La dicte de la pense (ou d'autre chose?) quoi le surralisme a voulu originellement se soumettre et s'en remettre travers lcriture dite automatique, j'ai dit combien d'alas dans la vie de veille son coute (active-passive) tait expose. D'un immense prix, par suite, m'ont toujours t ces phrases ou tronons de phrases, bribes de monologue ou de dialogue extraits du sommeil et retenus sans erreur possible tant leur articulation et leur intonation demeurent nettes au rveilrveil qu'ils semblent produire car on dirait qu'ils viennent tout juste d'tre profres. Pour sibyllins qu'ils soient, chaque fois que je l'ai pu je les ai recueillis avec tous les gards dus aux pierres prcieuses. Il fut un temps o je les enchssais tout bruts au dpart d'un texte (le Message automatique et quelques autres). Je m'imposais par-l d' enchaner sur eux, fut-ce dans un tout autre registre, charge d'obtenir que ce qui allait suivre tint finalement auprs d'eux et participt de leur trs haut degr d'effervescence. D'une de ces phrases allure de sentence particulirement belle: Il y aura toujours une pelle au vent dans les sables du rve, en 1943 j'ai fait la trame d'un long pome: les Etats gnraux, qui est sans doute celui auquel je tiens le plus. Mme si, a beaucoup prs, la bouche d'ombre ne m'a pas parl avec la mme gnrosit qu'a Hugo et s'est mme contente de propos dcousus, l'essentiel est qu'elle ait bien voulu me souffler parfois quelques mots qui me demeurent la pierre de touche, dont je m'assure qu'ils ne s'adressaient qu' moi seul (tant j'y reconnais, mais toute limpide et porte la puissance incantatoire, ma propre voix) et que, si dcourageants qu'ils soient pour l'interprtation au pied de la lettre, sur le plan motif ils taient faits pour me donner le la.

Dcembre 1960