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LCN, volume 4, n° 1-2003, pages 71 à 92 La monnaie électronique Principes, fonctionnement et organisation David Bounie 1 – Sébastien Soriano 2 epuis plusieurs années déjà, « l’électronisation » des flux monétaires dans le contexte des systèmes de paiement de gros montant est au centre de travaux académiques et institutionnels en raison des risques de système que présentent les systèmes d’échange et de règlement de gros montant nationaux, paneuropéens et internationaux (Aglietta, 1996, Figuet et al., 1998). En revanche, les analyses économiques relatives aux évolutions technologiques dans le cadre des paiements de détail ont peu fait l’objet d’étude comme si, a priori, ceux-ci ne posaient pas de problèmes sérieux sinon celui de l’efficience des systèmes de paiement de détail. Toutefois, dans le contexte actuel de l’application des technologies de l’information aux paiements de détail, une évolution particulièrement significative semble contrarier ce constat : la monnaie électronique. La monnaie électronique est véhiculée à travers deux nouveaux instruments de paiement : le porte-monnaie électronique et le porte-monnaie virtuel. Le porte-monnaie électronique a pour objet l’automatisation des paiements de petits montants dans le commerce de proximité par le biais d’une carte à microprocesseur chargée de valeurs électroniques réelles qui peuvent être transférées directement entre les agents économiques. Ce 1. GET/ENST, département EGSH. 2. Ingénieur des télécommunications. D Cet article des Editions Lavoisier est disponible en acces libre et gratuit sur lcn.revuesonline.com

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LCN, volume 4, n° 1-2003, pages 71 à 92

La monnaie électronique

Principes, fonctionnementet organisation

David Bounie1 – Sébastien Soriano2

epuis plusieurs années déjà, « l’électronisation » des fluxmonétaires dans le contexte des systèmes de paiement de grosmontant est au centre de travaux académiques et institutionnels en

raison des risques de système que présentent les systèmes d’échange et derèglement de gros montant nationaux, paneuropéens et internationaux(Aglietta, 1996, Figuet et al., 1998). En revanche, les analyses économiquesrelatives aux évolutions technologiques dans le cadre des paiements dedétail ont peu fait l’objet d’étude comme si, a priori, ceux-ci ne posaient pasde problèmes sérieux sinon celui de l’efficience des systèmes de paiement dedétail. Toutefois, dans le contexte actuel de l’application des technologies del’information aux paiements de détail, une évolution particulièrementsignificative semble contrarier ce constat : la monnaie électronique.

La monnaie électronique est véhiculée à travers deux nouveauxinstruments de paiement : le porte-monnaie électronique et le porte-monnaievirtuel. Le porte-monnaie électronique a pour objet l’automatisation despaiements de petits montants dans le commerce de proximité par le biaisd’une carte à microprocesseur chargée de valeurs électroniques réelles quipeuvent être transférées directement entre les agents économiques. Ce

1. GET/ENST, département EGSH.2. Ingénieur des télécommunications.

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nouvel instrument de paiement est conçu comme un substitut des pièces etdes billets de banque et vise à réduire les coûts de collecte et de stockage desmonnaies divisionnaires. Les applications directes de ce nouvel instrumentde paiement concernent les distributeurs automatiques, les horodateurs, lespéages, les publiphones, etc. Le principe du porte-monnaie virtuel estsensiblement le même que le porte-monnaie électronique à la différence prèsque des unités électroniques sont chargées sur un logiciel – porte-monnaievirtuel – stocké sur le disque dur de l’ordinateur. Le porte-monnaie virtuel aalors pour objet le paiement de petits montants à distance sur internet. Cesvaleurs électroniques sont alors transmises sur le réseau pour le règlementdes obligations financières entre les internautes et les e-marchands.

Les spécificités de ces nouveaux instruments de paiement sont à l’originede nombreux travaux économiques. Une première série de travauxs’intéresse à la qualification économique des unités électroniques (Piffarreti,2000). Pour certains auteurs, les unités électroniques sont constitutives d’unenouvelle forme de monnaie, baptisée monnaie électronique (Perdrix, 1994).Pour d’autres, les unités électroniques ne constituent qu’une nouvelle étapedans le processus d’électronisation de la monnaie scripturale (Roberds,1997). A ces premiers travaux s’ajoute une deuxième série de contributionssur le thème du privilège de l’émission de monnaie électronique enopposant les partisans du free electronic banking à ceux du centralisme bancaire.En d’autres termes, des agents non bancaires peuvent-ils être autorisés àémettre ces unités électroniques (Browne et al., 1995) ou bien le privilège del’émission de monnaie électronique doit-il être réservé à des établissementsde crédit (Godeffroy et al., 1999) ? Enfin, une dernière série de publicationsse propose d’évaluer formellement la demande de monnaie électronique(Boeschoten et al., 1996) et d’analyser les incidences monétaires de lasubstitution partielle ou totale de la monnaie électronique à la monnaiefiduciaire (Berensten, 1998). Pour certains auteurs3, la monnaie électroniquedevrait se substituer aux instruments de paiement traditionnels etcondamner à terme la capacité de contrôle des autorités monétaires. Pourd’autres4, en revanche, le développement d’un substitut privé à la monnaielégale ne devrait pas affecter le contrôle des variables actuelles de lapolitique monétaire.

Cet article s’inscrit dans la première série de travaux. Il se donne pourobjectif de décrire les spécificités du porte-monnaie électronique afin dequestionner la nature économique des unités électroniques transmises dans

3. Tanaka (1996), Kobrin (1997), King (1999) et Friedman (1999).4. Helleiner (1998), Goodhart (2000) et Freedman (2000).

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le cadre de ce dispositif. La question centrale à la quelle nous souhaitonsrépondre est la suivante : la monnaie électronique ne constitue-t-elle qu’une« deuxième génération » de systèmes scripturaux dématérialisés (Aglietta etal., 2002) ou bien constitue-t-elle une réelle rupture consacrant ainsil’avènement d’une nouvelle forme monétaire ?

Pour répondre à cette problématique, notre travail est organisé en quatreparties. Dans une première partie, nous exposons les principes et lefonctionnement des systèmes de monnaie électronique à travers sonprincipal instrument de paiement qu’est le porte-monnaie électronique.Dans une deuxième partie, nous cherchons à établir les spécificités du porte-monnaie électronique par rapport aux instruments de paiementtraditionnels. Dans une troisième partie, nous discutons des controversesautour de la qualification monétaire des unités électroniques et nousapportons quelques éléments de réponse pour apprécier l’évolution de laforme monétaire. Enfin, dans une quatrième partie, nous présentonssommairement les fonctions des nouvelles institutions en charge de lamonnaie électronique et nous décrivons l’organisation française del’émission de monnaie électronique.

La monnaie électronique : principes et fonctionnement

Les pièces et billets sont les premiers instruments apparus pour réglerdes transactions allant de quelques centimes d’euros à plusieurs centainesd’euros. En dépit de leurs avantages significatifs (anonymat, commodité,gratuité, etc.), ceux-ci se révèlent aujourd’hui de moins en moins adaptés àl’environnement du payeur qui impose progressivement des paiementsautomatisés (horodateurs, péages autoroutiers, publiphones, etc.). De même,les instruments de paiement scripturaux, dont les traitements peuvent êtreautomatisés à l’instar de la carte bancaire, ne sont pas toujours proposés auxconsommateurs en raison des coûts marginaux de transaction élevés de cesinstruments. Il résulte donc de ce constat qu’il n’existe aucun instrument depaiement automatisé conçu pour le paiement de petits montants. C’est danscette perspective qu’un nouveau projet d’instrument de paiement baptiséporte-monnaie électronique a été élaboré. Le porte-monnaie électronique estune carte à microprocesseur multicommerçant préchargée de valeursélectroniques et destiné à automatiser les paiements de petits montants dansle commerce de proximité.

De nombreux systèmes de porte-monnaie électronique ont été conçus àtravers l’Europe. Mais, en dépit de leur extrême variété, trois phasesgénériques peuvent être distinguées dans le cadre d’un échange sécurisé

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d’unités électroniques5. La première concerne le chargement des unitésélectroniques sur le porte-monnaie électronique entre un consommateur etun émetteur de monnaie électronique. La deuxième a trait au paiement ouau micropaiement entre le consommateur et le marchand. Enfin, la troisièmephase procède du crédit commerçant. Cette architecture fait donc intervenirtrois acteurs6.

Le chargement de monnaie électronique

Dans le cadre de cette première phase de chargement de valeursélectroniques sur le porte-monnaie électronique, deux acteurs sont enrelation : le porteur du porte-monnaie électronique et l’émetteur de monnaieélectronique. Cette opération est effectuée à partir de distributeursspécifiques de valeurs électroniques baptisés pour la circonstancedistributeur automatique de monnaie électronique (DAME). Cesdistributeurs sont la réplique des distributeurs automatiques de billets(DAB). Les DAME permettent en contrepartie d’un paiement par cartebancaire sur l’automate de provisionner le porte-monnaie électronique. Lepremier flux correspond donc au débit du compte bancaire et au crédit duporte-monnaie électronique. Une deuxième possibilité existe néanmoinspour recharger son porte-monnaie électronique. Les dispositifs commerçantspeuvent être autorisés à initier le rechargement des porte-monnaieélectronique grâce à une fonction baptisée « rechargement express » (Monéoen France). Dans ce cas, le commerçant est à l’origine du processus decréation de monnaie électronique.

La procédure de chargement des unités électroniques étant achevée avecsuccès, le porteur du porte-monnaie électronique est alors en mesure deréaliser des micropaiements.

5. Cette présentation est en partie tirée de Paillès et al. (1994) ainsi que despécifications techniques sur les PME au rang desquelles les Common ElectronicPurse Specifications. Nous remercions également Léon-Charles Hottier, directeurgénéral de la Société française du porte-monnaie électronique interbancaire, pour lesinformations fournies au cours de notre recherche sur le fonctionnement du porte-monnaie électronique Monéo.6. Les architectures d’émission de monnaie électronique sont en règle générale pluscomplexes et peuvent atteindre sept acteurs avec des établissements financiers encharge de l’émission des PME, des terminaux commerçants, etc.

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Le micropaiement

La phase de micropaiement met en relation deux acteurs, le porteur duporte-monnaie électronique et le commerçant, par l’intermédiaire de deuxmodules de sécurité7. Le dialogue sécurisé entre les deux modules est assuréen règle générale par une fonction de signature électronique et une fonctionde chiffrement qui permettent respectivement de garantir l’origine desdonnées et leur intégrité et d’assurer, enfin, leur confidentialité8.

La phase de micropaiement débute lorsque le commerçant saisit lemontant de l’achat sur le terminal d’acceptation. Le consommateur est alorsinvité à introduire sa carte sur le dispositif commerçant. A ce stade, lemodule commerçant va rassembler les données du paiement nécessaires audébit du porte-monnaie électronique. Dans un premier temps, la cartecommerçant décline son identité IPSAM dans un message numéroté N(numéro de transaction) et demande au logiciel du dispositif commerçantd’être créditée du montant M de la transaction saisi par le commerçant.

Cette requête d’initialisation du micropaiement, qui passe par unereconnaissance préalable des dispositifs en dialogue, est suivie d’uneprocédure de vérification du solde disponible sur le porte-monnaieélectronique du porteur. Deux issues sont alors possibles selon que le soldesur la mémoire du porte-monnaie électronique est supérieur ou non aumontant à débiter : soit la provision du porte-monnaie électronique estsuffisante et le porte-monnaie électronique à débiter accepte de poursuivrela transaction, soit la provision est insuffisante et, dans ce cas, une demandede rechargement de porte-monnaie électronique est nécessaire pourpoursuivre la transaction (phase précédente).

Dans le premier cas, la carte à débiter procède immédiatement au calculdu solde du porte-monnaie électronique en défalquant le montant dupaiement à débiter au solde disponible sur la carte. A la suite de cette étapede débit du porte-monnaie électronique du porteur, le porte-monnaieélectronique produit une preuve de paiement, P, indispensable pour créditerle dispositif commerçant. Cette preuve est un calcul de débit du compteur dela carte qui dépend des paramètres de la transaction mentionnésprécédemment. Après calcul de cette preuve de débit, le terminal 7. Le PME du porteur est équipé d’un module de sécurité baptisé Secure ApplicationModule. Le module de sécurité commerçant, nommé le Purchase Secure ApplicationModule, est en général constitué d’une carte format SIM incluse dans le terminal ducommerçant. 8. Le lecteur consultera les spécifications détaillées du standard Common ElectronicPurse Specifications.

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d’acceptation marchand récupère cette preuve et l’adresse à la cartecommerçant à créditer.

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Débiter M de ISAMavec N

Rechargement

Calcul de P

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Rechargement

Calcul de P

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IPSAM et N

S ≥ M

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Figure 1. L’opération de débit du porte-monnaie électronique

Le crédit commerçant

La carte commerçant, équipée des mêmes algorithmes, va alors procéderà la vérification de la preuve. Si cette dernière est cohérente, la cartecommerçant se crédite alors du montant M en provenance de l’identité ISAM

et le terminal commerçant procède au nouveau calcul du solde. En l’absenced’une cohérence de la signature, la transaction est refusée. Le micropaiementaccepté est alors aussitôt enregistré dans le terminal commerçant et cedernier est alors en possession d’un crédit de valeurs électroniques. A ce stade,deux systèmes doivent être différentiés.

Dans le premier, les valeurs électroniques enregistrées sur le modulecommerçant peuvent être directement réutilisées pour réaliser desmicropaiements (Mondex). Dans ce cas, le marchand n’est pas tenu derestituer à l’émetteur les valeurs électroniques pour un crédit de son compte

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bancaire. De même, le transfert d’unités électroniques entre personnes estautorisé (purse to purse). Le transfert de valeurs électroniques entrel’ensemble des agents économiques est alors libre, anonyme et totalementdécentralisé à l’image des pièces et des billets de banque. Le règlement nenécessite aucune intervention d’un intermédiaire pour solder les positionsdébitrices et créditrices des agents économiques. Dans le second système, enrevanche, les valeurs électroniques sont transmises nécessairement à l’aided’une télécollecte à l’émetteur des valeurs électroniques. La télécollecteintervient alors pour préparer un crédit du compte bancaire du commerçant. Laprocédure de télécollecte a donc pour finalité de convertir le crédit d’unitésélectroniques en monnaie scripturale et de retirer du circuit les valeursélectroniques.

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Créditer IPSAM de M avec P

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Transaction acceptée

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Créditer IPSAM de M avec P

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Transaction refusée

Transaction acceptée

St = St-1 + M

V(P)

Figure 2. L’opération de crédit sur la carte marchand

En résumé, dans le cadre d’un système de monnaie électronique, lesdispositifs des consommateurs et des commerçants se débitent et secréditent directement, i.e. sans l’intervention d’un intermédiaire,contrairement à un paiement classique par carte bancaire où la banque

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intervient pour solder les positions. Le consommateur annule sa positiondébitrice en transférant directement des unités électroniques aucommerçant. L’une des originalités du porte-monnaie électronique découlealors logiquement de la dissociation entre l’instrument de paiement et lecompte auquel, traditionnellement, tout moyen de paiement scriptural estinéluctablement lié. Cette spécificité est d’ailleurs à l’origine de toutes lescontroverses : si les unités de monnaie électronique ne sont pas inscrites surun compte bancaire, quelle est alors la nature de la forme monétaire enquestion ? De même, les spécificités de ces instruments de paiement neconstituent-elles pas une rupture par rapport aux instruments de paiementtraditionnels ?

L’objet des prochains paragraphes est précisément de répondre à cesinterrogations. Dans un premier temps, nous nous interrogeons surl’originalité des instruments de paiement et, dans un deuxième temps, nousadressons le problème de la qualification de la forme monétaire des unitésélectroniques.

Une nouvelle gamme d’instruments de paiement

Dans cette partie, nous comparons les nouveaux instruments depaiement que sont le porte-monnaie électronique et le porte-monnaie virtuelavec les instruments de paiement traditionnels. Nous cherchons à répondreà la question suivante : les porte-monnaie électronique et porte-monnaievirtuel correspondent-ils à la classe des moyens de règlement de type pièceset billets ou bien à des moyens d’échange de type carte bancaire et chèque ?

Les instruments de paiement peuvent être en effet dissociés en deuxgrandes classe : les moyens de règlement et les moyens d’échange. Ladistinction fondamentale entre le moyen d’échange et le moyen derèglement, illustrée pour la première fois par Shackle (1971) et reprise parGoodhart (1990), est de deux ordres.

La première concerne le caractère différé du règlement offert par l’usaged’un moyen d’échange en raison de la nature non tangible de la monnaiescripturale. En d’autres termes, dans le cadre d’un paiement réalisé avec unmoyen d’échange, deux flux sont nécessaires pour procéder au règlementd’une dette financière :

– le premier concerne la phase d’exécution du paiement lorsque l’ordre depaiement est transmis au créancier. Cette phase représente l’exécution del’obligation financière ;

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– le second a trait à la phase d’extinction de l’obligation financière lorsquel’établissement de crédit procède à la compensation et au règlement del’obligation.

En résumé, un moyen d’échange offre seulement à son détenteurl’exécution du paiement et non son extinction. Seule une inscription encompte réalisée par la banque permet d’éteindre la dette contractée par ledébiteur (problématique des chèques impayés). Les moyens d’échange nereprésentent donc, du point de vue des agents économiques, que desprocédés pour ordonner les paiements.

En revanche, le moyen de règlement permet l’extinction immédiate desdettes contractées par les agents. Dans ce cas, la remise d’un moyen derèglement à un créancier, à l’image des pièces et des billets, permet delibérer ipso facto le débiteur de sa dette. Dans ce cadre, les flux d’exécution etd’extinction de la dette sont confondus.

La seconde distinction entre le moyen d’échange et le moyen derèglement provient du caractère anonyme et autonome du moyen derèglement. Un moyen de règlement n’est pas nominatif et permet égalementau créancier qui reçoit en paiement le moyen de règlement de le réutiliserdirectement. En revanche, le moyen d’échange est nominatif et nonautonome, i.e. adossé à un compte géré par un mandataire légal,l’établissement de crédit. Ces spécificités obligent le créancier à remettre unordre de paiement – physique (chèque) ou dématérialisé (carte bancaire) – àun établissement de crédit pour obtenir le paiement de ses services.

Au regard de cette présentation sommaire, les instruments de paiementde type porte-monnaie électronique et porte-monnaie virtuel appartiennent-ils à des moyens de règlement ou bien à des moyens d’échange ? Nousdéfendons ici l’idée que les porte-monnaie électronique et porte-monnaievirtuel ne peuvent être raisonnablement confondus ni avec un moyen derèglement ni avec un moyen d’échange.

Premièrement, les porte-monnaie électronique et porte-monnaie virtuelne peuvent être associés à un moyen d’échange pour deux raisonsessentielles. La première est que le porte-monnaie électronique est chargé devaleurs électroniques. Cette caractéristique permet à son détenteur de réglerdirectement la dette qu’il a contractée à l’aide d’un transfert immédiat devaleurs électroniques. Il n’existe donc pas de fabrication d’un ordre depaiement pour mobiliser une monnaie détenue en compte. La deuxième estque le porte-monnaie électronique est un instrument de paiement autonome,i.e. non adossé à un compte bancaire pour le porteur à l’image des moyensde règlement. Une des originalités du porte-monnaie électronique découle

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alors logiquement de la dissociation entre l’instrument de paiement et lecompte auquel, traditionnellement, tout moyen d’échange estinéluctablement lié. Le porte-monnaie électronique ne peut donc êtreraisonnablement associé à la classe des moyens d’échange dans la mesure oùces derniers sont essentiellement des ordres de paiement tangible quipermettent seulement le transfert d’ordres de paiement dématérialisés.

Deuxièmement, les porte-monnaie électronique et porte-monnaie virtuelne peuvent être associés à un moyen de règlement car, si le porte-monnaieélectronique constitue bien une association physique entre un véhicule etdes titres de créance, en revanche, le véhicule n’est pas la représentationtangible du titre de créance. En d’autres termes, le porte-monnaieélectronique n’est jamais transmis dans la phase de paiement ; ce sontdirectement les titres de créance qui sont remis au débiteur. Cetteobservation nous conduit à infirmer l’appartenance des porte-monnaieélectronique et porte-monnaie virtuel à la classe des moyens de règlement.Les porte-monnaie électronique et porte-monnaie virtuel constituent doncde nouveaux instruments qui permettent le transfert immédiat de titres decréance pour régler les dettes contractées. Dans ces circonstances, les porte-monnaie électronique et porte-monnaie virtuel représentent bien uneévolution dans la gamme des instruments de paiement que l’on peutqualifier de moyen de paiement au côté des traditionnels moyens de règlementet moyens d’échange. Un moyen de paiement présente alors lacaractéristique singulière d’être autonome, chargé de titres de créance et noncédé dans l’échange.

Mais, si ces instruments de paiement peuvent être assimilés à denouveaux véhicules de la monnaie, il devient alors légitime de s’interrogersur la nature économique des valeurs électroniques transmises entre lesagents économiques. Les évolutions concernent-elles seulement lesinstruments de paiement ou s’attachent-elles à une modification de la formemonétaire ? En d’autres termes, les valeurs électroniques transmises dans lecadre du porte-monnaie électronique et du porte-monnaie virtuel peuvent-elles être assimilées à une monnaie fiduciaire, à une monnaie scripturale oubien à une nouvelle forme de monnaie ?

La monnaie électronique : une nouvelle forme monétaire

La qualification des unités électroniques est demeurée longtemps l’objetde contestations au niveau international (Institut monétaire européen (1994),Banque des règlements internationaux (1996), Commission européenne(1998), Banque centrale européenne (1998)). La directive européenne

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2000/46/CE est venue clarifier cette controverse en officialisant l’avènementd’une nouvelle forme de monnaie baptisée monnaie électronique.

L’objectif des lignes qui suivent est double. Dans un premier temps, nousrappelons les arguments des controverses et nous présentons les réponsesinstitutionnelles qui ont été apportées. Dans un second temps, nous nousprêtons à une analyse économique de la nature des unités électroniques.

Des controverses sur la nature des valeurs électroniques à une définitioninstitutionnelle de la monnaie électronique

La nature des valeurs électroniques transmises dans le cadre des porte-monnaie électronique et porte-monnaie virtuel semble partager les auteurset les institutions. Deux groupes s’affrontent ainsi pour récuser ou pourlégitimer l’avènement d’une nouvelle forme monétaire.

Les unités électroniques ne sont pas constitutives d’une nouvelle forme de monnaie

Un premier groupe, généralement représenté par les instances bancaires,s’attache à démontrer l’impossibilité d’une nouvelle forme de monnaie. Pourcelui-ci, les valeurs électroniques transmises dans le cadre de nouveauxinstruments de paiement appartiennent simplement à une forme plusélectronisée de monnaie scripturale. Pour Simon (1997), par exemple,directeur général de l’Association française des établissements de crédit etdes entreprises d’investissement (AFECEI), « la monnaie électronique, en tantque concept juridique nouveau, n’existe pas ». L’argument qui sous-tend cetteaffirmation est fondé sur la traçabilité des paiements réalisés avec un porte-monnaie électronique. En d’autres termes, pour l’auteur, le porte-monnaieélectronique « laisse une trace des transactions, qui se traduisent par un ordre detransfert, exécuté par la plate-forme qui met en relation les deux porte-monnaie et enconserve le reflet ». Dans ces circonstances, « les seuls développements sérieuxrelèvent de la monnaie électronique scripturale, c’est-à-dire laissant une trace desopérations ».

Ce point de vue a été réaffirmé pour prendre un caractère plus généraldans un article intitulé « La position de la profession sur la monnaie électronique »(Simon, 1999). Dans cette contribution, le même auteur poursuit leraisonnement en ajoutant que « la monnaie électronique est de la monnaie avantd’être électronique. Son support ne change pas sa nature ». Dans le cadre de cetteanalyse, un argument supplémentaire est invoqué : l’instrument depaiement ne change pas la nature scripturale de la monnaie. Cet arguments’appuie, en réalité, sur une idée qui sous-tend les deux contributions del’auteur : les valeurs électroniques doivent être assimilées à de la monnaie

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scripturale dans la mesure où, les contreparties de l’émission de monnaieélectronique sont des dépôts collectés par l’Emetteur de monnaieélectronique. En d’autres termes, si la monnaie électronique est acceptée parles agents économiques, ce n’est simplement que parce qu’elle estremboursable en monnaie banque centrale. L’unité électronique n’est alorsque la représentation d’un titre de créance du compte de l’Emetteur demonnaie électronique. Dans ces circonstances, « la monnaie électronique estune forme de monnaie scripturale »9.

Cette ligne d’argumentation est reprise par la Banque de France à traversl’analyse de Lanskoy (1999). Pour l’auteur, la nature des unités électroniquespeut être appréhendée par les trois fonctions traditionnelles de la monnaie10.En d’autres termes, il est possible de qualifier la nature des valeursélectroniques en comparant les fonctions que remplissent ces valeurs. Or,pour l’auteur, si les unités électroniques remplissent bien les fonctionsd’unité de compte et d’instrument de paiement, en revanche, celles-ci nes’incorporent pas dans un « nouvel instrument monétaire ». L’instrumentmonétaire, pour Lanskoy (1999, p 47), désigne la fonction de réserve devaleur : « Cette unité idéale doit avoir un support auquel elle s’incorpore pour êtreéchangée et stockée, c’est l’instrument monétaire (réserve de valeur). Lesinstruments monétaires, dans lesquels s’incorporent les unités monétaires, sont lesbillets de banque, les pièces métalliques et la monnaie scripturale. »

Selon l’auteur, pour que l’unité électronique soit qualifiée de monnaieélectronique, elle doit s’incorporer dans un nouvel instrument monétaire :« On entend par là que les unités électroniques qui s’échangent entre porteurs etcommerçants doivent aussi représenter une réserve de valeur équivalente à celle quepeuvent représenter les billets et pièces métalliques ou les soldes figurant sur lescomptes des établissements de crédit. » (Lanskoy (1999, p. 56). Or, pour l’auteur,les unités électroniques ne peuvent pas acquérir ce statut dans la mesure où,celles-ci ne bénéficiant pas du cours légal et forcé, les agents économiques nedétiennent ces valeurs que parce qu’ils ont la conviction de pouvoir leséchanger directement contre de la monnaie fiduciaire ou scripturale. Lalogique est alors implacable pour l’auteur : compte tenu du fait que « lamonnaie électronique n’a pas une valeur autonome, indépendamment de la valeur dela créance sur une somme d’argent qu’elle représente (…), la monnaie électroniquen’est donc pas une nouvelle forme de monnaie mais un titre de créance qui permet defaciliter la circulation de la monnaie scripturale. Le système de paiement en monnaieélectronique est une nouvelle manière de gérer de la monnaie scripturale, dans lequel 9. Cette position a conduit également la Banque centrale européenne à privilégier lecaractère scriptural des valeurs électroniques (Banque centrale européenne, 1998).10. Les fonctions de la monnaie sont rappelées dans le premier chapitre de ce travail.

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le moyen de paiement est une carte chargée d’unités électroniques. » (Lanskoy,1999, p. 61).

Dans le cadre de ce raisonnement, et ce en conformité avec l’analyse deSimon, l’unité électronique est un titre de créance sur une forme de monnaieexistante, i.e. l’engagement de l’émetteur à convertir le solde des unitésélectroniques en une forme monétaire qui a cours légal sur le territoire. Dansces circonstances, « c’est le compte global de l’émetteur qui joue la fonction deréserve de valeur. Les unités électroniques représentent seulement une créance surce compte, donc une créance de monnaie scripturale. Elles ne sont pas une nouvelleforme d’instrument monétaire mais seulement un nouveau moyen de paiement. Acet égard, elles peuvent être qualifiées de titre de créance. » Pour l’auteur alors, lesunités électroniques sont incorporées dans un compte de l’émetteur et, dansce cas, constitue seulement une variante de la monnaie scripturale. Ce pointde vue conduit alors à conclure que les valeurs électroniques ne circulentpas réellement entre les acteurs. Ce sont seulement les comptes de l’émetteuret du marchand qui sont mouvementés.

Cette position permet alors de contester l’émergence d’une nouvelleforme de monnaie. Cependant, elle ne fait point, malgré tout, l’unanimité.

Les unités électroniques sont constitutives d’une nouvelle forme de monnaie

Il est surprenant de constater que les premières analyses de la Banque deFrance entérinaient l’idée d’une nouvelle forme de monnaie baptiséemonnaie électronique. Pour Perdrix (1994, p. 98), par exemple, « les unitéschargées sur une carte prépayée ne peuvent être totalement assimilées ni à l’une ni àl’autre des deux formes de monnaie traditionnelle (monnaie fiduciaire, monnaiescripturale), il y a lieu de considérer que cet encours constitue une nouvelle forme demonnaie que l’on pourrait qualifier de “monnaie électronique“ (…) »

Les arguments invoqués s’appuient tout simplement sur une évolutionde la forme de la créance détenue par les porteurs. Pour l’auteur, la créancedu porteur sur le porte-monnaie électronique n’est pas individualiséecomme peut l’être la créance sur des dépôts à vue et s’apparente donc plus àune créance de type fiduciaire, i.e. générale. Mais, cette créance n’est paspour autant fiduciaire dans la mesure où, elle ne peut être réutiliséedirectement pour procéder à des paiements. La créance détenue sur le porte-monnaie électronique et transférée immédiatement au commerçant necorrespond donc ni à une créance de type fiduciaire, car non réutilisable, ni àune créance de type scripturale, car non individualisée (i.e. dissociée d’uncompte bancaire). La créance transférable sur le porte-monnaie électronique

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est alors d’un type nouveau et légitime l’avènement d’une nouvelle forme demonnaie.

Une analyse identique est sans doute à l’origine de la directiveeuropéenne11 qui est venue officialiser la qualification de la nature desunités électroniques. Selon cette directive, il est reconnu que les unitésélectroniques sont constitutives d’une nouvelle forme monétaire, baptiséemonnaie électronique. La monnaie électronique est alors considérée « commeun substitut électronique des pièces et des billets de banque qui est stocké sur unsupport électronique tel qu’une carte à puce ou une mémoire d’ordinateur et qui estgénéralement destiné à effectuer des paiements électroniques de montants limités ».La monnaie électronique peut être alors définie comme « une valeur monétairereprésentant une créance sur l’émetteur, qui est :

– stockée sur un support électronique,

– emise contre la remise de fonds d’un montant dont la valeur n’est pasinférieure à la valeur monétaire émise,

– acceptée comme moyen de paiement par des entreprises autres que l’émetteur ».

Cette définition prend alors le contre-pied des analyses soutenues par laBanque de France à travers l’analyse de Lanskoy. La valeur électroniqueconstitue une créance sur l’Emetteur de monnaie électronique qui n’est pasdétenue sur le compte de l’émetteur mais, au contraire, sur le dispositifclient, i.e. le porte-monnaie électronique. L’incorporation de la valeurélectronique est alors réalisée sur un autre support qui n’est ni le compte nile billet. L’évolution du support de la créance électronique, contrairementaux analyses de Simon (1999), suffit cette fois alors à justifier unemodification de la forme de la monnaie. Enfin, et contrairement à l’analysede Lanskoy, la directive considère implicitement que le titre de créancecircule bien entre les agents économiques.

Mais, si la définition de la Commission européenne a le mérited’officialiser l’émergence de la monnaie électronique, en revanche, lesjustifications économiques de l’évolution de la forme de la monnaie sontabsentes de la directive. Nous nous proposons alors d’apporter quelqueséléments de réponse pour apprécier l’évolution de la forme monétaire.

11. Directive 2000/46/CE du Parlement européen et du Conseil du18 septembre 2000 concernant l’accès à l’activité des établissements de monnaieélectronique et son exercice ainsi que la surveillance prudentielle de cesétablissements.

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La nature économique de la monnaie électronique

Les analyses précédentes de la Banque de France, par le truchement destravaux de Lanskoy, tendent à conclure que la forme de la monnaie ne peutévoluer que si la nouvelle unité possède une valeur indépendante de lavaleur fiduciaire ou de la valeur scripturale. Or, dans la mesure où, selonl’auteur, c’est l’Etat qui confère le cours légal d’une valeur acceptée dans leséchanges, aucune valeur ne peut prétendre acquérir individuellement lestatut de monnaie. Dans ce contexte, les évolutions techniques importentpeu ; la monnaie doit son existence à une décision unilatérale de l’Etat. Lamonnaie électronique ne peut donc qu’être décrétée par l’Etat.

Ces arguments, empruntés aux théories nominalistes, sontcompréhensibles de la part de la Banque de France. Pourtant, ceux-ci sontnon seulement caducs pour qualifier la forme de la monnaie mais ilssouffrent également d’un défaut d’analyse qui peut conduire, enl’approfondissant, à rejeter l’existence même de la monnaie scripturale.

Ainsi, si la monnaie électronique ne peut exister au motif que celle-ci nepossède pas de valeur autre que celle que lui assure sa conversion enmonnaie scripturale, il faut bien comprendre que la monnaie scripturales’appuie sur les mêmes mécanismes. La monnaie scripturale tire égalementsa valeur de la possibilité de convertir les dépôts en monnaie fiduciaire. Lamonnaie banque centrale joue le rôle de dénominateur commun desmonnaies bancaires. Il est donc possible, selon cette démonstration,d’affirmer que les agents économiques détiennent de la monnaie scripturaleuniquement parce qu’ils ont la conviction de pourvoir la convertir enmonnaie fiduciaire. Nous sommes alors en mesure d’écrire, en paraphrasantLanskoy (1999, p. 57), que « c’est le compte global de la banque centrale qui joue lafonction de réserve de valeur. La monnaie scripturale représente seulement unecréance sur ce compte, donc une créance de monnaie banque centrale. La monnaiescripturale n’est pas une forme d’instrument monétaire mais seulement un moyende paiement. A cet égard, elle peut être qualifiée de titre de créance. »

En réalité, il est de peu d’utilité de recourir à la notion de valeur pourexpliquer les diverses formes de la monnaie. Dans le cadre des systèmesmonétaires contemporains, toutes les formes monétaires ont une valeuridentique au sein d’un même espace monétaire : cette valeur est réduite à lavalorisation des actifs des instituts d’émission de monnaie de premier rang.Ainsi, la monnaie fiduciaire et la monnaie scripturale ont même valeur dansl’Eurosystème et, pourtant, les formes de la monnaie sont dissemblables. Ildevient donc impossible d’opérer une distinction entre les formes de la

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monnaie sur la base de leurs valeurs respectives dans la mesure où celles-cisont identiques.

Pour expliquer la diversité des formes de la monnaie, il est doncnécessaire de faire appel à une autre notion que celle de la valeur de lamonnaie : le support du titre de créance. Dans les économies monétairescontemporaines, la monnaie peut être définie comme un titre de créancegagé, incorporé sur des supports, et généralement accepté entre les agentséconomiques par l’intermédiaire de ses véhicules : les instruments depaiement. La monnaie, en tant que titre de créance, est incorporée surdifférents supports à l’image du métal précieux, du papier ou d’un compte.Ces supports constituent la forme monétaire et confèrent à la monnaie saqualification. En d’autres termes, la différence essentielle entre la monnaiefiduciaire, la monnaie scripturale et la monnaie électronique résultesimplement d’un changement de support du titre de créance (i.e. le passagedu papier pour la monnaie fiduciaire à l’écriture en compte pour la monnaiescripturale et à la mémoire d’un microprocesseur ou d’un disque dur pour lamonnaie électronique). L’incorporation des titres de créance sur dessupports différenciés oblige ainsi à requalifier la forme de la monnaie12.

En d’autres termes, la nature économique de la monnaie électronique estd’être un nouveau support de la monnaie, i.e. une nouvelle forme demonnaie incorporée dans la mémoire d’un microprocesseur ou d’un disquedur au lieu des traditionnels comptes et billets. La monnaie électroniquepeut alors être définie comme une créance inscrite sur une mémoire d’unmicroprocesseur ou sur une mémoire d’un disque dur. La monnaieélectronique est donc une monnaie à part entière, et non une monnaiepartielle, en vertu de la reconnaissance que lui confère la directiveeuropéenne. La monnaie électronique bénéficie, à ce titre, d’un pouvoirlibératoire de droit et non d’un pouvoir libératoire légal. Le créancier n’est doncpas tenu d’accepter l’avoir à titre de paiement, mais s’il le fait, l’opération estreconnue juridiquement13.

L’émission de monnaie électronique est aujourd’hui le privilège desétablissements de crédit et d’une nouvelle institution baptisée établissementde monnaie électronique.

12. Les causes de ces évolutions sont multiples. Elles peuvent être d’origineéconomique à l’image de la monnaie fiduciaire, politique à l’instar de la monnaiescripturale ou technologique comme l’est la monnaie électronique.13. Hong Kong a voté le caractère légal de la monnaie électronique sur le territoiredans le commerce traditionnel à partir de 2008.

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Monnaie électronique 87

Organisation et émission de la monnaie électronique en France

La directive européenne 2000/46/CE est venue clarifier le régimed’émission de la monnaie électronique en Europe. L’émission de monnaieélectronique est le privilège des établissements de crédit et d’une nouvelleinstitution baptisée établissement de monnaie électronique dont le statut, lesdroits et les obligations ont été définis : « Un établissement de monnaieélectronique est une entreprise ou toute autre personne morale autre qu’unétablissement de crédit (…), qui émet des moyens de paiement sous la forme demonnaie électronique. »14

En substance, les établissements de monnaie électronique émettent lamonnaie électronique et ont la possibilité de gérer d’autres moyens depaiement. Le régime de surveillance ainsi que les exigences en matière decapital initial, de fonds propres et de limitation des placements, sontnéanmoins allégés. Un porteur de monnaie électronique peut demander àl’émetteur son rachat en pièces et billets sans autres charges que cellesstrictement nécessaires pour effectuer l’opération. Enfin, les établissementsde monnaie électronique sont soumis à la réglementation prudentielle etsont contraints de fournir toutes les informations nécessaires à la conduitede la politique monétaire. Les établissements de monnaie électronique ontcependant un statut particulier dans la mesure où tout crédit de monnaieélectronique est interdit.

Conformément à la directive européenne, un établissement de monnaieélectronique a pour responsabilité l’émission de monnaie électronique enFrance. Cet établissement, baptisé SFPMEI, acronyme de Société financièredu porte-monnaie électronique interbancaire, est une société financière qui aété habilitée par les autorités le 30 septembre 1999. La SFPMEI est unesociété financière interbancaire détenue par onze actionnaires (BNP, lesBanques Populaires, les Caisses d’Epargne, le Crédit Agricole, le CCF, leCrédit du Nord, le CIC, le Crédit Lyonnais, le Crédit Mutuel, la SociétéGénérale et la Poste). La SFPMEI a aujourd’hui en charge la responsabilitédu développement d’un porte-monnaie électronique baptisé Monéo.

Le porte-monnaie électronique Monéo a été conçu à l’origine par laSociété européenne de monnaie électronique constituée de sept banques(BNP, le Crédit Agricole, le Crédit Lyonnais, les Banques Populaires, leCrédit Mutuel, le CIC et le CCF). L’objectif était de tester, sur un mêmemicroprocesseur, la cohabitation d’une fonction de paiement traditionnel etd’une fonction de porte-monnaie électronique. Monéo associe au masque B0’

14. Article 1er de la directive 2000/46/CE.

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de la carte « CB », la technologie « Geldkarte » utilisée par les cinquantemillions de porte-monnaie allemands. En Août 2001, 144000 porte-monnaieélectronique étaient distribués pour une monnaie électronique en circulations’élevant à trois millions d’euros environ15.

L’architecture de l’émission de monnaie électronique retenue par lesautorités françaises est articulée autour de sept acteurs ainsi que l’illustre lafigure 3. Le porteur de porte-monnaie électronique est en relation avec unebanque Emetteur de l’application porte-monnaie électronique et une banquede rechargement ; le marchand est en relation avec une banque dite banqueAcquéreur ; les trois banques délèguent à une société d’exploitation (BMS),la mise en œuvre technique et commerciale du système porte-monnaieélectronique. Enfin, la dernière institution est l’émetteur des valeursélectroniques en relation avec les banques et la société d’exploitation.

3

Porteur PME Marchand

Banque de rechargement

4

Télécollecte

Banque Acquéreur

1 5Émetteur de Valeurs

Électroniques

Banque Émetteur de l’application PME

2

Chargement

Émission Présentation

Micropaiement

BMS

3

Porteur PME Marchand

Banque de rechargement

4

Télécollecte

Banque Acquéreur

1 5Émetteur de Valeurs

Électroniques

Banque Émetteur de l’application PME

2

Chargement

Émission Présentation

Micropaiement

BMSBMS

Figure 3. Architecture d’un système porte-monnaie électronique à sept acteurs

15. La monnaie électronique en circulation au sein de la zone euro reste égalementlimitée (Banque centrale européenne, 2000). La monnaie électronique en circulations’élevait, à la fin du mois de juin de l’année 2000, à 140 millions d’euros soit une partde 0,04 % du montant des pièces et billets en circulation (M1) et 0,003 % de l’agrégatmonétaire M3.

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Monnaie électronique 89

Le fonctionnement du porte-monnaie électronique débute avec ladistribution de l’application porte-monnaie électronique (1). La banqueEmetteur de l’application de porte-monnaie électronique, en France, est encharge de l’émission des porte-monnaie électroniques. Cette banque esttoujours connue du porteur du porte-monnaie électronique. L’applicationporte-monnaie électronique peut être logée sur des supports de différentescartes diffusées par des établissements de crédit ou en partenariat entre desbanques et des non-banques. La banque Emetteur de l’application de porte-monnaie électronique inscrit son logo sur la carte porte-monnaieélectronique. L’application porte-monnaie électronique est donc sous saresponsabilité.

A partir de cette phase initiale d’équipement des porteurs, nous pouvonsprésenter ce qu’il ait convenu d’appeler la ronde de la monnaie électronique.L’Emetteur de monnaie électronique vend en « gros » la monnaieélectronique aux banques de rechargement (2). Celui-ci a également pourresponsabilité la comptabilisation des flux et la gestion des dépôts ainsi quela sécurité du système porte-monnaie électronique. Les banques derechargement qui achètent la monnaie électronique ont alors pour fonctionde distribuer la monnaie électronique. Cette distribution se faitgénéralement par des distributeurs automatiques de monnaie électronique.Les porteurs de porte-monnaie électronique chargent leur porte-monnaieélectronique auprès de ces distributeurs (2). La monnaie électroniquechargée sur le porte-monnaie électronique est une créance sur la Sociétéfinancière du porte-monnaie électronique interbancaire. Les porteursdépensent ensuite leur monnaie électronique auprès des commerçants (3).Les commerçants remettent les paiements réalisés par le biais de télécollectesauprès de leur banque Acquéreur (4)16. La banque Acquéreur restitue cesvaleurs à l’Emetteur de monnaie électronique qui détruit aussitôt les valeursélectroniques (5). Cette centralisation des paiements évite alors les phaseshabituelles de compensation entre les banques. Dans le cadre de cefonctionnement, il n’existe donc pas de compensation entre les banques derechargement et les banques acquéreur.

Le schéma d’émission de la monnaie électronique en France est donccalqué sur celui de la monnaie fiduciaire, avec un établissement de monnaieélectronique qui émet la monnaie électronique et des autorités de second

16. Les remontées de monnaie électronique sont, selon les informations dont nousdisposons, agrégées. Le crédit commerçant est alors établi sur la base de l’agrégat despaiements.

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rang habilitées à acquérir et à distribuer de la monnaie électronique17.L’architecture de l’émission de monnaie électronique retenue en France estdonc bâtie sur un système à deux étages ainsi que l’illustre la figure 4.

Originator

Banque Autresétablissements

Agent non-bancaire

Agent non-bancaire

Agent non-bancaire

OriginatorOriginator

Banque Autresétablissements

Agent non-bancaire

Agent non-bancaire

Agent non-bancaire

Originator

Figure 4. Architecture à deux étages de l’émission de monnaie électronique

Dans ce système, il existe un émetteur unique de monnaie électroniquequalifié de premier niveau ou originator, en charge de l’émission et duremboursement de la monnaie électronique. L’émetteur, selon le cadrelégislatif bancaire en vigueur, est assujetti à la garantie des dépôts et auxautres fonds remboursables (Andriés, 1999). Il bénéficie, en outre, du float liéà la création de la monnaie électronique. Le premier niveau sera assumé enFrance par la Société française du porte-monnaie électronique interbancaire.Au second niveau, se situent les établissements de crédit ou des institutionshabilitées. Ces institutions se portent acquéreur d’un volume de monnaieélectronique qu’elles distribuent ensuite aux agents non bancaires, receveursfinals des services de la monnaie électronique.

Conclusion

Cet article avait pour objectif de répondre à la question de la qualificationdes unités électroniques transmises dans le cadre d’un nouvel instrument depaiement qu’est le porte-monnaie électronique. Deux résultats ont étéobtenus. Premièrement, nous avons montré que le porte-monnaieélectronique qui assure la circulation des valeurs électroniques constitue unenouvelle catégorie d’instruments de paiement à côté des traditionnels

17. Dans le schéma français d’émission de monnaie électronique, les banques ne sontpas autorisées à créer de la monnaie électronique. Seule la SFPMEI dispose de cetteprérogative.

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moyens de règlement (pièces et billets) et des moyens d’échange (chèque,carte bancaire). Deuxièmement, nous avons établi que les valeursélectroniques transmises entre les agents économiques par l’intermédiairedu porte-monnaie électronique constituent bien une nouvelle forme demonnaie, la monnaie électronique. La monnaie électronique a alors étédéfinie comme une créance inscrite sur une mémoire d’un microprocesseurou sur une mémoire d’un micro-ordinateur. Les supports de la monnaie ontdonc évolué et coexistent à côté des traditionnelles monnaie fiduciaire etmonnaie scripturale dont les créances respectives sont inscrites sur dupapier ou en compte. La monnaie électronique est donc une monnaie à partentière et bénéficie, au titre d’une directive européenne, d’un pouvoirlibératoire de droit, i.e. que le créancier n’est pas tenu d’accepter l’avoir àtitre de paiement, mais s’il le fait, l’opération est reconnue juridiquement.

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