inegalite du genre dans la profession « le cas de …
TRANSCRIPT
UNIVERSITE D’ANTANANARIVO
Faculté de Droit, d’Economie, de Gestion et de Sociologie
Département ECONOMIE
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MAITRISE Option « DEVELOPPEMENT et ECONOMIE PUBLIQUE »
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Mémoire
pour l’obtention du
Diplôme de Maîtrises es- Sciences Economiques
INEGALITE DU GENRE DANS LA PROFESSION
« LE CAS DE MADAGASCAR »
Impétrant : RARIVOMANANTSOA Harivelo Tantely
Encadré par : Monsieur ANDRIANANJA Heriniaina Rakotovao
Soutenu le 12 novembre 2009
Année 2009
REMERCIEMENTS
Mes remerciements à :
- Monsieur RAVELOMANANA Mamy, Chef de Département de l’Economie, et tout
le personnel administratif et technique du département économique pour nous avoir
offrir un meilleur cursus académique.
- Monsieur RAVELOSON Harimisa, notre Responsable d’année,
- Monsieur ANDRIANANJA Heriniaina Rakotovao, Maître de conférences au
département Economie, notre encadreur pédagogique, pour ses soutiens
- Ma famille, mes proches et amis, et tous ceux qui m’ont aidé et soutenu, de près ou de
loin, dans la réalisation de ce travail
GLOSSAIRES
Besoin de Maslow :
Selon Maslow, il y a une hiérarchisation des besoins, premièrement les besoins
physiologiques (nom, habillement, logement,…), ensuite les besoins de sécurité (en liaison
avec le premier, exemple nous sommes en sécurité si nous avons un emploi.), après les
besoins (l’homme vie en société selon le système de valeur et de cohérence. De ce fait il y a
un besoin d’appartenance à une société.), les besoins de reconnaissance (c’est un besoin qui
concerne également les groupes sociaux, par exemple les communautés régit par une situation
géographique), et enfin les besoins de dépassement (concernant la vie culturelle et spirituelle).
Capabilité :
La capabililté est un ensemble de vecteur de fonctionnements qui indique qu’un
individu est libre de mener tel ou tel type de vie (SEN, 1992).
Croissance économique :
C’est, une hausse continue en volume sur une longue période de la production.
Développement économique :
C’est la transformation de structure sociale et mentale, technique et institutionnelle,
qui permet la croissance économique et le progrès économique.
Développement humain :
Le développement humain est l’amélioration de bien être de tous les individus.
Pauvreté absolue :
La pauvreté est analysée sous l’angle absolu lorsqu’on s’intéresse essentiellement à
des situations où les individus n’ont plus assez de ressource pour satisfaire leurs besoins
physiologiques.
Vecteur de fonctionnements :
Les vecteurs de fonctionnement sont définis comme : manger suffisamment, être en
bonne santé, rester digne à ses propres yeux, prendre part à la vie de la communauté.
LISTE DES ACRONYMES
BIT Bureau International du Travail
CEG Collège d’Enseignement Générale
CIST Conférence Internationale des Statisticiens du Travail
DAWN Development Alternatives with Women in a New Era
EPM Enquête Périodique auprès des Ménages
EPP Ecole Primaire Publique
GED Genre et Développement
HIMO Haute Intensité de Main d’Œuvre
ICMT Indicateurs clés du Marché de Travail
IGED Intégration Genre et Développement
INSTAT Institut National de la Statistique
ISDH Indice Sexospécifique du Développement Humain
IPF Indice de Participation Féminine
OMD Objectif du Millénaire pour le Développement
OMEF Observatoire Malgache de l’Emploi et de la Formation Professionnelle Continue et Entrepreneuriale
OMS Organisation Mondiale de la Santé
ONG Organisation Non Gouvernementale
ONU Organisation des Nations-Unies
PED Pays En voie de Développement
PIB Produit Intérieur Brut
PNUD Programme des Nations-Unies pour le Développement
PPA Parité du Pouvoir d’Achat
U E Union Européenne
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1: Les inégalités de droit entre homme et femme 16
Tableau 2 : L’approche GED et ses caractéristiques 20
Tableau 3 : Synthèse des principaux outils nécessaires au GED 22
Tableau 4 : Sélection, dans les « Grands indicateurs du développement dans le monde », des données susceptibles d’être interprétées en termes de genre 26
Tableau 5 : Estimation des taux nets de scolarisation et Espérance de vie scolaire selon le sexe et selon les régions 28
Tableau 6 : Taux de chômage et niveau d’instruction selon les sexes (Population 15 à 64 ans) 42
Tableau 1 : Nombre d’heures hebdomadaires consacrées à l’emploi principal selon les sexes 43
Tableau 8 : Taux de sous emploi lié à la durée du travail selon la branche d'activité et selon les sexes 44
Tableau 9 : Taux de salarisation selon les sexes 47
Tableau 2 : Revenus salariaux annuels par sexe et selon la région 48
LISTE DES FIGURES
Figure 1 : Approche de capabilité de SEN 11
Figure 2 : Répartition de la population inactive 37
Figure 3 : Taux d’activité selon l’âge et selon les sexes 38
Figure 4 : Taux de chômage selon l’âge et selon les sexes 39
Figure 5 : Taux de chômage des jeunes par milieu selon les sexes 41
Figure 6 : Courbe de Lorenz de la distribution du revenu 45
SOMMAIRE
Introduction générale
Chapitre I- Lien entre inégalité et développement humain
-Section 1- Revue théorique sur les inégalités
-Section 2- Impact de l’inégalité du genre dans le domaine du développement humain
Chapitre II- Inégalité du genre : le cas Malgache
-Section 1- Les inégalités sur le marché de travail
-Section 2- Inégalité du revenu
Conclusion générale
1
INTRODUCTION GENERALE
Section-1 Contexte générale
Etant donné qu’elle figure parmi les pays les plus pauvres du monde, Madagascar
bénéficie de l’initiative des pays pauvres très endettés. En matière de croissance économique,
la grande île a un taux de croissance stable durant les dix dernières années. Ce taux est en
moyenne égal à 5%, sauf en 2002 où ce chiffre avait une valeur négative (-13%) (Ministère de
l’Economie, des Finances et du Budget, 2006). La pauvreté touche 68,7% de la population
Malgache (52,0% de la population urbaine et 73,5% des ruraux sont pauvres) (ibid.). Cette
pauvreté, causée par leur situation géographique qui les éloigne de toutes infrastructures,
affecte beaucoup plus les paysans. Les inégalités spatiales sont donc importantes et ont des
impacts sur l’économie nationale. Comme tous les pays en voie de développement,
Madagascar n’échappe pas à toute sorte des inégalités (chance, revenu, …). Quant à la
présente recherche, elle va mettre en exergue « la différence entre genre ».
Le concept « genre » à Madagascar, est essentiel au niveau de la communauté. La
place de la femme dans la société malgache semble être au même rang des hommes, dans un
« kabary1 » par exemple, avant de parler, nous nous excusons aux « Ray aman-dReny2 »
d’avoir pris la parole. Ici le terme Reny (veut dire Mère) ne se sépare pas du mot Ray (Père),
c’est-à-dire ils ont la même importance au niveau de la société. Au niveau de la profession,
les inégalités entre hommes et femmes sont frappantes. Il arrive souvent que pour un diplôme
égal, on recrute des hommes à la place des femmes, et pour un travail égal, les hommes sont
mieux payés que les femmes.
Les femmes sont donc destinées aux travails mal rémunérés et avec mauvaise
condition par rapport aux hommes. Grâce par l’appui de certaines organisations
(gouvernementale ou non), l’inégalité du genre à Madagascar s’éteint peu à peu. A partir de
l’an 2000, une nouvelle loi en faveur des femmes, abrogeant celles qui les condamnent plus
sévèrement par rapport aux hommes avec un même crime, a vue le jour. De plus, on remarque
que certaines offres d’emplois encouragent actuellement des candidatures féminines, surtout
celles relatives aux problèmes de genre.
1 Art oratoire 2 Parent
2
Section-2 Problématique et objectif visé
La question se pose alors : Dans quelles mesures l’inégalité du genre dans la
profession peut constituer un handicap ou un obstacle au développement de Madagascar ?
Nous avons choisi cette problématique car du point de vue théorique, le problème des
inégalités est parmi les facteurs de la pauvreté. Dans ce travail, Sen parle de l’importance de
tous les individus dans le développement d’un pays. Sur le plan politique, depuis quelques
années, la promotion des femmes est au centre des stratégies de développement.
Section-3 Méthodologie de recherche
Pour répondre à cette problématique, notre étude se divisera en deux grandes étapes :
la première est une analyse théorique à partir d’une revue de littérature ; et la seconde est une
étude empirique sur le cas de Madagascar. Dans cette revue de littérature, nous avons fixé
comme objectif de démontrer les liens entre inégalité et le développement humain. Le concept
de capabilité de Sen (1992) est ici retenu comme base de notre analyse. Dans cette étape,
nous avons consulté des revues bibliographiques telles que les ouvrages de Sen, de Salama et
Valier (1994). Aussi nous avons réalisé une revue de littérature sur le concept de
développement humain à partir des rapports sur le développement dans le monde de la
Banque Mondiale et du Programme des Nations-Unies pour le Développement (PNUD). Pour
la deuxième étape, c’est-à-dire l’étude empirique, nous avons collecté des données relatives à
l’activité et la répartition des revenus à Madagascar. Les informations sont obtenues à partir
d’une littérature grise sur les documents de l’Institut National de la Statistique (INSTAT) et
de l’Observatoire Malgache de l’Emploi et de la Formation Professionnelle (OMEF). Ces
documents sont le résultat des enquêtes menées auprès des ménages malgaches (Enquête
Permanent auprès des Ménages EPM 1997 et 2005). Dans la dernière étape nous avons
utilisés des méthodes économétriques comme le calcul de l’indice de Gini et la répartition des
revenus d’après la courbe de Lorentz.
Section-4 Plan du mémoire
Notre étude comporte deux chapitres. En premier lieu, notre analyse se porte sur les
liens entre inégalité et développement humain. En seconde partie nous avons une étude de cas
de Madagascar à titre de vérification empirique.
3
Dans le chapitre I ; d’une part, nous mettrons en exergue la définition du mot inégalité
à partir du concept de capabilité de Sen (section 1). Cette section a pour but de montrer
l’importance de la notion de capabilité pour mesurer l’inégalité. La notion « inégalité », dans
la vie quotidienne, est confondu au concept de pauvreté. Dans cette première section, nous
définissons donc l’inégalité et concepts proches. D’autre part, nous évoquons le
développement humain selon Sen et les institutions internationales comme la Banque
Mondiale et le PNUD (section 2). Notre recherche consiste à trouver les effets négatifs de
l’inégalité du genre dans la profession dans le développement de Madagascar. Dans un
premier temps, nous définissons le mot « genre » pour ensuite évoquer son utilité sur le
développement humain. La description de l’approche genre et développement et la notion
d’empowerment sont à la base de la détermination des Indicateurs de développement humain
selon le PNUD.
Le chapitre II s’intéressera sur l’étude du cas de Madagascar. Les femmes malgaches
font face à deux grands problèmes au niveau de la profession. Dans un premier temps les
inégalités sur le marché de travail (section 1). A partir des données des enquêtes menées par
l’INSTAT et l’OMEF, la faiblesse du taux d’occupation chez les femmes et la mauvaise
situation de ces dernières dans la profession par rapport aux hommes montrent cette inégalité.
Ensuite nous montrons les inégalités du revenu entre genre (section 2). Dans cette section
nous utilisons des méthodes économétriques comme l’indice de Gini et la courbe de Lorentz
pour démontrer l’inégalité de revenu entre homme et femme.
4
CHAPITRE 1
LIEN ENTRE
INEGALITE ET DEVELOPPEMENT
HUMAIN
5
Introduction
La capabilité comme fondement théorique de la notion des inégalités
Dans ce chapitre, nous fixons comme objectif de démontrer le lien entre l’inégalité du
genre et le développement humain. En réalité, nous rencontrons, souvent, une forme
d’inégalité (exemple chance ou genre) qui met en exergue une insuffisance de moyen (Sen
(1992) préfère employer le concept capabilité) pour les enfants issus de familles pauvres.
Sans la capabilité, les individus ont du mal à affronter les différents risques de la vie. Ils sont
privés de droits d’expression et de possibilités de se développer dans toutes les activités
économiques, politiques ou sociales (Dubois et Al, 2003).
De l’approche de la capabilité à la notion de développement humain
Pour démontrer le lien entre inégalité et développement humain, une revue théorique
sur des notions d’inégalité et de capabilité ont été fait. Nous trouvons dans un premier lieu la
définition du mot inégalité à partir du concept de capabilité de Sen (section 1). D’abord nous
montrons l’importance du mot capabilité et de le différencier ainsi avec d’autre concept
(Capacité, opportunité, risque et vulnérabilité). Ensuite, à partir de ce concept de capabilité de
Sen, nous mettons en exergue la définition et mesure de l’inégalité du genre. Dans la
deuxième section, nous trouvons la notion de développement humain et les effets sur ce
dernier de l’inégalité du genre. Pour se faire, une description de l’approche genre et
développement est avant tout nécessaire pour évoquer ces impacts. Dans cette approche, nous
trouvons les quatre outils de l’approche genre et la notion d’empowerment (ou attribution de
pouvoir aux femmes). Enfin, avant de déterminer les impacts de l’inégalité sur le
développement, nous définissons la notion de développement humain.
6
Section 1 : Revue théorique sur l’inégalité du genre
Comme toute sorte d’inégalité, celle qui concerne le genre a pris une place importante
dans le processus de développement d’une nation. Plusieurs auteurs comme Sen dans les
années 90 ou Rawls avec son ouvrage « A Theory of Justice »paru en 1971 ont mis de
l’importance à la notion « inégalité » dans leur travail. Cette première section se concentre
surtout sur l’approche de la capabilité de Sen pour définir l’inégalité entre genre et de
détérminer la base de cette inégalité (la faiblesse ou même le manque de cette capabilité).
Le premier parti de cette section nous montre une approche conceptuelle de la notion
de capabilité de Sen. D’autres concepts, comme la capacité, l’opportunité et la vulnérabilité,
ont été utilisé pour qu’il n’y a pas de confusion entre ces concepts et que ces derniers peuvent
être aussi des support pour déterminer l’inégalité du genre. La deuxième partie quant à elle se
concentre surtout sur la définition et la mesure de l’inégalité du genre.
I-1-1 : Approche de capabilité de SEN
Le mot capabilité vient de l’anglais « capability » et signifie l’ensemble des moyens
mis à la disposition d’un individu lui permettant de satisfaire ses besoins (Dubois et Al,
2003). Une personne qui jouit de la capabilité est apte à produire pour subvenir à ses besoins.
La capabilité est selon Sen (1992), un ensemble de vecteurs de fonctionnement. Ces
vecteurs ou espaces de fonctionnement désignent toutes les possibilités pour les individus
d’avoir toutes les façons d’être et d’agir dans la vie. Les fonctionnements répondent alors aux
classifications des besoins de Maslow (1971). Sen (1992) part des fonctionnements les plus
élémentaires (être bien nourri, avoir une bonne santé) comme réponse au besoin
physiologique de Maslow ; ensuite des fonctionnements intermédiaires (avoir un certain
confort) destinés au besoin de sécurité et enfin des fonctionnements les plus complexes (être
digne à soi même et en mesure de prendre part à la vie de la communauté) utiles pour les
besoins de reconnaissance et d’appartenance.
Le concept de liberté, joue un rôle essentiel pour définir la capabilité. La liberté d’un
individu apparaît comme le reflet de l’ensemble des capabilités dans l’espace des
fonctionnements (Dubois et Al, 2003).
7
Selon Sen (1992), la capabilité fait partie des indicateurs de la liberté humaine quel que soit le
type de vie d’un individu. Sen (1999), affirme que, dans un monde d’opulence et d’inégalités,
la liberté joue un rôle essentiel pour combattre la misère et l’oppression. Alors la capabilité
rend l’homme plus libre ; et cette liberté facilite le processus de développement.
Sen (1992), s’inspire à partir de la théorie de la justice de Rawls (1971), pour donner
l’importance au concept de liberté dans sa théorie de capabilité. A partir de la théorie de la
justice, Rawls (1971) définit deux principes :
* Le principe de liberté disant que chaque personne doit avoir un droit égal et un système
de bases égales compatible avec celui des autres. Le principe de liberté de Rawls (1971)
permet à toute personne d’avoir de la capabilité (Sen, 1999). La jouissance de cette liberté
pour les gens augmente ses capabiltés à mener un type de vie à leurs convenances (ils ne sont
soumit à autrui).
* Le principe d’équité qui lui-même se décline en : principe de différence et principe
d’égalité. Les inégalités sociales et économiques doivent être organisées de façon qu’elles
apportent aux plus désavantagés les meilleurs perspectifs, et qu’elles soient attachées à des
fonctions conformément à la juste égalité des chances. Il s’agit ici de redonner de la capabilité
au plus désavantagés pour qu’ils aient la chance de se développer comme les autres. D’après
ce principe d’équité, une augmentation de la capabilité chez les plus défavorisés permet plus
d’égalité sociale (ibid.).
Le mot capabilité, dans la vie quotidienne, se confond avec d’autres notions (comme
la capacité et la vulnérabilité). Il est donc nécessaire de bien déterminer la capabilité et les
concepts qui lui sont proches.
I-1-1-1 : Capabilité et capacité
Avant de parler sur la notion de capacité, nous évoquons d’abord le concept de
potentialité. Ce dernier est à base de la définition de la capacité et de sa relation avec la
capabilité. Les notions de capacités et de potentialités sont à distinguer du concept de
capabilités (Dubois et Al, 2003).
8
� La potentialité
Ce terme désigne l’état de la puissance dont possède un individu pour avoir un bien-
être. Elles (potentialités) offrent les moyens aux personnes vulnérables de faire face à
l’adversité (ibid.). Ici, elles sont définies comme la dotation en capital associé à chaque
individu. Cette dotation en capital prend quatre formes différentes :
a) Le capital financier
Il permet l’amélioration du niveau de vie de l’individu. Comme réserve de valeur, il
facilite ses dépenses (dépenses productives et dépenses pour les besoins fondamentaux)
b) Le capital physique
Ce capital peut servir contre les risques : par exemple, les stocks de nourriture sont
une mesure de précaution pour les périodes de soudure.
c) Le capital humain
Il désigne le stock des ressources personnelles (connaissances, savoir-faire)
économiquement productives. Cette forme de capital rend les hommes moins vulnérables.
d) Le capital social
C’est une ressource sociale issue de la vie en communauté par des phénomènes
d’externalités. Le capital social va de pair avec externalités de telle sorte que : l’externalité est
l’effet externe de l’action d’une entreprise sur son environnement et le capital social désigne
le montant des sources ou des biens apportés à une société. Donc ces deux termes jouent le
même rôle dans l’accroissement de la vie d’une société ou d’une entreprise.
En bref, la potentialité d’un individu peut être améliorée quand il investisse (comme
toute sorte de capital). La capabilité permet aux individus de renforcer sa potentialité et de sa
capacité, car en augmentant la capabilité d’un individu, cela peut avoir un impact sur sa
potentialité (par exemple, en offrant à une personne le moyen de satisfaire son besoin en
éducation, lui permet d’augmenter son capital humain (sa potentialité)).
La potentialité d’une personne, comme nous l’avons vu ci-dessus, est une force
acquise à partir de l’environnement socioculturel à laquelle il vit. La capacité quant à elle, se
définie comme une force innée de l’individu que ca vient de l’intérieur ou de l’extérieure.
9
� La capacité
La capacité est l’aptitude à faire ou la compétence de faire quelque chose. La capacité
se distingue de la capabilité par son objectif. La capacité, comme nous avons défini
précédemment, permet aux individus de fonctionner ; et la capabilité offre les moyens pour
donner ou augmenter cette capacité des gens. Sen (1999) distingue deux sortes de capacités
telles que les caractéristiques personnelles et les opportunités sociales.
a) Les caractéristiques personnelles
Chaque individu possède ses propres caractéristiques, aussi bien au niveau externe et
leur environnement, mais également au niveau interne (diversité de leurs traits personnels :
âge, sexe, aptitudes physiques et mentales). Les besoins individuels se diffèrent selon les
caractéristiques différentes des gens. Un malade a besoin plus de revenu par rapport à une
personne normale pour qu’il puisse se soigner et acheter des médicaments. Un handicapé peut
avoir besoin d’une prothèse, une personne âgée d’une aide permanente et une femme enceinte
de plus de nourriture (Sen, 1999). Même à ressource égale, la faculté d’adaptation et les dons
innés sont différents d’une personne à l’autre. Dans un établissement scolaire les majors se
distinguent des faibles très largement. L’inégalité des capacités apparaît sur des traits de
caractère propre à chaque individu. « Un individu peut avoir beaucoup de facilités à
apprendre et à assimiler, alors qu’un autre devra fournir beaucoup plus d’efforts pour
arriver à un niveau inférieur » (Dubois et al, 2003, p. 16).
b) Les opportunités sociales
L’environnement dans lequel vit l’homme, peut l’aider à évoluer ou à être instruits.
Nous parlons ici d’environnement social comme l’éducation et la santé. Si une personne vit
dans un quartier éloigné des établissements scolaire et médical, il est fort probable pour cet
individu de devenir plus vulnérable à cause de son niveau intellectuel et de son état de santé.
D’après la Banque Mondiale (1993, p 44) : « L’instruction renforce considérablement la
capacité des femmes à jouer le rôle qui est le leur dans la création de ménages en bonne
santé ».
10
Les opportunités sociales peuvent apparaître comme des contraintes culturelles et ou
familiales. Elles peuvent être aussi l’origine de discrimination sexuelle. Par exemple, d’après
le journal de la TV5 monde, dans certains pays musulmans (comme l’Afghanistan et le
Pakistan) ; les filles n’ont pas le droit d’aller à l’école, alors que leurs homologues masculins
ont la possibilité de se constituer un capital humain en allant à l’école (www.TV5monde.org).
D’après cette information les écoles fréquentées par des filles sont bombardées par des
extrémistes.
Dans le cas de la Grameen Bank (système de microcrédit destiné aux femmes pauvres
du Bangladesh) ; les femmes bénéficient d’un traitement spécial à cause d’un environnement
socioculturel. Comme leurs maris sont des musulmans, ils refusent que leurs épouses aillent
travailler ailleurs. Alors, on a institué cette micro-finance pour que ces femmes puissent
trouver des fonds nécessaires pour entretenir leurs micro-entreprises. (Exemple : préférence
des parents pour leurs fils) (Banque Mondiale 2003).
En conclusion, un individu pourra avoir une dotation en capital suffisant et possède des
caractéristiques personnelles pour atteindre un certain vecteur de fonctionnement. Sans
opportunités, son atteinte ne se réalisera pas. Dubois et Al (2003) résument l’approche des
capabilités de Sen dans la figure suivante :
11
Figure 1 : Approche de capabilité de SEN
La capabilité est nécessaire à tout individu d’avoir une meilleure condition de vie.
Mais, les inégalités sociales jouent un rôle prépondérant dans l’incapacité et l’invulnérabilité
de chaque individu. Durant leur vie, toute personne sont exposé à plusieurs risques (santé,
chômage, etc.). Face à ces risques, la capabilité permet d’augmenter la capacité des individus,
mais la vulnérabilité des individus constitue l’une des obstacles au développement. Nous
mettons donc en exergue dans la section suivante la relation entre la capabilité et la notion de
vulnérabilité.
12
I-1-1-2 : Capabilité, risque et vulnérabilité
La vulnérabilité d’une personne se présente sous forme d’inaptitude à se protéger
contre les chocs externes. Un individu est vulnérable lorsqu’il n’est pas en mesure de faire
face aux différents problèmes liés à son environnement. Par exemple, les enfants sont plus
vulnérables pour les maladies contagieuses (grippe, fièvre,…). Ce concept touche presque
tous les niveaux de la population, mais son degré est différent d’un pauvre à un non pauvre.
D’après Dubois et Al (2003, p.17) : « La vulnérabilité est la probabilité de voir sa
situation ou ses conditions de vie se dégrader quelque soit le niveau de richesse, face aux
fluctuations de la vie».La vulnérabilité d’un individu se mesure par la fréquence du risque
encouru et par les moyens mis à la disposition (capabilities) de la personne pour couvrir
contre ce risque. Pour plus de précision, nous mettrons en exergue la conséquence néfaste
d’un risque dans la vulnérabilité d’un individu.
� Risque et vulnérabilité
Un risque se définit comme un danger plus ou moins probable dans la vie des gens.
Personne n’est à l’abri des risques, mais l’un des moyens pour y faire face est la prévention.
Le principe de prévention est un moyen utiliser pour diminuer la dégradation de
l’environnement c'est-à-dire les risques environnementaux. Dans l’adage « mieux vaut
prévenir que guérir », la prévention comme le vaccin permet de réduire le risque d’une
maladie. Durant leur vie, les hommes et les femmes sont exposés à une large variété de
risques. Ces risques peuvent entraîner un manque de capabilité qui est la cause de la
vulnérabilité.
a) Caractéristiques des risques :
La première caractéristique du risque est la « fréquence». Cette fréquence de
l’omniprésence des risques dans la vie est élevée si les risques peuvent survenir
fréquemment ; et est moins élevée dans le cas contraire. La seconde caractéristique c’est
l’intensité de ces risques. Cette intensité mesure l’impact de la réalisation des risques dans la
vie des hommes.
En fin, une troisième caractéristique est la corrélation, qui désigne la situation d’une
personne en face de plusieurs risques, et ces risques se renforcent mutuellement et entraînent
les gens dans un cercle vicieux (exemple : la famine peut être une cause de malnutrition,
entrainant les individus dans la maladie, et qui deviennent donc moins productifs).
13
b) Principaux types de risque encourus par les ménages des PED
Les ressemblances entre les pays au sein du PED sont la précarité de la santé de la
population, une espérance de vie plus courte, la famine et le capital humain insuffisant.
Chacune de ces caractéristiques présentes des risques importants pour la population.
Les risques sur la santé :
Les maladies ont un coût élevé au niveau de l’individu et à l’échelle nationale. Il y a
deux sortes de coûts suite aux maladies :
- Les coûts directs : les dépenses de prévention (la vaccination, l’achat des moustiquaires,
etc.)
- Les coûts indirects : pertes de revenu et de temps si une personne tombe malade.
Les risques de l’âge :
Les personnes âgées doivent s’attendre à une perte d’emploi à cause du départ à la
retraite. A ce moment là, ils ne seront plus actifs et peuvent devenir dépendants de leurs
enfants et constituent une charge pour la population active.
Les risques agricoles :
Presque tous les pays en voie de développement se trouvent dans les zones tropicales
chaudes et humides. Les aléas climatiques (comme la sècheresse ou l’inondation), les insectes
nuisibles (invasion de criquets), et des maladies végétales exposent ces pays à de nombreux
risques. Les populations sont donc confrontées à des risques de famine à cause de mauvais
rendement de la production agricole (Brunel S., 1987).
Les risques sur le marché de travail :
Fautes de qualifications nécessaires, bon nombre de travailleurs risquent d’être
licenciés. Les catégories les plus touchées par ce genre de risque sont les femmes, les jeunes
et les vieux. Exemple à Madagascar le taux de chômage en 2005 est de: 2,4% chez les
hommes contre 3,6% chez les femmes ; chez les jeunes (entre 15 et 25 ans) ce taux est en
moyenne 3% et pour les vieux (supérieure à 55 ans) le taux est supérieur à 8% (OMEF, 2007).
Pour plus d’information, nous y reviendrons dans le chapitre deux dans l’étude de cas de
Madagascar.
14
� Capabilité et vulnérabilité
Les risques rendent l’homme plus vulnérable, mais les capabilités nous aident à être
moins vulnérables pour résister aux chocs négatifs (Dubois et Al, 2003).
Si nous augmentons le risque ; la vulnérabilité croit en même temps (elle est fonction
croissante du risque). Par contre, si nous augmentons les capabilités d’une personne, il sera
moins vulnérable (fonction décroissante des capabilités).
Après avoir montré les liens entre ces concepts (capabilté, capacité et vulnérabilité),
nous parlons maintenant leur importance dans la détermination de notre principal champ
d’investigation qu’est la notion de l’inégalité du genre.
I-1-2 : Définition et mesure de l’inégalité du genre
L’inégalité doit être appréhendée en fonction des capacités des individus ou encore de
leurs opportunités ou des chances de dégager des revenus. L’opportunité d’un individu lui
permet d’augmenter sa capacité pour qu’il ait une chance de se développer et de réduire en
conséquence l’inégalité. Si un individu ne possède que de très faible capacité Sen(1992), un
minimum de ses chances pour dégager des revenus, il risque d’être exposé de plus en plus à la
pauvreté. Le manque de capacité et des opportunités conduit un individu à être beaucoup plus
pauvre. Plus la pauvreté s’intensifie, plus l’écart entre les plus pauvres et les non pauvres
agrandisse.
Inégalité veut dire « différence » entre deux individus au niveau du caractère, des
richesses ou de leur environnement. Cette inégalité ne se limite pas aux phénomènes humains,
mais peuvent s’étendre à d’autres domaines. Il y a par exemple l’inégalité Nord-Sud qui
désigne la différence entre Pays riches de l’hémisphère Nord et les Pays pauvres de
l’hémisphère Sud (Albagli C., 1991).
I-1-2-1 : L’inégalité fondée sur le genre
L’inégalité du genre se défini comme la différence homme femme du point de vue
socioculturel (exemple nous parlons de l’inégalité de sexe dans l’analyse de la mortalité
infantile mais de l’inégalité du genre au cas où il y une faiblesse de l’indice de participation
féminine (PNUD, 1997).
15
A partir du XXème siècle, les femmes ont obtenu une place importante dans le domaine
politique, économique et social (droit de vote et possibilité des postes de direction). Au cours
des trois dernières décennies, les questions féminines (et plus récemment, celles qui
concernent la différenciation homme-femme) ont gagné beaucoup d’importance sur le plan de
développement (rapport de suivie des Objectifs du Millénaire pour le Développement OMD).
C’est surtout au niveau des droits et de l’accès aux ressources que les inégalités entre
les genres sont les plus éloquentes, et ce partout dans le monde, mais d’une manière plus
évidente dans les pays sous-développés (cf. Tableau n°1 : « les inégalités de droit entre les
sexes », page 13).
Cette sous section se concentre sur les inégalités fondées sur le genre dans les pays en
voie de développement. Elle met en exergue en premier lieu la définition de l’égalité de sexes,
ensuite elle fait apparaître les différentes formes d’inégalités du genre.
� Définition de l’égalité des sexes
Nous parlons de l’égalité des sexes suivant le plan juridique (égalité devant la loi),
économique (égalité d’opportunités impliquant l’égalité des salaires ainsi que de l’accès au
capital humain et autres ressources de productions) et social (égalité en influence) (Coleman,
1988).
Malgré des réformes et des changements de mentalité et de comportement, l’inégalité
fondée sur le genre continue encore à exister surtout dans les pays en voie de développement.
Après avoir défini ce que c‘est l’égalité des sexes, parlons maintenant de l’inégalité de genre.
� Les différentes formes d’inégalité entre genre
L’inégalité du genre peut prendre plusieurs formes, comme l’inégalité en droit ou
l’inégalité en ressource.
a) Les droits et les inégalités
Les femmes ne jouissent pas de droits égaux à ceux des hommes dans les pays pauvres
comme les pays d’Afrique ou d’Asie du sud (cf. tableau n°1 : les inégalités de droit entre les
sexes). Même, dans les pays développés où l’égalité des sexes est reconnue légalement (c’est
dans la loi et dans la constitution) ; les femmes ne jouissent pas pleinement de ce droit. Les
femmes, dans certains pays musulmans, comme le Pakistan, ont besoin de consentement de
leur mari pour demander un passeport, tandis que le contraire n’est pas vrai (PNUD, 1995).
16
Tableau 1: les inégalités de droit entre les sexes
Les pays Index (de 1 à 4) d’égalité entre les sexes
Asie de l’Est et Pacifique 2.8
Europe de l’Est et Asie Centrale 3.2
Amérique Latine et Caraïbes 2.7
Moyen Orient et Afrique du Nord 2.3
Asie du Sud 2.1
Afrique Subsaharienne 2.3
OCDE 3.1
Source : Données démographiques de la Banque Mondiale (1999)
b) Les ressources et les inégalités
Dans les pays en voie de développement, selon la Banque Mondiale (2003), le pouvoir
réel des femmes se limite dans leur foyer (dans la répartition des ressources et des
investissements), mais en dehors de leur maison, ce sont les hommes qui décident et qui
dirigent. Quant aux postes de travail, dans ces mêmes pays, les employeurs préfèrent souvent
recruter des hommes que des femmes (Banque Mondiale, 2003).
Dans le Sud Est de Madagascar, les filles n’ont pas le droit d’hériter leurs parents.
C’est une raison économique qui explique ce propos. En principe, les mariages ne durent pas
au-delà de cinq ans dans cette région. Et, si les filles sortent de leurs maisons avec des biens
de leurs familles, il se trouve que les maris deviendront propriétaire de ces biens après la
séparation. Ainsi, c’est pour conserver les biens familiaux que les filles n’ont pas droit à
l’héritage. Cela revient à dire que seuls les garçons ont droit à l’héritage.
Sur le marché du travail, la plupart des offres d’emploi nécessitent de capital humain
important. Les caractères physiques d’un individu sont aussi pris en compte lors des entretiens
d’embauche. Une personne morbide, sans éducation est écartée en premier lieu de la
concurrence, comme c’est le cas de presque toutes les femmes dans les pays en voie de
développement. Ces différents critères ont incité les employeurs à recruter des hommes plutôt
que des femmes.
17
Droenger et Piore (1971), dans leur théorie de « la segmentation du marché du
travail », distinguent deux types de marché : marché primaire et secondaire. Le premier type
du marché est pour les hommes, avec une rémunération plus élevée et une meilleure
condition de travail. Le second est destiné aux femmes caractérisé par un bas salaire (éventail
des professions et des expériences plus réduit).
Quant à Anker (1997), il explique cette préférence pour les hommes à l’embauche par
la théorie de ségrégation socioculturelle. Il explique en effet qu’il y a un lien étroit entre les
caractéristiques des « professions féminines » et les clichés habituels sur les qualités des
femmes. Ces clichés en question sont, entre autres, le souci d'autrui, l’habileté manuelle, le
charme, le manque de force physique, la préférence pour la flexibilité, etc. Il ajoute par
ailleurs que c’est la réputation de ces professions et non leur nature qui les font apparaître
comme féminines car à priori, il trouve qu’il n'y a, par exemple, aucune raison de supposer
qu'une profession, quelle qu'elle soit, soit par nature " flexible " ou " peu flexible ".
I-1-2-2 : Inégalité et concept proche (pauvreté)
La vision des inégalités d’Amartya SEN débouche sur un concept de pauvreté absolue.
Les individus pauvres sont les personnes privées des ressources minimales (capabilities)
nécessaires à l’exercice des droits de l’homme les plus fondamentaux. Ces droits
fondamentaux sont identiques pour tout individu quel que soit son niveau de vie (exemple : se
nourrir, se loger, participer à la vie de société, avoir une estime de soi, …) (Cling et Al, 2003).
Pour Sen (1992), le problème de la pauvreté renvoie au lien entre les inégalités des
faits actuels et les inégalités des chances futures. La situation présente d’un individu est le
reflet de son avenir, par exemple un enfant né dans une famille pauvre a moins de chances de
se développer car il n’a pas l’opportunité de se construire un capital humain favorable pour
son propre développement.
Dans le processus de réduction des inégalités, Sen (1992) propose, dans sa théorie de
la capabilité, une politique de développement de la capacité individuelle des plus pauvres.
Dans cette optique, l’idée est de ramener les plus pauvres vers la ligne ou seuil de pauvreté
pour qu’ils acquièrent une certaine capacité en vue de faire valoir leur chance. Par exemple
une politique d’éducation pour tous et de santé gratuite, pour toute la population donnent à
cette dernière la capacité et l’opportunité de trouver de travail bien rémunéré.
18
Sen (1999) critique le courant « welfariste » car pour lui, cette pensée ne respecte pas
la diversité des préférences ou des conceptions du bien des individus. L’école « welfariste »
ou l’école du bien être met l’accent sur l’égalité des chances de départ, mais non aux résultats
(Cling et Al, 2003). Pour ce courant, il faut réduire l’inégalité des faits actuels (comme
l’augmentation des salaires pour que les plus pauvres puissent atteindre le seuil de la
pauvreté).
La persistance de la pauvreté dans les pays en voie de développement entraîne donc
une augmentation des inégalités car les riches ne cessent d’accumuler de la richesse
(l’augmentation des profits entraîne un nouvel investissement, donc un autre profit). Une des
principales causes de l’aggravation de l’inégalité est le progrès technique. Certains individus
peuvent facilement utiliser des matériels modernes (comme l’ordinateur), et d’autres
personnes ne savent même pas ni lire, ni écrire. Ces derniers seront donc exclus du processus
de développement d’une Nation à forte industrialisation à la base (Henry, 1990).
Un manque de capabilité chez les femmes constitue donc un frein ou un obstacle dans
le développement de ces dernières. Qu’il s’agit de Rawls (1971), ou de Sen (1992), la liberté
est une condition nécessaire dans le développement d’un individu. Sen (1999) apporte encore
plus de précision à la base de cette liberté la notion de capabilité. Les femmes frappées d’une
insuffisance de cette capabilité se trouvent moins développées que leurs homologues
masculins. L’inégalité du genre aura une conséquence sur le développement humain, ce qui
constitue l’objet de la section suivante.
19
Section 2 : Impact de l’inégalité du genre dans le domaine du
développement humain
Après avoir démontré le lien entre le concept de capabilité de Sen et la notion
d’inégalité, nous parlons maintenant l’objet de la présente recherche qu’est l’impact de
l’inégalité du genre dans le développement. Nous trouvons dans cette section l’effet négatif de
l’inégalité dans le développement.
Avant de montrer cet impact, nous analysons d’abord ce que nous entendons par genre
et par extension l’approche genre et développement. Dans cette partie, nous trouvons les
quatre outils de l’approche genre selon Choque et Drion (1999), et ensuite la notion
d’empowerment. Dans une autre partie, nous voyons ce qu’est la notion de développement
humain pour déterminer les impacts de l’inégalité sur le développement.
I-2-1 : Description de l’approche Genre et Développement (GED)
Le mot genre vient de l’anglais « gender » et se distingue du mot sexe par sa base. Si
le premier concept possède une base culturelle, c’est-à-dire défini par la société, le second
sous-entend des caractéristiques biologiques. D’après la commission européenne (1998), le
genre est un concept qui se réfère aux différences sociales entre les hommes et les femmes,
différences susceptibles de changer avec le temps et variables tant à l’intérieur que parmi les
différentes cultures. « Parler de « genres » plutôt que de « sexes », c’est dire qu’être une
femme ou un homme se vit de telle ou telle manière dans telle société, c’est définir les femmes
et les hommes en insistant sur les caractéristiques culturelles, car c’est dans leurs relations
sociales qu’hommes et femmes sont différentes. La manière de choisir une partenaire, le droit
d’accéder à la propriété ou d’héritage, la liberté de circulation varient d’une société à l’autre
et évoluent aussi dans le temps » (Choque et Drion, 1999, p.7).
Ainsi, quand nous parlons de genre, nous devons surtout entendre par là les
différences, au niveau de la société, des hommes et des femmes. Différences qui peuvent
varier d’une société à une autre, d’une période à une autre. Nous parlons d’inégalité de sexe si
nous avons, par exemple, un taux de mortalité infanto-juvénile des garçons plus élevé à celui
des filles. Pour l’inégalité de genre, c’est quand cette différence est moindre par rapport à la
réalité, par ce que les petites filles sont moins bien traitées que les petits garçons ; et cette
réduction de la différence traduit l’inégalité du genre (Veron, 2000).
20
Dans le concept genre, il est question de : « situation des femmes », de la « condition
féminine » ou du « statut des femmes » (Labourie-Racape, 2000). L’accent est donc mis sur
« la féminisation de la pauvreté » ou de « l’inégalité dans l’accès au marché de travail ».
Le « genre et développement » ou GED est donc une approche du développement
fondée sur les relations femmes-hommes. Cette approche détermine la société et non plus sur
les femmes en tant que groupe. Le tableau ci-dessous illustre ces caractéristiques. Cette
analyse est centrée sur les forces sociales, économiques, politiques et culturelles. Ces critères
déterminent le pouvoir des hommes et des femmes à participer à un projet, en profiter et
contrôler ses ressources et ses activités, afin de se développer et/ou de développer la société
d’une façon égale.
Tableau 2 : L’approche GED et ses caractéristiques
Genre et développement
Approche Une approche globale du développement
Centre
d’intérêt
Les rapports femmes-hommes
Problème L’inégalité des relations de pouvoir empêche un développement équitable,
ainsi que la pleine participation des femmes
Objectifs Transformer les relations inégalitaires pour accroître le pouvoir des plus
démunis et des femmes pour un développement équitable et durable où femmes
et hommes prennent les décisions
Stratégies - Identifier et considérer les besoins pratiques des femmes et des hommes en
vue d’améliorer leur condition
- traiter en même temps les intérêts stratégiques des femmes pour une
évolution égalitaire des rôles et un partage des tâches
- mettre en œuvre des stratégies collectives avec les groupes dominés pour un
développement axé sur les gens
Source : Un autre genre de développement. Un guide pratique sur les rapports
hommes/femmes dans le développement CCCI/March/Aqoci/Montréal /1991
21
D’après ce tableau, l’approche genre du développement se veut globale et transversale
En effet, cette approche est globale puisqu’elle dépasse le cadre familial et ne prend pas les
femmes à part. Et elle est transversale par rapport, non seulement aux secteurs, mais aussi par
rapport aux champs politiques, économiques, culturels, etc. En outre, elle prend en compte la
situation et le rôle des femmes ainsi que leur relation avec les hommes. C’est d’ailleurs ce
qu’ont affirmé Leloup et Ryckmans (1995). Elle s’inscrit dans une perspective de
transformation sociale des relations d’inégalités entre êtres humains, notamment entre femmes
et hommes, donc elle n’isole pas les femmes. Elle implique également l’intégration des
relations de genre à tous les niveaux de discussion et de l’action.
I-2-1-1 : Les quatre outils de l’approche genre
Pour être efficace et pour justifier son importance, des outils sont indispensables à
cette approche genre (Choque et Drion, 1999). Premièrement, nous avons l’impact différencié
du contexte. Le second outil est, l’utilisation des trois rôles pour démontrer l’inégalité entre
femme et homme dans leurs rôles.
En effet, si les femmes sont davantage engagées dans les rôles reproductifs, les
hommes, eux, le sont principalement dans les rôles productifs. Le troisième outil est la
distinction entre « besoins pratiques » et « intérêts stratégiques », important dans les Aides au
développement ; et en dernier c’est l’accès et le contrôle des ressources. Le tableau ci-après
résume ces principaux outils et nous résume les instruments fondamentaux du GED.
22
Tableau 3 : synthèse des principaux outils nécessaires au GED
Outils
Impact différencié du
contexte
Le cadre juridique, économique, social, religieux, culturel d’une
société joue sur des mesures ou des projets apparemment dépourvus
de l’intention de favoriser un sexe
Les trois rôles - rôle reproductif : procréation, éducation des enfants et soins
nécessaire à leur survie
- rôle productif : production de biens et services pour
l’autoconsommation ou pour la commercialisation, travail rémunéré
en espèces ou en nature
- rôle social ou communautaire : activités d'administration de la
communauté qui assurent à celle-ci services et cohésion. Ce rôle est
assumé par les pouvoirs publics, par des groupements ou des
personnes.
Besoins pratiques et
intérêts stratégiques
- Besoins pratique : de type matériel, ils concernent les améliorations
concrètes de la vie quotidienne
- Intérêts stratégiques : d’ordre politique, ils visent à modifier la
position de subordination, de domination des groupes sociaux
défavorisés
Accès et contrôle des
ressources
Les ressources foncières, économiques, éducatives sont inégalement
réparties dans une société. Et les sociétés entre elles sont également
inégalitaires.
Source : Choque et Drion (1999)
Bref, si hommes et femmes travaillent de concert, nous pourrons aspirer à un
développement plus harmonieux. Pour cela, il faut que les femmes prennent un peu plus de
responsabilités. C’est le concept d’empowerment qui a mis en relief ce propos.
I-2-1-2 : La notion d’Empowerment
Le terme « empowerment »est un mot anglais signifiant généralement : « attribution de
pouvoir »ou encore « obtention de pouvoir ».
23
D’après la commission européenne (1999), l’empowerment est un « processus visant à donner
et à développer ses propres moyens devant permettre à toute personne de contribuer
activement à l’organisation de sa propre vie et de sa communauté sur les plans économique,
social et politique ».
Ce concept est né en Inde au sein du réseau DAWN3 et est de plus en plus appliqué
dans les ONG (Hofmann, 2000). Il fait référence à la capacité de comprendre la nature des
structures décisionnelles dans des contextes particuliers4. C’est donc la capacité des femmes à
s’organiser, individuellement ou collectivement, afin d’avoir un meilleur accès à la prise de
décision, à l’information, aux connaissances, à l’éducation, aux ressources économiques et
aux chances (Laidin, 2004).
Les cinq domaines de l’empowerment
� Bien être
On se préoccupe du bien être matériel des femmes en ce qui concerne l'alimentation, le
revenu, les soins médicaux. Le niveau d'égalité ne tient pas compte du fait que les femmes
sont ou non productrices de leur besoins matériels.
� Accès
On vise ici l’égal accès des femmes et des hommes aux facteurs de production : la
terre, le travail, le crédit, la formation et aux services mises en place par l’Etat. On s’assure
que le principe d’égalité des chances est respecté, ce qui sous-tend une réforme des lois et
pratiques administratives pour éliminer toute forme de discrimination contre les femmes.
� Contrôle
Plus que la simple participation, l'empowerment a pour objectif l'égalité de contrôle
sur les facteurs de production et la distribution des bénéfices des projets. Cette égalité entre
les hommes et les femmes en matière de contrôle fait en sorte que ni les uns, ni les autres ne
sont placés dans une situation de domination ou de subordination.
1 Le réseau " alternatives pour le développement avec les femmes à l’aube d’une ère nouvelle " a été créé par un groupe de sociologues et économistes à Bangalore (Inde).
4 Qui prend les décisions ? Par quel processus sont-elles prises ?comment ce processus peut-il être modifié ?comment les personnes exclues du groupe de décision font-elles sentir leur influence dans les nouvelles décisions qui émergent ?
24
� Conscientisation
Les femmes doivent comprendre la distinction entre différences sexuelles et rôles
définis selon le Genre. La croyance selon laquelle la division du travail doit se perpétuer de
génération en génération est à déconstruire, à partir d’expériences concrètes.
� Participation
Les femmes et les hommes participent de manière égale au processus de décision, à la
planification, à la gestion et à l’évaluation des actions de développement. Ceci implique
l’identification des besoins des femmes et des hommes et la prise en compte de leurs intérêts
stratégiques.
En bref, l’approche GED est une approche qui tente de mettre au même pied d’égalité
les hommes et les femmes, ou du moins de diminuer les écarts trop évidents et les
discriminations qui existent à l’encontre des femmes. Ce sont donc les relations sociales entre
les hommes et les femmes, relations discriminatoires pour ces dernières, qui constituent le
véritable problème à résoudre.
A cet effet, des outils sont utilisés par l’approche GED afin de mettre en exergue ces
différences qui subsistent entre les genres. Il s’agit (1) du contexte propre à chaque société,
(2) des trois rôles (productif, reproductif et social) que les genres accomplissent d’une
manière différenciée, (3) des besoins pratiques et des intérêts stratégiques de toute entité, (4)
et de l’accès et contrôle des ressources au sein d’une société donnée.
L’ empowerment, quant à lui, est un processus visant à améliorer les capacités de toute
personne à prendre part surtout dans la vie collective. Il implique le bien-être, l’accès, la
conscientisation, la participation et le contrôle pour être efficace et donc pour maximiser les
chances de pouvoir se développer convenablement. Il touche donc la mentalité ou la pensée
de tout un chacun.
Il nous paraît logique, suite à cette approche genre, d’en connaître davantage son
importance dans le développement. C’est donc de cette importance que nous allons discerner
par la suite.
25
I-2-2 : Effet de l’inégalité sur le développement
D’après la théorie néoclassique (théorie libérale basée sur l’importance du capital
physique), il y a une relation de « trade off » (ou jeu à somme nulle) entre équité (égalité
sociale) et développement. Dans cette théorie si un pays veut se développer il faut sacrifier
l’égalité sociale (pour cette théorie la minorité plus riche épargne beaucoup plus et cela
constitue un grand investissement dans le futur). Cette théorie a été vivement critiquée par la
nouvelle théorie de la croissance ou la théorie de la croissance endogène dont l’un des
principaux chefs de file est Romer ou Lucas etc. Cette dernière théorie se base sur
l’importance du capital humain et affirme que le « trade off » existe plutôt entre l’inégalité et
le développement (Ramiarison, 2002). D’après Sen (1992), aucun individu ne doit être exclu
dans le processus de développement car nous sommes tous acteurs du développement.
Cette section fait apparaître le trade off entre inégalité et développement humain.
D’abord, il nous paraît logique de définir ce qu’est le développement humain et ensuite
montrer les impacts de l’inégalité du genre sur le développement humain.
I-2-2-1 : Le concept de développement humain
Comme toute notion de développement (économique, social et durable), le
développement humain se préoccupe de l’humanité. Par définition le mot développement
signifie un changement ou une amélioration d’une situation par rapport à son état antérieur.
Le développement humain est donc une amélioration du niveau de vie des personnes, c’est-à-
dire ses biens êtres.
� Les indicateurs du développement humain selon la Banque Mondiale :
Dans son rapport annuel sur le développement dans le monde, la Banque Mondiale
publie en Annexe une série de tableaux statistiques. Dans plusieurs rubriques, figurent des
données considérées couramment comme caractéristique du développement humain et des
relations entre hommes et femmes.
26
Tableau 4 : Sélection, dans les « Grands indicateurs du développement dans le monde »,
des données susceptibles d’être interprétées en termes de genre
Rubriques Indicateurs Données
Esperance de vie Garçons/filles Qualité de vie
Taux d’analphabétisme des
adultes
Pourcentage de la population de 15
ans et plus à une date t
(hommes/Femmes)
Population active Féminisation de la population
active
Pourcentage de femmes dans la
population active à deux date (t et ‘)
Education Pourcentage de la cohorte atteignant
la cinquième année d’enseignement à
deux date (t et t’)
Prévalence contraceptive Pourcentage des femmes de 15 à 49
ans utilisant des méthodes
contraceptives
Fécondité Nombre d’enfant par femme
Santé
Mortalité maternelle Décès de mères pour 100.000
naissances vivantes
Source : Banque Mondiale (2000)
� Les indicateurs du développement humain selon le PNUD :
Les rapports de genre ne sont pas inclus l’indicateur de développement humain de la
banque mondiale, dans la mesure où ils sont calculés à partir de trois variables : durée de vie,
niveau d’instruction et niveau de vie (PIB réel par habitant), mais ne permettant pas de
différencier vraiment les hommes des femmes (Veron, 2000).
Pour tenir compte des inégalités de genre, le PNUD (1997), calcule aujourd’hui :
- l’indicateur sexospécifique du développement humain (ISDH). Les valeurs masculines et
féminines des variables retenues sont : espérance de vie des hommes et des femmes, taux
d’alphabétisation des adultes et taux de scolarisation tous niveaux confondus des hommes et
des femmes.
27
- l’indicateur de participation féminine (IPF). Ce dernier type est calculé à partir de trois
variables :
- pourcentage de femmes parmi les parlementaires.
- pourcentage de femmes occupant des postes d’encadrement et des postes techniques.
- part des femmes dans le PIB réel par habitant (PPA).
I-2-2-2 : L’inégalité du genre nuit au développement
Les inégalités entre les hommes et les femmes ont des conséquences négatives sur le
développement en ce sens que ce dernier signifie croissance économique et développement
humain. Le bien-être social ne peut être atteint avec ces inégalités et constitue un frein au
développement.
� Les trois principaux impacts de l’inégalité du genre sur le développement
a) Impacts sur le bien-être :
Les impacts sur le bien-être sont nombreux. Le fait de discriminer les femmes a des
effets, non seulement sur elles-mêmes, mais aussi sur leurs descendances. Ces impacts se
manifestent par la vulnérabilité face aux différents chocs de la vie. Il en résulte alors une
augmentation de la pauvreté, de la malnutrition et la propagation de plusieurs maladies. Les
garçons ont le privilège des droits à l’éducation par rapport aux filles dans plusieurs pays, si
bien qu’ils réussissent mieux que les filles dans l’éducation.Sans éducation dans son passé,
une mère n’arrive pas à bien entretenir son foyer et sa descendance (négligence en matière de
santé, de vaccination et d’éducation). Sans instructions, les femmes sont victimes de
problèmes de discrimination au niveau du marché du travail (capital humain insuffisant).
Un faible taux de scolarisation pour les femmes contribue à la propagation des
maladies, notamment les maladies transmissibles tel que le VIH/SIDA, c’est le cas dans
plusieurs pays en développement (pays d’Afrique). Deux cas peuvent expliquer cette
hypothése. Primo, en restant en dehors de l’école, certaines filles manquent d’occupation et se
livrent à des activités sexuelles. Secundo, comme elles manquent d’instruction, voire même
illettrées, elles ne comprennent le contenu des sensibilisations contre ces maladies. Dans le
Sud Est, des femmes ignorent le contenu des affiches dans les CSB II.
28
D’après l’adage « mieux vaut prévenir que guérir », les coûts des dépenses de soin sont très
élevés par rapport aux coûts d’un vaccin par exemple (pour certains cas ce vaccin est donné à
titre gratuit dans les pays pauvres comme Madagascar).
La mortalité féminine est élevée à cause des violences physiques et les lois et
coutumes dans les différents pays. La Chine par exemple, dans sa politique de limitation de
naissance, favorise les garçons et reste indifférent sur l’avortement d’une progéniture femelle.
En outre, les viols et les abus physiques envers les femmes continuent à augmenter et
entraînent près de deux millions de morts chaque année. Ces filles souffrent de mutilation
génitale à cause de la prostitution enfantine et ces viols (Banque Mondiale, 2003). Ces
mortalités féminines entrainent des millions d’orphelins sans la capacité de se développer et
plus exposés aux risques. Exemple L’Ouganda compte 11% d’enfants orphelins du sida, la
Zambie 9%, le Zimbabwe 7% et le Malawi 6% (Banque Mondiale, 2003). La charge sociale
du gouvernement de ces pays est donc affectée aux œuvres de charité et au centre d’accueil
pour héberger ces enfants. Il y a donc une diminution de la part des investissements productifs
(comme les établissements scolaires) dans le budget de l’Etat.
La faiblesse du capital humain chez les femmes est due à un manque d’éducation chez
les filles. Non seulement les taux de scolarisation des filles sont inférieurs à celui des garçons,
mais l’espérance de vie scolaire des filles l’est également (Levy, 2002).
Tableau 5 : Estimation des taux nets de scolarisation et espérance de vie scolaire
Taux net de scolarisation Espérance de vie scolaire
Régions 6-11 ans M F
12-17 ans M F
18-23 ans M F
M F
Afrique subsaharienne
55,2 47,4 46,0 35,3 9,7 4,9 6,5 5,5
Etats Arabes
83,9 71,6 59,2 47,1 24,5 16,3 10,2 9,4
Amérique Latine/Caraïbes
88,5 87,5 68,4 67,4 26,1 26,3 10,7 10,8
Asie de l’Est/ Océanie
88,6 85,5 54,7 51,4 19,5 13,6
Asie du Sud
84,3 65,6 50,5 32,2 12,4 6,6
9,7
8,5
Pays développés
92,3 91,7 87,1 88,5 40,8 42,7 13,8 14,0
Source : Unesco, 1995.
29
Ce faible taux de scolarisation des femmes a creusé de plus en plus les inégalités entre
les hommes et les femmes.
b) Impacts sur la croissance :
Dans la plupart des ménages, seuls les chefs de famille travaillent, si bien que tous les
membres de la famille deviennent leurs charges. Mais si la femme travaille, le revenu familial
augmentera, donc il y aura une amélioration du bien être du ménage (les enfants sont mieux
nourris, bien éduqués et ont une facilité de soin).
Sur le plan des investissements, sans ressources initiales (la plus part des héritages
sont pour les garçons), les femmes entreprennent donc des petits entreprises sans grand
profit. Même pour le cas des emprunts, les femmes ont moins accès au crédit. La plupart des
établissements de crédits dans les PED imposent à leurs clients une garantie supérieure ou
égale au montant de l’emprunt. L’accès d’un individu à des projets rentables dépend de sa
capacité (exprimée par sa richesse initiale) à cause du marché des emprunts imparfaits
(Ramiarison, 2002). Les femmes privées de ressource initiale n’ont pas la confiance des
banques, et sont donc exclues dans ce marché.
c) Impacts sur le pouvoir et la politique :
D’après des études faites par la Banque Mondiale (2003, p.12), « lorsque les femmes
exercent une plus grande influence dans la vie publique, le niveau de corruption diminue
automatiquement […].En affaires, les femmes sont moins enclinées que les hommes à payer
des pots de vins à des administrateurs officiels, peut-être parce qu’elles ont un sens de
l’éthique plus aigu et aussi parce qu’elles éprouvent une plus grande aversion pour le risque ».
A partir de cette déclaration, la discrimination des genres ne permet pas un bon
fonctionnement au niveau d’une autorité étatique ou privée. La prise de responsabilité des
femmes diminue le niveau de corruption. L’Etat de droit, la bonne gouvernance et la
transparence ont donc pour base le non existence de discrimination de toute sorte (y compris
le genre).
� L’importance des femmes dans le développement
Cette section nous aide à comprendre l’importance genre féminin dans le
développement. La théorie sur la liberté des femmes de Sen est ici retenue comme base, et
soutenue par une autre approche de Becker.
30
a) La liberté des femmes, atout du développement, par Amartya SEN :
Selon Sen (1999), dans un monde d’opulence et d’inégalités, les libertés jouent un rôle
essentiel pour combattre la misère et l’oppression. Elles sont à la fois un moyen pour se
développer et un but à atteindre dans le processus de développement. Elles favorisent l’action
des individus, et notamment des femmes, dont l’émancipation est un facteur décisif de
changement. Pour Sen, les femmes doivent être plutôt des acteurs du développement socio-
économique, que de rester seulement un spectateur.
En tant qu’acteurs, les femmes peuvent avoir des activités hors de leur foyer (en ne
restant pas toujours comme des femmes au foyer). Une fois que les femmes gagnent un salaire
grâce à un travail extérieur, leur participation dans la prospérité du foyer devient plus visible.
Par la même occasion, elles deviennent plus indépendantes. Donc, pour Sen, si une femme
veut être plus libre, sans privations, elle doit avant tout travailler à l’extérieur du foyer.
Sen souligne donc que si, dans une société donnée ou dans un pays donné, les femmes
sont plus libres quant aux prises de décisions, le développement sera plus notable et plus
réalisable pour la société ou le pays.
b) La théorie du capital humain selon Becker :
Selon Becker (1964), dans sa théorie « du capital humain5 », les femmes, comme leurs
homologues masculins, ont un rôle important dans l'économie d’un pays. En effet, à ressource
égale (éducation notamment, c’est-à-dire capital humain), les deux genres ont les mêmes
salaires et les discriminations n’auront plus sa raison d’être. C’est dans cette optique de
liberté des femmes, mais sous un angle quel que peu différent, que Sen a avancé sa théorie.
5 les différences de salaires dans l’espace, dans le temps et entre les individus sont expliquées par les différents investissements individuels effectués au cours des périodes antérieures
31
Conclusion
La base de tous les développements est la liberté des individus. Non seulement cette
liberté est à la base des théories des auteurs comme Sen, Becker, Rawls…, mais elle fait
l’objet principal des préoccupations des institutions internationales (ONU, OMS,…). Ce
concept est un des moyens de réduire les inégalités surtout au niveau du genre. Le
développement de toute l’humanité est obtenu dans son niveau de productivité.
L’empêchement des femmes de travailler constitue donc un obstacle pour leurs propres
développements et pour la société entière. Les inégalités de fait entre les genres aujourd’hui,
reflètent donc l’avenir des femmes et de leurs descendances. A partir de ce fait actuel, les
inégalités de chance se creusent dans le futur si rien n’est fait.
Les femmes sans opportunité n‘ont pas la même capabilité par rapport aux hommes de
pouvoir se développer. Une politique en faveur des femmes pour augmenter leurs capabilités
sera donc le bienvenu pour avoir un meilleur taux de développement humain. Dans la
pratique, les inégalités entre genre se manifestent surtout dans la profession. La différence sur
le niveau d’éducation est ici prise comme l’une des causes des inégalités du genre dans la
profession. Les données concernant Madagascar d’après les enquêtes faites par des
institutions nationales et internationales prouvent les impacts de l’inégalité du genre dans la
profession sur le niveau développement humain du pays.
32
CHAPITRE 2
INEGALITE DU GENRE :
LE CAS MALGACHE
33
Introduction
Sur le cas pratique, les inégalités entre genre à Madagascar prouvent les
discriminations envers les femmes. Dans la grande île, d’après le dernier recensement de la
population, fait par l’INSTAT en 2005, le nombre de femmes est approximativement le même
de celui des hommes. La proportion de femmes se situe à 50,6%. Cela revient à dire qu’elles
constituent une proportion non négligeable dans le développement du pays. Dans le chapitre
précédent, nous avons vu l’importance de la capabilité de Sen dans la détermination de
l’inégalité du genre et son impact sur le développement humain. A titre de vérification
empirique de cette hypothèse, nous avons fait une étude du cas de l’inégalité du genre dans la
profession malgache.
Pour démontrer ces formes d’inégalité du genre dans la profession à Madagascar :
nous mettrons en exergue en premier lieu, un bref historique sur le rapport de genre. Ensuite
nous évoquerons la discrimination envers les femmes sur le marché du travail, dans laquelle
nous montrons le taux de chômage élevé et le type d’emploi que les femmes occupent. Enfin
nous montrerons les inégalités du revenu entre genre.
34
Historique sur la notion de genre
L’égalité de genre à Madagascar n’est pas encore une réalité. Certains acquis
importants (comme sur le plan juridique et l’accès à l’éducation) permettent de marquer une
évolution sur le traitement de cette différence dans le pays. Sur le plan sociopolitique et
économique, la différence est remarquable car La Banque Mondiale annonce une baisse de
l’Indicateur de Participation Féminine6 (IPF) durant les cinq dernières années. En effet, cet
indice est passé de 0,396 en 2001 à 0,368 en 2005.
� La contradiction entre loi et coutume sur la situation des femmes
En matière de justice, les femmes malgaches ont un avantage, par rapport aux autres
pays sous-développés. Le cadre juridique national est favorable pour les femmes surtout au
niveau : de la Constitution de la République, de la ratification par Madagascar de la
Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, de la Charte Africaine des Droits de
l’Homme, de la Convention Internationale sur l’Elimination de toutes Formes de
Discrimination à l’égard des Femmes, de la Convention relative aux droits de l’enfant
consacrant l’égalité des droits des deux sexes, … (OMD, 2007).
Nous avons une évolution des lois en faveur des femmes. Depuis l’indépendance, les
femmes malgaches jouissaient les mêmes droits de citoyenneté comme leurs homologues
masculins. Non seulement elles ont le droit de voter mais aussi l’opportunité d’être élues.
Pour le cas des divorces, les femmes ont droit au tiers de la richesse (régime du « kitay telo
andalana »), mais actuellement nous sommes sous le régime de « mizara mira » c’est-à-dire le
partage est équitable 50%/50%. Sur le plan d’application de la sanction au niveau des délits
commis, comme l’adultère par exemple, la peine est la même pour les deux genres à partir de
1996.
6 L'Indicateur de Participation Féminine à la vie économique et politique (IPF), crée par le
Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), mesure la représentation
relative des femmes dans les sphères du pouvoir économique et politique. Il prend en
compte les écarts entre les hommes et les femmes au niveau :
• du nombre de sièges parlementaires • de fonctions administratives et d'encadrement • aux postes professionnels et de gestion dans la sphère économique • dans le niveau de revenu
35
Même avec ces nouvelles dispositions juridiques, la situation sur la disparité des
genres dans certaines régions ne s’améliore pas. Nous avons en face de ces lois une tradition
très conservatrice et rend les valeurs des femmes inférieures aux hommes.
Parmi ces coutumes nous citons :
- La polygamie est autorisée pour les hommes.
- En cas de divorce, les biens appartiennent aux hommes
- Les femmes n’ont pas le droit d’hériter leurs parents.
- Pour une certaine coutume, les filles ne choisissent pas leurs maris (elles sont déjà
réservées pour quelqu’un). A Marovoay, dans la région de Boeny, la demande d’une fille en
mariage est devenue un objet de marchandage. On échange la fille contre des zébus.
Le problème ici est que les Malgaches acceptent les mœurs et la tradition, même si
c’est contre les bonnes mœurs, au détriment de la loi. Face à cela, des reformes et des
changements de la mentalité des individus s’avèrent nécessaires. Une de cette reforme est le
projet IGED ou Intégration du Genre et Développement ; c’est un projet pilote de l’Union
Européenne. C’est le résultat d’une série d’actions d’identification et d’analyse faites depuis
1997 par les principaux acteurs de la coopération Madagascar-Union Européenne. Le projet
est opérationnel deux ans après et vise l’amélioration globale des interventions de
développement au sein de la Coopération Madagascar-UE.
L’application du projet IGED suit plusieurs démarches. D’abord, il écoute les
demandes et les attentes pour déterminer les besoins réels et après analyse, il propose une
solution de manière participative.
� Les améliorations de la condition des femmes à Madagascar
Durant les cinq dernières années, nous avons une stabilisation du ratio garçon filles
dans l’éducation. Le niveau de scolarisation est presque le même pour les deux genres. De
2001 à 2005 les pourcentages des filles à l’école sont de 49% dans le primaire, 49,5% dans
l’enseignement secondaire et 47% en enseignement supérieur (INSTAT/EPM2005).
Au niveau de l’emploi, la répartition a été faite naturellement : les femmes s’occupent
du foyer et les hommes travaillent. La participation des femmes dans les activités
économiques est donc très faible. A coté de cette inégalité, le code du travail malgache permet
aux deux sexes de jouir des mêmes droits d’accès, sans discrimination à l’emploi.
35
Sur le plan politique, il y a eu une nette amélioration en 2005 de la participation des
femmes. Ainsi par exemple, les femmes détenaient 12% des sièges parlementaires, 9% des
postes au sein du gouvernement, 3,9% des maires, 4,5% des chefs de région et 10% des
membres du bureau politique des partis selon le rapport des OMD (2007).
36
Section 1 : les inégalités sur le marché du travail
Comme tous les marchés, il y a les offres de travail ou demande d’emploi, et des
demandes de travail ou offres d’emploi. Actuellement, le marché n’arrive pas à réguler les
déséquilibres entre offre et demande, c’est pourquoi nous trouvons dans tous les pays du
monde des chômeurs. Le plein emploi n’existe pas en réalité. En matière de travail, le contenu
du curriculum vitae est important, car c’est l’identité de la personne qui y est mentionnée.
Pour le cas du genre à Madagascar, le CV7 des hommes diffère celui des femmes par leur
contenu, surtout dans la rubrique étude poursuivie et formation professionnelle ; les hommes
sont plus avantagés que les femmes dans la mesure où ils réussissent mieux que les femmes
dans les études.
Dans cette section, nous montrons, dans une première partie, sur quoi se concentre la
population active à Madagascar, ensuite nous analysons le chômage dans l’île.
II-1-1 Le genre d’activité à Madagascar
A Madagascar, 82% de la population sont dans le secteur primaire (Ministère de
l’Education National Malgache, 2002). La plupart des malgaches sont donc des agriculteurs,
des éleveurs ou des pêcheurs. Le taux de chômage dans la grande île est relativement faible
(82% de la population sont des agriculteurs et environ 10% s’occupent les trois autres secteurs
d’activité (OMEF, 2005)).
II-1-1-1 Taux d’activité
La population active se définit comme l'ensemble des personnes en âge de travailler,
qu'elles aient un emploi ou qu'elles soient au chômage. On la définit ainsi comme l’ensemble
de ceux qui travaillent (occupés) et ceux qui sont en quête de travail (chômeurs). Une
personne active est un individu en âge de travailler (généralement entre 14 et 60 ans).
Le taux d’activité est d’après l’INSTAT : « un indicateur qui permet de mesurer le
niveau de participation de la population en âge de travailler dans la vie économique d’un
pays à une période bien déterminée ». Le premier indicateur du marché du travail est le taux
d’activité. L’INSTAT calcule ce taux à partir du rapport entre la population occupée, ajoutée
des chômeurs à la population en âge de travailler ».
7 Curriculum Vitae
37
Il indique le niveau général de participation au monde du travail de la population en âge de
travailler. La formule suivante permet de calculer le niveau de cet indicateur:
T
coa P
PPt
+=
Avec :
Po : désigne la population occupée,
Pc : le nombre de chômeurs (la somme équivaut à la population active)
PT : la population totale
Les différences de taux d'activité entre genre ne sont pas considérables. Ce taux est de
86,1% pour les femmes contre 90,2% pour les hommes (tableau a en annexe 1). A
Madagascar, les inégalités entre régions sont aussi importantes sur le plan de la profession.
Pour la région de Diana, l’écart est de 8,9% contre 0,2% dans la région d’Itasy. Et
exceptionnellement dans la région de Vatovavy Fitovinany le taux des femmes dépasse celui
des hommes de 5,6 points.
Figure 2 : Répartition de la population inactive selon le milieu et le sexe (population 6
ans et plus)
Sources : ICMT d’après les données individuelles des enquêtes ménages 2005.
38
Le niveau de vie est un facteur discriminant du comportement d’un individu vis-à-vis
du marché du travail. Le taux d’activité augmente au fur et à mesure qu’on se déplace des
groupes des plus pauvres aux groupes des plus riches. Les femmes, classées par Steagler,
(2004), parmi le groupe de personnes plus vulnérables face à la pauvreté, ont donc un faible
taux d’activité par rapport aux hommes. Durant les années 2004 et 2005, le taux d'activité
chez les hommes est toujours légèrement supérieur à celui des femmes : ce taux est de 89,1%
en 2004 pour les hommes contre 83,9% chez les femmes en 2004. Des taux semblables sont
retrouvés en 2005 (OMEF, 2007).
Figure 3 : Taux d’activité selon l’âge et selon le sexe
Erreur ! Des objets ne peuvent pas être créés à partir des codes de champs de mise en forme.
Source: INSTAT/DSM/EPM2005
II-1-1-2 Taux d’occupation et situation dans la profession:
Le taux d’occupation des hommes est toujours supérieur à celui des femmes quelle que
soit la classe d’âge (ibid.). Cette différence de taux est due à la hausse des taux d’activités des
hommes par rapport aux femmes. Un taux d’activité élevé signifie une population
majoritairement en situation de travail. La différence entre taux d’activité et taux d’occupation
est ici définie par le travail informel. Faute de travail convenable, bon nombre de gens se
ruent dans le secteur informel, ce qui explique la préférence des femmes sur les aides
familiaux.
II-1-2 Le chômage affecte beaucoup plus les femmes que les hommes
II-1-2-1 Taux de chômage
D’après le BIT (Selon le 13ième Conférence Internationale des Statisticiens du Travail
(CIST) en 1982) le chômage est défini comme « une situation d’une personne sans emploi,
apte au travail et désireuse de travailler, recherchant effectivement un emploi rémunéré ». A
Madagascar le taux de chômage est encore faible car 82% de la population sont des
agriculteurs (INSTAT, 2005). Dans ce secteur d’activité, il faut des capacités physiques très
fortes car la méthode de culture est encore à base traditionnelle. Le taux de chômage des
femmes rurales Malgaches est donc supérieur à celui des hommes. Leur faible capacité
physique est donc une des causes du fort taux de chômage, c’est-à-dire le capital physique
39
joue un rôle important dans la vie paysanne Malgache. Le capital humain est ici un facteur
secondaire car les deux genres ont à peu près le même niveau d’éducation dans les
campagnes. Les 18% restes travaillent ville exerçant plusieurs activités.
Dans les zones urbaines, la cause de l’écart des taux de chômage entre les genres sont
l’insuffisance de capital humain car les hommes sont mieux éduqués que les femmes. Dans
cette zone, les problèmes des femmes malgaches sont identiques aux autres pays pauvres. Les
citadines Malgaches sont aussi sous l’influence de leur mari jaloux si bien qu’elles sont
obligées de rester au foyer.
Quelques exceptions sont à distinguer dans cette situation : dans les villes,
actuellement, les femmes s’épanouissent dans le métier d’animatrice, le mannequinat et les
autres professions nécessitant des comportements attirants. Aucune différence significative
n’est observée sur la structure des emplois masculins et des emplois féminins, sauf que les
femmes se tournent plutôt vers les activités commerciales : 6% des emplois féminins contre
seulement 3% chez les hommes (INSTAT, EPM 2005).
D’après l’Enquête Périodique auprès des Ménages (2005) de L’INSTAT, le chômage
touche beaucoup plus les femmes que les hommes. Le taux de chômage est de 3,6% chez les
femmes et 2,0% chez les hommes. On retrouve ce même résultat dans toutes les régions de
Madagascar, à l’exception à Amoron’i Mania où le chômage frappe beaucoup plus les
hommes que les femmes : 3,9% contre 2,9%.
40
Figure 4 : Taux de chômage selon l’âge et selon le sexe
Erreur ! Des objets ne peuvent pas être créés à partir des codes de champs de mise en forme.Source: INSTAT/DSM/EPM2005
Taux de chômage chez les jeunes
Madagascar est un pays à fort nombre des jeunes et d’enfants. La pyramide des âges de
la population Malgache est à base très large. Comme dans tous les pays du monde, les jeunes
à Madagascar rencontrent des difficultés quand ils entrent dans le marché du travail. Leur
manque d’expérience et l’ancienneté des adultes en sont parmi les causes. Quand il y a des
offres d’emploi, les critères demandés sont au moins 3 ans d’expériences, les jeunes
nouvellement diplômés sont donc exclus automatiquement.D’après les études de la Banque
Mondiale, les Hommes sont beaucoup plus productifs dans les classes d’âges entre 25 et 60
ans. A Madagascar, l’espérance de vie scolaire des enfants est très faible, ils entrent dans le
domaine de travail plus précocement sans expérience et avec une productivité faible ; donc les
employeurs les écartent de leur liste.
Pour les jeunes filles Malgaches, elles ont une fécondité très en avant par rapport aux
garçons, en moyenne 14 ans pour les filles contre 17 ans pour les garçons. Elles entrent dans
une vie familiale des l’âge de 14 ans surtout en milieu rural et n’arrivent pas à terminer leurs
études (OMEF, 2007).
Figure 5 : Taux de chômage des jeunes par milieu selon le genre
41
Sources : ICMT d’après les données individuelles des enquêtes ménages 2005.
Les jeunes urbains sont très concernés par le problème de chômage (GEORGE P.,
1981), leur taux de chômage arrive jusqu’à 8.4% si celui des jeunes ruraux n’est que 0.9%. Le
cas est encore pire pour les jeunes femmes dans les zones urbaines car leur taux de chômage
atteint 10.9% (presque le double de celui des jeunes hommes dans les mêmes zones).
II-1-2-2 Chômage et Niveau d’instructions
D’après l’enquête périodique auprès des ménages en 2007, à Madagascar, plus de la
moitié de la population ont un niveau Primaire. Seulement moins de 3 personnes sur 100 ont
un niveau supérieur. Plus d’une personne sur quatre sont sans instructions. Dans cette
répartition, à tous les niveaux, la proportion des femmes est toujours inférieure à celle des
hommes. Pour la population féminine, 29,6% sont des sans instructions contre 25,6% pour les
hommes. Selon les niveaux, les sans instructions se concentrent dans la branche
« agriculture », car on n’y demande pas trop de niveaux d’instructions. Par contre dans le
secteur des administrations publiques, le caractère requis est le niveau supérieur.
Les taux ne diffèrent pas sensiblement selon le genre. Cependant, mentionnons la
différence de 1,2 point pour le niveau "supérieur", aux dépens des femmes. Dans les classes
antérieures, les élèves ont à peu près le même niveau car les infrastructures destinées à les
accueillir sont nombreuses.
42
Ce nombre diminue d’un cycle à un autre : nous trouvons des EPP (écoles primaires
publiques) presque dans tous les « Fokontany » de Madagascar, le nombre de CEG (Collège
d’Enseignement Générale) est un peu inférieur (dans les communes), le nombre des Lycées
est équivalent au nombre des grandes communes ou des communes urbaines seulement, et
enfin les Universités sont au nombre de six (nombre des ex-provinces).
La proportion des femmes occupant un emploi régulier exerce un effet important et
négatif sur le ratio homme/femme dans l’éducation (DUBOIS et Al, 2003). A Madagascar les
femmes s’occupent, surtout, des travails à haute intensité de main d’œuvre (HIMO) ; exemple
dans les zones franches et les petits emplois mal rémunérés et à temps partiel (un programme
de réhabilitation de route, ou un projet environnementale dans le milieu rural).
Tableau 6 : Taux de chômage et niveau d’instruction selon le genre (population 15 à 64 ans) Taux de chômage
Niveau Masculin Féminin
Sans instruction 0.9 2.8
Primaire 1.1 2.7
Secondaire 3.7 6.3
Supérieur 7.2 10.6
Ensemble 1.8 3.4
Sources : ICMT d’après les données individuelles
D’après ce tableau, nous avons constaté un grand taux de chômage pour les personnes
ayant fait les études supérieures. A ce stade, les chercheurs d’emploi, poussé par leur
mentalité d’intellectuel, veulent des grands postes bien rémunérés (comme directeur ou des
cadres supérieurs), mais les offres correspondants, à Madagascar ne pourront pas satisfaire
cette demande. Heureusement pour les sans instructions (très majoritaire à Madagascar), le
secteur dominant dans le pays est l’agriculture et les industries extractives ne nécessitant
aucune qualification, et tout le monde peut y accéder.
43
Sous emploi lié à la durée du travail
La définition internationale du sous-emploi lié à la durée du travail a été adoptée en
1982 par la 13ème CIST8 et révisée en 1998 par la 16ème CIST. Il s'agit de « toutes les
personnes pourvues d'un emploi qui travaillent involontairement moins que la durée normale
du travail dans leur activité et qui étaient à la recherche d'un travail supplémentaire et sont
disponibles pour un tel travail, durant la période de référence» (INSTAT/EPM2005). A partir
de ces conférences, le seuil est fixé à 35 heures par semaine.
La proportion de personnes touchées par le sous-emploi lié à la durée du travail a été calculée,
en pourcentage par rapport à l'emploi total.
Tableau 3 : Nombre d’heures hebdomadaires consacrées à l’emploi principal selon le genre
Genre Nombre d’heures hebdomadaires consacrées à
l’emploi principal ( 15 à 64ans)
Masculin 39.7
Féminin 34.3
ENSEMBLE 37.0
Sources : ICMT d’après les données individuelles des enquêtes ménages 2005.
D’après ce tableau, le nombre consacré au travail pour les femmes est inférieure à la
norme imposée par la CIST (ici nous avons une valeur de 34,3 heures par semaine). Les
femmes Malgaches ne peuvent donc pas utiliser au maximum leur capacité, mais limitées en
heure. D’après la théorie du commerce international de RICARDO le nombre d’heures de
travail est important dans la production et l’économie de la nation pour être compétitif. Mais
malheureusement chez nous, ce n’est pas les mains d’œuvre qui manquent, mais le marché de
l’emploi n’arrive pas à satisfaire la demande.
Dans leur vie, les femmes peuvent, à un moment donné, être en stade de maternité. En
ce stade de vie, les femmes ne doivent pas trop se fatiguer, donc la durée de leur travail est
nettement inférieure à la normale car la plupart de leur temps sont consacrés aux visites
médicales (Banque Mondiale, 2003).
8 Conférence Internationale des Statisticiens du Travail
44
Tableau 8 : Taux de sous emploi lié à la durée du travail selon la branche d'activité et
selon le sexe
Unité:%
Hommes Femmes Ensemble
Agriculture/primaire 28,3 40,5 33,9
Industrie alimentaire 9,3 NS 7,3
Textile NS 5,9 3,7
BTP/HIMO 12,5 29,5 13,6
Autres industries 9,4 22,1 11,5
Commerce 11,2 11,6 11,4
Transport 10,3 NS 10,1
Santé privée 29,4 29,0 29,2
Enseignement privé 25,4 53,7 42,1
Administration publique 21,6 40,2 27,9
Autres services privé 19,1 40,8 30,5
Ensemble 18,2 35,7 25,2
Source : INSTAT/DSM/EPM2005
D’après ces données de l’INSTAT et de l’OMEF, dès l’entré en travail des jeunes, les
femmes sont frappées plus par le phénomène de chômage que les hommes. A l’âge adulte,
l’inégalité du genre au niveau de la profession ne cesse de s’alourdir. Cet écart passe de 1,8%
contre 2,4% pour les femmes (pour les jeunes) à 2% contre 3,9% à l’âge adulte. Les femmes
malgaches sont donc plus exposées aux risques d’exclusion sur le marché du travail que les
hommes.
Dans la section suivante, nous trouvons l’inégalité du genre sur le revenu. Non
seulement la plupart des femmes sont au chômage (par rapport aux hommes), mais leurs
revenus sont encore plus faible que ceux de leurs homologues masculins.
45
Section 2 : Les inégalités du revenu
D’après Guillamont, (1985), de toutes les inégalités, les inégalités de revenu restent les
plus fondamentales. Dans une société marchande, le revenu conditionne totalement le niveau
de vie. Dans cette approche, on distingue trois sortes de revenu : il y a premièrement le revenu
du capital (profit), ensuite le revenu du travail (c’est le salaire ou la rémunération) et enfin le
revenu du propriétaire (Loyer). L’inégalité du revenu se creuse surtout quand le premier type
de revenu est élevé, c’est-à-dire les profits. La plupart des bénéfices sont donc accaparées par
les capitalistes sans avoir réinvesti les ressources.
La courbe de Lorenz permet d’illustrer cet écart. Dans cette figure, si le rayon de
courbure est élevé, cela veut dire un taux d’inégalité élevé aussi. Si la courbe se superpose
avec la ligne de parfaite égalité (droite à 45°), l’inégalité est d’autant plus faible.
Figure 6 : Courbe de Lorenz de la distribution du revenu
Dans ce schéma, la droite A désigne cette ligne de parfaite égalité et B la courbe de
revenu. Ici nous sommes en situation d’inégalité de revenu car 50% du revenu appartienne au
25% de la population d’après une projection, 10% de la population les plus riches accumule
30% de revenu.
Pour la différence entre genre, et dans le cas de Madagascar, les revenus sont
généralement différents au niveau national. Dans la grande île, presque toutes les entreprises
appartiennent aux hommes, donc la plus grande part de revenu sera affectée à la rémunération
du propriétaire de l’entreprise.
46
II-2-1 Le taux de salarisation
Le taux de salarisation est la proportion des actifs pourvus de travail (occupés) ayant
un salaire. A Madagascar, ce taux est calculé à la fois selon les méthodes INSTAT et BIT.
L’INSTAT prend en charge les individus entre 6 et 15 ans, mais cette tranche d’âge est
considéré encore comme des enfants, et ne doit pas travailler pour le BIT.
Selon la méthode de calcul retenue par l’INSTAT :
Population occupée de 6 à 85 ans ayant un salaire
Taux de salarisation = ---------------------------------------------------------------
Population totale occupée de 6 à 85 ans
Selon la recommandation du BIT :
Population occupée de 15 à 64ans ayant un salaire
Taux de salarisation = ------------------------------------------------------------------
Population totale occupée de 15 à 64 ans
Nous avons constaté une différence de l’ordre de 3,5% sur le calcul de ce taux de
salarisation de la population totale en 2004. D’après le rapport sur les Indicateurs Clés du
marché du Travail (2004), le taux des salarisation était de 25% en 2004 selon la base de
calcul de l’INSTAT contre 28,5% sur la base de calcul du BIT.
II-2-1-1 Taux de salarisation
La plus grande différence du taux de salarisation est importante au niveau du genre.
D’après ce même rapport, si on tient compte la base de calcul de l’INSTAT, les femmes ont
un taux de salarisation plus important que les hommes. Le taux est de 22,9% chez les hommes
contre 29% chez les femmes. Par contre, selon la base de calcul du BIT, les hommes ont un
taux de salarisation plus élevé que les femmes.
47
Par référence au calcul du BIT, si Madagascar applique les accords internationaux sur
le refus au travail des enfants, le taux de salarisation sur la base de l’INSTAT est donc remis
en cause. Ce taux reflète donc l’image de Madagascar sur son niveau de développement
humain. Les filles entre 6 et 14 ans à Madagascar travaillent donc prématurément par rapport
aux garçons. C’est donc l’une des causes de la non scolarisation des filles à Madagascar. En
terme de développement humain, les femmes accusent donc un retard par rapport à leur
homologue masculin.
Tableau 9 : Taux de salarisation selon le sexe
Population en âge de
travailler 6-85 ans
(INSTAT)
Population en âge de
travailler 15-64 ans (BIT)
Sexe
2004 2005 2004 2005
Masculin 22,9% 16.1% 31,4% 18.1%
Féminin 29% 10.9% 25,7% 11.8%
Source : BIT, MFPTLS, ICMT 2004
II-2-1-2 Revenus salariaux annuels
Le tableau ci-après présente les revenus salariaux annuels par sexe et selon la région.
En 2005, les salaires des hommes sont largement supérieurs par rapport à ceux des femmes.
Les hommes touchent en moyenne 1.147.000 Ar par an contre 750.000 Ar chez les femmes.
Dans la région de Betsiboka, les hommes gagnent plus de 2,5 fois que les femmes. Par contre,
les femmes sont mieux payées que les hommes dans la région d’Androy et de Matsiatra
Ambony (Voir tableau 10).
48
Tableau 4 : Revenus salariaux annuels par sexe et selon la région. Unité : Ariary
2005
Région Masculin Féminin Ensemble
Analamanga 1.579.273 952.173 1.319.134
Vakinakaratra 737.069 460.149 460.149
Itasy 638.598 450.303 580.949
Bongolava 702.904 448.395 580.189
MahatsiatraAmbony 954.679 990.105 964.108
Amoron’i Mania 450.544 344.834 398.200
VatovavyFitovinany 982.028 525.537 778.694
Ihorombe 1.255.874 779.936 1.084.763
Atsimo Atsinanana 769.624 416.348 602.069
Atsinanana 1.463.094 1.115.047 1.335.897
Analanjirofo 972.255 877.991 941.107
Alaotra Mangoro 829.884 501.219 664.246
Boeny 1.265.350 991.474 1.181.055
Sofia 1.053.200 960.483 1.031.041
Betsiboka 1.060.976 424.282 883.904
Melaky 1.052.396 668.342 945.451
Atsimo Andrefana 751.609 603.488 718.511
Androy 906.617 1.375.603 1.005.167
Anosy 917.787 874.273 901.037
Menabe 1.229.230 858.381 1.12.830
Diana 1.318.453 711.096 1.096.906
Sava 1.466.885 1.131.356 1.309.545
Ensemble 1.146.722 749.893 990.600
Source : INSTAT/DSM/EPM/2005
49
D’après l’OMEF (2007), globalement, les femmes sont moins payées que les hommes.
Si les femmes touchent annuellement plus d’Ariary 751 000, les hommes sont rémunérés
annuellement à plus de 1172000. Les hommes sont beaucoup mieux rémunérés car ils
touchent Ariary 43.200.000 pour un montant d’Ariary 18.480.000 chez les femmes. Par
contre, le minimum reçu annuellement par les femmes est légèrement supérieur à celui des
hommes. Le salaire minimum est d’Ariary 10 000 pour les femmes contre Ariary 9600 pour
les hommes. L’inégalité sur le revenu entre genre à Madagascar se manifeste donc surtout sur
le montant maximum car il y a un écart d’Ariary 24.720.000 (ce montant est bien supérieur au
maximum touché par les femmes Malgaches).
Cet écart est expliqué par l’absence des femmes dans les grandes postes. A
Madagascar, les hommes, possédant un niveau d’instruction élevé, monopolisent les hautes
fonctions (publiques ou privées). Exemple les postes Ministériels, les parlementaires, les
directeurs de cabinets et les directeurs des industries contiennent environ moins de 10% des
femmes (ibid.).
II-2-2 Inégalité de revenu et pauvreté
Salama et Valier (1994), annoncent dans leur ouvrage une relation de cause à effet
entre pauvreté et inégalité de revenu. La pauvreté est très importante dans les pays à revenu
moyen par habitant faible, comme nous pouvons l’observer à Madagascar où la population est
principalement rurale.
A Madagascar, la pauvreté touche beaucoup plus les femmes que les hommes. Environ
trois quarts des femmes malgaches sont pauvres, mais pour les hommes, juste un individu sur
deux. Les salaires des femmes, à cause de l’infériorité par rapport à ceux des hommes, sont
les plus éloignés du seuil de pauvreté. Presque la plupart des femmes se trouvent donc, parmi
les plus défavorisées. Parmi ces classes défavorisées, nous trouvons les femmes âgées, les
veuves et les divorcées vivant seules (Banque Mondiale 2003).
50
La fréquence de la pauvreté est quasiment intense chez les femmes. La moyenne de
l’intensité de la pauvreté nationale est de 28,9% pour le sexe féminin (19,3% pour les
hommes) ( INSTAT/EPM2005). En étant plus vulnérables face aux risques et les chocs de la
vie, les femmes ont moins de chance de se développer. Elles sont prises dans un cercle
vicieux du sous développement : sans éducation dans le passé, elles n’ont pas de capital
humain pour affronter le marché de travail adéquat, donc elles se contentent d’un travail mal
rémunéré et des conditions de travail peu avantagées, ce qui fait qu’elles ont du mal à
s’occuper les éducations de leurs enfants, surtout les filles.
Les indicateurs d'inégalité peuvent être plus difficiles à développer que les indicateurs
de pauvreté en termes de revenus, parce qu'ils résument essentiellement un des aspects d'une
variable double. Notons que les mesures de l'inégalité peuvent être calculées pour n'importe
quelle distribution. Elles ne s'appliquent donc pas seulement à la consommation, aux revenus
et à d'autres variables monétaires, mais aussi aux terres et à d'autres variables continues ou
cardinales.
• Coefficient d'inégalité de Gini. Il s'agit de la mesure de l'inégalité la plus
couramment utilisée. Le coefficient varie entre 0(qui traduit une égalité complète) et 1 (qui
indique une inégalité totale). Dans ce dernier cas, une seule personne dispose du revenu et de
la consommation, toutes les autres n'ont rien. Sur un plan graphique, le coefficient de Gini
peut aisément être représenté par la surface entre la courbe de Lorenz et la ligne d'égalité.
Dans la figure 6 la courbe de Lorenz représente la part cumulative du revenu sur l'axe
vertical par rapport à la distribution de la population sur l'axe horizontal. Si chaque individu
avait le même revenu, ou s'il régnait une totale égalité, la courbe de distribution coïnciderait
avec la droite du graphique, soit la ligne d'égalité absolue. Le coefficient de Gini correspond à
la surface A divisée par la somme des surfaces A et B. Si le revenu est distribué de manière
équitable, la courbe de Lorenz et la ligne d'égalité absolue coïncident, et le coefficient de Gini
est égal à 0. En revanche, si l'une des individus reçoit tout le revenu, la courbe de Lorenz
passerait par les points (0, 0), (100, 0), et (100, 100), et les surfaces A et B seraient similaires,
ce qui aboutirait à une valeur 1 pour le coefficient de Gini. Un des inconvénients du
coefficient de Gini est qu’il ne permet pas un cumul de tous les groupes. En d'autres termes, le
coefficient de Gini d'une société n'est pas égal à la somme des coefficients Gini de ses sous-
groupes.
51
• Indice de Theil. Moins couramment utilisé par rapport au coefficient de Gini, l'indice
d'inégalité de Theil présente l'avantage de pouvoir s'additionner pour différents sous-groupes
ou régions du pays. Cependant, il ne bénéficie pas d'une représentation graphique claire ni de
l'interprétation attrayante du coefficient de Gini.
Les indicateurs de l'inégalité courants mentionnés plus haut permettent de déterminer
les principaux responsables de l'inégalité par sous-groupes de la population, par régions et par
source de revenu. Dans les décompositions statiques, les caractéristiques des ménages et des
personnes, à savoir l'éducation, le sexe, la profession, l'appartenance au milieu urbain ou rural
et la région, sont des éléments déterminants du revenu des ménages. Si tel est le cas, une part
au moins de la valeur d'une mesure de l'inégalité doit refléter l'inégalité entre personnes
possédant des caractéristiques différentes en termes d'éducation, de profession, de sexe, etc.
Conclusion
Le droit de l’homme est respecté à Madagascar surtout sur le plan juridique. La grande
île a signé tous les accords et les conventions internationales relatives à ces droits. Cela
confère une importance aux femmes malgaches par rapport aux femmes des autres pays en
voie de développement. Dans la société Malgaches, la place d’une mère est très importante
pour les enfants. Elles sont beaucoup plus proches des enfants par rapport aux Père (toujours
occupés à leurs travails).
L’étude du cas de Madagascar, au niveau de l’inégalité du genre dans la profession à
titre de vérification empirique, nous a montré la persistance de la discrimination des femmes
dans les pays en voies de développement. L’écart entre les deux sexes se manifeste dans
presque tous les domaines : éducation, profession, revenu, les pouvoir et les politiques.
52
CONCLUSION GENERALE
Notre étude a pour objectif principal de démontrer le lien entre inégalité de genre et
développement humain à Madagascar. Plus précisément, elle consistait à savoir dans quelle
mesure l’égalité entre genre contribue au développement humain à Madagascar. Pour la
Banque Mondiale et le PNUD, le problème de genre est un phénomène mondial car aucun
pays n’y échappe. Les femmes sont surtout victimes de discrimination comme la race et la
religion dans certains pays. Parmi ces discriminations, celle basée sur le genre est encore et
reste toujours imminente, surtout dans les pays en voies de développement comme
Madagascar (aucun pays au monde ne connaisse une parfaite égalité entre genre).
La coutume et les traditions ancestrales sont les facteurs déterminants de la persistance
des inégalités entre genre à Madagascar. Même avec des lois nouvelles, la société Malgache
est toujours affectée par ce problème de genre. Pour les Malgaches, les coutumes ont plus de
valeur morale par rapport aux lois. Cette contradiction entre loi et coutume est donc la cause
de la persistance de l’inégalité du genre à Madagascar. Le rapport de genre dans la profession
se manifeste surtout au niveau du marché du travail et du revenu à Madagascar. Les femmes
se trouvent dans des mauvaises conditions de travail (salaire bas, traitement non enviable …).
En plus, elles ne sont jamais affectées dans des postes de responsabilité. Cependant, au niveau
de l’économie nationale, les données de l’INSTAT nous montrent la discrimination des
femmes dans plusieurs secteurs d’activité.
La mentalité et la culture Malgache, dans une certaine mesure, constituent un obstacle
au renforcement des capacités des femmes. Dans la première étude de cas, c’est-à-dire les
inégalités sur le marché d travail, la compétitivité des femmes est faible. La capacité
d’affronter la concurrence sur ce marché est insuffisante voir nulle à cause de l’inégalité des
faits dans leur passés (le taux de scolarisation des filles est inférieur à celui des garçons, mais
aussi les filles n’ont pas le droit aux héritages). Cette étude de cas est ici retenue à titre de
vérification empirique de la théorie de la capabilité de Sen. Dans cette théorie, la capabilité
redonne les opportunités des femmes pour réduire les inégalités de fait et pour avoir une
inégalité des chances dans le futur. Dans le deuxième cas, à cause de hautes fonctions
accaparées par les hommes, les salaires des femmes sont inférieurs à ceux des hommes. Les
femmes sont donc mal rémunérées et sont beaucoup plus exposée au risque de la pauvreté.
D’après Anker, elles sont classées parmi les individus travaillants dans le secteur mal
rémunéré et de très mauvaises conditions de travail.
53
Donc, la suppression de l’inégalité de genre est parmi les conditions favorables au
développement humain. Selon Sen, ce développement humain conduit tout un chacun d’avoir
la liberté de s’exprimer et lui permettant de mener la vie pour le favoriser. Pour ce fait, Sen
propose de développer la capabilité de chaque personne pour que tout le monde ait la
possibilité de s’épanouir et de se développer. Encore, dans la vie professionnelle, il suffit de
respecter « l’égalité de droit »pour qu’une femme jouisse la même chance qu’un homme.
L’« empowerment » a un rôle prépondérant pour un individu de courir vers un développement
efficace et durable. Enfin, le résultat de notre analyse montre que l’égalité du genre constitue
un élément important de la politique de la lutte contre la pauvreté pour un pays en voie de
développement comme Madagascar.
i
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LOCOH T. Eds, Dossiers et Recherches n°83, INED, Paris.
iv
ANNEXE
Tableau a : Taux d’activité par sexe en 2005
Sources : Rapport ICMT d’après
les données individuelles des
enquêtes ménages 2005.
Tableau b : Comparaison de taux d'activité selon le genre en 2004 et 2005 pour la
tranche d'âge de 15– 64 ans
2004 2005
GENRE Taux d'activité Taux d'activité
Masculin 89,1 90,2
Féminin 83,9 86,1
Ensemble 88,1
Sources : Rapport ICMT d’après les données individuelles des enquêtes ménages 2005.
Tableau c : Répartition de la population active selon le sexe et selon la province – Unité :
%
Population active
Sexe masculin Sexe féminin
Province
2001 2004 2005 2001 2004 2005
Antananarivo 53,5 51,8 50,9 46,5 48,2 49,1
Fianarantsoa 49,8 48,3 49,2 50,2 51,7 50,8
Toamasina 50,6 51,7 49,4 49,4 48,3 50,6
Mahajanga 52,7 48,5 49,9 47,3 51,5 50,1
Toliara 49,2 51,7 51,5 50,8 48,3 48,5
Antsiranana 49,1 50,8 49,4 50,9 49,2 50,6
Ensemble 51,2 50,5 50,4 48,8 49,5 49,6
Genre Population 6 ans
à 14 ans (%)
Population 15 à
64 ans (%)
Masculin 65.8 90.2
Féminin 63.4 86.1
Ensemble 64.6 88.1
v
Source : INSTAT/DSM/EPM/2001-2004-2005
Tableau d : Taux d’occupation selon le genre
Milieu 6 ans et plus
(%)
15 à 64ans
(%)
Masculin 64.5 88.6
Féminin 61.2 83.2
Ensemble 62.8 85.8
Sources : Rapport ICMT d’après les données individuelles des enquêtes ménages 2005.
Tableau e : Situation dans la profession par sexe
6ans et plus 15 à 64ans
Genre
Salariés
indépendants
Aide
familiale
total
salariés
indépendants
Aide
familiale
total
Masculin 16.1 51.8 32.1 100.0 18.1 55.7 26.2 100.0
Féminin 10.9 16.1 73.0 100.0 11.8 16.9 71.3 100.0
Ensemble 13.6 34.1 52.3 100.0 14.9 36.3 48.8 100.0
Sources : ICMT d’après les données individuelles des enquêtes ménages 2005.
Tableau f : Population active occupée de 10 ans et plus par sexe et selon la situation vis-
à-vis de l’activité en 1993
Situation vis-à-vis de l’activité
Age
Et sexe
Population
de 10 ans
et plus
Population
active de
10 ans
et plus
Personnes
occupées
de 10 ans
et plus
Total de
chômeur
de 10
ans
et plus
dont
chômeur
en quête
de 1ère
emploi
Population
inactive
de 10 ans
et plus
Effectif de
ménagère
dans la
Population
inactive
10+ 8.299.743 5.299.707 4.949.145 350.563 309.147 2.764.134 1.271.959
masculin 4.104.037 3.181.925 2.973.416 208.509 181.090 802.538 40.741
féminin 4.195.706 2.117.782 1.975.729 142.053 128.057 1.961.596 1.231.218
Source : à partir de l’INSTAT/RGPH 1993
TABLE DES MATIERES
Introduction générale 1
Chapitre I- Lien entre inégalité et développement humain 4
Introduction 5
-Section 1- Revue théorique sur l’inégalité du genre 6
I-1-1 L’approche de « Capabilité » de SEN 6
I-1-1-1 Capabilité et Capacité 7
� Potentialité 8
� Capacité 9
I-1-1-2 Capabilité, risque et Vulnérabilité 12
� Risque et vulnérabilité 12
� Capabilité et vulnérabilité 14
I-1-2 Définition et mesure de l’Inégalité du genre 15
I-1-2-1 L’inégalité fondée sur le genre 15
� Définition de l’égalité des sexes 15
� Les différentes formes d’inégalité 16
I-1-2-2 Inégalité et concept proche 17
-Section 2- Impact de l’inégalité du genre dans le domaine
du développement humain 19
I-2-1 Description de l’approche Genre et Développement 19
I-2-1-1 Les quatre outils de l’approche genre 21
I-2-1-2 La notion d’ « Empowerment » 23
I-2-2 Effet de l’inégalité sur le développement humain 25
I-2-2-1 Le concept du développement humain 25
� Les IDH selon La Banque Mondiale 25
� Les IDH selon le PNUD 26
I-2-2-2 L’inégalité du genre nuit au développement 27
� Les trois principaux impacts de l’inégalité du genre sur le développement 28
� L’importance des femmes dans le développement 29
Conclusion 31
Chapitre II- Inégalité du genre : le cas Malgache 32
Introduction 33
Historique 34
-Section 1- L’inégalité sur le marché de travail 36
II-1-1 Le genre d’activité à Madagascar 36
II-1-1-1 Taux d’activité 36
II-1-1-2 Taux d’occupation et situation dans la profession 38
II-1-2 Le chômage affecte beaucoup plus les femmes que les hommes 39
II-1-2-1 Taux de chômage 39
II-1-2-2 Chômage et niveau d’instruction 41
-Section 2- Inégalité des revenus 45
II-2-1 Taux de salarisation 46
II-2-1-1 Taux de salarisation selon le sexe 46
II-2-1-2 Revenus salariaux annuels 47
II-2-2 Inégalité de revenu et pauvreté 49
Conclusion 51
Conclusion générale 52
Références Bibliographiques i
Annexe iv
Nom : RARIVOMANANTSOA
Prénoms : Harivelo Tantely
Titre : Inégalité du Genre : dans la profession à Madagascar
Nombre de page : 53
Tableau : 10
Graphique : 6
Résumé
L’approche genre est importante dans le processus du développement humain. La
participation de tous les individus, sans aucunes formes de discrimination, est un facteur du
développement économique du pays. Le développement nécessite avant tout le renforcement
du capital humain de chaque individu. La capacité de l’individu à utiliser les moyens
nécessaires pour développer son capital humain est donc une des bases permettant de le faire
sortir de la pauvreté et de réduire les inégalités.
Le concept de liberté est ici retenu comme un point de départ de l’analyse de ce
développement humain. Avec la liberté, les individus sont plus aptes à mener le type de vie à
sa préférence.
Actuellement, réduire les inégalités du genre dans la profession constitue un
enjeu majeur pour les promoteurs du développement. D’après SEN, pour diminuer ces écarts,
il faut redonner les capacités aux femmes pour augmenter leur capabilité. La capabilité
rend les femmes moins vulnérables aux risques et constitue une sorte d’assurance ou une
opportunité pour un développement plus équitable. SEN insiste donc surtout pour une
intervention sur les inégalités des faits actuels pour obtenir une égalité des chances dans
l’avenir.
Mots clé : capabilté, capacité, genre, développement humain, empowerment, inégalités, bien-
être, capital humain, liberté
Encadreur : Monsieur ANDRIANANJA Heriniaina
Adresse de l auteur : Lot II B 318 Mahalavolona Andoharanofotsy, (102) Antananarivo