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La famille prend la parole : Évaluation de l’implantation d’un
protocole d’évaluation familiale (PEF) dans l’intervention
clinique
Mémoire
Andrés Dario Mendoza Herrera
Maîtrise en Service social
Maître en service social (M. Serv.Soc.)
Québec, Canada
© Andrés Dario Mendoza Herrera, 2017
La famille prend la parole : Évaluation de l’implantation d’un
protocole d’évaluation familiale (PEF) dans l’intervention
clinique
Mémoire
Andrés Dario Mendoza Herrera
Sous la direction de :
Robert Pauzé, directeur de recherche
Doris Chateauneuf, codirectrice de recherche
iii
Résumé
L’objectif général de la présente étude était d’examiner le point de vue de parents sur
l’utilisation par les intervenants en protection de la jeunesse d’un protocole d’évaluation
afin de documenter leurs besoins. Afin d’accéder à l’information et aux perceptions des
répondants, l’entretien semi-structuré, ou semi-dirigé à questions ouvertes a été choisi
comme méthode de collecte de données pour cette recherche. Au total, 12 parents ont été
interviewés.
Les résultats de notre étude indiquent que la grande majorité des répondants affirme avoir
été ouverts et intéressés à compléter les questionnaires proposés. La principale critique
formulée par les répondants est le nombre important de questionnaires inclus dans le
protocole d’évaluation et le temps requis pour tous les compléter.
Nos résultats nous apprennent également que les résultats obtenus suite à la complétion des
questionnaires du protocole d’évaluation reflètent de façon adéquate et juste la situation des
familles et que cette pratique clinique permet aux répondants de réfléchir à leur situation
familiale et, pour certains, de comparer leur propre vision de différentes composantes de
leur fonctionnement familial avec celle des autres membres de leur famille (conjoint,
adolescent). De plus, il semble que l’utilisation du protocole d’évaluation aide l’intervenant
et la famille à cibler les aspects qui progressent bien, ou au contraire, qui fonctionnent
moins bien, et à établir des objectifs dans l’intervention clinique.
iv
Table de Matières
Résumé……………………………………………………………………………………. iii
Table de Matières ………………………………………………...……………………… iv
Liste de Tableaux………………………………………….…………………………….. vii
Remerciements………………………………………………………………………….. viii
Introduction……………………………………………………………………………….. 1
Chapitre 1- La Problématique………………………………………….……………….. 3
1.1 Objet de l’étude…………………………………………………………………….. 3
1.2 Pertinence de l’étude……………………………………………………………….. 6
1.2.1 Pertinence sociale……………………………………………………………… 6
1.2.2 Pertinence scientifique………………………………………………………... 6
1.3 État des connaissances……………………………………………………………… 6
1.3.1 Avantages et désavantages de l’utilisation des instruments de mesure
dans le travail clinique……………….……………………………………….. 7
1.3.2 Les facteurs favorisant ou nuisant à l’utilisation des instruments
de mesure dans le travail clinique……………………………………………. 10
1.4 Limites des études…………………………………………………………………. 12
Chapitre 2 - Le cadre théorique………………………………………………………... 14
3.1 Définition de l’alliance thérapeutique……………………………………………... 15
3.2 Impact de l’alliance thérapeutique sur les résultats de l’intervention…………….. 15
3.3 Rôle de l’alliance thérapeutique…………………………………………………… 16
Chapitre 3 - Méthodologie………………………………………………………………. 17
3.1 La stratégie de recherche………………………………………………………….. 17
v
3.1.1. L’approche privilégiée ……………………………………………………… 17
3.1.2 Type de recherche…………………………………………………………….. 18
3.1.2 Paradigme épistémologique…………………………………………………. 18
3.2 Le contexte de l’étude……………………………………………………………… 19
3.2.1 L’étude principale……………………………………………………………. 19
3.2.2 Le protocole d’évaluation familiale (PEF) au CJQ-IU………………………. 20
3.3 La population à l’étude…………………………………………………………….. 20
3.4 Échantillonnage…………………………………………………………………… 21
3.4.1 Méthode et techniques………………………………………………………... 21
3.4.2 Critères d’inclusion…………………………………………………………… 21
3.4.3 Modalités de recrutement…………………………………………………….. 22
3.4.4 Opérationnalisation de concepts……………………………………………… 23
3.4.5 Instruments de la collecte de données………………………………………… 24
3.5 Analyse de données de recherche………………………………………………….. 25
3.6 Les aspects éthiques……………………………………………………………….. 26
Chapitre 4 – Résultats…………………………………………………………………… 28
4.1 Perception en lien avec la passation……………………………………………….. 28
4.1.1 Présentation du PEF par l’intervenant………………………………………....28
4.1.2 Soutien reçu de l’intervenant…………………………………………………..29
4.1.3 Perceptions des répondants en regard des questions………………………... 31
4.1.4 Réaction face à la présentation initiale du protocole ………………………… 35
4.1.5 Auto réflexion en lien avec la passation du protocole…………………………38
4.2 Le protocole comme outil d’intervention : les résultats et le bilan clinique………. 40
4.2.1 Présentation et compréhension des résultats…………………………………. 40
4.2.2 Utilité perçue du protocole comme outil d’intervention……………………… 42
4.2.3 L’impact du protocole sur la relation avec l’intervenant…………………….. 43
4.2.4 Opinion des répondants sur la pertinence et l’applicabilité du PEF…………. 44
vi
Conclusion……………………………………………………………………………….. 46
Chapitre 5 – Discussion………………………………………………………………….. 47
5.1 Perception des parents concernant les conditions et le processus
de passation des questionnaires………………………………………………….... 47
5.2 Perception des répondants concernant l’utilité clinique de cette pratique
sur le plan de la réponse aux besoins des familles………………………………... 50
5.2.1 La passation des questionnaires…………………………………………….… 50
5.2.2 La présentation des résultats par les intervenants…………………………….. 51
5.2.3 La correspondance des résultats avec la situation familiale réelle…………….51
5.2.4 Utilité du bilan clinique sur le plan de l’intervention………………………… 52
5.2.5 L’intérêt de maintenir cette pratique…………………………………………. 52
5.3 L’utilisation du protocole d’évaluation afin de contribuer à l’établissement
d’une alliance thérapeutique……………………………………………………… 52
6.4 Limites de l’étude……………………………………………………………………. 54
Conclusion……………………………………………………………………………….. 55
Références ……………………………………………………………………………….. 56
Annexes…………………………………………………………………………………… 62
- Annexe A. Avantages et désavantages de l’utilisation d’instruments de mesure
standardisés dans le travail clinique…............................................................................... 63
- Annexe B. Facteurs favorisant l’utilisation d’instruments de mesure standardisés
dans la pratique clinique ………………………………………………………………. 76
- Annexe C. Facteurs pouvant nuire l’utilisation d’instruments de mesure standardisés
dans la pratique clinique ………………………………………………………………. 81
- Annexe D. Tableau 4. Questionnaires inclus dans les protocoles d’évaluation de
la famille (0-5 et 6-17ans)………………………………………………………………. 87
- Annexe E. Schéma d’entrevue………………………………………………………… 91
- Annexe F. Formulaire de consentement des parents………………………………..… 94
- Annexe G. Formulaire d’autorisation de transmission d’informations………………. 97
vii
Liste de Tableaux
Tableau 1. Opérationnalisation des concepts……………………………………………. 23
Tableau 2. Avantages et désavantages de l’utilisation d’instruments de mesure
standardisés dans le travail clinique (Annexe A)…...……………………….. 63
Tableau 3. Facteurs favorisant l’utilisation d’instruments de mesure standardisés
dans la pratique clinique (Annexe B)………………………............................ 76
Tableau 4. Facteurs pouvant nuire l’utilisation d’instruments de mesure standardisés
dans la pratique clinique (Annexe C)………………………………………... 81
Tableau 5. Questionnaires inclus dans les protocoles d’évaluation de la famille
(0-5 et 6-17 ans) (Annexe E)………………………………………………… 87
viii
Remerciements
Je suis émerveillé de constater une autre fois qu’autour d’un désir fort et d’une attitude
déterminée de l’être humain, une multiplicité de personnes et de circonstances se place afin
de concrétiser des objectifs, malgré les épreuves, les défis et les doutes qui les
accompagnent. Cette logique qui accompagne la réussite s’applique autant pour un étudiant
comme moi, un Québécois qui est né dans un autre pays, sous l’influence d’une autre
culture et d’une autre langue, que pour des familles qui traversent des circonstances
difficiles comme celles que nous avons interviewées dans la présente étude et que je
remercie pour leur inestimable contribution. Dans les deux cas, la persistance et
l’accompagnement opportun favorisent l’atteinte des objectifs.
Je voudrais remercier Robert Pauzé, mon directeur de recherche et Doris Châteauneuf, ma
codirectrice, pour leur travail de soutien aux professionnels qui interviennent auprès de
familles en difficulté en leur fournissant des outils d’évaluation pertinents pour soutenir
leur intervention. J’ai eu la chance de participer à ce projet en travaillant sur le point de vue
des familles concernant l’utilisation de questionnaires standardisés dans la pratique
clinique. Je remercie M. Pauzé pour sa patience, son attitude positive et encourageante et
pour ses connaissances dans le domaine de la recherche et de l’intervention clinique. En ce
qui concerne Doris, je voudrais la remercier pour l’appui particulier concernant les
méthodes de recherche qualitative et aussi pour sa disponibilité, son écoute et son respect
profond de mes idées.
Je remercie Dieu pour la présence de ma famille. Rosa Elena, ma belle épouse, qui m’a
soutenu psychologique et spirituellement tout au long de la démarche de la Maîtrise. Sergio
et Manuela, mes jeunes enfants, qui ont su être sages et patients avec un père souvent
occupé avec ses engagements scolaires. Mes frères et sœurs qui, malgré la distance, n’ont
pas cessé de m’encourager à poursuivre mes études. Je pense ici à Félix Gómez et ses
enfants Pascal, Melissa et Mathieu, ainsi qu’à mes cousines Pilar Correa et famille, Cecilia
et María Eugenia Mendoza.
ix
Je voudrais finalement remercier d’autres personnes avec lesquelles j’ai eu la chance de
construire une belle amitié à Québec et qui, par leur affection, m’ont donné la force d’aller
jusqu’au bout dans mon cheminement de mes études, notamment Umberto Giannettoni,
Gilles Lébel, Diane Chartre, Francis Paquet, Lyne Defoy, Andréa Bélanger, André Héeren,
Daniela et Christian Sacy, Marc Saint-Hilaire, Marcelline Bangali, Éric Plante, Marc
Lindsay, Joanie Albert, Pierrette Vachon, Constance et Rosaire Vaillancourt, Yvon
Desormeaux, Julio Barbosa et Sandra Romero, les prêtres Marcel Dumond et Jules Côtes,
ainsi que d’autres personnes qui d’une façon ou d’une autre ont collaboré à la finalisation
de cette recherche et de la Maîtrise.
1
Introduction
Tout au long de son évolution, la famille doit s’organiser et faire preuve de souplesse afin
de faire face à de nombreux défis développementaux, d’assurer la sécurité et la réponse aux
besoins de ses membres, de s’ajuster aux exigences de l’environnement et ainsi maintenir
son équilibre. Certaines familles réussissent à trouver des réponses appropriées nécessaires
à ces demandes. D’autres éprouvent des difficultés à y répondre et font appel à des services
d’aide psychosociaux pour y parvenir. D’autres, enfin, sont référées aux services de la
protection de la jeunesse puisqu’elles n’arrivent pas à répondre adéquatement aux différents
besoins de leurs membres, la sécurité et le développement des enfants concernés s’en
trouvant menacés.
Une fois référées aux services de la protection de la jeunesse, les familles bénéficiant de
services au Centre jeunesse de Québec – Institut universitaire (CJQ-IU)1 sont invitées, par
les intervenants sociaux à l’application des mesures, à compléter un protocole d’évaluation
(ensemble de questionnaires standardisés) afin de mieux cerner leurs besoins. Cette
pratique évaluative constitue une innovation dans ce milieu de pratique.
La lecture des écrits scientifiques sur l’utilisation d’instruments de mesure standardisés
dans la pratique clinique permet de constater qu’il n’y a pas de consensus entre les
intervenants sur cette utilisation: plusieurs voient d’un bon œil l’utilisation de
questionnaires standardisés dans la pratique clinique. D’autres, au contraire, y voient
certains désavantages.
1 Actuellement le « Centre jeunesse de Québec- Institut universitaire » fait partie du CIUSSS de la Capitale
Nationale, mais comme l’étude a débuté avant la fusion des établissements, nous utiliserons l’appellation
« Centre jeunesse de Québec –Institut universitaire » dans le présent document.
2
Fait à noter, aucune étude n’a été réalisée afin de sonder le point de vue des parents eux-
mêmes qui doivent compléter ces questionnaires sur l’utilité et la pertinence de cette
pratique clinique. La présente étude vise à combler cette lacune.
La présente étude qualitative de type exploratoire, s’intéresse à la perception des parents
qui ont eu à remplir ces questionnaires. Notre question est la suivante: quelle est la
perception des parents concernant les conditions et le processus de passation d’un protocole
d’évaluation lors de leur entrée dans les services au Centre jeunesse de Québec et quelle est
leur perception concernant l’utilité clinique de cette pratique? La collecte des données a été
faite par entrevues téléphoniques semi-dirigées.
Le paradigme scientifique sur lequel s’appuie cette étude est le constructivisme qui
reconnait les réalités étudiées, comme des réalités construites à partir des expériences,
impressions, perceptions des acteurs concernés, ainsi que comme un produit de leur
échange intersubjectif, à travers le langage.
Ce présent document comprend cinq sections : 1- la problématique qui inclut la pertinence
sociale et scientifique de l’étude ainsi que la recension des écrits; 2- le cadre conceptuel qui
comprendre la construction de l’alliance thérapeutique, 3- la méthodologie de l’étude; 4- les
résultats obtenus et 5- la discussion.
3
Chapitre 1
La problématique
Ce chapitre présent la problématique de la recherche de façon à comprendre le contexte qui
entoure l’implantation des outils d’évaluation standardisée dans la pratique clinique du
Centre Jeunesse de Québec institut universitaire et le désir d’évaluer cette implantation.
L’objet d’étude, la présentation de la proposition de recherche, ainsi que la pertinence
sociale et scientifique de cette étude feront partie de ce chapitre qui se termine avec l’état
de connaissances et les limites des études recensées.
1.1 Objet d’étude
À l’automne 2010, le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) rendait public le
Cadre de référence pour la désignation universitaire des établissements du secteur des
services sociaux. Dans ce document, il est mentionné que les instituts universitaires doivent
« promouvoir le développement de la recherche au sein du réseau afin d’améliorer les
connaissances sur les problèmes sociaux, leurs déterminants et les groupes vulnérables, de
favoriser une meilleure prestation des services, des programmes et des pratiques
professionnelles » (p. 15). Dans ce même document, on discute de l’importance « de
permettre une meilleure compréhension des problèmes reliés (…) aux jeunes en difficulté et
à leur famille » (p. 15), de soutenir l’amélioration des pratiques auprès autant des jeunes
que de leurs familles, de mesurer l’efficacité et la portée des pratiques courantes et de
soutenir l’expérimentation et l’implantation de pratiques innovantes. Selon le point de vue
de la ministre déléguée aux services sociaux, l’objectif des instituts universitaires est
d’offrir des services toujours meilleurs à la population québécoise.
4
Sur la base de ces recommandations du MSSS, le CJQ-IU a décidé de développer et
d’implanter un protocole d’évaluation. Un protocole d’évaluation est un regroupement de
questionnaires standardisés visant à évaluer différents facteurs de risque et de protection
associés à une problématique. Ces questionnaires sont choisis sur la base d’un modèle
explicatif de la problématique ciblée, de la pertinence de leur contenu, de la qualité de leurs
propriétés psychométriques, de la facilité pour les parents et les jeunes de les compléter, de
la facilité à traiter les données, ainsi que de leur sensibilité à détecter les changements suite
à une intervention. Il s’agit d’une évaluation basée sur des données probantes (Hunsley &
Mash, 2007 ; Cohen, La Greca, Blount, Kazak, Holmbeck & Lemanek, 2008 ; Connors,
Arora, Curtis & Stephan, 2015).2
L’implantation de ce protocole d’évaluation au Centre jeunesse de Québec poursuit
plusieurs objectifs : mieux documenter les caractéristiques développementales,
psychologiques, familiales et sociales des jeunes recevant des services au CJQ-IU et leur
évolution dans le temps; donner la parole aux jeunes et aux familles dans l’élaboration du
plan d’intervention afin de contribuer à l’établissement d’une alliance thérapeutique avec
leur intervenant, facteur déterminant du succès de l’intervention (Norcross, 2002); soutenir
les intervenants dans la planification de leurs interventions; contribuer au développement
de la recherche sur les caractéristiques des jeunes et des familles bénéficiant de services en
protection de la jeunesse; évaluer l’effet des interventions. Tous ces objectifs sont
conformes au mandat des instituts universitaires (Cadre de référence, 2013).
Plusieurs avantages sont mentionnés par les chercheurs concernant l’utilisation
d’instruments de mesure standardisés dans la pratique clinique. Entre autres, elle permet de
2 L’évaluation clinique basée sur les données probantes doit s’appuyer sur les données de recherche
concernant les construits reliés à la problématique ciblée (Hunsley et al., 2007). Cette évaluation doit se faire
à partir d’instruments de mesure présentant de bonnes propriétés psychométriques, être utilisées à intervalles
réguliers, doit faciliter l’établissement d’un diagnostic juste et le choix d’un traitement, permettre de fournir
un portrait global de la situation et de documenter le progrès (Connors, et al., 2015). Ces mesures doivent
répondre à deux objectifs : 1- l’amélioration de la compréhension de la situation du client ou de la pathologie
et 2- la mise en place de recommandations claires portant sur le développement et l’implantation du
traitement (Cohen et al., 2008).
5
dresser un portrait clinique complet du client (Jensen Doss et Hamilton, 2005), d’évaluer
les progrès du client et ainsi mesurer l’efficacité d’un traitement (Kazdin, 2007, 2008;
Rittner et Wodarski, 1995). Elle permet également d’obtenir des informations qui ne sont
pas directement observables lors des entrevues avec un jeune ou une famille, d’avoir accès
aux points de vue de différents répondants concernant la problématique ciblée et de réduire
le temps requis par les praticiens pour collecter l’information (Rittner et al., 1995) et en
même temps d’augmenter les sources d’informations disponibles (Wodarski, Holosko et
Feit, 2015). Enfin, l’utilisation de protocoles d’évaluation assure que l’intervenant
n’établisse pas trop rapidement un diagnostic sans récolter toutes les informations
pertinentes (Jensen Doss et al., 2005) et que les informations importantes sur la situation du
jeune et de sa famille ne soient pas omises par l’intervenant (Martin, Fishman, Baxter et
Ford, 2011). Maden (2003) insiste sur le fait que l’utilisation d’instruments de mesure
standardisés ne vise pas à remplacer le jugement clinique des intervenants mais plutôt à le
soutenir.
De nombreuses études ont également été réalisées auprès des intervenants eux-mêmes
concernant les avantages et les limites de cette pratique clinique. Fait à noter, nous n’avons
recensé aucune étude portant sur le point de vue des jeunes et des familles qui doivent
compléter ces questionnaires. La présente étude vise à combler cette lacune.
L’objectif général de cette étude est d’examiner le point de vue des parents sur l’utilisation
par les intervenants en protection de la jeunesse d’un protocole d’évaluation afin de
documenter leurs besoins. De façon spécifique, cette étude vise d’une part à documenter la
perception des parents en lien avec les conditions et le processus de passation des
questionnaires et, d’autre part, leur perception concernant l’utilité clinique de cette pratique
pour répondre à leurs besoins.
6
1.2 Pertinence de l’étude
1.2.1 Pertinence sociale
Les réponses à ces questions permettront d’apprécier le point de vue des jeunes et des
familles concernant la portée et la pertinence de cette pratique clinique. Cette connaissance
pourra éventuellement aider les intervenants à mieux préparer les futurs parents qui auront
à compléter ce protocole d’évaluation et possiblement à mieux comprendre la réserve de
certains parents face à cette pratique. Certaines informations pourront aussi être utiles afin
de mieux cerner comment les intervenants utilisent ce protocole et quelle approche ils
privilégient auprès des parents. Enfin, cette étude pourra aider les intervenants à développer
une méthode capable de favoriser l’engagement de la famille en lien à la construction d’un
plan d’action.
1.2.2 Pertinence scientifique
Sur le plan de la recherche, les informations qui seront colligées dans le cadre de cette
étude permettront aux chercheurs de mieux comprendre l’impact d’une telle pratique
clinique sur les familles et éventuellement d’ajuster ou de développer des outils mieux
adaptés à la réalité des familles. Ces informations pourront éventuellement informer les
chercheurs sur l’utilité clinique d’une telle pratique selon le point de vue des répondants.
1.3 État des connaissances
Deux recensions d’écrits ont été réalisés au cours de l’été 2015 afin 1- de documenter les
avantages et désavantages de l’utilisation d’instruments de mesure standardisés dans la
pratique clinique des intervenants et 2- d’identifier les facteurs pouvant favoriser ou nuire à
l’implantation d’instruments de mesure standardisés dans les milieux de pratique. Les mots
clés qui ont été utilisés sont les suivants : systematic assessment; standardized assessment;
systematic evaluation; standardized evaluation; social worker attitudes ; practitioners
attitudes; child welfare; child social services; child protection; clinical practice; routine
outcome measurement. Les banques de données consultées sont PsycINFO et Social Work
Abstracts.
7
Dans le cadre de cet état de connaissances actuelles nous présentons les principales
conclusions de ces deux recensions d’écrits.
1.3.1 Avantages et désavantages de l’utilisation des instruments de mesure dans le
travail clinique
Dans cette première section, nous présenterons les résultats d’études recensées sur les
avantages et les désavantages de l’utilisation de d’instruments de mesure standardisés dans
le contexte de la pratique clinique. Les conclusions des études concernant les avantages et
désavantages de l’utilisation d’instruments de mesure standardisés dans le travail clinique
sont présentées dans le tableau 1 (voir annexe A).
Les avantages. Les instruments de mesure standardisés visent principalement à soutenir la
prise de décision des intervenants concernant les meilleurs traitements à offrir et à pallier
aux erreurs possibles du jugement clinique (Garland, Kruse et Aarons, 2003; Maden, 2003 ;
Hatfield et Ogles, 2004; Jensen Doss et al., 2005; Kazdin, 2006; Martin et al., 2011;
Coombs, Stapley & Pirkis, 2011; Ford, Last, Henley, Norman, Guglani, Kelesidi, Martin,
Moran, Latham-Cork, & Goodman, 2013).
Plusieurs arguments militent en faveur de l’utilisation d’instruments de mesure dans le
travail clinique des intervenants. Parmi les principales utilités de cette pratique (voir tableau
1), notons la possibilité d’obtenir des informations qui ne sont pas directement observables
lors des entrevues avec un jeune ou une famille, d’avoir accès aux points de vue de
différents répondants concernant la problématique ciblée (Rittner et al., 1995) et de détecter
des difficultés qui peuvent parfois échapper aux intervenants (Martin et al, 2011). Elle
permet également d’augmenter la diversité des sources d’informations dans la
compréhension d’une problématique (Wodarski et al., 2015).
Par ailleurs, d’autres soulignent le fait que cette pratique peut contribuer à réduire le temps
requis par les praticiens pour collecter l’information (Rittner et al., 1995), éviter que des
informations importantes sur la situation du jeune et de sa famille ne soient omises par
8
l’intervenant (Martin et al., 2011; Wodarski et al., 2015) et à s’assurer que celui-ci
n’établisse pas un diagnostic trop hâtif (Jensen Doss et al., 2005). À cet égard, certains
auteurs avancent l’idée que cette pratique contribue à augmenter l’exactitude de
l’évaluation (Ford et al., 2013; Lyon, Dorsey, Pullmann, Silbaugh-Cowdin, & Berliner,
2015).
Dans un autre ordre d’idées, il appert que l’utilisation d’instruments de mesure standardisés
peut servir à évaluer adéquatement la comorbidité et la sévérité des symptômes (Trauer,
2004) et à détecter des troubles émotionnels (Reeves, Charter et Ford, 2016). Pour certains,
cette pratique peut être utile pour faire du dépistage (Mash et Hunsley, 2005) et identifier
différents profils cliniques (Mash et al., 2005).
Globalement, cette pratique permet de dresser un portrait clinique complet du client (Jensen
Doss et al., 2005) et de bien cibler les problématiques auxquelles il est confronté (Martin et
al., 2011). Certains affirment que l’utilisation d’instruments de mesure peut faciliter le
processus décisionnel dans la pratique clinique en contribuant à guider les décisions
(Coombs et al., 2011; Lyon et al., 2015), et être utile pour identifier et planifier le
traitement le plus approprié (Ford et al., 2013; Lyon et al., 2015) ou encore pour établir un
pronostic (Mash et al., 2005). En cours de traitement, l’utilisation d’instruments de mesure
standardisés permettrait d’évaluer les progrès des clients (Rittner et al., 1995; Kazdin, 2007,
2008; Coombs et al., 2011; Parabiaghi, Kortrijk, & Mulder, 2014) en fonction de leur profil
clinique (Hatfield et al., 2004) et de déterminer la nécessité de modifier un traitement si
nécessaire (Hatfield et al., 2004). En outre, on note que cette pratique en cours
d’intervention peut permettre aux clients de percevoir clairement les changements dans leur
fonctionnement et d’exprimer leur satisfaction en regard des services reçus (Wodarski et
al., 2015).
Pour les clients, l’utilisation d’instruments de mesure standardisés contribuerait à favoriser
leur implication dans le traitement (Slade, Thornicroft & Glover, 1999; Batty, Moldavsky,
Foroushani, Pass, Marriott, Sayal, & Hollis, 2013 ; McKay, Coombs et Duerden, 2014;
Gelkopf, Pagorek-Eshel, Trauer, & Roe, 2015).
9
Par ailleurs, pour les intervenants, cette pratique favoriserait la collaboration et la
concertation multidisciplinaire et le partage d’un langage commun entre les intervenants
indépendamment du champ d’expertise (Slade et al., 1999; Gilbody, House & Sheldon,
2002b; Coombs et al., 2011) et une meilleure entente entre les intervenants quant au
diagnostic et au traitement à recommander (Slade et al., 1999).
Pour les gestionnaires, la mise en commun de données colligées auprès de plusieurs clients
aiderait à l’évaluation et la planification des programmes et permettrait de mettre à niveau
la qualité des soins de santé au sein des systèmes et des agences et ultimement d’augmenter
la qualité des services de santé (Garland et al., 2003; Valenstein, Adler, Berlant, Dixon,
Dulit, Goldman, Hackman, Oslin, Siris, & Sonis, 2009).
Pour les chercheurs, cette pratique permettrait d’évaluer le degré de correspondance entre
les caractéristiques des clients et la nature des services qui leur sont offerts et les effets des
interventions (Garland et al., 2003). Elle peut également contribuer à nourrir le
développement des connaissances concernant les besoins des clientèles et l’effet des
interventions (Coombs et al., 2011; Kazdin, 2006) et à identifier les secteurs de
développement de nouvelles pratiques (Hall, Moldavsky, Taylor, Sayal, Marriott, Batty &
Hollis, 2014).
Les désavantages. Selon les études recensées, l’utilisation d’instruments de mesure
standardisés dans la pratique clinique présente aussi certains désavantages. On note que
cette pratique pourrait contribuer à la sous-utilisation des compétences des intervenants sur
le plan de leurs habiletés d’évaluation clinique (Martin et al.,, 2011). D’autres avancent
l’idée que cette pratique pourrait nuire à l’établissement de l’alliance thérapeutique avec la
famille et, conséquemment, entraver le travail clinique (Gilbody et al., 2002b; Martin et al.,
2011). Pour certains, cette pratique contribuerait au risque d’étiqueter le client (Hall et al.,
2014).
Par ailleurs, on note que cette pratique pourrait susciter de la désirabilité sociale chez
certains clients (Wodarski et al., 2015). Ceux-ci pourraient donner des réponses plus
10
défavorables pour obtenir des services plus rapides ou, en contrepartie, minimiser
l’évaluation de leur situation pour se sortir d’un service qu’ils ne souhaitent pas obtenir. On
émet également l’hypothèse que certains clients pourraient modifier leurs réponses afin de
ne pas déplaire à leur thérapeute (Bilsker & Goldner, 2002) ou pour poursuivre leur
thérapie (Gelkopf et al., 2015).
Par ailleurs, il appert que l’utilisation d’instruments de mesure peut être irritant pour ceux
qui doivent les administrer en raison du temps requis pour la passation et des coûts
engendrés (Maden, 2003). Cette pratique contribuerait aussi à l’ajout de paperasse, à la
réduction du temps d’intervention et à l’ajout d’un fardeau pour les clients (Hatfield et al.,
2004). Certains questionnent même la capacité des outils de mesure à détecter les
particularités individuelles des clients et considèrent qu’ils sont pour ainsi dire simplistes et
réductionnistes (Gilbody et al., 2002b; Bewick, Trusler, K., Mullin, Grant, & Mothersole,
2006; Meehan, McCombes, Hatzipetrou & Catchpoole, 2006). Enfin, on souligne le fait
que cette pratique peut être coûteuse en temps et en argent (Lyon et al., 2015; Reeves et al.,
2016).
1.3.2 Les facteurs favorisant ou nuisant à l’utilisation d’instruments de mesure dans la
pratique clinique
Dans cette deuxième section, nous présentons les conclusions des études concernant
l’identification des facteurs pouvant favoriser l’utilisation d’instruments de mesure dans la
pratique clinique des intervenants. Les conclusions de ces études sont présentées dans le
tableau 2 (voir annexe B).
Facteurs favorables. Plusieurs facteurs pourraient favoriser l’utilisation d’instruments de
mesure dans la pratique clinique. Parmi ceux-ci, on note le fait que les intervenants aient
une attitude positive concernant l’utilité pratique des outils et l’apport d’informations
complémentaires à leur jugement clinique (Jensen Doss et Hawley, 2010). D’autres
insistent sur l’importance de la formation des intervenants sur les outils (Hall et al., 2014;
Lyon et al., 2015). En outre, certains chercheurs recommandent d’assurer une formation
aux intervenants sur comment introduire les outils aux clients (Rittner et al., 1995; Batty et
11
al., 2013). Dans un autre ordre d’idées, il appert que la rétroaction rapide aux intervenants
sur les résultats obtenus à l’aide des questionnaires contribuerait à leur utilisation (Bewick
et al., 2006; Batty et al., 2013). Enfin, d’autres recommandent de retenir des outils
d’évaluation brefs (Meehan et al., 2006), de réduire le fardeau administratif (Hall et al.,
2014) et de favoriser la présence de mentor (Mellor-Clark, Cross, Macdonald, & Skjulsvik,
2016).
Facteurs défavorables. Les conclusions des études concernant l’identification des facteurs
pouvant nuire à l’utilisation d’instruments de mesure dans la pratique clinique sont
présentées dans le tableau 3 (voir annexe C).
Différentes catégories de facteurs pouvant nuire à l’implantation d’outils d’évaluation
standardisés dans la pratique clinique sont identifiés par les chercheurs. D’abord, sur le plan
de l’administration des questionnaires, certains chercheurs identifient comme facteurs
défavorables le manque de temps des intervenants pour administrer les questionnaires
(principale barrière d’implantation) (Humphris, Littlejohns, Victor, O'halloran et Peacock,
2000; Gilbody, House & Sheldon, 2002a; Hallas, et Melnyk, 2003; Santana, Haverman,
Absolom, Takeuchi, Feeny, Grootenhuis & Velikova, 2015), la difficulté de certains
parents à comprendre les questions (Garland et al., 2003), la nécessité d’aider les clients à
comprendre le sens de certaines phrases surtout avec les items à double négation (Lyon,
Ludwig, Wasse, Bergstrom, Hendrix et McCauley, 2016) et un nombre trop important de
questionnaires (Maden, 2003).
Sur le plan de la pratique clinique, les facteurs nuisibles identifiés sont le manque de
formation des intervenants à l’utilisation et à la passation d’instruments de mesure et à
l’interprétation des résultats (Hall et al., 2014; Lyon et al., 2015; Reeves et al., 2016), le
manque de compréhension des résultats de la part des intervenants (Rochette, Korner-
Bitensky & Thomas, 2009), leur difficulté à introduire les instruments standardisés auprès
des familles et des jeunes (Wodarski et al., 2015) et leur difficulté à faire des liens entre les
résultats obtenus (Maden, 2003) ou à appliquer les résultats dans leur suivi (Gilbody et al.,
2002b).
12
Sur le plan de la valeur intrinsèque des instruments de mesure, d’autres chercheurs
identifient comme facteur défavorable le manque d’assurance des intervenants concernant
les valeurs psychométriques des instruments de mesure (Gilbody et al., 2002b), un doute
concernant la capacité des instruments de mesure à évaluer correctement les changements
chez les clients (Garland et al., 2003), le manque d’adaptation des questionnaires au niveau
du langage et de la culture des clients (Lyon et al., 2016) et le manque de validité de
certaines réponses causé par la difficulté des clients de comprendre les questions (Lyon et
al., 2016).
Enfin, sur le plan institutionnel, certains mettent l’accent sur le manque de ressources
financières de l’établissement (Garland, Haine-Schlagel, Brookman-Frazee, Baker-Ericzen,
Trask et Fawley-King, 2013), le manque de ressources technologiques et administratives
(Gilbody et al., 2002a ; Gilbody et al., 2002b) et l’obligation imposée par l’établissement
d’utiliser des instruments de mesure dans la pratique clinique (Rochette et al., 2009).
1.4 Limites des études
Certaines limites s’appliquent aux études recensées. Concernant les études sur les avantages
et désavantages de l’utilisation d’instruments de mesure dans la pratique clinique notons
que plusieurs articles sont des avis de chercheurs (Slade et al., 1999; Maden, 2003; Kazdin,
2006; Boswell, Kraus, Miller & Lambert, 2013; Hall et al, 2014; Wodarski et al., 2015).
Quelques études ont été réalisées sur la base de l’utilisation d’un nombre limité
d’instruments de mesure (Garland et al., 2003; Jensen Doss et al., 2005). Par ailleurs,
plusieurs études portent sur de petits échantillons de répondants (Coombs et al., 2011 ;
Lyon et al., 2015). Enfin, une seule étude prend en compte le point de vue des clients
(Gelkopf et al., 2015). Il s’agit de 73 clients adultes présentant un diagnostic de maladie
mentale sévère. Aucune étude ne porte sur des parents bénéficiant de services en protection
de la jeunesse.
Concernant les études sur les facteurs pouvant favoriser ou nuire à l’implantation
d’instruments de mesure dans la pratique clinique, ici aussi plusieurs études sont des avis
13
d’auteurs (Rittner et al, 1995; Hallas et al., 2003; Maden, 2003 ; Rochette et al., 2009;
Garland et al., 2013; Hall et al., 2014 ; Mellor-Clark et al.., 2014; Wodarski et al., 2015) et
quelques études portent sur un nombre limité de répondants (Lyon et al., 2016).
Au final, aucune étude recensée ne porte spécifiquement sur l’utilisation et l’implantation
d’un protocole d’évaluation, c’est-à-dire sur un regroupement de nombreux instruments de
mesure standardisés, et aucune étude ne s’est penchée comme tel sur le point de vue des
familles et des jeunes en regard de l’utilité clinique de ce type de pratique.
14
Chapitre 2
Le cadre théorique
Sur le plan clinique, l’utilisation de ce protocole d’évaluation vise principalement à donner
la parole aux familles et aux jeunes, à comprendre leur point de vue et à favoriser leur
participation lors de la planification de l’intervention. Fondamentalement, la visée des
intervenants est le renforcement de leur alliance thérapeutique avec les familles et les
jeunes. D’ailleurs, dans le cadre de la dernière évaluation d’agrément du CJQ-IU, les
évaluateurs externes ont insisté sur l’importance de travailler au renforcement de la qualité
de la relation thérapeutique et de l’alliance thérapeutique entre les familles et les
intervenants. Les résultats de différentes études montrent que l’utilisation des outils
standardisés pourrait nuire à l’alliance thérapeutique (Gilbody et al., 2002b ; Martin et al.,
2011) ou, au contraire, de la contribuer à son établissement (Slade et al., 1999; Batty et
coll., 2013; Gelkopf et coll., 2015). Dans le cadre de ce troisième chapitre, nous présentons
les éléments constitutifs de l’alliance thérapeutique et l’impact de l’alliance thérapeutique
sur l’évolution des clientèles.
D’entrée de jeu, il est important de souligner que l’efficacité de tout type de thérapie
dépend de la capacité du client et du thérapeute de construire une relation de collaboration
(Norcross, 2002). Selon cet auteur, les facteurs les plus fortement associés aux effets de
l’intervention sont, par ordre d’importance, 1- la motivation du client, 2- les facteurs
personnels du thérapeute (notamment leur capacité à établir une alliance thérapeutique) et
3- les techniques d’intervention.
Les auteurs dans le domaine insistent sur l’importance de distinguer la relation
thérapeutique de l’alliance thérapeutique. La première comprend l’ensemble des sentiments
15
et attitudes que le thérapeute et le client ont l’un envers l’autre et la manière dont ils sont
exprimés (Norcross, 2002). Or, la présence d’un lien affectif avec le jeune ne garantit pas la
présence d’une alliance. L’alliance thérapeutique concerne plus spécifiquement le lien
affectif et collaboratif qui se développe dans le cadre du traitement.
3.1 Définition de l’alliance thérapeutique
L’alliance thérapeutique réfère à la qualité et à la force de la relation de collaboration entre
le client et le thérapeute lors de la thérapie (Bordin, 1979, 1983). Les trois caractéristiques
principales de l’alliance thérapeutique sont 1- une entente sur les objectifs de
l’intervention, 2- une entente sur les tâches ou les moyens retenus pour les atteindre et 3- un
lien affectif positif entre le client et le thérapeute caractérisé par la confiance mutuelle, le
respect et la bienveillance. Ce lien permet de négocier les objectifs et les tâches (Hovarth et
Bedi, 2002).
3.2 Impact de l’alliance thérapeutique sur les résultats de l’intervention
L’alliance thérapeutique est plus fortement associée aux effets de l’intervention que les
techniques elles-mêmes (Norcross, 2002; Lambert, Bickman, de Andrade, Doucette,
Sapyta, Boyd, Rumberger & Rauktis, 2004). La taille de l’effet de l’alliance thérapeutique
sur les effets de l’intervention varie entre 0,21 et 0,26 (selon Hovarth et al., 2002) (méta-
analyse de 24 études) ou autour de 0,22 (selon Lambert, 2013) (selon Martin, Garske &
Davis, 2000) (méta-analyse de 79 études). Il s’agit d’une taille d’effet modérée. Quand
l’alliance est mesurée à de multiples reprises au cours du suivi, on note une corrélation de
0,27 entre l’alliance thérapeutique et les résultats de l’intervention (Hovarth et al., 2002).
Enfin, il ressort que l’alliance mesurée au début de l’intervention (entre la 3e et la 5
e
rencontre) semble être un meilleur prédicteur des résultats que l’alliance mesurée au milieu
du suivi (Hovarth et al., 2002).
Certaines données de recherche tendent à démontrer qu’une difficulté à établir une alliance
thérapeutique au cours des trois premières rencontres est plus fortement associée à
16
l’abandon du traitement (ou à une moindre évolution) que le niveau de sévérité des
difficultés présentées par le client, variable qui ne permet pas de distinguer ceux qui
abandonnent de ceux qui vont jusqu’au bout du traitement (Botella, Corbella, Belles,
Pacheco, Herrero, Ribas & Pedro, 2008). En conséquence, l’établissement de l’alliance
thérapeutique constitue une priorité, principalement en début de suivi.
3.3 Rôle de l’alliance thérapeutique
L’alliance thérapeutique est considérée comme le véhicule pour introduire les consignes
thérapeutiques (Biehal, 2008). Elle est considérée comme un médiateur important du
changement (Ruch, 2005 dans Biehal, 2008), une précondition pour que les techniques et
les procédures aient des effets bénéfiques sur le client (Botella et al., 2008). Dans les
situations où l’intervenant n’est pas capable d’établir une alliance thérapeutique,
l’intervention se traduit généralement par un abandon du suivi ou un échec (Biehal, 2008).
17
Chapitre 3
Méthodologie
Ce quatrième chapitre vise à présenter les aspects méthodologiques de l’étude. Dans
l’ordre, nous présentons l’approche privilégiée, le type de recherche, le paradigme
épistémologique, le contexte de l’étude, le protocole d’évaluation utilisé, la population à
l’étude, le tableau d’opérationnalisation de l’étude, l’instrument de mesure utilisé et nous
discutons des aspects éthiques de la recherche.
3.1 La stratégie de recherche
3.1.1. L’approche privilégiée
Pour documenter la perception des répondants concernant l’utilisation du protocole
d’évaluation familiale (PEF), la présente étude s’appuie sur une approche qualitative en
dans une démarche inductive de recherche. Le choix de cette approche se justifie par le fait
que l’on s’intéresse à la perspective des acteurs dans une situation donnée. Ainsi,
l’implantation du PEF constitue un « phénomène qui peut être décrit et compris à partir des
significations que les participants donnent aux événements » (McMillan et Schumacher,
1989, p. 93, cité par Chevrier, 2009) dans « l’espoir de faire avancer les connaissances »
(Chevrier, 2009, p.74) dans le contexte de la pratique clinique au Centre Jeunesse de
Québec. Une démarche méthodologique inductive de nature qualitative permet de porter
une attention particulière aux perceptions, croyances et expériences des personnes (Mayer,
Ouellet, St-Jacques et Turcotte, 2000; Strauss et Corbin, 2004). L’approche qualitative
s’intéresse à la subjectivité des acteurs et à leur interprétation des phénomènes sociaux
(Deslauriers, 1991). Dans la présente étude, le choix d’une approche qualitative se justifie
par l’objectif principal poursuivi, soit connaître les perceptions et points de vue des familles
18
en difficulté appelées à remplir des questionnaires (protocoles d’évaluation familiale) en
contexte d’intervention en protection de l’enfance.
3.1.2 Type de recherche
Considérant les objectifs de la présente étude ainsi que l’état actuel des connaissances sur
ce sujet, une recherche de type exploratoire sera privilégiée. En effet, malgré une volonté
de plus en plus affirmée de recourir à l’évaluation systématique dans les pratiques
d’intervention, les connaissances sur l’expérience et le point de vue des usagers dans un tel
contexte demeurent encore limitées. La recherche de type exploratoire permet de mieux
comprendre la complexité de certains phénomènes sociaux et de porter une attention
spécifique aux préoccupations vécues par les acteurs (Deslauriers et Kérisit, 1997). Pour
augmenter la validité interne de cette étude, les trois chercheurs impliqués dans cette étude
ont mis en commun leur perception des entretiens enregistrés. Cette triangulation entre
chercheurs permet de réduire les biais propres de l’interprétation que peut faire chacun
d’eux.
3.1.2 Paradigme épistémologique
Les approches qualitatives de recherche sont étroitement reliées au paradigme
épistémologique constructiviste. Ce paradigme remet en question l’objectivité et la
neutralité de la science issue du paradigme de la recherche traditionnelle positiviste,
puisque l’investigateur et l’investigué sont réunis dans une seule entité interactive et les
résultats de la recherche sont créés à travers cette interaction (Guba & Lincoln, 1994).
Selon ce modèle, il n’y a pas de réalité unique mais plutôt des réalités multiples influencées
par le contexte. L’accent est mis sur le caractère intersubjectif de la réalité, laquelle n’existe
pas indépendamment du sujet (Von Foërster, dans Segal, 1994). Autrement dit,
l’expérience de chaque personne et le contexte dans lequel elle se produit contribue à la
construction émergente de la réalité qui est intersubjective dans la relation entre personnes
à travers le langage. C’est cette réalité que nous souhaitons documenter afin de mieux saisir
l’expérience des répondants. D’ailleurs, c’est leur expérience d’avoir complété un protocole
d’évaluation que nous souhaitons documenter. Ces informations permettront de mieux
saisir la posture, l’attitude des répondants face à cette pratique et à mieux cerner leur
19
compréhension de cette pratique. D’ailleurs, les répondants qui ont participé de cette étude
sont les seuls à pouvoir nous informer de l’utilité ou non de cette pratique à partir de ce
qu’ils peuvent communiquer sur leur vécu: ont-ils appris quelque chose sur leur réalité en
complétant ces questionnaires; les résultats obtenus leur ont-ils été utiles dans leur
engagement dans l’intervention; ont-ils perçu une certaine utilité dans leur relation avec
leur intervenant.
3.2 Le contexte de l’étude
Telle que mentionnée auparavant, le contexte de cette étude comporte l’implantation d’un
protocole d’évaluation familiale (PEF) dans la pratique clinique de Centre Jeunesse de
Québec, ainsi que l’évaluation de cette implantation de la part des propres usagers. Cela
résulte convenable d’indiquer que la présente étude s’inscrit dans un projet d’évaluation
plus vaste conduit par Châteauneuf et Arseneault (2015) au Centre Jeunesse de Québec –
Institut Universitaire intitulé « L’implantation et utilisation du protocole d’évaluation
familiale : positions des intervenants, des gestionnaires et des familles ».
3.2.1 L’étude principale
L’étude principale plus ample s’appuie sur un devis d’évaluation mixte, comprenant trois
volets : Le premier volet consiste à mesurer, quantitativement et en deux temps de mesure,
la perception de l’ensemble des intervenants de l’application des mesures (environ une
centaine) quant aux différents aspects liés à l’implantation du protocole, afin de documenter
le niveau d’utilisation du protocole dans les pratiques des intervenants et l’efficacité des
stratégies d’implantation mises en place pour faciliter leur intégration. Parmi les aspects
explorés par un sondage, s’incluent la formation, la mobilisation, la perception de la
pertinence et l’utilisation des ressources. Ce sondage a aussi permis de dresser un portrait
de l’état d’avancement de l’implantation du protocole. Le deuxième volet vise à obtenir le
point de vue d’intervenants sociaux (n=20) ayant utilisé le protocole d’évaluation ainsi que
celui des gestionnaires chefs d’équipe dans le secteur de l’application des mesures (n=5)
cette fois à partir d’une approche qualitative. Finalement, le troisième volet, sur lequel va
20
porter la présente étude, concerne la perception de familles et leurs impressions en regard
de la passation et de l’utilité clinique du PEF.
3.2.2 Le protocole d’évaluation familiale (PEF) au CJQ-IU
Le protocole d’évaluation du fonctionnement de la famille (PEF) dont son implantation est
au centre de l’évaluation des différents acteurs concernés, dans notre cas des familles que
l’ont utilisé, a été développé par l’équipe scientifique de l’Institut universitaire du Centre
jeunesse de Québec. Rappelons qu’un protocole d’évaluation est le résultat de la
combinaison de plusieurs instruments de mesure standardisés et de questionnaires maison
visant à évaluer différents besoins chez la clientèle ciblée. Le protocole utilisé au CJQ-IU
vise à évaluer les principaux besoins de la famille et de ses membres. Cette pratique est
implantée au Centre jeunesse de Québec depuis 2015.
Le tableau 4 vise à présenter les différents questionnaires qui composent le protocole
d’évaluation utilisé au Centre jeunesse de Québec. Le choix de ces questionnaires a été fait
sur la base de leurs qualités psychométriques et de leur pertinence en regard des dimensions
à évaluer (voir Annexe D).
3.3 La population à l’étude
La population à l’étude est constituée de familles suivies par les services du Centre
Jeunesse de Québec - Institut universitaire (CJQ-IU) ayant passé au moins une fois le
protocole d’évaluation familiale. Il s’agit de familles en situation de difficulté qui, pour
diverses circonstances, n’ont pas été en mesure de garantir la sécurité ou de promouvoir le
développement de leurs enfants. Ces familles sont accompagnées par des intervenants de
l’application de mesures au CJQ-IU.
21
3.4 Échantillonnage
3.4.1 Méthode et techniques
Dans la présente étude, un échantillonnage par cas multiple, en l’occurrence l’échantillon
par homogénéisation a été privilégié. Cet échantillonnage se dérive des caractéristiques du
groupe étudié et de leur relative homogénéité reliée au milieu qui entoure ses membres. Ce
« milieu est organisé par le même ensemble de rapports socio-structurels » (Bertaux, 1980,
p. 205). Il s’agite d’un groupe bien précis de parents qui sont passés les questionnaires du
PEF et qui ont reçu leur bilan de résultats en tant qu’usagers à l’application de mesures du
Centre Jeunesse de Québec institut universitaire. La technique de volontaires a été choisie
dans le sens que les familles ont été informées de la tenue du projet et choisissaient d’y
participer ou non. Il a été convenu de réaliser 12 entretiens avec des familles, correspondant
aux critères établis, suivant les conclusions de l’étude de Guest, Bunce et Johnson (2006)
qui montre qu’après la douzième entrevue, la cueillette d’informations atteint un point de
saturation, c’est-à-dire que l’information obtenue commence à se répéter, ce qui indique
que l’ensemble de données sur le sujet est complet (Bowen, 2008).
3.4.2 Critères d’inclusion
L’aide des intervenants à l’application de mesures a été sollicitée pour cibler les familles
qui pouvaient potentiellement être recrutées. Les familles choisies pour cette étude ont dû
passer au moins une fois le protocole d’évaluation familiale (PEF) et avoir reçu une
rétroaction de résultats de la part de leur intervenant de l’application de mesures à travers
un bilan clinique3 produit par un système informatique à la suite de la passation du
protocole PEF. Ces questionnaires sont complétés par les parents et les jeunes de plus de 12
3 Ce bilan clinique est un document résumé qui organise les données dans des catégories et des sous-
catégories parmi lesquelles se trouvent : les caractéristiques démographiques, la stabilité du milieu de vie du
jeune et de la famille, les ressources des parents, la détresse psychologique vécue par les figures parentales et
les événements stressants, l’histoire des parents et la dynamique du couple et finalement, le fonctionnement
de la famille. Ce bilan permet de faire une rétroaction auprès de la famille et de travailler avec celle-ci le plan
d’intervention.
22
ans généralement dans les trois mois suivant le début de l’entrée à l’application des mesures
suite à l’évaluation du signalement. L’intervenant doit préalablement établir son lien avec
la famille avant de proposer le protocole d’évaluation à la famille afin de s’assurer que la
famille et le jeune sont disposés à répondre de façon honnête aux questionnaires. Au total,
12 familles ont participé à l’étude.
3.4.3 Modalités de recrutement
Pour recruter les familles participantes, les intervenants sociaux du secteur de l’application
des mesures ont été mis à contribution. Lorsqu’un nouveau protocole était saisi par
l’assistant de recherche de l’Institut universitaire du Centre jeunesse de Québec, le
chercheur responsable ou son auxiliaire de recherche avisait l’intervenant responsable que
la famille évaluée était admissible au projet de recherche. Suite à la rencontre au cours de
laquelle les résultats de l’évaluation sont présentés à la famille (bilan clinique),
l’intervenant informait la famille concernée de la tenue du projet de recherche en lui
remettant une feuille synthèse du projet (feuillet explicatif). Si la famille s’avérait
intéressée, l’intervenant remplissait ensuite avec le ou les parents le formulaire
d’autorisation de transmission des coordonnées téléphoniques permettant à un assistant de
recherche de les téléphoner pour la tenue d’un entretien. Dans les deux semaines suivant la
réception du formulaire d'autorisation, l’assistant de recherche entrait en contact avec la
famille par téléphone pour lui expliquer le projet de même que la teneur de la participation
attendue. Si la famille était toujours disposée à participer au projet, l’entretien pouvait avoir
lieu sur le champ ou un rendez-vous était fixé dans les jours suivants, selon les
disponibilités de la famille.
Avant d’amorcer l’entretien de recherche, l’assistant prenait soin d’obtenir le consentement
verbal de la famille suite à la lecture du formulaire de consentement (les appels étaient
enregistrés tel qu'indiqué dans le formulaire de consentement). L’entretien durait par la
suite une trentaine de minutes. Lorsque le questionnaire était terminé, l’assistant avisait la
famille qu’il ferait un envoi postal dans les jours suivants. Cet envoi contenait une
compensation financière de 20$ (sous forme de carte cadeau). Le numéro de suivi sur les
cartes cadeaux permet quant à lui de confirmer l'utilisation de la carte. En plus d’éviter des
23
frais de déplacements, cette façon de procéder évite que l’intervenant responsable soit
présent lors de l’entretien, ce qui pourrait compromettre le caractère confidentiel de la
participation de la famille au projet de recherche.
3.4.4 Opérationnalisation de concepts
Les objectifs de la présente étude sont de documenter la perception des parents en lien avec
les conditions et le processus de passation des questionnaires associés au protocole
d’évaluation familiale et d’examiner leurs perceptions concernant l’utilité clinique de cette
pratique pour répondre à leurs besoins.
Sur la base de ces objectifs, deux concepts méritent d’être opérationnalisés sur le plan
méthodologique, soit celui de «perception des répondants» et celui d’«utilité sur le plan
clinique ». Le tableau 1 suivant permet de mieux définir ces deux concepts et dresse un
portrait des différents sujets abordés avec les familles au cours des entretiens. Le concept
de « perception » fait référence à la compréhension de la réalité à partir de la perspective
des acteurs sociaux concernant la passation du PEF. Par ailleurs, le concept d’«utilité sur le
plan clinique» renvoie à l’utilisation faite par la famille des résultats présentés par
l’intervenant social suite à la passation des questionnaires.
Tableau 1. Opérationnalisation des concepts
Concepts Dimensions Indicateurs
Perception des
répondants
- Réfère à la compréhension des
répondants concernant le contenu du
protocole.
- Réfère à la compréhension des
répondants sur la manière de
compléter les questionnaires.
- Réfère à la facilité ou non de
compléter les questionnaires.
- Réfère à la facilité ou non de
répondre aux questions.
- Est-ce que le contenu du protocole semble
clair pour les répondants?
- Est-ce que les instructions données aux
répondants pour compléter les
questionnaires étaient précises et adéquates?
- L’intervenant a-t-il vérifié la
compréhension des questionnaires par les
répondants et leur capacité de lecture?
- Est-ce que certaines questions se sont
avérées gênantes ou plus difficiles à
24
- Réfère aux craintes pouvant être
vécues par les répondants quant à
l’utilisation des réponses par les
intervenants.
- Réfère au temps requis pour
compléter les questionnaires inclus
dans le protocole.
comprendre?
- L’intervenant a-t-il rassuré la famille sur le
fait que leurs réponses visent essentiellement à
cerner leurs besoins et à évaluer les
interventions?
- Est-ce que les intervenants ont bien informé
les répondants sur la charge de travail exigée
et sur le temps requis pour compléter les
questionnaires?
Utilité sur le
plan clinique
- Réfère aux apprentissages faits par
les répondants au cours de la
complétion des questionnaires
- Réfère à la rétroaction de
l’intervenant.
- Réfère à la compréhension des
répondants de leur situation.
- Réfère à l’impact du protocole sur
l’intervention.
- Réfère à l’établissement du lien
thérapeutique des répondants avec
l’intervenant
- Les répondants ont-ils eu l’impression que
le fait de répondre aux questionnaires leur
permettait de réfléchir à leur situation
personnelle et familiale?
- L’intervenant a t-il pris le temps
d’expliquer aux répondants les résultats
obtenus et de répondre à leurs questions?
- Les résultats obtenus et le suivi clinique
effectué par l’intervenant ont-ils permis aux
répondants de mieux comprendre leur
situation et d’être mieux compris par
l’intervenant?
- L’intervenant a t-il utilisé les résultats du
PEF dans la planification de l’intervention?
- Le fait de compléter le protocole a-t-il
contribué au renforcement du lien
thérapeutique?
3.4.5 Instruments de la collecte de données
Afin d’accéder à l’information et aux perceptions des répondants, l’entretien semi-structuré,
à questions ouvertes a été choisi comme méthode de collecte de données pour cette
recherche. Ces entretiens se sont fait par téléphone et chacune d'entre elles a eu une
moyenne de 30 minutes, étant enregistrée à travers un magnétophone afin de permettre leur
transcription intégrale. Les guides d’entretiens semi-structurées permettent au chercheur
d’adopter une attitude semi-directive afin de « centrer les propos du narrateur sur certains
thèmes limités par l’objet de la recherche » (Mayer et al., 2000, p. 183). En plus, selon
Poupart (1997), l’entretien à question ouverte de type qualitatif constitue une « porte
25
d’accès aux réalités sociales » et permet d’expliquer la réalité du point de vue des acteurs
concernés par le sujet étudié. La décision de cette approche méthodologique repose sur la
pertinence d’explorer directement, à travers l’entrevue, les points de vue des familles et de
questionner leur expérience en lien avec le protocole. L’élaboration préalable d’un guide
d’entretien permet d’établir un certain nombre de thèmes à aborder, mais il ne détermine
pas la façon exacte de poser les questions à la famille; l’entretien qualitatif semi-dirigé est
évolutif et le contenu n’est jamais totalement prévisible. Le schéma d’entrevue est présenté
dans l’annexe E. Le formulaire de consentement (familles) est présenté en annexe F. Enfin,
le formulaire d’autorisation de transmission d’informations est présenté en annexe G.
3.5 Analyse des données de recherche
L’analyse de contenu des données « est une méthode qui se veut capable d’effectuer
l’exploitation totale et objective des données informationnelles (…) et qui vise à faire
ressortir ce que le texte signifie » (Muchielli, 1974, dans L’Écuyer, 1990, p. 8). Cette
démarche a été réalisée à partir d’une approche inductive, dans le contexte d’une recherche
exploratoire, en partant des données brutes qui permettent d’accéder à de nouvelles
compréhensions sur des phénomènes sociaux, comme celui de la perception des usagers sur
l’implantation des outils standardisée dans la pratique clinique au Centre Jeunesse de
Québec. Plusieurs étapes proposées par Mayer et al., (2000) ont été considérés dans la
présente étude concernant l’analyse de données de recherche. Une première étape consiste
à préparer le matériel en ce qui concerne à la transcription intégrale de chaque entrevue
enregistrée en protégeant l’identité de chaque répondant en assignant un code par famille
(F1, F2… à F12). La deuxième étape est la pré-analyse de l’information, à travers la lecture
flottante de la totalité du matériel comme une immersion initiale reliée au phénomène
étudié. Ensuite, la sélection des extraits autour des unités d’analyses proposées dans le
tableau 1, autour des concepts opérationnels de «perception » et d’« utilité ». Cette
réorganisation d’information permet l’émergence de certaines hypothèses, en tant
qu’explications provisoires et préliminaires à être vérifiées dans l’analyse autour des unités
d’analyse. La troisième étape, c’est une période de codage, de découpage, de raffinement
des catégories et de l’émergence des autres qui sont le produit des nuances issues de la mise
26
en relation de l’information regroupée, soit de façon inductive, à travers la similitude des
données ou, de façon déductive, reliée à une théorie existante (Mayer et coll. 2000). Même
s’il s’agit d’une étude qualitative, c’est pertinent de tenir compte du nombre de fois qu’une
certaine idée ou un mot est mentionné par les répondants pour se faire une image de sa
présence dans de différents contextes où elle est mentionnée. La dernière étape, consiste à
interpréter les résultats pour leur donner une signification contextuelle.
3.6 Les aspects éthiques
Cette étude s’inscrit dans le cadre d’un projet de recherche plus vaste dirigé par Doris
Châteauneuf, co-directrice de ce mémoire. Cette recherche plus vaste a obtenu une
approbation du comité d’éthique et de la recherche du Centre jeunesse de Québec. Le
numéro du projet est 2015-08.
La réalisation de cette étude comporte des enjeux éthiques qui concernent la protection des
personnes en situation de vulnérabilité. En effet, la préservation de la confidentialité des
données a été un aspect essentiel. D'un côté, les données enregistrées à travers un système
d'audio ont été gardées soigneusement par les membres de l'équipe de recherche. Tout
prénom ou nom de famille des participants, ainsi que toute autre donnée permettant
d’identifier une personne ou une famille ont été retirés des transcriptions et du mémoire lui-
même. De plus, considérant que le sujet de cette étude porte en partie sur des éléments de
la relation thérapeutique entre l'intervenant et la famille, en aucun temps les intervenants
n’ont pu avoir accès aux données de recherche.
Les familles contactées pour participer au projet avaient au préalable reçu un document
écrit sur l'étude, ses objectifs, les avantages et les inconvénients de leur participation ce qui
a permis à chacune d'entre elles de prendre une libre, volontaire et éclairée quant à leur
participation. À cet égard, elles ont donné leur consentement verbal à un membre de
l’équipe de recherche qui a procédé à l’enregistrement de ce consentement avant la tenue de
l’entretien comme tel. Chaque participant a été informé de son droit d’arrêter sa
27
participation à l’entrevue téléphonique, ainsi que de son droit de recevoir une compensation
financière de 20$ pour sa contribution à l’étude.
28
Chapitre 4
Résultats
Cette section vise à présenter les résultats de la recherche. Elle se divise en deux parties
principales, une première portant sur les perceptions des participants en lien avec la
passation et le contenu des questionnaires et une deuxième qui s’intéresse plus
spécifiquement à comment les parents abordent et se positionnent à l’égard de l’utilité
clinique du protocole d’évaluation familiale.
4.1 Perception en lien avec la passation
4.1.1 Présentation du PEF par l’intervenant
Avant que les familles débutent la passation des protocoles, les intervenants ont présenté le
protocole d’évaluation familiale aux parents et leur ont proposé, sur une base volontaire, de
remplir les questionnaires. Les répondants font mention de différents termes pour désigner
la façon dont le protocole leur a été présenté: un outil d’évaluation, un outil pour une
recherche, un sondage, un formulaire, une évaluation, un outil familial, un portrait familial,
un projet pilote. À cet égard, la famille (F) No.4 (F4) a indiqué que l’intervenante « nous a
demandé si ça nous intéressait de faire partie d’un projet-pilote. J’ai dit oui » (F4).
Une majorité de répondants (8 sur 12) a affirmé avoir reçu des informations claires de la
part de leur intervenant au moment de la présentation des questionnaires. Par exemple, des
participants se sont fait dire par leur intervenant que le PEF avait pour objectif central
d’évaluer leur propre situation familiale ou encore qu’il leur permettrait de bénéficier de
l’amélioration des services.
29
On m’a proposé de prendre ce sondage… que ça pourrait vraiment nous aider, de cibler la
problématique familiale donc, j’ai accepté de le faire (F2).
Oui, oui. Pour eux, afin de m’apporter un service qui correspondait plus précisément à mes
besoins et aux besoins des enfants. Que ça les aidait à guider pour m’offrir un service plus
efficace (F6).
Ainsi, selon certains participants, les intervenants insistaient sur l’intérêt et les avantages de
la passation du PEF pour leur famille, ce qui encourageait ces dernières à participer : « De
la manière qu’elle m’a expliqué le principe et tout. Elle dit « Ça, ça va nous donner un bilan
pour pouvoir vraiment cibler, vous apporter le soutien qui vous correspond ». « C’est
comme faire un plan d’intervention », elle dit « Je vais individualiser ». Donc, moi je l’ai
perçu de même. C’est pour ça que moi, j’ai donné mon accord tout de suite » (F6).
Par ailleurs, deux répondants indiquent que la passation des protocoles semblait davantage
relevée d’une tâche à remplir pour l’intervenant :
Bien, euh, elle (l’intervenante) avait l’air un peu perplexe elle aussi, à savoir à quoi ça allait
servir, elle savait que c’était par rapport à une étude, puis elle, elle était comme euh, dans le
devoir, je crois, de les donner et de l’offrir à, à euh… Pas à ces clients, en tout cas, je ne sais
pas trop comment dire ça, aux parents des enfants avec qui… qui sont dans les dossiers (F10).
Finalement, un répondant avait l’impression que le PEF n’avait pas de lien avec sa situation
particulière, même si son intervenante avait une impression opposée :
Elle (l’intervenante) trouvait que j’étais une personne intéressante pour ce type de
questionnaires-là. Puis, c’est nouveau elle ». (…) « Des avantages pour moi, je ne suis pas sûre
qu’il y en a ». (…) « ça ne s’appliquait pas tout à moi non plus là… Je… Tu sais, je ne suis pas
le cas classique de la DPJ non plus, ça fait que…(F9).
4. 1.2 Soutien reçu de l’intervenant
Lors des entretiens, les participants étaient questionnés sur le soutien reçu de la part de leur
intervenant au moment de la passation des questionnaires. Les deux tiers des répondants (8
sur 12) affirment que leur intervenant était disponible pour les aider à bien comprendre les
questions et à remplir les questionnaires du PEF si nécessaire :
Oui, parce que c’est sûr qu’il y avait des questions qui me laissaient perplexes et c’est
justement [nom de l’intervenante], elle m’a guidée là-dedans pour m’aider à mieux comprendre
30
le sens… c’était quoi la question précisément. Des fois, c’était plus ou moins embêtant à
répondre, elle m’a accompagnée là-dedans (F6).
Bien que six répondants aient affirmé avoir rempli la totalité de questionnaires du PEF
seuls, l’autre moitié a sollicité l’aide de leur intervenant afin de les remplir. Sur ces 6
participants, 3 ont complété les questionnaires entièrement avec leur intervenant et 3 autres
ont complété le PEF en partie seuls et en partie avec l’aide de leur intervenant : « Je l’ai
complété seule à la maison en fait, mais j’avais toujours la possibilité de lui poser des
questions advenant le cas qu’il y ait quelque chose qui n’était pas très clair. On a fait un
retour de toute façon avec ce questionnaire-là avant de l’envoyer aux fins d’analyse » (F2).
Une autre famille : « Oui, bien... Dans le fond, elle m’avait donné les documents en
premier, pour que je le fasse toute seule, puis après ça, bien, on l’a faite ensemble
finalement » (F7).
Concernant la capacité des répondants à remplir les questionnaires de façon autonome, un
répondant mentionne que le niveau de scolarité des parents était un critère utilisé par son
intervenant afin de déterminer la nécessité ou non de compléter les questionnaires avec
eux :
Il me semble que oui, elle m’avait euh… donné des instructions que c’était des questions
qu’elle n’avait pas besoin que je sois avec elle… euh, qu’elle soit avec moi, parce que, j’avais
une instruction plus haut qu’un secondaire 5. Donc... mais ceux-là, en bas de secondaire 5, si je
ne me trompe pas, il fallait qu’elle aille avec la personne puis qu’elle reste avec elle (F8).
Parmi les six répondants qui ont demandé de l’aide aux intervenants, certains ont affirmé
que cette aide avait été déterminante afin de réussir à comprendre et à remplir les
questionnaires. Une répondante explique que le fait d’avoir eu des difficultés avec
certaines questions l’a amenée à demander l’aide de son intervenante et à remplir avec elle
une partie des questionnaires : « Euh, oui, elle l’a rempli avec moi. Elle l’a rempli avec
moi, puis elle avait commencé à le remplir aussi avec mon garçon ». (…) « moi, je l’ai
rempli avec mon intervenante en plusieurs fois » (F12). La famille 6 affirmait que « Oui, je
veux dire… l’aide de l’intervenante. Ça, c’est super. Ça ne m’a pas été : « Tiens, remplis
ça et débrouille-toi avec ça ». J’ai vraiment eu… ça aide beaucoup ». (…) «L’ensemble des
questions c’était quand même pas pire » (F6).
31
Par contre, trois parents soutiennent que lorsque leurs enfants ou adolescents doivent aussi
remplir le PEF, davantage d’accompagnement serait nécessaire de la part des intervenants.
Selon la perception d’un de ces répondants, parfois les adolescents ne demandent pas
directement de l’aide de l’intervenant ou croient qu’ils ont bien compris, alors que ce n’est
pas toujours le cas. Selon les parents, ce manque d’accompagnement affecte la
compréhension des questions par les adolescents et peut mener à des réponses erronées :
Je pense qu’il aurait peut-être fallu avoir un petit peu plus d’explications à l’adolescente. Pour
elle… je pense qu’elle a trouvé ça un peu plus difficile ou elle a mis moins d’efforts pour le
remplir ou elle ne le comprenait pas trop (…) elle a comme « Bon, je ne comprends pas et
j’écris à peu près n’importe quoi » (F5).
4.1.3 Perceptions des répondants en regard des questions
Dans cette section, nous discuterons plus en détail de la perception des parents à l’égard
des questions contenues dans le protocole d’évaluation et de leur facilité ou difficulté à
répondre à celles-ci. Une majorité de parents (8 sur 12) a déclaré que de façon générale les
questions étaient claires et bien formulées. De plus, la moitié d’entre eux (6 sur 12)
considérait que le PEF était quand même facile à remplir. En outre, un des répondants
affirme que l’action de remplir les questionnaires ne requiert pas trop de concentration car
les questions sont claires et bien posées : « Oui, oui. La clarté, ça, c’était correct. Les
questions étaient quand même très bien, en tout cas, formulées » (F12).
Les questions ne sont pas compliquées. Je n’avais pas besoin vraiment d’être hyper concentrée
sur le questionnaire. J’étais capable de quand même faire autre chose en même temps que les
questions. C’était quand même bien posé. (…) J’ai une garderie et j’ai fait ça à temps perdu
pendant les dodos, les temps morts. (…) Si je mets ça bout à bout, ç’a peut-être pris une heure?
Oui, environ (F2).
Cependant, deux répondants qui ont complété la passation du PEF sans l’aide de leur
intervenant ont affirmé que la relecture des questions leur a permis finalement de bien les
comprendre : « Oui, c’était quand même très clair les questions ». (…) « …si je n’étais pas
sûr là du sens de la question, je prenais mon temps pour la relire pour comprendre vraiment
le sens-là, mais c’était plutôt rare que j’aie besoin de la relire une deuxième fois » (F8).
32
Par contre, la moitié des répondants (6 sur 12) affirment avoir rencontré différentes
difficultés en lien avec les questionnaires. La compréhension de certains mots, par exemple,
empêchait un répondant de bien saisir l’énoncé en entier dans une phrase :
… les mots des fois je ne savais pas là… Elle me le disait ce que ça voulait dire là . (…) Il y a
des phrases… Elle ne savait pas comment m’expliquer là. Il y a des phrases que je savais, mais
il y a des phrases qui n’expliquaient pas bien, bien. Bien, ils expliquaient mais moi, je ne savais
pas ce que ça voulait dire là (F11).
À l’égard des échelles de réponses, quatre répondants apportent leur point de vue. Deux
d’entre eux disent que certaines questions étaient trop générales et exigeaient une réponse
fixe et stable pour une dimension irrégulière et changeante dans le temps. Par exemple, en
lien avec l’expérience de séparation, un participant mentionne que certains points le
stressent et d’autres non et que cela dépend aussi des journées. Lors de la question : « Dans
quelle mesure votre situation de séparation vous stresse présentement? » il disait : « Ce
n’est jamais pareil, pareil. Oui, il y a des fois où ça va bien, mais s’il arrive une journée que
ça ne va pas, comment je réponds à ça? » (F6).
Dans la même ligne, un autre répondant affirme que parfois, l’expérience vécue par un
individu est tellement particulière et nuancée, que les options de réponse offertes reliées à
un énoncé ne permettent pas d’exprimer et de refléter sa réalité : « Ç’a été de répondre…
J’ai trouvé difficile de répondre… de mettre ma situation de côté pour répondre avec…
globalement… ».[…] « …On ne sait pas trop, on répond-tu globalement ou on répond avec
notre situation présente? » (F2).
Afin de régler ce problème et d’augmenter la cohérence des résultats, ce même répondant
propose de préciser des périodes de temps spécifiques, de façon à ce que le répondant
puisse ajuster sa réponse selon la période ciblée. Le fait de devoir répondre de façon
globale ne représente qu’une partie de la réalité vécue par cette famille :
Les questions devraient… comme de prendre les deux derniers mois, exemple, puis là
répondre. Là, ce n’est comme pas indiqué. On ne sait pas trop, on répond-tu globalement ou on
répond avec notre situation présente? Ce petit bout-là qui était peut-être un petit peu moins
clair dans mon cas (F2).
33
Dans le même ordre d’idées, ce même répondant a trouvé difficile de répondre à l’ensemble
du PEF, parce qu’il vivait à ce moment-là une période particulièrement difficile :
…les réponses sont différentes quand on est dans une situation de crise que dans une situation
qui est normale. Moi, ç’a été mon cas… ç’a été une semaine où il y avait eu une crise. Donc,
ç’a été un petit peu difficile pour moi de dire « Bon, je ne prends pas cette semaine, je prends la
semaine v’là deux semaines, par exemple, pour répondre à ça (F2).
Un autre répondant affirme que pour certaines réponses, il serait utile d’ajouter une option
de réponse supplémentaire car il a trouvé difficile le fait de devoir fournir un choix de
réponse précis alors qu’aucun de ces derniers ne correspondait à sa situation.
Deux répondants ont mentionné que certaines questions du protocole pourraient être plus
précises et formulées plus simplement. La complexité des choix de réponse et la nuance
parfois difficile à établir entre ceux-ci a aussi été soulevée par certains répondants. Par
exemple, un des répondants souligne que la présence d’expressions comme « un peu »
« beaucoup » dans les options de réponse entraîne une certaine ambivalence face à la
réponse à donner :
Oh mon Dieu… [réflexion] qu’est-ce que j’ai trouvé le plus difficile à répondre? Je dirais
quand c’est beaucoup de réponses : «totalement en désaccord », « un peu en désaccord » (…)
«je trouve que la palette d’échelle… je trouve ça compliqué des fois. La ligne un peu mince
entre chaque… (F1).
En ce qui concerne le contenu des questions et la facilité d’y répondre, quatre participants
ont trouvé difficiles certaines questions trop intimes. Deux affirment que les questions
touchaient des aspects douloureux de leur histoire personnelle. À cet effet, un des
répondants remettait en question la pertinence et l’utilité de poser ce type de question : « Je
vous dirais qu’il y en avait qui étaient faciles à répondre, mais d’autres que ça allaient
vraiment très loin, profond. Ça réveillait des choses. Je trouvais que c’était bien quand
même. […] Oui, c’est ça que je me disais « Ça va servir à quoi? » (F4).
Par ailleurs, les répondants n’ont pas spécifié quelles questions exactement du protocole
étaient perçues comme trop intimes ou non pertinentes. Cependant, la majorité de
répondants considère quand même acceptable et justifié qu’un outil d’évaluation familiale
34
implique ce type de questions un peu plus personnelles dans la mesure où celles-ci sont
parfois associées à des facteurs de stress familial.
Certaines réactions des répondants en lien avec la passation du PEF étaient davantage
reliées à la longueur et à la structure des questionnaires. La longueur de l’ensemble des
questionnaires et la répétition de certaines questions sont les deux aspects qui ont suscité
des réactions parmi les répondants. Sept répondants mentionnent la longueur du protocole
comme la principale difficulté rencontrée dans l’exercice de la passation du PEF. Par
exemple, deux répondants mentionnent avoir rempli le PEF en deux séances, tandis qu’un
autre a affirmé avoir consacré « deux, trois heures, certain » pour le remplir : « Ma
première question c’est : pourquoi un formulaire si épais » (F6). «… mais elle
(l’intervenante), elle me l’a fait en deux coups, à cause que c’était trop long. Il y a une
journée qu’elle en avait faite, puis après ça elle est revenue une autre fois puis on avait fini»
(F11).
Différentes nuances et explications sont apportées par les répondants relativement à la
longueur des questionnaires. Ainsi, selon un répondant, la longueur peut affecter la validité
de l’instrument d’évaluation. D’autres affirment que cet aspect peut dissuader les parents à
le remplir, même s’ils étaient d’accord au départ pour participer : « C’était long. Oui, c’était
long. […] moins long, peut-être que ça pourrait aider aussi. Les gens ne voudront plus faire
le questionnaire, parce qu’il y a, il y avait plusieurs questions-là » (F7).
D’autres disent que le travail des intervenants et des parents pourrait être réduit en
diminuant le nombre de questions et en augmentant la précision de ces dernières :
…le questionnaire en soi pourrait être simplifié avec des questions plus simples et précises.
(…) Je l’ai trouvé très, très long. Je veux dire, il est épais, épais, épais, épais. Au sens que le
principe de recueillement des données des parents, de la situation familiale et tout pourrait être
simplifié vraiment. Ça simplifierait tant le travail des intervenants que pour les parents aussi
(F6).
Un participant considère également que ce serait pertinent d’avertir les parents que
l’exercice de passation du PEF prend « un bon bout de temps » et de les préparer afin qu’ils
se prévoient une ou des périodes de temps réalistes et ajustées à la longueur du PEF : « Je
35
pense que peut-être avertir les gens que ça prend quand même un bon bout de temps à
remplir. C’est quand même assez long à remplir » (F5).
À l’opposé, trois répondants n’ont pas vécu de difficultés en lien avec la longueur du PEF :
«… je n’ai pas trouvé ça trop long en tant que tel » (F8).
La répétition des questions constitue également un facteur problématique pour certains
parents. À cet effet, 7 répondants ont noté que plusieurs questions revenaient. Quatre
participants ont jugé que cela était une façon de vérifier la consistance des réponses
fournies par le répondant : «…à moment donné tu comprends que la même question revient
sous différents angles. Je pense que c’est ça… j’ai vite compris que c’était vraiment pour
vérifier à ta première réponse si sur une question posée de façon différente, tu allais
répondre la même chose » (F5).
Cependant, trois répondants ont trouvé cette répétition, « un peu embarrassante », ou
« décourageante ». «…, il y avait des questions qui se répétaient. Je répondais quelque
chose à certaines questions, la question d’après ou la question plus loin, c’était un peu la
même. Ça, c’est un peu embarrassant » (F3).
Seulement un des répondants affirme que la longueur des questionnaires combinée à la
répétition de certaines questions amènent un certain découragement :
Je pense que ça pourrait… le questionnaire en soi pourrait être simplifié avec des questions
plus simples et précises. (…) C’est moins décourageant. Un questionnaire très long de même
pourrait dissuader des parents qui aimeraient participer, mais qui serait tellement long que :
« Ah, laisse-faire ça » (F6).
Toujours en ce qui concerne la perception des participants à l’égard des questions, il est
intéressant de noter qu’aucun répondant n’a trouvé de questions choquantes.
4.1.4 Réaction face à la présentation initiale du protocole
Une grande majorité de répondants (10 sur 12) ont accepté le processus de passation du
PEF sans montrer d’hésitation ou de craintes. Les raisons évoquées par les répondants pour
36
justifier cette confiance au processus d’évaluation sont variées. Certains répondants (4)
parlent de l’importance qu’ils accordent à la collaboration; d’autres de leur propension à
accepter ce type de proposition ou à aider les autres, ou encore du fait qu’il n’y avait pas de
raisons de ne pas participer : « Moi, j’ai accepté, parce que je suis une fi… J’ai accepté tout
de suite, parce que je suis une fille qui veut aider (…) Je le fais pour aider la société là,
puis… Bien la société, les, les… Les enfants là… c'est une cause qui me touche
beaucoup…» (F9).
Pour 6 répondants, les raisons évoquées pour expliquer leur consentement à passer le
protocole sont la confiance envers leur intervenant, la crédibilité des explications fournies
concernant le protocole et les présumés effets positifs de celui-ci sur leur famille. Ces
répondants mentionnent qu’ils sont prêts à utiliser tout ce qui est disponible pour aider leurs
enfants ou les aider eux-mêmes : « Ha, ben dans le fond, elles (les intervenantes) m’ont
juste demandé… que ça ne nous désavantageait pas en rien, mais que c’était vraiment…
que ça pourrait nous aider aussi si mettons, qu’est-ce que ça pouvait faire dans le fond.
Moi, je n’ai pas hésité et j’ai dit oui » (F4).
Un troisième élément sur lequel s’appuie la confiance est l’assurance de la confidentialité
des réponses fournies. Quatre participants ont trouvé accommodant le fait que le protocole
soit un outil confidentiel: « elle (l’intervenante) a dit : « Il n’y a rien qui va sortir là-dessus
là. » J’ai dit : « Ah, bien s’il n’y a rien, ce n’est pas grave » (F11).
Un autre élément qui a été rapporté et qui a une influence positive sur la confiance et
l’acceptation de la passation du PEF est le fait d’avoir déjà vécu une expérience semblable
(reliée à l’évaluation clinique) dans une autre institution. En effet, deux répondants ont dit
que l’expérience précédente a permis de réduire l’impact de la nouveauté : « Non, on a
accepté quand même assez vite, parce qu’on avait eu une démarche un peu similaire avec le
CLSC quelques mois auparavant ou une année auparavant » (F5).
Un autre répondant trouve approprié l’exercice de remplir le PEF, justement parce
qu’autant les parents que les enfants ont eu l’occasion d’exprimer leur point de vue sur leur
37
situation familiale. Finalement, un dernier répondant considère que le PEF est un outil sur
lequel peut compter l’intervenant pour accomplir son travail : « C’était ben correct. C’est
un outil de travail, regardez ! » (F3).
Lorsque les répondants sont interrogés sur la présence de craintes en lien avec la passation
du protocole, 8 sur 12 affirment ne pas avoir éprouvé de craintes ou de peurs à l’idée de
remplir les questionnaires proposés par leur intervenant. Ils disent avoir été transparents
dans leur démarche avec la DPJ et ne pas avoir caché d’informations sur leur situation
familiale.
Dans cet ordre d’idées, un répondant précise qu’il ne perçoit pas la DPJ comme une
menace, mais plutôt comme une ressource qui peut aider sa famille à se reprendre en
main :
Moi, personnellement, je ne me suis jamais sentie menacée par le Centre jeunesse. Justement,
ils sont là parce que des fois… quand on est dans le feu de l’action, il peut y avoir des
problématiques qu’on ne voit pas forcément et qui pourraient être améliorées. Moi, je… c’est
prosolutions (F6).
Parallèlement, un répondant mentionne qu’un élément très important est la transparence et
la véracité des informations fournies les deux parents dans les questionnaires, par exemple,
sur la situation familiale ou sur la relation avec les enfants : « Moi et mon conjoint, on n’a
rien à se cacher. En tous cas, jusqu’à présent [rires]. Je veux dire, on est transparents et il
n’y a pas de cachette, je pense, dans ces questionnaires-là » (F1).
Cette transparence est aussi de mise dans la relation entre les parents et les intervenants du
Centre Jeunesse. Lorsqu’un intervenant a l’impression qu’un client cache de l’information
ou qu’un parent note que l’intervenant est méfiant envers lui, la relation entre le parent et
l’intervenant peut devenir tendue.
À cet égard, un répondant avoue que bien qu’il aurait souhaité refuser l’invitation à remplir
les formulaires et à participer à l’étude, lorsqu’il s’est demandé si cet exercice pouvait
revenir contre lui, il a eu l’impression d’être « obligé d’accepter », de crainte que son refus
38
ne soit interprété comme une tentative de cacher de l’information aux représentants du
Centre Jeunesse. De plus, il ne croit pas que les résultats de cette participation fassent en
sorte de changer la perception qu’a l’intervenant à son égard. Ce répondant a le sentiment
que peu importe ce qu’il fait, la DPJ garde une image négative de lui :
Ouais, c’est ça. J’ai demandé si ça (répondre aux questionnaires) allait revenir contre moi ou si
ça allait me servir positivement. […] Je suis obligé de collaborer avec la DPJ. Si j’avais le
choix de ne pas collaborer avec la DPJ, je n’aurais rien fait avec eux autres. […] Si je ne les
avais pas eues dans ma vie, ça aurait été encore mieux. […] Je ne voulais pas que ça fasse
comme un… quelqu’un qui a de quoi à cacher, puis euh (F8).
En lien à ce qui précède, un autre répondant se dise surpris d’avoir été sollicités pour passer
les questionnaires. Le répondant a accepté, en disant davantage qui c’était une expérience
nouvelle, mais pas forcément négative. Le répondant s’est plutôt dit « pourquoi pas? » :
Je vous dirais que moi, non. Moi, je suis vraiment un livre ouvert comme je [???; 7 : 26]. On
était la première famille en plus à le faire. Oui, sur le coup ç’a peut-être un peu été bizarre,
mais j’ai fait « OK, on est la première famille, pourquoi pas? On va se lancer dans quelque
chose » (F4).
Il semble que dans un contexte où la collaboration et la transparence sont à la base de la
relation entre l’intervenant et la famille, une invitation à répondre aux questionnaires du
PEF est perçue par les usagers comme une opportunité de bénéficier des résultats cliniques
de l’outil. Par contre, comme mentionné auparavant, pour d’autres, cette même invitation
est perçue comme une obligation et le refus de participer peut, selon eux, être interprété
comme une intention de dissimuler certaines informations. De façon générale, il semble
que la qualité du lien entre le répondant et l’intervenant favorise ou, au contraire, nuit à la
passation du PEF.
4.1.5 Auto réflexion en lien avec la passation du protocole
Malgré la longueur du protocole et la répétition de certaines questions, 8 répondants sur 12
ont affirmé que l’exercice leur a permis de réfléchir à leur propre situation et d’apprendre à
se connaître :
39
C’est un bel outil aussi. Ça m’a appris quand même beaucoup de choses même par rapport à
moi. J’ai appris à me connaître un petit peu mieux avec ça. Non, c’est vraiment positif comme
expérience (F2).
Euh, oui, beaucoup (ça l’a permis de réfléchir un peu à votre situation). Quand même, ça
nous… Parce qu’il faut quand même qu’on pense, hen, pour répondre aux questions, ça fait
que, euh, je pourrais dire que oui, ça nous a, ça m’a aidé à réfléchir sur ça (F7).
Le PEF a aussi permis à certains participants de prendre du recul, de mieux comprendre où
ils en sont et aussi de mieux cerner les points sensibles sur lesquels ils doivent travailler en
collaboration avec la DPJ :
Ah bon, je pourrais peut-être en parler au Centre jeunesse comment on peut travailler ensemble
là-dessus pour m’aider à améliorer cette situation-là. Au niveau de l’encadrement de la
routine… Oui, moi ça m’a permis de faire attention surtout à ma façon d’intervenir auprès des
enfants. (…) Ça permet de mmm, de réfléchir à « ah, oui c’est vrai! Oupelaï, il y a ça à
travailler ». En tout cas, c’est pour ça… ça permet déjà de... de guider aux parents… de dire
« Oups, ça, ce sont de petits points sensibles. Il faut que je fasse attention à ça » (F6).
Pour un des répondants, le PEF a permis d’établir des comparaisons entre les perceptions
du couple au sujet de leur fils et entre les perceptions de la fratrie avec celles des parents :
« Oui, parce que ça m’a permis de m’arrêter… de savoir un peu si j’avais des bons… vis-à-
vis mon fils, si je le voyais vraiment… si on le voyait dans le même sens [???; 8 : 40] et
mon conjoint et si on voyait les mêmes choses un peu pareilles aussi » (F1).
Par ailleurs, un répondant affirme que c’est très important de recevoir des rétroactions et
des encouragements sur ce qui fonctionne bien dans la famille:
… parce que des fois on fait pleins d’efforts, mais se sont-tu les bonnes actions? Après ça,
quand c’est rien que « Non, ne fais pas ça ». « Non, ce n’est pas correct. Non…», tu as
l’impression d’être pourri, de ne pas être à la hauteur. Mais non, c’est bien de dire « Oui, il y a
de petits points…». « Il n’y a pas personne de parfait » (F6).
À l’opposé, un répondant estime que bien que les questions permettent de poser une
certaine réflexion sur la situation familiale, « cela est vite oublié » et la passation du PEF
n’a pas été suivi d’un accompagnement spécifique par la suite :
…il n’y a pas vraiment eu de suivi suite à ça. Il n’y a pas eu de mise en place… remarquez
qu’à partir de ce moment-là, les choses s’étaient quand même pas mal tassées, mais il n’y a pas
eu d’actions qui ont pu être posées. Puis, moi ce que j’aurai aimé, c’est un suivi quelques mois
après (F5).
40
Finalement, trois répondants ont indiqué qu’ils n’ont pas constaté de relation directe entre
la passation du PEF et l’autoréflexion. L’exercice ne les a pas amenés à remettre en
question leur vie personnelle. Un d’entre eux signale que le PEF était simplement un
exercice pour bien répondre aux questions, sans la disposition ou la volonté de changer
quelque chose, tandis qu’un autre mentionne que le fait de remplir les questionnaires ne lui
a pas apporté “grand-chose” :
…pas de là à se questionner sur ma vie, ou quoi que ce soit, tu sais, euh… C’est plus, de, d’être
sûr de donner la bonne réponse et de bien réfléchir à la question pour donner la bonne réponse .
(…) Il faut y penser là, pour bien répondre pour ne pas répondre n’importe quoi non plus, ça
fait que (…), « il faut que tu te questionnes, il faut que tu… (…) Mais, sinon, non. Ça ne m’a
pas euh… Ça ne m’a pas emmené de questions euh, sur ma vie en général là, non (F10).
Finalement le troisième d’entre eux affirme qu’il avait déjà réfléchi sur les questions
concernant son fils et qu’il avait la conviction de l’avoir bien élevé : «… Ouais, ça fait que,
comme je disais, j’ai tout le temps été confiant, en confiance par rapport, comment que
j’élevais mon petit pet (…) Non, c’était des questions que je m’étais déjà posées
intérieurement là… Comment que, comment que j’allais agir avec puis tout ça…» (F8).
4.2 Le protocole comme outil d’intervention : les résultats et le bilan
clinique
4.2.1 Présentation et compréhension des résultats
Différentes stratégies ont été utilisées par les intervenants pour présenter les résultats de
l’évaluation aux familles. Deux répondants affirment avoir eu la présentation du bilan de
résultats chez eux. Un autre dit avoir reçu les résultats par téléphone. Pour d’autres, les
résultats ont été présentés au Centre Jeunesse.
La procédure de présentation des résultats aux familles est assez variable d’un intervenant à
l’autre. Un tiers des répondants ont dit que l’intervenant s’assurait de la présence de tous les
membres de la famille ou du couple avant de présenter les résultats du bilan. Trois autres
répondants ont dit que la présentation des résultats de l’évaluation a été faite de façon
individuelle. Un autre répondant a reconnu que l’intervenant a présenté les résultats de
41
l’évaluation individuellement avant de les présenter à l’ensemble de la famille. Finalement,
deux répondants affirment que leur intervenant laissé quelqu’un d’autre présenter les
résultats.
La grande majorité des parents a eu une perception positive de la séance de présentation des
résultats. Aucun répondant n’a mentionné d’aspects négatifs reliés à la présentation des
résultats : « Oui, elle m’a donné mes résultats… on a eu une entrevue pour qu’elle me dise,
bon, ce qu’il était ressorti en gros de ces questions-là. C’était très pertinent. C’était très
intéressant » (F3).
Or, la perception positive de cette expérience serait reliée à la facilité des répondants à
comprendre les résultats. Une majorité (8 sur 12) de répondants a affirmé bien comprendre
les résultats présentés par leur intervenant:
C’était quand même assez clair parce que… aussi, on a regardé un peu tout ce qui a pu se dire
et mon gars et moi, c’est assez clair. Ç’a bien été et les questions étaient claires aussi et les
résultats aussi ». « Ce sont les résultats qui ont été quand même drôles, parce que c’était des
grosses ressemblances (F3).
Dix des douze répondants affirment que les résultats obtenus reflètent très bien leur
situation familiale. Pour certains, c’était un peu surprenant de voir leur situation reflétée par
le bilan, ce qui leur a permis de voir leur situation autrement :
C’est le bilan. Le bilan m’a vraiment amenée à voir les choses autrement. (…) Oui, vraiment
(ç’a entamé une réflexion). (…). Sur certains points… Il y a des points où ç’a été plus… une
surprise quand j’ai eu les résultats, mais après réflexion je me dis « Oui, dans le fond ce sont
des choses que moi, je n’avais pas vues », mais sur le coup, je trouvais que tu dis « Voyons, ils
font ça tiré par les cheveux », mais après réflexion, je me dis « Oui, c’est vraiment…» (F2). .
Pour eux, la rencontre bilan a permis d’identifier des aspects à améliorer dans l’exercice de
leur rôle parental même si parfois l’information n’était pas facile à accepter :
… mais au contraire, que des fois, ça pouvait nous aider, comme moi après elle m’a donné des
résultats des questions que j’avais faites avec elle, puis, je trouve que ça m’avait aidé beaucoup
là . (…) Elle (l’intervenante) m’avait parlé un peu des résultats puis, euh… J’avais quand
même pris… Je n’avais pas… Je pense qu’on a des… euh, des bons et des moins bons là, ce
n’est pas… Je ne pense pas que ça soit mauvais, pour autant… (…) Bien, je pense qu’au
contraire, euh… Je veux dire, on a… On a tout le temps des choses à apprendre avec nos
42
enfants, ça fait que… donc, là, ça me donne juste un petit plus de m’améliorer dans ça, avec
mon enfant (F7).
4.2.2 Utilité perçue du protocole comme outil d’intervention
Selon les répondants, l’utilisation du protocole d’évaluation a eu des retombées positives
sur l’intervention. À cet égard, on note que le bilan clinique permet d’augmenter la
connaissance sur soi-même et sur la dynamique de leur famille en mettant en évidence les
forces, les compétences et les difficultés à résoudre : « Oui, parce que ç’a permis de se
connaître et aussi de connaître la dynamique familiale. Ça valait la peine ». (…) « Moi, je
dirais, au point de vue de la réflexion sur soi-même c’est très bon » (F3).
Parfois, cette découverte est inattendue par les répondants :
Bien, oui, parce qu’on a eu, quand même, on a eu les résultats quand même mardi passé… Ça
nous a montré en tout cas, bien, ça on ne le savait pas, puis en tout cas. Puis on… On sait qu’il
y a un bobo là ». (…) « Oui, oui, parce qu’ils sont capables de situer ou est-ce qu’ils sont, nos
problèmes puis tout. Oui, ça donne, euh… Ça donne un bon coup de pouce (F12).
L’utilisation de ce protocole d’évaluation et la présentation des résultats permettraient
d’avoir une perception différente du fonctionnement familial:
Ç’a (le PEF) donné justement, une belle réflexion de mon côté pour me rendre compte que oui,
il y a des choses où est-ce qu’il y avait une problématique quelque part que je n’avais pas
vue ». (…) « Je ne m’en serais pas aperçu du tout. Ça faisait comme partie de notre
quotidien ». (…) « C’est sûr que… oui et non, parce que ça m’a permis de savoir des choses
dont je ne me doutais pas. Dans ce sens-là, oui, parce qu’on veut tout le temps savoir qu’est-ce
qui fait que ça ne fonctionne pas bien. Mais je veux dire… je ne m’attendais à autant dans le
fond. C’est quand même… ç’a été une belle surprise dans le fond. Des attentes envers ça, je
n’en avais pas vraiment au départ, mais au final [???; 18 : 53] ç’a comblé une attente que je ne
pensais même pas avoir (F2).
Ces informations nouvelles sur la famille semblent favoriser une vision plus critique des
parents concernant leurs forces et les choses à améliorer :
J’imagine que si je prenais une famille autre, c’est sûr qu’il faut avoir de l’autocritique, il faut
savoir… C’est sûr qu’il y en a qui dise « Ha non, non, moi je ne suis pas comme ça » et le test
révèle que tu es absolument comme ça. Je veux dire, nous on n’a pas eus de choc à savoir
« Ha, mon Dieu! On ressemble à ça et c’est vrai ». On a rempli ça et ça nous rejoignait et
c’était vraiment qui on était. On n’a pas de cachettes à faire. Pas qu’on n’a rien à changer, mais
je veux dire, on était dans la bonne voie (F1).
43
Il appert également que la présentation des résultats aide à cibler les aspects à améliorer
dans la relation avec les enfants : « Au niveau de l’encadrement de la routine… Oui, moi
ça m’a permis de faire attention surtout à ma façon d’intervenir auprès des enfants. Il y a
des fois, ne changer rien que de conséquence (…) » (F6).
Finalement, il ressort que la présentation des résultats permet de confirmer la perception
que les parents avaient sur eux-mêmes et sur leur situation familiale : « il y avait, il me
semble que ça (le bilan) englobait tout, puis euh tu sais, tu le savais si… ce qui était positif,
tu savais. Ce qui était négatif puis tu savais… ».
4.2.3 L’impact du protocole sur la relation avec l’intervenant
Quand on regarde de plus près l’impact de l’utilisation du protocole d’évaluation sur la
relation thérapeutique, trois répondants ont reconnu que cela a contribué au renforcement de
leur relation de confiance face à leur intervenant. Pour les autres répondants (7 sur 12), on
ne note pas de changement puisque cette relation était déjà bonne avec leur intervenant
avant la passation des questionnaires :
Bien, ça fait quand même longtemps que j’ai un suivi avec [nom de l’intervenante], ça fait
que… Je pourrais dire, plus ou moins (l’influence du PEF sur cette relation de confiance),
parce qu’on a déjà quand même une bonne relation à comparer du début quand je l’ai connu.
Mais maintenant, ça va, euh… ça va quand même assez bien ça fait que... Mais euh, c’est sûr
qu’on a plus de confiance après aussi (F7).
L’utilisation du protocole d’évaluation semble également aider l’intervenant à mieux
connaître leur client: « Non, elle me connaissait un peu, elle m’avait saisi un peu. Elle
savait quelle sorte de moineau que j’étais un peu. Ça (la passation du PEF) l’aide ça. Ça
l’aide c’est sûr » (F3).
Par ailleurs, les répondants affirment que l’utilisation du protocole d’évaluation permet de
mieux cibler les interventions : « Ç’a permis aussi aux intervenantes de m’apporter une aide
précise et soutenue selon le contexte familial ». (…) « parce qu’on ne peut pas apporter une
aide… on veut bien aider, mais il faut aider à la bonne chose. C’est sûr que ce
questionnaire-là a bien servi. » (F6).
44
L’utilisation du protocole d’évaluation permet d’avoir une vision plus élargie de la situation
familiale. Cela permet de prendre un peu de recul : « Avec le recul après l’avoir rempli (le
PEF), je trouve que c’est tellement… tu peux justement voir un peu la situation de ta
famille, de ton entourage. Non, moi je trouve que ç’a été une bonne affaire et je suis
vraiment contente de l’avoir faite » (F4).
Les répondants reconnaissent que l’utilisation du protocole d’évaluation doit se traduire en
cibles d’intervention et doit aider à orienter les rencontres. Si les résultats ne sont pas
réutilisés pour l’intervention, cela ne sert à rien.
4.2.4 Opinion des répondants sur la pertinence et l’applicabilité du PEF
La dernière partie de cette section porte sur la perception des répondants concernant la
pertinence et l’intérêt d’appliquer le PEF à d’autres familles qui recevront des services au
Centre Jeunesse dans l’avenir. À cet égard, 9 répondants sur 124 ont exprimé qu’ils
conseilleraient à d’autres familles de compléter le PEF puisque que « ça permet de réfléchir
à notre situation familiale et de mieux nous aider » (F6).
Certains des répondants mettent l’accent sur le fait que le PEF permet de découvrir
comment améliorer leur relation avec leurs enfants : « Moi, ma vision, ça (le PEF) m’a aidé
beaucoup à voir euh… comme, comme rôle parental s’il y avait des biens, des positifs, des
choses comme ça, ou des choses à, à améliorer avec son enfant. Je pense que c’est juste
bien, qu’ils pourraient au moins peut-être l’essayer ». (F7).
D’autres affirment que l’utilisation du PEF permet d’avoir du recul et de mieux comprendre
leur situation familiale: «…justement, avec le recul après l’avoir rempli, je trouve que c’est
tellement… tu peux justement voir un peu la situation de ta famille, de ton entourage ». «
(…) je le conseillerais à toutes les autres familles si elles veulent le faire et c’est
important » (F6).
Elle permet également d’identifier les problèmes les concernant :
4 Cette question n’a pas été posée aux sujets F1 et F2
45
(Il recommanderait à une autre famille) de le compléter. (…) de le compléter, parce que c’est,
ça, ça va… Ça ressort où est-ce que tu as des problèmes. Tu ressors les problèmes en famille,
ça va… Si tu réponds honnêtement aux questionnaires absolument, les problèmes que tu as, ils
ressortent. Parce que nous autres, c’est vraiment, les bobos qu’on a qui ont ressortis là (F12).
D’autres répondants estiment, quant à eux, que l’implantation du PEF contribue à
rehausser l’image du Centre Jeunesse comme une institution au service des familles en
difficulté :
… les services du Centre jeunesse, à moins de cas graves, ils ne sont pas là pour voler les
enfants. (…) je conseille de remplir le formulaire, parce qu’ils peuvent avoir de l’aide que des
fois ça passe bien par le Centre jeunesse. (…) En tout cas, moi, je pense que c’est ça le
message que je pourrais dire aux parents c’est de collaborer et que ce questionnaire n’est pas
contre eux. C’est vraiment pour mieux les aider. Moi, c’est ça mon opinion. (F6).
… Il n’y a rien de méchant là-dedans là, il n’y a pas… On ne se fait pas euh… Ce n’est pas de
faire violer notre intimité, c’est… Je n’ai aucun problème à conseiller ça, tu sais, si ça peut
aider euh, les études, puis les médecins ou whatever à comprendre euh… tout ça puis du côté
familial puis tout le kit puis, euh, arriver à des choses euh. Non, je n’aurais aucun problème à...
à référer ça là (F10).
À l’opposé, un seul répondant a affirmé de ne pas recommander le PEF aux autres familles
puisque cela ne lui a rien rapporté : « bien, personnellement, dans ma situation à moi, ça a
joué… ça n’a absolument rien donné, ça fait que… qu’ils (les familles) le fassent ou qu’ils
ne le fassent pas, ça, ça, ça ne changera absolument rien à leur situation là » (F8).
Un des neuf répondants a dit qu’il recommanderait le PEF à d’autres familles bien que celui-
ci ne lui a pas été utile :
J’en ai connu, une collègue, il y a quelques années, elle, j’avoue que ça (le PEF) aurait été bon
pour elle. (…) Oui, moi j’y crois. Ça (le PEF) vraiment là, honnêtement, euh, j’y crois
beaucoup, beaucoup, puis je trouve ça super que ça soit en place. (…)… mais en même temps,
ça s’applique moins pour m’aider moi. (…) Non!. (…) Vraiment pas! », (…) pas à la mienne.
Pas à la mienne. Peut-être lié à la situation de la… des utilisateurs du Centre Jeunesse (F9).
46
Conclusion
En somme, certaines stratégies ont été proposées par les participants par rapport au
processus de passation du PEF afin de réduire les réactions ou les effets négatifs liés à la
passation du PEF.
Diminuer le nombre de questionnaires du PEF, en augmentant la simplicité et la
précision des questions (6) ;
Éviter de répéter les mêmes questions (2);
Avertir les répondants du temps nécessaire pour remplir les questionnaires afin
d’éviter que certains se découragent; (1) ;
Avertir le répondant que les questionnaires contiennent des questions plus pointues
et qu’ils pourront répondre en toute liberté (1) ;
Prévoir deux rendez-vous pour la passation des questionnaires (1);
Donner une enveloppe personnelle pour chaque membre de la famille qui remplit le
PEF afin de garantir la confidentialité (1);
Faire remplir le PEF aux familles un peu plus tôt dans le processus, car cela
donnerait une orientation précise sur les cibles à prioriser lors de l’intervention (1).
De façon complémentaire, il est intéressant de résumer les éléments mentionnés par les
participants en ce qui a trait aux conditions favorisant ou nuisant à la réception positive du
PEF par les familles.
Considérer que le protocole constitue un outil de travail favorable (soit parce que
l’intervenant l’a mentionné dans les instructions ou parce que la relation entre le
parent et l’intervenant est positive) ;
Être informé que la confidentialité et le respect de la vie privée seront observés et
que la participation au PEF ne nuira pas à la situation du répondant ;
Comprendre que dans un contexte d’évaluation des différentes sphères de la vie
familiale, la présence de certaines questions plus intimes ou plus personnelles
permet d’identifier différents facteurs qui ont un impact sur le fonctionnement
global de la famille ;
Considérer que l’intervention de la DPJ et parallèlement, le PEF, visent à aider les
familles en difficulté à se reprendre en main.
47
CHAPITRE 5
Discussion
Rappelons que l’objectif général de la présente étude était d’examiner le point de vue des
parents sur l’utilisation par les intervenants en protection de la jeunesse d’un protocole
d’évaluation afin de documenter leurs besoins. De façon spécifique, cette étude visait d’une
part à documenter la perception des parents en lien avec les conditions et le processus de
passation des questionnaires et, d’autre part, leur perception concernant l’utilité clinique de
cette pratique concernant la réponse à leurs besoins. L’intérêt de cette étude se justifiait
principalement par le fait que dans aucune des recherches recensées, le point de vue des
familles concernant l’utilisation de protocole d’évaluation n’a été considéré. Seul le point
de vue des intervenants était généralement pris en compte.
La discussion portera sur les deux cibles de notre étude : 1- la perception des parents
concernant les conditions et le processus de passation des questionnaires et 2- l’utilité
clinique de cette pratique sur le plan de la réponse aux besoins des familles.
5.1 Perception des parents concernant les conditions et le processus de
passation des questionnaires
D’entrée de jeu, il est important de souligner que la grande majorité des répondants affirme
avoir été ouverts et intéressés à compléter les questionnaires proposés par les intervenants.
Les résultats de notre étude indiquent globalement que les consignes données par les
intervenants aux familles afin de compléter les questionnaires sont claires. De plus, la
majorité des répondants affirment que les intervenants ont bien expliqué le but de
48
l’exercice. Une forte proportion des familles savait quelles utilités la passation des
questionnaires pouvait avoir pour eux et pour l’intervenant : cerner leur situation familiale
et personnelle afin de mieux cibler les interventions.
Globalement, les répondants affirment avoir reçu du soutien des intervenants lors de la
complétion des questionnaires. Une moitié reconnaisse avoir eu besoin d’aide de leur
intervenant alors que l’autre moitié dit avoir complété seule les questionnaires. Plusieurs
répondants ont également souligné que l’aide de l’intervenant a été déterminante pour eux.
Une ombre au tableau : certains répondants affirment que les adolescents ont davantage
besoin d’aide pour répondre aux questionnaires et qu’en ce sens, les intervenants devraient
être plus soutenants face à ces derniers lorsqu’ils leur présentent les questionnaires. Selon
les répondants, le manque d’accompagnement a possiblement pu nuire à la compréhension
des questions et donc à la validité des résultats obtenus.
Quand on demande aux répondants ce qu’ils pensent des questionnaires eux-mêmes, ceux-
ci affirment qu’ils sont relativement faciles à compléter. Cependant, certains soulignent
qu’il y a parfois certaines questions embêtantes parce que sont mal comprises. Certains
répondants notent que les questionnaires ne sont pas toujours ajustés à leur situation
familiale qui est souvent mouvante. En conséquence, les réponses données correspondent à
leur situation familiale immédiate mais pas nécessairement à celle qui prévalait il y a peu
de temps. Dans ce contexte, certains affirment qu’il n’était pas toujours facile de répondre.
Pour résoudre ce problème, certains répondants proposent de fixer des périodes plus
précises et plus limitées sur lesquelles portent les questions afin de faciliter leur choix de
réponses. En outre, certains notent qu’il est parfois difficile de choisir les réponses
appropriées, les choix de réponses étant limités. Enfin, quatre répondants ont mentionné le
fait que certaines questions portaient sur des sujets très intimes et que parfois ils pouvaient
se sentir mal à l’aise de répondre.
Une forte proportion des répondants reconnait que la confiance qu’ils ont en leur
intervenant les a motivés à répondre de façon franche aux questions, bien que les questions
49
portaient parfois sur des sujets intimes. De plus, le fait que les réponses restaient
confidentielles contribuait à leur engagement face aux questionnaires.
La principale critique formulée par les répondants est le nombre important de
questionnaires inclus dans le protocole d’évaluation et le temps requis pour tous les
compléter. Pour bon nombre d’entre eux, cela constitue un irritant. Ils considèrent que les
intervenants ne les ont pas suffisamment préparés au temps nécessaire pour compléter les
questionnaires. Dans le même ordre d’idées, certains mentionnent que plusieurs questions
reviennent ce qui contribue selon eux à la lourdeur de la tâche. Ils recommandent donc de
diminuer le nombre de question et de poser uniquement des questions directement en lien
avec leur problématique. Différentes recommandations sont formulées par les répondants :
diminuer le nombre de questionnaires, augmenter la simplicité et la précision des questions,
éviter de répéter les mêmes questions, avertir les répondants du temps nécessaire pour
remplir les questionnaires afin d’éviter que certains se découragent, avertir les répondants
que certaines questions concernent des sujets intimes et qu’ils sont libres ou non de
répondre, que les questionnaires contiennent des questions plus pointues et qu’ils pourront
répondre en toute liberté et fournir une enveloppe personnelle pour chaque membre de la
famille qui remplit les questionnaires afin d’assurer la confidentialité.
Ces données vont dans le sens des résultats de plusieurs des études recensées dans le
chapitre 1. Par exemple, selon certains chercheurs, la longueur des questionnaires et le
temps requis pour les remplir peut constituer un fardeau pour les répondants (Hallas et al.,
2003; Hatfield et al., 2004). Pour d’autres chercheurs, certains clients ont de la difficulté à
bien comprendre les questions (Garland et al., 2003) et le niveau de langage des
questionnaires n’est pas toujours adapté à celui du client (Lyon et al., 2016).
Cependant, nos données de recherche ne vont pas dans le sens des observations d’autres
chercheurs qui mentionnent qu’une forte proportion des parents ont une perception négative
de l’utilisation de questionnaires standardisés (Garland et al., 2003), qu’il pouvait y avoir
des problèmes liés à la confidentialité et à la sécurisation des données (Hatfield et al., 2004;
Hall et al., 2014), que l’utilisation des outils d’évaluation standardisée pouvait avoir des
50
effets négatifs sur les clients dans le contexte de l’alliance thérapeutique (Martin et al.,
2011) et conséquemment, entraver le travail clinique (Gilbody et al., 2002b).
Ces derniers écarts entre les résultats de notre étude et ceux des études recensées peuvent
s’expliquer en partie par le fait que les conclusions de ces dernières sont basées sur la
perception des intervenants et non sur celles des clients. Ils peuvent également être
attribuables au contexte dans lequel les questionnaires sont utilisés. Dans notre étude, les
questionnaires ont été utilisés une fois que l’intervention était bien engagée et que les
répondants avaient établi un lien de confiance avec leurs intervenants. Cette information
n’était pas disponible dans les études recensées. Cette hypothèse milite en faveur de la
nécessité d’utiliser les questionnaires que lorsque la relation est bien établie entre le client
et l’intervenant. Ce point de vue apparait être en filigrane dans les réponses des répondants
dans notre étude. Ceux-ci mentionnent effectivement que le fait que la relation soit bien
établie avec leur intervenant a contribué à leur ouverture face à cette procédure clinique.
5.2 Perception des répondants concernant l’utilité clinique de cette
pratique sur le plan de la réponse aux besoins des familles
5.2.1 La passation des questionnaires
La perception des répondants concernant la passation même des questionnaires a été
documentée. Globalement, il appert que l’utilisation de questionnaires standardisés dans la
pratique clinique semble aider certains clients à réfléchir à leur propre situation personnelle
au fur et à mesure qu’ils répondent aux questions. À cet égard, certains répondants
affirment que le fait de compléter ces questionnaires leur a permis de prendre du recul face
à leur situation et de mieux cerner leur situation personnelle. Cependant, quelques
répondants affirment que la complétion des questionnaires ne leur a rien appris de nouveau.
Enfin, aucun répondant ne mentionne le fait que l’utilisation de questionnaires a eu des
effets négatifs sur eux-mêmes ou sur leur famille.
51
5.2.2 La présentation des résultats par les intervenants
D’entrée de jeu il apparait que les intervenants ne partagent pas de stratégies communes
pour présenter les résultats des questionnaires une fois compilés. Certains disent que les
résultats ont été présentés de façon individuelle, d’autres indiquent que les résultats ont
d’abord été présentés de façon individuelle avant d’être présentés à l’ensemble de la famille
alors que d’autres ont présenté les résultats à l’ensemble de la famille.
Cet aspect mérite d’être discuté ici. Lors de la remise des questionnaires, les répondants
(parents et jeunes) sont informés que les données seront traitées de façon confidentielle.
Dans ce contexte, il serait à notre avis cohérent avec cette règle de la confidentialité de
présenter les résultats concernant chaque répondant en individuel afin de lui demander la
permission de communiquer les résultats obtenus à l’ensemble des membres de la famille.
Certains répondants peuvent alors choisir de garder pour eux certaines informations. Cette
étape franchie avec chacun des répondants, il est utile de présenter l’ensemble des résultats
obtenus à tous les membres de la famille afin que chacun puisse prendre connaissance du
point de vue de tous sur leur situation familiale, de convenir d’une lecture commune de la
situation de leur famille et de participer ensemble à l’élaboration du plan d’intervention. Ce
point de vue est partagé par certains répondants. Cette observation va dans le même sens
que certaines recherches qui soulignent que l’utilisation de questionnaires standardisés peut
entrainer certains problèmes liés à la confidentialité (Hatfield et al., 2004; Hall et coll.,
2014).
Lors de la présentation des résultats, certains répondants insistent sur l’importance que
l’intervenant ne mette pas seulement l’accent sur les problèmes de la famille mais
également sur les forces et les compétences présentes.
5.2.3 La correspondance des résultats avec la situation familiale réelle
La grande majorité des répondants affirment que le bilan clinique généré par le traitement
informatique des données reflètent très bien leur situation personnelle et familiale. Ce
témoignage des répondants va à l’encontre des observations de chercheurs à l’effet que les
52
outils d’évaluation sont peu sensibles aux particularités individuelles des clients (Bewick et
al., 2006; Gilbody et al., 2002b).
5.2.4 Utilité du bilan clinique sur le plan de l’intervention
Selon certains répondants, le bilan clinique permet d’augmenter la connaissance sur eux-
mêmes et sur la dynamique de leur famille en mettant en évidence les forces, les
compétences et les difficultés à résoudre. Certains affirment même que le bilan clinique a
favorisé chez eux une vision plus critique des choses à améliorer. Enfin d’autres
reconnaissent que le bilan clinique leur a permis de confirmer les perceptions qu’ils avaient
de leur situation. Aucun répondant n’a affirmé que le bilan clinique ne corresponde pas à
leur situation personnelle et familiale. Dans ce sens, il apparait donc que le protocole
d’évaluation permet de colliger des données valides sur la situation des familles.
5.2.5 L’intérêt de maintenir cette pratique
Une forte majorité des répondants recommande l’utilisation de cette pratique clinique aux
autres familles. Cependant, ils recommandent que le protocole soit introduit plus tôt dans
l’intervention afin d’identifier le plus rapidement possible les cibles d’intervention à
prioriser. Tel que mentionné précédemment, ils recommandent de réduire le nombre de
questionnaires et de simplifier le vocabulaire utilisé dans ces questionnaires.
5.3 L’utilisation du protocole d’évaluation afin de contribuer à
l’établissement d’une alliance thérapeutique
Rappelons que l’alliance thérapeutique réfère à la qualité et à la force de la relation de
collaboration entre le client et le thérapeute lors de la thérapie (Bordin, 1979, 1983). Les
trois caractéristiques principales de l’alliance thérapeutique sont 1- un lien affectif positif
entre le client et le thérapeute caractérisé par la confiance mutuelle, le respect et la
bienveillance, 2- une entente sur les objectifs de l’intervention et 3- une entente sur les
tâches ou les moyens retenus pour les atteindre. Ce lien permet de négocier les objectifs et
les tâches (Hovarth et al., 2002).
53
Dans la présente étude, l’utilisation du protocole d’évaluation contribuerait, selon certains
parents, au renforcement de la relation de confiance (relation thérapeutique) entre
l’intervenant et le parent. Pour d’autres, cette pratique se traduit par un maintien de la
relation thérapeutique qui était déjà bonne. Aucun répondant n’affirme que l’utilisation de
questionnaires peut nuire à la relation thérapeutique. Ce résultat va dans le sens de certains
chercheurs qui observent que l’utilisation de questionnaires standardisés peut contribuer à
l’établissement d’une alliance thérapeutique (Slade et al., 1999; Batty et al., 2013; Gelkopf
et al, 2015). Selon plusieurs répondants, le bilan clinique généré par le traitement
informatique des données contribuerait à favoriser une entente sur les cibles d’intervention
(deuxième ingrédient de l’alliance thérapeutique). Il appert également que l’utilisation du
protocole d’évaluation permet à l’intervenant d’avoir une meilleure connaissance de la
situation familiale et de mieux cerner les besoins de chacun. Ces résultats vont dans le sens
des observations de Batty et al., (2013) selon lesquelles un usager qui reçoit de
la rétroaction par rapport à son suivi sera plus susceptible de s’engager auprès du
professionnel. Ils vont également dans le sens d’autres observations selon
lesquelles l’utilisation d’instruments de mesure standardisés favoriserait l’implication des
familles dans l’intervention (Slade et coll.al., 1999; Batty et al., 2013; Gelkopf et al., 2015)
et l’empowerment autour de l’intervention (McKay et al., 2014). Cependant, nous n’avons
pas de données nous permettent d’affirmer que cette pratique favorise une entente entre le
client et l’intervenant sur les moyens à prendre pour atteindre les objectifs fixés. À notre
avis, la réaction des clients face aux questionnaires standardisés varie probablement en
fonction de la qualité de la relation déjà établie avec leur intervenant. Selon nos données, il
semble préférable qu’une relation thérapeutique soit bien établie entre le client et son
intervenant pour que les questionnaires trouvent toute leur utilité.
Contrairement à ce que certains chercheurs observent l’utilisation de ces outils standardisés
ne semble pas nuire à l’établissement de l’alliance thérapeutique (Gilbody et al., 2002b;
Martin et al., 2011). Il faut cependant que cette pratique respecte certaines conditions : une
bonne relation avec l’intervenant avant la passation des questionnaires, une communication
des résultats qui préservent la confidentialité et le fait de mettre l’accent non seulement sur
54
les difficultés mais également sur les forces et les compétences des familles, ingrédients
essentiels d’une bonne pratique.
5.4 Limites de l’étude
Malgré l’intérêt et la pertinence de cette étude, il importe de mentionner certaines limites
méthodologiques. D’abord, notre étude porte sur un nombre limité de répondants et ceux-ci
ne sont pas nécessairement représentatifs de la population des familles bénéficiant de
services au Centre jeunesse de Québec. Une autre limite est le manque de données
concernant l’histoire de la relation entre ces familles et la protection de la jeunesse. Ces
familles en sont-elles à leur premier suivi ou au contraire sont-elles en relation avec la DPJ
depuis de nombreuses années? Dans le même ordre d’idées, nous ne connaissons pas le
contexte légal dans lequel s’inscrit leur suivi, c’est-à-dire volontaire ou contraint. Enfin, il
faut noter que l’utilisation de questionnaires a été appliquée à des familles déjà en suivi
depuis quelques semaines ou mois (application des mesures) une assez longue période.
Dans une prochaine étude, il faudrait vérifier si l’utilisation de questionnaires standardisés
serait perçue de la même manière si cette pratique était appliquée dans les premiers
moments de l’intervention, par exemple au moment de l’évaluation.
55
Conclusion
Malgré certaines difficultés reliées à la longueur des questionnaires, à l’aspect répétitif de
quelques questions ou encore au manque de nuance de certaines échelles de réponse
proposées, l’appréciation globale du PEF et son utilité clinique ont été soulignées par une
proportion importante de répondants. Ainsi, au-delà de facteurs pouvant alourdir la tâche
des parents appelés à remplir les questionnaires, plusieurs d’entre eux mentionnent que les
résultats au PEF reflètent de façon adéquate et juste leur situation familiale et que le
processus leur a permis de réfléchir à leur situation familiale et, pour certains, de comparer
leur propre vision de différentes composantes de leur fonctionnement familial avec celle
des autres membres de leur famille (conjoint, adolescent). De plus, il semble que
l’utilisation du PEF aide l’intervenant et la famille à cibler les aspects qui progressent bien,
ou au contraire, qui fonctionnent moins bien, et à établir des objectifs dans l’intervention
clinique.
Les résultats semblent indiquer que l’utilisation du PEF, notamment après la présentation
du bilan clinique, favorise le développement d’un lien de collaboration entre l’intervenant
et son client, quoique certains répondants mentionnent que le lien avec leur intervenant était
déjà positif avant la passation du PEF. La présence d’une collaboration et d’un lien de
confiance entre le client et l’intervenant serait le fondement de l’alliance thérapeutique
(Hovarth et al., 2002 ; Norcross, 2002). Les résultats de la présente étude indiquent que le
PEF s’inscrit dans un contexte d’alliance thérapeutique positif.
À travers le PEF, les intervenants ont la possibilité de reconnaître les forces ainsi que les
capacités des parents. Ils peuvent miser sur leur pourvoir d’agir et les impliquer dans le
processus d’intervention lequel, ultimement, concerne le bien-être de leurs enfants et de
leur famille.
56
Références
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62
ANNEXES
63
Annexe A
Avantages et désavantages de l’utilisation d’instruments de
mesure standardisés dans le travail clinique
64
Tableau 2
Avantages et désavantages de l’utilisation d’instruments de mesure standardisés dans
le travail clinique
Auteurs Population ciblée Conclusion
Martin,
Fishman, Baxter
et Ford, 2011
50 Intervenants
(travailleurs
sociaux,
psychiatres,
psychologues,
infirmiers et
psychothérapeutes)
de deux cliniques
(CAMHS A et B)
situés à Londres
offrant des
services
d’interventions
précoces
unidisciplinaires et
multidisciplinaires
auprès d’enfants
de moins de 18 ans
ayant un trouble
psychiatrique.
Selon la littérature relevée dans cet article, le fait de
ne pas utiliser d’outils standardisés pourrait apporter
certaines difficultés telles qu’un dépistage incomplet
de certains problèmes, des interventions inadéquates
et non spécifiques. L’utilisation de ces outils
permettrait donc de ne pas omettre certaines
informations, d’avoir un regard complet de la
situation et de bien cibler les problématiques des
enfants (par exemple, de bien délimiter les enfants
présentant un trouble du spectre de l’autisme de ceux
ayant un TDAH).
Avantages relevés par la présente étude:
Aider à planifier les rencontres
Aider à amasser toute l’information nécessaire
(complémentaire et complète)
Réduire le temps des rencontres d’évaluation
en étant plus efficient.
Permettre aux familles de s’exprimer dans un
contexte d’anonymat.
Désavantages relevés par la présente étude (cinq des
praticiens n’ont identifié aucun désavantage) :
Certaines craintes sont formulées concernant
l’interprétation (questionnement sur la précision
du diagnostic en santé mentale), l’utilisation
abusive des données, la sous-utilisation des
compétences cliniques, et la sursollicitation
(certains croient que cela pourrait nuire à
l’alliance thérapeutique et à leur opinion
concernant leur métier)
Wodarski, 2015 Il s’agit d’un
chapitre de livre.
Avantages :
Les instruments auto-rapportés peuvent fournir
de l’information complémentaire sur :
o les comportements
o le langage
o les compétences sociales
o les attitudes des victimes
o les parents
o les problèmes au sein de la famille
o la présence de psychopathologies
o Etc.
Ceci aurait donc pour effet d’influencer l’intensité
65
d’une intervention proposée.
Réduire le temps nécessaire à la collecte
d’information
Augmenter les sources d’information disponibles
Permettre aux clients de percevoir clairement les
changements dans leur fonctionnement et
exprimer leur satisfaction en regard des services
reçus
Désavantages :
L’utilisation de mesures autorapportées de
type papier crayon peut susciter une
désirabilité sociale chez ceux qui les
complètent.
Important :
Les clients devraient recevoir des informations
concernant le but des instruments, comment
l’information recueillie va être utilisée et sur qui aura
accès à ces informations. Il est recommandé que les
résultats soient discutés avec les clients et que des
rétroactions (feedback) empreintes de sensibilité leur
soient offertes afin de susciter un changement positif
chez les clients.
Mash et
Hunsley, 2005
Pédopsychologues
services enfants et
adolescents (le
nombre et le lieu
ne sont pas
déterminés.). Il
s’agit d’un texte
sous forme de
guide encadrant
l’utilisation des
EBAs
Avantages et buts des outils standardisés :
Formuler des profils cliniques et des
diagnostics
Faire du dépistage
Faire un pronostic et d'autres prédictions
Planifier un traitement et les modalités
d’administration
Encadrer un traitement
Évaluer un traitement
Jensen Doss et
Hamilton, 2005
Population cible
non déterminée.
Il s’agit d’une
comparaison entre
trois instruments
d’évaluation
diagnostiques
fondés sur les
données probantes
lors de l’évaluation
Avantages :
Faire une évaluation exhaustive afin de
pallier diagnostic parfois trop hâtif donné par
les cliniciens ou à la collecte d’informations
sélectives (souvent faite dans le but d’infirmer
ou affirmer une théorie ou une décision prise
lorsqu’une situation semble familière)
Dresser le profil clinique complet
Appuyer le jugement professionnel des
intervenants
66
de
psychopathologies
auprès des enfants.
(entrevue
structurée, semi-
structurée et
données
probantes)
Reeves, Charter
et Ford, 2016
Revue
systématique des
articles publiés
entre 1980 et 2012
reliés à
l’implantation en
milieu clinique des
outils standardisés
chez les enfants et
les adolescents
âgés de moins de
18 ans atteints
d’un trouble
psychiatrique
Revue finale :
8 articles publiés
majoritairement au
Royaume-Uni.
Dates de
publication
supérieures à 2009
Avantages :
Conceptualisation commune des
problématiques et des diagnostics et consensus
standardisés
La possibilité de détecter des troubles
émotionnels et des troubles co-morbides
Désavantage perçu selon les cliniciens :
Peuvent-être coûteux en temps et en argent
Trauer, 2004 Le personnel de
quatre services de
santé mentale
d’adultes de
Melbourne
(Australie)
La possibilité de documenter la sévérité des
symptômes présentés par les clients
d’évaluer adéquatement la comorbidité et la sévérité
des symptômes.
Utilisation d’un cadre de rapport systématique
pourrait contribuer significativement à augmenter
l’expérience d’entraînement des praticiens afin
d’atteindre des niveaux hauts d’exactitude et
complétude, grâce à la validité des scores de support
en face de la présomption de problèmes significatifs
de santé mentale
Coombs, Stapley
et Pirkis, 2011
Les chercheurs ont
formé plusieurs
personnes en
Nouvelle Zélande
et en Australie,
pour accompagner
La possibilité de soutenir le jugement clinique des
intervenants et la prise de décision concernant les
traitements à offrir et de pallier aux erreurs possibles
du jugement clinique.
La possibilité d’évaluer l’effet des interventions
La possibilité de favoriser la collaboration et la
67
les équipes de
santé mentale de
ces pays et faciliter
l’implantation des
routines de
mesures de
résultats de
l’intervention
clinique. Les
chercheurs ont
invité ces
individus à décrire
les pratiques
exemplaires dans
les services qu’ils
accompagnent et
présentant
l’information
résultant dans la
forme des études
de cas. Ce sont 6
les études de cas
présentées.
concertation multidisciplinaire et de partager un
langage commun entre les intervenants
indépendamment du champ d’expertise.
L’utilisation d’instruments de mesure standardisés
dans la pratique clinique peut contribuer à nourrir la
recherche et au développement des connaissances
concernant les besoins des clientèles et l’effet des
interventions
Avantages :
Les auteurs soulèvent la pertinence d’utiliser
les outils de mesure d’évaluation systématique
en tant que composante du succès dans
l’atteinte des objectifs fixés (soutien du
jugement clinique).
Percevoir le progrès dans le traitement ou le
changement (évaluer l’effet des interventions)
Faciliter le processus décisionnel dans la
pratique clinique en contribuant à guider les
décisions (par exemple pour choisir le
traitement approprié)
rallier les professionnels; les outils
encouragent la collaboration mutuelle des
intervenants
Informer les usagers qui ont des
questionnements précis.
Nourrir la recherche; contribue à l’amélioration des
données probantes, pouvant servir d’appui à la
pratique
Ford et al., 2013
Essai contrôlé et
randomisé de la
divulgation de
l'DAWBA aux
praticiens.
Avantages
La possibilité de soutenir le jugement clinique des
intervenants et la prise de décision concernant les
traitements à offrir et de pallier aux erreurs possibles
du jugement clinique.
Comme un élément qui s’ajoute à l’évaluation
clinique, il aide à réduire le nombre de rendez-vous
dédié à l’évaluation et libère du temps au praticien en
faveur de l’engagement, ainsi qu’il améliore les
résultats cliniques en augmentant l’exactitude de
l’évaluation et l’accès à un traitement approprié basé
sur l’évidence par rapport à certains troubles
d’anxiété.
Désavantages
Les résultats ne sont pas significatifs par rapport à
d’autres troubles différents de celui de l’anxiété ni
semblent réduire le montant d’évaluation
68
supplémentaire dont il y a besoin ni le nombre des
difficultés reconnues.
Garland, Kruse
et Aarons, 2003
50 intervenants
des multiples
disciplines et
multiples agences
de services ayant
reçu une formation
de 4 heures sur
l’utilisation et
l’interprétation des
mesures du
(Performance
Outcome Projet)
(POP) (CBCL,
YSR, CAFAS,
CSQ).
Avantages généraux des outils :
Soutenir le jugement clinique des intervenants
Soutenir la prise de décision concernant les
traitements à offrir
Pallier aux erreurs possibles de jugement
clinique.
Pour les gestionnaires l’utilisation d’instruments de
mesure permettrait :
D’évaluer le degré de correspondance entre les
caractéristiques des clients et la nature des
services qui leur sont offerts
D’évaluer les effets des interventions
D’évaluer et de planifier des programmes
De mettre à niveau la qualité des soins de
santé au sein des systèmes et des agences
D’augmenter la qualité des services de santé
Désavantages ou inconvénients selon les résultats de
l’étude:
55% des parents auraient de la difficulté à
comprendre les questions
20% d’entre eux seraient stressés face aux
questionnaires.
60% des parents et des enfants auraient une
perception négative de l’utilisation de
questionnaires standardisés (seulement 10%
auraient une perception positive).
Hatfield et
Ogles, 2004
874 psychologues
détenant une
licence de pratique
aux États-Unis.
Revue de littérature des auteurs :
Intégrer ce type d’outils en clinique fournirait de
l’information complémentaire ayant pour but de
valider le jugement clinique tout en offrant un
meilleur service aux clients. L’évaluation standardisée
pourrait aussi permettre de fournir des profils types
standardisés pour bien évaluer l’évolution de la
thérapie en fonction des profils des clients.
Avantages ciblés par les praticiens interrogés dans la
présente étude :
Permet d’évaluer les progrès du client
Permet de déterminer la nécessité de modifier
un traitement
Favorable éthiquement
Peuvent être utile pour des travaux de
69
recherche et pour marketing.
Désavantage selon les praticiens :
Ajoute de la paperasse
Prend beaucoup de temps
Est parfois un fardeau pour les clients
Ne permet pas d’implanter une stratégie
Nuit à la confidentialité
Interfère avec la profession
Manque de connaissance dans l’interprétation des
données
Boswell et coll.,
2013
Il s’agit d’un
article théorique
sur les bénéfices,
défis et solutions
de l’implantation
des routines de
surveillance des
résultats de la
pratique clinique.
Il convient de spécifier que l’évaluation peut aussi
contribuer à prévenir la détérioration de la situation du
client (Boswell, Kraus, Miller et Lambert, 2013). La
possibilité de prévenir la détérioration de la situation
du client
Gilbody, House,
et Sheldon
(2002a).
C’est une revue
systématique à
partir des résultats
de recherche sur
des services de
santé mentale afin
d’établir les forces
et les limites des
résultats de
recherches reliées
à la santé mentale
en établissement
psychiatrique et
auprès de
population avec de
troubles
psychiatriques.
Avantages :
Facilite l’évaluation des besoins, du
fonctionnement social et de la qualité de vie
Évaluation de la qualité des soins
Le fait que les données soient collectées à
grande échelle leur confère par ailleurs un
certain pouvoir statistique : elles peuvent être
généralisées
Hypothèse des auteurs : Les mesures pourraient
permettre de fournir des réponses plus rapides à
certaines questions, à moindre coût, sans avoir besoin
d’un consentement éthique et avec un plus grand
pouvoir statistique.
Désavantages :
La reproduction et l’utilisation de ces outils
requièrent un soutien de l’établissement au
niveau technologique et administratif
Demande beaucoup de ressources et de temps pour
être utilisés adéquatement.
Gilbody, House
et Sheldon
(2002b).
369 psychiatres
dans lesquels il est
abordé des
Avantages
Favorisent la concertation et la collaboration
70
questions sur leur
utilisation pour les
problèmes
suivants :
dépression,
anxiété, troubles
psychotiques,
déficits cognitifs et
consommation
d’alcool et de
drogues.
multidisciplinaire
Favorise le partage d’un langage commun
entre les intervenants indépendamment du
champ d’expertise.
Peuvent être complétés par des personnes qui
ne sont pas des cliniciens (ce qui amenuise
dans certains cas la lourdeur de la tâche)
peut servir d’aide-mémoire lorsque vient le
temps des prendre des décisions.
ils permettent de mesurer le progrès clinique
(plus souvent utilisés pour mesurer le progrès
des clients atteints d’anxiété et de dépression)
Désavantages
Peut nuire à l’établissement de l’alliance
thérapeutique avec la famille et,
conséquemment, entraver le travail clinique
Les auteurs mettent en question la capacité des
outils de mesure à détecter les particularités
individuelles des clients et considèrent qu’ils
sont pour ainsi dire simplistes et pseudo-
scientifiques.
Slade et coll.,
1999
C’est un article
théorique à propos
de la faisabilité
des routines
d’utilisation des
résultats de
mesures
standardisées dans
la pratique en
santé mentale
Avantages :
Favorise la collaboration et la concertation
multidisciplinaire
Propose un langage commun entre les
intervenants, et ce, indépendamment du champ
d’expertise.
Offre une meilleure entente entre les
intervenants quant au diagnostic et au
traitement recommandé
Favorise l’implication du client dans le traitement
Lyon, Ludwig,
Wasse,
Bergstrom,
Hendrix et
McCauley, 2015
15 praticiens qui
travaillent auprès
de jeunes et leurs
familles ont été
recrutés. Ils ont
participé à une
demi-journée de
formation sur
l’administration de
deux outils
standardisés soit le
patient Health
Questionnaire et le
Multidimensional
Les outils standardisés permettent :
D’identifier les problèmes afin de fournir un
traitement adéquat ; Évaluation initiale du
client ou de son progrès en cours de traitement
D’engager la conversation avec les clients et
leur donner de la rétroaction (feedback),
permet de faire un triage avec la clientèle en
planifiant le traitement, en déterminant la
sévérité des cas et les risques de renvois
scolaires.
Désavantages
les outils ne sont pas adaptés au niveau de
langage ou à la culture du client.
La double négation de certains items pourrait
71
Anxiety Scale for
Childres. Le but
c’était de connaître
les expériences des
praticiens à propos
de l’administration
d’outils
standardisés à un
total de 191 jeunes
affecter la validité, faute d’une bonne
compréhension de leur signification.
Les cliniciens ne trouvent pas toujours les
résultats compréhensibles, ce qui nécessite de
la formation supplémentaire. Des coûts élevés
reliés à leur utilisation
Batty et coll.,
2013
127 membres du
personnel en Santé
mentale incluant
infirmières (n =
37), psychiatres
d’enfants et
d’adolescents (n =
22), psychologues
cliniques (n = 10),
Travailleurs
sociaux (n = 9),
travailleurs de
santé mentale (n =
9), thérapeutes
familiales (n = 6),
stagiaires en santé
mentale (n = 5) et
d'autres
professionnels en
santé mentale (n =
29).
Avantages :
Les auteurs rapportent qu’un usager qui reçoit
de la rétroaction par rapport à son suivi sera
plus susceptible de s’engager auprès du
professionnel; l’utilisation d’instruments de
mesure standardisés favoriserait alors, selon
eux, l’implication des familles dans
l’intervention.
Désavantages :
Des craintes sont soulevées quant à
l’implantation d’un modèle plus médical et
psychiatrique, à la façon dont les données
seront utilisées par les gestionnaires (peur
d’être blâmés) ou même à la sécurisation des
données.
Les mesures s’attardent davantage à l’aspect curatif
(réduction des symptômes) plutôt qu’aux enjeux
cliniques.
Gelkopf et coll.,
2015
73 clients adultes
avec un diagnostic
de maladie
mentale sévère
(excluant les
clients dans un état
psychotique aigu,
avec un
comportement
violent ou qui
n’ont pas la
capacité cognitive
suffisante pour
répondre le
questionnaire ou
de donner leur
Avantages :
L’utilisation d’instruments de mesure
standardisés favoriserait l’implication des
familles dans l’intervention.
Désavantages :
Une atteinte au critère de validité est
soulevée : le client à répondre de façon à plaire
à son thérapeute (soutien interne) ou à vouloir
exagérer ses doléances vis-à-vis d’un
évaluateur externe (soutien externe)
72
consentement
éclairé) ont
complété l’échelle
de Qualité de vie
de Manchester
(version courte du
Recording
assessements Scale
(RAS) et un
questionnaire de
fonctionnement
McKay, Coombs
et Duerden,
2014
Révision de 11
articles de
recherche qui
utilisent the Health
of the National
Outcomes Scales
(HoNOS) family
of measures à
Benchmarking
(Australia) entre
2003 et 2013
Avantages :
L’utilisation d’instruments de mesure
standardisés favoriserait l’implication du client
(empowerment) et des familles dans
l’intervention
Désavantages :
La prise de mesure routinière constitue l’un
des défis les plus actuels de l’implantation de
ces mesures.
Valenstein,
Goldman, Adler,
Hackman,
Berlant, Oslin,
Sonis, 2009
Il s’agit d’une
tentative
d’encourager
l’implantation des
évaluations
standardisées dans
le domaine de la
santé mentale.
Particulièrement
de la dépression.
The GAP est un
comité favorisant
l’implantation
d’évaluations
standardisées. -
Aucune méthode
n’est présentée.
Avantages :
Offre un gabarit aux cliniciens pour donner
une organisation méthodologique à l’entrevue;
poser toujours les mêmes questions, dans le
même ordre.
Facilite une meilleure division de
l’information entre le client et son trouble lors
de l’interaction clinique
Permettre d’avoir une entrevue plus complète
en abordant, entre autres, le risque suicidaire.
Favorise une meilleure familiarité avec la
situation des clients par le processus
d’évaluation; la reconnaissance du trouble et
des progrès de traitement (reconnaître les
moments qui vont bien de ceux qui vont moins
bien, évaluer la progression de leurs
symptômes).
Aussi, la mise en commun de données colligées
auprès de plusieurs clients aiderait à l’évaluation et la
planification des programmes et permettrait de mettre
à niveau la qualité des soins de santé au sein des
systèmes et des agences et ultimement d’augmenter la
qualité des services de santé
73
Kazdin, 2006 Il s’agit d’un
chapitre de livre
qui traite sur
l’évaluation dans
la pratique clinique
Avantages :
Offre une plus grande validité que le jugement
clinique.
Possibilité de nourrir la recherche, ce qui contribue à
l’amélioration des données probantes, elles-mêmes
pouvant servir d’appui à la pratique.
Hall et coll.,
2014
C’est un
commentaire court
sur l’implantation
de la routine de
résultats de mesure
dans les services
de santé mentale
pour enfants et
pour adolescents
(CAMHS) du
Royaume-Uni.
Avantages
Permet aux usagers de percevoir clairement les
changements dans leur fonctionnement et
d’exprimer leur satisfaction des services.
Permet d’identifier les secteurs de
développement de pratiques.
Désavantages
Quelques cliniciens s’interrogent sur le risque
d’étiqueter les clients.
Des craintes sont également soulevées quant à
la sécurisation des données.
Le manque de « feedback » pourrait contribuer à
réduire la motivation des cliniciens
Maden, 2003 Il s’agit d’un
éditorial
Avantages
Ils représentent une bonne source
d’information si les données et les variables
sont applicables pour la clientèle ciblée. Ils
peuvent, entre autres, jouer le rôle d’aide-
mémoire et permettre de s’assurer que
l’ensemble de l’information pertinente est
consigné.
Ces outils pourraient être meilleurs que
l’estimation clinique seule, auraient une vision
plus équitable et pourraient ainsi servir comme
complément au jugement clinique.
Ils encouragent le personnel à penser
davantage aux risques.
Ils offrent une probabilité du risque
d’apparition d’une problématique plutôt que
de la prédire directement.
Ils peuvent aussi représenter un complément
plutôt qu’une alternative aux compétences
cliniques.
Désavantages des instruments structurés :
74
Les instruments peuvent être irritants pour
ceux qui doivent les administrer, en raison de
leur longueur, du temps et des coûts
engendrés.
Ils fournissent une très grande quantité
d’information, mais sans avoir nécessairement
des liens évidents entre elles.
Les cliniciens doivent être formés afin de bien
interpréter l’information.
Certains croient que ces outils pourraient
stigmatiser la clientèle
Certains croient qu’ils pourraient donner des
scores trop élevés menant à catégoriser
facilement la clientèle sans justification.
6) Certains problématiques ou facteurs ne peuvent pas
être prédits directement lors de l’évaluation du risque.
Les outils ne permettent pas de prédire une
problématique directement, mais offrent plutôt une
probabilité du risque d’apparition de celle-ci.
Bewick et coll.,
2006
Cette étude utilise
la base nationale
des données de
recherche (n =
31882) et les
rapports des
pourcentages
d’évaluation
complète pré- et
post-thérapie.
Désavantages
Donne l’impression que les mesures sont
réductionnistes
Meehan et coll.,
2006
324 membres du
personnel en santé
mentale à
Queensland
(Australie). 34
groupes de
discussion
focalisée.
Infirmières 169,
Alliés de la santé
85, Psychiatre /
médicaux 21,
autres 21, non
Quelques interrogations sur les motifs :
S’agit-il d’une amélioration de la pratique clinique ou
d’un moyen pour les institutions de se protéger?
Est-ce que les considérations politiques sont plus
importantes que les cliniques?
Une fois les données obtenues, qu’en fait-on
réellement?
Désavantages :
l’impression que les mesures sont
réductionnistes et qu’elles se limitent à des
scores
Ils omettent parfois de tenir compte de
75
déclaré 27.
Presque tous les
participants (93%)
avaient suivi un
atelier de
formation d'une
journée fourni par
le système de
Santé de
Queensland et tous
avaient été exposés
à l'aide des
mesures des
résultats
l’influence des variables modératrices sur le
traitement
L’alliance thérapeutique pourrait, par exemple, avoir
une influence plus importante que le traitement en soi.
76
Annexe B
Facteurs favorisant l’utilisation d’instruments de mesure
standardisés dans la pratique clinique
77
Tableau 3
Facteurs favorisant l’utilisation d’instruments de mesure standardisés dans la
pratique clinique
Auteurs Population
ciblée
Conclusion
Jensen Doss et
Hawley , 2010),
1442
professionnels
en santé mentale
(psychologues,
travailleurs
sociaux,
thérapeutes
familiaux et de
mariage,
conseillers en
orientation et
psychiatres). Ils
ont rempli le
questionnaire
Attitudes Toward
Standardized
Assessment
Scales, ASA.
Facteurs favorisant l’utilisation:
Le fait que les intervenants aient une attitude
positive concernant l’utilité pratique des
outils et l’apport d’informations
complémentaires à leur jugement clinique.
De même, les professionnels ayant complété une
maitrise ou un doctorat, particulièrement les
psychologues.
Hall et coll.,
2014
C’est un
commentaire
court sur
l’implantation de
la routine de
résultats de
mesure dans les
services de santé
mentale pour
enfants et pour
adolescents
(CAMHS) du
Royaume-Uni.
Facteurs favorisants
Plus les cliniciens formés, meilleurs seront
leurs attitudes à l’endroit des outils
d’évaluation.
D’autres facilitateurs ont aussi été identifiés pour
favoriser l’implantation des mesures d’évaluation
systématique :
Recueillir des données chaque session
Utiliser davantage les technologies pour
faciliter l’implantation
Réduire le fardeau administratif
Offrir une rétroaction aux cliniciens pour ne pas que
ceux-ci aient l’impression que les données sont
récoltées pour des fins administratives uniquement et
que leurs efforts n’ont servi à rien
Lyon, Dorsey,
Pullmann,
Silbaugh-
Cowdin et
Berliner, 2015
71 cliniciens et
superviseurs
cliniques ont
participé à cette
l’étude. La
formation sur la
Facteurs favorisants
Les périodes de formation et de consultation
sont importantes. En effet, la formation sur
les outils d’évaluation standardisés est
l’élément le plus important lors de
l’implantation d’une nouvelle approche; la
78
CBT+ Initiative
incluait trois
journées
entières, des
suivis aux deux
semaines
étendues sur six
mois et des
consultations
téléphoniques
avec des experts
de la formation.
De plus, elle
inclut des
séances
d’apprentissage
expérimentales,
du modeling par
un formateur et
des
démonstrations
par vidéos.
présence d’instructions spécifiques, des
périodes de consultation concernant la
sélection, l’administration et l’utilisation des
outils d’évaluation standardisés.
N.B. Les attitudes envers la qualité pratique et
psychométrique des outils d’évaluation standardisés
se seraient immédiatement améliorées suite à la
formation pour ensuite se stabiliser au travers des
temps de mesure subséquents
Batty et coll.,
2013
127 membres du
personnel en
Santé mentale
incluant des
infirmières (n =
37), des
psychiatres
d’enfants et
d’adolescents (n
= 22), des
psychologues
cliniques (n =
10), des
travailleurs
sociaux (n = 9),
travailleurs en
santé mentale (n
= 9), thérapeutes
familiales (n =
6), stagiaires en
santé mentale (n
= 5) autres
professionnels
en santé mentale
(n = 29).
Facteurs favorisants
La rétroaction « feedback » aux cliniciens est
l’une des solutions envisageables. Il apparaît
important d’améliorer cet aspect pour :
(a) ne pas que les cliniciens aient
l’impression que les données sont récoltées
pour des fins administratives uniquement et
que leurs efforts n’ont servi à rien
(b) favoriser l’engagement clinique
(c) pour permettre aux cliniciens de suivre le
progrès
On considère que les formations devraient
favoriser un changement des attitudes et
démontrer clairement la pertinence de
l’utilisation des outils pour diminuer les
résistances
Les cliniciens devraient être formés sur la
façon d’introduire un outil au client, c’est-à-
dire être capables d’en expliquer le but et les
retombées
D’autres facilitateurs ont aussi été identifiés pour
79
favoriser l’implantation des mesures d’évaluation
systématique soit : d’augmenter le soutien aux
cliniciens et d’assurer un taux de participation plus
élevé aux formations
Rittner et coll.,
1995
Ce n’est pas un
article de
recherche. Son
propos est celui
de réviser une
variété
d’instruments
que les
travailleurs
sociaux de
l’enfance
spécifiquement
et
des intervenants
engagés dans les
services de
l’enfance en
général, peuvent
utiliser en
évaluation de
l’abus et la
négligence des
enfants
Facteurs favorisants
Fournir des manuels de référence pour les
cliniciens afin de faciliter leur appropriation
des outils
Former les cliniciens sur la façon d’introduire
un outil au client, c’est-à-dire être capables
d’en expliquer le but et les retombées.
Prendre les décisions sur la base de l’utilisation de
différents instruments d’évaluation
Bewick et coll.,
2006
Évaluation des
progrès dans les
dix dernières
années, suivant
certains constats
de la National
Health Policy
(NHS) à l’égard
d’une perception
de faible qualité
des services
prodigués en
santé mentale
Facteurs favorisants
-les cliniciens doivent avoir un accès direct
au système informatisé de traitement des
données, ce qui leur permettra d’avoir accès
aux résultats
instaurer une culture organisationnelle qui
tient compte de la façon dont les outils sont
présentés (pas seulement pour la
performance, mais aussi pour l’amélioration
de la pratique clinique)
La façon dont les gestionnaires et l’organisation
présentent le processus est garante de la façon dont
les données seront collectées. C’est ce qui, au
premier plan, permettra une meilleure collecte de
données
Meehan et coll.,
2006
324 membres du
personnel en
Facteurs favorisants
Augmenter le soutien aux cliniciens (Batty et
80
santé mentale à
Queensland
(Australie). 34
groupes de
discussion
focalisée.
coll., 2013)
Prioriser des outils brefs et le nombre de mesures
devrait s’en tenir au minimum.
Mellor-Clark et
coll., 2014).
Les auteurs font
un résumé des
réflexions
récentes de cinq
leaders dans le
champ des
(ROM).
Royaume-Uni
Facteurs favorisants
On recommande la présence de mentors
pouvant aider les collègues à tenir des notes
sur les clients susceptibles de mettre fin au
traitement, ainsi que l’amélioration du réseau
pairs-à-pairs (ce dernier aspect inclut
l’accessibilité à des outils web pour les
cliniciens, gestionnaires et mentors,
permettant ainsi de communiquer les
difficultés et partager les bons coups ou
stratégies)
81
Annexe C
Facteurs pouvant nuire l’utilisation d’instruments de mesure
standardisés dans la pratique clinique
82
Tableau 4
Facteurs pouvant nuire l’utilisation d’instruments de mesure standardisés dans la
pratique clinique
Auteurs Population ciblée Conclusion
Gilbody, House
et Sheldon,
2002b)
369 psychiatres ont
répondu à un
questionnaire sur
l’utilisation
d’instruments de
mesure pour les
problèmes
suivants :
dépression, anxiété,
troubles
psychotiques,
déficits cognitifs et
consommation
d’alcool et de
drogues.
Quelques répondants (29) nomment qu’il
faudrait plus de ressources et plus de
temps pour utiliser quotidiennement des
outils standardisés dans la pratique
clinique.
40 psychiatres participants rapportent une
vision négative de l’utilisation des outils
standardisés attribuable à une difficulté à
généraliser les résultats à leurs clients.
38 participants contestent la validité des
propriétés psychométriques des outils, leur
fidélité et leur faisabilité. Ils rapportent
également que la reproduction et
l’utilisation de tels outils requièrent un
soutien de l’établissement au niveau
technologique et administratif.
22 répondants ne trouvent pas que les résultats
obtenus par les outils standardisés sont utiles.
Humphris,
Littlejohns,
Victor,
O'halloran et
Peacock, 2000
100 thérapeutes
(médecins,
infirmiers,
physiothérapeutes
et ergothérapeutes)
ont complété le
sondage.
Deux phases
caractérisaient le
sondage. La
première était une
investigation
qualitative sur les
facteurs généraux
qui facilitaient ou
nuisaient à
l’implantation de la
recherche en
pratique clinique.
La seconde phase
Le manque de temps en lien avec la
formation et l’implantation de la recherche
en pratique clinique est souvent cité
notamment.
52% n’étaient pas sûr que de baser la pratique sur
la recherche pourrait sauver du temps
83
était une étude
quantitative afin
d’évaluer
l’importance de ces
facteurs.
Santana et al.,
2015. Implantation de
trois programmes
d’entraînement de
cliniciens pour
l’utilisation de
mesures du rapport
du patient sur les
résultats de
l’intervention.
Trois systèmes de
santé de pays
différents: Canada,
Hollande et
Angleterre.
Participants :
oncologues,
patients, médecins
spécialistes en
transplantation et
pédiatres.
Le manque de temps pour les faire passer les
questionnaires
-Manque de temps pour chercher la meilleure
pratique à utiliser en pratique, ce qui a besoin
d’adopter des stratégies pour économiser du temps
lors de l’adoption de EBPs,
-le manque de ressources est aussi un obstacle
rapporté par les cliniciens. Les cliniciens ne sont
pas toujours outillés relativement à la façon la plus
efficace de les utiliser, ce qui fait en sorte qu’ils
peuvent se sentir peu familiers.
-Manque de connaissances approfondies sur le
plan statistique pour interpréter les données
(Ebesutani et coll., 2011) et vive de l’incertitude à
cet égard
Hallas et
Melnyk, 2003;
Aucune
méthodologie n’est
indiquée. Il s’agit
d’un article de type
qualitatif. L’article
traite de
l’implantation des
EBPs chez les
infirmiers et
infirmières.
-Trop large éventail de journaux basés sur la
pratique des professionnels regroupant trop
d’information.
-Une faible familiarité avec les recherches
bibliographiques et les librairies.
-Manque de temps pour chercher la meilleure
pratique à utiliser en pratique.
-Difficulté à adopter un regard critique face aux
résultats de recherche
-Attitudes négatifs envers la recherche
-faible exposition à l’utilisation des résultats de
recherche de même qu’aux stratégies y étant
associées.
-Fardeau pour les clients
Mauvaise conception de l’implantation des EBPs
en pratique clinique
-Craintes quant à la faisabilité d’implanter les
EBPs.
Garland, Kruse
et Aarons, 2003
50 intervenants de
différentes
disciplines et
Les instruments étaient difficiles à comprendre
pour 45% des parents
84
agences de services
ayant reçu une
formation de 4
heures sur
l’utilisation et
l’interprétation des
mesures du
(Performance
Outcome Projet)
(POP) (CBCL,
YSR, CAFAS,
CSQ).
Sur l’interprétation des résultats, 25% doutaient
que les résultats étaient vraiment représentatifs des
changements de leur client.
Lyon, Ludwig,
Wasse,
Bergstrom,
Hendrix et
McCauley,
2016
15 praticiens qui
travaillent auprès
de jeunes et leurs
familles ont été
recrutés. Ils ont
participé à une
demi-journée de
formation sur
l’administration de
deux outils
standardisés soit le
Patient Health
Questionnaire et le
Multidimensional
Anxiety Scale for
Childres. Le but
c’était de connaître
les expériences des
praticiens à propos
de l’administration
d’outils.
Les outils ne seraient pas adaptés au niveau de
langage ou à la culture du client selon certains
cliniciens. Par exemple, ils rapportent qu’ils
devaient aider les clients à comprendre le sens de
certaines phrases surtout lors de double négation.
Ainsi, certains items pouvaient ne pas s’avérer
valides faute d’une bonne compréhension de leur
signification.
Garland, Haine-
Schlagel,
Brookman-
Frazee, Baker-
Ericzen, Trask
et Fawley-King,
2013
La méthode n’est
pas détaillée dans
l’article
Les institutions seraient plus en faveur d’implanter
la pratique basée sur les données probantes si
celles-ci possèdent les fonds et les ressources
nécessaires. Le manque de ressources financières
de l’établissement constituerait donc un obstacle à
l’implantation.
Rochette,
Korner-
Bitensky et
Thomas, 2009
La réflexion sur le
cadre de l’approche
transthéorique
L’obligation imposée par l’établissement d’utiliser
des instruments de mesure dans la pratique
clinique serait un obstacle à la bonne utilisation.
L’incompréhension des résultats obtenue à l’aide
des outils standardisés représenterait une barrière
importante chez les cliniciens
85
Hall et coll.,
2014
C’est un
commentaire court
sur l’implantation
des ROM au
Royaume-Uni.
le manque de formation des intervenants à
l’utilisation et à la passation d’instruments de
mesure et à l’interprétation des résultats
les résistances des cliniciens et le manque de
ressources, le manque de formation lié à
l’utilisation des mesures d’évaluation est une autre
limite pratique
- De plus, nombre d’entre eux n’ont pas de
connaissances approfondies sur le plan statistique
pour interpréter les données (Ebesutani et coll.,
2011)
Lyon, Dorsey,
Pullmann,
Silbaugh-
Cowdin, et
Berliner, 2015
71 cliniciens et
superviseurs
cliniques ont
participé à cette
l’étude.
La formation sur les outils d’évaluation
standardisés est l’élément le plus important lors de
l’implantation d’une nouvelle approche. En effet,
des instructions spécifiques, des périodes de
consultation concernant la sélection,
l’administration et l’utilisation d’outils
d’évaluation standardisés devraient être présentes
afin de favoriser leur implantation. Le manque de
formation des intervenants à l’utilisation et à la
passation d’instruments de mesure et à
l’interprétation des résultats est donc un obstacle
important.
Malgré l’amélioration des attitudes envers les
compétences durant la formation et les périodes de
consultation, aucun changement significatif n’a
été observé lors du suivi post-test à trois mois.
Cette diminution pourrait d’abord s’expliquer par
la réticence des cliniciens à changer leur plan
d’intervention selon les résultats des évaluations
standardisées, ainsi que par une faible
familiarisation avec les outils standardisés dans
leur lieu de travail.
Reeves,
Charter, et Ford,
2016
Une revue
systématique des
études qui évaluait
l’utilité, faisabilité
et l’acceptabilité de
SDAs dans
l’évaluation
psychopathologique
auprès des enfants
et des jeunes
Les cliniciens se plaignent du manque de
formation sur la passation et l’interprétation des
SDAs auprès des enfants.
86
Wodarski, 2015 Il s’agit d’un
chapitre de livre
présentant les
informations
qualitativement
Plusieurs praticiens ne sauraient pas comment
introduire les instruments standardisés auprès des
familles et des jeunes.
Maden, 2003 Aucun. Il s’agit
d’un éditorial
Les outils fournissent une très grande quantité
d’information, mais sans avoir nécessairement des
liens évidents entre elles. Dans le meilleur des cas,
les cliniciens devraient utiliser les données
recueillies et en discuter en équipe. Par contre, ils
doivent être bien formés afin de bien interpréter
l’information
87
Annexe D
Tableau 5. Questionnaires inclus dans les protocoles d’évaluation de la
famille (0-5 et 6-17ans)
88
Tableau 5. Questionnaires inclus dans les protocoles d’évaluation de la famille (0-5 et 6-17ans)
Catégories de variables Variables Instruments de mesure
Section A: Ressources, stress familiaux et stabilité environnementale
1. Caractéristiques
sociodémographiques
Composition familiale (0-5 et 6-17) Nationalité, scolarité et travail des parents (0-5 et 6-17) Revenu familial (0-5 et 6-17) Santé et prise de médicaments (0-5 et 6-17)
Adaptation du questionnaire de
l’Enquête Santé Québec (1992)
2. Stabilité du milieu de vie du
jeune et de la famille
Changements de configuration familiale,
changements d’école, déménagements et
placements en milieu substitut (0-5 et 6-17)
Adaptation du questionnaire du
Groupe de recherche sur les
inadaptations sociales de l’enfance
(GRISE), Université de Sherbrooke
(1998)
3. Ressources des parents Ressources dont disposent les parents (temps,
sociales et financières) (0-5 et 6-17) Perceived Adequacy of Resources
(Rowland et al., 1985)
Soutien des proches (0-5 et 6-17) Questionnaire de Pauzé (2014)
Relation de la famille avec le voisinage (0-5 et 6-17)
Adaptation du Neighborhood Cohesion
Index (NCI), (Buckner, 1988) par
Pauzé (2013)
4. Détresse psychologique des
parents
Détresse psychologique vécue par les parents (0-5 et 6-17)
Détresse psychologique (Préville et al.,
1992)
5. Événements stressants vécus
par la famille et stress associés
à l’exercice des rôles parentaux
Événements stressants vécus par la famille au
cours de la dernière année (0-5 et 6-17)
Adaptation du Family Inventory of Life
Events and Changes de McCubbin, et
al. (1980) (disponible dans Barton et
Baglio, 1993).
Stress associés à l’exercice des rôles parentaux
(domaine du parent) (0-5 ans) Parenting Stress Index (ISP-4), Abidin
(2012), version française par l’Institut
de Recherches Psychologiques (2013)
Section B: Histoire des parents et dynamique du couple
6. Expériences des parents au
cours de leur enfance
Maltraitance vécue par le parent au cours de
son enfance (0-5 et 6-17) Childhood Trauma Questionnaire
(CTQ) de Bernstein et Fink (1998),
version française de l’Institut de
Recherche pour le développement
social des jeunes (IRDS)
7. Fonctionnement conjugal Qualité de la relation conjugale (0-5 et 6-17)
Échelle d’ajustement dyadique (DAS-
16) de Antoine et al. (2008), version
abrégée de la Dyadic Ajustement Scale
(Spanier, 1976)
Exposition du jeune aux conflits conjugaux :
fréquence et intensité des conflits (6-17 ans) Sous-échelles du Children’s
Perception of Interparental Conflict
Scale (CPIC), Grych et al. (1992)
Résolution des tâches développementales de la
famille (0-5 et 6-17)
Questionnaire sur les stades
développementaux des familles
(Bradley et Pauzé, 2009)
89
Section C: Fonctionnement de la famille
8. Fonctionnement familial Résolution de problèmes, expression affective
et fonctionnement général (0-5 et 6-17)
Sous-échelles du Family Assessment
Device (FAD), (Epstein et al., 1983) et
Items supplémentaires sur les
caractéristiques de la communication
dans la famille construits par Pauzé et
Dionne (2013)
Cohésion et flexibilité familiales,
communication et satisfaction concernant le
fonctionnement familial (0-5 et 6-17)
FACES IV (Olson et al., 2006)
Présence de problèmes dans la famille (0-5 et 6-17)
Questionnaire du GRISE, Université
de Sherbrooke (1998)
Section D: Qualité des relations parents-jeune et pratiques éducatives des parents
9. Caractéristiques de la
relation parents-jeune
Qualité de la relation parents-jeune du point de
vue des parents (0-5 et 6-17)
Qualité de la relation parents-jeune du point de
vue des jeunes (12-17 ans)
Index of Parental Attitude (Hudson,
1982)
Inventory of Parent and Peer
Attachment (IPPA) (Armsden et
Greenberg, 1987)
Pratiques éducatives des parents (6-17 ans)
Alabama Parenting Questionnaire,
Shelton et al. (1996)
Items supplémentaires sur les pratiques
éducatives des parents, construits par
Pauzé et Touchette (2013)
Punitions reçues par le jeune dans la famille (12-
17 ans) Adaptation du Conflict Tactics Scales
(Strauss, 1979) par le GRISE
Section E : Caractéristiques personnelles et sociales du jeune
10. Caractéristiques
personnelles et sociales du
jeune
Grossesse et première année de vie de l’enfant (0-5 ans)
Questionnaire sur les habitudes de vie,
Muckle, Bussières et Nadeau (inédit
2014)
Stress associés à l’exercice des rôles parentaux
(domaine de l’enfant) (0-5 ans) Parenting Stress Index (ISP-4), Abidin
(2012), version française par l’Institut
de Recherches Psychologiques (2013)
Comportements du jeune (0-5 et 6-17) Child Behavior Checklist (CBCL),
pour les jeunes de 1.5 - 5 ans,
Achenbach et Rescorla, (2001) (0-5 ans)
Child Behavior Checklist (CBCL),
pour les jeunes de 6-18 ans,
Achenbach (2001) (6-17 ans)
Youth Self-Report (YSR), pour les
jeunes de 11-18 ans, Achenbach
(2001) (12-17 ans)
90
Symptômes traumatiques chez l’enfant (0-5 ans)
Trauma Symptom Checklist for Young
Children (TSCYC) de Briere (2005)
Relations avec les amis (12-17 ans) Questionnaire adapté de l’Enquête
Santé-Québec (1992)
Développement de l’enfant (0-5 ans) Ages and Stages Questionnaires
(ASQ-3), Bricker et al. (1999), version
française par
Bonin, Robaey, Vandaele, Bastin et
Lacroix (2000)
Grille d’évaluation du développement
(GED), Pomerleau, Vézina, Moreau et
Malcuit(2005)
Section F : Évaluation de l’intervenant
11. Fonctionnement familial du
point de vue de l’intervenant
Dimensions du fonctionnement familial (0-5 et 6-17)
Questionnaire de Pauzé (2013)
Types de négligence et leur gravité (0-5 ans)
Index de négligence, Trocmé (1996a),
traduit par Brousseau (1999)
Section G : Bilan de l’évaluation
12. Conclusion Carte conceptuelle du fonctionnement de la
famille (6-17 ans) Créée par Pauzé (2013)
Carte conceptuelle de la négligence parentale (0-
5 ans) Créée par Pauzé (2013)
91
Annexe E
Schéma de l’entrevue
92
L’implantation et l’utilisation du protocole d’évaluation
familiale: positions des intervenants, des gestionnaires et
des familles
Questionnaire auprès des familles
CHERCHEURES RESPONSABLES:
Doris Chateauneuf, Ph.D., chercheure d’établissement, CJQ-IU
Catherine Arseneault Ph.D., chercheure d’établissement, CJQ-IU
1. PERCEPTIONS EN LIEN AVEC LA PASSATION
1.1. Comment le PEF vous a-t-il été présenté par votre intervenante? Parlez-moi des instructions que vous avez eues pour remplir le PEF. Qu’est-ce que l’intervenante vous as dit par rapport à l’utilisation des questions / à
quoi les questions allaient servir? Comment ça s’est déroulé lorsque votre intervenante vous a remis les questionnaires?
Avez-vous rempli tous les questionnaires seul ou l’intervenante vous a accompagnée? Est-ce qu’elle vous a aidé pour certaines sections?
De façon générale, considérez-vous avoir bien compris les questions? Est-ce que votre intervenante vous a aidé à comprendre certaines questions? Qu’est-ce qui aurait pu faciliter votre compréhension?
1.2 Comment avez-vous trouvé les questions? Quels sont vos commentaires à ce sujet? Parlez-moi de ce qui a été le plus difficile pour vous au niveau des questions. Parlez-moi de ce qui a été le plus facile pour vous au niveau des questions. Auriez-vous des suggestions à faire concernant les questions? Quelles sont-elles? Diriez-vous que les questions étaient formulées clairement? Qu’est-ce qui pourrait
améliorer leur clarté? Diriez-vous qu’il y avait des questions embarrassantes? Choquantes? Non
pertinentes? Comment ces questions pourraient être améliorées?
1.3 Lorsque votre intervenante vous a présenté le PEF, quelle a été votre réaction? Avez-vous accepté sans hésiter? Qu’est-ce qui vous a mis en confiance? Avez-vous hésité avant d’accepter? Quelles étaient vos craintes?
1.4 Pendant que vous remplissiez ces questionnaires, les questions vous ont-elles permis de réfléchir à votre situation personnelle ou à celle de votre enfant?
93
2. UTILITÉ PERÇUE EN TERMES D’INTERVENTIONS
2.1 Comment les résultats vous ont été présentés? De façon générale, considérez-vous avoir bien compris les résultats? Qu’est-ce qui
aurait pu faciliter votre compréhension? De quelle façon les résultats reflètent / ou ne reflètent pas votre situation?
2.2 Pourquoi, selon vous, le PEF est utile / ou pas utile à l’intervention? Avez-vous l’impression que d’avoir fait le PEF a répondu à certains de vos besoins?
Si oui, lesquels? Si non, comment l’expliquez-vous?
Est-ce que le fait d’avoir fait le PEF avec votre intervenante a fait une différence au niveau de votre relation avec elle? Est-ce que votre relation a changé après avoir fait le PEF?
Si oui, préciser.
3. CONCLUSION
3.1. Qu’est-ce que vous auriez à dire (à suggérer ou conseiller) à une autre famille qui pense à compléter le PEF et qui vous demande votre opinion?
3.2. Quels sont vos commentaires généraux sur le PEF? Recommandations? Suggestions?
94
Annexe F
Formulaire de consentement
95
L’implantation et l’utilisation du protocole d’évaluation familiale: positions
des intervenants, des gestionnaires et des familles
CONSENTEMENT – FAMILLE -VOLET 3
CHERCHEURES RESPONSABLES:
Doris Chateauneuf, Ph.D., chercheure d’établissement, CJQ-IU
Catherine Arseneault Ph.D., chercheure collaboratrice, CJQ-IU
** Les informations contenues dans ce formulaire seront résumées et transmises verbalement
aux familles lors de la prise de contact par téléphone. La personne en charge des entretiens
s’assurera que le consentement a été enregistré.
DESCRIPTION DU PROJET
Présentation du projet et de ses objectifs Dans le but de développer une meilleure pratique d’évaluation des profils et des besoins des
usagers et de soutenir le travail clinique des intervenants, le CJQ-IU procède depuis un peu plus
d’un an à l’implantation d’un protocole d’évaluation familiale (PEF). Ce protocole regroupe un
ensemble de questionnaires permettant d’évaluer les principales composantes du
fonctionnement familial. La présente étude évaluative vise, entre autres, à explorer les
perceptions des intervenants sociaux, des gestionnaires et des familles quant à la pertinence
clinique du PEF.
Participation à la recherche et mesures de confidentialité Votre participation à ce projet consiste à répondre à diverses questions portant sur votre
expérience en lien avec les protocoles. Vous serez plus spécifiquement amené à vous exprimer
sur: le temps requis pour compléter les questions, la compréhension des questions, la
présentation des résultats et sur l’utilité perçue en termes d’intervention. La durée de chacun
des entretiens est d’environ 30 minutes et un montant de 20$ par entrevue vous sera offert afin
de pallier aux inconvénients liés à votre participation. Notez que ces entrevues feront l’objet
d’un enregistrement audio, et ce dans le but d’en faciliter l’analyse. Le contenu demeurera
confidentiel et ne sera connu que par les responsables du projet (chercheures et assistante de
recherche). Vous avez aussi le droit de refuser d’être enregistré : dans ce cas, la personne
responsable de l’entretien prendra des notes sur papier de vos propos. Toutes les informations
recueillies au cours du projet seront traitées dans la plus grande confidentialité et votre nom
n’apparaîtra dans aucun document. Le matériel d’entrevue sera conservé dans un classeur barré,
dans le bureau de la chercheure responsable, au CJQ-IU. Au terme de l’analyse et de sa
diffusion (maximum cinq ans), les enregistrements, transcriptions d’entrevue et questionnaires
ayant servi à l’analyse seront détruits.
96
Diffusion des résultats Les résultats de cette étude seront présentés et détaillés dans un bref rapport de recherche,
toujours en préservant la confidentialité des données. Si vous souhaitez être informé des
résultats, ce rapport peut vous être transmis par courriel à la fin du projet.
CONSENTEMENT Votre participation est entièrement volontaire. Vous êtes libre de vous retirer en tout temps sur
simple avis verbal, sans préjudice et sans devoir justifier votre décision. Si vous décidez de
vous retirer de la recherche, les renseignements qui auront été recueillis au moment de votre
retrait seront détruits.
-dessus, avoir obtenu les réponses à
mes questions sur ma participation à la recherche et compris le but, la nature, les avantages et
les inconvénients de cette recherche. Après réflexion, je consens librement à prendre part à
cette recherche. Je sais que je peux me retirer en tout temps sans préjudice et sans devoir
justifier ma décision.
adre de cette étude soient utilisées pour
des projets de recherche subséquents de même nature, conditionnellement à leur approbation
par un comité d’éthique de la recherche et dans le respect des mêmes principes de
confidentialité et de protection des informations :
___________________________
Nom du participant
___________________________
Signature du participant
_____________________
Date
___________________________
Nom du témoin
___________________________
Signature du témoin
______________________
Date
Personne-ressource
-Pour tout autre renseignement concernant ce projet, vous pouvez joindre la chercheure responsable,
Doris Chateauneuf (418) 661-7291, poste 1534 / [email protected]
-Toute plainte ou critique en lien avec ce projet devra être adressée au Commissaire aux plaintes et à la qualité des services du CIUSSS de la Capitale nationale au 2915, avenue du Bourg-Royal, Beauport, Québec G1C 3S2. Téléphone : (418) 691-0762
97
Annexe G
Formulaire d’autorisation de transmission d’informations
98
L’implantation et l’utilisation du protocole d’évaluation familiale: positions des
intervenants, des gestionnaires et des familles FORMULAIRE D’AUTORISATION DE TRANSMISSION
DE L’INFORMATION CONFIDENTIELLE
CHERCHEURES RESPONSABLES:
Doris Chateauneuf, Ph.D., chercheure d’établissement, CJQ-IU
Catherine Arseneault Ph.D., chercheure collaboratrice, CJQ-IU
Je consens à ce que __________________________________, (nom de l’intervenant) du Centre
jeunesse de Québec – Institut universitaire transmette mon nom et mes coordonnées à l’équipe
de recherche afin qu’un assistant de recherche puisse me téléphoner pour m’expliquer la teneur
de ma participation au projet de recherche intitulé « L’implantation et l’utilisation du protocole
d’évaluation familiale : positions des intervenants, des gestionnaires et des familles » (sous la
responsabilité de Doris Châteauneuf, chercheure d’établissement au CJQ-IU, et de Catherine
Arseneault, chercheure collaboratrice au CJQ-IU). Je serai alors entièrement libre d’accepter ou non
de participer au projet. Dans le cas où j’accepte de participer, nous fixerons un rendez-vous
téléphonique à une heure qui me convienne ou encore, l’entretien pourrait avoir lieu sur le champ,
selon ma préférence.
Nom :
Numéro de téléphone : _________________________________________
Signature du participant Date
______________________________ _________________