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Notes de lecture 229 biopsychosociaf, cc trois autres sources d’influence contribuant & l’abus sexuel : le corps, la sociCtCet l’exercice de sa liberte par le sujet a. Dans l’identification des abus sexuels interviennent idkologie et v&us Cmo- tionnels. Une Cvaluation permet de se faire une idle plus precise sur les faits, la personnalitk de l’enfant et des membres de sa famille. Comment la rCvClation se prksente-t-elle, les caractkristiques d’un discours vrai ou celle d’un discours non fiable, la constitution d’une intervention spkialide, l’interrogation sur la falsification & partir du discours de rCvClation de l’enfant ou de ses comporte- ments, tels sont les points importants trait& par l’ouvrage. Un chapitre est consa- crC au traitement de l’enfant avec les facteurs de prkdiction, mais aussi au traitement des familles avec les actes PO&S dans le reel social. L’ouvrage se termine par la prise en charge d’un dClinquant sexuel. Ainsi I’originalitC de l’ouvrage tient-elle au fait que les auteurs, s’appuyant sur de nombreux Cchanges cliniques et scientifiques, conceptualisent un modble de travail bien utile dans la lutte contre la maltraitance de l’enfant. I?W. Histoire Klein F. Une folie psychiatrique (un cas paradigmatique de rationalisme morbide). R&d. de Maladies mentaies expirimentales et traitement des mala- r dies mentales (1937). PrBface de D.E Allen. Le Plessis-Robinson : Institut SynthClabo pour le progrbs de la connaissance, ~011. (< Les EmpCcheurs de pen- sen en rond B ; 1998.270 p. C’est la mise $Ijour de, l’ouvrage CditC g compte d’auteur (en 1937) par un Clbve d’Henri Claude, mort prkmaturkment (et oubliC) vers les annCes 1942-44. Le texte, absurde B premikre vue, fait bien sentir pourtant l’existence d’un Ctudiant en mkdecine d’avant-guerre, l’ambiance d’un service psychiatrique, les souf- fiances des malades et de l’auteur, les idCes mkdicales de 1’Cpoque. Dans M&dies mentales eqkrimentales et traitement des maladies mentales, le dClire scientifique de l’auteur est structurk autour de 1’idCeque le soignant, par le regard et le calme de sa voix, doit ramener le patient B la raison. C’est ce que E Klein r6p&e indk- finiment dans les intitulks de sa quarantaine de tr&s courts chapitres : le regard et la voix mentaux-corticaux (avec la consigne invariable : 4 d’une voix monotone, basse, rCff&hie, pensive >j). Son insistance sur le regard avait peut-Ctre (comme on peut le voir d’ailleurs dans notre pratique...) valeur autothkapique, moyen pour maintenir un certain contact avec le monde... L’incohkrence du texte est I’illustration parfaite du rationalisme morbide, cette perturbation psychotique

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Page 1: Klein F.,Editors, ,Une folie psychiatrique (un cas paradigmatique de rationalisme morbide). Rééd. de Maladies mentales expérimentales et traitement des maladies mentales (1998)

Notes de lecture 229

biopsychosociaf, cc trois autres sources d’influence contribuant & l’abus sexuel : le corps, la sociCtC et l’exercice de sa liberte par le sujet a.

Dans l’identification des abus sexuels interviennent idkologie et v&us Cmo- tionnels. Une Cvaluation permet de se faire une idle plus precise sur les faits, la personnalitk de l’enfant et des membres de sa famille. Comment la rCvClation se prksente-t-elle, les caractkristiques d’un discours vrai ou celle d’un discours non fiable, la constitution d’une intervention spkialide, l’interrogation sur la falsification & partir du discours de rCvClation de l’enfant ou de ses comporte- ments, tels sont les points importants trait& par l’ouvrage. Un chapitre est consa- crC au traitement de l’enfant avec les facteurs de prkdiction, mais aussi au traitement des familles avec les actes PO&S dans le reel social. L’ouvrage se termine par la prise en charge d’un dClinquant sexuel.

Ainsi I’originalitC de l’ouvrage tient-elle au fait que les auteurs, s’appuyant sur de nombreux Cchanges cliniques et scientifiques, conceptualisent un modble de travail bien utile dans la lutte contre la maltraitance de l’enfant.

I?W.

Histoire

Klein F. Une folie psychiatrique (un cas paradigmatique de rationalisme morbide). R&d. de Maladies mentaies expirimentales et traitement des mala- r dies mentales (1937). PrBface de D.E Allen. Le Plessis-Robinson : Institut SynthClabo pour le progrbs de la connaissance, ~011. (< Les EmpCcheurs de pen- sen en rond B ; 1998.270 p.

C’est la mise $I jour de, l’ouvrage CditC g compte d’auteur (en 1937) par un Clbve d’Henri Claude, mort prkmaturkment (et oubliC) vers les annCes 1942-44. Le texte, absurde B premikre vue, fait bien sentir pourtant l’existence d’un Ctudiant en mkdecine d’avant-guerre, l’ambiance d’un service psychiatrique, les souf- fiances des malades et de l’auteur, les idCes mkdicales de 1’Cpoque. Dans M&dies mentales eqkrimentales et traitement des maladies mentales, le dClire scientifique de l’auteur est structurk autour de 1’idCe que le soignant, par le regard et le calme de sa voix, doit ramener le patient B la raison. C’est ce que E Klein r6p&e indk- finiment dans les intitulks de sa quarantaine de tr&s courts chapitres : le regard et la voix mentaux-corticaux (avec la consigne invariable : 4 d’une voix monotone, basse, rCff&hie, pensive >j). Son insistance sur le regard avait peut-Ctre (comme on peut le voir d’ailleurs dans notre pratique...) valeur autothkapique, moyen pour maintenir un certain contact avec le monde... L’incohkrence du texte est I’illustration parfaite du rationalisme morbide, cette perturbation psychotique

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basale qu’avait su deceler et analyser E. Minkowski, lequel n’avait pas eu l’avan- tage de connaitre les ecrits de E Klein. Dans une importante introduction, le pre- sentateur rappelle d’abord les caracteres essentiels, devenus classiques, de ce mecanisme pathologique de pensee : extrapolation arbitraire, pensee mathema- tique ou spatiale, logique reifiee et attitudes antithetiques. A partir de quelques exemples tires du texte de Klein, il voit celui-ci comme un theoricien du retour infini de la chose elle-mCme et de la deduction de la chose d’elle-mCme ; <c il pos- &de la veritt des causes premieres >p. Flagrance de la psychose. Mais l’implication des pulsions scopiques lui donne une resonance scientifique. La circularite tauto- iogique de ses propos, le defile incessant, avec effet d’amalgame, de valeurs frag- mentaires, est comme la tombe de la pensee differentielle, la decheance de la dialectique ouvrant la voie au rationalisme morbide. On est frappe au long de la lecture par la preponderance aberrante de la logique d’identitb (cela rappelle pour nous, adolescents d’une Cpoque sit&e juste apres, I’effet dormitif de notre prof de philo qui nous ressassait le principe d’identite impute a Goblot).

D.F. Allen saisit l’occasion pour Ctudier les acquis ulterieurs relatifs a l’architecture du rationalisme morbide :

- la dtcouverte du signe du miroir, de P Abely, et celle du stade du miroir de J. Lacan ;

- les apports theoriques de Korzibski, de Gabel et de S. Arieti relatifs a la logique d’identite du schizophrene ;

- la prise en compte des troubles de la perception du temps et de l’espace par Minkowski.

La distorsion entre signifiant et signifie et entre symbolique et imaginaire sont empechements de q< dire sur le reel )b.

Renoncant a poursuivre les fines analyses de D. F. Allen, nous sommes frappes au passage par la denonciation qu’il fait du neologisme de Bleuler, la schizo- phrenic, cette notion envahissante, monopolisante, (( desastre sans precedent >> qui a steppe les recherches fondamentales structurales sur les structures psycho- tiques. Producteur d’une intensite authentique, F. Klein est au rationalisme morbide ce que Jeanne des Anges est a l’hysterie, James Frame 21 la melancolie, Schreber a la parano’ia et le sergent Bertrand a la perversion.

PB.

I Pommier G. Louis du n&ant. La mClancolie d’Althusser. Paris : Aubier ; 1998. 376 p.

Veritable travail d’erudition ! Comment la psychose d’un intellectuel francais a-t-elle pu influencer le tours de l’histoire ? Comment se fait-i1 qu’une logique psychotique entraine l’adhesion aveugle des Ctudiants de Normale Sup ?