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LA FRANCE EN VILLES (Sedes) Partie I : Les concepts éclairant la notion de ville en France Chapitre 1 : Définir la ville pour traiter de la France en villes I – Des mots au droit 1. La ville et les mots autour de la ville Développement de 2 termes au XX e : banlieue (historiquement, large territoire d’environ 1 lieue (4km) entourant une ville et sur lequel est valable la proclamation officielle d’un ordre d’un ordre appuyé par le déploiement d’une bannière). La banlieue contemporaine résulte de l’extension continue de l’habitat autour d’une ville. Elle apparaît après RI. Dépend largement de la ville pour de nombreuses fonctions administratives, commerciales et de services. Aussi « grands ensembles » (terme apparait dans 50’s) pour désigner des groupes d’immeubles locatifs de grandes dimensions implantés dans une zone d’aménagement ou un périmètre délimité, plus ou moins éloigné du centre-ville. Parfois même séparé du centre par discontinuité du bâti (quartiers des Musiciens aux Mureaux). Souvent tours et barres (immeubles en longueur dont nombre d’étages parfois limité à 5 pour ne pas installer d’ascenseurs [selon règlementation française]). 80’s : « quartier » se substitue aux « grands ensembles ». 2. L’approche juridique 13 juillet 1991 : terme « ville » apparait dans une loi intitulée « loi d’orientation sur la ville ». Depuis « ville » a plutôt disparu des textes législatifs sauf pour politique de la ville (concerne quartiers). « Communauté de villes » a disparu par la loi de 1999 pour se fondre dans communauté d’agglomération. II – La ville du dictionnaire et des géographes 1. Définition quantitative d’un dictionnaire général Petit Robert de 1995 : ville est un espace géographique, qui concerne notamment géographie de la population car y vit une population concentrée. Espace inscrit dans la durée. Diversité des secteurs d’activités. 2. La ville selon les géographes Phénomène complexe. Espaces urbains ne sont pas nécessairement des villes. Concentration de populations et de constructions (barres, tours). Espaces participent au phénomène urbain → place démographique grandissante de ces espaces urbains, mais ne sont pas des villes : ne donnent à leurs habitants ni des avantages qui leur donnent l’impression d’habiter la ville, ni l’impression de bénéficier d’un réseau d’échanges, leur

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LA FRANCE EN VILLES (Sedes)

Partie I : Les concepts éclairant la notion de ville en France

Chapitre 1 : Définir la ville pour traiter de la France en villes

I – Des mots au droit

1. La ville et les mots autour de la ville

Développement de 2 termes au XXe : banlieue (historiquement, large territoire d’environ 1 lieue (4km) entourant une ville et sur lequel est valable la proclamation officielle d’un ordre d’un ordre appuyé par le déploiement d’une bannière). La banlieue contemporaine résulte de l’extension continue de l’habitat autour d’une ville. Elle apparaît après RI. Dépend largement de la ville pour de nombreuses fonctions administratives, commerciales et de services. Aussi « grands ensembles » (terme apparait dans 50’s) pour désigner des groupes d’immeubles locatifs de grandes dimensions implantés dans une zone d’aménagement ou un périmètre délimité, plus ou moins éloigné du centre-ville. Parfois même séparé du centre par discontinuité du bâti (quartiers des Musiciens aux Mureaux). Souvent tours et barres (immeubles en longueur dont nombre d’étages parfois limité à 5 pour ne pas installer d’ascenseurs [selon règlementation française]). 80’s : « quartier » se substitue aux « grands ensembles ».

2. L’approche juridique

13 juillet 1991 : terme « ville » apparait dans une loi intitulée « loi d’orientation sur la ville ». Depuis « ville » a plutôt disparu des textes législatifs sauf pour politique de la ville (concerne quartiers). « Communauté de villes » a disparu par la loi de 1999 pour se fondre dans communauté d’agglomération.

II – La ville du dictionnaire et des géographes

1. Définition quantitative d’un dictionnaire général

Petit Robert de 1995 : ville est un espace géographique, qui concerne notamment géographie de la population car y vit une population concentrée. Espace inscrit dans la durée. Diversité des secteurs d’activités.

2. La ville selon les géographes

Phénomène complexe. Espaces urbains ne sont pas nécessairement des villes. Concentration de populations et de constructions (barres, tours). Espaces participent au phénomène urbain → place démographique grandissante de ces espaces urbains, mais ne sont pas des villes : ne donnent à leurs habitants ni des avantages qui leur donnent l’impression d’habiter la ville, ni l’impression de bénéficier d’un réseau d’échanges, leur

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territoire ne domine aucune zone d’influence, habitants ont l’impression d’être parqués dans un espace fermé.

« Ville est un groupe social privilégié où la répartition des revenus, la structure de la consommation et intensité des informations jouent un rôle déterminant » (Jacques Boudeville). Ville = « organisation de l’espace qui a pour but de favoriser le développement des relations sociales et de les maximiser » (Paul Claval).

Chapitre 2 : La ville en France selon la géographie historique et la géographie administrative

I – La trame de la France en ville révélée par la géographie historique

1. La trame ancienne

D’abord aménagement de villes ports (Massalia). Gaule déjà bien urbanisée, quasi-totalité de son territoire s’organise en une trame préromaine. Lieux urbains sont oppida (agglomérations fortifiées avec sièges d’institutions politiques et fonctions religieuses). Création d’un oppidum dépend de l’existence d’un peuple qui y établit un chef-lieu, commandant un territoire nourricier et contribuant à sa sécurité par une localisation assurant la défense naturelle. Nombreuses localisations de villes actuelles (Senlis, Reims). Après -121 et décennies suivantes, tissu urbain connait peu de modifications. Impact de Rome sur système de villes dans 2 types de territoires : régions auparavant peu urbanisées (nord-est de la France) et surtout dans l’actuelle Belgique et aux confins de la Germanie. Rome développe des agglomérations nouvelles (Cologne). Villes d’eau émergent (Dax). Pax Romana et techniques militaires lèvent des contraintes expliquant localisation des oppida (Rome peut déplacer des cœurs urbains de montagne vers des plaines ou vallées voisines, cas de Limoges). Changement apporté par Rome, moins dans la trame que dans l’armature urbaine → hiérarchie des villes. Poids démographique des villes se modifie selon apport des vétérans. Commerce devient plus favorable, villes avec localisation sur carrefours prennent de l’importance.

2. Les compléments à la trame originelle

Essor démographique du Moyen Age conduit à créer des villes neuves. Au XVe, structuration urbaine du territoire français reste pour la majeure partie conforme à l’héritage gallo-romain.

Période moderne, créations de villes répondent à des choix souverains ou pour répondre aux situations de régions périphériques (fin XVIe, duc Charles de Lorraine construit Nancy). France veut se positionner dans essor du commerce transocéanique favorisé par l’accroissement du tonnage des vaisseaux ; et assurer la sécurité de son littoral et au-delà → création de ports, fondations les plus remarquables : François Ier fonde Le Havre en 1516, Lorient nait en 1666 après établissement par la CIO de chantiers de construction navale).

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3. Des villes industrielles aux villes de montagne

RI donne importance considérable aux territoires devenant bassins houillers. Textile est aussi une activité initiatrice des villes. Après 1850, développement des villes balnéaires. XXe

voit création des villes de tourisme de montagne (Tignes).

Divers facteurs à la source de nouvelles villes (portuaires, industrielles…) n’impliquent pas novation dans l’organisation urbaine de la France → trame urbaine uniquement complétée. Principales métropoles de 2010 inscrites dans cet héritage.

II – Le périmètre administratif communal, élément toujours essentiel d’analyse des villes

Connaissance d’une ville liée à son histoire → héritage toujours présent dans les limites communales, dans l’urbanisation et l’architecture, également de son identité, relevant de la géographie culturelle.

Ville peut s’examiner par unité urbaine, aire urbaine, communauté urbaine ou communauté d’agglomération. Communes les plus vastes : Arles (759km²), Saint-Paul à la Réunion (241 km²). Calcul de la superficie d’une ville : ne se limite pas aux limites administratives. Décret de 2005 relatif aux dotations aux communes et départements : prendre en compte étangs, lacs et glaciers de moins de 100ha.

Chapitre 3 : La ville en France selon la géographie quantitative

I – La ville selon des critères morphologiques

1. La ville, un minimum d’habitants agglomérés au chef-lieu

Après chaque recensement, de mi XIXe à mi XXe, statistiques définissent comme urbaine toute commune d’au moins 2000 habitants agglomérés au chef-lieu (recensement de 1962 : tableau des populations de toutes les communes de plus de 9000 habitants. Tableau distinguant dans chaque commune la population aggloméré au chef-lieu : « celle qui vit dans l’agglo qui comprend la mairie » (agglo constituée dont le bâti est distant de moins de 200m avec au moins 50 habitants) et population éparse, « non-agglomérée au chef-lieu ».

Début 50’s, population agglomérée ne s’arrête plus morphologiquement aux limites de la commune mais s’étend au-delà → nécessité d’une nouvelle approche.

2. La ville, continuité morphologique : l’unité urbaine

Pour les communes les plus peuplées, en rester à l’échelle communale reviendrait à ne pas prendre en compte le fait que l’urbanisation s’est parfois étendue à partir d’une commune jusqu’à engendrer une continuité du bâti masquant souvent la frontière administrative entre la commune la plus dense (commune-centre) et des communes limitrophes désormais urbanisées. Périurbanisation souvent caractérisée par une densification de la population des communes périphériques jusqu’à ce qu’elles forment avec

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la commune –centre, une agglomération continue. Nombreuses communes ont dépassé les limites (auparavant nettes) de la commune-centre (séparation nette à Paris avec création du boulevard périphérique) pour prendre la forme d’une agglo aux contours à définir. Nouvelle définition de l’urbain appliquée depuis le recensement de 1954 : « est urbain tout ce qui s’inscrit dans la continuité du bâti des territoires urbains » (INSEE). Zone bâtie est « ensemble de maisons dont aucune n’est distante de la plus proche de plus de 200m et qui comprend au moins 50 personnes ». Pour cette distance, jardins publics, routes, usines, magasins ne sont pas pris en compte. Toute commune ayant, sur une partie ou la totalité de son territoire, une zone bâtie de moins de 2000 habitants est considérée comme rurale. Une commune excédant ces 2000 habitants mais entourée de communes rurales est une unité urbaine unicommunale ou « ville isolée » (INSEE). Autres communes ne correspondant pas à ces 2 critères appartiennent à une unité urbaine (ou agglo) multicommunale : ensemble de communes comprenant au moins une zone bâtie s’étendant sur cet ensemble et comportant au moins 2000 habitants, à condition que la moitié au moins de chacune des communes réside en zone bâtie.

Définition fondée sur la continuité du bâti parait juste. Depuis 60’s, souci de prendre en compte l’ensemble des territoires unis par certains liens économiques.

II – La ville selon des critères économiques

1. La ville commandant un marché de l’emploi non agricole : la ZPIU (zone de peuplement industriel ou urbain)

ZPIU fondée sur l’idée que la ville n’est pas exclusivement constituée d’un tissu urbain compact de forme concentrique, mais est devenue plus diffuse, comprenant dans une périurbanisation plus ou moins lointaine des zones d’activités consacrées au commerce, au tertiaire, à la logistique, et commandant des zones résidentielles assez éloignées. ZPIU élargit le champ économique d’une unité urbaine selon un critère de continuité économique.

2. La ville, territoire d’échanges ou d’interactions : la zone d’emploi

Bassin d’emploi considère que prise en compte de l’emploi doit être un critère déterminant. Notion apparaît en France en 1966 avec découpage fait par le ministère du travail en 265 zones d’emploi (espaces géo à l’intérieur desquels les habitants trouvent normalement un emploi et dans lesquels les établissements trouvent la main d’œuvre nécessaire en qualité/quantité pour occuper les emplois qu’ils procurent).

Bassin d’emploi correspond au marché de l’emploi dans lequel les personnes peuvent se mouvoir sans modifier complètement leurs habitudes de vie et notamment leur lieu d’habitat. 1982 : nouveau découpage en 365 zones d’emploi. Concept de zone d’emploi à des limites : si zone d’emploi est considérée comme une ville, tous les territoires français sont en ville car ils appartiennent tous à des zones d’emploi définies.

3. La ville, périmètre spatio-économique : l’aire urbaine

Besoin d’un nouveau concept car ZPIU est un échec (en 1990, 75% des communes et 96% de la population française est en ZPIU car mode de vie urbain s’est généralisé et agriculture devenue une activité minoritaire presque partout) → prendre en compte

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l’influence économique des villes. Nouveau processus prend de l’ampleur dans 80’s : para-urbanisation → évolution des transports permet allongement des distances. Raccourcissement de l’espace-temps entre territoires de morphologie rurale et emplois dus à l’existence d’une ville. Essor des télécommunications minore des besoins de proximité et de quotidienneté dans les déplacements domicile-travail. Après périurbanisation (urbanisation sans discontinuité à partir de la ville-centre), périurbanisation d’agglo = processus conduisant au peuplement d’espaces de morphologie rurale pour l’essentiel situés au-delà des limites urbaines, proportion importante de la population active quitte souvent pour assumer ses activités professionnelles. Périurbanisation d’agglo = para-urbanisation dans un environnement géo différent que périurbanisation. Para-urbanisation se développe pour raisons foncières et immobilières (coût moins élevé que dans territoires centraux). Attirance pour zones peu denses où il est possible d’avoir une habitation individuelle avec jardin, par soucis de s’éloigner de certains territoires urbains à connotation négative ; commence là où se termine l’unité urbaine et s’étend jusqu’aux limites de l’aire urbaine, là où commence l’espace à dominante rurale.

Naissance de la notion d’aire urbaine → existence d’un pôle urbain (définit comme une unité urbaine, donc agglo offrant 5000 emplois ou plus). Aire urbaine cumule nombre d’emplois, autres communes en interrelation éco. S’étend sur l’ensemble des communes que le pôle domine économiquement. Ensemble de communes constitué par un pôle urbain et par les communes périphérique (agglo) → au moins 40% de la population résidente ayant un emploi travaille dans le pôle urbain ou les communes polarisées par celui-ci.

Communes multipolarisées : communes ou unités urbaines situées hors des aires urbaines, dont au moins 40% de la population résidente ayant un emploi travaille dans plusieurs aires urbaines, sans atteindre ce seuil avec une seule d’entre elles. Aires urbaines + communes multipolarisées = espace à dominante urbaine. 1990 : 361 aires urbaines. 3 types de nouvelles aires urbaines sont possibles : expansion territoriale d’une unité urbaine permet de franchir le seuil des 5000 emplois ; aires urbaines naissent du dépassement du seuil de 5000 emplois sans extension géographique ; expansion territorial de l’unité urbaine permet dépassement de ce seuil, mais l’aurait dépassé même sans cette expansion.

Aires urbaines peuvent aussi perdre ce qualificatif si n’ont plus 5000 emplois, pôles urbaines peuvent fusionner sous l’effet de l’intensification de l’urbanisation, aires urbaines peuvent se retrouver absorber par d’autres en raison d’une dépendance éco accrue leur faisant franchie le seuil de 40% de population active résidente.

III – Les résultats de l’application de la géographie quantitative

Ex de Poitiers, capitale régionale. Commune-centre : 42km², 83 000 habitants, 2108 hab/km² (2006). Périurbanisation : 7 communes en plus, 126km², 38 000 habitants. Aussi ajout de 75 communes de la para-urbanisation (pop de 99 000 habitants). Donc ville de Poitiers avec aire urbaine = 226 000 habitants.

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Partie 2 : le système des villes

S’attacher au contenant et à la façon dont il se structure. Question de l’armature urbaine. A l’échelle communale, de l’unité urbaine ou de l’aire urbaine. Ressemblances et différences entre ces 3 échelles.

Chapitre 4 : Le système des villes à l’échelle communale

I – Le poids des principales villes

18 communes françaises captent 150 000 habitants = 11.3% de la population française en 2006, sur 0.23% du territoire. En ajoutant communes de 100 000 à 150 000 habitants : 39 communes pour 1.5M d’habitants. En rapportant ce chiffre à l’ensemble métropole + DOM (car St Denis de la Réunion est concerné) = 15.1% de la population métropole + DOM.

29 communes entre 75 000 et 100 000 habitants, 62 entre 50 000 et 75 000, donc au total : 59 communes de plus de 75 000 habitants et 122 de plus de 50 000.

1er = Paris, 2.1M d’habitants dans sa commune en 2006, soit 22.9% de la population des 39. 105km². 2e = Marseille, 800 000 habitants soit 8.8% des 39. 3e = Lyon, 470 000 habitants soit 4.9% des 39.

II – Une forte hiérarchie

Paris a aussi statut de département, unique commune à dépasser seuil des 2M d’habitants et aussi du million (2006). 20 600 hab/km². Marseille est seule commune à dépasser 500 000 habitants, Lyon, Toulouse et Nice comptent entre 300 000 et 500 000 habitants.

Seules communes de plus de 50 000 habitants avec densité > 10 000 hab/km² sont situés dans la périurbanisation d’un des départements de la petite couronne de Paris (Boulogne-Billancourt dans le 92, Aubervilliers dans le 93). Commune de plus de 50 000 habitants la plus densément peuplée est Levallois-Perret avec 26 000 hab/km², devant Paris et Courbevoie (3 seules communes à plus de 20 000 hab/km²). Densité s’exprime généralement en milliers d’habitants, mais certaines des 122 ont moins de 1000hab/km² car sont très étendues (Colmar, Quimper).

III – Une double logique primatiale et périphérique

Dynamique urbaine de Paris, attirant population et activités pendant des décennies de centralisation, a limité celles des villes du grand bassin parisien dont le poids démographique a beaucoup diminué depuis RI. Hormis Reims, parmi les 18 communes de plus de 150 000 habitants, la plus proche de Paris est Le Havre → importance par fonction portuaire au service de Paris et de sa région.

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Communes les plus peuplées sont donc hors du grand bassin parisien et souvent très éloignées de la capitale. Communes les plus peuplées sont essentiellement périphériques.7

Chapitre 5 : Le système des villes à l’échelle morphologique

I – Typologie du champ géographique des unités urbaines

Parmi les unités urbaines les plus peuplées, il existe plusieurs types géographiques : unités urbaines dont nature unicommunale s’explique essentiellement par superficie assez vaste. Mais majorité des 130 unités urbaines de plus de 50 000 habitants sont pluricommunales (unité urbaine bidépartementale : Bayonne, s’étend sur Landes et Pyrénées-Atlantiques ; tridépartementale : Lyon regroupe communes du Rhône, de l’Ain et de l’Isère). Unité urbaine de Paris s’étend sur 8 départements. Au total, 77 unités urbaines de toutes tailles démographiques, sont interdépartementales et 30 sont interrégionales. Frontières politiques de la France ne sont pas forcément limites des villes, facilité par continuité morphologique de l’Europe et l’espace Schengen (unité urbaine de Lille). Ville étrangère peut aussi s’étaler sur territoire français (Genève).

II – Une macrocéphalie confirmée

Notion d’unité urbaine offre une liste modifiée des principales villes par rapport à l’échelle communale (Toulouse, avec 850 000 hab pour unité urbaine mais 435 000 pour commune-centre, passe de la 4e à la 6e place). Paris, Marseille et Lyon restent 1er, 2e et 3e.

30 unités urbaines d’au-moins 200 000 hab totalisent 24.1M d’hab soit 40% de la population française métropolitaine ; aucune unité urbaine d’outre-mer parmi ces 30.

Unité urbaine de Paris, à elle seule, regroupe 42% de la population des ces 30 premières unités urbaines → dynamique géographique et démographique. Unité urbaine de Paris a absorbé en 1990 celle de Mantes-la-Jolie et celle de Melun en 1999. Unité urbaine de Paris bénéficie d’un taux de croissance démographique aussi élevé que moyenne nationale, grâce à solde naturel positif qui compense solde migratoire négatif.

4 unités urbaines > 1M d’hab. au recensement de 2006 : Paris, Marseille, Lyon, Lille

Lien de nature macrocéphalique en France en raison du poids considérable de Paris. Ecart considérable entre le nombre d’habitants de Paris et celui des suivantes.

Dualité mégapole parisienne/villes périphériques.

III – Le poids démographique relatif des communes-centre des villes

Commune-centre domine largement le peuplement de l’unité urbaine (70% ou + de sa population) → Brest

Commune-centre majoritaire dans la population de l’ensemble de l’unité urbaine, avec 55% ou + de sa population, mais sans atteindre 70 → Marseille,

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Commune-centre représente environ moitié de la population → Toulouse.

Commune-centre représente entre 30 et 45% de l’ensemble de la population de l’unité urbaine → Lyon

Commune-centre représente moins de 30% de la population de l’ensemble de l’unité urbaine → Paris, Rouen

Chapitre 6 : Le système des villes à l’échelle spatio-économique

I – Les mécanismes géographiques de l’extension des aires urbaines

1990-1999 : aire urbaine de Paris a absorbé plusieurs aires urbaines. En 1999, aire urbaine de Paris comporte 429 communes de plus qu’en 1990. Selon recensement de 1999, aire urbaine de Paris compte 1584 communes, dont 396 forment l’unité urbaine et 1188 communes de para-urbain. Même logique dans grandes villes

II – Une macrocéphalie à nouveau confirmée

Distribution de la population entre les différentes aires urbaines confirme concentration déjà constatée à l’échelle morphologique. Aire urbaine de Paris, dans ses délimitations de 2006 et selon recensement de 2006, comporte 11.8M d’hab., soit 19.2% de la pop.fr. métropolitaine et 48% cumulée des 20 aires urbaines les plus peuplées. 7 fois plus peuplée que la 2e, Lyon. 5 aires urbaines sont millionnaires : Paris, Lyon, Aix-Marseille, Lille, Toulouse. Bordeaux et Nice sont juste en dessous de la barre du million.

Aire urbaine de Paris plus peuplée que le reste de la région IDF. Dans 4 régions, population de l’aire urbaine la plus peuplée dépasse ½ de la population régionale (Toulouse, Strasbourg, Limoges, Marseille).

III – Une France encore plus en ville à l’échelle des aires urbaines

Selon chacune des 3 échelles analysées, armature territoriale de la géographie de la France présente des traits semblables : caractère primatial de Paris, ville, agglo ou aire urbaine avec un poids relatif considérable qui ne lui est disputé par aucune autre dans la métropole. Montée en puissance de villes périphériques.

IV – Le système des villes selon l’économie de la connaissance

Economie de la connaissance est un système productif dont le fondement repose sur les compétences professionnelles, technologiques et managériales du capital humain, optimisant le recours aux TIC, selon logique réticulaire et visée productive. Mesure de la place des villes dans économie de la connaissance : répartition de la pop selon nomenclature des professions et CSP.

Aire urbaine de Paris comprend plus d’1/3 des cadres et professions intellectuels supérieures de métropole (36.3%) alors que représente 19% de la pop. Proportion très faible de CSP de moindre qualification →macrocéphalie très accentuée dans système des villes en

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France. Viennent ensuite Toulouse, Grenoble, Lyon, Montpellier, Rennes. Montpellier et Toulouse bénéficiaires de l’héliotropisme positif, Grenoble de la proximité des Alpes.

Parmi les 20 aires urbaines les plus peuplées, les moins bien classées, Valenciennes (300 000) et Douai (400 000) sont anciennes villes de région industrielle.

Chapitre 7 : Paris dans la géographie européenne et mondiale

I – Paris, métropole ou mégapole ?

Mégapole = agglo > 10M d’hab. Paris est 20e mondiale sur 49 agglo > 5M d’hab., mais 1ere de l’Europe. Que 2 mégalopoles plus peuplées : New York et Tokyo. Au sein de l’UE, Paris est 1ere ville, 2e est Londres avec 8,6M d’habitants.

Population de Paris offre en conséquence un marché croissant de consommateurs. Ouverte au marché de consommateurs qu’est la France

II – Le positionnement géographique, un désavantage surmonté

Pas mégalopole portuaire mais traversée par un fleuve structurant lui ouvrant la porte, via Rouen et Le Havre, aux grands échanges maritimes internationaux. Même si Paris ne fait pas partie de la dorsale européenne, elle n’est guère éloignée de celle-ci car sa logistique aéroportuaire, facilité notamment par son poids démographique et de son rôle de hub aérien, lui offre connexions fréquentes et rapides avec territoires de cette dorsale mais aussi car Paris, du fait de son ancienneté dans la mise en place de LGV se trouve à la tête d’un réseau désormais européen de telles lignes → réduit considérablement son espace-temps avec la dorsale. Mais position favorable limitée par un climat caractérisé par des grèves périodiques dans secteur des transports.

III – Une place nationale première dans toutes les fonctions urbaines

Capitale politique nationale, aussi au titre de son accueil des sièges sociaux de presque ttes les grandes entreprises françaises. Capitale financière par le nombre de salles de marché ; ferroviaire et aéroportuaire par le nombre de passagers ; capitale universitaire par le nombre d’étudiants et de thèses soutenues ; capitale touristique par le nombre d’hôtels et de nuitées.

Paris offre toute la panoplie des fonctions urbaines, concentre en 1 même lieu tout ce qui peut faire la force éco d’un territoire, accentuée par la présence d’importantes organisations internationales ou de sièges sociaux européens de grandes entreprises nord-américaines. Capitale médiatique avec chroniqueurs parisiens écrivant dans quotidiens régionaux. Plus de 40% des avocats français sont inscrits au barreau de Paris, dont la compétence ne couvre que la ville de Paris.

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Contraste net avec nombreux pays européens : en Allemagne, primauté de telle ou telle fonction urbaine se trouve répartie : Berlin est la ville la plus peuplée et capitale politique, Hambourg = capitale des transports.

Pour villes régionales françaises, agglo de Paris fournit avantages : immenses marchés de consommation à portée des sites de production, s’accompagnant d’éco d’échelles de la distribution et même dans livraison. Utilisation par villes régionales de médias parisiens (panneaux publicitaires du métro) permet de toucher le vaste marché de conso qu’est IDF mais aussi les nombreux touristes. Salons professionnels internationaux attirent des milliers de visiteurs et entreprises des villes régionales peuvent entrer en contact avec de nombreux clients. Villes régionales peuvent profiter de l’extension européenne du réseau des TGV, rendu rentable grâce au poids de Paris. Baisse sensible des temps de transport Paris/régions.

IV – Handicaps géographiques internes

Problème de Paris plutôt dans sa géographie interne et sa gouvernance. Difficultés de cohésion sociale, très criantes lors des émeutes de l’automne 2005. Paris souffre des méthodes d’urbanisation promues par idéologie fonctionnaliste de la charte d’Athènes de 1932. Son principal concept sous-jacent, promu par Le Corbusier, est la création de zones indépendantes pour les 4 « fonctions » de la ville : habiter, travailler, se cultiver, circuler. Charte instaure aussi système de zonage la cité en ville-outil, ville-dortoir et ville-spectacle et cet ordre rigoureux est régi par une géométrie simple et une logique mathématique. Application de ces principes urbanistiques s’est traduite par la construction de barres et tours, correspondant à un urbanisme rendant malaisée toute appropriation identitaire positive de l’espace vécu. Quartiers généralement construits sans liens avec trame urbaine traditionnelle, en faisant des quartiers enclavés.

Paris a une excellente connexion internationale, mais connexions insuffisantes entre les différents territoires de son agglo + important retard d’investissement dans les infrastructures (absence de desserte ferroviaire directe centre de Paris/aéroports).

V – Une question institutionnelle ?

Si ville de Paris devait avoir une superficie plus proche de celles autres principales métropoles européennes, elle devrait absorber les communes périphériques. Actuellement, les communes limitrophes de Paris, quelle que soit la tendance politique de leurs élus, ne semblent pas envier les arrondissements périphériques, car au cours des dernières décennies, la gouvernance dont elles ont généralement bénéficié s’est révélée en moyenne plutôt bénéfique. Certaines sont même parvenues à concrétiser des stratégies d’attractivité nettement gagnantes.

Question de l’agencement institutionnel des villes capitales se pose dans tous les pays. Toutes les mégapoles se trouvent face à la nécessité de maximiser le jeu de nombreux acteurs politiques, éco, sociaux, associatifs, exerçant une responsabilité à des échelles différentes. Partout, l’idée consiste à trouver une organisation pour combattre la fragmentation et faciliter l’articulation des acteurs publics entre eux et avec les acteurs éco.

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Réforme des collectivités territoriales en cours en 2010 peut-elle améliorer gouvernance de Paris ? Longue période de mise en place pendant laquelle les réorganisations fixées → risque de perdre le pas sur la mise en œuvre.

Chapitre 8 : Le système des villes selon les régions

I – Le système des villes dans la région capitale

1. Une commune très capitale

Commune de Paris est la plus importante de la région, comprend 25,5% de la population de son unité urbaine et 8,9% de la population de la région IDF. Au centre de l’IDF, fonctions éco et pol justifient un tel résultat.

3 communes d’IDF avec plus de 100 000 habitants (hors Paris) : Boulogne-Billancourt (140 000), Argenteuil (102 000) et Montreuil (101 000).

2. Une armature urbaine radioconcentrique

Si on définit une commune moyenne par la fourchette 50 000 – 120 000 habitants, IDF en compte 37 selon recensement de 2006, soit 1/3 des communes françaises de cette fourchette. Communes de la région capitale, qui n’ont pas le statut de préfectures, ont une population plus élevée que plusieurs chefs-lieux de départements (Vesoul) ou de même ordre de grandeur (La Rochelle).

Parmi ces 37 communes, seules 3 dans le périmètre des villes nouvelles : Noisy-le-Grand (au sein de Marne-la-Vallée), Cergy (dans Cergy-Pontoise) et Evry. Objectifs démographiques initialement prévus pour les villes nouvelles sont loin d’avoir été atteints.

Localisation des principales communes d’IDF montre caractère radioconcentrique de l’urbanisation. Toutes les communes des départements de la Petite couronne font partie de l’unité urbaine de Paris et cumulent les 1eres places au classement des communes par nombre d’habitants. Seules 6 communes de la Grande couronne figurent parmi les 37 : Argenteuil, Sarcelles, Cergy, Versailles, Sartrouville et Evry ; sont toutes situées dans la partie de leur département la plus proche de Paris. Croissance urbaine de Paris s’est réalisée par le biais d’un étalement de la ville dans toutes les directions, ayant commencé mi XIXe par un développement de l’urbanisation au-delà des limites administratives de Paris. Structures urbaines ont une certaine inertie. Dans 2010’s, malgré extension de la périurbanisation à une partie de la Grande couronne et la constitution, dans celle-ci, d’une vaste auréole francilienne de grands ensembles (1960’s) et d’un tissu pavillonnaire plus récent → armature urbaine de la région reste concentrée.

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3. Le legs de l’histoire

Armature urbaine de l’IDF de 2010 s’inscrit dans le legs de l’histoire ayant consacré Paris comme capitale nationale et comme ville exerçant des fonctions internationales. En 1876, les 3 communes les plus peuplées de l’espace géographique (pas encore IDF) sont toutes les 3 des anciennes « villes royales » : Versailles (50 000 habitants), Saint-Denis (35 000) et Saint-Germain-en-Laye (17 000). Fin XIXe, début XXe : armature « royale » remise en cause par la croissance de la banlieue proche. S’y installent industries ne trouvant pas assez d’espace dans Paris et immeubles permettant de loger des familles d’ouvriers et d’employés souvent issus de l’émigration rurale. Les premiers lotissements de banlieue prennent de l’importance à partir des 1920’s, alors que pop de Paris intra muros, qui atteint son max de 2,9M au recensement de 1921, commence à diminuer. Au recensement de 1931, IDF compte 15 communes, hormis Paris, dépassant 6000 hab, toutes situées en proche banlieue. Après 2GM, croissance urbaine reprend et concerne essentiellement, jusque 60’s, la banlieue proche.

Depuis 2GM, 2 évolutions dans la structure de l’IDF. 5 villes nouvelles, résultant du schéma directeur d’aménagement et d’urbanisme (SDAU) de la région parisienne de 1965. Mais dans la mesure où ces 5 villes nouvelles ont été localisées dans la partie de leur département la plus proche de Paris et du fait de leur densité limitée, elles n’ont pas modifié mais renforcé l’armature urbaine radio-concentrique de l’IDF.

II – L’armature urbaine de la Bretagne : une capitale excentrée et un chapelet de villes périphériques

Unité urbaine (selon RP 2006) et dans ses limites du RGP 1999 de Rennes = 9,1% pop de la région, Brest = 6,1%. Donc pas d’armature urbaine bicéphalique car à elles 2 : moins de 16% de la pop. A part Rennes : un chapelet de villes formant un « U » renversé, suit franges littorales, nullement polarisées par Brest. Villes moyennes : Vannes, Saint-Malo, Lorient, Quimper, Brest, Saint-Brieuc pour villes principales. Complété par villes d’importance secondaire (Auray, Lannion, Morlaix). Quelques communes non littorales avec une certaine importance (Pontivy et Loudéac) aussi aux marges de la région (Fougères, Vitré) + Redon. Peuplement des franges littorales relativement continu, littoral Nord plutôt composé de poches urbaines. Comme capitale rennaise est assez excentrée, système urbain breton est résolument périphérique, ce qui souligne le rôle de la mer dans le peuplement. Système polycéphalique malgré développement de Rennes.

III – Système de villes dual de la région Lorraine

Lorraine a système urbain dual, lié à l’Histoire. Nancy, côté français, devient de 1871 (quand Lorraine coupée en 2) à 1918, la plus grande ville de l’Est de la France car accueille nombreux Messins, Alsaciens et Mosellans, reçoit entreprises et entrepreneurs quittant zone sous domination prussienne. Côté allemand, les priorités pour Metz sont l’emploi lié à l’armée et la valorisation d’une ville au centre d’un espace industriel comptant, comme du côté français, sidérurgie, chimie, mécanique et textile. Essor de Metz limité par ses

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servitudes militaires et son appartenance au Reichland. Servitudes militaires disparaissent après 1GM, permettant croissance démo de Metz.

2006 : unité urbaine de Metz = 323 000 hab, 13,8% de la pop de la région. Nancy = 331 000 hab, 14,2%. Du fait des rivalités, tentatives d’organisation d’une grande métropole Lorraine-Nancy-Metz ont peu d’effets synergiques même si, en 2010, projet d’une univ. Unifiée est prévue pour 2012.

Hormis Metz et Nancy, Lorraine ne compte que quelques villes moyennes (Epinal, un peu plus de 60 000 hab dans son unité urbaine). Pop des 2 principales unités urbaines = 28% de la pop de la région → bicéphalie régionale incontestable.

IV – Midi-Pyrénées : une armature fortement macrocéphalique

Unité urbaine de Toulouse = 850 000 hab selon RP 2006 = 30,6% pop régionale et + d’1/3 des emplois → importance de sa zone d’influence (expliquant émigration d’hab du SO vers cette ville). Organisation régionale des réseaux de transport et leur développement favorise la position dominante de Toulouse : TER, autoroutes et aménagements routiers, dont les plus récents vont de Toulouse vers Albi et Rodez, par politique nationale d’ADT puis par le processus de métropolisation renforcée par des politiques volontaristes + héliotropisme.

Aucune autre unité urbaine du Midi-Pyrénées ne dépasse 100 000 hab. Tarbes est 2e

avec 77 000 hab, 11 fois moins peuplée que Toulouse. Albi, Auch, Cahors, Foix, Montauban et Rodez = autres villes préfectures de la région ont un peuplement nettement inférieur. Des petites villes, même industrielles, sont en dépeuplement, après de lourdes restructurations ou cessation de leurs activités industrielles.

V – La Picardie : un système de villes centrifuge

Picardie considérée comme un simple espace de transition entre région capitale et Nord-Pas-de-Calais (tracé de l’autoroute A1 à mi-chemin entre Amiens et Saint-Quentin). Saint-Quentin tournée vers Nord, Laon vers Reims, Creil vers Paris. Villes du sud de la Picardie essentiellement commandée par Paris, dont l’aire urbaine déborde sur l’Aisne et l’Oise. RER parisien roule en Picardie et aéroport CDG est à 8km de la frontière sud de la Picardie. Armature urbaine polycéphalique pour la Picardie mais centrifuge.

Conclusion : système urbain français est contrasté quand on quitte l’échelle nationale pour s’intéresser à l’échelle régionale. 7 régions sont macrocéphaliques, 8 sont bicéphaliques et 7 polycéphaliques.

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Partie III : La diversité des villes

Chapitre 8 : Originalité géodémographique et géosociale de Paris

1861 : Paris intra muros = 1,7M hab. veille 1GM = 2,9M hab. se maintient à ce niveau jusque début 50’s puis diminue. 2,1M hab en 1999, légère remontée en 2006.

I – Une géographie de peuplement changeante dans une densité demeurant exceptionnelle

Décroissance de pop rapide dans 60’s et 70’s, beaucoup plus modérée par la suite → lié aux changements dans l’occupation des logements. Pas propre à Paris (aussi Londres). Malgré tout, densité de Paris > 20 000 hab/km², très forte par rapport aux autres grandes villes françaises où elle ne dépasse pas 5000 (sauf Lyon = 9000 hab/km²).

1. La profonde modification de la répartition spatiale

En 1861, pop parisienne concentrée dans le centre-ville. Densité très élevée dans « l’hypercentre », du Ier au IVe arrondissement (> 80 000 hab/km² dans IIIe et IVe). Dans autres arrondissements, valeurs plus faibles (surtout dans sud et sud-est, < 10 000 hab/km²). Depuis, centre a perdu beaucoup de pop, surtout hypercentre dont pop diminue avec travaux du IIe Empire → percées de voies et substitutions de bâtiments publics aux immeubles résidentiels. Après 2GM, transformation de nombreux logements en espaces d’activités (surtout bureaux). Arrondissements autour des Ier au IVe, ont aussi perdu pop mais dans une moindre mesure. Arrondissements périphériques, du XIIe au XXe, se sont beaucoup peuplé avant de connaître, pour certains, une certaine décroissance. XVe et XVIe : évolution la plus remarquable : pop x4 depuis cette époque.

En 2006, du fait de ces mouvements contradictoires, pop parisienne répartie de façon plus régulière dans le centre et la périphérie. Mais arrondissements centraux, du Ier au XIe, ont des différences sensibles entre eux (présence inégales des espaces publics, parcs et jardins), même au niveau de l’immobilier non résidentiel (densités vont de 9700 hab/km² dans le Ier à 41 500 hab/km² dans le XIe). Différences moins marquées dans les arrondissements périphériques (où bâti résidentiel est dominant) avec écarts allant de 19 500 hab/km² dans le XVIe à 32 300hab/km² dans le XXe.

2. Une pyramide façonnée par les migrations

Pyramide des âges (2006) de l’IDF a un profil assez proche de celle de la France. Mais moins de personnes âgées (> 65 ans = 12,4% contre 16,6% en France métropolitaine) et

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plus de jeunes adultes (20-39 ans = 30,4% contre 26,4% en France) et de jeunes enfants (< 10 ans = 13,3% contre 12,4%). Différences viennent des migrations : IDF reçoit des jeunes adultes qui vont avoir des enfants ou en ont déjà, de province ou de l’étranger, et voit partir une partie de ses retraités. Dans pyramide parisienne, les 20-39 ans sont les plus nombreux (35,8%). A l’inverse, les personnes âgées sont moins nombreuses (14,1%). De plus, les < 20 ans (19,5%) sont beaucoup plus faibles que dans la région (25%) et en France (24%).

Prédominance des jeunes adultes et faiblesse du nombre d’enfants et des jeunes se voit dans recensement de 1968 : dès cette époque, avec extension de l’agglo parisienne, se met en place un partage de l’espace, avec jeunes adultes plutôt au centre de Paris et familles avec enfants à la périphérie, en banlieue. Contrairement à ce que l’on a dans le pays, cette pyramide n’a pas vieillie depuis.

3. Un mouvement migratoire dominant

Mouvement migratoire plus important que mouvement naturel. Paris intra muros, de 1999 à 2006 : 85 000 arrivées et 32 naissances pour 96 000 départs et 16 décès → solde migratoire négatif et solde naturel positif.

Mouvement migratoire variable selon âge. Valeurs positives autour de 20 ans : arrivée de jeunes gens pour études ou 1er emploi. Viennent surtout de province mais aussi de la banlieue et de l’étranger. Valeurs négatives autour de 30 ans : départs de familles, qui en majorité, gagnent la banlieue ou (re)partent en province. Valeurs négatives autour de 60 ans : départs de retraités très majoritairement vers province.

Taux naturels : 14,8 naissances pour 1000hab, 7,3 décès pour 1000 hab (1999-2006) → 12,8 et 8,9 en France.

II – De l’évaluation des logements à la géographie sociale de la capitale

1. Des logements de moins en moins occupés par les Parisiens

En 1954, résidences principales des parisiens représentent presque la totalité des logements (98%) → pénurie extrême de l’après-guerre pousse à une occupation maximale. Puis 84% en 1999 et 85% en 2006. 15% d’autres logements (soit 200 000 unités) se répartissent en 6% de résidences secondaires et occasionnelles (80 000) et 9% de logements vacants (120 000).

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2. Des occupants de moins en moins nombreux

Diminution du nombre de personnes par ménage (ensemble des personnes occupant une résidence principale) : 2,35 en moyenne en 1954, 1,87 en 1999 et 1,86 en 2006 (IDF = 2,34 et France = 2,3) → surface plus réduite des logements de la capitale.

Diminution générale du nombre de personnes par ménage car décohabitation des générations adultes, baisse du nombre d’enfants par famille, hausse de la solitude au détriment de la vie en couple, vieillissement de la pop. Joue à Paris et ailleurs, mais Paris a tendance à concentrer les petits ménages, en particulier les jeunes adultes seuls et les couples sans enfants. Parmi les 20-39 ans, 1/3 vivent seuls. Couples sans enfants = 44% des familles à Paris contre 36% en IDF. A Paris, ces ensembles d’1 ou 2 personnes peuvent se contenter de petits logements et faire face aux coûts élevés (car pas d’enfants).

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3. La géographie des types de logements

Dans IIe arrondissement, logements sont plus petits que la moyenne dont plus forte proportion de ménages à 1 personne. Logements en majorité en location dans le privé, et vu leur centralité, loyers élevés → jeunes adultes avec bons revenus. Modèle se retrouve dans arrondissements de l’hypercentre, et plus ou moins marqué, au nord et sud de cet ensemble.

Dans XVIe, logements sont plus grands qu’en moyenne : plus de familles avec enfants qu’avant. Mais taille n’est pas beaucoup plus grande qu’à Paris en général, ménages en majorité cadres et diplômés du supérieur, souvent propriétaires de leur logement. Couples ont tendance à rester sur place après départ des enfants et personnes survivantes après décès du conjoint, d’où proportion importante de ménages à 1 personne et de personnes âgées.

Dans XIXe, taille des logements dans la moyenne parisienne, mais c’est là qu’il y a le plus d’HLM (1/3 des logements) d’où importance des familles et catégories sociales ouvrières et employées, taille des ménages plus élevée qu’en moyenne.

4. Un futur sans beaucoup de surprises

Nombre de logements croit de moins en moins, proportion des résidences principales quasi-stable depuis 1990, taille des ménages ne baisse plus.

Avenir : construire toujours à Paris, mais cela reviendra de plus en plus à substituer des immeubles neufs à des immeubles vétustes. Proportion des résidences principales restera sûrement à son niveau, compte tenu de la grande difficulté à mettre sur le marché des logements vacants sans nécessité, et de l’attractivité de Paris : taille des ménages ne devrait pas évoluer.

5. Paris à l’étroit

Phénomène de concentration des cadres, des personnes seules ou des couples sans enfants pas propre à Paris mais à toutes les unités urbaines dont un centre est attractif.

Chapitre 9 : Les traits géographiques diversifiés des grandes métropoles régionales

Outre Paris, France compte 9 « grandes métropoles » : Lyon, Lille, Nice, Marseille, Toulouse, Bordeaux, Nantes, Strasbourg et Grenoble ; situées hors de la région capitale, unité urbaine compte au moins 400 000 hab et assument fonction éco leur valant une reconnaissance et une attractivité allant bien au-delà des frontières nationales.

I – Une géographie dépendante du cadre physique et des axes de communication

1. L’importance des vallées

Métropole lyonnaise comprend communes de 3 départements : Rhône, Ain et Isère. Métropole grenobloise entièrement emprise dans l’Isère. Ville-confluent (comme Lyon)

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2. Entre atouts maritimes et contraintes montagneuses

Métropole niçoise correspond à quasi-totalité de la partie littorale des Alpes-Maritimes, la Côte d’Azur. Longtemps majoritairement littorale, mais s’étend aussi vers intérieur. Villages perchés de l’arrière-pays niçois conquis par citadins et lotissements se créent à leurs pieds. A l’ouest, massif de l’Esterel crée discontinuité spatiale avec aire urbaine de Fréjus-Saint-Raphael. A l’Est, Alpes créent discontinuité avec aire urbaine de Menton. Aucune vallée, d’orientation N-S, ne sert d’axe de pénétration → urbanisation se dilue vite.

Etendues et formes géographiques des métropoles étudiées tiennent à 2 facteurs essentiels : cadre physique qui crée des effets de barrière (Nice, Grenoble) ; axes de communication imposés par vallées ou résultant de la géographie des choix d’aménagement. Urbanisation suit vallées, réseau ferroviaire, autoroutes…

II – Une géoéconomie très contrastée

1. Entre synergie technopolitaine et or blanc

Essor éco contemporain de Grenoble trouve ses prémices dans l’énergie hydraulique (houille blanche), suscitant l’implantation d’entreprises → développement de centres de recherche permettant, après 2GM, de fonder les bases de l’accession de Grenoble parmi les pôles mondiaux de la recherche scientifique. 1972 : ouverture d’1 technopôle, la ZIRST (Zone d’Innovation pour la Recherche Scientifique et Technologique) de Meylan. Aujourd’hui, Grenoble est modèle de technopole, une grande part des activités éco étant tournée vers la haute-technologie. Synergie enseignement supérieur/recherche/secteur industriel. Domaines les plus représentés = informatique, électronique, matériel électrique… Fortes spécialisations sont un atout pour innovation et notoriété, mais présentent des risques quand tel ou tel de ces secteurs est confronté à des changements structurels. Contexte géo permet exploitation de l’or blanc, mais aussi inconvénient : Grenoble légèrement à l’écart du réseau européen de TGV (LGV Lyon-Turin = Transalpine, devrait ouvrir en 2020 et passer par Chambéry.

2. Le deuxième pôle économique français

Lyon = 2e, derrière Paris, dans de nombreux domaines (sauf Lille sur plan industriel). Industrie diversifiée avec point fort dans pharmacie et chimie (laboratoires Merieux). Secteur tertiaire dominant aujourd’hui : administration, 3e place financière, pôle scientifique majeur (universités, important pôle médical). Dimension internationale avec siège d’Interpol. 2 difficultés : « Poulidor » des métropoles françaises (Paris concentre majorité des centres décisionnels et des sièges sociaux en France) et diversité de l’éco (est aussi un avantage) qui opacifie tout de même l’identité éco de la ville et rend difficile la pédagogie de sa notoriété.

3. Du monolithisme touristique à la diversification technologique

Nice tire ses richesses de l’exploitation d’un climat et d’un site devant autant aux Alpes qu’à la Méditerranée. Au XIXe, Nice fait peu à peu prospérer le charme de son climat qui avait commencé à attirer Anglais dès 1750’s. Arrivée du chemin de fer Paris-Nice multiplie les flux touristiques. Pourtant principal axe éco de Nice est celui se dirigeant vers Turin. Importance confirmée par percement du tunnel routier du col de Tende, de 1873 à 1882. 1ere

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mi XXe : mouvements migratoires (Italie) accentuent importance de Nice. Possibilités d’emplois augmentent avec développement d’un tourisme aristocratique engendrant construction de grands hôtels pour accueillir clientèle, surtout anglaise. Crise de 1929 → nombreux hôtels vendus et transformés. Après 2GM, activités touristiques reprennent avec congés payés qui permettent développement d’un tourisme de masse. Tourisme d’été remplace tourisme d’hiver. Ouverture à l’aviation commerciale en 1946 avec aéroport de Nice-le-Var. croissance démographique de Nice grâce à mouvements migratoires : retraités attirés par climat et conditions de vie, accentuant essor d’une éco résidentielle, nombreux rapatriés de la décolonisation souhaitant conserver certains avantages climatiques (cette pop offre nombreux petits et moyens commerçants s’insérant dans éco touristique et offre profs de grande qualité, expérimentés donnant à l’université de Nice, créée en 1965, une rapide renommée scientifique).

Début 60’s, industrie reste parent pauvre (plus grande zone du département, Carros, occupée à 15%). Installation d’IBM, de Texas Instrument et de Thomson. Technopôle de Sophia-Antipolis : métropole niçoise, tout en promouvant l’importance de son éco touristique et résidentielle, devient un pays de haute-technologie. Sophia-Antipolis se révèle même être, pour les entreprises US, un centre de services pour leurs clients européens. Nice complète sa renommée touristique avec une notoriété mondiale dans des secteurs d’activité fondamentaux (sciences et techniques de l’info, sciences et technologies de la santé). Diversité des types de tourisme (développement du tourisme d’affaires et valorisation des stations de sport d’hiver du Haut-Pays.

Chaque phase de développement de la métropole niçoise a été ponctuée par une nouvelle infrastructure exerçant un rôle essentiel, pour une étape aussi nouvelle de développement : arrivée du train au XIXe a donné accélération décisive au tourisme ; réalisation d’une route nationale à démultiplié tourisme balnéaire ; aéroport a permis d’attirer entreprises internationales et joué un rôle clé pour réussite du projet de Sophia-Antipolis.

Nice éloignée des lieux de pouvoir (Paris, Bruxelles), à l’extrémité d’un arc alpin demeurant un ensemble géopolitique très morcelé. Dans 2010’s, ces 2 axes Nord-Sud et Est-Ouest sont toujours des nécessités → TGV venant de l’Ouest devrait finir par être réalisé, mais à l’Est, celui vers Gênes n’est toujours pas en projet.

Dans 80’s, Toulouse a toujours un arsenal de fonctions métropolitaines (grâce à décision de l’Etat) accentuant son attirance régionale, son attraction nationale et lui permettant de créer une place enviable dans la compétition des villes européennes, s’appuyant sur des libertés données par la décentralisation, bénéficiant du rang de capitale régionale. Toulouse peut valoriser ses acquis et entreprendre de développer de nouveaux atouts : création de technopôles, promotion éco, réalisation d’un métro. Mais technologies avancées, aéronautique, activités spatiales connaissent des aléas conjoncturels + difficultés concurrentielles.

Caractéristiques des grandes métropoles françaises très diversifiées. D’abord sur environnement géo sur lequel nait et s’étend une métropole peut être très différent. Aussi éléments explicatifs d’un développement métropolitain très variés.

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Chapitre 10 : Les métropoles régionales intermédiaires, des atouts comparables, des résultats différents

I – Les métropoles régionales intermédiaires : la « 3e division » de l’armature urbaine

Une métropole est une agglomération « de taille significative par rapport à son environnement, dotée d’équipements, commandant une zone d’influence étendue » (DUMONT, 1993).

1. Un critère démographique …

Selon nombreux chercheurs européens, un seuil de 200 000 habitants est nécessaire, en Europe, pour justifier l’emploi du terme métropole. Métropoles intermédiaires françaises sont donc des unités urbaines comprises entre 200 000 et 550 000 habitants. En 2006 = 21 unités urbaines : Rouen (389 000, capitale régionale), Saint-Etienne (286 000, chef-lieu de département), Brest (206 000, sous-préfecture) et même Caen (196 000, marge d’erreur du recensement).

2. …complété par des critères fonctionnels

Certaines capitales régionales ont fonctions liées à leur statut administratif dû à la régionalisation. Les unités urbaines de taille démographique intermédiaire ayant le statut institutionnel de capitale régionale bénéficient d’atouts spécifiques : siège du Conseil régional et de l’adm dont celui-ci a besoin, siège de divers services déconcentrés au niveau régional (rectorats). Nombreuses entreprises privées y ont leur siège social ou comme tête de pont des activités qu’elles conduisent dans la région considérée. Nombreux emplois induits dans la fonction publique d’Etat, dans la fonction publique territoriale et dans la fonction publique hospitalière, mais aussi dans secteurs privés (commerce, distribution…)

Métropoles intermédiaires avec statut de capitales régionales peuvent être comparée entre elles, alors que toute comparaison avec d’autres unités urbaines intermédiaires conduirait à intégrer des différences institutionnelles et donc d’attractivité, introduisant biais important. 8 unités urbaines peuvent être métropoles régionales intermédiaires car ont statut de chef-lieu de région : Metz, Montpellier, Rennes, Orléans, Clermont-Ferrand, Dijon, Caen → à la tête de régions de tailles diverses, allant de 1,3M à 3M d’habs. Localisation sur territoire est inégale. On ajoute aussi Rouen (pour faire 8) mais analyse géoéco conduit à ne pas la retenir pour une comparaison pertinente car a des importantes caractéristiques spécifiques, de nature géo et portuaire (trafic portuaire de 25,3M de tonnes en 2009 = 5e port français). Son positionnement démographique industriel par rapport à Paris explique 1 PIB largement supérieur aux autres métropoles régionales industrielles.

II – Des atouts semblables

1. Les atouts attractifs en tant que métropole

Peuvent offrir d’importantes économies d’échelles (ou rendements croissants). Des établissements industriels considèrent ainsi qu’ils ne peuvent s’implanter que dans ce type de métropoles au moins pour parvenir au point mort, le niveau minimal des pertes certaines mais surtout pour dégager une marge suffisante. Elles fournissent aussi une externalité (ou

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éco externe) aux entreprises : biens collectifs, infrastructures matérielles et sociales… possibilités d’externalité sont importantes car grande gamme de services. Face aux incertitudes liées à la rapidité des changements et complexité d’un marché de plus en plus ouvert, concentration de l’activité en zone métropolitaine constitue une assurance supérieure à d’autres types de territoires → marché de l’emploi plus large, plus grande variété d’entreprises. Pour couples souhaitant exercer des métiers différents, facteur taille du marché de l’emploi des métropoles est avantageux.

2. Les atouts attractifs dus à leur dimension intermédiaire

Par rapport aux grandes métropoles, elles limitent les déséconomies d’agglomération car leur dimension est réduite. Coût du foncier peut y être moindre, accès à certains services plus rapide. Relations avec autres entreprises, comme avec différentes adm peuvent être moins anonymes, ce qui peut faciliter l’échange, le transfert de technologies. Entreprises peuvent effectuer plus aisément une densification des relations sociales, intellectuelles et culturelles.

Attractivité résulte a priori de leur dimension, qui les fait bénéficier du processus de métropolisation sans engendrer autant de déséconomie d’agglo que les grandes métropoles.

Ex : Montpellier, métropole régionale attractive → unité urbaine de 318 000 habs, dominant largement la 2e du Languedoc-Roussillon (Perpignan, 199 000 habs). A proximité de la Méditerranée. Comprend 11 communes, avec une des superficies les plus faibles et densité la plus élevée des 7 métropoles régionales. Commune de Montpellier = 252 000 habs, concentre 79% de la pop de l’unité urbaine, proportion la plus élevée parmi les 7 métropoles régionales.

III – Les points forts et les points faibles des métropoles régionales intermédiaires

1. Atouts et handicaps des trois premières

Montpellier est devenu une technopole (comme Toulouse et Grenoble) : « région urbaine où s’est mise en place une organisation visant à favoriser la synergie technologique » (DUMONT). Dispose de plusieurs parcs technologiques : pôles de développement et de recherche diversifiés (médecine : parc Euromédecine ; agronomie tropicale : parc Agropolis). Enseignement supérieur important : 65 000 étudiants. Bonne desserte : TGV met la ville à 3h de Paris, aéroport le plus fréquenté des métropoles régionales intermédiaires avec plus d’1M de passagers/an. Activités de commerces, de services et de pôle touristique aussi très importantes. Mais grande faiblesse liée à l’absence de tradition industrielle et à insuffisance relative du secteur secondaire.

2e unité urbaine des métropoles régionales intermédiaires = Rennes. Industrie diversifiée, initialement plutôt réduite avec industrie agro-alimentaire puis stimulée par décentralisation industrielle pendant 30 Glorieuses, notamment dans automobile. Haute-technologie (électronique) très importante avec notamment TIC avec centre de recherche en télécommunications. Technopôle de Rennes-Atalante se déploie dans activités de santé, biotechnologie, recherche agro-alim. Important centre universitaire (55 000 étudiants). TGV facilite liaisons avec Paris, réseau autoroutier profitable car sans péages sur l’ensemble de la Bretagne. Faiblesses : réseau ferroviaire archaïque, absence d’aéroport d’envergure dans

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l’attente de l’aéroport commun avec Nantes, celui de Notre-Dame-des-Landes. Secteurs industriels confrontés à une course permanente à la compétitivité, dans le cadre de la concurrence internationale.

Orléans a industrie centrée autour de 4 secteurs dominants : pharmacie et parachimie, agro-alim, mécanique et électronique. Activité éco s’organise autour d’établissements installés par des firmes multinationales et de nombreuses PMI. Secteur tertiaire important car abrite secteurs directionnels (fonctions financières de La Poste). Tertiaire supérieur commence à se développer (services aux entreprises, écoles d’ingénieurs). Pôle logistique important s’est aussi développé. Mais contrairement à Rennes et Montpellier, Orléans n’est pas une métropole régionale incontestée dans une région comptant de nombreuses forces centrifuges, tournées vers Paris. 15 000 étudiants, d’où rapprochement avec Tours. Orléans n’échappe pas à l’orbite parisienne ; lui accorde certes des avantages (importance du taux d’activité occupé) mais aussi inconvénients : absence d’aéroport, activités très dépendantes de Paris où se trouvent nombre de décideurs.

2. Caractéristiques des autres métropoles régionales intermédiaires

4e = Caen, spécialisé dans activités mécaniques (équipementiers automobiles). Potentiel de recherche important (biomédical, plasturgie). Développement d’activités de haute-technologie dans technopôle de Synergia. Commerce de gros très présent, tourisme de mémoire (mémorial) et culturel (patrimoine historique médiéval). Bien desservie par autoroutes. Principale faiblesse tient à des industries, issues des décentralisations, utilisant une main d’œuvre plutôt peu qualifiée. Restructuration industrielle pas suffisamment compensée par d’autres activités ou par tertiarisation assez poussée. Haute-technologie demeure faible. Nombre limité d’étudiants (25 000), trafic portuaire déjà modeste a diminué.

5e= unité urbaine de Dijon. Quelques points forts dans industrie traditionnelle (agro-alim), un pôle de recherche important (œnologie), présence d’institutions d’enseignement supérieur. Tertiaire : développement du commerce et du secteur du transport logistique grâce à sa position de carrefour autoroutier. Héritage historique et urbanistique. Mais dynamisme éco apparait limité, surtout sur plan industriel, avec absence de grandes unités de production. Activités industrielles les plus notables, issues des décentralisations parisiennes des 50’s-70’s sont souvent à faible valeur ajoutée et donc confrontée à concurrence internationale (fermeture de Hoover). D’autres activités industrielles plus récentes (pharmacie) sont peu importantes ou dépendantes de structure de décision éloignées de la métropole.

6e = Metz. A développé un secteur de haute-technologie avec technopôle Metz 2000, spécialisé dans le domaine de la communication, de l’info et de l’électronique. Centre historique de qualité, cadre de vie agréable, commune-centre est le 1er centre commercial de Lorraine. Port fluvial céréalier prospère. Desserte autoroutière a permis le développement de la logistique. Faiblesses : industrie, suite au déclin des activités lourdes (sidérurgie et métallurgie) dans la partie minière de l’unité urbaine (vallée de l’Orne), liée à l’exploitation du fer. Déclin se traduit aujourd’hui par l’industrie la plus faible des métropoles régionales même si la commune-centre est devenue une ville d’industrie récente avec 2 branches principales : mécanique et agro-alim. Aussi retard dans services aux entreprises. Université de 16 000 étudiants, d’où rapprochement avec Nancy en cours. Desserte aéroportuaire imparfaite.

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7e = Clermont-Ferrand. Place sans équivalent dans l’armature urbaine de sa région, avec 30 000 étudiants et écoles d’ingénieurs, important potentiel de recherche (agro-alim, santé), accroissement du secteur tertiaire grâce à sa fonction régionale. Bon réseau autoroutier permettant de relier rapidement Paris, le Midi, la vallée du Rhône et Bruxelles ; Clermont étant devenu le centre géo autoroutier de la France. Capitale d’une région faiblement peuplée et peu dense. Rayonnement limité à des territoires démographiquement affaiblis et fortement vieillis. De plus Michelin, grande firme multinationale, fabriquant de pneumatiques, a son siège social, sa principale usine et ses labos de recherche ici, induisant un nombre important de sous-traitants ou le développement de services aux entreprises en application des logiques d’externalisation. Ex : Michelin confronté en permanence au défi de la compétitivité, relevé jusqu’à présent. Réussite de l’entreprise a notamment nécessité un accroissement permanent de la productivité, un déploiement mondial et donc des diminutions d’effectifs dans ses emplois directs sur Clermont. Or, activités susceptibles de concourir à la diversification de l’éco clermontoise restent insuffisantes. Autres secteurs d’activité maigres en comparaison : édition et imprimerie, métallurgie, pharmacie. Clermont est à l’écart du réseau TGV.

Conclusion : 4 facteurs explicatifs, dépendants eux-mêmes de l’action des hommes et des entreprises dans chaque territoire, des niveaux d’attractivité des métropoles régionales :

• Souci de développer des activités de haute-technologie, métropoles régionales ayant investi dans innovation font preuve d’une meilleure attractivité relative. Mais celles où activités industrielles traditionnelles occupent une place considérable, avec main d’œuvre à oindre niveau de qualification, subissent plus fortement les contraintes dues à la concurrence internationale.

• Degré de diversification de leur éco. Métropoles diversifiées moins sensibles à une mauvaise conjoncture dans 1 secteur éco car elle peut se trouver compensée dans d’autres secteurs. Un trop grand monolithisme éco présente 2 inconvénients : métropole intermédiaire subit de plein fouet toute période délicate touchant un secteur trop dominant. Si ce secteur est dans une période favorable, il peut être considéré comme une rente de situation et risque de handicaper implicitement la recherche d’autres axes de développement du territoire.

• Accessibilité et capacité à valoriser la métropole dans les réseaux de transport ; à l’échelle de l’unité urbaine (transports urbains), à l’échelle de la région dont la métropole est la capitale et celle des autres territoires situés au-delà de la région, qu’ils soient français, européens ou mondiaux. Concerne question des transports publics urbains, du PDU, du réseau routier et autoroutier, des réseaux ferroviaire et aérien, mais aussi celle de l’intermodalité. Concerne aussi capacité à être et à rester en pointe dans l’accès à des techniques de communication en constante évolution

• Façon font la métropole régionale intermédiaire exerce ses fonctions de tête de l’armature urbaine de la région dont elle est capitale politique.

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Chapitre 11 : Une typologie des villes moyennes dans une région : exemple de la PACA

France compte de nombreuses villes moyennes. Une douzaine d’entre elles (Valenciennes) comptent plus de 200 000 habs dans leur unité urbaine mais elles n’assument pas de fonctions significatives et n’ont pas une zone d’influence susceptible d’en faire une métropole régionale intermédiaire. Mais plupart des villes moyennes ont moins de 200 000 habs.

Bornes : haute = voir chapitre précédent ; basse = différence de nature entre une commune de la Petite couronne de Paris de moins de 200 000 habs (Garches) et une unité urbaine de même ordre de pop exerçant des fonctions de préfecture ou de sous-préfecture et qui rayonne sur un territoire rural relativement vaste, exerçant un rôle relatif significatif dans le maillage territorial français.

Positionnement géo d’une ville est donc essentiel. Une ville, même peu peuplée, mais éloignée d’une métropole et au poids démographique relatif important dans son espace géo, se voit obligée d’offrir à la pop de cet espace une plus vaste gamme de services, ce qui ne serait pas nécessaire si elle se trouvait dans l’espace périurbain d’une métropole.

(Selon Asso des villes, fédération des maires des villes moyennes, créée en 1988, regroupe maires des villes moyennes centres dont pop comprise entre 20 000 et 100 000 habs, et présidents des intercommunalités intégrant une ville moyenne. De son côté, asso des petites villes de France fédère depuis 1990 les petites villes de 2300 à 20 000 habs).

I – La région PACA

1. De la typologie des quatre grandes métropoles

Armature urbaine de PACA se caractérise par unités urbaines de diverses tailles (de 2000 à 1,35M d’habs), regroupant 297 communes. En 1er lieu dans hiérarchie régionale : Marseille (unité urbaine de 1,42M d’habs selon RP 2006) et Nice (940 000 habs) soit près de ½ de la pop régionale. Puis 2 métropoles intermédiaires n’exerçant guère de fonctions transnationales : Toulon (543 000) et Avignon (273 000), préfectures qui exercent une influence environ à l’échelle départementale ou d’une partie du département.

2. Aux 14 « villes moyennes non littorales »

Pop et rayonnement inférieur à cause des 4 grandes agglo citées, mais essentielles pour l’ADT. Pour les comparer, il faut enlever la 5e (Fréjus-Saint-Raphael, 92 000 habs dans aire urbaine) et Menton (68 500 habs) car autres villes moyennes ont toutes moins de 55 000 habs et que leur nature littorale – stations balnéaires – induit des caractéristiques spécifiques (double proximité de Monaco et Vintimille pour Menton). On parlera donc de villes moyennes non littorales exerçant la fonction de préfecture ou de sous-préfecture ou dont l’unité urbaine compte moins de 60 000 habs. Selon découpage fondé sur 1 critère géo de continuité du bâti, un certain nombre de communes > 20 000 habs sont comprises dans des unités urbaines plus importantes (Antibes, Cannes dans unité urbaine de Nice). Ces communes agglomérées à une grande ville ne sont pas des « villes moyennes », cad ne sont pas à la tête d’une unité urbaine. Villes moyennes non littorales ayant une unité urbaine avec plus de

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20 000 habs : Manosque, Gap, Arles, Cavaillon, Istres, Miramas, Salon-de-provence, Draguignan, Orange, L’Isle-sur-la-Sorgue. On ajoute les unités urbaines de moins de 20 000 habs mais étant préfecture ou sous-préfecture : Briançon, Brignoles, Apt, Digne-les-Bains.

Elles ont 1 rôle primordial dans l’organisation du territoire régional. Attractivité surtout à l’échelle infradépartementale. Animent un nombre varié de cantons alentours de plus ou moins grande taille. Permettent une meilleure répartition de la croissance démo sur l’ensemble de la région, empêchant la formation de « déserts ». 2 dans les Hautes-Alpes : Gap (37 000 habs et unicommunal) et Briançon (16 000 habs, 5 communes). 2 dans les Alpes-de-Haute-Provence : Digne-les-Bains (18 000 habs, 2 communes) et Manosque (28 000 habs). 4 dans le Vaucluse : Apt (14 000 habs, 2 communes), Cavaillon (40 000 habs, 5 communes périurbaines), L’Isle-sur-la-Sorgue (28 000 habs, 3 communes) et Orange (39 400 habs). 4 dans les Bouches-du-Rhône : Arles (54 000 habs, 2 communes), Istres (42 000 habs, unicommunal), Miramas (32 000 habs, 2 communes), Salon-de-Provence (54 000 habs, 4 communes). Aucune dans les Alpes-Maritimes. 2 dans le Var : Brignoles (16 000 habs, 1 commune périurbaine) et Draguignan (47 000 habs, 3 communes).

II – Typologie des villes moyennes non littorales

Istres, Miramas et L’Isle-sur-la-Sorgue ont une attractivité ne pouvant se résumer à une logique endogène mais se trouvent directement liées à une aire métropolitaine (Marseille et Avignon). 2 exercent des fonctions résidentielles pour des actifs qui vont travailler dans d’autres communes ; le tissu local apparait insuffisant pour offrir un emploi à toute leur pop active.

Gap a une activité fondée sur le tertiaire marchand. Attractivité bénéficiant d’une importante fonction adm mais activités tertiaires marchandes offrent un large éventail alors qu’industrie demeure quasi-inexistante. Etab liés au tertiaire non marchand : Conseil Général, hôpital… A proximité, nombreux ressorts d’activités : parc naturel des Ecrins, lac de Serre-Ponçon.

Draguignan, Digne-les-Bains, Briançon et Brignoles sont à dominante tertiaire non marchand et résidentiel ; ont un statut adm de préfecture ou sous-préfecture. Présence militaire à Draguignan et Briançon.

4 villes à dominante tertiaire marchand, appuyé par autres activités tertiaires : Cavaillon, Orange, Manosque, Salon-de-Provence. Fonctions adm négligeables : chefs-lieux de cantons. Villes tournées vers activités tertiaires et/ou industrielles (industrie agroalimentaire, commerce, transports …).

Arles et Apt en « reconversion ». Avaient une éco caractérisée par des fonctions traditionnelles (industrie) qui ont périclité. Cherchent à s’inscrire dans une dynamique de reconversion vers de nouvelles activités ou vers une réinvention productive d’activités anciennes déclinantes ou quasiment disparues.

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Chapitre 12 : Villes moyennes non préfectorales à dominantes productive : l’exemple de Vitré

Des villes moyennes sont dans une situation particulière : non préfectorales à dominante productive, avec au moins 15 000 habs dans leur unité urbaine. Proportion élevée de leur pop active, au moins 30% est classée dans le secteur industriel. Commune de Vitré = 16 156 habs en 2006.

I – Des traits géographiques favorables

1. Une insertion satisfaisante dans les réseaux de transport

A la jonction Bretagne/extrémité occidentale du Bassin parisien. Proximité avec Rennes (37km), métropole bretonne la plus peuplée. Proximité de l’autoroute Paris-Rennes et gratuité du réseau breton. Nombreux TER. Offre aéroportuaire existe mais encore modeste : aéroport international de Rennes-Saint-Jacques de taille limitée (430 000 passagers en 2009) sur un nombre réduit de destinations.

2. Des facilités foncières

Emplacement historique de Vitré situé dans un vallon. Mais château fort perché au-dessus de la Vilaine, signe de l’identité de la ville. Espaces plans aux alentours donc possibilité d’urbanisation dans toutes les directions.

II – Les bases et la diversité du tissu économique

1. L’agroalimentaire, 1er secteur industriel

Secteur industriel le plus puissant de Vitré, en lien avec importants bancs laitiers environnants. Secteur de nature essentiellement endogène. Principale entreprise agroalim de la ville, la plus importante en emplois = Société Vitréenne d’Abbatage (SVA – Jean Rozé), 1500 salariés en 2010. 2e employeur de la région après PSA (Chartres de Bretagne). Aussi 2 entreprises agroalim de taille significative à Vitré : Société laitière de Vitré (300 employés en 2010) et Les Délices du Valplessis (filiale d’Intermarché fabriquant glaces, 150 salariés et autant de saisonniers).

2. Deux secteurs traditionnels en partie fragilisés : cuir et textile

2e industrie traditionnelle de Vitré, avec héritage historique, résultant surtout d’une croissance endogène. 2 entreprises familiales de cuir aujourd’hui, fondées au XXe : maroquinerie Texier (300 salariés) et Chaussures Noel (moins de 200 employés depuis 2005). Textile : société Coudémail, spécialisée dans habillement pour enfants, 85% de la production destinée à la France. Quelques difficultés dans ces secteurs (licenciement…) mais ont relativement bien résisté par rapport à d’autres villes et ont parfois réussi à se reconvertir efficacement.

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3. Une industrie de haute-technologie : l’électronique

Parmi villes moyennes non préfectorales à dominante productive, Vitré possède une dynamique originale : dispose d’industries de haute-technologie. Implantation relève d’un développement d’origine entièrement exogène, témoignant de la capacité d’attraction de la ville. Vitré est l’une des premières régions mondiales (?) de production de pièces électroniques, grâce à Oberthur Card Systems, employant plus de 300 personnes en 2008. Aussi Allflex, leader mondial sur les marchés officiels de l’identification pour animaux d’élevage (189 salariés en 2010).

Mais secteur de l’électronique n’a pas que du succès, car concurrence et variations de la demande.

4. Des PME performantes dans divers autres secteurs

Contrairement aux activités anciennement présentes (agroalim, cuir, textile), autres PME de taille importante (>100 salariés) de nature exogène : équipementier automobile de Cooper Standard Automobile France, métallurgie/mécanique avec MMO Rupin, plus de 200 salariés, produit des meubles métalliques pour collectivités, FAO Fumé a plus de 100 salariés pour production de métaux pour agriculture et industrie.

Eco de Vitré se caractérise par un tissu industriel diversifié, combinant industrie anciennement implantée et de haute-technologie (électronique) et présente dans divers autres secteurs.

5. Une industrie diversifiée en croissance

Secteur industriel actif, dans un contexte national où les données indiquent un déclin. Tissu éco combine éléments de nature endogène (activités créées par initiatives locales, qui ont su croître en innovant, en se restructurant ou en se reconvertissant) et une importante attractivité (nombre impressionnant d’implantations récentes).

6. Une ville touristique

« Ville d’Art et d’Histoire ». Identité historique avec centre-ville d’aspect médiéval, château fort et remparts. Musée St-Nicolas, créé en 1986 : collection d’orfèvrerie religieuse des XIXe et XXe, venant de toute la France. Musée du Château des Rochers-Sévigné. Carnaval des Gais Lurons organisé au moment des Rameaux (8 jours avant Pâques) est le 2e de Bretagne (après mi-carême de Nantes), accueille chaque année plusieurs dizaines de milliers de spectateurs.

Mais équipement hôtelier limité. Aucun établissement classé 3 étoiles et confort de certains 2 étoiles reste limité. Secteur tertiaire marchand assez restreint même si implantations ces dernières années (2009 : Molitor, spécialiste dans courtage d’assurances).

III – Une large zone d’influence

Attraction de Vitré lié au marché de l’emploi et à l’offre locale de commerces et de services, remarquable pour une ville de cette taille, mais cohérente avec son poids éco.

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Plusieurs zones commerciales dont un grand centre au sud. Centre-ville complète une armature commerciale dense. Equipements publics : hôpital, 4 lycées, 2 médiathèques.

IV – Une géographie politique singulière

Gouvernance territoriale proactive (méthode et attitude anticipant les futurs possibles pour prendre les décisions favorables aux évolutions choisies et souhaitées) mettant l’accent sur une politique de développement éco favorable à l’emploi. Cette politique marque le terrain par la réalisation de plusieurs zones d’activités à la signalétique homogène, s’inscrivant dans une logique de croissance. « Maison de l’emploi, de l’entreprise et de la formation professionnelle » : regroupement en un seul lieu de services lié à l’emploi, à la formation, à l’orientation et du pôle consulaire (CCI, Chambre des métiers …), pour éviter superposition des structures adm hiérarchisées.

Gouvernance s’appuie sur 3 piliers : intercommunalité puissante et complémentarité commune-centre/autres territoires de l’intercommunalité. Communauté d’agglo « Vitré communauté » regroupe 36 communes et 62 000 habs. Innovation concernant gestion de l’agglo : choix d’un directeur général unique pour les services de Vitré et de la communauté d’agglo → pertinent pour réaliser éco d’échelles et mettre en œuvre une complémentarité entre les 2 échelons adm.

Chapitre 13 : La fin des villes nouvelles

Lancées par le SDAU de la région parisienne de 1965, dit « Plan Delouvrier », établies juridiquement par la loi du 10 juillet 1970, les villes nouvelles avaient pour mission « d’assurer un meilleur équilibre social, éco et humain dans des régions à forte concentration de pop, en offrant des possibilités d’emplois et de logements, ainsi que des équipements publics et privés ». Leur création relève de l’initiative de l’Etat, en association avec un Etablissement Public d’Aménagement (EPA), et accompagnée d’avantages financiers (dotations en capital) et règlementaires (implantation des entreprises facilitée). Depuis 2000’s, villes nouvelles quittent les unes après les autres le cadre de l’Etat pour devenir villes à part entière. Charte d’Athènes fournit le modèle d’urbanisme, connexion forte avec Paris est ensuite assurée par la construction d’un nouveau Réseau Express Régional ferroviaire (RER).

I – Le dessin des villes nouvelles remis en perspective

Genèse du projet des villes nouvelles intervient dans période de croissance démo de la région parisienne (+1.7%/an entre 1954 et 1962). Plus de 30% de la croissance de la pop de la France s’est concentrée en IDF, qui ne représentait encore que 17% de l’ensemble de la pop française en 1954. Banlieue menaçait alors de s’étaler en tâche d’huile et d’étouffer Paris. A l’horizon 2000, 2 scénarios étaient proposés : 70M d’habs en France métropolitaine

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dont 16 en région parisienne ou 65M d’habs dont 12M en région parisienne. Construction de villes nouvelles est une des pièces maîtresse du SDAURP

Villes nouvelles d’IDF conçues selon normes du mouvement moderne, telles qu’elles ont été énoncées par Le Corbusier dans la Charte d’Athènes. Avec création des EPA, France confirme des instruments propres à l’urbanisme de zonage. Villes nouvelles articulées autour de la fonction « se déplacer », essentiellement avec voiture sur route à 4 voies, avec zones d’habitat, zones industrielles, zones commerciales et bases de loisirs. Forme urbaine doit rester aérée, donc densité de pop faible, avec paysage abondamment végétal. Grands ensembles de logements collectifs doivent être construits suivant un « plan masse » séparant circulation automobile et piétonne. Villes nouvelles aussi prévues pour accueillir zones d’habitat pavillonnaire, couvrant la majorité de leur territoire et offrant environ 40% de leur parc de logement.

II – Un rôle de canalisation de la croissance de la grande banlieue parisienne

58.5M d’habs en France en 1999 → pop fr. progresse plus vite que le Ve plan ne l’avait anticipé. Croissance lente en IDF : 9.25M en 1968, 18.6% de la pop métropolitaine ; 10.95M en 1999, 18.7%.

Villes nouvelles se développent vite entre 1970 et 1990. Communes incluses dans le périmètre des 5 villes nouvelles n’étaient pas inhabitées avant création de l’EPA mais étaient beaucoup moins urbanisées que leurs voisines de banlieue. Regroupaient 178 250 habs en 1968, 653 000 en 1990. Les 5 villes ne se développent pas au même rythme. Evry, Marne-la-Vallée, Cergy-Pontoise et St-Quentin-en-Yvelines : croissance très vive ; moins à Sénart (offre d’emploi peu étoffée car relatif enclavement dans réseaux de transports franciliens existant à cette époque). Villes nouvelles ne sont pas que cités dortoirs, doivent au contraire être pôles urbains de plein exercice offrant un véritable équilibre « habitat-emploi » : autant d’actifs y habitant que d’emplois. Développement de zones d’activités et de zones commerciales soutenues par règlementation dérogatoire. En 1990, villes nouvelles regroupent environ 275 000 emplois, soit un peu plus de 18% de l’emploi de la Grande couronne d’IDF. Mais déjà apparition du fait qu’actifs résidants ne travaillent par particulièrement sur place mais plus fréquemment à Paris en raison de la bonne desserte par le RER. Emploi en ville nouvelle attire actifs résidant dans franges franciliennes, au-delà des limites morpho de l’agglo et même au-delà des limites de l’IDF. Région puissante expérimente ainsi des Edge Cities, identifiées à la même époque aux USA. Métamorphose en métropole multipolaire avec émergence de pôles d’activités localisés à la lisière de l’agglo ne réduit pas l’intensité des navettes mais suscite au contraire de nouvelles vagues d’étalement urbain. Villes nouvelles fonctionnent comme des nœuds d’échanges, accélérateurs de la circulation générale de plus en plus désordonnée à l’intérieur de l’aire métropolitaine → prix à payer pour le choix initial de construire des villes nouvelles proches de Paris, dans la continuité morpho de la banlieue plutôt que de privilégier le modèle GB alternatif de villes nouvelles indépendantes éloignées de Londres. Alternative pourtant possible avec début de réalisation à Val de Reuil, au sud de Rouen, fait même partie des 9 villes nouvelles programmées en 1965 : ambitieux programme d’une ville de 100 000 habs mais finalement petite commune de moins de 15 000 habs. Echec notamment car absence de volonté politique, insuffisance du soutien de l’Etat.

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Période 1990-1999 amorce décélération accentuée au XXIe avec fin des villes nouvelles. Pop des 5 villes nouvelles d’IDF a progressé 3x moins vite dans 90’s que dans 80’s.

III – Des villes nouvelles peu denses et devenues repoussantes

2004-2008 : croissance de la pop des villes nouvelles d’IDF a encore ralenti : +1.04%/an contre +1.5%/an entre 1990 et 1999, mais quand même légèrement plus élevée que celle de la Grande couronne (+0.8%/an)

Croissance ne repose que sur l’excédent du solde naturel (+1.27%/an en moyenne entre 1999 et 2006). Facteurs explicatifs : pop jeune avec grand nombre de ménages de pop en âge d’avoir des enfants, proportion importante d’immigrants avec fécondité plus élevée que moyenne et disponibilité de grands logements attractifs pour familles nombreuses. Solde migratoire ne s’est pas creusé (-0.22%/an de 1999 à 2006). Marne-la-Vallée et Sénart : développement se poursuit. Cergy-Pontoise, Evry, St-Quentin-en-Yvelines : solde migratoire apparent nettement déficitaire.

Parc de logements des villes nouvelles progresse de 4200 logements neufs/an en moyenne entre 1999 et 2003 = ralentissements par rapport à 1990’s. Au total, 305 000 logements au 1er janvier 2006 dont 290 000 occupés comme résidence principale (28% de logement social, 41% en maison, 53.6% de propriétaires).

Villes nouvelles ont conforté leur rôle de pôle d’emploi dans années récentes : 413 000 postes au 1er janvier 2006, soit 23% de l’offre de la Grande couronne.

IV – L’échec relatif de la politique des villes nouvelles

2 raisons : erreur stratégique de localisation en IDF (trop près de Paris, n’ont pu s’émanciper et devenir des villes à part entière) + doctrine d’urbanisme inadaptée (basée sur urbanisme « moderniste », zonage, « plan masse », habitat collectif et prédominance du logement locatif social → villes nouvelles ont manqué d’attrait pour les classes moyennes, certaines concentrent même des pop fragilisées). Grands ensembles de logements sociaux sont stigmatisés par pauvreté, chômage, sentiment d’insécurité.

V – Les quatre villes nouvelles hors d’Ile-de-France

Outre Val de Reuil, commune dont EPA a existé de manière éphémère (suppression en 1985), 3 villes nouvelles implantées près de grandes villes. L’Isle d’Abeau près de Lyon, englobe 21 communes au départ, s’est réduit à 5 en 1983. Pop de l’agglo de l’Isle d’Abeau est passée de 4180 habs en 1968 à 47 000 en 2006. Villeneuve d’Ascq près de Lille, passe de 26 000 habs à 65 000 entre 1968 et 1990. Puis pop diminue. Surnommée la « technopole verte » car présence d’un campus universitaire et entreprises de haute-technologie. Etang de Berre près de Marseille, institué en 1972, 31 000 habs en 1968, 119 000 en 2006.

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Partie 4 : Les questions de gouvernance

Gouvernance d’une ville = ensemble des règles institutionnelles, des modes de fonctionnement des organes de décision, des procédés de préparation des décisions, des capacités de mise en réseau des différents acteurs institutionnels, politiques, éco, sociaux ou associatifs, des aptitudes à partager connaissances et expertises, des modes de coordination, d’info et d’évaluation, le tout dans le but d’améliorer l’attractivité du territoire au profit de la pop.

En France, gouvernance des villes profondément transformée depuis 80’s, d’abord sous effet de la décentralisation qui a instauré un droit des villes à une autonomie de gouvernance. Avec devoir nouveau, celui de la gouvernance éco, instauré par une inversion de la règlementation dans un contexte de globalisation, d’internationalisation et de mondialisation.

Chapitre 14 : La décentralisation ou le droit des villes à une autonomie de gouvernance

I – Avant la naissance de la France en villes, seule compte Paris, la ville-France

1. Les villes de province, des territoires d’ancien régime où l’on végète

Aux XVIIe et XVIIIe, villes de province considérées comme des sous-territoires, souvent attesté dans littérature (Mme de Sévigné). Ne signifie pas forcément que réussite éco soit absente des villes de provinces, mais ne peut se parfaire sans Paris.

Cahiers de doléances de 1789 permettent aux habs des villes de province d’exprimer leurs soucis et de faire part de leurs mécontentements à l’égard de Paris. Débats avec Girondins qui croient en la décentralisation, en la richesse de la diversité et qui s’inquiètent de l’arrogance parisienne. Pour Jacobins, Paris est l’avant-garde politique de la France. Après désordres dus à la Terreur et ses suites, réinstallation d’un véritable Etat appelle une organisation. Bonaparte l’impose selon un principe de forte centralisation : pouvoir central dirige toutes les villes de France, directement ou indirectement, par des représentants, dont des préfets et sous-préfets, et il charge ses propres services d’appliquer et d’y mettre en œuvre exclusivement ses décisions. Au XIXe, villes de province se voient dicter la totale prééminence politique venant de Paris, mais aussi sa domination idéologique et culturelle. Poids démo absolu et relatif de Paris et de la région parisienne ne cesse de croître. Centralisation adm ramène tout à Paris → choix de construction d’un réseau de chemins de fer en étoile orientant tous les courants d’échanges vers la capitale. Pourtant faits ne confirment pas nécessairement l’idéologie (Lyon développe activités de négoce éco, de banques, d’industries ; croissance de nature endogène ne devant rien à Paris).

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II – La naissance de la France en villes

GRAVIER : Paris et le désert français (1947) : analyse fouillée du système « centralisé » français, des évolutions du monde, et de la nécessité, en réponse, de la reconnaissance du « fait régional » que des évolutions des infrastructures régionales attestent (« chemins de fer ont fait converger un réseau de circulation privilégié vers un petit nombre de centres urbains »). Pour Gravier, villes séparées de 60 ou 80km sont manifestement destinées à se compléter au lieu de se neutraliser mutuellement par des rivalités stériles. Propose de faire des principales villes de province des capitales régionales en organisant la France métropolitaine en 18 régions. Succès du livre, idées de Gravier portée par ministre Eugène Claudius-Petit, qui entreprend une politique nationale d’ADT et ouvre la brèche pour une organisation de la France en régions animées par leurs villes. Mais ne font leur chemin qu’avec une grande lenteur. Jusqu’en 1982, les décisions prises sont peu audacieuses et ne traduisent aucun transfert de responsabilités. Villes se trouvent sous complète tutelle de l’Etat.

1. Une décentralisation menée au pas de charge

Gauche au pouvoir en 1981, tournée vers décentralisation. Le 22 juillet 1981, Gaston Defferre, ministre de l’intérieur et de la décentralisation, dépose un programme de loi de décentralisation à l’Assemblée, réunie en une session extraordinaire. Stratégie consiste à annoncer d’abord les transferts de pouvoir aux élus locaux, faisant d’eux des alliés contre les adm centrales. Décentralisation bénéficie de la dynamique des maires qui s’engagent pleinement dans la réforme.

2 mars 1982 : 1ere loi de décentralisation, fixant les règles générales. Vise 3 objectifs énoncé par Defferre : rapprocher citoyens des centres de décisions notamment pour prendre en compte les nouvelles aspirations sociales s’exprimant localement (souci identitaire des territoires) ; responsabiliser les élus et leur donner de nouvelles compétences pour rendre l’adm locale plus efficace car plus proche des décideurs ; favoriser le développement d’institutions locales. Pour villes, traduction législative de ces objectifs repose sur : villes cessent d’être considérées comme incapables au sens juridique du terme et acquièrent leur autonomie de gouvernance ; Etat transfère ses compétences en matière d’urbanisme à la commune. De plus, reconnaissance de la capacité d’intervention éco des collectivités territoriales et responsabilité des communes pour la construction, l’entretien, l’équipement et le fonctionnement des établissements scolaires élémentaires et préélémentaires (sauf pour adm du personnel enseignant).

Décentralisation ne modifie pas compétences antérieures des villes mais leur donne la possibilité de les exercer en leur donnant une autonomie de gouvernance dont elles ne disposaient pas.

Compétences des villes, dans cadre du statut d’une commune ou d’une intercommunalité : logement (programme local de l’habitat, participation au financement du logement) ; tourisme (organisation d’un office de tourisme et de ses services) ; urbanisme (PLU, permis de construire…).

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III – Recentralisation versus avancée de la décentralisation

Malgré lois votées, décentralisation soulève des résistances mettant en évidence les limites d’une gouvernance autonome des villes. A l’inverse, des tentatives sont conduites pour approfondir la décentralisation.

1. Les limites d’une gouvernance autonome des villes

En 1983, Etat invente le contrat-région, qui est un peu un leurre : Etat l’utilise pour demander aux collectivités territoriales, dont les villes, de contribuer à financer des secteurs, qui sont en vertu de la loi, de sa responsabilité exclusive. Villes exercent dont un rôle de supplétif de l’Etat dans de nombreux domaines.

Autonomie fiscale des collectivités territoriales limitée par différentes décisions prises fin 90’s. Restriction de l’autonomie des villes flagrante en matière fiscale avec substitution aux ressources propres des villes des dotations de l’Etat dont le mode de calcul et l’évolution ne dépendent nullement des villes. Montant des recettes des villes se trouve financé de moins en moins librement et leurs ressources propres deviennent souvent minoritaires dans leur budget.

Outre traitement souvent supplétif des villes et baisse de leur autonomie financière, une certaine recentralisation transparait : loi de 1995 sur aménagement et développement du territoire instaure la formule de la DTA (Directive Territoriale d’Aménagement), permettant à l’Etat, dans des périmètres spécifiques dont il choisit la définition, d’encadrer les projets des collectivités locales par une règlementation particulière, dérogeant donc aux principes de la décentralisation. Préfet, en application de la loi de 1999 sur la coopération intercommunale, valide aussi le périmètre des intercommunalités, qu’il s’agisse de création, de modification ou d’extension.

2. Un acte II de la décentralisation pratiquement neutre pour les villes

Tendance générale de la décentralisation chez partenaires européens de la France. En 2002, Droite considère nécessaire d’entamer un acte II de la décentralisation. S’il ne diminue pas les compétences des villes, on a quand même la loi constitutionnelle du 28 mars 2003 relative à « l’organisation décentralisée de la République ». Article 1er complété par l’ajout « son organisation est décentralisée ». Ainsi, abandon de la décentralisation comme principe d’organisation de la France. Le nouvel article 72 précise que « collectivités territoriales ont vocation à prendre des décisions pour l’ensemble des compétences qui peuvent le mieux être prises à leur échelon ». Question de l’autonomie fiscale des villes débouche sur un texte de principe du 21 juillet 2004 ayant pour objectif de la garantir. Mais ces innovations de l’acte II n’entrainent guère d’effets concrets pour les villes.

Conclusion : utiliser la dénomination « France en villes », c’est reconnaître la nature révolutionnaire des changements intervenus depuis décentralisation.

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Chapitre 15 : La naissance du devoir de gouvernance économique pour les villes

Loi du 2 mars 1982 relative aux droits et libertés des collectivités territoriales : « l’Etat a la responsabilité de la conduite de la politique éco et sociale ainsi que de la défense de l’emploi ». Pourtant depuis début 80’s, la politique éco est devenue aussi une compétence exercée, dans un champ important, par les villes.

I – Une totale inversion de la règlementation

1. Une longue gestation

De 1791 à 1926, villes devaient respecter la loi Le Chapelier imposant un strict respect de la liberté du commerce et de l’industrie, et interdit donc formellement toute intervention des villes en faveur des entreprises. 1GM fait que villes se sentent obligées d’intervenir en matière éco (pour assurer ravitaillement des pop). Puis décrets des 5 novembre et 28 décembre 1926 donnant aux autorités de tutelle la possibilité d’autoriser communes et syndicats de communes « à exploiter directement des services d’intérêt public à caractère industriel et commercial ». En 1930, jurisprudence du conseil d’Etat admet intervention éco des collectivités locales quand intérêt local est en cause et qu’il existe des circonstances particulières de temps et de lieu. Dans décennies suivantes, villes n’ont pas de gouvernance éco mais peuvent indirectement favoriser l’éco en assurant l’équipement en infrastructures des territoires urbains (transports en commun).

Gestation se poursuit avec décisions juridiques (loi du 19 juillet 1972 qui autorise collectivités locales à accorder subventions aux sociétés coopératives de production). Novembre 1981 : terme des prémices de la possibilité pour villes d’assurer une gouvernance éco est annoncé par plan intérimaire 82-83 envisageant de laisser « la plus large initiative aux collectivités territoriales en matière d’animation éco ».

2. L’enfantement

Loi du 2 mars 1982 renverse règles antérieures qui reposaient sur une interdiction de principe sous réserve d’exception. Intervention éco des villes devient alors la norme, même si elle doit rester dans le cadre de la légalité (villes peuvent accorder aides quand leurs interventions ont « pour objet de favoriser le développement éco »). Expression de « gouvernance éco des villes » ne figure pas dans la loi mais est implicitement reconnue comme un droit et un devoir. En 1992, loi du 6 février sur adm territoriale de la République reconnait encore plus explicitement le caractère de devoir de gouvernance éco car elle donne aux communautés de villes et de communes le développement éco comme compétence obligatoire.

II – Un environnement fondamentalement nouveau

1. Les évolutions dans la nature économique de la ville

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Avant 80’s, rôle du territoire pour activités éco était surtout d’offrir un marché local de producteurs (main d’œuvre disponible), de distribution et de conso. Infrastructures éco consistaient surtout à favoriser les échanges locaux.

Dans 80’s, nombre de marchés éco changent d’échelle et s’élargissent à l’UE. En France, globalisation, en supprimant de nombreux droits de douanes, en harmonisant règlementations avec celles des pays voisins, en donnant ouverture plus grande à libre circulation des marchandises, capitaux, services et hommes ; met fin à dualité centre/périphérie de Paris/province dans choix d’implantation des entreprises. Liberté de localisation des entreprises est instaurée. Progrès des transports et des télécommunications rendent mieux accessibles de nombreuses villes françaises.

Internationalisation peut se définir comme la dimension technique de la mondialisation. Elle a favorisé réduction de l’espace-temps. Globalisation = ensemble des décisions politiques visant à effacer l’effet frontière. Terme mondialisation relève lui de 3 dimensions : normative (recouvrant les décisions formelles prises par autorités politiques, qu’on désigne sous le terme de globalisation), technique (englobant l’ensemble des moyens matériels ou immatériels réduisant l’espace-temps de la circulation des hommes, des marchandises et des infos = internationalisation) et la praxis (décisions prises par agents éco compte-tenu du contexte nouveau = mondialisation stricto sens).

2. La demande des citoyens

Nombre de villes voient aussi leur éco locale très perturbée par restructuration, montée du chômage. Citoyens, en tant qu’acteurs éco, se tournent donc vers pouvoirs les plus proches, ceux de la ville, pour exprimer leurs besoins en matière d’infrastructures éco ou d’emploi.

Villes tentent donc plus ou moins intensément de déployer une gouvernance éco pour prévenir difficultés et promouvoir activité en cherchant ce qui peut faciliter l’entreprenariat local, le maintien et le développement des entreprises déjà installées, et en démarchant pour obtenir la venue d’entreprises nouvelles susceptibles de générer des ressources et des emplois supplémentaires.

3. L’Etat face au local

Gouvernance éco des villes nait aussi du fait que réalité géoéco est d’abord locale. Etat n’est guère en mesure de répondre aux besoins éco de chaque ville. Il peut, certes, piloter quelques opérations lourdes (aménagement d’un littoral délaissé comme dans Languedoc-Roussillon, cas des villes nouvelles), peut participer à de gros investissements structurants, au choix d’une gare TGV, au lourd essai de dynamisation locale (pôle Euroméditerranée de Marseille). Mais n’est pas apte à engendre seul si initiatives locales font défaut (nombre d’échangeurs autoroutiers, même sur l’axe Lyon-Paris très fréquenté, ont entrainé peu d’emplois induits). Seules les gouvernances éco des villes sont susceptibles d’optimiser la valorisation de leurs atouts propres. Villes doivent donc développer une réflexion allant au-delà d’intervention éco ponctuelles et s’inscrivant dans une vue d’ensemble. Villes désirant promouvoir croissance et emploi sur leur territoire, cherchant à agir sur les différents aspects de l’éco locale, leur action revêt une telle ampleur qu’elles sont contraintes de l’incérer dans une logique globale. Aussi, dans 80’s, naissance d’une gouvernance éco des villes,

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consistant à coordonner objectifs et moyens en une analyse unique sur la base d’un optimum choisi.

III – Quelques errements, après la naissance en 1982 de la gouvernance économique des villes

1. La tentation rhétorique

Des villes veulent prouver existence de leur bonne gouvernance éco par l’usage des mots. Nombre de formules ramassées voulant dynamiser les éco des villes ne font que tomber dans une banalisation incapable de leur restituer une réelle identité. La création d’épithètes dont on espère un impact médiatique pour l’image de la ville est vite sans effet quand cet épithète se limite à un phénomène de mode (« la ville tenace » à Maubeuge). De plus, nombre de villes choisissent un logotype sans signification identitaire.

Mais piège de la modernité factice est évitée par villes cherchant une formulation ramassée spécifiant une identité ou une originalité réelle.

2. Précipitation et souci insuffisant de l’évaluation

Pour faire comme tout le monde, on recourt aux différentes subventions possibles pour viabiliser un terrain qui pourra accueillir des entreprises. Echec car marché n’a pas été étudié, pas de réflexion sur les secteurs éco visés. Manque de suivi et d’évaluation.

Chapitre 16 : L’intercommunalité et la nouvelle géographie de la gouvernance des villes en France

I – Un périmètre de gouvernance des villes longtemps fondé sur la géographie communale

1. Un héritage géographique

Explication de l’importance du nombre de communes en France tient d’abord à une superficie du territoire français. Communes de France métropolitaines sont héritières des paroisses de l’AR et leur importance résulte de l’importance du peuplement ancien de l’espace français. Leur maintien s’explique par l’échec des tentatives de fusion.

2. Le refus de toute réforme brutale

Au XIXe et XXe, au fur et à mesure que l’immigration rurale multiplie le nombre de communes dont la pop ne dépasse pas quelques centaines voire quelques dizaines d’habs, question de la géo communale se pose davantage.

Fusion de communes ont souvent été échecs (ordonnance du 5 janvier 1959 tente d’organiser une nouvelle géo communale en prévoyant différents avantages en cas de fusion. Entre 1959 et 1970, seulement 356 fusions). Loi du 16 juillet 1971 élabore, par une commission ad hoc, un plan comprenant des propositions de fusions et de regroupement pour des motifs de développement et de bonne adm. De 1971 à 1990, 900 fusions

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concernant 2217 communes. Echec. Cohabitation a généré plus d’inconvénients que d’avantages. Donc certains mouvements de défusion, géo de la France a fait preuve d’une certaine stabilité.

II – La géographie des villes sous le sceau de l’intercommunalité

1. L’intercommunalité de gestion et les premières structures intercommunales

Loi du 22 mars 1890 créé la forme juridique du syndicat intercommunal à vocation unique (SIVU). Après 2GM, France multiplie cette forme d’intercommunalité (environ 17 000 en 2000) pour activités diverses (études en faveur d’une ligne ferroviaire, construction et gestion d’une piscine …). En 1959, nouvelle étape franchie avec institution de la formule du syndicat intercommunal à vocation multiple (SIVOM), qui se fonde sur le volontariat entre communes et n’a pas de fiscalité propre. En son sein, communes adhérentes participent à l’ensemble des missions inscrites dans l’objet syndical. Le « district urbain » reposant sur volontariat des communes est institué par ordonnance du 5 janvier 1959 et se différencie des syndicats car il exerce de plein droit des compétences obligatoires imposées par la loi et car il peut recourir à la perception directe d’impôts locaux propres. Soucieux de la gestion du territoire des grandes agglo, Etat créé par loi du 31 décembre 1966 un nouveau cadre adm : « communauté urbaine », obligatoire pour 4 métropoles : Bordeaux, Lille, Lyon, Strasbourg ; selon un périmètre de gouvernance territoriale définit par préfet ; facultatif pour les autres. Elle bénéficie de plein droit d’une fiscalité assise sur les 4 taxes directes et a compétences propres essentiellement en matière d’équipement (plan d’urbanisme, SDAU, parcs de stationnement…). Cette loi de 1966 donne aussi possibilité aux agglo > 50 000 habs de créer une « communauté urbaine », mais possibilité peu adaptée (Brest en 1973).

2. Les nouvelles formules d’intercommunalité à compétences obligatoires

Organisation, au-delà d’une intercommunalité de gestion, d’une intercommunalité de projets. Stratégies de développement des villes, adaptées à la globalisation supposent une mise en commun du devenir d’un espace partiel par plusieurs communes, des objectifs affichés. Démarche consistant à passer d’une intercommunalité de gestion de services à une intercommunalité de développement s’officialise dans loi du 7 janvier 1983 avec la notion de : « charte intercommunale de développement et d’aménagement ». Puis, 6 février 1992, adm territoriale de la République créé la communauté de communes (étab public qui a pour objectif de faciliter, normalement en milieu rural, la coopération intercommunale et de constituer un espace de solidarité afin d’élaborer un projet commun de développement et d’aménagement de l’espace. Avec une fiscalité propre). Aussi instauration de la communauté de ville (associer des communes au sein d’un périmètre de solidarité urbaine en vue du développement concerté de l’agglo. Cet EPCI doit regrouper plusieurs communes d’une agglo > 20 000 habs ; urbanisme et développement éco sont compétences obligatoires). Mais ces 2 lois n’inhibent pas la concurrence éco à l’intérieur des espaces associés car taux de la taxe pro peuvent diverger considérablement entre les communes membres.

III – Les nouvelles échelles de gouvernance des villes et leurs conséquences

1. L’extension géographique de l’intercommunalité à compétences obligatoires

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Loi de 1999 (loi Chevènement) conforte la communauté de communes et instaure formule de la communauté d’agglo ; les districts et les communautés de villes devront choisir entre les 2 → instituer un mode de gouvernance des villes à une échelle large pouvant couvrir l’ensemble de l’aire urbaine.

Commune-centre de la communauté d’agglo doit compter au moins 15 000 habs ou être chef-lieu de département ; pop totale de l’agglo doit être > 80 000 habs. Caractéristiques de la communauté d’agglo : concernant sa création, communes se partagent l’initiative avec le préfet. Font une proposition de périmètre au préfet qui examine la conformité du projet à la loi. De plus, loi ne fixe pas précisément le périmètre sur lequel doivent se construire les agglo, mais recommande de se baser sur des aires urbaines définies par INSEE. De plus, en compétences obligatoires, il y a notamment développement éco et aménagement de l’espace communautaire. S’ajoutent compétences optionnelles, à choisir, et qui supposent, comme pour les compétences obligatoires, le retrait des syndicats éventuels auxquels appartiennent entièrement les communes. Loi créée un effet de levier en mettant en place un système d’aide financière pour EPCI à fiscalité propre dans le dessein d’inciter communes au regroupement.

France du XXIe réorganise donc la gestion communale de son territoire en s’appuyant sur 3 structures correspondant à des strates démographiques différentes.

2. Bouleversement des échelles de gouvernance et nouvelles questions

France = 16 communautés urbaines soit la plupart des grandes villes sauf Paris. Regroupent 413 communes pour 7,6M d’habs (au 1er janvier 2010).

131 communautés d’agglo, auxquelles s’ajoutent 5 syndicats d’agglo nouvelles encore inexistants (28 communes, 320 000 habs). Pour communautés d’agglo : 3100 communes et 22.5M d’habs.

2400 communautés de communes, dont presque la moitié ont été créées avec une TPU. 31 000 communes, 27 m d’habs.

1900 communes à l’écart de ces formes d’intercommunalité (Poissy).

Une typologie des dénominations des structures urbaines de coopération intercommunale conduit à des distinctions : « métropolisation et développement » (Lille Métropole) → allusion au phénomène de métropolisation y est la règle et semble exprimer une volonté de rayonnement à la fois à l’intérieur et au-delà des frontières étatiques ; dénomination s’appuyant sur la notion de solidarité et d’identité communautaire (Quimper communauté) ; celle comprenant des EPCI à caractère essentiellement naturaliste (Arc de Seine) ; celle faisant exclusivement référence à 1 ou 2 villes (EPCI de Castres-Mazamet) ; celles qui font référence à une aire de polarisation (Evry Centre Essonne) ; celles faisant référence à une région géo (communauté d’agglo du pays de Flers)

Nombreuses questions face à cette nouvelle gouvernance :

• Nombre de communautés d’agglo ne correspond pas à des périmètres de géo quantitative, d’unité urbaine ou d’aire urbaine. Ceci notamment car des territoires de périurb ou de paraurb se sont organisés en intercommunalités selon une logique défensive vis-à-vis d’une commune-centre trop importante.

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• Loi de 1999 a-t-elle totalement supprimé les autres formes d’intercommunalité existantes et donc réellement simplifié la géo de la gouvernance ? Réponse plutôt négative avec ex de Lyon qui montre que même une communauté urbaine, donc la forme la plus intégrée d’intercommunalité, n’empêche pas le maintien de structures juridiques différenciées compétentes sur des périmètres géo semblables (dans métropole lyonnaise : communauté urbaine de Lyon = 57 communes ; Syndicat mixte des transports en commun pour le Rhône et l’agglo lyonnaise = 64 communes (57+7 autres) ; Directive Territoriale d’Aménagement = 382 communes). Donc multiplication des types de périmètres territoriaux se traduit par une superposition d’échelons adm dont la transparence, pour le citoyen n’est pas évidente.

• Loi de 1999 a-t-elle réellement engendré un saut qualitatif dans la capacité des villes françaises à mieux œuvrer pour le développement et à améliorer leur compétitivité au sein de l’UE ?

Conclusion : changement géo de la gouvernance des villes, avec diffusion de 3 modes d’intercommunalité (communauté urbaine, communauté d’agglo et communauté de communes) s’est effectué selon conditions différentes de décentralisation. Intercommunalité à compétences obligatoires apparait davantage comme une « révolution tranquille », avec une montée progressive du nombre de communautés d’agglo et de communes depuis 2000.

Chapitre 17 : La ville durable, de nouveaux objectifs et modes de gouvernance

I – Des villes « durables » sans le savoir

1. Les progrès contre l’insalubrité plus rapides en villes

Environnement de la ville modifié par labeur des hommes, leurs innovations et leur mode de vie plus hygiénique, n’a plus les effets mortifères qu’il avait au XVIIe. Conditions d’environnement se sont améliorées plus vite en ville, où progrès contre insalubrité ont été plus rapide qu’à la campagne.

2. Des villes devenues mieux vivables grâce à l’urbanisme des réseaux

Progrès urbains réalisés depuis 3 siècles l’ont été en particulier grâce à la mise en place de réseaux respectant des conditions d’hygiène précises → réseaux d’eau et d’assainissement. Baisse de la mortalité urbaine et hausse de l’espérance de vie. Mortalité infantile = 52 décès d’enfants <1 an pour 1000 naissance en 1950, 3 en 2010.

2e mi XXe : changement écologique notable. Evacuation des déchets était une act plutôt traitée par mépris. Intérêt croissant pour questions la concernant (sous pression des besoins…). Parallèlement au développement de stations d’épuration, organisation du tri des déchets, leur traitement et l’utilisation de ce traitement à d’autres services (comme le chauffage). Déchet n’est plus systématiquement considéré comme négatif, mais comme une ressource réutilisable grâce à l’emploi de certaines techniques adaptées (déchets compressés qui, agencés de façon intelligente, forment une barrière sonore très efficace, par exemple pour riverains des autoroutes urbaines).

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II – Le cadre conventionnel et juridique d’un nouveau concept

1. L’émergence internationale d’une nouvelle pensée urbaine

Naissance sémantique du développement « durable », conjuguant équité sociale, efficacité éco et respect de l’environnement se fait en 1987 avec rapport Bruntland plaidant pour un « développement répondant aux besoins des générations du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs ». En juin 1992, déclaration de Rio sur l’environnement et le développement, adoptée par les 171 gouvernements présents, énonce un plan d’action mondial de développement durable, baptisé Agenda 21 ou les collectivités locales joueront un grand rôle dans « l’éducation, la mobilisation et la prise en compte des vues du public en faveur d’un développement durable ». Traduction d’un Agenda 21 pour villes est dénommée « Agenda 21 local » et se présente comme un programme d’actions définissant objectifs et moyens de mise en œuvre du développement durable du territoire.

Autre socle fondateur du concept de ville durable issu de la 1ere conférence européenne sur les villes durables tenue le 27 mai 1994 au Danemark, débouchant sur l’adoption d’une charte des villes durables = charte d’Aalborg.

2. L’application textuelle du concept de ville durable

30 décembre 1996 : LAURE = loi sur l’air et l’utilisation rationnelle de l’énergie, imposant à toutes les agglo françaises > 100 000 habs l’élaboration d’un PDU pour « assurer un équilibre durable entre les besoins en matière de mobilité et de facilité d’accès d’une part, et la protection de l’environnement et de la santé d’autre part ». PDU a pour objet de définir les principes généraux de l’organisation des transports, de la circulation et du stationnement.

Loi d’orientation sur l’aménagement et le développement durable du territoire du 25 juin 1999 : dans une aire urbaine > 50 000 habs et dont plusieurs communes-centres > 15 000 habs, la ou les EPCI comptent en matière d’ADT et de développement éco, s’il en existe ; et les communes de l’aire urbaine pas membres d’1 EPCI mais souhaitant s’associer au projet, élaborent 1 projet d’agglo déterminant l’orientation que se fixe l’agglo en matière de développement éco et de cohésion sociale, d’aménagement et d’urbanisme, de transport et de logement, de politique de la ville, selon recommandations inscrites dans Agenda 21 locaux, et déterminent mesures permettant de mettre en œuvre ces orientations.

3 juin 2003 : Etat défini une stratégie nationale de développement durable, où il souhaite accroissement des déplacements piétons et non motorisés en milieu urbain.

Objectifs d’une ville durable : agir sur l’ensemble des leviers dont dispose une ville sur plans de l’urbanisme, des transports, de la gestion des services urbains (eau, énergie) ; dépasser les cloisonnements sectoriels de l’action publique pour promouvoir, à l’échelle locale, 1 approche intégrée du développement urbain permettant de mettre en synergie les différents projets et politiques, d’inscrire dimension sociale dans les initiatives et projets mis en œuvre localement (pour mobiliser habs dont l’implication est essentielle dans la mise en œuvre de certaines politiques et d’utiliser le levier écologique à des fins de requalification sociale), de concevoir stratégies d’anticipation du changement climatique pour comprendre et atténuer vulnérabilité des villes à son égard. Il est souhaité que les projets de

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développement fassent largement appel à la participation des habs et aux partenariats avec des acteurs privés et publics, ce qui implique nouveaux types de gouvernance.

III – La « ville durable », une nouvelle gouvernance ?

1. Des référents encourageants à une nouvelle gouvernance

A partir de 1997, gouvernement français lance appels à projets sur outils et démarches en vue de réalisation d’Agenda 21 locaux. L’analyse des expériences des lauréats est capitalisée pour diffuser l’expérience acquise. Elle inclut notamment tout ce qui concerne participation de la pop et des acteurs du développement.

Dans l’appel à projets pour 2010 d’Agenda 21 locaux, ministère de l’écologie et du développement durable indique la grille d’analyse utilisée, comprenant plusieurs critères de gouvernance (projets organisés en termes de gouvernance par prise en compte des échelles de temps, par une approche intégrée et transversale). Dans le même temps, stratégie nationale du développement durable 2009-2013 insiste sur une nouvelle gouvernance (transversalité de l’approche tend à concilier développement éco, cohésion sociale, amélioration du bien-être ; la participation des acteurs est effective à toutes les étapes, le plus en amont possible pour permettre à tous de construire et de s’approprier le projet ou la politique).

2. La mise en œuvre d’une nouvelle gouvernance

2 approches de gouvernance de l’Agenda 21 des villes sont possibles : l’Agenda 21 local n’est pas une démarche spécifique et doit se retrouver intégré à une autre procédure concernant l’ADT (par ex, au projet d’agglo d’une ville) ; l’Agenda 21 local est une démarche spécifique avec sa propre org, ses propres méthodes et ses propres évaluations. Dans ce cas, il ne peut ignorer d’autres engagements territoriaux existant ou en cours de réalisation, qui couvrent le même territoire, une partie du territoire ou un territoire plus large. Il se doit de mettre en place des liens avec d’autres instruments d’ADT existants (1 ville peut relever d’un SCOT, qui remplace les anciens schémas directeurs, dont l’objet consiste à mettre en cohérence les politiques sectorielles en matière d’urbanisme, d’habitat, de déplacement et d’équipements commerciaux ; une ville peut aussi posséder divers autres docs territoriaux comme 1 PDU, une charte d’environnement, un projet d’agglo). Depuis grenelle de l’environnement de l’automne 2008, 1 nouveau doc territorial doit être institué : le plan énergie-climat. Ces docs montrent diversité des outils possibles ou exigés pour la gouvernance des villes → complexité, nombreux acteurs, enjeux et possibles conflits d’intérêts. Une bonne gouvernance d’un Agenda 21 local, conduit selon une démarche spécifique, ne peut ignorer objectifs et contenus des autres docs arrêtés par la ville, concernant l’ADT.

Agenda 21 local ne peut être une démarche isolée. Soit son mode de gouvernance doit être intégré dans un projet d’agglo ou une charte de pays, dans 1 SCOT … Soit il doit s’articuler avec l’ensemble des procédures mises en œuvre concernant l’ADT.

3. Quelques nécessités d’une gouvernance conforme à la logique d’une ville durable

Mise en place d’un Agenda 21 local oblige à réfléchir au processus conduisant à la prise de décision, ce qui implique de mobiliser l’ensemble des acteurs de la ville pour bénéficier de la diversité des compétences et des expériences face à des dynamiques urbaines de plus en

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plus complexes. Il faut promouvoir une coopération entre services de la (ou des) communauté(s) territoriales en dépassant pratiques et organisation traditionnellement sectorielles de la fonction publique territoriale. Il faut coordonner l’intervention sur un même territoire de pouvoirs publics situés à différents niveaux institutionnels (ici Agenda 21 avec représentants de la région, du département, de l’Etat…). Il faut associer tous ceux qui donnent vie aux territoires par leurs actions (entreprises, commerçants, artisans, asso, syndicats …), à la préparation et au diagnostic, à la conception de la stratégie (communauté d’agglo de Poitiers a fondé son projet d’agglo 2003 sur la création d’un nouvel organe consultatif à l’échelle de l’agglo : le conseil de développement durable. La composition de ce dernier a été pensée avec le souci d’une représentation large et variée de la pop locale : 180 membres, 1 collège d’élus, d’institutionnels et de représentants associatifs représentés par 8 familles d’asso). Il faut aussi associer plus généralement à la réflexion et aux décisions importantes à prendre, l’ensemble des habs du territoire considéré. Le débat public et la démocratie locale sont d’ailleurs souvent considérés comme le 4e pilier de la ville durable (avec développement éco, cohésion sociale et protection de l’environnement).

Chapitre 18 : La gouvernance spécifique de certains quartiers

Politique dite de la ville ne concerne ni toutes les villes, ni toute la ville. Née dans 70’s, elle a toujours eu pour 1er objet le développement d’interventions particulières visant les quartiers les plus en difficultés, où est repérée une concentration de maux menaçant la cohésion sociale. En réponse à cette accumulation de problèmes et de tensions se sont succédé lois et dispositifs visant à réduire difficultés des pop habitant ces territoires.

I – Un territoire « prioritaire » ciblé : les quartiers sensibles

Si qqch n’a pas varié dans la politique de la ville, c’est son objet même : le traitement des quartiers « sensibles ». Ceux-ci sont très divers. Sous le même vocable sont désormais mêlés des espaces de qqs milliers d’habs à des périmètres pouvant en rassembler plus de 50 000 → représentation de grands ensembles dont certains dépeignent la dégradation… quand d’autres y voient un fleuron architectural des 30 Glorieuses. Quoi qu’il arrive, dynamique de ghettoïsation les affecte et les distingue.

Quartiers sensibles repérés par système de zonage et modalité de contractualisation des politiques publiques, ont vu au cours du temps leur nombre et la pop qu’ils rassemblent augmenté. Légitimation des interventions particulières, aujourd’hui mandées au nom d’une discrimination positive territoriale, s’est fondée sur particularité que ces quartiers présentent et dont une série d’indicateurs statistiques attestent de la singularité, par rapport aux agglo dans lesquelles ils se trouvent.

Quartiers sensibles mettent en péril la tranquillité, la sécurité et plus généralement le bien-être des habs. Ils mettent plus largement en question tout un ensemble d’interventions publiques construit autour du principe d’égalité. Car réponse des pouvoirs publics à la problématique des quartiers sensibles et de leurs habs consiste à leur octroyer des moyens dérogatoires, en complément et non en substitution, des interventions communes à tous les

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territoires. Au nom de l’équité, et avec outils juridiques relevant de mesures de « discrimination positive », il s’agit de faire plus pour ceux qui en ont moins. Politique de la ville, par son approche territoriale, permettrait d’atteindre une variable cachée : pop immigrées cumulent difficultés.

II – Une accumulation de relances volontaristes

Depuis 70’s, nombreux plans ou programmes de relance ont cherché à mobiliser des moyens supplémentaires au service des quartiers sensibles et de leurs habs. « Plan Marshall pour les banlieues » construit mi 90’s comme un programme national d’intégration urbaine puis comme un pacte de relance pour la ville, il a été à nouveau annoncé début 2009, pour s’incarner dans un plan « Espoir banlieue » dont le contenu a été détaillé en juin 2008.

Les 3 dimensions de l’animation, de la requalification et de la revitalisation, auxquels on ajoute dimensions de la sécurisation et de lutte contre la délinquance, ont toujours été présentes à des degrés variés.

III – Une politique sophistiquée de ciblage territorial

Action publique visant d’abord à cibler des quartiers présentant des difficultés, puis à étendre ce ciblage à d’autres quartiers. S’ensuit un certain écrémage, lui-même suivi d’un recentrage et donc un nouveau ciblage. Bien visible sur les 15 dernières années, notamment dans le souci de concentrer les moyens dérogatoires d’intervention dans les ZFU. Définies comme les quartiers les plus en difficulté au sein des ZUS (Zones Urbaines Sensibles)

Mise en place du PNRU (Programme National de Rénovation Urbaine) a conduit à déterminer dans un 1er temps au sein des ZUS, 215 quartiers prioritaires ; en même temps, la possibilité de dérogations ouvertes par la loi du 1er août 2003 a rendu éligibles au PNRU des quartiers non zonés en ZUS. S’ensuit une complexité grandissante du dispositif progressivement mis en place.

ZUS, ZFU et ZRU composent la géo prioritaire de la politique de la ville. Le contrat de ville, désormais contrat urbain de cohésion sociale est la procédure de base. Les grands projets urbains, les grands projets de ville et les opérations de rénovation urbaine sont les processus d’investissement de grande ampleur de la politique de la ville.

ZUS : caractérisées par présence de grands ensembles ou de quartiers d’habitat dégradé et par un déséquilibre accentué entre l’habitat et l’emploi. Dedans, ZRU = ZUS confrontés à difficultés particulières. Dedans, ZFU = ZUS les plus en difficulté, > 10 000 habs ou > 8 500 habs pour ZFU créées en 2006.

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IV – Une politique difficilement évaluable mais aisément critiqué et critiquable

Quartiers sensibles, si on les résume aux ZUS, se caractérisent par difficultés socio-urbaines plus prononcées qu’autres parties des agglo dans lesquelles ils se trouvent. Entre 1990 et 1999, pour la plupart d’entre eux, problèmes s’y sont aggravés, en termes de chômage notamment. Depuis, situation relative des quartiers ne s’est jamais améliorée. L’Observatoire National des ZUS souligne dans son rapport de 2009 que taux de pauvreté était pour les jeunes 3x plus élevé dans ZUS que dans autres territoires. En 2007, 33.1% des habs disposaient de moins de 908€ (seuil de pauvreté) par mois, contre 12% dans le reste du territoire.

V – Nouveaux horizons et nouvelles ambitions : cohésion sociale et rénovation urbaine

Nouvelles dispositions adoptées depuis 2000 confèrent objet offrant un nouveau visage à la politique de la ville. Sa visée de mixité sociale et de solidarité entre les communes est renforcée par loi SRU du 13 août 2000 visant à promouvoir le renouvellement urbain et à améliorer outils de la lutte contre la ségrégation. Loi d’orientation et de programmation pour la ville et la rénovation urbaine du 1er août 2003 institue ensuite un programme national de rénovation urbaine. Elle repose sur 1 constat d’échec de l’intégration républicaine et vise explicitement à combattre la ghettoïsation. Relançant et doublant le nombre de ZFU, cette « loi Borloo » reprend des objectifs traditionnels de la politique de la ville, mais elle en reforme profondément le contenu et les moyens.

Etat défini lui (car engagé dans réforme des finances publiques) des objectifs assortis d’indicateurs de performance et d’une organisation décentralisée, laisse aux collectivités locales la responsabilité et la mise en œuvre de projets territoriaux. Par ailleurs, elle concentre les moyens à l’échelle nationale au sein de l’ANRU, 1 « guichet unique » des financements des projets de restructuration lourde. Ce nouvel accent mis sur la rénovation urbaine, la démolition de tours et barres soulève des questions. Après l’oscillation des priorités de l’intervention publique pour les quartiers sensibles, le balancier, après être allé vers l’animation de la vie locale, la revitalisation éco est revenue avec loi de 2003 sur opérations lourdes de restructuration globale des quartiers.

ANRU s’occupe de l’urbain pour rénover profondément 530 quartiers d’ici à 2013. L’ANCE (Agence Nationale pour la Cohésion sociale et l’Egalité des chances) met en œuvre des programmes opérationnels en faveur des habs.

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Partie 5 : Les dynamiques des villes

Tout un ensemble de facteurs politiques, éco, sociaux, liés au choix d’habitat et d’implantation des entreprises et des équipements urbains, combinés aux décisions de gouvernance urbaine, engendrent pour les villes des dynamiques diverses.

Chapitre 19 : La recomposition du peuplement urbain de la France

En 2007, France métropolitaine compte 417 communes > 20 000 habs, totalisant 23.6M d’habs soit plus d’1/3 de la pop de la métropole. Parmi ces communes, 2 grands types se distinguent : communes périurbaines (241) comptent 9.1M d’habs avec une croissance moyenne de 5.9%/an donc supérieur à moyenne nationale ; communes-centres (176) comptant 14.5M d’habs avec une croissance moyenne de 2.6%.

Pour bien mettre en évidence l’intensité de la recomposition territoriale, considérons 2 catégories : les 50 communes à la plus forte croissance démo (les 25 premières sont les « très élevées » (pour la croissance) et les 25 suivantes les « élevées ») + les 50 communes au plus fort dépeuplement.

I – Les croissances urbaines très élevées, essentiellement en IDF (+13.2% ou plus entre 1999 et 2007)

1. Avantages aux villes de la Petite couronne

12 de ces 25 se concentrent dans la Petite couronne (7 dans 92, 3 dans 93 et 2 dans 94). Croissance de la plupart de ces communes apparait lié à la réalisation d’importantes opérations de rénovation urbaine, sous forme d’habitat collectif depuis 1999 (disposaient souvent d’une friche ind datant des 70’s, reconverties en zones résidentielles à densité relativement importante). En réalité, ces communes ne font, pour la plupart, que récupérer la pop perdue au cours des décennies précédentes (Levallois-Perret compte 62 000 habs en 1962, 47 000 en 1990 et 83 000 en 2007).

A l’Est de la Petite couronne, St-Denis et Aubervilliers connaissent d’importants aménagements urbains, ces 2 principales communes concernées par la rénovation de la plaine St-Denis, plus vaste ensemble de friches ind de France, progressivement transformées en logements, bureaux, équipements…

2. L’effet ville nouvelle en Grande couronne

5 communes à croissance très élevée, surtout sous forme d’habitat individuel, d’où une moindre densification. 4 de ces 5 communes appartiennent à une opération « ville nouvelle » : Bussy-saint-Georges (dans Marne-la-Vallée), Savigny-le-Temple (commune de Melun-Sénart), Guyancourt (commune la plus dynamique de Saint-Quentin-en-Yvelines, qui

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abrite le technocentre Renault, poursuit sur sa lancée des recensements précédents grâce à la réalisation de plusieurs ZAC), St-Ouen-l’Aumône (dans Cergy-Pontoise

3. 8 croissances très élevées en France méridionale

Hors IDF, seules 8 communes qui sont dans la moitié sud du pays… (illisible)

II - Les croissances élevées, plus dans le Midi qu’en IDF (entre 10.8 et 13.1%)

Géo différente de la 1ere catégorie, avec 10 communes en IDF et 15 dans le Sud. 6 croissances élevées en 2006, dans la Petite couronne (Les Lilas et Montreuil dans 93, … illisible)

Hors IDF : 7 en PACA : Miramas, dans l’aire métropolitaine marseillaise qui bénéficie d’une attractivité due notamment à des emplois créés par la zone d’activités logistiques, l’une des plus importantes de Midi France ; Draguignan, St-Raphael ; Fréjus ; St-Laurent-du-Var ; Cagnes-sur-mer ; Manosque. 3 en Aquitaine : Bègles, dans la banlieue sud bordelaise ; Agen ; Bayonne. 2 en Midi-Pyrénées, 1 en Languedoc-Roussillon et une en Rhône-Alpes. Une seule de ces villes dans moitié nord : commune du sud de Strasbourg.

III – Les décroissances très élevées, principalement au Nord-Est

Une ville peut voir sa pop diminuer car seuil migratoire négatif

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1. Quatre décroissances très élevées dans Nord-Pas-de-Calais

Grande-Synthe (23 000 habs en 1999, 21 000 en 2007, -7.8%) et Saint-Pol-sur-Mer sont des communes périurbaines de Dunkerque, agglo souffrant de la réduction des emplois dans l’industrie lourde. Aussi peu attractives du fait de leur proximité de la zone industrialo-portuaire et de leur urbanisme de grands ensembles. Aussi Villeneuve-d’Ascq et Béthune.

2. Neuf décroissances très élevées en Champagne-Ardenne, Bourgogne et Haute-Normandie

3 en Champagne-Ardenne : Chaumont, St-Dizier (la plus forte décroissance parmi les communes étudiées : 31 000 habs en 1999, 27 000 en 2007, -12.7% → restructurations industrielles (crise de la métallurgie) entrainant migrations des jeunes) et Charleville-Mézières. En Bourgogne : Le Creusot (qui n’a pas achevé sa reconversion depuis la faillite de Creusot Loire), Nevers et Chalon-sur-Saône. 3 en Haute-Normandie : Le Havre (190 000 habs en 1999, 179 000 en 2007, -5.8%, avec fermeture des chantiers navals en 1999, revitalisation en cours), Mont-Saint-Aignan et St-Etienne-du-Rouvray.

3. Les facteurs diversifiés conduisant à 12 décroissances très élevées

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En Rhône-Alpes : Roanne (textile et armement en difficulté), St-Chamond (quasi disparition de la métallurgie). En Lorraine : Epinal et Sarreguemines (perte de l’industrie de la faïence). Dans l’Allier : Moulin (victime de sa faible histoire éco). Et Aurillac (victime de la para-urbanisation).

4. Conséquences de la décroissance démographique

Baisse de la pop d’une ville entraine très généralement des conséquences financières au plan budgétaire : dotations financières versées par l’Etat, notamment fondées sur nombre d’habs, diminuent. Et nombre de contribuables soumis à la taxe d’habitation peut baisser. Moindres recettes ne sont pas sans conséquences si pop diminue en même temps, car toute ville a des charges fixes, un coût d’entretien de son territoire.

IV – Les décroissances élevées à dominante septentrionale

Diminution de 3.2 à 4.9% entre 1999 et 2007. 2 seulement en IDF. La géo des 23 autres apparait moins centrée que celle des 25 à décroissance très élevées, avec communes dans l’Ouest et le Midi. Mais Nord-Pas-de-Calais se distingue : 4 communes dont 2 centres d’unité urbaine en difficulté : Dunkerque (70 000 habs en 1999, 68 000 en 2007, -3.7% ; perte d’emplois dans la sidérurgie et la métallurgie) ; Cambrai (textile en crise) ; Liévin. Autres régions concernées ne comptent qu’une ou 2 communes à décroissance élevée (en IDF, Mantes-la-Jolie dans Grande couronne, avec grands ensembles, perte de pop due au phénomène de décohabitation dans un contexte de faible construction).

Conclusion : évolution du peuplement des 417 communes > 20 000 habs très diversifiée. Principale distinction géo oppose communes à croissance très élevée en IDF et dans Midi à celle à décroissance très élevée dans Nord-Est. 2 principaux facteurs explicatifs : différences d’attractivité éco, géo des communes à décroissance très élevée épouse géo des villes en reconversion + effets des différentes politiques d’urbanisme, des progr de rénovation urbaine, expliquant par exemple croissance très élevées de certaines communes, en périurbanisation parisienne ou dans régions.

Chapitre 20 : Les migrations au sein d’une grande ville : le cas de l’unité urbaine de Paris

I – Les grands traits de la mobilité résidentielle

Une des composantes essentielles de la recomposition sociale des territoires et marqueur sans biais de leur dynamisme.

1. Un déficit migratoire persistant

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Solde migratoire apparent de l’unité urbaine parisienne déficitaire de 21 000 personnes/an entre 1999 et 2006. Recouvre de fortes disparités territoriales et des changements de structures assez importants. A l’intérieur de l’unité urbaine, des territoires sont attractifs (des communes de la Petite couronne, limitrophes de Paris, communes situées à l’Est de Marne-la-Vallée et vallée de l’Orge en Grande couronne). Ailleurs, déficit migratoire prédomine, saif exceptions locales, très marqué dans Paris intra-muros.

2. Une mobilité résidentielle supérieure à la moyenne nationale

Mobilité résidentielle de proximité est la principale particularité de la pop de l’unité urbaine parisienne. Aussi plus d’immigrants venant de l’étranger, plus de jeunes enfants et moins de personnes venant des autres régions. Selon RP 2006, 58.7% des habs de l’unité urbaine de Paris réside 5 ans dans le même logement, soit 2 points de moins que moyenne nationale (60.6%). Ceci s’explique car 48% des habs de l’unité urbaine parisienne âgés de 5 ans ou plus occupent un logement locatif alors que cette proportion est de 35% pour l’ensemble de la métropole. Fin XXe : ralentissement de la mobilité résidentielle des habs de l’unité urbaine parisienne.

3. Toujours le desserrement résidentiel vers la périphérie

Dans l’unité urbaine parisienne, mobilité résidentielle centrifuge prédomine depuis longtemps sur les mouvements en sens contraire, comme dans toutes les grandes villes dans le monde. Ceci car décroissance naturelle des prix sur marchés fonciers et immobiliers en fonction de l’éloignement au centre urbain ; le désir croissant d’appropriation d’espace dans une société de plus en plus riche, et la mobilité croissante des personnes au fur et à mesure de l’amélioration des performances des infrastructures de transports urbains et de la motorisation croissante des ménages.

II – La mobilité résidentielle selon les différents territoires urbains

Org spatiale de l’unité de Paris représente 3 auréoles concentriques : Paris intra-muros (207 habs/ha), Petite couronne (66 habs/ha) et Grande couronne, cette dernière formant le périmètre de l’unité urbaine parisienne, n’en recouvrant qu’une fraction. La partie de la Grande couronne intégrée dans l’aire urbaine parisienne = 19 habs/ha. Pour territoire de la Grande couronne situé en dehors de l’unité urbaine et formant les franges franciliennes : 4 habs/ha.

1. La mobilité résidentielle concernant Paris intra-muros

Mobilité résidentielle est la plus élevée, car c’est là qu’il y a le moins de ménages propriétaires de leur logement. Déficit migratoire sensible vis-à-vis du territoire de périurbanisation de l’unité urbaine, surtout Petite couronne. Chaque année, plus de 50 000 personnes vont dans territoire de périurbanisation, contre un peu moins de 30 000 personnes en sens inverse.

Franges franciliennes : 43 500 départs de Paris vers ces franges par an, contre 63 000 des franges vers Paris. 43 000 départs/an de Paris vers autres régions françaises, pour 32 000 arrivées.

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2. La mobilité résidentielle des territoires de périurbanisation de la Petite couronne

Chaque année, 22 700 habs de la Grande couronne périurbanisée vers Petite couronne, contre 45 000 dans sens inverse. Petite couronne est aussi déficitaire dans ses échanges avec franges franciliennes, ce qui témoigne du processus de para-urbanisation, mais aussi avec autres régions françaises (64 000 départs et 35 000 arrivées/an).

3. La mobilité résidentielle des territoires de périurbanisation de la Grande couronne

Des territoires périurbains de la Grande couronne vers autres régions : > 59 000 départs/an pour < 29 000 arrivées. Principale contributrice au déficit des échanges migratoires avec reste de la France → territoires périurbanisés de la Grande couronne sont peu attractifs pour ceux qui arrivent en IDF. Résidents des territoires de périurbanisation de la Grande couronne sont les plus susceptibles de franchir les limites morphologiques de l’agglo pour s’établir dans franges franciliennes et contribuer notamment au processus de para-urbanisation. Ceci aussi car polarisation des installations en provenance de l’étranger dans la zone centrale de l’unité urbaine (Paris et Petite couronne). Près de 54 000 installations annuelles dans l’unité urbaine parisienne en provenance de l’étranger, soit 38% du total des entrées sur le territoire métropolitain.

III – Les effets démographiques des échanges migratoires de l’unité urbaine parisienne

1. Des migrations structurantes

Paris attire de jeunes provinciaux, on quitte plus volontiers la capitale au moment de la retraite.

2. Différence d’âge entre les entrants et les sortants

Age médian des arrivants est proche de 28 ans (29 dans 90’s), celui des partants > 34. On observe toutefois que départs de l’unité urbaine parisienne est assez fréquent pour séniors, particulièrement entre 55 et 64 ans.

Solde des échanges de l’unité urbaine parisienne avec reste de la France est déficitaire dans toutes les tranches d’âge, excepté pour flux d’étudiants. Si unité urbaine parisienne, avec migration nette de plus de 10 000 jeunes de 15-24 ans/an, est attractive pour étudiants de toute la France, elle l’est moins qu’au XXe. La plus grande partie des départs d’actifs se dirige vers autres régions métropolitaines → uniformisation des rémunérations sur tout le territoire qui n’est pas compensé par une uniformisation analogue du coût de la vie, de celui du logement en particulier. Ainsi, pour de nombreux actifs, quitter l’unité urbaine parisienne représente un gain substantiel du pouvoir d’achat (demandes de mutations des fonctionnaires en sont une illustration). Seuls les soldes des migrations intérieures à l’unité urbaine parisienne des cadres présentent un léger excédent, notamment car persistance de rémunérations très élevées dans certaines catégories de cadres du privé au siège des grandes entreprises. Par contre, intensité des départs des séniors de l’unité urbaine parisienne vers autres régions diminue (2001-2006 : > 18% des séniors quittent Paris au moment de la retraite, contre 28% dans 80’s).

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Si pop de l’unité urbaine parisienne continue son expansion, elle le doit à l’accroissement naturel et à l’immigration.

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3. Continuités et mutations

Plus d’inflexions que de ruptures dans les modifications affectant les proportions relatives de tel ou tel type de mobilité. Mais pouvoirs publics devraient s’alarmer de certaines modifs qualitatives des migrations entre l’unité urbaine parisienne et le reste de la France. La dégradation des soldes migratoires avec la province est préoccupante et indique un très net déclin de l’activité de la capitale notamment en tant que centre éco.

Chapitre 21 : Recomposition de la France en villes sous l’effet des mutations dans les transports

I – Progrès et difficultés des transports intra-urbains

Autobus : il ne peut y avoir une grande efficacité que dans voies à faible circulation, généralement en dehors des centres-villes, même si efficacité peut être plus grande sur une voie banalisée, même si le bus bénéficie de priorité de circulation. Dans 60’s, différentes villes ont créé des couloirs réservés dont on pouvait espérer un gain important de performance des bus. Mais résultats modestes car autres véhicules autorisés en dehors des bus (taxis, véhicules municipaux…) font une circulation intense et véhicules non autorisés y circulent et peuvent même bloquer en stationnant. Cet échec relatif explique le développement des TCSP : voie réservée aux bus, clairement délimitée par rapport à voirie banalisée. Site propre peut aussi être ferroviaire et doit alors mieux garantir le temps de transport, la régularité. Mais type de site délaissé dans 50’s où nombreuses villes ont démantelé leurs réseaux de tramway (sauf Lille, St-Etienne et Marseille). Retour dans 80’s (janvier 1985, Nantes met en service sa 1ere rame de tramway). Avantages ont un coût : site propre ferroviaire exige déplacement des réseaux urbains souterrains (égouts, canalisations diverses) engageant frais importants de génie civil. Investissements lourds (réalisation du métro nécessite budget 3x plus élevé que celui du tramway). Impératif de rapidité est l’une des raisons conduisant à développer le site propre, mais peut y avoir de nombreux incidents techniques.

1. Projets urbains et volontarisme réticulaire

Un projet de site propre n’atteint toute son efficacité que si bien articulé avec autres modes de transport existants. Il suppose de bien traiter les trajets terminaux avec transports urbains complémentaires, d’avoir pôles d’échanges avec autres modes de transport (chemins de fer, taxis…). Dans cas contraire, qualité de la ville ne serait pas améliorée et transport urbain se contenterait d’une clientèle captive de personnes âgées, scolaires, qui n’a pas le choix du mode de transport. D’où des villes qui cherchent à mettre en œuvre un volontarisme réticulaire en favorisant la complémentarité des différents modes de transport et leur interconnexion, y compris par une pol d’intégration tarifaire. Par sa nature même, un réseau commun de transports urbains offre possibilité de déplacements qui favorisent activités urbaines et donc animation de la ville. Des pol volontaristes peuvent d’ailleurs accroître cette mission d’animation (participation à une quinzaine commerciale).

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2. Le paradoxe des transports intra-urbains

Extension périph des villes est le résultat du rapport plus étroit avec moyens de transport et surtout aéroports, gares routières et axes de relations rapides. Périurbanisation et para-urbanisation accélérées par développement de l’automobile et des réseaux intra-urbains de transports. Nombreuses act ind et de services s’étalent le long des axes. Idem pour logements dont géo s’est trouvée modifiée par ex en fonction des choix de localisation des lignes de tramway.

Transports intra-urbains des villes françaises peuvent présenter paradoxe entre niveau technique et niveau organisationnel. Techniquement, entre métro du poinçonneur de billets et VAL (Véhicule automatique léger) s’est produit une révolution dans la régularité, la souplesse et le confort possibles. Entre le vieux bus prisonnier des embouteillages et tramway des 2010’s, changement qualitatif considérable. Mais dans le même temps, capacité organisationnelle des transports urbains n’a pas fait de progrès semblables (touriste étranger souvent surpris que villes françaises n’aient toujours pas réussi à unifier couleurs des taxis). Résulte de l’insuffisance organisationnelle des transports intra-urbains : importantes surpollutions, nombreuses ruptures de charge et temps de transport excessifs.

II – Les villes et l’évolution des modes de transport interurbains

1. La multiplication des réseaux aériens interurbains avec les compagnies à tarifs réduits

Aéroports régionaux prévus à l’origine pour désenclaver villes insuffisamment ou mal desservies par autres moyens de communication rapides et, à ce titre, presque toujours subventionnés par villes et chambres consulaires.

Aéroport régional a plusieurs caractéristiques : souvent indispensable car avion est pratiquement seul moyen de transport permettant des voyages A/R en 1 journée pour distances > 700km ; coût des infrastructures d’un aéroport est supportable pour une ville moyenne et peut être réalisé rapidement, alors qu’infrastructures autoroutières ou ferroviaires exigent longues études et investissements lourds et longs à réaliser. De plus, contrainte minimale du nombre de voyageurs transportés beaucoup plus faible pour avion (transport avec appareils de capacité réduite, ce qui permet de desservir zones peu peuplées ou peu denses. Aéroport régional est d’accès facile et plus rapide qu’un aéroport international, permet gain de temps et bénéficie en conséquence d’un avantage compétitif par rapport aux grands aéroports.

Caractéristique essentielle de l’aéroport régional : améliorer accessibilité nationale et internationale d’une ville. Depuis 2000’s, avec compagnies aériennes à tarifs réduits, nombreuses villes moyennes bénéficient d’une forte hausse de leurs liaisons aériennes régulières (Lorient, Beauvais). Cette accessibilité est facteur essentiel dans le choix d’implantation des entreprises.

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2. Les effets du TGV sur la géographie des villes

TGV : vitesse commerciale > 200km/h lui permet de relier centres de 2 villes distantes de 400 à 500km en des temps comparables à ceux de l’avion (compte tenu des durées de formalités, d’embarquement…) ; assure un grand nombre de dessertes avec capacité théorique de 15 000 passagers/h dans chaque sens. Eléments de confort : espace disponible pour passager, branchement d’un PC…

A l’origine, TGV est solution technique à problème radial spécifique : saturation de la ligne ferroviaire Paris-Lyon. Quand SNCF a élaboré projet de TGV, elle n’envisageait pas les développements ultérieurs, notamment mise en place de tout un réseau, puis reliant villes française à l’Europe : rôle structurel du TGV révélé qu’une fois sa mise en place réalisée, transforme l’espace des villes, entraine opérations urbaines et am nouveaux des gares qui l’accueillent et aux alentours. Ex de gares nouvelles (Avignon-TGV, Lyon-la-Part-Dieu). TGV créé aussi incitation à restructurer gares pour répondre aux nouveaux besoins (am de quais spécialisés). Gares de TGV ont stimulé opérations d’urbanisme d’initiative publique, privé ou mixte (réalisation de bureaux, commerces…). TGV a été en partie moteur de 2 importantes restructurations urbaines de centres-villes : Europôle à Grenoble et Euralille à Lille → gare TGV installée loin du centre-ville, pourrait être le moteur d’un nouveau pôle urbain en commençant par act directement dérivées du trafic amené par TGV.

3. Le TGV et la hiérarchisation urbaine

TGV peut présenter risques (villes désormais à 1h de TGV de Paris peut perdre son autonomie éco et devenir une ville dépendante, 1 ville banlieue voire 1 ville dortoir si TGV s’apparente uniquement à 1 instrument permettant d’augmenter les mouvements pendulaires) ou chance (peut contribuer à définition de nouvelles stratégies de développement susceptibles d’améliorer compétitivité de la ville) pour la ville.

TGV concourt à modifier hiérarchies urbaines selon intensité ou absence des liaisons. Des villes qui se trouvaient bien desservies par réseau classique ont vu leur desserte se détériorer depuis réalisation du réseau TGV soit de façon absolue (moins de liaisons TGV que liaisons classiques préexistantes) ou de façon relative (aucune liaison TGV).

Chapitre 22 : Aménagement et commerce dans les villes françaises

I – Les territoires du commerce de centre-ville

1. Les passages commerciaux de la 1ere moitié du XIXe

Passages commerciaux nés fin XVIIIe à Paris à partir de l’expérience des galeries du Palais Royal aménagées par duc d’Orléans. Sous Consulat et 1er Empire, plusieurs passages réalisés sous formes de lotissements commerciaux. Puis formule se développe. Ceux de la restauration apparaissent comme les 1ers vrais am commerciaux et une des formes intégrées les plus abouties → consiste à compléter le réseau viaire par 1 ou plusieurs voies avec pour objectif : augmenter le linéaire commercial, raccourcir le trajet piétonnier et offrir conditions confortables de lèche-vitrines.

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2. Le cycle haussmannien ou la première grande transformation des espaces commerciaux

Nouveaux commerces s’y installent lentement, dans dernières décennies XIXe voire début XXe. « Le Bon Marché » créé mi XIXe, mais autres grands magasins parisiens plus tardifs (Samaritaine en 1869). Société commerciale et particulièrement grands magasins, commerces spécialisés, magasins de luxe s’installent de manière préférentielle dans toutes les villes européennes transformées par urbanisme régulateur, le long de la nouvelle voierie, attirés par son ampleur, sa visibilité et son accessibilité.

3. Le cycle des grands magasins populaires

Après crise de 1929, grands magasins se diversifient (Printemps créé Prisunic). Crise des 30’s pousse consommateurs à restreindre leurs dépenses. Magasins populaires offrent alors version du grand magasin adaptée à leur pouvoir d’achat. Implantations nouvelles préfèrent quartiers péricentraux des grandes villes ou hypercentre des petites villes de province.

4. La rupture des années 1970-1980

A la veille de la modernisation de l’appareil de distribution avec arrivée des supermarchés de périph, centre-ville reste sans concurrent pour un grand nombre d’achat. Grands magasins, magasins populaires et commerces rares en constituent les éléments-phares.

Jusque 70’s, action des municipalités reste discrète. A partir de 1975-1976, demande d’une intervention en centre-ville devient de plus en plus pressante, venant souvent des commerçants qui subissent un recul de leur clientèle lié au déclin démo des centres-villes et à la concurrence de la périph.

5. La montée des préoccupations urbanistiques dans l’activité commerciale dans 1970’s

D’abord, mettre en place de simples mesures d’accompagnement (création de rues piétonnes) puis véritables opérations d’urbanisme commercial (centres commerciaux intégrés)

Vogue piétonnière touche France début 70’s (opération de la rue du Gros Horloge à Rouen en 1974). Début 2000’s, environ 800 rues piétonnes en France. Selon villes, zones piétonnières prennent formes différentes, mais ont toutes en commun le repli de la circulation auto hors d’un périmètre donné. Commerce est phénomène d’attraction fondamental pour secteurs piétonniers : en général, 60 à 80% des déplacements sont motivés par intention d’achats. Pour 2000’s, bilan commercial plus mitigé, souvent articulé avec infrastructures de transport en commun, rues attirent beaucoup de monde. Clientèle plus jeune, hausse de la part des employés et cadres moyens → vagues de clientèle socio-démo types : familles et jeunes du samedi et mercredi, femmes en milieu de journée… Arrivée massive de jeunes avec pouvoir d’achat moindre et habitudes de conso différentes, suscite quelques changements dans tissu commercial (grosse progression des franchises et succursales notamment dans restauration rapide).

70’s et 80’s : ouverture en centre-ville de grands équipements commerciaux intégrés, liés à la rénovation urbaine, qui s’inscrivent dans progr multifonctionnels rassemblant grande diversité d’équipements publics et privés. Conception et réalisation d’un centre commercial

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de ce genre résulte de la convergence de 3 types d’acteurs : collectivités locales (opérations de rénovation sont moyen de tenter de revitaliser commerces de l’hypercentre et parfois de réutiliser friches ou îlots délaissés), promoteurs spécialisés et grandes chaines de distribution. Après période de relative accalmie, début 90’s, réalisation de centres commerciaux intégrés au centre-ville reprennent. Aussi revitalisation des docks (Docks Vauban au Havre).

6. Reconfiguration actuelle de l’appareil commercial des espaces centraux

Pol de piétonnisation ou réalisation d’un centre commercial intégré renforcent attractivité de certains espaces et en marginalisent d’autres. Dès leur ouverture, stratégies d’implantation modifiées. Commercialisation augmente, loyers suivent à la hausse. Commerçant indépendant ne peut plus faire face et est remplacé par franchisé ou succursale. Pour enseignes nationales, il s’agit de se positionner <200m de l’entrée du centre commercial à défaut d’être présent à l’intérieur. Banalisation des hypercentres se généralise.

Hypercentre se renforce au détriment du pourtour de l’espace central et de l’ensemble du péricentral. Dans rues adjacentes à axe principal, linéaires commerciaux s’étiolent. Commerce de détail recule. Spécialisation des espaces avec concentration commerciale sur l’équipement de la personne et des loisirs.

II – Les nouveaux territoires du commerce périphérique

Jusque mi 60’s, essentiel de l’activité commerciale des villes françaises dans espace des centres-villes actuels, mais déjà aux marges du centre s’installent des magasins, grands consommateurs d’espace.

1. L’émergence du discount et les premières « grandes » surfaces commerciales (1949-1958)

Après 2GM, apparition du libre-service et des grandes surfaces alimentaires, du discount. Edouard Leclerc ouvre son 1er magasin discount en 1949. Préconise de raccourcir circuits de distribution encombrés par de nombreux intermédiaires inutiles, de réduire marges (11% environ) et d’introduire notion de productivité dans commerce (pas de crédit, de livraison, de locaux luxueux). Pendant 10 ans, traversée du désert : lutte sans fin avec fournisseurs locaux puis nationaux qui refusent de le livrer. En 1958, Jean-Pierre Le Roch, futur fondateur d’Intermarché, ouvre un centre Leclerc à Issy-les-Moulineaux : expansion nationale peut commencer. Dès 1eres années d’existence de cette nouvelle forme de commerce, le magasin discount, sa taille modeste lui permet de s’insérer facilement dans tissu central et péricentral.

Au discount s’ajoutent vite nouvelles formes de distribution : libre-service et supermarché puis hypermarché 5 ans plus tard. Innovation US. En 1958, 1er supermarché ouvre ses portes en région parisienne. Avec minimum 400m², son implantation constitue rupture dans le tissu urbain, à tendance à se localiser dans nouveaux quartiers d’habitats comme petite couronne et quartiers péricentraux des villes de province. En 1963, 1er hypermarché français ouvre en région parisienne : 1er hypermarché Carrefour dans un tissu résidentiel de lotissements de l’entre-deux-guerres pour classes moyennes et en phase de motorisation.

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Dès ouverture, cette grande surface dite alimentaire, regroupe déjà « tout sous le même toit » (60% de la superficie consacrée au textile, à l’équipement de la maison). Phase pilote de ce nouveau concept dure 4 ans. A partir de 1967-1968, modèle reproduit un peu partout en France, et se localisent sur communes périph des grandes agglo, au gré des opportunités foncières. 1 hypermarché en 1963, 275 en 1973, 1000 en 1993, 1430 en 2008.

Décennies 70 et 80 = doublement du nombre d’hypermarchés. Depuis 90’s, mouvement en pleine décélération → groupes de distribution et d’hommes pol (Sarkozy) incriminent les différentes règlementations freinant leur évolution et empêchant nouvelles ouvertures. Aussi car marché français saturé, bouclage des périph achevé. Grands groupes de distribution français ne sont plus très nombreux. 5 se partagent l’essentiel de l’activité et quadrillent le territoire (Leclerc, Carrefour, Auchan, Casino, Cora).

2. Les centres commerciaux périphériques

Importation en France du Regional Shopping Center US dans 60’s. Urbanistes et aménageurs le baptise rapidement Centre commercial régional. En IDF, de 1969 à 1974, une ceinture d’environ 15 de ces centres se localise en banlieue (Créteil-Soleil à Créteil). Modèle se diffuse ensuite en province avec variantes. Périph s’organise d’abord autour des hypermarchés puis implantations isolées transformées en centres commerciaux. Nombre de commerce y varie de 20 à 60. Dans 2000’s, réelle montée en gamme. Succursales et franchisés des enseignes nationales se doivent d’être dans l’hypercentre ou dans les 2 ou 3 premiers centres périph selon taille de l’agglo.

3. Les zones d’activité commerciale périphériques

Après ouvertures des 1ers hypermarchés, axes de sortie des villes sont valorisés. Repositionnement de commerces de meubles puis grands concessionnaires auto. Globalement, mouvement d’exurbanisation des grandes et moyennes surfaces spécialisées est limité jusque 80’s.

Paysage commercial périph d’aujourd’hui date d’environ 25 ans. Surfaces spécialisées se multiplient à partir de 1985-1986. Début 90’s, fort ralentissement des créations. Puis redémarrage important à partir de 1997-1998. Meubles et concessionnaires auto suivis par grands magasins spécialisés dans équipement de la personne, puis dans 2000’s, jouet, opticiens, livre…

Paysage des zones d’act commerciale très standardisé. Grands de la distribution y proposent leurs enseignes dans une débauche de panneaux publicitaires. Entrée de ville devenue en 10 ans synonyme de paysage hétéroclite, de publicité surabondante. Zone est sans doute espace le plus fréquenté de la ville. Depuis peu, nouvelles préoccupations apparaissent lors de la conception ou de la restructuration de ces zones inspirées du mode de réalisation des retail-parks anglo-saxons, se dégageant progressivement de ces bandes de hangars décorés. Formes plus ramassées et mieux articulées par compositions architecturales et paysagères plus recherchées et un plus large éventail d’activités marchandes avec notamment restauration et loisirs.

4. Le renforcement des centralités périphériques par le fun shopping

Depuis 90’s, chaque zone commerciale s’accompagne de l’implantation de restauration rapide (McDonald) ou chaine plus classique (Courtepaille) ou à thème (Buffalo Grill).1er pas

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est franchi d’une pratique non commerciale de ces espaces, ensuite accentuée avec multiplexes. Nouveau concept arrive en France en 1993. En 2008, il y en a 164 dont ½ en périph, totalisent 55% de la fréquentation des cinémas français : au moins 12 salles avec confort max, ensemble organisé pour une clientèle motorisée avec larges parkings surveillés. En périph, multiplexes, grandes surfaces et restaurants sont complémentaires, chacun profite de la clientèle de l’autre : synergie de centres multiplexes polarisent bien au-delà des quartiers les plus proches. Dans 1er temps de leur expansion, majorité sont en périph. Dans réalisations commerciales plus récentes, intégration des loisirs. Des centres commerciaux élargissent leur offre. En exportant en périph d’authentiques éléments du centre-ville, les acteurs de l’am (promoteurs, collectivités locales) contribuent à renforcer attractivité de certains espaces commerciaux.

5. L’organisation multipolaire du commerce ou l’archipel commercial

Avec années de développement du commerce périph, nouvelle org de l’appareil commercial dans villes françaises. Poids en termes de parts de marché est devenu plus important que celui de l’espace central. Périph conquérante ne se présente pas de façon monolithique. Selon agglo : 1 ou plusieurs pôles principaux se partagent l’essentiel de la clientèle. Dynamisme commercial pas identique partout (selon situation par rapport à rocades ou pénétrantes).

Ex de Nantes : 6 grandes centralités quadrillent territoire de l’agglo dont hypercentre. 4 autres pôles rayonnant sur plusieurs quartiers organisés autour d’un hypermarché. Peuvent être considérés comme continuant la strate intermédiaire entre les 1eres centralités rayonnant sur l’ensemble de la ville et les pôles de proximité. Ceux-ci regroupent magasins de petite surface et généralement supermarché qui fait fonction de locomotive commerciale. Centralités de proximité correspondent au centre-bourg périurbains, aux nodules commerciaux des quartiers des faubourgs, aux centres commerciaux des grands ensembles. Commerce périph à proximité de la rocade autoroutière.

III – Les acteurs de l’urbanisme commercial

1. Les tentatives de régulation du développement commercial à la française

Depuis loi Le Chapelier de 1791, commerce régi par règle de la libre concurrence et de la liberté d’établissement. 1973 : promulgation de la loi Roper sur l’orientation du commerce et de l’artisanat, créée rupture, permettant intervention des collectivités locales et de l’Etat. Loi créée outil de contrôle : Commission Départementale d’Urbanisme Commercial (CDUC), statue sur tous les projets commerciaux susceptibles d’atteindre ou de dépasser le seuil de 1500m² de surface de vente pour les villes > 40 000 habs et de plus de 1000m² dans cas contraire. En 1993, CDUC devient CDEC (d’Equipement Commercial) ce qui montre l’échec d’un tel objectif : au mieux, travail des différentes CDUC ont permis de ralentir expansion des surfaces commerciales, mais rarement de penser l’équilibre spatial centre/périph. En 1996, loi Raffarin abaisse seuil de passage en CDEC à 300m² de surface de vente. D’où fin 90’s, nombreuses ouvertures et extensions (en 1997, CDEC autorise 1.2M de m² de surface de vente, à partir de 2005, entre 3 et 3.5M selon année). En 2008, loi de modernisation de l’éco créée les Commissions Départementales d’Aménagement Commercial (CDAC) remontant le seuil d’obligation d’un dépôt de dossier d’ouverture d’un commerce à 1000m² → présenté

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comme possibilité d’augmenter offre commerciale, donc d’accentuer croissance entre les grands groupes de distribution, ce qui permettrait de baisser prix à la conso : 4M de m² autorisés en 2009.

2. L’émiettement des compétences à la française, cause de cette organisation commerciale périphérique

En règle générale, communes des grandes agglo ont une fiscalité plus lourde que communes périph et périurbaines : charges importantes et implantations de nouvelles act rares du fait du peu d’espace disponible, peu attirées par TP élevée.

Depuis loi Deferre de 82-83, maires sont devenus acteurs éco et de l’urbanisme via l’élaboration des POS et des PLU, accélèrent processus ségrégatifs d’un territoire à l’autre. A un moment où ZAC périph est devenue la norme (80’s), recettes du marketing utilisées pour créer une identité forte susceptible de renforcer son attractivité. Face à cette exacerbation territoriale, mise en place de l’intercommunalité peu à peu considérée comme nécessaire.

Depuis loi du 12 juillet 1999 ou loi relative au renforcement et à la simplification de la coopération intercommunale, dite loi Chevènement, la TPU est née, obligatoire pour com.d’agglo, facultative pour com. de communes (à Nantes, la TPU a été instaurée le 1er

janvier 2000.

Mise en place de ces dispositifs intercommunaux arrive tard, au regard des rapports centre-périph actuels. Paysage commercial est en place et progression importante des nouvelles implantations ne fait que contribuer à renforcer les pôles dynamiques existants (autres communes et ZAC périph, hypercentres des grandes agglo…)

3. De la régulation commerciale étatique aux nouveaux partenariats entre villes et grands distributeurs

Décembre 2000 : loi SRU propose de substituer aux vieux schémas directeurs ou SDAU des 60’s, les SCOT → envisagés à l’échelle de l’intercommunalité ou du pays. Il doit traduire les choix des collectivités locales en matière de localisation commerciale. Mais sur 300 SCOT à l’étude ou validés en 2008, peu ont dépassé le stade des considérations générales, se limitant à des constatations vagues sur l’équipement commercial.

Porteurs de projets, grands groupes de la distribution et promoteurs commerciaux ont su, depuis transformation de la composition de la CDEC en 1993 et 1996, négocier leurs futures implantations en s’intégrant dans les pol locales. Commerçants locaux : collectivités leur imposent de s’intégrer dans les projets de l’agglo. Enseignes attractives (Ikea). Nouvelles modalités de l’urbanisme commercial renforcent l’approche partenariale entre acteurs pol locaux et acteurs éco.

Conclusion : émergence et montée en puissance du commerce périph constitue l’élément majeur de l’évolution commerciale des dernières décennies. En quelques années, on passe du modèle d’urbanisme commercial de rue, qui s’intègre de longue date au tissu urbain, au modèle du centre commercial, conçu comme un ensemble cohérent, fermé sur lui-même, ou au modèle des « boites », synonyme de paysages hétéroclites, embarrassés d’entrepôts, d’architecture approximative et de présence publicitaire surabondante. L’archipel commercial

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à la française est ainsi né. Appréhendé dans le cadre d’une mobilité accrue, à l’échelle de l’agglo, les nouveaux comportements des consommateurs plébiscitent ces nouveaux espaces de commerce et bientôt de loisirs. Jusqu’à maintenant acteurs et aménageurs ont porté les efforts sur centralités plus classiques comme centre-ville et quelques rares centres de quartier. En prenant en compte l’importance des flux engendrés par ces espaces commerciaux, les préoccupations urbanistiques devraient se reporter sur cette périph pour l’organiser, la rendre plus accueillante. A un centre-ville, creuset du lien social, unique pôle de la cité reconnu par tous, se substitue un espace morcelé, archipel de pôles commerciaux, faits de pratiques à la carte, selon le temps qu’on dispose, de niveau de revenus et de degré de mobilité.

Chapitre 23 : La polynucléarité, nouvelle physionomie géographique des villes ? L’exemple de Marseille

Une aire métropolitaine peut prendre différentes formes : mononucléaire si un seul centre concentre l’essentiel des principales fonctions urbaines ; polynucléaire si poids relatif et rôle dominant du centre se trouve très largement limité par l’existence en son sein d’autres centralités urbaines. Différents niveaux intermédiaires existent entre ces pôles.

Aire métropolitaine de Marseille permet de distinguer 5 pôles différents. Nombreuses fonctions urbaines situées en dehors de la commune-centre, s’en trouvent relativement autonomes → plusieurs centralités, pas une qui domine sur les autres. Métropolisation marseillaise s’est effectuée moins par l’expansion de la commune-centre que par la croissance simultanée de différents espaces dont l’unité tient moins à des rapports hiérarchiques centre-périph qu’à l’appartenance à un espace commun, en raison de sa continuité métropolitaine et des réseaux de transport l’irriguant.

I – L’amphithéâtre marseillais, le cœur originel

10 communes, présentant toutes (sauf Marseille où habitat collectif domine) un caractère résidentiel. Nombre d’act traditionnelles ont périclité (huileries). Taux de chômage élevé (23.3% en 1999, 18.2% en 2006). Pop occupe souvent emplois précaires et travail informel est important.

Atouts éco de l’amphithéâtre marseillais tiennent désormais davantage à des petites entreprises et à l’ind de l’off-shore, une des spécialités marseillaises liée au port qui fonctionne de façon globalement satisfaisante. Marseille reste un centre essentiellement pour grandes adm : commune compte 86% des emplois dans tertiaire en 2006. Tertiaire non marchand important, ce qui engendre de nombreux emplois : fonction publique territoriale et emplois liés, fonction publique d’Etat, fonction publique hospitalière… Potentiel universitaire, scientifique et médical non négligeable mais pas assez attractif. Depuis 2000’s, certain renouveau lié à d’importantes opérations de restructuration urbaine. Act de haute technologie se développent dans technopôle de Château-Gombert qui souffre néanmoins de son enclavement dans la ville. Périmètre Euroméditerranée témoigne aussi de ce renouveau avec act dans secteur des télécommunications, des services et act financières. Tourisme se

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développe aussi avec croisières et TGV Méditerranée mettant la ville à 3h de Paris. Ville tente aussi de développer le tourisme urbain.

II – Le pays d’Aix et ses alentours : l’essor d’un pôle de haute-technologie

Nombre important de communes des Bouches-du-Rhône, du Sud-Vaucluse et de l’Ouest varois. Dans 2000’s, pays d’Aix constitue le pôle le plus dynamique de l’aire métropolitaine marseillaise et de la région PACA. Commune d’Aix récemment tourné vers éco de la haute connaissance. Origine de cette évolution tient à l’installation dans 60’s du Commissariat à l’énergie atomique à Cadarache, dont chercheurs résident à Aix ; puis dans 70’s, du CETE (Centre d’Etudes Techniques de l’Equipement) aux Milles et de Thomson-Eurotechnique. Ces implantations stimulent le développement technologique du pays d’Aix en créant un milieu favorable.

Depuis 2000’s, Aix s’affirme comme une technopole : microélectronique, informatique, nucléaire. Tissu éco s’appuie aussi sur d’autres secteurs : commerce, agro-alim… Pays d’Aix si signale notamment par ses zones d’act (technopôle de l’Arbois). Aussi importante act touristique. Act ind en dehors de la haute-technologie sont relativement rares, sauf dans bassin de Gardanne (installation d’une école d’ingénieurs en microélectroniques). Agriculture : viticulture et olivier.

III – La zone de Fos-Etang-de-Berre : un pôle industrialo-portuaire et logistique devenu majeur

A l’Ouest de l’aire métropolitaine marseillaise. Espace sans réel centre, donc multipolaires avec plusieurs communes > 30 000 habs (Martigues, Istres). Zone devenue principal pôle ind de l’aire métropolitaine. Spécialisée depuis 70’s dans industrie lourde. Port, qui fait partie du port autonome de Marseille, accueille majorité du trafic avec port de Lavéra (Martigues) pour les hydrocarbures. Act se fonde sur grands établissements, dont 4 raffineries de pétrole (Shell). Aussi act sidérurgique importante, qui induit nombreuses act de sous-traitance (stockage, transports). Aussi ind aéronautiques, s’appuyant sur Eurocopter, fabricant hélicoptères à Marignane. Tertiaire : domaine essentiel lié au port et à la grande industrie → transport, logistique. Place importante de l’agriculture dans l’Est de cette zone, avec cultures sous serres.

IV – La reconversion d’Aubagne et de l’Est marseillais

Zone résidentielle et industrielle. Armature urbaine centrée sur Aubagne et La Ciotat, puis sur plusieurs communes entre 5000 et 10 000 habs. Une partie de la zone a subi affaiblissement des act traditionnelles à Aubagne (céramique) + fermeture en 1986 des chantiers navals de La Ciotat où demeure toutefois un pôle de haute plaisance. Zone classée en reconversion, a bénéficié d’aides diverses, notamment fiscales pour favoriser nouvelles act (à dominante ind). Important tourisme à Cassis, St-Cyr-sur-Mer…

V – La région salonaise : un espace agro-tertiaire en devenir

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Au NO de l’aire métropolitaine. Centré autour de la ville historique de Salon-de-Provence, espace résidentiel avec forte proportion d’habitat individuel. Eco essentiellement agro-tertiaire, comptant peu d’act ind. Tertiaire domine avec adm et santé à Salon + tourisme et loisirs. Agriculture importante : vin, olive.

Chapitre 24 : Déclin ou renouveau des centres-villes ?

I – Le déclin apparemment irrésistible des centres-villes

1. Le rôle longtemps essentiel du centre-ville

Nombre de villes françaises sont nées ou existent en raison de leur à exercer fonctions de centralité en termes pol, éco, spirituel… Leur espace centre concentre lieux de pouvoir et fonctions éco et commerciales : forum, parvis de l’église, hôtel de ville symbolisent cette centralité. Ville est identifiable par qualité et taille de ses bâtiments → lieu d’animation et de convergence des flux et des déplacements. Centralité de la ville française s’incarne longtemps dans le trinôme hôtel de ville – église – marché, puis conforté par autres bâtiments où s’exercent aussi fonctions centrales (tribunal, hôpital…). XIXe et 1ere mi XXe, centralité urbaine s’amplifie car villes prennent une dimension éco et démo plus importante, ce qui accentue le rôle fonctionnel du centre-ville. Extension en périph profite au centre-ville car ville accueille en son centre act éco nées, stimulées ou induites par ère industrielle (banques et succursales) + grands magasins. Début 50’s, centres-villes sont à leur apogée : cumulent fonctions trad des lieux de pouvoir, de protection de la pop, de rencontre, de commerce, d’échange.

2. Déclin du centre et naissance de nouvelles centralités

Face à insuffisance d’espace offert par centre-ville, urbanisation se développe dans un pourtour de plus en plus éloigné. Dans 60’s-70’s, habs des banlieues fournissent un potentiel de conso croissant, entreprises y proposent emplois → marchés et act se créent et prennent essor dans zones périurbaines, qui deviennent quasi-autonomes par rapport aux centres-villes. Importance de ces derniers diminue. De plus, nouvelle idéologie urbaine, inspirée par Charte d’Athènes, considère qu’il faut faire table rase du passé et construire dans lieux géographiquement déconnectés de la ville ancienne. En outre, Etat oriente ses financements vers grands ensembles, délaissant centres-villes. Centres perdent une partie de leur attractivité, commerces ferment. Nombre d’entreprises s’éloignent des centres-villes en privilégiant zones bien desservies par voies et moyen de com rapides et performants, à prix abordable, à proximité d’un bassin de main d’œuvre désormais nombreuse à habiter territoires de la périurbanisation.

Périurbanisation a donc conduit dans un 1er temps au peuplement d’espaces situés en périph des villes par pop travaillant souvent en centre-ville → création de zones d’activités et de zones résidentielles dans une périph de plus en plus éloignée du centre-ville, aussi centres commerciaux et espaces de loisirs. Des espaces de périurbanisation acquièrent une autonomie fonctionnelle les rendant indépendants des centres-villes.

3. La « ville plurielle »

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Pour le citadin des sociétés pré-ind ou ind, ville était lieu d’habitat, de travail, des achats de biens et services, lieu de loisirs. Avec développement des réseaux de transports routiers et ferroviaire, géo de cet espace vécu auparavant unique a éclaté. Espace vécu souvent devenu pluriel, lieu d’habitat pouvant se distinguer nettement du lieu de travail ou de lieux des pratiques commerciales ou de loisirs. Nombre de personnes consomment plusieurs villes (actif habitant Rouen et travaillant quotidiennement à Paris).

II – La renaissance des centres-villes

80’s : redécouverte des centres-villes, reconnus comme espaces singuliers → spécificités dans le cadre de leur représentation, de leur réalité, qui les différencient au moins historiquement des autres espaces urbains. Valeur du centre-ville aussi faite de ses lieux de mémoire, de son patrimoine architectural ou autre. De nouvelles pol urbaines décident de mettre en œuvre une démarche pour concevoir un meilleur agencement des centres-villes, dans une perspective de dynamique des territoires urbains, de cohésion sociale → mise en valeur du patrimoine urbain central avec nombreuses réhabilitations, création de secteurs sauvegardés. Places centrales souvent réhabilitées et rendues au lien social par enfouissement des parkings. Logements réhabilités donnent attractivité, notamment démo. Des pol favorisent renouveau commercial des centres-villes.

1. La réalisation d’un centre-ville non envisagé à l’origine

Modernisation des transports urbains (réseau de tramway) est souvent occasion de redonner au centre une fonction d’échange et d’attractivité qui s’était largement émoussée. Centres auparavant en perdition redeviennent attractifs (Nantes)

Dans 60’s, réalisation des villes nouvelles écarte l’idée d’une centralité urbaine, qui parait ringarde. Bâtiments centraux, par leurs fonctions, ne sont ni localisés ni intégrés à leur environnement pour structurer centre-ville. Urbanisme des villes nouvelles n’exprime aucun impératif de centralité. Changement dans 80’s : St-Quentin-en-Yvelines se construit selon un modèle de ville nouvelle étalée peu dense avec fonctions urbaines géographiquement dispersées. 20 ans plus tars : besoin d’un centre avec pour objectif de disposer d’un espace fédérateur.

Depuis 80’s, pratiques urbanistiques favorisent renaissance des centres-villes qui se manifeste aussi dans solutions retenues pour transports en commun (Lille obtient de placer sa gare TGV à proximité de l’hypercentre, refusant une localisation éloignée, en pleine campagne comme au Creusot).

2. Les objectifs de redynamisation des centres-villes

Depuis 80’s, grands principes de la pol des centres dans plupart des villes françaises s’appuient sur mise en œuvre de pol volontaristes affichées clairement pour assurer attractivité et rayonnement du centre-ville sur ensemble de la zone urbaine ; stratégie choisie du développement du centre-ville cherche sa large diversification, concernant l’ensemble des fonctions centrales et fonction résidentielle. But : animation des centres-villes dans la journée comme le soir.

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Principes se traduisent par divers objectifs : maintien voire hausse d’une pop résidente, avec peuplement diversifié du centre ; protection du patrimoine, embellissement, création d’espaces publics… Valorisation passe aussi par renforcement du tertiaire supérieur (palais des Congrès). Développer attractivité du centre-ville par amélioration de la qualité du commerce, ce qui suppose une grande rigueur dans le respect de la réglementation et de la qualité des étalages extérieurs, un effort sur la qualité des vitrines.

Chapitre 25 : Le vieillissement démographique en ville

I – D’une notion polysémique à une géographie différenciée

1. Le vieillissement, une notion complexe

En France, vieillissement de la pop (hausse de la part de personnes âgées au sein de la pop totale) a été relativement lente : 18.8% de personnes âgées en 1968, 19% en 1990. Mais depuis 2006, au sein de la pop âgée, le remplacement des classes d’âges creuses nées durant les deux GM par classes d’âges pleines issues du renouveau démo d’après-guerre assure une forte croissance de la pop âgée. Selon projection, pop > 60 ans passera de 12M en 2000 à 21M vers 2040.

Conteurs et composantes de la pop âgée assez difficiles à cerner. De manière générale, en France, seuil de la vieillesse fixé à 60 ans (âge légal de la retraite en 2010), pertinent quand on souhaite aborder questions relatives au financement des retraites mais inopérant quand on veut étudier le vieillissement biologique des pop, car pop > 60 ans présente grande diversité : 3e âge (avec toutes leurs facultés) et 4e âge (personnes plus âgées, avec limitation des act).

Quelques traits spécifiques ressortent actuellement de la pop âgée : attachement au logement et surtout au réseau de sociabilité environnant, faible mobilité résidentielle, fréquence du veuvage féminin.

2. La géographie du vieillissement démographique distincte de celle des populations âgées

Même si vieillissement a progressé sur ensemble du territoire, géo générale du vieillissement n’a guère évolué depuis plusieurs décennies. Espaces ruraux du SO et frange littorale fortement vieillis s’opposent aux zones urbaines et au NE nettement plus jeunes. Pourtant grande majorité de la pop âgée réside en ville. Le plus de personnes âgées dans Nord avec 460 000 personnes > 60 ans en 2006. Pourtant Nord classé parmi départements les plus jeunes de France avec taux de vieillissement de 17% et possède 11x plus de personnes âgées que département le plus vieilli de France, la Creuse. Départements français les plus vieillis sont le plus souvent des « nains » démo et plus jeunes sont territoires urbains de densité élevée avec nombre considérable de personnes âgées.

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A l’échelle des communes, carte de l’évolution des effectifs des 60-74 ans entre 1999 et 2006 montre opposition espaces ruraux/banlieues des grandes villes qui enregistrent les plus fortes intensités de gérontocroissance, fondées sur effectifs élevés.

II – Une géographie intra-urbaine liée au cycle de vie

1. Les formes spatiales du vieillissement démographique intra-urbain

Une fois centres-villes saturés, croissance démo s’est déversée sur 1ere couronne de banlieue, puis sur la couronne externe, qui s’est parfois dédoublée en 2 couronnes, intermédiaire et périph. A cette onde de peuplement a plus ou moins correspondu une onde de rajeunissement corrélative. Jeunes ménages, en quête de logement, se sont tourné vers constructions périph. 60’s : jeunes accédant à la propriété se sont implantés dans nouveaux parcs de logements en proche banlieue. Dans 70’s, 1ere couronne de banlieue devenant saturée, constructions de logements se sont portées vers couronne extérieure attirant de jeunes adultes. Dans 80’s-90’s, espace para-urbain a attiré des constructions de logements et des familles. Onde de peuplement génère donc une répartition radioconcentrique des générations successives accédant à la propriété. Structure spatiale à tendance à se pérenniser du fait de la faible mobilité des pop accédant à la propriété. Hausse du nombre de personnes âgées que connaissent les espaces de proche banlieue, de la couronne limitrophe du centre-ville, correspond à l’arrivée à l’âge de la retraite des 1ers établissements de jeunes couples installés dans 60’s. Dans couronne externe de banlieue, générations accédant à propriété dans 70’s, ont maintenant 55-65 ans, constituent potentiel de vieillissement démo pour années 2010-2030.

Onde de vieillissement, partie du centre-ville dans 90’s, affecte les proches banlieues des grandes villes françaises dans période 2000-2010, pour se diriger ensuite vers couronne externe de banlieue vers 2010-2030.

2. La dynamique du vieillissement intra-urbain avec l’exemple de Lille

En 1999, fortes proportions de personnes âgées de 60-74 ans au sein de la pop totale se localisent surtout dans communes des 1eres couronnes autour de Lille, sauf ville nouvelle de Villeneuve-d’Ascq → territoires urbains formés dans 60’s. Construction de lotissements à généré implantation de jeunes accédant à la propriété qui se sont ensuite sédentarisés. En 1999, ces pop sont déjà entrées au sein de la pop âgée, ce qui explique l’intensité du vieillissement. Toujours en 1999, dans une 2e couronne de banlieue autour de Lille, 50-59 ans sont relativement nombreux → territoires urbains développés dans 70’s.

Evolution des jeunes personnes âgées (60-74 ans) sur 1999-2006 souligne le caractère temporaire du vieillissement et de la croissance de la pop âgée dans les territoires de banlieue. Dans 1ere couronne, effectifs de jeunes personnes âgées diminuent. Générations d’accédants à la propriété atteignent des âges très avancés et l’effectif des jeunes personnes âgées revient à la normale.

3. L’impact du vieillissement démographique sur les territoires urbains

Hausse de la longévité génère dans un 1er temps une pression supplémentaire sur le marché des logements en ville : la libération de logements s’opère à un âge plus avancé qu’avant, d’où une limitation de l’offre de logement ; héliotropisme positif (mobilité résidentielle des jeunes retraités qui quittent grandes villes et surtout agglo parisienne au

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moment de la retraite pour s’installer sur Côte d’Azur, côte atlantique…) tend à diminuer au profit de la double résidence, car de plus en plus de personnes âgées préfèrent garder une résidence en ville et partager leur temps entre une résidence urbaine et une résidence secondaire pour ne pas rompre ses attaches urbaines. Ainsi, limitation sur le marché d’un grand nombre de résidences en ville.

De plus, personnes âgées attendent d’un logement qu’il soit de plain-pied, accessible, avec 1ou 2 chambres, avec services de proximité et de quartier, pour ne pas rompre réseau de voisinage → faible offre de mobilité résidentielle des personnes âgées car une telle offre existe rarement en banlieue.

Par ailleurs, banlieues des villes françaises ont souvent été conçues pour pop jeunes et mobiles sur un principe de segmentation de l’espace entre zones résidentielles, zones commerciales, zones d’act ou encore zones récréatives. Fonctionnement de ces banlieues repose essentiellement sur un recours quotidien à l’automobile. Or avec personnes âgées prenant moins la voiture, les moins mobiles pourraient se retrouver coupés du reste de la ville et notamment des services élémentaires. Transports urbains généralement pas organisés pour répondre aux besoins des personnes âgées. Relations intergénérationnelles ? Logique d’extension spatiale des agglo rejette les jeunes ménages vers la périph tandis que personnes âgées résident plutôt en proche banlieue. Or villes sous l’influence d’agences d’urbanisme innovantes ont créé des quartiers « intergénérationnels » visant à favoriser mixité des âges et rencontres entre les différentes catégories d’âges au sein d’équipements publics. Expériences encore peu nombreuses.

Déplacement géo du vieillissement démo pose aussi question de l’adaptation de la localisation des équipements spécifiques. Maisons de retraite, hôpitaux de longs séjours se localisent préférentiellement dans le centre-ville. Communes de banlieue connaitront un doublement voire un triplement de leur pop > 80 ans en 10 ans. Equipements spécifiques devront alors être construits dans un délai extrêmement court.

A l’échelle locale, vieillissement démo génère vraisemblablement forte croissance des besoins en services de proximité sur laquelle il serait possible de fonder une pol locale de développement éco et de résorption du chômage. Ainsi, secteur des services à la personne devrait créer un grand nombre d’emplois en ville. Initiative locale reposant sur analyse des besoins des personnes âgées, connaissent déjà succès (cours pour personnes âgées, transport.

Chapitre 26 : La géographie de l’exclusion dans les grandes villes françaises : le cas de Toulouse

Exclusion = marginalisation sociale d’une partie de la pop d’une société avec aspects multiformes (en particulier sur le plan du logement) et pas seulement éco (absence d’emplois). Unité urbaine de Toulouse = 72 communes, 17 forment une couronne limitrophe, 25 forment une couronne intermédiaire, 29 forment une couronne périph.

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I – La géographie de l’exclusion selon les indicateurs censitaires

1. La singularité de la commune-centre pour le chômage

Commune-centre a taux de chômage (14.8% en 1999) > moyenne de l’unité urbaine (11.6) et le taux le plus élevé des 72 communes. Elle a pourtant actifs qualifiés avec taux d’emploi élevé, mais concentre un parc social locatif comportant pop captives sans voitures, % élevé de jeunes en âge de travailler : pop à taux d’emploi faible et principale concentration d’immigrés, autre catégorie plus touchée par chômage que moyenne nationale. Niveau moindre de chômage (entre 12.2% et 13.7%) que dans une commune de la couronne limitrophe, Portet-sur-Garonne. Taux faibles de chômage (< 9.5%) dans immense majorité des communes périurbaines (à proximité des zones d’act à dominante de haute-technologie (SE toulousain, autour du technopôle de Labège).

2. Le logement HLM dans un cœur central de 6 communes

Carte du % de logements HLM dans total des logements diffère sensiblement de celle du taux de chômage : cœur central de 6 communes à part élevée ou moyenne élevée de HLM auxquelles s’ajoutent 2 communes de la couronne périph. 60 communes forment une large ceinture presque complète de faibles taux, du NE au S. Commune-centre de Toulouse a pourcentage moyennement élevé de HLM (13.4%), supérieur à moyenne de l’unité urbaine (12.3%) mais inférieur à moyenne nationale (14.9%). Taux de HLM les plus faibles (< 6.3%) dans 43 communes soit le plus souvent des communes périurbaines faiblement peuplées et relativement éloignées de la commune-centre, donc essentiellement dans les couronnes interm. et périph.

3. Les ouvriers et les employés : deux grandes zones séparées par un arc de cercle

2 grandes zones élevées se distinguent au Nord (St-Alban) et au Sud-Ouest (Muret) formant chacune un ensemble de 15 communes continues. Même taux élevé que dans 6 communes du Nord. Autre taux ente 51.9% et 42.2%. Commune-centre de Toulouse a pourcentage d’ouvriers et employés (40.3%) légèrement < à moy de l’unité urbaine (41.1%). % les plus faibles surtout au SE.

II – La géographie de l’exclusion selon les indicateurs fiscaux, de surendettement et sociaux (sur 49 communes)

1. La basse limite du premier décile du revenu fiscal des ménages en commune-centre

Commune-centre s’oppose aux autres. Pour Toulouse, limite du 1er décile du revenu fiscal des ménages (4100€) est particulièrement faible, < de + d’1/3 à moyenne de l’unité urbaine (6400€). Une seule commune est dans catégorie moyenne, Colomiers. 43 autres communes forment la catégorie des limites élevées du 1er décile des revenus fiscaux des ménages (> 8100€).

2. La géographie plutôt périphérique du surendettement

Part des ménages surendettés dans pop > 20 ans présente géo différente. 3 communes (dont Muret) à taux élevé (> 0.47%), toutes en périph. En ajoutant les 11 communes à taux

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moyennement élevé de surendettement (entre 0.37 et 0.47%), nord de l’unité urbaine domine avec 9 communes, contre seulement 2 au Sud et 3 dans reste du territoire. Toulouse a pourcentage voisin (0.32%) de la moyenne de l’unité urbaine.

3. L’hyperconcentration des Rmistes dans la commune-centre

Dans catégorie des taux élevés (> 4.9%) avec 6%. Une commune avec taux moyen, Colomiers, entre 3.7% et 4.3%. Les autres communes sont dans 5e catégories, avec taux très faibles (< 3.1%).

III – La géographie de l’exclusion selon l’indice synthétique d’exclusion

1. La commune-centre avec l’indice le plus défavorable

ISE souligne place de la commune-centre de Toulouse (0.82) au sein de la catégorie élevée (entre 0.52 et 1) avec phénomènes d’exclusion nettement plus élevé que moyenne de l’unité urbaine (0.39). 9 autres communes à ISE élevé dont 4 dans couronne limitrophe. Les ISE moyens sont surtout dans couronne périph et interm avec 10 et 15 communes.

2. Le « modèle parisien » infirmé

Nécessité de combiner plusieurs indicateurs, car classement des communes souvent différent selon indicateurs utilisés. Car chaque indice relève de sa propre dèf et mesure un phénomène précis (surendettement) ou plus général (revenu fiscal médian), aucun ne pouvant résumer à lui seul toute la complexité de la réalité de l’exclusion. De plus, diversité du peuplement dans chaque commune les conduit souvent, selon les indicateurs, à un classement dans catégories différentes.

Géo de l’exclusion de l’unité urbaine de Toulouse se rapproche plus du schéma trad nord-am., avec communes périurbaines plus aisées que le cœur de l’unité urbaine qui connait davantage l’exclusion, que du schéma européen parfois nommé « modèle parisien », soit une commune-centre plus riche que sa périph où se concentrent exclus. A Toulouse, cœur de l’unité urbaine se distingue largement du reste du territoire par niveau relativement élevé d’exclusion, avec niveau max de l’unité urbaine dans la commune-centre. A contrario, sauf au nord, et en excluant Muret au Sud, plus on s’éloigne du centre de l’unité urbaine plus l’ISE diminue, les taux max étant constaté dans des communes des couronnes interm et périph. Modèle parisien pas généralisable. Processus de gentrification est à l’examen de l’unité urbaine de Toulouse très relatif.

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Partie 4 : Les DOM en villes et le Grand Paris

Chapitre 27 : L’armature urbaine et la question du développement durable dans le DOM

I – Héritage et armature urbaine dans les DOM

Armature urbaine = répartition des villes au sein d’un territoire et leur hiérarchie. Communes des DROM beaucoup plus vastes qu’en métropole, sauf exception, révèle urbanisation massive (98% d’urbains en Guadeloupe).

Le plus souvent dans l’armature une ville domine la hiérarchie urbaine et concentre hommes et activités (en Guyane, armature dominée par Cayenne, Pointe-à-pitre en Guadeloupe, Fort-de-France en Martinique). La Réunion présente une armature plus équilibrée : 3 unités urbaines avoisinent les 100 000 habs : St-Denis, St-Paul et St-Pierre. Plusieurs unités urbaines > 50 000 habs complètent cette armature → quasi-continuité urbaine littorale de Ste-Marie à St-Pierre.

Quasi-totalité des principales villes d’outre-mer sont sur littoral → faible superficie de 3 de ces territoires et par contrainte du relief (La Réunion surtout) et par org des territoires coloniaux auparavant uniquement tournés vers métropole. Guyane est vaste mais a armature urbaine linéaire sur littoral. Villes nées de la colonisation, sont donc avant tout des ports, centres adm et militaires, qui liaient métropole à ses colonies.

II – Vivre dans les villes des DOM

Depuis départementalisation de 1946, ces villes, auparavant assez semblables aux villes des pays en développement, rattrapent leur retard et connaissent transformations profondes. Mais héritages toujours visibles, bien que ces villes connaissent aussi des évolutions semblables à celles des villes de métropole.

Périurbanisation = développement de constructions dans espaces à dominante auparavant rurale, concerne donc périph des villes. Villes des DOM connaissent aussi ce phénomène. Dans une 1ere période, les 1es à s’installer en périph des villes sont des ménages très modestes, d’où apparition de bidonvilles. Puis logique différente → périurbanisation concerne aujourd’hui ménages motorisés cherchant un logement individuel (« villas ») plus vaste en périph. Phénomène visible à La Réunion et en Guadeloupe : commune-centre de Pointe-à-Pitre perd des habs entre 1967 et 2006 au profit de 2 communes périurbaines regroupant aujourd’hui des habs de l’agglo ; part de la banlieue limitrophe progresse largement. Logement individuel dans un cadre « vert » est recherché. Hausse du niveau de vie lié au développement visible depuis départementalisation. Adoption d’un nouveau système de valeurs, comme en métropole, où ville perd son image uniquement positive au profit de territoires moins denses, qui dans les DROM, n’ont pas été délaissé depuis longtemps.

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Cette périurbanisation peut aussi être analysée comme une des difficultés actuelle des villes ultra-marines car consommatrice d’espace, nécessité infrastructures empiétant sur espaces agricoles ou naturels précieux dans des territoires insulaires restreints. Engendre aussi un problème lié aux transports, car elle se traduit par une hausse des migrations alternantes entre des domiciles de l’espace périurbain et partie centrale des villes ce qui sature les axes routiers. Multiplication des véhicules amène aussi encombrement des centres-villes denses avec rues étroites. Autre problème plus spécifique aux DROM qu’à la métropole par son ampleur : logements insalubres (17 700 logements concernés en Guadeloupe en 2005) → vétusté de certains logements par encore remplacés.

Différents acteurs concernés par ces questions ou par les solutions qu’ils appellent : habs (regroupés en assos, à la fois victimes mais aussi responsables de certains maux comme embouteillages), autorités publiques à différentes échelles (municipalités, régions et Etat pour gestion de ces aspects négatifs). Entrepreneurs, assos, médias sont autant d’acteurs pouvant participer à l’amélioration du cadre de vie pour envisager une ville durable.

III – Imaginer et construire des villes durables dans les DOM

DOM concernés par souci de développement durable : milieux insulaires remarquables mais fragiles, donc doivent tenter de concilier développement éco et respect de l’environnement (Agenda 21 de La Réunion a pour objectif de mettre en œuvre l’aménagement équilibré et durable du territoire, d’adopter une nouvelle pol du déplacement, de maîtriser le foncier…).

Concilier développement éco/équité sociale/protection de l’environnement est un défi. Développement tardif de ces territoires, surtout enclenché après départementalisation de 1946, n’a pas encore permis de résoudre, malgré progrès notables, les problèmes de logement et d’infrastructures. A l’inverse, développement réel d’une partie de ces territoires composé de marais et de mangroves et exposé au risque (séisme). Développement durable dans villes des DOM passe pour meilleure prise en compte de cet environnement tropical. Agenda 21 de La Réunion insiste sur développement équilibré du territoire en souhaitant limiter l’emprise de la ville sur le foncier et en revitalisant les centres-villes. De plus, aspect social du développement durable n’est pas à négliger dans villes avec nombreux logements insalubres et taux de chômage élevé ; ces villes doivent donc permettre développement éco pour tous comme le stipule l’Agenda 21 réunionnais. Enjeu des transports est aussi important dans îles souvent saturées : 190 000 en Martinique entrainent embouteillages et congestion du centre-ville de Fort-de-France. Réponses durables à ces problèmes résident notamment dans développement des transports en commun sous diverses formes. Autorités martiniquaises s’engagent dans cette voie qui prévoit mise en place d’une ligne de tramway ; autres formes de transport en commun restent à exploiter (développement de lignes maritimes

Projets et 1eres réalisations inspirés par l’objectif d’un développement durable se traduisent par émergence d’un nouveau quartier de ville respectueux de l’environnement.

→ ville plus dense, plus verte et plus mixte. Mais pour atteindre ces objectifs, d’autres facteurs doivent être pris en compte comme comportements des acteurs (habs,

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entrepreneurs…) ou importance des crédits nécessaires. Objectif de ville durable est un processus qui débute dans DOM.

Chapitre 28 : Les villes du bassin parisien et le Grand Paris

Port du Havre sur estuaire de la Seine, en contact avec Manche. Considéré comme « port du Nord », en contact avec autres ports européens (Rotterdam), aussi liaisons vers autres continents. Est l’un des principaux ports européens de transit de conteneurs. Ville du Havre cultive image d’une ville ouverte sur l’extérieur où elle continue de développer ses aménagements portuaires pour relever le défi de la concurrence mondiale. Cherche aussi à améliorer ses relations terrestres avec son arrière-pays français et européen. Port du Havre est aussi le 1er « port du rail » (passage maritime principal de l’Europe, de la mer du Nord à l’océan Atlantique en passant par la Manche).

Nombreux acteurs mobilisés pour défi du Grand Paris, porté par chef de l’Etat et un secrétariat d’Etat, concerne aussi élus des villes de l’ensemble des collectivités territoriales concernées. Habs de l’aire parisienne se sentent concernés. Projet se heurte à double difficulté : financement et acceptation par l’ensemble des secteurs.

Grand Paris peut permettre attractivité de la capitale profitant à un espace étendu.

Conclusion : définition de la France en ville correspond aux approches existantes dans autres pays. Mais celle de ses périmètres géo historique propre et de la mise en place de critères usant de bornes spécifiquement français diffèrent de celle utilisée dans autres pays.