ingflash no. 45 français

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pas à l’exploitation de résultats concrets, à savoir au transfert de technologies au sens strict du terme. Au contraire, cette collaboration permet de créer des contacts précieux avec de jeunes scien- tifiques dont la contribution va bien au-delà de la seule interprétation de résultats de recherche. Ils sont l’ave- nir des entreprises qui souhaitent offrir des produits d’ingénierie en tout genre. Attirer et susciter l’intérêt de ces jeunes gens pour son entreprise devrait être une priorité avant tout. Le transfert de technologies est le résultat des travaux des ingénieurs. C’est pourquoi, à long terme, la réussite dépend de la relation avec ces jeunes gens et non pas unique- ment de la technologie. Newsletter de IngCH Engineers Shape our Future NR. 45, MARS 2012 EDITORIAL Dr. Eduard Rikli Président IngCH Le grand rêve de tous les ingénieur(e)s est de créer leur propre entreprise! Régulièrement, les diplômé(e)s de nos écoles polytechniques arrivent à accom- plir ce rêve grâce à une idée entièrement personnelle. Généralement, cette idée s’appuie sur un produit unique étroite- ment lié aux nouvelles technologies. En effet, une partie non négligeable des recherches réalisées dans nos établisse- ments aboutissent à la création d’une spin-off. Comparée à d’autres établisse- ments dans le monde, l’EPF arrive en tête du classement. Cependant, ceux qui ont décidé de créer leur propre entreprise savent que les obstacles à franchir sont nombreux et qu’il faut une bonne dose de persévérance. Au fur et à mesure de la croissance de l’entreprise, ils réalisent que la technologie n’est qu’un moyen, mais pas une fin en soi. Ceci dit, la spin- off qui arrive à trouver une application commerciale directe d’une technologie développée dans notre institut reste une exception à la règle. Un grand nombre de résultats de recherche restent inex- ploités dans notre économie. Il existe un consensus sur la nécessité de se démar- quer intelligemment pour garantir notre prospérité à long terme. C’est pourquoi chaque entreprise s’efforce d’apporter en premier sa contribution au renouveau. La question est cependant de savoir comment y parvenir. Le recette miracle n’existe pas. En revanche, le potentiel inexploité au sein des écoles est souvent ignoré. Les entreprises qui sont directe- ment dépendantes des résultats de la recherche comprennent l’importance du partenariat avec les chercheurs et entretiennent cette relation. Et pourtant, nombreux sont les ingénieur(e)s à négli- ger les contacts des universités, même lorsqu’il s’agit de leur propre université. Depuis des années, les hautes écoles organisent des journées portes ouvertes : c’est aux entreprises d’utiliser ce contact. Les deux partenaires en tirent un bé- néfice réciproque. En effet, les pro- blèmes qui se posent dans la pratique représentent de nouvelles pistes pour la recherche. Utiliser ces résultats pour développer davantage les produits et les processus, tel est le but de ce partena- riat. Bien que moins évident, la dimen- sion humaine représente probablement un aspect encore plus important de ce partenariat: la technologie est le pro- duit d’efforts humains. La collaboration avec la recherche, aussi bien dans les hautes écoles universitaires que dans les hautes écoles spécialisées, ne se limite CONTENU Interview: Willi Paul, directeur du centre de recherche du groupe ABB 2-3 Dossier Energie: entretien avec le professeur Konstantinos Boulouchos 4-5 Infos IngCH: Facebook / Semaines techniques 6 Les énergies d’hier et d’aujourd’hui 7 Activités d’IngCH 8 Un transfert de technologies efficace passe avant tout par un échange d’idées

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Newsletter de IngCH Engineers Shape our Future

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pas à l’exploitation de résultats concrets, à savoir au transfert de technologies au sens strict du terme. Au contraire, cette collaboration permet de créer des contacts précieux avec de jeunes scien-tifiques dont la contribution va bien au-delà de la seule interprétation de résultats de recherche. Ils sont l’ave-nir des entreprises qui souhaitent offrir des produits d’ingénierie en tout genre. Attirer et susciter l’intérêt de ces jeunes gens pour son entreprise devrait être une priorité avant tout. Le transfert de technologies est le résultat des travaux des ingénieurs. C’est pourquoi, à long terme, la réussite dépend de la relation avec ces jeunes gens et non pas unique-ment de la technologie.

Newsletter de IngCH Engineers Shape our Future NR. 45, MARS 2012

EDITORIAL

Dr. Eduard RikliPrésident IngCH

Le grand rêve de tous les ingénieur(e)s est de créer leur propre entreprise! Régulièrement, les diplômé(e)s de nos écoles polytechniques arrivent à accom-plir ce rêve grâce à une idée entièrement personnelle. Généralement, cette idée s’appuie sur un produit unique étroite-ment lié aux nouvelles technologies. En effet, une partie non négligeable des recherches réalisées dans nos établisse-ments aboutissent à la création d’une spin-off. Comparée à d’autres établisse-ments dans le monde, l’EPF arrive en tête du classement. Cependant, ceux qui ont décidé de créer leur propre entreprise savent que les obstacles à franchir sont nombreux et qu’il faut une bonne dose de persévérance. Au fur et à mesure de la croissance de l’entreprise, ils réalisent que la technologie n’est qu’un moyen, mais pas une fin en soi. Ceci dit, la spin-off qui arrive à trouver une application commerciale directe d’une technologie développée dans notre institut reste une exception à la règle. Un grand nombre

de résultats de recherche restent inex-ploités dans notre économie. Il existe un consensus sur la nécessité de se démar-quer intelligemment pour garantir notre prospérité à long terme. C’est pourquoi chaque entreprise s’efforce d’apporter en premier sa contribution au renouveau. La question est cependant de savoir comment y parvenir. Le recette miracle n’existe pas. En revanche, le potentiel inexploité au sein des écoles est souvent ignoré. Les entreprises qui sont directe-ment dépendantes des résultats de la recherche comprennent l’importance du partenariat avec les chercheurs et entretiennent cette relation. Et pourtant, nombreux sont les ingénieur(e)s à négli-ger les contacts des universités, même lorsqu’il s’agit de leur propre université.

Depuis des années, les hautes écoles organisent des journées portes ouvertes : c’est aux entreprises d’utiliser ce contact. Les deux partenaires en tirent un bé-néfice réciproque. En effet, les pro-blèmes qui se posent dans la pratique représentent de nouvelles pistes pour la recherche. Utiliser ces résultats pour développer davantage les produits et les processus, tel est le but de ce partena-riat. Bien que moins évident, la dimen-sion humaine représente probablement un aspect encore plus important de ce partenariat: la technologie est le pro-duit d’efforts humains. La collaboration avec la recherche, aussi bien dans les hautes écoles universitaires que dans les hautes écoles spécialisées, ne se limite

CONTENU

Interview: Willi Paul, directeur du centre de recherche du groupe ABB

2-3

Dossier Energie: entretien avec le professeur Konstantinos Boulouchos

4-5

Infos IngCH: Facebook / Semaines techniques

6

Les énergies d’hier et d’aujourd’hui 7

Activités d’IngCH 8

Un transfert de technologies efficace passe avant tout par un échange d’idées

2 IngFLASH NR. 45

mw. ABB est un des principaux acteurs du marché international de l’énergie. Le changement d’orientation dans la politique énergétique suisse, à savoir le passage de l’énergie nucléaire aux énergies renouvelables, a-t-il une influence sur la stratégie d’ABB?Willi Paul: Je crois que nous sommes en phase avec cette ten-dance depuis longtemps. La conscience écologique est déjà fortement ancrée chez ABB. Cela fait plusieurs années que nous nous penchons sur le raccordement et l’intégration des énergies renouvelables dans le réseau. Par exemple, nous sommes à la pointe de la transmission du courant continu haute tension de l’énergie éolienne, hydraulique et solaire, et participons également à la production d’énergies renouvelables avec toute une série de produits et systèmes. Pour ABB, il est essentiel de créer des technologies qui augmentent l’efficacité énergé-tique tout le long de la chaîne énergétique, du producteur au consommateur. Cela s’applique aussi bien aux sources d’énergie alternatives qu’à la production d’énergie conventionnelle. Pour des raisons physiques, il est impossible d’éliminer entièrement les pertes. Cependant, les nouvelles technologies permettent de les réduire de façon si efficace qu’il est possible de doubler la quantité d’énergie à la fin de la chaîne.

Quel est le degré d’innovation du site suisse?Tout d’abord, le site est novateur parce que la Suisse offre en général de bonnes formations. Le niveau de la recherche dans les écoles polytechniques telles que l’EPFZ ou l’EPFL est excellent. Même les hautes écoles spécialisées apportent une grande contribution à la formation pratique des ingénieurs. De plus, la Suisse offre des conditions de travail intéressantes pour les experts du monde entier. Cela nous permet de faire venir en Suisse assez facilement des chercheurs et développeurs haute-ment qualifiés. Plus de 30 nationalités sont représentées par les 200 employés du centre de recherche d’ABB à Baden-Dättwill.

Quels sont les domaines de recherche d’ABB? D’après vous, quels sont les défis et les opportunités?Les domaines de recherche d’ABB sont avant tout les techniques de l’énergie et l’automatisation, à savoir le domaine d’activité principal du groupe. Le centre de Baden-Dättwil appartient aux 7 centres de recherche du groupe ABB répartis dans le monde entier. Nous travaillons principalement dans les secteurs des technologies électriques, des technologies des matériaux, de l’électronique de puissance, ainsi que dans l’automatisation des processus industriels et des réseaux électriques. En outre, nous nous concentrons sur les interrupteurs et sur les technologies de l’isolation, des domaines certes classiques mais qui renferment un potentiel d’innovation important. Cela s’applique également à la technologie des capteurs. L’électronique de puissance prend de plus en plus d’importance. Elle représente la technologie clé pour les évolutions les plus déterminantes des techniques de l’énergie. Un autre domaine important est celui des énergies renouvelables et de leur intégration dans les réseaux. Là aussi, l’électronique de puissance est indispensable. Quelques-uns de nos projets portent sur l’interaction entre plusieurs composants tels que les accumulateurs d’énergie dans ce qu’on appelle les réseaux intelligents, les «Smart Grids», tout particulièrement sur la possibilité d’augmenter la puissance de transmission électrique, ainsi que sur la possibilité de rendre les produits et systèmes actuels encore plus fiables et compacts.

Pourquoi l’électronique de puissance est-elle si importante?Sans l’électronique de puissance, les technologies pour les Smart Grids, la transmission de courant continu haute tension et l’amélioration de l’efficacité énergétique seraient impensables. Aujourd’hui, les pertes d’électricité, de la production jusqu’à l’utilisation par les moteurs et machines, peuvent atteindre 80%. Nos nouveaux produits et services permettent de réduire ces pertes à 60%. Le rendement énergétique n’est alors plus de

L’avenir est dans l’électronique de puissance Interview du Willi Paul, directeur du centre de recherche du groupe ABB à Baden-Dättwil et responsable du laboratoire Global Lab Energietechnik

Willi Paul Centre de recherche du groupe ABB à Baden-Dättwil

INTERvIEW

3 IngFLASH NR. 45

20% mais de 40%, et ce principalement grâce à l’électronique de puissance. L’objectif de nos recherches est d’aller encore plus loin.

A quoi ressemble la recherche au sein d’un groupe? Porte-elle sur les nouvelles technologies ou s’agit-il surtout d’optimiser les technologies actuelles?Les deux. Nous faisons principalement de la recherche appliquée. D’un côté, nous optimisons les technologies actuelles. Nous essayons de défier les limites de la physique, par exemple dans la technique de l’isolation et avec les interrupteurs, car le client final veut des produits aussi efficaces, compacts, puissants et fiables que possible. Cependant, nous développons de nouvelles technologies telles que le capteur optique électrique qui, grâce à un nouveau capteur à fibre optique, représente un saut quan-tique dans le domaine de la mesure du courant. Cela permet de construire des appareils encore plus légers et encore plus petits.

Qu’est-ce qui a motivé la décision de créer une filiale du centre de recherche en Suisse?Le centre de recherche d’ABB à Baden-Dättwill existe depuis plus de 40 ans. La proximité avec les ingénieurs de l’EPFZ et de l’EPFL a bien sûr joué un rôle important. Dans le cadre de nos projets de recherche, nous collaborons avec un grand nombre d’instituts universitaires du monde entier et constatons à chaque fois que la proximité facilite la coopération. Le bénéfice pour ABB Suisse d’un centre de recherche en Suisse est incontestable. Nous avons en Suisse des unités d’exploitation solides qui doivent assumer une grande responsabilité pour les produits. Prenez par exemple la division Entraînements, Convertisseurs et Redresseurs à Turgi ou la division Semi-conducteurs à Lenzbourg qui fabriquent les semi-conducteurs de puissance pour l’électronique de puissance.

Quelle influence avez-vous sur les recherches du groupe?La stratégie de recherche pour l’ensemble du groupe est essen-tiellement déterminée par notre équipe responsable de la technologie. Elle est composée de notre responsable principal pour la technologie, des responsables de la recherche et du développement des 5 divisions, ainsi que des deux directeurs de Global Lab, responsables de la recherche du groupe dans les domaines Automatisation et Technologie énergétique. Etant donné que je suis également responsable du laboratoire Glo-bal Lab de technologies énergétiques en plus de ma fonction de directeur du centre de recherche suisse, j’ai une influence importante sur notre stratégie de recherche.

Si cela ne tenait qu’à vous, quel domaine de recherche choi-siriez-vous?Personnellement, je trouve tous nos domaines de recherche passionnants. J’ai le privilège de pouvoir m’entretenir à tout moment avec les scientifiques. D’une certaine façon, c’est comme si je pouvais participer à la recherche!

www.facebook.com/ABBSchweiz

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Où faites-vous des économies d’éner-gie, où n’en faites-vous pas, et pour-quoi?

Les sources d’énergie n’étant pas infinies, j’essaie autant que possible d’économiser de l’énergie. Je fais tout particulièrement attention à débrancher complètement tous les appareils dont je n’ai pas besoin sur le moment (télévision, radio, etc.) et à ne pas les laisser en mode veille.

Les économies de chauffage et d’électricité jouent bien sûr un rôle non négligeable. Je ferme donc bien les fenêtres en hiver pour ne pas chauffer inutilement, et j’aère plusieurs fois par jour et de façon efficace. J’essaie également de prendre les transports en commun pour les petites distances, et non pas la voiture. Je considère qu’il est important de penser à l’environnement et aux générations futures.

Je ne fais aucune économie d’énergie avec les ampoules. Je continue d’utiliser les ampoules traditionnelles car l’éclairage qu’elles offrent me semble beaucoup plus agréable que les lumières DEL ou les lampes à économie d’énergie.

Nicolas Kunz, apprenti, ACUTRONIC Switzerland Ltd.

D’après moi, éteindre complètement les appa-reils et ne pas les laisser en mode veille fait une grande différence. Cette consommation est totalement superflue. Je suis agacée par l’indifférence d’un grand nombre de per-sonnes qui laissent les lumières allumées inutilement.

Sara Kuhnert, élève au lycée de Burgdorf

Je considère qu’il est important d’économiser de l’énergie pour ménager l’environnement. Pour cela, je fais toujours attention à éteindre la lumière. On pourrait cependant en faire plus, par exemple en baissant le chauffage ou en désactivant les lampes des détecteurs de mouvement avant de partir en vacances.

Romina Stein, élève au lycée de Burgdorf

IngFLASH NR. 45

4 IngFLASH NR. 45

mw. Konstantinos Boulouchos est l’un des plus importants cher-cheurs suisses en énergies. Il par-ticipe à des projets de recherche avec près de 15 partenaires nationaux et internationaux, et s’engage dans de nombreuses organisations. Entre autres, il est membre du comité rédactionnel du Journal of Engine Research et du comité scientifique de la conseillère fédérale Doris Leu-thard chargé des questions éner-gétiques. Il se consacre principa-lement à l’enseignement et à la recherche à l’EPF de Zurich.

IngCH a rencontré le professeur Boulouchos dans son bureau du bâtiment principal de l’EPF, à Zurich.

Le débat sur l’énergie a été relancé après la catastrophe de Fukushima. La Suisse prévoit de sortir de l’énergie nucléaire et on ne parle que d’économies et d’énergie renouvelable. Tout cela est-il bien réaliste?Commençons par les économies! Il est non seulement possible, mais également nécessaire de réaliser des économies. Cela dépend tout d’abord de notre société, puis de l’état de nos connaissances, et finalement du prix. Les foyers, l’industrie et les services consomment 30% de l’électricité. 8% sont destinés aux transports. D’après moi, le potentiel dans l’industrie est faible. Ce secteur réalise déjà des économies, tout simplement pour des raisons de prix. Actuellement, il existe certainement une marge de manœuvre dans les services, les centres de données, les banques, les assurances ou dans la climatisation des bâtiments. Cependant, le plus grand potentiel d’économie réside dans les foyers. Le prix que nous payons actuellement est beaucoup trop bas. Il faudrait l’augmenter considérablement pour obtenir des résultats. Cela aurait également un impact sensible sur certains secteurs industriels. Par ailleurs, le prix n’est pas l’argument prin-cipal. Même en réalisant des économies, l’explosion d’appareils qui se produira dans les prochaines années annulera le bénéfice de ces efforts. Tous les scénarios le démontrent, aussi bien les nôtres que ceux des entreprises d’électricité. La question est de savoir si l’augmentation sera en 2050 de 10-20% ou de 30-50%.Une plus grande efficacité doit freiner cette croissance mais elle ne permettra pas de faire marche arrière. D’après nous, aucun scénario réaliste ne peut prévoir une stabilisation de la consom-mation d’électricité, et encore moins une réduction. Mieux vaut être réaliste. Aujourd’hui, nous avons besoin chaque année de 60 térawatts-heure. D’après les prévisions, nous aurons besoin en moyenne de 80 térawatts-heure dans 30-40 ans. Les économistes prévoient une augmentation des revenus de 60-70% dans les 40 prochaines années. Où allons-nous investir cet argent?

DOSSIER ÉNERGIE

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Il semble plutôt irréaliste de s’attendre à ce que les gens prennent d’eux-mêmes l’initiative d’économiser. Avons-nous besoin de nouvelles lois?Les lois sont importantes. Cependant, dans une société libre, on ne peut pas imposer une limite à la consommation. Les législateurs doivent limiter la distribution aux appareils appar-tenant aux meilleures catégories énergétiques et imposer la mise au rebut des appareils de mauvaise et moyenne qualité.

Autrement dit, la société à 2000 watts n’est pas un scénario réaliste?En ce qui me concerne, le débat autour de la société à 2000 watts n’est qu’une métaphore. Cette métaphore est impor-tante, car elle nous encourage à gérer les ressources de façon plus efficace et plus judicieuse. Ceci dit, on aurait pu proposer le terme de société à 3000 ou à 4000 watts, là n’est pas le problème.

Economiser est une chose, produire en est une autre. Même si nous pouvons nous permettre de consommer, il faut tout d’abord produire.Après l’Autriche et la Norvège, la Suisse est dans une situation privilégiée. Nous avons des lacs de retenue et des usines élec-triques à accumulation par pompage. Cela signifie que nous avons la possibilité de stocker l’électricité. Contrairement aux autres pays, nous disposons d’un potentiel. En 30 ans, il est possible avec les énergies renouvelables de couvrir 70-80% de la part d’énergie qui fera défaut après la sortie du nucléaire, et cela principalement avec l’énergie solaire, la biomasse, l’énergie éolienne et la géothermie. Nous pourrons continuer à importer et à exporter, et nous ne pourrons pas, à court terme, nous passer des usines à gaz. Avec ou sans énergie nucléaire, le prix de l’électricité sera de toute façon fixe dans toute l’Europe et on ne parlera plus d’un prix suisse. Ce ne sera pas évident, bien que cela soit tout à fait réalisable. D’après moi, notre stratégie est bonne parce qu’elle est optimiste et orientée vers l’avenir. Si, contre toute attente, nous devions échouer, nous aurons toujours la possibilité dans 20 ans d’effectuer une nouvelle analyse et, par exemple, de recourir à une technologie nucléaire perfectionnée. Aujourd’hui, il ne fait aucun doute dans le monde entier que les énergies renouvelables jouent un rôle de plus en plus important. Même les nouvelles études le montrent. Celles-ci prévoient qu’entre 55% et 95% de l’électricité sera produite avec des énergies renouvelables en 2050. La sortie du nucléaire est certes une expérience, mais une expérience réaliste. Les responsables politiques en ont défini les grandes lignes, le marché décidera lui-même. Dans 10 ans, nous pourrons en dire davantage.

Je plaide pour plus de sang-froidEntretien avec le professeur Konstantinos Boulouchos, chercheur en énergies

«Aujourd’hui, il ne fait aucun doute dans le

monde entier que les énergies renouvelables

jouent un rôle de plus en plus important.»

5 IngFLASH NR. 45

Il y a 20 ans, on pensait déjà pouvoir atteindre cet objectif dans les 20 ans. Pourtant, force est de constater que nous n’y sommes pas arrivés.Il convient ici de s’en prendre aux responsables politiques suisses. A l’époque, des décisions ont été prises sur des objectifs tout à fait modestes. Le développement des énergies renouve-lables a été désapprouvé. Le secteur industriel prétextait des coûts trop élevés. Puis ce fut la loi sur le CO2, dont personne ne voulait entendre parler. Il s’agissait manifestement d’une erreur.

Les choses ont-elles changé aujourd’hui?Je pense que oui. Aujourd’hui, on parle bien plus des chan-gements climatiques et de la problématique énergétique. De plus, personne ne souhaite que l’expérience de Fukushima se renouvelle. Les messages lancés dans le monde entier sont clairs.

D’après vous, laquelle des énergies renouvelables est la plus prometteuse?A long terme, je pense que le plus grand potentiel réside dans l’énergie photovoltaïque. Dans le sud de la Suisse, en Engadine, au Tessin, l’ensoleillement est tout aussi bon que dans le nord de l’Espagne ou de la Grèce. De plus, grâce aux Chinois, le coût de cette technique baisse à vue d’œil. Malheureusement, leurs coûts de production sont bien inférieurs aux nôtres. Cependant, sans les possibilités de stockage que nous offrent les usines à accumulation par pompage, cela serait impossible. L’eau pourra

«Dans 30 ans, l’énergie photovoltaïque

arrivera en deuxième place après l’énergie

hydraulique.»

Installation photovoltaïque sur le toit de TTS-Spedition à Bürstadt (Hesse) | Photo: Mischa Jost, Wikimedia Commons

à l’avenir être pompée avec l’énergie solaire excédentaire et non pas avec l’énergie atomique, comme c’est le cas aujourd’hui. Dans 30 ans, l’énergie photovoltaïque arrivera en deuxième place après l’énergie hydraulique. De plus, la technologie pho-tovoltaïque ne rencontre presque aucune résistance: elle est silencieuse, il est possible de rendre ses installations discrètes, elle fonctionne sans élément mobile. La seule limite est le respect de certains sites protégés.

Même les énergies renouvelables présentent des risques. En tant que non-expert, il est difficile d’évaluer les conséquences.J’appelle à plus de sang-froid lorsqu’on aborde des sujets qui ne représentent pas une fatalité en soi. Si Fukushima s’était produit en Suisse à un degré légèrement supérieur, la Suisse aurait été dévastée pendant des siècles. Ce serait le pire scénario imaginable. Mais une société ne peut pas exister sans aucun risque. La question est de savoir si les risques potentiels sont fatals ou non.

Etes-vous donc optimiste pour ce qui est de notre avenir éner-gétique?Oui, la sortie du nucléaire n’entraînera pas une catastrophe. Il existe un marché de l’électricité. Le problème est le prix, lequel sera sans aucun doute amené à augmenter. Nos économistes, dont j’ai d’ailleurs beaucoup appris, expliquent que dans une économie de marché qui fonctionne correctement, il n’y a pas de déficit d’électricité, de la même façon qu’il n’y a pas de déficit de pommes de terre ou de déficits de chaussures. Nous avons bien la capacité d’apprendre et nous ne devons pas nous reposer sur nos lauriers.

Merci pour cet entretien!

6 IngFLASH NR. 45

mw. En tout, 33 Semaines techniques et de l’informatique ont été organisées en 2011. Près de 1100 élèves y ont participé.

27 Semaines de projet ont été organisées en Suisse allemande, 4 au Tessin et 2 en Suisse romande, dont 7 ont été consacrées à l’informatique.

Semaines techniques 2011

IngCH ACTUEL

Déroulement du projet depuis 1992333 Semaines techniques et près de 10 000 participant(e)s depuis 1992

Le rapport annuel sera publié en mars 2012 et pourra être téléchargé sur le site www.ingch.ch.

82% en Suisse allemande, 12% au Tessin et 6% en Suisse romande

IngCH sur Facebookis. Depuis plus d’un an, les participants des Semaines techniques et de l’informatique racontent leurs expériences. Une nouvelle section a fait son apparition sur la page Facebook de l’IngCH, les Semaines thématiques.

Dans la section des Semaines thématiques, divers aspects d’un cursus de formation seront abordés. Les fans de la page de l’IngCH (www.facebook.com/ingch2) peuvent entrer en contact avec les étudiant(e)s et les ingénieur(e)s, recevoir des informa-tions sur un cursus déterminé, consulter des liens, des images et des films, et s’informer sur le travail dans les entreprises membres. Ainsi, les futurs ingénieur(e)s sont au courant de l’évolution de leur future profession.

Vous y trouverez également des comptes rendus des près de 30 Semaines techniques et de l’informatique qui ont eu lieu en Suisse pendant toute l’année. Ils comprennent des enre-gistrements de séminaires et présentations, ou des photos de visites d’entreprise, d’instituts universitaires ou de centres de recherche. Vous pouvez participer à des concours et gagner des prix, et également suivre les expériences d’autres jeunes pendant ces Semaines techniques et de l’informatique.

www.facebook.com/ingch2

IngCH sur Facebook en un coup d’oeil

20.02.–24.02. Semaine thématique «Génie de la protection de l’environnement»

27.02.–02.03. Semaine thématique «Génie civil»

05.03.–09.03. Semaine thématique „Energie“

12.03.–16.03. Semaines techniques Gossau (SG) et Saint-Gall

19.03.–23.03. Semaine de l’informatique Coire

26.03.–30.03. Semaine thématique «Génie mécanique»

02.04.–06.04. Semaine technique Fribourg

09.04.–13.04. Semaine thématique «Géomatique et planification»

16.04.–20.04. Semaine technique Hohe Promenade (ZH)

30.04.–04.05. Semaine technique Schaffhouse

07.05.–11.05. Semaine thématique «Informatique»

14.05.–18.05. Semaine thématique «Science des matériaux»

21.05.–25.05. Semaine technique Lucerne

28.05.–01.06. Semaine thématique «Génie économique»

6

Suisse allemandeSuisse romandeTessin

Semaines techniques / Année

Participants / Année

7 IngFLASH NR. 45

LES ÉNERGIES D’HIER ET D’AUJOURD’HUI

7

SAvIEZ-vOUS…

… que les ingénieurs grecs utilisaient déjà au 4e siècle avant J.-C. des roues hydrauliques pour produire de l’énergie?Tout comme pour les moulins à vent utilisés en Chine depuis au moins 1700 ans, ces roues produisaient une puissance qui pouvait atteindre 10 kW, une puissance comparable à celle d’un moteur de moto avec une cylindrée de 125 cm³. Aujourd’hui, les éoliennes produisent une puissance 4 fois supérieure à celle générée par les constructions en bois de l’Antiquité, à savoir 1500 kW. Cela correspond à la puissance de 3 voitures de formule 1.

Source:

Felix von König: Das praktische Windenergielexikon, pages 4 (1982).

L’Internet de l’énergie: une vision d’avenir

Dans notre centre de formation, nous pouvons économiser de l’énergie à de nombreux endroits. Par exemple, il est possible d’éteindre les appa-reils électriques avec un interrupteur central ou des minuteries. Le chauffage est commandé dans chaque pièce avec Synco Living et l’aération se

fait «par à-coups». Des détecteurs de mouvement commandent la lumière et nos serveurs sont virtualisés au maximum, si bien qu’il est possible d’économiser de l’énergie à de nombreux endroits avec un minimum d’effort. J’applique un grand nombre de ces principes à la maison. Pour ce qui est du transport, c’est une autre affaire! Pour des raisons de commodité, je continue de me déplacer principalement en voiture.

Michele Marchesi, directeur de la formation professionnelle, Siemens Schweiz AG

En ce qui me concerne, l’économie d’énergie est un sujet très important. Nous portons la responsabilité de la poursuite ou de la sortie complète du nucléaire. J’économise en faisant attention au chauffage à la maison. Il ne fait jamais assez chaud pour pouvoir être en T-shirt.

J’ai changé ma grosse voiture pour un véhicule dont la taille et la consommation d’essence sont bien moins importantes. Ceci dit, je dois avouer que je continue d’aller au travail en voiture, alors que je pourrais parfaitement m’y rendre en bus ou en tramway. L’économie de temps et la grande flexibilité sont pour moi un luxe auquel je n’ai pas vraiment envie de renoncer.

Dr Anne Satir, directrice de Empa Akademie, Empa

Où faites-vous des économies d’énergie, où n’en faites-vous pas, et pourquoi?

7

sant d’appareils qui produisent non seulement de la chaleur, mais aussi de l’électricité, devraient à l’avenir être installés. Au lieu d’avoir uniquement le système traditionnel actuel avec des prix fixes, un commerce de l’énergie dynamique et basé sur les lois du marché devrait également être mis en place. Les excédents de la production des foyers qui servent à alimenter le réseau pourraient y être vendus ou des coopératives d’énergie virtuelles pourraient être créées avec d’autres foyers. Cependant, la réali-sation de ces idées nécessite des milliards d’investissement dans l’infrastructure du réseau. Tout dépendra de la volonté politique.

Sources:

http://www.bdi.eu/download_content/InformationUndTelekommunikation/

Broschuere_Internet_der_Energie.pdf

http://www.smartwatts.de/das-internet-der-energie.html

http://www.ihomelab.ch/

pf. Dans le débat qui se tient dans le monde entier autour du réchauffement climatique et de la pénurie de ressources éner-gétiques, une vision d’avenir émerge et pourrait bientôt devenir réalité: l’Internet de l’énergie. A l’avenir, tous les producteurs et consommateurs seraient reliés entre eux, comme sur Inter-net. Après la décision de sortir du nucléaire, les petites usines décentralisées telles que les usines à gaz, les capteurs solaires ou les cellules à combustible joueraient rapidement un rôle de plus en plus important. Le but et le défi consisteraient à mettre tous les participants et composants en réseau, et à coordonner intelligemment la production et l’utilisation.

Les techniques de bâtiment automatisées offriraient pour cela un grand potentiel qui pourrait, par exemple, être développé et testé dans l’iHomeLab de l’Institut universitaire de Lucerne. L’automatisation et l’harmonisation des techniques de bâtiment pourraient par conséquent permettre d’économiser jusqu’à 15% d’énergie dans les foyers suisses. D’autre part, un nombre crois-

IngFLASH NR. 45

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P.P.8032 Zü

rich

Klosbachstrasse 107CH-8032 ZürichT: +41 (0)43 305 05 90F: +41 (0)43 305 05 99 [email protected]

ABB (Schweiz) | Accenture | ACUTRONIC Switzerland | AdNovum Informatik | Alstom (Schweiz) | AWK Group | Axpo Holding | Basler & Hofmann | Belimo | Bühler | Chemgineering | Conzzeta Holding | F. Hoffmann-La Roche | Hasler Stiftung | Hilti | Meggitt | Nestlé | PHONAK | Rieter Holding | Siemens Schweiz | Sulzer | Swisscom | Swiss Re | u-blox | UBS | Zimmer

Rédaction: Dr. Andrea Leu (al), Maggie Winter (mw) | Rédacteurs: Patrick Frutschi (pf), Inci Satir (is) | Traduction: Supertext AG, Zurich | Mise en page, réalisation: Picnic Terminal Visuelle Kommunikation, Zurich | Impression: Kaelin Production AG, Zurich | Tirage: 600 exemplaires | Parution: Deux fois par an

Des propositions et contributions sont les bienvenues.

LES MEMBRES DE IngCH

Plus de informations sous www.ingch.ch

Semaines techniques de janvier à juin 2012Theresianum Ingenbohl, SZ 30.01.– 03.02.2012

KZO Wetzikon, ZH 06.–10.02.2012

KS Rämibühl, ZH 06.–10.02.2012

KS Küsnacht, ZH 06.–10.02.2012

Collège de l’Abbaye St. Maurice, VS 13.–17.02.2012

KS St. Gallen, SG 12.–16.03.2012

Gymnasium Friedberg Gossau, SG 12.–16.03.2012

KS Chur, GR 19.–23.03.2012

Collège St. Michel, FR 02.–05.04.2012

KS Hohe Promenade, ZH 17.–20.04.2012

KS Romanshorn, TG 23.–27.04.2012

KS Schaffhausen, SH 02.–04.05.2012

KS Luzern, LU 21.–25.05.2012

Lycée Denis de Rougemont, NE 25.–29.06.2012

IMPRESSUM

ACTIvITÉS DE L’IngCH

Nouveaux renforts au IngCH Engineers Shape our Future : nous accueillons Meggitt SA, de Fribourg, et u-blox AG, de Thalwil.

Informations sur Meggitt SA: avec près de 600 collaborateurs et plus de 120 ingénieurs, le site de Fribourg (anciennement Vibro-Meter SA), le plus important du groupe Meggitt Sensing Systems, développe et produit des capteurs et des systèmes de surveillance pour des applications externes telles que les groupes moteurs et les châssis. Ses clients sont tous des acteurs renommés de l’aéronautique et de l’aérospatial, qui attendent des produits et des systèmes une fiabilité absolue dans des conditions d’utilisation extrêmes. www.meggitt.com

Informations sur u-blox AG: u-blox est un fournisseur de modules semi-conducteurs pour les systèmes électroniques de premier plan dans le domaine du positionnement et de la communication sans fil pour le marché des biens de consommation, des biens industriels et de l’automobile. Nos solutions permettent aux personnes, aux appareils, aux véhicules et aux machines de localiser leur position exacte et de communiquer par voix, texte ou vidéo. Basée en Suisse et implantée en Europe, en Asie et en Amérique, la société u-blox emploie 210 personnes. Fondée en 1997, elle fonc-tionne sans unité de production (fabless) et est cotée à la Bourse suisse SWX Swiss Exchange. www.u-blox.com

Deux nouveaux membres de l’IngCH:

www.facebook.com/ingch2