avec les collectivits territoriales (communes pour lenseignement primaire, dpartements pour les collges, rgions pour les lyces). 2. Voir dnitions de lducation la sant p. 106-107. 3. Tout au long de cet ouvrage, le terme cole renvoie aux tablissements scolaires en gnral. 4. Voir circulaire n 98-237 du 24 novembre 1998, Orientations pour lducation la sant lcole et au collge , BOEN n 45 du 3 dcembre 1998.

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et aux besoins des lves. Son point dancrage rside en effet dans la prise en compte de leurs proccupations et dans leur responsabilisation : participation active, appropriation de rgles de vie partages, respect mutuel Lducation la sant participe lacquisition progressive de savoirs et de comptences 5 qui permettront aux lves de faire des choix clairs et responsables en matire de sant. Par les exigences qui lui sont propres en termes de prvention, de responsabilit, de respect individuel et social et de formation des jeunes la vie contemporaine, elle rejoint ainsi les objectifs de lducation la citoyennet.

Lducation la sant dans le projet dtablissementChaque tablissement scolaire, sous la responsabilit du chef dtablissement, dnit dans le cadre de son projet les modalits particulires de mise en uvre des objectifs en matire dducation la sant et la citoyennet. Au sein de ltablissement scolaire, lducation la sant concerne lensemble de la communaut ducative, appuye par les comptences spciques des personnels de sant et de service social. Elle est conue dans le cadre dun processus ducatif global et cohrent. Celui-ci intgre les enseignements de diverses disciplines (dont les programmes denseignement proposent un socle de connaissances ncessaires au dveloppement de la rexion des lves sur leur sant), les lments constitutifs de la vie scolaire (accueil, organisation5. Dcret n 2006-830 du 11 juillet 2006 relatif au socle commun de connaissances et de comptences (chapitre 6). BO n 29 du 20 juillet 2006.

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du cadre de travail, utilisation des locaux, restauration, internat), ainsi que le Comit dducation la sant et la citoyennet (CESC 6).

Lducation la sant au-del de ltablissement scolaireDans une logique de complmentarit, lcole peut trouver des appuis et des relais dans les domaines qui ne relvent pas de ses missions, et doit dvelopper des partenariats 7 privilgis avec son environnement, aussi bien local que rgional. Par exemple, le Contrat ducatif local (CEL) constitue un systme adapt des activits dducation la sant dans le domaine priscolaire.

Communaut et sant communautaire Les termes communaut et communautaire mritent quelques explications pralables. En France, o la socit est souvent envisage comme un ensemble homogne et non dissociable, ces termes sont souvent assimils au communautarisme , ce phnomne de parcellisation de la socit en groupements ethniques, religieux, sociaux, sexuels Dans dautres pays, le terme communaut a une toute autre acception. Il dsigne un groupe dindividus partageant des intrts, des aspirations ou des systmes de valeurs communs 8. Une communaut peut tre gographique et temporaire. Ce qui la distingue dune collectivit, cest lattachement non forc des individus les uns aux autres qui leur fait partager des valeurs communes et organiser des actions 9. En France, les personnes qui frquentent les coles ou les tablissements scolaires (voire un bassin dducation 10) ne peuvent tre considres comme une communaut au sens strict. Cependant, le regroupement dindividus sur un mme lieu, les relations et les liens qui se crent contribuent lidentication dun groupe. Ce groupe peut alors se mobiliser pour sa propre sant et tre linitiative de projets de sant communautaire . Il y a sant communautaire quand les membres dune collectivit gographique ou sociale rchissent en commun sur leurs problmes de sant, expriment leurs besoins prioritaires et participent activement la mise en place, au droulement et lvaluation des activits les plus aptes rpondre ces priorits. 11 Ainsi parle-t-on de la communaut scientique , ou encore de la communaut universitaire . La sant communautaire engage la fois les groupes de population, les professionnels de sant et les pouvoirs locaux.

6. Dcret n 2005-1145 du 9 septembre 2005 modiant le dcret n 85-924 du 30 aot 1985 relatif aux tablissements publics locaux denseignement, article 20 concernant le Comit dducation la sant et la citoyennet, JO n 212 du 11 septembre 2005. Circulaire relative au CESC en cours de publication. 7. Voir p. 39-41 la che n 2 : Le partenariat . 8. Tessier S. Sant publique, sant communautaire. ditions Maloine, Paris, 2004, 341 p. 9. Tessier S. op. cit. 10. Le bassin dducation peut se dnir comme lespace au sein duquel les coles, les tablissements scolaires et les services de lducation nationale dun territoire donn sassocient pour un travail en commun. Il ne constitue en rien un chelon hirarchique supplmentaire, ni un niveau dadministration. Voir www.ac-versailles.fr 11. Manciaux M., Deschamps J.-P. La sant de la mre et de lenfant, Flammarion Mdecines Sciences, Paris, 1978, p. 31.

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Larticulation avec les politiques de sant publique En France, un partenariat lie les acteurs des politiques acadmiques de sant et ceux des plans rgionaux de sant publique. En effet, les questions concernant la sant des jeunes relvent la fois denjeux ducatifs et de sant publique. Au niveau national, ce partenariat est concrtis par un contrat-cadre de sant publique sign le 17 juillet 2003 entre le ministre charg de lducation nationale et le ministre charg de la Sant, qui dnit un programme annuel dactions dans des domaines jugs prioritaires. 12 13SANT PUBLIQUE ET POLITIQUE DE SANT PUBLIQUELa sant publique se prsente comme une approche collective des actions de sant. La sant publique ne soppose pas la sant prive. Si elle concerne avant tout la gestion des problmes de sant au niveau collectif, cela ne signie pas quelle nie les particularismes du vcu et des besoins de chacun. Bien au contraire, la satisfaction des besoins individuels est au cur des proccupations de la sant publique. La sant publique est un domaine daction dont lobjet est lamlioration de la sant de la population. Elle est un ensemble de savoirs et de savoir-faire qui se situent entre ladministration de la sant et lexercice de la profession mdicale. 12 En aot 2004, le parlement franais a adopt une nouvelle loi dorientation en sant publique 13 qui rorganise la politique de sant. Les champs qui relvent de la politique de sant publique y sont dnis, il sagit de : la surveillance et lobservation de ltat de sant de la population et de ses dterminants ; la lutte contre les pidmies ; la prvention des maladies, traumatismes et incapacits ; lamlioration de ltat de sant de la population et de la qualit de vie des personnes malades, handicapes et dpendantes ; lamlioration de linformation et de lducation la sant de la population ; lorganisation de dbats publics sur les questions de sant et de risques sanitaires ; lidentication et la rduction des risques ventuels pour la sant lis des facteurs denvironnement et des conditions de travail, de transport, dalimentation ou de consommation de produits et de services susceptibles de laltrer ; la rduction des ingalits de sant par la promotion de la sant, par le dveloppement de laccs aux soins et aux diagnostics sur lensemble du territoire ; la qualit et la scurit des soins et des produits de sant ; lorganisation du systme de sant et sa capacit rpondre aux besoins de prvention et de prise en charge des maladies et handicaps ; la dmographie des professions de sant.

12. Strohl H., Commission sant publique rapport n 880 027, Inspection gnrale des affaires sociales (Igas), Paris, juillet 1986. Rfrence cite dans La Sant en France, rapport gnral, Haut Comit de la Sant Publique et ministre des Affaires Sociales, de la Sant et de la Ville, novembre 1994. 13. Loi n 2004-806 du 9 aot 2004 relative la politique de sant publique, JO n 185 du 11 aot 2004.

Cette loi dorientation en sant publique qui prvoit cinq plans stratgiques, dont le Plan national de lutte contre le cancer ou le Plan national de lutte pour limiter limpact sur la sant des facteurs denvironnement conrme la rgion comme le niveau territorial optimal de planication des actions et de coordination des acteurs. Elle met en place les structures permettant le dveloppement et la mise en uvre coordonne des actions au niveau de chaque rgion : un Plan rgional de sant publique (PRSP), cadre de rfrence de la politique de sant publique de ltat dans la rgion, xe les programmes et actions (chaque PRSP devra notamment comporter un programme de sant scolaire et dducation la sant et le Schma rgional dducation pour la sant 14) ; un Groupement rgional de sant publique (GRSP) met en uvre les programmes de sant dnis par le PRSP 15. Lducation nationale est reprsente au sein des GRSP ; une Confrence rgionale de sant (CRS), instance de concertation des acteurs, contribue la dnition des objectifs rgionaux de sant publique et lvaluation des programmes composant le PRSP.FIGURE N 1 La politique rgionale de sant publiqueGroupement rgional de sant publique (GRSP) Un reprsentant du ministre charg de lducation nationale membre de droit du GRSP (recteur) Rend compte Met en uvre Suit

Reprsentant de ltat en rgion Assurance maladie Collectivits locales

Formule avis et propositions sur les programmes

Confrence rgionale de sant (CRS)

Plan rgional de sant publique (PRSP) Et comporte galement

Comporte obligatoirement trois programmes

Programme rgional pour laccs la prvention et aux soins des personnes les plus dmunies

Programme de prvention des risques lis lenvironnement gnral et au travail

Programme de sant scolaire et dducation la sant

Actions et programmes thmatiques fonds sur des priorits rgionales et tenant compte des programmes nationaux (alcool, tabac, cancer, nutrition)

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14. Le Schma rgional dducation pour la sant (Sreps), labor en rgion, sera intgr au PRSP. Le Sreps promeut une culture commune dducation la sant au niveau de la rgion et est labor partir du Plan national dducation pour la sant (Pneps) de 2001. Ce Pneps est accessible sur le site de lInpes (Lducation pour la sant : un enjeu de sant publique, 2001, http://www.inpes.sante.fr/70000/dp/01/dp010228.pdf). Il dnit les concepts utiliss en ducation la sant, explique les enjeux de sant publique et donne des orientations pour la formation et la recherche. Il ralise galement un tat des lieux de la situation dans les autres pays europens. 15. Daprs la brochure pdagogique dite par la Direction gnrale de la sant : Loi relative la politique de sant publique, 9 aot 2004, objectifs et enjeux (http://www.sante.gouv.fr)

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AGIR EN DUCATION LA SANT : LES LEVIERS DACTIONPour promouvoir la sant, il existe un certain nombre de leviers daction qui visent la fois les dterminants environnementaux et individuels de la sant. Ces leviers daction sont trs htrognes mais doivent nanmoins tre articuls de faon cohrente et complmentaire. Il sagit de : la loi qui, en matire de sant, est susceptible dintervenir sur deux domaines : lorganisation du systme de soin et la dnition des orientations de la politique de sant ; lamlioration du cadre de vie des populations ; la communication grand public, dont lobjectif est de sensibiliser une population de grandes causes de sant et de contribuer modier progressivement les reprsentations et les normes sociales 16 ; les actions de prvention sanitaires, inscrites dans le champ biomdical, qui visent empcher les maladies dapparatre, ou permettre de les dpister un stade prcoce, plus accessible de ce fait la thrapeutique 17 (voir dnition classique de la prvention, p. 113) ; les actions dducation la sant proprement parler qui, grce un accompagnement individuel ou communautaire, permettent aux personnes et aux groupes de sapproprier des informations et dacqurir des aptitudes pour agir dans un sens favorable leur sant et celle de la collectivit 18.

La loiLa loi peut prescrire des comportements favorables la sant. Mais comme toute prescription, elle est plus efcace si elle est comprise, accepte et intgre par les individus quelle vise. Certaines lois sont facilement et rapidement acceptes par le plus grand nombre car elles viennent lgitimer des comportements dj largement prexistants. Dautres, au contraire, ncessitent avant leur adoption un long processus dvolution des mentalits. Cela a par exemple t le cas du volet tabac de la loi vin (promulgue en 1991), dont lapplication aurait sans doute t plus problmatique quelle ne le fut si lopinion publique navait pas t alerte par les messages des scientiques, des politiques et des mdias 19 (voir encadr ci-aprs).

16. Voir note 13. 17. Sournia J.-C. Dictionnaire franais de sant publique. ditions de sant, 1991, p. 260. 18. Ministre de lEmploi et de la Solidarit. Lducation pour la sant : un enjeux de sant publique, 2001. http://www.inpes.sante.fr/70000/dp/01/dp010228.pdf 19. Murard L., Zylberman P. Le tabagisme, au subi et non affront (1950-1975) : 60 ans dducation pour la sant . La Sant de lHomme n 362, novembre/dcembre 2002.

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LUTTE CONTRE LE TABAGISME : LVOLUTION DES MENTALITS PRCDE LA LOI Jusquen 1950, le grand public ne croit pas la toxicit du tabac. Mais en 1953, lalerte est donne dans la presse : Paris-Match publie un article de Raymond Cartier titr : Une bombe venue dAmrique : chaque cigarette cote une demi-heure de vie ! . En raction linquitude naissante, la Seita (Service dexploitation industrielle des tabacs et des allumettes, socit publique contrlant la commercialisation du tabac) cre le Groupe dtude sur la fume du tabac, sous lgide de lInstitut dhygine (prdcesseur de lInserm). En 1958, des chercheurs tablissent une corrlation certaine entre cancer du poumon et cigarette. Mais le ministre de la Sant et la Caisse dassurance maladie (Cnam) ne semblent pas exprimer de craintes ce sujet. En 1970, lOrganisation mondiale de la sant qualie la cigarette dinstrument de mort . Un dbut de mobilisation sensuit. Andr Dufour de lAcadmie de mdecine crit que la cigarette est pour une femme enceinte une arme pointe vers son enfant . On dnonce aussi le rle du service militaire, au cours duquel des cigarettes sont vendues bas prix aux jeunes recrues. Mais ce nest quen 1972 que la Cnam rige la lutte contre les toxicomanies (tabac, alcool et autres drogues) parmi les priorits de son action ducative. En 1975, un des tout premiers sondages de la Sofres sur le tabagisme montre que 85 % des Franais se disent informs sur les risques. En 1976, la loi Veil prcise quil est dsormais interdit de fumer dans un grand nombre de lieux publics, en particulier ceux accueillant des jeunes. La priode 1981-1987 est marque par lchec relatif des campagnes dopinion qui parviennent modier limage du fumeur mais pas enrayer la hausse de la consommation. Le journal Le Monde constate en 1987 : Ce nest plus au service militaire mais sur les bancs des collges que les enfants apprennent fumer, les lles autant que les garons. En 1991, la promulgation de la loi vin afrme la ncessit de protger les non-fumeurs, notamment en nautorisant le tabac que dans des endroits bien dnis. En ce qui concerne le milieu scolaire, cette loi prvoit linterdiction de fumer dans les coles, les collges, les lyces, publics ou privs, ainsi que dans les universits et lieux denseignement professionnel. Les lieux frquents par les lves, mme lorsquils sont dcouverts, sont non fumeurs (les textes interdisent donc un chef dtablissement dautoriser des lves ou des professeurs fumer pendant les cours ou dans la cour de rcration). Des salles fumeurs, distinctes des locaux denseignement et des salles rserves aux professeurs, peuvent tre mises disposition du personnel. Dans les lyces (lorsque les locaux sont distincts des collges), dans les tablissements suprieurs et de formation professionnelle, des salles spciques peuvent tre mises disposition des fumeurs mais elle ne sont accessibles quaux lves dau moins 16 ans 20. En 2006, le gouvernement a lgifr sur linterdiction pure et simple de fumer dans les lieux publics.

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20. Pour plus dinformation : Tabac Info Service, www.tabac-info-service.fr

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Les campagnes de communicationEn vhiculant des messages (informations, incitations, recommandations), les actions de communication participent la construction et la transformation des reprsentations 21 relatives une thmatique de sant ou la valorisation dun comportement jug favorable la sant. En matire de communication (sur la sant comme pour dautres thmes), il est essentiel de permettre lidentication de lmetteur ou de la source des messages, notamment pour que le public soit en mesure destimer leur abilit et leur pertinence. Sur les thmes de sant, ces sources peuvent tre de natures trs diffrentes. Il peut sagir : de chercheurs qui travaillent sur diffrents thmes de sant ; de professionnels du champ concern ; dorganismes publics (ministre en charge de la Sant, Institut national de prvention et dducation pour la sant, Caisse nationale dassurance maladie des travailleurs salaris, municipalits, conseils gnraux) ; dentreprises prives dont les intrts commerciaux concident plus ou moins avec les objectifs de sant publique (vente de substituts nicotiniques, de produits allgs en matire grasse ou en sucre). Pour communiquer auprs du grand public, diffrents vecteurs peuvent tre utiliss : la publicit (sous forme de spots tlviss, de spots radio, dinsertions dans les journaux, dafches), les relations presse qui ont pour objectifs de faire relayer les thmes de communication par les mdias (tl, radio, presse, Internet), de les alimenter, de les clairer, bref, de contribuer crer un bruit de fond autour dun sujet pour sensibiliser lopinion publique ou un groupe plus restreint de population. Cette sensibilisation via un discours port par des relais peut contribuer renforcer les actions ducatives de proximit. Elle peut galement venir faciliter lapplication de nouvelles dispositions lgislatives en expliquant les objectifs dune loi. Dautres techniques de communication peuvent tre utilises, comme ldition de supports dinformation (dpliants, afchettes), la mise en place de supports interactifs (plates-formes tlphoniques, sites Internet), etc. Les actions de communication peuvent tre ponctuelles, limites dans le temps, ou stendre sur plusieurs annes, an de rpter un mme message ou au contraire le faire voluer dans la dure, en fonction de nouvelles priorits, pour aborder de nouveaux thmes ou pour mieux toucher diffrents publics cibles. Si on analyse par exemple lvolution dans le temps des campagnes de communication de lInpes (ex-CFES 22) contre le tabagisme, on constate que lon est pass dun objectif large de prvention (avec des slogans du type Fumer cest pas ma nature ! , CFES, 1991) des objectifs plus spciques : dvalorisation de limage sociale du fumeur, rvlation de la toxicit des composants de la cigarette ( La cigarette contient de lammoniac, de lacide cyanhydrique ou

21. Voir p. 110-112 le paragraphe sur les reprsentations. 22. Comit franais dducation pour la sant.

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encore de lactone , Inpes, 2002), sensibilisation au tabagisme passif (Inpes, 2004). Ces messages ont contribu modier les reprsentations sociales du tabac et faciliter lapplication de la loi vin. Il est plus facile aujourdhui pour un non-fumeur de faire respecter ses droits dans un restaurant que dans les toutes premires annes de lapplication de cette loi. Autre particularit des campagnes de communication, elles peuvent sinscrire dans un univers concurrentiel . Exemple : la campagne de communication de lInpes de septembre 2005 accompagnant le Programme national nutritionsant (PNNS) 23 incitait notamment manger moins de produits sucrs et rduire la consommation de boissons sucres. Cette communication intervient dans un contexte o les entreprises agroalimentaires communiquent galement pour assurer la promotion de leurs produits.

COMMUNICATION ET ESPRIT CRITIQUEUn des objectifs de lducation la sant lcole est daider les lves faire des choix plus clairs, pour eux-mmes et par eux-mmes, en tenant compte des inuences de lenvironnement. Un des moyens dy parvenir est de leur permettre de dvelopper leur esprit critique an quils puissent distinguer ce qui, dans une action de communication, relve de la prvention (avec une information scientiquement valide), ou dune promotion commerciale (avec la mise en avant dun bnce pour la sant). Cette distinction nest pas toujours facile, en raison du brouillage pratiqu par certaines communications qui font par exemple appel des tmoignages dexperts prsents comme indpendants.

23. Le PNNS est un plan de sant publique prenant en compte les multiples dimensions de la nutrition (sant, plaisir, culture, conomie, change). La nutrition est en effet un dterminant de sant majeur li aux principales pathologies de la population et dpendant de comportements et pratiques quotidiens soumis des inuences multiples. Il est accessible sur Internet : http://www.sante.gouv.fr/htm/pointsur/ nutrition/1n1.htm

Lducation la sant lcole

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Les actions de prventionLes actions de prvention visent empcher les maladies dapparatre, ou permettre de les dpister un stade prcoce, plus accessible de ce fait la thrapeutique 24 (voir dnition classique de la prvention, p. 113-114). Menes grande chelle, elles ont une incidence sur ltat de sant dune population. Exemple : la politique vaccinale a permis de faire disparatre certaines maladies et lcole a jou un rle de premier plan en faisant respecter lobligation de certaines vaccinations lors de la premire inscription. Autre exemple : le bilan de sant effectu en grande section de maternelle par les mdecins de lducation nationale comprend le dpistage prcoce des pathologies et dciences (quelles soient sensorielles, physiques, psychiques ou cognitives) ainsi que des troubles spciques du langage (oral, crit) an de reprer ces ventuelles difcults et de les prendre en compte dans le parcours scolaire des lves.

Lamlioration du cadre de vie des populationsLa prise en compte du cadre de vie participe galement lamlioration de la sant. Lcole peut par exemple tre amnage pour permettre de pratiquer des activits physiques ; proposer des horaires adapts (temps sufsant laiss pour les repas et les rcrations) ; fournir des quipements collectifs (sanitaires, fontaines eau) et des espaces bien congurs (rfectoire insonoris, dortoir pour les lves de petite section de maternelle) ; garantir des locaux respectueux de lhygine et de lintimit des lves.

Les actions dducation la sant Lducation pour la sant aide chaque personne, en fonction de ses besoins, de ses attentes et de ses comptences, comprendre linformation et se lapproprier pour tre en mesure de lutiliser dans sa vie. En ce sens, la vulgarisation et la diffusion des connaissances scientiques ne sufsent pas. En matire dactions de proximit, lducation pour la sant utilise des mthodes et des outils valids favorisant lexpression des personnes et leur permettant dtre associes toutes les tapes des programmes, du choix des priorits lvaluation. Elle est accessible tous les citoyens et a le souci permanent de contribuer rduire les ingalits sociales de sant. 25 Les actions dducation la sant sont des initiatives dveloppes localement, dans un cadre prcis (une cole, par exemple), pour une population donne. Elles ne se rduisent pas aux seules sances dinformation dans un objectif de transfert de connaissances mais sinscrivent dans une dmarche ducative dont le but est de rendre la population bnciaire acteur de sa propre sant, par le dveloppement de comptences spciques. Les ches prsentes dans cet ouvrage ont pour objectif de proposer un appui mthodologique pour la mise en uvre de telles actions en milieu scolaire.

24. Sournia J.-C. Dictionnaire franais de sant publique. ditions de sant, 1991, p. 260. 25. Lducation pour la sant : un enjeu de sant publique, 2001. www.inpes.sante.fr/70000/dp/01/dp010228.pdf

DE LIDE LACTION : CHOISIR ET MENER UN PROJET

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ducation la sant en milieu scolaire

La mise en uvre dun projet dducation la sant dans un tablissement scolaire sintgre et contribue son niveau la mise en uvre de la politique de sant publique. Cette articulation avec une stratgie daction de prvention qui va au-del de ltablissement participe du sens mme du projet. Pour offrir un projet les meilleures chances datteindre des objectifs correspondant une amlioration de la sant des populations auxquelles il sadresse, il est ncessaire de : larticuler avec la politique de sant publique (le thme du projet sera en cohrence avec les principales questions de sant publique) ; le mettre en uvre selon une dmarche de projet qui lui garantit toutes les chances daller jusqu son terme avec succs.

CHOISIR LE THME DU PROJETChoisir un thme de projet cohrent avec les grandes orientations en sant publique 26 renvoie au contexte dans lequel sinsrera le projet et son articulation avec les politiques de sant tant nationales que locales. Mais quel thme choisir ? On na souvent que lembarras du choix tant les thmes pouvant faire lobjet de projets de sant lcole sont nombreux. Certes, parfois, un problme de sant (violence, toxicomanies) peut occuper le devant de la scne et tre reconnu comme prioritaire par tous les acteurs de la communaut scolaire ; son choix simpose alors de lui-mme. Mais le plus souvent, plusieurs sujets, avec chacun leur intrt, peuvent constituer une bonne thmatique pour mener un projet de sant. Pour identier la (les) question(s) traiter en priorit, on peut sappuyer sur les critres quutilise le Haut Comit de la Sant Publique 27 pour dtermi26. Dnies au niveau national (et faisant lobjet de plans stratgiques de sant publique, comme par exemple le Programme national nutrition-sant) ou rgionales (retenues dans le Programme rgional de sant publique). 27. Strohl H. Commission sant publique rapport n 880 027, Inspection gnrale des affaires sociales (Igas), Paris, juillet 1986. Rfrence cite dans La Sant en France, rapport gnral, Haut Comit de la Sant Publique et ministre des Affaires Sociales, de la Sant et de la Ville, novembre 1994.

De lide laction : choisir et mener un projet

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ner les problmes de sant prioritaires en France, en les adaptant au contexte spcique de lcole : le problme doit tre grave (en termes de morbidit ou de souffrance), frquent (affectant de nombreux lves ou en augmentation signicative), avoir un impact socio-conomique sur la communaut scolaire (consquences sur la vie des lves, dans leur famille ou lcole) et une bonne perception sociale (reconnu comme tant une question importante prendre en compte). Lexistence de possibilits dintervention, en particulier en matire de prvention (actions dj reconnues comme efcaces, supports et documents de rfrence dj existants) est un critre important pour tudier la faisabilit du projet. La toute premire tape dun projet de sant lcole consiste donc souvent passer en revue, avec la grille de critres ci-dessus, tous les sujets possibles . Ce travail prliminaire donnera toute sa lgitimit, au-del de lintuition de dpart, au thme nalement choisi. Largumentation construite au l de la grille aura dautant plus dintrt quelle pourra constituer la trame de prsentation du projet dventuels nanceurs, ou pour le moins aux instances dcisionnaires qui auront sengager dans le projet, le soutenir pour quil se ralise (chef dtablissement, conseiller technique auprs des recteurs)

LES TAPES DE LA DMARCHE PROJETLe bon droulement dun projet dpend en grande partie de la mthode employe pour le construire et le prparer. Prendre du temps pour constituer une quipe charge du projet, construire un partenariat, raliser une analyse pertinente de la situation permettent non seulement den gagner lors de la mise en place de laction, mais aussi damliorer lefcacit de laction. Ce guide se propose de clarier la dmarche mettre en uvre pour mener un projet dducation la sant en milieu scolaire. La mthode dveloppe dans cet ouvrage se dcompose en quatre grandes tapes : tape 1 : Constituer lquipe et impliquer les partenaires tape 2 : Analyser la situation et xer les objectifs tape 3 : Mettre en uvre le projet tape 4 : valuer et communiquer Pour faciliter la lecture, les tapes sont prsentes de faon linaire. Cette succession reste articielle, puisque dans la pratique, chacune des tapes interagit avec les autres et doit tre rajuste en fonction de lavance du projet. Par exemple : la communication peut commencer ds lanalyse de la situation, lvaluation se prpare ds la dnition des objectifs Toujours dans le mme souci de clart, chacune des tapes est subdivise en ches pratiques (11 ches pratiques au total). Chacune de ces ches est compose de deux parties : Ce quil faut retenir : prsentation synthtique dun point de mthode ; Pour aller plus loin : description dun dispositif, dun outil, dune technique.

TAPE 1

CONSTITUER LQUIPE ET IMPLIQUER LES PARTENAIRESFiche n 1 : Lquipe projet Fiche n 2 : Le partenariat

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Fiche n 1 : Lquipe projet

CE QUIL FAUT RETENIRLexistence dune quipe rassemblant toutes les personnes qui vont participer llaboration du projet, son suivi, son valuation et sa valorisation permet de dnir un projet commun, de xer des objectifs et de rpartir les tches. Elle xe un cadre partag de laction et constitue un facteur de russite lev. Le plus souvent, plusieurs quipes coexistent, chacune ayant ses propres prrogatives : comit de pilotage ; comite de suivi ; quipe projet

Animer et mobiliser lquipe dans la dureUne quipe, surtout si elle runit un grand nombre de personnes, nest pas un ensemble homogne : chacun a un rle qui doit tre prcis. Bien souvent, au

Fiche n 1 : Lquipe projet

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sein de lquipe projet, on va pouvoir distinguer un noyau stable, moteur du groupe, et des personnes dont limplication est plus spcique ou technique. Construire ensemble une feuille de route pour identier les fonctions rpartir entre les diffrents participants situe demble laction dans un cadre fdrateur. Par ailleurs, pour garantir le bon droulement du projet, un coordinateur charg de lorganisation des rencontres (rserver une salle, envoyer les convocations, lordre du jour, puis le compte rendu, tenir le cahier de bord 28) doit tre clairement identi. La rpartition des tches au sein de lquipe permet dallger le temps que chacun y consacre, de la structurer, et de favoriser lappropriation du projet par le plus grand nombre. Cest un lment stratgique qui contribue mobiliser une quipe dans la dure.

Lquipe et ses partenairesCertains projets ncessitent la mobilisation de ressources externes ltablissement scolaire. Le choix de ces partenaires 29 se fait en fonction de leurs comptences et de leur complmentarit par rapport au projet (appui mthodologique ou technique, soutien nancier, animation de certaines interventions). Les partenaires peuvent appartenir des collectivits territoriales, des organismes de sant, des associations agres 30 Les parents sont partie prenante de la communaut ducative. Leur rle est important et leur intgration dans lquipe projet en particulier dans les coles maternelles et lmentaires est rechercher. Parce que la famille est le premier cadre ducatif de lenfant, elle est un partenaire privilgi quil est indispensable dassocier toute action dducation la sant. Les reprsentations 31 et comportements 32 de sant des enfants sont en premier lieu inuencs par les habitudes de vie familiale, et une action sera dautant plus efcace quelle pourra tre relaye par les parents.

Lquipe, le projet et leur visibilit dans ltablissementLa formalisation de la constitution dune quipe amliore sa visibilit. Concrtement, la prsentation du projet au conseil dcole ou au conseil dadministration linscrit dans la vie de ltablissement scolaire. Dans les collges et les lyces, le Comit dducation la sant et la citoyennet (CESC) peut lgitimement constituer le noyau de lquipe projet. Au lyce, le Conseil des dlgus pour la vie lycenne (CVL) est consult lors de la mise en place de projets en ducation la sant. Dans tous les cas, linscription dans lun de ces dispositifs donne de la visibilit au projet et permet de larticuler au projet dcole ou dtablissement.28. Voir che n 5 La planication et le suivi du projet , p. 54-57. 29. Voir che n 2 Le partenariat , p. 39-41. 30. Cette notion dagrment est dtaille dans la che n 7 Les intervenants extrieurs , p. 61. 31. Voir p. 110-112. 32. Voir p. 109-110.

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POUR ALLER PLUS LOIN

Le Comit dducation la sant et la citoyennet (CESC)Le Comit dducation la sant et la citoyennet runit, sous la prsidence du chef dtablissement, les personnels dducation, sociaux et de sant de ltablissement, ainsi que des reprsentants des personnels enseignants, des parents et des lves (ces reprsentants sont dsigns par le chef dtablissement sur proposition des membres du conseil dadministration appartenant leurs catgories respectives, ainsi que par les reprsentants de la commune et de la collectivit de rattachement au sein de ce conseil). En fonction des sujets traits, le CESC peut associer dautres membres de la communaut ducative, les institutions tatiques intresses et dautres partenaires susceptibles dapporter une contribution ces travaux. Le CESC exerce les missions suivantes : il contribue lducation la citoyennet ; il prpare le plan de prvention de la violence ; il propose des actions pour renforcer les liens avec les parents en difcult et pour lutter contre lexclusion ; il dnit un programme dducation la sant et la sexualit et des actions pour prvenir les comportements risques. Le CESC est runi linitiative du chef dtablissement ou la demande du conseil dadministration.

TEXTES OFFICIELS ET RFRENCES CONCERNANT LE CESCDcret n 2005-1145 du 9 septembre 2005 modiant le dcret n 85-924 du 30 aot 1985 relatif aux tablissements publics locaux denseignement, article 20. JO n 212 du 11 septembre 2005 Circulaire dapplication relative au CESC en cours de publication

Le Conseil des dlgus pour la vie lycenne (CVL)Le Conseil des dlgus pour la vie lycenne (CVL), prsid par le chef dtablissement (avec un lycen comme vice-prsident), rassemble des reprsentants des lves, des personnels et des parents qui rchissent ensemble et formulent des propositions sur des sujets qui touchent la vie quotidienne du lyce. Les missions du CVL sont de trois ordres : amliorer les conditions de vie des lycens : le CVL est le lieu o sont dbattues toutes les questions concrtes qui traversent la vie de ltablissement : rglement intrieur, soutien scolaire, orientation, organisation du temps scolaire, amnagement des espaces, hygine et scurit, vie associative, utilisation des fonds lycens ;

Fiche n 1 : Lquipe projet

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promouvoir le dialogue entre lycens et adultes de la communaut ducative : le CVL est un lieu privilgi de dialogue et dchange entre lycens et adultes de la communaut ducative. Les reprsentants lycens sy expriment librement. Ils font valoir leurs points de vue et leurs attentes, voquent leurs problmes et leurs proccupations, changent des ides, rchissent ; associer les lycens aux dcisions du conseil dadministration : le CVL est force de proposition. Les reprsentants lycens mettent des avis, proposent des amnagements et suggrent des solutions qui sont systmatiquement transmis au conseil dadministration. Les lves sont ainsi mieux associs au processus de dcision. Le CVL est obligatoirement consult et formule des propositions dans les domaines suivants : les principes gnraux de lorganisation des tudes, llaboration du projet dtablissement, llaboration ou la modication du rglement intrieur, lorganisation du temps scolaire, les modalits gnrales de lorganisation du travail personnel et du soutien des lves, linformation lie lorientation, la sant, lhygine et la scurit, lamnagement des espaces destins la vie lycenne, lorganisation des activits sportives, culturelles et priscolaires, la formation des reprsentants des lves, les conditions dutilisation des fonds lycens.

TEXTES OFFICIELS ET RFRENCES CONCERNANT LE CONSEIL DES DLGUS POUR LA VIE LYCENNEDcret n 85 924 du 30 aot 1985 modi (art. 30, 30-1, 30-2) Circulaire n 2004-116 du 15 juillet 2004 : composition et attributions du CVL Site Internet de rfrence : http://www.vie-lyceenne.education.fr/cvl/cvl.php

Le projet dtablissementLe projet dtablissement remplit trois exigences complmentaires : il exprime dabord la volont collective, tout en favorisant linitiative individuelle et la responsabilit personnelle de chacun des membres de la communaut ducative. ce titre, il assure la convergence des pratiques ducatives dune quipe enseignante dont lexistence est indispensable la cohrence de lensemble tout en respectant la diversit des mthodes mises en uvre par chacun des enseignants qui la composent ; il exprime ensuite les attentes, la volont dadaptation de ltablissement. Cela suppose une communaut dobjectifs entre tous ses membres. Cest

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parce que ces objectifs partags reposent sur des valeurs qui dpassent le cadre de ltablissement que les tablissements proches entretiennent entre eux des rapports fonds sur la solidarit ; il exprime enn une volont locale qui doit aussi garantir la mise en uvre et le respect dorientations dnies par les autorits de lducation nationale. Le projet dtablissement donne une cohrence aux activits de ltablissement et organise ses relations avec son environnement. Le projet dtablissement est adress aux autorits acadmiques qui sassurent de sa cohrence interne et veillent au respect des objectifs acadmiques et nationaux. Il comporte plusieurs aspects qui ne peuvent tre conus indpendamment les uns des autres et qui se traduisent par un programme dactions.

TEXTES OFFICIELS ET RFRENCES CONCERNANT LE PROJET DTABLISSEMENTArticle L.401-1 du Code de lducation Dcret n 2005-1145 du 9 septembre 2005 modiant le dcret n 85-924 du 30 aot 1985 relatif aux tablissements publics locaux denseignement (EPLE) Circulaire n 2005-156 du 30 septembre 2005 relative la mise en uvre des dispositions du dcret n 85-924 du 30 aot 1985 modi relatif aux EPLE. Application de la loi n 2005-380 du 23 avril 2005 dorientation et de programme pour lavenir de lcole et de la loi n 2005-32 du 18 janvier 2005 de programmation pour la cohsion sociale

Le projet acadmiqueLacadmie est lchelon administratif qui permet de dcliner en rgion la politique ducative dnie par le gouvernement. Elle permet dagir en fonction du contexte local, en partenariat avec les collectivits territoriales (communes pour lenseignement primaire, dpartements pour les collges et rgions pour les lyces). Chaque acadmie ralise un tat des lieux puis labore un projet acadmique prenant en compte la sant des lves, en fonction du contexte local et des orientations ministrielles. La plupart de ces projets sont labors pour 4 ans et peuvent tre consults sur les sites Internet des acadmies.

Fiche n 2 : Le partenariat

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Fiche n 2 : Le partenariat

CE QUIL FAUT RETENIRGnralement, le partenariat est un cadre dni par des professionnels issus de diffrentes structures qui travaillent ensemble dans un but commun. Il trouve sa concrtisation entre la communaut ducative et des professionnels issus de structures extrieures lducation nationale : collectivits territoriales, organismes de sant, associations agres Chaque partenaire contribue au projet par sa comptence particulire : mthodologique, nancire, technique, stratgique Le travail en partenariat ncessite un temps dchange et de rexion sur le partage dun objectif commun, puis dune mutualisation des comptences et des mthodes de travail 33.

33. Daprs Les partenariats au service de lcole , centre de ressources sur lducation prioritaire de lacadmie de Crteil, consultable sur le site de lacadmie de Crteil : http://www.ac-creteil.fr

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Quand et pourquoi avoir recours au travail en rseau ou en partenariat ?La mise en uvre dun projet au sein dun tablissement peut, selon sa nature et ses objectifs, gagner sinscrire dans le cadre dun travail en rseau ou en partenariat qui favorise la mutualisation et la mise en cohrence : des actions menes entre le premier et le second degr sur un secteur ou un bassin dducation ; des actions menes entre les coles ou les tablissements dun mme niveau ; des actions menes dans un tablissement scolaire et des actions entreprises dans un quartier, une ville, des structures daccueils priscolaires ; des comptences des diffrents partenaires prvention sant ; des activits menes par les enseignants, les personnels de sant et les intervenants extrieurs.

Le travail en partenariat permet : de bncier dun appui mthodologique pour monter un projet, pour dposer une demande de subvention ; didentier des besoins en termes de formation et, le cas chant, de trouver une rponse commune, ce qui permet denrichir le travail pluridisciplinaire par le dveloppement dune culture commune ; de mieux connatre les structures susceptibles dintervenir auprs des lves ; de mutualiser les centres ressources, de mettre disposition des documents et des outils dintervention en ducation la sant ; de constituer un rseau de professionnels et de structures auxquels on pourra sadresser pour prendre en charge un problme de sant en aval dune action. Certaines acadmies ont labor des chartes de partenariat qui peuvent tre utilement consultes (notamment sur leurs sites Internet).

POUR ALLER PLUS LOINLes principaux partenaires pour mettre en uvre un projet sant sont :

Les Comits dducation pour la sant (Cres en rgion et Codes dans les dpartements) La liste des comits peut tre trouve sur le site de la Fdration nationale des Comits dducation pour la sant (http ://www.fnes.info/) et sur celui de lInpes (http://www.inpes.sante.fr). Souvent, les comits ont cr leur propre site Internet.

Fiche n 2 : Le partenariat

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LAssociation nationale de prvention en alcoologie et addictologie (Anpaa) et son rseau de comits dpartementaux http://www.anpaa.asso.fr La Ligue contre le cancer http://www.ligue-cancer.asso.fr/ Les Centres rgionaux dinformation et de prvention du sida (Crips) http://www.lecrips.net/ Les Centres dinformation rgionaux sur les drogues et les dpendances (Cirdd) http://www.drogues.gouv.fr/ Le Mouvement franais pour le planning familial http://www.planning-familial.org/ Les centres de planication familiale et dducation familiale Pas de site Internet national LAdosen (Action et documentation sant pour lducation nationale) http://www.adosen-sante.com Des professionnels des rseaux de sant : mdecins gnralistes, ditticiens/nutritionnistes, dentistes.

TAPE 2

ANALYSER LA SITUATION ET FIXER LES OBJECTIFSFiche n 3 : Lanalyse de la situation et la dnition des priorits Fiche n 4 : Les objectifs

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Fiche n 3 : Lanalyse de la situation et la dnition des priorits

CE QUIL FAUT RETENIRLanalyse de la situation est une phase exploratoire qui permet didentier les besoins de sant de la communaut scolaire, et partir de laquelle il est possible de dgager des priorits daction.

Fiche n 3 : Lanalyse de la situation et la dnition des priorits

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Lanalyse de la situationUne proccupation fonde sur les constats dun enseignant, dun conseiller principal dducation (CPE), dune inrmire, dune association de parents dlves est souvent lorigine dun projet dducation la sant. Celle-ci ne suft cependant pas fdrer un tablissement autour dun projet. Elle peut nanmoins servir de point de dpart une analyse plus ne de la situation. Cette phase de recueil dinformation sur une thmatique donne pourra prendre en compte : lhistoire de ltablissement sur le sujet ; les contraintes lies lenvironnement scolaire ; les informations recueillies lors de runions de groupes (dlves, de parents, denseignants) ; le cadre rglementaire (bulletins ofciels, Code de lducation) ; le projet dtablissement, le rglement intrieur ; le nombre de passages linrmerie ; les statistiques mises par le logiciel Signa 34 ; les enqutes pidmiologiques de sant pour la rgion ou le dpartement ; etc. Lanalyse des informations ainsi collectes permet d objectiver la situation et de dgager des besoins. Associer lves et parents cette phase de recueil dinformation permet non seulement de prendre en compte leurs besoins, mais galement de les intgrer ds le dbut, ce qui favorise une plus grande implication de leur part dans la suite du projet. Cette analyse nest cependant pas facile raliser : elle prend du temps ; elle requiert une prise de distance par rapport une activit quotidienne ; elle repose sur lutilisation de techniques qualitatives de recueil dinformation empruntes la sociologie (observation, entretien de groupe, analyse documentaire, questionnaire) dont lemploi ncessite une certaine exprience. Cest pourquoi il est souvent judicieux de sassurer le concours de professionnels forms cet exercice. Leur intervention peut apporter un appui mthodologique trs utile pour choisir les modalits du recueil dinformation.

Le choix des prioritsLanalyse de la situation va mettre au jour un certain nombre de besoins qui, le plus souvent, ne pourront pas tre tous pris en compte, du moins dans le mme temps. Il convient donc de les hirarchiser an de dgager des priorits daction. Le choix des priorits doit galement tenir compte des conditions de mise en uvre (ressources, nancements) et du degr de mobilisation de ltablissement sur ce thme. La restitution des rsultats de la phase de diagnostic lensemble des personnes qui ont t sollicites constitue dj une premire tape de mobilisation.34. Logiciel de recensement des phnomnes de violence lcole. Pour en savoir plus : http://www.education.gouv.fr/prevention/violence/signa.htm

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POUR ALLER PLUS LOINLanalyse de la situation sera plus riche si plusieurs techniques 35 sont utilises. Cette analyse sera utile lors de lvaluation pour mesurer lcart entre la situation de dpart et la situation aprs laction. Les diffrentes techniques dcrites ci-dessous pourront tre prsentes dans le cadre du projet au conseil dadministration et au conseil dcole.

Lanalyse documentaireComme son nom lindique, lanalyse documentaire prvoit ltude de divers documents : projet dtablissement, rglement intrieur, comptes rendus des diffrents conseils (conseil dadministration, Conseil des dlgus pour la vie lycenne, CESC, conseil dcole), registres dappel, cahier de texte de la classe, donnes enregistres dans le logiciel Signa, traces crites sur le nombre dinscrits la demi-pension, le nombre et la nature des passages linrmerie, les sanctions et mesures disciplinaires, la part dinitiative laisse aux lves dans le choix des activits, la formation ou non des dlgus de classe, la participation des lves la gestion du foyer Cette technique prsente lavantage dobtenir des informations objectives sur un thme. Sa difcult provient du tri oprer parmi la quantit dinformations disponibles. Seule linformation pertinente pour les objectifs du projet doit tre retenue.

LobservationTechnique de recueil et danalyse des donnes verbales et non verbales, lobservation permet de rassembler rapidement des informations sur un sujet. Il existe deux grands types dobservation : lobservation participante (lobservateur fait partie intgrante du milieu quil observe) et lobservation non participante (lobservateur est extrieur au milieu observ, il est neutre). Une fois les objectifs et les sujets de lobservation dnis, il convient de construire une grille dobservation. Cette technique prsente lavantage de recueillir des informations directement et de rduire la distance entre lobservateur et le sujet observ. De plus, les rsultats sont obtenus quasi immdiatement. Cependant, les informations ainsi obtenues sont limites la collecte des donnes visibles et peuvent tre biaises car lobservateur risque dadopter le point de vue des sujets tudis. Lobservation est une technique intressante quand il sagit danalyser les relations interpersonnelles et une situation quotidienne.

35. Moscovici S., Buschini F. (sous la direction de), Les mthodes des sciences humaines, Paris, PUF, 2003. Ferreol G. (sous la direction de), Sociologie, cours, mthodes et applications, Rosny, Bral, 2004.

Fiche n 3 : Lanalyse de la situation et la dnition des priorits

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Le questionnaire

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Cest un outil frquemment utilis pour recueillir des informations sur les connaissances et les comportements dclars des membres de la communaut ducative avant laction. Si le mme questionnaire est utilis aprs laction, il contribuera la ralisation dune valuation avant/aprs. Il peut savrer utile lorsque le nombre de personnes enquter est lev ou lorsque lon veut obtenir des donnes quantitatives. Cependant, le questionnaire est une technique qui, contrairement une ide trop souvent rpandue, peut se heurter de multiples difcults dans son laboration, sa passation et son exploitation. En effet, les questionnaires sont trop souvent construits rapidement, sans vritable rexion sur la pertinence de chacune des questions. Celles-ci sont souvent nombreuses et ne savrent pas toutes utiles dans lexploitation nale des rsultats. En outre, il ne faut pas sous-estimer le temps et la technicit que requirent lexploitation des donnes et la mise en forme des rsultats. Aussi est-il utile de faire appel des professionnels forms pour conduire une enqute jusqu son terme dans de bonnes conditions 37.

Lentretien collectif ou Focus group Lentretien collectif permet de recueillir simultanment diffrentes opinions sur un thme et de dgager des consensus et des recommandations. Ce type dentretien se caractrise par une animation non directive qui incite les participants exprimer leurs opinions librement. Lavantage de cette technique est quelle permet la confrontation des points de vue : chacun des participants est invit expliquer sa prise de position, ce qui le conduit une rexion approfondie sur un sujet quil naurait peut-tre pas eue autrement ; par ailleurs, les points daccord spontans sont facilement mis en vidence. Toutefois, lanimation de ce type de groupe ncessite une certaine pratique, notamment pour tre en capacit de grer des effets induits par la dynamique de groupe (domination dun leader ou tendance que pourraient avoir certains participants tenir un discours conformiste ou au contraire trop extrmiste).

36. De Singly F., Lenqute et ses mthodes : le questionnaire, Nathan Universit, Paris, 1992. 37. Baudier F. ducation pour la sant. Guide pratique. CDES, ADEESSE, 1987, p. 57.

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Fiche n 4 : Les objectifs

CE QUIL FAUT RETENIRUn objectif est la formulation du but atteindre. Il explicite les rsultats escompts du projet. Il indique le sens du projet, contribue mobiliser lquipe et les partenaires et est repris lors de la communication sur le projet. Il existe plusieurs niveaux dobjectifs, dont les principaux sont lobjectif gnral, lobjectif spcique et les objectifs oprationnels. Lobjectif gnral porte sur le projet dans son ensemble. Formuler un objectif de manire claire, concise et comprhensible par tous est une tape essentielle. Lobjectif spcique (galement appel objectif stratgique) prcise un aspect de lobjectif gnral. Il permet de spcier lobjectif gnral an de pouvoir dterminer les objectifs oprationnels en fonction dun public, dun milieu, dun niveau dintervention.

Fiche n 4 : Les objectifs

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Les objectifs oprationnels, plus concrets, permettent datteindre lobjectif gnral. Ils annoncent les actions raliser. Ils doivent tre mesurables et prendre en compte la ralit de la vie scolaire 38. Ils concernent le plus souvent lacquisition de connaissances ou de comptences, la modication de reprsentations 39. La formulation la plus classique pour crire un objectif oprationnel est la suivante : lissue de telle action, les lves arriveront / seront capables de (matriser telle comptence ou connaissance). Un objectif oprationnel trop vaste peut tre divis en sous-objectifs (parfois appels objectifs intermdiaires). Au terme de laction, lors de la phase nale de lvaluation, il doit tre possible de dire dans quelle mesure ces objectifs oprationnels ont t raliss. Les objectifs oprationnels dnis au dbut de laction peuvent tre rajusts au cours du droulement du projet, en fonction de son avance. Les objectifs sont notamment rajusts lorsque lvaluation du processus 40 met en vidence un changement de situation ou une difcult qui navait pas t prvue au dpart.

POUR ALLER PLUS LOINIl existe des outils daide au pilotage de projet et notamment la formulation dobjectifs. Loutil SMART est lun deux 41.Critre SMARTS pour Spcique M pour Mesurable A pour Ambitieux R pour Raliste

DnitionLobjectif dcrit prcisment ce qui doit avoir chang, chez qui, et en quoi cela doit avoir chang. Il sera possible de juger objectivement de latteinte des rsultats ; pour cela, il faut gnralement xer des indicateurs. Atteindre lobjectif implique un effort. Ceci sexprime soit travers lobjectif lui-mme, soit travers ses indicateurs. Un objectif de projet doit tre raliste dans le sens quil doit tre atteignable avec les moyens disponibles. On ne peut juger de cela quen connaissant le contexte, la dure et les ressources du projet. En principe, un objectif de projet doit tre atteint la n du projet. Un objectif intermdiaire doit tre atteint au plus tard au moment du pointage dtape.

T pour Situ dans le Temps

38. 39. 40. 41.

Voir p. 80 la che n 10 : Lvaluation . Voir p. 108-112. Voir p. 80 la che n 10 : Lvaluation . http://www.quint-essenz.ch/fr/planning/topics/3278.html

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EXEMPLES DAPPLICATION DE LOUTIL SMARTExemple dobjectif gnral (objectif gnral du Programme national nutrition-sant 42 en 2001) Dici 2005 (T), augmenter la consommation de fruits et de lgumes (S), an de rduire le nombre de personnes qui consomment peu de fruits et de lgumes dau moins 25 % (M + A + R). S : lobjectif est spcique car il prcise ce qui doit avoir chang ; il sagit daugmenter la consommation de fruits et de lgumes et de rduire le nombre de personnes qui en consomment peu. M : lobjectif est mesurable car il se xe un indicateur qui est de 25 %. A : lobjectif est ambitieux car cet indicateur est lev. R : lobjectif est raliste car il vise laugmentation de la consommation et non un seuil de consommation (par exemple, consommer 10 fruits et lgumes par jour) qui ne serait pas atteignable et vriable. T : lobjectif est situ dans le temps (il doit tre atteint entre 2001 et 2005). Exemple dobjectif nutritionnel spcique (objectif spcique du PNNS 2001) Dici 2002 (T), rendre accessible des informations pour le milieu scolaire sur la nutrition (S) par un outil interactif, ludique et pdagogique (M + A + R). S : lobjectif est spcique car il sagit de rendre accessible des informations pour le milieu scolaire. M : lobjectif est mesurable car un outil interactif doit tre ralis. A : lobjectif est ambitieux car loutil devra tre interactif, ludique et pdagogique. R : la ralisation dun outil est un objectif raliste. T : lobjectif est situ dans le temps ( dici 2002 ). Exemple dobjectif nutritionnel oprationnel (issu du programme nutrition de lInpes) Dici octobre 2007 (T), mettre disposition (M) de tous les collges (A) loutil dintervention en ducation pour la sant sur la nutrition intitul Fourchettes et baskets (S), conu en collaboration avec lducation nationale (R). S : lobjectif est spcique car il sagit de mettre disposition des collges un outil en particulier. M : lobjectif est mesurable car on peut recenser le nombre de collges qui lont reu. A : lobjectif est ambitieux car laccessibilit concerne tous les collges. R : lobjectif est raliste, compte tenu des comptences et de lexprience de lInpes. T : lobjectif est situ dans le temps ( dici octobre 2007 ).42

42. Voir p. 26.

TAPE 3

METTRE EN UVRE LE PROJETFiche n 5 : La planication et le suivi du projet Fiche n 6 : Le nancement Fiche n 7 : Les intervenants extrieurs Fiche n 8 : Lanimation dun groupe dlves Fiche n 9 : Les outils dintervention

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Fiche n 5 : La planication et le suivi du projet

CE QUIL FAUT RETENIRTout projet gagne faire lobjet dune planication et dun suivi. La dmarche de planication permet de prvoir tous les lments ncessaires au bon droulement du projet : lorganisation ; les besoins et les ressources (moyens humains, nanciers, matriels) ; linscription dans le temps (dbut, tapes intermdiaires et n du projet). labore en concertation avec les acteurs concerns, la planication est un outil daide la dcision.

Fiche n 5 : La planication et le suivi du projet

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lments de planicationOrganisation tablir la liste des personnes impliques dans le projet (feuille de route). Lister les diffrentes activits mettre en uvre. Dtailler les principales tapes du projet. Faire le point sur les moyens humains : quelles sont les comptences immdiatement disponibles ? Quelles sont celles qui devront tre acquises par une formation ou en faisant appel un intervenant extrieur ? tablir un budget prvisionnel. Identier le matriel : locaux, outils dintervention, documents dinformation Identication des lieux ressources. Estimer le temps ncessaire la ralisation de laction en gnral, et de chacune des activits en particulier (sans oublier les activits propres llaboration du projet : organisation des runions, rdaction des comptes rendus). Inscrire laction dans le calendrier scolaire. laborer un planning prvisionnel.

Besoins et ressources

Temps

La dmarche de suivi consiste comparer en temps rel lavance du projet en fonction des lments tablis lors de la planication. partir doutils de suivi (journal de bord, calendrier prvisionnel), le suivi du projet est effectu rgulirement par lquipe projet, selon une priodicit prvue lors de la phase de planication. Ce suivi permettra de recueillir des lments contributifs lvaluation du processus. Il aidera galement lquipe dnir les moment les plus appropris pour communiquer sur laction.

POUR ALLER PLUS LOIN Quelques exemples doutils de planication et de suivi Feuille de routeNom et prnom Fonction et organisme Adresse Tlphone Mail Rle dans le projet (1)

(1) Exemples : membre de lquipe projet, du comit de pilotage, intervenant, nanceur

Tableau synthtique de prsentation du projet : journal de bord prvisionneltapes et activits prvuesAnalyse de la situation Choix des priorits Dnition de lobjectif gnral Dnitions des objectifs oprationnels Activits prvues Indicateurs dvaluation

Modalits de travail prvues

Personnes impliques

Budget prvisionnel

Ressources prvisionnelles

Date de ralisation prvue

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Choix de la mthode dvaluation valuation Communication

Le mme tableau peut tre repris et adapt pour le suivi du projet.tapes et activits ralisesAnalyse de la situation Choix des priorits Dnition de lobjectif gnral Objectifs oprationnels Activits ralises Indicateurs dvaluation utiliss Mthode dvaluation utilise valuation ralise Communication ralise

Modalits de travail utilises

Personnes qui se sont effectivement impliques

Budget ralis

Ressources utilises

Date de ralisation

Exemple de calendrierNom de la tcheTitre du projet : Pour des lyces non fumeurs Formation des inrmires Formation des chefs dtablissement Constitution dune quipe projet Analyse de la situation Dnition des objectifs oprationnels Planication des actions Journe mondiale sans tabac valuation du processus Rdaction du rapport dvaluation Communication sur le projet

Sept.

Oct.

Anne 2005 Nov. Dc. Janv.

Fv.

Mars

Av.

Anne 2006 Mai Juin

Juillet

Sept.

Fiche n 6 : Le nancement

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Fiche n 6 : Le nancement

CE QUIL FAUT RETENIRLa plupart des projets ne pourront pas tre mis en uvre sans nancements spciques. Le nancement peut tre interne ltablissement. Si ce nest pas possible, il conviendra de rechercher un nancement auprs de collectivits ou dorganismes. Voici quelques lments prendre en compte lors de la recherche dun nancement : sassurer que les objectifs du projet sont en adquation avec la politique acadmique en matire de sant, avec la politique rgionale de sant publique et avec les priorits locales de sant. Il sera alors judicieux de consulter le plan acadmique de sant, le plan rgional de sant, didentier les projets dpartementaux ou municipaux. Selon les cas, on sadressera la Direction rgionale des affaires sanitaires et sociales (Drass), aux Directions dpartementales des affaires sanitaires et sociales (Ddass), au rectorat, aux inspections dacadmie,

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aux conseils rgionaux ou gnraux, lUnion rgionale des Caisses dAssurance maladie (Urcam) ; envisager un conancement. Les nancements disponibles dans ce domaine sont souvent dlivrs sous forme de subventions des associations. Il faut alors renseigner un dossier complet incluant un budget dtaill de laction.Politiques de santPolitique acadmique Politique rgionale de sant

Documents de rfrencePlan acadmique de sant Plan rgional de sant publique (en particulier le programme de sant scolaire et dducation la sant) Schma rgional dducation pour la sant Projets dpartementaux ou municipaux de sant

Structures ou organismes contacter Rectorat Inspection dacadmie Direction rgionale des affaires sanitaires et sociales Conseil rgional Union rgionale des Caisses dAssurance maladie Direction dpartementale des affaires sanitaires et sociales Conseil gnral Service de sant municipal

Priorits locales de sant

POUR ALLER PLUS LOIN

Des pistes dorganismes nanceursLtat La Dlgation interministrielle la ville (Div) a nomm des coordinateurs rgionaux que lon contacte la prfecture ou la sous-prfecture (notamment dans le cadre des contrats ducatifs locaux). Le chef de projet dpartemental de la Mission interministrielle de lutte contre les drogues et la toxicomanie (Mildt). Ses coordonnes se trouvent sur le site www.drogues.gouv.fr Les organismes de protection sociale Le rseau de lAssurance maladie Caisses primaires et rgionales dAssurance maladie (CPAM-Cram) et Union rgionale des Caisses dAssurance maladie (Urcam) attribue des subventions dans le cadre du Fonds national de prvention dducation et dinformation en sant (FNPEIS) ou des crdits spciques pour des actions particulires. Son objectif est de nancer toute action de prvention, dducation et dinformation sanitaire propre amliorer ltat de sant gnral de la population . Le rseau de la Mutualit sociale agricole (MSA) La Mutuelle gnrale de lducation nationale (MGEN) La Fdration nationale de la Mutualit franaise (FNMF)

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Les collectivits territoriales Le conseil rgional nance chaque anne des projets ; il faut aller se renseigner directement auprs de ses services ou sur le site Internet de la rgion. Le conseil gnral joue un rle similaire dans le dpartement. Les municipalits Autres En fonction des thmatiques, on peut faire appel dautres ministres, des fondations et/ou rpondre des appels projet.

La demande de nancementToute demande de nancement prcise au minimum les rubriques suivantes : le promoteur du projet : indiquer le nom et ladresse du responsable de la structure qui dpose le projet, ainsi que le nom et les coordonnes de la personne en charge du projet ; identication de laction : indiquer lintitul de laction et, dans le cas dune action pluriannuelle, prciser la phase sur laquelle porte la demande de nancement ; justication de laction : prsenter le contexte, les besoins identis du public auquel sadresse laction ; les objectifs : indiquer lobjectif gnral et les objectifs oprationnels ; la description de laction : dtailler le droulement de laction (les diffrentes tapes, la frquence des interventions) ; le public concern : indiquer approximativement le nombre dlves concerns ; les moyens mobiliss pour laction ; lvaluation de laction : prsenter la mthode dvaluation retenue, ainsi que les indicateurs dvaluation ; le budget : prsenter un budget dtaill sign par le responsable lgal qui fasse apparatre les recettes et les dpenses de manire quilibre (le total des dpenses doit tre gal au total des recettes). Selon que la demande de subvention est adresse ltat ou lAssurance maladie, des pices justicatives complmentaires sont exiges concernant lassociation (rapport dactivit et bilan nancier de lanne prcdente, relev didentit bancaire ou postal). Dans tous les cas, des dossiers types de demande de subvention sont disponibles sur Internet (et auprs des diffrents organismes cits plus haut) : il sagit du dossier Cosa 43 (ou, dans une forme amliore, Dusa 44) pour les demandes adresses ltat et lAssurance maladie. Avec le dveloppement des Groupements rgionaux de sant publique (GRSP), un dossier commun pour les diffrents nanceurs se met progressivement en place dans les rgions.43. Commission de simplication administrative, dossier accessible sur Internet : http://www.cerfa.gouv. fr/servform/vigueur/formul/12156v01.pdf 44. Deux lois ont rcemment permis de simplier le droit, les procdures et les formalits administratives, aussi le dossier Cosa est appel tre remplac par le dossier Dusa (Dlgation aux usagers et aux simplications administratives).

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Fiche n 7 : Les intervenants extrieurs

CE QUIL FAUT RETENIRCertains projets ncessitent le recours des intervenants extrieurs. Recourir des intervenants forms, issus dassociations ayant reu lagrment national ou acadmique est une garantie supplmentaire de qualit des interventions. Toutefois, un directeur dcole ou un chef dtablissement peut prendre la responsabilit de faire intervenir un partenaire dont la structure ne serait pas agre, sil estime quil sagit dun projet spcique ne justiant pas un agrment dans la dure. Il doit dans ce cas consulter son conseil dcole ou dadministration, et en informer le recteur dacadmie. Il peut galement se rapprocher des conseillers techniques de sant ou sociaux auprs de linspecteur dacadmie ou du recteur. Dans tous les cas, il est indispensable que les animations se droulent en prsence et sous la responsabilit dun membre de lquipe ducative qui assurera la continuit, laccompagnement et le suivi des actions.

Fiche n 7 : Les intervenants extrieurs

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POUR ALLER PLUS LOIN

LagrmentLes associations qui apportent leur concours lenseignement public peuvent faire lobjet dun agrment lorsque ce concours prend lune des formes suivantes : interventions pendant le temps scolaire, en appui aux activits denseignement conduites par les tablissements ; organisation dactivits ducatives complmentaires en dehors du temps scolaire ; contribution au dveloppement de la recherche pdagogique, la formation des quipes pdagogiques et des autres membres de la communaut ducative. Il existe deux procdures dagrment : lune au niveau national pour les associations et structures qui ont une dimension nationale : les dossiers sont transmis directement au ministre de lducation nationale (Direction gnrale de lenseignement scolaire, bureau des actions ducatives, culturelles et sportives). Toutes les associations agres au niveau national par le ministre de lducation nationale sont recenses (avec une ractualisation rgulire) sur le site Internet du ministre : http://www.education.gouv.fr/prat/assos.htm lautre au niveau acadmique pour les associations et structures qui ont une dimension locale, dpartementale ou acadmique. Les demandes sont adresses au recteur. National ou local, lagrment intervient lorsque les critres suivants sont remplis : caractre dintrt gnral, caractre non lucratif, qualit des services proposs, complmentarit avec les activits du service public dducation nationale, complmentarit avec les instructions et les programmes denseignement, respect des principes de lacit et douverture tous sans discrimination, respect du principe de neutralit. Lagrment est accord pour une dure de cinq ans.

RFRENCESDcret n 92-1200 du 6 novembre 1992 (relations du ministre charg de lducation nationale avec les associations qui prolongent laction de lenseignement public). Circulaire n 93136 du 25 fvrier 1993 (texte adress aux recteurs, aux inspecteurs dacadmie, aux chefs dtablissement et aux directeurs dcole).

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Fiche n 8 : Lanimation dun groupe dlves

CE QUIL FAUT RETENIRCertains projets peuvent comporter des activits de groupe dont lanimation rpond des conditions spciques si on souhaite sinscrire dans une dmarche dducation la sant. En ducation la sant, la dmarche ducative prend pour objet le travail sur les reprsentations 45 sociales de la sant. Il ne sagit pas tant de transmettre de linformation que de comprendre et didentier les reprsentations sous-jacentes un comportement qui inuence la sant.45. Voir p. 110-112.

Fiche n 8 : Lanimation dun groupe dlves

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Il convient donc de favoriser lexpression des reprsentations de la sant des lves dans les activits de groupe en utilisant des techniques dexpression et en mettant en place un cadre facilitant .

Le cadre et lorganisation du groupe Ce qui est dit lors des changes ne doit pas sortir du groupe. Chaque parole a la mme valeur et tous les lments doivent tre repris lors de la synthse. Les moments dchange entre les jeunes ne sont ni nots, ni critiqus. Ils ne doivent pas tre prsents comme une sanction ou une rcompense. Chacun a le droit de prendre la parole et, inversement, chacun peut garder le silence. La gestion de la parole peut tre cone lun des jeunes. Chacun doit respecter la parole de lautre. On ne se coupe pas la parole, on ne commente pas ce que lon entend avant que celui qui sexprime ait termin. Chacun veille prsenter ses ides dans un temps court, pour permettre tous de prendre la parole. Chacun sexprime en son nom propre en utilisant le Je . Lamnagement de la salle doit pouvoir favoriser lexpression : chacun doit notamment pouvoir voir la personne qui parle, quelle que soit sa place. Les horaires de dbut et de n du groupe doivent tre xs lavance ; la dure accorde au dbat doit tre calibre en fonction du niveau dexpression/ de crativit du groupe. Chacun des participants exprime clairement son adhsion aux rgles de fonctionnement du groupe. Les changes prennent appui sur lexpression des reprsentations individuelles sur un sujet propos. Ce cadre nest pas appropri pour rpondre aux situations individuelles des lves. Si une situation individuelle particulirement dlicate merge, lanimateur peut proposer den discuter en n de session ou de lorienter vers une personne ressource. Lintervenant sabstrait de sa situation individuelle et de son exprience personnelle. Il na pas se prsenter comme un modle pour les jeunes. Pour animer un groupe dlves, lintervenant devra effectuer un travail pralable, lui permettant de clarier ses intentions ducatives. Ainsi, tre au clair sur ses intentions, motivations, reprsentations et objectifs daction constitue un pralable ncessaire toute intervention en ducation la sant. Ce travail prparatoire sera utile ds la constitution du groupe projet. Il est prfrable quil soit men collectivement, y compris avec les personnes de lquipe projet qui ninterviennent pas directement face aux lves. Les questions suivantes peuvent servir de l directeur cette rexion : Que connaissons-nous du sujet ? Quelle est notre opinion sur ce thme ? Sur quelles bases avons-nous construit nos connaissances (lectures, tudes, mdias, pratiques) ? En quoi le sujet nous intresse-t-il ?

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ducation la sant en milieu scolaire

Quavons-nous envie den dire ? Certains aspects du sujet sont-ils gnants ou difciles aborder ? Etc. Ce temps de prparation favorise chez chacun une prise de conscience de ses propres connaissances, reprsentations et comportements sur le thme. Il permettra galement chacun didentier ses limites, de prendre de la distance par rapport sa propre exprience. Cest partir de cette rexion que la conception de sa dmarche en ducation la sant pourra tre adapte ses capacits et comptences sur le thme concern. Grce ce travail prparatoire, des comptences complmentaires pourront tre recherches, des besoins de formation reprs. Cette rexion participe de lthique en ducation la sant.

POUR ALLER PLUS LOINPour chacune des techniques dexpression dcrites ci-dessous, une formation pralable peut savrer utile. La liste prsente ci-dessous nest pas exhaustive.

Le Metaplan

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Objectifs Rendre les discussions en groupe efcaces. Favoriser limplication de tous dans le processus de groupe. Prendre en compte toutes les opinions. Identier les attentes des lves par rapport au thme choisi. Faire un point sur les reprsentations des lves. Prsentation Cette technique ncessite du matriel 47 : panneaux pingler au mur ; feuilles de papier kraft ; cartes rectangulaires, ovales et rondes (de diffrentes couleurs) ; pingles pour xer les feuilles et les cartes (ou scotch, ou colle permettant de coller et dcoller les cartes) ; crayons feutres ; btons de colle.

46. Voir sur Internet : www.metaplan.fr 47. Il est possible de se procurer la mallette Metaplan dans le commerce ou de rassembler soi-mme les diffrents supports ncessaires.

Fiche n 8 : Lanimation dun groupe dlves

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Droulement partir de ce support, il est possible danimer le groupe de plusieurs faons en fonction de lobjectif que lon se donne, du temps dont on dispose et de la taille du groupe. Il sagit en gnral de noter une ide (voire un simple mot) par carte et dutiliser soit des formats, soit des couleurs diffrentes en fonction de la nature de lide que lon veut partager avec le groupe. Par exemple, on peut dcider que les cartes vertes seront destines aux ides et arguments positifs, les cartes orange aux critiques et points faibles, les cartes jaunes aux alternatives et actions raliser. Il est conseill de ne pas donner en mme temps les cartes des trois couleurs aux lves et de ne poser quune question la fois. On peut soit demander aux lves de donner chacun une rponse chacune des questions, soit les laisser libres dexprimer autant de rponses quils le souhaitent. Conseils dutilisation Pralable indispensable : il faut que les lves soient assez grands pour savoir lire et crire. Intrt/difcults : chacun est libre dcrire ce quil souhaite, il peut rester anonyme lorsque son carton est lu par lanimateur. Les diffrents membres du groupe ninuencent pas les ides des autres. Tout le monde travaille en mme temps. Taille du groupe : dans la mesure du possible, le groupe nexcdera pas 15 personnes. Dure ncessaire : elle est variable en fonction des objectifs xs et de la taille du groupe. Le nombre de cartes donnes chacun inuence aussi le temps ncessaire lanimation du groupe. Variante La technique Post-it rejoint dune certaine faon la technique du Metaplan. On pose une question aux lves qui doivent rpondre sur un Post-it , puis se lever lun aprs lautre pour coller ce Post-it sur un tableau. Une fois tous les Post-it colls, lanimateur les regroupe par thme ou sujet avec laide des lves. Des blocs thmatiques de Post-it sont constitus et un nom est donn chaque bloc.

Le Photolangage

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Objectifs Permettre un groupe dlves dexprimer ses reprsentations sur un thme donn. Faciliter la prise de parole de chacun.48. Photolangage est une marque dpose par ses concepteurs, Alain Baptiste et Claire Belisle. Voir site Internet : http://www.photolangage.com

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ducation la sant en milieu scolaire

Prsentation Le Photolangage est constitu de photographies en noir et blanc choisies pour leur forte puissance suggestive, leur capacit projective, leur qualit esthtique et leur valeur symbolique. Droulement 1) Lanimateur prsente la collection de photos et donne la consigne suivante : Choisissez une (ou plusieurs) photo(s) qui exprime(nt) au mieux pour vous votre conception de . 2) Les lves choisissent cette photo sans la toucher en mmorisant son numro. 3) Chacun commente ensuite la photo quil a retenue. Le commentaire porte sur la photo et sur ce quelle voque pour llve, il ne sagit pas de rpondre la question pose. Les diffrents propos sont crits sans faire lobjet de critique ou dinterprtation. 4) Lanimateur regroupe alors les ides nonces. 5) Il est important de prvoir la n de lanimation un temps danalyse de ce qui a t vcu durant ce travail avec les photos. Il ne sagit pas dvaluer. Voici des suggestions de questions : Avez-vous limpression davoir t couts, davoir t entendus, compris ? Avez-vous t intresss par ce qui sest fait, sest dit ? quels moments ? Daprs-vous, pour quelles raisons certaines photos nont-elles pas t choisies ? Comment avez-vous vcu telle intervention, telle attitude ? Que sest-il pass pour vous lorsque vous avez constat que vous aviez choisi la mme photo que quelquun dautre ? Conseils dutilisation Pralable indispensable : aucun Intrt/difcults : pour des groupes aya