la documentation française : l’entrée dans la profession d ... ·

La documentation Française : "L’Entrée dans la profession d’avocat / Jacqueline Igersheim, Laurent Hincker, Juan Matas ; Université Marc Bloch, Faculté des sciences sociales, pratiques sociales et développement ; Ministère de la justice, Mission de recherche droit et justice."

Introduction générale

Face aux nombreusesévolutions du domaine juridique et du domaine social, laprofessiond’avocat est aujourd’hui en pleine mutation. Si les regroupements successifs de professionsdifférentes sous la dénominationgénériqued’avocatsrépondent certes à des besoins et ausouci d’accompagner les transformations de leurs champs d’intervention, ilsprésententnéanmoins le risque de brouiller l’image professionnelle.Réunir dès leurformation desprofessionnels auxitinéraires et aux préoccupations assez éloignés les uns desautresn’est pasune tâchefacile.

Parmi les questions qui se posent defaçon récurrente, figure enbonneplace celle de lasaturation du marchéjuridique, produit del’arrivée d’un nombre croissant de jeunes avocatssur celui-ci sans que la demande nesuive une évolution dela même importance. Cettequestion estliée à lanature du mode de recrutement (examen ouconcours ?) dont certainsremettent en question lavalidité à l’heure où l’accroissement des effectifs à l’universitétend àrendrecaduques lesschémas traditionnels.

C’est pour mieux comprendrele sens de ces mutations et lafaçon dont les individus lesintériorisent, et en nous centrant sur lesmodes de recrutement, deformation etd’apprentissage pratique desjeunes avocats que nousavons conduit larecherchedont lesrésultats sont retracésdans cerapport, dansle cadre del’appel d’offre du ministère de laJustice portant sur1’ « entrée dans la profession d’avocat ».

Notre démarche a consisté à nousintéresserdans unpremier temps au processus enamont(des études en droit jusqu’au CAPA)afin de restituer les pratiques et de comprendre lesreprésentations des acteurs( étudiants, universitaires, magistrats, avocats). Munis decetteconnaissance, nous avonsentreprisdansun deuxième temps,l’étude de l’apprentissage ausein descabinets,afin de percevoirl’adéquationentre les formations théorique etpratique,telles qu’elles apparaissent auyeux des principaux concernés( les avocats stagiaires et lesmaîtres de stage notamment). Parailleurs, nous avonstenté de mettre en lumière lesperceptions des uns et des autres concernant les mutations du champ professionnel etladélimitation du juridique et du judiciaire.En effet, on peut sedemander sil’un des effets de lafusion ( avocats et conseils juridiques) n’a pasconsisté à entériner des catégories deprofessionnels existantantérieurement, pour quiil y a une véritable continuité( voire uneinterpénétration) entre cesdeux secteursd’activité qui restent malgré toutassez largementautonomes.


Nous avonsconsacréun volet de notre étude( et ce, pour chacune des deux parties) àl’analyse du modèleallemandd’entrée dansla profession. Celui-cin’apparaît pasdavantageque le français à l’abri decritiques et d’interrogations et actuellement,un processus deréforme s’est mis enmarche. Il apparaît pertinentd’examiner les convergences des deuxmodèles à l’heure où un marché juridiqueeuropéen se met enplace et oùil en découlelanécessitéd’harmoniserla formation des futurs avocats.

Les choixméthodologiques qui ont été lesnôtres découlent en partie de nos présupposésthéoriques et en partie également des possibilités matérielles quis’imposaient à nous.L’option retenuecombine une approchequantitative basée surl’exploitation des donnéesdisponibles et sur desenquêtes auprès de publics particuliers( étudiants de l’I.E.J., élèvesavocats, avocats de moins de six ans d’exercice) et une approche qualitativefondée sur desentretiens semi-directifsmenés auprès deprofessionnels( universitaires, magistrats, avocats).La lectured’ouvrages,rapports etautres articles a pu compléternotreconnaissance duchampet approfondir laréflexion théorique dugroupe.


I I . ETUDE MONOGRAPHIQUE DE CABINETS D’AVOCATS

STRASBOURGEOIS


Secondvolet de l’enquête sur l’entréedansla profession d’avocatcette fois au sein descabinets, à l’analyse statistique( approche quantitative) s’est ajoutée une analyse parle biaisd’entretiens ( approche qualitative)menés auprès desacteurs de la profession. Nousprésenteronsdonc, dansun premier temps les cabinets et les avocats denotreéchantillon.

Les données ainsirecueillies ont permis de cerner une problématique qui a été regroupéeautour de trois pôles :

Le premier concerne les profils etmodalités de recrutement autravers du point de vue descollaborateurs d’abord et desmaîtres destages etassociésensuite.

Le secondconcerne l’exercice professionnel.Ici, quatre thématiques ont étéchoisies.Ils’agit, en premierlieu de la question du contrat, en secondlieu desmoyens mis à dispositionet des tâches confiées auxstagiaires, entroisième lieu de leur rémunération et, endernier lieu,de l’intérêt, pour un cabinet, d’engagerun stagiaire.

Le dernierpôle concerne enfinla formation de l’avocat etla transmission du savoir ausein descabinet. Il s’agira ici d’envisager, toujours selonle doublepoint de vue desjeunescollaborateurs et desassociés et maîtres de stage(points de vue qui serecoupent souvent),laformation auCRFPA,tant initiale que continue,la transmission du savoir au sein descabinetset la socialisation des jeunes avocats dansla profession.


A. Présentation descabinets

Pour procéder àcette secondepartie de l’enquête portant surl’apprentissage delaprofession au sein descabinets par lesjeunes avocats, nousavonsétabli un questionnairequalitatif destiné auxavocats stagiaires, auxavocats inscrits au grand tableaudepuismoins desix ans ainsiqu’aux maîtres destage.

Après avoir procédé à l’élaboration desquestionnairesdestinés à ces trois catégoriesd’avocats, nous avons alorssélectionné6 cabinets d’avocatsespérantatteindre par-là undouble objectif :réunir un panelsuffisamment représentatif dela population envisagée, ainsiqu’une populationvariée tant dans sessecteurs d’activité( spécialités,juridique / judiciaire)que dans lataille de sesstructures etleur organisation.

Ces 6 cabinetsreprésentent, réunis, un nombre total de 72avocats( dont tousn’ont certespas été interrogés) sur un total de 495 que comptele barreau de Strasbourg,soit un chiffred’environ 14,6%.

Ces cabinets nous ontsemblé êtresuffisamment représentatifs ( enraison decritèresprofessionnels, financiers etd’organisation), sans que toutefoisle choix n’ait pu être autrequ’empirique, fruit d’une prospection.En effet, le barreau de Strasbourg ne dispose pas deslistes des cabinets tenant compte de cetype d’éléments etil nous a été nécessaire defaire deschoix en fonction decritères non véritablement quantifiés.

Ce choix noussemble cependant avoir été largement pertinent puisqu’il a permis decorroborer plusieurs de noshypothèses etque, surtout,il s’est avéré quenous avons obtenuune population relativementreprésentative du barreau. Cela en partant de 6structures dontune trèsimportante, deux importantes, deux moyennes et unepetite.

1) Premier cabinet : CAB1La première structure estle plus importantcabinet d’avocats del’Est de la France

implanté à Strasbourg.Il s’agit d’une association composée de 42 avocats( dont 30 àStrasbourg et12 rattachés àun cabinet parisien) répartis en 30 associés( dont une femme,elle-même époused’un associé du mêmecabinet), 6 collaborateurs et 6 stagiaires.Le cabinetfait autant de juridique( activité de conseil destinéeprincipalement aux sociétés) que dejudiciaire. dansdifférents départements spécialisésdans tous les domaines dudroit ( sauf dupénal).


2) Deuxième cabinet :CAB2Le deuxième cabinetcompte 10avocats subdivisés en 4 associés et 6collaborateurs dont

une stagiaire.C’est aussi une association mais àdominante judiciaire dontle chiffre d’affairesannuel dépasse les17millions de francs.

3) Troisième cabinet :CAB3La troisième structure envisagée est un cabinet quis’est organisé, en 1992,sousla forme

d’une SociétéCivile de Moyens. Son chiffred’affaires est estimé à huitmillions de francs.Avant la fusion, àla mêmeadresse coexistaientun cabinet de conseil etun avocat qui se sontassociés en 1992. LaSELAFA d’un ancien conseil a alorsadhéré àla SCM.

Ce cabinet est defait composé àla fois d’anciens conseillers juridiques et de juristes etcompte aujourd’hui dixavocats, dont 6associés, Icollaborateur et3 collaborateurs stagiaires.Le personnelcomprendseptsecrétaires et une femme de ménage.

4) Quatrième cabinet : CAB4Huit avocats composent cetteSCP,soit six associés, uncollaborateur etun stagiaire.Le

cabinet déploie son activité en droit des personnes, dessociétés, droitsocial et économique,tant enjudiciaire qu’en juridique.Il compte une seule femmeparmi ses associés qui estaussil’époused’un associé du cabinet.

5) Cinquième cabinet :CAB5Deux avocats en communauté de bureaux forment ce cabinet.Ils y disposent chacun de

deux collaborateurs et formentnéanmoins deuxstructures complètement distinctes,l’uneexerçant une activitéessentiellement judiciaire( spécialisé en droit pénal et en droit despersonnes), l’autreexerçant à la fois une activitéjuridique ( droit des sociétés) etjudiciaire.Notons cependant que dans les deuxsubstructures les collaborateurs exercent demanière très"généraliste".

6) Sixièmecabinet :CAB6Le sixième cabinetn’estformé que dedeux avocats :un avocat et une stagiaire.La forme

juridique du cabinet,liée à sa taille réduite estcelle de personnes physiques. Son chiffred’affaires est de 1.750.000 francs et sonactivité est essentiellement tournée vers deux pôlesprécis : droit social et droitimmobilier. Il correspond à ce mode d’organisation traditionnelqu’estl’avocat individuel.


B. Profils des avocatsinterrogés

Vingt-six entretiens ont étémenésdans les cabinets. Ces entretiens ontporté sur troiscatégoriesd’avocats : enpremier lieu les avocats lesplus anciens interrogés ès-qualité demaîtres destage oud’associés( dix entretiens) ;les collaborateurs non-stagiaires ( septentretiens) ; et enfinles collaborateurs inscrits surla liste du stage -1ère ou 2ème année- ( neuf entretiens).

1. LES MAITRES DE STAGE ET ASSOCIES DE CABINETS

A1) Le premier, âgé de 64 ans, aeffectué toute sa carrière professionnelledansle cabinetoù il travaille encoreaujourd’hui. Il a une maîtrise de droit et est inscrit au tableaudepuis1963. Il est membre du Conseil National desBarreaux ainsi que de l’Union Nationale desCARPA. L’avocat estaussidélégué àla Caisse Nationale des Barreaux et Délégué Régionaldes Cours d’Appel du GrandEst, de mêmequ’il fait partie du Conseil de L’Ordredepuis1971,président dela CARPA etprésidentdu conseil de surveillance d’une Caisse Mutuelle.Ilfut également bâtonnierde 1994à 1995.

A2) Le deuxième esttitulaire d’une maîtrise de droit et duCAPA (1978). Il a effectuétoute sa carrière professionnelledansle cabinet oùil estactuellement.


A3) Le suivant afait Science-Politique (économie et finances) et une maîtrise de droit àStrasbourg.Il a d’abord passéle CAPA pour travailler durant sixannéesdans une banqueavant de prêter serment en 1980.

A4) C’est un jeune associé de 33 ans qui est titulaired’une maîtrise en droit carrièrejudiciaire, avant depasserle CAPA et rejoindre le CRFPA deStrasbourg.Il a prêtésermenten 1988 et aeffectué toute sacarrière dans le même cabinetdont son père est l’un desassociés. Ainsi sonpère estavocat et samère estprofesseur de droit.

A5) Le cursus universitaire de cet avocat de 30 ans comptele DJCE à Strasbourg et unDESS Juristed’affaires.Il n’avait pas à passer parle CRFPA lorsqu’il prêtaserment en 1995.Ce collaborateur aeffectué son stage, pendantdeux ans dansun cabinet nancéien puispendantun an dansle cabinet oùil est restédepuis. Sonpère est ingénieur.

A6) Le sixième est âgé de 43 ans. Après une maîtrise en droit privé,mention carrièrejudiciaire, il obtient le CAPA ancien régime en 1978 àStrasbourg.Il a ensuiteeffectué sonstage dedeux ans chez unavocat de Strasbourg, puis une 3ème année enDESS defiscalité àDijon, validée comme3ème année de stage parle bâtonnier deStrasbourg. Son inscription auGrandtableau date de 1979.

Il était collaborateur durantsept ansdansle mêmecabinet jusqu’à 1989,date à laquelleils’est installé commeavocat individueldansle cabinet oùil est aujourd’hui en étantle seulavocatdans une structure deconseillers juridiques.Et ce, jusqu’à 1992 lors dela fusion desdeux professions etla création de la SCM. Par ailleurs, il est membre du Conseild’Administration dela CARPA etavait enseigné durant dix ans auCRFPA.

A7) Agé de 40 ans et titulaired’une maîtrise en droit etd’un DESS de gestiond’entreprises, cetassocié estarrivé dans son cabinetlors dela préparation de sonDESS oùilétait chargéd’uneenquête. Connaissantdéjà le dirigeant du cabinet ce dernierlui propose detravailler aveclui. Parailleurs, il comptedans satrajectoire professionnelle 4 années destagesprofessionnels.

A8) C’est un associé de 45 ans, titulaired’une maîtrise en droitprivé avantd’obtenir leCAPA. Il a alors entaméle stage de trois ans, àl’époqueoù le CRFPAn’existait pas encore, eta prêtéserment en1976. Toutefois,aprèsn’avoir effectué quedeux années de stagedansunpremier cabinet,il s’est installé àson compteavecplusieurs associésdansle cabinet oùil estencore àl’heure actuelle.L’associéest syndiqué au SAF. Sonpère étaitouvrier et samèrefemme au foyer.

A9) Agé de52 ans, cet associéest titulaire d’un diplôme deSciences-Politiques et d’unemaîtrise de droit.Il a prêtéserment en1971et enseigne auCRFPA.Après uncourt passagedansun établissement bancaire,il a rejoint un cabinet deStrasbourg entant quecollaborateurpour devenir, aubout de sept ans, associé, finir pars’en séparer et constituer unecommunautéde bureaux avec son ex-associé.Il est filsd’un employé duCentre Hospitalier Universitaire deStrasbourg et d’unemère aufoyer.

A10) Agé de 47 ans, ce fils depetits commerçants estentré àla faculté de droit parlebiais d’une capacité en droit. Après une maîtrise et un DESS de collectivités locales,il apasséle concours d’avocat(CAPA). L’avocat prêteserment en 1977 etintègre un cabinetpour


le stage detrois ans. Mais au bout de deux annéesd’exercice professionnel,il décide des’installer à son compte et decréer une structure individuellecomprenant une stagiaire.Enmarge de sonactivité principale, il est actuellement conseiller prud’homal à la section"activités diverses".

On note, s’agissant de la sociographie de ces avocats,lorsque le renseignement figure,une forte représentation de catégoriessocioprofessionnellesaisées pour les parents etnotamment de professionslibérales ( médecin etavocat), pour unseul fils d’ouvrier qui exerced’ailleurs dansle cadred’un cabinet individuel.Cette observation serenforced’ailleurs selonla taille des cabinets : en effet, lescatégoriessocioprofessionnellesaisées sontencoreplusreprésentéesdans lesgrands cabinets.

Il échet d’observer que sur les10 avocats, 7 ont effectué toute leur trajectoireprofessionnelle ausein du même cabinet ce qui tend à déduire qu’en principele stagiaire àvocation àdevenir collaborateur et plus encorele collaborateur associé.

Les troisautres cas sont, pourle premier,le fruit d’une réorientationprofessionnelle delaprofession de banquierverscelle d’avocat etn’est donc pasun changement de cabinet. Seuledeux avocats ontainsi changé decabinet : le premier pour changer de structuredurant sonstage qui nele satisfaisait pas,le second pourcréer son propre cabinet ettravailler enindividuel.

Enfin, et c’est une observationqui, commela précédentemais dans une moindre mesure,se retrouvera par la suite, on note une progression au fur et à mesure que lesavocats sontplusjeunes vers des diplômes de troisième cycle quisont devenusun bagagepresquecommunchez les avocats, aumême titre quela maîtrise.

En outre, et hormis deux cabinetsinterrogéscomptant chacun une femme parmileursassociés( elles-mêmes épousesd’associésdans le même cabinet et quin’ont pas pu êtreinterviewées parmanque dedisponibilité), il est curieux de constaterla très faible présenced’associés fémininsdansl’ensemble de notreéchantillond’associés.Nous pourrons attribuer cefait à la féminisation tardive de cette profession.En effet, parmi les anciensavocats inscritssur le tableau del’Ordre des années passées, rares sont lesfemmes qui ontprêtésermentavant1975. La moyenned’âge des patrons interrogésdans cetteenquête est de 44 ans etdemi et ilsexercent en moyenne depuis 19 ans environ, ce quipeut expliquerle faible pourcentage defemmesparmi eux. Mais aussi,il semblerait que les femmes avocates travaillentmoins queleurs confrèresmasculins et, parconséquence, accèdentmoins aux postes les plusélevés ausein deleurscabinets.Elles s’investissent moins que leshommes en termes de volumehorairehebdomadairequ’ellesconsacrent àleurs cabinets etnous avionsremarqué que même durantleur stage,leur horaire étaitmoinschargé (cf. analysequantitative). Ainsi,elles semblentplusque les hommesorganiserleur vie professionnelle en fonction de leurvie privée.


2. LES COLLABORATEURS NON STAGIAIRES

Nous avions choisi d’interroger enpriorité descollaborateurs qui exercent depuis moinsde 6 ans de façon àillustrer les résultats de l’enquêteprécédente.

C1) Avec unelicence d’AES, une maîtrise et magistère dedroit, cette collaboratrice de 31ans a préparéle CAPA à Strasbourg etprêté serment en 1994. Son stage a eu lieudans uncabinet de deux avocats en communauté debureau. Elley est restéejusqu’à 1997,date àlaquelle elleintègre unnouveau cabinet où elleexerceaujourd’hui en tant quecollaboratrice.Son père étaitresponsable en logistique et samère netravaille pas.

C2) Agée de 35ans, elle esttitulaire d’une Maîtrise en droit etd’un DEA d’histoire desinstitutions avant depasserle CAPA à Strasbourg. Elle aprêté serment en 1986. Elle adéjàété stagiairependantcinq mois dansun autre cabinet avant dele quitter pour convenancepersonnelle et intégrer l’actuel structure. Sonpère était ingénieur et sa mèresans profession.

C3) Collaborateur de 28 ans, cet avocat esttitulaire d’une maîtrise de droit privé, carrièrejudiciaire, il a effectué son année deCRFPA àStrasbourg et prêta serment en 1992.Il effectueson stage de deux ansdans unautre cabinet strasbourgeois avantd’intégrer le cabinet oùil estaujourd’hui collaborateurspécialisé en droitimmobilier. Ses parents sont professeur enmédecine et kinésithérapeute.

C4) La quatrièmeest une collaboratrice de 29 ans. Titulaired’une licence d’AES, d’unemaîtrise etd’un DJCE et duDESSdroit des affaires avantd’entrer auCRFPA de Strasbourg etde prêter serment en 1994. Elle estdans cecabinet depuis le début de son stage autermeduquel elleestdevenuecollaboratrice. Ses parentssontajusteur et aide ménagère.

C5) C’est une collaboratrice de 29 ans.Après avoir eu un magistère en droit franco-allemand et unemaîtrise en droit desaffaires, elle a effectué le DJCE avant de rentrer aubarreau après avoirfait le CRFPA deStrasbourg. Elle a alorsprêté serment en 1994. Aprèsavoir effectué son stagedans ce cabinet où ellepense êtreassociée d’icipeu. Sonpère estchefd’atelier et samèresecrétaire.

C6) Après une maîtrise dedroit obtenue àParis, cecollaborateur de 30ans, arrive àStrasbourgpour y réussir un DEA en droit privé et accéder auCRFPA. Il prête serment en


1992 eteffectue son stage ausein du cabinet oùil exerce de nos jours. Sonpère estcomptableet sa mère est secrétaire.

C7) Après avoir obtenu unemaîtrise de droit de l’entreprise et un DEA de droit desaffaires, cette avocate de 27 ansrejoint le CRFPA àMontpellier ety passele CAPA. A l’issuede son stage dedeux ans elleprête serment en 1995 et restedans le mêmecabinet où elleexerceaujourd’hui en tant que collaboratrice. Sonpère estouvrier.

Effet de la démocratisation desétudes supérieures, commencée àla fin des «trenteglorieuses », on trouve(même si lescatégories les plus aiséessontencorebien représentées)une forte proportion d’avocats dont les parentsfont partiesoit dela classeouvrière (3avocats)soit de la classe moyenne (2 avocats).

En outre, on constate que sila proportion est plus grande queprécédemment, la plupartdes avocats ( quatre sur sept onteffectué toute leur trajectoiredans le cabinet où ils ontfaitleur stage). On distingue que dansle deuxième grand cabinetinterrogé, 3collaborateurs sontarrivés soit après leurstage, soit en cours de stage. Nousy reviendrons à propos dudébauchage. Alors qu’inversementdans lescabinets moyens ou petitsla pratique est beaucoupmoins courante : les stagiairesrestentle plus souvent au cabinet de leurs débuts.

Un seul descollaborateursinterrogés estseulement titulaire dela maîtrise,tandis que lesautres ont un diplômesupérieur. Onavaitremarquédansl’enquêtequantitative que les jeunesavocats sont plusdiplômés que leurs aînés.La moyenne d’âge descollaborateursinterrogésest de 30 ans.

C’est en outre chez les collaborateurs quel’on constatela féminisation dela profession.En effet, cinq femmesy sont dénombrées parmi lessept interrogées, alors que ce n’était paslecas parmi les patrons.


3. LES COLLABORATEURS INSCRITS SUR LA LISTE DU STAGE

S1) La première, une avocate de 24 ans, apasséun DEUG franco-allemand à Sarrebruckpuis une licence et une maîtrise à Strasbourg. Elle aobtenuégalementun magistère dedroitfranco-allemand ainsi qu’un DESS de juristeconseil d’entrepriseavant d’êtreadmise auCRFPA deStrasbourg. Sa prestation de serment date de Janvier1998. Samère estdirectricede collège et son pèredirecteur desaffairesculturellesdans unemairie.

S2) Ce stagiaire en lère année, âgé de 27 ans, a une maîtrise en droit etun DESS dejuriste conseil d’entreprise, maiségalementun DESS en droit des affaires et un magistère dejuriste franco-allemand.Il est issu del’Ecole de Formation duBarreau de Paris et asuivi unstage d’expertisecomptable enAllemagne. Sonpère estingénieur et samère estfemme aufoyer.

S3)Avant de prêter serment en 1997,cetteavocate de 27 ans en deuxième année destageest titulaire d’unemaîtrise de droit en Angleterre, d’unDESS dedroit communautaire àTours, d’uneautre maîtrise en Allemagne et aeffectué son année deCRFPA à Rennes. Sonpère estpsychologue et sa mère est formatriced’assistantssociaux.

S4) Agée de 25 ans, cette jeuneavocatecomptedans soncursus universitairele DJCE etle CAPA à Strasbourg. Elle aprêté serment en 1997 et est par conséquent en 2ème année destage. Samère estprofesseur d’anglais et sonpère médecin.

S5) Le cinquième, âgé de 26 ans, a une maîtrise de droitgénéral de l’université RobertSchuman de Strasbourg,un Master etun LLM à Londres.Il a rejoint le CRFPA à Strasbourgavant de prêtersermentle 19janvier 1998 etd’entamer sapremière année destage. Sonpèreest syndicaliste et samère femme au foyer.

S6) La sixième est une stagiaire de27 ans. Elle aobtenu unemaîtrise endroit privé avantde commencerun DEA en sciences criminellesqu’elle n’a pasobtenu. Ellea effectué sonCRFPA àStrasbourg. et aprêté sermenten 1998. Elle estdans ce cabinet depuisle début deson stage.soit 4 mois. Ses parents sont restaurateurs.


S7) C’est une avocate de31 ans titulaired’une maîtrise etd’un CAPA obtenu àl’EFB deParis. Après la prestation de serment en1996, elleeffectue unepremière année destage àParis avantd’arriver dansun cabinet strasbourgeois poury poursuivrela secondeannée. Samère estdocumentaliste et sonpèrecadre commercial.

S8) Après un BTS de secrétariat trilingue, option commerce international, et unemaîtriseen droit, cette avocate de 29 ans aréussi le DESS de droit ducommerceextérieur ainsi quel’examen d’entrée del’Ecole d’Avocats à Strasbourg avant deprêter sermentle 17 janvier1998 et d’entamer sapremière année destage.Fille d’un directeur d’exploitationdans uneentreprise de transport etd’une femme aufoyer.

S9) Cette stagiaire, fille de chirurgien pour sonpère et de kinésithérapeutepour sa mère,est âgée de 27ans. Après une maîtrise mention "carrièresjudiciaires" elle a directementpasséle concoursd’entrée à l’école d’avocatdans la ville où elle avait effectué tout soncursusuniversitaire : Strasbourg.Après sa prestation de serment(janvier 1998) elleintègre entantque stagiairele cabinet, quil’avait contactée durant l’année deformation du fait de relationscommunes.

Là aussi lesfemmesl’emportent aisément sur leshommes(sept surneuf), confirmant latendanceobservéechez lescollaborateurs.

On constate toujours une augmentation importante du bagage universitaire desimpétrants, six surneuf étant titulaires d’aumoins un diplôme de troisième cycle. Ainsi quel’a révélé notreenquête statistique,plus dedeux tiers desavocatsinterrogéspratiquantdepuismoins de 6 anspossèdent un tel diplôme. Deplus,trois stagiaires sont titulaires d’un diplômefranco-allemand. La position frontalière de Strasbourg implique que lescabinetsstrasbourgeois travaillent avecl’Allemagne et recrutent defait des stagiaires maîtrisant lalangue etle droit allemand.

S’agissant de stagiaires, on a fort peu derecul pour cernerla trajectoireprofessionnelle dechacun. Dansnotre échantillon, un seul stagiaire adéjà changé de cabinet durant sonstage.

Par rapport auxcollaborateurs non stagiaires, on remarque une plusnettedomination descatégoriesaisées desparents ( sept surneuf).


C. Profils et modalités de recrutement

Le choix d’un cabinet parun stagiaireapparaît aujourd’huiquelque peu illusoire,dans unpremier temps,dans la mesureoù le marché de l’emploi au sein descabinetss’il n’est pascomplètement bouché ( quelques impétrantsfont néanmoins étatd’avocats sans stages, quiétaient, au début de l’année 1998, au nombre de 7) offre néanmoins peu dechoix à ceux quitrouventun stage.

Il n’en était pasmoins intéressantd’envisagerla question des profils et modalités derecrutement qui permettant aux jeunes stagiaires d’entrerdansla pratique professionnelle, tantdu point descabinets que des collaborateurs.

1. LES COLLABORATEURS

On peutdistinguer trois principales modalités de recrutement dejeunes avocats par lescabinets :

La premièredomine nettementquant aunombre d’impétrants concernés :il s’agit del’embauche parle cabinetd’un collaborateurayant effectué un stageavant l’entréedans laprofession.

La seconde envisagel’adéquation d’un profil d’un impétrant(notamment dufait d’unbagage universitaire spécifique) àla recherche d’uncollaborateur préspécialisé paruncabinet.

La troisième, plus marginale, concerne les recrutements oùl’aspect relationnel joueunrôle déterminant.

Ces catégoriesne sont toutefois pas étanches,ainsi quele prouve la confrontation àlaréalité dechacune des situationsparticulières.Lescas individuelsmêlent parfoisplusieurs deces raisons et offrent des situations contrastées.

En ce qui concernela première modalité derecrutement, sila plupart desfuturs avocatsentamentla recherched’un cabinet de stage dèsleur entrée au CRFPA, et même avantpuisqu’actuellement,l’entrée dansla profession sefaisant deplus en plustardivement,il estcourant que des étudiantsaient eu l’occasion d’effectuerun stage au sein d’uncabinet avantleur réussite auCRFPA,dansle cadre(l’un DESS ou d’unautre diplôme.


De manière générale, une majorité desstagiairesinterrogés a fait,dans le cabinet oùileffectue sonstage dedeux ans, un de ses stages pendantl’année deformation auCRFPA.Après cela, soit ilssont directement contactés parle cabinet, soitils apprennent quele cabinetrecherche quelqu’un, etpostulent pour ce poste. Lesbons contactsavec les avocats ducabinetdurant ce pré-stage sont alorsun atout déterminant pourle recrutement de l’avis quasiunanime des avocats.

Un collaborateurindique qu’il avait fait un premier stage non avocat( de découverte)dansle cabinet oùil est resté en stage et parla suite. Appréciédurant ce stage, onlui a alorsnaturellementproposé derester.

Une stagiaire est venue dans sonfutur cabinetdurant lespré-stagesCRFPA et aainsi priscontact avec le cabinet oùelle s’est sentie àl’aise et a étébien perçue.A l’issue du stageil luia alors été proposé d’yeffectuer sonstage de deux ans.

Cependant unedeuxième catégoried’avocats estentrée dans un cabinet en raisond’unprofil particulier. On constate qu’unepartie non négligeable desavocats se voitproposerunstage en vertu de compétences particulières telle la pratique du droitfranco-allemand pourtrois d’entr’eux, pratique quinécessite nonseulement une pratique dela langue mais aussi descompétences spécifiques.

Pour une collaboratrice,arrivée dans un cabinet depuis 4 ans, le premier contact aucabinet ne s’est paseffectué lors despremiers stagesCRFPA ( qu’elle a également effectuédans cecabinet),maisdéjà lors du stageobligatoiredansle cadre du DJCE.

Un stagiaire indiquequ’il a été placédans cecabinet durantle pré-stageCRFPA etqu’enraison de soncursusuniversitaire (DJCE),l’un des associéslui a proposé defaire son stageici, et qu’ainsi le choix du cabinet ( qui correspondait à ses orientations et spécialités)s’estfait naturellement.

Un avocat estarrivé dans soncabinet alorsqu’il cherchait une place pour sasecondeannée de stage, dufait de sa spécialisation en droitfranco-allemand, puisque sonmaître destage travaille beaucoupavec l’Allemagne.

Quant à la dernière catégorie,le mode relationnel,même s’il est marginal, restenéanmoins un autre moyen derentrerdansun cabinet.

Une avocate indique :« J’ai cherché durant l’année duCRFPA. Jeconnaissais une avocate qui travaillais ici et qui

m’a dit qu’on cherchaitquelqu’un. J’ai doncpostulé et ça a été assez vite».Il faut indiquer que plusieursavocats exercentdansle cabinet où travaille un desparents

ou l’époux.Le CRFPAjoue également unrôle important pour les collaborateurs stagiaires quine

trouvent pas de stage, situation qui s’amplifiepuisque qu’au début decetteannée7 jeunesavocatsétaient à larecherched’un stage, mais ontfini par le trouver au cours de l’année.

Une avocate estarrivée dans soncabinet alors qu’ellecherchait, pour des raisonspersonnelles, unstagedans l’est de la France. Elle a alorscontactéle CRFPA, qui, sachantque le cabinet cherchaitun collaborateur,l’a mise en contactavecle cabinet.

Stagesantérieurs dans lescabinets, compétencesparticulières de l’impétrant, réseaurelationnel de celui-ci ou aide duCRFPA : tels sont lesprincipaux modesd’entrée dansuncabinet ( si l’on excepte le débauchage), modes d’entrée que nousavions d’ai’leurs misenévidencedansl’enquêtequantitative,bien quedans celle-cile choix du stagiaire reposait aussifortement surla taille et la réputation ducabinet. Cependant,il semble que lespersonnesinterrogées ont plusparlé de leur entréedans les cabinetsd’un point de vue pratique que de


leurs objectifs decarrière. C’est pourquoiici, nousretrouvons les raisons pourlesquelles ilspensaient avoir été choisis par lesmaîtres de stage lors de l’enquêtequantitative.

Globalement, d’ailleurs s’agissant dela concurrence entre les cabinets, pour lescollaborateurs et les stagiairesle choix du cabinet estrelativement restreint ; à l’exception detrois avocatsentrésdans descabinets parrelation (le père estl’un des associés, ouun avocatse voit recommander quelqu’un),pour les autresil s’est agit d’une opportunitédansle cadrede recherche d’un stage qui sembles’avérer de plus en plusdifficile à mesure quele tempspasse, etd’un marché du travail qui offre de moins en moins de possibilités dechoix, certainsjeunesavocats faisantétat d’avocats sans stages.

Par ailleurs, onnote quela plupart des avocatsinterrogés font étatd’une concurrence aumoment du recrutement, et d’entretiens d’embaucheproprement dits pourcertains cabinets.L’un des maîtres de stage indique néanmoins que cesentretiensn’ont qu’une valeur touterelative puisque c’est surle terrain, au contact dela pratique, qu’un avocat doitfaire sespreuves. Les jeunes avocatsn’en évoquent pasmoins (pour tous les stagiaires) uneconcurrence au moment durecrutement.

2. LES MAITRES DE STAGES ET LES ASSOCIES

Quant aux stratégies d’embauche développées par « lesdécideurs » descabinets,ellessont, cela va s’endire, fonction des besoins du cabinet et recoupent pour l’essentiel laperception qu’en ont lesimpétrants.Dans cecadre, onretrouve la prépondérance desstagesexercésdansle cabinet. Pour autant, unemobilité réelleentre les cabinets existe etil convientdès lors des’interroger sur celle-ci notamment autravers du recrutement d’un avocat exerçantdéjà dansun autre cabinet, pratique que plusieurs avocats ontnommé « débauchage», bienqu’elle recèle dessituationshétérogènes.

Pour l’un des associés d’un cabinet,le choix des nouveaux avocats sefait notamment enfonction de leur capacité à s’intégrerdansle cabinet. Ce critère estun élémentdéterminantdans lasélection dustagiaire car en fait, presque tous les nouveaux arrivantsdans cecabinet( à l’exception d’unassocié qui était déjà à soncompte avant derejoindre l’étude enfonctiond’un besoind’une spécialité non représentée aucabinet) les stagiaires sont appelés àdevenircollaborateurs puisassociés.Dans cette optique, cemêmeavocatpense que les pré-stagesluipermettent dejuger la qualité de l’individu. Cependant,selon lui la stratégied’embauche,essentiellement,dépend des besoins et des personnes. Ces élémentsconfirment le sentimentdes collaborateursprécédemment interrogés. Selonun autre associé les critères dechoix desavocats sefont, pour les stagiaires, d’abord surleur cursusuniversitaire et ensuite leursaptitudes.A la question« y a-t-il unestratégie d’embauche des collaborateursdansle cabinet ? »,

il affirme quecelle-ci passe parle stage.

En fait, pour la plupart descabinets,à moins quele stage ne se passe pas bien, ou quel’urgence ou l’opportunité n’en décide autrement,les stagiaires de deux anssont appelés àdevenir lesfuturs collaborateurspuis éventuellement associés ducabinet.

Le stagepermetà la fois de tester leur capacité àl’exercice dela professioncommeleurintégration au sein ducabinet. Orle choix desstagiaires est souvent fonction duhasard quiplace sur la route du cabinet des pré-stagiaires duCRFPA ou desstagiaires DJCE quipossèdent l’avantage d’êtreconnusdu cabinet.


D’ailleurs, pour les associés d’un cabinet moyen exerçant en judiciaire et enjuridique, lastratégie de recrutement chez eux secaractérise parla demande, par lesbesoins du cabinet.Etelle sefait essentiellement par recrutement interne, parl’intégration des anciensstagiaires.Lerecrutement des stagiairesdépend de leurscursus universitaire,bien que celui-ci soitconsidérécommerelatif, la polyvalence de l’avocatétant jugée essentielle.

Pour l’un desavocats de ce cabinet, deuxaspectssont importants :« l’aspect scientifique,le cursus universitaire, les langues, d’unepart ; l’aspect humain,la présentation, l’autorité delapersonne,d’autrepart ».

D’après un des associés de ce même cabinet,il existe une stratégie, quiconsiste àrepérerles stagiaires enfaculté et àsuivre leur cursus. On peut aussiprendre des pré stagiaires afin deles tester. Pourlui, il y a deux types d’embauches :

- « la strasbourgeoise » : offrir des stages pour lesDESS, lesDECF, les sortants à la sortiedu CRFPA deStrasbourg.

- les candidatures spontanées : on prend encompte lesspécialités, leslangues,l’utilisation de l’informatique. Actuellementle niveau de diplôme est plusimportant queleCRFPA, on neprend que des troisièmescycles( plutôt DESS, pour les DEA « on n’en veutpas, on ne prend que des spécialistes. »). « L’idée de départ, en général, c’est quetous les stagiairesrestentdans lecabinet pour devenir collaborateurs puis associés ».

Le troisième associépartage cetavis :« Nous reprenons toujoursnosanciens stagiaires, c’estune règle que nous nous sommes fixés.Onpense que pour partagerun même esprit, unemême façonde voir, nous souhaitons collaborer pendantun certain temps, c’est une formulequi nousva bien. ».

Pour autant ce cabinetrecrute également desavocats confirmés de longuedate pouraugmenter la gamme descompétences du cabinet,comme par exemple desfiscalistes. Lagamme descompétences doitêtre homogèneselonl’un desavocats.

En effet, le plus jeune desassociés, est arrivé aucabinet justeaprèsavoir terminé sonstage de conseil.Il connaissait quelqu’un du cabinet etcela ne se passait pastrès bien. Il apostulé et a été pris.Il estime que cen’était pasvraiment du débauchage puisqu’il afait lui-mêmetoutes les démarches.

Concernantle débauchage, un associéindique, nonsans êtregêné :« Audépart, on ne lefait pas, mais comme les autres le font,on le fait aussi. ».Souvent, ce sont les gens qui viennentdémarcher lecabinet. « Il arrive que nous fassionspart denotre volontéd’embaucher des gens,quine se sententpas bien dansun autre cabinet. ».Cependant, si l’ensemble desassociés est mal àl’aise enévoquantle sujet il semble que cette pratiquesoit utilisée, notamment pour enrichirle cabinet d’unespécialité précise.

Voyons cequ’en pensent les avocats du cabinetle plus importantinterrogédont l’activitése partage entre judiciaire et juridique :

Selonl’un des associés,« Il peut y avoir plusieurs situations,il peut y avoir d’abord quelqu’unqui nous estrecommandé ouquelqu’un quel’on connaissait et quel’on prend en stage, çac’est unesituation.L’autre situation, c’est que l’on cherchequelqu’un avec des compétencesparticulières dansun domaine,et là on recrute, doncon a déjà fait passer des annonces ou onfait savoir aucentre quel’on cherchequelqu’unavec tellespécialité ».

Il faut noter que, contrairementà la majorité des cabinets où un bonne partie descollaborateurssont d’anciens stagiaires, dans cecabinet important lescollaborateurscommeles associés viennent pour unelarge partd’horizons et de cabinets différents.

Ainsi l’un des collaborateurs de cecabinet avait commencéun premier stagedansuncabinet oùil est resté très peu detemps, alors que pourun autre,il n’est arrivé que 4 ansaprèsêtre rentrédans la profession. C’estle besoind’une spécialité quisemble dominerdansle


choix des avocatsengagés.La recherche de nouveaux avocats du cabinet passed’ailleurssouvent dans cecabinet important (ce qui s’explique par l’importance de l’étude,ayant à lafois un fort pouvoir attractif et de gros besoins), parle débauchage. Cettepratique, sile motchoque,n’en est pasmoins reconnue ouvertement par un desassociés:

«il m’est arrivé de débaucher mais leterme estun peu excessif car ce ne sont pas desmanoeuvres. Mais àl’inverse il y a des collaborateurs de chez nous qui sont partis.A partir dumoment oùon embauchequelqu’un qui n’était plus en stage, c’est que nécessairementil étaitcollaborateur quelquepart. Cela correspondà des situations de personnes quisoit elles-mêmes ne seplaisent plusdans lecabinet lefont savoir et nous nous sommes intéressés etnous le faisons savoirégalement.Si a un moment donnéon recherchequelqu’undansun domaine particulier eton sait quedansun autre cabinet, ily a telle personne qui traite dans ce domaine là,on lui propose. Mais cela sepasse toujours enbonneentente, iln’v a jamais eud’incidents. On propose aucollaborateur ets’ilaccepteil donne sadémission, dans lestermes du contrat ».

Cependant cerecrutement est largement fonction descirconstances,ainsi l’avocat enstage de ce cabinet provient duCRFPA de Rennes àla faveur des langues( Allemandnotamment) et d’unespécialisation précise.

Dansla structure individuelleenvisagée ( un avocat et une stagiaire)le problème se poseen des termestrès différents.Alors que tant d’autres avocats cherchentun stage durant delonguessemainesla stagiaireétait embauchée avant mêmed’avoir effectué la totalité de saformation auCRFPA deStrasbourg, et ce parle truchementd’un ami commun, qui est àl’origine de sa rencontreavec sonfutur maître destage.En effet, ni sa spécialisation,ni saformation linguistiquen’ont été déterminantsdans la mesure où seul « l’intuitupersonae »semble avoirjoué. Un bon contact, une mêmemanière d’envisagerla profession (danslecadred’une petitestructure) ontsuffit à sceller cette embauche.

Le fait que lesspécialisations du cabinetne correspondaient pas du tout à laformation dela stagiaire( ni même à ses goûts !) n’ont constitué aucunobstacledans la mesure où sonmaître destage a effectué lui-même saformation. Durantun mois la stagiaire s’est rendue aucabinet afin d’y apprendre(rémunérée de surcroît) les bases de ce quiallait devenir sonactivité professionnelle. En l’embauchant,le maître de stagesouhaitait avant toutremplacerune collaboratricepartie dansle sud de la France. La formation de sa stagiaire est importantepour lui dans la mesure oùil souhaite voir perdurer cette relation. Dèsl’embauche, lesdeuxparties ontclairementaffirmé leur volonté decollaborer à l’issue du stage de deux ans.

Au total on constate des schémas typiques de recrutement quisont soit le fruit d’unerencontredans le cadre de stages( CRFPA, DJCE ou autres), soit les besoins du cabinetsatisfaitsle plus souvent parla recherche d’un stagiaire au profilconvenu. On distingue ausurplustrois casd’embaucheliées à des relationssoit une proportion qui, si ellen’est pasdéterminante n’est pas quantité négligeable.

Cependant, s’agissant dela recherche de collaborateurs ou d’associésdéjà confirmés, onnote unepropension des grandes structures àprocéder àun « débauchage » en fonction desbesoins quis’cxplique par les moyens de ces structures.

Les cabinetsrecrutent, d’abord, en fonction de leursbesoins. Que ces besoins soientd’ordre quantitatifs (extension du cabinet) ou qualitatifs (nouvelles spécialisations ourenforcement de cellesdéjà existantes). Toutefois, sila quasi-totalité descabinetsinterrogéssembleprocéder à desrecrutementsinternes - enintégrant lesanciens stagiairesqu’ils ontpris le temps de connaître durantles deux années destage - i lva de soi que les profils de cesrecrutements se trouvent plusélaborés et plus formalisésdans les cabinetsà grand effectif quedans lespetites structures.


D. L’exercice professionnel

Après avoir présenté lescabinets etles avocats interrogés,leurs profils et modalités derecrutement,il convenait d’étudier, autravers des entretiens,leur exerciceprofessionnel.

Celui-ci secaractérise d’abord par l’existenced’un contrat de collaboration que nousétudieronsdans unpremier point,puis sur leurplace etrôle dansle cabinet( tâches confiées,autonomie, rémunération). De manière plus transversale, cette étude del’exerciceprofessionnel, conduit à s’interroger surl’apport du jeune avocat aucabinet

1. L’EXISTENCE D’UN CONTRAT :

Les stagiaires comme les collaborateursdisposent tous d’uncontrat écrit qui estobligatoire. Si la pratique varie selon lescabinets, onnote quelques caractéristiques quireviennent fréquemment. Ainsi, si quelques mentions importantesy figurent, comme lemontant dela rétrocessiond’honoraires, les avocats en stages etles collaborateurs comme lespatrons de stageinsistent surle caractère accessoire de ce contratrenduobligatoire.

Selon l’un des stagiaires, ce contratn’a pas grande signification, puisqu’il n’est passalarié mais professionlibérale, et que« l’important est que le travail soit fait ». Le caractèrerécurrent ( aussibien chez lescollaborateurs que chez lesassociés) decette affirmation attestede l’attachement à ce statut. Onnote au passagele peu de casfait par les avocats de souche dusalariat importédansla profession par les anciens conseils juridiques.

On constate au surplus, s’agissant desrelations de travail, que seulstrois desavocatsinterrogés sont syndiqués( il s’agit d’ailleurs de personnes issues de catégoriessocioprofessionnellesouvrières).Cependant,plus généralementon constate une indifférencepour cesmodes dereprésentation collectivedans les relations dutravail. Chezun avocat, onconstatemême un certain étonnement quant à l’existence de syndicatsdans la profession,s’agissant d’uneprofession libérale oùle stagiaire est d’emblée avocat de plein exercice.

Dansun gros cabinet,un contrat estrédigé pour la forme,selon l’un des associés, «parcequ’il est obligatoire surprérogatives del’Ordre Mais ce contrat restetrès superficiel il ne stipuleque la durée dustage. Le contrat estconsidéré commesuperflu, du fait que personnen’est considérécomme salarié,maisplutôt commeconfrère, s’agissantd’uneprofession libérale ».

Il faut noter quela rémunération n’est pas mentionnée surle contrat obligatoire d’unepart, parce que les stagiairesn’ont pasle statut de salarié etd’autre part, parce quel’Ordre n’apas à connaître sonmontant selonl’un des associés: « L’Ordre n’a pas à connaître la


rémunération. ».

En ce qui concernele fonctionnement interne, c’est plus uncontrat verbalentre lestagiaire et les associés qui détermine les fonctions et lestâches dechacun : «Nous, on n’ajamais eudans lecabinet le moindreproblème. ».

Dans unautre cabinet important, les stagiairescomme les collaborateurs disposenttousd’un contrat écrit. Cependantlà non plus aucunemention importanten’y figure. Ainsi, ni leshoraires, ni le montant de la rétrocession d’honoraire n’est stipulée. «Il s’agit du simpleaccomplissement formel d’une obligation imposéepar l’Ordre ». Pour l’un des associés, lescontrats sont enfait oraux ce qui neposeaucun problème de part etd’autre.

Dans une structure plus moyenne les deuxstagiairesdisposent, quant àeux, de ce contratpuisqu’il est obligatoire.Sansy attacher une importance démesurée, on constate quedans cecabinetcela a uneimportancelégèrement plus formelle quedans lesautres cabinets puisquepour sarédaction le modèle préconisé par L’Ordre a étésuivi et comporte desobligationsdéontologiques, etfixe le traitement parpriorité desdossiers del’étude, la rémunération, leshoraires...

C’est le cas également dela structure individuelle :Le contrattype conçu parL’Ordre desavocatsrègle les rapports entre lesdeux avocats :« On a bêtement repris lecontrat deL’Ordre pour être sûrs d’être tout à faitconformes ».

Il semble queseul un contrôle formelsoit effectué par l’Ordre, sansvéritable suivi ousanction en cas de non respect ducontrat.

2. LES MOYENS MIS A DISPOSITION ET LES TACHES CONFIEES :

Les moyens mis à disposition des stagiairessont les mêmes pour tous les avocats etconsistent en un bureau, parfoisun ordinateur et/ou les secrétaires, plus largement ilsconsistentdans lalogistique du cabinet.

En ce qui concerne les tâches dévolues aux stagiaires et aux collaborateurs, onpeutrelever quelques points importants :

- Pour les travauxconfiés aux avocatsen stage dedeux ans,la plupart des maîtres destageconfie des recherches théoriques de dossierscomme la doctrine oula jurisprudence,ainsi quele suivi plus ou moins complet dedossiers. Cet aspect est commun àl’ensemble dessituationsrévélées par lesentretiens,il constitueen quelquesortele dénominateurcommun.

- Dans certainscabinets, les stagiaires participent en outreà la réception delaclientèle. Cetaspectrelève, quant àlui, de la mise en placed’une relation deconfiance entrel’impétrant etle maître destage.

- La question est différente en cequi concerne les plaidoiries, pour lesquellesle plussouvent, ils plaident tout de suite pour les dossiers quine présentent aucune difficultéjuridique. Mais,ceci ne concerne queles cabinets qui exercent au niveaujudiciaire (dossierspersonnelsrares au début de leurstage).Bien entendu, dans les cabinets qui exercent auniveau juridique, les stagiairesne plaident pas outrès peu.Cette réalité est notammentperceptible dansun ancien cabinet de conseils où,depuis la fusion, sesont installésdeux


avocatsspécialisés enjudiciaire.

- Quoiqu’il en soit, pour l’ensemble desavocats, qu’ils soient stagiaires oucollaborateurs, oumême associés, les tâchesconfiées correspondent d’abord à unapprentissage du jeune avocat,tant au niveau dela complexité des dossiersconfiésqu’au plande l’autonomielaissée austagiaire.

Selon le point de vue des collaborateurs, lestâches correspondent aux missions etresponsabilités qui leursincombent : traitement de dossiers deA à Z, inscription aurôle,contact avec laclientèle etplaidoirie : «Je traite lesdossiersjudiciaires, du débutà la fin.(...).Pour le resteça peut être ponctuel mais toujoursen consultation aveclui [le maître de stage],biensûr. ».

Un stagiaire nous apporte deplus amplesprécisions puisque pour cedernier :« Les missions sont simples .Elles se divisent en2 :- audiences (le matin)- travail de dossiers.( après midi)le soir, je prépare lesdossiers du lendemain.Pour lesaudiences cela consiste en desplaidoiries, on me donne des dossiers traités l’avant

veille par quelqu’un d’autre. Je traite surtout des dossiers decivil : divorce, famille, filiation,demande derévision de pension alimentaire,droit commercial, droit du travail, droit de laconstruction et de l’urbanisme.

Je suis commis d’office, mais on esttrès nombreux,je ne serai convoqué qu’en juin.C’est unmoyen derémunération supplémentaire,on se fait connaître,on peut commencer à avoir des clients.Pour moi cesera bien car pourl’instant, je n ’ai aucun contact avecla clientèle.

Pour lesdossiers,on me donneun dossier,je le lis, je vois le compte-rendu de consultation,jerédige les conclusions, j’assigne, j’envoieles exemplaires aux personnes concernées, jedoiscomprendre et appliquerla procédure adéquate.

Mon travail est donné, onm’accorde du temps pour voir cequi va et ce qui nevapas, puis montravail est examiné, l’avis du professionnel m’est donné, et c’est bien, car celame permet deprogresser. ».

Nous avonsremarqué lors de l’entretien avec uneautre stagiaire,qu’elle s’estconsidéréetout au long de son stagecommeun sous-traitant. Selonla définition juridique, le contrat desous-traitance consiste àl’exécution par celui-ci d’une ou plusieurs tâches dictées parledonneurd’ordres.Ainsi elle déclare :« Jen’avais pas de clients, avecmon maître de stage,c’estde la sous-traitance. On peut conclure, recevoir des clientset surtout,on nous donnetrès rapidementla possibilité de plaider.(...) Il me demandaitde lui rédiger des conclusions, avec des directives maissans idées. ».Ce travail estensuitecorrigé et discuté, ce suivi s’allégeant peu àpeu.

Pour lesassociés d’un autre cabinet,les stagiaires traitent lesdossiers, les relationsavecles clients sont rares.Ils débutent en accompagnantun collègue auxaudiences, puis ilsouvrent les dossiers, et enfinils vont eux-mêmes auxaudiences,c’est à dire qu’ilsinterviennentdans lesdossiers. Quandils prennent de l’assurance,ils traitent les dossiersintégralement, sinon ils continuent àfaire des « points de couture». Il faut qu’ils touchent àtout, puisqu’ils essayent de se spécialiser dansun domaine.« L’objectif est de leur donner lesmoyens depouvoir prendre le maximum de responsabilités, pourqu’ils soient avocats. »,constate unassocié.En effet, au fur et à mesure dustage, ilsdoivent montrer desprogrès et c’est enfonction de leurs qualitésd’apprentissagequ’ils peuvent espérerdevenir collaborateursdansle cabinet.

Pour les stagiaires de cemême cabinet,le stagiaireprépare ou traite desdossiers.Ilconsulte également ouva plaider. Il accueille lesclients : par le biais d’une réunion, plus


rarement chezle client. Après avoir effectuéle travail demandé,il le soumet à son « patron»,qui le corrige sinécessaire :« J’effectuedonc le travail et je le soumetsà mon maître de stagequile corrigera éventuellement, voilà commentcela sepasse».

En général, on constate qu’il existe unréel partenariat avecle maître destage et avecl’ensemble des avocats du cabinet.

On constate par ailleurs que lestâches exercées par lesstagiaires sont cependant engénéral trèsvastes.Il faut qu’en deux ansle stagiaire découvre les différentesfacettes dumétier. Ainsi, ils peuventplaider des affaires provenant soit des avocats du cabinetsoit destribunaux (car ils peuvents’inscrire sur la liste desavocatscommisd’office), ou finalementd’uneclientèle personnelle.

Dans un cabinet, une stagiaireconfie qu’elledispose d’une grandeautonomie et quec’estun métier qu’il faut apprendre surle tas, « se jeter àl’eau ». Cependant, elle ajouteaussi,qu’étant au début de son stage,elle ne voit pas toujours leschoses àfaire du côtépratique, etquele maître de stage et lesautres avocatssont là pour l’aider.

Les tâches descollaborateurssont plus encadréesdans unautre cabinet de taille plusimportante etil est rare qu’un stagiaire ouun jeune collaborateur ( ce qui peuts’expliquer parleur faible nombre parrapport au nombretotal d’associés)suive un dossier deA à Z.Cependant, dèslors qu’un travail est confié àun jeune avocat,il lui est laissé unegrandeautonomie qui est toutefoisencadrée parla relecture etla correction stricte dumaître destage.

Selon une stagiaire,le fond du droit posecependant moins de problèmes, etc’est surtoutsur la procédure, la pratique effective dela profession qu’un avocat stagiaire doitle plusapprendre et qu’il estle moins préparé.Cette distinction et ce manque depréparation àl’exercice effectif de la profession constitueun thème récurrentdans les entretiens que nousavons menés, notamment s’agissant de la formation, quifait, et c’est choserare etsymptomatique,l’unanimité dansla profession.

Ils jugent cependant tous qu’ils disposentd’une grande autonomiedans le traitement desdossiers, effectuant audiences et conclusions,recevantle client... Finalement pourl’un desstagiaires, le stagiaire est assez autonometout en sachantqu’il peut solliciter de l’aide àn’importequel moment et surn’importe quelle question. Sur ce point,un collaborateur ayantchangé d’étudeindique qu’il dispose d’une autonomieplus grande qu’au sein ducabinetprécédent où onlui indiquait les pistes àsuivre.

Pour unestagiaire dela structure individuelle : elledéclare êtrecomplètementautonome,elle reçoit les dossiers deson maître de stage,sans savoircomment il effectue cetterépartition : « je ne sais pascomment il medonne les dossiers,mais unefois que je les ai jeles traitejusqu’au bout ». Parce que les affaires traitéesne s’y prêtent pas (d’aprèselle) etqu’elle ne travaille pour l’instant que sur les dossiers de l’ancienne collaboratrice, elle secontente d’un contacttéléphonique avecla clientèle. Toutefois son maître de stageassurequ’elle participeégalement àla réception dela clientèle : « C’est très simple, le client estreçupar nousdeux. Donc il ya une transparencecomplète visà vis du client. » Sansdoute faut-ilvoir dans cepieux mensonge unevolonté future defaire partager à sa stagiaire tous lesaspectsdu métier, bien que l’opportunité d’une rencontre directe avecla clientèlene se soit pasencoreprésentée. Interrogée sur son degréd’autonomieelle avoues’en satisfaire : « C’est un degréqui me satisfait toutà fait dans la mesure où je fais librement toute l’argumentation. C’est

moi qui dicte et Me X.relit pour contrôler. La plupart dutemps il ne changerien du tout et


signe. En général j’aime bien lui parler des dossiers aupréalable. » Ainsi, si elle estautonome, elle peutnéanmoinsavoir recours facilement à sonmaître destage.Cette faculté dedemanderconseil sembleêtre une descomposantes essentielles de cette petite structure : «Jetrouve quedans unepetite structure on a un meilleur contact et dès qu’on a unproblème onpeut le régler beaucoupplus facilement. »,pourtant sur ce pointil ne semblepas y avoir dedifférence avec lesstructuresplus grandes où, sile maître de stage est souventmoinsdisponible, les interlocuteurssont plus nombreux. Parce quele domainejuridique ducabinetse limite au droit social et au droitimmobilier, elle n’est pas inscrite sur laliste desavocatscommis d’office. En outre elle ne s’estime pas encoreprête àassumer cetype dedossiermême sielle envisage dele faire. En outre elle pense ne pas en avoir le temps. Sonmaître destage,lui, s’il procède à lacorrection des écrits et audispatching des dossiers selon descritères de difficulté,il considère que sonrôle est de guider sa stagiaire, dela former tout enlui laissant une autonomietrès large. Ainsi il lui laisseassurer unsuivi complet desdossiersde la réception encommun duclient à la plaidoirie.

Au total on note une grandeautonomiemalgré un suivi strict desécrits par le maître destage, même si les stagiaires ne participent pas toujours àla réception de clientèle (ce quin’estpas toujoursindiqué et qui soulève l’embarras des maîtres destage) ce quipeut s’expliquerpour deux raisons :d’une part unevolonté de protéger sa clientèle de tout futur détournement,d’autre part également le fait que les rapportsentre un avocat et son mandant soientfortementempreints d’ «intuitu personnae »faisanthésiter lesavocats à présenterle stagiairecomme encharge du dossier ( trop jeune ouinexpérimenté pourraitpenserle client). Toutefois cela nesemble pasêtre un vrai problème, l e s stagiaires qui déplorentcette absence de contactcomprennent le plus souvent cette situation. Cette autonomiecontrôlée se développe aufil dutemps, à mesure que sonmaître de stage ressentmoins lebesoin de contrôlerun jeune avocatqui s’aguerrit.

Une fois en confiance, l’avocatdéveloppealors, aufil du temps, sa clientèlepersonnelle.Elle sembleêtre très faible aucommencementmême si un desjeunes collaborateurs indiqueavoir développérapidement saclientèle. On notequ’au début certains avocats nes’estimentpar encoreprêts àaccepter detraiter des dossierspersonnels qui peuvent venirle plus souventde relations privées :ainsi, une stagiairereconnaît qu’elle adéjà refusédeux dossiers parcequ’elle ne se sentait pasencoreprête. Des avocats insistent sur la difficultépour un jeuneavocat dedévelopper sa clientèle.Deux d’entr’eux ajoutent d’ailleurs que cettedifficulté estlargement multipliée parle fait qu’ils ne soient pas originaires deStrasbourg. Ce point seretrouve d’ailleurs s’agissant de lasocialisation de l’avocat. L’un d’eux insiste en ajoutant quedans les premiers temps du stage,même sirien nel’empêched’avoir des clients personnels,iln’en aurait de toutefaçon pasbeaucouple temps puisqu’il en a à peineassezpour traiter lesdossiers qu’on lui donne,n’étant pasencore assezproductif et étant en phased’apprentissage.

Quant aux commissionsd’office, une fois encore la réalité est hétéroclite. Unepartieseulement desavocatsinterrogés sont surla liste descommissions d’officemême si la plupartd’entr’eux l’ont été. Ils n’y sont plus, soit par manqued’intérêt pour lamatière, soit en raisondu manque de temps et ducaractère peu rémunérateur. Ladistinction sefait souvent selonlecaractère très spécialisé ou non de l’étudedans laquellearrive le jeune avocat, les avocats descabinets plusgénéralistes ayant plus tendance à figurer sur ces listes,sans pour autant que lescabinets ne leurdéconseillent de figurer sur les listes. C’est toujoursun choix personnel. Parcontre il faut noter qu’un des avocats inscrits sur la liste desgardespénales fait decette


activité l’une de ses spécialisations futures. Un jeunecollaborateur d’uneétude qui a fait descommissions d’officelorsqu’elles étaient obligatoires n’enfait plus pour deux raisons : lapremière est quec’est une activité quine l’intéresse guère, laseconde estqu’il pense que laprocédure pénale est une matièrecapitale ettrès techniquenécessaire à lapratique du droitpénal et qu’il n’a pas deconnaissancessuffisantes enla matière.

3. LA REMUNERATION

Quant au niveau de rémunération,il est conforme engénéral, pour la rétrocessiond’honoraires, aubarème préconisé par l’U.J.A.d’environ 9 000 francs brut quisert deréférence àtous les cabinets (mêmelorsqu’il s’agit de donner plus).La rémunération dustagiairedans ungros cabinet est plus importante quecelle dubarème del’U.J.A., un peuplusde 11 500 Francs mensuelsbrut. Aprèsle stage,la rémunération est renégociée sil’avocat aune clientèlepersonnelleétoffée.Plusieurs cabinets affirmentainsidonner un peuplus à leursstagiaires, c’est notammentle cas dans lesgrandes structures.La rémunération préconisée parl’U.J.A. sembledoncêtreun plancher. Cependant, elle peut augmenternotamment en fonctiondes dossiers personnels que les stagiairessont toujours libresd’avoir, même si, de fait, audébut deleur stage, cettepossibilité est, sauf exception, largement illusoire.

Cependantpetit à petit, une clientèle se constitue, etla question dela rétrocessiond’unpourcentage des honorairesperçus au cabinet ( pour utilisation desmoyens du cabinet) se posealors. Pour certains cabinets, les collaborateursne reversentrien au cabinet, pour d’autres, ilsrétrocèdent unpourcentage de leurs honoraires quioscille entre 20 et35%.

Dans le plus grandcabinet où le fonctionnement s’apparente( du fait de la taille, del’organisation et des moyens)sans doute à une entreprise, cetterétrocessionconstitue,plusque le fruit d’une tradition oud’une philosophie desassociés, une logique de gestion. Là,lecollaborateur dèslors qu’il traite undossierpersonnel reverse 34 %pour les charges.Dans unautre cabinetil est demandé une rétrocession au collaborateurmais pas au stagiaire.

L’un desstagiaires souligne que ce mode derétribution permet deprendre conscience ducoût descharges.Dans tous lescas, cetterétrocession, lorsqu’elle est pratiquée, est néanmoinsbien perçue par lesavocats quiy sont soumis. Pour les cabinets où elle n’est pas pratiquée,cette absence de demande derétrocession est mise enavant avecfierté : unesorte d’avantagesubstantiel.

La pratique est variable etne dépend pas dela taille des structures, dumoins parmi cellesque nousavonsétudiées.Il semble que cetterétrocession résultele plus souvent dela pratiquedes cabinets.

4. POURQUOI ENGAGER UN STAGIAIRE ?

L’intérêt d’engagerun stagiaire est doublepour les patrons. Toutd’abord, lesstagiairessont disponibles pour aller aux audiencesdevant les tribunaux etfaire des « courses » auPalais. D’autre part, ils apportent une aide supplémentaire au traitement des dossiers, encollaboration avecun associé.Cela permet de former, selon ses besoins,un stagiaire. Les


stagiaires apportent engénéral «quelquechose »au cabinet, surtouts’ils ont été recrutéspourleurs profils.C’est le cas dela stagiaired’un cabinet qui a étésollicitée pour son allemand etses connaissances endroit allemand. Mais les stagiaires, selonelle, n’apportent pasénormément car ils sontsurtout là surtoutpour apprendre, dansun premier temps.

Il parait évident quepour tous les avocats,commepour les autres professionslibérales( par exemple «interne »pour le médecin),le stagiaireapparaîtcommel’exécutant quipermetau cabinet, un gain de temps et ungain d’argent : lesavocatsinterrogés se sontplaint despertes de tempsdanscertainesprocédures autribunal ; c’est pourquoi lescollaborateurs leurpermettentd’économiser ce tempsprécieux en exécutant les tâches lesplus fastidieuses à leurplace : « C’est un choixdélibéré pour euh...la première raison parcequ’il y a du travail, pourpermettre de melibérer, la deuxième c’estparce que il est difficilepour ceux qui sortent de fac detrouver un stage,doncpour ouvrir l’entreprise, la troisième,ça permetde...c’est du sang neufpourl’entreprise. ».Cettevision des choses correspond à lanécessairedivision dutravail danstouteentreprise.

Les associés insistent toutefois sur lanécessitéd’avoir des stagiaires. Le stagiaire apportede la main-d’oeuvre, lesassociés ne peuvent en effet pas tout faire. Les stagiaires sontdoncavant tout une force de travail. Mais,l’objectif à moyen terme est de trouver debonscollaborateurs, qui deviendront pourcertains des associés. Eneffet, certains avocatssouhaitant l’extension de leur cabinetpensentqu’en associant des avocats ils vontrépartirleurs charges fixes,d’autres plus anciens, songeantdéjà à leur départ de laprofession,souhaitent trouver desassociésauxquels ils pourrontcéder leur clientèlecontre paiement d’undroit deprésentation.

Selon certains stagiaires,le stagiairepeut apporter unregard nouveau dansun cabinet.Cela estconfirmé par un maître destage« il y a un cheminementqui commence au stage et mène àla collaboration ». Le stage estainsi un moyen deformer un futur collaborateurafin qu’il « apporte sapierre à l’édifice ». Evidemmentle premier intérêt dustage danscetteoptique estde répartir unecharge de travail importante sinon« il faut travailler 80 heurespar semaine ».

« Le deuxième intérêtc ’est le fait quesurtout dansune structure comme la mienne il y a cinqdéplacements par semaine et par définitionun déplacement est toujours en parallèle avec desaudiences sur place,à Strasbourg. Donc il faut faire face àun rôle qui est très chargé en audienceslocales et en déplacement.Donc il y a unenécessité d’être à deuxpour faire tourner la structurecorrectement ».

Cependantil envisage sonrôle de maître destage de manièrepragmatique: «Commentvous dire...Maître destage moije ne sais pas ce quec’est. C’est un mot que jen’aimepas,je ne suispas un maître de stage, d’ailleursje nesuis maître de rien du tout.Ma collaboratrice est rentréedansla profession ; il m’appartient de la former à la fois pour lesintérêts du cabinet que pour ses intérêtspropres à elle.Donc la formation on y trouve notre compte tous les deux.Et je précise quelaformation théorique qu’elle a eu iciétait rémunérée par le cabinet. Au mois de décembreelle était aucabinet pour apprendre maiselle a été rémunérée pourça ».

Quant à lastagiairedont il parle, elle estime qu’elle agagné descompétences dont elle nedisposait pas avant d’entrerdans cecabinet en droit social et en droitimmobilier, qui sont lessecteursprivilégiés d’intervention du cabinet.Elle trouve en outre que son maître de stage esttrès disponible, etqu’y comprislors des stagesCRFPA,c’est durantla pratique en cabinet quel’on apprend leplus. « Au départ on est désorientéparce qu’on a envie dedemander si ce qu’on faitest juste et d’unautre côtéon n’a pas trop enviede le déranger toutesles deuxminutes. On essaie detrouver le moment, tout en faisant des trucssanssavoir ». «Onfait un métier stressant. Notammentau niveau des plaidoiries.Pourtant Dieusait si j’aime les plaidoiries. Il fautaussi apprendre quellespiècesrendre, quellespièces garder. On a énormément dechoses à apprendre ».


E. Formation et transmission de savoir

Pour unavocat,la formation s’organise principalement en troistemps :la formation auCRFPA qui afait l’objet de notre premier rapport, la formation continueorganisée parleCRFPA durantle stage puis, enfin, l’apprentissage ausein du cabinet. Il faut cependantajouterque, s’agissantd’une professiondotée de particularités et d’une forteautonomie, lasocialisation professionnellerevêt uneimportance non négligeable.

1. LA FORMATION DU CRFPA

a) Pour les maîtres de stages et lesassociés

Les avocats les plus anciensdans la profession ( donc lesmoins au courant desprogrammes et du contenu effectif dela formation au Centre, mais qui ontconnu la formationinitiale sur « letas » sanspasser parle CRFPA) sontfavorables à la transition « en douceur »du monde del’université aumonde des cabinets par cetteannée d’école puis desdeux annéesde stage, insistant notamment sur« le caractèrepratique quedoit recouvrir cette formation ».

Pourtant pour d’autres, les plus nombreux, la meilleure formation est celle duprofessionnel, c’est à dire lapratique. L’enseignement auCRFPA serait, selon eux,tropthéorique. La formation dispensée parle CRFPA, pourl’un des avocats interrogés, est mêmeresponsable del’échec desjeunes, elle n’est pas en phaseavec la réalité professionnelle.« L’apprenti» doit travailleravec lesautresmétiers dujuridique et du judiciaire ( procureur,greffier, etc. ) afin de s’ouvrir au monde dudroit et afin de seconstituer unréseau derelations.

Pourl’ensemble des avocatsinterrogés cette formation est trop théorique et ne sert pas decomplément utile à l’université avec laquelle ellefait doublon pour la plupart de sesenseignements.C’est par contre au cours des stages durant cette formation que lesavocatsindiquent avoir le plus appris. Ceproblème n’est pas spécifique auCRFPA deStrasbourgpuisquela stagiaire venue de Rennespartage cetteanalyse.

Cela pose aussile problème de l’incompréhension par les professionnels issus descursusuniversitaires classiques dela formationalternée permettantle passage progressifd’un savoirà un « savoir faire »,voire àun « savoirêtre ».


b) Pour les jeunes collaborateurs et les stagiaires

Dans tous les cabinets, nous n’avonstrouvé qu’une seule personne que la formationdispensée auCRFPA satisfasse ( et encore relativement, constatant que cette formation nedonnait que quelques clefs).

Si un des stagiaires( venu del’extérieur) d’un des cabinets ne seprononce pas sur cepoint, lesdeux autresfont les critiques habituelles à la formation dispensée :trop théoriquesur le fond des enseignements, quidevraientêtre plus axés sur descours de procédures, dedéontologie et de plaidoirie.

D’une manière générale, ilsestiment que les enseignementsthéoriques sont inutiles carles spécialistes les connaissentdéjà et lesnon spécialistes n’auront pasle temps de lesapprofondir. Si, pourl’un d’entre eux, l’année de formation avait le mérite de contenirbeaucoup de stages et desmatières pratiquescomme laprocédure et la déontologie,tousinsistent surle caractère inadapté des cours théoriques. Les intervenants sont égalementcritiqués pour leur manque de rigueur.

Pour les stagiairesd’un cabinet, le plus important, c’estle stage en cabinet durant laformation auCRFPA qui apporte le plusd’éléments. Pour l’un d’eux« L’aspect procédural,c’est à diretout ce qu’on fait au tribunal.La pratique procédurale.Pas du tout le fond du droit,maisles techniques judiciaires.Pour les surmonter, il fautpratiquer ».

Tous serejoignent lorsqu’ils affirment quele vrai mérite de laformation d’avocatconsistedans lesstages, seuls àmême de fournirle bagage pratique del’avocat (procédure,rédaction d’actes... et autresproblèmes quotidiens de la pratique de laprofession).Après delongues années deformation universitaire,leurs attentessont davantage tournéesvers lesaspects professionnels d’apprentissage de leur futurmétier; dès lors, ilsapparaissenttrèscritiques en ce qui concerne une formationtrop théoriqueressentiecomme unecontrainte,voire comme undoublon parrapport à leurformation universitaire. Cet aspect deschoses serenforceavecle nombre croissantd’élèves avocatsdisposantd’un diplôme de troisièmecycle.

2. LA FORMATION CONTINUE

a) Pour lesmaîtres de stages et lesassociés

On retrouve exactement lesmêmes critiques concernantla formation continue,même sicertains affirment lanécessité decelle-ci, lesplus anciens ne se prononçant pas surun contenuqu’ils ignorent, l’un d’eux constatant toutefois que les stagiaires n’aiment pas ces cycles deformation. Pour un autre, «il n’engagepas et ne paiepas des personnespour qu’on les lui enlève,surtout la première annéeoù ils nesontpas trèsproductifs ». D’autre part, les sujetstraités nesontpas trèsintéressants, etil estime quec’est « du remplissage». Pour les associés d’un autrecabinet, outrele caractère largement inutile etthéorique dela formation, il existeun problèmed’organisation, parrapport à lagestion du temps, des horaires des séminaires.

Ce problème, selonun associé d’un grand cabinet, sepose àtous mais encoreavec plusd’acuité pour lespetites structures. Cepoint de vue est partagé parle maître de staged’unepetitestructure qui critique« le quota » (200 heures) en stigmatisant les conférences inutiles,pensant que c’est un effortbeaucouptrop important qui est demandé, enraison des besoins du


cabinet, pourun résultathypothétique.

Ces remarques nesont pas étonnantesvenant dela part desavocats qui emploient etpayent desavocats stagiaires et qui estiment, surtoutdans lespetits cabinets, queleur «maind’oeuvre » leur fait défaut cesjours là.


Les critiques sont icibien plus vives que concernantl’année auCRFPA. Alors quedurantles deuxannées destages les stagiaires doivent assister à 200 heures de formation,l’un desjeunes collaborateurs confie que sur toutes lesconférencesseules 2 ou 3l’ont intéressé et luiont été utiles.Il s’agit enfait desconférences qui avaientun rapport direct avec son activité.

Pour les stagiaires, les sujets desconférences ne sont pastoujours enadéquationavec lesdomaines qui lesintéressent.Mais si le sujet correspond à leur attente, à leur demande, leséchanges peuventêtre intéressants. Eneffet, les thèmes nesontpertinents que sile stagiaire adéjà unebase deconnaissances surle sujet. Inversement,dansun débat surun sujet nonmaîtrisé,le stagiaire ne peut pas prendrepart àla discussion.

« J’y vais, mais si les gens discutent surun sujet qu’ils connaissent, moi je n’y apprends pasgrand chose, et puis sic’est un sujet que je connais, jetrouve qu’elle estplutôt bonne,parce qu’onapprend des aspects qu’on ne connaîtpas, qui nous serviront dansnotre profession. » affirme l’und’eux.

Selon un autre,il existe des problèmes d’organisation au sein du CRFPA : laformationest trop générale, ce sontchaqueannée les mêmesintervenants. De ce fait, laformation estbanalisée, et lesintervenants n’ont pastoujours la vocation. « Ils sont souvent choisispar ladirectrice, qui les connaîtde longuedate. Celle-ci, d’ailleurs, refusede renouveler les professeurs,mêmesi certains professionnels ontdéjà proposédes sujetsde séminaire très intéressantspour lesjeunesavocats ».

Selon lui, le syndicat desjeunesavocats a d’ailleurs essayéd’intervenir au niveau delaformation, en la critiquant et enproposant de nouveauxconcepts.Il a essuyé unrefus, « depuis les discussions avecla directrice duCRFPA sont inexistantes ».

Il y a également, selon lui, de sérieux problèmesrelationnels entre professeurs etélèves.la formation duCRFPA n’est donc passatisfaisante, l’aspect pratique n’est pastraité, «c’estune perte de temps», selon certaines personnesinterrogées.« 200heures,c’est unejournée parmois perdue, et ça fait beaucoup »,la formation est quelque chose de contraignant,il s’agitsurtout de« pointer », afin d’obtenir la validation dustage.

Pourtant, les 200 heures sontperçues comme étantplus intéressantes que l’année duCAPA, les intervenants ont plus unsouci professionnel que lesprofesseurs.

En réponse à laquestion« Commentjugez-vouslescours dispenséspar la formation continuedu CRFPA durantles annéesde stages ? »,un jeune collaborateur affirme« nulle, extrêmementmauvaise et jele signe s’il faut».

Un stagiaire qui aeffectué sa première année de stage àParis déclarequant àlui que lesconférences organisées à Paris étaientbien meilleures pour une raison toutesimple : il y avaitplus dechoix.

Un des avocats indique d’ailleurs que lesrares fois oùil a été intéressé par uneconférencec’est qu’à l’occasion d’un dossieril était confronté àun problème évoqué, et suggère desconférences où on prenne pourbase des dossiersréels decabinets.

Selon un stagiaire« Je pense qu’elles représententunepertede temps considérable. Ces heures


désorganisentle travail du cabinet, cen’est vraimentpas évident.En plus on ne sait pas toujours sion vapouvoir y assister au momentoù on nous le demande. Dansla pratique on nous demandeunmois avant sion compte assister auséminaire.Mais comme iln ’y ena pas énormément,on n ’a pas lechoix. Si on en manque unon ne sait pas quand on pourra le rattraper en choisissant un autreséminaire. En plus sur n’importe quelthème, c’est toujours extrêmement théorique. Ce sontsouventdes thèmes complètement inintéressants pour notre propre formation.Enfait c’est surtout pratiquepour rencontrer les copains depromo ! ».

Si un autre avocat maître destagedéclare àpropos de ces 200 heures« Je les assumecomme tout le monde »,il n’en est pas moinstrèscritique. Pourlui « 200 heures c’est trop. C’estbeaucoup trop. C’est vraiment excessif etje dois dire que certains stages sont très intéressants,indiscutablement, maisparfois les thèmessont étonnants.La très grande majorité des thèmes estintéressante, indiscutablement, maisil y en a de temps àautre de bizarres. Ceci étant, 200 heuresc’est vraiment trop et je ne cache pas queparfois pour la structuredu cabinet ça pose des problèmes.A ce moment-là on essaie de s’arranger commeon peut. Mais la règle c’est quequand il y a un stage,elle le fait. Dans ce casc’est à moi d’assumerla journée où elle estabsente[...], c’est beaucouppour elle et pour le cabinet ».

Très mal perçues par lesjeunes avocats, les 200 heures de formation continuele sontaussi par les associés decetteétude et, au surplus,elles posent desproblèmes d’organisationdes cabinets,même si la taille decette structure permet d’y fairefacesans trop dedifficultés.

Face à ces critiques, onpeut légitimement se poserla question des modalités defonctionnement duconseil d’administration et du président duCRFPA qui estinexistantdanstous les discours. C’est à eux pourtant qu’incombent les politiques demise enoeuvre de laformation et lesmodalités de leurcontrôle. Deplus, il semblerait que l’ensemble des avocatssoient peu aucourant dela réalité dela formation dispensée au sein duCRFPA. Quant auxpatrons de stage, on constate qu’ils nesont pas nonplus présentsdans les réunions desynthèsequi, commedans toute formationalternée,devrait se tenirrégulièrement entre l’écoleet l’entreprise.Comptetenu des difficultés rencontréesactuellement par certaines catégoriesd’avocats, ils estiment souvent que cesréunionssont despertes de temps et par conséquentfont perdre de l’argent au cabinet.

Le nombre important d’heures deformation pose un problème puisqu’il correspond àenviron 2 heures deconférences par semainedansl’année. Onavait, dansle rapport surlaformation,remarqué que lesavocatsinstallésne suivaient pas beaucoup de formationcontinueet même, la jugeaientinutile et une perte de tempspour eux et d’argent pourle cabinet.Bienévidemment, leur opinion ne peut changer sur ce point,lorsqu’il s’agit de la formationcontinue de leurs stagiaires qu’ils payent desurcroîtpour qu’ils la suivent.

De plus,il est difficile de proposer desthèmes qui intéressent tous les avocats enplace àStrasbourgétant donné la diversité des exercices desavocats. Les critiques, semble-t-il neprennent pas en comptecette difficulté.En outre,il ne faut pas perdre de vuele coût financierde ces conférences, financées parle CRFPA,dont les créditbaissent étant donné lachute destaux d’intérêt descomptesrémunérés desCARPA. Peut-être, pourrait-on penser à créer uncycle commun deconférences pour tous les barreaux del’Est, offrant ainsi une gammebeaucoup pluslarge de matières et dedates à des stagiaires qui auraientainsi moins cesentimentd’être «piégés » par un quota d’heures oùil faut «aller pointer », et permettraitégalement demieux cerner et adapter lescycles aux spécificités de catégories d’avocats.Il nefaut pas méconnaître non plusle rôle de socialisation que joue cette formationcontinuepuisqu’elle amène les jeunes avocats à se rencontrer régulièrementainsi qu’on le verra ci-dessous.


3. LA TRANSMISSION DE SAVOIR AU SEIN DES CABINETS

a) Pour lesmaîtres destage et lesassociés

Nous constatons que les efforts desmaîtres de stage portentessentiellement sur la prisede contact desjeunesavocatsavec leur métier et quiconsiste pourlui à la transmission destechniques juridiques : l’analyse enprofondeur d’un dossier (recherches d’argumentsjuridiques et doctrinaux), etle suivi du dossier qui consiste àle défendredevantle client.

Ce point de vue estavancé parun maître destage quiestimequ’il serait trop facilepourun stagiaire de se contenterd’être sous-traitant, sansêtre contraint de défendre sondossierface auclient et d’essuyerd’éventuelles critiques :« unmomentdonnéil faut y aller, on estaubord du plongeoir, il fautà un moment donné sauter à l’eau, etlà on apprend vraimentparce quec’est très agréable pourun stagiaire de travailleren retrait, il nefait pas ses courriers, il n’apas lemêmerapport avec le stress. J’ai eu une foisunediscussion très ferme avec mes stagiaires, au coursdes années ils n’avaientpas le même engagementquesi ils étaient en premièreligne devant le client,quand on fait uneconsultation, un mémoire, c’est finalement après, il faut le défendre devant le clienton est beaucoup plus responsable que de le fairetranquillement derrière sonbureau.Ne serait-ce quequand on signeun courrier où ilfaut prendreposition sur quatre lignes. ».

Cet avocat insisteplutôt sur la relation maître-élève,pour que les collaborateurssuiventles traces de ce dernier. Lechoix du maître de stage parait déterminantdans le cursusprofessionnel du collaborateur :« Le rôle du maître destage est justement là, pour le savoir on lelui donne, le savoir-faireon lui donneencoreune foisdes directions etle savoir-plaire je crois qu’onl’inculque par notre propre comportementau sein del’entreprise ».

Il s’avère que par ces moyens, lesassociéssouhaitent faciliter l’intégration desstagiaires.Ils affirment quele fait de se débrouiller, enayant toujours le soutien d’avocats confirmés,paraît être lameilleure formule.En majorité, les stagiaires apprennent surle tas, étant donnélemanque de temps dont disposent lesassociés.


La formation au niveau du cabinetsatisfait beaucoup plus quela formation théorique,« c’est au quotidien que l’on apprend deschoses » pour une stagiaire. Ayant uneformationhétérogènepuisque leur cursus universitaire est différent à la base, dumoins en ce quiconcernela licence et la maîtrise, ils entrent tous néanmoins au CRFPA avec un BAC + 5pour laplupart. Les collaborateurs ont conscience dela nécessité de laformation alternée :. « La formationau CRFPA estassezgénérale maiselle n’offre pas lenécessaire pour arriver sur lemarché du travail. LeCRFPAjoue le mêmerôle que l’université, une formation théorique,mais quine dispensepas le plus intéressant pour travailler dansun cabinet ; la pratique n’y estpas définie, etdès lorson necomprend le fonctionnementdu métierd’avocat qu’en travaillant dansun cabinet ».

Tous ont également conscience del’importance et du rôle du maître entant quetransmetteur de savoir,la notion de maître de stagedevant être compris au senslarge duterme, c’est à dire l’avocat titulaire del’étude ou,le cas échéant, lesautres avocats du cabinet,qu’ils soientcollaborateurs ouassociés.


Soulignons quetous s’accordent àdire que lescollaborateurs nesontjamais opérationnelsà leur entréedansle cabinet, et que parconséquentbeaucoup reste àapprendre.

« Je concluais comme je levoulais, ets’il n’était pas d’accord, on discutait, ilme montrait sonpoint de vue. On défend chacun son beefsteack. ila plus d’expérience.Si c’est fondé,on modifie lesconclusions. Je fais encore des conclusionspour lui. Avant il les annotait, maintenant de moinsenmoins. Maintenant, j’ai acquisun style de rédaction, je n’ai plus de remarquesde forme encoreparfois de fond. Avant, j’allais trop vite, maisje dois dérouler minutieusementtous lesarguments. »affirme un collaborateur.

La même notion de sous-traitance est implicitementévoquée parun collaborateur : « J’étaiscollaborateur deX qui est associé.Je l’assistais aussi biendansla rédaction desactes quedans les consultation de conseilsjuridique et fiscal. Naturellement il m’aidait, pourgagner saconfiance il fallait êtresonassistant au départ. ».

Il s’agit d’une relation professionnelle quilie le maître destage à son stagiaire. Pourl’und’eux « Quandj’étais stagiaire, j’allais voir les grands. » La volonté de créerun climatrelationnel favorable autravail en privilégiant la pratique et les rapports decollaborationreprésente une certaine culture d’entreprise.

Globalement, laplupart des stagiaires trouvent que lesmaîtres destages nesont pas trèsdisponibles. Pourtant, lesimpétrants ne sontjamais obligés de se débrouiller toutseuls.Si lemaître destage ale temps,il s’occupe de son stagiaire. Siun problème est rencontré, si unequestion estposée,il prend le temps d’yrépondre.

Par exemple, une stagiairefait remarquerqu’en arrivantdansle cabinet, ellene maîtrisaitpas l’aspect procédural et les techniquesjudiciaires. C’est la pratique et la collaboration avecle maître de stageet/ou avec lesassociés, quilui ont permis de prendre de l’assurancedans cedomaine.

De l’avis de tous,c’est la pratique quotidienne en cabinet qui permet de transmettre lesconnaissancesutiles à l’exercice de la profession,le fond du droit ayant étéintégré pourl’essentiel à l’université.

Une des stagiaires indique quele maître de stage, dans un premier temps,corrigebeaucoup sesécritures, et quele temps passantcette lecture se fait moins correctrice.Cependant elleinsiste sur l’intérêt de ce «filet protecteur » au moins les premiers temps.

Elle déclare également qu’un desintérêtsprincipaux de la présence dumaître destage estde pouvoirrépondre aux interrogationsquotidiennes et notammentle choix d’un procédure ouune matérialisation des actes àaccomplir(envoyer tellelettre à tellepersonne...).

Parfois, maisle cas ne s’est vraimentprésentéqu’une fois, un stagiaireregrettele peu deprésence de son maître destage, affirmantqu’il n’a pas vraiment demaître destage et qu’il seforme un peutout seul. Ce n’est quepour des questions ponctuelles (engénéral de procédure)qu’il intervient.

Pour un autre avocatinterrogé, s’il avait officiellement un maître de stage, il a eueffectivement 4 ou 5maîtres destages quiétaienttous lesassociés du cabinetqu’il « n’hésitaitpas à aller embêtertoutes les cinqminutes». Il pense qu’une bonne formationpasse par unedisponibilité maximum.

Cetteréalité illustre enfait la fragilité et l’empirisme de ce mode deformation.Rétif àl’appréhension théorique,il repose enfait sur une pratique quotidienne quine peut ques’apprendre en cabinet, etdoit être un savant mélange de débrouillardise et deconseils etdirections donnés par les professionnelsdu cabinet, au premier rangdesquels ontrouve fort


logiquementle maître destage.Toutefois, ce mode de formationétant une transmission desavoir faires’insérantdans des

rapports personnels,il est fatalement soumisà ceux-ci et se trouveêtre dépendant del’empathie dumaître destage, de sa pédagogie, de sa disponibilité, et d’unemultitude d’autresfacteursdont dépendent lesrapports humains (comme descompatibilités de caractère, decentresd’intérêts...). Il s’agit non seulement de la transmissiond’un savoir-faire mais aussid’un savoir-être.

Le plus souvent les avocats semblentavoir conscience de l’importance de cerôle (sansdouteparcequ’ils ont également été formés dela sorte), etfont desefforts pour assurer unebonne formation austagiaire. Cerôle ne s’arrêtepourtant pas aumaître destage puisquecomme presquetous les avocatsconfirmés interrogés, la qualité de maître destage n’estqu’untitre et ils sesentent presque tousmaître de stage àtour derôle.

Il faut toutefois se garder d’idéaliser ce mode de formation etil doit être mis enperspective avec lesimpératifs pratiques qui jalonnent son déroulement. Les avocats insistentde manière récurrente sur les problèmeliés à la maîtrise dutemps dans l’exerciceprofessionnel : peu de tempspour conclure,temps perdu auxaudiences, dossierstraités dansl’urgence... dès lors, fatalement, cette formation est souvent simplementsubordonnée etrythmée par la vie du cabinet, qui nelui laisse que peu de place.

4. LA SOCIALISATION

Si les jeunesavocats semblent ne pas avoir beaucoup derapports avecl’Ordre, il en vanaturellement autrementavec les confrères. Certesbeaucoup ne fréquententencore quetrèspeu d’avocats, maisla plupart insistent sur leursbonnes relationsavec leurs confrères engénéral etsurtout, plus particulièrement,avecleurscamarades de promotion durantl’année deformation auCRFPA, quisemblebien être uninstrumentprivilégié desocialisation ausein dela profession. Pour autant, en dehors de ces camarades, ils semblent avoir peu de tempspourdévelopper, durant cespremières années, des relationsavec des avocatsextérieurs aucabinet.Ce points’expliqued’ailleurs, outre lespremières années oùl’on met du temps pourlier desrelations, parle fait que certains cabinets comportent nombre de conseils moinsamenés àdéployer une activité au Palais, lieu de rencontre desavocats.

Reste qu’ausein du cabinetla plupart des avocats soulignentla bonne ambiance quiyrègne, tant du point de vuestrictementprofessionnel oùla disponibilité des confrèresplusexpérimentés s’apprécie à l’aune des conseils pratiquesdonnés àl’occasion du traitement desdossiers ( le maître de stage n’est pasle seul interlocuteur, d’ailleursun des jeunescollaborateurs expliquequ’il sert d’interfaceentrele stagiaire et sonmaître destage), que dupoint de vue extra-professionnel où, notamment à l’initiative desjeunes avocats, sontorganisés dessorties et des repas qui permettent de consolider l’ambiance.

Dans un des grandscabinets les problèmes de socialisation sontessentiellementliés à lataille de la structure : les relationssontmoins personnalisées et entreun maître et son stagiaireelles restenttrès formelles et axées surla transmission de connaissances ponctuelles.Letemps, plusqu’ailleurs, sembleêtre un facteur déterminant oùle Palais et lesaudiencessemblentêtre le moyen le plus sûr de rencontrer des confrères.


En fait on peut distinguertrois élémentsdans cette socialisation :

- La premièreconsiste enfait en la transmission desrègles qui régissent lesrapportsavec les confrères et les autres professionnels et qui estle plus souventle fruit de la pratiquesousl’égide du maître de stage et dûment orientée par les confrères ducabinet, commenousl’avons envisagéprécédemment.

- Le second consiste dansl’intégration professionnelle aucours delaquelle on noteun double phénomèneavec d’unepart une socialisation d’autant plus rapide qu’elle estfacilitée par la connaissance de « camarades de promotion »tant de l’université que duCRFPA,regrettée par desavocatsextérieursayantainsi plus de mal à s’intégrer.

- La troisième passe par les rapportsavec l’Ordre et les autres confrères qui est engénéral question de temps,facilités notamment par les «visites» au Palais, lieu de travail etde longue attente pour les avocats, et qui devientun forum de discussion et de rencontreprivilégié auxdires detous.

Ces éléments sont d’ailleursévoqués par l’un desavocats, qui indique que lesinterlocuteursprivilégiés en cas de difficultés rencontrées à l’occasion d’undossier ou d’uneprocéduresont les avocats du cabinet, et notamment les plus jeunes( néanmoins plusâgés, entout casdansl’exercice professionnel, quele stagiaire) qui ont une plusgrandeproximité derelation avec lesstagiaires et sans doute avec lesproblèmes rencontrés parceux-ci.Il indiqueégalement quele fait de n’être passtrasbourgeois est un handicap pour seconstituer uneclientèle (aspectréseau relationnel), mais quel’intégration aubarreau se faitnotamment parles rencontres au Palais.Il ajoute que les commissions d’office sont un bonmoyen, tout endéveloppant son réseau deconnaissances, pour avoir ses premiers clients.

Le caractère important des camarades de promotion etd’université commeinstrument desocialisation est mis enavant par un stagiaire qui indique (il est le seul dans cecas) que cesrelations servent, en quelque sorte, decontrepoint aux rapportsparfois difficiles avec« lesavocats plus anciensqui parfois les dédaignent et parfois les regardent d’unmauvais oeil parcequ’ils estiment qu’on[les jeunesavocats]est trop nombreux ».

Notons quen’ont pas été évoqués en terme desocialisation les groupes intermédiaires telsque les syndicats qui pourtant semblent jouerun rôle important ne serait-ce que parl’organisation de manifestations festives,tels querallyes, ou encoresoirées de l’U.J.A., oùl’ensemble de la grandefamille judiciaire (avocats, magistrats, huissiers) se retrouvedans uncontexte moinsprofessionnel maisnéanmoinstrès ritualisé.

A la différence de l’analyse quantitative qui cerne lestendances, les comportements enterme de fréquence sans tenircompte des casparticuliers, l’analyse qualitative, elle, s’attacheau discours des acteurs sociaux.

Les résultats decetteenquête qualitativesontdonc inéluctablementdifférenciés etmoinshomogènes que ceux dela première partie. Parfois, ensaisissant et en analysant laparole desacteurs autour dethèmescommuns à cesdeux analyses, on affinele propos mais onperd delacohérence.Pour autant, danschacun des grandsaxes deréflexion entrepris on aretrouvé desréponseshomogènes de lapart desavocats, jeunes ou plus anciens, membres de petites ou degrandes structures.


En premier lieu, s’agissant desmodalités de recrutement,la plupart des impétrantsentrentdans des cabinets oùils ont eu l’occasion de faire desstages soitavant, soit pendant leCRFPA quileurs permettent de découvrirla réalité etle quotidien dela profession d’avocat etde se faireapprécier par les décideurs descabinets peu enclins à embaucher au hasard.L’intuitu personnae dont est fortement empreinte laprofession permetsans doute d’expliquerlargement cephénomène.Il est néanmoins (au stade de la recherche d’un stage) moins faciled’identifier, dans unbarreaucomme Strasbourg, une véritable stratégie développée par lesstagiairespuisquelors desentretiens ceux-ci confessent engénéral nevraiment avoircherchéailleurs dèslors qu’ils avaienttrouvé unstage.

En secondlieu, s’agissant de l’exercice professionnel, onnote un certain nombre de traitsrécurrents. Ainsi en est-il dela formalité du contrat écrit. Les cabinets comme lescollaborateursy défèrent s’agissant d’une obligationlégale. Néanmoins, ce contrat neconstitue qu’uneformalité puisqu’aucun contrôlesérieux n’est opéré parl’Ordre et que lesavocats eux-mêmes n’y attachent qu’une importance subsidiaire.

Quant auxtâches confiéescomme àla questionposée sur l’intérêtd’engager un stagiaireon note quele stage estconsidéré partous (maîtres de stage oustagiaires)comme lapremièreétape de laconnaissance d’une profession quipermet d’alléger lacharge detravail ducabinetsans quele stagiaire ne puisseêtre considérécomme pleinement opérationneldans lespremiers temps.Dans ce cadre lesprincipalestâches du maîtres de stageconsistent dansle faitde confier des dossiers pastrop complexes audébut, comme de suivrele travail du stagiaire(correction des conclusions, conseils defond et de procédure...).Graduellement, àmesure quele stagiaire prend confiance, une autonomieplus grande estaccordée aucollaborateur. On noted’ailleurs qu’en pratique,dans les structuresplus importantes oùle maître de stage n’a quepeu de temps à consacrer austagiaire, cettetâche est en général assumée parplusieurs avocatsrelativement jeunes, engénéral descollaborateursconfirmés, qui assurentainsi l’interfaceavecle ou les maîtres destages (ceux-ciétant plusprésentdans les petites structures).

Globalement lesstagiaires sont appelés àdevenir les collaborateurs puis lesassociés dedemain pour laplupart des cabinets del’échantillon et constituentd’ailleurs (à l’exceptiond’une desgrosses structures quirecrute pour une large part desavocatsdéjà confirmés)l’essentiel des futurs collaborateurs etassociés. On note une faible mobilité desavocats entrecabinets. Surtoutaprès quelquesannées, puisque les avocats quichangentd’étude le fontsouventassez rapidement.

En troisième lieu,s’agissant de la formation et de la transmission des savoirs, l’ensembledes acteurs a unoeil très critique à l’égard de la formation dispensée parle CRFPA. Pourl’année deformationd’abord qu’ils jugentinutile et faisantdoublon avec l’université censéeoffrir le bagage théorique suffisant (d’autant quela plupart des avocats sont titulairesd’undiplôme de troisième cycle).Ensuite, et surtout, pour les 200 heures deformation durantlestage qui n’offre que peu d’intérêt aux yeux des stagiaires (considérant engénéral que peu dethèmes de conférencesrecouvrentla pratique de leur profession auquotidien) et qui mobilisetrop detemps.

A l’heure où les instancesordinales affirment desdifficultés sérieuses pour financer laformationil semble temps de repenser une formationcoûteuse quine satisfait personne.

Par contre, l’ensemble desintervenants insistent surle caractère irremplaçable de laformation au sein descabinets,seule à même d’êtreformatrice pourl’avocat.


I I I . L’APPRENTISSAGE AU SEIN DES CABINETS

ALLEMANDS


Après avoir étudié l’apprentissage ausein des cabinets strasbourgeois, nousnousattachonsdanscettedernière partie àexpliciter lesspécificités desconditions de formation desavocats allemands etleur entréedans la profession :l’absence d’école spécialisée du type desCRFPA français et du stage dedeux ansimplique des modalités et des stratégies d’entréedansla profession radicalement différentes.

Du point de vue méthodologique,il nousétait difficile, compte tenu desdélais impartis,de mener uneétude du même type quecelle que nous avions entreprise pour Strasbourg.Nousavons, par conséquent, choisi d’interroger des avocatsexerçant au sein decabinets allemandssitués àStrasbourg. De plus, ces avocats ont, pourla plupart, effectué aucours deleur cursusuniversitaire une formation endroit en France, et cettemobilité nous accordait lapossibilitéde les interroger dans laperspective d’uneéventuellecomparaison entre les deuxpays.

Leurs connaissances des processusd’entrée dans laprofession d’avocat tant en Francequ’en Allemagne, desmodalités différentes d’apprentissage ausein descabinets desdeuxpays,nous offraient en outreun potentiel d’enrichissement de nosconnaissances-sur la basede leurs expériences et réflexions «d’hommes deterrain »- que nous ne souhaitions pasnégliger.

Dans unepremière partie, il nous asembléimportant de revenir surla formation desfuturs avocats allemands avantle premier examen d’Etat afin de préciserquelques modalitésimportantes susceptiblesd’éclairer l’inadéquation desenseignements aux attentes et besoinsdes étudiantsdansleur premier cycle de droit.

Le second temps denotre réflexion seconsacre à leursapprentissages professionnelsdurant la période duReferendariat :nous étudionsle rôle, lescontenus et lesmodalités desquatre stagesimposés ainsi que les motivationsliées auchoix du cinquième stage. Parle biaisde l’analyse dela relation pédagogiquemaître de stage/référendairenous avonsexploré lesconditions de transmission des savoirs professionnels.L’ensemble de ces données permet dedresserun inventaire des apports et limites decette immersion professionnelled’une duréetotale dedeux ans.

En troisième point, nous abordons les conditionsd’entrée de cesavocats danslaprofession. La saturation dumarché desavocats liée à l’augmentation annuelle massived’avocats rendl’insertion professionnelle d’autant plusdélicate qu’elle influe sur lespolitiques de recrutement des cabinets. Nous nous attacherons àdémontrer la situation deprécarité decertains jeunesavocatslors de leurs premières insertionsprofessionnelles, enraison notamment dufait qu’ils ne bénéficient généralement pascomme enFrance d’unegarantie de revenus minimum au cours deleurs deux premièresannéesd’exercice.


A. Remarques surla préparation au premier examen d’Etat en droit.

La duréenormale des études quiprécèdele premier examen d’Etat en droitdoit être dehuit semestres, en pratique cettedurée règlementaire n’est que rarement respectée, elle s’étendbien souvent à dix ouonze semestres.La loi du 20 novembre1992 apermis auxLänder deréduire la durée des études eninstaurant larègle dite de « l’essai libre » (Freischußregelung).Selon cetterègle, les étudiants qui échouent aupremier examen d’Etatdansle délai légal deshuit semestres, ont lapossibilité de le présenterencore deuxfois tout enconservant les notesfavorables qu’ils ont obtenues lapremièrefois.8

1. LE REPETITORIUM : SUBSTITUT TEMPORAIRE A LA FORMATION UNIVERSITAIRE ?

Les avocatsinterrogésnous ontfait part del’importance querevêt le Repetitoriumdurantcette période deformation au premier examen d’Etat. Une grandemajorité d’étudiants (del’ordre de 80 à 90% des effectifs d’une promotion) choisissent depréparer leurpremierexamen d’Etat en dehors des structuresuniversitaires d’enseignement,dans desinstitutsprivés payants qui dispensent demanière intensive, sur unepériode detrois à six mois, descours et destravaux pratiques sur les sujets d’examen desannées antérieures. CeRepetitoriumpourrait être considérécomme un simple «complément de formation »mais il semblerait quel’on doive plutôt l’assimiler à une formationparallèle sesubstituant pour untempsdéterminéà la formation universitaire proprementdite :

« J’aichoisi, comme à peuprès 90% des étudiants de mapromotion de suivre un« Repetitorium » pour mepréparer au premier examend’Etat, c’est-à-dire quenous avionschoisi de quitter la voieétatique de formation juridique, parce quenous avions le sentimentque cette voieétatique ne nous suffirait pas pournous préparer correctement au premierexamen d’Etat. Cestage intensif de travail durait sixmois, en ce qui me concerne de mai àoctobre 1987. D’avril à juillet, nousétions également en pleine annéeuniversitaire mais enraison de la lourdecharge detravail imposée parle Repetitoriumnous n’avions plusle tempsde suivre les coursuniversitaires, parcequ’il ne suffisait pas d’assister aux coursprivés et


d’amasser les documentsdistribués,il était nécessaire de les préparerchez soi, detravailler àfond les différentes matières, çanous prenait beaucoup detemps en sus de ce cours intensif.Et puis, noussavions, et lesrésultats l’ont prouvéqu’en travaillant intensivement selon lesdirectives donnéesdans ce «Repetitorium »nous réussirions notresemestre. »9

2. ATTENTES ET BESOINS DES ETUDIANTS EN MATIERE DE PREPARATION AU PREMIER

EXAMEN D’ETAT EN DROIT.

CesRepetitoriumproposés par un grand nombre d’institutsprivés constituent unmarchéà forte concurrence où laréputation d’excellence des instituts,liée notamment aux taux deréussite desétudiants préparés au premierexamen d’Etat est déterminante. L’attractivitéexercée par cescoursprivés -malgréleur coût élevé10- sur la population étudiantesoulèveleproblème de l’adéquation de la formation universitaire auxattentes et besoins desétudiants enmatière de préparation aupremier examen d’Etat.

Parmi les lacunes -évoquées aucours des entretiens- dusystèmed’enseignement figureson incapacité àfournir aux étudiants uneréelle méthode de travail quele suivi plusindividualisé durant le Repetitorium compenserait. L’intensivité decette préparation leurpermet d’atteindre sur un courtterme uneréelle efficacitédansl’organisation de leur travail.D’autres nous ontconfié s’être sentis soulagés àl’idée qu’une tiercepersonne s’occupe à leurplace des modalités de préparation àl’examen.


B. Les premiers apprentissagesen milieu professionnel : Le Referendariat.

Le Referendariat11 est une période de stages en milieu professionnel dont la duréetotaleest de 24 mois.Le référendaire doit effectuer :

- 10 mois enjuridiction dont 6 mois ausein d’un tribunal statuant en matière civile et 4mois ausein tribunalstatuant enmatière pénale.

- 5 mois et demi ausein d’uneadministration.- 4 mois dans uncabinet d’avocats.- 4 mois etdemi au choix dansl’une desstructuresprécédentes.Parallèlement à ces stages, une formationthéorique, organisée etprise en charge parle

Tribunal de GrandeInstance, est dispensée auxréférendaires.

Le jeune juriste quisouhaiterait deveniravocat peutdonc, enthéorie, effectuer les quatremois dustageobligatoire dans uncabinet d’avocat puischoisird’effectuer ses derniers quatremois et demi destage égalementdans uncabinetd’avocat.Il consacreraitainsi un total dehuitmois et demi destage à apprendrele métierd’avocat12. Mais en pratique, peu de titulaires dupremier examen d’Etatsavent déjà s’ils veulent être avocats ou magistrat ou juristesd’entreprise,étant donné quetoutes leursétudes se sont dérouléesdansle but unique d’obtenirde bonnes notesafin de devenir magistrat.Parmi les avocatsinterrogés, mêmeceux quisavaient dès lestage vouloirembrasserla professiond’avocat, tousn’ont pas choisipourautant d’effectuerhuit mois et demi destagedans uncabinet d’avocat.

Nous expliciterons lescontenus et modalités des différentsstages, les motivationsliées auchoix du cinquième stage et tenterons d’analyser laportée formatrice de la relationpédagogique maître de stage/référendaire.A partir de nosentretiens, nous dresseronsun bilandes apprentissages de stagesrétrospectivement considérés par les avocats interrogéscommede réelsapportsdansl’exercice deleur métier.


1. ROLE, CONTENUS ET MODALITES DES DIFFERENTS STAGES.

Pendant sonstage au tribunal,l’étudiant est affecté à unechambre et assistele présidentde la chambre enpréparant l’audience et en rédigeant lesjugements.En Allemagne, lesjugespréparentle dossier et seréunissent avant l’audience pour en discuter. L’un des magistratsfaitun rapportdanslequel il donne son avis surle dossier, et qui sert debase àla discussion.Lestagiaire a pourfonction d’étudier des dossiers, de faire cerapport etd’exposer devant lesjuges la solution qui, à sonavis, doitêtre donnée aulitige. De même, aprèsle délibéré, il serachargé de rédigerle jugementfinal.13

Le référendairepeut également remplacer unProcureur:

« Nous étions obligés de plaider un certainnombre dedossiers durant notrepériode destage, maisl’onpouvait également enplaider beaucoupplus, ceux-ci faisaientl’objet d’unepetite rémunération supplémentaire.Il m’est plusieurs fois arrivé de remplacerun Procureur surchargé de travail etmanquant de temps pour sedéplacer auprès de tribunaux de campagne. J’étais assezautonome dansmon travail sauf pour la peine àrequérir. Avec le peu d’expérience que jepossédais à l’époque, jetrouvais qu’il était extrêmement difficile desavoir quelle peinedemander aujuge. Au moindre changement,j’appelais le Procureur, le tenaisinformé et luidemandais quellepeine requérir. Nous étions souvent encommunicationtéléphonique. »14

Le stage de cinqmois à effectuer dans une administrationl’est souvent ausein duLandratsamt( correspond enFrance à une sous-préfecture).Le rôle des stagiaires est lapréparation d’actes administratifs,l’élaboration de plaintes parexemple dans des dossierspour interdiction de permis de conduire ouplainte de voisinage.

« A partir du mois de novembre 1993,j’ai passé six mois destage auprès du « Landratsamt »d’Offenbourg. Là,j’étais assistant du fonctionnaire qui s’occupait des dossiers concernant le droit de laconstruction. J’ai préparé quelquesdossiers,assisté à quelques audiencesaprès que des requérantsaientintroduit une opposition contre desdécisions du « Landratsamt ».15

Le stage en cabinet d’avocat n’a pas été retenu par nos interlocuteurscomme le plusenrichissant parce que leurtravail dépendait étroitement de ce quel’on voulait bien leuraccordercommedossier. S’ils avouent avoirtrouvé cettepremièreimmersion dansleur futurmilieu professionnel globalementintéressante, ils regrettent de ne pasavoir été plusimpliquéspar les avocats dans les dossiersintéressants à traiter.

2. MOTIVATIONS LIEES AU CHOIX DU DERNIER STAGE

Les avocatsinterrogés témoignentdans leur choix de ce dernierstage d’une volontéd’ouvertureeuropéenne.A un moment de leurcursus où ilsn’étaient pasencoredécidés às’engagerdans leur actuelle profession,leur motivation répondait àun besoind’expériencesautres que cellesvécues lors des précédentsstages.


C’est ainsi quel’un des avocats seprésentait à unposte de stagiaire auservicejuridiquedu ParlementEuropéen situé àLuxembourg et l’obtenait en raison de sesbons résultatsantérieurs et de la présence sur son curriculum vitae d’un séjour d’études en France sanctionnépar la réussite à la maîtrise de droit public àToulouse :

« Les personnes qui travaillaient dans ceservice étaient chargées de représenterles intérêts du Parlementeuropéen deavnt lacour Européenne du Luxembourg. Cette période destage a été très intense en recherchesdocumentaires, je devaispréparer des argumentations,rédiger dessortes de projets de recherches sur desquestions juridiquesparticulières, parexemple sur leTraité deMaastricht. »16

Un autre avocat choisissait son dernier stage en fonctiond’un projet de thèse endroiteuropéen. Entrele premier examen d’Etat endroit et le Referendariat, il avait obtenu sonDEA de Droit communautaire àStrasbourg, à l’université RobertSchumann.Grâce àcettespécialisation, il effectua un stage de deuxsemaines ausein du service juridique de lacommission de Bruxellespuis passa troismois au sein du Secrétariat Général duParlementEuropéen àLuxembourg :

« Lors du premierstage,j’étais affilié au juriste espagnol du service juridique de laCommission.Letéléphonesonnait toutes lesdeuxminutes, iln’avait pas letemps de s’occuper de moi.J’ai mené des recherchesdans lesvastesbibliothèques de la Commission en vue dema thèse en droit européen. Pendant les troismois auParlement Européen,j’ai continué à effectuer des recherches et j’airédigé lesquarante premières pages demathèse ».17

En raison de lavariété desstages suivis par lesréférendaires,il nous semblait importantde travailler sur la relationpédagogique etdidactique maître de stage/référendaire afin decomprendre lesmodalités de transmission de laformation et du savoir.

3. RELATIONS PEDAGOGIQUES MAITRE DE STAGE/REFERENDAIRE.

Les étudiants ont la possibilité d’émettre dessouhaits quant au choix de leursmaître destages mais ceux-cisont rarement suivis.A la fin de chaque stage,l’étudiant se voit remettreun certificat (Zeugnis) d’évaluation de ses compétences professionnellesdans le traitementdes différents cas d’espèce.

Si les avocats interrogés affirment avoir acquis des connaissancesthéoriques ettechniques au cours de ceReferendariatgrâce à leursexpériencesprofessionnelles etleursmaîtres destage, ils soulignentle fait que cette dernière relation pédagogique n’est pastoujoursunilatérale.En fonction de son cursusantérieur et de sesdomaines despécialisationles plusrécents,il arrive quele référendaireapporteun éclairage et des éléments nouveaux autraitement du dossier :

« L’affaire la plus importante que j’ai eueà élaborer pour le Procureur concernait une entreprisefrançaise quiemployait sur unchantier de Lahr de nombreux ressortissants turcs. Les douaniers de Kehl avaientarrêté cestravailleurs parce qu’ilslessoupçonnaient de ne posséder ni permis de séjour ni permis de travail.Le


Procureur était chargé d’évaluer la situation juridique, de déciders’ils avaientcommis uneinfraction au codede la loi allemande concernant lesétrangers. Il y avait unarrêt de la Cour de Justice du Luxembourg, de 1990,traitant d’un cas imilaire. Les principesà retenir à partir de cet arrêt m’ont permis d’élaborer un avisjuridique de huit pages qui apportait auProcureur quelque chose dont iln’avait pas connaissance.Dans lamesure où il n’avait pasétudié durant sa formation leDroit Européen, il étaittotalement incapable d’évaluerune situationjuridique que l’on pouvaitconsidérer commedominée par celui-ci.Il n’avait par exemple pas dutout connaissance de ce qu’on appelle laprimauté duDroit Européen sur les Droitsnationaux.Donc cetavisjuridique a été livré au Parquet Général du Land de Bade-Württemberg, ila été consulté par différentesautorités et au bout dedeux ans, unesolution était enfin trouvée. Lestrois turcs qui avaient étéarrêtés et mis enprison, n’avaient enréalité pas commis d’infraction. Ils ont été libérés et lescautionsleur ont étéremboursées.Si j’ai beaucoup appris de monmaître de stage durant cette période. j’étais satisfait de constater que maformation en Droit Communautaire à Strasbourgme permettait, dans deux avisdifférents, d’apporter desconnaissances au Procureur, dont il me remercia.»18

Par ailleurs, les connaissancesacquises durantle Referendariat par l’intermédiaire dumaître destagedépendent prioritairementtout autant de la bonnevolonté de cedernier que del’attention et du tempsqu’il est en mesure deleur accorder. Laportée formatrice duReferendariatest ainsisoumise à des conditions subjectives et objectives quidéterminent enpartie la qualité de laformation professionnelle sur cettepériode. Ces donnéesexpliquent laforte disparité des appréciations desréférendairesquant à « l’utilité » didactique desmaîtresde stage pendantle « servicepréparatoire » :19

« Pour mon stage en droitcivil, j’avais pour maître de stage unjuge assez âgé,nourri de longues annéesd’expériences professionnelles.J’ai énormément apprisà ses côtésparce qu’il consacraitbeaucoup de temps àm’expliquer ce que je ne comprenaispas, je pouvais lui posertoutes les questions qui me tracassaient, ils’efforçait à être disponible et pourtant son emploi dutempsétait très chargé. Endroit pénal, j’étais suivie parun Procureur quiétait également débordé de travail.Il n’était jamais disponible. C’est tout juste s’il medisait« bonjour » lorsqu’on secroisait. Nos relations étaient très formelles et elles le restèrent.Il ne m’a strictementrien appris ».20

4. APPORTS ET LIMITES DU REFERENDARIAT.

Les avocatsinterrogés considèrent cette immersionprofessionnelle de longueduréecommeglobalement positive. Leséléments de satisfaction les plussouventcitéssont :

- le contact avec des professionnels- la variété desstages qui permet dedécouvrir différentesprofessions àun moment oùleréférendaire n’a pasencoreforcément choisila sienne.- l’apprentissage de méthodes detravail trèsdifférentes.- l’intérêt, compris aposteriori parle jeune avocat, d’avoirexercé parexemplele travaild’un Procureur.

Cependantils déplorentla fréquente faibledisponibilité des maîtres de stage etla perte detemps liée à l’exécution de tâches peu intéressantes etvalorisantes.


Si 86,6% des jeunesavocatsfrançais interrogés21 affirment quele stage dedeux ans aeffectivement été pour eux unmoyen d’intégrationprofessionnelle, lamajorité desavocatsallemands répondent quele Referendariat n’a pas joué pour eux un tel rôle. Lesconnaissances, relations,contacts noués durantcettepériode n’ont pas étédéterminants lorsde leur premièreintégration dans un cabinet. Cerésultat estcependant àconsidérer avecprudence dans la mesure où lesavocats allemands denotre échantillon avaienttous l’intentionde donner àleur carrière,quelle qu’elle fût, une dimensioneuropéenne ou au moinsextra-nationale. Cettevolonté d’ouverture impliquait une mobilité géographique qui les atouséloignée deleur université ourégion d’études et c’est peut-être laraison pour laquelleleReferendariatn’a pas constituépour euxun moyen d’intégrationprofessionnelle.La questionreste ouverte pour lesjeunesavocats allemands présentantun cursusplus « classique ».

5. REMARQUES DES JEUNES AVOCATS ALLEMANDS SUR L’ENSEMBLE DE LEUR FORMATION

UNIVERSITAIRE.

En ce qui concernel’évaluation de leurformation universitaire en droit, ils avancentlanécessité de réformes. La durée des études leur paraîtbeaucouptrop longue par rapport à leurshomologuesfrançais :

« J’avaisdéjà quitté l’université deGottingen lorsque laBavière a introduit, en tant que première région,« l’essai libre ». Ceci signifie quevous avez la possibilité de passer lepremier examend’Etat en droit sans quecela ne compte en casd’échec.La seule condition c’est de leprésenter entre le 7ème et le 9ème semestre. C’estdonc un moyen pourpousser les étudiants às’inscrire plus tôt à l’examen,parce que la duréemoyenne desétudes pour se préparer au premier examend’Etat en droit était arrivé à13.01 semestres à l’université deGöttingen quand je l’aiquittée au printemps 1989. 13 semestresdonc6 ans et demipour se préparer à l’examend ’Etat en droit. Etcettephase d’examen vous prend encore au moins 7 mois. Donc, si l’on considère l’ensemble,plus de sept ans pourpasser le premier examen d’Etat endroit. Pendant ce temps un juriste français ou anglaisaura quasiment achevétoute saformation. Je ne suis pas pour le système traditionnel qui nous amènerait telqu’aujourd’hui à un statut du ci-nommé « Einheitsjurist». Je crois surtout que pourpouvoir acquérir uneexpérience professionnelle dans le métier d’avocat, ilfaut bien raccourcir la formation. Il faut permettre auxfuturs avocats d’entrerplus tôt dans laprofession. Personnellement, j’y suis entréquand j’avais 33ans.D’accord j’ai passé auparavant des stages deréférendaire d’une durée dedeux ans etdemi22, mais si vousconsidérezl’ensemble de ma formation,elle a duré douze ans, onpourrait aujourd’hui la raccourcir àsept ouhuit ans. C’est pourquoi il y a selon moi un fortbesoin de réformes de ce systèmed’études ».23

Ils estiment par ailleurs ne pasêtre suffisamment formés àla gestion duquotidien d’uncabinet :

« Du point de vue juridique, nous avonsbénéficiéd’uneformation trèslarge mais nousn ’avons pas étépréparés à tout ce qui concerne l’exercice de laprofession au quotidien : la gestion dupersonnel et des coûts, lemarketing, la maîtrise de l’informatique et sesproblèmes annexes, les histoires de taxesetc. Etre avocatscomporte aussi de lourdesresponsabilités vis-à-vis de soi, de sescollègues et de ses clients, je ne m’en étais pasrendu compte lors de messtages ».24


Ces propossont corroborés parun autreavocat :« Je dirai clairement que la formationjuridique en Allemagne n’est adaptée ni à lapratique ni auxbesoins

quotidiens de laprofession d’avocat, On ne commence à véritablement apprendre notremétier qu’àpartir dumoment oùl’on intègre uncabinet d’avocats ».25

Sur le contenu desréformes à envisager, les réponsesrestentvagues.L’évocation de lacréation decursusspécialisésdans laformation des avocats, dutype desCRFPA français, nesoulève guèred’enthousiasme :

« Ilserait difficiled’instaurer une telleécoleà cause de ceprincipe de basequ’est le respect de la libertéde la profession, qu’on trouve dansl’article 12 de la Constitution de l’Allemagne. Si onadmettait le systèmefrançais, ceseraitpeut-être une infraction au Droit fondamental de pouvoir exercer librement la profession quel’on a choisie. EnFrance, l’accèsà la profession d’un avocat est bien limité par les circonstances de fait,parcequ’au début il faut trouver un cabinet d’avocats, sinon on n’a pas le droit de s’installer librement. Je diraiqu’ilfaut trouver une solutionqui se situe entreles deux systèmes : une solution quirespecte à la fois le Droitfondamental etpeut-être encore une limitation d’accès pour limiter le nombre toujours grandissantd’avocats ».26

En complément à ces interrogations, nous aborderonsdans la conclusion de cerapport lesréformes envisagées et discutées récemment par les autoritéspolitiques allemandes.Auparavant, nous suivronsle parcours professionnel des avocats de notre échantillon àpartirde leur réussite ausecond examen d’Etat endroit. Cette dernière partie traite de l’insertionprofessionnelle de ces jeunesavocats.Intégration professionnelle que nous étudieronsdansune perspective de comparaison avec leséléments dontnous disposons pour laFrance.


C. L’entrée des jeunes avocats allemands dansla profession.

Au terme du Referendariat, les étudiants sont considéréscomme «référendaires endroit », la réussite ausecond examen d’Etatleur confèrele titre deRechtsassessor(assesseursen droit) puis lorsqu’ils prêtent serment,ils obtiennent celui deRechtsanwalt.Au terme decetteétudequalitative surl’entrée dans laprofession desjeunesavocatsallemands, nous nousdevons de nuancer l’hypothèse que nousavancions en conclusion de notrerapportintermédiaire27, selon laquelle l’Allemagne nous montrerait que l’existence d’uncontingentd’avocatsplus élevé par rapport à la populationglobale n’agirait pas de manière négative surle statut de ceux-ci.

Si la Francecompteenviron 30000 avocats pour 60 millions d’habitants, l’Allemagne endénombreprès de95000 pour unepopulation totale de 80 millions d’individus.Le nombred’avocatsallemandcroît de 7 à 8%chaqueannée.Selon plusieurs de nos interlocuteurs, cettesaturation dumarché desavocats a poureffet de rendre l’entréedans la profession de plus enplus difficile :

« L’ampleur des besoins de lapopulation allemande n’augmente pasdans lesmêmes proportions que laforte croissance annuelle du nombred’avocats. Ceci a pour conséquence que de plus enplus de jeunes avocatsdoivent subir des tempstrès dursdurant leurspremières annéesd’exercice professionnel»28

Ces difficultés, que nousétudierons successivement, se manifestent sur différentsplans :la recherche d’un premier cabinet,la rémunération etle développement d’uneclientèlepersonnelle.

1. PRECARITE DES JEUNES AVOCATS ALLEMANDS LIEE AU STATUT DE COLLABORATEURLIBRE.

En France,le montant minimum dusalaire (en1998,9400 francs/mois desquels ondéduit2500 francs de paiement de charges,soit environ 7000francs nets mensuels) d’un avocatstagiaireproposé parL’Union des JeunesAvocats est généralement respecté par lescabinetsrecruteurs. Cette mesureprésente une sécurité financière que neconnaissent pas toujours les


jeunes avocats allemands.En effet, cettepériode dedeux années de stage garantie parunsalaire minimum n’existe pas Outre-Rhin.Cette situation induit deux types de stratégied’entréedansla profession.

Soit les avocats allemands s’installent àleur compte dèsl’obtention de leurtitre deRechtsanwalt :cettepossibilité toute théoriqueesten pratique périlleuse et peu sont ceux quitentent l’expérience, en raison notamment dela pression du marché quisuscitela réticencedes banques à accorder descrédits à dejeunesavocats désireux de s’installer à leurcompte.

« En Allemagne,vous avez toujours le droit de vousinstaller en tantqu’avocat àpartir du moment oùvousavez réussi votre second examen d’Etat en droit, maisavec tous les risques d’un entrepreneur. Etles banquesallemandes sont de plus en plusréticentes à accorder des prêtsà de jeunes avocatssans expérienceprofessionnelle solide. »29

Soit ils recherchent30 un cabinet d’avocat dans lequelils pourront acquérir leurs premièresexpériences professionnelles. L’absence degarantie d’unsalaire minimum durant lesdeuxpremières annéesd’exercice conjuguée à l’offre massive dejeunes avocats surle marchéinduisent de la part descabinets, des politiques de recrutement quipeuvent serévéler trèsprécarisantes pourle jeune avocat. S’il veutassurer sarémunération celui-ci se doit deveillertout particulièrement au statut quilui est accordé lors de son entréedans le cabinet:collaborateurlibre ( Freiermitarbeiter) ou employé. Le premier est peu adapté à lasituation dejeunes avocatsdépourvus d’uneclientèle personnellesuffisamment importante parcequ’il lesplace souvent directement sous ladépendance etle bon vouloir d’un avocat plus âgé et neleuroctroie aucune prestation sociale. Dupoint de vue des recruteurs, ce statutpermet d’épargnerle paiement des prestations sociales dû à unemployé et d’intégrer au sein ducabinet unemain-d’oeuvre desous-traitance moinsonéreuse.

« Le statut de collaborateur libren’est qu’un détournement du statut d’employé.Il est vrai que vous pouvezexercer ce métier d’avocat entant que collaborateurlibre, mais lacondition indispensableserait que "onvousdonne uneclientèle personnelle ou qu’on vous laisse lapossibilité d’en développer une. Sil’on ne vousdonneque des clients du cabinet que vous n’avez jamais le droit de facturer pour votre proprecompte... c’est-à-dire sivotre tâcheconsiste essentiellement dans lapréparation de dossiers qui permettront auxautres avocats deprendre une décision, votre statut devraitêtre celuid’un employé. Mais ce n’est pas le cas.On se sert devouspour épargner les prestations sociales quisont chères.Et, en tant que débutant, vous acceptez tout cequ’onvous offre parce que vous nepouvez pas faire autrement inon vous risquez deperdre encore dessemainesvoire des moisà chercher un autre cabinet, et tout celavous coûte de l’argent. Avec cestatut de collaborateurlibre, vous n’avezpas non plus tout de suitedroit aux prestations des chômeurs de lapart de la « Bundesanstaltfür Arbeit » (« Office fédéral dutravail ») parce quevous neremplissez pas lesconditions selon lesquelles vousdevez avoircontribué au moins 12 mois à la « Bundesanstalt für Arbeit». Avant ce délai de cotisation,vousn’avez droit à aucune prestation en tant quechômeur. Doncvous n’êtes rien,absolumentrien. »31

Cette situation deprécarité liée àleur entréedans la profession a été évoquée parplusieurs avocats interrogés, qui nous ontconfiés avoir été bernés dans leur premièresexpériences par des cabinets qui entretenaient volontairementle flou sur le statut dont ilsdevaientbénéficier.

« Au mois de septembre.j’avais trouvé un premier poste auprès d’unesociétéd’avocats quiétait orientéevers l’Europe de l’est à W. Je les ai rapidement quitté après que lesconflits sesoient multipliés. Leslitiges


subsistent aujourd’hui encore mais demanière écrite, ilsconcernent mon statut de l’époque qui resteincertain :à savoir collaborateur libre ouemployé. »32

« (...) j’ai cherché un premier poste bienpayé. J’ai donc lancé 100, 120 candidatures sur le marché,àpartir de la fin de l’année1996,début 1997 et le premier posteoffert, relativement bien payé,c’était un poste entant que collaborateurlibre dans un cabinetd’avocats à Stuttgart. J’y ai travaillé du mois dejuin 1997 jusqu’aumois de décembre1997. Après cinq mois, on arésilié moncontrat, ce quim’a bien étonné, parce que c’était unepériode de travail intensedans la mesure où jedevais étudier des questions nouvellespour moi et quiconcernaient laliquidation de compagnies de l’ancienne RDA.Le cabinettraitait de la liquidation de13 de cescompagnies, moi jedevais enpréparer deux. J’ai eu besoin deprès dequatre mois pourmefamiliariser avec cesquestions et audébut dumois de novembre1997, il résiliait tout de même lecontrat. La raison invoquée étaitque j’avais des querelles avec letroisième partenaire, quiétait un peu plus âgé quemoi. Etrangement nosrelations sesont améliorées après la résiliation du contrat, tandisqu ’ellesont commencé à se détérioreravec lepremier partenaire au sujet de monstatut. La question est desavoir si j’étais, dans laréalité, collaborateur libreou employé, l’administration du travail s’estégalement emparée de laquestion. »33

Pour l’un des avocatsinterrogés, sonstatut de collaborateur libre etle manque de soutiendu cabinet recruteur quant audéveloppement d’une clientèle personnelle, aentrainé unfortendettement :

« Et puis j’ai trouvé un autre cabinet d’avocat quiétait d’accord pour me soutenir pour rédiger lathèse.La, j’étais donc collaborateur libre, pour untaux qui semblaittrès intéressant. Il me proposait de lui-mêmepresque 200 francs français par heure,étant donné que jesortais d’un niveau devie d’étudiant, j’étais trèscontent, moi, je n’en auraissollicité que la moitié.En juillet 1996, à partir de 30 heures seulement decollaboration, jepouvais à peuprès gagner 2000 DM. Aumois d’août, c’étaitdéjà nettement moins puis aumois de septembre quasiment plus rien. Mesdettes personnellesavaientatteint unmontant de 7000DM en troismois, parcequ’il ne me fournissait plus de travail.A la fin du mois de septembre, je suisdoncallé le voir, en luirappelant que nous avions conclu un accord selonlequel je signerai un contrat d’employé au bout de trois mois,si mon travail lui convenait. Mais il ne sedécidait pas, etmon travail n’augmentait pas, j’ai donc décidé dequitter ce cabinet maislorsque je lui ai faitpart de ma décision, il m’a annoncéqu ’il faudrait avant cela que jecontribue aux frais de gestion del’étude. Il a calculé3600 DM de fraispar mois. Ca me semblait énorme, parceque je m’étaisattendu à ce qu’il me fournisse ou m’aide àacquérir une clientèle suffisante pour aumoinscouvrir les dépenses, or cen’était pas le cas.J’ai donc mensuellement payé les3600 DM sur un total de septmois, ce qui faità peu près 25000 DM, et pendant tout ce temps làj’avais des chiffres d’affaires de 12000à15000 DM par mois.J’ai donc essayé de trouver mes propres clients et de travailler avec ceuxqu’il me confiaitmais ilsétaient rares. »34

Cettesituation deprécarité liée austatut decollaborateurlibre n’est pas systématique.Parmi les avocatsinterrogés,certains travaillent encore sous ce statutmais leurrémunérationest devenue satisfaisantegrâce au soutien actif des avocats plus âgés :

« Au début, j’étais très déçue de la rémunération quejepercevais, ça ne correspondait pas du tout à l’idéeque j’en avais, je neparvenais pasà développer une clientèle suffisamment importante.Aujourd’hui c’estdifférent, M qui afondé ce cabinet nous soutient, il nous donne beaucoup de clients et d’un dossier à l’autre,d’un client satisfait à unautre, on développesa propre clientèle. »35

« Aujourd’hui, je travaille toujours en tant que collaborateurlibre, j’ai donc l’obligation de développerune clientèle personnellemais c ’est plus facile puisqueM. nous soutient eta les capacités de me donner de laclientèle. Depuis quatremois, j’ai deux grands clients qui me rémunèrent très bien, ils m’ont permis derembourser desdettes contractéesdans d’autres cabinets et d’entamerune formationspécialisée endroit de lafaillite. »


2. POINTS DE COMPARAISON ENTRE LA FRANCE ET L’ALLEMAGNE.

L’âge desjeunesavocats allemands àleur entréedans la profession est plusélevé qu’enFrance en raison de ladurée réelle des étudesqui excèdelargement,dans lamajorité descas,les 10 ou Il semestresrèglementaires.Le cadremoins rigide d’organisation des études dedroit en Allemagneainsi que sonprincipe de semestrialisation semble inciter les étudiants àenrichir leurs études d’expériences ou formationsannexes ( séjour à l’étranger,stages enlangue etc.) sans crainte deperdre une année complète.

Les jeunes avocats allemandsinterrogésavouent ne pas posséder de clientèlepersonnelletrès développée, sur cepoint ils soulignent égalementle nécessaire soutiend’avocatsplusâgés. Ce fait estd’autant mieuxcompréhensible qu’ils exercentdans unerégion autre quecelle deleurs études et de leurs stagesqui, par ailleurs ne semblent pas leur avoirapporté derelations susceptiblesd’être déterminantes pour leur entrée professionneldans un premiercabinet.

Les différences les plus flagrantesdans les situations des jeunesavocats français etallemands àl’entrée dans la profession sontliées à unesaturation dumarché desavocatsoutre-Rhin et à laprécarité de la rémunération deceux-ci.

Les délaisimpartis pour cetteétude ne nous ont paspermis de prendre connaissance desmesures deréforme décidées parle gouvernement allemand au cours de cesdeux derniersmois. Aussi aimerions-nous conclure enrappelant les réflexions plusanciennes sous-jacentesà ces mesures.

L’un des points les plus importants de cetteréforme concerne la discussion d’uneéventuelle suppression du premier examen d’Etat en droit. Cetteidée qui émane dugouvernementrégional du Bade-Württemberg auraitpour objectif de remplacer cetexamend’Etat parun diplôme qui sanctionnerait la formation dispensée enpremier cycle des étudesde droit. Cettemesureaurait pour principale conséquence de transférer la responsabilité del’examen, de l’Etatvers les Universités. Sile Bade-Württemberg adécidé de tester lamise enplace d’untel diplôme, il ne peut, en raison de la primauté de laloi nationale,décider seul del’application effective d’unetelle réforme.

Cependant, cetteréglementation ancienne concernant les études en droit estactuellementégalement remise enquestion au niveau du gouvernement national.A la demande duministère de lajustice, une « commission de coordination de la réforme de laformation » acommencé à travaillerfin 1997 à la préparation dechangements fondamentaux. Cettecommission traite en toutpremier lieu de la réforme duReferendariat mais elle examineégalement lespossibles transformations àtous les niveaux ducursus.

La suppression du premier examen d’Etat donnerait auxfacultés la possibilité deposerelles-mêmes leursobjectifs enmatièred’enseignement, elles pourraientainsi développer desprofils scientifiques spécialisés et particuliers. De nombreux étudiantssoutiennent égalementcette mesuredans la mesureoù ils espèrent exercer plus d’influence surle contenu et lesmodalitésd’examen dansle cadred’un diplôme universitaire. Il est à noter que nombre deprofesseurs estiment quele modèle d’uncursusavec diplôme ne pourrait être réalisé que surla base d’une réductionsignificative des effectifs d’étudiants. Lesprofesseurs seraient alorschargés des tâchesliées auxexamens, quisont aujourd’hui encoresupportées par desjuges,des avocats etc.


Les détracteurs de ce projet avancent qu’avec un examen d’Etat, lesmodalitésidentiquesau niveau national, permettent unecomparabilité des résultats qui ne serait pasatteintedansles mêmesproportions avecl’instauration d’un diplôme universitaire. Lespartisans dudiplôme souhaitent quant à eux brisercette « idéologie de l’objectivité »36 et renvoient àd’autres disciplines danslesquellesil est aujourd’huidéjà possible que des spécialisationspersonnelles soientl’objet d’examen demaîtrise.

Il est bien évident quele contextepolitique dans lequel sediscute cette suppression dupremier examend’Etat en droit joue un rôle important. On peut interpréter ce projet deréforme comme un signe de lavolonté étatique de se retirer de la formationjuridique. Sil’Université pouvaitdéjà délivrer un diplômeuniversitaire, la suppression duReferendariatserait plus aisée àimposer. Cetteperspective représente un modèle attractif,surtout du pointde vue des régions, qui pourraientainsi économiserannuellement au niveau nationalprèsd’unmilliard de marks.


Conclusion

Au terme de l’étudeconduite au cours del’année écoulée,nous avons pu mieux cerner lesproblèmes qui se rattachent à l’entréedans la profession desjeunes avocats àl’issue del’année passée au sein duCRFPA. Notre recherche visait à appréhender lesmutations quecelle-ci connait à cause desréformessuccessives de la profession et notamment lafusion de1992, mais aussi à l’afflux surle marché d’un nombrecroissant dejeunes avocats. De plus, lesmarchésjuridique etjudiciaire sontsoumis à uninternationalisation croissante, àl’émergencede nouvelles demandes, àl’adéquation à denouvelles technologies, etc.Dans ce cadre,l’avocat cherche às’adapter en préservant sonidentité, ses caractéristiques deprofessionlibérale auxquelles, commenousavons eu àmaintes reprises l’occasion dele vérifier, il resteprofondément attaché.

II semble bien que l’hétérogénéité destrajectoires professionnellessoit appelée à serenforcer, entre des avocats polyvalents et desavocats spécialisés, entreceux exerçantdansdes structures de grandetaille et ceux choisissantun exercice individuel,entre spécialistes dujuridique et du judiciaire, etc. Ce n’estpas, bien sûr, un phénomènenouveau, maiscettediversité croissante ne va pas sansposer des problèmesni sans soulever des questionsconcernant, tout à la fois, l’adéquation dela formation et la sauvegarde d’unecohésionprofessionnelle, remise en cause par ceprocessus. Parailleurs, la gestion desstratégies decarrière et laconception dumétier d’avocat sont au carrefour des choix individuels et deslogiques duchampconcerné, les uns et les autres surdéterminés par des évolutions de lasociétéglobale. On ne peutmanquerd’être surpris par la relativeabsence dans les discours duthème de lafusion des avocats et des conseils jurudiques alors qu’elleconstitue unfait majeurpour la profession. Onpeut supposer que cerelatif mutisme a plusieurssources : pourcertains,le travail encommunpréexistait à la fusion et n’adonc pasbouleversé lespratiques(c’est le cas notamment desgros cabinets juridico-judiciaires) ; pour les autres, la fusion n’apas changé grandchose car ils demeurentspécialisés dans l’un ou l’autre domaine.Cependant, on peut s’interroger sur l’impact àlong terme decette fusion.En effet, les conseilsjuridiques ont une culture d’entreprise commerciale différente decelle traditionnellechez lesavocats, entant que profession libéralefondée sur une éthique et unedéontologie spécifiqueaux auxiliaires de justice, acteurs duprocés.Il y a également la question de l’avocat salariéqui se poseavecplus d’acuité que parle passé.

Parmi lesautresélémentsmajeurs quenotre étude a pu mettre en lumière,la question dela formation se situe enbonne place.Notre enquête s’est déroulée surun contexte de rumeurselon laquellele CRFPA deStrasbourgayant des problèmes financiers risquait dequitter laville, l’ensemble desCRFPA devantêtre regroupé àNancy. Certains avocats reprochent auCRFPAd’accueillir trop d’élèvespour parvenirau chiffre de 40lui permettant debénéficier


de subventions plusconséquentes(commenous l’avionsmontré lors de la première partie denotre étude).En éloignantle CRFPA deStrasbourg, ils espèrentfaire financerla formation parle truchement de lataxe à l’apprentissage qui n’existe pasdans lestrois départements del’estde la France. Enfait, derrière cetargument se cachepeut-être aussile souci d’éloigner dejeunes avocat, futurs concurrents qui comme nousl’avons vu s’installent essentiellementdansla ville où ils ont suivi leurannée de formation auCRFPA,sans évaluer les effetsperversd’une telle politique.Le concept de formationalternée est malcompris et le problème de laformation sert de repoussoirvoire de bouc émissaire à une profession en crisepuisqu’enpleine mutation.La difficulté dela transmission du savoirdans unetelle profession estqu’ellerepose sur des connaissances et sur un savoir-faire et que ces deuxéléments sont liésétroitement. Pour les avocats, à ladifférence peut-être desconseils juridiques,il ne faut pasnégligerdimension dusavoir-être.

La construction del’Union Européenne pose deredoutables questions sur l’harmonisationdes cursus deformation et des pratiquesprofessionnelles, d’autant plus que lalibre circulationdes avocats ouvrele marché français àla concurrence des autres professionnels européens.Les différences constatées entre la formation etl’entrée dans la profession en France et enAllemagne montrent quele chemin àparcourir en cedomaine est encorelong. Mais toutautant que les textes euxmêmes, c’estbien l’esprit de la profession qu’ils’agit dansle sensd’une convergenceafin de préserver lesacquis et laspécificité de l’avocat tout enmodernisantcette profession pour mieux lapréparer àaffronter les bouleversements de l’ouvertureinternationale et des transformations qui endécoulent.


Conclusion générale

Au terme de notre étude surl’entrée dans la profession d’avocat, nouspouvonsprésenterun certain nombre d’observations enreprenant lesdeux grandes orientationsproposées audébut decette enquête.

Comme nousl’avions signalé en introduction,cette distinction entrela formation del’avocat et l’apprentissage ausein des cabinets doitêtre dépassée et cesdeux étapess’interpénètrentlargement. Nous pouvons proposer une description plusfine de l’entréedansla profession d’avocat en sept étapes :

1. La préparation de l’examen d’entrée auCRFPA ausein de l’Université2. La réussite àl’examend’entrée3. L’année decours et de stages ausein duCRFPA4. La réussite auCAPA5. La recherche d’un stage6. Le stage de deux ans7. La collaboration

On peut aussisouligner qu’au cours de ce cheminement de plusieursannées, l’impétrantconnaît successivement quatrestatuts :

Etudiant en DroitElève avocatAvocat stagiaireAvocat inscrit au grand tableau

Cette entréedans la profession d’avocat sefait donc parun glissement progressif del’université aumonde professionnel, les deuxétapes considéréescomme lesplus difficiles parles impétrants étant celles del’entrée auCRFPA etcelle de la recherche du stage de deux ansaprès obtention duCAPA. Cessept étapes sont appréciées de manièresensiblementdifférentepar les acteurs que nous avonsinterrogés aucours de nos enquêtes.

L’examen d’entrée auCRFPA nedonne pas lieu à de véritablescritiques quant à sesmodalités. Toutefois, certainsdébats restent ouverts surplusieurs pointsliés à l’organisationdes épreuves elles-mêmes( épreuves pratiques et dispenses).


Par contre,l’année deformation ausein du CRFPA estjugée très sévèrement par lagrandemajorité despersonnes interrogées.Cetteannéed’enseignement à lafois théorique etpratique est sanctionnée par un diplôme,le CAPA, reconnaissant à sontitulaire l’aptitude enthéorie àexercer la profession d’avocat deplein exercice.

Mais cette image que donnent lestextes en vigueur d’une formation dedouze moiscenséeformer desavocats capables d’exercer immédiatement et pleinement nerésiste pas àl’examen de laréalité de l’entréedans laprofession.

I - la formation

La formation de l’avocat s’entend ici de l’ensemble desétapes quiconduisentl’étudianten maîtrise de Droit à l’obtention duCAPA. Cetteenquête nous a permis depréciserle passéuniversitaire desélèves avocatsainsi que le contenu des enseignementsdispensés parleCRFPA,situation à laquelle nousavonsconfronté le cursus allemand pour devenir avocat.

A. La formation universitaire :

L’étude quenous avonseffectuée à partir deschiffres fournis parl’Université RobertSchuman de Strasbourg etle CRFPAd’Alsace pour lesannées 1990 à1996 nousamènent àformuler certaines observations.

Tout d’abord, l’explosion deseffectifs des universités de Droit se retrouve bien sûrdansles statistiques strasbourgeoises. Cetteaugmentation des effectifs en entraîne inéluctablementune autre : celle des inscriptions à l’examend’entrée auCRFPA. Le nombre des étudiantsreçus à cetexamenétantquant àlui relativement stable( entre 40 et 50 de 1990 à 1996),letaux deréussite est passépendant cettepériode deun sur trois àun sur cinq.

Parmi les étudiants à l’Institut d’Etudes Judiciaires de Strasbourg, plusd’un tiers esttitulaire d’un diplôme detroisième cycle( DESS, DEA, DJCE). Cesétudiants avouentdeuxmotivations principales àleur inscription dans cetteannée de troisièmecycle : l’obtentiond’un diplôme de troisièmecycle bien sûr, mais aussi la préspécialisationprofessionnelle. Lesélèvesavocats, dontsoixante pour cent ontun diplôme de troisième cycle, ont les deux mêmesmotivations principales.

Cette constatation,ainsi que lescommentaires qu’en ontfait les différentsacteurs,nousinvitent à penser que la distinctiontraditionnelle entre DEA et DESS qui voudrait que seulsles seconds aient unefinalité professionnelle est sans doute à relativiser.

B. L’examen d’entrée au CRFPA :

Commenous venons dele préciser, l’augmentation dunombre des candidats depuis 1990a fait baisser demanièremanifestele taux de réussite àl’examen d’entrée auCRFPA. Cetteréalité statistique incite lesétudiants inscrits àl’IEJ à considérercette épreuve bienpluscomme un concours que commeun examen. Ce sentiment estrenforcé par les échosqu’ilsperçoivent decertainsprojets de réforme mis au débat à l’échellenationale.


Pourtant, surle fond, l’examend’entrée tel qu’il existe aujourd’hui satisfaitl’ensembledes acteurs que nous avonsinterrogé, même sicertaines questions sont soulevées ( modalitésdes écritstechniques, coefficient del’épreuve de langue, justification desdispenses).

Cette satisfaction globale ne doit pasfaire oublier certaines critiques quel’on peutqualifier de«catégorielles».Ainsi, les professionnels et certainsétudiantstrouvent cet examenun peu trop théorique alors que les étudiants sedisent déstabilisés parl’exercice de la note desynthèsepour lequel l’Université ne les prépare pas.

En ce qui concerne lapréparation dispensée par l’IEJ,le sentiment des étudiants estplutôtfavorable. Ils jugent cettepréparation de bonne qualité tant auniveau ducontenu que de laméthode, même s’ils regrettent de ne pasavoir plusd’heures decours.

En ce qui concerne les grands axes d’uneéventuelle réforme de cetexamen,nousavonsinterrogé les différentsacteurs enprésence sur troispoints.

Une majorité se détache enfaveurd’un maintien de l’organisation de cetexamensous lahoulette de l’Universitémême sile sujet semble faire plusdébatparmi les avocats que parmiles autres acteurs.

Les avis semblentplus partagés lorsquel’on parle de l’éventualité demettre en place unexamen national. Les magistrats,issus eux-mêmesd’une école nationale, y sontfavorablesainsi quecertains avocats, les universitaires et lesétudiants sont d’un autreavis.

Les avis sonttout aussipartagésquant à l’instaurationd’un numerus clausus àl’entrée dela profession, le principal argument s’y opposantétant l’impossibilité de déterminerrationnellement lescritères permettant sa fixation. L’exemple dela fixation du numerusclausus en médecine peutêtre étudiéavecprofit même s’il nécessite une réflexiond’ensemblevisant à déterminer avecprécision lesbesoins de la population française enavocats.

C. L’année de formation dispensée par le CRFPA :

Notre étude surle CRFPA a porté essentiellement sur quatre points : l’organisationadministrative dela formation, la formation ausein du centre,le budget au plan national etlocal et le CAPA.

Le programme de formation duCRFPA met enoeuvreles principesdégagés parle CNB.La formation debase àStrasbourg comprend unsupplément de vingtheuresconsacré auxlangues étrangères.Cette formationdoit tenir compte aussi bien desexigences du CNB pourune formation globale que de celles de certains professionnels qui souhaitent unespécialisation des élèvesavocats.

A Strasbourg,la formationfait appel à une équipepluridisciplinairecomprenanttant desuniversitaires que des praticiens : avocats,magistrats,certains professionnels pour dessujetspointus, médecinlégiste,psychologues, au travers dedossiers pédagogiques mis au point àlasuite de concertations ausein de l’équipe pédagogiquepermettant d’insister sur l’aspectpratiquedanstoutes lesmatières abordées. Les interventions en binômes,mettant enprésencedeux intervenants d’horizons différents surun même sujet etpermettant des regardscroiséssur une question, ont duêtre enpartie abandonnées pour des raisons budgétaires.


A ces cours dans leslocaux duCRFPA s’ajoutent despériodes destage en cabinet quisont conçues pour permettre àl’élève avocat de négocier sonpassage de l’enseignementuniversitaire à la pratique professionnelle en garantissant un contact permanent entre lesprofessionnels et les jeunes en formation.

Cette liaison indispensableentre l’enseignement théorique et lesstages estl’un des troisobjectifs que s’estfixés le Centre, les deux autresétant : l’apprentissage d’unepratiqueprofessionnelle dans sadiversité par une pédagogieactive faisant appel à unedynamique degroupe et l’apprentissaged’un métier par la transmission desressorts essentiels d’uneprofession polyvalente aux multiples facettes et auxactivités variées.

Les élèves ont unevision assez positive de l’enseignementdispensé parle Centre,mêmes’ils le trouvent trop théorique. Ils apprécient tout particulièrement lesenseignementsdispensés sousforme de binômes. Ils sont par contre partagés sur la nécessitéd’unespécialisation pluspoussée decertains enseignements.

Les effectifs desélèves duCRFPA ont étémultipliés par 2.5depuis 1981 (date de sacréation).Depuis cettedate on note aussi uneféminisation constante des effectifs ainsiqu’uneforte augmentation du nombre des auditeurslibres depuis 1991. Les principauxélémentsprésentsdans lesdiscours desdifférents intervenants à cetteformation sont essentiellementceuxliés ausureffectif et aux problèmes de financement de la formation.

D. Le Certificat d’Aptitude à la Profession d’Avocat :

Tous les acteurss’accordent à trouverle programme de cet examenfinal très lourd. Leséchecs auCAPA sont pratiquement inexistants,la sélection se faisant à l’entrée au Centre.Laplupart des échecsproviennent des doctorants.

E. La formation en Allemagne :

Cette formationrépond à une finalité qui esttotalement différente de celle du modèlefrançais mais qui suscite àl’heure actuelle desdébatsencore plus aigus.

La finalité de laformation allemande, dont nousavonsexposé les modalités, est en effetde former un juristecomplet sur labase d’un modèleunique (le juge) et d’uneméthodologiescientifique uniforme, ce quigénère uneabsence quasi totale de spécialisationprofessionnelleet juridique.

Cette formationtrès coûteuse (l’étudiant a un statut de fonctionnaire pendantplusieurssemestres) estl’objet de nombreuses critiques quilui reprochent surtout d’ignorer lesréalitésde la profession d’avocat et ses mutationsrécentes.En effet, au terme de soncursus, leVolljurist qui désiredeveniravocat ne possèdeaucune connaissanceconcrèteliée à l’exercicede cette profession et encore moins les connaissancesthéoriquespermettant une spécialisationrapide dans undomaine.

Ce système, malgré les inconvénientsliés essentiellement à son ancienneté, présentel’intérêt de maintenir une communication plusaiséeentre les différents professionnels duDroit ayant tous suivile mêmecursus.


II - L’apprentissage au sein des cabinets :

Cettepartie de notre recherche a été menéetant dans sonaspect quantitatif quedans sonaspect qualitatifpour tenter desaisir quelssont les mécanismesd’acquisition du savoir mis enplace ausein descabinets auprofit des collaborateurs et quel estle statut exact de cescollaborateurs aucours deleurs deux années d’inscription au petit tableau.

L’année auCRFPA estconsidérée par tous lesacteurs enprésencecomme uneétape, unepréparation à la réelle entréedans la profession constituée par l’exercice auquotidien detâches trèsdiversifiées parle jeune avocat inscrit au tableau dustage.

Cettepériode du stage estvécuecomme lapériode primordiale aussi bien par lesjeunesavocats que par lesmaîtres de stage.

L’enquêtequalitative nous abien montréque, quelle que soit lastratégie adoptée tant parles décideurs que par lesjeunesavocats, ils ont tousla certitude que la profession d’avocats’apprend essentiellement etpresqueexclusivement parla pratique.

Ce sentiment explique engrande partie le jugement sévère porté surcertainsenseignementsdispensés parle CRFPA et enparticulier sur les deuxcentheures de formationunanimementcritiquées. Il est vrai que lespossibilités de choix desCRFPA restent limitéespuisque ceux-ci sontbridés tant parl’exigence d’unenseignementthéorique voulue par lestextes que par lesexigencesfinancières posées parla profession.

Les projets de réforme del’entrée dansla profession actuellement en discussion neserontsatisfaisants que s’ils s’accompagnent d’une profonderéflexion surla profession elle-même.

Nos enquêtesnous ont eneffet permis deconstater que de nombreux avocats, surtoutparmi les plusjeunes, n’ont aucun contact avec les autoritésordinales. De même, et demanière caractéristique, l’ordre des avocats deStrasbourg n’a aucune image exacte delaprofession tellequ’elle s’exerceaujourd’hui dans cetteville. Cette ignorance de la professionsur elle-même est d’autant plusinquiétante qu’elle se maintient alors même que celle-cisubitde trèsprofondes mutations, commenous l’avonsprécisé enintroduction.

La fusion de 1990,l’évolution de la réglementation communautaire ou encorele salariatsont autant de points essentiels quin’ont presque jamais étéévoqués par nosinterlocuteurs.De fait, une réflexion sur laformation a étéengagéemais sans quel’on sache exactementquelle estla profession que vont exercer les personnes formées.

Ce phénomènepeut s’expliquer enpartie parle caractère libéral etindividuel decetteprofession. Nos enquêtes, aussibien dans leuraspect qualitatif que quantitatif, nous montrentà quel point la réalité de l’entréedansla profession est vécuedifféremment par chacun selonsa position et son parcours. Ainsi, detrès nombreux maîtres de stagerestent attachés àl’apprentissage dela profession en cabinettel qu’ils l’ont connu eux-mêmes avantla créationdes CRFPA.

D’autre part, les motivations et lesstratégies desjeunes avocatssont, elles aussi,annonciatrices de mutationsdont il n’est pas encoretenu compte par les avocats plusâgés. Les


jeunes avocats ontmajoritairement des cursus universitaires plus spécialisés,ils entrent dansla profession plus tardivement et comptent beaucoup de femmes dansleurs rangs.

La collaboration des jeunes avocats ausein descabinetsest, commenous l’avonsdéjàsoulignée, l’étapeessentielle del’entrée dans la profession.

Les jeunes collaborateursy apprennent peu à peu les pratiques professionnellesnécessaires tant à larédaction des actes qu’aux pratiquesjudiciaires ou qu’aux contactsavecles clients. Durant cettepériode, l’impétrant est épaulé par son maître destage mais aussi parles autres membres du cabinet.Il prend peu à peu sonautonomie. Pour lesmaîtres destage,les jeunes collaborateursreprésentent souvent uneaide non négligeable parleur disponibilitéou leur spécialisation qui contre balanceleur manqued’expérience.

On peut constater quel’entrée dans laprofession ausein d’un cabinet semble rencontrerun très largeconsensus de lapart aussibien des décideurs, quiy voient un moyen de recruterde futurs collaborateurs qu’ils pourrontformer à leurs méthodes de travail, que desjeunesavocats quiy trouvent une opportunité pour apprendretout en étant guidésdans lesméandresde leur nouvelle profession.

A. Etude quantitative du Barreau de Strasbourg :

Cetteétude a été menée aussi bien surl’ensemble du barreau queplus spécifiquement surles avocatsayant prêté serment depuis1992 et ceci en tenantcompte du statut ducollaborateur dans lestextes.

On peut souligner certains points auterme de cette recherche.

Trois caractéristiques se dessinent que nous avonsdéjà évoquéesplus haut: L’âge àl’entrée dans la professions’élève du fait de la difficulté del’examen d’entrée auCRFPA, lesjeunes avocats nesont pas trèsmobiles, l’écrasante majorité restant àStrasbourgaprès leCAPA, enfin, la profession seféminise de manièretrès sensible.

En ce qui concerne les jeunes avocats,trois constantes apparaissentdans les entretiensque nous avons pumener: la rémunération nesemble pasêtre le principal critère pour leschoix qu’ils effectuent au niveau du stage,ils sont satisfaits du suivi et de l’encadrementdontils bénéficient au sein de leur cabinet respectif, parcontre, ils formulent tous des critiques àpropos des deux cents heures deformation qu’ils doivent effectuer durantleurs deux ans destage.

Cette enquête qualitative nous aaussi permis dedégagerquatre stratégies diversifiéesd’entréedans la profession.

Pour les uns, il s’agit avant tout d’intégrerun grand cabinetd’avocats poury fairecarrière. S’ils veulent passer àun autre statut( associé,individuel), leur seul choix est departir.

Pour d’autres, leur but est dechoisir un cabinet leurpermettant dedévelopper une


clientèle personnelle pours’installer rapidement àleur propre compte.Ils s’identifient assezclairement à uneidentité deprofessionlibérale traditionnelle.

Un autre groupe est constitué par desavocats plus indécisquant à leurs projetsprofessionnels et qui choisissent plusle cabinet en fonction de l’ambiance que de leurcarrièreet de la possibilité d’y rester. On peut supposerqu’il s’agit d’avocats pardéfaut qui n’ont pasvraiment choisi cette profession et quiy sont entrés au gré descirconstances et desexamensréussis. Leur identité professionnelle restefloue, ce qui n’exclut pas qu’il aient descompétences réelles et soient debonsavocats par ailleurs.

Enfin, un dernier groupe estcomposé par des avocats, essentiellement desfemmes, quisont dans des cabinets importants, quin’y restent pasparce qu’ils s’y sentent mal à l’aise, lapolitique de ces cabinets neleur permettant pas d’y faire unecarrière intéressante.Il s’agitsans doute essentiellement de stagiaires dont onutilise les compétences à un coûtminimumdurant leur stage ou lespremières années de collaboration avant qu’ils necomprennentqu’iln’y a véritablement pas de placepour eux ausein ducabinet.

Ces résultats quantitatifs ont été en bonnepartie confirmés par les résultats de lapartiequalitative denotrerecherche.

B. Etude monographique de cabinets d’avocats strasbourgeois :

Cette étude a été réalisée parle biais d’entretiensavec lesavocats ( 26 au total) travaillantau sein d’unpanelreprésentatif de sixcabinets strasbourgeois.

Il faut tout d’abord noter qu’en ce qui concerne lesmodalités derecrutement, la plupartdes jeunes collaborateursinterrogéssont entrésdans des cabinets où ils ont eul’occasion defaire desstages soit avant, soitpendantle CRFPA. L’intuitu personnae dont est fortementempreinte la profession permet d’expliquer cephénomène. On nepeut pas véritablementparler de stratégie desjeunes avocats quicherchent un stage aprèsl’obtention duCAPA, laplupart admettant avoiracceptéla première proposition sérieuse quileur a été faite.

Les tâches confiées aucollaborateur sont d’une complexité et d’uneimportancecroissante au fur et à mesure que celuiavance dans son stage.

Globalement les stagiaires sontappelés à devenir descollaborateurs puis desassociéspour la plupart des cabinets del’échantillon et constituentd’ailleurs l’essentiel desfuturscollaborateurs etassociés, ce quisouligne encore une fois lafaible mobilité desavocatsstrasbourgeois, mais cettefois entrecabinets.

Cetteétudequalitative nous a aussi permis de souligner qu’aucun desacteursinterrogésn’était satisfait dela formation dispensée parle CRFPA durant les deuxannées destage.


C. L’apprentissage au sein des cabinets allemands :

Cette partie de notre enquête aessentiellementporté, par le biais d’entretien avec desavocats allemandsexerçant àStrasbourg, sur les modalités dechoix des cinq stages ( d’unedurée totale de 24 mois) de lapériode duReferendariat,ainsi que sur l’entrée desjeunesavocatsdans laprofession en Allemagne.

Le Referendariatne peut pasêtre misdirectement en parallèle avec la période dedeuxans de stage existant en France. Ces cinq stages donnent auréférendaire unevision plusdiversifiée des professions juridiques mais en contrepartie ils serésument parfois àl’accomplissement detâches peu valorisantes etle manque de disponibilité desmaîtres destage est souventregretté.Pour la plupart des avocatsallemandsinterrogés,la formation dansleur pays esttrop longue.

L’entrée dansla profession desjeunesavocats se fait, en Allemagne,plus tardivement etdans des conditions beaucoupplus difficiles qu’en France dufait de la conjugaison del’absence de garantied’un minimum de rémunération au débutant et de lasaturation dumarché.Cette situationprovoque desabus de lapart descabinets qui nous ont étérapportéspar plusieurs de nos interlocuteurs.

On peut penser quela récente alternance politique enAllemagne varelancer le débat surla réforme jugée partous nécessaire, de la formation et del’entrée desjeunes avocats dans laprofession.


Bibliographie

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- L’apprentissage au sein descabinets d’avocats, Centre Universitaire deRecherches

Administratives et Politiques de Picardie, Rapport terminal,avril 1998.

Documentation dela conférence des Bâtonniers

Documentation du Centre National des Barreaux

Documentation dela Chancellerie


TABLE DES MATIERES

Introduction générale 3

PREMIERE PARTIE : LA FORMATION DE L’AVOCAT

Introduction 7

I. L’EXAMEN D’ENTREE AU CRFPA 9

A. Etude statistique 101. Les maîtrises 102. Les étudiants inscrits àI’IEJ 17

B. L’examen lui-même 201. Nature desépreuves 20

a) Les épreuves écrites 22b. Les oraux 23c) La limitation deseprésenter 3 fois 24d) Modifications de l’examen 25

2. Programme del’examen 263. La préparation de l’examen à l’IEJ 27

a) Forme de l’enseignement 27b) L’opinion des acteurs sur lapréparation IEJ 28c) L’opinion des étudiants sur lapréparation del’examenà l’IEJ 28d) Les préparations privées 29

4. Les dispenses 30a) Opinion des acteurs 32b) Opinion des étudiants 32

5. DEA, DESS ouDJCE 33a) Les étudiants et les diplômes de troisième cycle 33b) L’opinion des acteurs surlesdiplômes de troisièmecycle 35

6. Analyse transversale des entretiens avecles acteurs 35

C. Examen ou concours 381.Coût et maîtrise de l’examen 38

a) Estimation du coût de l’examen 38b) La maîtrise de l’examen par l’Université 40

2. Difficulté de l’examen 41a) L’avis des acteurs interrogés 41b) L’avis des étudiants 42

3. Examen national,écolenationale 42a) L’avis des acteurs interrogés 43b) L’avis des étudiants 43

4. Numerus-clausus 44a) L’avis des acteurs 44b) L’avis des étudiants 45c) Le numerus claususdansd’autresprofessions 45

5. Analyse transversale des entretiens avecles acteurs(suite) 48


II. LE CRFP ET LES ELEVES AVOCATS 50

A. L’organisation administrative de la formation 52l. Le Conseilnational des barreaux(C.N.B.) 522. Les C.R.F.P 53

a) Organisation 53b) L’exemple duC.R.F.P.A.d’Alsace 54c) Les attributions du conseild’administration et ses limites 54

B. La formation dispensée au sein desCRFPA 56I. Les sources 56

a) Les principes élaborés par le C.N.B 56b) La directive du CNB 57

2. Un équilibre difficile à trouver : le passage de lathéorie àla pratique au C.R.F.P.A 58a) La recherched’un enseignement efficace 58b) Les stageseffectués par les élèvesavocats 60

3. Une pédagogie et dessupportsspécifiquespour uneécole de lapratique 614. Les élèvesavocats du C.R.F.P.A.d’Alsace 62

a) Les effectifs des élèves avocats 62b) Opinions desélèvesavocats 63

C. Le budget 68I. Analyse dubudget sur leplan national 68

a) Les sources du financement 68b) La répartition du financement 69

2. L’analyse dubudget surle plan local 72

D. Le CAPA 75I. L’examen du C.A.P.A 752. L’opinion desétudiants 773. Analyse critique et devenir du C.A.P.A 77

III. LA FORMATION DE L’AVOCAT EN ALLEMAGNE 8 0

A. La formation du juriste 81l. La formation universitaire 83

a) Entrée à l’université 83b) Etudes générales et examen intermédiaire 84c) Etudes avancées etpremier examen d’Etat 87

2. La formation pratique et le second examen d’Etat 88a) Période de stage 89b) Deuxième examen d’état 90

B. Finalité et remise encause de la formation pour l’avocat 911.Finalité et conséquences 91

b) Le modèle et la méthode 91b) Les conséquences 92

2. Remise en cause etprojets de réformes 93a ) Nécessités d’adaptation 93b) Projets deréforme 94

Conclusion 97


DEUXIEME PARTIE : L’APPRENTISSAGE AU SEIN DES CABINETS

Introduction 103

I. ETUDE QUANTITATIVE DU BARREAU STRASBOURGEOIS 105

A. Étude statistique desavocats de Strasbourg 1071. Etude longitudinale desavocats de Strasbourg 1072. Le tableau de l’Ordre des avocats de Strasbourgpour l’année 1997 109

a) Les années de prestation des avocats en1997 109b) Les femmes et la profession d’avocats 110c) Les spécialisations 111d) La taille des cabinets d’avocats etl’accueil des stagiaires 113

B. Le statut du collaborateur dans les textes 114

C. Enquête quantitative des avocats ayantprêté sermentdepuis 1992 1171.La situation actuelle desavocats enquêtés 118

a) Sociographie desenquêtés 118b) Leur statut actuel 119

2. Leur cursusuniversitaire 1203. Leur stage de2 ans 121

a) Le choix du cabinet 121b) Les conditionsd’exercice du stage 123c) La charge de travail etleur rémunération durant lestage 124d) les connaissances acquises durant le stage 126e) la perception qu’ils avaient deleur avenir à la fin dustage 127f) Leur opinion sur l’organisation dustage 128

4. L’évolution de leurcarrière après lestage 129a) Les avocats qui envisagent de quitter le cabinet 129b) Les avocats qui envisagent de rester dans le cabinet 130

5. Les stratégies développées parlesjeunes avocats 131a) L’AnalyseFactorielle des Correspondances 132b) Typologie 133

II. ETUDE MONOGRAPHIQUEDE CABINETS D’AVOCATS STRASBOURGEOIS 137

A. Présentation des cabinets 139

B. Profils des avocatsinterrogés 1411. Les maîtres de stage et associés de cabinets 1412. Les collaborateursnon stagiaires 1443. Les collaborateurs inscrits surla liste dustage 146

C. Profils et modalités derecrutement 1481. Les collaborateurs 1482. Les maîtres destages etlesassociés 150

D. L’exercice professionnel 1531. L’existence d’uncontrat : 1532. Les moyens mis àdisposition et les tâchesconfiées : 1543. La rémunération 1584. Pourquoiengagerun stagiaire ? 158


E. Formation et transmission de savoir 1601. La formation duCRFPA 160

a) Pour les maîtres de stageset lesassociés 160b) Pour les jeunes collaborateurset les stagiaires 161

2. La formationcontinue 161a) Pour les maîtres de stages et les associés 161b) Pour les jeunes collaborateurs et les stagiaires 162

3. La transmission de savoir au sein descabinets 164a) Pour les maîtres de stageet lesassociés 164b) Pour les jeunes collaborateurs et lesstagiaires 164

4. La socialisation 166

III. L’APPRENTISSAGEAU SEIN DES CABINETSALLEMANDS 169

A. Remarques sur lapréparation au premier examen d’Etat endroit 1711. Le Repetitorium : substitut temporaire à la formation universitaire ? 1712. Attentes et besoins des étudiants enmatière de préparation au premierexamend’Etat en droit 172

B. Les premiers apprentissages enmilieu professionnel :Le Referendariat 1731. Rôle, contenus et modalités desdifférentsstages 1742. Motivationsliées auchoix du dernier stage 1743. Relations pédagogiquesmaître de stage/référendaire 1754. Apports et limites du Referendariat 1765. Remarques des jeunes avocats allemands surl’ensemble deleur formationuniversitaire 177

C. L’entrée des jeunesavocats allemands dans la profession 1791. Précarité desjeunesavocats allemandsliée austatut de collaborateur libre 1792. Points de comparaison entre laFrance etl’Allemagne 182

Conclusion 184

Conclusion générale 186

Bibliographie 194


TABLES DES MATIERES DES ANNEXES

ANNEXE 1 : LES ETUDIANTS INSCRITS A LA PREPARATION CRFPA DEL’IEJDE STRASBOURG 3

A. ASPECT SOCIOGRAPHIQUE DE L’ECHANTILLON 4

B. LEUR CURSUS UNIVERSITAIRE 61.Jusqu’à la maîtrise 62. les troisièmes cycles 83. Leur année de préparationà l’IEJ 8

C. LEURS PROJETS 11

D. L’EXAMEN D’ENTREE AU CRFPA 13

ANNEXE 2 : ENQUETEAUPRES DES ELEVES AVOCATS 23

A. POPULATION ET ECHANTILLON 24

B. LA FICHE SI GNALETIQUE 25

C. LEUR TRAJECTOIRE 271.Le cursus jusqu’enmaîtrise 272. Leurcursus après lamaîtrise 283. L’année de préparation àl’IEJ 28

D. L’EXAMEN D’ENTREE AU CRFPA 301. Difficulté de l’examen 302. Leur opinion sur lafilière carrières judiciaires 303. Le système des dispenses 314. L’examen 31

E. LA FORMATION AU SEIN DU CRFPA 331. L’accueil au centre 332. La formationpratique au centre 343. Le C.A.P.A. 364. Le pré-stage 365. L’avenir 37

ANNEXE 3 : LE NUMERUS CLAUSUS DANS LES FILIERESMEDICALES 47

A. LA LEGISLATION 481. L’instauration dunumerus clausus 482. Evolution "idéologique" dunumerusclausus 483. Evolution effective du numerus clausus 49


B.- LES MODALITES D’ADMISSION EN EUROPE 521. Les professions odontologiques 522. Les professionsmédicales 53

ANNEXE 4 : LE NUMERUS CLAUSUS CHEZ LES PHARMACIENS 54

A. Les texteslégislatifs et réglementaires instaurant le numérusclausus 551.L’instauration du numerus clausus 552. Les raisons du numerusclausus 55

B. Evolution du numerus clausus 571. Loi 84-52 du 26 janvier 1984(art. 14) 572. Arrêté du17 juillet 1987,art. 16 573. Evolution effective du numerusclausus 58

ANNEXE 5 : LES ETUDESNOTARIALES 59

A. Capacité, aptitude juridique, formation professionnelle 601. La voie d’accèsprofessionnelle aux fonctions de notaire 602. La voied’accèsuniversitaire aux fonctions de notaire 623. La voie interne 634. La voie parallèle 64

B. Nomination aux offices de notaires 651.Nomination sur présentation 652. Nominationdansun office créé ou dansun office vacant 65

C. Préparation et nomination aux fonctionsde notaire dans les départementsdu Haut- Rhin, du Bas-Rhinet de la Moselle 67

1.Conditionsd’aptitude 672. Procédure de nomination 68

ANNEXE 6 : LES TEXTESSUR LE STATUT DU COLLABORATEUR 69

A. Exemple typede contrat de collaboration 70

B. Règlement intérieur du Conseil National des Barreaux 73

ANNEXE7 : LE QUESTIONNAIRE QUANTITATIF AUPRES DES AVOCATSAYANT PRETESERMENT APRES NOVEMBRE 1991 76


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