histoire et figures de la non-violence : de 1870 à 1909

56
Trombinoscope historique de la non-violence De 1870 à 1909 Étienne Godinot 01.01.2017

Category:

Education


2 download

TRANSCRIPT

Page 1: Histoire et figures de la non-violence : de 1870 à 1909

Trombinoscope historique de la non-violence

De 1870 à 1909 Étienne Godinot 01.01.2017

Page 2: Histoire et figures de la non-violence : de 1870 à 1909

Albert Schweitzer

(1875-1965), philosophe et médecin alsacien, musicien organiste, théologien protestant. En 1915, pendant son incarcération par l’armée française en tant que citoyen allemand, lui sont révélées l’idée et éthique du respect de la vie, inspiré des religions de l’Inde, qui le conduira au végétarisme.

Dans Kulturphilosophie, étude philosophique de la civilisation, aborde la pensée éthique à travers l’histoire et invite ses contemporains à mettre en œuvre une philosophie de respect de la vie.

Fonde en 1913 l’hôpital de Lambaréné au Gabon, un village-hôpital de bois, de tôle et de torchis où il soigne notamment les lépreux, et un hôpital-refuge pour les animaux. Prix Nobel de la paix (1952). Dénonce l’arme nucléaire à partir de 1954.

Comprend le christianisme non comme une religion axée sur l’au-delà, mais bien comme un message éthique devant transformer le monde.

« L'éthique c'est, la reconnaissance de notre responsabilité envers tout ce qui vit. » Voir aussi A. Schweitzer dans Spi et dans Nucl. 3

Page 3: Histoire et figures de la non-violence : de 1870 à 1909

Clemens August von Galen

(1878-1946). Allemand, évêque de Münster en Westphalie, surnommé "le lion de Münster" par son opposition au national-socialisme.

Durant l’été 1941, condamne les brutalités de la Gestapo *, porte plainte contre les crimes commis dans son diocèse, dénonce avec force le programme Aktion T4 d’assassinat des personnes ayant un handicap mental.

Ses sermons circulent en Allemagne et jusque sur les lignes de front.

Bormann veut le supprimer, mais Goebbels s’y oppose, car la population de Westphalie serait perdue pour la durée de la guerre.

En août 1941, Hitler fait interrompre l’élimination des malades.

* GeStaPo : GeheimeStaatsPolizei, police secrète d’État du régime nazi

C.A. v. G. est aussi dans le trombinoscope de la non-violence

Page 4: Histoire et figures de la non-violence : de 1870 à 1909

Pierre Ceresole

(1879-1945), Suisse, études à Zürich, voyage aux États-Unis, ingénieur au Japon.

En 1915, est profondément impressionné par le "refus de servir" de l'instituteur vaudois John Baudraz, et par l'absence de prise de position des Églises à son sujet.

Refuse de payer la "taxe militaire" (impôt remplaçant la participation à l'armée, Ceresole étant libéré de l'obligation militaire pour raisons de santé). 1ère condamnation à un jour de prison.

En novembre 1917, appelle à refuser les "idoles nationales".

En 1919, cofondateur aux Pays-Bas du Mouvement international de la Réconciliation. Devient le premier secrétaire général de cette nouvelle internationale de chrétiens refusant la guerre.

../..

Page 5: Histoire et figures de la non-violence : de 1870 à 1909

Pierre Ceresole

En 1920, crée le Service civil international (SCI), et ouvre près de Verdun, avec des amis allemands, autrichiens et anglais, le premier chantier (5 mois) de reconstruction.

En 1924, premier chantier de service civil en Suisse.

Rencontre plusieurs fois Gandhi en Inde.

Devient membre des quakers en 1936.

À deux reprises, en 1942 et 1944, se rend à pied en Allemagne. Nouvelles condamnations à la prison.

« Mieux vaut être au ban de tous les partis et de tout le monde que d'être complice »

« Cette idée de vouloir faire triompher la justice par la violence paraîtra un jour aussi bête et fausse que nous paraît la torture pour savoir la vérité ».

Photo : un chantier du SCI

Page 6: Histoire et figures de la non-violence : de 1870 à 1909

Morihei Ueshiba

(1883-1969). Japonais, maître-fondateur de l’aï-kido.

Influencé par Sokaku Takeda, grand-maître de jujutsu, puis par Onisaburo Deguchi, cofondateur de la religion Omoto Kyo inspirée du shintoïsme.

Une de ses grandes motivations est de promouvoir la résolution non-violente des conflits en enseignant un art accessible à tous et fondé sur le refus de la violence, l’union des efforts et non leur opposition.

« Une technique de défense qui ne passe pas par une attitude d’attaque, un art martial qui pratique la non- violence (…). Ce n’est pas se batte contre, mais avec l’adversaire, en profitant de l’énergie de l’autre pour le faire renoncer. L’aï-kido prouve l’inutilité de la force physique, qui ne rencontre que le vide »

Jean-François Blachon

Page 7: Histoire et figures de la non-violence : de 1870 à 1909

Louis Massignon

(1883-1962), universitaire et islamologue français.

Après une période d’athéisme et d’agnosticisme, se lie d’amitié avec Charles de Foucauld et retrouve la foi de son enfance.

Entre aux côtés de Lawrence d’Arabie dans Jérusalem libérée de l’occupation ottomane.

Soutient en 1922 une thèse sur le mystique et martyr soufi Mansur al-Hallaj, crucifié à Bagdad en 922.

Acteur majeur de l’établissement d’un dialogue entre l’islam et l’Église catholique. S’engage à fond pour la reconnaissance de la Palestine après 1948.

Président des Amis de Gandhi, dénonce pendant la guerre d’Algérie avec Lanza del Vasto, François Mauriac et l’abbé Pierre les exactions de la France envers les Algériens. Gardé à vue une nuit en 1960, à l’âge de 77 ans.

“À la limite, nous ne vivons pas ici-bas pour conquérir, mais pour témoigner, et passer à de plus jeunes que nous le témoignage.”

L.M. est aussi dans la trombinoscope de la non-violence

Page 8: Histoire et figures de la non-violence : de 1870 à 1909

Armin Wegner

(1886-1978), photographe allemand, poète, docteur en droit, écrivain.

Engagé volontaire comme infirmier dans l’armée allemande, est confronté à la détresse des Arméniens dans le désert de Mésopotamie.

En 1915, malgré une interdiction formelle, prend des clichés du génocide qui comptent parmi les premières sources photographiques conservées aujourd'hui. Publie en 1919 des textes qu’il a rédigés sur place et adresse à Wilson une lettre appelant à la création d’un État arménien.

Fonde en 1919 avec Helene Stöcker, Magnus Schwantje et d'autres le Bund der Kriegsdienstgegner ("Union des objecteurs de conscience").

Proteste contre les persécutions à l'encontre des Juifs dans l'Allemagne hitlérienne.

En avril 1933, écrit une lettre ouverte à Hitler pour protester contre la législation antisémite. Arrêté par la Gestapo, incarcéré dans plusieurs prisons et camps de concentration, parvient à s'enfuir en l'Italie.

Page 9: Histoire et figures de la non-violence : de 1870 à 1909

Georges Bernanos

(1888-1948), écrivain français. Catholique fervent, monarchiste passionné, rompt ensuite avec Maurras et L’Action Française en 1932.

Fustige un patriotisme perverti qui humilie l'ennemi allemand dans la défaite, s’engage contre la dictature de Franco en Espagne. Installé au Brésil, soutient la France Libre en 1940.

Écoeuré par l’épuration.

Dans les dernières années de sa vie, dénonce l'inconséquence de l'homme face aux progrès techniques effrénés qu'il ne pourra maîtriser, les perversions du capitalisme industriel, ne cesse de protester contre la bombe atomique et contre « la civilisation de la bombe atomique ».

« À un monde de violence et d’injustice, au monde de la bombe atomique, on ne saurait déjà plus rien opposer que la révolte des consciences, du plus grand nombre de consciences possible .»

« La barbarie polytechnique menaçante n’a plus devant elle que des consciences. » ../..

G.B. est aussi dans le trombinoscope de la non-violence

Page 10: Histoire et figures de la non-violence : de 1870 à 1909

Georges Bernanos

« Je pense depuis longtemps que si un jour les méthodes de destruction de plus en plus efficaces finissent par rayer notre espèce de la planète, ce ne sera pas la cruauté qui sera la cause de notre extinction, et moins encore, bien entendu, l'indignation qu'éveille la cruauté, ni même les représailles et la vengeance qu'elle s'attire, mais la docilité, l'absence de responsabilité de l'homme moderne, son acceptation vile et servile du moindre décret public.

Les horreurs auxquelles nous avons assisté, les horreurs encore plus abominables auxquelles nous allons maintenant assister, ne signalent pas que les rebelles, les insubordonnés, les réfractaires sont de plus en plus nombreux dans le monde, mais plutôt qu'il y a de plus en plus d'hommes obéissants et dociles. »

Page 11: Histoire et figures de la non-violence : de 1870 à 1909

Bhimrao Ramji Ambedkar

(1891-1956, surnommé Babasaheb Ambedkar), juriste et homme politique indien, originaire du groupe des Intouchables mahars. Doctorat d'économie à la Columbia University, aux États-Unis. En désaccord avec Gandhi sur la question d'une assemblée séparée pour les Dalits ou Intouchables et sur le principe d'une loi électorale de discrimination positive les favorisant. Pour faire valoir les droits des Intouchables, lance des mouve-ments de désobéissance civile, consistant notamment à leur permettre de rentrer dans des temples ou boire de l'eau dans les fontaines, ce qui leur est interdit par les Brahmanes. Ministre de la Justice dans le premier gouvernement de l'Inde indépendante, chargé par Nehru de rédiger la constitution du pays. Convaincu que l‘Intouchabilité, liée au système des castes, est consubstantielle à l'hindouisme, organise, peu avant son décès, la première conversion en masse de ses compagnons au bouddhisme en présence de 380 000 intouchables rassemblés à Nagpur. Rédige 22 vœux à prononcer par les convertis.

Page 12: Histoire et figures de la non-violence : de 1870 à 1909

Martin Niemöller (1892-1984), pasteur luthérien et théologien allemand. Officier sous-marinier pendant la 1ère guerre mondiale. Ordonné pasteur en 1924.

En 1933, appelle les pasteurs hostiles aux mesures antisémites à s'unir au sein d'une nouvelle organisation, le Pfarrernotbund, ("Alliance d’urgence des pasteurs") respectueuse des principes de tolérance énoncés par la Bible.

À la fin de l'année 1933, 6 000 pasteurs, soit plus d’1/3 des pasteurs protestants, ont rejoint ce groupe dissident.

Déchu de ses fonctions de pasteur en novembre 1933.

En automne 1934, rejoint Karl Barth, Dietrich Bonhoeffer, etc. pour fonder l'Église confessante (Bekennende Kirche), groupe protestant opposé à l’idéologie nazie.

Photos : - Niemöller en officier sous- marinier

- Évêques catholiques lors d’une rencontre de jeunes organisée par le parti

nazi au stade de Berlin-Neukölln en août 1933 ../..

Page 13: Histoire et figures de la non-violence : de 1870 à 1909

Martin Niemöller

Arrêté en 1937, envoyé au camp de concentration de Sachsenhausen, puis de Dachau et du Sud Tyrol.

Libéré par les Américains en juin 1945 après une grève de la faim de 44 jours, se consacre à la reconstruction de l'Église protestante d'Allemagne. Prêche que toute renaissance allemande exige au préalable que les Allemands reconnaissent leur culpabilité.

Président en 1961 du Conseil Œcuménique des Églises. Milite pour le désarmement nucléaire et contre la guerre du Vietnam.

« Lorsqu'ils sont venus chercher les communistes, je n'ai rien dit, je n'étais pas communiste. Lorsqu'ils sont venus chercher les syndicalistes, je n'ai rien dit, je n'étais pas syndicaliste.Lorsqu'ils sont venus chercher les Juifs, je n'ai rien dit, je n'étais pas Juif. Puis ils sont venus me chercher, et il ne restait plus personne pour protester ». (1942)

Carte de membre de la Bekennende Kirche (Église confessante)

Page 14: Histoire et figures de la non-violence : de 1870 à 1909

Joseph Cornelius Kumarappa

(1892-1960), économiste indien chrétien, ami et disciple de Gandhi. Études d’économie aux États-Unis.

Présenté par l’historien Ramachandra Guha comme "le Gandhi vert", fondateur de l'écologie moderne en Inde.

Son ouvrage The economy of permanence : A quest for a social order based on non-violence a été écrit en prison pendant le mouvement Quit India.

Identifie cinq types d’économies de nature différente : parasitaire, prédatrice, d’entreprise, grégaire et de service. L’économie de service est la plus haute forme d’économie.

Selon lui, l’économie actuelle, dominée par sa quête infinie de croissance, génératrice de dégradation de l’environnement et de troubles sociaux, est transitoire et sans avenir.

../..

Page 15: Histoire et figures de la non-violence : de 1870 à 1909

Joseph Cornelius Kumarappa

Voyage en Chine, en Europe orientale et au Japon et étudie les systèmes économiques ruraux.

Cofondateur en 1935 de la All India Village Industries Association.

Le Kumarappa Institute of Gram Swaraj ou KIGS (Institut Kumarappa pour l’autonomie des villages) est créé après sa mort, en 1967, à Jaïpur. Il élabore et fait évoluer des méthodes pour un développement autonome et équilibré.

Il vise particulièrement les femmes, les Intouchables et les populations tribales, les paysans pauvres et marginalisés.

Les projets de micro-développement reposent sur les besoins basiques des populations (agriculture et élevage, artisanat, énergie, adduction d’eau, petite industrie, hygiène) et la création de conseils de villages.

Page 16: Histoire et figures de la non-violence : de 1870 à 1909

Abdul Ghaffar Khan

(1892-1988). Personnage central de la vie politique en Inde, puis au Pakistan.

Chef d’une peuple de tradition guerrière, les Patchouns, présents en Afghanistan et au Pakistan.

Connu comme Badshah Khan, « Le roi des chefs », ou « le Gandhi de la frontière ».

Un des plus proches compagnons de Gandhi dès 1919, probablement le plus précieux pour réunir Musulmans et Hindous dans les campagnes de non-coopération.

À son exemple, des milliers de guerriers acceptent d’abandonner le fusil pour la chemise rouge, signe distinctif de l’armée pacifique des Serviteurs de Dieu qu’il avait créée.

../..

Page 17: Histoire et figures de la non-violence : de 1870 à 1909

Abdul Ghaffar Khan

15 années d’emprisonnement par les colonisateurs anglais.

Après la partition de l’Inde et la création du Pakistan, estime que les droits des Patchouns sont injustement bafoués.

Subit au Pakistan 16 nouvelles années d’incarcération entre 1947 et 1976.

Se réfugie en 1976 en Afghanistan, mais l’occupation soviétique ne lui permet pas de repos.

Mort en résidence surveillée.

« Je suis né soldat et je mourrai soldat »

Page 18: Histoire et figures de la non-violence : de 1870 à 1909

Stephen King Hall

(1893-1966), Britannique, officier de marine pendant 20 années de sa vie. Contre-torpillage des sous-marins allemands pendant la 1ère Guerre mondiale.

Siège à la Chambre des Communes de 1939 à 1945. Auteur d’une quarantaine d’ouvrages, dont 3 de stratégie.

Estime que l’arme nucléaire ouvre une ère nouvelle, et qu’il faut repenser totalement la défense. En 1958, critique la stratégie de dissuasion nucléaire, préconise un désarmement unilatéral de son pays et un système de résistance civile non-violente.

« Il ne faut pas assimiler l’aspect psychologique de notre défense civile à de la résistance passive, mais le penser plutôt en tant que véritable offensive lancée contre les esprits des forces d’occupation. »

Page 19: Histoire et figures de la non-violence : de 1870 à 1909

Basil Liddell Hart

(1895-1970), historien anglais, théoricien de la pensée militaire, considéré par Raymond Aron comme "le plus grand écrivain militaire de notre temps". Blessé 2 fois en 1916-1917.

Quitte l'armée en 1927 et travaille comme spécialiste des questions militaires pour le Daily Telegraph et le Times.

Développe sa théorie de l'approche indirecte, qui privilégie le harcèlement des lignes de ravitaillement et le contournement plutôt qu'une attaque frontale des positions ennemies.

Après la 2ème Guerre mondiale, peut interroger, pendant leur captivité, plus de 100 généraux ou officiers allemands qui avaient commandé des troupes d’occupation en Europe, sur les diverses formes de résistance qu’ils avaient rencontrées.

../..

Page 20: Histoire et figures de la non-violence : de 1870 à 1909

Basil Liddell Hart

En 1967, apporte à un ouvrage collectif dirigé par Adam Roberts une contribution essentielle :

"Les déclarations de ces généraux révélaient l'efficacité de la résistance non-violente.(...) D'après leur propres déclarations, ils avaient été incapables d'y faire face.

Ils étaient experts en violence, et avaient été entraînés à affronter des adversaires qui employaient des méthodes violentes.

Mais d'autres formes de résistance les déconcertaient, et cela d'autant plus que les moyens employés étaient subtils et secrets.

lls étaient soulagés quand la résistance devenait violente et quand, aux méthodes non-violentes, venaient se joindre des actions de guérilla. Car il était plus facile d'appliquer des mesures sévères de répression contre les deux formes de résistance à la fois."

Page 21: Histoire et figures de la non-violence : de 1870 à 1909

Acharya Vinoba Bhave

(1895-1982). Militant indien, fils d'une pieuse famille de brahmanes, un des proches et des héritiers de Gandhi, soucieux de mettre en place une société fondée sur le sarvodaya (bien-être de tous, promotion des plus pauvres).

Crée en 1951 le mouvement Boodhan ("don de la terre") qui organise la redistribution des terres entre riches et pauvres.

À la suite de marches et d’exhortations dans les villages, 5 millions d’hectares de terre sont donnés aux plus pauvres.

Crée en 1952 le mouvement Gramdan ("don du village") qui organise les villages au niveau économique (coopérative), politique (conseil de village) et culturel.

Décide de décéder selon les règles de la mort par inanition, se privant de nourriture pendant de nombreux jours, à l'âge de 87 ans, suivant une pratique sacrée commune aux ascètes hindous et jaïns, auto-sacrifice couronnant une vie pieuse en Inde.

Page 22: Histoire et figures de la non-violence : de 1870 à 1909

Dorothy Day

(1897-1980), journaliste et militante états-unienne.

Dès 1917, demande que les femmes incarcérées à la suite d’actions en faveur du suffrage féminin aient le statut de prisonnières politiques. Arrêtée à son tour, fait une grève de la faim de 10 jours dans sa prison.

En 1933, crée avec Peter Maurin le Catholic Worker Movement, qui rassemble les aspirations du christianisme social, du radicalisme militant et de l’anarchisme non-violent, promeut l’aide mutuelle directe, la solidarité avec les plus pauvres.

Plaide avec force pour le droit à l’objection de conscience, contre la guerre du Vietnam et les essais nucléaires. Invite ses concitoyens à la non-coopération et au refus de l’impôt.

À 75 ans, passe 12 jours en prison pour avoir participé à un piquet de boycott avec Cesar Chavez et les Farm-Workers.

Page 23: Histoire et figures de la non-violence : de 1870 à 1909

Otto et Elise Hampel

O. H. (1897-1943), ouvrier d'usine allemand. Épouse en 1935 Elise Lemme (1903-1943), domestique.

Après avoir appris que le frère d’Elise a été tué sur le front en France en 1940, encouragent la résistance contre le Troisième Reich.

De septembre 1940 à leur arrestation à l'automne 1942, écrivent plus de 230 cartes postales, les déposent dans les boîtes aux lettres, dans les cages d' escalier. Les cartes incitent les Allemands à refuser de coopérer avec les nazis, à s'abstenir de donner de l'argent, à refuser le service militaire et à renverser Hitler.

Bien que beaucoup de cartes aient été immédiate-ment portées à la Gestapo, ne sont identifiés qu’au bout de 2 ans. Jugés coupables de haute trahison”, décapités le 8 avril ‟1943 à la prison de Plötzensee à Berlin.

« Que sommes-nous devenus ? Un troupeau de moutons !Nous devons nous libérer des nos chaînes, sinon il sera trop tard ! »

Page 24: Histoire et figures de la non-violence : de 1870 à 1909

Albert Luthuli

(1897-1867). Homme politique sud-africain, professeur de littérature zoulou, puis chef de tribu.

Devint en 1952 président de l’African National Congress, organisation qui avait adopté une stratégie non-violente depuis sa fondation en 1912.

Emprisonné une année, en 1956. Boycott des autobus en 1957, grève générale en 1958, longue lutte après 1959 contre le port obligatoire d’un pass (laisser passer).

Prix Nobel de la paix en 1960, année du massacre de Sharpeville par la police (68 morts, 118 blessés).

Écrasé "accidentellement" ? par un train en 1967.

« Le boycott économique de l’Afrique du Sud entraînera sans aucun doute une période d’épreuves pour nous. Mais si cette méthode doit abréger le temps du massacre, notre souffrance est un prix que nous sommes disposés à payer. »

Page 25: Histoire et figures de la non-violence : de 1870 à 1909

Henri Roser

(1899-1981), pasteur protestant français. En janvier 1923, tandis que l’armée française occupe la Ruhr, renvoie ses papiers militaires au nom de l'Évangile.

Révoqué de sa charge d'officier, se déclare objecteur de conscience. En 1925, année de son mariage, devient secrétaire du Mouvement International de la Réconciliation (MIR) pour la France, puis pour l'Europe.

En 1939, opposé à la guerre, condamné à 4 ans de prison pour refus d'obéissance et insoumission, en sort après la défaite 1940.

Sauvetage d’enfants juifs d’Aubervilliers, contact avec les émissaires du général de Gaulle.

Prend position contre la répression à Madagascar en 1947, contre la guerre d’Indochine, contre la guerre d’Algérie et la torture, contre le réarmement de l’Europe et les essais nucléaires.

Préside pendant 25 ans La Croix Bleue, une association nationale consacrée à l’aide et à la guérison des alcooliques.

Page 26: Histoire et figures de la non-violence : de 1870 à 1909

Aldo Capitini

(1899 -1968). Philosophe italien, éducateur, poète, militant politique, emprisonné à 2 reprises pour ses activités anti-fascistes en 1942 et 1943.

Parfois appelé le "Gandhi italien", car l’un des premiers Italiens à prendre au sérieux et à faire connaître la pensée et l’action de Gandhi. Défend une spiritualité laïque.

En 1952, organise une conférence internationale pour la non-violence à Pérouse et crée un Centre international de coordination pour la non-violence.

La même année, tient une autre conférence à Pérouse pour étudier la non-violence à l'égard de la vie végétale et animale.

Fondateur du Movimento Nonviolento et de la revue mensuelle Azione Nonviolenta. Définit la non-violence comme « une manière de faire qui procède d’une manière d’être ».

Page 27: Histoire et figures de la non-violence : de 1870 à 1909

Joseph Lanza del Vasto

(1901-1981). Écrivain, poète, artiste, philosophe et militant, de père sicilien et de mère flamande.

En 1936, passe plusieurs mois près de Gandhi qui l'appelle Shantidas ("serviteur de paix"). En juin 1937, en pèlerinage aux sources du Gange dans l'Himalaya, reçoit une vision qui lui dit « Rentre et fonde ! »

En 1954, participe à la campagne de Vinoba Bhave pour la redistribution des terres.

Fonde en 1948 en France un ordre spirituel, laborieux et non-violent, L’Arche, dont les grands axes sont : respect de la nature, refondation sociale (autonomie économique maximale), résolution non-violente des conflits, conversion spirituelle, dialogue interreligieux.

L’Arche mène des luttes non-violentes (pendant la guerre d’Algérie, contre l’armement nucléaire, aux côtés des paysans du Larzac, contre les OGM, etc.) et s’est développée dans plusieurs pays.

../..

Page 28: Histoire et figures de la non-violence : de 1870 à 1909

Joseph Lanza del Vasto

Pour lui, dans l’homme, entre sensibilité et intelligence, il y a un équilibre, une harmonie à trouver, grâce à une troisième faculté qui fait leur unité : la volonté. C’est la "trinité spirituelle".

Dénonce les "quatre fléaux" de l'humanité contemporaine (guerre, sédition, misère, servitude) qui reposent sur l’avidité.

L’asservissement de l’homme à l’économique et à la technique, séparées de la sagesse, se manifeste dans l’abrutissement du travail à la chaîne et culmine dans la bombe atomique.

« Les exemples historiques d’action non-violente enseignent que le recours à la violence, douteux en tout temps, aujourd’hui désastreux, est désormais inutile.»

«Avec la bombe atomique, la non-violence est la découverte capitale du XXème siècle, l’une répondant à l’autre et obligeant l’humanité à choisir entre la mort et la vie. » ../..

Page 29: Histoire et figures de la non-violence : de 1870 à 1909

Joseph Lanza del Vasto

« Pensez que ces gens qui préparent la bombe nous parlent de tous les moyens de sécurité qu’ils ont mis en œuvre pour éviter les accidents, et qu’ils n’ont même pas pensé à ce que donnerait un bombardement sur leurs installations ! (…)

L’autre année, je me trouvais à New York, à Wall Street, là où il y a toutes les banques, toutes les tours pleines de dollars, de belle tours, hein, luisantes et noires ! Je me disais : une simple bombe arrivant là où j’ai mis les pieds, vous voyez ce que ça donnera ? (…) Naturellement, si nous avons la bombe, nous sommes à l’abri de tout ça ! » (interview en 1978)

« Moi, je vois le jour où les non-violents devront cacher les techniciens, les ingénieurs et les savants que le peuple accusera de nous avoir mis dans des catastrophes, s’apercevant enfin d’où viennent les périls mortels. »

Page 30: Histoire et figures de la non-violence : de 1870 à 1909

André et Magda Trocmé

(1901-1971), Pasteur français et théologien protestant, un des fondateurs du Collège Cévenol.

Affecté en 1934 au village du Chambon-sur-Lignon (Haute-Loire). Pendant la 2ème guerre mondiale, appelle la population à la résistance active sans violence et l’organise à sa mesure.

Avec son épouse Magda, la communauté protestante, le SCI, l’Armée du Salut, les Quakers, la CIMADE, etc., fait du Chambon une cité d’accueil et de sauvegarde de réfugiés juifs, allemands anti-nazis, français échappant au STO : recherche de fonds, fabrication de faux papiers, réseau d’alerte, mise au point de filières d’évasion, ouverture d’une école.

On estime à 5 000 le nombre de Juifs sauvés.

../..

Page 31: Histoire et figures de la non-violence : de 1870 à 1909

André Trocmé

Après la guerre, secrétaire itinérant du Mouvement international de la Réconciliation (MIR) pour l’Europe.

« La non-violence comporte dans la vie de tous les jours un choix entre deux alternatives dont l’une est plus proche que l’autre de l’obéissance à Jésus-Christ. C’est celle qu’il faut adopter coûte que coûte, même si elle est contraire aux exigences de l’État. Aucun gouvernement ne peut nous obliger à tuer. Il faut trouver le moyen de résister au nazisme sans tuer des hommes.»

Photos : - André Trocmé

- Le film de Jean-Louis Lorenzi (1994) inspiré de l’expérience du Chambon-sur-Lignon

Page 32: Histoire et figures de la non-violence : de 1870 à 1909

Théodore Monod

(1902-2000). Philosophe français, naturaliste, professeur et chercheur au Muséum national d’histoire naturelle.

Parcourt à pied les déserts africains à la recherche de météorites, fossiles, squelettes, plantes et minéraux. Recueille, répertorie et analyse plus de 20 000 échantillons.

Militant non-violent, prend part aux mouvements contre la guerre d’Algérie, l’apartheid, l’exclusion.

Végétarien, engagé contre la corrida, la chasse à courre, la vivisection, l’égorgement à vif des animaux et toutes les formes de maltraitance animale.

Théologien de tradition protestante, président de l’Assemblée Fraternelle des Chrétiens Unitariens (AFCU).

Membre du Mouvement International de la Réconciliation (MIR), estime que l’ "ère chrétienne", ou définie comme telle, s’est achevée le 5 août 1945 avec le bombardement d’Hiroshima.

../..

Page 33: Histoire et figures de la non-violence : de 1870 à 1909

Théodore Monod

Jeûne contre l’arme nucléaire chaque année du 6 au 9 août près du PC de déclenchement de l’arme nucléaire de Taverny, avec une pancarte « La préparation d’un crime est un crime ».

« Toutes les bombes sont naturellement répréhensibles et doivent être supprimées, mais la bombe atomique, c’est diabolique, inexpiable… »

« Le christianisme n’a pas échoué : il n’a pas encore été essayé ! Si l’on appliquait l’Évangile, ce serait une révolution extraordinaire.»

Voir aussi T.M. dans le trombinoscope des chercheurs de sens

Page 34: Histoire et figures de la non-violence : de 1870 à 1909

Jayaprakash Narajan

(1902-1979), connu sous le nom de "JP" (prononcer JiPi). Militant gandhien et responsable politique indien.

Emprisonné à plusieurs reprises pendant la lutte pour l’indépendance.

Voyant que le Congrès s’écarte des idées de Gandhi dès 1948, fonde le parti socialiste Praja puis s’engage quelques temps aux côtés de Vinoba Bhave dans le mouvement de redistribution des terres.

Alors de Nehru ne reconnaît pas la souveraineté du Tibet et ne reconnaît pas le gouvernement du Dalaï-lama en exil, entraîne les socialistes du Lok Sabha ("Chambre du peuple") dans un groupe de pression protibétain.

Fonde dans les années 1970 les mouvements Citizens for Democracy et Peoples Unions for Civil Liberties.

../..

Page 35: Histoire et figures de la non-violence : de 1870 à 1909

Jayaprakash Narajan

Plaide pour un programme de transformation sociale conforme aux orientations gandhiennes, qu’il appelle sampurna kranti (« révolution totale »), et devient la véritable conscience politique de l’Inde.

Lorsqu’Indira Gandhi décrète l’état d’urgence, organise en juin 1975 une manifestation de 100 000 personnes à Patna. Est emprisonné quelques mois. Fonde ensuite le Janata Party, qui fera chuter Indira Gandhi aux élections de 1977.

« Une des conséquences négatives de la révolution violente, c’est que le pouvoir finit par être usurpé le plus souvent par d’anciens révolutionnaires. Ceci est inévitable quand le pouvoir vient des fusils, car les fusils ne sont pas dans les mains des couches moyennes. C’est pourquoi une révolution violente a toujours apporté une dictature d’une espèce ou d’une autre. »

Page 36: Histoire et figures de la non-violence : de 1870 à 1909

Isaac Bashevis Singer

(1902-1991), écrivain juif polonais.

Pour fuir l'antisémitisme, quitte la Pologne pour les États-Unis en 1935 avec son frère Joshua et devient citoyen américain en 1943.

Dans les années 1970, établit des liens entre le comportement humain envers le monde animal et celui des nazis envers les Juifs durant le second conflit mondial, et devient un végétarien militant. Prix Nobel de littérature en 1978.

Une femme lui demande s’il évite de manger du poulet "pour des raisons de santé". " - Oui, pour la santé des poulets !"

« Tout ce que les nazis ont fait aux Juifs, nous le pratiquons aujourd’hui sur les animaux. Un jour, nos petits-enfants nous demanderont :« Où étais-tu pendant l’holocauste des animaux ? Qu’as-tu fait contre ces crimes terrifiants ? »

« Il n’y a pas de meilleur moyen de servir le créateur que d’être bon pour ses créatures (…) Le végétarisme est ma religion, ma protestation. »

Page 37: Histoire et figures de la non-violence : de 1870 à 1909

Bruno Bettelheim

(1903-1990). Psychanalyste et pédagogue états-unien d’origine autrichienne et juive.

Directeur pendant 30 ans de l’école d’orthogénie de l’université de Chicago.

À la suite de son expérience en camp de concentration, écrit sur les phénomène psychologiques à l’oeuvre entre les prisonniers et leurs tortionnaires.

« L’État SS n’aurait jamais pu fonctionner sans la coopération des victimes. Plus spécifiquement, les SS auraient été incapables de tenir les camps sans la collaboration de nombreux prisonniers, en général involontaire, dans certains cas accordée avec répugnance, mais beaucoup trop souvent empressée. (…)

Rétrospectivement, il apparaît très clairement que seul un refus total de collaboration de la part des Juifs aurait pu offrir une petite chance de contraindre Hitler à une solution différente.»

Page 38: Histoire et figures de la non-violence : de 1870 à 1909

Éric Weil

(1904-1977), philosophe français d’origine allemande et juive, ayant fui le nazisme en 1933.

Fonde la revue Critique avec Georges Bataille. Professeur à la faculté de lettres de Lille puis de Nice.

Fidèle à la conception kantienne du devoir et de la morale, son œuvre tout entière est fondée sur une réflexion sur la violence et la non-violence, mais son erreur décisive et de ne pas avoir distingué la force et la violence.

« Le philosophe veut que la violence disparaisse du monde. »

« La philosophie se réalise et se termine dans l’action. (…) Toute fuite est interdite. »

« La non-violence est le point de départ comme le but final de la philosophie. »

« Le progrès vers la non-violence définit pour la politique le sens de l’histoire. »

Page 39: Histoire et figures de la non-violence : de 1870 à 1909

Emmanuel Mounier

(1905-1950), un des premiers philosophes français à avoir intégré la non-violence dans ses réflexions.

Fondateur en 1932 la revue Esprit, qui se présente comme troisième force entre le capitalisme et le marxisme et développe la conception du "personnalisme".

Participe pendant la guerre au journal Combat, puis à la réconciliation franco-allemande.

Avec son maître spirituel Jacques Maritain, s’intéresse à la philosophie et à l’action politique de Gandhi.

Définit la non-violence comme « politique de la vertu de force qui rejette toute alliance avec la peur et la faiblesse », revendique « un droit insurrectionnel non-violent contre les lois injustes. »

../..

Page 40: Histoire et figures de la non-violence : de 1870 à 1909

Emmanuel Mounier

“La non-violence n’est pas un état de tranquillité que l’on atteint en deçà de la violence, elle est un état de maîtrise et de tension que l’on conquiert par-delà la violence. Seul celui qui est capable de violence, et, par dessus le marché, de réfréner sa violence, est capable de non-violence”

Il importe “d’étudier et d’éprouver tout le champ encore inexploré des méthodes non-violentes, sans jamais perdre de vue leur efficacité et en tâchant de rattraper le temps perdu”

N’écarte pas la possibilité de la contre-violence, mais “nous aurons auparavant essayé héroïquement tous les moyens non-violents qui sont à notre disposition, et n’accepterons la violence que comme un dernier pis-aller.”

«Nous savons lutter contre l’incendie, contre la peste, contre le vol, nous ne savons pas encore lutter à armes égales contre la guerre.»

Page 41: Histoire et figures de la non-violence : de 1870 à 1909

Dietrich Bonhoeffer

(1906-1945), pasteur luthérien évangélique, théologien, écrivain allemand.

Assistant à l’université de Berlin, une année à New-York, une à Londres.

En 1935, rejoint l’Église confessante, opposée au nazisme, dissoute en 1937.

Interdit d’enseigner, dirige un séminaire pastoral clandestin.

À Stockholm, donne aux Britanniques des preuves de l’extermination des Juifs et leur demande de l’aide pour éliminer Hitler.

Arrêté le 5 avril 1943 sous l'inculpation d’ "affaiblissement du potentiel de guerre de l'Allemagne", emprisonné à la prison militaire de Tegel à Berlin puis à Buchenwald.

Condamné à mort par la Cour martiale, comme l'amiral Wilhelm Canaris et le général Hans Oster, pendu dans le camp de Flossenburg le 9 avril 1945.

../..

Page 42: Histoire et figures de la non-violence : de 1870 à 1909

Dietrich Bonhoeffer

« La bêtise est une ennemie du bien plus dangereuse que la méchanceté. On peut protester contre le mal, le mettre à nu, l’empêcher par la force. Nous sommes impuissants contre la bêtise

(…). N’importe quel déploiement de puissance extérieure, politique ou religieuse, frappe de bêtise une grande partie de l’humanité. La puissance des uns a besoin de la bêtise des autres »

1er janvier 1943

« En s’en tenant au seul devoir, on ne court jamais le risque d’une action responsable qui seule peut atteindre le mal en son centre et le vaincre. (…)

Une notion fondamentale nous manquait : celle de la nécessité d’une action libre et responsable, même en opposition à la mission et à l’ordre qu’on nous dictait. (…)

Le courage civique ne peut naître que de la libre responsabilité d’un homme libre. »

Photo du bas : Statue de bronze de Bonhoeffer à Hamburg

Page 43: Histoire et figures de la non-violence : de 1870 à 1909

Franz Jägerstätter

(1907-1943) Agriculteur et objecteur de conscience autrichien.

En 1938, après que les troupes d'Hitler ont pénétré en Autriche, seul de son village à voter contre l'Anschluss.

Alors père de trois filles, est appelé au service actif en février 1943. Refuse de combattre pour le IIIème Reich.

Emprisonné à Linz, puis à Berlin, condamné à mort par un tribunal militaire, décapité le 9 août 1943 à la prison de Brandenburg.

Béatifié par le pape Benoît XVI à la cathédrale de Linz le 26 octobre 2007, jour de la fête nationale autrichienne.

« Si Dieu ne m'avait pas accordé sa grâce et la force de mourir, si nécessaire, pour défendre ma foi, je ferais peut-être simplement ce que fait la majorité des gens ».

Photo du bas : Plaque à son hommage à Berlin

Page 44: Histoire et figures de la non-violence : de 1870 à 1909

Jacques de Bollardière

(1907-1986). Général français.

Campagne de Norvège. Condamné à mort par un tribunal militaire du régime de Vichy. Batailles en Égypte, Érythrée, Lybie, maquis des Ardennes, Hollande. Compagnon de la Libération.

En Indochine, prend conscience qu’il participe à une guerre coloniale.

Colonel pendant la guerre d’Algérie, créé une Section adminis-trative spéciale (SAS) pour remplacer dans les zones inaccessibles une administration défaillante, met sur pied des "commandos noirs", formés de 7 ou 8 volontaires qui partagent la vie des populations.

En opposition avec le général Massu, s’oppose à la torture.

Condamné à 60 jours de forteresse pour avoir confirmé les récits de Jean-Jacques Servan-Schreiber sur la torture dans L’Express.

Démissionne de l’armée après le putsch des généraux. Cadre d’entreprise et animateur social en Bretagne.

../..

Page 45: Histoire et figures de la non-violence : de 1870 à 1909

Jacques de Bollardière

Découvre la non-violence en 1970 lors d’une conférence de Jean-Marie Muller où l’emmène son épouse Simone.

Manifeste à Mururoa son opposition aux essais nucléaires français en 1973, renvoie sa plaque de Grand Officier de la Légion d’Honneur.

Co-fondateur du Mouvement pour une Alternative Non-violente (MAN) en 1974. Préconise une défense civile non-violente, soutient les paysans du Larzac menacés d’expropriation par l’armée, s’investit dans les luttes écologiques.

Rongé par le cancer, défend au tribunal en 1985 Jean-Louis Cahu, officier de tir de missiles nucléaires déserteur du plateau d’Albion.

« Je suis scandalisé que ces méthodes (de résistance civile non-violente) ne soient pas ouvertement exposées dans les différentes instances où s’élabore la pensée militaire française. »

Photo du bas : Inauguration du carrefour Général Jacques Pâris de Bollardière à Paris par Bertrand Delanoé, Maire, en présence de Simone de Bollardière

Page 46: Histoire et figures de la non-violence : de 1870 à 1909

Piotr Grigorenko

(1907-1987), Ukrainien, vétéran de la 2ème guerre mondiale, général de division dans l’armée soviétique.

En 1961, critique la politique de Khrouchtchev, est muté à titre de punition dans l’extrême Est du pays. Devient membre du Helsinki Watch Group à Moscou .

Condamné à l’emprisonnement psychiatrique en 1964-1965, déchu de ses grade militaire, médailles, et prestations de retraite. Figure de proue dans le mouvement de défense des droits de l'homme.

Arrêté en mai 1969 et interné pendant cinq ans pour "schizophrénie paranoïde" à l'hôpital de la prison de Chernyakhovsk.

En 1977, après un traitement médical aux États-Unis, est déchu de la nationalité soviétique.

« Les convictions ne sont pas comme des gants, on ne peut pas facilement les retourner ».

Page 47: Histoire et figures de la non-violence : de 1870 à 1909

Solomon Asch

(1907-1996), né en Pologne, émigre aux États-Unis en 1920. Psychologue d'inspiration gestaltiste et pionnier de la psycho-

logie sociale. Directeur de thèse de Stanley Milgram à l’université d’Harvard.

Dans les années 1950, mène des recherches sur le conformisme dans les groupes. Montre qu'un sujet répondant après plusieurs personnes qui se trompent unanimement a tendance à répondre comme elles en dépit d'une évidence objective.

Son expérience sur une centaine d’étudiants et professeurs d’université monte que 7 personnes sur 10, sous la pression de l’avis des autres, finissent par affirmer qu’une ligne de 25 centimètres est plus longue qu’une ligne de 30 centimètres…

Si dans le groupe des comédiens qui répondent faux, on ajoute un autre comédien qui donne la bonne réponse, cela suffit généralement à faire disparaître l’influence du groupe.

Page 48: Histoire et figures de la non-violence : de 1870 à 1909

Jean Lasserre

(1908-1983), Français, pasteur de l’Église réformée de France.

Lors de ses études de théologie à New York, rencontre et influence Dietrich Bonhoeffer.

Pasteur dans diverses villes de 1953-1961, puis secrétaire itinérant du Mouvement international de la réconciliation, et rédacteur de son journal Les Cahiers de la réconciliation durant de nombreuses années.

Milite contre l'alcoolisme, la prostitution, le racisme. Participe à de très nombreuses actions non-violentes, fait partie de l'équipe recevant Martin Luther King à Lyon en 1966.

Anime de nombreux groupes et donne des conférences dans les pays francophones (France, Belgique, Suisse) sur les thèmes lui tenant à cœur : déshonorer la guerre, la violence et l'exploitation sous toutes les formes, favoriser l'objection de conscience et la non-violence évangélique active, l'entraide et la solidarité.

Page 49: Histoire et figures de la non-violence : de 1870 à 1909

Mahmoud Muhammad Taha(1908-1985), ingénieur hydraulicien, parfois surnommé "le Gandhi

soudanais". Condamné à deux ans de prison en 1946 pour s’être opposé aux Anglais durant la colonisation du Soudan.

Crée des communautés d’homme et de femmes, les Frères républicains, sous le signe du partage des biens, de la prière, de la réflexion, du débat d’idées. Propose d’abandonner la charia du Mahomet de Médine (guerre contre les infidèles) pour établir la vraie charia de la Mecque (combat non-violent contre l’égoïsme et la violence). Affirme que la constitution soudanaise doit être réformée pour réconcilier « le besoin individuel de liberté absolue et le besoin commun de justice sociale totale ».

Condamné dès 1968 comme hérétique par les responsables religieux. S’oppose au général Gaafar Nimeiry après la promulgation d’un code pénal conforme à la charia. Condamné à mort pour « hérésie, opposition à l’application de la loi islamique, trouble à la sécurité publique, incitation à s’opposer au gouvernement, et reconstitution d’un parti politique interdit.»

Pendu en janvier 1985 dans sa prison à Khartoum.

Page 50: Histoire et figures de la non-violence : de 1870 à 1909

Simone Weil

(1909-1943), philosophe et écrivaine française née dans une famille juive mais agnostique. École Normale Supérieure, agrégée de philosophie puis ouvrière à la chaîne.

Résistante au franquisme et au nazisme. Séjour aux États-Unis.

Rédactrice dans les services de la France Libre à Londres en 1942 .

Dénonce la violence dans le système industriel, dans les mécanismes de la vie collective (partis politiques, système pénal, etc.), dans le nationalisme et le miltarisme, et même dans les luttes de libération.

Son expérience de la guerre civile espagnole lui montre la perversité de l’utilisation de moyens en contradiction avec la fin recherchée.

S’indigne surtout de la collusion du christianisme avec la violence, au point de refuser le baptême après sa conversion.

../..

Page 51: Histoire et figures de la non-violence : de 1870 à 1909

Simone Weil

Qu’on exerce la violence ou qu’on la subisse, « de toutes manière son contact pétrifie et transforme un homme en chose. »

« Frapper ou être frappé, c’est une seule et même souillure. Le froid de l’acier est pareillement mortel à la poignée et à la pointe. »

Nous tuons « pour nous venger d’être mortels. »

« S’efforcer de devenir tel qu’on puisse être non-violent .(…) S'efforcer de substituer de plus en plus, dans le monde, la non-violence efficace à la violence."

« L’amour fait la guerre aussi bien que la paix. Amour va à la guerre plus naturellement qu’à la paix, par ce fanatisme qui fonde la tyrannie (…) La paix ne sera pas fondée par l’amour, mais par la pensée. »

« La plénitude de l'amour du prochain, c'est simplement d'être capable de lui demander : "Quel est ton tourment ?" »

« La religion en tant que source de consolation est un obstacle à la véritable foi, et en ce sens l'athéisme est une purification.»

S.W. figure aussi dans le trombinoscope de la non-violence

Page 52: Histoire et figures de la non-violence : de 1870 à 1909

Saul Alinsky

(1909 -1972). Sociologue, homme d’action et stratège états-unien, fils de parents juifs immigrés de Russie.

Se consacre à l’organisation des habitants dans les quartiers les plus pauvres de Chicago, puis dans diverses régions des États-Unis.

Père du Community organizing, précurseur des méthodes d’empowerment (confiance en soi), processus qui permet à chacun de prendre conscience de ses problèmes et lui donne accès aux instruments qui permettent de faire des choix, d’avoir une conscience politique et d’agir.

Son manuel d’action non-violente apprend à affaiblir l’adversaire en désorganisant son pouvoir pour le conduire à la négociation, dans la démocratie et dans le pragmatisme.

« Il faut être politiquement insensé pour dire que le pouvoir est au bout du fusil quand c’est l’adversaire qui possède tous les fusils. »

../..

Page 53: Histoire et figures de la non-violence : de 1870 à 1909

Saül Alinsky

Quelques règles d’or d’Alinsky dans l’éducation, le travail social, la politique de la ville :-Le point de départ est le système, la réalité ;-La boussole de toute action est la dignité humaine. « Ne demande pas tes droits, prends-les ! » ;-Ne jamais faire à la place de quelqu’un ce qu’il peut faire lui-même ;-Processus et objectif sont indissociables ;-Imagination, créativité, humour, solidarité, alliances ponctuelles. Agir pour le plaisir d’être ensemble, pour mener sa vie, pas pour voir l’adversaire à terre. Fêter les victoires.

« S’il y a un au-delà, j’irai en enfer, mais en arrivant, je commencerai à organiser les plus démunis que je trouverai ! Ce sont mes frères !»

Page 54: Histoire et figures de la non-violence : de 1870 à 1909

Helder Camara

(1909-1999). Brésilien, évêque catholique d’Olinda et Recife de 1964 à 1985.

Quitte son palais épiscopal et s’installe dans une modeste maison au cœur d’un bidonville.

Défenseur des droits humains, figure de la théologie de la libération, s’engage au côté des plus pauvres.

Marginalisé dans l’épiscopat brésilien et opposant à la dictature des généraux entre 1964 et 1985, fait une tournée de conférences en Europe, dénonce la torture, la dictature, la misère, la guerre du Vietnam, les ventes d’armes.

Se référant à Gandhi et à Martin Luther King, met en place une pastorale dirigée vers le service des pauvres, souhaite que les prêtres soient formés à l’action sociale comme à la théologie.

../..

Page 55: Histoire et figures de la non-violence : de 1870 à 1909

Dom Helder Camara

Son successeur nommé par Jean-Paul II, Jose Cardoso Sobrinho, fera table rase de toute l’action de son prédécesseur.

« Quand je donne à manger aux pauvres, on m’appelle un saint. Quand je demande pourquoi il y a des pauvres, on me traite de communiste »

« Il y a trois sortes de violence. La première, mère de toutes les autres, est la violence institutionnelle, celle qui légalise et perpétue les dominations, les oppressions et les exploitations.

La seconde est la violence révolutionnaire qui naît de la volonté d’abolir la première. La troisième est la violence répressive qui a pour objet d’étouffer la seconde en se faisant complice de la première. »

Don H.C. figure aussi dans le trombinoscope des spirituels

Page 56: Histoire et figures de la non-violence : de 1870 à 1909

Kwame Nkrumah

(1909-1972), homme politique indépendantiste et panafricaniste ghanéen (ex-Côte de l’Or). Études en Angleterre et aux États-Unis.

Secrétaire général du parti indépendantiste UGCC (United Gold Coast Convention), qu'il quitte pour fonder un parti de masse, le Convention People's Party (CPP).

Appelle au boycott et à la désobéissance civile. Emprisonné par les autorités britanniques jusqu'en 1951.

Premier ministre du Ghana indépendant (1957-1960), puis président (1960-1966).

Devient dictateur après 1961, s’abîme dans la contemplation de sa grandeur, se fait appeler l’Osagyefo ("le rédempteur").

Proie facile d’un coup d’État militaire, exilé dans la Guinée de son ami Ahmed Sékou Touré, autre dictateur. ■