la lettre de la fondation prometheus
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LA LETTRE DE LA FONDATION PROMETHEUS
Fondation d’entreprise PROMETHEUS
6, place de Breteuil - 75015 PARIS - Tél./Fax : 09 51 21 40 52 - www.fondation-prometheus.org
Edito de Bernard Carayon
Frédéric Reiss Joaquin Almunia Bernard Carayon
Avec mon collègue Frédéric Reiss, député du
Bas-Rhin, j’ai rencontré, à Bruxelles, Joaquin
Almunia, commissaire européen à la concur-
rence.
Nous avons insisté sur la nécessité de faire évo-
luer le périmètre stratégique de l’économie eu-
ropéenne ; le commissaire a souligné qu’il était
GLI¿FLOH�GH�Gp¿QLU�XQ�©�LQWpUrW�VWUDWpJLTXH�HXUR-
péen », chaque Etat choisissant et défendant ses
LQWpUrWV�VWUDWpJLTXHV�SURSUHV��0��$OPXQLD�D�FLWp��en particulier, les divergences nationales en
PDWLqUH�pQHUJpWLTXH�HW�SKDUPDFHXWLTXH��0DLV�LO�a surtout invoqué les risques qui pèseraient sur
OHV�LQWpUrWV�GHV�FRQVRPPDWHXUV�
0DQLIHVWHPHQW�� OD� &RPPLVVLRQ� HXURSpHQQH�n’est préoccupée que par les conditions in-
ternes de concurrence et le niveau des prix
offerts par les entreprises aux consommateurs.
Peu importe, en somme, que les entreprises
européennes ne puissent se concentrer pour
affronter le marché mondial dans de bonnes
conditions, si cela devait peser sur le pouvoir
d’achat des Européens...
0DLV�TXHO�HVW�OH�SRXYRLU�G¶DFKDW�GHV�RXYULHUV�HW�des ingénieurs dont les entreprises sont déloca-
lisées hors de l’Union européenne, ou rachetées
par des entreprises extraeuropéennes qui font,
invariablement, peser sur les salariés européens
leurs stratégies de réduction d’effectifs et d’op-
WLPLVDWLRQ�GHV�SUR¿WV�"
Le commissaire Almunia a souligné, par
ailleurs, la priorité aux politiques commu-
nautaires transversales (politiques de com-
pétitivité, d’innovation, de protection de
l’environnement, etc.) sur les politiques sec-
torielles.
2Q� REVHUYHUD�� DX� SDVVDJH�� TXH� OD� &RP-
mission a été bien silencieuse et bien
Ź�/LUH�OD�VXLWH�SDJH���
�3UpVLGHQW�%HUQDUG�&DUD\RQ��GpSXWp��803��GX�7DUQ�9LFH�3UpVLGHQW�-HDQ�0LFKHO�%RXFKHURQ��GpSXWp��36��G¶,OOH�HW�9LODLQH����
Mai 2011 - 1/14
SommaireEdito du Président 1
(QWUHWLHQ�DYHF�-HDQ�&ODXGH�9RORW�� 2
&KULVWLDQ�+DUEXORW��Guerre économique et notion de puissance 4
La procédure dite de discovery 11
(OHFWLRQ�G¶$ODLQ�-XLOOHW�DX�&'6(����������������
9LHQW�GH�SDUDvWUH����/HV��UREHV�QRLUHV���������������������������
Save the date :Le 29 juin 2011 à Paris à l’Ecole militaire
www.etats-generaux-ie.fr
ŹŹŹ�6XLWH�GH�OD�SUHPLqUH�SDJH
respectueuse des choix des Etats lorsqu’il
V¶HVW� DJL�� GXUDQW� OD� FULVH� ¿QDQFLqUH� HW� pFR-
nomique de 2008, de soutenir l’industrie
automobile ou l’activité des établissements
bancaires !
%UHI���OD�&RPPLVVLRQ�Q¶D�SDV�HQFRUH�IDLW�VRQ�aggiornamento en matière de politique de
concurrence et de politique industrielle ; elle
renvoie aux Etats la responsabilité de leurs
choix stratégiques, tout en les soumettant à
des principes et des règles qu’aucun de nos
grands concurrents dans le monde ne res-
pecte. L’Europe reste bien le seul territoire
de développement économique au monde
DXVVL� RXYHUW�� HW� DXVVL� RIIHUW��&HOD� V¶DSSHOOH�de la naïveté ou du masochisme.
%HUQDUG�&DUD\RQ
Entretien avec Jean-
&ODXGH�9RORW��PpGLD-teur des relations
inter-entreprises in-
dustrielles et de la
sous-traitance.
Ancien entrepreneur
et président de l’Agence pour la création
G¶HQWUHSULVH� �$3&(��� -HDQ�&ODXGH� 9RORW� D�pWp�QRPPp�0pGLDWHXU�GHV�UHODWLRQV�LQWHUHQ-
treprises industrielles et de la sous-traitance
le 8 avril 2010 par le Président de la Répu-
blique.
4XHO�HVW�OH�PRGH�RSpUDWRLUH�GH�OD�PpGLD-WLRQ�GHV�UHODWLRQV�LQWHUHQWUHSULVHV�"
-��&��9�� ��/¶RUJDQLVDWLRQ�GH� OD�PpGLDWLRQ� UH-pose sur une équipe permanente basée à Paris,
FRPSRVpH�GH�-HDQ�&ODXGH�9RORW�±�0pGLDWHXU�QDWLRQDO�� &ODULVVH� 5HLOOH� ±� GLUHFWULFH� JpQp-rale adjointe, d’un service de communica-
tion-presse, d’experts achats et de juristes.
Un réseau de médiateurs nationaux délégués
soutient par ailleurs l’activité de l’équipe per-
manente, ainsi que 25 médiateurs régionaux
bénévoles, ce qui permet à la médiation d’as-
surer une couverture optimale du territoire.
Un médiateur peut intervenir dans le cadre
d’une médiation individuelle ou collective
(si plusieurs demandes de médiation sont
FRQYHUJHQWHV�DX�VHLQ�G¶XQ�PrPH�VHFWHXU�±�OH�médiateur peut aussi intervenir à la demande
G¶XQ� V\QGLFDW� RX� G¶XQH� IpGpUDWLRQ� SURIHV-sionnelle). La première étape consiste à dé-
poser un dossier en ligne sur le site www.
mediateur.industrie.gouv.fr. La médiation
étudie alors l’admissibilité du dossier et
en cas d’éligibilité, un médiateur régional
prend contact avec l’entreprise dans les jours
VXLYDQWV��D¿Q�GH�Gp¿QLU�XQ�VFKpPD�G¶DFWLRQ�avant de commencer le travail de médiation.
Le médiateur intervient gratuitement et de
IDoRQ� FRQ¿GHQWLHOOH� D¿Q� GH� UHFKHUFKHU� XQH�solution dans la concertation.
Le plus souvent, le fait de rentrer en média-
tion permet de réintroduire le dialogue entre
les deux parties et de préserver la relation
commerciale suite à un accord commun dé-
¿QL�SDU�OHV�SDUWLHV��/¶DFWLRQ�GH�OD�PpGLDWLRQ�UHYrW�XQ�FDUDFWqUH�j�OD�IRLV�GLVVXDVLI�HW�SUp-YHQWLI�� WRXW�HQ�D\DQW�FRPPH�REMHFWLI�G¶LQV-taller une relation équilibrée et durable entre
le client et le fournisseur. Pour reprendre le
GLFWRQ� IDPLOLHU�� ©�PLHX[� YDXW� SUpYHQLU� TXH�guérir ».
À ce jour, avec mon équipe, nous avons trai-
té environ 175 cas de médiation ce qui repré-
sente près de 14.000 entreprises et 500.000
salariés concernés. Le but ultime de la média-
tion est bien de maintenir et de préserver les
emplois industriels et d’améliorer notre éco-
V\VWqPH��/D�PpGLDWLRQ�SHXW�rWUH�VDLVLH�GDQV�OHV�cas suivants : non-respect des délais de paie-
PHQW�RX�GHV�GpODLV�GH�OLYUDLVRQ��¿[DWLRQV�GHVFondation d’entreprise PROMETHEUS
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LA LETTRE DE LA FONDATION PROMETHEUSMai 2011 - 2/14
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commandes, droits de propriété intellectuelle
LJQRUpV�� ¿[DWLRQ� GX� SUL[�� UXSWXUH� EUXWDOH�G¶XQH� UHODWLRQ� FRPPHUFLDOH�� PRGL¿FDWLRQ�XQLODWpUDOH�GH�FRQWUDW��HWF��6L�RQ�FRQQDvW�OHV�QpJRFLDWLRQV�GLI¿FLOHV�G¶HQWUHSULVHV�DYHF� OD�JUDQGH�GLVWULEXWLRQ�RX�PrPH�O¶DXWRPRELOH��LO�HQ�YD�PDOKHXUHXVHPHQW�GH�PrPH�GDQV�WRXV�les secteurs.
4XHOV�SULQFLSHV�JXLGHQW�O¶DFWLRQ�GH�OD�0p-GLDWLRQ�LQWHU�HQWUHSULVHV�LQGXVWULHOOHV�"�
-��&��9����/D�SKLORVRSKLH�HW�O¶DFWLRQ�GH�OD�Pp-diation reposent sur trois piliers :
1. Réhumaniser la relation entre clients
et fournisseurs : cette relation est au-
jourd’hui distendue, voire parfois dés-
humanisée. Il est plus intéressant et
productif qu’un donneur d’ordre et un
sous-traitant se rapprochent pour étudier
ensemble les gains possibles de produc-
tivité et se les partagent équitablement,
plutôt que le donneur d’ordre pressure le
VRXV�WUDLWDQW� D¿Q� GH� GpJDJHU� j� VRQ� VHXO�SUR¿W� XQH� PDUJH� PRLQV� LPSRUWDQWH�� /H�management de certains grands clients
WHQG�j�rWUH�GLFWp�HQ�SpULRGH�GH�FULVH�SDU�OD�seule logique du prix le plus bas. Quant au
partage inéquitable de certaines marges,
cela limite la capacité d’investissement et
GH�UHFKHUFKH��GpYHORSSHPHQW�GHV�30(��'H� QRPEUHXVHV� HQWUHSULVHV� FUDLJQHQW�aujourd’hui de servir de variables d’ajus-
WHPHQW� IDFH� DX[� ÀXFWXDWLRQV� G¶DFWLYLWp�des grands groupes. Il s’agit de rendre la
relation entre clients et fournisseurs plus
KXPDLQH� HW� FROODERUDWLYH�� &HOD� QH� YHXW�SDV� GLUH� DQJpOLTXH�� &HOD� VLJQL¿H� TXH� OD�relation s’inscrit dans la durée et dans un
respect mutuel des engagements.
��� ,QFLWHU�OHV�30(�j�DVVXUHU�OHXU�LQGpSHQGDQFH�stratégique : il est vital pour une entre-
prise de ne pas devenir dépendante de son
FOLHQW��&RQVLGpUH]�TX¶j�SDUWLU�GX�PRPHQW
où le client représente une part de 20 %
du chiffre d’affaires, le fournisseur est dé-
pendant. Il faut éviter d’attendre la crise
pour aller chercher de nouveaux clients,
car c’est souvent trop tard ! Les temps se-
UHLQV�GRLYHQW�rWUH�XQH�RSSRUWXQLWp�G¶DOOHU�conquérir de nouveaux marchés.
��� 'pYHORSSHU�OD�FRQVFLHQFH�GH�UHVSRQVDEL-OLWp�GH�¿OLqUH�SRXU�OHV�JUDQGHV�HQWUHSULVHV���une économie moderne doit reposer sur
XQ�WULSW\TXH�©�LQQRYDWLRQ�SURGXFWLRQ�VHU-YLFHV�ª�RUJDQLVp�DXWRXU�GH�¿OLqUHV�PXOWL-partenaires au service de projets communs.
/¶REMHFWLI�GH�FHV�¿OLqUHV�HVW�ELHQ�G¶RUJD-niser de façon durable et concertée des
relations gagnant gagnant entre donneurs
d’ordre et sous-traitants, de telle sorte que
ces deux concepts évoluent vers celui de
FR�WUDLWDQWV��8QH�¿OLqUH�IRQFWLRQQH�FRQYH-nablement lorsque le principal donneur
d’ordre consolide ses sous-traitants de
UDQJ����TXL�HX[�PrPHV�FRQVROLGHQW�OHXUV�sous-traitants de rang 2, puis de rang 3,
HWF��,O�IDXW�HQWHQGUH�SDU�©�FRQVROLGHU�ª�OH�fait d’intégrer ses fournisseurs à son éco-
V\VWqPH��OHV�DLGHU�j�rWUH�SOXV�SHUIRUPDQWV��collaborer avec eux dans la recherche…
7R\RWD� HVW�G¶DLOOHXUV� H[HPSODLUH�GDQV�FH�domaine. Il est impératif de se détacher
G¶XQH� VWUDWpJLH� GLWH� GH� ©� FRVW� NLOOLQJ� ª��FDU�FHOD�DVVqFKH�OD�¿OLqUH�HW�WXH�j�SHWLW�IHX�notre tissu industriel.
1RWUH�DPELWLRQ���EkWLU�XQ�pFRV\VWqPH�LQWHOOLJHQW��
Grâce aux 129 entreprises qui se sont enga-
gées pour des achats responsables en signant
QRWUH�&KDUWH� GHV� ERQQHV� SUDWLTXHV� UpJLVVDQW�les bonnes relations entre donneurs d’ordre
et sous-traitant, nous sommes en train de
générer une prise de conscience progressive
auprès du gouvernement, des acteurs socio
économiques, des grands patrons, des ache-
WHXUV�� VXU� O¶LPSRUWDQFH� GH� EkWLU� XQ� pFRV\V-tème industriel intelligent, solide et durable.
LA LETTRE DE LA FONDATION PROMETHEUSMai 2011 - 3/14
�3UpVLGHQW�%HUQDUG�&DUD\RQ��GpSXWp��803��GX�7DUQ�9LFH�3UpVLGHQW�-HDQ�0LFKHO�%RXFKHURQ��GpSXWp��36��G¶,OOH�HW�9LODLQH����
La bonne marche est en route, et nombreux
sont les acteurs déterminés à soutenir et
mettre en place un tissu industriel français
FRPSpWLWLI�� ©� PDGH� LQ� )UDQFH� ª� HW� LQQR-
YDQW�� /D� FRQVWUXFWLRQ� GH� FHW� pFRV\VWqPH� HW�OD� VWUXFWXUDWLRQ� GH� QRV� ¿OLqUHV� GRLYHQW� UH-poser sur des relations contractuelles équi-
OLEUpHV� HW� SDUWHQDULDOHV�� /D� FRQ¿DQFH� HW� OD�FROODERUDWLRQ� GRLYHQW� rWUH� SODFpHV� DX� F°XU�de cet état d’esprit nouveau qu’il est pri-
PRUGLDO� G¶LQVWDOOHU� DX� VHLQ� GH� QRV� ¿OLqUHV�
Le fait de développer des relations par-
tenariales est encore trop souvent perçu
comme un challenge insurmontable et de
nombreuses entreprises demeurent oppor-
tunistes vis-à-vis de leur fournisseur. Pour-
tant, la majorité des entreprises françaises
RQW�ELHQ�FRQVFLHQFH�GHV�LQWpUrWV�SRVLWLIV�TXH�JpQqUH� XQH� UHODWLRQ� GH� FRQ¿DQFH� EDVpH� VXU�une démarche partenariale. Il faut désormais
passer de la théorie à la pratique. La relation
DYHF�XQ�IRXUQLVVHXU�GRLW�rWUH�HQ�SHUSpWXHOOH�pYROXWLRQ��\�FRPSULV�OHV�HQWUHSULVHV�TXL�VRQW�déjà engagées dans une démarche de progrès
dans ce domaine depuis quelques années. Il
en va de la survie de notre tissu industriel.
Les limites de l’ap-proche française de la guerre économique SDU� &KULVWLDQ� +DUEXORW��'LUHFWHXU� GH� O¶(FROH� GH�Guerre Economique.
'HSXLV� O¶RULJLQH� GH� O¶KRPPH�� O¶pFRQRPLH�D�JpQpUp�GHV�UDSSRUWV�GH�IRUFH liés à de situa-
tions de survie, de rapports de domination in-
terrelationnels, de rivalités dans les échanges,
de concurrence industrielle, de confrontations
¿QDQFLqUHV�HW�G¶H[SUHVVLRQ�FRQÀLFWXHOOH�GHV�SR-
litiques d’accroissement de puissance. Les lec-
teurs pointilleux d’Adam Smith se rappellent
que le père fondateur du libéralisme prônait
l’ouverture des marchés à condition qu’elle
QH�VRLW�SDV�FRQWUDLUH�DX[�LQWpUrWV�GH�OD�FRX-
URQQH� EULWDQQLTXH�� &HWWH� UHODWLRQ� VRXYHQW�violente avec la réalité économique a été
JRPPpH� DX� ¿O� GX� WHPSV� SDU� XQH� DSSURFKH�de l’économie centrée sur le progrès scien-
WL¿TXH� HW� WHFKQLTXH�� OH� GpYHORSSHPHQW� GHV�entreprises, la multiplication des échanges
HW�OD�JpQpUDOLVDWLRQ�GX�FRQVXPpULVPH��&HWWH�OHFWXUH�SDFL¿pH�GX�U{OH�GH� O¶pFRQRPLH�GDQV�les relations humaines a fait l’impasse sur
les différentes déclinaisons des rapports de
force associés à un acte économique1.
8QH�JULOOH�GH�OHFWXUH�UHIRXOpH
La vision positive du monde construite après
la seconde guerre mondiale a évacué toute
SRVVLELOLWp� GH� UpÀH[LRQ� VXU� OHV� VLWXDWLRQV�FRQÀLFWXHOOHV�TXH�OHV�UHODWLRQV�KXPDLQHV�HQ-
gendrent par le biais de l’économie. Les faits
dominants du début du XXIe siècle2 contre-
disent les théories dominantes du siècle pré-
cédent sur le dépérissement du rôle des Etats
dans les relations économiques mondiales.
L’agressivité commerciale des nouveaux en-
WUDQWV� FRPPH� OD�&KLQH�� O¶DUPH� pFRQRPLTXH�GX� JD]� TXH� OD�5XVVLH� XWLOLVH� FRPPH� LQVWUX-
ment de revalorisation de sa puissance, les
risques d’affrontement militaire provoqués
par les pénuries de ressources et de matières
premières sont des facteurs indiscutables de
l’expression d’un usage plus ou moins dé-
gradé de la guerre économique en termes de
puissance. /HV�HQMHX[�GpSDVVHQW�OD�TXHVWLRQ�GX�PDUFKp�HW�GHV�pFKDQJHV� La détérioration
des tissus industriels occidentaux sous les
coups de butoir de l’Asie pose le problème
GH� O¶DYHQLU�JpRpFRQRPLTXH�GH�FHUWDLQV�SD\V�industrialisés. Les actes d’intimidation diplo-
matique commis par la Russie à propos de la
fourniture d’énergie alimentent le débat sur la
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notion de dépendance supportable ou insup-
portable. La confrontation potentielle de
FHUWDLQV�SD\V�DXWRXU�GH�OD�TXHVWLRQ�GHV�UHV-sources vitales ouvre de nouvelles perspec-
tives stratégiques à la place de l’économie
dans les relations internationales.
À ce titre, OD�JXHUUH�pFRQRPLTXH�SHXW�HOOH�rWUH�FRQVLGpUpH�FRPPH�O¶XQH�GHV�DUWLFXOD-WLRQV�G¶XQH�QRXYHOOH�JULOOH�GH� OHFWXUH�GHV�UDSSRUWV�GH�IRUFH�FRQWHPSRUDLQV�"�/HV�Gp-¿QLWLRQV�GRQQpHV�VXFFHVVLYHPHQW�SDU�(VDP-
bert3���+DUEXORW4��HW�+X\JKH5 en précisent les
contours dans la perception française.
3RXU� %HUQDUG� (VDPEHUW�� ©� OD� FRPSpWLWLRQ�économique est désormais planétaire. La
FRQTXrWH�GHV�PDUFKpV�HW�GHV�WHFKQRORJLHV�D�SULV� OD�SODFH�GHV�DQFLHQQHV�FRQTXrWHV� WHUUL-toriales et coloniales. Les armes s’appellent
innovation, productivité, taux d’épargne,
consensus social et degré d’éducation. Les
défenses se nomment droits de douane, pro-
tections monétaires et entraves au commerce
international. Les combattants, Japon, États-
8QLV�� (XURSH�� &KLQH�� 5XVVLH�� PDLV� DXVVL�tiers-monde, s’affrontent sans merci ».
3RXU�&KULVWLDQ�+DUEXORW��©� OD�JXHUUH�pFRQR-
mique est l’expression majeure des rapports
de force non militaires. Rapports de nature
directe dans le temps de guerre et indirecte
GDQV�OH�WHPSV�GH�SDL[��/D�VXUYLH�G¶XQ�SD\V�RX�d’un peuple tout comme la recherche, la pré-
servation et l’accroissement de puissance en
sont les principaux éléments déclencheurs ».
3RXU�)UDQoRLV�%HUQDUG�+X\JKH��©� OD�JXHUUH�pFRQRPLTXH��GDQV�OH�VHQV�HPSOR\p�HQ�,QWHOOL-gence économique, est l’effort que mène un
État pour se procurer ou conserver des res-
sources rares, éventuellement en relation avec
GHV�DFWHXUV�SXEOLFV��'p¿QLWLRQ�j�ODTXHOOH�RQ�peut s’accorder à condition qu’il soit précisé
que l’effort en question vise à contrarier une
volonté adverse et qu’il suppose un minimum
d’agressivité. La guerre économique sup-
pose une violence au moins cachée ou vir-
WXHOOH�±�GHV� LQVWUXPHQWV�GH�FRQWUDLQWH� ��SDV�de guerre sans ravage. Pas de guerre non
plus sans stratégie générale ».
$¿Q�GH�SUpFLVHU�OHV�pOpPHQWV�TXL�IRUJHQW�OD�SHUWLQHQFH�GX�FRQFHSW��LO�HVW�XWLOH�GH�Gp¿QLU�sa légitimité dans une perspective historique.
La genèse de la guerre économique est indis-
sociable de la notion de survie.
/D�QRWLRQ�GH�VXUYLH
Les premiers rapports de force entre les
hommes et des groupes humains ont été
conditionnés par la question de la survie6.
La recherche d’aliments pour se nourrir était
la préoccupation première des individus,
groupes et peuplades. &HWWH�SULRULWp�YLWDOH�D�JpQpUp�GHV�FRQIURQWDWLRQV pour le contrôle
GHV�]RQHV�GH�FKDVVH�HW�GH�FXHLOOHWWH��/¶HQMHX�de la survie couvre une grande partie de l’his-
toire de l’humanité, du néolithique jusqu’à
l’essor généralisé de l’agriculture au cours
GHV�WURLV�GHUQLHUV�PLOOpQDLUHV��&HWWH�VLWXDWLRQ�pOpPHQWDLUH�GH�FRQÀLW�D�pWp�SHX�DQDO\VpH�GDQV�le processus de développement des sociétés
humaines. Ainsi les vagues migratoires des
populations du nord de l’Europe vers les ter-
ritoires contrôlés par Rome au premier siècle
DY��-��&��pWDLHQW�SURYRTXpHV�SDU�XQH�VLWXDWLRQ�de famine persistante. Elles furent à l’origine
des affrontements militaires avec les légions
romaines qui gardaient les frontières des pro-
vinces éloignées de la République. La notion
de survie n’a pas été éliminée par le progrès
et les révolutions industrielles.
/HV�FRQÀLWV�GpFRXODQW�G¶XQH�SUREOpPDWLTXH�GH�VXUYLH�QH�VRQW�SDV�HQ�YRLH�G¶H[WLQFWLRQ. Le
FRQWLQHQW�DIULFDLQ�HVW�O¶REMHW�GH�FRQÀLWV�LQWH-rethniques parfois très violents dont les motifs
sont multiples : contestation de terres, rivali-
WpV� HQWUH� SD\VDQV� HW� FKDVVHXUV�� FRQÀLWV� IRQ-
ciers entre autochtones et migrants nationaux,
H[SXOVLRQ�GH�PDLQ�G¶°XYUH�LPPLJUpH��&LWRQV
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�3UpVLGHQW�%HUQDUG�&DUD\RQ��GpSXWp��803��GX�7DUQ�9LFH�3UpVLGHQW�-HDQ�0LFKHO�%RXFKHURQ��GpSXWp��36��G¶,OOH�HW�9LODLQH����
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0DLV� O¶pTXLOLEUH� GH� FHWWH� UHODWLRQ� SHXW� rWUH�remis en cause par un facteur externe intro-
duit par un élément étranger au groupe. Ainsi
le commerce est apparu comme une menace
pour l’ordre social dans certaines sociétés
d’autosubsistance, car il remet en cause le
PRQRSROH� GHV� DvQpV� HQ� HQFRXUDJHDQW� FHU-tains cadets à s’émanciper de l’autorité tra-
ditionnelle par la transformation des biens
en marchandises.
Aux antagonismes dérivés de la survie
s’ajoutent progressivement les clivages so-
ciétaux créés par la hiérarchie des pouvoirs
GDQV�OHV�VRFLpWpV�DQWLTXHV��PR\HQkJHXVHV�HW�SRVWPR\HQkJHXVHV�� ,O� HQ� GpFRXOH� GHV� DQWD-gonismes économiques articulés autour du
UDSSRUW� VHLJQHXU�SD\VDQ� HW� VX]HUDLQ� HW� YDV-VDO�� /D�PHQDFH� GH� OD� MDFTXHULH� SD\VDQQH� D�été considérée pendant des siècles comme le
facteur de troubles à l’ordre public le plus
LPSRUWDQW� HQ� )UDQFH�� /HV� FRQÀLWV� VXVFLWpV�par ces différences de statut social et d’ac-
cès aux richesses ont une portée limitée à un
FRQWH[WH�Gp¿QL�SDU�XQ�WHUULWRLUH�
Les divergences sur les modes de vie et
les modes de production ont engendré des
guerres qui dépassent le cadre d’un groupe
de population délimitée géographiquement.
Les guerres entre peuples sédentaires et
SHXSOHV�QRPDGHV�FXOPLQHQW�HQWUH�OH�9H�HW�OH�;,,,H� VLqFOH��(QWUH� OHV� LQYDVLRQV� GHV�+XQV��OHV�SLOODJHV�GHV�9LNLQJV�HW�OHV�KRUGHV�YHQXHV�GH�0RQJROLH��OD�YRORQWp�GH�GpIHQGUH�O¶LGHQWL-Wp�QRPDGH�HVW�V\PEROLVpH�SDU�*HQJLV�.KDQ7.
8QL¿FDWHXU� GHV� SHXSOHV� WXUFR�PRQJROV�� FH-OXL�FL�YRXOXW�pGL¿HU�OHV�EDVHV�G¶XQ�HPSLUH�HQ�réinstaurant le nomadisme partout où c’était
possible, en particulier dans les steppes de la
&KLQH�GX�1RUG�
+LVWRULTXHPHQW�� OHV� UHVVRXUFHV� VRQW� XQH�des problématiques récurrentes de la guerre
LA LETTRE DE LA FONDATION PROMETHEUSMai 2011 - 6/14
�3UpVLGHQW�%HUQDUG�&DUD\RQ��GpSXWp��803��GX�7DUQ�9LFH�3UpVLGHQW�-HDQ�0LFKHO�%RXFKHURQ��GpSXWp��36��G¶,OOH�HW�9LODLQH����
OHV� H[HPSOHV� GX� &DPHURXQ� TXL� UHFHQVH� VXU�l’ensemble de son territoire une vingtaine de
IR\HUV� UpFXUUHQWV� GH� FRQÀLWV� LQWHUHWKQLTXHV�GRQW�OD�TXrWH�GH�VXUYLH�HVW�VRXYHQW�OD�VRXUFH�SUHPLqUH��DLQVL�TXH�/D�&{WH�G¶,YRLUH�TXL�HVW�DIIHFWpH�SDU�OD�SROpPLTXH�DXWRXU�GHV�V\VWqPHV�IRQFLHUV�GHV�]RQHV�IRUHVWLqUHV�GH�O¶RXHVW�j�O¶RUL-JLQH�GH�FRQÀLWV�HQWUH�DXWRFKWRQHV�HW�PLJUDQWV�nationaux et non nationaux. La survie génère
une complexité culturelle qui peut interférer
sur la conduite d’opérations militaires dans
des guerres de faible intensité. La seconde
guerre contemporaine en Afghanistan enta-
mée depuis octobre/novembre 2001 a mis en
lumière des particularités liées à la notion de
survie. Les peuplades qui vivent dans les mon-
tagnes afghanes ont encore aujourd’hui des
UpÀH[HV�GH�VXUYLH�LPSRVpV�SDU�OHV�FRQWUDLQWHV�d’un environnement naturel peu approprié à
l’agriculture et à l’élevage. Pérennisés par les
traditions, ces comportements sont souvent à
l’origine des actions plus ou moins agressives
menées par ces peuplades montagnardes à
l’égard des tribus sédentaires des vallées qui
ont accès plus facilement à des subsistances
d’agriculture vivrière.
/HV�ULYDOLWpV�GDQV�OHV�pFKDQJHV
L’essor de l’échange et de l’économie de
PDUFKp�D�LQÀXp�VXU�O¶pYROXWLRQ�GHV�UDSSRUWV�de force interrelationnels issus des socié-
tés primitives. À l’origine des sociétés hu-
maines, le rapport de force élémentaire de
nature économique se situait au niveau fami-
OLDO�� /¶H[SORLWDWLRQ� GHV� FDGHWV� SDU� OHV� DvQpV�est la première strate d’une sociologie des
FRQÀLWV�LQWHUUHODWLRQQHOV��%LHQ�TX¶HOOH�QH�VRLW�pas comparable aux tensions générées par les
UHODWLRQV�FRQÀLFWXHOOHV�HQJHQGUpHV�SDU� O¶HV-clavagisme et la féodalité, cette relation iné-
gale entretient un rapport de force latent qui
ne s’efface progressivement qu’avec l’âge.
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6, place de Breteuil - 75015 PARIS - Tél./Fax : 09 51 21 40 52 - www.fondation-prometheus.org
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économique. Éléments de la richesse ou de
la puissance d’une nation, OHV� UHVVRXUFHV�RQW�FRQVWLWXp�GHV�HQMHX[�YLWDX[ dès la nais-
sance d’ensembles territoriaux et institution-
nels homogènes comme l’atteste la période
GX�1RXYHO�(PSLUH�pJ\SWLHQ8. Entre 1550 et
�����DY��-��&���OHV�SKDUDRQV�7KRXWPRVLV�,HU�et Thoutmosis III menèrent plusieurs expé-
GLWLRQV�PLOLWDLUHV�FRQWUH�OHV�0LWDQQLHQV�HW�OHV�+LWWLWHV� SRXU� SUpVHUYHU� O¶DFFqV� j� OD� SODTXH�WRXUQDQWH�GX�FRPPHUFH�GH�O¶pWDLQ�HQ�6\ULH��L’étain était un métal indispensable à la fa-
EULFDWLRQ�GX�EURQ]H�QpFHVVDLUH�j� O¶RXWLOODJH�HW� j� O¶DUPHPHQW��'HSXLV� O¶DQWLTXLWp�� O¶HVVRU�du commerce est à l’origine de nombreux
FRQÀLWV�FRPPH�O¶DIIURQWHPHQW�HQWUH�5RPH�HW�&DUWKDJH��/HV�UDSSRUWV�GH�IRUFH�pFRQRPLTXHV�se sont renforcés sous l’effet de l’esclavage
et du processus de colonisation. L’esclavage9
D�DVVXUp�OD�PDLQ�G¶°XYUH�GHV�HPSLUHV�QpV�VXU�OH�SRXUWRXU�GH�OD�0pGLWHUUDQpH�DLQVL�TXH�GHV�UR\DXPHV�DIULFDLQV�HW�DUDER�PXVXOPDQV�
¬� SDUWLU� GX� ;9,H� VLqFOH�� LO� FRQVWLWXH� XQH�étape fondamentale de la mondialisation des
échanges. En assurant la distribution d’es-
claves noirs aux colonies implantées Outre
Atlantique, les puissances européennes im-
pliquées dans le commerce triangulaire se
sont affrontées sur mer pour obtenir une po-
sition prédominante dans l’exploitation des
ULFKHVVHV�GX�1RXYHDX�0RQGH��¬�FHWWH�RFFD-VLRQ��OH�UR\DXPH�G¶$QJOHWHUUH�GpYHORSSH�DX�;9,H�VLqFOH�OD�SLUDWHULH�PDULWLPH�SRXU�DWWD-quer les navires portugais et espagnols qui
assurent la liaison entre les trois continents.
Le commerce triangulaire a joué un rôle
primordial dans le développement du com-
merce de l’Angleterre qui était à l’époque
la première nation négrière en nombre d’es-
FODYHV�FRQYR\pV�GH�O¶$IULTXH�YHUV�OHV�$Pp-riques.
/HV�JXHUUHV�FRPPHUFLDOHV�
Les premières guerres commerciales datent
de la période mercantiliste10 qui est résumée
SDU�OD�FpOqEUH�IRUPXOH�GH�-HDQ�%DSWLVWH�&RO-bert11�©�7RXW��SDU�HW�SRXU�OD�PpWURSROH�ª��(Q�donnant la priorité à l’exportation et à la li-
mitation des importations, les Etats mercan-
tilistes ont abouti à une politique de restric-
tions douanières. La création de compagnies
GHV�,QGHV�HQ�$QJOHWHUUH��DX[�3D\V�%DV�HW�HQ�France a accentué les clivages politiques et
économiques à l’égard de l’empire maritime
émergeant des Provinces-Unies. Les hostili-
WpV�RXYHUWHV�HQ������SDU�/RXLV�;,9�VRQW�OD�continuation d’une guerre économique pro-
voquée dans un premier temps par le mono-
pole commercial conclu entre l’Espagne et
le Portugal12 durant la période des grandes
découvertes, puis dans un second temps par
la volonté du roi d’Angleterre et du roi de
)UDQFH� GH� UpGXLUH� O¶LQÀXHQFH� QDYDOH� GHV�3URYLQFHV�8QLHV�HW�UHGp¿QLU�GHV�UqJOHV�FRP-
merciales qui leur soient plus favorables.
L’avènement du libéralisme intronise le com-
merce comme levier de puissance à l’image
de l’Empire britannique sous le règne de
9LFWRULD� ������������� /D� JXHUUH� FRPPHU-FLDOH� GHYLHQW� DORUV� XQ�PR\HQ� GH� FRHUFLWLRQ�pour imposer sa volonté. Pour imposer leurs
SURGXLWV�VXU�OHV�PDUFKpV�GX�0R\HQ�2ULHQW�HW�de l’Asie orientale, les Britanniques instau-
UqUHQW�OD�SUDWLTXH�GH�OD�©�SROLWLTXH�GH�OD�FD-nonnière »13��&HOOH�FL�FRQQXW�VRQ�DSRJpH�ORUV�GX�EORFXV�GX�SRUW�G¶$OH[DQGULH�SDU�OD�5R\DO�1DY\�HQ�����������SXLV�ORUV�GHV�GHX[�JXHUUHV�de l’opium14 qui ont opposé successivement
OD�&KLQH�j�OD�*UDQGH�%UHWDJQH�SXLV�OD�&KLQH�j� XQH� FRDOLWLRQ� GH� SD\V� RFFLGHQWDX[�� /HV�guerres de l’opium14 furent déclenchées par
la Grande-Bretagne qui cherchait à exporter
LA LETTRE DE LA FONDATION PROMETHEUSMai 2011 - 7/14
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GH� O¶RSLXP� SURGXLW� HQ� ,QGH� YHUV� OD� &KLQH�� /H�5R\DXPH�8QL�YDLQTXLW�OD�&KLQH�TXL�GXW�DFFHS-
ter l’ouverture de certains ports au commerce et
FpGHU�+RQJ�.RQJ�TXL�GHYLHQW�OH�SULQFLSDO�FHQWUH�GH�VWRFNDJH�G¶RSLXP�HQ�SURYHQDQFH�GHV�,QGHV�
Les guerres coloniales du XXe siècle et les
affrontements multiples qui jalonnent la pé-
riode de décolonisation ont souligné le lien
GpWHUPLQDQW� HQWUH� OD� FRQTXrWH� WHUULWRULDOH� HW�O¶H[SORLWDWLRQ�GHV�ULFKHVVHV�GHV�SD\V�FRORQLVpV��/¶DOWHUQDWLYH�HQWUH� OD�FRQTXrWH� WHUULWRULDOH�HW� OD�FRQTXrWH�FRPPHUFLDOH�D�pWp�DX�FHQWUH�GHV�GpEDWV�politiques sur l’espace vital en Allemagne et
OH� -DSRQ��/H�PDQTXH� FKURQLTXH� GH�PR\HQV� GH�VXEVLVWDQFH�D�LQFLWp�FHV�GHX[�SD\V�j�V¶LQWHUURJHU�sur le choix entre deux approches : la première
SDFL¿TXH�SDU�OH�FRPPHUFH�RX�OH�VHFRQGH�DJUHV-sive par la colonisation de territoires extérieurs.
&HV�GHX[�(WDWV�RQW�LQVFULW�OHV�SUDWLTXHV�GH�JXHUUH�pFRQRPLTXH�DX�F°XU�GH�OHXU�VWUDWpJLH�G¶DFFURLV-sement de puissance. L’industrialisation du
0DQGFKRXNRXR15 par une compagnie de chemin
de fer nipponne fut la démonstration exemplaire
GH�OD�GLDOHFWLTXH�HQWUH�OD�FRQTXrWH�WHUULWRULDOH�HW�OD�SXLVVDQFH�SDU�O¶LQGXVWULDOLVDWLRQ�G¶XQ�SD\V�FR-
ORQLVp��/¶pFRQRPLH�GH�JXHUUH�QD]LH�HVW�XQ�DXWUH�exemple de cette dialectique dans un contexte de
guerre totale.
Les guerres du pétrole de la seconde moitié du
XXe siècle illustrent une nouvelle forme de
guerre économique sous forme d’actions indi-
rectes menées par des services de renseignement
pour s’assurer la main mise sur les champs pétro-
lifères, comme ce fut le cas pour le renversement
GH�0RVVDGHJK�HQ�,UDQ�HQ������j�O¶LQVWLJDWLRQ�GH�O¶$QJOR�,UDQLDQ�3HWUROHXP�HW�GH�OD�&HQWUDO�,QWHO-OLJHQFH�$JHQF\�� ,OV� SUp¿JXUHQW� OHV� PpWKRGHV�G¶DIIURQWHPHQW�pFRQRPLTXH�TXL�SUpYDOHQW�DX-MRXUG¶KXL� Si les enjeux restent sensiblement les
PrPHV�TXH�GDQV�OH�SDVVp��DFFqV�DX[�UHVVRXUFHV��surveillance des axes de circulation terrestre et
PDULWLPH��PDvWULVH� GHV� VRXUFHV� G¶pQHUJLH�� IRXU-niture de matières premières, choix des tracés
GH�SLSH�OLQH��VpFXULVDWLRQ�GHV�UpVHDX[�K\GURJUD-phiques), les interventions militaires sont plus
rares et ne peuvent se dérouler que sous un prétexte
SOXV�RX�PRLQV�OpJLWLPH��LQYDVLRQ�GX�.RZHwW�HQ������SDU�OHV�WURXSHV�GH�6DGGDP�+XVVHLQ��recherche d’armes de destruction massive en
�����ORUV�GH�OD�JXHUUH�HQ�,UDN��
/D� JXHUUH� pFRQRPLTXH� HW� OD� Gp¿QLWLRQ� GH� OD�SXLVVDQFH
La SUpVHUYDWLRQ� GX� WLVVX� pFRQRPLTXH� QDWLR-QDO�HVW�XQ�REMHFWLI�SULRULWDLUH�SRXU� OHV�SD\V�TXL�sont impactés par les révolutions industrielles et
qui cherchent à en faire un élément moteur de
OHXU� SXLVVDQFH�� 'DQV� FHWWH� FRPSpWLWLRQ� PDQX-
IDFWXULqUH��O¶LQQRYDWLRQ�HVW�j�SURWpJHU�DX�PrPH�titre que l’écoulement des produits sur le mar-
FKp�LQWpULHXU��/HV�SD\V�OHV�SOXV�DYDQFpV�GDQV�OD�révolution industrielle comme la Grande-Bre-
WDJQH�DYDLW�LQWpUrW�j�SURPRXYRLU�O¶RXYHUWXUH�GHV�PDUFKpV�D¿Q�G¶H[SRUWHU�OHXUV�SURGXLWV��$X�;,;H�siècle, le débat sur le protectionnisme agita la
classe politique française16 sous le Premier Em-
pire et la Restauration. Après 1815, la Grande-
%UHWDJQH�PHW�HQ�°XYUH�XQH�VWUDWpJLH�G¶LQÀXHQFH�pour faire abaisser les barrières douanières de
OD�)UDQFH��'DYLG�7RGG17 relate la manière dont
les autorités britanniques déléguèrent un de
OHXUV� UHSUpVHQWDQWV� RI¿FLHX[�� -RKQ� %RZULQJ18,
D¿Q� GH� FUpHU� GHV� QR\DX[� G¶H[SRUWDWHXUV� SUR� libéraux dans les anciennes terres anglaises
comme le Sud-Ouest. Les États-Unis s’inspi-
UqUHQW�GX�V\VWqPH�SURWHFWLRQQLVWH�IUDQoDLV��+HQ-
U\�&DUH\�� OH�FRQVHLOOHU�pFRQRPLTXH�G¶$EUDKDP�Lincoln, convainquit ce dernier de prendre des
PHVXUHV�SURWHFWLRQQLVWHV�D¿Q�GH�OLPLWHU�O¶LPSDFW�du libre échange défendu par les Britanniques
sur le développement de l’économie américaine.
Les tarifs protecteurs oscillaient entre 50 et 100
% et furent maintenus en vigueur jusqu’au mi-
lieu du XXe siècle. Le lien entre l’économie et
la puissance apparut encore plus clairement dans
le rapport Japan 200019 publié aux États-Unis en
MXLOOHW�������FDU�LO�Gp¿QLW�XQH�QRXYHOOH�GLPHQVLRQ�de la puissance par la production de connaissances
et des technologies de l’information en complé-
PHQW�GH�OD�IRUFH�PLOLWDLUH�HW�GH�O¶LQÀXHQFH�PR-
QpWDLUH�HW�¿QDQFLqUH��'HYDQW�XQ�WHO�FKDQJHPHQW�de paradigmeles auteurs du rapport préconisent
un patriotisme économique20� D¿Q� GH� FRQWUHU�
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OHV� YHOOpLWpV� GH� FRQTXrWH� QLSSRQQH�� 6DQV�parler de guerre économique, leur raisonne-
ment s’inscrit dans une lecture des rapports
GH�IRUFH�TXL�GpSDVVHQW�OH�FDGUH�GH�O¶DQDO\VH�concurrentielle. Les années 1990 marquent
un tournant dans le non-dit sur les rapports
GH�IRUFH�pFRQRPLTXH�HQ�UDLVRQ�GH�O¶RI¿FLD-OLVDWLRQ� SDU� OH� SUpVLGHQW� %LOO� &OLQWRQ� G¶XQ�GLVFRXUV�RI¿FLHO�VXU�OD�VpFXULWp�pFRQRPLTXH��(Q� ����� HVW� FUpp� XQ� &RQVHLO� eFRQRPLTXH�1DWLRQDO�TXL� HVW� UDWWDFKp�DX�&RQVHLO�1DWLR-
nal de Sécurité. Au cours de cette décennie,
SOXVLHXUV�SD\V�FRPPH�OD�)UDQFH�HW�OD�5XVVLH�HQWDPHQW�XQH�UpÀH[LRQ�VXU�OD�VpFXULWp�pFRQR-
mique qui aboutit à des mesures concrètes
en matière de protection du patrimoine (dur-
cissement de la législation, mesures de sur-
veillance renforcée des secteurs stratégiques,
restriction des possibilités d’acquisition de
certaines entreprises positionnées dans les
secteurs industriels sensibles).
&HWWH� QRXYHOOH� IRUPH� G¶LPSOLFDWLRQ� GHV�(WDWV� GDQV� OD� SUpVHUYDWLRQ� GHV� pFRQR-PLHV�QDWLRQDOHV�D�HX�XQ� LPSDFW� VXU� OD�Gp¿-
nition de la puissance telle qu’elle était
perçue durant la guerre froide. À la course
aux armements et à la suprématie militaire
succède la volonté de contrôler les centres
de gravité de l’économie mondiale. La re-
cherche de moindre dépendance à l’égard
G¶pFRQRPLHV�GRPLQDQWHV� D� DPHQp� OD�&KLQH�j� FUpHU� XQH� ]RQH� G¶pFKDQJH� GDQV� OH� SDFL-¿TXH�SRXU�DWWpQXHU�OH�SRLGV�TX¶H[HUFHQW�OHV�États-Unis dans ses échanges. Un autre fac-
teur a joué dans cette mutation de l’expres-
sion de la puissance à savoir le coût réel des
guerres menées au cours du XXe siècle. La
guerre économique du temps de paix offre
GHV� PR\HQV� GH� FRHUFLWLRQ� HW� GH� GLVVXDVLRQ�moins coûteux. Les États-Unis ont donné
l’exemple en complétant leur panoplie de
PHVXUHV�GH�UpWRUVLRQ�FRPPH�OH�%X\�$PHUL-can Act21 instauré après la crise de 1929 . Ils
créent en 1988 la section 301 qui permet de
prendre des mesures de rétorsion à l’égard
des Etats qui recourent à des pratiques com-
PHUFLDOHV� GpOR\DOHV�� (QWUH� ����� HW� ������%LOO�&OLQWRQ�SULW�GHV�VDQFWLRQV�pFRQRPLTXHV�j�O¶pJDUG�GH����SD\V��&H�GLVSRVLWLI�HVW�UHQIRU-Fp�HQ������SDU�OD�ORL�G¶$PDWR�.HQQHG\�TXL�vise à sanctionner les Etats qui soutiennent
OH� WHUURULVPH� LQWHUQDWLRQDO�� 8Q� WHO� V\VWqPH�de sanctions a limité le volume des investis-
VHPHQWV�GLUHFWV� j� O¶pWUDQJHU� �,'(��GDQV� OHV�SD\V� FRQFHUQpV� FRPPH� /¶,UDN� GH� 6DGGDP�+XVVHLQ�RX�O¶,UDQ�
/¶LQWpJUDWLRQ�GHV�SD\V�pPHUJHQWV�j�O¶2UJDQL-VDWLRQ�0RQGLDOH�GX�&RPPHUFH�D�PRGL¿p�OD�JpRJUDSKLH�GHV�pFKDQJHV�HW�OD�FRQ¿JXUDWLRQ�des rapports de force économique. En 1999,
l’échec22 des négociations ouvertes à Seattle
GDQV�OH�FDGUH�GH�O¶2UJDQLVDWLRQ�0RQGLDOH�GX�&RPPHUFH� VRXOLJQH� OHV� OLPLWHV� GX� SURFHV-sus d’harmonisation des échanges entre les
puissances économiques dominantes (États-
8QLV��-DSRQ��(XURSH��HW�OHV�SD\V�TXL�UHYHQ-
diquent une nouvelle place sur l’échiquier
PRQGLDO��&HW�HQOLVHPHQW�WUDGXLW�XQH�IRLV�GH�SOXV�OD�PpVHQWHQWH�HQWUH�OHV�SD\V�ULFKHV�TXL�SURWqJHQW�OHXUV�LQWpUrWV�DJULFROHV�HW�OHV�SD\V�pauvres qui cherchent à les développer.
/HV� WHQVLRQV� DXWRXU� GX� SpWUROH�� GX� JD]�� GH�l’eau et des matières premières légitiment de
plus en plus l’action indirecte des Etats dans
les mécanismes de marché. L’Afrique est
à cet égard un continent test des nouvelles
formes de rivalités économiques. La politi-
TXH�WUqV�FRQTXpUDQWH�GH�OD�&KLQH�QH�IDLW�SDV�que bouger les lignes de la coopération fran-
co-africaine, elle commence à perturber les
GLSORPDWLHV� pFRQRPLTXHV� GH� FHUWDLQV� SD\V�pPHUJHQWV��&HWWH�FRPSpWLWLRQ�HVW�LQpJDOH��FDU�elle est menée sous des angles différents par
les acteurs concernés. Les entreprises chinoi-
ses se positionnent sur le continent africain
dans le cadre d’une politique de puissance. La
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France se débat encore dans les retombées
de la décolonisation et n’a pas inventé de
nouveau modèle de préservation de ses inté-
UrWV�GH�SXLVVDQFH�VXU�FH�FRQWLQHQW��4XDQW�DX[�SD\V�pPHUJHQWV�� LOV�SUHQQHQW�FH�TX¶LOV�SHX-
vent de l’aide chinoise tout en initiant des
GpPDUFKHV� G¶LQWHOOLJHQFH� pFRQRPLTXH� D¿Q�GH�QH�SDV�rWUH�YLFWLPH�G¶XQ�QRXYHDX�W\SH�GH�colonisation économique.
/HV�FRQIURQWDWLRQV�¿QDQFLqUHV�HW�OHXUV�LQ-FLGHQFHV�VXU�OHV�MHX[�GH�SXLVVDQFe
/D�¿Q� GX�;;H� VLqFOH� D�PLV� HQ� H[HUJXH� OHV�contradictions entre le capitalisme industriel
HW� OH� FDSLWDOLVPH� ¿QDQFLHU�� $X[� DIIURQWH-ments économiques suscités par les échanges
V¶DMRXWHQW�SOXVLHXUV�W\SHV�GH�FRQÀLWV�TXH�OHV�médias restituent sous des appellations agres-
sives : la guerre des monnaies résultant de la
différence de parité entre le dollar et l’euro,
la guerre des bourses entre les principales
SODFHV� ¿QDQFLqUHV�� OD� JXHUUH� GHV� EXGJHWV�consécutive à la crise et à l’endettement des
(WDWV��/HV� FULVHV�¿QDQFLqUHV� �FULVH� DVLDWLTXH�de 1997, crise des subprimes23 de 2008) ont
UpYpOp�G¶DXWUHV�W\SHV�GH�UDSSRUWV�GH�IRUFH�Gp-coulant de l’importance prise par le volume
GHV�ÀX[�¿QDQFLHUV�GDQV�O¶pFRQRPLH�PRQGLDOH�et leur vitesse de circulation entre les Amé-
riques, l’Europe et l’Asie. Les mouvements
de rapprochement entre les bourses ne s’ex-
pliquent pas seulement par le jeu des fusions
HW�DFTXLVLWLRQV��PDLV�DXVVL�SDU�OHV�YHUURXV�¿-
nanciers que cherchent à constituer les puis-
sances dominantes comme les États-Unis, ou
à préserver comme c’est le cas de la Grande-
%UHWDJQH� DYHF� OD� &LW\�� $IIDLEOLH� SDU� VRQ�manque d’autonomie stratégique, l’Union
Européenne se heurte aux positons contradic-
toires de certains Etats. La mésentente entre les
dirigeants des Bourses française et allemande
qui n’ont pas pu fusionner par faute d’un en-
JDJHPHQW�GHV�SROLWLTXHV�GHV�GHX[�SD\V��D�IDLW
échouer la constitution d’une bourse euro-
péenne. Les stratégies offensives sur le ter-
rain de la Bourse s’articulent de plus en plus
DXWRXU�GH�OD�¿QDQFH�RIIVKRUH�TXL�pFKDSSH�DX�contrôle des bourses réglementées. Les Dark pools24 permettent des spéculations large-
ment utilisées dans des opérations d’Offre
3XEOLF� G¶$FKDW� HW� GDQV� GHV� PDQ°XYUHV� GH�distorsion de concurrence par sociétés-écran
interposées.
La recherche de l’avantage est le centre de
JUDYLWp� GHV� DIIURQWHPHQWV� PRQpWDLUHV�� &HU-WDLQV� SD\V� IRQW� HQ� VRUWH� TXH� OHXU� PRQQDLH�baisse pour donner un avantage compéti-
WLI� j� OHXUV� SURGXLWV�� &RPPH� OD� PRLWLp� GHV�échanges se fait en dollars, la spéculation
sur l’euro interfère sur la balance commer-
FLDOH�GHV�SD\V�GH�OD�]RQH�HXUR��'HV�QRXYHDX[�HQWUDQWV�FRPPH�OD�&KLQH�EpQp¿FLHQW�GH�FHWWH�situation, car leur monnaie, le Yuan, est
sous-évaluée et arrimée au cours du dollar.
Les dévaluations compétitives décidées par
la Grande-Bretagne et la Suède s’inscrivent
dans la panoplie des méthodes pour contre-
balancer les effets de la crise et conser-
YHU� XQH�PDUJH� GH�PDQ°XYUH� HQ� WHUPHV� GH�compétitivité. Les polémiques monétaires
prennent une dimension nouvelle en raison
des tensions apparues en février 2010 entre
OHV� eWDWV�8QLV� HW� OD� &KLQH�� 'DQV� OH� PrPH�ordre d’idées, la déstabilisation des places
boursières à cause des doutes sur les capa-
cités de remboursement du Portugal et de la
Grèce a soulevé des interrogations sur des
PDQ°XYUHV�GLOLJHQWpHV�SDU�FHUWDLQV�PDUFKpV�¿QDQFLHUV�FRQWUH�GHV�(WDWV�/HV� FRQIURQWDWLRQV� ¿QDQFLqUHV� V¶H[SULPHQW�de plus en plus par le biais des rXPHXUV�Pp-GLDWLTXHV et des DWWDTXHV�LQIRUPDWLRQQHOOHV sur Internet. La recherche de la baisse d’une
action d’une entreprise cotée est l’objectif
recherché par les initiateurs de telles démar
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�3UpVLGHQW�%HUQDUG�&DUD\RQ��GpSXWp��803��GX�7DUQ�9LFH�3UpVLGHQW�-HDQ�0LFKHO�%RXFKHURQ��GpSXWp��36��G¶,OOH�HW�9LODLQH����
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ches offensives. La multiplication des actes de
FRQFXUUHQFH�GpOR\DOH�SRVH�OH�SUREOqPH�G¶XQH�Gp¿QLWLRQ� G¶XQH�PRUDOH� pFRQRPLTXH� TXL� HVW�SRXU� O¶LQVWDQW� OLPLWpH�j� OD�&RQYHQWLRQ�VXU� OD�lutte contre la corruption d’agents publics
étrangers dans les transactions commerciales
internationales initiée par l’Organisation de
&RRSpUDWLRQ�HW�'pYHORSSHPHQW�(FRQRPLTXH��2&'(��HQ�������/HV�HIIRUWV�HQWUHSULV�GDQV�OD�conformité25 par les groupes industriels inter-
nationaux constituent une nouvelle étape dans
la recherche d’un assainissement des pra-
WLTXHV�¿QDQFLqUHV�GDQV�OH�PRQGH�pFRQRPLTXH��&HWWH�WHQWDWLYH�GH�PRUDOLVDWLRQ�GHV�DIIDLUHV�HVW�un processus qui reste encore très imparfait.
8Q� FHUWDLQ� QRPEUH� GH� ¿UPHV� UHYHQGLTXHQW�cette politique de conformité tout en contour-
QDQW�K\SRFULWHPHQW�OHV�UqJOHV�D¿Q�GH�FRQVHU-ver un avantage décisif dans leur recherche de
contrat dans les économies émergentes.
1 Hervé Kirsch, La France en guerre économique, Vuibert, 2008.2 Jean-Marc Huissoud et Frédéric Munier, La guerre économique, collection Major, PUF, 2009.3 Bernard Esambert, La guerre économique mondiale, Olivier Orban, 1991.4 Christian Harbulot, La machine de guerre économique, Economica, 1992.5 François-Bernard Huyghe, L ‘Ennemi à l’ère numérique, Chaos, Information, 'RPLQDWLRQ��3�8�)���FROOHFWLRQ�'pIHQVH�HW�Gp¿V�QRXYHDX[�������6 Fabrice Mazerolle, Histoire des faits et des idées économiques, Gaulino, éditions Gualino, 2006.7 Dominique Farale, De Gengis Kahn à Qoubilai, Economica, 2006.8 Pierre Grandet, Les pharaons du nouvel empire : une pensée stratégique, éditions du rocher, 2008.9�&ODXGH�0HLOODVVRX[��$QWKURSRORJLH� GH� O¶HVFODYDJH�� OH� YHQWUH� GH� IHU� HW� G¶DUJHQW��PUF, 1986. 10 Le mercantilisme prévaut en Europe entre le XVIe siècle et le milieu du XVIIIe siècle.11�&RQWU{OHXU�JpQpUDO�GHV�¿QDQFHV�GH�/RXLV�;,9�12 Traité de Tordesillas (1494).13 La « politique de la canonnière » consistait à canonner les côtes des pays débiteurs TXL�QH�V¶DFTXLWWDLHQW�SDV�GH�OHXUV�GHWWHV�¿QDQFLqUHV��(OOH�D�pWp�DEROLH�SDU�OD�FRQYHQ-tion Drago-Porter en 1907.14 La première guerre de l’opium (1839 à 1842) opposa la Chine au Royaume-Uni. La seconde guerre de l’opium (1856 à 1860) opposa à la Chine une coalition compo-sée du Royaume-Uni, de la France, des États-Unis et de la Russie.15 Nom donné à la Mandchourie sous la domination japonaise (1932-1945).16�-HDQ�$QWRLQH�&KDSWDO��'H�O¶LQGXVWULH�IUDQoDLVH��/LEUDLULH�%HQRvW�)RUJHRW��������17 David Todd, L’identité économique de la France, Grasset, 2008.18�3RXU�SURPRXYRLU�OH�IUHH�7UDGH��-RKQ�%RZULQJ�¿W�SXEOLHU�GHV�GL]DLQHV�G¶DUWLFOHV�GDQV� OHV� MRXUQDX[� IUDQoDLV��$SUqV� VD�PLVVLRQ�HQ�)UDQFH�� LO� fut ensuite affecté en Chine où il fut 1856 l’un des instigateurs du bombardement de la ville de Canton par les forces britanniques dans le cadre de la guerre de l’opium. 19�&H�UDSSRUW�IXW�FRPPDQGLWp�SDU�OD�&HQWUDO�,QWHOOLJHQFH�$JHQF\��6HV�DXWHXUV�VRQW�des personnalités connues du monde des affaires, des universités et des institutions américaines. 20 Eric Delbecque, Quel patriotisme économique, PUF, 2008.21�/H�%X\�$PHULFDQ�$FW�HVW�XQH�PHVXUH�SURWHFWLRQQLVWH�TXL�REOLJH�O¶DGPLQLVWUDWLRQ�DPpULFDLQH�j�DFKHWHU�GHV�SURGXLWV�IDEULTXpV�DX[�eWDWV�8QLV�22 Initié en 2001, le cycle de négociations de Doha a échoué à cause de l’absence d’accord entre les Etats. Lancé en novembre 2001, le programme de Doha pour OH�GpYHORSSHPHQW�DYDLW�SRXU�REMHFWLI�GH�OLEpUDOLVHU�OHV�pFKDQJHV�LQWHUQDWLRQDX[�HQ�réduisant les subventions agricoles ainsi que les droits de douane sur les produits agricoles et industriels. 23 Cette crise résulte du non remboursement des prêts immobiliers (hypothécaires) à ULVTXH�DX[�(WDWV�8QLV�24 Une dark pool est une entité indépendante des banques et se présente come une SODWHIRUPH�DOWHUQDWLYH�DX[�PDUFKpV�ERXUVLHUV� FODVVLTXHV��2Q�\�pFKDQJH�GHV� WLWUHV�sans que leur valeur ne soit affectée par les effets de l’offre et de la demande.25 La conformité (compliance) se traduit par des dispositions législatives et réglemen-WDLUHV�D¿Q�GH�UHQIRUFHU�OD�GpRQWRORJLH�GHV�¿UPHV�HQ�PDWLqUH�¿QDQFLqUH�HW�O¶pWKLTXH�professionnelle de leurs employés.
La procédure dite de discovery
Alors que la procédure judiciaire de disco-very oblige chaque partie à divulguer toute
information susceptible de faciliter l’éta-
blissement de preuves, qu’en est-il du se-
FUHW�GHV�DIIDLUHV�"�'HV�YRL[�V¶pOqYHQW�FRQWUH�cette arme encore méconnue de la guerre
pFRQRPLTXH�� 3HWLW� WRXU� G¶KRUL]RQ� GHV� Up-SRQVHV�MXULGLTXHV�HW�GH�OHXU�HI¿FDFLWp«
&RQVLGpUpH� FRPPH� pOpPHQW� LQGLVSHQVDEOH�à la recherche de preuves, la procédure dite
de discovery est une phase d’investigation
ou d’instruction préalable au procès civil
RX�FRPPHUFLDO��TXDVL�V\VWpPDWLTXH�GDQV�OHV�SD\V�GH�&RPPRQ�/DZ��j�O¶LQVWDU�GHV�eWDWV�Unis.
Pourtant, elle fait l’objet de vives critiques
GDQV�OHV�SD\V�GH�WUDGLWLRQ�FLYLOLVWH��HW�QRWDP-
ment en France, pour les excès auxquels elle
a pu donner lieu à l’égard des entreprises
HXURSpHQQHV�¿OLDOHV�GH�VRFLpWpV�DPpULFDLQHV��ou qui ont une activité outre-Atlantique.
'LVFRYHU\�HW�©�¿VKLQJ�H[SHGLWLRQ�ª
La procédure de discovery trouve son ori-
gine dans la volonté de délimiter l’objet du
litige, de multiplier les sources d’éléments de
preuves, de réduire les coûts et d’accélérer la
résolution des litiges. S’est ainsi développée
OD�SUDWLTXH�GH�©�¿VKLQJ�H[SHGLWLRQ�ª��&HSHQ-
dant, les phases de cette procédure s’avèrent
lourdes et coûteuses. Plus la demande de
discovery est vague et générale, moins les
éléments de preuves recherchés sont liés à
O¶REMHW�GX�OLWLJH��&HOD�DXJPHQWH�OH�ULVTXH�GH�demandes d’éléments d’informations sen-
sibles à caractère stratégique pour l’autre
partie (procédés de fabrication, savoir-faire,
¿FKLHUV� FRPPHUFLDX[��� YRLUH� XQH� DWWHLQWH� j�O¶LQWpUrW�pFRQRPLTXH�QDWLRQDO�DGYHUVH�
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'HV� GLVSRVLWLRQV� OpJDOHV� LQWHUQDWLRQDOHV�protectrices…
(Q�������OD�&RQYHQWLRQ�GH�/D�+D\H�HXW�SRXU�objectif d’organiser la communication entre
États de preuves situées à l’étranger dans le
cadre d’une procédure judiciaire nationale.
L’autorité judiciaire d’un État peut deman-
der, par commission rogatoire, à l’autorité
compétente d’un autre État de faire, notam-
ment, tout acte d’instruction1. L’État requis
examinera l’existence avérée d’un lien pré-
cis et direct avec l’objet du litige, et les docu-
PHQWV�VROOLFLWpV�GHYURQW�rWUH� OLPLWDWLYHPHQW�énumérés dans la commission rogatoire.
/H�SULQFLSH�GH�©�IRUXP�QRQ�FRQYHQLHQV�ª�HVW�DXVVL�XQ�PR\HQ�GH�GpIHQVH��GDQV�OHV�SD\V�GH�&RPPRQ�/DZ���SDU� OHTXHO� OH� WULEXQDO�FRP-
SpWHQW� UHIXVH� GH� FRQQDvWUH� XQH� DIIDLUH�� DX�motif qu’un for alternatif serait plus appro-
SULp�SRXU�OD�WUDLWHU�SOXV�HI¿FDFHPHQW�HW�SOXV�commodément. La partie étrangère deman-
GHUHVVH� SRXUUDLW� DLQVL� EpQp¿FLHU� GHV� UqJOHV�protectrices nationales et européennes en
matière d’obtention de preuves, et donc en
matière de protection du secret des affaires
et des droits de la défense. La procédure de
discovery serait alors écartée.
Au sein de l’Union Européenne, cette pro-
cédure de discovery se heurte à la protection
des données à caractère personnel. Ainsi,
DX�YLVD�GH�O¶DUWLFOH���GH�OD�&KDUWH�GHV�GURLWV�fondamentaux de l’UE et de l’article 8 de
OD�&RQYHQWLRQ�GH�6DXYHJDUGH�GHV�'URLWV�GH�O¶+RPPH�HW�GHV�/LEHUWpV�)RQGDPHQWDOHV��©�OD�protection des données à caractère personnel
a une vocation universelle et elle a été éri-
gée au rang de liberté fondamentale »2��&H�régime est harmonisé au niveau européen
depuis la transposition en droit national de la
'LUHFWLYH�HXURSpHQQH�GX�3DUOHPHQW�HXURSpHQ�HW� GX�&RQVHLO�� GX����RFWREUH������� UHODWLYH�j� ©� OD� SURWHFWLRQ� GHV� SHUVRQQHV� SK\VLTXHV
à l’égard du traitement des données à carac-
tère personnel et à la libre circulation de ces
GRQQpHV�ª��3RXU�VH�SUpPXQLU�FRQWUH�FH�W\SH�G¶LQWUXVLRQ��OD�&RPPLVVLRQ�QDWLRQDOH�GH�O¶LQ-
IRUPDWLTXH�HW�GHV�OLEHUWpV��&1,/��OH����MXLOOHW�2009, et le G293 le 11 février 2009 ont encore
rappelé les dispositions relatives aux droits
d’information et d’opposition des personnes
concernées, et à la proportionnalité du trai-
tement des données hors Union Européenne.
«�FRQWRXUQpHV�SDU�OHV�MXJHV�DPpULFDLQV��
Le juge américain applique pourtant rare-
PHQW� OHV� GLVSRVLWLRQV� GH� OD� &RQYHQWLRQ� GH�/D�+D\H��DX�EpQp¿FH�GH�OD�SURFpGXUH�GH�dis-covery��&HWWH�GpULYH�WURXYH�VRQ�RULJLQH�GDQV�O¶DUWLFOH� ��� GH� OD� &RQYHQWLRQ� �� ©� WRXW� eWDW�(dans lequel la procédure de Discovery est en
vigueur) contractant peut […] déclarer qu’il
n’exécute pas les commissions rogatoires
qui ont pour objet une procédure connue
>«@�VRXV�OH�QRP�GH�©�pre-trial discovery of document » »4��2U��OHV�eWDWV�8QLV�EpQp¿FLHQW�de cette réserve.
/D�&RXU�VXSUrPH�DPpULFDLQH��HQ�������V¶HVW�prononcée en matière d’obtention de preuves
à l’étranger, dans l’affaire Aérospatiale5. Elle
a considéré qu’en cette matière, le recours à la
&RQYHQWLRQ�GH�/D�+D\H�Q¶HVW�TX¶XQH�RSWLRQ��Or les sanctions prévues en cas de violation
GH�O¶DUWLFOH���&RQYHQWLRQ�GH�/D�+D\H�VRQW�SHX�dissuasives6. Le juge américain ne s’en pré-
occupe pas et applique la procédure de dis-covery�HQ�YHUWX�GHV�ORLV�IpGpUDOHV��'qV�ORUV��OD�&RQYHQWLRQ�GH�/D�+D\H�DSSDUDvW�LQXWLOH�HW�sans impact sur la procédure judiciaire améri-
caine d’obtention de preuves à l’étranger.
6¶RSSRVHU�j� OD�PLVH� HQ�°XYUH�GH� OD�SUR-FpGXUH�GH�Discovery GHPHXUH�HQ�SUDWLTXH�GLI¿FLOH�HW�GDQJHUHX[�Les sanctions encourues7 sont dissuasives :
jugement défavorable, sanctions pécuniaires
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contre celui qui refuserait de se soumettre à
la procédure, poursuites pour obstruction qui
FRQVWLWXHQW� XQH� LQIUDFWLRQ� SpQDOH�� (Q¿Q�� OH�refus d’exécuter une procédure de discovery
SHXW�rWUH�VXLYL�GH�PHQDFHV�GH�VH�YRLU�LQWHU-dire toute activité sur le territoire de l’État
d’origine de la procédure judiciaire, et de
pertes importantes de marché8.
/H�UHFRXUV�©�RSWLRQQHO�ª�j�OD�&RQYHQWLRQ�GH�/D�+D\H�UHSRVH�VXU�OD�PLVH�HQ�©�EDODQFH�GHV�LQWpUrWV�HQ�SUpVHQFH�ª��RX�©�EDODQFLQJ�WHVW�ª���Le juge américain appréciera subjectivement
les facteurs très imprécis retenus pour déter-
PLQHU�OD�SDUWLH�TXL�D�OH�SOXV�G¶LQWpUrW�j�UHP-
porter le litige. Il mettra en balance, d’une
SDUW�O¶LQWpUrW�GX�GHPDQGHXU�j�REWHQLU�OHV�GR-
cuments en cause (en se fondant par exemple
sur l’importance de ces derniers quant à la
résolution du litige), et d’autre part les droits
GH�OD�GpIHQVH�HW�O¶LQWpUrW�QDWLRQDO�GH�O¶eWDW�GX�défendeur étranger à ne pas communiquer
FHV�GRFXPHQWV��/H�GpIHQGHXU�SRXUUD�©�UpVLV-WHU�ª�j�OD�PLVH�HQ�°XYUH�GH�OD�SURFpGXUH�GH�GLVFRYHU\��V¶LO�DSSRUWH�OD�SUHXYH�GH�GLI¿FXO-WpV� VXI¿VDQWHV� FDXVpHV� SDU� OD� SURFpGXUH�� HW�qu’il refuse d’obtempérer de bonne foi9.
'HV� ORLV� GH� EORFDJH� QDWLRQDOHV� DX[� HIIHWV�OLPLWpV�
&HUWDLQV� eWDWV� HXURSpHQV�� j� O¶LQVWDU� GH� OD�)UDQFH�� GLVSRVHQW� G¶XQH� ORL� �©� EORFNLQJ�VWDWXWH� ª�� OLPLWDQW� OD�PLVH� HQ�°XYUH� G¶XQH�procédure de discovery sur le territoire de
cet État. En France, la loi de 198010 a pour
REMHW�G¶HPSrFKHU�OD�FRPPXQLFDWLRQ�G¶LQIRU-mations pouvant s’avérer stratégiques pour
l’entreprise victime de cette procédure, et
VXUWRXW� O¶LQWpUrW� GH� O¶eWDW�� &HSHQGDQW�� VL� OH�juge américain exclut la possibilité pour la
partie étrangère d’obtenir l’application de
OD� &RQYHQWLRQ� HQ� PDWLqUH� G¶REWHQWLRQ� GH�SUHXYHV�j�O¶pWUDQJHU��FHOD�H[FOXW�GX�PrPH
fait la possibilité pour elle d’obtenir l’appli-
cation d’une loi nationale de blocage (direc-
WHPHQW�OLpH�j�OD�&RQYHQWLRQ���$ORUV�TXH�FHWWH�loi de blocage, qui menace de sanctions pé-
QDOHV�FHOXL�TXL�UHIXVH�GH�V¶\�VRXPHWWUH��pWDLW�rarement invoquée et tombait en désuétude,
OD�&RXU�GH�FDVVDWLRQ� IUDQoDLVH� O¶D� UHPLV�HQ�OXPLqUH� HQ������� HQ� LQÀLJHDQW�XQH�DPHQGH�pour violation de la loi de blocage11. Néan-
PRLQV�� OD�&RXU�GH�FDVVDWLRQ�Q¶D�SDV�GpFLGp�G¶HQ� IDLUH� XQ� DUUrW� GH� SULQFLSH�� 6L� OD� &RXU�pWDLW� DPHQpH� j� FRQ¿UPHU� VD� SRVLWLRQ�� FHOD�aurait probablement un impact sur la mise
HQ�°XYUH�GH�OD�SURFpGXUH�GH�discovery par le
juge américain.
8QH�YRORQWp�SXEOLTXH�LQGLVSHQVDEOH��
Une telle évolution impliquerait, sans doute
aussi, que la France et l’Europe illustrent
davantage leur volonté de protéger leurs
LQWpUrWV� pFRQRPLTXHV�� QRWDPPHQW� GDQV� OHV�VHFWHXUV� VWUDWpJLTXHV� WHOV�TXH�Gp¿QLV�HQ� LQ-
telligence économique, en se dotant d’une
institution comme l’Uniform Trade Secrets
Act, et d’une réglementation particulière,
protectrice du secret des affaires.
7�&����(*(���8/%1 Convention sur l’obtention de preuves à l’étranger en matière civile ou commer-ciale, n° 0.274.132, conclue à La Haye le 18 mars 1970, article 2.2 &pGULF�%85721�HW�2OLYLHU�352867��©�OH�FRQÀLW�GH�GURLWV�HQWUH�OHV�UqJOHV�DPpUL-caines de e-discovery et le droit européen de la protection des données à caractère personnel… entre le marteau et l’enclume », RLDI 2009/46 n° 1531, p.80-81.3 Le G29 est le Comité consultatif des autorités nationales des États membres de l’Union Européenne en charge de la protection des données à caractère personnel.4�$UWLFOH�������HW����GH�OD�&RQYHQWLRQ�VXU�O¶REWHQWLRQ�GH�SUHXYHV�j�O¶pWUDQJHU�HQ�matière civile ou commerciale, n° 0.274.132, conclue à La Haye le 18 mars 1970.5�&RXU�VXSUrPH�DPpULFDLQH� �8�6��6XSUHPH�&RXUW���$IIDLUH�6RFLpWp�1DWLRQDOH� ,Q-GXVWULHOOH�$pURVSDWLDOH�F��8QLWHG�6WDWHV�'LVWULFW�&RXUW�IRU�WKH�6RXWKHUQ�'LVWULFW�RI�,RZD�����MXLQ�������1R�����������S������8�6��������'DQV�FHWWH�DIIDLUH��OD�UHVSRQVD-ELOLWp�G¶$pURVSDWLDOH��IDEULFDQW�G¶DYLRQV�IUDQoDLV��pWDLW�HQJDJpH�j�O¶RFFDVLRQ�G¶XQ�accident impliquant l’un de ses appareils dans l’État de l’Iowa.6�$UWLFOH� �� GH� OD�&RQYHQWLRQ� VXU� O¶REWHQWLRQ�GH�SUHXYHV� j� O¶pWUDQJHU� HQ�PDWLqUH�FLYLOH�RX�FRPPHUFLDOH��Q�������������FRQFOXH�j�/D�+D\H�OH����PDUV��������©�6L�O¶$XWRULWp�FHQWUDOH�HVWLPH�TXH�OHV�GLVSRVLWLRQV�GH�OD�&RQYHQWLRQ�Q¶RQW�SDV�pWp�UHV-pectées, elle en informe immédiatement l’autorité de l’État requérant qui lui a transmis la commission rogatoire, en précisant les griefs articulés à l’encontre de la demande ».7 Rule 37 Federal Rules of Civil Procedure, Code Fédéral américain de Procédure Civile, Chapitre V, règle 37, http://www.law.cornell.edu/rules/frcp/Rule37.htm, dernière consultation le 16 février.8�6HUYLFH�GH�FRRUGLQDWLRQ�j�O¶LQWHOOLJHQFH�pFRQRPLTXH��©�3URWHFWLRQ�GHV�GRFXPHQWV�et renseignements d’ordre économique », juin 2009, par. 1,9�&RXU�G¶DSSHO�DPpULFDLQH�GX�6HFRQG�&LUFXLW��8�6��&RXUW�RI�$SSHDOV�IRU�WKH�6HFRQG�&LUFXLW���)LUVW�$PHULFDQ�&RUS��F��3ULFH�:DWHU�+RXVH�//3������)���G������QG�&LU��1998.10 Cour de cassation (française), criminelle, Chambre criminelle, 12 décembre 2007, n° 07-83.228, SXEOLp�DX�EXOOHWLQ���H�HW��H�DWWHQGXV��WH[WH�VXU���http://www.legifrance.gouv.fr/affichJuriJudi.do?old$FWLRQ UHFK-XUL-XGLLG7H[WH -85,7(;7������������IDVW5HT,G ����������IDVW3RV �
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Election d’Alain Juillet à la Présidence du CDSE (Club des Directeurs de Sécurité des Entreprises).
Elu en Assemblée
Générale, Alain
Juillet succède à
)UDQoRLV� 5RXVVHO\�pour un mandat de
WURLV�DQV�j�OD�WrWH�GX�&'6(��
Agé de 69 ans, $ODLQ�-XLOOHW a dirigé de nom-
breuses entreprises francaises et étrangères
DYDQW�G¶rWUH�QRPPp�'LUHFWHXU�GH� OD�'*6(�de 2002 à 2003. Il a ensuite occupé jusqu’en
����� OHV� IRQFWLRQV� GH� +DXW� UHVSRQVDEOH� j�O¶LQWHOOLJHQFH�pFRQRPLTXH��DX�6*'1���,O�LQ-
WqJUH�HQVXLWH�OH�FDELQHW�G¶DYRFDWV�255,&.�HQ�TXDOLWp�GH�&RQVHLOOHU�VpQLRU��,O�HVW�pOHYp�DX�JUDGH�GH�&RPPDQGHXU�GH�OD�/pJLRQ�G¶KRQ-
neur le 14 juillet 2009.
'HSXLV� OH� �HU� MDQYLHU� ������ $ODLQ� -XLOOHW�est Président de l’Académie d’Intelligence
Economique. Il est notamment l’initiateur
du Référentiel de formation à l’intelligence
économique. Il préside également la compa-
JQLH�2SpUD�(FODWp�HW�OH�IHVWLYDO�G¶DUW�O\ULTXH�GH�6DLQW�&pUp��/RW��
01 44 70 70 85
https://www.cdse.fr/
Les robes noires dans la guerre écono-mique :
Guerre dans les prétoires : pour gagner des
parts de marchés, affaiblir un concurrent, ré-
sister à la pression des ONG, les entreprises
n’hésitent plus à recourir à l’arme du procès.
(QTXrWH� GDQV� OHV� SUpWRLUHV� ELHQ� V�U�� 0DLV�aussi auprès de tous ceux qui prennent part à
ces affrontements économiques où tensions
HW�DJUHVVLYLWp�QH�FHVVHQW�GH�FURvWUH�
7KLEDXOW�GX�0DQRLU�GH�-XD\H est avocat à
OD�&RXU��,O�D�SXEOLp�SOXVLHXUV�RXYUDJHV�VXU�OH�droit de l’intelligence économique. Ancien
DXGLWHXU� GH� O¶,+(6-� �,QVWLWXW� GHV� +DXWHV�Études de la Sécurité et de la Justice) et de
O¶,+('1��,QVWLWXW�GHV�+DXWHV�eWXGHV�GH�'p-fense Nationale, session intelligence écono-
PLTXH���LO�HVW�PHPEUH�GX�&ROOqJH�SHUPDQHQW�de l’Académie de l’intelligence économique.
&ROOHFWLRQ�©�/HV�HQTXrWHXUV�DVVRFLpV�ª�GLUL-JpH�SDU�5RJHU�)DOLJRW�HW�5pPL�.DXIIHU
En librairie le 20 mai
ISBN : 978-2-84736-601-3
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