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DANSE
PAR N. GUERBER-WALSH
IMPROVISATION STRUCTURÉE ET COMPOSITION
Parvenir à construire une composition en danse demande une lente et stricte préparation. La démarche ici proposée refuse en tant que support et dans ce cas précis la narration et retient la notion de concept. Elle insiste sur une nécessaire préparation corporelle s'appuyant sur les différents facteurs du mouvement dansé. Elle donne une place importante à l'éducation du jugement, facteur de progrès au service d'une exigence de qualité du geste.
GÉNÉRALITES
Le groupe comprend 16 étudiants (7 filles. 9 garçons). Le cycle se déroule à raison de trois heures hebdomadaires de 12 séances. De la même manière que l'enseignement de la peinture l'ait appel à l'analyse et à l'exploration des matières, aux interactions entre couleurs, lumières, lignes, surfaces, volumes.... l'enseignement proposé ici dans ce cycle « Danse Staps », est fondé sur l'étude des facteurs de signification tels : le corps, les intensités, l'espace... La problématique pédagogique
concerne les fondamentaux de la danse et de la composition scénique. Elle se situe dans une perspective ouverte et évolutive. En d'autres ternies la démarche permet de déboucher sur des applications multiples et personnalisées. Les transformations graduelles et continuelles résultent de nombreux niveaux d'interférences entre concepts, images et sensations. L'enseignant ne s'appuie pas sur des codes gestuels, l'enseignement n'est pas bâti sur des mouvements appartenant à des styles particuliers. Toutefois certaines références à des « modèles ». codifiés se révèlent parfois utiles pour illustrer quelques principes de base.
Si les concepts sont des idées énoncées de manière abstraite, paradoxalement ils font référence au concret : point, ligne, plan, volume, haut, bas, direct, indirect, carré, rond, vite, lent, résistant... Peuvent être ainsi évoqués les orthogonales des tableaux de Mondrian. les diagonales de Van Doesburg. les volumes des sculptures d'Henry Moore, les courbes et dessins « Art nouveau », la chute indirecte d'une feuille, la consistance de la pâte de verre en fusion... Ces images sont utilisées pour expliquer concrètement les consignes, elles servent d'intermédiaire entre l'idée et le geste, elles n'ont
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aucun caractère de finalité. Cette dernière est à trouver dans le contenu du mouvement. Les thèmes exploités appartiennent à la matière même du geste, ils ne dépendent pas de motivations extérieures telles la musique, le théâtre, la littérature... Il s'agit, dans l'étape d'initiation d'aborder les principes fondamentaux du mouvement. Sou-vent. à l'origine de la composition en danse, l'enseignant fait appel aux émotions, à des illustrations de narrations qui servent de fil conducteur. Dans notre démarche, c'est chaque mouvement ou chaque enchaînement élémentaire de mouvements qui est sous-tendu par une idée traduite par des « images », des métaphores, aidant à sa compréhension, à sa réalisation dans ses diverses dimensions : volumes, intensités, directions. Ces représentations mentales sont indépendantes les unes des autres. La composition dans son ensemble n'est pas l'illustration d'une histoire ou d'un scénario linéaire. Chaque séquence gestuelle possède sa propre signification.
LES SÉANCES
PREMIÈRE SÉANCE C'est une séance théorique qui présente : * La démarche, à l'aide de : - un bref historique la situant par rapport à une évolution générale de la danse occidentale au vingtième siècle. - un expose présentant un résume de la méthodologie. - un support vidéo donnant des exemples de problématiques analogues, - textes, articles contenant des définitions, des classifications ; * L'objectif général du cycle est affirmé : in
tégrer d'une part les généralités concernant les contenus du « mouvement dansé », et d'autre part expérimenter les outils d'analyse et de composition d'une séquence chorégraphiée. * Les moyens employés : Les niveaux et compétences des étudiants déterminent quelle part et quel temps seront accordés aux différents moyens : - apprentissage technique avec modèle (au sol, debout, en déplacement) ; - les transformations du modèle (transformations de courtes séquences) ; - l'improvisation structurée d'après une trame (un plan) ; - composition en duo, trio, quatuor ; - présentation de la composition ; - observation, analyse et critique des différentes compositions ; - nouvelle adaptation des compositions en fonction des analyses critiques... Ce long cycle a comporté deux parties. Nous ne traiterons dans cet article que de la première. * Objectifs de la première partie du cycle. - comprendre et ressentir la spécificité des contenus du mouvement dansé et de la composition scénique. - élaborer une composition d'après une trame imposée par l'enseignant.
DEUXIÈME SÉANCE
Après la séance théorique, la première séance de pratique fait office de séance diagnostique. Elle se déroule en deux heures trente : une heure et demie d'apport technique, une heure d'applications. * Objectif de la séance : aborder les généralités pour capter dans quel registre se situent les difficultés majeures afin d'en déduire le contenu dominant des séances suivantes. * Contenu de la séance : la préparation géné
rale, fondamentale, comprend une étude de principes du mouvement effectuée d'abord au sol ; puis les applications se prolongent debout et en déplacement. Des séquences gestuelles très courtes (ou combinaisons) illustrent ces principes. Des représentations mentales sous tendent chaque geste transmis et les passages de l'un à l'autre. Le but primordial est que les étudiants prennent en charge leur mouvement et qu'ils assimilent et intègrent certaines voies potentielles de ses significations. Après une heure et demie de technique où la participation de l'étudiant sollicite les sensations kinesthésiques et concerne la signification du mouvement relative à ses facteurs constituants (espace, temps, intensités...), une participation créative est ensuite demandée sous forme de divergences par rapport aux phrases apprises. Dans ce premier cas, les « détournements » (1) et les transformations ont lieu sur les bases étudiées (divergences par rapport à des modèles). La technique, l'improvisation structurée et la composition s'articulent et se complètent. A la fin de la séance diagnostic, le manque de fluidité du mouvement et implicitement, la difficulté à différencier les degrés et nuances d'intensités du geste constituent les premiers éléments du constat. Les séances qui suivent sont toutes construites sur le même modèle et comprennent : - une phase de préparation corporelle ; - des études avec « modèles » portant sur des principes concernant les actions, les successions d'actions, les éléments, leurs combinaisons, leur cohérence ; - des explorations des mêmes principes du mouvement dansé sous forme d'improvisations structurées. Rappelons qu'elles sont de deux types : soit issues d'un modèle, soit issues d'un concept. Elles s'enrichissent en fonction des nouveaux acquis ;
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- une présentation des compositions s'effectue en groupes (résultat de l'organisation des matériaux rassemblés lors de l'improvisation structurée) ; - une analyse et une critique des séquences composées et confrontées aux observateurs est effectuée en commun : - un résumé théorique des contenus abordés termine la séance.
TROISIÈME SÉANCE
Préparation corporelle L'accent est mis dans un premier temps sur : • l'alignement associé à la respiration. • les sensations de poids, • le relâchement musculaire. • les différents circuits de forces et d'intensités à l'intérieur du corps, • les prolongements virtuels des lignes de forces au-delà du corps, dans l'espace périphérique. Les situations proposées sont de trois types : individuelles, en interactions, en contact.
Situations individuelles Elles permettent de faire ressentir les forces opposées, convergentes, divergentes, isolées, qui circulent à l'intérieur du corps. Forces projetées ou contenues, transformées... Elles tendent à éliminer les tensions musculaires qui vont à l'encontre des sensations ki-nesthésiques et des nuances d'intensités conférant au mouvement sa coloration, sa qualité.
Situations en interaction Des combinaisons modèles sont répétées selon différentes modalités d'interactions, elles font appel aux notions de poids (swings, appuis, étirements), d'espace (changement de
plans, d'orientations, descriptions de figures de volumes), de cheminements du geste issus d'un lieu d'initiation, etc.
Situations en contact
Par deux ou plus, explorations répondant aux principes du contact : * Pour illustrer et amplifier les sensations de poids du corps et de trajets de forces entre les points d'appuis et d'attaches, (appuis, relâchements, suspensions...). * Pour favoriser un état de concentration, d'attention aux actions réciproques, une attitude d'« écoute » à l'égard du ou des partenaires.
Etudes du mouvement
Sont abordées les notions d'espace scénique tridimensionnel (description à l'aide de son corps de figures et volumes mouvants dans les trois dimensions), de poids du corps (suspensions - relâchements, équilibres, déséquilibres». Parmi toutes les combinaisons proposées un seul exemple est ci-après développé : * Dominante espace : dessiner une ligne courbe dans l'espace (sur place puis en déplacements) : • dans le plan sagittal avec les doigts initiant tout le corps ; • sur un trajet tridimensionnel dans le volume scénique. A l'aide d'une craie imaginaire (prolongement de la main), décrire un grand cercle sagittal vers la droite avec le bras droit qui entraîne le buste vers l'extension arrière droite, (spirale et ouverture en étirement). puis refermer en spirale vers l'intérieur sur le côté gauche en dessinant un cercle vers le bas. De l'autre côté, geste homologue (soit dessin du cercle à droite, cercle en bas à gauche, dessin du cercle arrière gauche, cercle en bas à droite). Ressentir les relations entre les appuis dans le sol et soit les projections périphériques, soit les regroupements vers le centre. Cette première séquence a trait à l'espace ; elle est imposée par l'enseignant. « C'est le début » identique pour tous sur lequel se greffe une deuxième séquence créée par les étudiants sur le thème du poids « suspendre, relâcher ». Après l'apprentissage de cette séquence, ils feront une recherche qu'on appellera : improvisation structurée.
Improvisation structurée
Pendant cette étape d'exploration l'étudiant cherche des solutions personnelles en réponse au thème à traiter donné par l'enseignant : « suspensions, relâchements ». C'est le moment de l'élaboration des matériaux, certains seront retenus pour constituer ultérieurement la composition. * Dominante : poids du corps : suspension d'une partie du corps par un fil imaginaire appliqué en un point précis (talon, genou, coude, nuque...) ; après le sommet de la suspension relâcher le corps parfois jusqu'à la chute, enchaîner avec un déplacement en déséquilibre (ici ne sont présentées que deux situations parmi toutes celles qui ont été étudiées). - Première situation : les aides interviennent
au niveau de la recherche pour faire ressentir concrètement le point d'attache des forces de suspension. Un étudiant « accroche » son partenaire en un point du corps, épaule, coccyx, talon, nuque, coude, épaule...). Celui qui est ainsi suspendu, relâche le poids du corps sous ce point d'attache. Des forces opposées, dissociées se manifestent simultanément ; forces soumises à la gravité et celles s'y opposant. - Deuxième situation : Les aides ne sont plus nécessaires. Chacun explore seul les lieux d'attaches, et les relâchements qui en résultent dans le but de mémoriser les exemples les plus significatifs. Après les suspensions effectuées d'abord sur la verticale, des suspensions obliques apparaissent. Chaque étudiant montre à ses partenaires et à l'enseignant différentes solutions en réponse au sujet posé. Après ces études au cours desquelles l'enseignant intervient, corrige, aide, vient l'étape de la composition.
Composition C'est le moment de l'organisation de la danse, de la construction à partir des matériaux retenus à la suite de l'improvisation structurée. La recherche s'effectue individuellement mais au sein du groupe qui établit les choix d'éléments. Il convient de retenir les plus « lisibles » par rapport au thème et les mieux adaptés aux niveaux de compétences de chacun. Deux phases permettent donc à chaque groupe d'aboutir à une trame commune : une phase éliminatoire où à la suite d'observations mutuelles, se choisissent les différents éléments, et une phase combinatoire où s'établissent leurs meilleurs rapports possibles. Par exemple au sein d'un trio, chaque étudiant confronte ses propositions aux partenaires, ils l'aident à en retenir une qu'il enseigne aux deux autres.
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La trame est la suivante : une suspension, un relâchement, un déplacement, une reprise de suspension, un nouveau relâchement, un second déplacement, une suspension, un relâchement, un déplacement. Soit : (S 1 R1 D1 ) + (S2 R2 D2) + (S3 R3 D3). (Chacun étant, pour une première étape, l'auteur d'une proposition).
Présentation de la composition
Les choix étant faits, chaque groupe montre sa composition, précédée par la séquence imposée. Les autres groupes sont spectateurs mais aussi « critiques » il s'agit de s'initier à la perception des indices de pertinence.
Bilan
Un bilan est effectué entre élèves et enseignant. Il doit mettre l'accent sur les objectifs à poursuivre en vue d'un affinement et perfectionnement du geste dans : les déplacements, les changements de poids du corps, les directions du regard, les lieux d'origine des suspensions, leur prolongement, leur durée, les relâchements, leur qualité, les transitions d'une action à l'autre, d'un élément à l'autre. Progressivement, au cours de la recherche, l'enseignant donne à toute la classe des informations nouvelles permettant de mieux réaliser les consignes. Puis, en fonction des réponses de chaque groupe, il différencie les explications, aides, corrections... Ce travail se poursuit au cours des séances et la séquence (SRD) est soumise à deux types de transformations : • Elaboration d'un déplacement d'abord motivé par un contact, une poussée ou une traction localisée en un point précis, puis initié par cette même partie du corps avec un impact imaginaire. • Réduction de la longueur de la séquence au bénéfice de la clarté et de l'approfondissement qualitatif pour aboutir à la trame : (S.R.D.) + (S'R'D').
PREMIÈRE SÉANCE TEST
Ces études débouchent sur une première séance test au cours de laquelle les étudiants présentent par groupes une composition de synthèse dont le début et la fin sont laissés à leur initiative d'après deux consignes : « début » : volume en groupe ; « fin » : en contact. Début 2 pts Séquence imposée (arrière-haut-bas-cercles) (2 pts) x 2 Séquence composée : (S.R.D.)+(S'R'D') (3x 2 pts) x 2 Fin 2 pts - Les critères de notation sont en relation directe avec les contenus et les apprentissages développés au cours des séances. La notation qui pour chaque élément va de 0 à 2, de 1/2 pt en 1/2 pt, repose sur quatre critères : - La réponse personnalisée à la trame, clarté des actions (identification, perception des « images » imposées). - La cohérence et la précision de l'enchaînement d'actions (valeur des transitions). - La technique personnelle : adéquation entre l'intention et la réalisation ; (alignement, relâchement musculaire, appuis, respiration, prolongements du geste). - L'interprétation, concentration, conscience du geste, présence (adaptation des consignes à la personnalité et aux aptitudes). Chaque étudiant observe un élément de la combinaison, toujours le même, et note une personne dans chaque groupe.
Critiques A l'issue de cette étape préliminaire, première présentation et évaluation, certains indices sont captés et un certain nombre de critiques sont énoncées. Exemples de critiques : - Les actions se limitent souvent à l'espace avant et aux plans sagittal ou frontal.
- Faibles différences entre les niveaux haut et bas dénotant un manque de technique dans les « pliés » et un manque de coordination globale du corps. - Manque de contrastes et d'amplitude dans toutes les phases de la présentation. - Les actions sont discontinues, mécaniques. Les mouvements ne sont ni complètement terminés ni prolongés. - Une dynamique uniforme et un manque de fluidité musculaire et articulaire donnent une impression de mouvement gymnique. - On ne perçoit pas de continuité entre le geste et son inscription scénique. - La tète et les épaules restent figées. - Manque de respiration et de rythme organique du mouvement. - Transitions mal définies. - Trop d'installations et de gestes parasites occultent l'essentiel. - Chaque action manque d'une définition précise en fonction de tous ses composants. Dans la danse présentée, les qualités de chaque geste ne sont qu'ébauchées, esquissées, elles nécessitent un travail d'épuration et de redéfinition. - Les interactions manquent de synchronisation. - Le début et la fin restent indistincts. - Redondances, et actions mal focalisées vers une intention précise (confusion). A la suite de cette critique collective, les compositions se transforment et les jugements s'élaborent en fonction d'indices de pertinence qui sont autant de repères pour une meilleure évaluation. Les facteurs de définition du geste et de la composition scénique sont multiples ils interfèrent de manière complexe. Aussi dans l'étape suivante est noté le processus d'évolution observable par les transformations opérées en fonction des consignes formulées pour chaque groupe en particulier.
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REMÉDIATIONS
Suggestions de solutions relatives à : • La structure de la danse (la composition) - Les éléments : mieux mettre en évidence les éléments caractéristiques et significatifs (le nécessaire). Soustraire : supprimer les éléments inutiles, les parasites qui occultent le sujet traité. Affirmer chaque parti pris en fonction de la trame de composition : (suspension, relâchement, déplacement), montrer la signification de chaque élément au sein de l'enchaînement. - Les transitions : sources de la logique générale, elles font partie intégrante de la danse. Les intégrer en recherchant la cohérence ki-nesthésique d'un geste à l'autre. - Le début et la fin sont à déterminer comme des moments importants de la danse. • Le corps : l'intention guide l'organisation corporelle - L'attitude : attitude d'« écoute » et de concentration par rapport à l'intention du geste. Importance de la « décentration » (2) de l'attention qui. au lieu d'être focalisée sur le sujet lui-même (l'égo), est décentrée vers l'objet à décrire et à faire apparaître. Selon l'intention, la décentration se produit vers l'espace, vers l'action des partenaires, vers les moyens de définition du geste. - La disponibilité au mouvement : L'aptitude au relâchement musculaire (minimum de blocages et de raideurs). Les extensions périphériques du geste, (ses prolongements). L'intégration de la tête au mouvement. L'orientation et la définition du regard. La respiration, le mouvement organique. • Le poids : amplifier les pliés, préciser l'alignement des appuis, chercher à les interconnecter avec les relâchements de la tête et du buste. Utiliser les « swings » ou balancements pour favoriser les relâchements de la tête et du buste. Apprendre à « lâcher prise ». • L'espace : espace scénique : insister sur la valeur scénique des déplacements, traduire leur inscription en volumes ou en traces linéaires, marquer les contrastes d'amplitude dans les trois dimensions. Mettre en évidence les prolongements virtuels du mouvement (au-delà du geste). • Le temps : chaque geste dont la durée intrinsèque n'est pas déterminée, reste vague et flou. D'où la nécessité de définir la valeur temporelle du geste, considérer certains rapports à la musique, nuances de durées. La justesse du mouvement dépend en grande partie de la précision de sa structure temporelle. • Les intensités : alterner action et non action, éviter de tout situer sur un même registre d'intensités. Les définir dans leurs contrastes, leurs graduations, elles dépendent du contrôle des forces mobilisées, mais aussi d'autres facteurs plus personnels appartenant au registre de l'« énergie ». Exploiter les impulsions et intensités de la musique. • Les interactions : les schémas d'interactions se dessinent dans l'espace scénique. La même trame de base est traitée en duos, trios, qua
tuors, les modalités d'alternance de rôles sont plus ou moins complexes en fonction du nombre de partenaires. Certains groupes parviennent à attirer l'attention du spectateur par la valeur des rapports interpersonnels. Un jeu collectif s'instaure qui possède sa logique interne. • Les contacts : la sensation du poids et la conscience des surfaces d'appuis dans l'interaction avec les partenaires, favorisent les enchaînements selon une cohérence « organique ». Les étudiants de chaque trio, après avoir reçu des critiques particulières adaptées à leurs cas, transforment et font évoluer la composition.
Progression au long du cycle
Au début de la progression, les consignes relatives aux actions demandées sont rationnelles, elles appartiennent au monde physique, observable, mesurable. Les effets sont mis en rapport direct avec les causes. Une explication purement anatomique, spatiale, temporelle, mécanique, suscite des représentations subjectives. Progressivement, au cours d'une meilleure analyse de chaque action ou combinaison d'actions, un investissement individuel d'un autre type se produit. Les références se complexifient ouvrant vers une dimension poétique. De nouvelles images, émanant de traitements personnalisés, se substituent aux schémas initiaux présentés par l'enseignant. Plus les actions sont approfondies d'après une même idée, plus les synthèses personnelles interpellent la subjectivité et l'intériorité. Par conséquent plusieurs niveaux d'évaluation se succèdent en passant par les étapes rationnelles qui ne sont pas limitatives.
Elles ne sont que des repères passagers dans un cheminement à long terme.
Vers le mouvement signifiant
Pour que le mouvement devienne lentement synthèse, on insiste donc sur le développement et l'approfondissement d'un matériau très cerné mais susceptible de divergences et d'interprétations personnelles. On perçoit encore les difficultés de concentration, de réalisation, une inadéquation entre l'intention et le résultat. Pourtant parfois, on voit émerger, s'esquisser, certains instants privilégiés, où l'intention se révèle en substance visible, leur multiplication, conduira progressivement vers une présence, vers une matière dansée. La poursuite de ce type d'expérimentations du mouvement est fondamentale dans l'optique d'un progrès pour une plus haute intelligibilité et un véritable impact à l'égard de l'observateur. A la suite de ces séances, les étudiants sollicités pour établir le projet de la deuxième partie du cycle, ont souhaité s'orienter vers la présentation d'un « libre ». La seconde étape sera à la fois une application et un prolongement personnalisé de cette étude liminaire.
Nicole Guerber-Walsh, Professeur, UFR STAPS
Université d'Orsay.
(1) « Détournements » : variations autour d'un thème, dériver, changer le sens d'un contenu. Jacques Gar-nier utilisait ce terme à propos des transformations qu'il opérait à partir du répertoire. Cf. interview Jacques Garnier EPS n° 222 p. 75 à 79. (2) Décentration : cf. concept défini par Alwin Nikolaïs in EPS n° 205 p. 50 à 53. Note : le lecteur pourra se reporter utilement à l'ouvrage : « Danse » coll. l'Ecole aux Associations. M. Guerber ; Walsh ; Cl, Leray ; A, Maucouvert.
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