la nationalité française sera rendue aux becker … · terres qu’ils tenaient de leurs aïeux....
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Lucien Becker, éléments biographiques
Lucien Becker est né le 31 mars 1911 à Béchy, en Moselle. Le village était alors
situé dans la partie de Lorraine, allemande depuis 1871.
Enregistrement, le 2 avril 1911, dans le registre d’état-civil de Béchy (alors allemand) de lanaissance de « Lùzian Pfilibert Becker »
La nationalité française sera rendue aux Becker seulement après la Grande
Guerre. Ses parents étaient des agriculteurs qui possédaient une ferme et des
terres qu’ils tenaient de leurs aïeux. Son acte de naissance (en allemand) précise
que son père, Pierre, était un « laboureur », c'est-à-dire un cultivateur assez aisé
pour posséder ses propres bœufs de labour et charrues, pouvant faire aussi des
labours chez des tiers.
Le village de Béchy en 1910
Lucien Becker, éléments biographiques
Lucien Becker conservait un souvenir très fugace de son père. Dès la déclaration de
guerre, en 1914, Pierre Becker avait fui la « Lorraine allemande » et s’était enrôlé dans
l’armée française, comme de nombreux Alsaciens-Lorrains, allemands contre leur gré.
Les autorités allemandes établirent des listes de recherche des « Alsaciens-Lorrains
poursuivis et condamnés pour désertion » où apparaît un « Pierre Becker, cultivateur »;
était-ce le père de Lucien ? Par des archives militaires françaises on sait que celui-ci, né
le 20 février 1882 à Hayange fut tué le 10 décembre 1914, à Bois-le-Prêtre, dans le
secteur de Pont-à-Mousson. Très rarement les proches du poète – son épouse ou sa fille
– l’ont entendu parler de son père disparu jeune. C’est dans une lettre envoyée en 1930
à Jacques Nielloux, l’ami de toujours, que Lucien fait une rare – peut-être la seule –
allusion à son père : « Je mesure ton bonheur à revoir un père aimé, je te comprends
puisque moi je n’ai jamais connu le mien. Et ça me comble de tristesse, quand j’y
pense… »
Lucien Becker en "pèlerinage" à Béchy, en 1976, devant la maison où il est né
Lucien est le second des trois enfants de Pierre et Marie Laurence Becker, et le seul
garçon. En 1917, il fait sa première rentrée des classes à l’école de Béchy, mais sa mère
se voit obligée de vendre la ferme familiale et part avec ses enfants pour s’installer chez
sa mère à Riche, autre village mosellan. A Riche, comme tous les gamins du village,
Lucien fréquente l'école communale, court les bois et les prés, pêche et se baigne dans
la Petite Seille. De temps à autres, il assiste aussi le curé de la paroisse à servir la messe.
Lucien Becker, éléments biographiques
Mais son esprit non-conformiste, au début de l'adolescence, le conduira à s’opposer au
curé, lequel finira par l'expulser de l'église après un long « prêche » public.
La mairie-école et l'église de Riche
Elève studieux, il se prend de passion pour les mots et Le Petit Larousse devient
alors son ouvrage favori. A la fin de l'école primaire, il l’avait lu « trois fois, ligne à
ligne », comme il le confiera à Gaston Puel, son premier « biographe ». Toute sa vie,
Lucien gardera un Petit Larousse à portée de la main. La fille de Lucien, classant les
documents familiaux après le décès de ses parents, découvrit même entre les pages de
son précieux dictionnaire, un trésor de bibliophilie : un exemplaire dédicacé du premier
recueil de René Char, Arsenal.
A Riche, un événement marqua profondément le jeune garçon ; il avait huit ou
neuf ans quand, par un jour d'été, un bel étalon qui broutait dans un pré fut frappé par
la foudre et s'écroula dans l'herbe, à quelques pas de lui. « Le temps d’un éclair, j'ai cru
que c'était moi » confiera-t-il à Gaston Puel. D’un coup, Lucien découvrait la ligne de
partage entre le monde des vivants et celui des morts. Plus tard, à treize ans, ce sera
l'autre grande découverte : « Je suis devenu éperdument amoureux d’une fille de mon
âge. Cela a duré deux ans. Mais cet amour n’a, d’un commun accord, jamais dépassé les
limites de plusieurs milliers de baisers ».
Même si sa famille était unie, Lucien Becker a expliqué à G. Puel ses
responsabilités précoces: « Je ne me suis jamais senti abrité par ma famille . . . C’’est
plutôt moi qui, dès ma prime adolescence, ai dû les protéger (et avec quel mordant)
Lucien Becker, éléments biographiques
contre certaines gens du village . . . ». Devant les tracas inhérents à la vie dans un village
paysan, le jeune garçon se devait de veiller sur sa famille : « Vous voyez le tableau : un
gosse de seize ans assumer toutes les responsabilités d’un adulte, engueuler le maire, qui
n’était d’ailleurs pas très "intéressant", ou le curé qui ne l’était pas davantage. Très tôt, je
n’ai pu compter que sur moi, devenant ainsi le protecteur de la veuve et de… l’orphelin
que j’étais ». Endossant donc ce rôle de « chef de famille », l'adolescent travaillait
souvent, pendant ses moments libres, chez un oncle Becker, à casser du bois, faucher
les prés, moissonner blés et avoines. Dans ses entretiens avec Gaston Puel, Lucien
reconnaissait cependant : « . . . mon adolescence a été merveilleuse. Je vivais dans la
liberté la plus complète, sacrifiant à l’étude proprement dite juste le temps qu’il fallait ».
Il intègre l'internat du collège Charles-Hermite à Dieuze en 1923. C'est là qu'en
1927 un maître d'internat lui fait découvrir la poésie, avec le Manifeste du surréalisme.
« Je découvrais un monde vaguement pressenti » confia-t-il à Henri Rode. Lucien
s'essaie au poème, publie dans un journal local et en 1928 paraît le recueil Feuillets
parfumés de jasmin, dont une petite lettre d'encouragement, signée Henry de
Montherlant, fournit la préface. Regrettant sa « précipitation », Becker renie aussitôt ces
poèmes. La même année, il devient officiellement « pupille de la Nation ».
En 1929, il entre au lycée à Metz, toujours en internat. Il adresse quelques-uns de
ses (nouveaux) poèmes à René Char, qui les publie dans sa revue Méridiens. De cette
époque date leur amitié, et à la parution d'Arsenal, Char l'envoie, donc, à Becker. Celui-
ci publie, hors commerce, Cœur de feu, mais après l'avoir adressée à une douzaine de
personnes, la renie derechef. L'année suivante, Lucien Becker écrit à André Breton, qui
répond en lui proposant une participation à la revue Le Surréalisme au service de la
révolution. L'agrément semble lui suffire, car Becker réagit à rebours: il se taira pendant
sept ans. L'effervescence surréaliste, même à distance, semble bien néanmoins
influencer ses années 1929-1930 : supportant mal la vie quotidienne dieuzoise, il lance,
avec un ami, l'éphémère provocation du GPI (Groupement de la Pègre Intellectuelle)...
En 1930, ayant raté son bac, il aurait pu néanmoins exercer comme instituteur,
mais il refuse le poste qu'on lui propose. Il s’emploie sans succès à la vente
d’aspirateurs. « Il était tellement aimable, confiera son épouse, qu’il n’en a jamais vendu
un ! ». Pressé de fuir une morne existence provinciale, Lucien – exempté du service
Lucien Becker, éléments biographiques
national en sa qualité de pupille de la nation – s’engage sous les drapeaux et se retrouve
soldat à Alep en Syrie. A Jacques Nielloux, autre jeune poète lorrain et ami de toujours,
il écrit : « Dix-huit mois en Syrie, le pays le plus dangereux du monde, je veux dire le
plus insalubre (...) je cours vers le paludisme comme un fou , comme un assoiffé (…) Je
suis parti pour mourir, je ne reviendrai plus sur le sol d'Europe Comme Rimbaud, je
quitte l’Europe aux anciens parapets, je quitte tout, je me suis quitté, je vais à la dérive,
plus un rocher où me retenir ». C’est du temps de son séjour au Levant que date sa
relation épistolaire avec le poète libanais Georges Schéhadé. Malade, Lucien est rapatrié
en France avant la fin de son temps de service ; c’était sans doute une des premières
manifestations de son insuffisance cardiaque – alors non diagnostiquée – qui s’aggravera
dans les années 1970.
De retour en France, Lucien s'inscrit à la faculté de droit de Nancy. En 1935, il
réussit le concours de commissaire de police. Il entre dans l'administration, est affecté à
Dieuze. L'année suivante il rencontre une jeune dieuzoise, Yvonne Chanot, qui l'avait de
son côté déjà remarqué pour son comportement « hors norme », et qui va devenir pour
lui « toutes les femmes » ; il l’épouse le 19 août 1936. Ils s'installent à Dieuze. Lucien
Becker se remet à l'écriture, et en 1938 paraît le premier recueil que ne reniera pas son
auteur, Passager de la terre (Cahiers du Sud), suivi de La Tête sans liberté (Sagesse).
Pourtant, la même année, Becker écrit à Jacques Nielloux : « Je ne crois pas en la
poésie. Ce n’est qu’une magie dont je m’enchante quelques instants. Viennent les
formules et voici un poème (…) Je sais qu’elles ne sont que quelques ombres arrachées
difficilement de la nuit qui nous poursuit jusqu’au-delà de notre mort ». Remarqué par
de nombreux poètes, Becker entame une correspondance durable avec nombre d’entre
eux, parmi lesquels René Lacôte, Pierre Reverdy, Jean Follain, René Guy Cadou, Jean
Rousselot, Joë Bousquet... Il collabore à plusieurs revues. La vie à Dieuze ne lui pèse
plus ; Yvonne et Lucien y sont heureux. Mais cela ne dure pas : la guerre arrive et c’est
l'invasion allemande.
Après l’armistice de 1940, la Moselle est administrativement rattachée au Reich.
La mère du poète quitte Riche. Fonctionnaire, Becker refuse de faire allégeance à
l’administration allemande. Comme beaucoup d’autres, le couple Lucien-Yvonne est
expulsé de Dieuze. En novembre 1940 ils sont embarqués, avec seulement quelques
Lucien Becker, éléments biographiques
bagages, dans un train qui part vers la zone libre, sans que soit indiquée la destination
précise du train. Yvonne est enceinte de sept mois.
Plaque commémorative dans l’ancienne gare de Dieuze
Au cours de leur pérégrination vers la zone libre, passant par Le Gué-du-Loir, ils
rencontrent Michel Manoll, René Guy Cadou et Jean Rousselot. Ce dernier, également
commissaire de police, sera résistant... tout comme un troisième « commissaire-poète »:
Paul Chaulot, qui est aussi un ami. Lucien Becker et son épouse arrivent à Montauban.
Ils sont hébergés un temps par des personnes que Lucien ne pourra pas – à son regret –
remercier après la fin de la guerre, car Lucien détruisit les informations permettant de
les identifier, afin de leur éviter tout risque. Des activités antiallemandes requéraient de
telles précautions. Lucien Becker est finalement nommé à Marseille, affecté au « service
des étrangers » où il restera jusqu'au début de l'année 1946. Ses fonctions à Marseille
vont lui permettre de fournir de « vrais faux papiers » à de nombreuses personnes qui
fuyaient le régime de Vichy, l'occupant et ses « collaborateurs ». Il pouvait aussi faire
prévenir des Juifs de rafles en préparation et entrer en contact avec des organisations de
résistance de la police et du sud-est de la France, comme celle de René Char, alias
« capitaine Alexandre ». Lucien Becker est resté très discret sur ces activités, pourtant
avérées par un document – en provenance d’un organe de résistance de la police –
découvert par sa fille après le décès de ses parents ; elle a également reçu un témoignage
Lucien Becker, éléments biographiques
écrit du fils d’une famille qui avait été sauvée des exactions des occupants grâce à
Becker.
Le 22 janvier 1941 c’est la naissance de Marie-Thérèse, surnommée Ritou par
son père.
Lucien Becker et sa fille Ritou en 1941, à Marseille, dans le Parc Chanot
Au-delà de ses activités professionnelles ou clandestines, la période 1941-1945 est très
active pour Lucien sur le plan littéraire : il noue de nombreuses amitiés dans le milieu
littéraire local, collabore aux Cahiers du Sud, à Fontaine, la revue de Max-Pol Fouchet,
à Poésie 41 que dirigeait Pierre Seghers, et encore à Profil littéraire de la France et
Confluences. A cette époque, à Marseille, la comtesse Pastré exerce un mécénat
généreux. Lucien participe souvent aux brillants « salons des arts et lettres » qu’elle
organise quasi-quotidiennement dans sa demeure, le château Pastré. Au cours de ces
réunions il se lie en particulier avec Luc Dietrich (qui décédera en août 1944), Lanza del
Vasto et Ilarie Voronca. Il reverra ces deux derniers à Paris après la guerre.
Lucien Becker, éléments biographiques
Lucien Becker et Yvonne (cachée derrière les fleurs) chez la comtesse Pastré
En 1941 L'Homme quotidien est publié chez M. Audin, hors commerce, comme le
seront, l'année suivante, La Solitude est partout, puis en 1943 Pas même l'amour. Parmi
les rencontres marseillaises d'où naîtra une amitié durable, mentionnons encore la celle
de Pierre Ambrogiani, facteur qui ornait de dessins des enveloppes de lettres avant de
les distribuer, et deviendra un peintre réputé.
En 1946, Lucien Becker est nommé à Paris. Gallimard édite Le Monde sans
joie, regroupant les trois recueils imprimés chez Audin. Yvonne ouvre une librairie non
loin de l'Ecole militaire. Quelques années durant, le couple profite de la vie parisienne.
Becker se lie d’amitié avec Léopold Sédar Senghor. Pierre André Benoît édite en 1946
Si beaux tous les regards. A partir de 1950, Becker prendra ses distances vis-à-vis des
milieux littéraire. Deux recueils majeurs paraissent chez Gallimard : Rien à vivre en
1947, Plein Amour en 1954, qui donne à lire, après les seize poèmes de « Présence du
soleil », trois suites poétiques qu'avait éditées (hors commerce) Pierre André Benoît : Le
Désir n'a pas de légende (1950), Les Dimensions du jour (1951), Les Pouvoir de
l'amour (1952).
Lucien Becker, éléments biographiques
En 1952, Lucien Becker est nommé à la sécurité du port de Dakar. Il retrouve
Léopold Sédar Senghor, devenu député. Ce changement de continent n'affecte pas
sensiblement l'auteur de Rien à vivre. Il confiera à Gaston Puel que l'Afrique ne
l'intéressait « pas plus que la Syrie, ou que Nancy, Metz ou ... Dieuze ». Il y reste trois
ans.
Nommé au Ministère de l'Intérieur, il rentre à Paris en 1955. Yvonne ouvre une
nouvelle librairie dans le XVIIe arrondissement. La revue H.S.E. (les Hommes Sans
Epaules) rend hommage à l’œuvre poétique de Lucien Becker en 1956. Le poète
participe l'année suivante à Neuf, « manifeste poétique par 9 poètes » que publie
Seghers. En 1961 parait son ultime recueil, L'Eté sans fin, aux « éditions de
Chauméane »... qui n’existent pas ; le titre a été publié à compte d’auteur. Gaston Puel
signe son Lucien Becker pour la collection Poètes d'aujourd'hui de Seghers, qui paraît
en 1962. Par une sorte de pirouette, à l'heure de sa consécration, Becker annonce à
Gaston Puel qu'il n'écrira plus.
En 1967 Lucien Becker achète une propriété à Lalande dans l’Yonne, un
« hameau de trois “feux” » situé près de Toucy où naquit... Pierre Larousse. Becker
prend sa retraite l'année suivante et s’installe à Lalande, souhaitant y passer la plus
grande partie de son temps. Il y retrouve les gestes de ses ancêtres paysans, fauche ses
prés et bêche la terre pour cultiver ses pommes de terre et ses légumes. Il découvre l'art
d'être grand-père : son petit-fils Mathieu naît en 1970.
Au cours de cette période, les années soixante, Becker coupe presque tous les fils
de sa correspondance « littéraire ». Certaines lettres adressées à Becker après 1961,
portent ainsi l'annotation : « Je n'ai pas répondu », comme ces deux lettres de Marcel
Arland, datées de 1964, lui demandant des poèmes pour la N.R.F. Il ne répond qu'à de
rares correspondants, par exemple, en 1967, à Jean Grosjean qui lui envoie ses Elégies.
Après une sérieuse alerte cardiaque de Lucien, à la fin de l'été 1970, le couple
s’installe à Neuilly-sur-Seine. Pendant 8 à 10 ans, ils feront encore de courts mais
nombreux séjours à Lalande, où ils se réjouissent des visites de leurs fille et petit-fils. En
octobre 1974, un nouvel accident cardiaque faillit être fatal, mais grâce à des soins
attentifs, après plus d'une semaine dans le coma, Becker revint à la vie.
Lucien Becker, éléments biographiques
Fin 1981, répondant à l’appel de la Lorraine natale, ils quittent Neuilly, pour la
périphérie de Metz en premier lieu. Puis, en décembre 1983, ils laissent Metz pour une
maison achetée à Dieuze ; de la maison, on peut voir le collège Charles-Hermite.
Dieuze – Chemin de l’Halbuterie - Dernière maisonde Lucien Becker et de son épouse
Mais Lucien y passera moins d'un mois : il est hospitalisé à Vandœuvre-lès-Nancy au
tout début de l'année 1984 et il y décède le 25 janvier. Yvonne lui survivra jusqu’en
novembre 1994.
Son ami Robert Sabatier lui rend hommage dans Le Monde des livres du 23 mars1984 :
Discrétion de Lucien Becker
Depuis vingt ans, il se taisait. Il est mort il y a quelques mois, et personne
ne l'a su. Lucien Becker, poète farouche des villages, des arbres, de
l'amour grave et de la solitude, a glissé hors de ce monde, sans le
troubler. (...)
Il disait se f... des poètes et de la poésie, mais admirait Reverdy, Rimbaud
et Baudelaire. (...)
On citera ce fragment de stèle, pour saluer Becker: « Un homme dont le
nom n'est sur aucune lèvre va devenir un simple trait sur l'horizon.
Après avoir été le sommet du couchant, il s'apprête à redescendre parmi
les pierres ».
Lucien Becker, éléments biographiques
L'anonymat ne s'avère pas... Guy Goffette rassemble l'œuvre poétique de Lucien Becker
dans Rien que l’Amour, qui paraît en 1997 aux éditions de La Table Ronde. En 2003,
sous l'impulsion d'André Wagner, actif animateur bénévole de la MJC de Dieuze, la
ville donne à sa médiathèque le nom de Lucien Becker.