la mobilité, certes, mais quelle mobilité?

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Intervention le 15 octobre 2014 au colloque "Mobilité(s)" de l'ACSALF, à l'université d'Ottawa. La première dia comprend l'enregistrement vidéo du diaporama avec le son de l'intervention. RESUME: Il est aujourd’hui largement admis que nous sommes de plus en plus mobiles. Il en résulte un intérêt considérable pour les mobilités… et une propension à voir en elles le déclencheur de multiples mutations, au premier rang desquelles un déclin des frontières. Pourtant, voilà des siècles que nous sommes de plus en plus mobiles : développement des routes commerciales, navigation en haute mer, chemin de fer, aviation, automobile, la modernité apparaît comme une croissante mobilisation. De même, de nombreuses frontières subsistent. Et le capitalisme du 19ème était déjà fondé sur des flux de capitaux, de savoirs, de technologies, d’idées et de travailleurs. Et si le tort de cette vision des choses était de se fonder sur les notions de mobilité, d’immobilité, de frontières ou d’espaces comme si elles renvoyaient à des réalités stables ? Si, avant tout, c’était la construction sociale de ces notions qui évoluait et, de ce fait, nos rapports avec leurs substrats objectifs ? Dans notre contribution, nous proposerons d’analyser les évolutions actuelles du rapport à la mobilité comme la résultante d’une mutation des représentations sociales de l’espace-temps. Les concepts d’espace, de temps et de mobilité n’ont ainsi plus le sens d’autrefois. Ce sont avant tout nos pratiques discursives et normatives qui changent et pèsent ensuite sur les autres pratiques sociales. Nous soutiendrons à cet égard que se développe une idéologie mobilitaire faisant des mobilités – physiques ou non – un bien en soi et que c’est sur cette base que se développent des stratégies d’attribution des qualités de mobile et d’immobile, ainsi que des (il)légitimités qui y sont attachées.

TRANSCRIPT

Page 1: La mobilité, certes, mais quelle mobilité?

La  mobilité,  certes,  mais  quelle  mobilité  ?    De  l’évolution  d’une  construction  sociale

Christophe  Mincke-­‐  INCC/Saint-­‐Louis  Bruxelles  

ACSALF  -­‐  Ottawa  -­‐  15  octobre  2014

Page 2: La mobilité, certes, mais quelle mobilité?

«  Nous  sommes  de  plus  en  plus  mobiles  »  ▪ modernité  et  croissance  de  la  mobilité  (Foucault)  ▪ évidence  de  la  mobilité  (><  Frello)  ▪ hypothèses:    ▪ l’acception  du  terme  «  mobilité  »  a  évolué  ▪ notre  nouvelle  construction  de  la  mobilité  nous  

amène  à  la  valoriser  ▪ l’attribution  de  la  qualité  de  mobile  est  un  enjeu

mobilité  croissante,  une  évidence?

Page 3: La mobilité, certes, mais quelle mobilité?

la  mobilité?

▪ déplacement  dans  l’espace  au  cours  du  temps  ▪ l’espace:    ▪ une  dimension  permettant  de  structurer  ▪ des  réalités  non  nécessairement  physique  

▪ le  temps,  une  construction  sociale  ▪ l’espace-­‐temps:  des  morphologies  

(représentations  sociales)  ▪ de  la  mobilité  aux  mobilités

Page 4: La mobilité, certes, mais quelle mobilité?

morphologies

▪ de  la  forme-­‐limite…  ▪ l’espace  structuré  en  circonscriptions  ▪ le  temps  comme  stases  et  ruptures  ▪ l’espace  dit  le  temps  

▪ …  à  la  forme-­‐flux  ▪ le  temps  comme  flux  érodant  ▪ l’espace  comme  étendue  ponctuée  ▪ le  temps  modèle  l’espace

Page 5: La mobilité, certes, mais quelle mobilité?

qu’appelle-­‐t-­‐on  «  mobilité  »?

▪ Forme-­‐limite  ▪ mobilité-­‐franchissement  :  passage  conditionné  de  

la  frontière  ▪ mobilité  discrète  :  d’un  ancrage  à  l’autre  ▪ des  aires  et  des  ères  

▪ Forme-­‐flux  ▪ mobilité  irrépressible  et  continue  ▪ mobilité  comme  condition  naturelle  (absence  

d’ancrage)  ▪ évolution  constante  des  relations  spatiales

Page 6: La mobilité, certes, mais quelle mobilité?

l’idéologie  mobilitaire

▪ de  la  description  à  la  prescription  :  la  mobilité  comme  dignité  

▪ idéologie  mobilitaire  :  4  impératifs  ▪ activité  ▪ activation  ▪ participation  ▪ adaptation  

▪ l’exemple  de  la  prison  (entre  autres):  la  loi  pénitentiaire  belge  de  2005

Page 7: La mobilité, certes, mais quelle mobilité?

activité

agis!  ▪ le  personnel  et  les  détenus,  acteurs  de  la  prison  ▪ le  temps  carcéral:  un  temps  mis  à  profit  ▪ la  surcharge  comme  fonctionnement  normal  mais  aussi…  ▪ l’activité  permanente  (professionnelle  et  privée)  ▪ le  burn  out  ▪ l’hyperstimulation  généralisée

Page 8: La mobilité, certes, mais quelle mobilité?

activation

agis  par  toi-­‐même  ▪ le  plan  de  détention  ▪ les  initiatives  vis-­‐à-­‐vis  de  la  victime  ▪ l’aide  comme  offre  de  services  mais  aussi…  ▪ l’activation  des  allocations  ▪ la  stigmatisation  de  l’assistanat  ▪ l’impératif  managérial  de  proactivité  

Page 9: La mobilité, certes, mais quelle mobilité?

participation

sois-­‐en  ▪ la  prison  comme  projet  collectif  ▪ le  régime  communautaire  ▪ les  processus  participatifs  mais  aussi…  ▪ la  démocratie  participative  ▪ le  management  participatif  ▪ la  vie  par  projets  (familiaux,  résidentiels,  pro,  etc.)

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adaptation

sois  flexible  ▪ flexibilité  des  normes  à  l’intérieur  de  la  prison  ▪ adaptation  de  la  peine  à  chacun  ▪ préservation  des  capacités  d’adaptation  mais  aussi…  ▪ flexibilité  des  normes  sociales  et  morales  ▪ flexibilité  des  temporalités  sociales  ▪ flexibilité  des  entreprises  (organisation,  production)

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accroissement  des  mobilités…

▪ quelles  mobilités?  ▪ des  mobilités  nouvelles  ▪ le  mobile  d’hier  peut  être  l’immobile  d’aujourd’hui  ▪ usages  de  l’idéologie:  l’attribution  de  la  qualité  

▪ les  mobiles  niés  ▪ les  immobiles  ignorés  

▪ la  mobilité  comme  étendard  ▪ le  rapport  à  la  mobilité  comme  analyseur