histoire des tics université paris 5 laurent maury master 1 - octobre 2006
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Histoire des TICs
Université Paris 5Laurent Maury
Master 1 - Octobre 2006
Partie I
La France dans le panorama technologique
international
Le secteur des TICs Depuis 50 ans environ, très fort impact des
TICs sur notre qualité de vie : Accès et échange d’informations Contribution à l’essor de certains secteurs
d’activités Santé, automobile, commerce…
Contribution au PIB des grands pays européens : entre 5 et 6% (contre 8% aux EU)
Contribution à 40% de la croissance de la productivité des entreprises en Europe
Rôle primordial dans le développement des pays en émergence
Définition : Ensemble des filières relatives aux technologies et services numériques
Marché mondial de 2800 Md $ en 2006
Croissance annuelle : 4,5% en 2003 - 6,1% en 2004 - 6,8%
en 2005 Evolution de la croissance de la
part relatives aux activités de services 55% en 1995, 70% en 2005
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Les marchés des TICs
70% au sein des pays de l’OCDE Croissance de l’Asie et de l’Inde depuis
la fin des années 80 Situation en France, en 2005 :
Matériels -> 10,1 MdE en décroissance Logiciels et services -> 23 MdE en
croissance R&D / PIB = 0,31% contre 0,27% en Europe
mais 0,65% aux EU (0,72% prévus en 2006)
Caractéristiques du marché
Haute intensité technologique Renouvellement ultra rapide des offres Renouvellement des acteurs - fusions,
concentrations, morcellements… Vecteurs de compétitivité :
Excellence technologique / valeur d’usage Adaptabilité / changement R&D soutenue
A. Le matériel
CA de l’électronique mondial en croissance de 11% entre 2004 et 2005
Plafond escompté vers 8 à 9% en 2006 et années suivantes
Diminution du prix des TICs : Emergence du marché asiatique Progrès technologiques liés aux semi-
conducteurs Equilibre hard / services / valeur d’usage
La situation en France
Plus de 1 000 entreprises concernées
220 000 personnes employées en 2003, en baisse sensible / 2000 Diminution des effectifs de l’ordre de
7% par an (10% estimés vers 2010) Perte de vitesse de la France depuis
l’échec du « Plan Calcul » en 1974
B. Les semi-conducteurs
20% du prix des équipements TICs Concentration industrielle croissante
autour d’un nombre restreint d’acteurs 10 entreprises se partagent 50% d’un
marché fortement dominé par les EU Leader : Intel dont le CA est 3 fois
supérieur à celui du second (Texas Instruments)
Les semi-conducteurs
L’Asie compte 4 sociétés au Top10 du secteur : Japon : Renesas, Toshiba, NEC Corée : Samsung
Entrée probable de la Chine dans la compétition, avec un impact sur les prix
L’Europe compte 3 sociétés au Top10 : ST Microelectronics, Infineon, Philips
C. Le matériel télécom et informatique
En 2005, vecteurs de croissance tirant l’industrie des semi-conducteurs : La téléphonie mobile Les micro-ordinateurs et la micro
électronique grand public La télévision numérique (et la TV HD)
Le rôle de l’Europe est variable d’un vecteur de croissance à l’autre
Europe : téléphonie et TV
Quelques entreprises très bien positionnées : Philips, Siemens
France : acteur le plus important en Europe (17,4% de la VA en 2005) Alcatel, Sagem, Thomson… Mais nombre d’emplois et production en
baisse depuis 2000 Nombreuses délocalisations pratiquées
pour résister à la pression sur les prix…
Europe : micro électronique
Situation comparable à celle de Bull : peu enviable dans un contexte international très concurrentiel
Position de faiblesse récurrente Diminution régulière du nombre
d’acteurs européens / dilution Croissance du CA estimée en 2006 :
0,4% seulement
D. Le logiciel et les services
En France : Récession forte entre 2001 et 2003 Croissance de 4% en 2004, 6% en 2005
3 moteurs structurels de croissance : Innovation technologique liée au mariage entre
l’informatique et les télécoms (limité dans le temps)
Mondialisation / accroissement des échanges Externalisation en hausse (outsourcing)
Demeure la principale source d’emploi pour les jeunes diplômés : 30 000 créations en France en 2005
Le logiciel en France
Quelques belles réussites : Dassault Systèmes, BO, Infogrames, Ilog…
Hausse progressive de la contribution au CA d’entreprises telles que Thalès, TMM, Alcatel…
Robustesse des acteurs français sur leurs marchés de niche respectifs
Montée en puissance du logiciel libre : en France +40% par an (250 ME en 2005)
Réduction de l’effet Silicon Valley
Les services informatiques Domination des EU mais excellente
position d’intégrateurs européens : Cap Gemini : leader Européen, Atos Origin
en 13è position Processus de concentration en cours :
faible impact en Europe Externalisation d’infrastructures TICs
25% du CA des grands intégrateurs En croissance de 10% chaque année depuis
2004
Partie II
Les originesd’un gâchis à la française
La spécificité française
Contrairement à d’autres domaines, le calcul numérique trouve peu de « racines » profondes en France au milieu des années 50
Aucune véritable tradition récente de mathématiques appliquées
Gouffre né à la fin du XIXè siècle
Le miracle français
En 1960, un constructeur français (Bull) se place en 4è position sur le marché mondial des fabricants d’ordinateurs
A cette époque, une dizaine d’entreprises françaises construisent des ordinateurs (sous licence ou en propre)
Mais les ordinateurs sont perçus comme des utilitaires et non en tant qu’objets stratégiques premiers (ils restent dans l’ombre des grands programmes industriels)
La catastrophe
Traité de Rome (1957) relatif à l’ouverture du Marché Commun
Vague d’investissements américains qui profitent de cette ouverture bien plus que l’industrie européenne
Série d’erreurs stratégiques de Bull qui l’amènent au bord de la faillite en 1964 Annonces prématurées, complexité
vainement accrue, rupture de compatibilité…
Le plan Calcul
Naissance en 1966, de manière réactive, sans réelle mobilisation politique
Objectifs : Contrebalancer la domination menaçante
des EU en matière d’informatique Réduire la dépendance française et créer
une industrie Européenne Fabrication des ordinateurs Conception des logiciels
Mort en 1975 sur un échec relatif
Le plan calcul
Naissance dans un climat général d’hostilité vis-à-vis de l’électronique
Retard de la France dans certaines infrastructures Par exemple : 18 mois d’attente de la
plupart des citoyens pour l’ouverture d’une ligne téléphonique privée
Incompréhension des politiques et officiels
Le plan calcul
Prise de conscience progressive des applications potentielles de l’informatique : Médical, médias, sciences, réforme de la
société en profondeur… Révolution comparable à ce qui était
conduit par l’Etat dans d’autres domaines : Energie (CEA), transports (Concorde),
sirédurgie, chimie…
Le contexte aux EU en 1965
Emergence de la révolution liée à l’apparition des transistors pour répondre à de nouveaux besoins : Miniaturisation de l’électronique Accroissement de la fiabilité de
fonctionnement Projets EU en voie de
développement : Missiles balistiques intercontinentaux Envoi d’un homme sur la lune
Bull au début des années 60
Au début des années 60, Bull, grosse PME, résiste à la pression des EU
En 1962, Bull couvre 30% du marché, IBM détenant presque les 70% restant
CA 1962 : 1 820 MF 5 000 clients dans plus de 30 pays Pour maintenir sa position, Bull doit pouvoir
financer un lourd effort en R&D 1964 : l’Etat français refuse de financer Bull est rachetée par General Electric (EU)
Acte de naissance du plan
Plan calcul approuvé par le Général de Gaulle en juillet 1966
En Décembre 1966, la Compagnie Internationale pour l’Informatique est créée (CII) : Fusion de filiales de Thomson, de la
CSF et de Schneider
Les instituts et délégations de recherche
Institut de Recherche en Informatique et en automatique (INRIA) créé en 1967
Mise en réseau des compétences de plusieurs laboratoires de recherche
Création d’une délégation de l’informatique, rattachée au Premier Ministre (G. Pompidou) Présidée par Maurice Allègre, assisté de
Pierre Audoin
Les programmes de la délégation
Une dizaine de grands programmes : Télécommunications -> Transpac Hôpitaux -> équipement des laboratoires
et du suivi des patients Infrastructures routières -> péage et
contrôle Mais les ministères ne jouent pas le
jeu Peu de mises en œuvre concrètes au-
delà des programmes de recherche
La CII conçoit l’IRIS 50
Mai 1967 : annonce d’une politique de décentralisation des moyens industriels Création d’une usine de fabrication des
ordinateurs français, basée à Toulouse L’usine emploie 1 500 personnes Machines de type mainframe avec l’IRIS 50
(succès commercial relatif) Mais, lourd effort à consentir pour mettre
en place un réseau commercial, sans prise de conscience de l’Etat
Le contexte du second plan calcul
Dès 1971, la CII rencontre de sérieuses difficultés : Divergences de vue sur les 2 actionnaires,
portant notamment sur le développement de composants électroniques
Insuffisance de moyens Adaptabilité réduite Engagement politique limité
Second plan calcul Signature en 1971 Stipule que la CII doit signer des accords
européens, à l’image d’Airbus Janvier 72 : Siemens (Allemagne) Septembre 72 : Philips (Pays-Bas) 4 juillet 73 : naissance du consortium
européen baptisé UNIDATA (segmentation) : CII -> Mainframes, Siemens -> Minis, Philips - >
Micros
Besoins très importants en capitaux et engagement limité des actionnaires
La mort du plan calcul
Honeywell rachète Bull en 70 et propose de céder une partie de ses parts à la CII dès 73 (Jean-Pierre Brulé, PDG)
La fusion est opérée en 75, sous Giscard
La France se retire alors d’UNIDATA et le plan calcul touche à sa fin
La délégation est supprimée et ses dossiers détruits
Les raisons de l’échec relatif du plan calcul
Manque de motivation réelle des actionnaires : Ni Thomson ni CGE n’étaient prêts à miser sur
l’informatique nationale Mais les aides de l’Etat étaient les bienvenues La CGE par exemple, choisit de miser sur le
développement du téléphone
Investissement à la fois important et trop limité - 100 MF pendant 4 ans
Les Présidents de la CGE et de Thomson ont des points de vue divergents
Les objectifs du plan sont fluctuants et mal définis
Partie III
Epistémologie des sciences
Newton révolutionne la physique En 1687, Isaac Newton énonce 4 lois dans ses
Philosphiae Naturalis Principia Mathematica Tout corps persévère dans l’état de repos ou de
mouvement uniforme en ligne droite dans lequel il se trouve, à moins que quelque force n'agisse sur lui, et ne le contraigne à changer d’état
Ces lois infirment les principes énoncés par Aristote
Ces lois s’appuient sur les notions de temps et d’espace « absolus »
Le déterminisme selon Newton Si l’on connaît la position initiale x0 et la
vitesse initiale v0 d’un corps en mouvement, alors, selon l’équation du principe fondamental de la dynamique La force étant F(x, v, t), il suffit de résoudre cette
équation différentielle pour déterminer le futur et le passé de la particule, x(t) et v(t)
Les formules de Newton permettent de prévoir la position de la terre à condition de négliger la présence de la lune
Le problème des 3 corps…
Newton tente de résoudre l’équation des 3 corps et… abandonne sur un échec
Henri Poincaré (1854 - 1912) s’y essaye et échoue
Mais il démontre que cette solution n’existe pas
… et que cette incapacité correspond à une indécision fondamentale du monde réel L’imprécision du calcul s’accroît à chaque étape
Le modèle déterministe est dès lors mis à mal La stabilité de notre système solaire ne
serait-elle pas prédéterminée par la réalité du présent ?
Lorsque l’entropie s’en mêle Le développement des machines à vapeur fait
naître la thermodynamique Donne lieu à la notion d’énergie et de travail Plusieurs formes d’énergie
Taxinomie par les facilité de transformation La chaleur est aisément produite (bon rendement) La chaleur est la forme la plus dégradée de
l’énergie Notion d’entropie (désordre de la structure
observée) Constat de l’accroissement de l’entropie dans
les transformations de l’univers L’avenir, décidé à l’avance, est
immuablement voué au désordre
Un monde qui se défait…
Dans cette vision du XIXè siècle, nous appartenons à un monde qui se défait
L’univers est donc une conséquence automatique du présent et en désordre croissant
Heureusement, cette vision catastrophique du monde n’est qu’une vision qui ne va pas résister aux scientifiques de la fin du XIXè et du XXè
La nature refuse nos modèles Le démenti est rapidement fourni par la
nature En 1895, Becquerel et Marie Curie
découvre la radioactivité et transforme la physique
S’ensuit une cascade de remise en cause de nos « évidentes » représentation du monde
En 1905, Einstein montre que le temps ne correspond à notre vision naïve
Ces remises en cause sont accueillies avec bonheur par les chercheurs
Apparition de la physique quantique Dans le problème des 3 corps, seule la
connaissance d’un état initial avec une précision absolue permettrait d’échapper à la difficulté
La physique quantique démontre cependant que cet objectif est inatteignable : La mesure de toute caractéristique est
nécessairement supérieure à un certain minimum, appelé quantum
Ce quantum fait partie de la réalité observable et n’est pas lié à l’imprécision de nos techniques de mesure
La réalité future n’est ainsi plus une conséquence inéluctable de la réalité actuelle
Le ré-enchantement de notre regard sur l’univers
L’univers trace ainsi son chemin à mesure qu’il le parcourt… et non de manière déterministe
En outre, dans les années 1920, on découvre l’expansion de l’univers
Cette vision, à l’opposée de celle proposée par Pierre Simon de Laplace au début du XIXè, s’enrichit rapidement de la théorie du chaos
Le chaos génère des objets auto créateurs, de l’imprévisibilité universelle Exemple de la météorologie
L’expansion de l’univers Dans la vision biblique du monde, l’univers,
une fois créé est stable et demeure dans son état initial
Le créateur est satisfait de sa création et il s’agit donc d’un univers de « toujours »
Or, les galaxies se déplacent et se séparent les unes des autres. L’univers n’est plus immuable
On peut évaluer à 15 Md années la durée qui nous sépare de l’explosion initiale
Ce raisonnement simple mathématiquement, débouche sur une difficulté philosophique insurmontable
Le problème de l’instant initial… Tout événement a une durée (début <-> fin) Cette mesure nécessite une référence, un
repère Quel repère nous permettra de mesure
l’instant initial de l’univers ? Autre formulation : si l’univers a eu un instant
initial, qu’y avait-il avant ledit instant ? La réponse théorique explique que le big
bang contient l’horloge elle-même : « avant le big bang » ne peut être un point de vue formulable
Le temps est né avec le big bang
Naissance de l’informatique C’est dans ce contexte de complexité, de
relativité que naît la science du traitement de l’information
L'automatisation du traitement de l’information par un système concret (matériel) ou abstrait
Elle exige la mise au point d’un schéma de représentation du réel (codage & ontologie)
La logique binaire est choisie comme fondement de cette représentation (vrai / faux)
Elle correspond aux possibilités technologiques « naturelles » disponibles au début du XXè
Passage du signifié au signifiant (codage) et réciproquement (décodage)
La Pascaline En 1642, Blaise Pascal construit une calculatrice
mécanique : la Pascaline Une véritable calculatrice à additionner, à vocation
commerciale (échec, dû au prix de l’appareil) Elle est perfectionnée par Leibniz en 1673 : un
système de roue à cliquet servant de mémoire lui permet désormais d'effectuer des multiplications
La machine à différences de Babbage Charles Babbage (1791 - 1871), mathématicien
britanique, travaille à la construction d’un ordinateur mécanique baptisé machine à différences
Cette réalisation demeure inachevée, en raison de l’absence d’une force motrice suffisante à l’époque pour en permettre le fonctionnement
Babbage recrute Ada de Lovelace (fille de Lord Byron), brillante mathématicienne, qui l’aide à formaliser les diagrammes de fonctionnement
D’Ada à ADA Ada Lovelace tombe dans l’oubli jusqu’à
l’avènement de l’informatique Le 10 décembre 1980, le DoD américain approuve
le langage de programmation Ada83 conçu par le français Jean Ichbiah (sur son cahier des charges)
with Ada.Text_IO;use Ada.Text_IO; procedure MIAGE_P5 isbegin--Bonjour Put_Line( »Bonjour Miage P5");end MIAGE_P5;
En 1995, Ada83 est enrichi et devient le premier langage OO normalisé de l’histoire Typage statique, généricité, modularité, syntaxe fermée
La mécanographie Ensemble des techniques mécaniques et électro-
mécaniques permettant le calcul et la publication de l'information
C’est le support matériel de l’informatique avant le développement de l’électronique
Taxinomie : Mécanisme à mouvement continu (analogique)
Précision nécessairement limitée Ex : règle à calcul…
Mécanisme à mouvement discontinu Potentiellement mathématiquement exact Ex : caisse enregistreuse, Pascaline…
La programmation ne date pas d’hier Le lyonnais Joseph Marie Jacquard (1752 - 1834)
invente le métier à tisser semi-automatique en 1807 Mécanisme de sélection du fil à l’aide d’un programme
inscrit sur des cartes perforées Un ouvrier pouvait dès lors manipuler le métier à tisser L’exploitation de cette invention à Lyon dans le tissage
de la soie constitue les prémisses d’une révolution industrielle
Elle profite à la ville mais provoque la révolte des Canuts (ouvriers de la soie) en novembre 1831
Boole invente la logique formelle L’anglais George Boole (1815 - 1864) est à la fois
mathématicien, philosophe… Issu d'une famille pauvre, il ne peut accéder à l’Université Il apprend seul le latin, l'allemand, le français et l'italien Tout en travaillant pour soutenir sa famille, il consacre son
temps libre à l’étude des mathématiques, s’intéressant en particulier aux travaux de Newton, Laplace et Lagrange
En 1839, il publie le fruit de ses premières recherches dans le Cambridge Mathematical Journal
Il obtient l’appui du cercle des Algébristes de Cambridge En 1844, la Royal Society lui décerne une médaille Il pose déjà les bases d’une algèbre ayant pour but de
traduire des idées en équations, de leur appliquer des lois et de retraduire le résultat en termes logiques
L’algèbre de Boole Il invente une algèbre binaire n'acceptant que
deux valeurs numériques : 0 et 1 Il définit un ensemble E (non vide), muni de
deux lois de composition interne (le ET et le OU) satisfaisant un certain nombre de propriétés (commutativité, distributivité...)
A partir de ces définitions très simples, il construit une théorie qui servira près de 80 ans plus tard à définir les fondements de l’informatique
Naissance du mot informatique
Le développement de l’électronique dès le début des années 60 permet celui de l’informatique Coûts, encombrement, nuisance sonore, complexité de
production, durée de vie, rapidité Le mot informatique est créé en 1962 par Philippe
Dreyfus à partir des mots information et automatique
Dreyfus avait été directeur du centre de R&D de Bull
En 62, il créé la Société d'Informatique Appliquée, sans déposer le mot informatique
De Gaulle consacre l’usage du mot (préféré à ordinatique) en conseil des ministres
Il est choisi par l’Académie française en 1967
Naissance du mot informatique Le développement de l’électronique dès le début
des années 60 permet celui de l’informatique Coûts, encombrement, nuisance sonore, complexité de
production, durée de vie, rapidité… Le mot informatique est créé en 1962 par Philippe
Dreyfus à partir des mots information et automatique Dreyfus fut directeur R&D de Bull dans les années 50
En 62, il créé la Société d'Informatique Appliquée (SIA), sans déposer le mot informatique
De Gaulle consacre l’usage du mot (qu’il préfère à ordinatique) en conseil des ministres
Le mot est retenu par l’Académie en 1967
La griserie de l’intelligence artificielle Objectif : passer de l’information à la
connaissance Exemple : développement du langage
L’expérience des talking heads (Sony Research Center - 2000) Groupe de robots capables de créer leur propre
langage Utilisation d’un logiciel multi agents Emergence d’un langage à partir de connaissances
limitées (pas de vocabulaire) Agent doté d’une caméra numérique utilisée
comme interface d’accès au monde réel -> invention d’un langage vernaculaire réel -> émergence d’un flux d’agents d’apprentissage -> 300 mots dans le lexique auto-créé
Les questions posées par l’IA Qu’est-ce que l’intelligence ? La conscience est-elle le propre des organismes
vivants et biologiques ? Le développement d’un système intelligent est-il
possible avec des ordinateurs symboliques ? Requiert-il un procédé quantiques ? (Roger
Penrose) ou neuronal ? (Bruno Marchal) Nous avons clairement dépassé la griserie
initiale relative à la puissance de la métaphore
Réalisations concrètes : SimCity, Google, iBot (Sony), pilotage
automatique…
Quelques maîtres de l’IA John McCarthy (1927, EU) est l’inventeur du
concept d’IA aux côtés de Marvin Lee Minsky En 1958, il formalise le langage LISP Dans les années 50, il invente le concept de temps
partagé et de système multitâche Alan Turing (1912 - 1954), mathématicien
anglais, s’intéresse à la logique formelle et est souvent considéré comme le père fondateur de l’IA
Marvin Lee Minsky (1927, EU) défend l’idée que l’IA doit utiliser des approches multiples, notamment pour la représentation des informations Les systèmes doivent alors disposer de "gestionnaires"
capable de sélectionner les meilleures solutions au regard d’un problème ou d’un contexte donné
Le modèle d’esprit de Minsky Architecture d'agents élémentaires, indépendants et
hiérarchisés Les plus courants sont les K-lines, agents de mémoire à
court terme : activation d’un ensemble d'agents donnés Les nemes représentent les connaissances Les nomes sont capables de traiter les connaissances Les agents se combinent pour former des structures
capables d'opérations complexes Minsky introduit la notion de "cerveau B", dont le rôle est de
surveiller et d'examiner l'esprit lui-même (cerveau A), en corrigeant les erreurs ou en mettant fin à une activité mentale improductive
Vous avez dit intelligence ? Un ordinateur des 70’s effectue environ 107
opérations logiques / seconde Notre cerveau compte 1012 neurones, capables de
commuter environ 100 fois / seconde Ceci représente une « puissance de calcul » de
l’ordre de 2.1014 opérations / seconde Aujourd’hui, un processeur dual core à 128 bits,
cadencé à 3 GHz effectue environ 1011 opérations / seconde
Outre la puissance de calcul, c’est surtout la faculté d’apprentissage et l’adaptabilité qui déterminent l’intelligence d’un système
Partie V
Lorsque l’électronique révolutionne l’informatique
Naissance du transistor
1953 : fondation par William Schockley de Schockley Semiconductors Prix nobel de physique, ancien des Bell Labs
Schockley invente le transistor en 47 Ce génial inventeur est cependant
devenu paranoïaque et son entreprise menace de sombre en 57 Il y fait installer des détecteurs de mensonge 8 de ses meilleurs chercheurs quittent le
navire, parmi lesquels Robert Noyce et Gordon Moore
Bob Noyce : le père d’Intel Né en 1927 (Iowa), PhD de physique au
MIT en 53, fonde Fairchild Semiconductors en 57
Entre 57 et 75, il dépose plus de 80 brevets sur l’architecture des circuits intégrés
Fils de pasteur, il donne à son entreprise un mode de fonctionnement en accord avec ses idées Pas de hiérarchie, pas de cloisons, pas de
privilège… 90% d’employés sont des chercheurs Stratégie de « mouvement perpétuel »
Il réduit le prix des composants afin de booster les ventes et l’innovation
Invention de la gravure sur silicium Noyce rêve du microprocesseur
autonome Son style essaime mais dérange Il décide d’offrir à chaque employé des
plan d’options sur titre (stock options) Refus de ses partenaires financiers
Il crée Intel en 68. Il y passe 22 ans de sa vie
En 88, il fonde Sematech Il meurt d’un arrêt cardiaque en 90,
dans l’anonymat le plus total
Le 4004 Intel : premier microprocesseur de l’histoire
En 71, Intel lance le 4004 (200 $) : Puce gravée sur silicium Embarque une ALU 4 bits capables
d’excuter 60 000 opérations / seconde Cadencé à 740 kHz 2 250 transistors intégrés 46 instructions / 16 registres de 4 bits Système rudimentaire de gestion des E/S Préfigure le 8008
Le 8080 ouvre une nouvelle ère Lancé en 1974, architecture 8 bits Cadencé à 2 MHz Package DIP à 40 broches (bus
d’adresses sur 16 bits) 7 registres de 8 bits, SP et PC sur 16
bits 256 ports d’E/S Le début d’une véritable révolution :
Large contribution à la naissance de CP/M Utilisé dans l’ALTAIR 8800,
1er microordinateur est français En 72, François Gernelle (R2E) lance le Micral-
N : Equipé d’un processeur Intel 8008 Destiné à répondre aux attentes de l’INRA pour la
mesure de l’évaporation des sols Programmes chargés à la TTY sur bandes perforées Prix : 8 500 F (contre 45 000 F pour un PDP8 Dec) Commercialisation pilotée par Truong-Tong-Ti
L’ALTAIR 8800 naîtra 2 ans plus tard Ed. Roberts, MITS). C’est pour cette machine que Gates écrira son 1er
interpréteur BASIC
La guerre des logiciels aura lieu CP/M (Control Program for Microcomputer)
est conçu et développé par Gary Kildall : Fondation de digital Research Invention du BIOS pour répondre aux demandes
de portage de ses nombreux clients - Commodore 128, TRS-80, CPC…
En 75, fondation de Micro-Soft (Gates / Allen) pour commercialiser leurs interpréteurs BASIC
75 : Motorola lance le microprocesseur 6800 76 : DR crée l’environnement GEM
Equipera notamment les Atari 520 et 1040 80 : Kildall manque le contrat MS-DOS
proposé par IBM, finalement signé par Gates
Apple crée l’événement Âgé de 13 ans, Steve Wozniak remporte le 1er
prix d’un concours de conception de machines à aditionner
En 71, il crée à base d’interrupteurs etde lampes le Creme Soda computer
En 75, employé d’HP, il conçoit les composants nécessaires à la création de l’Apple I : Carte assemblée contenant 30 puces Motorola 6503 cadencé à 1 MHz RAM : 8K (extensible à 48) Affichage sur écran : 40 X 24 caractères
L’Apple II : premier succès commercial majeur
En 77, aidé de Jobs et de Markkula, Wozniak lance l’Apple II dont le succès sera immédiat
Architecture proche de celle de l’Apple I mais dotée d’un packaging commercial efficace Lecteur de K7, interpréteur BASIC en
ROM… Plus d’un million d’unités vendues De nombreuses versions verront le jour
La saga des tableurs En 79, Dan Bricklin, alors étudiant en
gestion à Harvard, crée Visicalc Succès immédiat auprès des cadres en
entreprise, clients de l’Apple II : Pallie les limites d’affichage de l’Apple II
grâce à ses fonctions de zoom Démontre la force de l’assoc. hard / soft Bricklin omet de protéger son invention
dont les principes sont maintes fois repris et améliorés Lotus, Excel, Multiplan…
Micro-Soft : usine à logiciels
En 79, Gates dirige une toute petit PME de 50 employés
Il embauche Charles Simony : Auteur du 1er traitement de texte WYSIWYG
au Parc (Xerox) Auteur d’une thèse de doctorat traitamant
de l’industrialisation du développement de logiciels
Gates se proclame méta-programmeur en chef et met en marche sont « usine à logiciels
L’accouchement forcé du PC Big Blue croit peu l’essor de la micro-
informatique Le PC/G voit le jour le 12 août 81
(Estridge) : Construit autour d’un 8088 16 bits à 4,77
MHz Disponibilité de puces compatibles (le tout, non-
IBM) Puissance modérée, limitant les risques de
« vampirisation » entre gammes
C’est Micro-Soft qui fournit l’OS du PC (après avoir racheté QDOS à une petit entreprise de Seatle pour 50 K$)
50 000 PC vendus dès la 1ère année
IBM et Microsoft : partenaires et/ou concurrents En 82, le PC/XT accepte un DD de 10MO et
dispose d’une interface série RS232C Le PC/AT est équipé d’un 80286 cadencé
jusqu’à 8 MHz et du bus 16 bits AT En 85, le PC est doté d’une interface
graphique largement inspirée du GEM et baptisée Windows Lent et truffé de bugs, Windows se vend mal
En 87, IBM lance le PS/2 (jamais clné par ses concurrents) et OS/2
La même année, Microsoft lance Windows 3.0 En 92, OLE est intégré à Windows 3.1
Microsoft gagne la guerre des OS 93 : Windows for Workgroup fonctionne
désormais en réseau En 94 Windows NT 3.1 devient
compatible avec la norme TCP/IP Septembre 95 : Windows 95 prône
l’emblématique « plug and play » et marque la victoire définitive de Microsoft sur ses compétiteurs
La préhistoire des réseaux En 1792, les frères Chappe mettent au
point un dispositif optique de transmission d’informations à distance
1838 : invention du télégraphe filaire. 40 000 km de câble seront installés en 10 ans
En 1844, le peinte américain Samuel Morse crée un système de codage éponyme
1858 : installation du 1er câble transatlantique entre les EU et l’Europe
L’aventure du téléphone Au milieu du XIXè, l’italien antonio Meucci
invente le téléphone C’est l’américain Graham Bell qui en tire les
fruits Il faut attendre le milieu du XXè pour que
naisse le premier réseau téléphonique à vocation commerciale SABRE (Semu Automated Business Related Env),
mis au point par IBM Relie 1 000+ télescripteurs aux EU Permet à American Airlines de développer son
réseau d’agences
La guerre froide accélère le développement des réseaux
En 57, le premier Spoutnik est lancé avec succès par l’URSS
Eisenhower crée l’ARPA (Advanced Research Project Agency) au sein du DOD Garantir la supériorité scientifique des EU
Fin 57, la société Bell Labs crée le premier Modem pour réseau téléphonique commuté (données binaires)
Circuits ou paquets ?
Juillet 61 : Leonard Kleinrock du MIT rejoint l’ARPA Publie une thèse sur la construction d’un
réseau galactique 65 : Larry Roberts parvient à
interconnecter deux ordinateurs par une simple liaison téléphonique
La commutation de paquets est retenue comme élément clé de l’Arpanet
En France : hégémonie des PTT A l’aube des années 70, le télex des PTT
constitue l’unique moyen de télécommunication accessible aux entreprises Débit de 120 mots de 5 caractères par minute / 50
bits par seconde
Adoption progressive de l’ASCII 75 : le RTC offre un débit de 1 200 bit/s Lignes spécialisées louées à des prix
exorbitants par les PTT EDF et Sita créent leurs propres réseaux
Collaboration franco-américaine En 70, Louis Pouzin dirige une équipe
de recherche concernant un projet concurrent d’Arpanet : Cyclades, chercheurs de l’INRIA et du Cnet
Bien que concurrents, les 2 projets permettent l’échange de nombreux travaux de recherche, thèses… Notamment pour ce qui concerne la
commutation de paquets
Collaboration scientifique factuelle
Aux EU, 68 : BBN remporte l’AO de Larry Roberts pour la création du premier IMP (Interf? Msg. Proc.)
Fin 69 : 7 systèmes distants sont interconnectés - Arpanet est né
Fin 70 : création du protocole NCP (développement d’applications réseaux) Arpanet interconnecte 23 ordinateurs
hétérogènes sur 15 sites (50 kbits/s) Transpac (X.25) lancé en 1978 par les
PTT (développé par l’Inria et le Cnet)
Du mail à TCP/IP Juin 71: Création du protocole FTP Mars 72 : Ray Tomlinson de BBN conçoit un
logiciel simple de gestion du courrier électronique (apparition du caractère @)
1ère conf. Sur les télécom en octobre Novembre : le Darpa normalise SMTP Roberts convainc plusieurs pays de l’intérêt
de standardiser les protocoles de communication
La France, représentée par Rémi Despré (le père de X.25) rejoint le consortium
74 : Vinton Cerf et Robert Kahn publient les premières spécifications de TCP
Le LAN n’est pas en reste
En 72, Robert Metcalfe (Parc) crée un prototype de LAN visant à partager la première imprimante Laser de l’histoire
En 73, il baptise son invention Ethernet Cet ETHER est un câble coaxial « magique
En 74, ce câble offre des débits de 10 Mbits/s
En 79, Ethernet devient un standard (ISO 802.3) suite à son adoption par Dec, Intel et Xerox
AppleTalk, Token Ring et les autres En 72, une équipe de chercheurs du MIT
invente le réseau Token Ring (anneau à jetons) Projet finalisé au centre de R&D d’IBM en Suisse
(Zurich) En 85, IBM propose son premier produit
commercial basé sur TR : un « adapter » pour réseau de PC
TR est élu en 81 au rang de norme ISO 802.5
Fin 84, Apple lance AppleTalk qui sera décliné sur diférentes topologies (EtherTalk, TokenTalk…)
A cette époque, le réseau Arpanet compte déjà plus de 1 000 machines interconnectées