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LE MAGAZINE DU PARC NATUREL RÉGIONAL - N° 65 | JUIN 2014 P. 04 | CŒUR DE NATURE La Molière, plateau aux mille spectacles P. 33 | VERCORS À VIVRE Au pays de la Liberté P. 8 | TERRITOIRE INSPIRÉ Trièves, le nez à la fenêtre 18. Edito 19. La charte du Parc 20. Vercors Eau Pure 23. Garderies du Parc 24. Animateur Natura 2000 25. Tulipa sylvestris

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Page 1: Journal N°65

LE MAGAZINE DU PARC NATUREL RÉGIONAL - N° 65 | JUIN 2014

P. 04 | CŒUR DE NATURE

La Molière, plateau aux millespectacles

P. 33 | VERCORS À VIVRE

Au pays dela Liberté

P. 8 | TERRITOIRE INSPIRÉ

Trièves, le nez à la fenêtre

18. Edito19. La charte du Parc 20. Vercors Eau Pure

23. Garderies du Parc 24. Animateur Natura 200025. Tulipa sylvestris

Page 2: Journal N°65

L’EAU SOURCE DE LOISIRS À voir les ruisseaux courir et des plans d’eau où il fait bon plonger, difficile d’imaginer que la ressource se fait assez rare en Vercors. Et si les sols calcaires la laissent s’infiltrer en profondeur, l’eau n’est pas pour autant à l’abri des répercussions de l’activité humaine. Le nouveau Contrat de rivière, présenté des pages 20 à 22, précise les enjeux d’une gestion partagée et adaptée de la ressource en eau.

SOMMAIRE

HABITER AUTREMENTTerritoire d’innovation, le Parc du Vercors se prête pleinement au développement de projets d’habitat participatif.Les expériences d’habitants de Die et Chichilianne décryptées pages 14 à 16.

PANORAMA

À L’ORÉE DU BLEU Les 9 et 10 août prochains, Saint-Agnan-en-Vercors accueille la Fête du Bleu du Vercors - Sassenage. Au programme, les centaines d’animaux, bovins, chevaux, ovins, concourant au comice agricole, des démonstrations, des dégustations, une Vercouline géante et ce qu’il faut de jeux à taille humaine pour amuser les petits comme les grands enfants. Côté Parc, la biodiversité est à l’affiche avec une présentation de l’exposition photographique « Un ailleurs en France : Forêts naturelles » et la restitution de l’inventaire participatif « À vos appareils photos » lancé par le Centre permanent d’initiative pour l’environnement sur la commune.

LES GÉANTS DU CIELLe massif du Vercors abrite une faune remarquable très diversifiée sur terre comme dans les airs où planent les vautours fauves réintroduits.Pour avoir la chance de contempler leur vol majestueux, il faut aller jeter un coup d’oeil aux environs du Cirque d’Archiane... Et pour faciliter la cohabitation avec l’homme sur ce site d’escalade renommé, une carte de localisation des voies respectant les aires de reproduction est en ligne sur le site internet du Parc.

AU PAYS DE LA LIBERTÉ Ils avaient 20 ans, l’horizon était sombre, ils ont choisi de résister… Soixante-dix ans plus tard, l’écho des luttes se répercute dans les montagnes du massif. Expositions temporaires, et itinérante lors de la Fête du Bleu, spectacles vivants, projections de films, Rencontres nomades, rando- mémoire, des rendez-vous jusqu’au mois d’octobre pour saisir l’héritage des maquis du Vercors. Poursuivez la lecture page 32.

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UN BALCON SUR LE VERCORS - P 2 à 17 2 PANORAMA

4 CŒUR DE NATURE La Molière : plateau aux mille spectacles

7 CAS D’ESPÈCE De l’intérêt des fragiles chiroptères

8 TERRITOIRE INSPIRÉ Trièves, le nez à la fenêtre

11 PORTRAIT Grandes Traversées du Vercors, un réseau de passionnés

12 INITIATIVES Les engivaneurs du Royans font le buzz

14 DEMAIN LE VERCORS Vivre autrement dans le Vercors

17 LÀ EST LA QUESTION Vers une organisation territoriale adaptée ?

LES PAGES DU SYNDICAT MIXTE - P 18 À 25 18 L’ÉDITO de Danièle Pic

19 DÉCRYPTAGE Qu’est-ce que la charte du Parc du Vercors ?

20 DOSSIER Vercors Eau Pure II

23 QUI FAIT QUOI ? Garderies du Parc

24 UNE ÉQUIPE, DES MÉTIERS Animateur Natura 2000

25 LES PIEDS DANS LE PARC Préserver Tulipa Sylvestris

VERCORS À VIVRE - P 26 À 36 26 Du jardin à l’assiette

28 Savoir, comprendre

30 Dans la nature

32 1944 Résistance en résonance

34 1994 Site national historique de la Résistance*

Page 3: Journal N°65

gris-blanc qui trahissent un relief karstique, où l’érosion a fait son œuvre, modelant dolines, lapiaz, sombres galeries et puits sans fonds tels le Scialet de la Fromagère et le Gouffre Berger, premier -1 000 m de l’histoire pour spéléologues aguerris.Après le coup de feu du déjeuner, on se laisse facilement bercer par les chants mêlés d’un Pinson des arbres, d’un Venturon montagnard ou d’un Traquet motteux... À moins, par jour de chance, qu’un Aigle royal guettant sa proie ou, à la saison, que deux Tétras lyre mâles s’adonnant à une parade nuptiale, ne captent l’attention !Grands espaces préservés, ce site d’exception pousse à l’ex-ploration naturaliste d’une flore surprenante. L’œil attentif ou initié dénichera les inattendues zones à Sphaignes, quand débusquer une discrète Botryche lunaire, une Grande Astrance ou une Nigritelle noire, orchidée aux senteurs vanille- chocolat, relèvera plus du hasard. Çà et là, les sangliers ont retourné la terre en quête de nourriture.

05Le vercors n° 65 � Juin 2014

B ruissements de la nature, cliquetis des bâtons de marche et tintements des cloches ont supplanté les craquements sourds de la neige sous les raquettes. La Molière se révèle

avec les saisons, tantôt décor de randonnée nordique, tantôt propice à la villégiature. Les marmottes qui y prennent leur quartier d’été ne diront pas le contraire, toutes occupées qu’elles sont, à se dorer la pilule.Partout, d’appétissantes prairies aux mille fleurs, des forêts verdoyantes où se perdre jusqu’à l’horizon... Et depuis son point culminant, « le quart de la France » et ses massifs dans les yeux de Vincent Charrière, berger pour le groupement pastoral de La Molière qui croise là, 6 mois durant, promeneurs, passionnés de nature, forestiers ou chasseurs. À perte de vue, pics acérés et sommets éternellement enneigés se laissent contempler. Perché jusqu’à 1 709 m. d’altitude entre vals de Lans et d’Autrans, en partie sur les communes d’Engins et de Sassenage, le plateau de La Molière surveille, impassible, la Chartreuse, Belledonne, l’Oisans, les Écrins, le Mont-Blanc, qui, par temps clément, se

toisent à bonne distance ou conversent ici en toute quiétude.De par ce point de vue stratégique, La Molière motive toutes sortes de visiteurs alléchés par les panoramas époustouflants offerts sans distinction, aux plus méritants récompensés de leur ascension, aux adeptes des pique-niques dominicaux ou encore aux amateurs de couchers ou levers de soleil. Pour les accueillir en milieu de matinée, un troupeau en pleine chaume après avoir travaillé depuis l’aube à tondre les tendres pelouses alpines. C’est le moment pour Vincent de scruter les bêtes aux jumelles pour sélectionner celles qui nécessiteront des soins plus particuliers dans l’après-midi. Courses poursuites et rires des enfants commencent à animer les alentours du gîte de La Molière, le berger également hébergeur va bientôt passer aux fourneaux pour régaler les voyageurs de passage. En attendant, devant nos yeux et sous nos pieds, les paysages racontent des millions d’années... Support tout trouvé pour une leçon de géologie : le squelette calcaire de l’alpage, les abruptes falaises qui le bordent, les affleurements rocheux

La Molière : plateau aux mille spectaclesÀ la faveur des beaux jours, le plateau de La Molière dévoile ses multiples facettes à qui sait observer, sous les regards complices de ses résidents estivaux : 300 génisses en colonie de vacances et leur berger, fidèles au rendez-vous de l’alpage.

04 Juin 2014 � Le vercors n° 65

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CŒUR DE NATURE

L’ALPAGE DE LA MOLIÈRE Lors de la chaume, le troupeau en pleine digestion adresse de bienveillantes oeillades aux randonneurs.

PHOTO : Grégory Loucougaray

UN ESPACE MULTIFONCTIONNEL

ET PRÉSERVÉ OÙ L’HOMME A UN RÔLE

À JOUER

LE BERGER ET LE PARC Vincent Charrière en plein échange avec Pierre-Eymard

Biron, conservateur au Parc du Vercors, l’occasion d’un point sur la gestion partagée des patrimoines naturels.

GRANDE ASTRANCEEn fleur de juin à août, elle parsème de

délicates étoiles le plateau de La Molière.

MARMOTTES DES ALPES EN VUEAlors que l’espèce avait presque totalement déserté le massif, elles ont largement recolonisé La Molière depuis leur réintroduction.

L’homme a toujours trouvé un intérêt pour La Molière, paysage emblématique, alpage, exploitation forestière, terrain de chasse, lieu d’apprentissage et de recherches...La fragilité de ses patrimoines naturels en fait l’objet de diverses mesures de protection : zone d’importance pour la conservation des oiseaux, zone naturelle d’intérêt écolo-gique floristique et faunistique, site Natura 2000. Ces divers statuts induisent une gestion partagée de l’espace dans laquelle le Parc s’implique en veillant à les faire respecter, et en considérant l’évolution des usages du site qui sont autant de facteurs susceptibles de maintenir, voire de restaurer, comme de compromettre ses équilibres. Afin de déployer une politique de sauvegarde et de mise en valeur durable, les collectivités locales et le département de l’Isère ont porté dans la concertation le classement d’une grande partie des plateaux de La Molière et du Sornin voisin en Espace naturel sensible, simplifiant ainsi la mise en œuvre d’actions dont la maîtrise d’ouvrage a été confiée au Parc par les collectivités d’Autrans, Engins, Lans-en-Vercors, Sassenage.

DE L’ÉQUILIBRE DU SITE

SUR LE PLANCHER DES VACHESÀ ciel ouvert, les génisses profitent d’une vue imprenable du levant jusqu’au soir au gré des inclinations du soleil.NIGRITELLE NOIREAutrement appelée Orchis vanillé, elle distille un subtil et surprenant parfum.

Page 4: Journal N°65

ILLUSTRATION : Jacky Dutoit

CAS D’ESPÈCE

Discrètes et mystérieuses, les chauves-souris témoignent par leur présence d’une certaine qualité environnementale ; sentinelles de l’environnement prêtes à rendre service.

De l’intérêt des fragiles chiroptères

07Le vercors n° 65 � Juin 2014

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Prisé pour ses richesses naturelles, le plateau de La Molière demeure un lieu de pâture depuis des siècles  ; un usage pastoral qui n’est pas sans avoir participé à façonner, ou tout au moins à maintenir, une mosaïque de milieux diversifiés. Vincent, qui y exerce depuis 33 ans, relativise l’influence des activités humaines, considérant avant tout, que la nature « s’au-torégule jusqu’à son climax ». Nonobstant, il faut reconnaître que Montbéliardes et Abondances, heureuses de prendre congé de leurs exploitations locales pour l’estive, s’occupent très bien de leur pré carré d’environ 500 hectares. Sans relâche, elles broutent la toison verte de l’alpe et la débarrassent des arbustes, buissons et ligneux indésirables qui s’empresseraient, sans leur intervention, de grappiller du terrain sur les pelouses ouvertes d’altitude à la biodiversité remarquable. Force est d’admettre, si La Molière reste inchangée depuis plus d’un siècle, que ces ruminantes prennent part à son équilibre, en assurant l’entretien là où leur berger les mène ; rôle de préservation dont elles se délectent ! Par ses activités, l’homme n’a eu de cesse de valoriser les res- sources naturelles offertes en ces lieux, susceptibles de lui être utiles. En d’autres temps, la découverte de dépôts gréseux très localisés lui a permis de fabriquer d’imposantes meules en pierre. Un usage ancestral qui aurait inspiré le nom du site, « carrière de pierres à meule » au sens commun. Vincent propose une autre signification, Molière peut-être dérivée de Mouillière en référence aux quelques zones humides disséminées sur le plateau. Et puis, le regard aiguisé par tant de découvertes et le sourire aux lèvres après une balade à l’alpage, on serait tenté de le rebaptiser la Meuuh-lière !

06 Juin 2014 � Le vercors n° 65

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AUJOURD’HUI COMME IL Y A PRÈS D’UN SIÈCLEUn seul vœu pour Vincent le berger, « que la plateau de La Molière soit toujours dans 100 ans d’ici tel qu’il demeure depuis les premiers clichés dont il a été l’objet ».

COHABITER RESPECTUEUSEMENT Espace récréatif où les sportifs s’adonnent à leurs hobbies, La Molière est aussi un lieu de vie, notamment pour des êtres vivants fragiles ou

imposants, le respect mutuel est gage de plaisir partagé pour tous.

Un inventaire mené sur l’ensemble de l’Espace naturel sensible a montré que les plateaux de La Molière et du Sornin voisin constituent un territoire très attractif pour les chauves-souris. Dix-neuf espèces y ont été recensées dont cinq présentent un enjeu particulier de protection en tant qu’espèces Natura 2000. Beaucoup des spécimens inventoriés utilisent habituellement le bâti comme gîte pendant l’été, notamment pour élever les jeunes, or aucun n’a été recensé dans les bâtiments existant sur le site, bien qu’ils soient propices à l’accueil de colonies. Ce constat suggère que l’ENS se révélerait plutôt être un territoire de chasse apprécié des chiroptères, capables de parcourir plusieurs kilomètres pour remplir leurs estomacs insectivores. On les soupçonne donc d’établir leurs gîtes en contrebas, dans les hameaux des communes où s’étend l’ENS : Autrans, Engins, Lans-en-Vercors, Sassenage, et même au-delà...

GARDE-MANGER POUR CHIROPTERE

PHOTO : Yoann Peyrard

F ascinantes ou effrayantes, les chauves-souris laissent rarement indifférent.

Elles souffrent encore bien souvent d’un réel désamour, victimes d’idées reçues, de croyances fantastiques, probablement par méconnaissance de leurs mœurs nocturnes. Hors-du-commun, elles sont les seuls mammifères doués du vol actif, capables en plus, d’écholocaliser leurs proies ou les obstacles dans l’obscurité en captant la réflexion de leurs ultrasons. En France, les chiroptères représentent plus du tiers des mammifères sauvages que l’on peut rencontrer. Dans le massif du Vercors, 29 espèces ont été répertoriées sur les 35 identifiées en Métropole ; preuve de la richesse des milieux naturels vertacomico-riens car elles ont besoin d’habitats variés et, pour se nourrir, de quantités suffisantes d’arthropodes sensibles aux détériorations des écosystèmes...De 3,5 à 9 cm. pour les plus imposantes avec un poids allant de 4 à 50 grammes, les espèces repérées sur le territoire du

Parc sont, entre autres, le Murin à oreilles échancrées, le Grand rhinolophe, la Barbastelle, et spécimen courant en Europe, la Pipistrelle de Nathusius. Les contreforts du Vercors cachent aussi le Molosse de Cestoni qui profite des falaises comme d’un confortable dortoir. Les gîtes, adoptés sans y apporter plus d’aménagement, sont à portée d’ailes du couvert, jusqu’à une dizaine de kilomètres à la ronde. D’origine naturelle (grottes, scialets, falaises, troncs d’arbre) ou an-thropique (combles, granges, caves, clochers, ponts, tun-nels, nichoirs), les habitats sont diversifiés, notamment en fonction des périodes de reproduction ou d’hivernage. Ils sont indis-pensables au maintien des populations qui rendent de nombreux services... Insectivores et friandes d’araignées pour certaines, les chauves-souris peuvent manger chaque nuit jusqu’au quart de leur poids, se positionnant ainsi comme

une arme efficace pour lutter contre les moustiques et aussi la multiplication des « parasites » nocturnes ravageurs des champs et jardins.Ce service n’est rendu qu’en retour d’un certain équilibre des milieux, alternant prairies maintenues ouvertes par une agriculture respectueuse, espaces boisés, points d’eau et zones urbanisées. Les chiroptères sont très vulnérables aux modifications de leurs habitats. Pollution

lumineuse, dérangement des gîtes, dégradation de leur ressource alimentaire, sont des menaces susceptibles de fragiliser voire de provoquer

le déclin des populations. Il importe au quotidien de rester attentif à ces espèces toutes protégées à l’échelle nationale, de respecter leurs espaces vitaux d’autant qu’en facilitant leur installation, elles nous le rendent bien en nature !

contact : [email protected]

INOFFENSIVES, LES CHAUVES-SOURIS SONT AU MOINS

DOUBLEMENT UTILES

Derrière un volet, dans la cheminée, sous les tuiles, les chauves-souris aiment élire domicile dans de chaleureuses habitations... Pour comprendre leurs habitudes et mieux préserver la diversité des espèces en présence, le Parc a entrepris une démarche d’inventaire participatif, avec l’appui du CPIE* Vercors et de l’Union régionale des CPIE, sur les communes d’Autrans, Engins, Lans-en-Vercors et Sassenage constituant l’Espace naturel sensible La Molière - Sornin. Dans ce cadre, les habitants sont invités à faire part de leurs observations tandis que les équipes techniques et les élus des communes ont été sollicités pour inventorier les bâtiments favorables. Ensuite, des chiroptérologues interviendront pour organiser les comptages et envisager des modes de gestion adaptée.La Nuit de la Chauve-Souris, du 30 au 31 août, sera l’occasion pour tous d’en savoir davantage tout en prenant conscience du rôle que chacun peut jouer dans la préservation des chiroptères. * CPIE : Centre permanent d’initiative pour l’environnement

savoir plus : www.parc-du-vercors.fr et www.parc-du-vercors.fr/cpie

Témoigner de ses observations : LPO Isère - 04 76 51 78 03 - [email protected] - [email protected]

AVIS DE RECHERCHE AUX CHIROPTÈRES

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PIPISTRELLE DE NATHUSIUS

MALGRÉ LES APPARENCES Si vous apprenez à me connaître, vous serez surpris d’apprendre que si je suis là c’est signe d’une grande richesse en biodiversité...

CŒUR DE NATURE

Page 5: Journal N°65

TRIÈVES, LE NEZ À LA FENÊTRELa ligne ferroviaire des Alpes offre, au rythme de ses nombreux tunnels et viaducs, le spectacle d’un Trièves vivant et authentique. Du col de la Croix-Haute au col du Fau, elle invite le voyageur au vagabondage entre villages et sommets.

LE TRIÈVES EN CHEMINLes Balcons Est, le Grand Veymont, le Mont Aiguille, des panoramas à couper le souffle...

PHOTO : Jean-Michel Hytte

GARE DE CLELLES-MENSEn descendant du train, les hauteurs du Trièves captivent les regards.

l’ancienne voie romaine reliant Grenoble à Die. Ce col constitue un très ancien point de passage des hommes et des troupeaux entre le Diois, le Vercors et les alpages des Hauts-Plateaux. Le lieu a aussi connu durant la Résistance un moment d’histoire tragique rappelé sur place par un mémorial. Le Grand Veymont, quant à lui, peut être gravi via le Pas de la Ville, accessible en deux heures au départ de Gresse-en-Vercors. La balade peut se poursuivre par l’ascension du sommet, l’un des points culminants du massif, ou rejoindre l’itinéraire Grandes Traversées du Vercors qui parcourt la Réserve naturelle.

St-Michel-les-Portes, village perchéAprès Clelles, le train emprunte le spectaculaire viaduc de la Thoranne et offre un point de vue unique sur Saint-Michel-les-Portes. Adossé à la montagne, le village est ouvert sur les lointains sommets du Dévoluy. Dans le bourg, la pente a favorisé la création de jardinets en terrasses, de chemins empierrés et de marches qui se faufilent entre les maisons. « Il n’y a plus que des commerçants ambulants » regrettent deux villageoises croisées sur le seuil de leur porte. En revanche, le four à pain restauré fume une fois par mois. Posé à l’entrée de la construction, un balai composé de branches de buis a servi à nettoyer l’âtre depuis la dernière fournée.

Les Deux SœursEn dépassant le col du Fau, on aperçoit les rondeurs jumelles des Deux Sœurs annonçant bientôt la fin du voyage. Dans les années 40, deux alpinistes lyonnais ont prénommé ces sommets Agathe et Sophie en hommage à leurs bien-aimées. C’est Agathe que l’on peut admirer depuis le Pas de la Balme au terme d’une randonnée tranquille débutant au col de l’Arzelier. Ce passage était autrefois emprunté par les éleveurs des Quatre-Montagnes pour acheminer leurs bêtes et les vendre en vallée du Drac lors des foires. Ils en revenaient avec d’autres denrées, de l’huile, du vin… dans la même journée bien entendu.

09Le vercors n° 65 � Juin 2014

Depuis 2009, le Trièves est engagé dans l’écotourisme et le tourisme adapté pour une mise en valeur respon-sable et une meilleure accessibilité du territoire aux personnes en situation de handicap. Incitant à un développement durable, une charte de l’écotourisme a été élaborée afin d’encourager les prestataires touristiques à proposer une offre respec-tueuse de l’environnement et des hommes, à s’enga-ger autour de huit thématiques : énergie, eau, déchet, déplacement, approvisonnement locaux, patrimoine naturel, sensibilisation, communication.Côté tourisme adapté, des sites tels que le belvédère EDF à Treffort Avignonet ou encore la ronde du Châ-tel à Mens ont été aménagés pour en faciliter l’accès aux personnes à mobilité réduite qui peuvent ainsi librement admirer des panoramas à couper le souffle ou faire une promenade à l’ombre des grands arbres...

QUALITÉ ET ACCESSIBILITÉ

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minérale souvent décrite comme une forteresse n’a jamais empêché les hommes du Vercors de communiquer d’un versant à l’autre par de multiples cols accessibles à pied, Pas de la Ville, de l’Aiguille, de la Balme… Aujourd’hui prisés des randonneurs, ces échancrures sont autant de points d’entrée vers la Réserve naturelle des Hauts-Plateaux du Vercors, un espace exceptionnel et protégé.

Les deux frèresTrente minutes plus tard, voici la gare de Clelles-Mens. S’il fallait un symbole pour signaler que nous sommes au cœur du Trièves, levez les yeux. Le Mont-Aiguille se présente ici sous son angle le plus large, son vaste plateau relevé vers le ciel. Comme une statue, il se laisse admirer sous tous ses profils au fil du trajet. Le Grand Veymont, autre géant du massif, lui dispute le premier rôle dans le paysage. L’un est tout en arêtes vives, l’autre tout en douceur massive, comme deux frères que tout oppose.Approchons-nous tout d’abord du « Mont inaccessible ». Depuis la gare, il faut rejoindre à pied Chichilianne et le hameau de Richardière puis monter jusqu’au Pas de l’Aiguille, situé sur

L es usagers défendent avec vigueur cette petite ligne Grenoble-Gap qui les achemine au quotidien vers l’agglo-mération grenobloise ou les Hautes-Alpes. À la belle saison s’y ajoutent les randonneurs qui gagnent les itinéraires

des Balcons Est du Vercors au départ des trois gares du Trièves.Embarquons en gare de Lus la-Croix-Haute, perchée à 1 014 m. d’altitude. En choisissant de circuler du sud au nord, nous allons dans le même sens que l’histoire, car le Trièves était jusqu’au début du XIXème siècle presque totalement tourné vers Die. La route, dès 1828, puis la ligne de chemin de fer, 50 ans plus tard, ouvrirent la voie au commerce et, par la suite, au tourisme en reliant les Alpes du Nord et celles du Sud. Depuis, les deux tracés jouent à cache-cache à travers le Trièves, offrant aux automobilistes le spectacle d’ouvrages d’art audacieux et aux voyageurs en train des points de vue surélevés qu’eux seuls peuvent saisir. Dès le col de la Croix-Haute franchi, le rail descend dans ce « cloître de montagnes » cher à Giono. Les champs cultivés ondulent au soleil, alternant avec des forêts et ponctués par un bâti d’une grande unité. Une montagne douce, tranquille et habitée. De l’autre côté défile un paysage de falaises calcaires. Cette frontière

TERRITOIRE INSPIRÉ

08 Juin 2014 � Le vercors n° 65

Page 6: Journal N°65

11Le vercors n° 65 � Juin 2014

D éjà administrateurs et membres actifs engagés auparavant, rien d’étonnant

pour ces trois professionnels du tourisme, Odile Barbotin, François Bardiau et Etienne Legendre, à avoir été respectivement élus Présidente, Trésorier et Secrétaire de l’asso-ciation à l’automne dernier. Ainsi investis « plus que motivés » malgré des agendas chargés, ils s’activent sur le terrain – et sur la toile – pour promouvoir plus fort l’itinérance en Vercors, « consolider l’offre GTV et renforcer la dynamique de réseau » entre les acteurs de l’économie touristique dont ils défendent les intérêts. « Un défi d’envergure » légué par leur pairs, que l’ensemble des membres du Bureau ne craint pas de relever !À l’origine, des proprié-taires de gîtes et refuges qui, encouragés par le Parc, se rassemblent « rompent l’isolement » et structurent un itinéraire de randonnée à l’échelle du massif pour le faire vivre en organisant une offre de services accessibles et pertinentes pour les randonneurs...« Aujourd’hui, 22 ans et 700 km d’itinéraire plus tard, la même ambition nous anime ». À ceci près que les GTV, démarche exem-plaire ayant démontré qu’une « alliance au-delà des frontières administratives et naturelles est possible, essentielle et aussi pleine de sens », sont désormais le fer de lance de l’élan de mutualisation et de diversification touristique en marche sur

le territoire afin d’asseoir un projet global de développement durable. « Pas une mince affaire, le challenge du ‘viable et responsable’ » pour ces béné-voles qui, non sans doute ni hésitation, ont comme impératif de péréniser l’autonomie et la qualité du projet associatif, porté par le Conseil d’administration où sont repré-sentées les différentes régions du Parc dans une logique de promotion globale. « Notre préoccupation, c’est de maintenir le mail-lage du territoire, d’éviter les discontinuités de services touristiques pour répondre le mieux possible aux besoins des voyageurs. »Fédérer autour de nouvelles actions est aussi à l’ordre du jour, avec bientôt les

compétences d’un stagiaire accueilli par le Parc pour envisager l’amélioration des itinéraires et la conti-nuité des tracés VTT sur les Balcons Est en particulier. « Beaucoup d’autres pistes

d’activités complémentaires restent à explo-rer, du côté du cyclotourisme par exemple... Mais la priorité reste d’amplifier les liens entre la centaine de passionnés que nous sommes, d’optimiser la cohérence de l’offre que nous fondons tous ensemble. »Réunis par les sentiers qui sillonnent et donnent à expérimenter la riche nature du Vercors qu’ils affectionnent, ces hébergeurs, accompagnateurs de sport en pleine nature, guides, écoles de ski, mushers, âniers, taxis, magasins de sport, fermes et auberges

Grandes Traversées du Vercors,un réseau de passionnésEntrepreneurs ambassadeurs du Vercors, webmasters du site internet de l’association à leurs heures et « fiers d’en être », ces nouveaux membres du Bureau poursuivent avec détermination la belle aventure.

PORTRAIT

d’altitude, producteurs touristiques et agences de voyage, partagent en vérité plus qu’un « produit » phare et évocateur ; une vraie conviction « ensemble, on est plus fort » et le sens des mots : accueil, respect et découverte.

ITINÉRANCE SUR-MESURETous les professionnels de l’association sont des prestataires touristiques situés à proximité des itinéraires constituant les GTV, animés du même désir de par-tager leur connaissance du Vercors. Ils sont référencés sur la base de critères exi-geants considérant la qualité de l’accueil et des services proposés pour répondre aux besoins spécifiques du tourisme en itiné-rance : hébergement à la nuitée, accueil sans réservation, boite à outil à disposition des vététistes, gîte pour chevaux, ânes ou chiens de traineaux... Les topoguides Le tour du Vercors ...à pied, et ...à VTT et à cheval, en vente à la Maison du Parc, dans les offices de tourisme et chez nombre de pro-fessionnels adhérents, permettent de planifier son parcours en fonction de son mode d’itinérance. Ils complètent toutes les informations pratiques délivrées par la carte- annuaire GTV et le site internet de l’association : www.vercors-gtv.com.

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10 Juin 2014 � Le vercors n° 65

Saint-Guillaume, le village nichéÀ l’approche de Monestier-de-Clermont, quittons le train pour un dernier détour de quelques kilomètres jusqu’à Saint-Guillaume. De ses maisons regroupées au creux d’un vallon, on ne voit d’abord que les toitures très pentues bordées de génoises et les reflets changeants de leurs tuiles en forme d’écailles. Le village a du charme avec son four à pain endormi, ses bâtisses dotées d’une rampe ou « montoir » pour accéder à la grange, sa Croix des Rameaux flanquée de deux buis, son bâtiment IIIème République associant mairie et école, mais la carte postale n’est pas figée. Un café-restaurant établi au cœur du bourg et un site de compostage communal révèlent une vie de village organisée et conviviale. Le nez à la fenêtre, nous n’avons pas vu passer ces 40 minutes de trajet. La gare de Monestier-de-Clermont s’annonce pourtant déjà. À bientôt sur la ligne des Alpes ! MARIE-CÉCILE MYARD

TERRITOIRE INSPIRÉ

UNE ALLIANCE AU-DELÀ DES FRONTIÈRES ADMINISTRATIVES ET

NATURELLES EST POSSIBLE, ESSENTIELLE

ET AUSSI PLEINE DE SENS.

RANDONNÉE EN ALTITUDETutoyer le ciel jusqu’à 1 879 m. au Pas de la Balme.

ENTRE MONTS ET PLAINESLe Trièves, idéal pour une échappée belle en prise avec la nature.

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CLOCHER DE SAINT-GUILLAUMEAux pieds des montagnes, le village offre l’un des plus beaux exemples d’architecture rurale du Trièves.

LES BOIS DE SAINT-ANDÉOL

L’apôtre Saint-Andéol serait venu du Vivarais en Ardèche au IIIème siècle et en souvenir de miracles qu’il aurait accomplis en ces lieux, la population locale aurait donné son nom au village...Au départ du parking du village de Saint-Andéol, prendre la direction de Château-Bernard en passant par la Source et Ruisseau Rafin. Poursuivre par la piste en direction de Pas Morta jusqu’aux Petites Tartices puis Grandes Tartrices. De là, rejoindre Creuzara avant de redescendre à Saint-Andéol par Bourgmenu puis les Charreyres.

LE PAS DE LA BALME

Au dessus du Pas de la Balme, sur la ligne de crête qui conduit à la tête des Chaudières, un curieux amoncellement de pierre édifié par la main de l’homme retient l’attention. Une légende fait remonter son édification à l’époque de l’invasion sarrasine. La population de Corrençon-en-Vercors l’aurait édifié en toute hâte, afin de se protéger de l’arrivée des pillards. A l’abri du mur, les habitant auraient bombardé les assaillants avec des pierres. Mais cette histoire pourrait n’être qu’une légende, consignée par les érudits du XIXème siècle à l’époque de la conquête de l’Algérie... D’autres documents, appelent cet amoncellement « mur des protestants », quand certains lui confèrent une utilité pour l’activité pastorale. Le mystère de l’édification du mur reste entier...

Depuis le village de Château-Bernard, prendre la direction du Pas de la Balme. À La Chapelle, monter aux Janas puis rejoindre Le Mas. La randonnée se poursuit en forêt jusqu’au carrefour Font du Mas. De là, suivre le chemin forestier jusqu’à Font Bessou puis prendre sur la droite l’itinéraire qui conduit progressivement au carrefour Les Poules en suivant le balisage jaune-vert. Encore un effort pour rejoindre Mulet du Curé, le sentier en lacets étroits permet d’atteindre la crête et le Pas de la Balme.Pour le retour, repasser au Mulet du Curé puis atteindre Bois Ras et Tissonier. Le sentier continue de descendre en sous- bois pour déboucher à Betrana. Poursuivre jusqu’à Chénevarie puis Le Mas Roux et Le Mas avant de reprendre le même itinéraire qu’à l’aller pour revenir à Château-Bernard.

• durée du circuit : 6 h 30• dénivelé : + 934 m.• distance : 15,7 km.           

• niveau : difficile• accessibilité :

ITINÉRAIRES

• durée du circuit : 2 h• dénivelé : + 190 m.• distance : 4,5 km.           

• niveau : facile• accessibilité :

Page 7: Journal N°65

13Le vercors n° 65 � Juin 2014

U n webdocumentaire, outil d’information contemporain, pour valoriser les métiers traditionnels du bois dans le Royans, le contraste n’est pas seulement percutant, il est aussi plein de sens. Ces savoir-faire menacés de

disparition retrouvent une nouvelle jeunesse grâce à l’innovation.Jusqu’au début des années 2000, le Royans a vécu au rythme de la tournerie-tabletterie, avec la fabrication d’objets en bois, des couverts, des moulins à poivre... Vers 1970, une soixantaine d’entreprises, souvent artisanales, ont fait vivre six cents ouvriers. Aujourd’hui, quatre entreprises et une vingtaine d’employés continuent de faire tourner le bois. En 2011, l’association Arbre (Association régionale pour les métiers du bois dans le Royans Vercors) a décidé de réagir en recrutant le sociologue Guillaume Chauvel pour recueillir la mémoire de ce pan fondamental de l’identité du Royans. « J’ai fait une enquête approfondie, et je me suis rendu compte que les habitants ont été traumatisés par la disparition de cet

Un webdocumentaire tout récent met à l’honneur les métiers du bois dans le Royans ainsi que les « engivaneurs », artisans plein d’ingéniosité qui font la part belle à l’innovation pour relancer cette activité traditionnelle.

artisanat - industrie. L’enquête a aussi mis en évidence l’ingéniosité locale, désignée sous le mot patois d’engivanage, qui a permis à certains artisans de rebondir en inventant d’autres types d’objets ». C’est le cas de Patrick Belle, président de l’association, qui fait l’objet d’un focus dans le webdocumentaire. En tant que luthier, il fabrique des pièces uniques pour violoncelle ; en tant

qu’éco-concepteur, il crée des amplis hifi haut de gamme ou des enceintes passives en bois… Le savoir-faire d’antan au service des technologies de pointe ! Financé par la communauté de com-munes du Pays du Royans, la région Rhône-Alpes et le Parc du Vercors via le programme européen

Leader, le webdocumentaire a été réalisé de façon collective. Visuel et esthétique, il propose plusieurs portes d’entrée, sur les thèmes « Eau, Bois et Faire » . L’eau avec l ’énergie hydraulique, le bois comme matériau d’avenir à l’heure du développement durable, et le faire avec l’ingéniosité pratique des artisans. Chaque thème se décline en reportages, entretiens et diaporamas. Et pour ajouter au buzz, le documentaire est diffusé dans le cadre d’une exposition itinérante à travers le Vercors. « À la croisée du passé, du présent et du futur, le webdocumentaire met en valeur les artisans actuels, ainsi que le réseau de sous- traitance et la solidarité entre les entreprises. Il sous-tend aussi un message : pour vivre, il faut travailler ensemble », souligne Guillaume Chauvel. La suite de l’initiative est d’ores et déjà envisagée : la création d’un groupement d’entreprises du bois pour continuer à innover dans le Royans. On touche du bois pour que la dynamique se poursuive… JEANNE PALAY

Les « engivaneurs » du Royans font le buzz ARTISANAT ET

WEBDOCUMENTAIRE

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INITIATIVES

12 Juin 2014 � Le vercors n° 65

Impulsée par quatre Parcs naturels régionaux, dont celui du Vercors, et la Fondation de France, l’opération Paysage industriel invite des artistes à se pencher sur le patrimoine industriel qui a contribué à façonner les territoires. L’œuvre de Michel Aubry, inspirée par l’industrie de la tournerie-tabletterie se compose notamment d’une sculpture sonore à laquelle Patrick Belle, passionné par le travail du bois et la musique, a apporté sa contribution. L’inauguration de cette création artistique aura lieu le 26 septembre dans le Royans.

REGARD D’ARTISTE

Depuis son atelier ouvert sur l’extérieur à Saint-Martin-du-Colonel, Patrick Belle façonne le bois avec créativité et inventivité.

À voir en ligne : www.engivaneurs.fr

Douillet à cœurHÉBERGEUR RESPONSABLE PAR NATURE

Réhabilité selon une démarche respectueuse de l’environnement, un havre de paix original a ouvert

ses portes au col de Romeyère, répondant au doux nom « Cœur de montagne ».

Halte sur les sentiers de randonnée, le bâtiment existe depuis 1969 au pied des pistes de ski, cet hôtel-restaurant a d’abord été transformé en centre de colonies de vacances. Mais quand Marielle et Giovanni Brunetto le rachètent, en 2012, il est à l’abandon depuis douze ans. Un sacré défi de lui redonner vie ! « Les gens d’ici pensaient que c’était impossible de rénover. Mais au bout de dix mois de travaux titanesques, nous avons ouvert en juin 2013, comme prévu ! », sourit la nouvelle propriétaire. « C’est un lieu de repos qui offre de prendre un bol d’air pur et de nature, avec un accueil personnalisé ». L’établissement regroupe deux types d’hébergements pour répondre à tous les budgets. La

partie hôtel comprend plusieurs chambres, dont une accessible aux personnes à mobilité réduite, un espace tribu et une suite roman-tique avec terrasse. L’étage refuge se compose de dortoirs pour quatre personnes. Toutes les chambres laissent entrer la montagne par de larges baies vitrées. L’aménagement

est conçu selon une éthique durable, avec des matériaux de récupération donnant un aspect chaleureux. Ainsi, une ancienne porte de grange sert d’accueil et un vieux volet a été reconverti en porte coulissante. La décoration des chambres regorge de

trouvailles pour créer des espaces cosy, sobres et tendance. L’isolation thermique et phonique a été particulièrement soignée, pour l’économie d’énergie et le confort des vacanciers. Le seul hôtel du col de Romeyère joue également la carte de l’intégration au territoire des Coulmes. Les hébergeurs ont fait appel à des artisans locaux pour la rénovation, ils ont acheté les lits à La Balme-de-Rencurel. Leur petite boutique commercialise des spécialités du terroir et même des bonnets tricotés par des anciens du village ! Le restaurant propose de la cuisine du Vercors et d’Italie car Giovanni n’a pas oublié ses origines. Et visiblement les recettes de ce Cœur de montagnes fonctionnent, car les clients reviennent ! JEANNE PALAY

info : http://coeurdesmontagnes.fr

« Notre bain norvégien est à l’image des

lieux : atypique et en symbiose

avec la nature »

Marielle Brunetto conseille le bain norvégien, moment de détente au naturel.

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ÉLEVEURS ET FILIÈRE AGROALIMENTAIRE S’unir pour l’avenirPour éviter la fermeture des abattoirs de Grenoble, un

collectif d’usagers s’est formé, comprenant notamment des éleveurs du Vercors. Ce regroupement a mis en

place une gestion participative de la structure, baptisée Pôle viande coopératif. Et ça marche !

I l y a trois ans, la menace de fermeture des abattoirs a motivé les usagers à prendre le taureau par les cornes pour sauvegarder

la filière viande iséroise (bovins, ovins, porcins, caprins et autruches). Ils ont créé l’Association des usagers des abattoirs de Grenoble, présidée par Éric Rochas, éleveur bio du Vercors, et finalement vu leur projet de reprise accepté par le tribunal. Le collectif s’est retrouvé à la tête de l’équipement le 6 janvier 2013. « En amont, nous avons analysé ce qui n’allait pas dans l’ancien fonctionnement. Pour l’améliorer, il fallait que chacun se sente impliqué », détaille Éric Rochas. Pour gérer la stucture, le choix s’est porté sur une forme juridique atypique, une SCIC (Société coopérative d’intérêt collectif) où chacun des actionnaires a le même poids selon le principe « un actionnaire une voix ». La SCIC regroupe des éleveurs, des bouchers, des grossistes, des salariés, des restaurateurs, des collectivités et le Syndicat mixte du Parc, entré au capital pour signifier son appui à une démarche vitale pour l’activité agricole du Vercors. En tout, 138 membres sont venus de toute l’Isère, de la Drôme, de la Savoie et des Hautes-Alpes. Un travail sur le service clients et les prestations a été entrepris donnant des résultats encourageants, avec une nette reprise de l’activité : 2 200 tonnes de carcasses en 2012, 2 600 en 2013 et 3 000 prévues pour 2014. Le Pôle viande coopératif entend bien conforter cette nouvelle dynamique notamment en modernisant les abattoirs, devenus vétustes et surdimensionnés . Début des travaux en septembre. JEANNE PALAY« Il n’y a pas un Président qui fait tout, chacun participe au collectif. »

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« Chacun a apporté sa contribution,

et c’est devenu un objet plus grand que nous tous. »

Page 8: Journal N°65

15Le vercors n° 65 � Juin 2014

Un projet d’habitat participatif reste un projet immobilierPhippe Bouchardeau, adjoint de direction de l’ADIL 26, Association départementale d’information sur le logement, fait entendre la voix de la raison : « Pour qu’un projet marche, il faut une volonté commune de vivre, voire de vieillir ensemble, mais c’est insuffisant, car un projet d’habitat partici-patif reste un projet immobilier dont il faut avant tout déterminer le coût d’investisse-ment et le financement. Certains groupes s’éteignent faute de solvabilité. Il faut aussi choisir le cadre juridique, coopérative d’habitants, SCI classique, SCI d’Attribution, SCI d’Accession progressive à la Propriété… et le sécuriser en cas de décès, d’accident, de séparation ou de départ d’une famille. L’habitat participatif reste une niche mais la loi ALUR peut réveiller la demande et intéresser les opérateurs du logement social » conclut-il.L’ADIL 26 propose des conseils juridiques aux personnes intéressées par la démarche participative, une aide au montage financier pour les groupes constitués et des conseils dans le domaine de l’énergie.

info : www.adil.dromenet.org

L’habitat participatif, un modèle de logement en zone rurale et / ou périurbaine ?De belles rencontres peuvent se produire avec des dynamiques de territoire. « L’habitat participatif, note Gérard Vabre, contribue à l’animation du territoire car il rassemble généralement des personnes ouvertes sur leur environnement et dési-reuses de créer du lien social au sens large par des activités associatives, économiques, culturelles ou intergénérationnelles… Il intéresse aussi les organismes de loge-ment social, car il peut aussi s’envisager en location, et s’adresser à des territoires réceptifs aux innovations sociales comme le Parc du Vercors. »Yves Hussenot témoigne d’une greffe réussie : « Par chance, nous avons trouvé rapidement un terrain à Chichilianne. La municipalité a été très aidante, notam-ment pour que le Plan d’occupation des sols puisse permettre les constructions. Le voisinage est accueillant et l’ouverture d’une boulangerie dans le village est un événement. Elle est surtout devenue un vrai lieu de rencontre. Dans notre charte, nous voulons vivre

pleinement notre implantation rurale et contribuer au dynamisme local, avec notre maison commune par exemple. J’utilise des produits achetés localement, farine et oeufs, car dans le Trièves, la logique de réseau est essentielle. » Mais il y a un bémol, constate-t-il : « Le projet de l’Alpage se heurte à la difficulté de l’habitat perma-nent en zone rurale. Avec deux emplois en ville et de longs trajets pendulaires, l’une des familles n’a pas encore pris la décision d’habiter définitivement à Chichilianne. Il

DEMAIN LE VERCORS

Vivre autrement dans le VercorsL’habitat participatif est répandu en Europe du nord, en Suisse et au Québec. Cette forme d’habitat émerge de nouveau en France, dynamisé par un cadrejuridique officiel : la loi ALUR. Deux initiatives, à Die et à Chichilianne, illustrent la singularité de chaque projet.

L’Alpage à Chichilianne, un groupe intergénérationnel de 5 foyersL’ambition collective est de faire coexister habitat partagé et activités professionnelles sur le même lieu. Le projet, sur le mode d’une société civile immobilière classique, porte sur la rénovation d’un bâti ancien comprenant la création d’un logement de plain-pied adapté à un couple âgé, d’une pièce commune dotée d’une cuisine, de 5

chambres mutualisées et d’une boulangerie bio au rez-de-chaussée. Quatre logements à ossature bois seront par la suite construits sur le même terrain.

« Après plusieurs décennies dans l’agglo-mération, nous souhaitions échapper aux sollicitations de la ville avec un projet de reconversion », explique Yves Hussenot, l’un des initiateurs du projet. « Outre notre famille, nos 4 grands enfants ont quitté le foyer, l’Alpage rassemble un couple por-teur d’un projet d’activité de paysagiste élagueur et de stages de musique, deux personnes de plus de 80 ans et une famille

L ’habitat participatif, habitat groupé ou en autopromotion recouvre les projets collectifs de logements

menés par des groupes habitants qui s’impliquent dans la construction et la gestion, avec une logique non spéculative. Ils visent à développer du lien social, de la solidarité de voisinage et intergénéra-tionnelle dans un habitat durable, vertueux sur le plan environnemental, qui intègre des espaces et équipements mutualisés. « Rien n’est écrit, les groupes inventent chemin faisant », souligne Gérard Vabre, permanent de l’association Les HabILeS dont la vocation est de favoriser la rencontre d’acteurs et l’émergence des projets. Ceux-ci sont très divers : éco- hameaux, neuf et rénovation, habitat individuel et collectif, urbain, péri-urbain et rural. En revanche, les groupes ont pour points communs une gouvernance porteuse de valeurs partagées ainsi qu’un projet fondateur : activité économique locale, exploitation agricole, collectif artistique...

avec deux jeunes enfants. Nous avons repoussé à 2015 le démarrage des cons-tructions, mais nos deux anciens ont déjà intégré leur logement dans le bâti rénové et la boulangerie est désormais ouverte. »

Habiterre, 11 familles installées sur les hauteurs de DieHabiterre regroupe une trentaine de personnes dont onze enfants. Les logements sont organisés autour d’espaces partagés, jardin, buanderie, chaufferie au bois, atelier, et d’une maison commune comprenant une grande salle d’activités et des chambres. « Le projet s’est construit petit à petit », explique Marc Bodinier, co-initiateur d’Habiterre. « Nous avons démarré à trois familles dès que nous avons trouvé le foncier, puis c’est la vie qui nous a fait connaître les autres familles, le projet a grandi, avec des statuts co-construits et avec la particularité de faire appel à l’épargne solidaire. Nous avons la volonté depuis l’origine d’accueillir des groupes dans notre maison commune et nos chambres d’amis, d’organiser des événements pour que d’autres utilisent notre lieu. Nous avons reçu, par exemple, un groupe de jeunes architectes et des jeunes en stage au Parc du Vercors. Un forum se tiendra bientôt, puis nous accueillerons un stage de parapente. » Montage assez rare, Habiterre est en propriété collective. « C’est le risque maximum car nous dépen-dons les uns des autres » commente Marc. « Si nous devions créer le projet aujourd’hui, nous choisirions la coopérative d’habitants prévue par la loi ALUR. »

14 Juin 2014 � Le vercors n° 65

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VISITE DE DÉCOUVERTEÉchanges et « révélations » au cœur des habitats Habiterre à Die.

«  POUR FAVORISER LE LIEN INTERGÉNÉRATIONNEL, NOUS RECHERCHONS

UNE CINQUIÈME FAMILLE AVEC ENFANTS.  »

La loi pour l’accès au logement et un urba-nisme rénové crée deux formes de sociétés qui simplifient et sécurisent les montages : la coopérative d’habitants et la société d’attribution et d’autopromotion dont les habitants peuvent acquérir des parts sociales en qualité d’associés.Parmi les innovations, notons l’existence de parts sociales en « industrie » correspon-dant à un apport-travail au même titre que des apports financiers ou en nature, et la possibilité pour des personnes morales, notamment des organismes de logement social, de devenir associés.

LOI ALUR : L’HABITAT PARTICIPATIF RECONNU

JARDIN COLLECTIFÀ Die, on cultive en commun le goût du partage.

ACCUEIL CHALEUREUX Yves Hussenot, artisan-boulanger

de l’Alpage à Chichilianne.

Page 9: Journal N°65

17Le vercors n° 65 � Juin 2014

Les territoires et leurs délimitations actuelles ont-ils un sens ?NICOLAS KADA : Rappelons qu’il y a toujours eu un décalage entre les réalités géographiques, humaines, sociales et administratives : les décou-pages en circonscriptions électorales, les frontières communales, les limites cantonales ou départementales sont souvent dénoncées comme artificielles et inadaptées. Dans les faits, l’État, seule puissance publique autorisée à « découper » le territoire national, s’est toujours employé à utiliser le jeu des limites territoriales soit pour valoriser des espaces géographiques, soit au contraire pour les affaiblir. La loi dite MAPTAM du 27 janvier 2014 et le redécoupage qui s’annonce n’échappent pas à cette volonté de mettre en valeur des espaces urbanisés rebaptisés « métropoles ».FRANÇOIS VÉRON : Il est vrai que les limites des départements fondent un certain cloisonnement, empêchant le rapprochement de micro-territoires qui présentent des similitudes de fonctionnement au-delà de leurs spé-cificités... Pourtant, le Vercors trouve son unité en tant qu’espace rural, territoire d’échanges avec ses transhumances, ses exportations historiques de bois, de bovins, territoire d’accueil et d’interfaces entre vallée du Rhône, Alpes du nord et du sud, Provence, qui sont autant d’influences à l’origine de sa richesse patrimoniale.

Comment concevoir la gouvernance territoriale de demain ?NK : Le législateur a fait un pas dans la bonne direction avec la loi relative à l’affirmation des métropoles, reconnaissant enfin que ces territoires urbains méritent une gouvernance et un mode de fonctionnement spécifique. Il reste maintenant à poursuivre dans ce sens, à assumer l’idée que chaque territoire nécessite une organisation administrative et une gestion publique appropriées ; un second pas plus difficile dans la mesure où il nécessite de rompre avec le principe d’uniformité qui, au nom de la République, impose un traitement quasi-identique de tout le territoire national alors que celui-ci est pluriel et qu’il ne saurait donc exister de modèle institutionnel unique.FV : Inévitablement, les grandes intercommunalités environnant le Parc du Vercors vont progressivement prendre une part plus active à la gouvernance du territoire bien qu’elles n’aient pourtant ni la vocation, ni peut-être la capacité à créer un développement ajusté aux attentes de la population et dans l’intérêt de territoires souvent considérés comme périphériques et trop différents d’une base organisée sur un mode urbain. Dans ce contexte, et sous réserve de porter un projet affirmé de valorisation des atouts qui font sa spécificité et son originalité, le Vercors pourra être en mesure de conserver la maîtrise et l’orientation de son développement. Le Parc pourra être l’institution fédératrice de territoires situés dans des aires d’attraction différentes mais ayant des intérêts communs, qui conduira la négociation avec ces grandes intercommunalités afin de composer avec la réorganisation et de conserver des champs d’intervention tels que :

la valorisation responsable des milieux, des ressources, des patrimoines, l’animation des filières socioprofessionnelles spécifiques au Vercors ou encore l’aménagement raisonné et équilibré du territoire.

Quels territoires d’action s’avèrent les plus efficients ?NK : Vaste question à laquelle l’État a toujours cherché une réponse. Sans doute faut-il encors davantage prendre en compte le fait urbain et doter les grandes villes d’institutions intercommunales capables de mettre en œuvre des politiques publiques à l’échelle de leur territoire. Mais quid des interstices ? La France est loin d’être couverte de métro-poles, les espaces ruraux et montagnards qui s’en détachent doivent-ils faire les frais de la réforme territoriale ? Il serait dangereux de réduire les massifs montagneux à des terrains de jeux pour les urbains : ces espaces – le Vercors, mais aussi la Chartreuse et l’Oisans – ont leur vie propre, leur identité, leur culture, et méritent à ce titre des institutions dédiées.

FV : Objectivement, certaines collectivités du Vercors n’ont pas, du fait de leur population et de leur activité économique, les ressources suffisantes pour assumer seules toutes les tâches souhaitées. Dans ce contexte, une gestion mutualisée de cer-tains services à l’échelle de métropoles ou de communautés

d’agglomération peut être opportune, sous réserve de conserver la maîtrise sur ce qui constitue l’identité et l’originalité du massif. Le Parc, dont l’une des missions consiste à construire des dynamiques de développement en s’appuyant sur les ressources du territoire, est bien placé pour fédérer les forces autour d’un projet de développement territorial solidaire et viable.

Quelles changements tout cela peut-il entraîner pour les usagers ?NK : Si l’État continue de progresser sur la voie de la différenciation territo-riale sans se limiter aux espaces urbains, on peut nourrir de grands espoirs pour la satisfaction des besoins des usagers et des acteurs économiques. Sans renoncer au principe républicain d’égalité – via des mécanismes de redistribution et de péréquation, on peut en effet envisager un traitement adapté et une gouvernance plus performante pour chacun des territoires concernés. Le Vercors par exemple, pourrait ainsi espérer retrouver son unité – tant géographique qu’institutionnelle et politique – en réformant son organisation administrative désormais éclatée.FV : Le renforcement de la solidarité entre territoires ruraux et zones urbaines peut apporter des améliorations au niveau de certains services tels que les transports ou la gestion des déchets mais il est important de veiller à ce que les espaces montagnards ne soient pas totalement pilotés de l’extérieur. Pour envisager un développement respectueux et pérenne, il semble évident qu’il conviendra d’articuler avec soin les domaines de compétences afin de garder prise avec la réalité locale...*IRSTEA : Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture.

LÀ EST LA QUESTION

n’est pas aisé d’avoir une activité écono-mique à 50 km. de Grenoble, à moins d’une reconversion. L’implantation rurale est notre choix, mais d’autres initiatives fonctionnent très bien en milieu citadin, comme celles de Meylan, Les Béalières, ou de Berriat, Domisilami, à Grenoble. »

L’important n’est pas le territoire où l’on vit, mais le vivre ensemblePour Marc Bodiner, la réussite ne dépend pas du territoire. « Nous étions à la recherche de foncier pour Habiterre, autour de Grenoble et de Gap, mais c’est finalement le terrain qui nous a choisis, et le Diois nous a plu.Nous apprécions aussi d’être à dix minutes à pied du centre-ville et proches d’une gare. »L’habitat participatif manque de visibilité, constate-t-il : « À Die, nous soutenons acti-vement un deuxième projet rassemblant huit familles. Les collectivités montrent de la timidité face à ce type d’opérations

qu’elles connaissent mal. Ce serait différent si elles étaient plus nombreuses. »Le mouvement participatif se développe. « Il y a aujourd’hui en France une centaine de projets qui fonctionnent ou qui ont démarré et 300 à 400 dans les tuyaux » commente Marc Bodinier. Les échanges entre convaincus par le participatif sont nombreux comme le relate Yves Hussenot, enthousiaste : « Lors des rencontres qui se sont tenues à Grenoble, il y avait toute la France ! » MARIE-CÉCILE MYARD

info : www.habitatparticipatif.net www.habiterre.org

16 Juin 2014 � Le vercors n° 65

DEMAIN LE VERCORS

HABITAT GROUPÉ PARTICIPATIFRETOUR D’EXPÉRIENCESPublication disponible à la Maison du Parc et en téléchargement sur le site internet www.parc-du-vercors.fr.

L’association les HabILeS a pour but de favoriser l’émergence et la réalisation les projets d’habitats participatifs en Isère. Elle sensibilise les décideurs territoriaux et aide les groupes d’habitants à trouver le foncier disponible. Son atelier mensuel ouvert à tous facilite la rencontre entre des porteurs de projets, des familles et des professionnels souhaitant enrichir leur réflexion. Dans le cadre d’un partenariat entre le Parc naturel régional du Vercors et les HabILeS, une copublication recueille les retours d’expériences des projets réalisés en Drôme, Isère et Savoie.

savoir plus : www.leshabiles.org

HABITATS ISÉROIS LIBRES ET SOLIDAIRES

Nicolas Kada, professeur de droit public à l’Université de Grenoble-Alpes, et François Véron, ingénieur agronome aucentre IRSTEA* de Grenoble et président du Conseil scientifique du Parc mettent en perspective la recomposition en cours.

QUID DES TERRITOIRES

INTERSTICES ?

PHOTO : PNRV - N. Antoine

Vers une organisation territoriale adaptée ?

contact : [email protected]

LES HABITATS EN BOIS D’HABITERRE Un bel exemple d’intégration paysagère via une approche architecturale en phase avec la nature et les logements préexistants.

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Page 10: Journal N°65

19Le vercors n° 65 � Juin 2014

DÉCRYPTAGE

19. Le charte Parc en bref20. Vercors Eau Pure

23. Les garderies du Parc24. Animateur Natura 2000

25. Tulipa sylvestris

LA PRÉSIDENCE D’UN PARC N’EST PAS UN LONG FLEUVE TRANQUILLE...

C es années passées à la présidence du Parc ont été très actives, denses, fructueuses... et délicates. Fructueuses, entre autre, grâce à notre

remarquable capacité d’ingénierie, nous avons enregistré quelques belles réalisations : signature du nouveau Contrat de rivière d’un montant de 20 millions d’euros pour les 6 prochaines années, concrétisation de la démarche promotion globale avec le lancement de la plaquette « Inspiration Vercors », premières observations du retour du Gypaète barbu sur notre territoire à l’issue d’une phase de 4 années de lâchers. Nous pouvons être fiers de ces résultats car ils concernent l’ensemble du massif, l’échelle de travail de notre institution.

Délicates, car pour faire face aux changements profonds qui affectent notre territoire il a fallu prendre des décisions difficiles, en rupture avec la « tradition ». Pourtant il était indispensable, et notamment sur le plan financier, de prendre ce virage de façon à préparer au mieux notre collectivité à faire face aux nouveaux enjeux qui se profilent dans le sillage de la profonde réforme territoriale qui se met en place.Je suis persuadée que le Parc, facilitateur et catalyseur, aura un grand rôle à jouer dans cette recomposition. Il appartient aux nouveaux délégués élus dans nos instances de le définir ensemble, entre partenaires, pour le plus grand rayonnement de notre Vercors.

de Danièle Pic, Présidente du PNRV 2008 - 2014édito

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18 Juin 2014 � Le vercors n° 65

Le 7 juin, alors que votre magazine d’information était en impression, l’ensemble des 102 institutions signataires de la charte du Parc, soit les 118 membres du Comité syndical :- nouveaux élus des communes, de leurs groupements et des villes portes,- représentants des départements de l’Isère, de la Drôme, de la région

Rhône-Alpes et de l’État,tous délégués par leur collectivité respective, procédaient à l’élection du Bureau syndical du Parc du Vercors et de la nouvelle Présidence.Ce Bureau syndical, en place pour les six prochaines années, regroupe 35 membres choisis parmi les titulaires d’un mandat :. Région : 3 représentants - 5 voix chacun ;. Département de l’Isère : 3 représentants - 1 voix chacun ;. Département de la Drôme : 3 représentants - 1 voix chacun ;

. Villes portes : 5 représentants - 1 voix chacun ;

. Communes : 18 représentants - 1 voix chacun ;

. EPCI : 3 représentants 1 voix chacun.En présence de la Présidence du Syndicat mixte et des Vice-présidents, les représentants au Bureau syndical se réunissent 8 à 10 fois par an, préparent le budget et les programmes d’actions, délibèrent sur toutes les questions, activités et dossiers en cours et en projet. Le Comité syndical est sollicité au minimum 2 fois par an pour débattre des orientations stratégiques, voter les programmes d’actions annuels et les budgets. Chaque délégué au Syndicat mixte du Parc constitue un lien essentiel avec le territoire, en tant que relais capable de mobiliser avec force autour d’un projet d’avenir partagé à l’échelle du Vercors.

ÉLECTION DU BUREAU SYNDICAL : INSTANCE DE DÉCISION STRUCTURANTE

Qu’est-ce que la charte du Parc du Vercors ?

Texte fondateur, la charte pose un cadre contractuel, définissant les grandes orientations partagées entre institutions signataires pour une

gestion adaptée de l’espace. Gabriel Tatin, 1er vice-président au Bureau syndical de 2008 à 2014, rappelle l’importance de ce référentiel.

GABRIEL TATIN, 1er vice-président au Bureau syndical (2008-2014)PH

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La charte du Parc reste pour beaucoup un document dense et conceptuel dont il est difficile de résumer l’intention.Renouvelée trois fois depuis la création du Parc, la charte est un contrat qui rassemble et engage ses signataires : l’État, la région Rhône-Alpes, les départements de la Drôme et de l’Isère, 37 communes drômoises et 48 iséroises, 5 villes portes ainsi que 9 établissements publics de coopération intercommunale, dans une démarche collaborative ayant pour ambition une meilleure cohérence et dynamique territoriale à l’échelle du massif. Elle consigne pour 12 ans, la durée du classement en PNR, les orientations pour mettre en place un projet de déve-loppement durable valorisant ressources et savoir-faire locaux et prévoyant la préservation des patrimoines. La charte traduit des engagements et des objectifs partagés tout en rappelant des principes d’action et des règles de bon sens dans un esprit d’ouverture vers l’avenir et les territoires voisins. Il ne s’agit pas d’un catalogue d’actions pluriannuelles mais plutôt de l’expression d’une volonté commune des parties prenantes, désireuses de travailler ensemble pour assurer une gestion pertinente et concertée de leur territoire et de ses richesses, à une échelle non couverte par les autres institutions.

Quelle est la portée réglementaire de la charte du Parc ?Depuis la loi Paysage de 1993, la charte du Parc a une incidence sur le plan juridique puisqu’elle est opposable aux documents d’urbanisme. Cela implique que les schémas de cohérence territoriale (SCOT) et les plans locaux d’urbanisme des com-munes signataires doivent être compatibles avec les orienta-tions édictées. De plus, la récente loi ALUR pour l’accès au logement et un urbanisme rénové a instauré qu’une charte puisse tenir lieu de SCOT pour les communes non couvertes. Dans d’autres domaines, la charte du Parc permet d’imposer certaines restrictions visant à préserver la qualité des milieux naturels et du cadre de vie. Elle réglemente par exemple la circulation des véhicules à moteur sur le territoire. Conformé-ment au code de l’environnement, leur usage est interdit hors des voies ouvertes à la circulation sauf ayants-droit, habitants ou professionnels en exercice. Autre exemple, la publicité est inter-dite à l’intérieur des agglomérations situées sur le périmètre du Parc à moins qu’elle ne soit introduite dans un règlement local prévoyant une zone de publicité restreinte.

Comment, avec qui se construit et se met en œuvre la charte ?Pour renouveler son classement, le Parc du Vercors doit réviser sa charte en s’appuyant sur l’évaluation de ses résultats au fur et à mesure de sa mise en œuvre et sur un diagnostic territorial ; conditions sine qua non pour définir un nouveau projet et, éventuellement, un périmètre d’étude élargi comme en 2008 lorsque 23 communes ont intégré le Parc. La charte résulte d’un long processus de concertation avec la population, les élus des collectivités concernées, les associations et socio- professionnels locaux. Une fois rédigée, elle fait l’objet d’une enquête publique avant d’être approuvée ou non par délibéra-tion de ses signataires. La charte est alors soumise, pour avis, à la Fédération des Parcs et au Conseil national de Protection de la Nature, puis au Ministère chargé de l’environnement qui pilote la consultation interministérielle avant ratification par le Premier Ministre. Fondée sur un partenariat regroupant les

forces du territoire, la charte n’existe et ne peut s’appliquer que si chaque partenaire se l’approprie, s’implique et porte la responsabilité, en fonction de ses compétences, de sa mise en œuvre avec l’appui du Syndicat mixte de gestion du Parc.

Concrètement, que prévoit la charte du Parc du Vercors et avec quelle méthode ?Grandes orientations pour le territoire, la dernière charte fixe 20 objectifs stratégiques de mise en valeur, de développement responsable et de protection pour la période 2008-2020.En pratique, pour faciliter sa mise en œuvre opérationnelle selon une approche transversale, le Syndicat mixte du Parc du Vercors a priorisé 5 champs d’intervention :

• Accueil, sensibilisation et information des publics ;• Gestion durable des milieux des ressources et des espèces ;• Dynamiques spatiales des territoires et coopérations ;• Contribution au développement économique et promotion

territoriale ; • Production, capitalisation, ouverture de la connaissance,

communication.Enfin, la charte du Parc est complétée par un programme annuel d’actions qui permet d’agir concrètement et avec lisibilité pour le territoire.

savoir plus : charte téléchargeable www.parc-du-vercors.fr, rubrique

LES ACTIONS, sous-rubrique LE PARC MODE D’EMPLOI.

Chaque collectivité s’engage librement

en faveur d’une co-construction

du territoire.

Syndicat mixte

de gestion

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21Le vercors n° 65 � Juin 201420 Juin 2014 � Le vercors n° 65

L’assainissement priorité du premier Contrat de rivièreLe premier Contrat a favorisé la mise en oeuvre d’outils d’épuration performants pour la collecte des eaux usées qu’il reste cependant à parfaire en termes de réseaux séparatifs.Deux équipements exemplaires ont vu le jour en 2012. En amont du bassin de la Bourne, la station d’épuration de l’écosite de Fenat à Villard-de-Lans collecte les effluents de 5 communes et regroupe un procédé de méthanisation et une usine de compostage. Grâce à sa capacité de 45 000 EqH*, elle s’adapte aux pics de populations des périodes touristiques. En

aval du bassin, la station d’épuration de Saint-Nazaire-en-Royans, elle aussi équi-pée d’une unité de compostage, traite les eaux usées de 20 communes avec une capacité de 22 000 EqH. * EqH : pour équivalent-habitant correspondant à la quantité journalière de pollution produite en moyenne par un habitant. Un nouveau Contrat, 3 orientations Vercors Eau Pure II tire les enseigne-ments mis en évidence par l’étude bilan du premier Contrat : trop peu d’actions en faveur des milieux, une trop grande dispersion des maîtres d’ouvrages et une information insuffisante. Le second

Contrat s’appuie également sur trois études s’intéressant à la qualité des eaux superficielles et souterraines, à l’impact des pratiques agricoles et au lien entre le fonctionnement des cours d’eau et l’aménagement du territoire. La préservation de la ressource, en qualité comme en quantité, mobilise les deux tiers du budget alloué au Contrat. La qualité des eaux est menacée par la contamination bactériologique qui peut affecter l’alimentation en eau potable, l’abreuvement des cheptels et les activités touristiques aquatiques.Suite aux travaux d’assainissement du précédent Contrat, il est maintenant nécessaire d’aider les agriculteurs à s’adapter aux conditions du territoire, en prévoyant notamment une augmentation de la capacité de stockage des effluents d’élevage durant la période hivernale. Cette adaptation des pratiques agricoles nécessite un effort pour le territoire, qui va au-delà des normes en vigeur. Sur le plan quantitatif, les incertitudes liées au changement climatique, à l’énergie et à l’urbanisation incitent à une meilleure gestion du partage de la ressource pour prévenir l’apparition de conflits d’usages. Un observatoire sera mis en place pour suivre ces deux problématiques et l’état PH

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Le Contrat de rivière Vercors Eau Pure I a aidé à la mise en œuvre d’actions d’envergure en matière d’assainissement. Le nouveau Contrat affiche trois

ambitions, une gouvernance optimisée, la préservation de la ressource et une amélioration de la fonctionnalité des milieux aquatiques.

Vercors Eau Pure II, un second Contrat de rivière ambitieux

L e massif du Vercors est engagé, pour partie de son territoire, dans un Contrat de rivière porté par le Syndicat mixte du Parc et les collectivités locales des

bassins versants concernés. Plan d’actions concerté, il matérialise l’engagement entre des maîtres d’ouvrage locaux et les partenaires financeurs (Collectivités, Europe, État, Agence de l’eau, Région, Départements, etc.) pour la préservation de la ressource en eau et la valorisation des milieux aquatiques. Vercors Eau Pure II, comme le précédent contrat, porte sur les bassins versants de la Bourne et du Furon, soit 900 km² situés au cœur du Parc, 33 communes et une

population de 35 000 habitants qui double en période touristique. Ce territoire présente d’importants enjeux : pluvieux et entouré de zones urbanisées, il constitue un château d’eau potentiel pour l’avenir mais sa géologie calcaire et son importante activité agricole rendent ses eaux souterraines et ses cours d’eau très vulnérables.Les travaux menés dans le cadre de la Directive Cadre sur l’Eau de 2000 révèlent un bon état général de la ressource et préconisent de le main-tenir pour satisfaire aux exigences européennes. Cependant, une partie

de la ressource montre à ce jour des signes de dégradation. Le nouveau contrat de rivière doit enrayer toute aggravation importante avec des objectifs allant au-delà du respect

de la réglementation. Pendant 6 ans, jusqu’en 2018, 22 millions d’euros seront mobilisés, dont 9,95 millions financés par les collectivités maîtres

d’ouvrage, 9,10 millions par l’Agence de l’eau, 2,29 millions par la Région Rhône-Alpes, 320 000 euros seront apportés par le département de la Drôme et 260 000 euros par le département de l’Isère.

« un engagement collectif en faveur

d’une gestion responsable de la ressource »

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« Le SMABLA, Syndicat Mixte pour l’Assainis-sement de la Bourne et de la Lyonne a porté les études engagées dans le cadre de Vercors Eau Pure I sur la question de l’assainissement. Une seule station était prévue initialement pour tout le bassin de la Bourne, mais les travaux risquant de fragiliser les gorges, il a été décidé de rénover la station de Villard-de-Lans et de créer un second équipement en aval, au-delà de la confluence avec l’Isère. Après 10 années d’études, ce projet de 23 millions d’euros a été entériné avec difficulté, les élus étant à l’époque moins convaincus qu’aujourd’hui. La station gère avec ses 40 km de réseau le transit et le traitement des eaux usées de 20 communes. Fermée et désodorisée, elle possède une unité qui valorise les boues et produit annuellement 400 tonnes de compost normé utilisable en agriculture. Les rejets filtrés à près de 90 % sont analysés dans un laboratoire intégré. Nous suivrons avec le Parc l’impact sur la qualité des eaux, mais déjà, les pêcheurs notent des améliorations.

Après deux années d’exploitation par le constructeur BiWater., le SMABLA gère la station en régie directe depuis mai 2014. La maîtrise de notre équipement est une volonté politique. Nous devrons sensibiliser les nouveaux élus délégués des 20 communes qui siègeront au comité syndical à la nécessité d’améliorer les réseaux communaux porteurs d’eaux parasites. Par ailleurs, nous poursuivons les négociations

avec une entreprise pour recevoir ses effluents après traitement et nous espérons collecter un jour tous les effluents de toute la zone industrielle voisine.Auparavant, les habitants ne payaient pas le coût réel de l’assainissement car les vieilles stations étaient obsolètes. Le maintien de l’équilibre budgétaire nécessite un effort. C’est aussi le message que nous allons délivrer aux scolaires. Ils découvriront dès la rentrée la station à travers un parcours de visite accompagné d’un film pédagogique. »

« MAÎTRISER NOTRE ÉQUIPEMENT D’ASSAINISSEMENT EST UNE VOLONTÉ POLITIQUE »

Yves Jouffrey, Président du SMABLA, présente la station d’épuration de Saint-Nazaire-en-Royans

Page 12: Journal N°65

23Le vercors n° 65 � Juin 201422 Juin 2014 � Le vercors n° 65

QUI FAIT QUOI ?DOSSIER

des milieux, en lien avec l’observatoire climatique des Hauts-Plateaux du Vercors. Les campagnes de mesures démarreront à l’été 2014. Une cinquantaine d’actions sont prévues pour valoriser les milieux aquatiques, préserver leurs fonctionnalités et mieux gérer le risque d’inondation. Les chantiers de désengravement, d’aménagement de berges, de rétablissement de la continuité écologique et des zones d’expansion de crues concerneront en priorité la Bourne amont, le Méaudret, le ruisseau du Tarze, la Lyonne ainsi que le bas Furon à Sasse-nage où ils s’inscriront en milieu urbain.Vercors Eau Pure II aura une gouvernance renforcée avec une distribution claire des compétences. La communication sera accrue et assortie d’un volet culturel important afin d’associer les habitants. Cette recherche d’efficacité s’inscrit dans le mouvement de réorganisation au niveau national qui prévoit une nouvelle compétence obligatoire de gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations (GEMAPI) revenant aux collectivités locales. Elle permettra à des secteurs très différents, le Royans tourné vers Valence et les communes du plateau, de développer une culture commune autour de la notion de bassin versant. Comme le soulignent Gabriel Tatin et Yves Jouffrey, élus investis dans la dynamique Vercors Eau Pure, une solidarité de bassin avec l’implication de chaque acteur sera le seul garant d’une ressource en eau de qualité et en quantité suffisante pour l’avenir de notre territoire et des territoires voisins.

Aménager pour un cours d’eau plus fonctionnel et sécuriséEn concertation avec le Parc, dans le cadre du second Contrat de rivière, la commune d’Autrans, maître d’ouvrage, a entrepris une série de travaux sur les berges du Méaudret, à la fois pour préserver la qualité du cadre de vie, les aspects paysagers et les fonctionnalités du milieu naturel, et pour mieux prendre en compte les risques d’inondation.Afin de remédier à la dégradation et à la dangerosité du mur de soutènement en rive gauche au niveau du Tonkin, la

municipalité a mandaté l’Association Pêche Nature pour intervenir avec des techniques respectant la morphologie du ruisseau et les infrastructures voisines.Le tractopelle communal et son chauffeur ont aussi été mis à contribution.En vis-à-vis, le terrassement de la rive droite a élargi le lit mineur, augmentant la section d’écoulement pour ralentir le courant, soulager le nouveau mur et donner au ruisseau un plus grand espace de mobilité au moment des crues.Il s’agissait par ailleurs de faciliter le franchissement par les truites grâce à l’installation d’un ensemble de seuils en bois, diminuant la hauteur de chute, et

de chevrons ralentissant l’écoulement.Les anfractuosités conservées sous le mur ainsi que les petits blocs de pierre disposés dans le lit offrent en outre de multiples caches à la faune piscicole.Des végétaux semi-aquatiques ont aussi été plantés pour favoriser la tenue des rives grâce à leur bon système racinaire. Ces plantations contribueront à façonner un excellent milieu offrant abri, nourriture et lieux de reproduction à la faune du ruisseau. Enfin, des semis d’herbacées adaptées aux berges et la plantation d’arbres contribueront eux aussi à faire du site un espace de qualité au cœur du village. MARIE-CÉCILE MYARD

POUR LES HABITANTS ET USAGERS DU COURS D’EAU, les aménagements permettent de préserver cadre de vie et fonctionnalité du milieu aquatique tout en prenant mieux en compte le risque d’inondation.

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Garderies du ParcDe concert, écogardes du Parc et gardes de la Réserve naturelle agissent pour

préserver et valoriser les richesses patrimoniales du massif. Au quotidien, ils sont des interlocuteurs de proximité pour les usagers locaux et visiteurs des sites.

Accueillir et informerAvec leurs tenues spécifiques et leurs écussons sur le bras, les écogardes du Parc et les gardes de la Réserve naturelle sont facilement identifiables et toujours à l’écoute. Ils sont présents tous les jours pour répondre aux questions des voya-geurs en vacances ou en itinérance et connaissent souvent bien les acteurs locaux qui leur rapportent d’éventuels incidents ou les questionnent sur un projet d’aménagement de site en cours... A la fois ressources et relais d’information, les garderies sont l’un des liens du Parc avec les offices de tourisme et les services des communes où ils opèrent, mais aussi avec les visiteurs et habitants du massif.

Valoriser et sensibiliserAux côtés de l’équipe interdisciplinaire du Parc, écogardes et gardes de la Réserve naturelle sont de fervents ambassadeurs des patrimoines vertacomicoriens. L’une de leurs missions consiste à mettre en valeur les sites naturels, à les rendre accessibles et lisibles, sans altérer l’inté-grité des lieux ; les écogardes ont par exemple pour prérogative de maintenir

E quipe de terrain, les deux garderies gérées par le Parc interviennent sur

l’ensemble du territoire pour protéger les milieux naturels et sensibiliser tous les publics à leurs aspects remarquables comme à leur vulnérabilité.Toute l’année, une équipe de cinq gardes permanents veille sur la Réserve naturelle des Hauts-Plateaux du Vercors, renforcée par deux gardes saisonniers de mai à octobre. En parallèle, six écogardes reprennent leurs fonctions au service du territoire chaque été. Répartis sur les huit régions naturelles qui composent le Parc, Quatre-Montagnes et Piémont Nord, Trièves, Diois, Vercors drômois, Gervanne et Royans-Drôme, Royans-Isère, ils arpentent les 3 300 km. d’itinéraires qui sillonnent le Parc et les 17 000 hectares de nature sauvage classés Réserve naturelle. Complémentaires, les deux garderies mutualisent leurs moyens et coordonnent leurs actions pour remplir au mieux leurs missions communes et spécifiques à l’échelle du massif.

la qualité du balisage et des signalétiques directionnelles du réseau de sentiers quand les gardes peuvent être amenés à restaurer un abri implanté dans le Réserve naturelle.Les deux équipes assurent également un suivi scientifique et technique des milieux qu’elles gardent ; comptage des tétras- lyres, protocoles fleurs rares, observation des espèces réintroduites, alimentent leur connaissance du territoire qu’ils partagent avec les habitants et curieux de passage. Les garderies sont en effet investies d’un rôle de médiation visant à faire connaître la grande diversité de vie animale et végétale qui peuplent le Vercors et à faire mieux comprendre les paysages préservés et façonnés qu’on rencontre. Utilisant le dialogue comme première arme de persuasion, écogardes et gardes de la Réserve naturelle aident à prendre conscience des fragiles équi-libres du territoire.

Préserver et protégerAttractif pour les amateurs de pleine nature et riche en ressources naturelles pour les usagers, le massif n’en demeure pas moins sensible, c’est pourquoi il est impératif de mettre en place une démarche de conservation en adéquation avec les dynamiques socio-économiques qui s’y jouent. A cette fin, les écogardes surveillent les sites naturels et sont en charge de faire respecter les réglementa-tions en vigueur (feux, déchets, cueillette) sur le territoire du Parc en faisant appel au bon sens de ses multiples publics. Côté Réserve naturelle, les gardes assermentés redoublent de vigilance car il en va de la sauvegarde d’un milieu exceptionnel où il est parfois nécessaire d’exercer la police de l’environnement, en lien avec l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS), l’Office national des forêts (ONF) et les gendarmes.

contact : [email protected]

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POSTER DE LA RÉSERVE NATURELLE DES HAUTS-PLATEAUX DU VERCORS Panorama des paysages et patrimoines naturels, en vente à la Maison du Parc, 5 euros.

UNE PRIORITÉ CAPITALE : RENFORCER L’IMPLICATION AU NIVEAU LOCAL

« Le Contrat de rivière constitue un engagement « moral », technique et financier entre maîtres d’ouvrages locaux et partenaires financiers sur un programme d’actions concertées pour la réhabilitation et la valorisation des milieux aquatiques.Aujourd’hui, Vercors Eau Pure II traduit, par l’écriture, une nouvelle page de la gestion de l’eau sur notre massif. Au regard du premier objectif de ce Contrat, la gouvernance partagée, à charge aujourd’hui, aux élus et partenaires de mettre en œuvre un pilotage et une nouvelle organisation des compétences qui permettra de préserver durablement la ressource pour répondre aux besoins du territoire. Ce travail s’inscrit dans le cadre de l’évolution de la législation créant, à partir de 2015, la compétence GEMAPI pour les collectivités territoriales qui, en pratique, auront la possibilité de solliciter l’accompagnement spécifique d’un prestataire spécialisé dans les stratégies territoriales de gestion de la ressource eau. »

Gabriel Tatin, Président du Comité de rivière incite à une concertation et une solidarité intercommunale accrues.

Page 13: Journal N°65

COMPTAGE DE TULIPE SAUVAGE : suivi de la population de Tulipa sylvestris à Die par l’équipe du Parc en partenariat avec l’association La feuille de sauge.

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LES PIEDS DANS LE PARC

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UNE ÉQUIPE, DES MÉTIERS

24 Juin 2014 � Le vercors n° 65

Animateur Natura 2000 : concilier activités humaines et biodiversité

Le Parc, médiateur territorial, a pour vocation d’adapater les mesures Natura 2000 aux réalités locales. Manon Chevalier et Florence Niel, chargées de mission,

travaillent à la traduction de ces réglements au plus près des enjeux du massif.

O util de référence pour préserver et restaurer la biodiversité et les habitats

naturels, Natura 2000 encourage une gestion volontaire et concertée des sites abritant des écosystèmes reconnus d’intérêt communautaire. Une mission et une méthodologie qui résument bien pourquoi le Parc s’est positionné dès 2003 comme animateur de la démarche pour les sites identifiés sur son territoire. C’est l’évidence pour nos animatrices d’autant que « la plupart des sites, localisés sur plusieurs communes et départements, concernent différents usagers (...) or considérer et mutualiser les forces en présence pour programmer des actions à l’échelle de tout ou partie du massif, le Parc sait faire ! » Pourtant, tout le défi est là : amener nombre d’interlocuteurs, services de l’Etat, collectivités, propriétaires, gestionnaires et usagers de l’espace, scientifiques, associations et fédéra-tions, à se réunir via divers organes de concertation pour porter collectivement, sur chaque site, un projet de gestion qui fait consensus. En filigrane, une médiation de tous les instants... Florence précise qu’au quotidien, « il est impératif d’expliquer l’utilité de Natura 2000 et de toujours sensibiliser aux problématiques qui sont en jeu localement ». Faute de crédits pour faire campagne auprès du grand public, Natura 2000 souffre toujours des incompréhensions qui ont surgi à l’origine. Nombreux sont ceux qui n’y voit encore que contraintes réglementaires... Vision trop restrictive pour Manon car « Natura est un ensemble d’objectifs qu’il est possible de poursuivre grâce à différents outils financiers de gestion ».

Interface pour co-construire des pratiques raisonnées À la croisée de plusieurs champs d’intervention du Parc, soutien à l’agriculture, aménagement du territoire, développement touristique, les chargées de mission Natura 2000 accompagnent différents acteurs locaux, propriétaires fonciers et porteurs de projet, à mieux intégrer l’impact de leurs activités sur les milieux naturels et leurs espèces inscrites Natura 2000. Cherchant à instaurer un dialogue constructif en faveur d’un développement durable, Florence résume : « avec les volontaires, nous mettons en œuvre des actions visant à encourager ou à conforter les pratiques respectueuses de la biodiversité ».

Sur le territoire du Parc, l’un des leviers de changement plébiscités sont les Mesures agri-environnementales (MAE) accessibles aux exploitants de terrains agricoles situés en zone Natura. Financées par la Politique agricole commune, ces mesures prévoient une contrepartie financière aux efforts déployés par ceux qui s’engagent dans la démarche.Manon explique : « Aux abords de la

Bourne, des parcelles ont fait l’objet de compensations pour pallier à d’éventuelles pertes de productivité engendrées par des mesures de diminution et d’absence de fertilisation. D’autres MAE valorisent les agriculteurs qui entretiennent des prairies riches en plantes indicatrices d’un bon équilibre agri-écologique. » À l’écoute des usagers de l’espace, Florence et Manon évaluent par des rapports et sur le terrain, la pertinence et l’applicabilité des outils qui peuvent être envisagés. Aux côtés des MAE, les contrats Natura 2000 ciblent les propriétaires non agriculteurs et les gestionnaires comme l’Office national des forêts ou des collectivités afin, par exemple, d’envisager des actions de réouverture des milieux, de plantation de haies.Au service du territoire pour préserver ses richesses naturelles dans la concertation, nos deux chargées de mission Natura 2000 restent convaincues qu’homme, faune et flore peuvent prospérer ensemble.

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MANON CHEVALIER et FLORENCE NIEL, chargées de mission Natura 2000

PRÉSERVER, RESTAURER, PROTÉGER Natura 2000 s’appuie sur deux directives pour sauvegarder et améliorer les milieux naturels et leurs espèces remarquables et menacés en Europe : l’une dite « Oiseaux » créant des Zones de protection spéciale, l’autre nommée « Habitats faune flore » fondant les Sites d’intérêt communautaire ou Zones spéciales de conservation.Le Parc du Vercors abrite 8 sites : sur le plateau du Sornin, dans le secteur de La Bourne, en Vercors occidental et méridional et au niveau des Hauts-Plateaux. L’animation du site de Lus- la-Croix-Haute a été conservée par la commune. Au total, 45 communes sont concernées et 16 % du territoire du Parc sont identifiés au réseau Natura 2000 car on y retrouve 43 habitats naturels et 41 espèces d’intérêt communautaire.

contact : [email protected] [email protected]

Préserver Tulipa sylvestris

Dans le Diois, plusieurs projets de développement local ont mis en

évidence un enjeu fort de conservation de la Tulipe sauvage, menacée de disparition à l’échelle nationale.

E n raison de son statut d’espèce protégée, il est à la fois interdit de la cueillir mais aussi d’altérer les milieux où elle

fleurit dès mi-avril. À Die et alentours où la vulnérable Tulipa sylvestris est présente, la récurrence des sollicitations pour autorisation de destruction en vue de projets d’aménagement (construction immobilière, infrastructure routière, etc.) a fini par inquiéter le Conseil national pour la protection de la nature qui exigea l’instauration d’un plan de gestion. Aussi, en 2009, le Conservatoire botanique national alpin (CBNA) entreprend un inventaire recensant 900 000 pieds de Tulipe sauvage dont plus des deux tiers situés sur terres agricoles. L’élaboration d’un plan de gestion concerté s’amorce alors, cherchant à concilier dynamiques socio-économiques et préservation de la Tulipe sauvage. Expert en la matière, le Parc du Vercors est pressenti pour en être l’animateur - coordinateur et début 2011, une convention décennale est signée avec la préfecture de la Drôme, les collectivités locales et le CBNA. Dès lors, en partenariat avec ces acteurs institutionnels, les chargés de mission du Parc, spécialistes des questions relatives à la gestion des milieux et des espèces, mettent

en œuvre des actions, enquêtes, panneaux et plaquettes d’infor-mation, pour sensibiliser les publics et améliorer la connaissance sur cette remarquable plante messicole. L’accent est aussi mis sur la conservation des stations remarquables qui entraîne notamment la modification par la municipalité du Plan local d’urbanisme de la ville de Die, l’instigation par la Communauté de communes du Diois d’une demande de dérogation unique suivi de mesures compensatoires, ou encore la création du protocole dérogatoire avec contreparties par la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement.Enfin, le volet « préservation » du plan de gestion prévoyait

des acquisitions de parcelles agricoles mais, la volonté du Parc étant de concerter et non d’imposer, c’est une étude collaborative avec les agriculteurs qui est initiée en 2013 pour mesurer l’impact de leurs pratiques sur l’expression des Tulipes sauvages. Et s’il est encore trop tôt pour

tirer des conclusions, les éléments déjà recueillis semblent confirmer ce que le Parc pressentait : Tulipa sylvestris témoigne d’une certaine qualité des pratiques agricoles locales.

contact : [email protected]

La dynamique collective fédère autour de cette fleur, richesses

patrimoniale du Diois.

Orchidées, lotiers, campanules, myosotis, trèfles, narcisses... donnent un charme sauvage aux paysages agricoles du Vercors et, surtout, révèlent la qualité des prairies, qu’elles soient pâturées ou fauchées.L’exploitation laitière villardienne de Hugues et Didier Argoud-Puy s’est distinguée lors du Salon de l’agriculture de Paris en remportant, dans le cadre du Concours national des prairies fleuries, le 1er prix d’excellence agri-écologique dans la catégorie « prairie fauchée et pâturée en altitude ». Décernée par le ministre de l’Agriculture, cette récompense valorise le travail des agriculteurs favorisant la biodiversité ; ou quand respect de l’environnement et agriculture sont à l’origine de belles initiatives pour le plaisir des sens de tous, habitants et visiteurs. En 2014, le concours local organisé par le Parc du Vercors se déroulera dans le Vercors Drômois sur le canton de La Chapelle-en-Vercors. La remise des prix se fera lors de l’inauguration de la Fête du Bleu, le 9 août à Saint-Agnan-en-Vercors.

contact : [email protected]

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27Le vercors n° 65 � Juin 201426 Juin 2014 � Le vercors n° 65

VERCORS À VIVRE

Du jardin à l'assiette

D epuis le premier jardin communautaire créé à Lille en 1997, ces initiatives citoyennes font des émules chez les habitants des villes et des campagnes, peut-être parce que produire ensemble, en fonction de ses besoins, donne une

saveur particulière aux légumes, fleurs, fruits, plantes aromatiques et médicinales...Aujourd’hui, ces oasis de verdure s’appellent jardins partagés en référence aux valeurs de solidarité et de convivialité qui les fondent selon une philosophie de construction et d’animation collective de l’espace projet, la plupart du temps jusqu’à la mise en commun des récoltes. L’objectif est de (re)tisser les liens entre voisins, de se détendre en réinventant une proximité par le biais d’activités accessibles toutes générations confondues. La règle veut que le portail reste ouvert aux volontaires et aux promeneurs ; pas besoin de savoir jardiner, les plus expérimentés initient les apprentis motivés... Très souvent, une convention associative ou une charte encadre la démarche d’auto-gestion pour souligner l’engagement, en particulier lorsqu’il s’agit d’un espace mis à disposition par la collectivité. Chaque projet s’avère unique par son aménagement et son fonctionnement, mais tous se retrouvent dans un approche pédagogique et respectueuse du vivant qui mène à expérimenter des techniques de paillage, de compost, des plantations d’engrais verts…

info : l’association La maison pour tous à Villard-de-Lans soutient ce type d’initiatives locales.

Prenez-contact avec Carine Potavin : [email protected] – 04 76 95 11 38

C haque seconde en France, selon le site internet de statistique mondiale

www.planetoscope.com, près de 2 kg. de pesticides polluant sont répandus dans les cultures, les potagers et les espaces verts... Le désherbage chimique s’impose

encore trop souvent alors qu’il existe des solutions alternatives sans danger pour l’environnement. Entre autres exemples, le paillage limite l’envahissement des massifs floraux et jardins tout en conservant l’humidité des sols, facilitant en outre l’arrachage des herbes folles concurrentes. Répandre du purin d’ortie, pulvériser de l’acide acétique (1 litre dosé à 10 % pour 10 m2) contenu dans le vinaigre blanc ou du savon biologique dilué, sont également des astuces qui ont fait leurs preuves. Reste toujours le coup de main et la binette, le tout est de savoir composer avec la dynamique de la nature !

Éco-désherber pour moins polluer

Jardiner collectivement

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Les « mauvaises » herbes sont bien souvent des plantes sauvages qui poussent seulement aux mauvais endroits, ayant tendance à entrer en concurrence avec les plantations. Orties, trèfles, pissenlits, pourpier maraîcher, sont indésirables pour beaucoup mais pourtant utiles à plus d’une raison, surtout pour les insectes pollinisateurs car plus ils visitent d’espèces variées, plus ils résistent aux maladies et profitent au bon équilibre de la biodiversité.

Rien de plus simple que de joindre l’utile au plaisir des yeux, il suffit de proposer le couvert aux pollinisateurs en préférant des fleurs mellifères et les espèces locales pour égayer jardins et balcons. Réserves de nec-tar, les lavandes, la bourrache, les sauges et bien d’autres sont des mets attractifs pour les insectes butineurs.

Dès le printemps, les abeilles sauvages se mettent en quête d’un toit, ou plutôt de cavités, pour faire leur nid. Il est aisé de se montrer bienveillant à leur égard, en leur proposant un habitat très basique présentant une série de tunnels. Fabriqués maison à l’aide d’une bonne documentation et avec des matériaux naturels, bois, bambous, roseaux, briquettes creuses, ces refuges de profondeurs variables doivent être résistants et suffisamment abrités pour éviter que les larves, les cocons, ne souffrent de la pluie et des chan-gements de températures extrêmes. Activité ludique en perspective !

Offrir le gîte

Fleurir ses extérieurs

Laisser pousserDans nos jardins, vergers et champs, les deux tiers des plantes les plus cultivées pour notre alimentation dépendent des insectes pollinisateurs. En les fécondant, ils nous offrent des fruits et légumes plus beaux et savoureux, saus oublier les prairies fleuries aux mille couleurs.

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A beilles, bourdons, mouches, papillons ou encore coccinelles sont à la fois des indicateurs et des garants de la qualité écologique du territoire. De la survie de ces butineurs dépend

la subsistance de nos cultures et réciproquement. Le cercle est vicieux, les atteintes multifactorielles à la diversité végétale par l’urbanisation,

l’usage déraisonné de pesticides, les polluants industriels, l’uniformisation des paysages, entraînent un déclin des populations de pollinisateurs

accentuant la raréfaction des plantes à fleurs et, par conséquent, le manque de ressources en pollen... Protéger ces alliés est indispensable à l’heure où les

agriculteurs chinois pollinisent à la main dans les vergers du Sichuan quand les apiculteurs du Vercors alertent depuis plusieurs années d’une mortalité accrue des colonies d’abeilles. Leur sauvegarde est l’affaire de tous ; chacun, à son échelle, peut agir dès à présent.

Pollinisateurs : un enjeu d’avenir

ILLUSTRATION : Jacky Dutoit

IDÉE RECETTE

Nougat aux noix, miel et Bleu

du Vercors-Sassenage

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Préparation : 30 minutes Cuisson : 10 minutes

> Pour 500 g de nougat220 g de sucre cristal120 g de miel liquide10 cl d’eau2 blancs d’oeufs100 g de noix concassées100 g de Bleu du Vercors-Sassenage2 feuilles de pain azymeJus de citron

Déposer une feuille de pain azyme au fond d’un moule.Griller les noix au four à 150°C (th. 5).Découper le Bleu du Vercors en cubes.Dans une casserole, faire chauffer le sucre, le miel, l’eau et deux gouttes de jus de citron jusqu’à une température de 120°C.Commencer à monter les blancs en neige.Prolonger la cuisson du sucre jusqu’à 143°C et le verser en filet sur les blancs en fouettant à grande vitesse. Continuer à fouetter l’appareil quelques minutes au bain-marie jusqu’à ce qu’il épaississe.Retirer du bain marie et ajouter les noix. Fouetter encore quelques minutes pour refroidir avant d’ajouter le Bleu du Vercors. Bien mélanger. Verser le tout dans le moule, lisser puis disposer une feuille de pain azyme dessus. Refroidir sous presse 12 heures avant de démouler et de détail-ler le nougat. Conserver quelques jours au réfrigérateur à l’abri de l’humidité.

info : recette de Marc Bellier extrait du livre Le Vercors à table, édité par l’APAP.

Page 15: Journal N°65

29Le vercors n° 65 � Juin 201428 Juin 2014 � Le vercors n° 65

Savoir, Comprendre

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Immersion récréative en PréhistoireRemonter le temps, rencontrer les premiers occupants du Vercors et expérimenter des gestes ancestraux cet été...

VERCORS À VIVRE

É rigé en pleine nature à Vassieux-en-Vercors, autour des vestiges

d’un atelier de taille de silex, le Musée de la Préhistoire expose une trentaine d’années de recherches archéologiques, retraçant l’épopée préhisto-rique dans le massif. À travers six séquences thématiques, la muséographie met en lumière l’histoire géologique et le riche passé de la région où nos ancêtres s’aventurèrent au gré des variations climatiques. Dès

LIEU D’APPRENTISSAGE, LE MUSÉE SITE MET

AU JOUR LES PRÉMICES D’HUMANITÉ

EN VERCORS.

la fin du Paléolithique moyen, près de 50 000 ans avant notre ère, les chasseurs-cueilleurs néandertaliens font leurs premières incursions sur les plateaux préalpins, à la fois hostiles car bordés de falaises élevées et attractifs par leurs ressources minérales, végétales, animales. Plus tard, il y a environ 12 000 ans, après une période de glaciation, Homo sapiens, l’homme moderne encore nomade, s’installe plus durablement en Vercors,

laissant des traces de son passage à l’abri des grottes de Colomb et Passagère à Méaudre, Balme-Rousse à Choranche, Thaïs à Saint-Nazaire- en-Royans... Jouissant d’une nature généreuse, il chasse rennes et bisons en plaine, marmottes et bouquetins en montagne, sans manquer de pêcher dans les torrents. Progressivement, nos aïeux préhistoriques font évo-luer leur mode de vie, inven-tant de nouvelles techniques et armes de chasse, perfectionnant leurs savoir-faire en particulier dans l’art de débiter, de tailler et de façonner des outils en pierre. Loin du cliché de l’homme des cavernes, « Cro-Magnon » sait s’adapter avec ingéniosité à son environnement comme le montrent panneaux, maquettes, authentiques objets et fac- similés présentés dans les

vitrines ou dans des tiroirs qu’il suffit d’ouvrir pour toucher... Durant le Néolithique, hommes et femmes préhistoriques se

sédentar isent peu à peu. Pour mieux subvenir à leurs besoins, ils s’initient au tra-vail de la terre

et à l’élevage d’animaux.Le parcours de visite s’achève par la découverte d’un vaste atelier de taille remarquable-ment conservé. Classé Monu-ment historique, le site révèle la production de grandes lames par des artisans-tailleurs dont on ne doute pas de la dextérité. En vis-à-vis, la projection d’un film permet d’en apprendre davantage sur le métier d’archéologue, les fouilles et la démarche expérimentale, qui tentent de percer les mystères de la Préhistoire.

info : visite libre ou en groupe

www.prehistoire-vercors.fr

Tous les mardis et vendredis des mois de juillet et août (sur réservation), des animations ludiques proposent de faire l’expérience d’activités quotidiennes préhistoriques. Démonstrations et initiations permettent de découvrir l’inventivité développée par nos ancêtres, pour chasser à distance en tirant des sagaies avec un propulseur en bois ou pour allumer un feu. L’art est aussi au programme avec des ateliers pratiques de peinture et gravure sur plaquette d’argile ou de création de parure, collier ou pendeloque. L’occasion de retrouver la femme, l’homme ou l’enfant préhistorique tapi en vous...

LES ATELIERS D’ÉTÉ : RETROUVER LES GESTES DE LA PRÉHISTOIRE

La Grande Rivoire, trésor en Vercors...Localisé près de Sassenage, dans la vallée du Furon, l’abri-sous-roche recèle de vestiges archéologiques, pour certains datant de 8 000 ans. Tout commença lorsqu’un promeneur attentif remarqua des tessons de céramique... Une fois le site sécurisé, les fouilles programmées par le Ministère de la Culture et le Conseil général de l’Isère s’amplifient à partir de 2004 sous la direction de l’archéo-logue Pierre-Yves Nicod. Chaque été depuis, des fouil-leurs bénévoles le rejoignent pour mettre au jour les archives du sol, attestant, jusqu’à environ 6 mètres de profondeur, d’une succession d ’occupations humaines datées du Mésolithique moyen jusqu’aux premiers siècles de notre ère. Ce site s’avère une découverte de poids car il a gardé en mémoire une période clé de la Préhistoire, celle de la transition entre les derniers chasseurs-cueilleurs et les pre-mières sociétés agro-pastorales du Néolithique. Archéologues et étudiants passionnés sont déterminés à en savoir plus, d’autant que les fouilles devraient se poursuivre au moins jusqu’à 2017.

info : www.isere-patrimoine.fr

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VERTACOLOGIE, QUÉSACO ?

Vercors, terre de Préhistoire

D irigé par Pierre Bintz et coordonné par Jean-Jacques Millet, tout deux chercheurs et préhistoriens, ce dernier né de la politique éditoriale du Parc, richement illustré et docu-

menté, plonge le lecteur au cœur de l’aventure humaine dans les temps préhistoriques. Pour introduire le sujet, les auteurs mettent tout d’abord en perspective les spécificités du massif, particularités du milieu montagnard, géologie, caractéristiques morphologiques et hydrologiques, ainsi que l’histoire des climats, à l’influence certaine sur les paysages, la flore, la faune, et dont les fluctuations ont conditionné les migrations et la présence des hommes.Puis, du Paléolithique moyen jusqu’au début de l’Âge des métaux, le livret transmet des clés de com-préhension pour mieux se représenter les grandes étapes de la Préhistoire, tout en faisant état des formidables découvertes mises au jour dans la région. En parcourant Vercors, terre de préhistoire, les cinquante derniers millénaires se précisent et mettent en exergue différents groupes humains, forts d’une extraordinaire capacité d’adaptation aux territoires qu’ils conquièrent. Les civilisations de Néandertal puis « Cro-Magnon » se dévoilent au fil des pages, la

lente évolution des cultures et des modes de vie en filigrane. Période charnière, le passage de sociétés nomades de chasseurs à celles sédentaires des premiers pasteurs-agriculteurs est particulièrement traité ainsi que les relations qu’entretenaient nos ancêtres avec leur milieu ou bien leur aptitude indéniable à créer avec bon sens. S’appuyant sur nombre de précieuses recherches archéologiques et pluridisciplinaires, ce guide synthétique et accessible propose aux lecteurs de comprendre une facette du Vercors encore assez méconnue et surtout dont beaucoup reste à découvrir... FRANÇOISE TORÈS

Partager la connaissance du territoire est l’ambition de cet ouvrage qui offre d’explorer nos lointaines origines.

VOYAGE INITIATIQUE À LA RENCONTRE DES HOMMES PRÉHISTORIQUES.

Ce guide complète la collection : résistance, faune, flore et patrimoine. Co-édition Parc du Vercors - Glénat 18,20 € - EN VENTE À LA MAISON DU PARC

N éologisme – clin d’œil – faisant se rencontrer Écologie et Vertacomicoriens, ce nouveau champ d’étude vise, à terme, l’enrichissement de la connaissance des richesses du massif

et des interactions qui s’y jouent entre Homme et Nature. Initié par le projet participatif UNIVERSITÉ VERCORS, cette action d’éducation aux patrimoines naturels et culturels participe à la mise en lecture et en réseau des paysages et sites remarquables du territoire. Très impliquée dans cette initiative, la commune de Saint-Agnan-en-Vercors ouvrira prochainement, en partenariat avec la communauté de communes du Vercors et le Parc naturel régional, un parcours muséographique et collaboratif d’ores et déjà baptisé Campus biodiversité, en référence à l’acception latine désignant un champ et à celle communément admise renvoyant à un espace universitaire. Ouvert aux vertacologues, habitants et visiteurs, ce lieu de découverte, de recherche et d’échanges entre initiés et amateurs, s’attachera à décrire comment, au fil du temps, se sont construit les relations entre milieux et activités humaines.Dans ce cadre, le Syndicat mixte du Parc prévoit la création d’un outil contributif en ligne dont l’objectif est de permettre une approche dynamique du Vercors par le biais de parcours de connaissance amorçant ou prolongeant l’expérience de visite.

en savoir plus : http://vercorstv.wmaker.tv/, puis rubrique PNRV

Page 16: Journal N°65

31Le vercors n° 65 � Juin 2014

Une envie d’explorer l’île calcaire du Vercors de façon différente ou plus simplement un désir d’activités en pleine nature, voici quelques idées...

30 Juin 2014 � Le vercors n° 65

VERCORS À VIVRE

Détour par le plateau des Chaux

D e belles haies, des cabanons charmants, de vieux mûriers aux troncs creux, des cultures diversifiées piquées de milliers de fleurs sauvages et la majestueuse silhouette

des Trois becs en toile de fond… Entre Gigors-et-Lozeron et Beaufort-sur-Gervanne, ce petit plateau agricole a gardé une belle authenticité et toutes ses fonctionnalités écologiques. La qualité des milieux permet de maintenir des cortèges d’espèces sensibles souvent menacées : tulipe sauvage et plantes des moissons, orchidées, moineau soulcie, huppe fasciée, petit duc, amphibiens, et bien d’autres encore. Pour permettre l’appropriation de ce patrimoine en famille, l’association LYSANDRA a conçu six pupitres thématiques qui jalonnent un sentier en boucle de 3,5 km dans des espaces préservés où s’expose toute la richesse du vivant et du travail de la terre.

savoir plus : Association LYSANDRA - 04 75 57 32 [email protected]

E ntre fiction et réalité, REWILD offre de (re)découvrir les grands espaces du Vercors en itinérance et de vivre une aventure interactive pleine de suspens. Ce jeu d’énigmes

grandeur nature, dédié aux 18-25 ans mais accessible à tous entre amis ou en famille, propose de partir, après une première découverte sur internet, pendant une journée et jusqu’à cinq jours, à pied ou à VTT, sur la piste de phénomènes inexpliqués... Roadbook et smartphone (facultatif) en poche, les joueurs explorent le massif et plus encore, en tentant de résoudre l’intrigue grâce aux indices dissimulés çà et là, au fil des paysages, des géocaches, des textos et autres messages téléphoniques. Portés

par un scénario qui évolue dans un univers fantastique et décalé, les rewilders progressent en toute autonomie, alternant remue-méninges et moments sportifs ou balades détente.Né d’un partenariat inédit entre la Grande Traversée des Alpes et les Parcs du Vercors, de Chartreuse, du Haut-Jura et du Massif des Bauges, le jeu de piste combine dix-huit parcours au cœur de territoires exceptionnels pour une expérience hors-du-commun !À deux pas de la maison, sur le chemin des vacances ou encore au départ de Grenoble, prenez-vous au jeu, l’aventure commence sans plus attendre sur internet.

info : www.rewild.fr

De l’évasion et du fun !

E n Vercors, il n’est pas un bois, une clairière, une grotte, une cabane d’alpage qui n’ait servi de planques, de camps d’entraînement, d’espaces clandestins propices

aux coups de main et parfois aux moments de détente...Interrogeant la topographie résistante, les randonnées – mémoire proposent d’explorer alternativement deux versants des luttes pour la liberté, celui sombre et lumineux d’un héroïsme malheu-reux, et celui, moins connu, des corvées, exercices et apprentis-sages du quotidien. Quatre itinéraires sur les communes de Ambel, Corrençon-en-Vercors, Vassieux-en-Vercors et Villard-de-Lans invitent à découvrir une myriade de sites plus ou moins discrets, qui renvoient à l’expérience concrète des combattants et habitants entrés en résistance.

Randonner au cœur de l’histoire

Percevoir ces empreintes aux quatre coins du massif sur les traces des maquisards...

TOPOGRAPHIE RANDO-MÉMOIRE Depuis Corrençon-en-Vercors vers la prairie de Darbounouze.

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RV Résistance dans le Vercors, histoire et lieux de Mémoire, par Gilles Vergnon. Co-édition Parc du Vercors - Glénat 18,20 € - EN VENTE À LA MAISON DU PARC

Empruntons les chemins qui leur permirent d’échapper au contrôle de l’ennemi... Quittons Corrençon en direction du sud par le GR91. À l’est, on devine la tête des Chaudières et le sentier menant au Pas de la Balme, emprunté par de jeunes réfractaires qui rejoignent, en mars 1943, la cabane de Combeauvieux vite évacuée car trop fréquentée et difficile à approvisionner. Un endroit plus discret s’impose : le puits des Ravières, où nous nous rendons à présent. Passé le terrain de golf, on pénètre dans les bois pour rejoindre le Rocher de l’Echalet. Sur la droite, un monticule rocheux où, précisément, se tenaient les guetteurs du maquis qui, à cette époque paraît-il, pouvaient voir jusqu’au Champ de la Bataille. Il faut marcher 500 mètres avant d’apercevoir une clairière en bas d’une légère descente où le Camp Deux s’installe d’abord sous une modeste tente. C’est à l’écart du chemin conduisant au Pas de l’Âne qu’ils édifient ensuite une cabane avec l’aide d’un paysan. Il n’en reste à présent qu’un monument commémoratif. Au départ, il s’agissait seulement de s’y camoufler et puis, une minorité va progressivement rejoindre la Résistance active et se préparer pour la lutte armée. La vie du camp s’organise au rythme des corvées d’eau et de bois, de cueillette et de braconnage, de l’instruction militaire au champ de tir de la clairière du Lautaret et des tours de garde...Bien que confortable, la cabane des Ravières est abandonnée dès juin 1943, les troupes d’occupation italiennes devenant de plus en plus inquisitrices. Les maquisards sont contraints de nomadiser en altitude. Ils s’établissent ponctuellement dans la cabane du Grand Pot, en contrebas des rochers du Pleynet où, souffrant de faim et de soif, ils ne doivent leur salut qu’à l’aide d’un berger en transhumance qui leur offre des laitages et un peu de viande de mouton.Plus au sud, le GR chemine jusqu’à la prairie de Darbounouze qui s’imposera vite à l’État Major comme un endroit stratégique...

MONUMENT DU SOUVENIR commémorant le campement installé près du puits des Ravières.

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Page 17: Journal N°65

33Le vercors n° 65 � Juin 2014

Résistance en Résonance

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32 Juin 2014 � Le vercors n° 65

VERCORS À VIVRE

ICI COMMENCE LE PAYS DE LA LIBERTÉFormule révolutionnaire extraite

du film « Au cœur de l’orage » réalisé par Jean-Paul Le Chanois.

RÉSISTER AU QUOTIDIENOuvriers de la vallée, cheminots, intellectuels ou artistes sans grande expérience du monde rural, sont contraints d’apprendre les rudiments de la vie au grand air quand certains décident de former des petits groupes de combattants sans uniforme.

Vercors terre de Résistance

D ès 1940, les victimes des mesures discriminatoires instaurées par le régime de Vichy se refugient au cœur du massif, bientôt rejoints par les « réfractaires » qui

refusent l’idée d’une France soumise, désobéissent au Service du Travail Obligatoire et choisissent la clandestinité.Devenus hors-la-loi, les maquisards, ouvriers de la vallée, cheminots, intellectuels ou artistes, pour beaucoup sans grande expérience du monde rural, sont contraints d’apprendre sur le tas les rudiments de la vie au grand air. Malgré le danger omniprésent, certains forment des petits groupes de combattants sans uniforme, risquant leur vie au nom de notre liberté... Depuis, le Vercors célébré comme une terre martyre reste avant tout un territoire emblématique, témoin malgré l’œuvre du temps des errements du passé et des élans de courage qui ont permis le monde tel qu’il est aujourd’hui.Dans ce moment où les derniers témoins de la Seconde Guerre mondiale cèdent la place aux chercheurs, enseignants et mé-diateurs, le Parc a entrepris de relayer les initiatives portées

Entrés en résistance, des femmes et des hommes appelés « terroristes » par le pouvoir en place ont écrit, entre bravoure et sacrifice, l’épopée des maquis du Vercors.

par nombre d’acteurs associatifs et institutionnels du territoire, perpétuant le souvenir des luttes pour une société libre et juste. Écho des commémorations du 70ème anniversaire de la Libération et des 20 ans du Site national historique de la Résistance en

Vercors, une programmation collaborative très ouverte rythme l’année 2014 jusqu’en octobre. Différentes approches sont proposées : expositions itinérantes et temporaires, spectacles vivants,

projections de film, conférences, Rencontres nomades, rando- mémoire, cherchant à transmettre l’héritage des luttes de la Résistance qui nourrissent aujourd’hui encore l’identité du territoire.Ce programme culturel, hommage aux résistants, déportés, militaires et aussi civils, qui ont vécu l’enthousiasme et les sombres heures des maquis, a été élaboré grâce à la forte mobilisation des partenaires du Parc et acteurs du territoire, offrant autant d’opportunités de faire se croiser les regards et de questionner l’histoire, le présent, l’avenir... PHILIPPE HANUS

infos : www.parc-du-vercors.fr/aupaysdelaliberte

VERCORS, CITADELLE DE LIBERTÉ

PAUL DREYFUS, 1999.

Recouvrer sa liberté

« Volant sur les pentes pelées, j’aperçois tout là-bas les autres qui ignorent encore et circulent autour de leur maison comme des nains inconscients ; je ne sais si ma voix portera à telle distance, mais je hurle, les mains en pavillon : « Dé-bar-que-ment ! Dé-bar-que-ment ! » Bientôt, je puis voir à leurs signes qu’ils ont compris, que leur vie vient de s’éclairer, qu’ils ont tourné la page sur la désespérance. Quand j’arrive, essoufflé, Claude me reçoit par ces mots : « Qu’ils sont beaux, sur la montagne, les pieds de celui qui apporte les bonnes nouvelles. » Yves Pérotin

Prendre le maquis

« Ah ! bon sang ! nous le savons, il est des heures, extrêmement rares dans la vie d’un peuple, mais elles se présentent ! Des heures où rompre avec la légalité, lorsque celle-ci atteint un degré de perversion qui la rend, de façon éclatante, criminelle, est un droit, et non seulement un droit mais pour certains à la conscience impé-rieusement délicate, un devoir, inéluctable sans trahison. » Henri Grouès, dit l’Abbé Pierre.

Faire mémoire

« À cette jeunesse qui parfois nous déroute (...). Cet héritage leur appartient maintenant et le passé est le garant de l’avenir. » Paul Borel, Mémorial de la Résistance en Vercors, 2010.

TÉMOIGNAGES Au pays de la liberté 70 ans plus tardÀ la disposition des acteurs éducatifs, culturels et touristiques, l’exposition itinérante met en perspective l’esprit des luttes des maquis du Vercors.

CREUSET D’UN IDÉAL HUMANISTE, LE VERCORS

DEMEURE POUR TOUJOURS SYMBOLE

DE RÉSISTANCE.

A ujourd’hui encore, la Résistance demeure une muse pour les auteurs de théâtre, de chanson, de bande dessinée, les

réalisateurs de cinéma... Usant d’un registre différent de celui des historiens, ces expressions artistiques constituent d’intéressants espaces de réflexion sur les luttes clandestines, leurs repré-sentations et leurs résonances contemporaines. Cherchant à retranscrire le message de refus et d’espoir légué par celles et ceux qui vécurent l’une des plus mythiques pages de l’histoire du Vercors, l’exposi-tion co-produite en partenariat avec le CPIE Vercors propose de mieux comprendre la réalité de l’engagement résistant en donnant à entendre la parole des acteurs.Élaborée à partir de témoignages pour la plupart inédits, d’archives et de photographies originales, cette exposition offre de mieux connaître pourquoi et comment civils et militaires sont entrés en résistance. Retraçant notamment les parcours de jeunes maquisards qui, pris dans la tourmente d’une France occupée, sont venus trouver refuge dans les forêts du massif, l’exposition met en exergue les liens de

fraternité qui se sont tissés et qui ont participé aux combats pour la Libération nationale.Au côté de la voix des témoins et de l’analyse des historiens, l’exposition s’intéresse à la manière dont les actes des maquisards sont perçu aujourd’hui par les jeunes qui vivent en Vercors.Des lycéens en classe de terminale à la Cité scolaire Jean Prévost de Villard-de-Lans, ont ainsi exploré leur rapport à la mémoire de la Résistance en cours de philosophie,

livrant par l’écrit, le dessin et la photographie, leurs quest ionnements et leur compréhens ion des évé-nements : « Finalement, la Résistance nous évoque la

manifestation unie et solidaire pour une France libre et démocratique telle que nous la connaissons de nos jours , le sacrifice d’une génération pour celles qui suivront ». Cette réflexion, 70 ans plus tard, montre bien que l’histoire de la Résistance n’est pas seulement vision du passé, mais également une des clefs de construction de l’avenir.

info : réserver l’exposition itinérante auprès du Mémorial de la Résistance - 04 75 48 26 00

LES LYCÉENS DE VILLARD-DE-LANSEntre hommage au passé, lecture du présent et perspectives de l’avenir, la jeunesse n’oublie pas, s’engage et va de l’avant.

EXPOSITION ITINÉRANTE Une dizaine de panneaux « valise »,

réminiscences de la Résistance.

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Page 18: Journal N°65

Agenda Au pays de la liberté 70 ans plus tard

35Le vercors n° 65 � Juin 201434 Juin 2014 � Le vercors n° 65

VERCORS À VIVRE

1994 Site national historique de la Résistance en Vercors

DÉBARQUEMENT DES JOURNALISTES AU COL DE LA CHAU À l’occasion de l’inauguration du Site national historique de la Résistance

avec son Mémorial, tous les regards se portent sur le Vercors.

INAUGURATION - 21 JUILLET 1994Représentants de l’État, Pionners et combattants volontaires du Vercors, témoins, familles, habitants se souviennent.

LE MÉMORIAL DE LA RÉSISTANCEInvitation à se souvenir des combats du Vercors pour la Liberté.

CONCERT « RÉSONANCE EN RÉSISTANCE »En 2007, le trio de free rock Zone Libre fait vibrer le public au Mémorial de la Résistance.

OBSERVER UN LIEU DE MÉMOIREDepuis le belvédère, on découvre le « théâtre » d’événements

tragiques pourtant ici, souffle à jamais le vent de la Liberté.

VISITER LE MÉMORIAL DE LA RÉSISTANCEDès l’entrée dans l’édifice, l’appel du 18 juin

plonge dans une atmosphère singulière.

DÉCOUVRIR LA RÉALITÉ DES MAQUISARDSLes vélos de la débacle, la radio, le bureau des arrestations, des photos d’archive pour faire mémoire.

PHOTO : Drôme Hebdo - Fonds Mémoire de la Drôme

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Le Mémorial de la Résistance a 20 ans

D ès les premières cérémonies du souvenir, les pouvoirs publics consacrent le Vercors « Haut lieu de France » et intègrent ses héros dans le panthéon de la nation

reconnaissante. Le village de Vassieux-en-Vercors, lieu d’une bataille sanglante, est fait Compagnon de la Libération le 5 août 1945, de même que les villes de Paris, Nantes, Grenoble et l’Ile de Sein. Au côté des commémorations patriotiques, d’autres dispositifs mémoriels permettent d’appréhender l’histoire de la Seconde Guerre mondiale. Dans le massif du Vercors, afin de faire mémoire autour des combats pour la liberté, l’État a décidé la construction du Mémorial de la Résistance dont la maîtrise d’ouvrage a été confiée au Parc, avec le soutien de la Région Rhône-Alpes, des Conseils généraux de la Drôme et de l’Isère et de l’Association des Pionniers et Combattants Volontaires du Vercors. Surplombant Vassieux-en-Vercors du col de la Chau, entouré de pins et de genévriers à l’écart de toute construction, l’équipement est la pierre angulaire d’un parcours qui incite à découvrir les chemins de la liberté et le « théâtre » des événements de Saint- Nizier-du-Moucherotte au Pas de l’Aiguille en passant, entres autres, par Malleval, Valchevrière et la grotte de la Luire.

Célébrant le 50ème anniversaire de la Libération, le projet de Site national historique de la Résistance et le Mémorial sont nés afin de transmettre

l’héritage des luttes résistantes au plus grand nombre.

Éloigné des regards du monde et en même temps positionné tel un guet surveillant le massif, le bâtiment forteresse épouse les formes du relief, dissimulé comme le furent les résistants ; un choix d’implantation qui ne relève pas du hasard et ne saurait laisser indifférent... Le Mémorial plonge les visiteurs dans la réalité des maquisards tout au long de l’année. La muséographie invite, de l’ombre à la lumière, à se souvenir, à ressentir et à comprendre les luttes de la Résistance en Vercors jusqu’au belvédère qui offre de scruter un territoire chargé d’histoire.

infos : www.memorial-vercors.fr

www.parc-du-vercors.fr/aupaysdelaliberte

RÉSISTANCE DE L’ÉCRIT À L’ÉCRAN le 14 juin> Saint-Nizier-du-Moucherotte 16h : exposition des élèves de l’école primaire sur les témoins du village puis présentation de l’exposition itinérante Au pays de la Liberté 70 ans plus tard.16h30 : projection du film « Paroles de témoins » réalisé par Odile Darmostoupe à partir de la rencontre entre la classe des CM2 de Saint-Nizier-du-Moucherotte et les habitants de la commune lors des événements de 1944.17h30 : présentation d’ouvrages en présence des auteurs et éditeurs, « La vie inimitable » Yves Pérotin, « Avoir 20 ans au maquis du Vercors 1943-1944 » Marc Serratrice, « Vérité sur le drame du Vercors » Pierre Dalloz, « Dessine moi un wagon » Agnès Buisson.20h30 : projection d’extraits et des rushes inédits du film « Au cœur de l’orage » avec les commentaires critiques des historiens Sylvie Lindeperg et Gilles Vergnon.

info : [email protected]

VERCORS 40/44du 14 juin au 13 octobre > Grenoble, Musée de la Résistance et de la Déportation de l’IsèreExposition temporaire sur l’un des maquis emblème de la Résistance française, notamment à travers les travaux des historiens Gilles Vergnon et Peter Lieb.

info : www.resistance-en-isere.fr

GRESSE : HISTOIRE ET MÉMOIRES mardis et vendredis du 11 juillet au 22 août

> Gresse-en-VercorsExposition permanente réalisée par l’asso-ciation Gresse-en-Vercors Histoire et Patri-moine retraçant le parcours des personnes à travers les évènements de 1944.

info : noel.quillion@wanadoo .fr

LES 20 ANS DU MÉMORIALdu 12 juillet au 31 octobre> Vassieux-en-VercorsExposition temporaire retraçant la genèse de ce lieu de mémoire à l’architecture.

info : [email protected]

MÉMOIRES DE PIERRE, MÉMOIRES D’HOMMEdu 12 juillet 2014 au 30 juin 2015

> Vassieux-en-Vercors, Musée de la RésistanceExposition temporaire retraçant l’histoire des pratiques commémoratives en Drôme.

info : 04 75 48 28 46

CONCERT ANNIVERSAIREle 17 juillet - 18h

> Vassieux-en-Vercors Mémorial de la RésistanceRécital de chanson sans frontières, hommage aux résistants par Youri Azios-Manoff, voix Tzigane Russe à quatre octaves.

réservation : 04 75 48 26 00

5ÈME RENCONTRES JEAN PRÉVOSTdu 25 juillet au 1er août

> Aux quatre coins du VercorsLes Amis de Jean Prévost mettent en lumière l’homme, le résistant, l’écrivain et le journaliste.

info : [email protected]

FILM ENTRE DEUX FEUXle 20 juillet - 18h

> Vassieux-en-Vercors Mémorial de la RésistanceProjection avec la réalisatrice Aline Holcman.

info : [email protected]

COMMÉMORATION OFFICIELLE le 21 juillet > Vassieux-en-VercorsCérémonie à la Nécropole en présence de représentants de l’État et des élus du territoire. Cheminement dans le village, visite guidée des équipements muséogra-phiques. Théâtre et poésie 7 / 44 par la Compagnie Infini Dehors. Gratuit.

info : [email protected]

RENCONTRES NOMADES le 18 octobre> La Chapelle-en-VercorsConférences - débats sur l’histoire des maquis en France et en Europe. Concert de Fred Nevchehirlian issu de la scène slam.

info : www.cpie-vercors.asso.fr

Le Vercors est une publication du Parc naturel régional du Vercors | Directrice de la publication : Danièle Pic | Directeur de la rédaction : Jean-Philippe Delorme | Conception - Rédaction - Coordination - Suivi de réalisation : Jessica Lucas | Recherches et conseils iconographique - Suivi de réalisation - Relecture : Sandrine Collavet | Ont collaboré à la rédaction de ce numéro : Philippe Hanus, Marie-Cécile Myard, Jeanne Palay ; à l’illustration : Jacky Dutoit | Contributeur et / ou relecteurs : Nicolas Antoine, Renaud Batisse, Benoît Betton, Marc Bodinier, Armelle Bouquet, Yann Buthion, Vincent Charrière, Manon Chevalier, Valérie Criton, Marie Dorin-Habert, Gérard Estève, Séphane Fayollat, Véronique Giry, Gérard Grassi, Yves Hussenot, Yves Jouffret, Nicolas Kada, Didier Lalande, Jean-Luc Langlois, Pierre Mayade, Florence Niel, Mathieu Rocheblave, Gabriel Tatin, Françoise Torès, Gérard Vabre, François Véron | Remerciements : à toute l’équipe technique du Parc | Maquette - Création - Réalisation : Laure Menanteau Guiselin | Photographie de couverture : David Boudin | Imprimeur : Imprimerie des Deux Ponts | PNR du Vercors : 255, chemin des Fusillés – 38250 Lans-en-Vercors – Tél. 04 76 94 38 26 – www.parc-du-vercors.frDépôt légal à parution : n° ISSN 2271-2364 | Commission paritaire : 2-123ADEP

ÉVÉNEMENTSPour ses 20 ans, une exposition temporaire conduira du 12 juillet au 31 octobre au travers d’archives, de photos, de témoignages sonores et de plans, à (re)découvrir la genèse du Mémorial de la Résistance, les choix architecturaux et les grands travaux engagés jusqu’à son inauguration le 21 juillet en 1994.

contact : [email protected]

Page 19: Journal N°65

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