la centrale nucléaire de chooz (ardennes)masig.ensg.eu/pdf/cnpe_chooz.pdf · 2 / 101 nous...

101
1 / 101 Projet BRAINWARE Dans le cadre du Mastère ASIG et Master IASIG La Centrale Nucléaire de Chooz (Ardennes) Centrale de type REP, Palier N4 : 1450 MW LALLEMANT Thierry, PLACE Julien, TOUPENSE Vincent Le 7 MARS 2008 Non confidentiel Confidentiel IGN Confidentiel Industrie jusqu’au ______

Upload: dangliem

Post on 10-Sep-2018

219 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

1 / 101

Projet BRAINWARE

Dans le cadre du Mastère ASIG et Master IASIG

La Centrale Nucléaire de Chooz (Ardennes)

Centrale de type REP, Palier N4 : 1450 MW

LALLEMANT Thierry, PLACE Julien, TOUPENSE Vincent

Le 7 MARS 2008

� Non confidentiel ����Confidentiel IGN ����Confidentiel Industrie ����jusqu’au ______

2 / 101

Nous remercions vivement Mr Pascal SALENS , agent de conduite

de la sal le des commandes de la centrale de Chooz, pour avoir permis

à l ’un d ’entre nous de vis iter la centrale nucléaire. Nous le remercions

également pour avoir répondu à nos mult ip les quest ions qui ont

about it à la réalisat ion d’une modélisat ion HBDS la plus pert inente

possible de cette centrale, la plus puissante de France.

Nous remercions également Mr Francis SALENS , ingénieur de commande

retraité de la centrale de Chooz, pour sa disponibi l i té dans le partage de

son savoir, ainsi que dans le contrôle régul ier de notre travail.

3 / 101

Résumé

Dans le cadre de notre troisième année en mastère ASIG ou master IASIG à l’ENSG, un

projet BRAINWARE nous a été demandé. Il s’agit d’analyser une infrastructure importante

(aéroport, raffinerie, centrale d’énergie,…) afin d’en dresser la structure la plus complète et

pertinente possible, en utilisant la représentation graphique HBDS (Hypergraph Base Data

System). Cette modélisation permet de résoudre les problèmes et de montrer les solutions

algorithmiques.

Notre projet porte sur la centrale Nucléaire de Chooz se situant dans les Ardennes

françaises. Elle traduit le mieux l’envie et l’engagement de la politique française dans

l’avancé de la qualité des installations nucléaires et du développement grandissant de son

parc nucléaire. En effet, elle est aujourd’hui la centrale la plus récente et la plus puissante de

France. Elle appartient au palier N4 (1450 MW) et fournit environ 3% de la production

française annuelle mais produit aussi pour les pays voisins comme la Belgique ou

l’Allemagne.

4 / 101

Table des matières

I. LA THEORIE DU NUCLEAIRE 11

A. HISTORIQUE 11

B. LA STRUCTURE DE LA MATIERE 13

1. L’ ATOME 13

2. LE NOYAU 14

3. LES RAYONNEMENTS RADIOACTIFS 15

C. LE PRINCIPE DE FISSION ET DE FUSION 18

1. LA FISSION 18

2. LA FUSION 22

II. L’ENERGIE NUCLEAIRE EN FRANCE 23

A. LES FILIERES NUCLEAIRES EXISTANTES 23

1. LES TROIS GRANDES FILIERES DE REACTEURS A EAU 25

2. LES REACTEURS GRAPHITE-GAZ (UNGG/AGR) 26

3. LES REACTEURS A NEUTRONS RAPIDES (RNR) 27

4. LES REACTEURS A EAU-GRAPHITE (RBMK) 27

B. LE CHOIX DU NUCLEAIRE 28

1. HISTORIQUE DU DEPLOIEMENT DU NUCLEAIRE FRANÇAIS 28

2. LE PARC NUCLEAIRE FRANÇAIS 30

3. LE CYCLE DU COMBUSTIBLE 30

C. L’ ETUDE DE CAS : LA CENTRALE NUCLEAIRE DE CHOOZ 34

1. LA SITUATION GEOGRAPHIQUE 34

2. L’H ISTOIRE DE CHOOZ 35

3. CHOOZ B ET SES DEUX REACTEURS 37

4. CHOOZ B ET SES CARACTERISTIQUES TECHNIQUES 39

5 / 101

III. CHOOZ ET SON FONCTIONNEMENT GENERALE 41

A. LE CIRCUIT PRIMAIRE 42

1. LE CŒUR DU REACTEUR 43

2. LES BOUCLES DE REFROIDISSEMENTS 46

B. LE CIRCUIT SECONDAIRE 51

C. LE CIRCUIT TERTIAIRE 55

D. LES AUTRES CIRCUITS DE LA CENTRALE 56

1. LES CIRCUITS AUXILIAIRES 56

2. LES CIRCUITS DE SAUVEGARDE DE LA CENTRALE 61

B. LE CIRCUIT ASG 63

IV. CHOOZ ET SES INFRASTRUCTURES 66

A. L’ ILOT NUCLEAIRE 67

1. LE BATIMENT REACTEUR (BR) 68

2. L’ ENCEINTE DE CONFINEMENT 69

3. LE BATIMENT COMBUSTIBLE (BK) 70

4. LE BATIMENT ELECTRIQUE ET DES AUXILIAIRES DE SAUVEGARDE (BAS/BL) 72

5. LA SALLE DE COMMANDE 73

6. LE BATIMENT DES AUXILIAIRES NUCLEAIRES (BAN) 75

7. LE BATIMENT DU RESERVOIR DES EAUX DE PISCINES (PTR) 76

8. LES BATIMENTS DES GROUPES ELECTROGENES 76

B. L’ ILOT CONVENTIONNEL 77

1. LA SALLE DES MACHINES 77

2. LA TOUR AEROREFRIGERANTE 77

3. LES TRANSFORMATEURS PRINCIPAL ET AUXILIAIRE 77

C. LES BATIMENTS COMMUNS AUX TRANCHES 78

1. LE BATIMENT DE TRAITEMENT DES EFFLUENTS (BTE) 78

2. LA PLATEFORME DE STOCKAGE DES GAZ 79

3. LES OUVRAGES D’EAU 79

4. LES AUTRES BATIMENTS 80

D. LA STRUCTURE HBDS 81

6 / 101

V. NUCLEAIRE ET SOCIETE 83

A. LA SURETE NUCLEAIRE 83

1. L’ EXIGENCE NUCLEAIRE 83

2. L’A UTORITE DE SURETE NUCLEAIRE 85

3. LA QUALIFICATION D ’UN EVENEMENT NUCLEAIRE 87

B. LA GESTION DES DECHETS RADIOACTIFS 89

1. CLASSIFICATION DES DECHETS RADIOACTIFS 89

2. LE RETRAITEMENT ET LE STOCKAGE DES DECHETS RADIOACTIFS 91

C. LES PERSPECTIVES D’AVENIR 99

7 / 101

Glossaire et sigles utiles

Aéroréfrigérant Installation dans laquelle l’eau chaude issue du circuit tertiaire se

refroidit en cédant sa chaleur à l’atmosphère. Son rôle est de dissiper

par convection et évaporation la chaleur transmise à l’eau traversant

le condensateur.

AIEA Agence internationale de l’énergie atomique.

ANDRA Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs.

ASN Autorité de Sûreté Nucléaire.

Becquerel (Bq) Unité de mesure internationale, utilisée pour la radioactivité. Il

remplace le Curie (Ci), 1Ci = 37 milliards de Bq.

CEA Commissariat à l’énergie atomique.

Cogema Compagnie générale des matières nucléaires : filiale à 100% du

groupe CEA dont les activités concernent tout le cycle du

combustible.

DSIN Direction de la sûreté des installations nucléaires, rattachée aux

ministères de l’Industrie et de l’Environnement.

EDF Electricité de France, entreprise de service public, créée en 1946, a

pour mission de fournir pour chacun, à chaque instant et en tout point

du territoire, un kWh compétitif.

Effluents Liquides ou gaz contenant des substances radioactives. Leur activité

est réduite par des dispositifs appropriés avant leur rejet ou leur

réutilisation.

8 / 101

Filière Ensemble des réacteurs de même conception. Une filière se

caractérise par le combustible, le modérateur et le fluide caloporteur.

Par exemple, les REP utilisent de l’uranium enrichi comme

combustible et de l’eau pressurisée comme modérateur et

caloporteur. On peut aussi citer la filière UNGG. (Réf : Ch. II. 1).

Fluide Caloporteur Liquide ou gaz circulant dans le cœur d’un réacteur nucléaire pour en

évacuer la chaleur. Dans une centrale REP comme celle de CHOOZ,

ce fluide est de l’eau qui circule dans les boucles de refroidissement

du circuit primaire.

GRAY (Gy) Unité de mesure du système international exprimant la dose

absorbée, ou la quantité d’énergie reçue par unité de masse irradiée.

Un gray vaut un joule par kilogramme. L’ancienne unité, le RAD, vaut

un centième de gray.

INES International nuclear event scale : échelle internationale de gravité

des événements nucléaires, comportant 7 niveaux, mise au point par

l’AIEA. (1, 2, 3 = incidents. 4, 5, 6, 7 = accidents).

ISPN Institut de protection et de sureté nucléaire. Dépendant du CEA.

MOX Mixed Oxyde Fuel (MOX) est un combustible composé d’un mélange

d’oxydes de plutonium (issu du retraitement) et d’uranium.

Palier Série de tranches de même puissance dans une même filière. En

France, pour les REP, On distingue les paliers 900 MW, 1300 MW, et

1450 MW (Centrale de Chooz).

PPI Plan Particulier d’intervention. Détermine l’organisation des secours

en cas d’accident dans une centrale nucléaire susceptible d’avoir des

conséquences pour la population.

PUI Plan d’urgence interne. Déclenché en cas d’accident par la direction

d’une centrale, il définit l’organisation interne et les moyens a mettre

9 / 101

en place. Il est coordonné avec le PPI qui traite des éventuelles

conséquences extérieures au site.

REP Réacteur à eau pressurisée. Cette filière développée depuis 1974

représente la quasi-totalité des réacteurs en service en France et la

moitié des réacteurs mondiaux.

TEP Tonne d’équivalent pétrole. Unité de mesure récente correspondant à

l’énergie produite par la combustion d’une tonne de pétrole. 1 TEP =

4500 kWh.

Tranche Unité de production électrique comprenant un réacteur et un groupe

turboalternateur. Le groupement de deux tranches forme une

centrale. Une centrale peut contenir deux à quatre tranches.

Wh Unité d’énergie obtenue en multipliant la puissance consommée ou

produite par la durée d’utilisation et de production. On parle

généralement de kWh ou de MWh.

10 / 101

INTRODUCTION

Quand nous parlons de nucléaire, la première approche que nous avons est généralement

négative. Pourquoi ? Sûrement, par son Histoire pas très glorieuse et inquiétante. En effet,

cela commence avec le nucléaire militaire et ses effets dévastateurs illustrés par les célèbres

bombes de Nagasaki et d’Hiroshima. Puis par ses retombées catastrophique envers

l’environnement lors d’accident comme Tchernobyl ou par le problème du stockage des

déchets de nos centrales.

Paradoxalement, aujourd’hui, le nucléaire est devenu La Solution française avec plus de

85% de la production d’électricité en France en 2006. Il existe pourtant d’autres types de

centrale pouvant fournir de l’électricité : Hydraulique avec les barrages (concerne 8% de la

production totale en 2006), et Thermique à flamme utilisant des combustibles fossiles

comme le charbon, le pétrole ou le gaz naturel (qui représente seulement 4% de la

production). Récemment, les centrales solaires thermiques et photovoltaïques font leur

apparition. Elles traduisent un engagement de plus en plus fort dans la gestion d’une

politique écologique.

Seulement aujourd’hui, le nucléaire apparaît de plus en plus comme une source

incontournable d’énergie dans la garantie d’une indépendance énergétique de la France, au

niveau des sources en pétrole, en gaz, et en charbon qui a long terme seront limitées et

également au niveau écologique avec l’absence de rejet de gaz à effet de serre contre le

réchauffement.

Ce présent rapport exposera techniquement le fonctionnement de la solution nucléaire et

plus concrètement d’une centrale nucléaire (Chooz). Cela permettra, par la suite, d’aboutir à

la modélisation HBDS de celle-ci et de ses différents réseaux annexés. Dans une première

partie, après quelques précisions sur l’historique du nucléaire et sur sa description atomique,

nous expliquerons le choix français des réacteurs à eau pressurisé. Dans une seconde

partie nous détaillerons précisément le fonctionnement d’une tranche nucléaire complète

avec ses bâtiments principaux ou encore annexes. Et enfin, une approche sur les déchets, la

sûreté et l’avenir du nucléaire.

11 / 101

I. LA THEORIE DU NUCLEAIRE

Un ensemble de styles ont été définis pour le rapport. Vous ne devez pas les modifier

(typographie, taille, etc.)

AA.. HHiissttoorr iiqquuee

La science du nucléaire est une science toute nouvelle, née au début du XXème siècle. Elle a

tout d’abord connu de grandes avancées au cours de la première moitié du XXème siècle telle

que la découverte de l’atome ainsi que la radioactivité.

Bien que de nos jours elle est sujette à beaucoup de contre verses elle reste néanmoins

encore très prometteuse pour l’avenir.

1896 Découverte de la radioactivité par Henri Becquerel sur les

émissions de l’atome d’Uranium.

1897 J.-J. Thomson identifie l'électron

1898 Découvertes de Pierre et Marie Curie des éléments Radium et

Polonium par leur nature à émettre spontanément de rayonnements.

1900 Découverte de l’atome par Lord Ernest Rutherford après avoir mis

en évidence les trois rayonnements, Alpha, Bêta et Gamma. Il mit

également en évidence que ces particules alpha ne sont que des noyaux

d’Hélium et formula la notion de période.

1905 Le physicien Albert Einstein énonce la célèbre loi reliant la

masse à l’Energie E = M C2

12 / 101

1911 Rutherford continua son étude du rayonnement pour finalement aboutir à une

bonne struture atomique en affirmant qu’un atome est un noyau très dense

autour duquel gravite des éléctrons.

1919 Il fît la première transformation artificielle, en transformant un atome d’Azote en

Oxygene par le biais de rayons Alpha du Radium.

1932 W. Bothe, H Becker et James Chadwick établissent l’existence du neutron.

1934 Irène et Frédéric Joliot-Curie à faire de la radioactivité artificielle en créant du

phosphore 30, un isotope radioactif du phosphore 31 stable, par des

rayonnements Alpha sur une feuille d’Aluminium.

1938 Otto Hahn et son assistant son assistant Fritz Strassmann découvre la fission

lorsqu’un atome d’Uranium se fragmente en deux noyaux plus légers.

1939 Frédéric Joliot-Curie et Lew Kowarski ont montré l’existence d’une réaction en chaîne

en observant que la fission d’un atome d’Uranium s'accompagne d'une émission de

neutrons.

1942 Enrico Fermi démontre la faisabilité de la création et du control d’une réaction

enchaîne par la mise en route du tout premier réacteur nucléaire à Chicago

(Etats-Unis).

1945 Explosion des deux bombes atomiques sur les villes

Japonaise : Hiroshima et Nagasaki.

1948 Mise en marche de la toute première « pile » nucléaire, nommée ZOE, construite en

Europe

1951 Un réacteur nucléaire d’origine Américaine (Etats-Unis) nommé EBR1 fournit la

toute première production électrique d’origine nucléaire.

13 / 101

Années 1950 Les premiers programmes relatifs à la construction de centrale nucléaire

apparaissent en Union Soviétique, en France, aux Etats-Unis ainsi qu’en grande Bretagne

1963 Première production d’électricité en France d’origine nucléaire réalisée par

l’EDF.

Depuis lors une forte volonté de développement technologique et industriel a fait que de nos

jours l’énergie nucléaire est devenue la principale source d’énergie à travers le monde.

Aujourd’hui on ne cesse d’augmenter la sûreté et la puissance des centrales d’énergie

nucléaire.

Actuellement dans le monde, 442 réacteurs nucléaires fonctionnent dans 31 pays,

fournissant ainsi 370 GW (17% de l’électricité mondiale). Notons que la France produit 78%

de son énergie électrique à partir d’énergie nucléaire.

BB.. LLaa ssttrruuccttuurree ddee llaa mmaatt iièèrree

1. L’atome

L’atome est la plus petite partie d’un corps physique pouvant se combiner chimiquement

avec un autre. Sa dimension est de l’ordre du nanomètre (nm), soit 10-10 m. Il est constitué

d’un cortège d’électrons ainsi que d’un noyau composé lui-même d’éléments appelés

nucléons, excepté le noyau de l’atome d’hydrogène qui est composé que d’un unique proton.

La représentation d’un atome

Les électrons sont les plus petites particules connues (10-18 m), elles gravitent autour du

noyau et portent une charge négative (-1,6 × 10-19 Coulomb). Leurs déplacements sont régis

14 / 101

par les lois de la mécanique quantique (on ne parle plus de position absolue mais de

probabilité d’existence).

Au sein d’un atome le nombre de protons est équivalent à celui des électrons. Chaque

proton porte une charge positive égale et opposée à celle que porte un électron, rendant de

ce fait l’atome électriquement neutre.

Dans le noyau il y a également des neutrons au nombre sensiblement équivalent à celui des

protons mais possédant une absence de charge.

L’énergie nucléaire Fusion et fission -CEA

2. Le noyau

Il est composé de nucléons, à savoir les protons et les neutrons. De par nature les protons

au sein d’un noyau ont tendance à se repousser, cela est du à la répulsion coulombienne

des charges positives des protons. Afin d’avoir une liaison nucléaire du noyau il existe pour

cela une force compensatrice nommée interaction forte qui est portée par des gluons

(particules fondamentales).

Afin de modéliser l’énergie de répulsion des nucléons on parle d’énergie de liaison, l’énergie

qui permettrait de séparer les nucléons. Le rayon d’un nucléon est de l’ordre de 1fm (10-15m).

La densité d’un nucléon est bien plus grande que celle de l’atome : 200 millions de tonnes au

cm³. Les nucléons sont bien plus lourds que l’électron, induisant le fait que la majeure partie

de la masse d’un atome est due à celle du noyau, donc à la résultante des masses des

15 / 101

protons et neutrons. L’atome le plus lourd est l’uranium avec 92 protons bien qu’on soit

arrivé à produire artificiellement un élément radioactif ayant 118 protons.

Un atome est défini et identifié par deux nombres principaux, ces nombres sont en relations

avec le nombre de protons et de neutrons. Ces deux nombres sont le nombre atomique Z

(nombre de protons qu’il possède) et le nombre de masse A (nombre de nucléons : protons

et neutrons).

On parle alors d’isotope lorsque deux atomes ont le même nombre atomique, donc

indirectement le même nombre d’électrons (ex : L’hydrogène 11H, le Deutérium D ou ²1H et le

Tritium ³1H). Deux isotopes possèdent les mêmes propriétés chimiques, néanmoins leurs

similitudes s’arrêtent là car ils n’ont pas les mêmes propriétés nucléaires à savoir le même

nombre de masse A, ni la même stabilité, ni même encore la même durée de vie.

Les isotopes de l’Hydrogène

L’uranium, élément très radioactif, est très utilisé lors de réaction nucléaire pour produire de

l’électricité. Cet élément naturel mais néanmoins limité sur Terre, possède dix sept isotopes

tous radioactifs. Mais seulement trois d’entre eux sont présents à l’état naturel : 238U ; 235U et 234U. Ces trois isotopes forment ce que l’on appel l’uranium naturel, les proportions de

chacun d’eux sont presque toujours les mêmes : 238U : 99,28% ; 235U : 0,71% ; 234U :

0,0054%. Ces isotopes comme tout isotope possèdent le même nombre d’électrons,

induisant des natures chimiques et physiques semblables.

3. Les rayonnements radioactifs

Comme nous avons pu le voir dans le chapitre précédent l’uranium naturel et ses isotopes

(dont 238U) ont des noyaux dits instables (énergie instable : déséquilibre entre protons et

16 / 101

neutrons) et de ce fait on tous tendance à se transformer spontanément en d’autres

éléments radioactifs. Ces autres éléments, eux-mêmes de natures instables se transforment

à leur tour en d’autres éléments radioactifs (et ainsi de suite). Créant ainsi la notion de

famille radioactive.

Chaque transformation se traduit par l’émission d’un rayonnement, rayonnement qui peut

être sous trois formes.

La première étant sous la forme d’un rayonnement alpha , ce rayonnement correspond à

l’émission de particules riches en énergie, lourdes et volumineuse : il s’agit en fait de noyau

d’hélium constitué de deux protons et de deux neutrons. Ce type de rayonnement est très

peu pénétrant car il suffit d’une feuille de papier ou d’une couche d’air de quelques

centimètres pour arrêter ces particules qui sont éjectées du noyau à une vitesse de 16000

km/h.

La deuxième forme de rayonnement est l’émission Bêta . Cette émission n’a rien à voir avec

la précédente et se décompose en deux types de rayonnement : Bêta – et Bêta+. Le

rayonnement Bêta – émet un électron et un anti-neutrino électronique tandis que le

rayonnement Bêta + émet quant à lui un positron (anti-électron) et un neutrino.

La vitesse d’émission de ces particules plus légères est de 270000 km/s, il faut donc une

couche d’air de 3m pour les arrêter. Mais dans le rayonnement Bêta il ne s’agit pas

seulement d’émettre des particules, il s’agit aussi d’un changement profond de la nature

même du noyau. En effet au cours d’une émission Bêta-, un neutron se change en proton

alors qu’au cours d’une émission Bêta+ un proton se change en neutron. Ce changement de

nature des nucléons provient de l’interaction faible. Ainsi un atome de carbone (6 protons et

8 neutrons) devient par radioactivité Bêta- un atome d’azote (7 protons et 7 neutrons).

De plus un atome qui émet un rayonnement Alpha ou bien Bêta s’excite énormément,

induisant aussitôt une désexcitation en émettant un photon (appelé également Gamma).

17 / 101

Les différentes désintégrations (Source : CEA)

Ainsi comme nous avons pu le voir précédemment ce type de désintégration est associée

soit à l’émission d’une particule Alpha (atome d’Hélium complètement ionisé) soit à

l’émission d’une particule Bêta (électron).

L’émission Bêta ne modifiera en rien le nombre de masse de l’élément parent mais

incrémentera de un son numéro atomique.

Par contre l’émission Alpha modifiera le nombre de masse et le numéro atomique de

l’élément parent (décrémente de quatre unités le nombre de masse et de deux unités le

nombre atomique).

Par exemple l’élément 234U présent dans la nature à l’état de trace est le résultat de trois

désintégrations successives : une transition Alpha donnant 234Th, suivi de deux transitions

Bêta donnant 234Pa, puis 234U.

18 / 101

Famille radioactive de l’Uranium

Bien entendu ces éléments constitutifs d’une même famille possèdent des propriétés

physiques et chimiques très différentes (ils n’ont pas le même nombre d’électrons).

Pour les éléments radioactifs on parle de période radioactive le temps au bout duquel

l’élément radioactifs perd la moitié de son activité radioactive.

Cette période est très variable, elle propre à chaque élément Par exemple la période

radioactive (demi-vie ) de l’uranium 238 est de 4.5 milliard d’années alors que celle l’iode

131 est de 8 jours.

La notion d’activité d’un corps radioactif correspond au nombre de désintégrations par

seconde que subit ce corps. Elle se mesure en becquerels (symbole Bq ) avec la définition

suivante : 1Bq = 1 désintégration par seconde.

CC.. LLee pprr iinncciippee ddee ff iissssiioonn eett ddee ffuussiioonn

1. La fission

Un peu d’histoire

Suite à la fabuleuse découverte de Rutherford sur le rayonnement de particules atomique

(Alpha, Bêta et Gamma) Chadwick découvrit, en 1934, le neutron. Aussitôt Enrico Fermi

découvrit qu’on pouvait en bombardant certains éléments par des neutrons produire d’autres

éléments radioactifs. Peu de temps après en 1938, Otto Hahn et Fritz Strassmann ne

19 / 101

tardèrent pas à découvrir qu’on pouvait faire éclater des noyaux d’uranium en fragments plus

petits. Le phénomène de fission était né.

Principe théorique

Il existe deux types de fissions. La première étant la fission spontanée et la deuxième la

fission induite. La fission spontanée ne peut se produire que sur des atomes ayant une

énergie de liaison entre nucléons faible, donc sur des atomes extrêmement lourds. Par

exemple l’uranium 235 ou encore le Californium 252. Elle correspond donc à la

fragmentation spontanée d’un atome très lourds en deux plus petits fragments radioactifs

sans avoir absorbé de particule (ex : neutron).

La fission induite quant à elle se produit lorsqu’un noyau lourd fissible absorbe une particule,

et de ce fait acquiert une instabilité énergétique qui se traduit par son scindement en deux

fragments radioactifs plus léger.

Réaction de la fusion

Source : http://www.linternaute.com/science/environ nement

Dans la nature le seul noyau fissible est l’uranium 235, qui est un isotope de l’uranium

naturel, que l’on peut extraire des minerais d’uranium. Le problème étant qu’il se trouve en

faible proportion (0.7%).

Néanmoins il existe d’autres éléments fissibles mais ils doivent préalablement être créés

artificiellement. C’est le cas par exemple du Plutonium 239 et de l’Uranium 233 qui sont

générés à la suite de réactions nucléaires dans les centrales nucléaires.

20 / 101

Au sein des centrales nucléaires on utilise les neutrons comme projectiles. Les mouvements

et les interactions entre les neutrons et les noyaux des atomes fissibles sont régis par la

mécanique quantique qui stipule que la probabilité (section efficace) qu’un neutron puisse

rencontrer un noyau dépend de la taille de celui-ci mais aussi de sa nature.

Lorsqu’un noyau d’atome fissible absorbe un neutron, il devient instable et se scinde en deux

éléments radioactifs (souvent de tailles différentes) en libérant une énergie considérable

(l'énergie dite de liaison des noyaux, considérable en raison de l'intensité de la force

nucléaire : de l’ordre de MeV alors que dans des réactions chimiques c’est de l’ordre de

l’eV) ainsi que des neutrons (en moyenne 2.4 neutrons émis par fission).

Cette impressionnante quantité d’énergie provient de la différence d’énergie de liaison par

nucléon entre l’élément initial et les produits finaux de la réaction. Cette différence se traduit

par une important énergie cinétique des produits (neutrons : 20 000 km/s, produits fils :

8 000 km/s). Les produits de fissions sont de très gros projectiles qui se frayent un chemin

parmi les autres atomes en les « bousculant », échauffant ainsi la matière environnante.

C’est cet échauffement qui fournit la plupart de l’énergie produite lors d’une fission.

Les neutrons propulsés sont de petites tailles et possèdent une grande vitesse, ce qui leur

permet de parcourir de longues distances avant de percuter à leur tour un atome,

entretenant ainsi une nouvelle réaction nucléaire. On parle alors de réaction en chaîne.

Réaction en chaîne nucléaire

Source : http://lewebpedagogique.com

21 / 101

Chiffres sur la fission de l’Uranium 235

Néanmoins cette réaction en chaîne nécessite d’être surveillée et contrôlée. En effet

contrairement à ce que l’on peut penser, avoir des neutrons rapides n’est pas une bonne

chose pour engendrer des fissions d’atomes. Il faut donc les ralentir par le biais de

modérateurs qui peuvent être de l’eau borée ou encore les parois internes du réacteur afin

qu’un seul neutron engendre une autre fission. Comme nous l’avons précisé précédemment

dans ce chapitre seul l’Uranium 235 est facilement fissible, néanmoins l’Uranium 238 peut

être fissible sous l’action de neutrons rapides sans quoi il s’excite puis devient instable. Il se

désintègre (Bêta-) en Neptunium 239 qui à son tour se désintègre (Bêta-) pour former du

Plutonium 239, élément aisément fissible. La faible proportion d’Uranium 235 dans l’Uranium

naturel nous pousse à l’enrichir par divers procédés.

Il faut également savoir qu’une quantité minimum de produits fissibles (environ 60 kg pour

l'uranium-235) dans un volume donné est nécessaire pour alimenter la réaction. On parle

alors de masse critique.

Énergie de fission de énergie

MeV

%

énergie

totale

Commentaire

Énergie cinétique des fragments de fission 166 81,5 énergie instantanée localisée

Énergie cinétique des neutrons de fission 5 2,5

Énergie des γ de fission 8 3,9

énergie instantanée

délocalisée

Énergie des neutrinos 11 5,5 énergie instantanée perdue

Total 190 93,1 énergie instantanée

Énergie de radioactivité β des produits de

fission 7 3,4

Énergie de radioactivité γ des produits de

fission 7 3,4

Total 14 6,9

énergie différée

22 / 101

2. La fusion

La fusion est une autre méthode permettant d’avoir une production d’énergie en grande

quantité. Cette méthode est complètement à l’opposé de la fission, à savoir que l’on

n’essaye pas de fissionner des noyaux d’atomes entre eux mais de les fusionner.

La fusion de deux atomes est faisable si ces derniers sont suffisamment proches l’un de

l’autre. Or à cause de la charge positive des portons, les noyaux ont tendance naturellement

à se repousser l’un de l’autre.

Afin de parer à ce problème de force il faut que les atomes que l’on souhaite faire fusionner

possèdent de grandes vitesses afin qu’ils se rapprochent très près l’un de l’autre avant

même que la force électromagnétique ne les sépare. Ces atomes peuvent atteindre ce genre

de vitesses que s’ils sont placés dans un milieu à haute température (plusieurs millions de

degrés).

C’est par exemple le cas du soleil qui possède une température suffisamment haute pour

permettre la fusion.

Depuis presque trente ans l’Homme essaye de maîtriser cette technique, or elle nécessite de

savoir créer de très hautes températures, difficulté technique qui est difficile à surmonter.

Néanmoins nous avons pu l’utiliser et la maîtriser dans des bombes H

Actuellement deux méthodes sont envisagées :

On place un mélange d’hydrogène gazeux (isotopes de l’Hydrogène : Deutérium et Tritium)

que l’on souhaite faire fusionner dans un champ magnétique de forte intensité. Le mélange

est porté à plusieurs millions de degrés dans des « engins » nommés Tokamak .

On place dans une microbille une forte concentration du mélange d’isotopes de l’hydrogène

que l’on irradie en utilisant des lasers très puissants

23 / 101

II. L’ENERGIE NUCLEAIRE EN FRANCE

Dans la deuxième moitié du XX siècle, après maintes réflexions et institutions, la France a

adopté la filière REP (réacteur à eau pressurisé). Elle compose aujourd’hui le plus grand

parc nucléaire d’Europe. Ce vaste déploiement est le résultat d’une grande expérience

française et d’une avancée technologique sans précédent dans le domaine. L’exemple qui

illustre le mieux cette réussite est la centrale nucléaire de Chooz. Elle a la particularité d’être

l’une des deux centrales en activité en France de la filière REP de palier N4 produisant plus

de 1450 MWH.

AA.. LLeess ff ii ll iièèrreess nnuuccllééaaii rreess eexxiissttaanntteess

Avant de définir les différentes filières nucléaires, il est convenu d’avoir une vision générale

de l’importante de chaque réacteur. Les filières des réacteurs à eau légère, bouillante ou

pressurisée, a connu depuis le début des années 1970 un succès extraordinaire, au point de

représenter l’essentiel des capacités installées dans le monde.

Figure: répartition par filière des réacteurs nuclé aires en service dans le monde fin

2001 (source : Elecnuc-CEA)

PWP : REP de conception occidentale.

VVER : REP de conception russe.

BWR : réacteurs à eau bouillante.

Autres réacteurs : AGR, UNGG, RBMK,…

24 / 101

D’autres chiffres confirment cette tendance. En effet, en avril 2003, 441 réacteurs nucléaires

de production étaient en service dans le monde, représentant une puissance installée de 359

MW et près de la moitié de ces réacteurs étaient des réacteurs à eau pressurisée, les

réacteurs à eau bouillante représentant moins du quart du total. On trouvera au tableau

suivant les différents types de réacteurs, par filières, en service ou en construction.

Figure : réacteurs nucléaires en service ou en cons truction avril 2003 (source : AIEA)

25 / 101

1. les trois grandes filières de réacteurs à eau

Les réacteurs REP, REB et CANDU sont tous basés sur des technologies développés dans

les années 1960 et constamment améliorées. L’accident de « Three Mile Island », en 1979,

a apporté de très nombreux enseignements sur la sûreté, sur les aides à apporter aux

exploitants pour limiter les risques d’erreur humaine, et sur le développement des

procédures permettant de faire face à des accidents encore plus grave. La durée de vie

envisagée pour ces réacteurs était de 40 ans mais la tendance actuelle est de les prolonger

jusqu'à 60 ans. Il existe plusieurs générations de ces filières : la génération actuelle (dite

aussi « génération II », et la prochaine génération III et III+.

a. Filière à eau pressurisée (REP)

Cette filière a été développée par un américain (Mr. Westinghouse) et a été adopté par la

France en 1969. Dans un souci de standardisation, de sûreté et d’économie de son

programme d’équipement, la France à refuser volontairement de ne pas développer

plusieurs modèles simultanément. C’est ainsi, avec 60% de la puissance installée, le

réacteur à eau pressurisée est le plus utilisé dans le monde. C’est une technologie

éprouvées, rodé et fiable. Au niveau national, elle équipe la quasi-totalité du parc nucléaire

avec 56 réacteurs en activités et 2 en construction. La filière REP comporte plusieurs

« paliers » ou séries d’installations développées successivement : 900, 1300, et 1450 MW.

Au niveau technique, le réacteur REP fonctionne grâce à un combustible d’oxyde d’uranium

faiblement enrichi. L’eau ordinaire lui sert à la fois de modérateur et de caloporteur.

La France est le seul pays à avoir choisi de standardiser cette filière REP. Cette solution à

pour but premier d’éviter la multiplication des études et des essais coûteux, de faciliter la

tache des constructeurs et permettre des économies d’échelle, et enfin de disposer d’un

stock de pièce de rechange utilisable dans toutes les centrales. On estime à 20% du coût

total le gain généré par la standardisation.

b. Filière à eau bouillante (REB)

Cette filière équipe environ ¼ de la puissance installée dans le monde. Elle se développe

toujours, notamment au Japon. Les réacteurs REB utilisent de l’Uranium faiblement enrichi

comme combustible et un modérateur caloporteur sensiblement comparable à ceux de la

filière REP. La grande différence réside dans l’état de l’eau qui circule au contact des

éléments combustible. Dans le réacteur à eau bouillante, elle entre en ébullition et se

26 / 101

présente sous la forme d’un mélange eau vapeur. L’eau bouillante, mélange de bulles, de

liquide, de vapeur et de gouttelettes, exige une gestion plus complexe que l’eau sous

pression du REP, qui constitue un fluide homogène. Il n’existe pas de réacteur REB en

France. La plupart sont situés aux USA, en Suède, en Allemagne et au Japon.

c. Filière à eau lourde (CANDU)

Pionner dans la mise au point du réacteur CANDU (Canadian Deuterium Uranium), le

Canada a acquis une spécialité. Découvert en 1930, l’eau lourde (molécule composé d’un

atome d’oxygène pour deux atomes de deutérium, isotope de l’hydrogène) ralentit les

neutrons et constitue un excellent modérateur. Comme l’eau ordinaire, elle joue le rôle de

liquide de refroidissement. Le gaz carbonique peut la remplacer. Le combustible est, quant à

lui, constitué d’uranium naturel ou enrichi.

Ce réacteur canadien a été vendu en Inde, en Argentine, au Pakistan, en Corée du Sud, en

Roumanie. Fonctionnant à l'uranium naturel, il garantissait à ses utilisateurs l'indépendance

vis à vis des pays producteurs d'uranium enrichi. République Tchèque et Slovaquie, Japon,

Allemagne, Norvège: de nombreux pays ont expérimenté l'eau lourde. Parmi eux, la France,

avec son réacteur de Brennilis , actuellement en phase de démantèlement. Mais la Canada

est le seul à avoir persévéré dans cette voie. Le prix de l'eau lourde a constitué un autre

obstacle à son développement.

2. les réacteurs graphite-gaz (UNGG/AGR)

D'abord développé en Grande Bretagne, la filière UNGG (uranium-naturel-graphite-gaz) a

équipé les centrales françaises construites entre 1956 et 1969, à Marcoule, Chinon, Saint-

Laurent des Eaux et au Bugey.

Pour la France, comme pour la Grande-Bretagne, la filière uranium-naturel-graphite-gaz a

présenté l'avantage d'utiliser comme combustible l'uranium naturel, moins coûteux et plus

facilement disponible que l'uranium enrichi. Modéré par du graphite et refroidi par du gaz

carbonique sous pression, elle a connu un grand succès au début de l'exploitation

industrielle du nucléaire. Cette technologie ne s'est véritablement développée qu'en Grande

Bretagne. La filière Anglaise AGR (Advanced Gas-cooled Reactors) est très voisine de

l'UNGG: l'uranium est enrichi à 2,2%. Quatorze réacteurs y sont en fonctionnement. En

France cette filière a été abandonnée au profit du réacteur à eau pressurisée et toutes les

centrales de ce type sont en cours de démantèlement. L'UNGG présente en effet deux

grands inconvénients: une puissance relativement faible et un coût de construction élevé, dû

27 / 101

au volume important du cœur, justifié par la faible proportion d'uranium fissile dans le

combustible.

3. les réacteurs à neutrons rapides (RNR)

L'exploitation du prototype de réacteur à neutrons rapide, Superphénix, mis en service en

France en 1985, s'orientait vers une mission de recherche et d'études.

Le réacteur à neutrons rapides (sans modérateur) refroidi au sodium est capable de produire

plus de combustible (plutonium) qu'il n'en consomme. Il peut donc assurer à terme une

indépendance complète vis à vis des producteurs d'uranium. La France étudie cette filière

depuis 1957: des petits réacteurs d'essais comme Rapsodie , elle est passée à un réacteur

de puissance, Phénix , mis en service en 1976. Superphénix , prototype industriel de 1200

mégawatts, a été construit par une société internationale (NERSA) associant la France,

l'Italie, l'Allemagne, le Pays Bas, la Belgique et le Royaume Unis. L'exploitation de ce

prototype, mis en service en 1985, s'orientait vers une mission de recherche et d'études.

Plusieurs pays se sont intéressés de près aux réacteurs surgénérateurs, dont le Japon et les

Etats-Unis. Le premier réacteur à neutrons rapides (150 kilowatts) avait été mis en service

en 1946 à LosAlamos par les Américains. Mais le coût de développement et l'abondance

relative de l'uranium ont conduis à la mise en sommeil des projets.

4. les réacteurs à eau-graphite (RBMK)

Aujourd'hui progressivement abandonnée au profit de la filière VVER à eau pressurisée, la

filière RBMK a représenté près de la moitié de la puissance installée dans l'ex-URSS. Le

principe de la filière RBMK consiste à plonger le combustible (uranium faiblement enrichi)

dans un empilement de graphite modérateur. En circulant le long du combustible, l'eau

bouillante joue le rôle de fluide caloporteur. Transformée en vapeur, elle est envoyée

directement dans les turbines, sans passer par un circuit intermédiaire. Les 17 réacteurs

RBMK ont figurés parmi les plus puissants au monde (1500 mégawatts à Ignalina en

Lituanie).

Mais leur performances ont conduits à passer outre de graves inconvénients: une très

grande délicatesse de pilotage due à des raisons neutroniques et une sûreté des

installations largement négligée. C'est un réacteur RBMK qui est à l'origine de l'accident de

Tchernobyl, en Avril 1986, en Ukraine. Nombreuses sont les pressions internationales qui

incitent les pays de l'ex URSS à arrêter ces réacteurs.

28 / 101

BB.. LLee cchhooiixx dduu nnuuccllééaaii rree

1. Historique du déploiement du nucléaire français

C’est à parti des années 1955 que des questions élémentaires concernant le nucléaire civil

se sont posés. Quelle filière adopter ? Faut-il de l’Uranium naturel ou de l’Uranium enrichi

comme combustible ? Quel organisme pour diriger ce déploiement EDF ou CEA ?

C’est en 1956 qu’a circulé le premier courant électrique d’origine nucléaire sur le réseau

français à partir de la pile G1 installée sur le site de Marcoule (vallée du Rhône). Cette

réussite doit être relativisée. En effet le réacteur consommait plus d’énergie qu’il n’en

produisait, son objectif premier étant de produire du plutonium. Cependant la production

électrique devenait techniquement possible. En 1957, la décision est prise de se tourner vers

une production, certes modeste mais bien effective, d’électricité de type nucléaire (objectif de

5% de la production totale).

Les premiers réacteurs construits sur la Loire à Chinon, utilisent l’uranium naturel modéré au

graphite. Cette filière est particulièrement adapté à la situation de la France, dotée de

réserve d’uranium et soucieuse de préserver

son indépendance.

Aquilon : réacteur à Uranium naturel entré

en divergence à Saclay en 1956

Néanmoins EDF teste au début des années 60 l’autre filière, celle de l’uranium enrichi par

diffusion gazeuse. Ce combustible est nécessaire au fonctionnement de la technique dite « à

eau pressurisé » développé au Etats-Unis par la firme Westinghouse. Un accord est alors

conclu avec la Belgique pour construire dans les Ardennes un réacteur à eau pressurisé

(REP). Deux filières se confrontent alors, alimentant un débat passionné qui va durer dix ans

entre le CEA et EDF.

Sur le plan technique la filière graphite est contraignante en raison de la grande pureté du

graphite exigé. En outre, la taille plus importante des réacteurs graphite-gaz et la complexité

29 / 101

du chargement du combustible sont un handicap par rapport à la filière de l’uranium enrichi.

Sur le plan économique, les études montrent la supériorité du REP : le kWh produit en

graphite-gaz coûte de 10 à 20 % plus cher.

Dès lors, un débat passionné va, pendant 10 ans, dominer le paysage du nucléaire civil

français. Quelle filière choisir ? La filière américaine est plus performante techniquement et

économiquement. Mais une querelle de pouvoir oppose EDF et le CEA. On peut en effet dire

que les deux organismes n’ont pas les mêmes priorités. Roger Gaspard, ancien président

d’EDF, résume ainsi ces différences : « Le CEA visait le prix Nobel, EDF le prix du

kWh… »

En 1967 le choix n’est toujours pas fait et remonte au sommet de l’état qui prône alors le

statu quo. Cela débouche ainsi sur la volonté de continuer le graphite-gaz pour une centrale

prévue à Fessenheim, en Alsace, mais aussi sur l’autorisation de construire une deuxième

centrale REP à Tihange pour EDF.

Cependant en 1969, alors que le gouvernement évolue doucement vers les centrales REP,

le lendemain de l’inauguration de la centrale graphite-gaz de Saint-Laurent-des-Eaux, le

réacteur Saint-Laurent-des-Eaux II tombe en panne … Un mois plus tard Georges Pompidou

confirme l’abandon du graphite-gaz.

Suivent alors des chocs pétroliers qui vont précipiter la décision de la France. En février

1973 lors d’un conseil interministériel la décision est prise d’augmenter de moitié le

programme nucléaire. Un rythme de trois réacteurs par an est alors retenu. Mais la crise

pétrolière s’intensifiant, Pierre Messmer annonce alors le lancement de treize centrales de

1000 MW en deux ans, de manière à pouvoir produire 50000 MW en 1985. On peut parler

alors d’un formidable défi industriel et national. Cette décision capitale engage l’avenir du

pays pour 30 à 40 ans, jusqu’à aujourd’hui.

Cette décision politique restera pour longtemps marqué d’une atmosphère opaque du à la

non consultation de l’assemblée nationale et à l’absence de débat national. Cependant la

décision de construire des centrales nucléaires en série, ce qui n’a été fait nulle part ailleurs

(aux Etats-Unis il n’y a pas deux centrales identiques), fut véritablement visionnaire et va

faire du nucléaire français le moins cher du monde et l’un des plus fiables.

Ce système industriel, entraîné par une poignée d’hommes brillants, a permis à un pays de

taille moyenne de se doter d’un des parcs nucléaires les plus performants au monde. La

durée de construction des tranches nucléaires y fut même la plus courte du monde. De 13,9

30 / 101

milliards de kWh nucléaires en 1973, la production avoisinait la centaine de milliards en

1982.

2. Le Parc nucléaire français

Aujourd’hui, la France possède un parc de 58 réacteurs à eau pressurisée donc 34 de la

série 900 MW, 20 de la série 1300 MW et 4 (les plus récents) de la série 1450 MW. La

production d’électricité Française des centrales nucléaires représente 78 % de la production

totale et 83 % de celle d’EDF.

Les réacteurs à eau pressurisée (REP) constituent l'essentiel du parc actuel : 60 % dans le

monde et 80 % en Europe. En 1995, leur puissance électrique totale installée s’élevait à

221,6 Gigawatts.

Figure : Le parc nucléaire français (source EDF)

3. Le cycle du combustible

L'Uranium, à l'état naturel ou légèrement enrichi, est le combustible des centrales nucléaires.

Le plutonium, qui résulte de la fission et des transformations de l'uranium, peut être

également défini comme un combustible nucléaire. Mais il est beaucoup moins utilisé, à

31 / 101

l'heure actuelle, que l'uranium.

Métal gris et dur, l'uranium est relativement répandu dans l'écorce terrestre. On le rencontre

sous différentes formes minéralogiques, aussi bien dans les terrains granitiques que

sédimentaires.

Figure : réserves mondiales d’uranium en 1999

Le cycle du combustible nucléaire désigne l'ensemble des opérations nécessaires pour

approvisionner en combustible les réacteurs nucléaires puis pour stocker, retraiter et recycler

ce combustible. La France dispose sur son territoire de toutes les installations nécessaires à

ces différentes opérations. Ces installations sont, pour la quasi -totalité, exploitées par la

Compagnie Générale des Matières Nucléaires (COGEMA) soit directement, soit par

l'intermédiaire des filiales.

a. l’exploitation minière

A ciel ouvert ou dans les mines souterraines, l'exploitation des gisements d'uranium

s'effectue selon les méthodes classiques utilisées dans les installations minières. La

présence de radioactivité nécessite cependant des mesures de protection visant à diminuer

l'irradiation et à réduire les concentrations de poussières et de radon (gaz radioactif) :

notamment systèmes d'arrosage et ventilation permanente.

32 / 101

Après avoir exploité plusieurs gisements (Forez, Vendée, Limousin, Hérault) la France

assure aujourd'hui par des importations l'essentiel de son approvisionnement en uranium.

Cogema possède des parts et est parfois l'opérateur de certaines mines d'uranium à

l'étranger (Canada, Gabon, Niger).

b. La concentration minière

La teneur en uranium des minerais est en général assez faible : de l'ordre de 1 à 5 kg par

tonne. C'est pourquoi le minerai est concentré dans des installations implantées à proximité

immédiate des mines. Après une série d'opérations physiques et chimiques on obtient un

concentré ayant l'aspect d'une poudre jaune appelée "yellow cake" dont la teneur en

uranium est d'environ 75%.

c. Le raffinage et la conversion

Le "yellow cake" n'a pas un degré de pureté nucléaire suffisant ni la forme chimique

appropriée pour pouvoir être utilisé tel quel comme combustible dans le réacteur. Il est donc

l'objet d'un traitement supplémentaire afin d'obtenir un composé chimique adapté.

d. L'Enrichissement de l'uranium

Dans l'uranium naturel, on trouve, en proportion constante, deux sortes d'atomes (ou

isotopes) : L'uranium 238 et l'uranium 235 qui constituent respectivement 99,3% et 0,7% du

mélange. Seul l'uranium 235 est fissile. Certains types de réacteurs nucléaires (les plus

répandus dans le monde) sont conçus pour fonctionner avec un combustible comportant une

proportion d'uranium 235 supérieure à celle qui est présent à l'état naturel. Il convient donc

d'augmenter jusqu'à 3% à 4% la teneur en isotope 235 de l'uranium naturel.

e. la fabrication des combustibles

L'hexafluorure d'uranium en provenance de l'usine d'enrichissement est transformé en oxyde

d'uranium, conditionné en petites pastilles cylindriques. Celles-ci sont empilées dans de

longs tubes métalliques appelés crayons. Ces crayons sont à leur tour réunis et maintenus à

l'aide de grilles pour former des assemblages. A titre d'exemple, le cœur d'un réacteur à eau

sous pression de 900 Mw comporte : 157 assemblages, réunissant chacun 264 crayons, soit

plus de 11 millions de pastilles (une pastille est équivalente à 2,5 tonnes de charbon).

33 / 101

Pour les filières des réacteurs à eau ordinaire, un autre type de combustibles est également

fabriqué en France, à échelle industrielle, depuis plusieurs années. Appelés "MOX"

(mélange oxyde) ils sont formés d'un mélange d'uranium appauvri et de plutonium. Ils sont

fabriqués dans l'usine MELOX, à Marcoule. Le MOX n’est pas utilisé dans les centrales de

palier N4.

f. Dans le réacteur

Durant son séjour de trois à quatre ans dans le cœur du réacteur, le combustible subit des

transformations qui vont le rendre moins performant : diminution de teneur en matière fissile,

formation de plutonium, apparition de déchets sous forme de produits de fission. Cependant

une fois retiré du réacteur, le combustible contient encore une de grandes quantités de

matières énergétiques récupérables (environ 97 %, sous forme d'uranium et de plutonium) et

3% de déchets. Provisoirement stocké en piscine en vue de sa désactivation, le combustible

usé est ensuite transporté jusqu'à l'usine de retraitement dans un emballage étanche appelé

"château".

g. Le retraitement/recyclage

Le retraitement consiste à séparer, dans le combustible usé, les matières énergétiques

réutilisables (uranium et plutonium) des produits de fission sans utilité. Après une série

d'opérations mécaniques et chimiques (cisaillage, dissolution à l'acide, séparation par

solvants) on récupère l'uranium et le plutonium qui seront recyclés principalement pour

entrer dans la fabrication de nouveaux éléments combustibles. Quant aux produits de

fission, mis en solution, ils sont stockés en cuve durant quelques années avant d'être vitrifiés

par incorporation à des matrices de verre et coulés dans les conteneurs étanches en acier

inoxydable. Ces conteneurs sont entreposés de façon provisoire à la Hague dans des puits

34 / 101

souterrains refroidis par ventilation, dans l'attente d'un stockage définitif.

Avec une capacité de 1600 tonnes annuelles, l'usine Gogema de

la Hague est la plus grande installation de retraitement du monde.

EDF et de nombreuses compagnies d'électricité étrangères y font

retraiter leurs combustibles usés (récupérant ensuite uranium,

plutonium et déchets séparés).

Il faut rappeler que certains pays ne procèdent pas au retraitement

de leurs combustibles nucléaires usés. Ils les entreposent dans des piscines attenantes aux

réacteurs en attendant de définir les modalités d'un stockage définitif.

Figure : Le cycle du combustible nucléaire

CC.. LL’’ééttuuddee ddee ccaass :: LLaa cceennttrraallee NNuuccllééaaii rree ddee CChhoooozz

1. La situation géographique

Le Centre nucléaire de production d’électricité (CNPE) de Chooz B exploite deux unités :

Chooz B1 raccordée au réseau électrique en 1996 et Chooz B2 raccordée en 1997. Ces

installations sont réparties, sur 200 hectares sur une boucle de la Meuse, sur le territoire de

la commune de Chooz (800 habitants environ). Le CNPE exploitait également une autre

35 / 101

unité, Chooz A , premier réacteur à eau sous pression à avoir été mis en service en France

en 1967, et qui est actuellement en cours de déconstruction.

Situé dans le département des Ardennes, Chooz se trouve à environ 10 kilomètres de Givet

(8000 habitants environ) et à 60 kilomètres de Charleville-Mézières (60000 habitants

environ). Les autres agglomérations importantes à proximité sont Reims (200000 habitants)

et Namur (105000 habitants) en Belgique. La frontière belge entoure le site à l’Est, au Nord

et à l’Ouest sur une distance variant entre 3 et 9 kilomètres.

Figure : Localisation de Chooz B au niveau régional e et de la Meuse.

2. L’Histoire de Chooz

Le site de Chooz a la particularité de compter deux centrales : Chooz A et Chooz B situées

sur les deux rives de la boucle de la Meuse. Chooz A est le premier réacteur à eau sous

pression à avoir été mis en service en France. Chooz B est la tête de série du palier N4, une

nouvelle génération de centrales nucléaires : deux réacteurs de 1 500 MW chacun, une

turbine Arabelle plus compacte, plus puissante, plus rentable.

1991, l'arrêt définitif :

36 / 101

Démarrée en 1967, la Centrale Nucléaire des Ardennes (CNA) a été mise à l'arrêt définitif

de production le 30 octobre 1991. Le 20 octobre 1996, un décret a entériné le changement

d'exploitant en transférant Chooz A de la SENA (Société Électro Nucléaire des Ardennes) à

EDF.

Depuis 1991, la déconstruction :

La loi oblige tout exploitant nucléaire à déconstruire son installation quand celle-ci a terminé

sa vie active. Depuis 1991, les travaux de déconstruction se succèdent à Chooz A. Après les

premières opérations de démolition proprement dite des bâtiments non nucléaires (bâtiment

administratif, magasin, ateliers, salle des machines, salle de commande, etc.), achevée le 19

mai 2003, la centrale nucléaire de Chooz A est entrée, depuis juin 2004, dans la troisième

phase de sa déconstruction. Celle-ci a pour but la déconstruction complète : le réacteur, les

matériaux et équipements encore radioactifs seront entièrement démontés, conditionnés et

évacués. Cette 3ème phase doit s’achever au plus tard en 2025. Ce sera la fin de la

déconstruction de Chooz A.

Objectif :

Retrouver, à la fin du programme, un niveau de radioactivité sur le site identique à ce qu’il

était avant l’exploitation. Chooz A avait définitivement été mise à l’arrêt le 30 octobre 1991.

Avec sa capacité de production de 300 MW, la centrale franco-belge comptabilise une

production totale de 38 milliards de kilowattheures en 24 années de fonctionnement, soit

plus de 4 fois la consommation annuelle de la région Champagne-Ardenne. La

déconstruction est une étape normale de la vie d’une centrale. Cette opération est une des

illustrations de l’action du Groupe EDF en terme de développement durable. Déconstruire,

c’est ainsi démontrer sa maîtrise de l’ensemble du cycle nucléaire, dans le respect de

l’environnement, du volet social (développement local) et de la performance économique.

A titre d’information :

Pour financer le démantèlement des centrales, EDF constitue chaque année des provisions

financières correspondant à 15% du coût complet d’investissement pour une unité REP, ou

50% du coût de la construction de l’îlot nucléaire.

37 / 101

Le part financière du démantèlement sur le cout du KWh

En France, 11 réacteurs sont en cours de démantèlement, ce sont les centrales de la

première génération et principalement du type UNGG ainsi que Chooz A, la première

tranche REP.

Le démantèlement en France

3. Chooz B et ses deux réacteurs

Chooz B1 et Chooz B2 ont été couplés au réseau électrique européen respectivement en

1996 et 1997.

Du permis de construire aux premiers essais

Déclaration d'Utilité Publique.............................................................12/1981

Permis de construire..........................................................................01/1982

Premiers terrassements.....................................................................1982

Premiers bétons.................................................................................01/1984

Début de la phase d'essai et de mise en service ..............................1994

La connexion au réseau

Chooz B1 Chooz B2

25/07/1996.......Première divergence ............................................10/03/1997

38 / 101

30/08/1996.......Premier couplage au réseau électrique .............10/04/1997

09/05/1997.......Première montée à 100 % de puissance ............18/09/1997

15/05/2000....…Mise en Service Industriel ..................................29/09/2000

* divergence : démarrage du processus de réaction en chaîne dans un réacteur

Les arrêts de tranche

Une Visite Complète (tous les 10 ans) compte environ 90 jours, une Visite Partielle (tous les

deux à trois ans) environ 60 jours et un Arrêt pour Simple Rechargement (ASR) environ 30

jours. Le nombre d’activité de maintenance pour un ASR est minimisé : on travaille sur ce qui

est réglementaire ainsi que sur les dysfonctionnements du cycle précédent. En 2004,

chacune des 2 unités de production de Chooz B a vécu un ASR.

Production

Depuis le 15 mai 2000, l'unité de production n°1 es t à disposition du Centre opérationnel

d'optimisation de la production d'EDF. En d'autres termes, Chooz B1 a rejoint les autres

unités de production du parc nucléaire français qui compte 58 réacteurs en fonctionnement.

Démarré en 1996, le réacteur de Chooz B1 a été en phase de lancement et d'essais jusqu'à

la première visite complète qui s'est déroulée en 1999. Aujourd'hui, la production électrique

de Chooz B1 et B2 répondent aux demandes du réseau électrique français.

Production du site en 2005 :

− Chooz B1 : 9,1 TWh (milliards de kilowattheures)

− Chooz B2 : 10,3 TWh

Production globale du site : 19,4 TWh

Soit 2 fois la consommation électrique de la région Champagne-Ardenne en un an et près de

5% de la consommation électrique française.

La France produit ainsi 95 % de son électricité sans production de gaz à effet de serre (84 %

nucléaire et 11 % hydraulique). En 2004, le CNPE de Chooz bat son propre record de

production établi en 2003. De plus, il devient pour la première fois leader des sites nucléaires

français comportant deux unités de production. Ce bon résultat est le fruit d’une meilleure

disponibilité des unités de production, malgré des conditions de sécheresse exceptionnelles

et un débit de la Meuse insuffisant qui a nécessité l’arrêt d’une unité durant trois semaines

pour respecter les directives environnementales.

39 / 101

4. Chooz B et ses caractéristiques techniques

Le palier N4, de conception entièrement française, est constitué de quatre unités de

production, deux à Chooz et deux à Civaux (Vienne). Ce palier technologique intègre trois

innovations majeures : une salle de commande informatisée ; une turbine plus performante,

permettant une puissance de 1 500 Mégawatts ; de nouveaux générateurs de vapeur, dont

le rendement est supérieur. La salle de commande du Palier N4 a été conçue pour faciliter la

prise de décision des opérateurs qui pilotent la centrale.

Avec l'aide d'écrans informatiques mis à leur disposition, les opérateurs disposent ainsi en

temps réel de l'image la plus claire et la plus précise proposée jusqu'ici sur le fonctionnement

d'une unité de production nucléaire. Le N4 est le fruit le plus élaboré du savoir-faire

d’ingénierie et d’exploitation qu’EDF développe depuis plus de 30 ans dans le domaine des

réacteurs à eau pressurisée. Il synthétise les innovations les plus importantes : contrôle

commande informatisé, turbine Arabelle, générateurs de vapeurs améliorés et simulateur.

Des innovations technologiques majeures

• La turbine « Arabelle » :

La turbine Arabelle bénéficie d'une puissance supérieure à celle des générations

précédentes, tout en étant plus compacte. Elle profite de notables perfectionnements

aérodynamiques ; les ingénieurs ont notamment réussi à exploiter plus efficacement le flux

de vapeur, améliorant ainsi son rendement.

• Le système contrôle commande :

Il permet le pilotage de la centrale depuis la salle de commande informatisée et fournit aux

opérateurs une véritable conduite assistée par ordinateur.

• Le générateur de vapeur :

Le nouveau générateur de vapeur, conçu par Framatome, offre une plus grande surface

d’échange, malgré une dimension plus modeste.

• Le simulateur :

Chooz se voit doté depuis mai 1998 du treizième simulateur du Parc Nucléaire, destiné à la

formation des agents des CNPE de Civaux (Vienne) et Chooz, soit le palier standardisé

"N4". Ce type de simulateur est capable de reproduire en temps réel toutes les étapes

40 / 101

normales d'exploitation d'une centrale et plus de 800 scénarii allant d'incident mineur aux

pannes majeures.

41 / 101

III. CHOOZ ET SON FONCTIONNEMENT GENERALE

Le principe de fonctionnement d’une centrale nucléaire s’articule autour de 3 circuits. C’est

au niveau du circuit primaire que se déroule la fission nucléaire. De l’eau chauffée à 320 °C

circule dans ce circuit où elle est mise sous pression pour la maintenir à l’état liquide. C’est

un circuit fermé.

Ensuite, le circuit primaire chauffe le circuit secondaire, lui aussi fermé, par échange

thermique. Dans le générateur de vapeur, c’est l’eau du circuit secondaire qui se transforme

en vapeur. Elle fait tourner une turbine couplée à un alternateur qui produit de l’électricité.

L’électricité transite ensuite sur les lignes à très haute tension à partir du transformateur (il

élève la tension du courant électrique de 20000 V à 400000 V afin de facilité le transport sur

les lignes THT).

À la sortie de la turbine, la vapeur du circuit secondaire est à nouveau transformée en eau

grâce à un condenseur dans lequel circule de l'eau froide en provenance de la mer ou d'un

fleuve. L’eau du circuit de refroidissement (appelé également circuit tertiaire) est refroidit au

contact de l’air dans l’aéroréfrigérant.

La succession de ces 3 circuits traduise les 3 barrières que doit franchir un produit

radioactif ; de la gaine à l’eau primaire, de l’eau primaire à l’eau secondaire, de l’eau

secondaire à l’eau tertiaire. Cependant le fonctionnement propre de chaque circuit à un coût.

Celui d’échangeurs et de générateurs de vapeur complexes.

Les 3 circuits de fonctionnement (source EDF)

42 / 101

Pour information, afin d’éviter les défaillances, la centrale assure en permanence trois

fonctions de sûreté :

• La première a pour but de protéger la gaine du combustible (première barrière) en évitant

toute fusion due à un dégagement de chaleur trop important dans les pastilles de

combustible.

• Contrôler le refroidissement, c'est-à-dire assurer le refroidissement du cœur du réacteur

par la circulation de l’eau. Cette deuxième fonction a aussi pour but la protection de la gaine

du combustible, le refroidissement contribuant à éviter sa fusion.

• Contrôler le confinement, c'est-à-dire organiser le confinement des bâtiments et des locaux

afin de limiter la dispersion des produits radioactifs en fonctionnement normal et en cas

d’incident. Le contrôle du confinement inclut la surveillance de l’étanchéité des barrières.

Les 3 barrières de sûreté (source EFD)

AA.. LLee CCii rrccuuii tt PPrr iimmaaii rree

Le circuit primaire est l’un des trois circuits qui composent une centrale nucléaire, son rôle

est de transmettre la chaleur du cœur du réacteur au circuit secondaire.

C’est donc le circuit principal car sans lui il ne pourrait y avoir de production d’électricité, il

circule au cœur de l’îlot nucléaire dans l’enceinte de confinement (paroi en acier et en béton)

ainsi que dans la cuve où se font les réactions nucléaires.

43 / 101

Au sein de ce circuit circule le fluide de refroidissement (de l’eau sous pression), cette eau

est radioactive du fait des produits de fissions qui arrivent à traverser le gainage et des

produits dissous dans l’eau qui captent les neutrons. Elle contient du bore ce qui lui donne la

faculté d’absorber les neutrons et donc de réguler les réactions nucléaires. C’est pour cela

qu’il est nécessaire de séparer physiquement le circuit primaire du circuit secondaire afin

qu’il n’y ait pas de contamination de l’équipement servant à la production d’électricité.

Il est composé de plusieurs éléments qui ont chacun un rôle spécifique et essentiel au bon

fonctionnement du processus, à savoir une cuve en acier contentant les assemblages de

combustibles (siège des réactions nucléaires), un pressuriseur , et quatre boucles de

refroidissement contentant chacune une pompe primaire (appelée aussi pompe

alimentaire) et un générateur de vapeur .

1. Le Cœur du réacteur

a. La cuve

La cuve est en acier au carbone faiblement allié, elle se présente sous la forme d’un cylindre

fermé en sa partie inférieure par un fond hémisphérique. En sa partie supérieure on y trouve

un couvercle démontable en forme de calotte sphérique. L’étanchéité de ce couvercle est

assurée par deux joints concentriques. Son diamètre est de 4,65m, sa hauteur de 13,66m

avec couvercle et ses parois d’une épaisseur de 23cm. La masse de la cuve est de 342,7

tonnes et celle du couvercle de 84,8 tonnes.

44 / 101

Elle est le siège de la réaction en chaîne nucléaire et est remplie de l’eau du circuit primaire

(à une température variant entre 329°C en entrée co ntre 292°C en sortie des boucles de

refroidissement) qui ne peut bouillir car le pressuriseur garantit une pression suffisante

(155,1bars). Elle possède huit tubules permettant l’entrée et la sortie du fluide primaire pour

les quatre boucles de refroidissement. Le couvercle de la cuve est muni d’adaptateurs sur

lesquels peut se « greffer » les mécanismes de contrôle des grappes.

Vue générale d’une cuve d’un réacteur nucléaire

Source : Techniques de l’ingénieur BN 3 270

Assemblage combustible :

La cuve contient également le combustible (dans l’enveloppe du cœur) qui se présente sous

la forme de pastilles d’UO2 empilées formant ce que l’on appel des crayons (4,793m de

long). Ces crayons sont entourés d’une gaine protectrice en Zirconium et sont agencés en

assemblages . On dénombre 264 crayons par assemblages et 205 assemblages de

combustible dans la cuve, chacun ayant une section de 214mm*214mm et un poids de

45 / 101

780kg. Chaque crayon est bouché à ses deux extrémités et pressurisé à l’Hélium. Ces

assemblages sont maintenus ensemble par des grilles nommées plaques de support .

Combustible nucléaire

Source : Le cycle du combustible-CEA

La gaine protectrice en Zirconium de chaque crayon de combustible est la première barrière

protectrice, en ce sens qu’elle ne filtre pas les rayonnements mais sert simplement de

conteneur évitant ainsi la circulation dans tout le circuit primaire en cas d’effritement des

pastilles d’UO2. La puissance du cœur du réacteur peut être régulée par le biais de grappes

de contrôle

Au sein de ces assemblages de combustibles on peut y trouver des barres de contrôle (en

capture de bore) qui circulent dans des tubes guides. Ces grappes de contrôle sont

constituées de 24 crayons absorbant (barres de contrôle). Une pièce mécanique unique,

nommée « araignée », permet de contrôler le mouvement des 24 crayons simultanément en

les introduisant plus ou moins dans les assemblages (si on les lâche complètement, grâce à

la gravité elles se retrouvent entièrement dans les assemblages permettant ainsi d’arrêter le

réacteur en quelques secondes).

46 / 101

Grappe de contrôle

Source : Techniques de l’ingénieur BN 3 270

2. Les boucles de refroidissements

Elles sont au nombre de quatre et contiennent pour chacune un générateur de vapeur ainsi

qu’une pompe primaire nommée pompe alimentaire.

Il y a également un pressuriseur qui est relié à l’une des boucles de refroidissement

garantissant ainsi une certaine pression.

Représentation d’une cuve et de trois boucles de re froidissement

Source : Techniques de l’ingénieur BN 3 270

a. Le générateur de vapeur

47 / 101

Le générateur de vapeur est un composant essentiel du circuit primaire. Son rôle n’est pas

des moindres car il assure le transfert thermique au meilleur rendement possible entre le

circuit primaire et le circuit secondaire.

C’est un immense cylindre de 21,90m de haut, de 3,70m de diamètre inférieur et 4,76m de

diamètre supérieur et d’un poids de 421 tonnes. Il ne contient pas moins de 5000 tubes sous

forme de « U » inversés. Ces tubes ont un faible diamètre (19 à 22mm) et possèdent une

paroi mince (0.9 à 1.3mm). Ils sont constitués d’un alliage à base de Nickel riche en

Chrome : l’Alliage 690 (NC 30 Fe).

Ils sont maintenus à la base par une plaque « tubulaire » et également maintenus à

intervalles réguliers d’un mètre par des plaques entretoises. Afin d’empêcher toute

vibration de ces tubes, des barres anti-vibratoires (jusqu’à 1.5m de rayon) sont situées

dans la partie haute des tubes (au niveau du coude) permettant la libre dilatation des tubes.

L’eau du circuit primaire, qui est en contact avec le combustible, circule dans les tubes alors

que l’eau du circuit secondaire circule sur les parois externes des tubes. En contact avec les

parois externes des tubes en « U » l’eau du circuit secondaire se vaporise, monte, puis

passe dans un dispositif de séchage (une vapeur sèche permet d’avoir une bonne qualité de

vapeur) et enfin s’échappe sous forme de vapeur sous pression tout en haut du générateur

de vapeur.

48 / 101

Générateur de vapeur

Source : Techniques de l’ingénieur BN 3 270

Ainsi les tubes en « U » jouent le rôle d’isolant du fluide primaire, ces donc pour cela

qu’une attention toute particulière leur est accordée lors des arrêts de tranche.

On dispose de plusieurs moyens pour vérifier leur étanchéité : on remplit les tubes d’Hélium

ou on utilise les courants de Foucaul t pour mesurer leur intégrité physique.

Puisqu’il y a évaporation de l’eau à la surface externe des tubes en « U » un phénomène de

colmatage entre les tubes et les différentes plaques a tendance à se former, afin d’empêcher

cela un traitement base d’eau sous pression est utilisé.

Ainsi l’eau du circuit primaire entre dans le générateur de vapeur après que sa pression est

été « contrôlée par le pressuriseur, elle a communiqué une partie de sa chaleur au fluide

secondaire, en ressort donc plus froide, puis est réinjectée dans la cuve par une pompe

alimentaire avec une certaine.

b. La pompe primaire

49 / 101

Les pompes primaires (pompes d’alimentation) sont justes là pour qu’il y ait une circulation

du fluide car le fluide subit une baisse de vitesse due à des pertes de charge (8 bars). Du fait

des fortes vitesses du fluide elles sont équipées d’une forte capacité de pompage.

Pompe primaire à joint d’arbre à fuite contrôlée.

Source : Techniques de l’ingénieur BN 3 270

Les pompes primaires sont principalement composées de six éléments principaux :

• Un arbre lié à un moteur d’entraînement au bout duquel on fixe le volant d’inertie.

• Un composant hydraulique : aspiration, refoulement axiale et une roue à un étage tournant à 1485tr/min.

• Une barrière thermique liée à trois joints en série faisant baisser la pression à une pression atmosphérique.

• D’un palier d’arbre de pompe (palier d’arbre de pompe hydrostatique placé en ceinture de roue).

• D’un moteur d’entraînement alimenté sous haute tension et refroidi par circulation d’air. (il possède un rotor très rigide)

• D’une butée double.

Une pompe primaire a pour dimension 8,50m de haut et un poids de 116 tonnes. Sa vitesse est de 1485t/min et son débit de 24500m3/h. La puissance de son moteur électrique est de 9590kW pour une tension de 6600V.

c. Le pressuriseur

50 / 101

C’est parce que l’eau est un bon vecteur de transport de la chaleur, que c’est un élément

stable, qu’elle a été retenue pour jouer le rôle de vecteur de transport de la chaleur vers le

circuit secondaire. Néanmoins il faut garantir le fait qu’au sein de la cuve l’eau reste à l’état

liquide et ne se mette pas à bouillir entraînant de ce fait une diminution des coefficients

d’échange thermique. Ce changement d’état de l’eau induira une surchauffe locale du

combustible nucléaire, ce qui est extrêmement dangereux. L’eau doit donc être maintenue à

une pression suffisante (supérieure à la pression de saturation de la plus haute température

qu’aurait le cœur), c’est le rôle du pressuriseur d’assurer cela. Il est composé de tôle en

acier au carbone faiblement allié, d’une hauteur de 13,536m d’une épaisseur de 13cm, d’un

diamètre extérieur de 2,80m et d’une masse à vide de 117tonnes.

Des cannes chauffées électriquement pénètrent dans le fond du pressuriseur et augmente la

température jusqu’à sa température de saturation créant ainsi une couche de vapeur au

dessus d’elle. Lorsque la pression de la vapeur d’eau devient trop élevée un dispositif de

refroidissement se met en place par l’aspersion de cette vapeur par de l’eau du circuit

primaire provenant de la branche froide.

Pressuriseur du circuit primaire

Source : Techniques de l’ingénieur BN 3 270

Ce pressuriseur est relié à une soupape de sécurité (décharge du pressuriseur) qui en cas

de hausse anormale de température du cœur du réacteur joue le rôle de vanne de

décharge de l’excèdent de pression provenant du cœur du réacteur vers un réservoir de

51 / 101

décharge du pressuriseur . Si ce dernier est trop plein, le circuit primaire se met à se vider

dans l’enceinte de confinement (troisième et dernière barrière de sécurité pour contenir la

radioactivité).C’est ce qui s’est passé pour la centrale nucléaire de Three Mile Island où la

soupape de décharge du pressuriseur ne s’est pas refermée après que la pression du cœur

du réacteur est diminuée suffisamment.

Tout ceci implique d’avoir une infrastructure très résistante à la pression.

Afin d’éviter tout drame il faut réguler au mieux cette pression afin d’empêcher une

surpression qui casserai la structure (fuites radioactives) ou une sous-pression qui créerai

une surchauffe du combustible nucléaire.

A la puissance maximale l’eau du cœur atteint une température de 325°C (contre 290°C au

repos) ainsi la pression que délivre le pressuriseur est de 155 bars (ce qui correspond à une

température de 345°C : marge de sécurité).

Le pressuriseur est rattaché à seulement une boucle de refroidissement, ce qui permet de

garantir une pression adéquate pour tout le circuit primaire. Circuit primaire qui comporte une

cuve (siège des réactions nucléaires) chauffant l’eau borée de ce circuit. La pression de

celle-ci est maintenue à 155 bars par le pressuriseur.

Cette chauffer passe par le générateur pour y effectuer un transfert thermique vers le circuit

secondaire. Elle en sort refroidi et est réinjectée dans la cuve par la pompe primaire.

Le générateur joue donc le rôle d’interface thermique entre le circuit primaire et le circuit

secondaire.

BB.. LLee CCii rrccuuii tt SSeeccoonnddaaii rree

Le circuit secondaire permet la conversion de l’énergie hydraulique en énergie mécanique.

En effet l’eau secondaire se vaporise au contact du fluide primaire dans le générateur de

vapeur, et cette vapeur sous pression vient activer la rotation de trois turbines en série,

actionnant par leur rotation un alternateur. Cette vapeur une fois passée par ces turbines,

traverse un condenseur (alimenté par le circuit tertiaire) et repart au générateur de vapeur,

fermant ainsi le cycle secondaire.

L’une des particularités des centrales du palier N4 par rapport au palier précédent est sa

turbine révolutionnaire : la turbine Arabelle, construite par GEC - Alsthom. Cette dernière

comprend en une seule ligne un corps Haute Pression et Moyenne Pression (HP/MP)

combiné (reflux de la vapeur au sein de ce corps), ainsi que trois corps Basse Pression (BP).

Elle innove par le fait de posséder cette première turbine combinée, les centrales des paliers

52 / 101

inférieurs ne possédant qu’une simple turbine HP en plus des 3 turbines BP. La turbine

Arabelle est plus légère, plus compacte : en transposant la turbine du palier 1300MW, elle se

révèle plus légère de 12% et plus courte de 7m. Son rendement est amélioré par rapport aux

turbines précédentes (plus de 2% d’amélioration globale du rendement). Ce gain est en

grande partie dû au passage de la vapeur en flux unique dans la turbine HP (jusqu’à une

pression d’environ 3,3bars) au lieu de se diviser en flux partiels dès l’admission mais

également un meilleur aérodynamisme. Pour une masse totale de 3 150 tonnes et un arbre

d’une longueur de 68 mètres de long, la turbine Arabelle s’inscrivait à sa création comme la

turbine à vapeur la plus puissante du monde.

La turbine Arabelle

Source : Electricité de France

Quelques caractéristiques de la turbine Arabelle :

• Entré corps HP : 71bars, T=286,3°C, Débit=2126kg/s

• Entrée corps MP : 50,05bars, T=268,3°C, Débit=1482 kg/s

• Entrée corps BP : 3,2bars, T=151,04°C, Débit=460kg /s

53 / 101

• Masse des éléments en rotation : 620 tonnes

• Diamètre dernière roue MP : 4,15m

• Ensemble turbine alternateur : 68,77m

• Vitesse de rotation : 1500 tours/min

• Puissance électrique : 1520MW

• Temps de démarrage à froid : 3h40 ; à chaud : 1h50

En une minute, 50MW supplémentaires peuvent être fournis pour répondre à la demande de

la consommation

Schéma du circuit secondaire (palier N4)

Le schéma ci-dessus résume le cheminement du fluide secondaire dans le circuit. Tout

d’abord, la vapeur sortie du générateur de vapeur se dirige vers la partie HP du corps

HP/MP. Au moyen d’un soutirage vapeur sur cette canalisation entrante, un sécheur-

surchauffeur est alimenté via la vapeur vive afin de sécher la vapeur issue de la partie HP du

corps HP/MP avant sa seconde entrée dans la partie MP du corps HP/MP. Ensuite cette

vapeur, dont la pression est désormais abaissée à 4bars, se dirige en parallèle vers les trois

corps BP avant de passer dans le condenseur afin de se transformer en eau. Elle est enfin

réchauffée et repulsée sous forme de vapeur dans le générateur de vapeur.

De nombreux soutirages vapeur existent sur le circuit secondaire en plus de celui destiné à

l’alimentation du sécheur surchauffeur. A la sortie des corps BP, un soutirage permet

l’alimentation de trois réchauffeurs BP qui viennent réchauffer l’eau à la sortie du

54 / 101

condenseur, amenant l’eau de 20°C à 90°C. L’eau arr ive alors dans la bâche alimentaire dite

dégazante. Cette bâche est composée un réservoir de 45,50m de long, 4,20m de diamètre,

d’une masse de 235 tonnes et d’un volume de 600m3 ; il y règne une température de 207°C

et une pression de 18bars. Un soutirage vapeur sur la partie MP du corps HP/MP permet

l’envoi de vapeur dans la bâche alimentaire qui a pour effet de retirer tous les gaz présents

dans l’eau de la bâche, gaz qui seront évacués dans le dégazeur, réservoir adjoint à la

bâche, d’une longueur de 32,60m, de 3m de diamètre et d’une masse de 113 tonnes. A la

sortie de la bâche l’eau est alors pulsée au moyen d’une turbopompe nourricière permettant

l’alimentation continue de la pompe alimentaire. Enfin l’eau pulsée par cette dernière est

réchauffée lors de son passage dans deux réchauffeurs HP alimentés par un soutirage

vapeur sur la partie HP du corps HP/MP. Tous les fluides alimentant les réchauffeurs sont

ensuite redirigés vers le condenseur fermant ainsi la boucle.

L’alternateur est l’élément du groupe turboalternateur permettant la transformation de

l’énergie mécanique (rotation de l’arbre) en énergie électrique. Cette transformation repose

sur le principe d’induction électromagnétique de Faraday. Un alternateur est composé de

deux corps :

• un rotor, qui joue le rôle d’inducteur : il s’agit d’un électro-aimant, alimenté en courant

continu et en rotation dans le stator

• un stator, qui joue le rôle d’induit : il s’agit d’un bobinage dans lequel est généré un courant

alternatif triphasé

L’alternateur de la turbine Arabelle est d’une longueur de 17,57m ; le diamètre du rotor et du

stator sont respectivement de 1,95m et 4,15m et leur masse de 230 tonnes et 505 tonnes.

Sa puissance est de 1750MVA, le courant généré est d’une intensité de 49 363A et d’une

tension de 20 000V.

Le condenseur est l’interface entre le circuit secondaire et tertiaire, communiquant la chaleur

du premier au second. Il remplit donc un rôle de source froide pour le circuit secondaire. Le

but du condenseur est de liquéfier la vapeur sortie des corps BP afin de réinjecter l’eau

obtenue dans le circuit en direction du générateur de vapeur. Il se présente sous la forme

d’un grand cylindre (37,10m de long, 21,50m de large et 15,49m de haut) contenant un

réseau de tubes dans lesquels circule l’eau du système de refroidissement (circuit tertiaire) à

un débit de 48,35m3/s. Ces tubes sont au nombre de 128856 présentant une surface

d’échange de 103227m². Des pompes à vide assurent le vide dans le cylindre.

55 / 101

CC.. LLee CCii rrccuuii tt TTeerr tt iiaaii rree

Ce circuit est la source froide du circuit secondaire. Sur le palier N4, comme de nombreuses

centrales récentes, ce circuit est fermé. L’eau de refroidissement après son passage dans le

condenseur, se redirige vers la tour aéroréfrigérante, ouvrage le plus visible de la centrale,

afin d’y être refroidie à son tour. En raison des pertes éventuelles d’eau tertiaire par

évaporation lors de son refroidissement dans la tour, un système d’appoint en eau est greffé

sur le circuit permettant d’assurer un volume constant au sein de ce dernier.

La tour aéroréfrigérante, ouvrage imposant (diamètre à la base : 134,45m ; diamètre à son

sommet : 87,83m ; hauteur 172m), est destinée à refroidir l’eau du circuit tertiaire. L’eau de

refroidissement passe dans des tubes équipés de diffuseurs permettant une distribution sous

forme de pluie au moyen de rampes de distribution. Elle s’écoule alors sur des « packings »

(nids d’abeille), zone d’échange thermique entre air et eau, afin d’être refroidie par un

courant d’air ascendant (hauteur d’entrée d’air : 14,10m). Cette eau refroidie est enfin

collectée dans un bassin au bas de la tour et réinjectée dans le circuit tertiaire en direction

du condenseur.

Quelques chiffres sur la zone d’échange :

• Débit d’eau à refroidir : 174000m3/h soit 48,35m3/s

• Température de l’eau à l’entrée : 35°C

• Température de l’eau à la sortie : 21,5°C

• Perte par évaporation : 0,75m3/s soit 1,5%

Un appoint en eau de Meuse est nécessaire pour combler cette perte par évaporation

(800L/s pour chacune des tours).

56 / 101

Tour aéroréfrigérante

Source : Electricité de France

DD.. lleess aauuttrreess ccii rrccuuii ttss ddee llaa cceenntt rraallee

Deux autres types de circuits sont présents en suppléments des trois circuits principaux : les

circuits auxiliaires, permettant principalement le contrôle de la réaction en fonctionnement

normal mais également le refroidissement de certains matériels, et les circuits dits de

sauvegarde destinés à rétablir la sécurité dans la centrale.

1. Les circuits auxiliaires

Le circuit primaire est la partie critique d’une centrale nucléaire. Il véhicule des particules

radioactives et nécessite une surveillance constante afin que son intégrité soit respectée. En

effet, la montée en température du cœur peut avoir des conséquences désastreuses. Aussi

de nombreux systèmes de sécurité ont été adjoints à ce dernier afin de préserver cette

intégrité, pallier à des situations d’urgence et ainsi protéger les hommes et l’environnement.

Tout ce qui suit concerne les circuits de sauvegarde pour une tranche uniquement.

a. Les circuits SEC et RRI

Afin de pouvoir refroidir les eaux des circuits de sauvegarde, un système de refroidissement

existe dans la centrale : les circuits SEC (Circuit d’eau brute secourue). Ce circuit est un

circuit ouvert, faisant circuler de l’eau provenant de la source d’eau froide de la centrale, la

Meuse en l’occurrence. Ce dernier, seul circuit à faire circuler de l’eau brute (non

57 / 101

déminéralisée, non traitée) dans la centrale, est essentiel car il constitue la seule source

froide pour le réacteur. Il fonctionne en continu, une centrale ayant toujours besoin d’être

refroidie.

Le circuit SEC est composé de deux lignes disposées en parallèle, chacune prélevant de

l’eau dans la Meuse en amont (cf. station de pompage) et la rejetant en aval. Chaque ligne

possède est constituée des éléments suivants :

• Une pompe, dont le débit est de l’ordre de 3500m3/h (chacune des pompes des deux files fonctionne à 100% du débit).

• Une tuyauterie alimentant l’échangeur SEC/RRI (chacune de deux files participe à 50% de l’échange thermique avec le circuit RRI).

Le circuit RRI (système de réfrigération intermédiaire) est un circuit d’eau déminéralisée. Il

est un élément sécurité car il joue un rôle tampon entre le circuit SEC vu précédemment et

les autres circuits de sauvegarde de la centrale. Il échange alors sa chaleur avec ces

derniers (cf. plus loin), refroidissant ainsi les eaux des systèmes de sécurité, puis transmet

cette chaleur à l’eau brute circulant dans le SEC au moyen de l’échangeur thermique

SEC/RRI.

Le RRI est également constitué de deux entités parallèles A et B, chacune présentant les

composants suivants :

• deux pompes pouvant assurer chacune 100% du débit en fonctionnement accidentel

• un échangeur thermique (SEC/RRI) partagé entre A et B

• un ensemble d’utilisateurs (réseaux de sécurité se refroidissant à son contact)

• des vannes pneumatiques l’alimentation de ces utilisateurs par l’autre file

• une tuyauterie et des robinets

Chaque file possède également un réservoir d’expansion ainsi qu’une bâche permet son

appoint en eau déminéralisée.

58 / 101

Schéma des circuits SEC et RRI

Le circuit SEC fonctionne alternativement avec une ou deux files actives. En fonctionnement

normal, seul l’une des deux files n’est active. Au démarrage de la tranche comme pour la

mise à l’arrêt du réacteur, les deux files sont actives. La défaillance d’une file ne remet pas

en cause la sécurité du réacteur : en cas de panne, l’évacuation de la puissance résiduelle

de ce dernier étant seulement allongée. En cas d’accident, les deux files sont mises en

service afin d’évacuer le plus vite et le plus efficacement la puissance. Enfin, fonctionnant

alternativement, l’entretien de ces files est effectué sans que cela ne perturbe l’activité de la

centrale.

L’existence du circuit RRI se justifie quant à lui par le fait de contrer la possibilité de rejets de

matières radioactives via la rupture d’un échangeur thermique entre le SEC et l’un des

circuits de sauvegarde, le RRI jouant alors pleinement ce rôle de tampon. Le second intérêt

de ce RRI est le fait de ne pas avoir d’eau brute en circulation dans les zones sensibles du

réacteur, l’eau brute n’étant pas d’un niveau de propreté suffisant pour assurer une sécurité

des installations.

Le circuit RRI permet le refroidissement de nombreux matériels de l’îlot nucléaire :

• les réfrigérants nécessaires à la mise à l’arrêt du réacteur (pompe et échangeur RRA)

• le système de sauvegarde (EAS)

• les réfrigérants nécessaires au refroidissement de la piscine du bâtiment combustible (PTR)

• divers systèmes de ventilation

• etc.

b. Le circuit RRA

Le circuit RRA (refroidissement à l’arrêt) est destiné comme son nom l’indique au

refroidissement du réacteur à l’arrêt. Lors que l’arrêt du réacteur est ordonné, les barres de

contrôle sont insérées entièrement dans le cœur et des injections d’acide borique sont

effectuées. Cependant même si la réaction en chaîne est stoppée, le réacteur conserve une

certaine inertie et mettrait de nombreux jours à se stopper. Le cœur continue à produire de la

chaleur, ce qui pourrait endommagés les assemblages de combustible. Il est donc impératif

d’abaisser rapidement sa température et sa pression (155bars et 320°C en fonctionnement

normal) par le générateur de vapeur d’une part puis, quand les conditions deviennent plus

59 / 101

favorable (28bars, 180°C) par le circuit RRA qui vi ent court-circuiter les boucles de

refroidissement, apportant ainsi de l’eau froide dans le cœur (cf. schéma).

Ce RRA est constitué donc de deux sections, chacune composée de :

• un échangeur thermique RRI/RRA permettant à l’eau du circuit primaire de se refroidir.

• une pompe.

• des vannes permettant d’actionner ou réguler ce système de refroidissement.

• une tuyauterie se greffant sur deux des boucles de refroidissement amenant l’eau froide

par l’intermédiaire d’un té situé après la pompe primaire.

Schéma du circuit RRA

Le circuit de refroidissement du réacteur à l’arrêt (RRA) est l’élément le plus célèbre des

centrales du palier N4. En effet, le réacteur Civeaux-1, jumeau des réacteurs Chooz B1 et

B2, révéla peu de temps après sa mise en service une défaillance au niveau du RRA. Le té

de mélange thermique entre l’eau froide provenant de l’échangeur RRI/RRA et l’eau chaude

provenant de la pompe primaire et du générateur de vapeur révéla une fissuration sur le

réacteur Civaux-1. Cela était dû à une confrontation symétrique des eaux chaudes et froides,

fragilisant le matériau. Des solutions ont été définies et des modifications ont été faites suite

à cela sur les deux centrales du palier N4 :

• modification de la géométrie du té de mélange en provoquant une dissymétrie et éloignant

de la soudure le lieu du mélange.

• traitement spécifique de l’acier utilisé dans la zone du té de mélange pour le rendre plus

résistant.

60 / 101

• limitation de la durée de fonctionnement du circuit RRA avec contrôles accentués sur la

zone fragilisée.

c. Le circuit RCV

Le circuit de contrôle chimique et volumétrique (RCV) est un élément essentiel de la centrale

nucléaire car c’est lui seul qui permet la régulation de la réaction en chaîne qui se produit

dans le cœur. Ce circuit a plusieurs rôles :

• La régulation de la réaction en chaîne en influant directement sur la concentration en bore

de l’eau du circuit primaire.

• La régulation de la masse d’eau contenue dans le circuit primaire, qui influe sur la pression

présente dans le circuit et permet l’appoint en eau suite aux fuites normales des joints des

pompes primaires.

• La filtration du fluide primaire afin d’en retirer les impuretés dues à la corrosion des

matériaux constituants du circuit primaire.

Le circuit RCV est, comme le RRA, branché en parallèle sur la branche froide d’une boucle

de refroidissement. A la différence de ce dernier, le circuit RCV ne possède pas d’échangeur

thermique avec le RRI ; son but n’est pas le refroidissement du cœur mais uniquement la

régulation de la nature du fluide primaire. Il se compose comme suit :

• Deux filtres situés en parallèle : l’un destiné à filtrer les éléments de corrosion présents

dans le fluide primaire, débris qui peuvent endommager les installations, et un second filtre

plus fin destiné à retirer les éléments minéraux du fluide (le bore notamment)

• Un système d’injection d’acide borique permettant de rehausser le niveau en bore dans le

fluide primaire et ainsi neutraliser la réaction en chaîne

• Un système d’injection d’eau déminéralisée permettant d’effectuer un appoint en volume

de l’eau présente dans le circuit primaire

• Un échangeur thermique RCV/RCV destiné à réchauffer l’eau sortant des filtres au moyen

de l’eau entrante

• Une tuyauterie, une pompe de recirculation et des vannes permettant son isolement

On précisera que les systèmes d’injection de bore et d’eau déminéralisée puisent dans des

bâches dites bâches REA.

61 / 101

Schéma du circuit RCV

c. Les autres circuits auxiliaires :

On notera seulement que de nombreux circuits auxiliaires existent. Par exemple un autre

réseau d’eau brute pour la centrale, pendant du circuit SEC pour le circuit secondaire,

appelé circuit SEN existe. Ce dernier sert à refroidir un second circuit, le SRI, équivalent du

RRI, qui est destiné au refroidissement des équipements (ex : turbopompes alimentaires).

Nous pouvons également citer le circuit PTR de réfrigération et de purification de l’eau des

piscines, permettant l’évacuation de la chaleur résiduelle des éléments combustibles irradiés

stockés dans la piscine de désactivation

2. Les circuits de sauvegarde de la centrale

a. Les circuits EAS et RIS

En cas de brèche dans le circuit primaire (perte de fluide primaire), le réacteur est mis à

l’arrêt mais continue de dégager de la chaleur. Pour préserver au maximum du possible

l’intégrité des assemblages combustible et des installations (équipements de la cuve et

boucles de refroidissement), il est impératif d’avoir un ou plusieurs moyens d’action sur le

cœur. Deux systèmes de sécurité en situation d’urgence existent : les circuits EAS

(aspersion de l’enceinte) et RIS (injection de sécurité).

Le circuit d’aspersion de l’enceinte (EAS) consiste en la diffusion d’eau borée introduite par

pulvérisation depuis les rampes d’aspersion situées sous le dôme de l’enceinte. Cette pluie a

pour but de condenser la vapeur de fluide primaire radioactif se dégageant de la brèche afin

62 / 101

de limiter l’expansion de la radioactivité. Le circuit d’injection de sécurité (RIS) consiste quant

à lui à injecter cette eau borée directement dans le cœur. Ces deux systèmes, basés plus ou

moins sur la même architecture coexistent et sont complémentaires. Ils se distinguent par le

fait que le circuit RIS à la différence du circuit EAS ne nécessite pas le passage dans un

échangeur thermique RRI.

Cette eau provient de deux sources possibles. Dans un premier temps, elle est prélevée

dans la bâche PTR, réservoir d’eau borée servant entre autres au remplissage de la piscine

du bâtiment réacteur lors des déchargements de combustible. Cette source n’est pas

infinie et, ne présentant plus un volume suffisant généralement au bout de quelques dizaines

de minutes, est remplacée par l’eau recueillie dans les puisards du bâtiment réacteur, les

circuits EAS et RIS fonctionnant alors en circuit fermé.

Schémas des circuits EAS et RIS

Circuits EAS et EAS

63 / 101

Source : Autorité de Sûreté Nucléaire

Cette eau provenant des puisards est puisée par des pompes protégées par des filtres

indispensables au filtrage des débris dus à la dégradation du circuit primaire (particules de

calorifuge, de béton ou de peinture) susceptibles d’endommager les systèmes de sûreté

sans être lui même colmaté par ces débris. Ces filtres ont été mis en lumière ces dernières

années par l’Autorité de Sûreté Nucléaire suite à une étude sur leur dimensionnement. Il

semblerait que, pour des situations très critiques, il serait probable que les débris ne

permettent pas à l’eau de circuler au travers de ces filtres. Ce problème touche à divers

niveaux l’ensemble des centrales françaises (particulièrement les plus anciennes – palier

900MW) et a fait l’objet de récentes modifications sur chacune d’elles.

Puisard d’un bâtiment réacteur du palier N4 avec se s filtres

Source : Autorité de Sûreté Nucléaire

b. Le circuit ASG

Le circuit d’alimentation de secours des générateurs de vapeur (ASG) est le dernier élément

des circuits de sauvegarde. Son rôle est d’alimenter en eau le poste d’eau des générateurs

de vapeur (partie haute) en cas de brèche sur le circuit secondaire afin de refroidir le fluide

primaire par l’échangeur thermique que constitue le GV et ainsi de participer au

refroidissement du réacteur à l’arrêt. Ce circuit est alimenté par des turbopompes qui

viennent puiser l’eau nécessaire dans un réservoir prévu à cet effet : la bâche ASG. Il est

activé également à chaque renouvellement du combustible : à chaque arrêt du réacteur et

démarrage de la tranche.

64 / 101

Schéma du circuit ASG

Ce système, tenant compte des enseignements de Three Mile Island permet la décharge du

pressuriseur en cas de surpression du circuit primaire. Il comprend trois lignes de décharge

équipées chacune de deux soupapes de sûreté montées en tandem et pilotées par la

pression de la vapeur condensée du pressuriseur.

La première soupape de chaque ligne est en permanence fermée et ne s’ouvre qu’en cas de

surpression. La vapeur en excès est alors évacuée dans le réservoir de décharge du

pressuriseur où elle se condense. La seconde soupape est une soupape à deux voies qui

est toujours ouverte et ne se ferme que si le circuit primaire est dépressurisé.

Système de protection contre les surpressions

Source : Technique de l’ingénieur – Réf. BN3270

65 / 101

Récapitulatif :

Le schéma ci-dessous résume assez bien les différents circuits présents dans la centrale. Il

n’est présenté qu’à titre indicatif et ne reflète pas intégralement la réalité. Ce dernier décrit

schématiquement le fonctionnement d’une centrale de type REP mais on remarquera que le

circuit tertiaire n’est pas ici en circuit fermé.

66 / 101

IV. CHOOZ ET SES INFRASTRUCTURES

Comme toutes les centrales nucléaires, la centrale de Chooz possède une organisation de

ces bâtiments assez standards. On distingue tout d’abord parmi ces derniers la tranche, où

se localise véritablement la production. Chooz en possède deux (Chooz B1 et Chooz B2),

indépendantes, comportant chacune les mêmes bâtiments organisés en deux entités : l’îlot

nucléaire (où l’on retrouve le réacteur) et l’îlot conventionnel. On trouve également un certain

nombre de bâtiments communs aux deux tranches, bâtiments administratifs comme de

production. Nous décrirons chacun des bâtiments ci-après.

Plan de masse de la centrale de Chooz

Source : Technique de l’ingénieur – Ref. BN3260

67 / 101

AA.. LL’’ îîlloott nnuuccllééaaii rree

L’îlot nucléaire est la partie sensible d’une centrale car il contient le réacteur nucléaire,

contenant les composants radioactifs de la centrale : cœur, circuit primaire et autres circuits

auxiliaires et de sauvegarde, assemblages combustibles usés ainsi que des installations de

traitement des effluents. Il doit donc répondre à un certain nombre de normes de sûreté

nucléaire qui seront traitées.

Les bâtiments principaux de l’îlot nucléaire sont les suivants :

• Le bâtiment réacteur (BR)

• Le bâtiment combustible (BK)

• Le bâtiment électrique et des auxiliaires de sauvegarde (BAS/BL)

• Le bâtiment des auxiliaires nucléaires (BAN)

Organisation des bâtiments : vue en plan niveau 15, 12

Source : Technique de l’ingénieur – Ref. BN3260

68 / 101

1. Le bâtiment réacteur (BR)

Le bâtiment réacteur est le centre de l’îlot nucléaire tant dans le fonctionnement que dans la

position géographique. Il accueille l’intégralité du circuit primaire avec la cuve où se déroule

la réaction en chaîne.

Les équipements du circuit primaire sont situés dans des casemates (comme la plupart des

équipements de la centrale) les protégeant ainsi de toute agression interne due à la

projection d’un corps (élément sous pression projeté) mais également du rayonnement, ceci

permettant l’intervention des équipes de maintenance à l’arrêt du réacteur. Les deux circuits

RRA, comportant chacun un échangeur et une pompe sont raccordés aux boucles de

refroidissement du circuit primaire. La cuve quant à elle est placée de telle manière à ce que

le couvercle coïncide avec le fond de la piscine du bâtiment réacteur. Une tôle de protection

(de 130mm d’épaisseur) solidaire de la cuve et du génie civil fait écran de protection afin de

parer l’éventualité qu’un élément du mécanisme des grappes de commande ne vienne

heurter l’enceinte en cas de rupture (on rappelle qu’il règne une pression de plus de 150

bars au sein de la cuve).

La piscine permet la manipulation des équipements internes de la cuve : équipements

inférieurs et supérieurs comme les plaques support dont le rôle est de maintenir les

assemblages en place ou encore l’écran thermique permettant d’uniformiser le rayonnement

dans la cuve en limitant ce dernier dans les zones d’intense activité. Cette piscine, remplie

d’eau borée lorsque le couvercle est ouvert, possède le stockage dans des compartiments

distincts de ces équipements, permettant ainsi l’accès aux assemblages combustibles. Ces

derniers sont enlevés par l’intermédiaire d’une machine de chargement qui réalise les

opérations de renouvellement du combustible. On conservera toujours une garde d’eau

d’une hauteur de 3,20m lors de la manipulation de combustible irradié. Cette piscine, enfin,

est reliée au bâtiment combustible par l’intermédiaire d’un canal de transfert (communication

de la partie inférieure des deux bâtiments) permettant le passage d’un bâtiment à l’autre de

l’assemblage à l’état horizontal, ce qui implique une opération de basculement de ces

assemblages avant et après transfert.

Les éléments de sûreté du bâtiment réacteur sont à la fois les procédures et matériel d’arrêt

d’urgence et de refroidissement du réacteur pour évacuer sa puissance résiduelle (circuits

de sauvegarde) mais également son confinement au moyen d’une double enceinte.

69 / 101

Bâtiment réacteur de Civaux (fermeture du couvercle de la cuve après rechargement)

Source : AREVA NP

2. L’enceinte de confinement

L’intégrité du bâtiment réacteur est préservée par une enceinte de confinement à double

paroi. La paroi interne est constituée de béton précontraint et sa paroi externe de béton armé

toute deux distantes d’un espace de 1,80m de large .La paroi externe est dimensionnée de

telle manière à résister à certaines agressions, protégeant la paroi interne. Elle résiste donc

aux intempéries et variations d’ensoleillement mais résiste également et surtout aux

agressions externes telles que les chutes d’avion. Leurs dimensions sont respectivement de

43,80m et 50,90m de diamètre, de 59,85m et 63,18m de haut et d’une épaisseur de 0,55m

et 1,20m.

L’enceinte est traversée par de nombreuses canalisations. Chacune d’elle a la possibilité

d’être fermée afin de reconstituer l’étanchéité de l’enceinte en cas de rupture. De même

l’étanchéité est assurée lors de l’entrée de personnel ou de matériel dans le bâtiment

réacteur. Pour cela trois sas existent :

• Un sas gros composant, clos pour une calotte sphérique, permet comme son nom l’indique

de faire entrer de gros composants tels que la cuve ou les générateurs de vapeur. On

rappelle que les assemblages pénètrent dans le BR uniquement par le tube de transfert le

reliant au BK.

• Un sas destiné au passage du petit matériel lors des opérations de maintenance

70 / 101

• Un sas pour le passage des personnels habilités à entrer dans le BR lors des arrêts de

tranche.

Elle permet la récupération des fuites de la paroi interne par mise en dépression de l’espace

inter-enceinte. Le système mis en place est donc un confinement dynamique, constituant la

troisième barrière contre l’expansion de la radioactivité dans l’environnement après la gaine

du combustible et le circuit primaire. Le confinement est également assuré par un contrôle

de la teneur en hydrogène de l’air régnant dans l’enceinte, afin d’éviter une surpression sur

la paroi interne.

3. Le bâtiment combustible (BK)

Le bâtiment combustible jouxte le bâtiment réacteur. Ses dimensions sont de 38,25m de

haut pour 28m de long et 26,40m de large. Après 4 cycles (un cycle durant environ 18 mois),

le combustible est retiré de la cuve du bâtiment réacteur. Les assemblages combustibles

usagés ne sont pas stockés sous l’enceinte. Cela aurait conduit à un surdimensionnement

de l’enceinte et un surcoût des installations. Le principe a donc été adopté pour nos

centrales de transférer les assemblages dans les piscines du bâtiment combustible via un

tube de transfert de 7m de long et de 0,50m de diamètre. Le BK possède deux piscines en

plus de ce dernier : une piscine de désactivation et une fosse de déchargement, respectant

ainsi le principe premier d’une centrale : toutes les opérations de manutention sont

effectuées sous l’eau.

Le BK est également l’entrepôt du combustible neuf. Il comporte un local de stockage des

nouveaux assemblages, des postes d’examen des éléments de combustibles neufs et

irradiés ainsi qu’un hall de déchargement des conteneurs de combustible irradié.

Combustible neuf et irradié arrivent à la centrale par le rail jusqu’au terminal de Vireux

Molhain. Ils sont ensuite acheminés jusqu’à la centrale par convoi routier.

Il comporte également du matériel annexe tel que les éléments du circuit de refroidissement

des eaux de piscines (PTR) qui circule sous la piscine sans contact direct avec celle-ci à un

débit de 380m3/s, le matériel du circuit ASG et sa bâche, ainsi que l’alimentation électrique

de secours du circuit RCV. Il contient enfin des matériels autres tels que la centrale de

ventilation du bâtiment combustible (ventilation redondante et possédant un système de

filtration de l’iode radioactif), les circuits de mini-balayage de l’enceinte et ceux de mise en

dépression de l’espace inter-enceinte.

71 / 101

La piscine de stockage, d’une longueur de 12,50m, d’une largeur de 7,50m et d’une

profondeur de 14,30m, est dimensionnée de la manière suivante :

• En surface, par le nombre d’assemblages combustibles en tenant compte de la possibilité

de déplacement des assemblages ainsi que la possibilité de stocker les assemblages

présents dans le cœur en cas de déchargement d’urgence. On y compte 612 alvéoles de

stockage.

• En hauteur, par deux fois la longueur de l’assemblage à laquelle on ajoute la garde d’eau

de 3,20m pour la protection du personnel lors des activités de manutention.

• Chaque alvéole est dimensionnée pour accueillir un assemble en prenant une marge de

sécurité afin d’écarter tout risque de criticité.

La piscine de stockage est légèrement surélevée pour permettre un basculement à

l’horizontal des assemblages lors de leur transfert par le tube. Elle se situe au même niveau

que la piscine du bâtiment réacteur. Sa température en situation normale est de 50°C et en

situation de déchargement de 60°C.

L’évacuation du combustible usé est effectuée sous fosse. Le combustible irradié est

conditionné dans son emballage de transport (château) de la manière suivante. Le château

est directement placé de manière étanche sous la piscine de stockage, il n’y a plus alors

qu’à descendre le combustible irradié dans celui-ci. Ce principe supprime ainsi le risque de

chute du combustible lors de sa mise dans le château.

Piscine de stockage du bâtiment combustible (Civaux )

Source : Electricité de France

72 / 101

4. Le bâtiment électrique et des auxiliaires de sa uvegarde (BAS/BL)

Ce bâtiment à double emploi se partage artificiellement entre une partie équipements

mécaniques aux étages inférieurs (BAS) et une autre partie équipements électriques aux

étages supérieurs (BL).

Les locaux de sauvegarde sont constitués de différentes casemates partitionnant ainsi le

bâtiment. Il contient ainsi les matériels des circuits de sauvegarde EAS et RIS (du côté du

BR) notamment les pompes utilisées pour puiser dans les puisards du bâtiment réacteur.

Ces matériels sont contenus dans des cuves métalliques évitant ainsi la contamination des

autres lors de sa rupture. Le BAS contient également le matériel du circuit de refroidissement

RRI ainsi que le matériel nécessaire à la ventilation du bâtiment.

Les locaux électriques accueillent l’ensemble des moyens de commande de la tranche. On

compte parmi eux :

• La salle de commande et les locaux d’exploitation occupés en permanence par le

personnel.

• Les alimentations électriques (puissance et source de contrôle commande).

• Le contrôle commande de la tranche, emblème du palier N4.

• Les équipements électriques (6,6kV, 380V).

Le contrôle commande se compose de calculateurs, d’armoires électroniques ainsi que des

centrales de ventilation et des batteries qui le rend fonctionnel en cas de panne.

En toiture de ce bâtiment, on trouve les tuyauteries principales eau/vapeur cheminant entre

le BR et la salle des machines.

Ce double bâtiment est protégé contre les effets de projectiles, les explosions, les séismes

ainsi que les ruptures de tuyauterie. Il est fréquent que les connections tant pour les câbles

que pour les canalisations soient redondantes. Quand cela est le cas, les voies redondantes

sont séparées physiquement.

Le bâtiment réacteur, le bâtiment combustible ainsi que le bâtiment électrique et des

auxiliaires de sauvegarde sont schématisés en coupe longitudinale sur le schéma suivant.

On peut ainsi voir certaines interactions comme le tube de transfert, ainsi que l’emplacement

des principaux éléments.

73 / 101

Organisation des bâtiments – coupe longitudinale

Source : Technique de l’ingénieur – Ref. BN3260

5. La salle de commande

La salle de commande d’une tranche du palier N4, de conception Electricité de France et

Sema Group, se distingue des salles de commande présentes dans les autres centrales

françaises par son contrôle commande entièrement informatisé, constituant un véritable

système expert. Lors d’une situation d’urgence, l’informatisation des données fait en sorte

que le système sécurise automatiquement la centrale avant que l’opérateur ne puisse

intervenir. Les procédures d’urgence sont également lancées automatiquement. De plus, le

système est capable de déceler une erreur de commande de l’opérateur.

La salle de commande est l’interface homme-machine d’un système à plusieurs

abstractions :

• Le niveau 0 : les capteurs et actionneurs présents dans la centrale sur les équipements de

mesure et d’action tels que les mécanismes de commande des grappes de commande ou

les systèmes d’injection de bore du circuit RCV ;

• Le niveau 1 : le contrôle-commande (153 armoires d’automatismes, 17 calculateurs) ;

74 / 101

• Le niveau 2 : l’IHM, c’est-à-dire la salle de commande informatisée ;

• Le niveau 3 : la gestion technique (locale ou non).

Le site de Chooz abrite 17 calculateurs VAX 4000-700 et trente stations de travail reliées par

un réseau Ethernet doublé. Afin d’éviter les perturbations électromagnétiques, la fibre

optique a été préférée aux câbles blindés. Environs 12000 capteurs installés sur la centrale

fournissent des multitudes d’informations. De leur côté, les 153 automates par tranche sont

reliés au réseau local et gèrent plus de 19000 ordres.

Cette architecture permet une amélioration de la sûreté et de l’efficacité de la conduite en

toutes situations par :

• Une réduction de la charge des opérateurs en associant commandes et informations,

actions de conduite et de maintenance.

• Un traitement d’alarme puissance.

• Une présentation fiable et pertinente des informations.

• Une aide au diagnostic.

De plus tous les ordres sont passés via un réseau local industriel à haute disponibilité de

Sema Group. Tous les éléments importants pour la sûreté sont redondants selon deux voies

A et B, chacune des voies pouvant commander l’intégralité des fonctions de commande de

la tranche.

La salle de commande comprend de nombreux équipements. Tout d’abord un panneau

synoptique couvrant deux murs permettant de visualiser de manière schématique l’intégralité

de la tranche. Les figurés restent les mêmes quel que soit l’état d’alerte, seule sa couleur. La

salle comporte 4 postes opérateurs comportant chacun :

• 4 écrans d’alarmes

• 3 écrans de commande

• 3 écrans sensitifs de commande, de compte-rendu et de gestion de poste

• Des périphériques tels qu’une boule roulante, des claviers de dialogue d’alarmes et de

commandes

• Un afficheur alphanumérique

• Un lecteur de badge

75 / 101

La salle contient également des moyens conventionnels d’action d’urgence. De plus, en cas

de perte de la conduite informatisée, un panneau auxiliaire pour la conduite conventionnelle

est présent hors de la salle de commande.

Les agents de conduite dispose également du réseau téléphonique national, d’un réseau

téléphonique satellite en cas de PUI (Plan d’Urgence Interne), d’une liaison directe avec la

préfecture et les services centraux parisiens. Ils utilisent également le logiciel SYGMA

(système de gestion et de maintenance ainsi qu’un logiciel de radioprotection connectés au

réseau national.

La salle de commande est conçue de telle manière à assurer :

• Une conduite assise, les commandes étant toutes à portée de main de l’opérateur

• Une cohérence entre conduite et information, les informations étant les mêmes quelle que

soit le niveau d’alerte de la centrale

• Un suivi logistique intégré, le système de conduite et la gestion technique étant intimement

liés

• Un haut niveau de fiabilité

• Une pérennité assurée, avec une architecture ouverte, permettant une évolution

Salle de commande du palier N4

Source : Electricité De France

6. Le bâtiment des auxiliaires nucléaires (BAN)

Le bâtiment des auxiliaires nucléaires jouxte le bâtiment réacteur, le bâtiment d’exploitation

ainsi que le bâtiment combustible. Il se décompose en deux zones distinctes :

76 / 101

• La zone A : elle contient les matériels des circuits RCV, de traitement des effluents gazeux

et primaires, et d’acide borique. Elle contient également le système de ventilation du BAN.

• La zone B : elle contient également le matériel de traitement des fluides primaires, le

système de purge des générateurs de vapeur (APG) ainsi que des réservoirs intermédiaires

et e contrôle.

C’est donc dans le BAN que va s’effectuer les opérations de filtration et de traitement du

fluide primaire, enlevant ainsi les impuretés dues à l’oxydation des matériaux du circuit

primaire, et ajoutant selon les besoins de l’eau déminéralisée ou de l’acide borique depuis

les bâches REA présentes dans le BAN.

7. Le bâtiment du réservoir des eaux de piscines ( PTR)

Ce bâtiment contient principalement la bâche PTR servant d’alimentation première aux

circuits de sauvegarde EAS et RIS lors d’une brèche dans le circuit primaire. Cette réserve

d’eau (3000m3) sert également et surtout à l’alimentation de la piscine du bâtiment réacteur

lors opérations de manutention.

8. Les bâtiments des groupes électrogènes

En cas de perte du réseau électrique, l’alimentation des auxiliaires importants est assurée

par deux moteurs Diesel situés dans deux bâtiments distincts (situés de part et d’autre du

BAS/BL). Ces bâtiments ont leurs fondations et leurs structures indépendantes de celles des

bâtiments voisins. Chacun a une longueur de 9,50m.

Pour la protection contre l’incendie, chaque bâtiment est divisé en deux parties :

• Une fosse étanche enterrée contenant la citerne de combustible permettant une autonomie

de 3 jours et une bâche de recueil des égouttures.

• Le groupe électrogène (d’une puissance électrique de 7500kW délivrant une tension de

6600V), le local électrique ainsi qu’un réservoir journalier de stockage (70 min à pleine

puissance)

Sur le toit, on trouve les aéroréfrigérants et les silencieux d’échappement des gaz, protégés

par une structure en béton armé. Les groupes électrogènes ne sont actifs que dans le cadre

de la sûreté des installations et en cas de perte de la source normale d’électricité.

77 / 101

BB.. LL’’ îîlloott ccoonnvveenntt iioonnnneell

L’îlot conventionnel regroupe l’ensemble des bâtiments contenant les circuits secondaires et

tertiaires ainsi que les moyens de production et d’export de l’électricité.

1. La salle des machines

La salle des machines (50m de haut, 120m de long et 65m de large) contient l’intégralité du

circuit secondaire à l’exception des générateurs de vapeur. On y trouve donc le groupe

turboalternateur constitué de la turbine « Arabelle », autre emblème du palier N4, et de

l’alternateur, le condenseur, la bâche alimentaire dégazante ainsi que les pompes et

turbopompes nécessaires à la recirculation du fluide secondaire dans le circuit.

Les générateurs de vapeur sont situés dans le bâtiment réacteur. Les canalisations circulent

au dessus du BAS/BL puis arrive dans la salle des machines. La vapeur arrive alors dans la

turbine par 4 voies situées du côté du BR afin de diminuer la longueur de canalisation.

Les sécheurs surchauffeurs ainsi que les réchauffeurs fonctionnent sans source chaude

extérieure, cette source étant la vapeur du circuit secondaire prélevée par plusieurs

soutirages. Il en est de même pour le dégazage dans la bâche alimentaire qui s’effectue via

une injection de vapeur vive. On compte ainsi 6 soutirages.

L’axe des turbines est orienté vers le BR afin de limiter les risques d’impact sur le BR et les

efforts sur les barillets vapeur (les tuyauteries vapeur ayant toutes un tracé symétrique).

2. La tour aéroréfrigérante

Cette tour permet le refroidissement de l’eau présente dans le circuit tertiaire. Son

fonctionnement a été décrit précédemment. Chaque tranche possède un ouvrage de ce type.

Le panache blanc relâché par ce dernier n’est dans les faits que de la vapeur d’eau.

3. Les transformateurs principal et auxiliaire

Le principe de fonctionnement d’une centrale réside en la transformation de l’énergie

hydraulique (vapeur issue des GV) en énergie mécanique (par la turbine) et enfin en énergie

78 / 101

électrique (par rotation du rotor dans le stator). Or l’énergie électrique n’est pas stockable.

Une fois produite, il est impératif de l’envoyer sur le réseau national et/ou européen de très

haute tension (400 000V).

L’alternateur produit une tension de 20 000V. Les transformateurs sont alors nécessaires

afin de rehausser cette tension à 400 000V pour pouvoir envoyer celle-ci sur le réseau

national.

On précisera à cette occasion que la production d’une centrale est décidée par le centre

national d’Electricité de France. En fonction de la puissance nécessaire, le contrôle

commande régule la réaction en chaîne de manière à atteindre l’objectif de production.

La centrale de Chooz est capable de produire de l’électricité pour l’Espagne mais, la

distance provoquant une chute de tension, on privilégie la production localisée. La Belgique

ayant participé à 25% dans la construction de cette centrale reçoit en contrepartie 25% de la

production.

CC.. LLeess bbââtt iimmeennttss ccoommmmuunnss aauuxx tt rraanncchheess

1. Le bâtiment de traitement des effluents (BTE)

Le BTE regroupe :

• Les installations de traitements des effluents liquides usés et des effluents solides

• Les systèmes de rejet des effluents liquides

• L’atelier de décontamination

• La laverie

• Les systèmes auxiliaires (réfrigération, ventilation, engin de manutention)

• Les locaux électriques et des vestiaires

• Il comprend également des locaux électriques et des vestiaires d’accès.

La radioactivité des rejets d’une centrale provient de trois sources : des produits créés lors

de la fission peuvent traverser la gaine et arriver dans le fluide primaire, des impuretés

79 / 101

métalliques, devenues radioactives issues de la corrosion des canalisations primaires

circulent également dans le fluide et enfin du tritium est formé. Il faut donc triés ces rejets en

fonction de leur radioactivité et de leur composition chimique. La majeure partie suit un

processus industriel tandis qu’une minorité est rejetée dans le milieu naturel après de

multiples contrôles réglementés. Ainsi des quantités maximales autorisées de rejets sont

fixées. Les rejets de radioactivité des effluents (hors tritium) représentent moins de 1% des

limites autorisées grâce aux constants progrès d’EDF dans le processus de traitement des

effluents.

Les effluents liquides (comportant du tritium, du cobalt et de l’argent et de l’argent) sont

traités par une série d’opérations de filtration, de déminéralisation, d’évaporation et de

dégazage. Ils sont ensuite stockés en réservoirs placés sous contrôle. Ils peuvent alors être

rejetés lorsque leur radioactivité devient conforme aux normes ou à nouveau traités.

Les effluents gazeux (comportant des radioéléments comme le krypton, le xénon, l’iode et le

tritium) subissent des opérations de filtration, retenant les particules radioactives, ou encore

d’absorption sur du charbon actif, éliminant l’iode. Ils peuvent également être stockés en

réservoirs le temps que leur radioactivité décroisse puis sont évacués par une cheminée

(contrôle effectué à sa sortie).

2. La plateforme de stockage des gaz

La plateforme de stockage des gaz est l’aire où sont entreposés les réservoirs de gaz en

décroissance radioactive.

3. Les ouvrages d’eau

La centrale abrite plusieurs ouvrages destinés à l’alimentation en eau des installations. L’eau

est tout d’abord prélevée en amont dans la Meuse par un ouvrage de prise d’eau. Cette eau

est ensuite pompée par la station de pompage, qui contient également le matériel du circuit

SEC, puis traitée dans le déminée.

Le déminée est un ouvrage permettant la déminéralisation de l’eau de Meuse. L’eau est

alors utilisée dans les différents circuits de la centrale, possédant chacun des

caractéristiques spécifiques (par ex. : pH différent), notamment dans le circuit tertiaire qui

nécessite un appoint d’eau permanent du fait de l’évaporation dans la tour aéroréfrigérante.

L’eau traitée sert également au remplissage des bâches de sauvegarde.

80 / 101

4. Les autres bâtiments

La centrale héberge depuis mai 1998 un simulateur , reproduction identique d’une salle de

commande du palier N4. Ce dernier est destiné à la formation des agents de conduite au

début et régulièrement durant leur carrière sur l’une des tranches du palier N4 (Chooz et

Civaux). Chaque année, chacun d’entre eux suit six semaines de formation dont deux

directement dans le simulateur afin de garantir leur capacité de réponse à une situation

d’urgence. Le nombre d’heures passées annuellement sur simulateur annuellement pour les

deux sites est de 2800hommes/jours soit environ 17 000h. Ce simulateur permet de

reproduire toutes les étapes normales d’exploitation d’une centrale ainsi que plus 800

scenarii de différentes criticités. Pour réaliser cela il dispose d’un important centre de calcul

qui, ayant mémorisé toute l’installation, reproduit le plus fidèlement les différentes situations

qui peuvent être rencontrées par les exploitants.

La centrale Chooz A (300MW), mise à l’arrêt en 1991, est en phase terminale de son

démantèlement. Tous les bâtiments sauf l’îlot nucléaire ont été détruits avant 2004,

marquant l’entrée de l’ancienne centrale dans la troisième phase de sa déconstruction,

devant s’achever au plus tard en 2025. A la fin de cette période, le site de Chooz A devra

avoir retrouvé un état écologique identique à celui présent avant son implantation.

Le site de Chooz héberge également un laboratoire de recherche qui n’est pas la possession

d’Electricité de France. Il s’agit de « Double Chooz » , laboratoire destiné à l’étude des

neutrinos. Il se décompose en deux détecteurs identiques : l’un situé au cœur du site près

des deux bâtiments réacteurs B1 et B2 (à environ 280m des cœurs et à 20m de profondeur),

le second situé en profondeur sous une colline voisine sous l’emplacement de Chooz A (à

1km des cœurs et à 100m de profondeur). Ce laboratoire permettra d’évaluer l’intérêt d’une

mesure précise du spectre en énergie des antineutrinos dans le cadre des missions de non

prolifération de l’IAEA.

La centrale ne possède pas de station météo à proprement parler. Cependant un réseau de

capteurs existe sur le site permettant de connaître divers éléments sur l’environnement

(qualité de l’air, de l’eau…) complétés par des relevés effectués par les agents d’exploitation.

81 / 101

DD.. LLaa ssttrruuccttuurree HHBBDDSS

Voici la structure HBDS de la Centrale Nucléaire de Chooz (Ardennes) que nous avons

réalisée. Cette structure, certes non exhaustive, représente les interactions entre les réseaux

existants dans la centrale et l’ensemble des bâtiments cités précédemment.

Au centre de cette structure, nous pouvons voir les hyperclasses représentant les

équipements bâtiments principaux (îlot nucléaire) s’organisent autour de ceux du bâtiment

nucléaire, rappelant l’organisation réelle des bâtiments. A droite, les réseaux circulant dans

la centrale sont différenciés en réseaux de fluide et autres réseaux. Enfin, dan le coin haut

gauche de la structure, nous trouverons les éléments humains et institutionnels de la

Centrale de Chooz.

Nous distinguerons au sein de cette structure par la couleur orange les trois barrières de

protection de la centrale à savoir la gaine de combustible, la tuyauterie primaire et l’enceinte

de confinement. Nous distinguerons enfin par la couleur verte les réseaux essentiels de la

centrale à savoir les circuits primaire, secondaire et tertiaire.

82 / 101

83 / 101

V. NUCLEAIRE ET SOCIETE

Le nucléaire est le secteur industriel le plus contrôlé de notre pays. Tant au niveau des

normes que des autorités de contrôle ou d’intervention en situation d’urgence, la sécurité est

prise en compte tout au long de la vie d’une centrale. Il en est de même pour les déchets

que cette industrie génère qui reçoivent un traitement spécifique. Enfin, le nucléaire en

France est une longue histoire. Souvent controversé, son avenir est cependant déjà

envisagé.

AA.. llaa ssûûrreettéé nnuuccllééaaii rree

La notion de « sécurité nucléaire » recouvre de nombreux domaines tels que la sécurité

civile en cas d'accident, la protection des installations contre les actes de malveillance, ou

encore la sûreté nucléaire, c'est-à-dire le fonctionnement sécurisé de l'installation et la

radioprotection qui vise à protéger les personnes et l'environnement contre les effets de

rayonnements ionisants. Nous nous efforcerons de présenter au mieux ces trois aspects.

1. L’exigence nucléaire

Le credo de l’industrie nucléaire française est le suivant : n’occasionner aucun impact

dommageable ni sur la santé, ni sur l’environnement. Pour cela les installations nucléaires

sont conçues pour éviter toute dispersion de produits radioactifs. De sa conception à son

démantèlement, une centrale nucléaire prend ainsi pleinement en compte cette exigence de

sûreté, le but ultime étant de restreindre au maximum la probabilité qu’un incident ou

qu’accident ne survienne. Afin de se prémunir au mieux contre toute défaillance technique,

humaine ou organisationnelle, chaque centrale possède plusieurs lignes de défense

successives : la prévention, la surveillance et les moyens d’action.

La prise en compte de l’impact environnemental est présente dès l’implantation de la

centrale. On définit avant sa création un « point zéro » avant la création de la centrale,

véritable bilan écologique et radiologique qui restera le point de référence des analyses

ultérieures, toutes mesures d’impact environnemental étant effectué dans un périmètre de

5km autour du site.

84 / 101

La prévention commence dans la conception même des installations. Comme on a pu le voir

dans les parties précédentes, un réacteur nucléaire possède trois barrières de protection

destinées à éviter toute dispersion du combustible radioactif : la gaine entourant le

combustible, le matériau composant le circuit primaire (cuve, générateurs de vapeur,

pressuriseur, pompes et tuyauteries primaires), la (ou les) enceinte(s) de confinement en

béton renfermant le bâtiment réacteur (cf. schéma ci-dessous). La prévention passe

également par l’automatisation des systèmes d’alerte (contrôle – commande) ainsi que par le

retour d’expérience issu des problèmes survenus sur les autres centrales du même palier

(standardisation des centrales françaises). Enfin, chaque opérateur est formé avant et

pendant sa carrière sur un simulateur, réplique exacte de la salle de commandes.

Une surveillance est effectuée en interne par les agents de la centrale. En effet, afin de

préserver l’intégrité des barrières de protection, sont contrôlés :

• la réactivité du cœur, pour éviter la fusion locale de la gaine entourant le combustible.

• le refroidissement du cœur, pour éviter la fusion et l’endommagement du circuit primaire.

• le confinement, évitant ainsi toute dispersion de produits radioactifs à l’extérieur de

l’enceinte.

L’environnement est également surveillé par les agents de la centrale (faune, flore, air, eau).

Toutes ces surveillances sont soumises à des règles strictes et chaque centrale rend des

comptes devant une instance nationale de sécurité : l’ASN (Autorité de Sûreté Nucléaire),

qui peut également effectuer elle-même certains contrôles.

Enfin, en cas d’incident ou d’accident, dont la probabilité reste cependant faible, des

procédures sont prévues pour organiser les opérations :

• le Plan d’Urgence Interne (PUI). Mis en place par la direction du site, il consiste à

caractériser l’événement, sécuriser les installations et d’en limiter les conséquences au site.

La dernière tâche consiste en la communication de l’événement aux autorités de sûreté

(préfecture, ASN) ainsi qu’à la presse.

• Le Plan Particulier d’Intervention (PPI). Ce dernier est mis en place par le préfet prévoit

les actions à mener en cas d’accident pour assurer l’information du public et la sécurité des

populations ainsi que restreindre au maximum les conséquences radiologiques à l’extérieur

du site.

85 / 101

2. L’Autorité de Sûreté Nucléaire

L’ASN est l’instance chargée du contrôle de la sûreté et de la radioprotection en France. Ses

compétences englobent aussi bien la surveillance de centrales nucléaires EDF,

d’établissements d’Areva ou d’installations médicales et de recherche mais également le

contrôle du transport de matières radioactives. L’ASN, dont le statut a évolué depuis la loi n°

2006-686 du 13 juin 2006 relative à la transparence et à la sécurité en matière nucléaire, est

dirigée par un collège de 5 commissaires, définissant la politique générale de l’ASN. Elle

compte un effectif de plus de 400 agents (dont 75% sont des cadres) répartis entre les

services centraux et 11 délégations territoriales. Ses missions portent sur trois aspects : la

réglementation, le contrôle et l’information du public.

Elle possède un rôle consultatif envers le Gouvernement sur les projets de décrets et

d'arrêtés ministériels mais peut également prendre des décisions réglementaires à caractère

technique (soumise à homologation des ministres référents). Cette réglementation regroupe

divers domaines :

• Les installations nucléaires : l’ASN peut donner son approbation sur la création, la mise en

service, la mise à l’arrêt (définitif ou non) ainsi que sur le démantèlement d’une installation

nucléaire de base (INB). Elle peut également ordonner une surveillance accrue d’une INB si

un risque est avéré. Enfin, elle peut émettre des avis sur le matériel sous pression

spécialement conçu pour les INB.

• Le transport de matières radioactives : l’ASN donne son agrément pour les modèles de

colis et les organismes chargés du contrôle du transport de ces matières ou de la formation

des conducteurs. Elle se charge aussi de la transposition de la réglementation

internationale et du suivi de son application.

• Les activités médicales : dans le domaine des activités médicales, l'ASN instruit les

demandes d'autorisation ou les déclarations d'utilisation de rayonnements ionisants

prévues par le Code de la santé publique pour la médecine, l'art dentaire, la biologie

humaine et la recherche biomédicale.

L’ASN possède une mission de contrôle afin de vérifier que tout acteur du nucléaire exerce

pleinement sa responsabilité et ses obligations en matière de radioprotection ou de sûreté

nucléaire. La responsabilité première des activités à risque incombe à celui qui les

86 / 101

entreprend ou les exerce. C’est en vertu de ce principe, par exemple, qu’EDF est le premier

responsable de la sûreté des centrales nucléaires qu’elle exploite ou que le transporteur est

le premier responsable de la sûreté des transports des matières radioactives qu’il réalise.

L’ensemble des activités nucléaires soumises au contrôle de l’ASN doivent être exercées

dans le respect de principes fondamentaux inscrits dans le code de l’environnement ou le

code de la santé publique. Ces contrôles peuvent prendre différentes formes : examen et

analyse de dossiers soumis par les exploitants, réunion technique, inspection,… L’ASN

possède enfin des pouvoirs d’injonction et de sanction.

La dernière mission de l’ASN est une mission d’information envers le public et de

transparence. Ainsi, tous les rapports d’inspection (plus de 700 inspections annuelles) et les

informations relatives à l’arrêt de réacteurs sont mises en ligne sur son site Internet

www.asn.fr. Cette information peut également être diffusée via sa revue Contrôle mais aussi

de ses fiches d’information du public ou de son centre d’information et de documentation.

Elle émet enfin un rapport annuel sur la sûreté nucléaire et la radioprotection en France à

l’attention du Gouvernement.

L’ASN intervient enfin lors des situations d’urgence. Elle assiste alors le Gouvernement dans

la prise de décisions sur le plan médical et sanitaire ou au titre de la sécurité civile. Dans une

telle situation, l’ASN est également chargée d'informer le public sur l'état de sûreté de

l'installation concernée et sur les éventuels rejets dans l'environnement et leurs risques pour

la santé des personnes et pour l'environnement. L'expression « situation d’urgence

radiologique » désigne une situation qui découle d’un incident ou d’un accident risquant

d’entraîner une émission de matières radioactives ou un niveau de radioactivité susceptibles

de porter atteinte à la santé publique. On parle également de « crise nucléaire » dans les cas

critiques affectant des INB ou un transport de matières radioactives. A l’occasion de

situations d’urgence, l’ASN recourt à ses centres d’urgence chargés d’alerter rapidement les

agents de l’ASN situés à proximité mais également d’échanger des informations dans des

conditions fiables avec ses multiples interlocuteurs. Elle a alors à sa disposition un signal

d’alerte, des moyens de communication performants et sécurisés afin de s’entretenir dans

les meilleurs avec les autorités de sûreté de l’Etat concernées.

87 / 101

3. La qualification d’un événement nucléaire

Nous avons abordé précédemment la notion d’incident et d’accident nucléaire. La France

adopta en 1987 une échelle permettant la qualification d’un événement survenu sur une INB.

Ensuite adoptée et normalisée à l’échelle internationale en 1991 par l’IAEA (International

Atomic Energy Agency), cette échelle, baptisée INES (International Nuclear Event Scale)

classe les événements selon 8 niveaux (de 0 à 7) par ordre croissant de gravité. Elle avait

pour but à l’origine de faciliter la perception par les médias et le public de l’importance des

incidents et accidents nucléaires.

Les critères de classement d’un événement sont pour moitié objectifs et subjectifs. Ils portent

sur trois aspects principaux : la conséquence de l’événement à l’extérieur du site (appréciées

en terme de rejets radioactifs pouvant toucher le public et l’environnement), sa conséquence

à l’intérieur du site (impact sur les travailleurs et les installations) et enfin la dégradation de la

défense en profondeur (barrières de protection).

Echelle INES

Source : Autorité de Sûreté Nucléaire

On trouve plus couramment cette échelle représentée ainsi :

88 / 101

Echelle INES

Source : annual-report.asn.fr

Tout événement classé à un niveau supérieur ou égal à 1 est obligatoirement mentionné sur

le site de l’ASN. Les événements de niveau 2 et au-delà sont automatiquement signalés aux

journalistes par communiqués de presse ou contacts téléphoniques.

Chaque pays ayant sa propre approche de la classification, il n’est pas possible de comparer

la gravité de deux incidents ou accidents survenus dans deux pays différents. Cependant, on

peut tout de même donner des exemples d’événements marquants de l’histoire du nucléaire.

• Niveau 7 : Tchernobyl (Ukraine) en 1986, explosion du réacteur 4 de la centrale.

• Niveau 6 : Kyshtym (URSS) en 1957, explosion d’une cuve de produits radioactifs à l’usine

de retraitement.

• Niveau 5 : Three Mile Island (Etats-Unis) en 1979, fusion partielle du cœur du réacteur.

• Niveau 4 : Saint-Laurent (France) en 1980, endommagement du cœur du recteur A1.

• Niveau 4 : Tokai-Mura (Japon) en 1999, accident de criticité dans une installation de

fabrication de combustible (irradiation aiguë de 3 travailleurs dont 2 sont décédés).

• Niveau 4 : Windscale (Royaume-Uni) en 1973, rejet de matières radioactives à la suite

d’une réaction exothermique dans un réservoir du procédé de retraitement de l’usine.

89 / 101

BB.. llaa ggeesstt iioonn ddeess ddéécchheettss rraaddiiooaacctt ii ffss

Les centrales nucléaires françaises produisent 90% des déchets radioactifs de notre pays, le

reste provenant des activités médicales, de recherche ou de procédés industriels, l’ensemble

de ces déchets représentant un centième des déchets industriels spéciaux. Ils sont de

plusieurs natures et de dangerosités différentes ; ils sont donc traités de manière spécifique.

Nous verrons tout d’abord la classification des déchets puis les différents lieux de

retraitement et de stockage.

1. Classification des déchets radioactifs

Parmi ces déchets, nous pouvons citer le combustible usager ainsi que les effluents produits

radioactifs liquides et gazeux produits par les centrales, mais également les déchets

technologiques (notamment les équipements de sécurité usagers) et les déchets dus au

démantèlement des centrales. Cela est résumé sur le schéma suivant.

Les déchets produits annuellement par le parc nuclé aire français

Source : réseau Sortir du nucléaire

90 / 101

On distingue parmi ces déchets tout d’abord les déchets d’exploitation :

• matériels ou matériaux usagers non réutilisables, appelés « déchets technologiques », liés

aux travaux d’entretien (gants, outils, tenues de protection ;

• les résidus liés à l’exploitation des installations, dits « déchets de procédé » (filtres, résines

servant à épurer l’eau des circuits, concentrats d’évaporation, boues, etc.)

D’autre part, on regroupera un second type de déchets :

• les gaines et embouts entourant le combustible, devenus radioactifs après leur passage

dans le réacteur ;

• les produits de fission et les actinides mineurs

Un organisme est chargé du stockage de la majorité des déchets radioactifs. Il s’agit de

l’ANDRA (Agence Nationale pour la gestion des Déchets Radioactifs). D’autre part, le

traitement des produits de fission sera effectué par la société Areva. Nous décrirons ces

deux entités par la suite.

Ces différents types de déchets sont triés selon deux critères : leur radioactivité et leur durée

de vie. Selon son type, un déchet subira un traitement spécifique. On distingue ainsi :

• les déchets de très faible activité (TFA), provenant principalement du démantèlement

d’installations nucléaires ou d’activités industrielles utilisant des substances faiblement

radioactives.

• les déchets faiblement radioactifs à durée de vie courte (FA) ou déchets A, représentant

avec les précédents 90% du total des déchets radioactifs. Il s’agit principalement de

déchets issus des installations nucléaires (gants, filtres, résines…) et des laboratoires de

recherche.

• les déchets faiblement ou moyennement radioactifs (FA et MA) à durée de vie longue ou

déchets B, ils proviennent principalement des usines de fabrication et de traitement des

combustibles (effluents, …) et des centres de recherche. Ils représentent près de 10% des

déchets.

• les déchets hautement radioactifs (HA) et à durée de vie longue ou déchets C, dont la

décroissance radioactive peut s’étendre sur des milliers d’années. Ils proviennent

essentiellement du traitement des combustibles usés issus des centrales nucléaires et

représentent moins de 1% des déchets radioactifs.

91 / 101

Les déchets de type A sont d’abord triés et identifiés. Afin de les solidifier et d’en réduire le

volume, une série de traitement est effectuée : évaporation, incinération, cisaillage et

compactage. On peut ainsi les conditionnés en colis, première barrière de protection dans le

centre de stockage. Lorsque la radioactivité est faible (déchets d’exploitation), ils sont

conditionnés en fûts métalliques ; pour une radioactivité plus élevée (déchets de procédé), ils

sont enrobés dans du béton ou des résines et confinés dans des conteneurs en béton. Tout

colis est alors numéro et étiqueté d’un code-barres et expédié vers son lieu de stockage de

l’ANDRA situé à Soulaines dans l’Aube.

Les déchets de type B et C sont quant à eux issus du retraitement du combustible usé à

l’usine de La Hague. L’opération consiste d’une part à séparer les déchets métalliques du

combustible (déchets B) afin de les conditionner dans du béton, mais d’autre part à séparer

l’uranium du plutonium (réutilisables) des autres produits de fission. Ces derniers (déchets

C), qui ne représentent que 3% en masse des déchets mais 99% de la radioactivité,

reçoivent quant à eux un traitement spécifique afin d’être vitrifiés puis stockés. Nous

évoquerons plus en détails le processus de vitrification plus loin.

Tous ces déchets sont conduits de la centrale vers leur lieu de traitement ou de stockage.

Les premiers (déchets A) sont transportés, conditionnés dans des colis pouvant résister à

des accidents ou dans des fûts métalliques. Les déchets à forte activité sont quant à eux

généralement transportés par voie ferrée, dans des « châteaux » ou conteneurs de béton

pouvant résister aux chocs les plus sévères, à des incendies importants ainsi qu’à une

immersion de quelques heures. Ce transport et le stockage est contrôlé par divers

organismes tels que l’ASN, la DRIRE (Direction Régionale de l’Industrie, de la Recherche et

de l’Environnement) ou encore l’Office de Protection contre les Rayons Ionisants (OPRI).

2. Le retraitement et le stockage des déchets radi oactifs

Les déchets radioactifs stockés sur le sol français sont entièrement issus des activités

industrielles françaises. La loi interdit tout stockage de déchets étrangers. Par contre, le

retraitement de déchets étrangers est toléré à condition de retourner les produits de ce

retraitement au pays d’origine. C’est ainsi que le Japon retraite certains de ces déchets en

France. Cela s’explique par le fait que la France possède, avec l’Angleterre, un savoir-faire

et une technologie pas encore égalés à l’étranger.

92 / 101

a. L’usine de La Hague

Usine de La Hague

Source : Autorité de Sûreté Nucléaire

Situé à 25 kilomètres à l'ouest de Cherbourg, à l'extrême pointe du Cotentin, cet ensemble

industriel unique en France s'étend sur une superficie de 300 hectares. Environ 6 000

personnes y travaillent en permanence dont 3 400 salariés d'Areva. Entrée en service en

1966, l'usine de La Hague a pour objet le traitement des combustibles nucléaires usés. Cette

opération industrielle répond à un ensemble de considérations énergétiques et

environnementales. C'est pourquoi de nombreuses compagnies d'électricité ont choisi de

faire traiter leurs combustibles à La Hague, premier site mondial pour ce type d'activité.

Le traitement consiste à séparer, puis à conditionner les différents constituants du

combustible usé, en vue de leur recyclage (uranium et plutonium) ou de leur stockage

définitif (résidus ultimes, contenant la quasi totalité de la radioactivité). Il permet le recyclage

des matières énergétiques présentes dans les combustibles usés (à sa sortie du réacteur, un

combustible nucléaire usé contient 97 % de matière énergétique recyclable - soit 96 %

d'uranium et 1 % de plutonium - et 3 % de résidus ultimes non réutilisables), la préservation

des ressources naturelles d'uranium ainsi que la réduction significative du volume et de la

toxicité des résidus ultimes (par un traitement et un conditionnement adapté à chaque type

de résidus).

La chaîne principale de ces installations comprend des installations de réception et

d’entreposage des combustibles usés, de cisaillage et de dissolution de ceux-ci, de

séparation chimique des produits de fission, de purification finale de l’uranium et du

plutonium et de traitement des effluents. A leur arrivée à l’usine de retraitement, les

emballages sont déchargés, soit sous eau, en piscine, soit à sec, en cellule blindée étanche.

Les combustibles usés sont alors entreposés dans des piscines.

93 / 101

Après cisaillage des crayons, le combustible est séparé de sa gaine métallique au cours

d’une opération de dissolution à l’acide nitrique. Les morceaux de gaine, insolubles dans

l’acide nitrique, sont évacués du dissolveur, rincés à l’acide puis à l’eau et transférés vers

une unité de conditionnement. Les solutions issues du dissolveur sont ensuite clarifiées par

centrifugation. La phase de séparation des solutions consiste à séparer les produits de

fission et les transuraniens de l’uranium et du plutonium contenus, puis l’uranium du

plutonium.

Après purification, l’uranium, sous forme de nitrate d’uranyle, est concentré et entreposé. Ce

nitrate d’uranyle est destiné à être converti en un composé solide (U3O8) dans l’installation

TU5 de Pierrelatte. Après purification et concentration, le plutonium est précipité par de

l’acide oxalique, séché, calciné en oxyde de plutonium, conditionné en boîtes étanches et

entreposé. Le plutonium peut être utilisé dans la fabrication de combustibles MOX,

notamment dans l’usine Melox d’Areva située à Marcoule. Le plutonium provenant de

combustibles étrangers est retourné aux exploitants du pays d’origine.

Quant aux autres produits, ils sont conditionnés en colis de déchets. Les déchets faiblement

radioactifs sont expédiés vers le centre de stockage de l'Aube tandis que les produits plus

actifs sont entreposés sur le site dans l'attente d'une solution définitive de gestion des

déchets français de haute activité ou dans l'attente de leur retour vers les clients étrangers

auxquels ils appartiennent.

b. L’usine de Marcoule

Créé en 1955 dans le Gard, le site de Marcoule regroupe un centre de recherche du

Commissariat à l’Energie Atomique (CEA) et des activités industrielles d’Areva. Il accueillit le

site de retraitement des combustibles usés de la filière UNGG (uranium-graphite-gaz), fermé

en 1997. Areva est chargé de réaménager le site en assainissant et en démantelant l’usine

de traitement mais également de reprendre, trier et reconditionner les déchets générés

depuis l’origine du site. C’est là qu’est implantée l’usine Melox, la seule installation nucléaire

française de production de combustible MOX, combustible constitué d’un mélange d’oxydes

d’uranium et de plutonium, ce dernier étant destiné à alimenter les centrales à eau légère de

différents pays. Depuis le 26 avril 2007, Melox est autorisée à porter son niveau de

production de 145 à 195 tML (tonnes de métal lourd).

94 / 101

c. Les sites d’entreposage des déchets radioactifs

Tout déchet, après sa phase de retraitement, est destiné à être entreposé dans le but de

protéger l’environnement de toute dissémination de matières radioactives. La durée

d’entreposage est fonction de sa période de décroissance radioactive. La gestion des

déchets a été confiée à l’Agence Nationale pour la gestion des Déchets Radioactifs (Andra),

EPIC indépendant des producteurs de déchets, département du CEA ayant pris son

autonomie. Cet organisme met ainsi en place un stockage adapté à chaque type de déchets

radioactifs et se charge de la surveillance et l’exploitation des centres d’accueil de déchets.

Si un type de déchet devient inacceptable pour les centres de stockage actuel, la réalisation

d’un nouveau centre sera confiée à l’Andra. C’est elle également qui définit les spécifications

de conditionnement et de stockage des déchets en conformité avec la réglementation de

sûreté.

Le Centre de Stockage TFA (CSTFA) de Morvilliers, site de 45ha, accueille depuis 2004 les

déchets de très faible activité radioactive. Il s’agit du premier site au monde de ce genre, la

France étant la première à créer une filière spécialement consacrée à cette filière. Il se

décompose en 4 zones : l’aire de stockage, l’aire de dépôt des terres, le bassin d’orage et la

zone industrielle. Les premiers déchets reçus ont été les déchets issus du démantèlement

des centrales de Saint-Laurent et de Brennilis. A l’avenir, le site pourra accueillir 650 000m3

de déchets provenant du démantèlement d’autres installations. Le stockage des colis de

déchets, après compactage ni nécessaire, s’effectue dans des alvéoles creusés dans l’argile

pendant quelques dizaines d’années

Centre de stockage TFA de Morvilliers

Source : Andra

95 / 101

Coupe schématique d’une alvéole

Source : Andra

Le centre de stockage de la Manche, lieuy de stockage des déchets de faible et moyenne

activité, est entré en janvier 2003 dans sa phase de surveillance qui restera très active

pendant 10ans. Après 25 années de fonctionnement, ce sont 527 214m3 de déchets qui y

sont entreposés, protégés par une couverture étanche. Ces éléments entreposés sont

composés à 15% de déchets et 85% d’enrobage, ce qui stabilise et rend inerte ce dernier. Le

tout est conditionné par un emballage métallique ou de béton selon l’activité du déchet. Ce

site a été relayé depuis 1992 par le centre de stockage de l’Aube qui accueille les déchets

de faible et moyenne activité à vie courte.

Centre de stockage de la Manche (à gauche) et de l’ Aube (à droite)

Source : Andra

Le stockage des déchets dans ces deux centres s’effectue dans des cases de stockage de

béton armé de 25m de côté et de 8m de haut. Ces cases, recouvertes par une dalle de

béton et d’une couche de polyuréthane imperméable, sont construites sur une couche

d’argile imperméable sur laquelle est située une couche sableuse drainant les eaux de pluie.

L’étanchéité des installations est assurée par un réseau de galeries souterraines soumises à

surveillance. Au total, l’Andra recense environ 120 sites de stockage répertoriés.

96 / 101

d. Etat des lieux et perspectives

Un inventaire géographique des déchets radioactifs présents sur le territoire a été réalisé par

l’Andra. Il a pour but de lister les stocks de déchets selon trois objectifs : caractériser les

stocks (état de leur conditionnement, traçabilité des traitements), de prospective sur leur

production et d’information du public. Ce rapport aboutit à la conséquence suivante :

• les ¾ de la radioactivité est entreposée au sein du centre de retraitement du combustible

nucléaire usé de La Hague (ce qui représente moins de 10% en volume)

• environ ¼ est répartie sur les 20 sites des centrales EDF, les implantations CEA

(Commissariat à l’Energie Atomique) et COGEMA (Compagnie Générale des Matières

nucléaires) de Marcoule et Cadarache

• moins de 1% de la radioactivité se trouvent dans les centres de stockage de l’Andra.

97 / 101

Période

Activité

Courte durée de vie Longue durée de vie

Très faible

activité Stockage dédié en surface

• Ouverture d’un centre de stockage au second semestr e 2003 dans l’Aube

• Stocks existants au 31.12.98 : 50 000 tonnes

• Volumes attendus en fin d’exploitation : 1 à 2 mill ions de m 3

Faible

activité Stockage de surface

sauf déchets tritiés, sources radioactives scellées

(à l’étude)

• Centre de stockage de la Manche fermé (en phase de

surveillance) et centre de stockage de l’Aube en

exploitation depuis 1992

• Stocks existants au 31.12.98 : 625 000 m 3

• Volumes attendus en fin d’exploitation du parc actu el :

1 300 000 m3

Stockages dédiés en subsurface à l’étude

(déchets radifères et graphites)

• Mise en service industrielle (2009)

• Stocks existants au 31.12.98 (graphite) :

14 000 m3

• Volumes attendus en fin d’exploitation

(graphite) : 14 000 m 3

Moyenne

activité

Filières à l’étude dans le cadre de l’article L.542

du code de l’environnement

(loi Bataille)

• Stocks existants au 31.12.98 : 21 000 m3conditionnés et 15 000 m 3 à conditionner

• Volumes attendus en fin d’exploitation : 56 000 m3

Haute

activité Filières à l’étude dans le cadre de l’article L.542 du code de l’environnement (loi Bataille)

• Stocks existants au 31.12.98 : 1 630 m 3 de déchets vitrifiés

• Volumes attendus en fin d’exploitation : 5 000 m 3

Tableau récapitulatif sur les différentes catégorie s de déchets radioactifs (chiffres de

2000)

Source : industrie.gouv.fr

La loi bataille de 1991 prévoyait l’organisation de la recherche en ce qui concerne les

méthodes de stockage des déchets radioactifs. A l’époque trois axes avaient été définis afin

98 / 101

que le Parlement ait tous les éléments pour faire le meilleur choix. Ces trois filières, confiées

à l’Andra pour la 2e et le CEA pour les 1ères et 3e, sont :

• la séparation et la transmutation des éléments radioactifs (conversion d’anciens réacteurs

en centre de retraitement afin de transformer les éléments hautement radioactifs en

éléments plus stable à activité courte par fission)

• les possibilités de stockage dans les couches géologiques profondes (laboratoire

souterrain de Meuse – Haute Marne de l’Andra situé dans un site argileux

• les procédés de conditionnement et de stockage de longue durée en surface

A l’heure actuelle, rien n’est encore décidé. La loi du 28 juin 2006 relative à la gestion

durable des matières et déchets radioactifs prévoit une prolongation de ces activités de

recherche avec le lancement d’un programme de recherche sur l’ensemble des matières et

des déchets radioactifs. Des objectifs ont été fixés en ce qui concerne les déchets de haute

et moyenne activité à vie longue, ces objectifs sont les trois points énoncés précédemment

issus de la loi de 1991. Des prototypes d’installation (séparation et transmutation) pourraient

être construits pour 2020 et une mise en service industrielle vers 2040. La demande

d’autorisation de stockage en couche géologique profonde sera instruite en 2015 et une

mise en exploitation est envisagée vers 2025, le problème de la réversibilité du stockage

n’étant pas encore élucidée. Enfin, cette loi prévoit de nouvelles installations ou

modifications d’installations existantes concernant le stockage de déchets en surface vers

2015. L’Andra, par cette loi est chargée de la collecte des déchets radioactifs et de la

conduite des recherches des deux derniers points de recherche.

99 / 101

CC.. lleess ppeerrssppeecctt iivveess dd’’aavveennii rr

Le parc nucléaire français va décroître dès 2020. Actuellement la communauté scientifique

travaille sur les différents scénarios énergétiques possibles des décennies avenir en prenant

en compte les questions du besoin, du développement de l’utilisation du nucléaire dans les

pays en voie de développement ou encore du stock d’Uranium restant.

D’ores et déjà une nouvelle génération de réacteurs est en marche (génération III+) afin de

prendre à court terme le parc nucléaire du moins partiellement.

Les réacteurs EPR fruit d’une recherche et développement franco-allemand fourniront

1600MW. Ils s’inspirent directement des réacteurs nucléaires N4 mais possèderont de

nombreux nouveaux systèmes de sécurité tels qu’un socle en béton de six mètres

d’épaisseur, quatre systèmes indépendant de sécurité pour assurer le refroidissement du

cœur en cas d’urgence ainsi qu’un récupérateur de cœur fondu.

Par ailleurs les EPR consommeront 17% de combustible en moins et rejetteront 15% de

déchets radioactifs en moins. En France le premier EPR est en construction sur le site

nucléaire de Flamanville.

Suite à la réunion d’une dizaine de pays en 2001 (à la demande des Etats Unis) la quatrième

génération de réacteurs nucléaires a commencé à être définie afin que leur mise en service

puisse se faire à l’horizon 2040. Les trois critères de sélection ont été un rendement

énergétique accru, une production de déchets radioactifs moindre et une diminution

drastique de la consommation du combustible.

Suite à ces critères de sélection deux grands principes sont ressortis. Le premier étant

l’utilisation du cycle Uranium/Plutonium et la deuxième concernant le cycle Thorium/

Uranium. On peut donc affirmer sans hésitation que l’énergie nucléaire à encore de beaux

jours devant elle dans une ère où la crise de l’énergie se fait de plus en plus sentir par

l’émergence de pays tels que la Chine ou encore l’Inde.

Par ailleurs l’énergie nucléaire n’est en aucune façon menacée par les énergies alternatives

qui bien que tentantes, seront très difficile à mettre en place afin de couvrir la demande en

énergie qui ne fait que croître.

100 / 101

CONCLUSION

La centrale nucléaire de Chooz, bien qu’ayant eu des débuts difficiles, est sans conteste

une réussite sur tous les plans. Elle démontre que de nos jours l’énergie nucléaire est le

moyen le plus sûr et le plus rentable tout en respectant l’environnement. Chooz B1, première

centrale nucléaire de palier N4 d’une puissance de 1450MW, et sa sœur cadette Chooz B2

se placent dans la catégorie des réacteurs avancés dits de nouvelle génération. Leur grande

réussite est due au fait qu’elles ont hérité d’une part de l’expérience des autres centrales

françaises. En effet depuis 1977 chaque accident a fait l’objet d’un compte rendu afin de

pouvoir améliorer les performances, la sûreté de fonctionnement et l’exploitation des 54

tranches actives. D’autre part, elles ont bénéficié également de nombreuses innovations

technologiques telles que la turbine « Arabelle » ou encore son contrôle commande.

Chooz B1 représentait, à sa création, ce que l’Homme avait imaginé et réalisé de plus

complexe. Cependant, le palier N4 ne représentera pas la relève du nucléaire français.

Ayant mis de nombreuses années pour faire ses preuves, ce palier bien que moderne est

déjà dépassé par la technologie. L’EPR, lourdement inspiré du N4 mais présentant une

sûreté accrue, va remplacer ce dernier et tenter de s’imposer comme le standard des

réacteurs destinés à renouveler le parc nucléaire français. Désormais nous pouvons

remarquer qu’il ne s’agit plus uniquement de pouvoir produire plus d’électricité de manière

rentable mais de le faire dans de bonnes conditions de sécurité aussi bien pour l’Homme

que pour l’environnement, que l’on doit de plus en plus préserver.

101 / 101

BIBLIOGRAPHIE

Publications

Réacteurs nucléaires. Généralités. P. Bacher. Techniques de l’ingénieur – Réf : B 3 020

(16p.)

Confinement. Enceintes. J-L. Costaz. Techniques de l’ingénieur – Réf : B 3 290 (14p.)

Réacteurs nucléaires du futurs. F. Carre & C. Renault. Techniques de l’ingénieur – Réf : BN

3 230 (20p.)

Installation générale des réacteurs à eau sous pression. M. Kaercher. Techniques de

l’ingénieur – Réf : BN 3 260 (13p.)

Construction des centrales REP. J-P. Thomas & C. Cauquelin. Techniques de l’ingénieur –

Réf : BN 3 270 (18p.)

Maintenance des chaudières nucléaires. J-P. Hutin. Techniques de l’ingénieur – Réf : BN

3 295 (26p.)

Brochures EDF

Sites Internet

Site de l’Autorité de sûreté nucléaire www.asn.fr

Site d’Electricité de France www.edf.com

Site du Commissariat à l’Energie Atomique www.cea.fr

Site de l’Agence nationale de gestion des déchets radioactifs www.andra.fr

Sites d’Areva www.areva-nc.fr et www.areva-np.fr

Site de la Direction Générale de l’Energie et des Matières Premières

www.industrie.gouv.fr/energie/nucleair/