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Le scénario qui suit est adapté à un groupe de 3 à 6 aventuriers de niveau 2 à 4. Augmenter le niveau des opposants principaux et leurs moyens humains et matériels devrait suffire à l’adapter des groupes plus nombreux ou plus puissants (le niveau 5 est le maximum conseillé). INTRODUCTION Elena Grassini, aventurière et cambrioleuse à ses heures perdues, est une jeune femme dont la témérité va parfois jusqu’à l’inconscience. Sa dernière frasque en date : s’introduire dans le manoir de Christo Sarbazia, ex-pirate à qui l’on prête des antécédents sanguinaire, et lui subtiliser le clou de son trésor mal acquis, l’Idole Arachnéenne, un objet d’une grande valeur. Christo Sarbazia étant absent, parti quelques jours sur ordre du Consul da Senesta pour une raison inconnue, c’est son second, Iago Ivoldo, qui a constaté l’effraction. Iago, craignant la réaction de Sarbazia s’il apprend, s’est lancé à la recherche du voleur et a fait appel à d’anciens compagnons, des flibustiers à la moralité fluctuante et au tempérament enflammé, pour retrouver la jeune femme, qui risque fort de ne pas survivre à l’ire de Iago. Mais ce n’est pas tout : d’autres factions sont rentrées dans la danse. Querso da Chieso, l’espion de la chevalière Isil Oromë, a bien remarqué le manège de Iago et l’agitation qui règne dans les bas-fonds de Svuleti et il cherche à en savoir plus, mobilisant ses alliés au cas où il trouve une ouverture à exploiter pour semer la sédition. Enfin, certains malandrins peu recommandables donneraient tout pour faire main basse sur le joyau, prêts à l’arracher au cadavre froid de quiconque l’aurait en sa possession. Un scénario enlevé dans le monde du Dodécaèdre, par Nicolas Sénac 1 La Derniere Impudence d’Elena Grassini

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Page 1: La Dernière Impudence d'Elena Grassini

Le scénario qui suit est adapté à un groupe de 3 à 6 aventuriers de niveau 2 à 4. Augmenter le niveau des opposants principaux et leurs moyens humains et matériels devrait suffire à l’adapter des groupes plus nombreux ou plus puissants (le niveau 5 est le maximum conseillé).

INTRODUCTIONElena Grassini, aventurière et cambrioleuse à ses heures

perdues, est une jeune femme dont la témérité va parfois jusqu’à l’inconscience. Sa dernière frasque en date : s’introduire dans le manoir de Christo Sarbazia, ex-pirate à qui l’on prête des antécédents sanguinaire, et lui subtiliser le clou de son trésor mal acquis, l’Idole Arachnéenne, un objet d’une grande valeur. Christo Sarbazia étant absent, parti quelques jours sur ordre du Consul da Senesta pour une raison inconnue, c’est son second, Iago Ivoldo, qui a constaté l’effraction. Iago, craignant la réaction de Sarbazia s’il apprend, s’est lancé à la recherche du voleur et a fait appel à d’anciens compagnons, des flibustiers à la moralité fluctuante et au tempérament enflammé, pour retrouver la jeune femme, qui risque fort de ne pas survivre à l’ire de Iago.

Mais ce n’est pas tout : d’autres factions sont rentrées dans la danse. Querso da Chieso, l’espion de la chevalière Isil Oromë, a bien remarqué le manège de Iago et l’agitation qui règne dans les bas-fonds de Svuleti et il cherche à en savoir plus, mobilisant ses alliés au cas où il trouve une ouverture à exploiter pour semer la sédition. Enfin, certains malandrins peu recommandables donneraient tout pour faire main basse sur le joyau, prêts à l’arracher au cadavre froid de quiconque l’aurait en sa possession.

Implication des personnages

En soi, le complot esclavagiste de Senesta n’est qu’un arrière-plan à l’aventure décrite ; toutefois, il peut permettre d’impliquer les personnages : par exemple, un des lansquenets du Bois des papillons peut donner le nom de Christo Sarbazia si on l’intimide assez (cf. encadré Contre les esclavagistes !). Le groupe peut aussi être engagé par Querso da Chieso pour voler des documents compromettants chez l’ancien pirate. Tout un éventail de motivations ne met pas non plus en jeu les esclavagistes : un équipe de cambrioleurs pourrait être intéressé par le coffre de Sarbazia, ou il est possible que Gregorio Basinio leur demande de retrouver la jeune femme, de récupérer l’idole et d’entrer par effraction dans le manoir de Sarbazia pour l’y remettre à sa place, avant que ce dernier ne revienne ou qu’il arrive malheur à Elena. Enfin, Iago Ivoldo lui-même peut demander aux aventuriers de se lancer à la poursuite d’Elena afin de récupérer l’objet avant le retour de son maître. En effet, ce sinistre individu rechigne à avertir les autorités, pourtant inféodées au clan de Senesta, car il serait obligé de révéler son incompétence alors qu’il reste encore une chance que le vol ne s’ébruite pas.

Suite à une intrusion dans la demeure de Sarbazia pour un vol de richesses ou de documents, Iago, s’il met la main sur les personnages, peut décider d’oublier ses griefs si ces derniers mettent la main sur l’Idole Arachnéenne, lançant ainsi l’aventure dans une direction imprévue pour les joueurs, qui auront le temps et la moralité contre eux...

Toutes ces propositions seront expliquées dans les sections idoines du scénario.

Un scénario enlevé dans le monde du Dodécaèdre, par Nicolas Sénac

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La Derniere Impudence d’Elena Grassini

Page 2: La Dernière Impudence d'Elena Grassini

PROTAGONISTES

Elena GrassiniElena est une imprudente jeune femme originaire de

Consiglio. Abandonnée par ses parents à sa naissance, elle a été élevée dans un orphelinat financé et géré par le culte d’Apollon. Aussi, malgré son manque d’assiduité, elle a bénéficié d’une éducation classique : elle sait jouer de plusieurs instruments, dont la cithare, la viole de gambe et la flûte traversière, et a suivi des cours de chant, de rhétorique et de théologie. Les prêtres, ayant décelé en elle un grand potentiel, la destinaient à une carrière de desservante du culte d’Apollon, mais la jeune fille voyait les choses autrement. Après s’être enfuie, elle a enquêté sur sa famille d’après les maigres renseignements que lui avaient communiqué les prêtres au fil des ans. Ses pas la conduisirent à Svuleti, où elle rencontra Gregorio Basinio, avec qui elle se fiança. Le couple désargenté ayant des difficultés à survivre, Elena, en plus de ses représentations de chant et de musique dans les tavernes, mit à profit son habileté et sa discrétion pour voler les passants. Individualiste et réfractaire à toute forme d’autorité, elle refusa de payer son dû au clan Senesta, qui contrôle et impose sans distinction activités licites et illicites. Tout d’abord, les ruffians du clan vinrent perturber ses spectacles et intimider les aubergistes qui auraient pu lui permettre de jouer dans leurs établissements. Ensuite, Gregorio fut battu jusqu’à l’inconscience par les hommes de Sarbazia pour inciter sa fiancée à se montrer plus diligente. Mais rien n’y fit : ayant résolu de s’enfuir de Svuleti avec Gregorio, elle ne veut pas le faire sans avoir accompli une ultime forfanterie à l’égard de Christo Sarbazia...

Très pieuse de part son éducation, Elena ne manque jamais de faire une offrande à son dieu tutélaire. Bravache, elle refusera de demander de l’aide, même si elle est en grande difficulté. Rieuse et enjouée d’ordinaire, les récents événements l’ont rendu renfrognée et hargneuse. De plus, sa rancune est vivace ; les aventuriers pourront s’en rendre compte s’ils s’opposent à elle !

Elena souffre d’aquaphobie depuis que, toute petite, elle a faillit se noyer dans le port de Consiglio. D’ailleurs, elle ne sait toujours pas nager. Voyant cela comme une particularité honteuse, elle préfère éviter le sujet, mais ne parvient pas à cacher sa nervosité quand elle longe la jetée du port de Svuleti.

Petite, leste et nerveuse, elle dispose de toutes les qualités pour accomplir des larcins plus ou moins ambitieux (comme le cambriolage de la demeure de Sarbazia). Elena n’est pas non plus sans défense : la jeune femme n’hésite pas à recourir aux expédients les plus déloyaux quand sa vie est en jeu.

Christo SarbaziaCet homme d’un âge avancé est l’un des lieutenants d’Elgo

da Senesta. C’est lui qui gère le port de Svuleti, s’occupe de sa protection, commande les officiers qui prélèvent les taxes sur les marchandises et contrôlent les cargaisons, dirige les travaux des ouvriers qui agrandissent la jetée et les quais et rétablit l’ordre les nuits où les marins ivres morts dépassent les bornes. Autrefois sec et fringuant, Christo a maintenant une silhouette lourde et épaisse. Sa peau bronzée est adipeuse, ses lèvres sont tombantes et son pas est pesant. Son menton est par contre toujours aussi dur et sévère, ayant survécu pour le moment au déclin physique annoncé du commandant du port. Malgré son inertie, Christo est doté d’une force peu commune, démontrée par son cou de taureau et ses larges épaules.

Pour ce qui est de son caractère, ce dernier est amer et sombre la plupart du temps. Pourtant, il ne se met jamais en colère, et ne montre pas son déplaisir de manière évidente, gardant la tête froide en toutes circonstances, ce qui en fait un collaborateur inébranlable du Consul qui sait apprécier cette qualité à sa juste valeur.

Il est de notoriété publique que Christo Sarbazia est un ancien capitaine pirate. Ce que personne ne sait, mis à part Elgo da Senesta et Iago Ivoldo car il se montre très peu loquace à ce sujet, c’est comment il en est venu à se ranger : une nuit de beuverie, il a joué et perdu sa caravelle aux dés avec un des membres de son équipage, le flamboyant Andrès Rocviù. Bien qu’il eut pu contester la victoire de son adversaire, tricheur reconnu, ou même l’étriper sur-le-champs, il a cédé sans protester son navire, renommé «Le Double Six» par son nouveau capitaine. Ce fut après une période d’errances qu’il rencontra Elgo da Senesta, de retour de sa croisade en Urjah. Sa connaissance des réseaux de contrebandiers en a fait un allié de poids pour le condotierre qui l’a engagé à son service après s’être lié d’amitié avec lui.

Les motivations et la façon de penser de l’ex-pirate sont difficiles à percer, même pour ses fidèles. Avec lui, il n’y a pas de collaboration pour un profit mutuel qui tienne : son réseau est une organisation quasi familiale. En effet, ses hommes de main sont liés à lui irrémédiablement et ne peuvent quitter son service que les pieds devant... On ne compte plus les cadavres gonflés à la peau violacée qui ont été repêchés surnageant dans le port. A chaque fois, le même mode opératoire : la gorge tranchée d’une oreille à l’autre. Il aurait semble t-il développé ce mode de fonctionnement avec son équipage quand il était encore capitaine. Il va sans dire que la loyauté est la qualité qu’il apprécie le plus.

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Contre les esclavagistes !

Ce scénario met en scène un des lieutenants du consul de Svuleti, Elgo da Senesta. Ledit proche du condotierre est impliqué dans le commerce illicite d’esclaves car il est en charge du port de la cité. Par là-même, il est possible de jouer ce scénario comme une suite de Voluno : le jeune homme, comme proposé dans ce scénario, a été emmené par les hommes de Zanda dans le Bois des papillons. Là, à la discrétion de l’arbitre, ils ont réussi ou pas à secourir leur ami et ont de toutes manières appris que les esclavagistes se dirigeaient vers Svuleti (suite à un interrogatoire, pistage etc.). Le maître est encouragé à développer cet intermède pour en faire une vraie aventure, avec une possible négociation avec les lansquenets, une poursuite dans la forêt, des risques de démêlés avec des créatures féeriques, la rencontre de papillons géants, une embuscade etc.

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Rôle dans ce scénario : Christo ne jouera pas un rôle actif dans cette aventure, mais il n’en est pas moins un personnage important. Son retour prochain (détaillé dans une autre section) fait peser un sentiment de menace sur tous les autres protagonistes qui jouent contre la montre : Iago doit récupérer l’Idole, Elena s’enfuir avec, Querso semer la discorde et disparaître, et le groupe accomplir son objectif (quel qu’il soit). Sa personnalité mystérieuse doit aussi faire l’objet d’allusions et d’interrogations pour les joueurs tandis qu’ils entendent parler de ce sinistre ruffian par les autres sans jamais le rencontrer personnellement.

Iago IvoldoLe second de Christo Sarbazia, en charge des affaires

portuaires pendant l’absence de ce dernier, était le bosco (autrement dit, le maître d’équipage) de la caravelle pirate de Sarbazia. Quand le capitaine s’est retiré, son bosco l’a suivi, fidèle parmi les fidèles. Pour autant, il ne s’est jamais installé une relation d’égal à égal entre Christo et Iago, et c’est d’ailleurs pour cela que Iago craint tant la réaction de son supérieur quand il découvrira le vol.

Iago est un homme mûr au profil taillé à la serpe. Son nez est ridiculement pointu, son visage est assez inexpressif, comme celui d’un serpent, et ses yeux vairons sont étrangement fixes. Toutefois, ses mains sont beaucoup plus révélatrices de l’humeur de Iago, étant donné qu’elles sont toujours en train de faire ou de toucher quelque chose (il se les tord quand il est mal à l’aise, il tapote en rythme sur un objet quand il est nerveux, il se fait les ongles - impeccablement propres d’ailleurs, c’est une de ses fiertés de «ne plus se salir les paluches», selon ses termes - en cas d’ennui et il les caresse lascivement s’il est de bonne humeur). Par conséquent, il a pris l’habitude de croiser les bras en présence de ses collaborateurs pour éviter d’être trop facilement percé à jour. On prête également de nombreuses conquêtes féminines à Iago, et cette tendance à mener une vie dissolue semble toujours présente chez lui.

Pour l’aider à pourchasser le talentueux cambrioleur, Iago a fait appel à des connaissances et des anciens compagnons, contrebandiers, ruffians, flibustiers et malandrins sur le retour. Les leaders de cette bande hétéroclite de trognes patibulaires sont : Anastacio Zoloïo, un personnage au langage toujours courtois, connu sous le nom de «Don» (c’est un noble originaire de Bracce ayant été déshérité et rejeté par sa famille) qui persiste à se vêtir de coûteux pourpoints blancs alors qu’il transpire abondamment ; Igra le Borgne, un grand gaillard surnommé ainsi à cause de son faux cache-oeil (il a toujours l’usage de ses deux yeux mais utilise cet accessoire pour se donner un air auprès de la gent féminine - dans son cas, les prostituées du port) et Xenia - il semble qu’il s’agisse d’un pseudonyme, on ne sait rien de plus sur son identité -, une ancienne maîtresse de Iago qui est maintenant assez vieille pour avoir l’air d’une grande mère acariâtre, apparence démentie par sa paire de pistolets toujours impeccablement entretenus, un présent de son amant.

Rôle dans ce scénario : Iago est un adversaire tout désigné pour des personnages idéalistes ou bienveillants. Toutefois, rien n’interdit au groupe de travailler pour lui un temps, quitte à le trahir juste au moment de mettre la main sur l’Idole ! Si les personnages causent du tort à Iago, celui-ci les menacera

de poursuites judiciaires - vu que les juges de Svuleti sont aux ordres de Senesta et sa bande, c’est un argument de poids - dont l’issue pourrait-être l’esclavage. Pour fermer les yeux sur leurs actes passés, il pourra leur proposer de lui rapporter l’Idole Arachnéenne. En fait, il ne tient ni à mettre sa menace à exécution, ni à les laisser s’en tirer à si bon compte, car dans tous les cas, la nouvelle du forfait parviendrait aux oreilles de Sarbazia et c’est justement ce qu’il essaie d’éviter à tout prix. Les amis hauts en couleur de Iago, quant à eux, jouent le rôle de rivaux, que les personnages travaillent pour l’ex-bosco ou pas, car chacun aimerait être celui qui mettra la main sur l’Idole pour le compte de celui-ci (ou pas... il se pourrait qu’Anastacio travaille en secret pour son propre compte). Enfin bref, de quoi mettre un peu d’animation dans cette situation déjà inextricable !

Querso da ChiesoCe jeune homme avenant à la longue chevelure frisée fait

partie du réseau de la chevalière Isil Oromë. Il travaille dans le port comme maçon et espionne les agissements de da Senesta et de son clan d’hommes de confiance (dont Christo Sarbazia). Particulièrement curieux et assez peu expérimenté (c’est un agent novice), il s’est fait surprendre en train de fouiner par Zabo da Saglavacra, une sinistre connétable sur laquelle court des rumeurs de magie noire. Querso a réussi à filer avant que la situation ne s’envenime, non sans laisser tomber dans sa fuite un mouchoir sur le lieu du drame (le pavillon de la Main à deux pouces). Mouchoir qui a dûment servi à un rituel de Zabo dirigé contre Querso da Chieso. Cette dernière, assez mesquine, on doit bien l’avouer, lui a jeté une malédiction d’impuissance par l’intermédiaire de la pièce de tissu (tout le monde sait qu’il ne faut jamais laisser une sorcière mettre la main sur un objet personnel !). L’infortuné espion craint que sa déconvenue ne soit permanente, mais les effets du mauvais

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sort se dissiperont bientôt.

Depuis le début de son enquête, Querso a fait peu de découvertes importantes : Senesta prend toutes les précautions nécessaires pour garder ses réseaux d’esclavagistes dissimulés (embarquement en dehors de la ville, surveillance attentive du coronal Carlo Buran et ses mercenaires, transactions au marché noir).

Rôle dans ce scénario : Depuis sa mésaventure, Querso da Chieso se montre bien plus prudent. Pourtant, il est persuadé que l’absence de Sarbazia et de son professionnalisme à toute épreuve est l’opportunité parfaite pour récolter des rensignements précieux (registres secrets conservés dans le demeure du commandant du port, visite au marché noir etc.). Pour cela, il recherche un groupe d’aventuriers assez entreprenants et dignes de confiance à qui confier ces missions, contre monnaie sonnante et trébuchante, bien sûr (la chevalière n’est pas avare !).

Gregorio BasinioLe fiancé d’Elena Grassini est un jeune homme un peu niais,

mais terriblement attachant avec son optimisme naturel et sa faculté à éluder les problèmes, en sautant du coq à l’âne, avec une fraîcheur toute juvénile. Gregorio est grand, mais frèle, impression renforcée par des bras grêles et des vêtements - à la mode - beaucoup trop larges pour lui, ce qui fait qu’ils flottent librement autour de son corps, cause de beaucoup de ses maladresses. Gregorio Basinio habite une petite maison du centre-ville, qu’il a achetée en s’endettant auprès de créanciers qui ont profité de sa crédulité, au grand dam d’Elena. Suite à son récent passage à tabac, le corps et le visage de Gregorio sont couverts de multiples contusions et ecchymoses.

Rôle dans ce scénario : Gregorio est un moyen parfait d’impliquer des aventuriers au grand coeur dans ce scénario. Il les abordera et leur exposera ses craintes au sujet de sa fiancée. Tout d’abord, il évitera de parler du vol d’Elena, mentionnant simplement un «différent» pour justifier que les hommes de Iago risquent de se lancer à la poursuite de la jeune femme. Néanmoins, le mensonge ne tiendra guère, ne serait-ce que parce que Gregorio est un être franc qui se montre peu convaincant dans la tromperie. Il suppliera le groupe de retrouver Elena avant les ruffians et de la protéger, quitte à l’obliger à restituer ce qu’elle a volé à Sarbazia. Gregorio pourra leur faire part des intentions d’Elena, à savoir se rendre au marché noir et prendre une chambre à la Morue pas Fraîche (voir plus loin).

Une fois que les malandrins de Iago auront identifié la voleuse comme étant Elena Grassini, nul doute que l’un de leurs chefs pensera à capturer Gregorio pour s’en servir comme monnaie d’échange...

Ulberto l’Edenté et ses ruffians Ce marchand peu scrupuleux fait régulièrement office de

receleur de marchandises volées par les divers vide-goussets de la cité. Il a déjà eu maille à partir avec Sarbazia, mais cela n’a pas refroidi son ambition et sa cupidité démesurées : il a simplement changé d’identité. Pour ceux qui ne connaissent pas

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ses diverses malversations, Ulberto semble être un homme jovial et tolérant, à la digression facile et au caractère débonnaire. Baratineur chevroné, il est capable de s’inventer un métier, un passé et une famille en un instant, sans jamais se contredire, et bien malin celui qui saura repérer les incohérences de ses histoires, qu’il base toujours sur des ouï-dires ou des récits qu’on lui a rapporté : en effet, Ulberto est un grand bavard, mais sait aussi écouter.

La tenue du moment de cet escroc est une onéreuse veste de cuir à lacets, qu’il accompagne avec des gants blancs du plus bel effet. Du point de vue physique, Ulberto est de taille moyenne, bien proportionné, avec toutefois un cou inexistant et une bouche édentée, séquelle de l’infection d’une blessure à la mâchoire récolée lors d’un violent différent avec plus malfaisant que lui.

Ulberto l’Edenté, qui mène une vie pleine de rebondissements, est tour à tour menacé et menaçant et dans les deux situations, il s’offre les services de deux bandits, Laerte et Onofrio, plus connus sous le surnom de la «Paire de Valets». Comme pour se conformer à cette appellation, les deux hommes ont la même tenue tapageuse (d’épaisses bottes cirées, de nombreuses bagues dont la plupart sont ornées de clinquants, des chapeaux bas en feutre, de larges ceinturons, du parfum bon marché et des doublets aux manches bouffantes), se distinguant uniquement par la couleur de leur foulard, noir pour Laerte et rouge pour Onofrio. Agissants en hommes de main professionnels, leur loyauté n’en reste pas moins à vendre, et un adversaire dispendieux n’aura guère de difficultés à les retourner contre Ulberto, s’il les traite avec respect. En effet, «la paire de Valet» attend un minimum d’égards, tant au niveau du salaire (mirobolant comparé à leurs confrères, bien que le niveau de compétence y soit pour quelque chose) qu’en terme de considération. Nonobstant leur vanité, Onofrio et Laerte sont deux rustres : le premier est un être veule au visage chafouin qui singe la manière de parler de la haute société avec trop d’exagération pour être convaincant, quant au second, bien charpenté et qui a la détestable habitude de se poudrer le visage, il ne sait ni lire ni écrire.

De cape et d’épée

Le ton de ce scénario est volontairement vif et enlevé, pour ne laisser aucun répit au groupe : poursuites endiablées, intimidation, bastonnades, menaces, négociations, combats de rues etc. Pour autant, la plupart des adversaires des aventuriers hésiteront à porter des coups mortels ou à attenter à leur vie d’une autre façon : les meurtres sont trop peu discrets et les autorités de la ville, même si elles sont crapuleuses, ne peuvent ni ne veulent fermer les yeux là-dessus. Aussi, il est préférable que les vaincus (personnages ou rivaux) soient simplement assommés, blessés, ligotés, désarmés ou ridiculisés plutôt que tués. Toutefois, pensez bien que Laerte et Onofrio n’ont pas de tels scrupules et les autres, s’ils sont provoqués ou en difficultés, n’hésiteront pas non plus à franchir la ligne rouge.

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LA TRACE DE L’IDOLE ARACHNEENE

Les pistesLe cambrioleur a laissé sur les lieux un indice de taille :

un long cheveu châtain que Iago a découvert. Comme ce dernier sait que Sarbazia n’a pas d’amante (il ne la laisserait de toutes manières pas pénétrer dans sa salle au trésor) ni de collaboratrice, il en a déduit que le voleur est en fait une voleuse. Il ne connaît pas Elena, mais ce n’est qu’une question de temps avant qu’un de ses hommes ne se souvienne des agissements d’Elena Grassini en tant que coupeuse de bourse franc-tireur. Iago se doute aussi que le responsable du forfait va essayer de quitter la ville rapidement, si possible en s’étant débarrassé des objets dérobés auparavant (sur les routes, il faut voyager léger et avec discrétion !). C’est pourquoi il fait surveiller les issues (voir Fuir Svuleti).

Le Marché noir de SvuletiQuelque soit le but des personnages (protéger Elena, lui

dérober l’Idole pour leur propre compte ou celui de Iago), il est fort probable qu’ils visitent le marché noir de Svuleti, par intuition ou sur le conseil de Gregorio. Si vous considérez que cela est opportun (filature, enquête parallèle, hasard), les hommes de Iago - commandés par Igar le Borgne et Anastacio Zoloïo - sont déjà là, ou arrivent peu après le groupe. Il se peut même que les aventuriers décident de suivre les sbires de Iago, auquel cas c’est ces derniers qui les mènent au marché noir.

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Description : Ledit marché noir se tient dans un entrepôt désaffecté du port de Svuleti, et ce une fois par semaine, la nuit du vendredi. A l’intérieur, entre les caisses vides que l’ancien propriétaire, un armateur en désaccord avec Senesta et ses lieutenants, a omis de faire retirer lors de son départ précipité sont menagées des rangées obscures, éclairées seulement les chandelles des stands des commerçants, que ces derniers peuvent moucher en un instant si besoin (en cas de descente impromptue des autorités par exemple). On peut y croiser toute la pègre de la cité : receleurs, petites frappes, voleurs à la petite semaine, contrebandiers et quelques pirates (Sarbazia tolère à peine ses anciens congénères, car il connaît leur imprévisibilité). Des envoyés du Consul supervisent ostensiblement les transactions qui se déroulent dans le hangar : en effet, si le seigneur de la cité ferme les yeux sur le marché noir, c’est pour deux raisons. Tout d’abord, il fait aussi percevoir des taxes sur les biens échangés, taxes qui ne figurent pas dans les comptes de la cité et qu’il peut détourner à loisir sans que le Consulat ait son mot à dire. Ensuite, entretenir un tel réseau mafieux lui permet de pouvoir facilement négocier et faire transporter les esclaves de son commerce illicite. C’est d’ailleurs au marché noir que Sarbazia conclut traditionnellement les transactions avec les clients intéressés, avant de faire si besoin transiter les esclaves en question vers une baie au nord de Svuleti pour le chargement.

Personnalités : Parmi les habitués du marché noir, on compte notamment Ulberto, Laerte et Onofrio. Daniele Baschenis, un petit homme chauve aux oreilles poilues, se trouve être l’envoyé de Senesta. Il manque cruellement d’humour, surtout vis à vis de ceux qui croient amusant de le regarder de haut alors qu’il dispose de trois gardes du corps, du genre brutes épaisses. Carmela Lupa dite la «Veuve Noire», une mondaine aux ongles et aux lèvres teintées en pourpre, est une receleuse assez appréciée, bien qu’elle se montre d’ordinaire plus frileuse qu’Ulberto avant de conclure un achat. Wolframo l’Enfumeur, quant à lui, est un marchand spécialisé dans le commerce de substances illicites et de drogues de toutes sortes (il réserve cependant ses doses de Lotus Ecarlate à quelques privilégiés). Il est connu pour refuser de traiter avec des clients avant d’avoir partagé avec eux une pipe d’une herbe étincelante toute particulière qui dégage des vapeurs bleues perturbant le sens équilibre de ceux qui la fument. S’il décèle une opportunité, il n’hésitera pas à fourguer de la marchandise frelatée. Quant au Vénérable Sing, il s’agit d’un esclavagiste, client régulier de Senesta. Encapuchonné, il ne dévoile jamais son visage en public, se tenant toujours à l’écart des chandelles du marché. Ce mystérieux individu affecte un accent du lointain empire de Shanzen, mais en fait, c’est un natif du Consulat cherchant à brouiller les pistes quant à l’identité de son employeur, qu’il représente à Svuleti. Enfin, Livio, Tea et Quinto sont trois jeunes tire-laines, en froid avec Daniele et ses gorilles depuis qu’ils ont tenté de leur faire les poches.

Elena Grassini s’est montré imprudente en volant un des barons du crime local, et elle le sait. Aussi, elle a l’intention de garder un moment l’Idole avant de rentrer en contact avec un receleur, dans une autre cité du Consulat. Toutefois, elle croit ne risquer rien en vendant au marché noir de Svuleti quelques-uns des joyaux qu’elle a dérobé en plus de la statuette d’onyx. Elle a tort, car voir arriver une inconnue à la bourse pleine de pierres précieuses va susciter des interrogations légitimes même chez les commerçants sulfureux du marché noir. Certains, comme Ulberto, feront le lien avec les manigances

Le trésor du Pirate

Des voyages, des pillages et des nombreuses aventures qui ont ponctué sa carrière de pirate, Christo Sarbazia a conservé un pactole conséquent, principalement en joyaux, en pièces d’or et en objets d’art.

La plus belle pièce est sans conteste l’Idole Arachnéenne, sur laquelle il a fait main basse en explorant avec ses flibustiers une partie du sanctuaire de l’Araignée, un labyrinthe cauchemardesque creusé dans les flancs du volcan de Zafra, dans le Nouveau Monde. Cette statuette en onyx pur, sans la moindre imperfection, n’a pas été façonnée par la main de l’homme puisqu’elle ne porte aucune trace d’un burin de sculpteur. Rehausée d’or par endroits, cette idole dépeint une silhouette voilée du dos de laquelle partent huit longues pattes disposées en éventail. Détail sinistre, l’Idole Arachnéenne semble résister à toute tentative d’altération, physique ou magique. Cette particularité est si puissante que l’objet ne rentrera jamais en contact quelque liquide que ce soit, se contentant de flotter à quelques centimètres de celui-ci. De même, la poussière semble refuser de se déposer sur la statuette, ce qui fait que cette dernière reste étenernellement resplendissante.

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de Iago et agiront en conséquence. Pour la plupart, cela veut dire rechigner à conclure un achat, tandis que pour Ulberto, qui sait ce que l’on raconte au sujet de l’Idole Arachnéenne, et se doute bien que si Elena s’est introduite chez l’ancien pirate elle n’a pas manqué de s’emparer de cet objet hors de prix, cela signifie lancer des chasseurs de primes à ses trousses pour s’emparer de l’Idole.

Autant dire qu’à partir du moment où Elena proposera à Ulberto d’acheter le produit de son vol et que ce dernier aura averti Laerte et Onofrio, ces deux ruffians joueront les troubles fêtes... et ils ne sont pas du genre à faire dans la dentelle !

Idées de péripéties :

Elena est en train de faire le tour des receleurs. Elle parle d’abord à la Veuve Noire, qui refuse, puis s’entretient avec Ulberto, qui fait traîner les choses, pour réfléchir à la marche à suivre. Il fait semblant d’hésiter, achète quelques joyaux et demande à Elena de repasser le voir quand il aura réuni d’autres fonds pour ceux qui restent. En fait, il en profite pour avertir Laerte et Onofrio.

Simultanément, aventuriers et pirates se mettent à quadriller le marché noir dans l’espoir de repérer le voleur. Igar et le Don pensent (cf. Les indices) qu’il s’agit d’une femme, donc risquent rater Elena, car elle s’est déguisée en homme, à moins qu’un incident ne vienne leur mettre la puce à l’oreille...

Les ruffians de Iago interrogent méthodiquement les receleurs. Certains refusent de révéler des informations sur leurs clients, avec pour conséquence directe une certaine tension et des menaces physiques. Daniele arrive à la rescousse avec ses affreux pour rétablir le calme. La situation s’envenime, Daniele expulse les pirates qui forment un cordon autour du bâtiment pour empêcher Elena de s’échapper (ils l’ont identifiée grâce

au témoignage de la Veuve Noire à qui le Don fait de l’effet).

Le Vénérable Sing, avec son visage dissimulé, semble suspect aux hommes de Iago, d’autant plus qu’il refuse d’enlever son capuchon. Il faut l’arrivée d’Igar le Borgne, qui connaît bien le marché noir, pour dissiper le malentendu.

Tea et Quinto accusent avec force cris Wolfrano de vouloir les rouler. Dans la confusion qui s’en suit, Livio tente de subtiliser quelques sachets de Lotus Ecarlate au marchand.

Daniele Bashenis, qui n’aime guère les nouveaux visages, repère les aventuriers et les presse de questions, laissant quelques minutes à Elena pour s’échapper et/ou permettant aux hommes de Iago de prendre de l’avance.

Laerte et Onofrio acculent Elena dans un coin de l’entrepôt, la fouillent, lui prennent ses objets de valeur et entreprennent de la tabasser pour qu’elle leur révèle où elle a mis l’Idole.

La Morue pas fraîcheElena a pris une chambre dans cette auberge, espérant

passer inaperçue dans la faune bigarrée qui la fréquente, ce qui devrait être suffisant pour garantir sa tranquilité le temps qu’elle revende quelques joyaux au marché noir et fuie avec son fiancé Gregorio. Il y a toutefois deux ombres au tableau : la moralité discutable du patron et que Gregorio sache où elle loge. Durant l’une des péripéties précédentes, certaines des personnes qui la pourchassent ont appris son nom (ou connaissent au moins son apparence physique). Il n’en faut pas plus pour qu’ils se décident à rendre une petite visite à Gregorio et/ou à enquêter auprès des aubergistes du port. Celui de la Morue pas fraîche se fera un plaisir de vendre cette information !

Description : L’Auberge de la Morue pas fraîche est un établissement défraîchi situé sur le port. Comme tous les autres bâtiments, ses trois étages sont construits en pierre grise et surmonté d’une toiture d’ardoise. Il est particulièrement populaire chez les ouvriers, qui viennent y prendre un verre le soir, et pourquoi pas un lit. En effet, cette auberge se double d’une maison close, pour les clients qui le désirent : le patron Priamo a passé un accord avec un proxénète de Svuleti, qui le fournit en filles de joie.

Le soir, l’ambiance de la Morue pas fraîche est assez agitée, du fait des consommateurs éméchés et des fréquentes rixes dans la salle commune, basse de plafond (d’où le mobilier épais et l’absence de décorations fragiles).

Personnalités : Priamo est un massif cabaretier sans un poil sur le caillou, portant toujours un vieux tablier blanc maculé de tâches marronnasses (du sang séché ?). Au sens propre comme au figuré, il a les dents longues. En effet, on raconte qu’il a du sang d’ogre dans les veines, et il est de notoriété publique qu’il est prêt à toutes les infamies pour arriver à ses fins. Damiana, quant à elle, est «la dame de compagnie» préférée des clients. Et selon, ce qu’on raconte, elle a du mordant, comme le prouvent les traces de morsures sur ses amants d’un soir. Enfin, Bernardo est un vieux loup de mer qui joue les piliers de bar. Il est tout disposé à faire une partie de cartes avec qui

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voudra, mais il faudra que les heureux élus supportent ses réflexions continuelles au sujet de la météo (qu’il ressent dans ses os avec une précision des plus remarquables, à l’en croire) et ses tricheries à peine voilées qu’il mettra sur le compte de son grand âge (et vas-y que je confonds mon jeu avec celui du voisin, que je laisse mon regard vitreux vagabonder sur ta main etc.). Il faut toutefois noter que le bonhomme est bon perdant ! Considéré avec affection par les habitués, Bernardo est hébergé gratuitement par ce grippe-sou de Priamo, ce qui est assez remarquable pour le souligner.

Idées de péripéties :

Une bagarre se déclenche juste au moment où les aventuriers ou leurs rivaux investissent l’Auberge, créant un chaos propice aux coups tordus et à l’évasion d’Elena.

Les hommes de Xenia s’introduisent dans le bâtiment par les fenêtres et fouillent les étages, ce qui devrait conduire Elena, si elle n’est pas capturée, à descendre fissa dans la salle commune.

Des morues un peu trop envahissantes font des avances à tout groupe d’hommes (aventuriers ou ruffians de Iago) qui s’approchent d’elles. Si elles sont rembarrées trop vertement, elles risquent de faire un scandale et d’en appeler au patron en poussant des cris d’orfraie !

Le Jardin des AlcôvesDescription : Ce lieu, situé en plein centre de Svuleti, est un

espace vert public d’une superficie d’un quart d’acre. Dissimulé de la rue par un haut mur, ce jardin est parsemé de hautes haies austères savamment taillées pour former des alcôves de végétation dans lesquelles batifolent jeunes amoureux et couples adultères. Il s’agit aussi d’un lieu de rencontre discret particulièrement prisé par la pègre locale. C’est Elgo da Senesta en personne qui en a ordonné la construction, et finance depuis son entretien, ce dernier étant confié à Maurizio, un vieil homme dur d’oreille dont le sujet de discussion favori (en dehors du jardinage) est la danse. S’il croise une jeune femme, il lui proposera bien galamment une volte ou une gaillarde, deux danses de couple vives et tournoyantes.

Au centre du jardin des Alcôves se dresse une fontaine grossièrement équarrie surmontée d’une statue de Neptune en grès. Il est de coutume pour les femmes de marins d’y jeter une pièce afin que la colère du dieu épargne leurs maris.

Idées de péripéties :

Iago Ivoldo, pour éviter de mettre la puce à l’oreille des domestiques de Sarbazia, évite de recevoir ses amis dans sa demeure. A la place, il préfère le calme et la discrétion du Jardin des Alcôves pour discuter de la recherche de l’Idole avec le Don, Igar le Borgne et Xenia. Faire suivre ces derniers permettrait à un groupe qui n’aurait pas compris encore à qui il avait à faire de progresser dans sa compréhension de l’intrigue.

Un autre des protagonistes organise une rencontre dans le Jardin avec les aventuriers. Iago peut vouloir les engager ou les intimider, un de ses hommes travailler de concert avec

eux, un informateur (comme Priamo, le patron de La Morue pas Fraîche) leur vendre un renseignement, Querso da Chieso prendre des nouvelles de l’enquête etc. Si elle les juge dignes de confiance, Elena peut même décider de leur donner rendez-vous afin de leur confier l’Idole, ayant enfin compris ce qu’elle risque, mais c’est une possibilité fort improbable.

Comme au-dessus, un autre des protagonistes organise une rencontre avec les aventuriers, mais en profite pour leur tendre une embuscade dans les allées labyrinthiques du Jardin. Dans le même genre, une entrevue paisible peut être interrompue par une troisième partie beaucoup moins conciliante.

LA DEMEURE DE SARBAZIAPlusieurs raisons peuvent pousser les aventuriers à pénétrer

chez Sarbazia. Tout d’abord, il est possible qu’un groupe dont la loyauté est à vendre offre ses services à Iago Ivoldo pour récupérer l’Idole (ou, l’ayant déjà en leur possession, lui propose de la lui céder pour une somme substantielle, l’embarras dans lequel il était les ayant convaincu qu’ils pouvaient en tirer un bon prix). Iago les recevra alors dans la demeure de Sarbazia. Mais il est plus probable que les personnages entrent par effraction dans le manoir, par exemple pour voler à nouveau l’ex-capitaine, restituer l’Idole à sa juste place pour protéger Elena, subtiliser des archives sensibles du port sur le traffic d’esclaves pour le compte de l’espion d’Isil Oromë ou encore assassiner/laisser un message à Iago.

S’introduire dans le bâtiment est plus facile à dire qu’à faire : il est gardé en permanence par deux équipes de coupeurs de gorges qui se relaient, les fenêtres sont barrées par des grilles (de véritables chef d’oeuvre de ferronnerie) épaisses de deux pouces et les portes sont verrouillées de l’intérieur par des serrures perfectionnées. Les deux moyens ne nécessitant pas un régiment de lansquenets pour forcer le passage sont les suivants : entrer par la maison adjacente (en faisant précautionneusement et avec le matériel adapté un trou dans le mur mitoyen ou en entrant par le toit en retirant les tuiles,

Conseils d’improvisation

Comme vous avez pu le remarquer, aucun plan n’est fourni avec ce scénario (que ce soit du manoir de Sarbazia, du marché noir ou de Svuleti). Mais cela ne doit pas gêner ou limiter l’arbitre pour autant : il est encouragé à se servir de souvenirs familiers pour décrire l’agencement des nombreux lieux dans lesquels se déroule l’aventure. Par exemple, pour la demeure de l’ex-pirate, le meneur pourra s’inspirer de sa propre maison pour l’organisation des différentes pièces, avec peut-être une échelle différente (à l’emplacement de la cuisine, il y aussi le garde-manger et les appartements des domestiques ; au niveau de l’entrée, il y a aura un large hall et une salle de réception etc.). Préparez quelques photos de mobilier d’époque (prise dans un palais ou un musée) pour improviser sur des bases solides et enfin, restez à l’écoute des suppositions des joueurs pour vous donner des idées - non seulement pour leur donner raison mais aussi pour infirmer quelques fois leurs théories.

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méthode choisie par Elena, qui a tout remis soigneusement en place au cas où elle devrait revenir !) et se procurer les clés (en les volant à un des gardes ou à Iago lui-même). Si vous voulez corser le défi, piégez la salle au trésor et faites aller et venir les domestiques dans la maison.

En ce qui concerne la salle au trésor, il s’agit d’une pièce rectangulaire sans fenêtres, située au centre du deuxième étage. Derrière ses portes à doubles battants (qu’il faudra enfoncer si les personnages ne sont pas versés dans l’art du crochetage), un fatras hétéroclite de merveilles d’une autre époque et d’un autre lieu, c’est-à-dire ce qui reste de la fortune que Sarbazia a accumulé lors de ses années de piraterie : masques du Nouveau Monde en or massif, bourses pleines de pierres précieuses de toutes teintes et de toutes formes, statuettes chamarrées, gris-gris divers et variés, têtes réduites, essences précieuses de bois, sacs d’épices et de fève de cacao, grands masques tribaux, colliers, breloques, toiles de peintres cornéens renommés, figurines en nacre, perles de la taille d’une noix, sans oublier quelques coffres remplis de dizaines de monnaies différentes (en provenance du Nouveau Monde, de Seconde et même d’Orient). Si l’arbitre le désire, quelques objets magiques peuvent aussi se trouver dans cette caverne d’Ali Baba.

Juste à coté de sa salle au trésor se trouve la chambre spartiate de Sarbazia dont l’ameublement se compose en tout et pour tout d’une armoire à vêtements, d’un bureau en acajou (où sont notamment conservés les registres qui intéressent tant Querso da Chieso) et d’un grand lit au matelas d’une dureté surprenante.

FUIR SVULETIIago, qui bénéficie d’une certaine influence en tant que

second de Christo Sarbazia, a fait jouer ses relations pour que certains de ses hommes de main se joignent aux gardes des portes de Svuleti et fouillent les personnes qui sortent de la ville. Cela fait jaser dans les bas-fonds, bien entendu, mais Elgo da Senesta est connu pour ses nombreux adversaires et rivaux, aussi de telles mesures sont loin d’être une première.

De nuit, les portes de la muraille qui ceignent la cité des galères sont closes, des patrouilles parcourent le chemin de ronde et l’enceinte est éclairée de torches espacées chacune d’une dizaine de mètres. Autant dire qu’une évasion risque d’être ardue...

Pour ce qui est du port et des navires, les officiers de Sarbazia, comme à leur habitude, inspectent tous les navires qui appareillent et accostent pour vérifier si des passagers clandestins ou des marchandises de contrebande (ou en tout cas de contrebande non déclarée aux autorités crapuleuses du port) ne se cachent pas dans les cales. La nuit, une lourde chaîne, épaisse d’un pied, est tendue d’un phare à l’autre, interdisant à toute nef de quitter discrètement Svuleti à la faveur de l’obscurité. L’embarquement des esclaves, quant à lui, ne se fait pas là, mais dans une baie toute proche au nord de la cité, ce qui permet une meilleure discrétion (le port de Svuleti est assez animé le nuit !).

Un moyen sûr de s’échapper de la ville est d’emprunter le tunnel secret qui part de La Morue pas fraîche, serpente sous les pavés, traverse les fondations du mur d’enceinte et resurgit

de l’autre coté dans un chaos de rochers de la côte. Se tenir au courant des horaires des marées est utile, car certaines parties du boyau sont inondées assez régulièrement. Pour convaincre Priamo de les laisser l’emprunter, il faudra être très persuasif, surtout si ce dernier sait que les aventuriers sont recherchés et/ou que ces derniers ont en leur possession l’Idole !

Soudoyer une équipe de gardes peut aussi être une stratégie intéressante, si on excepte le risque d’être trahi et dénoncé par des miliciens souhaitant jouer sur les deux tableaux. Se renseigner sur les gardes aisément corruptibles peut faire l’objet d’une entrevue avec le «Don» (Anastacio Zoloïo), très au fait de ce genre d’informations.

LE RETOUR DE SARBAZIAS’il reste encore une chance de récupérer l’Idole quand

Sarbazia revient, Iago fera amende honorable et avouera tout à son patron. Christo prendra alors la tête des opérations pour récupérer ce qui est sien. Si par contre les cambrioleurs ont déjà pris le large, l’ex-bosco, qui a pris soin dès le début de l’affaire de commander à un orfèvre de Svuleti une reproduction de l’Idole, qu’il a décrite avec précision grâce à ses souvenirs de l’objet (il était là quand Christo l’a découvert, et depuis, il la voit chaque semaine dans la salle au trésor du commandant du port), choisira, selon le degré d’avancement du travail du bijoutier, soit de mettre la copie à la place de l’original en espérant faire passer la supercherie pour autre que sienne - il prétextera n’avoir pas remarqué la substitution - soit de prendre la fuite et de quitter Svuleti - sans oublier de faire un crochet pour vendre au marché noir la copie de l’Idole, se mettant quelques temps à l’abri financièrement aux dépends d’Ulberto, persuadé d’avoir acquis la véritable statuette.

Dans tous les cas, le fait que le cadavre de Iago, la gorge tranchée, soit découvert ou pas dans le port est de votre ressort. D’un coté, sa mort permet de poser une certaine ambiance tandis que de l’autre coté, sa survie aura le mérite d’en faire peut-être à nouveau un adversaire du groupe.

Quant aux autres participants, leur sort est laissé à votre discrétion. Querso da Chieso, s’il se croît en danger, prendra la tangente, privant Isil Oromë d’un informateur au coeur du bastion de Senesta, mais lui rapporteront peut-être certains registres très intéressants qui risqueront de faire parler d’eux... Ulberto fera profil bas pendant quelques temps, mais ne sera pas inquiété pour le rôle qu’il a joué dans ces événements - sauf si c’est lui qui a fait main basse sur l’Idole Arachnéenne, bien entendu. Pour sa part, Elena Grassini fuira avec son fiancé si elle en a l’occasion (peut-être même avec l’aide du groupe, qui sait !).

***

Illustrations de Rembrant, Canaletto, Thomas Cole.

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Aventures FantastisquesLe Clan des esclavagistes

Christo Sarbazia Guerrier niveau 5, ChaosFo 14 In 13 Sa 11 De 8 Co 10 Ch 14 ; PV 34 ; CA 0 Braquemart.

Iago Ivoldo Voleur niveau 4, ChaosFo 10 In 10 Sa 10 De 10 Co 12 Ch 13 ; PV 19 ; CA 2 (cuir)Epée longue.

Anastacio Zoloïo, le DonGuerrier niveau 5, ChaosFo 11 In 14 Sa 8 De 13 Co 8 Ch 16 ; PV 21 ; CA 1Sabre d’abordage.

Igar le Borgne Guerrier niveau 4, NeutreFo 13 In 11 Sa 10 De 8 Co 15 Ch 10 ; PV 34 ; CA 1 (cuir)Epée longue.

Xenia Voleuse niveau 5, ChaosFo 13 In 11 Sa 8 De 16 Co 8 Ch 11 ; PV 15 ; CA 2 (cuir)Longs poignards, bolas.

RuffiansGuerriers niveau 2, ChaosPV 2d10 ; CA 3 (cuir)Coutelas et dagues dissimulés.

Franc-tireurs et autres trouble-fêtes

Elena Grassini Acrobate de niveau 3, NeutreFo 11 In 9 Sa 9 De 15 Co 9 Ch 14 ; PV 22 ; CA 4 Dague dissimulée dans ses vêtements, couteau dans sa botte. Acrobaties 87% Esquive 40%

Gregorio Bassini Homme normal, LoyalFo 10 In 10 Sa 8 De 13 Co 8 Ch 13 ; PV 3 ; CA 1Mains nues.

Querso da Chieso Guerrier de niveau 1, LoyalFo 12 In 12 Sa 10 De 8 Co 13 Ch 12 ; PV 9 ; CA 0Couteau.

Ulberto l’EdentéVoleur de niveau 2, ChaosFo 7 In 16 Sa 9 De 8 Co 11 Ch 13 ; PV 7 ; CA 0Epée courte.

Laerte et Onofrio, la Paire de Valets Guerriers de niveau 4, ChaosPV 27, 24 ; CA 3 (cuir)Epées longues.

Epées et Sorcellerie 2Le Clan des esclavagistes

Christo Sarbazia Guerrier niveau 5, ChaosFo 10 In 9 Sa 7 De 4 Co 7 Ch 10 ; PV 23 ; CA 7 Braquemart.

Iago Ivoldo Voleur niveau 4, ChaosFo 7 In 7 Sa 6 De 6 Co 8 Ch 9 ; PV 18 ; CA 8 (cuir)Epée longue.

Anastacio Zoloïo, le DonGuerrier niveau 5, ChaosFo 7 In 10 Sa 4 De 9 Co 4 Ch 12 ; PV 16 ; CA 9Sabre d’abordage.

Igar le Borgne Guerrier niveau 4, NeutreFo 9 In 7 Sa 6 De 5 Co 11 Ch 5 ; PV 21 ; CA 8 (cuir)Epée longue.

Xenia Voleuse niveau 5, ChaosFo 9 In 7 Sa 5 De 12 Co 5 Ch 7 ; PV 11 ; CA 8 (cuir)Longs poignards, bolas.

RuffiansGuerriers niveau 2, ChaosPV 2d6+2 ; CA 8 (cuir)Coutelas et dagues dissimulés.

Franc-tireurs et autres trouble-fêtes

Elena Grassini Voleuse de niveau 3, NeutreFo 7 In 6 Sa 5 De 11 Co 5 Ch 10 ; PV 10 ; CA 11 Dague dissimulée dans ses vêtements, couteau dans sa botte.

Gregorio Bassini Homme normal, LoyalFo 7 In 7 Sa 4 De 9 Co 5 Ch 9 ; PV 2 ; CA 8Mains nues.

Querso da Chieso Guerrier de niveau 1, LoyalFo 9 In 9 Sa 6 De 5 Co 9 Ch 9 ; PV 5 ; CA 7Couteau.

Ulberto l’EdentéVoleur de niveau 2, ChaosFo 4 In 12 Sa 5 De 5 Co 8 Ch 9 ; PV 7 ; CA 7Epée courte.

Laerte et Onofrio, la Paire de Valets Guerriers de niveau 4, ChaosPV 21, 16 ; CA 8 (cuir)Epées longues.

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