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HISTOIRE DE L'ASIE

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D U MÊME A U T E U R

Histoire de l'Extrême-Orient (Geuthner) . S u r les traces du Bouddha (Plon). Les philosophies indiennes (Desclée). Histoire des Croisades (Plon). L'épopée des Croisades (Plon). L'empire des steppes (Payot ) . L 'empire mongol (de Boccard). L'Asie Orientale, des origines au X V siècle, t o m e X de l 'Histoire

Générale Glotz des Presses Universitaires de F rance (en colla- boration).

L ' a r t de l 'Extrême-Orient (Plon). Les sculptures des Indes et de la Chine (Calavas). Histoire de l 'Orient latin, dans le t o m e IX de l 'Histoire Générale

Glotz, Moyen Age (Presses Universi taires de France) . Histoire de la Chine (Fayard) . Le Conquérant du Monde, Gengis-khan (Albin Michel). Bi lan de l 'Histoire (Plon). Les Croisades (Collection « Que sais-je ? », n° 157, Presses Univer-

sitaires de France).

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« QUE SAIS-JE ? » LE POINT DES CONNAISSANCES ACTUELLES

N° 25

HISTOIRE DE L'ASIE

p a r

René GROUSSET de l'Académie Française

HUITIÈME ÉDITION REVUE ET MISE A JOUR PAR

P i e r r e A M I E T , J e a n n i n e A U B O Y E R

R o g e r L É V Y e t J e a n - P a u l R O U X

PRESSES UNIVERSITAIRES DE FRANCE 108, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, PARIS

1966 QUARANTE ET UNIÈME MILLE

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DÉPÔT LÉGAL

1 é d i t i o n ! ! ! 8 — . . . . . .

3e trimestre 1941 4e — 1966

TOUS DROITS de traduction, de reproduction et d'adaptation

réservés pour tous pays

© 1941, Presses Universitaires de France

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C H A P I T R E P R E M I E R

LE CONTINENT ASIATIQUE ET LA GÉOGRAPHIE HUMAINE

I. — Formation du continent asiatique

L'Asie qui est le plus étendu et le plus massif des continents (44500000 k m n'a été constituée dans ses grandes lignes que vers l'ère tertiaire. Aux époques antérieures nous ne voyons s'affirmer encore qu'un certain nombre de « faîtes » ou « môles » apparus sur la périphérie du tracé actuel : au nord le « faîte sibérien » ou de l'Angara, attesté dès l'époque algonkienne et qui pendant l'ère secondaire s'élargit en un vaste continent sino-sibérien, char- pente de la future Asie ; au sud, le « continent de Gondwanan qui réunit longtemps l'Inde péninsulaire à Madagascar. Entre ces deux masses émergées s'étendait une Méditerranée asiatique, la« Téthys » des géologues qui, largement étalée pendant toute l'ère secondaire, couvrait encore à l'oligocène l'Asie Mineure, l'Iran, l'emplacement de l'Himâlaya, la Birmanie et l'Insulinde. Au miocène la régression de cette mer et la surrection des chaînes alp- himalayennes, courant en Asie du Caucase aux arcs malais, soudèrent le môle sino-sibérien à l'Inde péninsulaire, créant ainsi le continent actuel.

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A la fin du tertiaire, à la phase sarmatienne, la configuration de l'Asie s'esquisse donc dans ses grandes lignes. Il restera à assécher la lagune aralo-caspienne qui réunissait alors le lac Balkhach à la mer Noire, à assécher aussi la Manche syro- iranienne qui séparait de l'Asie le plateau d'Arabie, et par ailleurs ce ne sera qu'au quaternaire que l'effondrement de la fosse érythréenne coupera l'Arabie de l'Afrique. Au quaternaire il faudra de même que l'effondrement de l'Egéide disjoigne l'Anatolie d'avec les Balkans ; il faudra que le Tigre et l 'Euphrate, le Gange et le Brahmapoutre, le fleuve Jaune et ses doublets comblent de leurs alluvions les anciens golfes destinés à devenir grâce à eux la terre nourricière de la civilisation assyro- babylonienne, de la civilisation indienne, de la civi- lisation chinoise.

II. — Haute Asie et plaines alluviales

Ainsi constitué, le continent se trouva groupé autour d'un énorme massif central — la Haute Asie — dont l'étage le plus élevé (au-dessus de 5000 mètres) est le plateau du Tibet que flanquent au sud l'arc de cercle de l'Himâlaya, au nord les arcs de Kouen-lun et de l'Altyn-tagh. Les hautes terres se poursuivent à l'est par les chaînes de la Chine occidentale, monts Ts'in-ling et Alpes du Sseu-tch'ouan ; elles se prolongent au nord et au nord-est par le socle de l'Asie Centrale sur lequel se dressent les T'ien-chan, puis l'Altaï, le Khangaï et les autres chaînes mongoles jusqu'au Grand Khingan. Au sud-ouest enfin, sur l 'autre versant du plateau de Pamir — le Toit du monde —, une altitude moyenne de 1.000 mètres se maintient encore sur le plateau d'Iran, puis, par delà le nœud

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du massif arménien, sur le plateau d'Asie Mineure. Ces hauts plateaux soumis, du moins en Mongolie et en Asie Centrale, à un climat aux oscillations extrêmes, restent, dans leurs parties les moins sté- riles, voués à une végétation de steppes qui ne peut convenir qu'à l'élevage. La Haute Asie, dans ses cantons encore habitables, ne peut nourrir qu'une population de pâtres nomades transhumant à la suite de leurs troupeaux et maintenus de ce fait à un stade culturel assez primitif.

En contraste avec cette haute zone centrale, la périphérie nous offre un certain nombre de basses plaines alluviales prédestinées à la vie agricole, celles que nous énumérions tout à l'heure : dans le nord-est de la Chine la Grande Plaine du fleuve Jaune que prolongent les terrasses de lœss du Chan-si et du Chen-si ; en Indochine la plaine du bas Mékong ; au sud de l'Himâlaya la plaine indo- gangétique ; enfin au sud-ouest du plateau d'Iran, la Mésopotamie et la Susiane. Peut-être à cette énumération faudrait-il ajouter, en Asie Centrale, les dernières bonnes terres du bassin du Tarim, ce Nil ou cet Euphrate moribond dont les affluents depuis l'époque historique n'alimentent plus qu'un chapelet d'oasis en voie de desséchement.

III. — Asie désertique et Asie des moussons

Nous touchons ici à un fait qui conditionne toute l'histoire du peuplement humain en Asie, celui de la « saharification » progressive de toute la région centrale. Si nous laissons de côté la Sibérie qui, toundra ou taïga, est dominée par la présence ou le voisinage du cercle polaire, l'Asie au point de vue climatique se divise en deux zones présentant entre elles un contraste absolu : d'une part. dans

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les bassins sans écoulement du centre, une zone de sécheresse vouée à la saharification ; d'autre part, sur les terres baignées ou influencées par l'océan Indien depuis la mer d'Oman jusqu'à la mer de Chine, un régime tropical avec ruissellement des pluies estivales de mousson. La mousson en saison chaude fait sentir sa fécondante action diluvienne sur les trois quarts de l'Inde, l'Indochine, l'Insu- linde, la moitié de la Chine et sur l'archipel japonais. 4u contraire la Mongolie, les deux Turkestans et une partie de l'Iran relèvent du climat désertique. En Iran comme au Turkestan chinois la culture ne pourra être qu'une culture d'oasis, de cités- jardins, réfugiée le long des derniers cours d'eau vivants ou au versant encore humide des montagnes. Le bassin supérieur du fleuve Jaune du côté de l'Ordos, celui de l'Indus inférieur vers le désert de Thar, celui de l'Euphrate en Mésopotamie occi- dentale représentent, comme le Nil en Afrique, autant d'oasis-galeries pratiquement limitées au cours même du fleuve ou de ses canaux de dériva- tion au milieu d'un paysage étranger de steppes ou de déserts. Au sud-ouest une place à part doit être réservée, en Anatolie et en Syrie, à l'étroite bande littorale, riviera de cultures méditerranéennes qui reproduit le facies bien connu du paysage hel- lénique, toscan ou provençal.

IV. — Asie sédentaire et Asie nomade

Comme on le voit, les terres à vocation agricole, celles où devaient se développer les grandes civilisa- tions sédentaires, civilisation chinoise, civilisation indienne, civilisation mésopotamienne, se trouvent dispersées sur la périphérie, séparées entre elles par la masse énorme de la Haute Asie, de ses pla-

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teaux hostiles, de ses steppes. De cet isolement provient sans doute le caractère original des trois ou quatre grandes civilisations précitées qui ont dû chacune se développer en vase clos (encore que les nécessités d'une vie agricole semblable y aient suscité des institutions et conceptions parfois assez analogues). Il s'est ainsi constitué dès la protohis- toire un « Orient classique » qui se présente à nous comme un tout parce que d'une part la Mésopotamie a infiniment plus de communications avec la zone méditerranéenne (Syrie et Anatolie) et avec l 'Egypte qu'avec l 'Inde ou la Chine, parce que d'autre part l 'Iran, bien que dominant l 'Indus du haut des val- lées afghanes, regarde et « descend » bien plutôt, par les cols du Zagros, vers Babylone ou Baghdad. Il existe avec non moins de netteté un milieu. presque un continent indien où la barrière de l'Himalaya et la communauté du climat tropical enferment ensemble et font fusionner plaine indo- gangétique et plate-forme du Dékhan. E t il existe enfin un monde chinois encore plus isolé de tout le reste, qui regarde à l'opposé de l'Asie Antérieure et du monde indien et qui ne communique avec l'un et avec l'autre qu'au compte-gouttes par les longues pistes de caravanes étirées des cols du Pamir au Kan-sou à travers les oasis du Turkestan oriental.

Cependant les vieilles civilisations agricoles et sédentaires de l'Asie Antérieure, de l 'Inde et de la Chine restaient surplombées par la Haute Asie. Les pauvres tribus de pâtres nomades qui parcou- raient l'immensité des steppes entre la Muraille de Chine et les portes de l 'Iran voyaient s'étendre à leurs pieds les richesses de Tch'ang-ngan ou de Pékin, de Delhi ou de Bénarès, de Baghdad ou de Constantinople. La ruée centrifuge de ces nomades vers tous ces objectifs de pillage, en créant les

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premiers empires extra-régionaux, provoqua aussi les premiers brassages de civilisations. C'étaient les plaines littorales qui avaient créé les vieilles civi- lisations asiatiques. Ce furent les empires de la steppe qui inconsciemment mais sûrement assurè- rent un contact durable entre ces diverses cultures originales et se trouvèrent finalement conférer ainsi à l'histoire de l'Asie son unité.

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C H A P I T R E I I

L E S A N C I E N N E S C I V I L I S A T I O N S

D E L ' A S I E A N T É R I E U R E

1. — L a M é s o p o t a m i e a r c h a ï q u e : S u m e r e t A k k a d

L e p a l é o l i t h i q u e l e m i e u x r e p r é s e n t é d e l ' A s i e

A n t é r i e u r e e s t j u s q u ' i c i c e l u i d e P a l e s t i n e . L a P a l e s -

t i n e p o s s è d e a u s s i u n e c u l t u r e m é s o l i t h i q u e l o c a l e ,

l e n a t o u f i e n ( v e r s 8 0 0 0 a v . J . - C . ? ) , p u i s u n e c u l t u r e

n é o l i t h i q u e « p r é - c é r a m i q u e », l e t a h o u n i e n , r e p r é -

s e n t é , e n p a r t i c u l i e r , à J é r i c h o . S u r c e s i t e , o n p a s s e

e n s u i t e à d e s p h a s e s p l u s r é c e n t e s d u n é o l i t h i q u e

( t o u r , t ê t e s m o d e l é e s s u r d e s c r â n e s ) , e t a u c h a l -

c o l i t h i q u e .

Les m ê m e s é t a p e s s o n t r e p r é s e n t é e s a u K u r d i s t a n ( J a r m o ) , e t il a p p a r a î t a ins i q u e l ' h o m m e , é l e v e u r , p u i s a g r i c u l t e u r , c o m m e n ç a p a r se s é d e n t a r i s e r s u r les col l ines d o m i n a n t l a p l a i n e m é s o p o t a m i e n n e , a v a n t de s ' i n s t a l l e r d a n s cel le-ci ( T e l l H a s s o u n a , a u s u d de N i n i v e ) . L a c iv i l i s a t ion a r c h a ï q u e f u t b i e n t ô t c a r a c t é r i s é e p a r u n e bel le p o t e r i e p e i n t e é v o l u a n t , e n M é s o p o t a m i e d u N o r d , d u s t y l e de S a m a r r a à ce lu i de T e l l H a l a f ( V mi l l éna i r e ) . L a c o l o n i s a t i o n de la M é s o p o t a m i e m é r i d i o n a l e f u t s i m u l t a n é e , m a i s p e u t - ê t r e p l u s l e n t e a u d é b u t , d u f a i t de l ' é t a t m a r é c a g e u x d u p a y s . L e s i te d ' E r i d o u , le p l u s m é r i d i o n a l , e s t le p l u s i m p o r t a n t ; a p r è s d e u x é t a p e s in i t i a les , on y p a s s e (vers 4000) à cel le q u i f u t r e c o n n u e d ' a b o r d à e l - O b e i d , p r è s d ' O u r . L e cu iv re e s t c o n n u , e t on é l a b o r e u n e t r a d i t i o n a r c h i t e c t u r a l e ( t e m p l e s s u r t e r r a s s e ) q u i se p e r p é - t u e r a a u x é p o q u e s s u i v a n t e s . C e t t e c iv i l i s a t i on , d i t e d ' O b e i d , s ' i m p o s e d a n s le N o r d ( T é p é G a u r a à l ' e s t d e N i n i v e ) e t j u s q u ' à l a M é d i t e r r a n é e . A la f i n d e c e t t e p é r i o d e , à S u s e , le d é c o r de la c é r a m i q u e s ' e n r i c h i t d e s t y l i s a t i o n s b e a u c o u p p l u s é l é g a n t e s q u e cel les de M é s o p o t a m i e .

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Vers 3400, les habitants de Basse Mésopotamie (pays de Sumer) et de Susiane (pays d'Elam) se groupèrent pour la première fois en communautés urbaines. Une organisation économique plus com- plexe les amena à inventer l'écriture, les fameux caractères cunéiformes, dont les plus anciens spéci- mens sont de simples pictogrammes. Cette invention fut associée à l'élaboration d'un art nouveau, remar- quable par son réalisme idéalisé, ancêtre de toutes les formes d'art ultérieures de l'Orient classique. La concentration des richesses permit une activité architecturale intense, spécialement à Ourouk, mé- tropole qui a donné son nom à la phase ancienne de l'époque appelée proto-urbaine ou pré-dynastique (vers 3400-2900). Cette civilisation rayonna jus- qu'en Syrie et, sous sa forme susienne, en Iran central et même en Egypte prédynastique. Ses créateurs apparemment autochtones, les Sumériens, dont les Elamites étaient les émules, étaient groupés en une série de Cités-Etats, qui entrèrent en compé- tition dès le début du I I I millénaire. Les plus anciennes traditions littéraires, semi-légendaires, paraissent se rapporter à cette période, dite paléo- sumérienne ou dynastique archaïque (vers 2900 ou 2800 à 2375). Un élément ethnique différent entra progressivement en scène : les Sémites, anciens nomades sédentarisés, dont Kish fut la métropole (au sud de Bagdad), dans le pays qui devait recevoir le nom d'Akkad, au nord de Sumer.

L'époque proprement historique commence entre 2600 et 2500, avec la I dynastie d'Our, dont les rois entretenaient des relations diplomatiques avec ceux de Mari, métropole du Moyen Euphrate. Une civilisation également brillante, remarquable en par- ticulier par sa statuaire, et, à Our, par son orfèvrerie, fleurissait alors du nord au sud de la Mésopotamie.

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L'hégémonie d'Our fut sans doute détruite par les gens de Lagash (aujourd'hui Tello), autre ville sumérienne dont les victoires sont commémorées dans la célèbre Stèle des Vautours, au Louvre. Vers 2400, un des chefs sumériens, Lougalzagisi, qui mit sa capitale à Ourouk, étendit sa domination du golfe Persique à la Méditerranée. Mais il fut renversé par un prince sémite d'Akkad ou Agadé, Sharroukên ou Sargon l'Ancien (vers 2375-2325), dont la victoire correspondit à une étape nouvelle de l'histoire humaine : l'organisation du premier empire proprement dit, débordant le cadre de la Cité-Etat sumérienne, devenue archaïque. Il lança une expédition jusqu'en Asie Mineure et soumit l 'Elam à son protectorat ; son 3e successeur, Naram- Sin, nous a laissé une imposante stèle commémo- rant une expédition contre les montagnards des Zagros, qui devaient bientôt détruire l 'Empire d'Agadé. Après leur invasion, l'hégémonie revint aux Sumériens, fortement sémitisés ( I I I dynastie d'Our, vers 2120-2020). On place un peu avant cette époque (vers 2150) le règne local de Goudéa, patési ou gouverneur de Lagash (Tello), à l'est d'Our, dont nous possédons au Louvre de robustes statues- portraits, correspondant à un idéal de piété et de sagesse tout différent de celui de domination univer- selle, que reflètent les œuvres de l'époque d'Agadé. Qu'il s'agisse de statues de cet ordre, de reliefs ou de dessins pour sceaux cylindriques, l 'ar t suméro- akkadien de ce temps fait preuve — sans doute sous l'influence proprement sumérienne — d'un natura- lisme d'observation et de facultés créatrices qu'on ne retrouvera plus par la suite (voir les têtes de tau- reaux en or, déjà si puissantes et si belles, de la tombe de la reine Shubad, à Our, vers 2600).

C'est au même milieu que nous devons l'épanouis-

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sement de la littérature sumérienne. Les vieilles traditions historico-légendaires furent fixées sous forme de poèmes épiques dont le plus célèbre est celui de Gilgamesh. On rédigea de même des hymnes, des textes sapientiaux, et, enfin, le premier code de lois connu, élaboré par Our-Nammou, fondateur de la file dynastie d'Our, vers 2100.

II. — La Babylonie

Le pays d'Akkad tomba ensuite au pouvoir des Amorrhéens, peuple sémitique qui se répandit aussi en Syrie. Vers 1895 les Amorrhéens fondèrent une dynastie à Babylone, ville jusque-là obscure, mais qui devint avec eux la capitale de la Mésopotamie. Le principal souverain de cette maison fut Ham- mourabi (1792-1850) qui établit sur toutes les cités, tant sumériennes qu'akkadiennes, une véritable cen- tralisation, avec une religion d'Etat commune (en faveur de Mardouk, le dieu de Babylone) et une législation commune aussi (le « code de Hammou- rabi »). Le sémitique akkadien devint la seule langue officielle, à l'exclusion du sumérien, réduit au rôle de langue sacrée et qui ne tarda pas à dis- paraître. Le pays de Sumer et le pays d'Akkad furent désormais fondus en une unité historique permanente, de caractère nettement sémitique, la Babylonie. Par ailleurs, l'art de ce temps témoigne d'une technique sûre, encore que le souffle créateur des vieux Sumériens ait disparu. En Syrie et en Phénicie, où l'influence de la Mésopotamie ren- contrait celle de l'Egypte, et, bientôt, celle des peuples égéens (Crétois puis Mycéniens), les Amor- rhéens fondèrent une série de royaumes, en parti- culier à Ougarit (Ras-Shamra), sur la côte, et à Mari, sur le Moyen Euphrate. Le palais de cette