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GROUPE VENDEEN D'ETUDES PREHISTORIQUES, N°I0, 1983 LA MISE EN OEUVRE DU VERRE ET SES ORIGINES par Michel RIFFÉ Nul ne peut dire qui a inventé le verre. Son industrie, comme celle des émaux est plusieurs fois millénaire. Les Egyptiens maîtrisaient bien cette technique. On en a la preuve par l'existence de colliers en pâte de verre trouvés dans certains tombeaux et aussi par les fresques de Beni-Hassah, près de Thébes(l). Ces fresques nous montrent, entre autres, toutes les phases du soufflage du verre : des ouvriers assis cueillent le verre fondu dans un pot avec une canne creuse et soufflent avec la bouche pour former un vase. Mais avec les Egyptiens, on est déjà dans une phase de production d'objets bien élaborés. Avant eux, on savait déjà réaliser quelques modestes perles en pâte de verre. Comment s'y prenait-on? Pour tenter d'y répondre, nous allons voir d'un peu plus près ce qu'est un verre, et voir qu'il demande une maîtrise du feu déjà bien sérieuse. Pour le scientifique, le verre est une substance amorphe présentant un état solide transparent, translucide ou opaque, sonore doué d'une cassure brillante, caractéristique, d'où cet aspect connu sous le nom d'éclat vitreux. Ce qui distingue le verre des autres matériaux solides, c'est son absence de structure cristalline: si on étudie la structure des roches, on s'aperçoit que les molécules et atomes ne sont pas disposés n'importe comment, au contraire sont rangés pour former des réseaux appelés cristallins de formes cubiques, tétraédriques, rhomboédriques, etc •.. jusqu'à former parfois ces merveilleux cristaux que l'on rencontre dans la nature et qui sont le résultat de l'alignement parfait de milliards de molécules ou atomes (cristal de roche •.• etc). Mais avec le verre, il n'y a pas d'organisation de ce genre; les molécules sont disposées en vrac, d'une manière désordonnée comme dans un liquide. On dit parfois que le verre est un liquide surfondu c'est-à-dire que l'on a maintenu à l'état solide la structure d'un liquide. Une des conséquences et l'absence de fusion franche. Avec un cristal ou un métal (qui est formé de la justaposition de cristaux) il existe une température de fusion, l'on passe brusquement de l'état solide à l'état liquide. Alors pour faire du verre que faut-il ? Eh bien, il suffit de broyer finement certaines roches, de les mélanger dans de bonnes proportions et de faire fondre le tout dans un creuset. Le chimiste nous dira que l'on retrouve presque toujours les mêmes constituants, qui sont des oxydes minéraux. Par exemple : il faut : de l'oxyde de silicium SI02 (silice) oxyde de sodium Na 2 0 oxyde de calcium Ca 0 (chaux) oxyde d'aluminium Al2 0 3 (alumine) De nombreux autres oxydes sont utilisés, mais généralement en très petites quantités pour donner au verre des propriétés particulières (colorations,

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GROUPE VENDEEN D'ETUDES PREHISTORIQUES, N°I0, 1983

LA MISE EN ŒUVRE DU VERRE

ET SES ORIGINES

par Michel RIFFÉ

Nul ne peut dire qui a inventé le verre. Son industrie, comme celle des émaux est plusieurs fois millénaire. Les Egyptiens maîtrisaient bien cette technique. On en a la preuve par l'existence de colliers en pâte de verre trouvés dans certains tombeaux et aussi par les fresques de Beni-Hassah, près de Thébes(l). Ces fresques nous montrent, entre autres, toutes les phases du soufflage du verre : des ouvriers assis cueillent le verre fondu dans un pot avec une canne creuse et soufflent avec la bouche pour former un vase. Mais avec les Egyptiens, on est déjà dans une phase de production d'objets bien élaborés. Avant eux, on savait déjà réaliser quelques modestes perles en pâte de verre. Comment s'y prenait-on? Pour tenter d'y répondre, nous allons voir d'un peu plus près ce qu'est un verre, et voir qu'il demande une maîtrise du feu déjà bien sérieuse.

Pour le scientifique, le verre est une substance amorphe présentant un état solide transparent, translucide ou opaque, sonore doué d'une cassure brillante, caractéristique, d'où cet aspect connu sous le nom d'éclat vitreux. Ce qui distingue le verre des autres matériaux solides, c'est son absence de structure cristalline: si on étudie la structure des roches, on s'aperçoit que les molécules et atomes ne sont pas disposés n'importe comment, ~ais au contraire sont rangés pour former des réseaux appelés rés~aux cristallins de formes cubiques, tétraédriques, rhomboédriques, etc •.. jusqu'à former parfois ces merveilleux cristaux que l'on rencontre dans la nature et qui sont le résultat de l'alignement parfait de milliards de molécules ou atomes (cristal de roche •.• etc). Mais avec le verre, il n'y a pas d'organisation de ce genre; les molécules sont disposées en vrac, d'une manière désordonnée comme dans un liquide. On dit parfois que le verre est un liquide surfondu c'est-à-dire que l'on a maintenu à l'état solide la structure d'un liquide. Une des conséquences et l'absence de fusion franche. Avec un cristal ou un métal (qui est formé de la justaposition de cristaux) il existe une température de fusion, où l'on passe brusquement de l'état solide à l'état liquide.

Alors pour faire du verre que faut-il ? Eh bien, il suffit de broyer finement certaines roches, de les mélanger dans de bonnes proportions et de faire fondre le tout dans un creuset. Le chimiste nous dira que l'on retrouve presque toujours les mêmes constituants, qui sont des oxydes minéraux. Par exemple : il faut : de l'oxyde de silicium SI02 (silice)

oxyde de sodium Na 2 0 oxyde de calcium Ca 0 (chaux) oxyde d'aluminium Al2 03 (alumine)

De nombreux autres oxydes sont utilisés, mais généralement en très petites quantités pour donner au verre des propriétés particulières (colorations,

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propriété optiques, dilatation, etc ... ).

Voyons comment on peut trouver tous ces constituants dans la nature: l'oxyde de beaucoup le plus important pour faire du verre est la silice Si02 • C'est un des éléments les plus abondants de la nature, et sous une forme des plus facilement exploitable : le sable. Mais certains sables contiennent des impu­retés gênantes; principalement les oxydes de fer, tandis que certains gise­ments sont très purs en silice. Les plus beaux sables français sont situés près de NEMOURS et sont souvent appelés "sables de FONTAINEBLEAU".

L'alumine Al203 existe également d'une manière très abondante dans la nature: dans les roches éruptives ou volcaniques, sous forme de silicates plus ou moins complexes dans les bauxites. Les roches naturelles riches en alumine possèdent souvent une quantité d'oxydes de fer assez importante, ce qui a conduit en bouteillerie, à la fabrication de verre colorés.

Les oxydes de sodium Na20 et potassium K20 sont les "fondants" les plus actifs. On trouve le premier sous forme de Carbonates dans la cendre de varechs, et le deuxième dans la cendre de bois. Ces deux types de cendre ont été utilisés depuis l'Antiquité et jusqu'à la fin du XVIII pour la constitution de tous les verres. De plus le bois qui était le combustible exclusif employé pour chauffer les fours, fournissait sur place une partie de ces fondants.

La chaux CaO se trouve à l'état naturel sous forme de carbonate dans la craie, les calcaires et lesmarbre~ Elle est associée sous forme de carbonate double avec la magnésie dans les dolomies. Dans la plupart des pays, on trouve des gisements de calcaire et de dolomie suffisamment purs pour assurer une bonne composition des verres.

Nous voici en présence des différents constituants du verre. On s'aperçoit rapi­dement que si l'on veut un verre assez facile à fondre, homogène, transparent, facile à travailler, les constituants de base finalement, sont toujours mélangés dans les mêmes proportions et les pourcentages varient dans des limites relative­ment étroites :

silice 68 à 74 % - oxyde de sodium 12 à 16 % - chaux 7 à 14 % - alumine 0,3 à 3 % - magnésie ° à 4,5 % - oxyde de potassium o à 1 %

Et ces proportions furent trouvées tôt dans l'Antiquité. Plus tard, les Romains ont affiné cette composition: la preuve est faite si on regarde l'analyse par CLAUDET (2) d'un verre à vitre (A) trouvé à POUPEI et celle d'un verre à vitre moderne (B) :

- Si02

- Na20 - CaO - Al203 - Fe 0 - Mn02

A

69,4 17,2 7,3 2,6 1,2 0,4

B

69,6 15,2 13,4 1,8

Voyons maintenant la technique de fusion, telle qu'elle s'est pratiquée depuis l'époque Egyptienne, durant toute l'Antiquité, durant le moyen-âge et jusqu'au XIX Siècle.

On commence par fabriquer un pot, fait de céramique: l'argile cuite à haute température a la propriété d'être peu attaquable par le verre fondu, et lorsque ce silicate est relativement pur, il ne commence à perdre sa rigidité qu'à tem­pérature élevée, de l'ordre de 1500 0 C.

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Le mélange vitrifiable est introduit dans le pot, en général on y ajoute un peu de calcin, c'est à dire des déchets de verre cassé+. Les matières premières ne s'échauf­fent rapidement qu'en surface, car elles sont mauvaises conductrices de la chaleur. La vitrification va donc s'amorcer au contact soit de l'atmosphère du four soit d

. , es parols du creuset, soit du verre déjà fondu dans le pot. Les réactions démarrent

rapidement au-dessus de 800° C, lorsque les matières les plus fusibles (carbonate et sulfate de sodium, calcaire) commencent à fondre. Il y a attaque du sable et dé­gagement du gaz carbonique résultant de la décomposition des carbonates.

Mais si la température restait relativement basse, par exemple, au-dessous de 1000° C, la réaction se ralentirait très vite, car au fur et à mesure de la disso­lution du sable dans les carbonates, le liquide devient de plus en plus visqueux. Si l'on maintient le feu au-dessus de 1400° C, les couches de surface atteignent rapidement cette température, et comme le verre devient d'autant plus liquide qu'il est plus chaud, la réaction peut se poursuivre jusqu'à digestion complète du sable. La couche de surface étant fondue, les couches sous-jacentes s'échauffent à leur tour et la fusion se poursuit progressivement.

Toute cette phase qui correspond~à la vitrification des matières premières s'appelle la fusion du verre. Mais ce verre fondu est encore loin d'être homogène. Il reste en particulier de nombreuses bulles de gaz prisonnières de la pâte, parce que le verre, même à température de 1500° C,est encore visqueux, il a la consistance d'une huile épaisse. Et nous avons vu que la fusion se fait par digestion progressive du sable, donc l'homogénéité chimique du verre est loin d'être parfaite. Aussi la fusion doit être suivie d'une phase d'homogénéisation que l'on appelle l'affinage.

Ceci consiste d'abord à élever la température jusqu'au maximum admissible: 1450 à 1430 ° C(+) de façon à diminuer le plus possible la viscosité du verre. Chaque bulle en s'élevant vers la surface entraîne dans son mouvement une petite quantité de verre fondu des couches inférieures, ceci permet d'homogénéiser le verre. On peut accélérer ce phénomène en créant artificiellement d'autres bulles, par exemple en essayant d'immerger un morceau de bois imprégné d'eau qui dégage aussitôt de grosses bulles de vapeur.

Revenons un peu sur le problème du pot d'argile. Si la technique du verre a pu se développer très tôt, c'est parce que l'industrie de la céramique, plus vieille encore, a su mettre tout de suite à sa disposition les matériaux nécessaires à la construc­tion des fours et des récipients indispensables à la fusion du verre.

L'argile crue hydratée a une structure lamellaire particulière qui lui permet, au contact de l'eau, de former des pâtes qu'il est facile de mettre en forme. Toutefois, cette pâte, lorsqu'elle est ensuite séchée et cuite, prend un "retrait" c'est à dire une diminution de volume qui correspond à celui de l'eau éliminée: l'eau de la pâte d'abord, pendant le séchage, l'eau de constitution ensuite, pendant la cuisson. Ce retrait très important, aurait pour résultat, s'il n'était atténué artificielle­ment de provoquer des déformations et des fissures qui rendraient l'argile cuite , , . inutilisable. Le moyen employé pour le réduire consiste à mélanger à l arglle crue broyée, avant de la gâcher avec de l'eau, une quantité importante de "charmotte", constituée par de l'argile cuite sans précaution et broyée. La proportion de char­motte est très importante, car elle est d'environ 50 % lorsque la pâte molle doit être travaillée à la main et peut atteindre 90 % dans des briques ou grès réfrac­taires façonnés par des techniques industrielles utilisant de fortes pressions.

Mais revenons aux origines du verre. Nous avons vu que :

les matières premières nécessaires à sa fabrication ont toujours été abondantes et facilement exploitables

+ Le verre fond plus vite que ses composants, il en est de même pour les alliages de métaux: leur point de fusion est inférieur aux métaux qui les composent.

+ Au delà, le pot en céramique serait endommagé.

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- l'industrie de la céramique a dû logiquement précéder la fabrication des verres

- une température de 850° C minimum est nécessaire pour amorcer les processus de vitrification, mais pas pour fabriquer des objets

- une température de 1400° C minimum est nécessaire pour obtenir un verre homogène transparent, mais une température plus faible (1000 à 1200° C) a été suffisante pour produire une qualité de verre inférieure (pâte de verre).

Reste la technique du feu. L'apparition du verre va dépendre des progrès de l'art du feu. Plusieurs études ont été faites sur l'histoire de la céramique en relation avec la maîtrise du feu.

Nous allons reprendre celle faite par A.M. ANTHONY (3), tenter d'extrapoler cette chronologie aux techniques verrières (voir fig. 1).

Le feu de bois permet facilement d'atteindre des températures de 250° C. Mais 850° C et au-delà nécessite autre chose. Il faut construire une voûte (un four) et aussi probablement connaître le soufflet (type soufflet de forge) ou utiliser un creuset dans lequel les parois chauffées fortement de l'extérieur vont rayonner à l'intérieur, donc dans un petit volume, une importante quantité de chaleur.

A l'âge des métaux, ces problèmes là sont résolus. A. ANTHONY (3) estime que la température de 1100° C a été atteinte avec la métallurgie du bronze et 1300° C avec celle du fer. On commence à cerner un peu mieux l'époque de l'apparition des objets en pâte de verre.

PLINE DANS SON "Histoire Naturelle" rapporte aux Phéniciens la découverte du verre. Il dit que des marchands de ce pays ayant relâché sur les rives sablonneuses du fleuve Bélus, employèrent pour rehausser leurs marmites, des pains de Natron (carbonate de sodium hydraté) de leur cargaison, et que par suite de la combinaison de ce natron avec le sable de la rive sous l'action du feu, ils virent couler des ruisseaux d'un liquide inconnu, brillant trans­parent, qui n'était autre que de verre incandescent. Le fait est très dou­teux, car il est probable que la réaction à l'état solide entre les deux corps doit être difficile à réussir dans ces conditions. Nous venons de voir que les températures minimum nécessaires sont bien trop élevées pour être atteintes par un simple foyer. Par contre, il est plus logique de penser qu'un homme faisant cuire ses poteries dans un four essayant d'améliorer la composi­tion de ses céramiques ait pu faire apparaître quelques traces de vitrifica­tion contre la paroi des pots, ou du four.

Il suffisait de la présence d'un peu de sable, de la cendre, peut être de l'a­lumine amenée par l'argile impure, ceci combiné par des surchauffes locales dues à l'effet de creuset, et les premières traces de surface vitrifiées apparurent. On pourrait donc retrouver ces traces de vitrification datant de la fin du néolithique, lorsque les fours de cuisson des poteries devaient se perfectionner. Les perles en pâte de verre seront plus récentes. Dans nos reg10ns on a retrouvé quelques perles en pâte de verre datant de l'âge du bronze et du fer; par exemple sur le site des Pichelots (Dr. GRUET) de l'époque de la Têne.

Mais la diffusion de la technique de fabrication des objets en verre dans l'antiquité est mieux connue. De l'Egypte elle gagna Sidon dont les sables étaient renommés. Sydon et Tyr furent, avec Thèbes les principales cités qui se sont livrées à l'industrie du verre. Plus tard, lorsque César eut soumis l'Egypte, il imposa les joyaux de verre comme tribut de guerre. La date de - 31 av. J.C. (2) est avancée comme début de la fabrication du verre à Rome.

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Les Romains savaient déjà corriger la couleur due au fer par le bioxyde de Manganèse. La disposition des bulles dans ces verres indique qu'ils opéraient par coulage. Après l'envahissement de la Gaule, l'industrie du verre artistique devint prospère.

Nos musées vendéens de Fontenay le Comte et la Roche-sur-Yon possède de remar­quables pièces et méritent le détour.

Les prospections de plusieurs sites du Bas-Poitou, notamment à Nalliers ont fourni des échantillons de verre "millefiori", mosaïques ou à filigranes, {ssus d'une technique remarquable, et preuve supplémentaire des relations commerciales importantes entre la Gaule et le Bassin Héditerranéen. A Nalliers également, on découvrit au siècle dernier la tombe d'une jeune fille accompagnée d'un mobilier funéraire important, comportant une cinquantaine de verreries, datant du milieu du 1er si~c1e. Parmi celles-ci des bouteilles de section cylin­drique, carrée ou hexagonale, constituant de véritables séries de tailles crois­santes, qui nous invite à nous interroger sur le système de mesures utilisées à cette époque. Il y avait également des récipients ayant trait à la toilette féminine, notamment plusieurs ba1samaires et que1,!ues ampoules à on~uents (4).

A St Médard des Près, la fouille de B. Fi110n a fourni une série de ba1samaires, dont l'un en verre jaune à décor de marbrures blanches et un autre en verre incolore dont la panse fort aplatie n'a pu contenir qu'une fort petite quantité de liquide.

Dans la nécropole de Boui11é-Coudau1t datant du II - III Siècle, on retrouva de magnifique~ verres à pied, ornés de filets bleus et blancs décrivant des motifs abstraits propres aux ateliers de Cologne. Il y avait également parmi les pièces les plus spectaculaires, deux assiettes en verre incolore décorées d'applications ~ermiceu11aires bleues et blanches.

Sur ce sujet, il faut absolument lire l'article remarquable fait par C. GENDRON sur les verres gallo-Romains (4).

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(1) - Le verre - Clément DUVAL - Presse Universitaire de France N. 264 - 1974

(2) - Les Industries Verrières - P. PIGANIOL Dunod - PARIS 1966

(3) - La céramique A.M. ANTHONY - Revue du Palais de la Découverte Volume 11 N. 101 - Octobre 1982

(4) - Les verres Gallo-Romains - C. GENDRON. Archéologia N. 62 - Mars 1974

- La verrerie Gallo-Romaine sur le golfe des Pictons POITIERS 1970.

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Années

- 500 000

_ 50 000

10 000

5 000 '

3 000

o

1 000

800

ème XX

Art du Feu

conservation du Feu Foyer 250 0 C

1 000 0 C

1 500 0 C

8000 C

Art de la terre

Argile sèchée au soleil

Art pariétal

terre cuite - céramique

revêtement des Fours pour la métallurgie du Bronze revêtement des Fours pour la métallurgie du Fer.

----------------------------------

silicates réfractaires

Verrerie

- ---- pâte de verre (perles)

- ---- affinaee du verre - verref Egyptiens verres Romainf

.--------------------------------- - ---- qualité opti-que

oxydes réfractaires

Sciences

Fig. 1

Evolution de l'art de la terre et de la verrerie en fonction de

l'évolution de l'art du Feu.

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GROUPE VENDEEN D'ETUDES PREHISTORIQUES, N°10, 1983

LES « ENKANGS» MASAAI ET L ES ENCEINTES NEOLITHIQUES

A ENTREES MULTIPLES

par Michel TESSIER

Lors d'un très récent sejour au Kenya, il nous a été possible de visiter un village Maasai et d'en examiner une dizaine d'autres. Nous avons été frappé par la ressemblance de ces villages avec les camps néolithiques à entrées multiples connus dans notre région; sous d'autres couleurs, sans doute, nous avons vu la vie s'animer dans ces camps.

LES "ENKANGS" MAASAI

Les Masaai forment une population semi-nomade vivant en brousse (bush) dans la partie Sud-Est du Kenya, au pied du Kilimandjaro. Ce sont des guerriers­pasteurs (armés d'arcs, de lances, de massues et de boucliers) élevant boeuf, chèvre et mouton. L'habitat se déplace lorsque les pâturages s'appau­vrissent, généralement à la suite de sécheresse.

Leurs village C'enkangs ft) sont constitués de cases (8 à 20 et parfois jusqu'à

30) appuyées au bord interne d'une enceinte circulaire d'une cinquantaine de mètres de diamètre (ou plus). L'enceinte est faite d'un amoncellement de branchages épineux, elle est perforée de portes multi~les (6 à 10) large de 2,50 m environ et irrégulièrement espacées (elles sont fermées la nuit par des bouchons de branchages pour se défendre contre les pillards et les fauves).

Les cases de 2,50 x 3,50 m environ et ne dépassant guère 2 m de hauteur se regroupent par ensemble familiaux de part et d'autre d'une porte; il y a donc une porte (parfois 2) par famille. Ces huttes sont construites par les femmes : les murs sont faits de poteaux de faible diamètre (5 cm environ) enfoncés dans le sol, espacés d'une dizaine de centimètres; ils sont cour­bés à angle droit, à ha~teur d'à peine 2 m et assemblés par des liens d'écorce avec ceux de la façade opposée pour former le toit légèrement convexe vers le haut. Un entrelacs de banchettes complète l'armature de cette maison; le tout est enduit extérieurement d'un mélange de boue et de bouse.

Dans l'espace central de l'enkang, d'autres lignes de branchages épineux délimitent des enclos destinés à parquer le bétail la nuit ; on y remarque des subdivisions destinées à séparer les différentes espéces animales. Ces parcs semblent être en rapport avec les différents groupes familiaux de cases ; leur étendue varie selon la richesse en cheptel de chaque groupe.

Autrefois, le Maasai vivait presqu'entièrement du lait et du sang de son troupeau, mangeant occasionnellement de la viande. Par échange avec les Bantous, il recevait haricot, millet et sucre, et miel des Doboro. Cultiver la terreest pécher chez le Maasai ; à sa mort, il ne sera pas enterré car le sol est sacré ; son corps sera laissé dans la savane enveloppé dans une peau de boeuf.

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On peut remarquer l'absence de réserves de nourriture pour le bétail dans ces villages: ni Itmulonslt, ni silos.

LES CAMPS NEOLITHIQUES A ENTREES MULTIPLES

Nous prendrons simplement comme exemple deux camps localement assez bien connus : Champ-Durand à Nieul-s/Autize et les Prises à Machecoul.

Champ-Durand, découvert par M. MARSAC en photographie aérienne en 1971, com­porte une enceinte semi-circulaire de 200 à 300 mètres de diamètre appuyée par son diamètre sur une pente assez abrupte ; on y compte 9 entrées. Les Prises que nous avons découvert en 1979 par prospection au sol (sur travaux d'urbanisation) montre une forme et des dimensions comparables (au moins deux entrées sont connues sur ce camp) ; ici, l'appui du diamè­tre semble se faire sur un ruisseau. Dans les deux camps, les défenses sont réalisées par des fossés larges et multiples (2 à 3) ; dans les deux camps aussi, les témoignages de l'élevage de bovins, ovins et caprins sont abondants. Aux Prises, des alignements de petits trous de poteau semblent indiquer une cabane appuyée contre la défense interne.

Les indices archéologiques recueillis sur ces deux camps font donc apparaître des images très voisines de ce que l'on peut voir de nos jours sur un "enkang" Maasai. Si le mode de réalisation de la défense apparaît différent (amoncelle­ment de branchages épineux contre fossés multiples) on peut le mettre au compte de conditions matérielles différentes (climatiques et botaniques), et d'usages différents (tabou de ne pas ouvrir le sol chez les Maasai et laboureurs­remueurs de terre chez nos Néolithiques), Mais dans les deux cas, la multiplici­té des entrées s'accorde avec une vie pastorale et un élevage comparable (boeuf, chèvre, mouton) et vraisemblablement une organisation sociale s'appuyant sur des cellules de type familial, cellules qui ont la responsabilité de leur entrée. Dans les deux cas, la finalité de ces défenses paraît être la même : faire opposition aux prédateurs : pillards et animaux carnivores (fauves en Afrique, ours et loups? chez nous).

BIBLIOGRAPHIE

Margaret CHARMAN (1979) : Kenia's people. people of the plain. Evans brothers Londres.

(1979) Maasai Sassi Dino. Kensta Nairobi.

Tepelit OBERSAITATI (1983) : Les Maasais. Hachette..,Chêne.

Roger JOUSSAUME (1979) : Champ-Durand à Nieul"'sjAutize. Bulletin G.V.E.P, n0

1

Jean L'HELGOUACH (1981) : Machecoul. Informations Gallia Préhistoire, t. 24, n02.

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Fig. 1 relevé rapide de l'enkang vis~ d' Ambosselli. 'te' près

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Fig. 2 La cabane Maasai A Chambre de l'homme. B Chambre de la femme et des jeunes enfants. C Séjour. D Parc pour 1 es jeunes veaux. E Entrée. F Foyer.

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Les FlHSES

Fig. 3 : Plans des camps de Champ-Durand et des Prises.

12.

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GROUPE VENDEEN D'ETUDES PREHISTORIQUES, N°I0, 1983

Le 22 et 23 Mai 1983, le Groupe Vendéen d'Etudes Préhistoriques organisait sa première sortie hors-département. Quelques personnes, une vingtaine, étaient présentes et l'animation était effectuée par Roger JOUSSAUME. Afin de compléter ses commentaires, une petite plaquette sur l'itinéraire et les visites des monuments et musées a été polycopiée en autant d'exem­plaires qu'il y avait de visiteurs. C'est cette plaquette que nous publions aujourd'hui dans notre bulletin avec quelques compléments pour la compré­hension du phénomène mégalithique oreton. Espérons que ceci vous servira lors de vos sorties morbihannaises.

Fort des enseignements de cette première sortie assez lointaine, nous vous proposerons bientôt une deuxième sortie axée sur les richesses préhistoriques de la Dordogne (grottes à peintures, musées, fouilles en cours,.,.) avec le même type d'organisation (voyage en commun sur 2 jours au printemps, plaquette d'information, commentaires par un spécialiste de la Préhistoire) et le minimum de frais (l'association étant à but non lucratif, elle ne fait aucun bénéfice sur ces voyages).

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Groupe Vendéen d'Etudes Préhistoriques

~orbihan - Pentecôte - 22-23 mal 1983-.J

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VISITE DES MONUMENTS MEGALITHIQUES DE LA REGION DU GOLFE DU MORBIHAN

22-23 MAI 1983

Voici des indications sur ce que vous allez voir dans la région de Carnac. Quelques commentaires sont utiles pour lire ce document.

Sur chaque figure, la flèche indique le Nord ; les minuscules flèches sur quelques monuments, signalent des gravures. L'échelle est donnée en mètres. Les numéros de chaque figure correspondent à ceux de la carte­itinéraire.

1. MUSEE DE VANNES.

Le musée de Préhistoire est composé de deux salles :. l'une consacrée à la Préhistoire (Paléolithique, Mésolithique de Bretagne) et l'autre consacrée à la Protohistoire (Chalcolithique et Ages des Métaux). La Société Polymathique du Morbihan a ainsi recueilli, par diverses fouilles assez anciennes, une collection d'objets remarquables concernant la Préhistoire bretonne. La visite de ce musée est d'autant indispensable qu'il renferme des objets pro­venant en partie des monuments que nous visiterons .•.

Ce musée est en fait l'ancien parlement sédentaire de Bretagne (1456) : le Chateau-Gaillard (XVème et XVlème siècle).

2. MANE GROH à PLOUHARNEL.

Ce monument a été restauré par Z. LE ROUZIC en 1900 et 1920 après avoir reçu la visite de plusieurs fouilleurs, en 1866 et 1883 notamment, sans compter différents chercheurs de trésors. Il n'a pas livré de mobilier connu.

Il s'agit du type même de la sépulture morbihannaise à chambre compartimentée, de réalisation entièrement mégalithique. Un couloir de longueur moyenne (6 m), ouvert au S.E., se prolonge à travers une grande chambre presque carrée (3,7 x 4,7 m) dans lequelle deux cloisons de refend dessinent un système très régulier de 4 compartiments tous desservis par le passage axial prolongeant le couloir.

La couverture, très dégradée, n'a pu être restaurée de manière satisfaisante on sait, cependant, par des plans de LUKIS (1866) que les tables reposaient bien directement sur les piliers et supportaient à leur tour la couverture du passage central; grâce à ce décrochement, c'était la seule partie du monument où il était possible de se tenir debout.

Le dolmen est englobé dans un tertre allongé, de forme assez floue, sans doute par suite de dégradations, qui recèle également un petit caisson fermé.

Parmi les 3 dolmens qui couronnent la colline du Mané Bras d'Erdeven, se trouve un autre monument compartimenté qui lui est identique à quelques menus détails près.

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3. CRUCUNO à PLOUHARNEL

L'imposante chambre mégalithique qui est adossée à l'une des maisons du village est tout ce qui reste d'un énorme dolmen à long couloir qui fut sauvé in extremis alors qu'il était débité comme pierre à bâtir au siècle dernier.

Descriptions et plans anciens indiquent en effet une longueur totale d'au moins 15 m, voire 27 m à en croire un plan de W.C. LUKIS (1864). La chambre subsistante est de plan presque carré (3,5 m de côté, 2 m de haut) ; elle est recouverte d'une dalle colossale de plus de 40 tonnes. Un trilithe marque encore le départ du couloir, vers le S.E. Le monument, sans doute démambré très anciennement par la construction du village, a toujours été connu vide, servant aux usages les plus divers (abri de broyeur de chanvre, salle de cabaret les jours de fête, voire geôle pour l'idiot du village au début du siècle dernier). A environ 300 m, à l'Est se dresse le célèbre "quadrilatère" ; 22 blocs y dessinent un rectangle de 33 x 25 m dont les côtés sont parfaitement orientés sur les points cardinaux et dont les diagonales correspondent apparemment aux levers et couchers solsticiaux du soleil. Ce monument ayant été très restauré au siècle dernier, on a parfois suggéré que ces caractéristiques avaient alors été quelque peu "améliorées" selon les idées du temps ; la comparaison du plan actuel avec des relevés antérieurs à la restauration ne montre cependant pas de différences véri­tablement significatives.

4. RONDOSSEC à PLOUHARNEL

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Ce grand cairn sub-circulaire fut exploré dès 1849 puis réétudié et restauré en 1920. Il contient trois dolmens à couloir disposés parallèlement et ouverts au S.E.

Le dolmen méridional A, petit monument à moyen couloir, semble conçu pour s'insérer au plus juste entre son voisin et la périphérie du cairn.

Le dolmen central B présente une grande chambre pentagonale allongée (6 x 2,5 m) évoquant un début d'évolution vers les formes franchement trapézoïdales ou en "V".

Le dolmen Nord C est un monument à long couloir (Il m) conduisant à une petite chambre quadrangulaire (3,5 x 2,5 m) sur laquelle se greffe, côté S.O., une

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cellule latérale rectangulaire (1,2 x 1,8 m). La hauteur de la chambre princi­pale est nettement supérieure à celle du couloir et de la cellule, ce qui se traduit par un chevauchement partiel des tables de couverture.

Le mobilier a malheureusement été dispersé ou détruit pour l'essentiel au moment même de l'exploration de 1849 ; on sait simplement que les trois monu­ments ont livré en quantité notable poteries, haches de pierre, ossements et charbons ainsi charbons ainsi que deux magnifiques colliers en feuille d'or, enfouis secondairement à l'Age du Bronze (l'un est au Musée des Antiquités Nationales). LE ROUZIC, lors de la restauration de 1920, retrouva divers objets aujourd'hui au musée de Carnac. On remarquera plusieurs dalles portant de spec­taculaires traces de coins de carriers qu'il ne faut pas confondre avec des cupules préhistoriques ; le monument était en effet en cours de dépeçage quand

son achat par l'Etat le sauva in extremis.

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5. MANE KERIONED à PLOUHARNEL.

Cet ensemble de trois dolmens à couloir disposés en U et entourés d'une ligne de menhirs fut exploré en 1866 et restauré en 1900 et 1921.

Deux des monuments sont de type allongé, à chambre trapézoïdale. En l'état actuel des choses, il est impossible de dire s'il s'agit de trois monuments indépendants ayant eu chacun leur cairn individuel ou d'un ensemble cohérent recouvert par un grand tertre unique; cependant, la situation du dolmen N~rd, difficilement utilisable lorsque le dolmen Est était recouvert, semble pla1der pour son antériorité; c'est d'ailleurs le seul à posséder une chambre poly­gonale bien différenciée. Rien ne permet par contre de dater le dolmen Ouest par rapport à l'un des deux autres.

Le plus oriental porte un décor gravé assez riche, dans le style des dolmens

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à couloir classiques ; on notera en particulier un élément de la paroi à droite taillé en ogive et entièrement occupé par une "idole en écussonft porta~t un déco; complexe dans l'esprit de la ftstèle" de la Table des Harchands mais en plus ~rustre. Le~ autres dalles portent la panoplie habituelle : jugiformes, haches, ecussons, z~gs-zags, crosses, etc •.. y sont plus ou moins complets et enchevêtrés.

Lors des travaux de 1921, un bloc gravé de deux haches emmanchées fut découvert et déposé au musée de Carnac.

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6. KERIAVAL à PLOUHARNEL

Il s'agit d'un ensemble de monument comprenant un dolmen à double transept dressé près d'un petit alignement de menhirs, fouillé en 1866.

Le mobilier est au musée de Vannes et au British Museum.

7. LES ALIGNEMENTS DE CARNAC: LE MENEC

C'est le plus occidental des grands alignements et le plus spectaculaire. Il comporte une enceinte ovoide à chaque extrémité des files de menhirs, celle du Sud-Ouest ayant abrité le village. Plusieurs beaux menhirs isolés sont à visiter au Nord du Menee : ceux de Griffol et Lann-Mispiriec et ceux de Kerdeff.

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8. LES ALIGNEMENTS DE CARNAC : Kermario C'est le plus long des grands alignements parfois subdivisé en "champ de Kermario" à l'Ouest et "champ du Manioft à l'Est alors qu'il s'agit bien d'un seul ensemble homogène; il a malheureusement perdu toute trace de l'enceinte qui devait très probablement le terminer à l'Ouest (à l'emplacement de l'actuelle esplanade).

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Un dolmen à couloir occupe la partie méridonale de cette esplanade.

9. LES ALIGNEMENTS DE CARNAC : KERLESCAN

Le plus oriental des grands alignements de Carnac, longé par la route dite "d l' " L f '1 d ' , es a 19nements. es 1 es e menh1rs qU1 semblent converger vers l'Est 'h' , 1'0 . ~ ac event a uest contre une vaste ence1nte sub-quadrangulaire associée

a un t:r~re bas et allongé qui fut exploré en 1926 puis en 1941 (une partie du mater1el est au musée du Carnac, le reste est perdu).

En.se dirigeant vers le Nord à partir de ce tertre, on rencontre dans les b01s une seconde enceinte semi-ovalaire de grand diamètre .

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t LA SEPULTURE A ENTREE LATERALE DE KERLESCAN.

Ce monument, très restauré a hélas perdu ses deux remarquables ?ortes en "hublot".

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10. KERCADO ou MANE ER GROEZ

C'est un dolmen à couloir sous tumulus sub-circulaire, entouré d'une enceinte partielle de petits menhirs. Certaines dalles du dolmen portent des gravures et le montant de droite, dans la chambre affecte la forme, probablement inten­tionnelle d'un "écusson". Ce monument fut fouillé en 1863, puis réexploré et restauré en 1925. Le mobilier se trouve aux musées de Vannes et Carnac.

Il. TUMULUS ST. MICHEL à CARNAC

Cette butte énorme (125 m de long, 60 m de large, 12 m de haut) est de longue date le "~laut-lieu" de la région, dédié à Saint Michel l'Archange, même si la chappelle actuelle est apparemment récente. Des fouilles furent entreprises en 1862-64 puis de 1900 à 1907, d'abord par des puits à ciel ouvert puis nar galeries boisées sous la conduite d'un 1'maître mineur" !

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Ces boyaux qui traversèrent la butte de part en part et qui, maçonnés, s~rvent aujo~rd'hui.à la visite, rencontrèrent au centre un caveau prin­clpal entoure de calssons annexes plus ou moins frustes, quelques autres petites tombes éparses et un petit dolmen à couloir à l'extrémité orientale, le tout noyé dans un cairn central long et étroit.

La surface du tumulus paraît constituée d'une chape de pierres reposant sur un épais manteau intermédiaire d'argile, mais ce schéma reste basé sur des observations terriblement partielles. Le matériel recueilli dans ces diverses sépultures est typiqu~ des tumulus carnacéens. Haches polies d'''apparat" en fibrolithes et jadéite, perles et oendeloques en variscite mais aussi céramiques à fond rond dans le dolmen ~riental montrant une ' certaine identité culturelle avec les utilisateurs des dolmens à couloir classiques. Des vestiges osseux, humains et bovidés ont également été recueillis.

Trois datations radiocarbones tentées à partir d'échantillons conservés au musée de Carnac ont donné des résultats difficiles à interpréter mais qui semblent plaider en faveur d'une construction de cet étra~ge monument à oeu près à la même époque que les grands dolmens à couloir.

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12. MUSEE Z. LE ROUZIC à CARNAC.

Ce musée, consacré exclusivement à la recherche préhistorique de la région de Carnac, renferme une collection d'objets remarquables. Il s'agit essen­tiellement des découvertes faites dans les sépultures collectives néolithiques.

13. MANE LUD à LOCMARIAQUER

Ce grand tumulus carnacéen ovalaire de 80 x 50 m pour 5,5 m de haut fut explo­ré en 1863-64 et 1911, ryuis restauré en 1922 et 1930. On y rencontra le classi­que cairn central avec caveau et foyers et, vers l'extrémité orientale, une ligne de blocs dressés sur chacun desquels se trouvaient les restes d'une tête de cheval.

A l'extrémité Ouest, un grand dolmen à long couloir, hélas à demi-bouché par une maison, dut être vidé anciennement (on raoporte qu'il fut nettoyé en 1843 lors du oassage du Duc de Nemours et qu'il était déjà accessible au début du XVllème siècle). Les objets recueillis, qui ne sont nrobablement que les miettes du mobilier primitif, sont partagés entre les musées de Vannes et de Carnac. Actuellement, l'intérêt principal du monument réside dans son décor gravé, abondant et donnant un répertoire assez complet de l'art dolménique armoricain nombreux signes "jugiformes", fréquemment e~boîtés, "navires" a la lecture malheureusement assez douteuse, "haches" emmanchées ou non, "~cusson" notamment occupent divers piliers. D'autres, plus difficiles à interpréter, ornent le chevet et le dallage de la chambre.

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Au plan architectural. la chambre de ce dolmen presque carrée présente de~x caractéristiques remarquables. Elle est dailée d'une seuie·pierre q~~ la :ouvr7 e~ quasi-totalité et sa couverture est assurée par une table de~esur;e qu~ deb~rde très largement vers l'Ouest où elle s'est brisée par su~~e d un por;e-a-~aux. ?n ~eut se demander s'il ne s'agit pas. comme au Mane Rutual. d un reemplo~ de grande stèle culturelle bien qu'aucun décor n'y ait à ce jour été signalé.

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14. LE GRAND MENHIR à LOCMARIAQUER (ER GRAH).

Le célèbre "~rand menhir brisé" ou "pierre de la féel! de Locmariaquer était à l'origine un monolithe de quelque 20 m de long pesant environ 350 tonnes. Même si l'on déduit une "souche" enfouie en terre sur plusieurs mètres, il s'agissait là d'un obélisque colossal dont l'érection avait représenté un grand exploit technique. Aucun argument décisif ne permet de fixer la date de sa chute. malgré la présence de poterie romaine dans la terre à son pied. L'absence de toute allusion dans les textes médiévaux plaide toutefois pour un écroulement ancien. La disposition des quatre morceaux conservés sur place (il semble qu'un cinquième petit fragment ait disparu) montre cependant à l'évidence que le monolithe a bien été dressé et que c'est en position ver­ticale qu'il s'est brisé au tiers de sa hauteur pour une cause inconnue. peut­être lors d'un séisme (à moins qu'il n'ait été abattu volontairement .•• ). Le menhir était implanté à l'extrémité Sud d'un grand tertre bas et étroit. malencontreusement arasé sur toute sa partie Sud pour l'installation de l'actuel parking.

Au tiers Nord. ce tertre contient un grand caveau mégalithique tout à fait dans la tradition des caveaux carnacéens. On s'est demandé quels ~ouvaient être les rapports fonctionnels entre les deux monuments : le menhir est-il un "indica­teur" du tumulus ou bien ce dernier correspond-il aux terrassements effectués Dour ériger le premier, ou bien leurs rapports participent-ils des deux à la fois? Il est hélas quasiment impossible de le savoir. Il faut rappeler que les levés topographiques récents par l'équipe de A. et A.S. THOU ont conduit leurs auteurs à interpréter ce "grand menhir" comme le f1 cran de mire" d'un gigantesque observatoire destiné à suivre les variations cycliques de l'orbite lunaire à partir de huit points de visée répartis de Quiberon à Arzon.

LA TABLE DES MARCHANDS

A une cinquantaine de mètres à l'Est du grand menhir est un dolmen à couloir de longueur moyenne. La vaste chambre monumentale (12 m2, 2,5 m de haut) est le plan polygonal; une maçonnerie sèche devait à l'origine s'appuyer sur les

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montants mégalithiques pour supporter l'énorme table de couverture par tout son pourtour.

C'est dès 1811 que le mégalithe fut vidé et dégagé des restes de son cairn. Pendant un peu plus d'un siècle, la table énorme se dressa à l'air libre sur ses trois supports, devenant le symbole d'une certaine image du méga1ithisme. Après plusieurs restaurations en 1883, 1905 et 1921, la Commission des Monuments Historiques dé­cida en 1937 de reconstruire des murs de soutènement et de remonter le tumulus pour soulager les piliers, surtout la célèbre stèle gravée qui commençait à se fendre sous une pression trop forte. Techniquement c'était certainement la solution de la sagesse même si la réalisation pèche quelque peu par son esthétique. La stèle du chevet est une des oeuvres les plus achevées de l'art néolithi-que ; elle est tout entière sculptée en forme de gigantesque "écusson" dans une dalle de grès clair. La face avant est entièrement piquetée pour réaliser le décor en relief maintes fois reproduit; à l'origine, son blanc étincelant devait ressortir dans la pénombre de manière impressionnante. Cette stèle est également ornée, de façon plus fruste, au dos et en dessous du sol archéologique ; on peut se demander s'il n'y a pas réemploi de ce qui pouvait être primitivement une monumentale idole de plein air.

La table recouvrant la chambre, toute énorme qu'elle soit, est elle aussi un bloc de réemploi brisé anciennement. La superbe "hache" qui orne le plafond ainsi que la figuration tronquée par la cassure qui la précède ne sont donc là que secondairement même si ce n'est probablement pas fortuit.

15. MANE RUTUAL à LOCMARIAQUER

Ce dolmen à long couloir est, avec Barnenez en Finistère, l'un des deux exemples conservés de monument à double chambre en enfilade; du couloir on débouche dans une "antichambre", elle-même séparée d'une seconde salle par un rétrécissement entre deux piliers. Le monument, déjà violé à l'époque romaine, fut fouillé vers 1860 et assez largement restauré en 1885 pui 1923 et 1936 (le petit tertre qui l'englobe actuellement est totalement artificiel). Une table et les deux supnorts de droite de l'antichambre sont décorés (deux "~laches" à emmanch~ent complexe et une paire de crosses en relief) mais l'élément le plus impressionnant est l'énorme dalle de couverture de 12 m de long, totalement démesurée par rapport à la chambre. Sa face in-

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férieure s'orne d'une gigantesque "idole en écusson" paraissant surmontée d'une hache brisée. Ce décor, qui ne peut être deviné que grâce à un artifice ~e prés~n~a~ion, correspond là encore à un réemploi manifeste de ce qui devait etre pr1m1t1vement une grande stèle dressée en plein air.

16. LES PIERRES PLATES à LOCMARIAQUER (KERERE)

Variante du dolmen coudé ou en équerre dans lequel l'angle entre chambre et couloir atteint 120 0 environ ce qui permet l'insertion d'un petit cabi, et supplémentaire, ce beau monument a toujours été connu vide ; son état actuel est le résultat de restaurations par Z. LE ROUZIC avant-guerre et par les Affaires Culturelles voici quelques années. Au premier, on doit également l'érection de la grande dalle dressée à côté de l'entrée, inter­prétée comme un "menhir indicateur" de la sépulture. Le développement total de la galerie atteint près de 24 m, dont 16 pour la chambre; celle-ci s'évase très légèrement vers le fond où une dalle septale isole partiellement une sorte de petit cabinet terminal, ce qui est à rapprocher des cloisonnements plus complexes du dolmen coudé de Gâvres.

La célèbrité justifiée des Pierres Plates tient essentieillement à son décor gravé qui compte parmi les plus belles réussites de l'art mégalithique. C'est l'exemple le plus achevé du "style des dolmens coudés" et l'on peut fort bien y suivre l'évolution qui mène des figures "en écusson" simples, encore proche de celles des dolmens à couloir aux extraordinaires réalisations que sont la "grande idole" de la chambre ou, :1 un degré d'évolution supplémentaire, le célèbre "poulpe de Luffang" maintenant au musée de Carnac.

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17. TUMULUS DU BONO.

Il s'agit d'un dolmen coudé presque à angle droit. Le couloir de 12 m de long précède la chambre qui s'est développé perpendiculairement sur une longueur de 7,80 m. A l'extrémité, la chambre est élargie.

D'autres monuments sont connus autour de celui-ci. Ils sont au nombre de 7 et datent de l'Age du Fer. 6 se trouvent au Nord du tumulus et sont circulaires, d'un diamètre de 8 m de moyenne. Le dernier est situé au Sude et mesure Il m de diamètre. Plusieurs objets furent trouvés et son actuellement conservés soit au musée de Vannes soit au musée de St-Germain-en-Laye.

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18. GAVRINIS à LARMOR-BADEN.

L'île de Gavrinis, dans le golfe du Morbihan, porte à son extémité méridionale un grand cairn d'environ 50 m de diamètre et 6 m de haut. Dans son état actuel. il est de forme tronconique avec un large cratère sommital, témoin d'explora­tions anciennes.

A l'intérieur se trouve un grand dolmen à long couloir (14 m de long) dont la chambre, ~resque carrée, ne mesure que 2,5 m de côté environ. La construction en est purement mégalithique ; sol, parois et plafond sont faits de dalles brutes mais soigneusement juxtaposées.

Pour le Préhistorien et encore plus pour le simple touriste, l'intérêt archi­tectural pourtant considérable de cette crypte, probablement funéraire au sens large, s'estompe devant le décor unique qui recouvre presque toute la surface des parois, sur une soixantaine de mètres carrés.

Cet ensemble, réalisé par piquetag~ parfois très léger mais le plus souvent très appuyé sur des surfaces préalablement dégrossies, déroute au premier abord. Un oeil exercé y reconnaît cependant, derrière le foisonnement des lignes pu­rement ornementales, une inspiration qui est bien celle de l'art dolménique ar­moricain habituel: "écusson" "signe en U", serpentiforme, chevron, hache, etc ... mais ce qui dans la plupart des cas n'est que décor fonctionnel devient ici chef-d'oeuvre de l'Art universel par l'unité de la conception, l'équilibre de la composition, le panache de l'interprétation et la qualité de l'exécution.

Depuis 1979, le monument fait l'objet, d'une part, de consolidations, restau­rations et aménagement des conditions de visite financés par la Direction du Patrimoine et le Département du Morbihan, et d'autre part, de fouilles arché-

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ologiques proprement dites. menées par la circonscription des Antiquités Préhistoriques de la Bretagne. Les premiers résultats scientifiques obtenus à ce jour portent sur les points suivants :

En plus de la grande qualité architecturale du dolmen lui-même. remarquable par ses dimensions comme par le soin apporté à sa construction. le grand intérêt du monument est d'avoir conservé l'essentiel de son cairn et donc de ses structures périphériques. Bien que les fouilles n'aient pour l'instant concerné que la face Est, les nombreux muraillements dégagés montrent que Gavrinis était. comme tous les grands cairns mé­galithiques de l'Ouest de la France, un monument parfaitement structuré selon un plan bien défini, la butte actuelle n'étant que le résultat de l'écroulement sur place du monument primitif.

Le plan originel semble presque carré avec angles arrondis. d'environ J5 m de côté, limité par des murs de parement en maçonnerie de pierres sèches possédant un fruit notable vers l'intérieur pour contrer les poussées internes, elles-mêmes canalisées par des parements internes en gradins.

Tout le système semble parfaitement axé sur le dolmen connu ce qui laisse peu de chan­ces de trouver d'autres cryptes importantes dans la butte.

Au Sud-Est, la façade légèrement concave au milieu de laquelle s'ouvre l'entrée du dolmen est à deux degrés dont le premier culmine encore par places à 4 m du sol et le second atteint 6 m (on notera que la restauration n'a fait que consolider les murs, re­faire les portions défectueuses et régulariser leur couronnement à hauteur des parties les plus hautes retrouvées en place, sans chercher à gagner en hauteur).

A partir du second parement de façade, qui enjambe le couloir au niveau de la troi­sième table de couverture, partent des murs de refend latéraux qui enserrent symétri­quement le dolmen et forment trois degrés vers le Nord-Est et probablement quatre vers le Sud-Ouest de sorte que l'élévation devait être plus progressive latéralement qu'en façade (la disposition de la face Nord-Ouest est encore inconnue).

Lors de la consolidation de la chambre, le dos de plusieurs piliers a été dégagé ; deux d'entre eux portent des gravures, invisibles normalement ("écussons" et haches) qui sont réalisées dans le style classique très différent du décor interne. Il peut s'agir soit de "consécrationslt contemporaines de la construction, soit plus prosaïque­ment de dalles récupérées sur un monument antérieur, ce qui ne serait d'ailleurs pas un cas unique.

Bien qu'aucun élément direct de datation n'ait été recueilli par les explorateurs de 1830 et 1880, on peut, par analogie avec d'autres sites fouillés dans de meilleures conditions et en attendant les résultats définitifs des recherches en cours, dater la constru~tion de Gavrinis aux alentours de 4 000 avant J.C., il ya donc 6 000 ans environ.

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COMLECH d'ER LANNIC.

Cet îlot jouxtant le chenal principal du golfe du Morbihan, porte un monument qui fut considéré comme formé de 2 cercles tangents de menhirs par G. de CLOSMADEUX qui le découvrit en 1866. Une partie d'un des composants est sur la terre ferme, tout le reste est sur l'estran et dans la mer et n'est reconnaissable qu'aux plus grandes marée, ce qui fait sa célébrité comme témoin de la transgression post­glaciaire. Le terrain est en pente vers le Sud-Ouest. Du cercle Nord, il ne subsis­tait que 5 pierres debout sur environ 50 avant une restauration effectuée entre 1923 et 1926 par Z. LE ROUZIC, qui en a relevé 49, de 1 m à 5 m de haut, mais n'a pas touché certaines pierres qui auraient causé un danger pour la navigation. Le cercle Sud, d'une trentaine de pierres, incomplet, est totalement immergé. Il y a eu discussions pour suggérer que sa forme irrégulière en fer à cheval est dûe au déchaussement des menhirs, l'affouillement du substratum et au glissement des terres par suite de l'érosion des courants de marée. On se trouve en effet dans une zone de très forts courants de marée (jusqu'à 9 noeuds), et le chenal principal est pro­fond de 25 m, à l'opposé de la pente de l'îlot, il est vrai. L'amplitude de la marée à Er Lannic doit être au maximum de l'ordre de 4,50 m. Les menhirs situés au plus bas du cercle méridional reposent sur un fond à environ 1 m en-dessous des plus basses mers actuelles (0 des cartes marines), JUX plus hautes marées ils sont donc ennoyés d'environ 5 m.

Le plan exact du monument est incertain, tant pour sa partie ennoyée que sa partie terrestre. Un plan aussi précis que possible des principales pierres fut levé au théodolite par R. MERLET en 1919 avant toute restauration et il montre un cercle plus parfait que le plan en hémicycle-quadrilatère levé par S. J. PEQUART en 1924 alors que la restauration était déjà en cours. Le point de tangence le plus pro­bable des deux cercles se trouve exactement sur l'axe Nord-Sud; en ce point, il y a un grand menhir brisé de 7 m de long à l'origine. Quoi qu'il en soit, si vrai­ment il y a eu un cercle complet, sinon deux, à Er Lannic, ce serait le seul cas du continent (où tous les autres sont douteux) alors que les cercles de pierres (y compris les cercles aplatis et les ovales ou ovoides) sont abondants dans les Iles Britanniques.

Tout l'îlot d'Er Lannic présente les traces d'une fréquentation intensive, soit comme site d'habitat, soit plutôt comme site industriel ou culturel très parti­culier. On y a découvert des centaines de kg de tessons de poterie néolithique, des milliers d'éclats de silex et des centaines de pièces variées, des centaines de fragments de haches polies, des quantités de meules, molettes, polissoirs et percuteurs.

Tout cela vient se mêler aux terres à l'intérieur comme à l'extérieur des encein­tes, et ce peut être en grande partie antérieur à la construction mégalithique. En tout cas les fouilles de Z. LE ROUZIC ont montré que tous les menhirs étaient encastrés dans un petit talus de soutènement formé de pierres et de terre, et entourés à leur base d'un calage bien fait. De chaque côté du talus, donc à l'in­térieur et à l'extérieur, Z. LE ROUZIC avait rencontré une série de foyers (supposés rituels) protégés par de petites constructions en pierres. Celles-ci étaient rougies par un feu violent il y avait beaucoup de charbons de bois. Ces petits coffres ou foyers ne se trouvaient pas seulement à proximité immédiate des menhirs, mais bien au-delà, sur toute la surface atteinte par les fouilles. De ce fait, il faut reconnaître que la liaison directe entre le "cromlech", d'une part, les coffres et le mobilier qu'ils contiennent, et tous les objets mobiliers truffant l'ensemble du sol de l'îlot est loin d'être assurée. Les choses se pré­sentent plutôt comme si tout ou partie de l'îlot était occupé par une sorte de tertre tumulaire à coffres internes juxtaposés, peut-être sans parement exté­rieur défini, et à mobilier funéraire très riche. Cet ensemble est célèbre par le nombre énorme de tessons de vases-supports typiquement chasséens découverts (plus de 160), mais, en même temps il y a toute une série de tessons d'une cé­ramique ornée de décors à trait cannelé du style de Caste11ic et autres éléments du Néolithique Moyen récemment réétudiés par G. BAILLOUD. Les cercles de menhirs seraient plus récents que cette structure antérieure.

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(Textes extraits de deux ouvrages sur la Préhistoire Bretonne

M. BA TT, P. R. GIOT, Y. LECERF, J. LECORNEC et C. T. LE ROUX: Mégalithes au Pays de Carnac. édition Jos, 104 p., fig. et photos.

P.R. GIOT, J. L'HELGOUACH et J.L. MONNIER: Préhistoire de la Bretagne, édition Ouest-France Université, 444 p., fig. et photos.

Ces ouvrages sont à la bibliothèque du C.V.E.P. sous les numéros CO 795 et GI 180).

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GROUPE VENDEEN D'ETUDES PREHISTORI0UES, N° 10, 1983

Résumé d' article pa ru a l'étranger:

COMPUTERISED ANAlYSIS OF THE SHAPES OF A ClASS OF

PREHISTORIC STONE TOOlS FROM WEST - CENTRAL FRANCE

de G. Morris & C.J. Scarre

"Publié par "Computer Applications in Archaeology" 1981, p.p. 83-84.

Le perçoir Moulin-de-Vent est un objet narticulier dans la systématique de la typologie des instruments en pierre. En effet. quand on le trouve sur un site, il n'est pas rare ~u'il représente à lui seul plus de 50 ~ des objets lithiques. Le site de Moulin-de-Vent, sur la rive Sud de la Charente où le docteur REJOU (1883) mis en évidence cet outil pour la première fois, celui de Chez-Landard, sur l'autre rive de la Charente (CLOUET, 1926), celui de Chaillot-de-la-Jard et Mourez (CLOUET, 1933) ainsi que Biard (BURNEZ, 1957) et Quartier Moreau (JAUNEAU, 1973) témoignent de cette dispersion unique dans l'archéologie post-glaciaire.

Les perçoirs Moulin-de-Vent ont une longueur avoisinant les 30 mm, tirés d'éclats ou de lames de silex et retouchés directement et de manière abrupte. Les retouches se concentrent sur la partie extrême de l'objet de façon à aménager une pointe.

Au vue de la densité de cet objet, deux chercheurs anglais, G. MORRIS et C.J. SCARRE ont tenté de répondre à deux questions

- Dans quelle mesure le perçoir Houlin-de-Vent constitue-t-il une catégorie particulière ?

- A quoi servait-il ?

Une troisième question s'est posée aux chercheurs, renvoyée à un article ultérieur

- En quoi le perçoir Moulin-de-Vent caractérise les sites où il a été trouvé ?

D'après leur analyse, ce type d'outil aurait été utilisé lors des phases finales et d'abandon des grands villages fortifiés du troisième millénaire avant J.C •• On en caractérise deux variétés (CLOUET) !

- perçoir proprement dit avec une pointe bien nette et développée.

- biseau dont la pointe est peu différenciée par rapport au corps de l'outil.

En fait ces deux catégories furent discutées par différents chercheurs (dont COLLE, 1959) et seul une analyse statistique informatique pouvait répondre objectivement à ces différents.

Celle-ci fut faite par les deux chercheurs anglais cités plus haut sur la base de classement morphologique et sur l'ampleur des variations morphologi­ques déterminant - peut-être - une utilisation différenciée.

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Le classement morphologique fut fait en utilisant le contour de l'objet; contour horizontal et profil. Mais en fait la fiabilité de la technique en ce qui con­cerne le profil des perçoirs fut remise en cause et cela nécessita l'abandon de cette donnée pour l'analyse.

Le contour horizontal, pour les besoins informatiques fut remplacé par une suite de points ("digitaliser") établie en fonction de l'axe des obj ets. Cet axe fut difficile à définir et, pour des raisons pratiques, privilégia la par­tie fonctionnelle de l'objet, c'est-à-dire la pointe.

Après différents tatonnements expérimentaux en vue d'obtenir la meilleure dé­finition possible du perçoir, l'analyse des composants principaux fut retenue, à savoir 1. la masse, 2. la maniabilité gauche ou droite de ,l'outil par rapport à l'axe, 3. la relation entre la pointe et l'extrémité large de l'outil.

Cette méthode, par retour inverse, c'est-à-dire reproduction artificielle de l'objet, permet de sérier avec précision un outil donné en évitant d'utiliser le simple rapport longueur-largeur.

Ainsi, les réponses des deux questions posées par les chercheurs n'en seront que plus objèctives, éclairées par un raisonnement strictement mathématique.

J.M. LARGE d'après une traduction de Michel RIFFE.

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Fig. 1

Fig. 2

Exemple de perçoir Moulin-de-Vent fait à partir d'un éclat cortical.

Localisation des sites riches en

Centre-Ouest.

30.

Angoulême r' 1

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perçoirs Moulin-de-Vent - région

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615/1130.\1 257 616/1133.61 266

6121 91.41 25B. 613/ 6e.B/ 2139 614/ 93.6/ 237

Fig. : Exemple de cinq contours digitalisés. Un cercle est marqué tous les dix points (il y a en fait 101 points en incluant la pointe 0,0); la ligne verticale représente l'axe. Au-dessus, les nombres représentent: numéro de l'objet, la lon­gueur du dessin en mm, les nombres de points au départ .

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1er composant principal

Fig. 4 : Scatergramme montrant un des résultats : le composant principal 1 (la masse) est exprimé en fonction du composant principal 2 (la maniabilité),

31.

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PRINCIPAL COMPT.l PRINCIPAL COMPT.2 PRINCIPAL COMPT.3

1

COVV 8

COVV 1 ~ 1

CORV 1

Fig. 5 Graphique montrant les formes prises par les premiers vecteurs de EIGEN lors des trois analyses. Les pointillés représentent la position de la pointe.

lai

Ibl

Ici

.: 1

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lei

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1

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INTERPRETATIO~ ~

III \ ~ ~jf

VECTon 1

x 0 855

VECTOR 2

.. 045

VECTOR 3

x -O·"

AVERAGE :,CORE

VECTORS 4 -10

TOTAL

--- nfDUC[O lO \ SCAl.t 10 1 .. I'If

CORRtC T PAOPOA1IC!'oS

ORIGINAL

Fig. 6 Addition des vecteurs afin de produire une forme et la com­parer à l'original.

32.

Fig. 7

INTERPRETATION ORIGINAL

Quatre exemples de comparaison entre le dessin original et le résultat de l'analyse inver­se.