la france benevole 2015
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Document réalisé part Recherches et solidaritésTRANSCRIPT
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LA FRANCE BENEVOLE
LES MILLE ET UNE FAONS DAGIR
12me
dition - Juin 2015
Prface de Michel de Tapol
Sous la direction de Ccile BAZIN et Jacques MALET
En partenariat avec
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Remerciements
Patrick BONNEAU, Yal COLLET, Antoine COLONNA DISTRIA, Guillaume DESCHAMPS, Pascal DREYER,
Marie DUROS, Tatiana HEINZ, Amandine HUBERT, Isabelle PERSOZ, Marie-Eve SEROT, Arnaud SAUROIS,
Patrick LAVAURE, Pascal LOVICONI, Ariane MERCATELLO, Nils PEDERSEN et Andr VERCHERE ont particip
la prparation du questionnaire denqute, puis la lecture et au commentaire des rsultats. Nous leur
adressons nos plus vifs remerciements, ainsi quaux nombreux partenaires qui se sont associs cette dmarche.
Par leur mobilisation, ils ont contribu diffuser lenqute, dans leurs rseaux respectifs, permettant ainsi plus
de 3000 personnes de sexprimer :
Des rseaux de bnvoles : AFM Tlthon, Animafac, lAssociation des Paralyss de France, la Croix-Rouge
Franaise, le Collectif Harclement de Rue, les coles de la deuxime chance, ESPR, Espace Bnvolat, France
Bnvolat, La Fage, La Ligue de lenseignement, Mesbonnescopines.com, Secours Catholique
Des sites Internet : Association Mode demploi, Institut National de la Jeunesse et de lducation populaire,
Association.gouv.fr, jeveuxaider.com, Webassoc
Des organismes nationaux et dans les territoires : le Ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports, le
Mouvement Associatif au plan national et en rgions, le Centre franais des fonds et fondations, le Rseau
national des maisons dassociations, le Carrefour des associations parisiennes, la Fonda, Passerelles &
Comptences, la Maison des solidarits
Sans oublier la Caisse centrale dactivits sociales de lnergie, la MACIF, la Banque Postale et La Poste.
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Sommaire
PREFACE 4
LESSENTIEL 5
PARTIE I - OBJECTIFS, PERIMETRE DETUDE ET METHODOLOGIE 8
I Elargir lhorizon 8
II Les quatre profils de celles et ceux qui font vivre les associations 8
PARTIE II - REGARDS SUR LA SOCIETE DAUJOURDHUI 11 I - Une vision svre de la cohsion sociale en France 11
II Ltat desprit et les sentiments personnels ressentis 12
III - Perception de la cohsion sociale et tat desprit de chacun 14
PARTIE III A CHACUN SES MODES DACTION 16
PARTIE IV - ALLER PLUS LOIN : AGIR POUR TENTER DE CHANGER UN PEU LES CHOSES 19
I - Les motivations pour aller plus loin 20
II - Les ressorts en fonction de lge 21
III - Linfluence du lien avec les associations 21
IV - Ce qui vous empche daller plus loin 23
PARTIE V - LE SENS ET LE POIDS DES MOTS 24 I - Ceux qui parlent et ceux qui laissent plus indiffrents 24
A Ce qui fait surtout la diffrence 24
B - Quelle perception, selon le genre et lge des rpondants ? 25
C De limportance du degr doptimisme et de ltat desprit 26
D De limportance du lien avec le secteur associatif 26
2 Les termes qui motivent 27
A Ce qui fait surtout la diffrence 28
B Forte influence du milieu dans lequel on vit 28
C De limportance de lge des rpondants 29
D De limportance du degr doptimisme et de ltat desprit 30
E De limportance du lien avec le secteur associatif 30
PARTIE VI - PERSPECTIVES ENCOURAGEANTES POUR LENGAGEMENT ASSOCIATIF 32 I Le ressenti des bnvoles aujourdhui 32
A Atouts du bnvolat associatif, aux yeux des intresss 33
B - Les rserves exprimes par les bnvoles 34
C Desdiffrences logiques, selon la responsabilit exerce 35
D - Le ressenti des bnvoles selon le secteur dintervention 36
II Plusieurs marges de progression 38
A - Certains freins lengagement semblent surmontables 38
B Bnvolat : un mot-clef ou un terme parmi dautres ? 40
C Le vivier des adhrents 41
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Prface
Mille et une faons dagir pour un chemin de Renaissance
Cette douzime dition de la France Bnvole ralise par Recherches & Solidarits montre que notre communaut nationale, stigmatise, meurtrie, sefforce de traverser les preuves que lon pourrait rsumer du seul mot de violence . Economique, idologique, socitale ou individuelle, elle rgit un mode de rapport lautre destructeur, tant pour les vainqueurs que pour les vaincus.
Les mille et une faons dagir que reprsente le bnvolat, annoncent une Renaissance se frayant peu peu un chemin dans toutes les strates de notre socit. Renaissance sociale dont la source puise aux diffrentes formes dengagements, tant individuels que collectifs. Les nouveaux modes de communication, dchanges, la conscience duvrer pour lintrt gnral, participent renforcer nos valeurs rpublicaines et constituent les fondements dune vritable et importante transition. Cette dition nous prcise que les mots de bnvole pour les plus jeunes, philanthrope ou militant, prennent du recul au profit des mots tels que citoyen, engagement, solidaire, entraide et partage. Ce renouvellement du champ smantique, autour de la notion de bnvolat, indique que lengagement bas sur la seule et belle gnrosit volue, en exprimant une volont de transformer progressivement la socit.
Cela ne serait quune utopie de plus si cet engagement ne se vrifiait pas dans ces mille et une faons dagir de manire informelle autour de soi, ou bien sr, en lien avec les associations. Quon les aide financirement, quon adhre leur projet, quon leur donne du temps gratuitement ou que lon sengage jusqu participer leur gouvernance, chaque geste montre que la relation autrui ne se ralise pas dans la violence de la comptition mais dans une confiance quautorise la volont bonne, la bienveillance dans lesquelles le bnvolat plonge ses racines.
Cette douzime dition de La France Bnvole dessine ce renouveau des changes entre les personnes, facilit par le numrique, dmultipliant lentraide grce labondance et la gratuit des informations avec, en dnominateur commun, les valeurs qui ont donn naissance la Rpublique. Reste aux associations inviter un plus grand nombre de personnes simpliquer dans cette faon de faire socit avec, au premier chef, leurs adhrents, dont 30% se disent prts donner du temps bnvolement.
Peu importe le degr dimplication de chacun, cest dabord cette notion dimplication qui compte, dans une dmarche o tout le monde y trouve son compte : outre le sentiment dagir dans lintrt gnral, les bnvoles interrogs indiquent volontiers que cet engagement leur apporte un panouissement certain, doubl de lacquisition de nouvelles comptences, de savoir-faire et de savoir-tre. Cette France bnvole balbutie les premiers mots dune Renaissance qui devra se polliniser dans tous les domaines puisque cette foule des engags se rencontre et agit dans tous les secteurs de la socit : sportif, conomique, social, artistique, sant Mais au-del de la fragilit des moyens dont dispose le monde associatif, il convient d'tre vigilant prserver ou construire les conditions d'un accueil, d'un accompagnement et dune formation qui prennisent cet engagement.
Cette France bnvole est une preuve concrte que la socit dans laquelle nous vivons est entre les mains de chacun pour en faire le meilleur, dans une relle attitude de bien-veillance.
Michel de Tapol1
1 Membre du Comit dexperts de Recherches & Solidarits, ancien vice-prsident de France Bnvolat, Administrateur de la
Fonda et de la Fondation SFR pour lgalit des chances, membre du Haut Conseil la Vie Associative.
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Lessentiel
Les comportements bnvoles voluent. Les initiatives individuelles et collectives en faveur de la solidarit se
multiplient et prennent des formes nouvelles, aides par les potentialits quoffre le numrique. Les associations,
dont le rle est essentiel pour la vitalit du lien social, doivent sadapter ces changements parfois profonds. Langle
choisi pour cette 12me dition de La France bnvole est destin les y aider. Elle prsente les rsultats dune
enqute lattention des bnvoles, et pour la premire fois, ouverte aussi celles et ceux qui ont des relations avec
les associations, en tant quadhrents ou en tant que donateurs. Leurs diffrences et leurs similitudes sont ainsi mises
au grand jour et ouvrent des pistes de rflexion nouvelles sur leur dsir de sengager, notamment au service des
associations.
Primtre de ltude et mthodologie
Enqute ralise en ligne entre le 6 mars et le 17 avril 2015 auprs de 3017 personnes. En correspondance stricte avec les rsultats de lenqute BVA 2010, qui donne une rpartition prcise des Franais, nous avons retenu 2876 rpondants, pour les relations quils entretiennent avec les associations, en tant que donateurs non adhrents (22% des Franais), adhrents non bnvoles (23%), bnvoles noccupant pas de fonctions de direction (15% des Franais), ou dirigeants associatifs (7%). Rsultats de notre enqute croiss avec les critres relatifs au genre, lge, la situation familiale, lactivit, la rgion et limplantation des rpondants en milieu rural ou en milieu urbain.
Confiance, enthousiasme et une certaine lassitude
Moins de 15% des personnes interroges, ayant toutes, de prs ou de loin, un lien avec les associations, ont une
vision positive de la cohsion sociale, en France, aujourdhui. Ce jugement est plus svre que celui qui est mesur
par le CREDOC (Centre de recherche pour ltude et lobservation des conditions de vie), auprs de lensemble des
Franais.
En rfrence aux enqutes menes par le CEVIPOF (Centre de recherches politiques de Sciences Po), ces personnes
affichent pourtant une plus grande confiance et un plus grand enthousiasme, par rapport lensemble des Franais.
Elles prouvent en mme temps une plus grande lassitude. Celle-ci est probablement lie une certaine usure, ds
lors que lon est investi dans une action dont les rsultats ne sont pas toujours la hauteur de ses attentes, ni la
hauteur des besoins, dans un contexte social tendu.
Le pas dcisif de ladhsion une association
Plusieurs travaux ont rcemment montr que le bnvolat pouvait avoir des effets positifs sur la sant et sur le bien-
tre personnel. La simple participation une association semble aussi aller dans ce sens, avec des adhrents faisant
preuve dans lenqute, de plus denthousiasme, de confiance et doptimisme. Est-ce le fait dadhrer qui rend plus
positif ou est-ce ltat desprit positif qui encourage les individus entrer dans une association ? Les deux se
nourrissent-ils mutuellement ? La question mrite dtre pose.
Quoi quil en soit, le pas que lon franchit en adhrant une association semble marquer le souhait de participer
collectivement une action, et semble en mme temps inciter les intresss multiplier des activits fondes sur le
lien social. Comme une sorte de cercle vertueux qui les conduit sappuyer sur les diffrentes voies qui soffrent
eux (activits avec des amis, collgues ou voisins, participation des collectifs dhabitants ou des groupes en lien
avec les mairies, des coles), et manifester de la curiosit pour de nouvelles formes dengagement. Comme celles
induites par les technologies numriques, par les rseaux sociaux et leurs usages.
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Bnvoles avec ou sans responsabilits : mmes motivations, mmes plaisirs
Sinvestir bnvolement dans une association, que lon ait ou non des responsabilits, est en soi lexpression dune
volont dagir pour tenter de changer un peu les choses : avec ou sans mandat dlu, ils sont 93% se dire prts se
mobiliser, quand les donateurs et les adhrents sont 83% dans ce cas.
Les bnvoles tmoignent clairement, dans leurs motivations, de cette envie de tenter de changer les choses. Ils
mettent plus en avant le souhait de jouer un rle dans la socit, dtre utile aux autres. Ils souhaitent aussi ragir
aux injustices, et utiliser leurs comptences pour lintrt gnral. Ils ne ngligent pas pour autant, et cest trs
important pour lquilibre de leur dmarche, leurs motivations personnelles rencontrer dautres personnes, tre
partie prenante dun projet et aussi dvelopper des comptences et des savoir-faire.
Cette ide selon laquelle les associations sont un lieu dacquisition de savoirs, de comptences, dpanouissement et
de reconnaissance des capacits de chacun, est en effet de plus en plus porte par le milieu associatif et reconnue
dans les coles. Elle est ici revendique par bon nombre de bnvoles, notamment parmi les jeunes. Et elle lest tout
autant de la part des bnvoles sans responsabilit que de la part des dirigeants. On en retiendra, notamment pour
celles et ceux qui ne sont pas encore engags, quil nest pas ncessaire dexercer le pouvoir dans une association,
pour senrichir et spanouir.
Dans le mme esprit, si les bnvoles reconnaissent parfois devoir faire face des contraintes, des arbitrages et
des tensions, cest sans commune mesure avec les bnfices quils tirent de leur engagement. Et cela vaut plus
encore pour les dirigeants associatifs, malgr le poids croissant des responsabilits et la conjoncture de plus en plus
difficile. L encore, il sera utile de faire savoir celles et ceux de plus en plus nombreux - qui hsitent prendre les
rnes dune association, que les responsabilits dentachent pas la motivation et le plaisir, bien au contraire.
Le sens et le poids des mots
Il y a des mots qui parlent tout le monde, dautres qui laissent plus indiffrents, dautres encore qui ont plus
dimpact auprs de certains. Ainsi, la diffrence des termes philanthrope et militant, un peu en retrait, ceux de
bnvole, responsable, solidaire et citoyen font la quasi-unanimit des rpondants lenqute. Les nuances sont
minimes entre les plus gs, plus prsents dans les associations, qui prfrent celui de bnvole, et les plus jeunes
qui mettent davantage en avant celui de solidaire. En revanche, les hommes sont plus sensibles aux notions de
citoyennet et de militance, les femmes prfrent les notions de gnrosit et daltruisme. Le choix des mots est
donc loin dtre indiffrent pour convaincre les uns et les autres de se mobiliser sur une action ou au sein dune
association.
Il y a aussi les mots qui motivent, ceux qui vont plus facilement susciter le passage lacte. Sur la dizaine de mots
rfrencs dans lenqute, le terme engagement arrive en tte. Certes de peu, mais comme un symbole,
comme lillustration dune volont dagir rellement affirme, dans une socit dont la cohsion sociale est juge
particulirement fragile. Il est dailleurs frappant que le choix de ce terme traverse les gnrations, et que les jeunes
affichent leur prfrence pour ce mot engagement - comme pour les mots entraide, partage et action - plutt que
pour le celui de bnvolat.
Au-del de ce terme favori dengagement, les motivations se construisent aussi sur deux notions assez proches que
sont le bnvolat ou laction, et sur des termes en relation ou en interaction, comme lentraide, le partage et
laccompagnement.
Les prfrences portes par les uns et des autres sur les diffrents termes proposs sont le reflet de leurs
sensibilits. Lenqute montre bien que limpact de ces mots est encore plus fort en milieu rural quen milieu urbain,
l o les solidarits de proximit sont plus soutenues. Il lest galement davantage lorsque lon adhre une
association, et plus encore lorsquon y est actif en donnant du temps gratuitement. Illustrant encore ici, combien la
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prsence dans une association peut faire la diffrence, et combien les motivations agir avec les autres ou pour les
autres, augmentent avec lintensit de lengagement dans les associations.
De relles marges de progression pour lengagement associatif
Elles sexpriment dabord parmi les 40% de rpondants lenqute dclarant agir, mais en dehors des associations,
et qui trouveront peut-tre lopportunit et lenvie de sengager aussi dans une association. Et aussi chez les 25%
indiquant faire une pause , par choix personnel, et qui ont bien lintention un jour de rejoindre une association.
Pour les autres personnes interroges non bnvoles aujourdhui dans une association, les freins invoqus sont
gnralement surmontables. Parmi celles, souvent des jeunes, qui imaginent quun engagement bnvole nest pas
compatible avec une forte mobilit gographique, parmi celles qui manquent dinformations ou qui nont pas eu la
chance de croiser une opportunit, parmi celles encore qui craignent de manquer de temps parce quon risque de
leur en demander trop, certaines rempliront peut-tre les conditions plus tard ou trouveront une forme dactions
bnvoles qui leur correspondra.
Les raisons avances quil est plus difficile de contourner ne rassemblent finalement quenviron 20% des rpondants.
Ce sont ceux qui dclarent je ne vois pas ce que a pourrait mapporter ; je ne me sentirais pas laise dans une
association ; je ne crois pas en avoir les moyens financiers ; jai peur que, dans une association, on mimpose des
choses. Ils sappuient parfois sur une regrettable mauvaise exprience associative ou sur limage que renvoient
certaines associations, en dcalage avec les comportements et les attentes des bnvoles daujourdhui.
Ces marges de progression passent aussi par une lecture affte des tmoignages des bnvoles, selon le secteur
dans lequel ils interviennent. Motivations, satisfactions et aussi certaines rserves donnent des arguments faire
valoir pour tenter de corriger dventuelles ides reues ou de remdier quelques travers. A titre dexemple, les
associations du domaine de lenvironnement peuvent mettre en avant la reconnaissance, lacquisition et la
valorisation des comptences pour attirer de nouveaux bnvoles, surtout si elles visent des jeunes. Louverture sur
les autres, le plaisir et lutilit sociale peuvent aussi tre soulignes. Les difficults grer les emplois du temps et les
obligations (runions, formalits administratives) juges un peu trop contraignantes devraient encourager ces
associations proposer des missions adaptes chacun et sappuyer sur le numrique pour des changes
distance et des missions via Internet (veille, recherches documentaires, revue de presse, rdaction de supports).
Enrichir le vivier des adhrents
Outre de fortes motivations pour soi , que lon connat et qui sont tout fait lgitimes de la part des adhrents
des associations, il faut souligner laspiration devenir bnvole, pour prs de 30% dentre eux. Aspiration que lon
pressent dans leurs opinions et leurs comportements, bien souvent assez proches de ceux des bnvoles.
Sachant que ces personnes reprsentent environ 23% des Franais, on aperoit l un vivier prcieux pour le
renforcement des ressources humaines de beaucoup dassociations. Les dirigeants comme les pouvoirs publics
sefforcent dagir pour motiver de nouveaux bnvoles. Ils pourraient tenter de motiver de nouveaux adhrents et
donner tous les possibilits dadhrer, sachant quils peuvent tre, terme, autant de bnvoles potentiels.
Un potentiel se dgage ainsi chaque degr dimplication dans la vie associative. Une fois le pas franchi comme adhrent, un parcours bnvole reste construire, fait de priodes plus ou moins intenses, dactions et de missions diverses, et de projets accompagner, diriger voire initier. Cela en fonction des disponibilits, des circonstances, des rencontres, des centres dintrts qui voluent au fil du temps, selon le parcours de chacun
Ltat desprit des personnes interroges dans cette enqute, leurs motivations agir avec et pour les autres, les nombreux bnfices quelles tirent de leur action bnvole montrent combien lengagement associatif est une chance pour chacun et pour la socit dans son ensemble. Encore faut-il que chacun puisse avoir cette opportunit et trouve ainsi sa place et son rle dans lassociation de son choix
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Premire partie
Objectifs, primtre dtude et mthodologie
I Elargir lhorizon
Dans le cadre de sept enqutes annuelles, ralises auprs des bnvoles entre 2008 et 2014, nous avons largement
explor les contours et les comportements de ce groupe social de personnes qui donnent du temps gratuitement, en
particulier dans le cadre des associations. Nous avons notamment suivi lvolution, au fil des annes, de leurs
motivations, de leurs attentes et de leurs dceptions, parfois.
Les plus jeunes manifestent de rels comportements de solidarit, cherchant donner du sens leur vie et leurs
actions, et nhsitent plus faire valoir leurs engagements et lacquis de cette exprience bnvole, dans leur CV.
Nous avons aussi constat des avances, notamment avec lutilisation de plus en plus partage, quelles que soient
les gnrations, doutils numriques au service de projets associatifs. Nous avons pu galement mesurer,
annuellement, au profit des associations, une gnrosit financire qui rsiste la crise2.
En revanche, chacun peut constater que laction bnvole a perdu en rgularit, au sein des associations3, et que de
plus en plus dinitiatives individuelles ou collectives voient le jour, hors association. Il est important de les valoriser
comme autant de signaux positifs, dans une socit en mal de cohsion sociale et trop souvent accuse dtre
marque par un repli sur soi. Ces multiples comportements de solidarit, plus informels, constituent galement des
tmoignages et des expriences qui peuvent nourrir la rflexion des associations, sur leur mode de fonctionnement
et sur lvolution de leur projet.
Ce contexte nouveau est encourageant si lon se situe par rapport la socit en gnral. Mais ces nouveaux modes
dengagement scartent de ceux sur lesquels sappuient traditionnellement les associations, et dont elles ont
souvent besoin, aujourdhui, pour faire face aux multiples exigences de leurs missions.
Notre objectif consiste donc cette anne, voir sil existe des marges de progression sur lesquelles les associations
peuvent sappuyer. Pour ce faire, nous avons ouvert notre enqute consacre habituellement aux bnvoles, aux
personnes qui ne le sont pas, mais qui ont des relations avec une ou plusieurs associations, en tant quadhrents ou
en tant que donateurs.
Elargir le primtre de ltude celles et ceux qui ont en commun un lien avec le secteur associatif permet de mieux
connatre leur profil respectif, y compris dans le regard quils portent sur la socit daujourdhui, sur les diffrentes
faons quils ont choisi pour tenter de changer les choses, sur leurs motivations. De voir aussi en quoi les bnvoles,
dirigeants ou non, sont des acteurs trs impliqus au-del mme de leur association, et comment les donateurs et
les adhrents constituent un vivier privilgier, mme sil nest pas exclusif. En effet, les personnes qui ne donnent
pas dargent une association, notamment par manque de moyens, et que nous navons pas prises en compte dans
notre primtre, peuvent tout fait avoir vocation adhrer lune dentre elles.
Soyons clairs : il nest pas question de btir une hirarchie entre les qualits respectives des actions qui se
dveloppent dans les associations et en dehors delles. Il est juste question dobserver comment se comportent
quatre groupes, galement circonscrits sans aucun jugement de valeur, et que nous appellerons les groupes pilotes,
tout au long de ce dveloppement.
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me dition de La gnrosit des Franais, Recherches & Solidarits. Novembre 2014.
3 Le bnvolat en France en 2013, et ses volutions rcentes. Recherches & Solidarits. Septembre 2013, partir des rsultats de
lenqute IFOP ralise la demande de France Bnvolat, en partenariat avec le Crdit Mutuel et Recherches & Solidarits.
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II Les quatre profils de celles et ceux qui font vivre les associations
Pour viter toute erreur de lecture, et pour tre tout fait clairs sur les contours et les caractristiques de notre
primtre dtude, nous prsentons ici quatre groupes pilotes dont les dfinitions prcises sont les suivantes :
- Ils aident financirement les associations, mais ne sont pas adhrents pour autant,
- Ils adhrent une association, mais ne lui donnent pas de temps gratuitement,
- Ils donnent du temps gratuitement une association, mais ne sont pas dirigeants,
- Ils sont dirigeants dune association (membre dun comit directeur ou dun conseil dadministration).
Ces personnes ont en commun un lien avec le secteur associatif, soit pour le soutenir, sans y adhrer, soit en
participant ses activits, comme adhrent, comme bnvole ou comme dirigeant. Nous pouvons nous appuyer sur
la dernire et trs robuste enqute ralise auprs de 4.011 personnes reprsentatives de la population franaise,
par BVA en 2010. Enqute mene pour le compte des pouvoirs publics, et dont nous avons pu examiner et retraiter
les rsultats.4
Lexploitation des rsultats de cette enqute permet de prsenter clairement et prcisment la proportion de
Franais correspondant chacun des 4 groupes, dabord dans lensemble de la population, puis parmi les hommes et
les femmes, et enfin selon les gnrations, selon le tableau suivant.
Prsentation de la ventilation Ensemble Hommes Femmes 18-24 25-39 40-59 60-69 70 et +
Non donateurs, non adhrents associatifs 33% 30% 35% 50% 36% 33% 21% 26%
Donateurs aux associations, non adhrents (1) 22% 19% 25% 19% 19% 21% 25% 30%
Sous total des non adhrents 55% 50% 60% 69% 56% 54% 46% 56%
Adhrents non bnvoles (2) 23% 22% 23% 22% 24% 20% 25% 25%
Bnvoles non dirigeants (3) 15% 18% 13% 9% 14% 16% 19% 15%
Dirigeants (4) 7% 10% 5% 1% 7% 9% 9% 4%
Sous total des adhrents 45% 50% 41% 33% 44% 46% 53% 44%
Source : Enqute BVA auprs de 4.011 personnes 2010 Traitement Recherches & Solidarits. (1) Notre premier segment denqute. (2) Notre deuxime segment denqute. (3) Notre troisime segment denqute. (4) Notre quatrime segment denqute. Ainsi, les quatre segments de notre panel denqute correspondent une rpartition constate auprs de
lensemble des Franais, par lInstitut BVA en 2010. Ceci nous servira de repres, et servira de repres aux
responsables associatifs et aux dcideurs, pour analyser les comportements, en 2015, de ces quatre groupes de
Franais, ayant un lien avec le secteur associatif, soit par un soutien financier, soit par une adhsion, soit par un
engagement bnvole, soit en assumant une responsabilit de dirigeant.
- Ils donnent de largent, au moins une fois par an, des associations. Ils ne sont pas adhrents pour autant.
Ils reprsentent environ 22% des Franais, moins de 20% des hommes et 25% des femmes, selon une
proportion qui volue en corrlation avec lge, de 19% chez les moins de 25 ans, jusqu 30% parmi les plus
de 70 ans. Sans jugement de valeur, nous les appellerons les donateurs non adhrents. Lenqute BVA nous
indique les raisons principales pour lesquelles ils nadhrent pas une association5. Nous les verrons dans la
dernire partie de cette publication, et nous tudierons leurs rponses notre enqute 2015.
4 Avec une premire publication concernant les diffrentes formes de dons en faveur des associations, dont le don de temps
(bnvolat) et le don dargent, intitule Les diffrents visages de la solidarit Septembre 2011. 5 Il est vident que les membres de ce groupe nont pas systmatiquement vocation adhrer un jour des associations, mais
leur intrt pour elles, au travers de leurs dons dargent, est un indice utile prendre en compte.
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- Ils adhrent une association et parfois plusieurs, quelles quelles soient, et ils nont pas dengagement
bnvole dans le cadre associatif. Ils reprsentent environ 23% des Franais, dune manire quilibre entre
hommes et femmes, avec une proportion un peu plus faible parmi les moins de 25 ans, qui bondit entre 25
et 39 ans, se rtracte entre 40 et 59 ans, pour se situer au plus haut, partir de 60 ans. L encore sans aucun
jugement de valeur, nous les appellerons les adhrents non bnvoles. Lenqute BVA nous indique les
principales raisons qui les ont incits adhrer une association, dans une ventilation que nous avons pu
isoler pour ce groupe trs prcis, et qui sera prsente dans le dernier chapitre de cette tude.
- Ils ont un engagement bnvole dans une association, dans des fonctions daccueil, dadministration,
daccompagnement ou danimation. Ils ne sont pas dirigeants lus au sein dun bureau ou dun conseil
dadministration dune association. Ils reprsentent environ 15% des Franais, avec une bien plus forte
reprsentation parmi les hommes (18% contre 13%), et une proportion qui va crescendo, depuis 9% chez les
moins de 25 ans, jusqu 19% chez les sexagnaires, avec un lger retrait au-del de 70 ans. Nous les
appellerons les bnvoles non dirigeants, et nous les suivrons tout au long des rsultats de notre enqute.
- Ils sont dirigeants dune association, au sein dun bureau ou dun conseil dadministration. Lenqute BVA
nous indique quils reprsentent environ 7% des Franais, avec de trs grands carts bien connus, mais trs
prcisment mesurs ici : cette proportion moyenne est exactement double chez les hommes (10%), par
rapport ce quelle est chez les femmes (5%). Ce groupe est trs peu reprsent chez les moins de 25 ans
(1%), la proportion est maximale entre 40 et 70 ans (9%), et faiblit au-del. Nous les appellerons les
dirigeants associatifs, et nous suivrons pas pas leurs rponses aux diffrentes questions de notre enqute.
Primtre de ltude et mthodologie
Enqute ralise en ligne entre le 6 mars et le 17 avril 2015 auprs de 3017 personnes. En correspondance stricte avec les rsultats de lenqute BVA 2010, qui donne une rpartition prcise des Franais, nous avons retenu 2876 rpondants, pour les relations quils entretiennent avec les associations, en tant que donateurs non adhrents (22% des Franais), adhrents non bnvoles (23%), bnvoles noccupant pas de fonctions de direction (15% des Franais), ou dirigeants associatifs (7%). Rsultats de notre enqute croiss avec les critres relatifs au genre, lge, la situation familiale, lactivit, la rgion et limplantation des rpondants en milieu rural ou en milieu urbain. Outre les quatre groupes pilotes, ainsi constitus partir des relations des rpondants avec les associations (donateurs non adhrents, adhrents non bnvoles, bnvoles non dirigeants, dirigeants associatifs), dautres segmentations ont t tablies : dune part, en fonction du jugement que portent ces personnes sur la cohsion sociale en France, distinguant ceux que nous nommerons les optimistes, les pessimistes et les trs pessimistes ; dautre part, en fonction des sentiments personnels ressentis par les rpondants, avec quatre groupes composs de ceux qui ressentent de lenthousiasme ou de la confiance, et de ceux qui ressentent de la peur ou de la mfiance.
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Deuxime partie
Regards sur la socit daujourdhui Le primtre de notre tude a donc t fix et prsent : il comporte exclusivement des personnes que nous
pouvons donc trs clairement qualifier dacteurs, dans la mesure o ils aident financirement un secteur
minemment utile au sein de notre socit, ou agissent en son sein. La prsentation succincte de chacun des
groupes pris en compte ayant t faite, nous allons successivement observer leur perception de la socit, au regard
de ce quon nomme la cohsion sociale, les sentiments personnels quils prouvent, puis leurs diffrents
comportements, en lien avec les autres.
I - Une vision svre de la cohsion sociale en France
A partir dune question que le CREDOC a pose lensemble des Franais, pour le compte de la direction gnrale de
la cohsion sociale6, et que nous avons galement pose nos quatre groupes, on peut mesurer une perception
diffrente, essentiellement entre le premier groupe et les trois autres. Premier symbole, ici, de ce que nous avons
dj peru et dcrit7 quant aux diffrences entre non adhrents et adhrents, et quant aux similitudes entre
adhrents non bnvoles et adhrents bnvoles.
Ce tableau permet en outre de constituer trois groupes transversaux nos quatre segments, dont le degr
doptimisme ou de pessimisme varie, par rapport cette premire question.
Selon vous, la cohsion sociale, en France, est-elle actuellement :
Donateurs non
adhrents Adhrents non
bnvoles Bnvoles non
dirigeants Dirigeants
Forte ou assez forte (groupe des optimistes) 10% 14% 12% 14%
Pas trs forte (groupe des assez pessimistes) 55% 64% 61% 60%
Pas du tout forte (groupe des trs pessimistes) 29% 19% 21% 21%
Je ne sais pas rpondre 5% 3% 6% 6%
Total gnral 100% 100% 100% 100%
Source : Enqute Recherches & Solidarits 2015. Lecture : Parmi les donateurs aux associations, non adhrents, 10% estiment que la
cohsion sociale est aujourdhui forte ou assez forte. Toutes les personnes de notre panel ayant le mme avis ont vocation figurer dans un
groupe transversal que nous nommerons le groupe des optimistes.
Les donateurs non adhrents se diffrencient de tous les autres rpondants, par une plus grande svrit : comme si
lappartenance une association donnait une image plus favorable de la cohsion sociale, de par la pratique
collective quelle implique.
Au-del de ce tableau, prcisons que nous nobservons pas de diffrences significatives, selon le genre et selon lge
des rpondants, tout comme selon quils habitent en milieu rural ou urbain. Nous constatons un pourcentage un peu
suprieur, parmi les rpondants qui ont des enfants, quils soient seuls ou en couples, nettement suprieur (18%
doptimistes) parmi les rpondants appartenant une catgorie socioprofessionnelle suprieure, et nettement en
retrait (10%) parmi les personnes en recherche demploi, mais aussi parmi les catgories socioprofessionnelles
moyennes (10%).
6 Rsultats accessibles sur la page Publications & Sourcing du CREDOC.
7 Les diffrents visages de la solidarit. Recherches & Solidarits. Septembre 2011
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12
II Ltat desprit et les sentiments personnels ressentis
Nous avons ensuite pos cette question, que le CEVIPOF a talonne lensemble des Franais, sensiblement la
mme priode. Le tableau suivant montre des diffrences trs nettes, entre les acteurs de notre panel et lensemble
des Franais.
Parmi les qualificatifs suivants, quels sont ceux qui caractrisent le mieux votre tat desprit actuel ?
Plusieurs rponses possibles
Enqutes CEVIPOF auprs de l'ensemble des Franais
Enqute R&S 2015 auprs des personnes
en lien avec des associations
Dcembre 2014 Fvrier 2015
Mfiance 26% 32% 21%
Morosit 30% 32% 22%
Lassitude 27% 29% 39%
Srnit 12% 14% 15%
Bien-tre 10% 13% 9%
Confiance 10% 11% 28%
Enthousiasme 7% 8% 16%
Peur 11% 11% 10%
Ne sait pas rpondre 2% 2% 3%
Sources : Enqutes CEVIPOF Enqute Recherches & Solidarits - 2015
En comparaison, la mfiance et la morosit sont des sentiments bien moins partags par les personnes de notre
panel, mais elles prouvent moins un sentiment de bien-tre, et bien plus que les autres un sentiment de lassitude,
peut-tre li au regret de ne pas toujours obtenir des rsultats la hauteur de leurs objectifs. Comme on pouvait sy
attendre, elles se retrouvent bien davantage dans les termes de confiance et denthousiasme, mme si cest dans
des proportions assez limites, respectivement 28% et 16%. Les sentiments de srnit, dune part, et de peur,
dautre part, sont assez uniformment partags par lensemble des Franais.
Au sein de notre panel, nous pouvons constater, dans le tableau suivant, quelques diffrences significatives, en
fonction du genre et de lge.
Parmi les qualificatifs suivants, quels sont ceux qui caractrisent le mieux votre tat desprit actuel ?
Plusieurs rponses possibles
Propositions Homme Femme < 25 ans 25 - 39 ans 40 - 59 ans 60 - 69 ans 70 ans et +
Mfiance 24% 19% 29% 19% 21% 21% 20%
Morosit 24% 21% 15% 19% 23% 24% 26%
Lassitude 37% 41% 41% 41% 44% 35% 36%
Srnit 18% 12% 11% 9% 13% 18% 21%
Bien-tre 10% 9% 19% 13% 10% 8% 5%
Confiance 29% 27% 24% 25% 26% 29% 34%
Enthousiasme 14% 17% 37% 25% 15% 11% 7%
Peur 7% 12% 15% 15% 10% 8% 7%
Ne sait pas rpondre 2% 4% 4% 7% 3% 3% 0%
Source : Enqute Recherches & Solidarits 2015.
Au travers des rsultats de ce tableau, complts, ici ou l, par des constats lis dautres critres que le genre et
lge, voici les commentaires que lon peut avancer : la mfiance est un sentiment davantage partag chez les
hommes, ainsi que chez les plus jeunes. Tout comme en milieu rural, ainsi que parmi les catgories professionnelles
modestes.
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13
Les hommes ressentent nettement plus un sentiment de morosit que les femmes, et ce sentiment est de plus en
plus ressenti, au fur et mesure que lon avance en ge. Il est fort, parmi les personnes seules sans enfants (24%), et
trs fort parmi les personnes en recherche demploi (32%).
La lassitude est un sentiment un peu plus partag par les femmes, ainsi que par les personnes de 40 59 ans. Il
sattnue singulirement aprs 60 ans, peut-tre en lien avec une situation personnelle moins soumise la pression
de la vie professionnelle. Il est plus frquent parmi les personnes seules, quelles aient ou non des enfants, et aussi
parmi les catgories professionnelles modestes.
Dune manire corollaire, le sentiment de srnit est davantage ressenti aprs 60 ans, et bien plus nettement chez
les hommes, en gnral. Il est bien plus partag parmi les rpondants qui sont en couple sans enfant, forte
proportion que lon retrouve logiquement parmi les retraits.
Assez peu de rpondants (9% en moyenne) choisissent litem relatif au bien-tre, avec tout de mme un
pourcentage significativement suprieur chez les moins de 40 ans. Et avec une plus faible proportion parmi les
personnes seules avec enfant, et parmi les retraits (6%).
La confiance augmente en corrlation avec lge. Les jeunes optent moins souvent pour la confiance, alors quils sont
au contraire plus enthousiastes, avec un maximum de 37% chez les moins de 25 ans, et un minimum de 7% chez les
plus de 70 ans. De ce point de vue, les femmes se distinguent positivement.
Enfin, le sentiment de peur est assez faiblement partag (10% en moyenne), mais avec une nette diffrence
concernant les femmes et les moins de 40 ans. Ce sentiment est nettement plus frquent parmi les rpondants qui
ont des enfants, ainsi que chez les personnes qui exercent des professions modestes, et chez celles qui recherchent
un emploi.
Le tableau suivant, prsentant les rsultats en fonction de nos quatre groupes dacteurs, montre la confirmation de
diffrences nettes, entre les donateurs qui ne sont pas adhrents dune association et les autres. Notamment au
regard des sentiments de mfiance et de morosit, dune part, et corollairement des sentiments de confiance et
denthousiasme, dautre part.
Parmi les qualificatifs suivants, quels sont ceux qui caractrisent le mieux votre tat desprit actuel ?
Plusieurs rponses possibles
Propositions Donateurs non
adhrents Adhrents non
bnvoles Bnvoles non
dirigeants Dirigeants
Mfiance 27% 20% 20% 20%
Morosit 28% 19% 23% 22%
Lassitude 49% 46% 38% 38%
Srnit 8% 12% 17% 16%
Bien-tre 8% 11% 10% 9%
Confiance 13% 25% 26% 32%
Enthousiasme 8% 17% 15% 15%
Peur 13% 10% 11% 9%
Ne sait pas rpondre 6% 2% 4% 3%
Source : Enqute Recherches & Solidarits - 2015
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Le passage du groupe des adhrents non bnvoles celui des bnvoles associatifs correspond un sentiment un
peu plus fort, en termes de srnit, et un peu plus faible en termes de lassitude. Les dirigeants se distinguent des
autres bnvoles par un sentiment de confiance nettement plus partag.
Pour revenir cette sorte de dclic qui se produit, quand on compare les rponses des donateurs non adhrents et
celles des adhrents non bnvoles, soyons prudents : prcisons demble que nous ne sommes pas en mesure
daffirmer si cest ladhsion une association qui provoque ces changements dtat desprit, si les deux
phnomnes sont simplement concomitants, ou enfin, si cest linverse et si ce sont ces sentiments qui donnent un
peu plus envie dadhrer.
Sur ce sujet, il nous a sembl utile de verser au dossier quelques rsultats de lenqute BVA, concernant les raisons
qui retiennent les donateurs non adhrents, dentrer dans une association, et celles qui ont conduit les adhrents
non bnvoles y entrer. Ces informations figurent dans la dernire partie de cette prsentation.
A partir de ces rsultats cette question, nous avons donc constitu quatre groupes transversaux de personnes
prouvant des sentiments contrasts : celles et ceux qui ressentent de la mfiance et de la peur, dune part, et celles
et ceux qui ressentent de la confiance et de lenthousiasme, dautre part. Cette segmentation nous permettra des
croisements utiles, par rapport dautres sujets abords dans cette enqute.
III - Perception de la cohsion sociale et tat desprit de chacun
Trs logiquement, mais avec une possibilit de mesurer les carts, on peut constater une corrlation entre le
sentiment que lon prouve et la perception que lon a de la cohsion sociale, en France.
Vous prouvez les sentiments suivants
Selon vous, la cohsion sociale en France, est actuellement
Forte ou assez forte (Groupe des optimistes)
Pas trs forte (Groupe des assez pessimistes)
Pas forte du tout (Groupe des trs pessimistes)
Total
Mfiance 10% 58% 32% 100%
Morosit 7% 61% 32% 100%
Lassitude 8% 63% 29% 100%
Srnit 19% 65% 16% 100%
Bien-tre 22% 60% 18% 100%
Confiance 22% 63% 15% 100%
Enthousiasme 22% 62% 16% 100%
Peur 8% 60% 32% 100%
Ne sait pas rpondre 18% 59% 23% 100%
Source : Enqute Recherches & Solidarits 2015. Lecture : Parmi les personnes qui prouvent un sentiment de mfiance, 10% estiment que
la cohsion sociale est forte ou assez forte. Cette proportion est de 22% parmi les personnes qui prouvent un sentiment de confiance.
La mfiance, la morosit, la lassitude et la peur vont de pair avec une mauvaise perception de la cohsion sociale, en
France, parmi les acteurs de notre panel. La srnit, et plus encore le sentiment de bien-tre, de confiance et
lenthousiasme, riment avec une perception nettement plus positive de la cohsion sociale.
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Ce que lon peut retenir :
Au bilan, moins de 15% des personnes qui ont un lien avec les associations ont une vision positive de la cohsion
sociale, en France, aujourdhui. Ce jugement est plus svre que celui qui est mesur par le CREDOC, auprs de
lensemble des Franais.
En rfrence aux enqutes menes par le CEVIPOF, les personnes qui ont un lien avec les associations affichent une
plus grande confiance et un plus grand enthousiasme, par rapport lensemble des Franais. Elles prouvent
cependant une plus grande lassitude. Celle-ci est probablement lie une certaine usure, ds lors que lon est investi
dans une action dont les rsultats ne sont pas toujours la hauteur des attentes, ni la hauteur des besoins dans un
contexte social tendu.
Plusieurs travaux ont rcemment montr que le bnvolat pouvait avoir des effets positifs sur la sant et sur le bien-
tre personnel. La simple participation une association semble aussi correspondre des sentiments nettement
plus affirms : les adhrents font preuve de plus denthousiasme, de confiance et doptimisme. Est-ce le fait
dadhrer qui rend plus positif ou est-ce ltat desprit positif qui encourage les individus entrer dans une
association ? Les deux se nourrissent-ils mutuellement ? La question mrite dtre pose.
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Troisime partie
A chacun ses modes daction
Sans rechercher lexhaustivit des pratiques, nous avons propos onze types diffrents de comportements, allant de
simples activits communes avec des amis, voisins ou collgues (sorties, jogging, loto, entraide loccasion), jusqu
la responsabilit dlu dans une collectivit locale, ou encore celle du dirigeant associatif, en passant par le don
dobjets ou dargent. Ceci sans oublier lutilisation dInternet comme outil de mobilisation, pour faire connatre une
action ou pour signer une ptition, ou encore pour effectuer un don ou accorder un prt.
Nous allons observer ces comportements, partir des quatre groupes tmoins, constitus partir de leur position
par rapport au secteur associatif. Cest lobjet du tableau suivant, dans lequel on remarque que ladhsion une
association va gnralement de pair avec une autre activit en relation avec les autres.
Comment vous situez-vous par rapport aux propositions suivantes ? Rponses positives (en pourcentages)
Propositions Donateurs non
adhrents Adhrents non
bnvoles Bnvoles non
dirigeants Dirigeants
a) Vous avez des activits communes, hors association, avec des amis, voisins ou collgues (sorties, jogging, loto, entraide loccasion)
59% 77% 76% 75%
b) Vous utilisez Internet et les rseaux sociaux pour faire connatre une action ou pour signer des ptitions
66% 65% 70% 73%
c) Vous utilisez Internet pour des dons dobjets, des prts ou des changes, du covoiturage ou pour soutenir financirement un projet (1)
45% 41% 48% 42%
d) Vous participez la vie dun collectif dhabitants de votre rsidence, de votre quartier ou de votre commune
14% 22% 31% 41%
e) Vous appartenez un groupe en lien avec une mairie, une cole, une glise, un syndicat, un parti politique
33% 29% 47% 58%
f) Vous donnez du temps un groupe en lien avec une mairie, une cole, une glise, un syndicat, un parti politique
26% 27% 51% 61%
g) Vous tes lu dans une commune (conseil municipal) ou dans une autre collectivit territoriale
3% 2% 2% 5%
h) Vous tes adhrent dune association (sport, culture, loisirs) pour participer ses activits
0% 100% 100% 100%
i) Vous donnez (mme un peu) de largent ou des biens matriels (vtements, nourriture) une association (1)
92% 81% 89% 91%
j) Vous donnez du temps dans une association, de faon ponctuelle ou rgulire
0% 0% 100% 100%
k) Vous tes membre du conseil dadministration dune association 0% 0% 0% 100%
Source : Enqute Recherches & Solidarits 2015. (1) Pour constituer le groupe des donateurs non adhrents, ont t prises en compte les rponses positives des items C et I. Lecture : Parmi les personnes du groupe des donateurs non adhrents, 59% ont des activits communes, hors associations, avec des amis, voisins ou collgues. Nous nous limiterons dabord aux diffrences observables entre le premier groupe, compos des donateurs qui
nadhrent pas une association, par rapport aux comportements des trois autres groupes. Ils se distinguent par
une moindre activit, hors associations, avec des amis, voisins ou collgues. De mme, ils participent moins souvent
la vie dun collectif dhabitants, dans leur quartier ou dans leur village.
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17
Pour ce dernier item (d), on remarque la progression de la proportion des rponses positives, jusquau groupe des
dirigeants (41%). Cette progression sobserve galement, pour ce qui concerne les trois groupes dadhrents aux
associations, pour lappartenance et pour le don de temps un groupe en lien avec une mairie ou une cole (items e
et f). Ce qui traduit un cumul que nous avons dj observ (IFOP 2013), entre des activits associatives et dautres
activits organises.
Prcisons, enfin, que les proportions ne varient pas dune manire significative, dun groupe lautre, concernant les
actions menes sur Internet (items b et c), et que, mme si les lus associatifs cumulent plus souvent ces fonctions
avec celles dlus politiques (5%), cela reste dans des proportions assez faibles.
Le croisement de ces pratiques avec les autres critres donnent quelques diffrences sur lesquelles nous passerons
assez vite. Ainsi, de la mme manire quils sont plus prsents dans les associations, notamment en tant que
dirigeants, les hommes sont aussi un peu plus actifs dans les groupes locaux en lien avec une mairie ou une cole, et
dans les collectifs d'habitants. Les femmes pratiquent plus souvent des activits entre amis ou entre collgues, elles
s'appuient davantage sur Internet pour promouvoir des actions, faire des dons, des changes, des prts.
En milieu rural, les activits en groupe sont plus frquentes : l'adhsion une association, la participation plus ou
moins active dans des groupes locaux, en lien avec une mairie ou une cole. On prend galement plus souvent des
responsabilits, qu'elles soient associatives ou politiques (lu local). Internet est un peu plus souvent utilis par les
citadins pour des pratiques "solidaires".
Mais cest surtout entre les gnrations que les diffrences sont, sans surprise, les plus fortes sur ces relations et ces
actions : dans le plus grand nombre de cas, elles sont dautant plus frquentes que lon avance en ge. On notera
quelques corrlations inverses : pour des activits communes, hors association, avec des amis, collgues, pour
lutilisation dInternet pour faire connatre une action, signer des ptitions, ou encore effectuer des dons, des prts
ou des changes, elles diminuent avec lge.
Lenqute montre, par ailleurs, combien ces personnes multiplient leurs moyens d'action : plus de 95% dentre elles
cumulent au moins trois rponses positives et le plus grand nombre se situe entre 6 et 8 choix concomitants. Le
graphique suivant illustre ces degrs divers dimplication.
Source : Enqute Recherches & Solidarits 2015. Lecture : les lus locaux cumulent en moyenne 8,5 formes de relation ou daction. Les
personnes qui indiquent donner de largent ou des biens matriels une association en cumulent en moyenne 6,5.
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9
Vous donnez de largent ou des biens matriels une association
Vous utilisez Internet et les rseaux sociaux pour faire connatre
Vous avez des activits hors association, avec des amis
Vous donnez du temps dans une association
Vous tes adhrent d'une association (sport, culture, loisirs)
Vous utilisez Internet pour des dons, des prts ou des changes
Vous tes membre du conseil dadministration dune association
Vous donnez du temps un groupe en lien avec une mairie, une
Vous appartenez un groupe en lien avec une mairie, une cole
Vous participez la vie d'un collectif d'habitants
Vous tes lu dans une collectivit territoriale
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Les personnes les plus actives, celles qui sinvestissent sous des formes les plus nombreuses, sont par ordre
dcroissant prsent dans le graphique : les lus locaux, celles qui participent un collectif d'habitants, les
personnes qui appartiennent ou donnent du temps un groupe en lien avec une mairie, une cole, un syndicat ou
un parti politique. Viennent ensuite les dirigeants associatifs, suivis par les personnes qui pratiquent des modes
dactions qui engagent moins : des activits entre amis ou voisins, ladhsion une association, ou encore lusage
dInternet. Les dons en argent ou en nature sont les moins souvent associs dautres actions. Est-ce li un
manque de disponibilit, un manque de temps et la recherche dune compensation par des dons matriels ? Est-
ce par facilit ?
Ce que lon peut retenir :
Comme nous lavions montr dans des publications antrieures, il existe une plus grande diffrence, en matire daction avec les autres, entre celles et ceux qui soutiennent financirement une association, mais nadhrent pas pour autant, quentre ceux qui adhrent sans tre bnvole et ceux qui donnent du temps une association. Ce pas que lon franchit en adhrant une association semble marquer le souhait de participer collectivement une action, et semble en mme temps inciter les intresss multiplier des activits fondes sur le lien social. Comme une sorte dengrenage positif qui les conduit multiplier les engagements, sappuyer sur les diffrentes voies qui soffrent eux (activits avec des amis, collgues ou voisins, participation des collectifs dhabitants ou des groupes en lien avec les mairies, des coles), et manifester de la curiosit pour des opportunits nouvelles, comme celles induites par le numrique. Les choix des uns et des autres par rapport aux diffrents modes dactions proposs dans lenqute confirment des tendances observes par ailleurs : la plus forte prsence des hommes dans des instances plus institutionnelles et dans des fonctions responsabilit, alors que les femmes et les jeunes agissent davantage (par choix et/ou par dfaut) sur un mode informel ; le cumul des diffrentes activits avec les autres, des diffrents engagements, au maximum chez les lus politiques, augmente avec lge ; ou enfin une plus forte frquence des activits en groupe en milieu rural quen milieu urbain.
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Quatrime partie
Aller plus loin : agir pour tenter de changer un peu les choses
Au regard de ce qui prcde, quels sont celles et ceux qui ont envie dagir pour tenter de changer un peu les choses ? Cette question comporte deux approches qui doivent se cumuler : lenvie daction, pour laquelle nous avons vrifi quelle se traduit bien dans les faits, dune part ; et lobjectif de tenter de changer un peu les choses, notamment au regard de la cohsion sociale voque ds lentre sur le questionnaire, dautre part.
Ds lors que notre primtre est intgralement constitu dacteurs, on ne sera pas tonn de constater quune trs
large majorit de rpondants choisissent laffirmative. Et cette proportion varie surtout par rapport deux
critres distincts : lge et le lien avec le secteur associatif. Deux tableaux successifs montrent ces diffrences.
Avez-vous envie dagir pour tenter de changer un peu les choses ?
Critres de tris Oui, parfois, voire assez souvent Non, pas vraiment Non rponses Total
a - Un homme 92% 4% 4% 100%
b - Une femme 92% 4% 3% 100%
a - Seul(e) sans enfant 92% 4% 4% 100%
b - Seul(e) avec enfant(s) 95% 3% 2% 100%
c - En couple sans enfant(s) 91% 4% 4% 100%
d - En couple avec enfant(s) 93% 4% 3% 100%
a - Moins de 25 ans 98% 2% 1% 100%
b - Entre 25 et 39 ans 96% 3% 1% 100%
c - Entre 40 et 59 ans 93% 4% 3% 100%
d - Entre 60 et 69 ans 91% 4% 5% 100%
e - 70 ans et plus 87% 5% 8% 100%
a - A la campagne 92% 4% 4% 100%
b - En ville 92% 4% 4% 100%
Source : Enqute Recherches & Solidarits 2015.
Il ny a pas de diffrences quant au genre des rpondants. La situation familiale intervient pour ce qui concerne les
personnes seules, avec enfant, qui ont plus que les autres envie de tenter de changer un peu les choses. On ne sera
pas tonn de constater que cette envie est dautant plus forte que lon est jeune, mais reste forte, 87% parmi les
plus de 70 ans. Par ailleurs, des diffrences nettes apparaissent, selon lappartenance lun des groupes construits
partir du lien avec le secteur associatif, comme le montre le tableau suivant.
Avez-vous envie dagir pour tenter de changer un peu les choses ?
Rponses la question Donateurs non
adhrents Adhrents non
bnvoles Bnvoles non
dirigeants Dirigeants
Oui, parfois, voire assez souvent 84% 86% 93% 94%
Non, pas vraiment 12% 8% 3% 3%
Ne sait pas 4% 5% 4% 4%
Source : Enqute Recherches & Solidarits 2015.
Il ny a, cette fois, pas de diffrence significative entre les donateurs qui ne sont pas adhrents, et les adhrents qui
ne sont pas bnvoles. En revanche, chez les bnvoles, tout comme chez les dirigeants, cette envie daller plus loin
pour tenter de changer un peu les choses est manifestement davantage partage.
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20
I - Les motivations pour aller plus loin
Pour les personnes indiquant quelles ont envie dagir, parfois voire assez souvent, pour tenter de changer un peu les
choses, nous avons propos les douze types de motivations qui figurent dans les tableaux suivants. Ils prsentent les
rsultats, successivement selon les critres suivants : le genre et limplantation en milieu rural ou urbain, dune part,
lge, dautre part.
Quest-ce qui vous motive le plus agir pour tenter de changer un peu les choses ? Plusieurs rponses possibles
Propositions Hommes Femmes Milieu rural Milieu urbain
Ne pas rester simple spectateur, jouer un rle dans la socit 79% 75% 78% 76%
Me sentir utile pour les autres 67% 67% 70% 66%
Etre partie prenante dun projet, dune action 63% 58% 61% 60%
Ragir aux injustices, refuser la situation actuelle 54% 63% 61% 58%
Utiliser mes comptences professionnelles pour l'intrt gnral 60% 56% 60% 57%
Rencontrer dautres personnes 54% 55% 59% 53%
Apprendre des choses, dvelopper comptences et savoir-faire 48% 53% 53% 50%
Donner un sens ma vie, me lancer des dfis 44% 45% 45% 44%
Faire quelque chose de nouveau, de concret et de visible 39% 38% 38% 38%
Avoir le sentiment dun devoir accompli 31% 29% 32% 29%
Faire quelque chose pour mon quartier ou mon village 26% 20% 28% 20%
Occuper mon temps 15% 11% 12% 13%
Source : Enqute Recherches & Solidarits 2015.
Vient en premier une motivation mixte, pour soi et pour les autres : ne pas rester simple spectateur et jouer un rle
dans la socit. Cest un ressort un peu plus frquent chez les hommes (79% contre 75% chez les femmes). Aprs un
ressort exclusivement pour les autres (tre utile pour les autres), un peu plus prsent en milieu rural, vient une
nouvelle motivation caractre mixte : tre partie prenante dun projet, motivation un peu plus partage par les
hommes.
Les deux items suivants relvent clairement de motivations pour les autres : la raction aux injustices, bien plus
souvent mentionne par les femmes (63% contre 54% chez les hommes), et lutilisation des comptences
professionnelles pour lintrt gnral, un peu plus souvent cite par les hommes.
Assez bien situes dans ce tableau, deux motivations pour soi runissent une majorit de rpondants : le dsir de
rencontre avec dautres personnes, un peu plus frquent en milieu rural, et le souhait de dvelopper des
comptences et des savoir-faire, plus partag parmi les femmes.
Ferment la marche deux ressorts moins souvent choisis : le souhait de faire quelque chose pour son quartier ou son
village, plus souvent cit par les hommes, ainsi quen milieu rural, et le dsir doccuper son temps, galement un peu
plus souvent choisi par les hommes.
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21
II - Les ressorts en fonction de lge
Ce tableau prsente les diffrences exprimes en fonction de lge du rpondant.
Quest-ce qui vous motive le plus agir pour tenter de changer un peu les choses ? Plusieurs rponses possibles
Propositions < 25 ans 25 - 39 40 - 59 60 - 69 + de 70
Ne pas rester simple spectateur, jouer un rle dans la socit 77% 79% 77% 76% 76%
Me sentir utile pour les autres 62% 63% 65% 70% 74%
Etre partie prenante dun projet, dune action 53% 54% 63% 62% 61%
Ragir aux injustices, refuser la situation actuelle 63% 61% 62% 56% 57%
Utiliser mes comptences professionnelles pour l'intrt gnral 48% 53% 64% 58% 53%
Rencontrer dautres personnes 45% 49% 57% 57% 54%
Apprendre des choses, dvelopper comptences et savoir-faire 58% 53% 55% 47% 44%
Donner un sens ma vie, me lancer des dfis 51% 43% 44% 44% 46%
Faire quelque chose de nouveau, de concret et de visible 42% 43% 43% 34% 32%
Avoir le sentiment dun devoir accompli 33% 30% 30% 28% 33%
Faire quelque chose pour mon quartier ou mon village 11% 20% 24% 23% 23%
Occuper mon temps 7% 10% 9% 17% 18%
Source : Enqute Recherches & Solidarits 2015.
Le souhait de se sentir utile est dautant plus partag que lon avance en ge et cette corrlation ne se retrouve que
pour le dernier item, relatif loccupation du temps. Pour les autres motivations, on remarque des sauts, avec des
proportions qui bondissent vers un certain ge : vers 40 ans pour le souhait dtre partie prenante dune action ou
dun projet, ou encore pour rencontrer dautres personnes. Il y a aussi des ralentissements assez brutaux : vers 60 ans
pour la raction aux injustices, comme une sorte de rsignation, ou encore pour dvelopper son savoir-faire et ses
comptences, tout comme pour faire quelque chose de nouveau, de concret, de visible.
Deux items prsentent des variations originales, en fonction de lge : lutilisation des comptences professionnelles
pour lintrt gnral enregistre un maximum de choix entre 40 et 59 ans, et la recherche du sentiment du devoir
accompli prsente un maximum de choix (33%) chez les plus jeunes et chez les plus gs.
III - Linfluence du lien avec les associations
Ce tableau permet de voir quel point les ressorts agissent diffremment, selon quon se situe en dehors du secteur
associatif, mais quon le soutient financirement, ou selon que lon est adhrent, bnvole ou dirigeant.
Quest-ce qui vous motive le plus agir pour tenter de changer un peu les choses ? Plusieurs rponses possibles
Propositions Donateurs non
adhrents Adhrents non
bnvoles Bnvoles non
dirigeants Dirigeants
Ne pas rester simple spectateur, jouer un rle dans la socit 56% 59% 70% 76%
Me sentir utile pour les autres 50% 50% 65% 64%
Etre partie prenante dun projet, dune action 34% 44% 52% 64%
Ragir aux injustices, refuser la situation actuelle 56% 49% 56% 54%
Utiliser mes comptences professionnelles pour l'intrt gnral 41% 37% 52% 58%
Rencontrer dautres personnes 33% 42% 53% 53%
Apprendre des choses, dvelopper comptences et savoir-faire 39% 42% 47% 49%
Donner un sens ma vie, me lancer des dfis 35% 31% 41% 43%
Faire quelque chose de nouveau, de concret et de visible 28% 35% 37% 36%
Avoir le sentiment dun devoir accompli 25% 24% 28% 28%
Faire quelque chose pour mon quartier ou mon village 12% 17% 18% 24%
Occuper mon temps 9% 8% 12% 12%
Source : Enqute Recherches & Solidarits 2015.
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Entre les deux premiers groupes, notons une premire diffrence en faveur des adhrents non bnvoles, quant au
fait dtre partie prenante dun projet, dune action (44% contre 34% de choix). Cela illustre bien le sentiment
dappartenance que ressent ladhrent, mme sil nest pas bnvole. Ladhsion, libre et volontaire, suppose en
effet une intention : cest cela qui marque un lien et des interrelations. Cette diffrence se retrouve aussi dans
lintrt de rencontrer dautres personnes (42% contre 33%), dans le souhait de faire quelque chose de nouveau (35%
contre 28%), notamment pour un quartier ou un village (17% contre 12%).
Mais cette diffrence joue en sens inverse pour deux items : la raction aux injustices et lutilisation des
comptences professionnelles pour lintrt gnral sont plus souvent mentionnes par les donateurs qui ne sont pas
adhrents. Sachant que ces actions peuvent tre ralises sur un mode informel, hors association. Sachant aussi que
la mcanique du don est trs diffrente, notamment dans lhumanitaire. Si elle marque lengagement et la
reconnaissance dune cause humaine, elle signe aussi la dlgation un tiers de laction que lon ne peut pas ou que
lon ne veut pas faire soi-mme. Par ailleurs, le don joue aussi un rle apotropaque (qui protge, dtourne le
danger) : mettre distance de sa propre vie, le malheur qui touche autrui. Lanalyse de cette forme de solidarit ne
peut donc pas faire lconomie de lanalyse de son double visage.
Enfin, pour un nombre important ditems, le pourcentage des choix va crescendo, jusquau groupe des dirigeants. Il
en est tout particulirement ainsi pour jouer un rle dans la socit, pour tre partie prenante dune action, pour
apprendre des choses et dvelopper comptences et savoir-faire, ou encore faire quelque chose pour son quartier ou
son village.
Ce que lon peut retenir :
Dans notre primtre dtude comportant exclusivement des personnes ayant un lien avec les associations, ne
serait-ce quen qualit de donateurs, il est positif de constater quenviron 90% indiquent avoir envie dagir pour
tenter de changer un peu les choses, parfois voire souvent . En rfrence lenqute BVA, rappelons que ces
personnes reprsentent environ les deux tiers des Franais (45% dadhrents et 22% de donateurs non adhrents).
Dans une socit en mal de cohsion sociale et confronte des difficults de tous ordres, il est encourageant de
voir que nombreux sont ceux qui restent volontaires et parfois mobiliss pour faire voluer les choses. Il est aussi
rassurant de constater quils ne sont pas trop souvent dissuads par les exemples venus den haut qui ne font pas
toujours preuve de solidarit ou de respect de lintrt gnral : discrdit du politique suite aux affaires et scandales
de ces dernires annes, affaiblissement de la conscience du bien commun, autant de signes qui se traduisent au
quotidien dans les incivilits et le repli sur soi dans lespace public.
Sinvestir dans une association, que ce soit en tant que bnvoles ou dirigeants, est dj lexpression de cette
mobilisation pour tenter de changer un peu les choses : ils sont 93% environ se dire prts, quand les donateurs et
les adhrents sont 83% dans ce cas.
Dans lensemble, ces acteurs potentiels et ces acteurs dj engags tmoignent clairement, dans leurs motivations,
de leur envie de tenter de changer les choses. Ils mettent plus en avant le souhait de ne pas rester simple spectateur,
de jouer un rle dans la socit, dtre utile aux autres. Ils souhaitent aussi ragir aux injustices, et utiliser leurs
comptences pour lintrt gnral. Ils ne ngligent pas pour autant, et cest trs important pour lquilibre de leur
dmarche, leurs motivations personnelles rencontrer dautres personnes, dvelopper des comptences et des
savoir-faire, et aussi tre partie prenante dun projet
Chaque gnration prsente des caractristiques intressantes : les plus jeunes insistent particulirement sur leur
dsir de donner un sens leur vie, se lancer des dfis ; les plus anciens sont plus attachs leur sentiment dutilit,
sans ngliger le fait que leur action leur permet aussi doccuper leur temps.
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IV - Ce qui vous empche daller plus loin
Parmi les acteurs qui nont pas la prtention de tenter de changer un peu les choses, dans une socit en manque de
cohsion sociale, nous avons not quelques diffrences, selon le genre, prsentes dans le tableau suivant.
Quest-ce qui fait que vous navez pas envie dagir, pour tenter de changer un peu les choses ? Plusieurs rponses possibles
Propositions Un homme Une femme Ensemble
Jai dj tent dagir et jai t du 44% 32% 38%
Je me dis que a ne servirait rien, ou si peu 40% 32% 36%
Loccasion ne sest pas encore prsente et je ne sais pas vraiment vers qui me tourner 17% 23% 20%
Je ne crois pas en avoir les moyens financiers 15% 18% 16%
Je nai pas damis avec qui me lancer 10% 16% 13%
Je ne sais pas, je ne me suis jamais pos la question 12% 8% 10%
Je nose pas et je ne sais pas trop comment faire 13% 5% 9%
Je me suis renseign et je nai pas trouv 6% 1% 4%
Jai peur que ce soit mal vu 2% 1% 2%
Source : Enqute Recherches & Solidarits 2015.
Les deux raisons qui dominent ici, et davantage encore parmi les hommes, sont des expriences malheureuses (44%)
et une sorte de fatalisme (40%). Viennent ensuite trois raisons plus frquemment choisies par les femmes, relatives
au manque dopportunits (23%), des raisons financires (18%) et labsence damis avec lesquels se lancer (16%).
Ce que lon peut retenir :
La condition premire pour vouloir tenter de changer les choses est dabord de penser que laction sera utile : cest
ainsi que 40% des rpondants, environ, ont tent dagir et ont t dus, ou encore se disent davance que cela ne
servira rien.
A contrario, une majorit de personnes (60%) ont le sentiment quelles pourraient tenter de faire voluer les choses.
Encore faut-il, et elles lexpriment, que certaines conditions soient runies : croiser une occasion particulire, tre
dans une situation personnelle favorable ou encore tre encourag par un ami.
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Cinquime partie
Le sens et le poids des mots
Les termes que les responsables associatifs utilisent, pour mobiliser de nouveaux adhrents ou de nouveaux
bnvoles, ne sont pas anodins. Dans les messages quils mettent et qui peuvent tre utilement relays par les
pouvoirs publics, le choix des mots est, comme on va le voir, tout fait essentiel.
I - Ceux qui parlent et ceux qui laissent plus indiffrents
La langue franaise est riche de mots qui signifient souvent des notions assez proches, ou qui sont ressentis dune
manire diffrente, selon les personnes. En lien troit avec notre comit dexperts et les partenaires de cette tude,
nous avons choisi une dizaine de termes qui ont t proposs aux rpondants. Il leur tait demand sils leur
parlaient, sils les laissaient indiffrents, ou sils ne savaient pas trop quel sens leur donner. Un premier tableau
donne le ton, avec la rpartition des rponses, manant des rpondants les plus dtermins, cest--dire ayant
indiqu leur dsir de tenter de changer un peu les choses.
Chacun peut tre sensible certains mots. Que ressentez-vous la lecture de ceux-ci ?
Rpondants ayant indiqu quils souhaitaient tenter de changer un peu les choses
Propositions a me parle a me laisse indiffrent Je ne sais pas trop quel sens lui donner Non rponse Total
Bnvole 96% 1% 2% 1% 100%
Responsable 93% 2% 4% 2% 100%
Solidaire 91% 3% 5% 2% 100%
Citoyen 89% 4% 7% 1% 100%
Gnreux 84% 5% 8% 3% 100%
Bienveillant 84% 5% 8% 3% 100%
Altruiste 77% 8% 12% 4% 100%
Militant 71% 15% 11% 3% 100%
Charitable 52% 21% 22% 5% 100%
Philanthrope 44% 21% 28% 7% 100%
Source : Enqute Recherches & Solidarits 2015.
Les personnes ayant envie dagir pour tenter de changer un peu les choses, commencent avoir quelques difficults
pour situer les termes altruiste, militant, charitable et philanthrope. Mis part pour ce dernier, elles sont
majoritaires pour indiquer quils leur parlent.
A Ce qui fait surtout la diffrence
Comment ces personnes, particulirement dtermines, se dtachent-elles des autres acteurs ? Cest lobjet du
tableau suivant, class en fonction de la proportion des choix sur chacun des mots, avec ces quatre termes
dominants : bnvole, responsable, solidaire et citoyen.
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Chacun peut tre sensible certains mots. Que ressentez-vous la lecture de ceux-ci ?
Indiquez sils vous parlent Avez-vous envie d'agir pour tenter de changer un peu les choses ?
Oui, parfois, voire assez souvent Non, pas vraiment Ecart en points
Bnvole 96% 85% 11
Responsable 93% 81% 11
Solidaire 91% 79% 12
Citoyen 89% 80% 9
Gnreux 84% 71% 13
Bienveillant 84% 72% 12
Altruiste 77% 58% 19
Militant 71% 50% 21
Charitable 52% 42% 10
Philanthrope 44% 29% 15
Source : Enqute Recherches & Solidarits 2015. Lecture : Parmi les personnes qui ont envie de tenter de changer un peu les choses, 96%
estiment que le terme bnvole leur parle. Cette proportion est de 85%, parmi les personnes qui agissent mais sans chercher changer un peu
les choses. Entre ces deux pourcentages, la diffrence est de onze points.
La hirarchie est sensiblement la mme, selon que lon a envie ou pas de tenter de changer un peu les choses. Dans
les deux cas, le terme militant narrive quen 8me rang, et les termes charitable et philanthrope ferment la marche.
Pour chacun de ces mots, la proportion de ceux pour lesquels ils parlent est significativement infrieure parmi ceux
qui nont pas un particulier dsir de changer les choses. Mais lcart varie de manire trs importante : de moins de
10 points pour le terme citoyen qui rassemble le plus grand nombre, jusqu 20 points, environ, pour les termes
altruiste et militant, qui savrent trs clivants.
B - Quelle perception, selon le genre et lge des rpondants ?
Dune manire gnrale, sur les 10 termes proposs, quatre se dtachent, ils font la quasi-unanimit,
transversalement au genre et lge : bnvole, responsable, solidaire et citoyen. Nous allons commencer par
prciser les diffrences constates, selon le genre et selon lge des rpondants.
Chacun peut tre sensible certains mots. Que ressentez-vous la lecture de ceux-ci ?
Indiquez sils vous parlent
Homme Femme < 25 ans 25 - 39 ans 40 - 59 ans 60 - 69 ans 70 ans et +
Bnvole 95% 96% 93% 95% 94% 97% 97%
Responsable 93% 92% 89% 91% 93% 95% 90%
Solidaire 89% 92% 93% 93% 91% 90% 88%
Citoyen 90% 88% 81% 87% 89% 90% 89%
Gnreux 80% 87% 86% 89% 85% 82% 78%
Bienveillant 80% 87% 82% 90% 87% 81% 79%
Altruiste 73% 80% 78% 82% 77% 76% 72%
Militant 74% 69% 75% 71% 69% 71% 72%
Charitable 52% 53% 49% 51% 54% 51% 54%
Philanthrope 44% 44% 35% 47% 46% 42% 45%
Source : Enqute Recherches & Solidarits 2015.
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Les hommes sont plus sensibles aux notions de citoyennet et de militance, les femmes plus sensibles aux notions de
gnrosit et daltruisme. Les jeunes sont un peu plus interpells que leurs ans par les qualificatifs militant et
solidaire. Doit-on y voir lexpression dun temprament plus combatif, plus volontaire, et en mme temps plus
solidaire ?
Les mots altruiste, gnreux, solidaire et bienveillant rsonnent plus dans la tte des 25 - 40 ans. Souvent influencs
cette priode de la vie par leur rle de parents, ils sont plus sensibles ces rfrences humanistes quils cherchent
transmettre. Le terme bnvole atteint son meilleur score pass 60 ans, et celui de charitable pass 70 ans.
C De limportance du degr doptimisme et de ltat desprit
Ces mots peuvent aussi tre ressentis dune manire diffrente, selon lopinion de chacun concernant la cohsion
sociale en France (nos trois groupes transversaux lis loptimisme ou au pessimisme), et selon des quatre
sentiments que nous avons retenus, lenthousiasme et la confiance, dune part, la peur et la mfiance, dautre part.
Chacun peut tre sensible certains mots. Que ressentez-vous la lecture de ceux-ci ?
Indiquez sils vous parlent
Optimistes Assez pessimistes Trs pessimistes Enthousiasme Confiance Peur Mfiance
Bnvole 96% 96% 94% 94% 97% 95% 94%
Responsable 94% 93% 92% 94% 94% 91% 92%
Solidaire 92% 92% 87% 94% 95% 89% 87%
Citoyen 92% 90% 85% 93% 92% 85% 85%
Gnreux 87% 84% 84% 87% 85% 86% 82%
Bienveillant 82% 85% 82% 89% 86% 85% 82%
Altruiste 77% 78% 75% 83% 81% 75% 70%
Militant 70% 72% 68% 71% 73% 72% 69%
Charitable 55% 53% 51% 55% 54% 56% 55%
Philanthrope 50% 45% 39% 52% 48% 39% 38%
Source : Enqute Recherches & Solidarits 2015.
Les optimistes et les enthousiastes sont dune manire gnrale, plus rceptifs aux diffrents termes cits ici. Ils sont
rejoints par les confiants sur les notions de solidarit et de citoyennet. A loppos les trs pessimistes et les
mfiants, sont les moins sensibles deux termes : les premiers tout particulirement sur celui de charitable et les
seconds sur celui daltruiste.
D De limportance du lien avec le secteur associatif
Le positionnement des rpondants vis--vis du secteur associatif est essentiel, et il est important de voir comment
chaque mot peut tre peru par les personnes situes dans chacun des quatre groupes. Le tableau suivant illustre
quelques diffrences significatives.
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Chacun peut tre sensible certains mots. Que ressentez-vous la lecture de ceux-ci ?
Indiquez sils vous parlent
Donateurs non adhrents Adhrents non bnvoles Bnvoles non dirigeants Dirigeant associatifs
Bnvole 84% 87% 96% 98%
Responsable 87% 83% 89% 96%
Solidaire 85% 92% 90% 91%
Citoyen 82% 87% 88% 91%
Gnreux 82% 86% 85% 83%
Bienveillant 82% 84% 85% 83%
Altruiste 75% 74% 76% 76%
Militant 61% 57% 68% 73%
Charitable 49% 58% 53% 51%
Philanthrope 38% 43% 44% 44%
Source : Enqute Recherches & Solidarits 2015.
Insistons une nouvelle fois sur la diffrence qui intervient, ds lors que lon se situe au sein dune association. Il en
est ainsi pour les termes suivants : solidaire, citoyen, charitable et philanthrope. Par ailleurs, il est logique que le
terme de bnvole parle dautant plus que lon est investi dans le secteur associatif. Et que celui de militant
interpelle davantage les bnvoles et plus encore les dirigeants.
Dautres termes, altruiste, bienveillant, gnreux, traversent les quatre groupes. Et la notion de responsabilit est
celle qui parle le plus aux donateurs non adhrents.
2 Les termes qui motivent
Outre le ressenti lcoute ou la lecture de certains mots, nous avons voulu mesurer les effets que peuvent
produire une autre dizaine de termes, induisant une ide daction. Le lecteur remarquera quun terme se dcline
dans les deux approches : bnvole et bnvolat. Ce qui permettra, plus loin, de mesurer quel point il parle, dans
un premier temps, et il motive, dans un second.
Un premier tableau, construit partir des rpondants les plus dtermins, dont nous avons, dune part, vrifi quils
entraient bien dans notre primtre dtude, en qualit dacteurs, et, dautre part, quils affichaient un dsir de
tenter de changer un peu les choses. Les items sont prsents par ordre dcroissant des choix.
Que ressentez-vous lorsque vous lisez les mots ou les expressions suivantes ?
Rpondants ayant indiqu quils souhaitaient tenter de changer un peu les choses
Propositions a me motive a ne me
donne pas envie Ni lun, ni
lautre Je ne sais pas trop quel
sens lui donner Non
rponse Total
Engagement 87% 3% 5% 2% 2% 100%
Bnvolat 86% 3% 6% 2% 3% 100%
Entraide 86% 3% 6% 3% 2% 100%
Partage 86% 2% 6% 3% 3% 100%
Action 83% 2% 9% 3% 2% 100%
Accompagnement 80% 5% 8% 4% 3% 100%
Volontariat 75% 5% 10% 6% 5% 100%
Don 67% 9% 15% 5% 4% 100%
Mcnat de comptences 49% 8% 13% 24% 5% 100%
Source : Enqute Recherches & Solidarits 2015.
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Pour ces acteurs dtermins, la motivation se construit partir de six termes qui recueillent au moins 80% de
rponses positives. Ils portent sur des notions assez proches, en premier lieu sur lengagement, puis sur le bnvolat
ou laction, et sur des notions complmentaires, que sont lentraide, le partage et laccompagnement. Viennent un
peu plus loin, logiquement, des termes plus techniques, comme le volontariat, indemnis, que certains confondent
parfois avec le bnvolat, don de temps gratuit, ou comme le mcnat de comptences, conduisant des entreprises
mettre gratuitement des salaris momentanment la disposition de projets associatifs. Nous mettrons part le
terme de don, sans doute peru comme trop gnral, repouss par prs de 10% des rpondants, et indiffrent aux
yeux de 20% dentre eux.
A Ce qui fait surtout la diffrence
Ici encore, ces termes sont dautant plus fortement motivants que lon a envie de tenter de changer un peu les
choses. Le tableau suivant montre ces trs nettes diffrences, au profit des rpondants les plus dtermins.
Que ressentez-vous lorsque vous lisez les mots ou les expressions suivantes ?
Cela vous motive-t-il ? Avez-vous envie d'agir pour tenter de changer un peu les choses ?
Oui, parfois, voire assez souvent Non, pas vraiment Ecart en points
Engagement 87% 61% 26
Bnvolat 86% 67% 19
Entraide 86% 68% 18
Partage 86% 67% 20
Action 83% 62% 22
Accompagnement 79% 60% 19
Volontariat 75% 55% 20
Don 67% 53% 14
Mcnat de comptences 49% 31% 18
Source : Enqute Recherches & Solidarits 2015. Lecture : Parmi les personnes qui ont envie de tenter de changer un peu les choses, 87% estiment que le terme engagement les motive. Cette proportion est de 61%, parmi les personnes qui agissent mais sans chercher changer un peu les choses. Entre ces deux pourcentages, la diffrence est de 26 points.
Dune manire gnrale, hormis pour lexpression mcnat de comptences pour laquelle le domaine de dfinition a
pos quelques difficults aux rpondants, tous ces termes motivent trs fortement les personnes qui ont envie de
tenter de changer un peu les choses, et majoritairement les autres. Les carts en points sont logiquement
importants, dpassant ou atteignant la vingtaine pour quatre dentre eux, notamment la notion dengagement et le
terme action. Cest la notion de don, assez transversale, qui prsente lcart le moins important (14 points).
B Forte influence du milieu dans lequel on vit Sur les motivations que peuvent susciter les mots, les diffrences sont notables et nombreuses, selon que le
rpondant se situe en milieu rural ou en milieu urbain. Le tableau suivant les montre et les quantifie.
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Que ressentez-vous lorsque vous lisez les mots ou les expressions suivantes ?
Cela vous motive-t-il ? Hommes Femmes En milieu rural En milieu urbain
Engagement 88% 87% 88% 87%
Bnvolat 88% 85% 90% 85%
Entraide 81% 90% 88% 85%
Partage 81% 90% 90% 84%
Action 83% 84% 86% 83%
Accompagnement 75% 82% 82% 78%
Volontariat 76% 74% 79% 73%
Don 64% 68% 67% 67%
Mcnat de comptences 51% 48% 49% 49%
Source : Enqute Recherches & Solidarits 2015.
Seuls lengagement, le don et le mcnat de comptences recueillent autant de suffrages en milieu urbain que rural.
Les termes de partage et de volontariat, peut-tre pris au sens gnral plus quau sens technique, font plus
particulirement la diffrence.
Les diffrences entre les hommes et les femmes demeurent. Ces dernires restent plus attaches et motives par les
notions lies la solidarit : entraide, partage, accompagnement, don. Sans doute compte-tenu des fonctions et des
responsabilits quils sont plus nombreux occuper, les hommes sont un peu plus motivs par des notions plus
formelles : le bnvolat, le volontariat et le mcnat de comptences.
C De limportance de lge des rpondants
Dans le tableau suivant, on notera dassez nombreuses diffrences selon les tranches dge.
Que ressentez-vous lorsque vous lisez les mots ou les expressions suivantes ?
Cela vous motive-t-il ? < 25 ans 25 - 39 ans 40 - 59 ans 60 - 69 ans 70 ans et +
Engagement 87% 86% 87% 88% 89%
Bnvolat 73% 85% 83% 91% 89%
Entraide 87% 89% 84% 84% 89%
Partage 88% 93% 88% 82% 82%
Action 84% 85% 83% 84% 81%
Accompagnement 67% 76% 81% 81% 78%
Volontariat 71% 77% 73% 75% 75%
Don 55% 63% 66% 68% 71%
Mcnat de comptences 43% 52% 52% 49% 43%
Source : Enqute Recherches & Solidarits 2015.
Lengagement motive tout ge, tout comme laction, encore fortement au-del de 70 ans (81%). On est dautant
plus motiv par la notion de don que lon avance en ge.
Les moins de 40 ans confirment leur attachement aux notions de solidarit en se montrant plus rceptifs au mot
entraide. On constatera quil nest pas utile dtre directement concern par certains dispositifs pour tre motiv :
tel est le cas du volontariat, conu pour viser plus particulirement les moins de 25 ans et qui les motive moins que
leurs ans. Le mcnat de comptences nest mentionn comme une motivation que par une petite moiti des plus
de 60 ans, dont beaucoup ne sont plus en situation professionnelle, certes, mais qui peuvent tre concerns, comme
bnficiaires, en qualit de responsables associatifs.
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Les plus jeunes montrent leurs prfrences, avec des mots qui les motivent fortement, comme engagement,
entraide, partage ou action, assez nettement au-dessus de celui de bnvolat. Ceci nest pas indiffrent pour les
responsables associatifs, et les dcideurs, lorsquils dcident de construire des messages mobilisateurs.
D De limportance du degr doptimisme et de ltat desprit
Quen est-il selon le jugement optimiste ou pessimiste que lon porte sur la cohsion sociale en France ? Quen est-il selon les sentiments denthousiasme et de confiance, ou bien de peur ou de mfiance que lon ressent ?
Que ressentez-vous lorsque vous lisez les mots ou les expressions suivantes ?
Cela vous motive-t-il ? Optimistes Assez
pessimistes Trs
pessimistes Enthousiasme Confiance Peur Mfiance
Engagement 87% 88% 86% 91% 92% 86% 85%
Bnvolat 90% 87% 84% 87% 92% 83% 84%
Entraide 86% 87% 83% 88% 90% 88% 83%
Partage 86% 87% 85% 94% 90% 87% 81%
Action 87% 84% 81% 92% 88% 81% 82%
Accompagnement 85% 79% 76% 84% 85% 78% 75%
Volontariat 74% 76% 73% 79% 78% 77% 74%
Don 71% 67% 64% 72% 73% 62% 60%
Mcnat de comptences 55% 49% 46% 56% 51% 48% 45%
Source : Enqute Recherches & Solidarits 2015. Lecture : Parmi les personnes qui estiment que la cohsion sociale est forte ou assez forte, en France, et que nous appelons les optimistes, 87% se disent motivs par le terme engagement. Parmi les personnes qui indiquent prouver
aujourdhui un sentiment denthousiasme, 91% se disent motivs par ce terme dengagement.
Dans la partie gauche du tableau, on remarque que la plupart des termes motivent dautant moins que lon est
pessimiste, au regard de la perception que lon a, de la cohsion sociale en France. Ceci est particulirement
frappant pour les termes bnvolat, action, accompagnement et don. Cela ne se vrifie pas, ou trs peu pour les
notions dengagement, dentraide ou de partage.
Dans la partie droite du tableau, les rpondants prouvant des sentiments denthousiasme ou de confiance,
prsentent des motivations assez proches, se distinguant nettement des personnes prouvant des sentiments de
peur ou de mfiance. La peur et la mfiance freinent donc fortement les motivations