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I n t r o d u c t i o n La mesure L L a a m m e e s s u u r r e e à à l l a a r r e e c c h h e e r r c c h h e e Les objectifs pédagogiques et le sommaire Savoir définir la mesure. Savoir mesurer des concepts par opposition aux objets. Se conscientiser à l’imprécision et à l’instabilité de la mesure dans les sciences sociales. Savoir transformer un concept en variable. Savoir comment mesurer un concept. Savoir énumérer les étapes de l’opérationnalisation d’une variable. Savoir définir et expliquer les étapes de l’opérationnalisation. Savoir classifier les échelles de mesure. Savoir déterminer l’échelle de mesure appropriée. Savoir déterminer la catégorie d’une échelle de mesure. Le sommaire 1. Définition 2. Du concept à la variable 3. Les étapes de l’opérationnalisation des concepts 4. Les échelles de mesure 5. Comment fait-on pour déterminer le niveau de mesure ? 6. L’opérationalisation d’un concept 7. Pourquoi mesurer ? 8. Je fais mes exercices Page 1 Introduction à la recherche Donald Long l[email protected] (506) 858-4886 Centre de Recherche et de Développement en Éducation (CRDE) Université de Moncton, N.-B. Canada E1A 3E9

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I n t r o d u c t i o n

La mesure à l a r e c h e r c h e

LLaa mmeessuurree àà ll aa rr ee cc hh ee rr cc hh ee

Les objectifs pédagogiques et le sommaire

Savoir définir la mesure. Savoir mesurer des concepts par opposition aux objets.

Se conscientiser à l’imprécision et à l’instabilité de la mesure dans les sciences sociales.

Savoir transformer un concept en variable. Savoir comment mesurer un concept.

Savoir énumérer les étapes de l’opérationnalisation d’une variable. Savoir définir et expliquer les étapes de l’opérationnalisation.

Savoir classifier les échelles de mesure. Savoir déterminer l’échelle de mesure appropriée.

Savoir déterminer la catégorie d’une échelle de mesure.

Le sommaire

1. Définition 2. Du concept à la variable

3. Les étapes de l’opérationnalisation des concepts 4. Les échelles de mesure

5. Comment fait-on pour déterminer le niveau de mesure ? 6. L’opérationalisation d’un concept

7. Pourquoi mesurer ? 8. Je fais mes exercices

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1. Définition D’après Nunnally (1978), la mesure a pour but d’assigner des nombres à des objets, à des événements ou à des personnes selon certaines règles de manière à représenter la valeur que possède un attribut spécifique. Quel est le véritable rôle des nombres en mesure ? Leur rôle est de distinguer les choses ou les individus par rapport au degré avec lequel ils possèdent une caractéristique. On peut, par la suite, les ordonner en fonction de la caractéristique.

Le quotient intellectuel (Q.I.) est un indice composé. L’individu est classé selon son score sur cette échelle. Plus

son score est élevé, plus il possède cette caractéristique définie opérationnellement comme l’intelligence.

L’instrument ne fait, en définitive, que mesurer des manifestations de l’intelligence,

et non l’intelligence comme telle. Un autre exemple serait la note de 60 % obtenue par un élève à une épreuve de chimie. L’étendue des scores possibles va

de 0 à 100 %. Le pourcentage de 60 nous indique la proportion réussie par rapport au total du contenu de

l’épreuve. Ce pointage ne nous informe pas sur la position de l’élève par rapport aux autres élèves de sa classe.

Si cet élève avait obtenu un percentile de 60, nous aurions pu

dire que 60 % des élèves ont moins bien réussi que lui. Chaque échelle de mesure est particulière.

L’utilisation d’une règle de mesure vient de la nécessité de mesurer des choses de manière constante et de permettre des comparaisons par la suite. Les comparaisons ne sont possibles que si la mesure constitue un commun dénominateur entre les caractéristiques ou les variables mesurées. On ne peut s’imaginer un monde où les instruments de mesure varieraient d’un pays à l’autre, par exemple. Une onze d’or en Afrique reste une onze d’or une fois arrivée au Canada. Ou encore, deux menuisiers ne peuvent utiliser des instruments de mesure différents en construisant la même maison : vous imaginez déjà le fiasco. La nécessité de posséder des unités de mesure uniformes va de soi, on en conviendra.

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Il ne faut pas s’étonner non plus de la nécessité de se servir d’instruments fidèles qui minimisent les erreurs de mesure, l’erreur de mesure étant la différence entre le score véritable et le score obtenu. Reconnaissons qu’en sciences sociales, même si les instruments de mesure sont fidèles, les êtres humains, eux, sont instables. Le thermomètre est un instrument de mesure répandu. Il est bâti selon des critères précis et universels. Il fait son travail toujours de la même façon. Lorsqu’il indique une température de 24 degrés Celsius au Canada, il indiquera 24 degrés pour la même température en Chine. Parce que nous utilisons tous le même instrument sur l’ensemble de la planète, les lectures de température (la température étant considérée comme une variable) sont comparables partout : nous nous référons tous au même critère de comparaison, en fait.

Les erreurs de mesure en sciences sociales

sont moins dues aux instruments qu’aux individus

qui sont soumis à ces mesures. Dans les sciences sociales, nos instruments de mesure sont plus sujets aux erreurs et les résultats s’avèrent moins fiables que ceux obtenus avec des instruments de mesure dans un laboratoire de physique et de biologie, par exemple. Les erreurs sont plus fréquentes en mesurant des concepts qu’en mesurant de la matière ou des objets.

2. Du concept à la variable Les objets concrets se prêtent aisément à toutes sortes de mesure, par exemple leur poids, leur volume, leur résistance ou leur longueur. Mais, quand il s’agit de mesurer un concept quelconque, la tâche devient plus complexe. Un concept c’est une abstraction qui n’est pas directement observable. Cependant, ses manifestations, incorporées dans une définition opérationnelle, le sont. Les concepts sont convertis en indicateurs ou variables. La personnalité d’un individu n’existe pas dans la réalité : c’est une construction mentale que nous faisons à partir d’une multitude d’indicateurs. Il en est de même pour l’intelligence. La preuve : quand avez-vous parlé à une intelligence pour la dernière fois ? Comment était-elle vêtue ?

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On ne mesure pas le concept lui-même,

mais plutôt ses manifestations. Certaines variables sont directement observables, telles que la longueur des bras, la respiration et la force musculaire. D’autres variables ne peuvent être observées qu’indirectement. Par exemple, la satisfaction au travail, l’estime de soi, le stress ou les valeurs sociales). Dans ces cas, on mesure les manifestations d’un concept plutôt qu’une réalité palpable, concrète. Le concept est défini par le cadre conceptuel. Il est ensuite traduit dans le cadre opérationnel en variable. Le concept devient une variable lorsqu’il est mesuré, quantifié.

Cadre conceptuel Mesure Cadre opérationnel

Concept Instrument ou échelle Variables

La définition opérationnelle consiste à définir de manière empirique un concept à l’aide d’un ou de plusieurs indicateurs quantifiés selon une mesure à la fois précise et universelle.

3. Les étapes de l’opérationnalisation d’un concept

Il n’existe pas de formule magique pour transformer un concept théorique en une variable empirique. Cependant, en respectant les quatre étapes suivantes, l’objectif devient réalisable.

Les étapes sont les suivantes (1) Définir le concept

(2) Déterminer les dimensions du concept (3) Attribuer des indicateurs empiriques à ces dimensions

(4) Élaborer les échelles de mesure Reprenons chacune de ces quatre étapes en nous servant de l’exemple de la page suivante. Une échelle de satisfaction des étudiants a été construite en anglais, puis traduite en français. Le concept à l’étude est celui de la satisfaction des étudiants à l’égard des cours universitaires. Les auteurs de l’échelle ont convenu Page 4 Introduction à la recherche Donald Long [email protected] (506) 858-4886 Centre de Recherche et de Développement en Éducation (CRDE) Université de Moncton, N.-B. Canada E1A 3E9

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de mesurer ce concept par sept dimensions distinctes. Chacune de ces dimensions est mesurée par sept indicateurs, même si nous en reproduisons seulement trois pour chaque dimension. Chacune de ces dimensions comprend des indicateurs. Ces indicateurs n’ont pas été choisis au hasard. Après plusieurs essais, on finit par déterminer, surtout à l’aide d’analyses factorielles, les indicateurs qui définissent une dimension spécifique. Après ce tri logique et statistique, on établit des indicateurs homogènes.

Les informations concernant le questionnaire de satisfaction des étudiants à l’égard des cours universitaires

Questionnaire mis au point par B.J. Fraser, D.F. Treagust, J.C. Williamson , et K.G. Tobin, (1986). Validation and application of the College and University Classroom Environment Inventory (CUCEI).

Dans B.J. Fraser, The Study of Learning Environments, Vol. 2. Perth, Curtin University of Technology.

Traduit par G.G. Busugutsala, (1998) Étude de la relation entre le climat de la classe et la satisfaction des étudiants dans un contexte universitaire. The Canadian Journal of Higher

Education, La revue canadienne d’enseignement supérieur, Volume 28, Nos. 2,3, 1998, pages 121-152

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Première dimension : Personnalisation L’accent est mis sur les chances des étudiants d’interagir avec le professeur en

classe, et sur l’intérêt porté par celui-ci à leur bien-être personnel. Le professeur tient compte des besoins des étudiants. Le professeur fait tout son possible pour aider les étudiants. Le professeur aide tout étudiant qui éprouve des difficultés dans ses travaux.

Deuxième dimension : Participation L’étendue de l’engagement et de la participation active et attentive des

étudiants aux discussions en classe. Je fais un effort pour bien travailler dans ce cours. Les étudiants ont leur mot à dire dans l’organisation du cours. Je sais exactement ce que je dois faire pour ce cours.

Troisième dimension : Cohésion de groupe L’étendue de la connaissance et du soutien mutuel ainsi que le degré d’amitié

et de solidarité que les étudiants ont entre eux. Les étudiants de ce cours se connaissent bien. Les étudiants de ce cours ont peu d’occasions de se connaître. Les étudiants de ce cours apprennent à bien se connaître. ………

Quatrième dimension : Motivation

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Le plaisir et la satisfaction que l’on éprouve lorsqu’on est en train d’apprendre et de se surpasser dans son travail d’étudiant.

J’ai hâte de venir à ce cours. Ce cours est ennuyant. J’aime venir à ce cours. …………

Cinquième dimension : Intérêt pour la tâche Le degré de clarté et de la structuration efficace des activités

qui se font en classe. Les objectifs de ce cours sont formulés clairement. Les activités d’apprentissage de ce cours sont claires. La variété des travaux demandés aux étudiants est enrichissante. ………..

Sixième dimension : Innovation La quantité et la qualité des activités d’apprentissage

nouvelles et novatrices que le professeur planifie. Dans ce cours, des méthodes pédagogiques nouvelles sont rarement utilisées. Le professeur prépare souvent des activités originales pour ce cours. Les méthodes d’enseignement de ce cours sont caractérisées par l’innovation. ………..

Septième dimension : Individualisation La façon dont les étudiants sont associés au processus décisionnel et sont

traités selon leurs différences individuelles d’habileté, d’intérêt et de rythme d’apprentissage.

On permet généralement aux étudiants de travailler à leur propre rythme. Les étudiants peuvent choisir leurs activités et la façon de les réaliser. Le professeur tient compte des habiletés individuelles d’apprentissage. ……..

Échelle de mesure Pour chaque indicateur, le sujet indique sa réponse en encerclant l’un des chiffres suivants :

0 Tout à fait en désaccord 1 Plutôt en désaccord

2 Plus ou moins d’accord 3 Plutôt d’accord

4 Tout à fait d’accord

4. Les échelles de mesure Définition. Une échelle de mesure est un outil qui permet d’attribuer des valeurs numériques à une variable afin d’établir divers degrés. Voici quelques exemples d’une échelle de mesure.

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Vous souhaitez classer les élèves de votre classe en trois groupes distincts selon leur rendement. Vous utiliserez une échelle semblable à la suivante :

1 - Forts 2 - Moyens 3 - Faibles

Vous souhaitez mesurer à quel point les parents sont en désaccord ou d’accord

avec l’utilisation des locaux de l’école le soir à des fins communautaires. Vous utiliserez une échelle semblable à la suivante :

1 - Fortement en désaccord 2 - Plutôt en désaccord

3 - Incertaine ou incertain 4 - Plutôt d’accord

5 - Fortement d’accord

Vous constatez qu’il existe plusieurs sortes d’échelles. Pour mieux s’y retrouver, elles ont été classifiées. Le système de classification des échelles de mesure a été établi par Stevens en 1946. Les échelles peuvent ainsi varier selon que les scores représentent une catégorie ou une valeur numérique. On trouve, en fait, quatre types d’échelles décrites dans le tableau suivant. Marie-Fabienne Fortin (1996) a dressé un tableau descriptif de chacune de ces échelles. Nous y avons ajouté des exemples.

Niveau Description

Nominal Permet de ranger les sujets, événements ou objets par catégories. Consiste à assigner des nombres sans valeur numérique, c’est-à-dire qui ne peuvent être additionnés ou mis en rang de grandeur. Ex : Le sexe, la religion, le statut social, la langue parlée.

Ordinal

Les sujets, événements ou objets sont classés selon un ordre de grandeur. Les nombres indiquent le rang, non des quantités numériques absolues. Comme tels, les nombres ne peuvent être additionnés ou soustraits. Ex : Le rang obtenu parmi un groupe d’individus.

À intervalles Les intervalles entre les nombres sont considérés comme égaux. Ils peuvent être additionnés et soustraits. Il ne s’agit pas ici de nombres absolus puisque le calcul se fait à partir d’un zéro arbitraire. Ex : Le thermomètre, l’échelle Likert, le Q.I., l’aptitude, le rendement.

De proportion

L’échelle a un zéro absolu dont la signification est empirique. Les nombres sur l’échelle représentent la quantité réelle de la caractéristique mesurée. Les nombres peuvent être soumis à toutes les opérations mathématiques. Ex : Le poids, le volume, la durée, la longueur.

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Ces quatre catégories d’échelles pourraient, à leur tour, être classifiées d’une autre façon en se référant à un critère de classification différent.

Combien y a-t-il véritablement

d’échelles de mesure différentes ?

…2 D’une certaine façon, on pourrait parler de deux catégories d’échelles de mesure.

Autre classification

Classification conventionnelle

Critère

Dichotomique Nominale Aucune progression entre les valeurs

Continue Ordinale

À intervalles De proportion

Une progression entre les valeurs

La première catégorie comprend l’échelle indiquant deux valeurs, soit l’échelle nominale. Il n’y a pas de degrés, à proprement parler, et il n’y a pas non plus de progression entre les valeurs. La caractéristique existe ou n’existe pas, elle est présente ou absente, c’est 0 ou c’est 1. Nous sommes en présence d’une variable dichotomique. La deuxième catégorie comprend les échelles à plusieurs degrés montrant une progression entre les valeurs. On ne se demande plus si la satisfaction au travail existe (1) ou non (0). On se demande plutôt à quel point elle existe : (0) Pas du tout; (1) Un peu; (2) Modérément; (3) Beaucoup. La raison pour laquelle il est important de voir les échelles de mesure sous cet angle, c’est qu’il existe une famille d’analyses statistiques pour l’échelle nominale et une autre famille, plus nombreuse celle-là, qui englobe les échelles à multiples degrés progressifs (échelle ordinale, à intervalles et de proportion). Il n’y a qu’un pas à faire pour vous conseiller d’utiliser des échelles de mesure les plus longues possibles. Page 8 Introduction à la recherche Donald Long [email protected] (506) 858-4886 Centre de Recherche et de Développement en Éducation (CRDE) Université de Moncton, N.-B. Canada E1A 3E9

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5. Comment fait-on pour déterminer le niveau de mesure ? Comment faire pour savoir si une échelle de mesure appartient à une catégorie plutôt qu’à une autre ? En vous posant les questions suivantes, vous y parviendrez sûrement. (1) Première question Les valeurs de la variable peuvent-elles être ordonnées

selon un ordre intrinsèque quelconque, un continuum progressif, du plus petit au plus grand ?

Si non, c’est une variable nominale. Si oui, ce n’est pas une variable nominale. Passez à la deuxième question.

(2) Deuxième question Les valeurs de la variable sont-elles équidistantes entre elles ?

Si non, c’est une variable ordinale. Si oui, ce n’est pas une variable ordinale. Passez à la troisième question.

(3) Troisième question La valeur zéro de la variable représente-t-elle une valeur arbitraire

plutôt qu’une absence naturelle du phénomène ? Si non, il s’agit d’une variable de proportion. Si oui, c’est une variable à intervalles.

Une caractéristique peut être mesurée par diverses échelles. Autrement dit, il n’y a pas qu’une seule échelle pour chaque caractéristique. Prenons le revenu comme exemple.

Catégorie Description

Nominale (0) aucun revenu (1) un revenu quelconque

Ordinale (1) revenu faible (2) revenu moyen (3) revenu élevé

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De proportion

Le revenu sera calculé en dollars. L’échelle ira de 0 dollar à l’infini.

Comme l’absence de revenu est possible,

on peut donc qualifier cette mesure de proportion

Une échelle de mesure est ordinale lorsque les échelons ne sont pas équidistants entre eux. Ces nombres qu’on accorde à chacun des échelons d’une échelle ordinale ne sont ni plus ni moins que des indicateurs de position, des numéros en ordre progressif : ils nous renseignent sur l’ordre, le rang. Une variable devient ordinale lorsqu’on peut ordonner les scores selon un continuum, une progression, une hiérarchie de valeurs, même si la distance entre ces valeurs est inégale. Les élèves dans une classe en sont un exemple : les faibles (1), les moyens (2) et les forts (3). L’écart entre chacun de ces sous-groupes n’est certes pas le même. On ne peut pas dire que les élèves forts (3) le sont trois fois plus que les élèves faibles (1) en se référant au numéro arbitraire donné à leur catégorie respective. Aucune opération arithmétique n’est possible non plus avec une mesure ordinale. Les rangs donnés à des individus ne s’additionnent pas. La variable ordinale fournit plus d’information que la variable nominale, mais moins que la variable à intervalles ou de proportion. La variable à intervalles est aussi ordonnée selon une hiérarchie des valeurs, mais ces valeurs sont équidistantes entre elles. Des calculs arithmétiques sont donc possibles. Cette échelle comprend aussi un zéro arbitraire. Le thermomètre Celsius contient un zéro, mais il est arbitraire. Le quotient intellectuel est une variable à intervalles, tout comme l’échelle Likert. La variable de proportion est semblable à la mesure à intervalles, mais le zéro est réel. Il correspond à une réalité, une absence du phénomène. Si on mesure le niveau d’éducation au moyen des années de scolarité, cette mesure peut être qualifiée de proportion tout simplement parce qu’il est possible de n’avoir jamais été scolarisé. Il en est de même pour le revenu mesuré en dollars.

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La distinction entre l’échelle de mesure à intervalles et l’échelle de proportion est réelle, mais elle n’est pas

encombrante, malgré tout, parce que la majorité des analyses statistiques

s’appliquent aux deux types de variables.

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L’écart entre la mesure nominale et les trois autres niveaux de mesure est nettement plus important et plus significatif. Peu d’analyses statistiques sont applicables à la mesure nominale. Par contre, même pour la mesure ordinale, plusieurs analyses statistiques sont possibles.

6. L’opérationalisation d’un concept L’opérationalisation consiste à transformer des concepts abstraits en variables concrètes observables et mesurables. La figure ci-dessous montre le cheminement que suit un concept pour passer de la théorie à la variable empirique. La manière de définir un concept détermine le genre de mesure qui sera utilisé. La signification du score obtenu par l’individu sur l’échelle de mesure sera fonction de l’échelle de mesure qui, à son tour, dépendra de la définition conceptuelle. Ouf ! Que c’est compliqué !

Théorie Concept Dimension

Indicateur Score

Les concepts sont des représentations abstraites des phénomènes que vous voulez étudier.

Ils se retrouveront dans votre problème de recherche et dans votre hypothèse. Par

contre, ces abstractions doivent être opérationnalisées afin de permettre des calculs et des analyses comparatives.

Lorsqu’on affirme que le statut socioéconomique des individus

influe sur le genre de loisirs auxquels ils s’adonnent, il est clair que le statut socioéconomique est un concept abstrait qui

regroupe plusieurs aspects tels que la scolarité, le salaire et le type d’emploi.

De même, les loisirs constituent une abstraction et peuvent comprendre des activités culturelles (le cinéma, les spectacles, la télé), des activités sportives (le hockey, le soccer) et des activités purement récréatives.

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N o t a b e n e La manière de mesurer un concept dépend de la manière de le définir

Les variables que vous utiliserez pour mesurer le statut socioéconomique dépendront de la définition que vous donnerez du statut socioéconomique.

Si vous utilisez une échelle de classification des professions, vous attribuerez à chaque individu de votre échantillon un score unique selon cette échelle.

Vous pouvez aussi choisir de définir le statut socioéconomique en fusionnant plusieurs indicateurs tels que le revenu, la scolarité et la profession.

D’une manière ou d’une autre, le score que vous obtiendrez en bout de ligne sera donc le reflet de la mesure utilisée.

Certains concepts sont rapidement traduits en variables. Le pouvoir économique peut être représenté par la variable salaire, tandis que l’estime de soi nécessitera une échelle bien étoffée de variables pour la définir. Le cadre conceptuel oriente…

…le cadre opérationnel

7. Pourquoi mesurer ?

En attribuant des valeurs numériques à une caractéristique quelconque, laquelle devenant par le fait même une variable, il sera donc possible de suivre les variations de cette variable en fonction des variations d’autres variables. Cette affirmation n’est ni plus ni moins que l’objectif ultime de la mesure. On pourra ainsi établir des liens d’association, de relation ou de causalité entre ces variables. C’est dans un but de comparaison qu’on mesure des variables ou des caractéristiques. En sachant comment se comporte une

variable en fonction d’une autre, on peut, par après, en faire une prédiction.

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8. Je fais mes exercices

Précisez une échelle de mesure

Variable Échelle Description

1. Quel âge avez-vous ?

2. De quel sexe êtes-vous ?

3. À quel degré votre travail vous satisfait-il ?

4. Quelle importance accordez-vous aux émissions d’information télévisées ?

5. Quel poids avez-vous perdu depuis que vous suivez le régime alimentaire végétarien ?

6. Le rang d’un individu dans sa famille.

7. La température.

8. À quel point souscrivez-vous au projet de loi portant sur la protection de l’environnement ?

9. Quel est votre état civil ?

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10. À quel point est-ce facile ou difficile pour vous de faire 30 minutes d’exercices physiques par jour ?

11. Quel niveau de scolarité avez-vous atteint ?

12. À quel point est-ce important pour vous que l’école soit ouverte le soir pour permettre la tenue d’activités communautaires ?

13. La distance entre Moncton et Caraquet.

14. La taille d’un enfant de 7 ans.

15. Les trois villes les plus populeuses de ta province.

16. La langue maternelle.

17. Les années d’expérience en enseignement.

18. Le quotient intellectuel.

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Trouvez l’erreur

Directives Pour chacune des questions trouvez une ou plusieurs erreurs.

Corrigez ensuite l’erreur.

Question / Réponse Correction

(1) Quel âge avez-vous ? O Entre 20 et 30 ans O Entre 30 et 40 ans O Entre 40 et 70 ans

(2) À quel niveau scolaire enseignez-vous?O Primaire O Secondaire

(3) Combien d’enfants avez-vous ? O Un enfant O Deux ou trois enfants O Quatre ou plus

(4) À quel endroit avez-vous bu de l’alcool pour la première fois ? O À la maison O Dans un restaurant O Dans un party O Pendant une fin de semaine O En auto

(5) Êtes-vous d’accord pour dire que les accidents de la route sont causés la plupart du temps par la consommation d’alcool et la vitesse ? O Oui, probablement O Non

(6) Au cours de la dernière année, combien de magazines différents avez-vous lus?

____ nombre de magazines

(7) À l’aide de l’échelle de satisfaction suivante, dites à quel point votre travail vous satisfait.

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O Insatisfait(e) O Satisfait(e) O Moyennement satisfait(e) O Énormément satisfait(e) (8) Quel pourcentage des élèves de votre école possèdent une bicyclette ?

____ pourcentage

(9) Trouvez-vous que l’ordinateur est un moyen d’apprentissage plus efficace que les autres moyens ? O Oui O Non

(10) Utiliseez-vous un ordinateur à l’école ? O Régulièrement O Parfois O Dans les cours de sciences

(11) L’ACPA adopte la même approche envers ses membres depuis plusieurs années. Partagez-vous cette approche ou en préférez-vous une autre ? O Oui O Non

(12) Croyez-vous que les filles de votre classe pensent qu’il est préférable de ne pas faire de devoirs à la maison la fin de semaine ? O Oui O Non

(13) J’utilise le téléphone pour suivre des cours universitaires. O Jamais O Quelquefois O Souvent O Toujours

(14) Êtes-vous d’accord ou non avec les membres du mouvement écologique qui se disent contre la venue dans la région d’une usine de décontamination des sols, même si certains de leurs membres sedisent favorables à la création d’emplois stables ?O Oui O Non

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(15) La plupart des citoyens qui tiennent à des principes religieux nobles se disent contre l’avortement. Vous, êtes-vous pour ou contre l’avortement ? O Absolument pas O Oui

(16) L’indice à la consommation a diminué au dernier trimestre de 2 %. Nous n’avons pas vu une telle diminution depuis 3 ans. Croyez-vous que le gouvernement devrait intervenir en baissant les impôts des particuliers ? O Oui O Non

(17) Croyez-vous qu’il est important ou non que les enseignants aiment les enfants?O Oui O Non

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