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LA STRATÉGIE EUROPÉENNE POUR L’EMPLOI DANS LE CADRE DES LIGNES DIRECTRICES INTÉGRÉES POUR LA CROISSANCE ET L’EMPLOI Confédération européenne des syndicats

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  • LA STRATÉGIE EUROPÉENNE POUR L’EMPLOI DANS LE CADRE DES LIGNES DIRECTRICES INTÉGRÉES

    POUR LA CROISSANCE ET L’EMPLOI

    Confédération européenne des syndicats

  • LA STRATÉGIE EUROPÉENNE POUR L’EMPLOI DANS LE CADRE DES LIGNES DIRECTRICES INTÉGRÉES

    POUR LA CROISSANCE ET L’EMPLOI

    Rapport final

    Oriol Homs | Wilfried Kruse | Céline Lafoucrière | Pierre Tilly

    avec le soutien de la Commission Européenne

    with the support of the European Commission

    Confédération européenne des syndicats

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    1. Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 03

    2. Quelle évolution de l’emploi 2005-2006 ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 052.1.Les étapes de l’emploi en Europe 1997-2006 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 062.2.Les indicateurs de suivi de la SEE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 07

    3. L’année 2005 de la SEE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 093.1.Lignes directrices intégrées pour l’emploi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103.2.Les PNR et le Rapport Conjoint sur l’emploi 2005-2006 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12

    4. Études de cas et débats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 154.1.Résultats des études de cas: manquements systématiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 164.2.Résultats des enquêtes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48

    5. Conclusions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 515.1.Après la réforme, qu’en est-il de la stratégie ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 525.2.Après la réforme, qu’en est-il de la participation des partenaires sociaux ? . . . . . . . . . . . 535.3.Remarques finales. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58

    6. Propositions. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61

  • LA STRATÉGIE EUROPÉENNE POUR L’EMPLOI DANS LE CADRE DES LIGNES DIRECTRICES INTÉGRÉES POUR LA CROISSANCE ET L’EMPLOI | 3

    1. Introduction 2. Quelle évolution de l’emploi 2005-2006 ?

    3. L’année 2005 de la SEE4. Études de cas et débats

    5. Conclusions6. Propositions

    INTRODUCTION

  • 4 |

    La CES a présenté, en mai 2005, le rapport“Contribution des organisations syndicales à l’évo-lution des actions menées et de leur impact en ter-mes de stratégie européenne pour l’emploi” commerésultat d’un large débat de réflexion sur l’optiquesyndicale du développement de la SEE et de sonimpact au niveau européen.

    Au cours de l’année 2006, la CES a demandé à lamême équipe de chercheurs de réaliser un suivi del’application des lignes directrices intégrées pourl’emploi et d’aller plus loin dans la vision syndicalequant aux succès de la SEE tout en tenant compte desévènements ayant eu lieu depuis le dernier rapport.

    Ce second rapport a introduit quelques change-ments méthodologiques au regard du premier. Eneffet, il a non seulement réalisé une nouvelleenquête envoyée à toutes les organisations syndi-cales nationales et organisé deux séminaires de

    débat beaucoup plus centrés, thématiquement, surles principales hypothèses de travail apportées lorsdu premier rapport, mais il a procédé aussi à qua-tre études de cas en Hongrie, en Suède, enAllemagne et en Espagne, de façon à contraster surle terrain les débats des séminaires et afin d’allerplus loin dans les conditions nationales de l’appli-cation de la SEE.

    Les séminaires ont été organisés à Bratislava le 16 et17 février 2006 et à Ljubljana le 20 et 21 avril de lamême année, et les différentes organisations syndi-cales nationales y ont été invitées.

    Finalement, les conclusions des débats et les propo-sitions du rapport ont été présentées lors d’unséminaire final tenu à Bruxelles auquel ont participédes experts, des professeurs, des syndicalisteseuropéens, des représentants de la Commissioneuropéenne et des organisations patronales.

  • LA STRATÉGIE EUROPÉENNE POUR L’EMPLOI DANS LE CADRE DES LIGNES DIRECTRICES INTÉGRÉES POUR LA CROISSANCE ET L’EMPLOI | 5

    1. Introduction 2. Quelle évolution de l’emploi 2005-2006 ?

    3. L’année 2005 de la SEE4. Études de cas et débats

    5. Conclusions6. Propositions

    QUELLE ÉVOLUTION DE L’EMPLOI2005-2006?

  • A partir de 2004, année de l’élargissement del’Union européenne à 25 membres, on a constatéune nouvelle amélioration de la situation, un renou-veau de croissance des taux d’emploi, ainsi qu’uneréduction des taux de chômage touchant inégale-ment les différents pays.

    Le taux d’emploi se réfère au second trimestre et letaux de chômage, au mois d’octobre.

    Une nouvelle révision de la SEE a lieu en 2005 ; elleinclut une plus grande intégration des dimensions

    macroéconomiques, microéconomiques et de cellesde l’emploi, ainsi qu’une redéfinition des orienta-tions stratégiques. Cette nouvelle étape de l’emploiest toujours en vigueur aujourd’hui.

    Ces trois grandes étapes de l’évolution de l’emploidepuis l’adoption de la SEE, d’un point de vue stric-tement quantitatif sur les volumes d’emploi, ont per-mis de constater que la stratégie définie en 1997 abeaucoup plus servi d’orientation d’objectifs généri-ques à partir de diagnostics actualisés et adaptésaux changements de la situation économique que

    Deux ans après le premier rapport sur laContribution des organisations syndicales à l’éva-luation des actions menées et de leur impact en ter-mes de stratégie européenne pour l’emploi, il estpossible de faire maintenant, avec plus de recul,une analyse sur l’évolution de l’emploi en Europedepuis le début de la Stratégie européenne pourl’Emploi en 1997.

    2.1. Les étapes de l’emploi en Europe1997-2006

    La crise du début des années 90 a entraîné, dansl’Europe des 15, de forts taux de chômage, supé-rieurs à 10% ; toutefois, à partir de 1994, l’emplois’est amélioré, ce qui s’est traduit par une réductionprogressive des taux de chômage. La définition de laStratégie européenne pour l’Emploi en 1997 devaitrépandre l’amélioration de la situation de l’emploi etaborder les enjeux pour l’avenir. Pour cette étapes’étendant de 1994 à 2001, dans un contexte d’amé-lioration économique généralisée, l’impact de la SEEa été positif : croissance du taux de l’emploi de deux

    points et réduction d’un point du taux de chômage. C’est dans cette situation d’une certaine euphorieque le Sommet de Lisbonne a envisagé un planambitieux visant à affronter les enjeux pour l’avenirde l’Europe qui lui permettraient de devenir la pre-mière économie compétitive de la planète, tout enmaintenant le modèle de cohésion sociale européenjusqu’à 2010.

    Cependant, à partir de 2001, le changement ducycle économique a fortement ébranlé les objectifsde Lisbonne : le taux de l’emploi a pratiquementstagné alors que le taux de chômage a commencé àgrimper, touchant de nombreux travailleurs de laplupart des pays membres. Il a fallu corriger, en2003, les orientations de la stratégie pour l’emploiet les adapter à une situation qui s’éloignait desobjectifs de Lisbonne. Le désir de continuer à tra-vailler pour atteindre ces objectifs en 2010 s’estréaffirmé, tant du point de vue du plein emploi quede celui d’une meilleure qualité des emplois etd’une plus grande productivité, en y incorporantaussi la stimulation de la cohésion sur un marchédu travail inclusif.

    6 |

    Évolution de l’emploi en UE-25

    Année Taux emploi Taux chômage Dates clés de la SEE1997 60,6 Statégie européenne pour l’emploi 1998 61,2 9,4

    1999 61,9 9,1

    2000 62,4 8,6 Sommet de Lisbonne 2001 62,8 8,4

    2002 62,8 8,8

    2003 62,9 9,0 Nouvelles orientations européennes pour l’emploi

    2004 63,3 9,1 Élargissement à UE252005 63,3 8,8 Orientations intégrées pour l’emploi2006* 64,6 7,9

    Le taux d’emploi se réfère au second trimestre et le taux de chômage, au mois d’octobre.

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    1 Voir: “Indicators for monitoring the employment guidelines including indicators for additionnal employment analysis”. 2006Compendium. 29-9-06.

    2. Quelle évolution de l’emploi 2005-2006 ?

    d’instrument efficace pour promouvoir un impactsignificatif sur le développement de l’emploi enEurope.

    Les orientations intégrées de 2005 misent toujourssur les objectifs de Lisbonne même si, en fait, onassume maintenant que l’on n’atteindra pas cesobjectifs à la date prévue ; c’est pourquoi une par-tie importante des PNR des pays membres com-mencent à introduire dans leurs planifications uneprolongation des délais.

    2.2. Les indicateurs de suivi de la SEE

    Même si la situation quantitative de l’emploi s’estaméliorée, si nous calculons l’emploi créé en équi-valents à plein temps, la croissance est pratique-ment nulle au cours des cinq dernières années.D’autre part, si nous considérons les inégalités surle marché du travail, les conclusions sont encoreplus décourageantes.

    C’est la variable de genre qui a évolué le plus posi-tivement, malgré les grandes différences qui subsis-tent quant à la situation de l’emploi entre hommeset femmes. La croissance qui a eu lieu a été beau-coup plus favorable aux femmes, quoique les tauxd’activité et d’emploi entre hommes et femmesmarquent toujours 15 points de différence, mêmes’ils ont diminué d’environ 2 points depuis 2000. Sinous calculons maintenant les taux d’emploi enéquivalent plein temps, les différences sont encoreplus grandes, 21 points, même si, là aussi, elles ontdiminué de deux points environ. Et les différencesentre le pourcentage d’occupés ayant des contratsnon standards entre hommes et femmes sont deplus de 14 points, quoique les différences salarialesaient diminué de deux points.

    La situation des jeunes est toujours pire que celledes adultes. Les taux de chômage séparent davan-tage, au cours de ces dernières années, les jeuneset les adultes. Seuls les taux des femmes jeunes sesont améliorés, mais pas ceux de leurs homologuesmasculins.

    Les disparités régionales en matière d’emploi sonttoujours très hautes, même si elles se sont amélio-rées ces dernières années, de même que les acci-dents de travail.

    Le chômage de longue durée touchant les person-nes éprouvant les plus grandes difficultés à accéderà l’emploi s’est maintenu constant dans les cinqdernières années. Les différentiels entre le taux dechômage des immigrés et des nationaux commu-nautaires se maintiennent élevés, quant à eux, avecplus de 8 points de différence.

    Enfin, le pourcentage d’emploi non standard estsitué à environ 40%, et il connaît de grandes diffé-rences entre pays1.

    En ce qui concerne la formation continue tout aulong de la vie, l’amélioration de l’accès à la forma-tion est appréciable et elle est passée de 7,8% en2001 à 11% en 2005 ; il en va de même pour d’autresindicateurs d’amélioration de l’éducation et de laformation de la population.

    La reprise de l’emploi dans les deux dernièresannées n’a donc pas signifié clairement une amé-lioration du statut de l’emploi, ni une réductionconsolidée des inégalités sur le marché du travail,sauf pour celles concernant les différences degenre qui semblent aller, quant à elles, dans le bonsens, bien qu’elles soient encore loin d’atteindreleurs objectifs.

  • LA STRATÉGIE EUROPÉENNE POUR L’EMPLOI DANS LE CADRE DES LIGNES DIRECTRICES INTÉGRÉES POUR LA CROISSANCE ET L’EMPLOI | 9

    L’ANNÉE 2005 DE LA SEE

    1. Introduction 2. Quelle évolution de l’emploi 2005-2006 ?

    3. L’année 2005 de la SEE4. Études de cas et débats

    5. Conclusions6. Propositions

  • Ce nouveau rapport sur la contribution syndicaleau suivi de la SEE se propose, concrètement,d’analyser les lignes directrices intégrées pourl’emploi et leur effet sur l’emploi et sur le dialoguesocial entre les partenaires sociaux.

    Nous pouvons affirmer que 2005 a été une annéeclé pour relancer la SEE. Outre les nouvelles lignesdirectrices, les principaux repères de 2005 sont lelancement du programme communautaire sur lastratégie de Lisbonne par la Commission, la miseen marche de la nouvelle étape de programmation2005-2008, avec présentation des PNR par lesétats membres, et l’élaboration du RapportConjoint de la Commission et du Conseil del’Europe 2005-2006 comme évaluation de suivi dela SEE.

    3.1. Lignes directrices intégrées pourl’emploi

    Vu les difficultés à atteindre les objectifs deLisbonne et le besoin de relancer la SEE, et profi-tant du contexte d’une timide amélioration de l’em-ploi, la Commission a proposé de nouvelles lignesdirectrices qui intégreraient les processus de coor-dination ouverts sur l’emploi (processus deLuxembourg), réformes microéconomiques etstructurelles (processus de Cardiff ), et dispositifsmacroéconomiques et budgétaires (processus deCologne). Cette intégration de processus visant àdonner plus de cohérence entre les différentes poli-tiques économiques, environnementales et socia-les afin d’atteindre les objectifs de Lisbonne, mêmesi l’accent est davantage mis sur le processus etsur les mesures concrètes, et beaucoup moins surles objectifs à atteindre.

    L’objectif principal des lignes consiste à mettre enpratique des politiques visant à:

    > Attirer plus de personnes sur le marché du tra-vail, en faisant, notamment, que le travail soit renta-ble, en supprimant les pièges du chômage et enencourageant les femmes et les personnes âgées às’intégrer sur le marché du travail, ou bien, à y rester> Améliorer la capacité d’adaptation des travail-leurs et des entreprises, tout en augmentant laflexibilité des marchés du travail européens grâce àdes contrats de travail diversifiés> Investir en capital humain par le biais de l’amé-lioration de l’éducation et des compétences.

    Ces trois objectifs sont ventilés en huit lignes direc-trices qui composent, conjointement avec celles detype macroéconomique et microéconomique, l’en-

    semble des 23 lignes intégrées des nouvellesorientations.

    > Ligne 17: Appliquer des politiques pour l’em-ploi aboutissant au plein emploi, à l’améliorationde la qualité et de la productivité du travail et aurenforcement de la cohésion sociale et territoriale.> Ligne 18: Promouvoir une approche du travailbasée sur le cycle de vie.> Ligne 19: Assurer des marchés du travail inclu-sifs, faire que le travail soit plus attirant et qu’il soitrémunérateur pour les demandeurs d’emploi, entreautres les personnes défavorisées et les inactifs.> Ligne 20: Améliorer l’adéquation aux besoinsdu marché du travail.> Ligne 21: Promouvoir la flexibilité combinée à lasécurité de l’emploi et réduire la segmentation dumarché du travail en accordant l’attention néces-saire au rôle des partenaires sociaux.> Ligne 22: Assurer que l’évolution des coûts detravail et les mécanismes de fixation des salairesfavorisent l’emploi.> Ligne 23: Accroître et améliorer l’investisse-ment en capital humain.> Ligne 24: Adapter les systèmes d’éducation etde formation pour répondre aux nouvelles exigen-ces en matière de compétences.

    Ce sont les États membres qui devront mettre surpied ces lignes d’action, en collaboration avec lespartenaires sociaux, afin de couvrir les objectifssuivants de: plein emploi, amélioration de la qua-lité et de la productivité du travail et renforcementde la cohésion sociale et territoriale.Comme on peut le constater, ces lignes d’orienta-tion sont le résultat d’un équilibre laborieux entreles différentes conceptions sur la politique pourl’emploi, sur le rôle que doit jouer la Commissioneuropéenne dans la promotion de l’emploi et sur lasituation diverse que l’emploi connaît dans chaquepays membre.

    Quatre aspects méritent d’être commentés aumoment d’analyser les lignes directrices:> La difficulté de l’intégration des trois compo-santes des lignes directrices intégrées.L’intégration de la perspective économique et decelle de l’emploi est indéniablement un pas enavant vers une conception globale qui tiendracompte des impacts sociaux des politiques écono-miques et des potentiels de l’implication des parte-naires sociaux pour la croissance économique.Dans le contexte de la coordination ouverte etinter-institutionnelle de l’Europe des 25, cette inté-gration est très complexe et requiert de fortesdoses de leadership. Résultat de cette situation, onremarque plus de juxtaposition que d’intégration

    10 |

  • de dispositifs, ceci laissant des vides de cohérenceentre le désir d’améliorer la compétitivité de l’éco-nomie européenne et les instruments de politiquemacroéconomique à utiliser, ou encore, les décla-rations préconisant le modèle social européen etsa réforme.> Une orientation macroéconomique beaucouptrop rigide et beaucoup trop déséquilibrée pour lecontrôle de l’inflation et des grandeurs monétairesqui ne prête pas assez d’attention à l’interventiondans le cycle économique, de façon à relancer leséconomies nationales. La faible expérience, quantà l’unification monétaire, malgré le succès obtenu,entraîne une pression excessive pour une gestionconservatrice des grandeurs monétaires face à l’in-certitude dans la façon de coordonner la croissanceéconomique et les cycles des économies nationa-les. Les difficultés à diriger, au niveau européen, lacoordination entre les économies nationalesengendrent des craintes, des lenteurs dans la capa-cité de réaction face à la conjoncture et des posi-tions attentistes et peu convaincantes chez les diri-geants européens. L’insécurité et la méfiance s’ins-tallent chez les partenaires économiques etsociaux, ceci provoquant des effets négatifs surl’investissement et la consommation qui prolon-gent inutilement les périodes de réaction et dereprise des économies nationales2. > Les équilibres visant à définir les lignes directri-ces présentent des lacunes qui laissent certainsobjectifs sociaux de base totalement dilués,comme, par exemple, ceux de promouvoir des poli-tiques visant à réduire le nombre de travailleurspauvres, ou encore à interdire des salaires situésen dessous des niveaux minimum de revenusdécents.> Quoi qu’il en soit, le principal problème, commenous le verrons plus loin, est que ces orientationsforment un ensemble cohérent qui, à quelquesnuances près, semble équilibré et qui a étéappuyé, au départ, par les partenaires sociaux etpar les principales institutions intervenant dans ladimension de l’emploi. Toutefois, telles qu’ellessont formulées, elles risquent de ne pas être inter-prétées et appliquées avec la même conceptionglobale et unitaire, et chaque partenaire, notam-ment chacun des gouvernements chargé de leurimplantation, peut au contraire les interpréter dif-féremment et mettre l’accent sur l’une ou l’autreligne, ou sur tel ou tel aspect, au sein de chaqueligne, ceci ayant comme conséquence que, dansleur transposition nationale, les résultats obtenuspeuvent donner lieu à des résultats fort différents,

    et même dans certains cas, contradictoires par rap-port à ceux que l’on pensait obtenir dans leurconception initiale. Ainsi, la cohérence des lignesdirectrices, telle qu’elle est formulée, risque de sedésintégrer dans leur application nationale.

    L’attention doit donc être portée sur le processusde suivi et d’application des nouvelles lignes direc-trices d’emploi intégrées. Ce qui revient à sedemander jusqu’à quel point leur application arriveà maintenir les équilibres contenus dans leur for-mulation ou si, au contraire, l’application particula-risée par chaque gouvernement finit par briser leséquilibres initiaux et fait que les résultas s’éloi-gnent des impacts voulus. Les autres mesuresaccompagnant les lignes directrices en matière desimplification du suivi (un seul rapport annuelconjoint, des programmes tri-annuels nationauxintégrés, un comité pour l’emploi simplifié…), ayantplus rapport avec le processus de gestion et d’ap-plication des lignes directrices, gagnent donc duterrain.

    Cette ambiguïté des nouvelles lignes directrices sereflète dans le scepticisme des dirigeants syndi-caux, scepticisme recueilli au prochain chapitre. Eneffet, tout en étant d’accord avec la propositiond’intégration des orientations économiques et decelles pour l’emploi, ceux-ci craignent que leurapplication ait peu d’impact sur l’emploi ; et ilsredoutent surtout que les travailleurs paient lesconséquences des efforts pour améliorer la compé-titivité des économies européennes, avec despériodes de plus en plus longues de crise de l’em-ploi, et la perte de qualité de ce dernier.

    Outre les processus signalés, il existe d’autres ins-truments qui ont été mis en place pour renforcer laSEE:

    > L’approbation du Pacte européen pour les jeu-nes et pour la promotion de la citoyenneté active ;il vise à améliorer l’éducation, la formation, lamobilité, l’insertion professionnelle et l’inclusionsociale des jeunes, tout en facilitant la conciliationentre vie professionnelle et vie familiale. De nom-breux PNR nationaux l’incorporent à leurs visées,quoique sans beaucoup l’approfondir ni le rendretrès visible et, dans presque tous les cas, la partici-pation des organisations de jeunes n’a pas été ren-forcée. > L’approbation des nouveaux règlements desfonds structurels, notamment du FSE, en renforce

    LA STRATÉGIE EUROPÉENNE POUR L’EMPLOI DANS LE CADRE DES LIGNES DIRECTRICES INTÉGRÉES POUR LA CROISSANCE ET L’EMPLOI | 11

    2 Voir “Plus d’emplois et de meilleurs emplois en Europe. L’Europe a besoin de politiques macroéconomiques plus souples” commeposition du CES en matière de politique macroéconomique.

    3. L’année 2005 de la SEE

  • le rôle d’instruments en faveur des politiques euro-péennes économiques et pour l’emploi.> Fonds d’Ajustement à la Mondialisation,comme nouvel instrument permettant de complé-menter la réorganisation des objectifs des fondsstructurels de façon à faciliter la capacité de réac-tion face aux difficultés des entreprises et des ter-ritoires à s’adapter aux dangers de la compétitivitédans un contexte de mondialisation des écono-mies.> Programme de travail “Éducation et formation2010” qui définit un agenda global pour la coopéra-tion des États membres à l’amélioration des systè-mes d’éducation et de formation en Europe defaçon à encourager le développement du capitalhumain.> Dans un tout ordonné, le programme commu-nautaire sur la stratégie de Lisbonne intègre l’en-semble des mesures pour la mise en œuvre desobjectifs de Lisbonne, en tant qu’effort de laCommission visant à en améliorer la visibilité et lacoordination.> Les mesures destinées à stimuler l’emploiconstituent un ensemble d’actions complémentai-res ; dans le cadre de l’emploi, elles se proposentd’encourager l’analyse, la recherche et la coopéra-tion entre les États membres, par le biais du suivide la SEE par l’Observatoire européen pourl’Emploi, et aussi grâce au programme d’apprentis-sage mutuel qui, avec des séminaires thématiqueset des évaluations faites par des homologues (peerreview) envisage d’échanger de bonnes pratiqueset d’encourager la coopération entre les Étatsmembres.

    Tous ces instruments nous offrent une vision com-plexe de la Stratégie européenne pour l’Emploi ;celle-ci a son noyau dur dans les lignes directriceset dans les PNR, mais elle englobe malgré tout unéventail très vaste de dispositifs, d’instruments etde mécanismes qu’il convient de considérer globa-lement. Il ne faut pas oublier non plus les potentia-lités et les limites du cadre du mandat constitution-nel du Traité d’Amsterdam. Le nouveau titre surl’emploi y considère cette thématique faisant par-tie des “affaires d’intérêt commun” des États mem-bres, ainsi que comme l’un des objectifs de laCommunauté. Il dote la Commission de compéten-ces complémentaires, tout en réservant, cepen-dant, aux États membres la compétence des politi-ques pour l’emploi.

    N’oublions pas de dire également qu’il faudraitaussi considérer la SEE dans le cadre des autrespolitiques européennes, non seulement celles quisont directement liées à l’emploi et au développe-ment du capital humain, mais aussi celles ayant

    rapport à la construction du marché unique. Aucours de ces dernières années, on peut constaterque, en fait, les décisions communautaires ayant leplus grand impact potentiel sur l’emploi sontissues de l’approbation de directives comme, parexemple, celle concernant les services.

    3.2. Les PNR et le Rapport Conjointsur l’emploi 2005-2006

    L’application des SEE, au niveau national, a pourinstrument principal de suivi les PNR et le rapportconjoint sur l’emploi qui reflète l’opinion duConseil et de la Commission. Le dernier rapport de2005-06 est assez explicite sur les progrès et leslimitations de l’application de la SEE.

    La conclusion principale du rapport conjointsignale que l’application de la SEE par les étatsmembres est orientée correctement mais qu’ellen’est pas assez ambitieuse dans les actions qu’elleenvisage d’entreprendre pour faire face aux grandsenjeux et aux engagements des États membres enmatière d’emploi.

    ...“Il est essentiel d’aller plus vite pour l’applicationde la Stratégie de Lisbonne. Les États membresdoivent se montrer plus ambitieux pour mener àbien les objectifs de la stratégie européenne pourl’emploi: plein emploi, productivité et qualité dansle travail, ainsi que cohésion sociale et territoriale.La gouvernance et l’association sociale sont fonda-mentales pour pouvoir appliquer efficacement lespolitiques sociales et pour l’emploi.”...

    Le rapport recommande aux États membres defaire un plus grand effort, de s’impliquer davantageet de démontrer aussi une plus grande responsabi-lité des partenaires sociaux, ainsi qu’une meilleuregouvernance des politiques nationales.

    Les principales critiques au rapport conjoint sontles suivantes : les dispositifs des États membres secentrent sur l’insuffisance des changements struc-turels pour atteindre une plus forte croissance éco-nomique et pour créer plus d’emploi ; on lui repro-che également le caractère parcellaire des actionstouchant un nombre limité de groupes précis ainsique le peu d’attention portée à l’efficacité desmesures proposées en matière de capital humain.On en critique également le caractère fragmentaire,le peu d’importance donnée au lancement de nou-velles mesures pour améliorer la capacité d’adap-tation des travailleurs et des entreprises, le dés-équilibre dans de nombreux États membres, enmatière de flexibilité et de sécurité dans l’emploi,

    12 |

  • qui risque d’en aggraver la précarité, de compro-mettre l’intégration professionnelle durable et delimiter la constitution d’un capital humain, et aussile peu d’efforts visant à impliquer les partenairessociaux et l’ensemble des acteurs sociaux dansl’optique et la mise en œuvre des PNR.

    En un mot, et selon les responsables européens,les PNR ne présentent pas de grandes divergencesformelles quant aux orientations des lignes direc-trices. Les analyses et les propositions d’action auniveau national vont dans le sens des engagementseuropéens. Cependant, les choses seraient biendifférentes si les PNR élaboraient des plans straté-giques réels où figureraient les engagements natio-naux afin d’assurer que les objectifs de Lisbonneseraient réalisés en suivant les orientations deslignes directrices, globalement et avec les mêmeséquilibres établis au niveau européen. La réponseest clairement négative, et elle est fort loin de ceque l’on attendait et de ce qui est nécessaire pouratteindre les objectifs fixés.

    En général, les PNR sont des documents formelsélaborés presque exclusivement par les gouverne-ments et sans participation active, ni des partenai-res sociaux, ni des autres acteurs politiques, éco-nomiques et sociaux nationaux qui permettraientde mettre en ordre les actions en cours de chaquegouvernement de façon à ce qu’elles s’alignent surles lignes directrices ; mais les objectifs à atteindre

    ne devraient pas pour autant être clairement fixésdans toute leur complexité, ni non plus les ressour-ces programmatiques et financières visant à y par-venir ; et il y aurait, en outre, une interprétation dela portée des lignes directrices, selon la conve-nance des options de chaque gouvernement enmatière économique et sociale.

    Les PNR sont loin d’être les instruments privilégiésnationaux permettant de structurer la prise dedécisions et l’implication de l’ensemble de lasociété, de façon à promouvoir les changementsstructurels nécessaires à la reprise des économiesnationales, tout en renforçant le modèle socialeuropéen qui combinerait, quant à lui, la flexibilitéet la sécurité destinées à assurer la croissance et laqualité de l’emploi.

    Si, à ces déficiences des PNR, on ajoute les raresprogrès en matière d’emploi, tant en quantitéqu’en qualité, peut-on encore affirmer que le peude résultats obtenus est dû surtout à un problèmede vitesse et de profondeur des efforts pour encou-rager les réformes et la croissance économique etsociale?

    Les insuffisances détectées ont sûrement des raci-nes plus profondes impliquant aussi, d’une cer-taine façon, les orientations, les instruments d’ap-plication et la capacité de leadership pour leur exé-cution.

    LA STRATÉGIE EUROPÉENNE POUR L’EMPLOI DANS LE CADRE DES LIGNES DIRECTRICES INTÉGRÉES POUR LA CROISSANCE ET L’EMPLOI | 13

    3. L’année 2005 de la SEE

  • LA STRATÉGIE EUROPÉENNE POUR L’EMPLOI DANS LE CADRE DES LIGNES DIRECTRICES INTÉGRÉES POUR LA CROISSANCE ET L’EMPLOI | 15

    ÉTUDES DE CAS ET DÉBATS

    1. Introduction 2. Quelle évolution de l’emploi 2005-2006 ?

    3. L’année 2005 de la SEE4. Études de cas et débats

    5. Conclusions6. Propositions

  • Le travail de terrain, sur lequel s’est basé ce rapportpour son élaboration, se compose de quatre étudesde cas pour le questionnaire envoyé aux organisa-tions syndicales nationales et pour les débats organi-sés lors des deux séminaires intermédiaires ainsi quelors du séminaire final. Nous allons présenter mainte-nant les conclusions principales des entretiens et desdiscussions tenus avec les partenaires syndicaux etnous présenterons ensuite les conclusions de cha-que étude de cas.

    4.1. Résultats des études de cas : manquements systématiques

    Les quatre pays ayant fait l’objet d’une étude de casont été: la Suède, la Hongrie, l’Allemagne etl’Espagne. Ces quatre pays présentent des situationsdifférentes, mais, en même temps, des préoccupa-tions similaires: malgré l’importance de l’emploidans chaque pays, la SEE n’est pas au centre desdébats.

    De brèves études de cas, menées en supplément àl’étude générale, révèlent un panorama fortementdifférencié, au sein des différents pays, en ce quiconcerne les divers degrés d’importance accordée auprocessus du programme de réforme initié au niveaueuropéen – une disparité des points de vue à laquellecontribuent non seulement les divers gouvernementsmais aussi les autres partenaires sociaux et, particu-lièrement dans le présent contexte, les syndicats.

    La position de départ de la Suède est – du point devue de l’emploi – une position confortable ; le pays adéjà dépassé tous les objectifs fixés par Lisbonne.

    La Suède est également un des États membres del’UE dans lequel l’interaction entre les stratégiesnationales et européennes est – du moins au niveaude l’aspect formel – particulièrement bien dévelop-pée. « Les coordinateurs de Lisbonne » ont étéenvoyés sur le terrain ; il existe une « PlateformeLisbonne » entre le gouvernement et les partenairessociaux qui se réunit plusieurs fois par an et qui suitde près les progrès du processus du programmenational de réforme ; une déclaration commune despartenaires sociaux est officiellement annexée à toutrapport sur le programme national de réforme qui esttransmis à Bruxelles, etc.

    Ainsi, nous lisons dans la section « Conclusions » del’étude de cas : « la participation des syndicats enSuède pourrait être décrite comme exhaustive etextrêmement positive. Plusieurs fois par an, les troisconfédérations suédoises se réunissent, avec lesassociations des employeurs, sur la plateforme

    Lisbonne afin de suivre de près le processus euro-péen et de convenir de leur texte commun. Toutesles confédérations syndicales se sont, en effet,déclarées extrêmement satisfaites de la Stratégiepour la croissance et l’emploi nouvellement réfor-mée. Elles voient cette réforme comme un moyenpositif, pour les différents départements, de travail-ler ensemble et, pour l’ensemble du processus, degagner davantage de transparence ».

    Il faut admettre que certains petits incidentsennuyeux ont eu lieu récemment et pourraientremettre en question le « meilleur des mondes (de lapolitique pour l’emploi) » en Suède. En 2006, parexemple, aucune déclaration des partenairessociaux n’a été annexée au rapport sur le pro-gramme national de réforme car les employeurs nesont pas parvenus à convenir d’une déclaration com-mune. Les syndicats suédois ont également été cho-qués et surpris par le projet de fermeture du célèbreArbeitslivsinstitutet avancé par le nouveau gouver-nement suédois. Cette fermeture signifierait que lessyndicats se verraient dépourvus d’un importantinstrument de légitimation scientifique d’une politi-que du travail et de l’emploi qui pourrait réclamer lemême respect que toutes les autres formes de dis-cours politique et économique. Cependant, endehors de ces petites irritations actuelles au sein du« modèle suédois », on se demande toujours pour-quoi la manière de procéder de la Suède n’a pas eul’effet d’une impulsion dans le contexte du pro-gramme transeuropéen de réforme et de la Stratégiepour l’Emploi. Le fait que cela soit sincèrement sou-haité est clair lorsque l’on examine l’Allemagne etencore plus lorsque l’on examine la Hongrie.

    En ce qui concerne l’emploi, l’Allemagne reste dansune situation critique – malgré l’amélioration actuellequi a également des effets positifs sur le marché dutravail – et pas uniquement par rapport à la Suède.Dans le contexte d’une orientation entièrementmacroéconomique de la stabilité, le premier plan duRapport de progrès 2006 sur le programme deréforme a été abordé dans un compte-rendu de ceque l’on appelle « les réformes structurelles », dontles aspects de réforme de la santé ainsi que deréforme du marché du travail ont fait l’objet de sévè-res critiques de la part des syndicats en ce quiconcerne leurs effets sur la qualité de l’État provi-dence et sur l’emploi – au point que les syndicats ontmême organisé des manifestations publiques sur cethème. En Allemagne, la quantité et la qualité desemplois disponibles ainsi que les questions relativesà « l’emploi et la pauvreté » font actuellement partiedes principaux thèmes des débats publics.Cependant, on ne peut pas en dire autant de la poli-tique européenne pour l’emploi et du processus du

    16 |

  • programme de réforme qui s’y rapporte car ces thè-mes sont désormais relégués au second plan dans larubrique « Divers ».

    La Confédération syndicale allemande (DGB) – res-ponsable, en tant qu’organisation cadre, de la politi-que sur le marché du travail – développe une posi-tion de plus en plus critique vis-à-vis du contexte dela politique pour l’emploi qui a été établie par la stra-tégie européenne pour une stabilité macroéconomi-que. La critique exprimée est d’autant plus avéréeque la DGB perçoit plusieurs points de concordanceavec la politique actuelle du gouvernement fédéralallemand. De plus, la DGB a l’impression d’avoir étérejetée car le gouvernement fédéral allemand a ten-dance à négliger, pour la seconde année déjà, l’exi-gence établie d’implication de tous les partenairesdu contrat social, au moment opportun, dans le pro-cessus décisionnel politique ; les délais étant telsqu’il est difficile de développer des positions sérieu-ses sur les différents thèmes et une discussion inté-grée étant refusée en ce qui concerne les questionsmacroéconomiques – les « réformes structurelles »récentes et les effets de celles-ci sur la politiquepour l’emploi étant perçus comme une variabledépendante.

    Dans le contexte de la tradition allemande de « co-détermination » en matière de relations industrielles,il s’agit effectivement d’un mode opératoire remar-quable. Cependant, jusqu’ici, cela ne semble paspousser les syndicats allemands à faire de l’interac-tion entre les politiques européennes et nationalesun point de contention politique et à insister, à pro-pos de cette question, sur un droit de participation etde co-détermination ; au lieu de cela, les syndicatsont tendance à se concentrer sur les principaux thè-mes de la politique sociale et de l’emploi au niveaunational. Dans une grande mesure, on ne sait tou-jours pas clairement quel rôle devra être joué, dans lecontexte d’une stratégie à plusieurs niveaux, par leséventuels syndicats du pays pour, d’une part, aider àrendre réellement efficace la demande, introduite parla CES, de révision des lignes directrices macroéco-nomiques et pour, d’autre part, renforcer, précisé-ment avec cela, leur propre position dans la lutteinterne concernant une politique pour l’emploiappropriée.

    La Hongrie représente, en un sens, le pôle opposé àla Suède. Du point de vue de la stabilité, laCommission européenne considère le pays commeétant réellement sur la bonne voie. Selon les chiffresofficiels, le taux de croissance est important, l’infla-tion chute et le taux de chômage officiel atteignaitseulement 7.1% en 2005. D’autre part, du point devue des normes sociales et des normes de vie, la

    Hongrie fait partie des pays européens connaissantle plus de problèmes avec des disparités régionalesimportantes, un noyau persistant de chômeurs delongue durée et une croissance importante de «l’économie non déclarée ». Les syndicats de Hongriesont nombreux et fragmentés, mais néanmoinsconfrontés à des tâches toujours plus difficiles.

    Nous pouvons citer trois raisons principales pour les-quelles les nouveaux États membres de l’UE éprou-vent des difficultés à établir une interaction efficaceentre la stratégie européenne et la politique natio-nale : (i) la plupart des problèmes rencontrés par lesnouveaux États membres sont considérés et abordéstardivement – souvent pas du tout – par les lignesdirectrices (ii) la confiance mutuelle fait défaut (iii) ledialogue social est faible. Ce dernier point est princi-palement souligné par les syndicats hongrois eux-mêmes, qui, d’une part, confessent, par autocritique,leur incapacité à former et à diriger jusqu’ici un teldialogue social mais qui, d’autre part, se trouventface à des employeurs qui se sentent peu concernéspar un tel dialogue social et des gouvernements quine veulent pas demander ou imposer une telle chose.Ensuite, en Hongrie, nous voyons un pays qui man-que (encore), à presque tous les égards, des condi-tions préalables et des instruments qui sont – aumoins sous la forme de « potentiels » – à la disposi-tion de l’Allemagne et, de manière encore plus frap-pante, des syndicats suédois.

    Le cas espagnol reflète aussi une autre positiondans l’éventail des situations de l’emploi en Europe.Avec une forte croissance soutenue de l’emploipendant plus d’une décennie, après avoir été l’undes pays enregistrant le plus fort taux de chômage,il est arrivé à se situer, plus ou moins, au niveau dela moyenne européenne et il a enregistré égalementun nombre élevé d’émigrés, tout en augmentant, enmême temps, la participation des femmes dans letaux d’activité. L’Espagne a produit presque la moi-tié des emplois crées dans toute l’Europe au coursde ces dernières années. Il convient toutefois denuancer ce succès dans la création d’emploi,compte tenu de la flexibilité contractuelle élevée,l’une des plus forte d’Europe, qui fait que le nombrede travailleurs ayant des contrats temporaires soitconsidérable. Considéré de ce point de vue, la situa-tion espagnole reflète le débat en Europe sur l’em-ploi et la SEE: à un moment où il semble que l’em-ploi se récupère, la question de la qualité de l’em-ploi devient un thème principal pour évaluer lesrésultats de la SEE.

    Le cas espagnol illustre, d’autre part, une situationcontradictoire dans le sens où le dialogue social a ététrès intense au cours de ces dernières années et a

    LA STRATÉGIE EUROPÉENNE POUR L’EMPLOI DANS LE CADRE DES LIGNES DIRECTRICES INTÉGRÉES POUR LA CROISSANCE ET L’EMPLOI | 17

    4. Études de ca s et débats

  • donné lieu à des accords très importants entre lespartenaires sociaux et le gouvernement, alors que,par contre, la SEE n’a pas fait partie des priorités nidu noyau dur des négociations menées, négociationsdont il faut signaler d’importantes mesures deréforme du marché du travail entre autres aspectsvisant à réduire les taux de temporalité contractuelle.En un mot, même si l’emploi a été un enjeu enEspagne ayant fait l’objet central du dialogue social,le processus de suivi de la SEE n’a pas joué un rôlesuffisant pour le développement des débats et pourles décisions adoptées.

    4.1.1. Évaluation de la participation dessyndicats nationaux aux programmesnationaux de réforme de la Stratégiepour la croissance et l’emploi nouvelle-ment réformée. Étude de cas national :Suède3

    4.1.1.1. Emploi et situation économique en Suède

    La Suède est un pays relativement atypique au seinde l’Union européenne (UE) dans le domaine de laStratégie pour la croissance et l’emploi nouvellementréformée (SCE) puisqu’elle a déjà dépassé les objec-tifs de Lisbonne en matière d’emploi, y compris ceuxpour les femmes et les travailleurs plus âgés. Lesobjectifs de Lisbonne visent à atteindre un taux d’em-ploi de 70% d’ici 2010 alors que le taux d’emploi sué-dois atteint déjà 78% et qu’il est prévu que celui-cicontinue de croître lentement dans les cinq prochai-nes années. Le taux de chômage total en Suèdeatteint un taux record d’environ 5 %. La tendance à lachute des investissements de ces dernières annéessemble également s’être inversée puisque le PIBs’est accru de 3.5% en 2005.

    Pour la Suède, ces dernières années ont été plutôtinhabituelles en termes cycliques à trois différentségards. Tout d’abord, la tendance favorable desexportations, par rapport aux importations, aapporté une contribution importante à la croissancedu commerce extérieur. L’industrie exportatrice sué-doise bénéficie de la demande généralement trèsélevée dans les autres pays. Ce phénomène est par-ticulièrement important lorsqu’on sait que la moitiédu PIB suédois est généré par les exportations. Deplus, les entreprises suédoises qui fournissent desproduits de télécommunication et des véhicules àmoteur bénéficient d’un succès majeur au niveau desexportations, ce qui a stimulé la reprise4.

    La seconde caractéristique inhabituelle de la phaseactuelle du cycle économique de la Suède est que lenombre de jours ouvrables est considérablementplus élevé que la normale. Une des répercussions decet « effet calendrier » est que les heures prestéessont supposées augmenter d’un point de plus que lanormale, ce qui donne une hausse temporaire de lacroissance du PIB de 0.6 point (cf. Tableau 1).Une troisième caractéristique est que l’emploi achuté de 0.6% en 2004 alors que la croissance du PIBétait forte.

    Une situation favorable au niveau de l’emploi est unelongue tradition suédoise qui a commencé au débutdu 20eme siècle. Dans les années 1970 et 1980, l’éco-nomie suédoise a connu un autre « niveau record »qui a conduit, dans les années 1990, à une conjonc-ture où la Suède présentait déjà une situation deplein emploi. Le taux de population économiquementactive sur le marché du travail s’élevait à 82%. Legouvernement social-démocrate en place jusqu’au17 septembre 2006, et depuis douze ans, a adoptédes politiques macroéconomiques fortes qui visaientà dévaluer la couronne suédoise. Ces politiquesmacroéconomiques ont ainsi stimulé le marché sué-dois, qui a toujours été très dépendant de l’exporta-tion, et ont conduit à une importante demande pourles produits d’exportation du marché suédois. Bienque la nature des produits exportés ait fortementchangé ces dernières décennies, la Suède est parve-nue à maintenir les exportations totales à un niveaustable pour son économie nationale. Au cours de lapremière moitié du siècle, les exportations suédoisesont été dominées par des produits miniers alorsqu’aujourd’hui la tendance est plutôt au développe-ment des produits de la technogénie, tels que l’infor-mation et la technologie, et des produits de télécom-munication. Le marché a été très efficace pour suivreles demandes et les tendances internationales.

    Bien qu’au début des années 1990, le pays ait connuune crise économique qui pourrait être comparée àune dépression et au cours de laquelle le chômage aatteint presque 13%, il n’a fallu attendre que six anspour voir l’économie se redresser et le taux de chô-mage diminuer lentement jusqu’aux niveaux actuels.Sur le taux de chômage actuel, seulement 3% sontconsidérés être des chômeurs de longue durée.Cependant, le gouvernement et les partenairessociaux expriment aujourd’hui une certaine inquié-tude. Bien que la Suède ait connu une croissanceéconomique considérable ces dernières années,

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    3 L’étude de cas a été conduite par Céline Lafoucrière. 4 Interview avec Lena Hagman, Chef économiste, TCO (Confédération suédoise des employés professionnels), en août 2006.

  • cette croissance ne semble pas générer plus d’em-plois. Bien que les prévisions optimistes des sociaux-démocrates prédisent qu’en 2006, la croissance duPIB génèrera plus d’emplois car le taux de croissancede la production dans les secteurs des services aug-mentera, cela ne semble pas s’avérer. Ces dernièresannées, l’emploi est resté à la traîne parce que plu-sieurs entreprises ont amélioré leur performancegrâce à une réduction importante des coûts et à despolitiques de recrutement très restrictives.Cependant, le rythme élevé de la rationalisation, quia caractérisé les récents développements, n’est pasconsidéré comme un élément durable. En consé-quence, la croissance de la productivité chutera len-tement et, à un degré plus élevé, la demande serarencontrée grâce à des sommes de travail plus impor-tantes (PNR 2005 de la Suède).

    Les questions de réduction fiscale et de créationd’emplois ont été au cœur de la dernière campagneélectorale qui a marqué la fin du règne de 12 ans dugouvernement social-démocrate. Le 17 septembre2006, le parti social-démocrate a été remplacé par leparti modéré qui est plus ferme au sujet de ces ques-tions et, principalement, sur la réduction des impôtssur le travail. Au début de l’année 2006, l’ancien gou-vernement suédois a fixé un objectif pour l’emploi de80% à atteindre dans les cinq prochaines années.Pour atteindre cet objectif, environ 300.000 emploissupplémentaires devaient être créés5. Cependant, en

    2006, seuls 64.000 emplois ont été créés et il sembledifficile de prévoir d’autres créations d’emplois dansles conditions fiscales actuelles. La Suède connaît undes taux les plus élevés de taxe administrative sur lespetites et moyennes entreprises (PME) ainsi que letaux le plus élevé de taxe sur les bas salaires au seinde l’UE. Cela a généré des critiques virulentes etrécurrentes de la part de la Commission européenne,ainsi qu’une inquiétude majeure au sein de la popu-lation suédoise. Les recommandations du Conseilpour 2004, ainsi que les recommandations duConseil publiées depuis la Stratégie de Lisbonne et laStratégie européenne pour l’Emploi (SEE), invitent àune réduction de ces taxes afin de stimuler la créa-tion de PME et, par conséquent, la création d’em-plois. Cette recommandation, bien qu’abordée ausein du gouvernement social-démocrate et parmi lespartenaires sociaux, a été laissée de côté, jusqu’ici,sous prétexte qu’elle ne correspond pas à l’idéologiepolitique nationale. Le nouveau gouvernementmodéré promet de s’attaquer à ces questions rapide-ment. Nous pensons que ces promesses ont été la clédu succès électoral du parti modéré.

    4.1.1.2. Actions du gouvernement pour l’emploi

    L’ancien gouvernement social-démocrate a long-temps pratiqué des politiques pour l’emploi confor-mes à la SEE. Cet accent particulier a été donné dèsle début des années 1950 et sera probablement suivi

    LA STRATÉGIE EUROPÉENNE POUR L’EMPLOI DANS LE CADRE DES LIGNES DIRECTRICES INTÉGRÉES POUR LA CROISSANCE ET L’EMPLOI | 19

    Tableau 1: Tendance en Suède 2003–2005

    2003 2004 2005

    Nombre de personnes occupées -0.3 -0.6 -0.8Taux d’emploi régulier (1) 77.6 77.0 77.0Taux de chômage (2) 4.9 5.6 5.1Programmes de la politique du marché du travail (2) 2.1 2.3 2.5Nombre d’heures prestées (3) 3.5 3.4 3.5Salaire horaire 3.5 3.4 3.5Indice des prix à la consommation, moyenne annuelle 2.0 0.6 1.4Epargne financière du secteur public 0.5 0.7 0.6Croissance du PIB 1.6 3.5 (3) 3.0

    Source: plan d’action national suédois pour l’emploi en 2005

    1 Personnes régulièrement occupées et âgées de 20 à 64 ans, en tant que proportion de la population.

    2 Personnes au chômage en tant que pourcentage de la population active.

    3 Un « effet calendrier » consistant en un nombre supérieur de jours ouvrables en 2004 explique un point de pourcentage de0.6 pour le taux de croissance du PIB. Au cours de 2006, on s’attend à ce que cet effet soit égal à zéro.

    4. Études de ca s et débats

    5 Interview réalisée avec lena Hagman, TCO, en août 2006.

  • par le parti modéré, de manière assez proche de cequ’avait fait le parti social-démocrate. Cela crée unesituation dans laquelle le gouvernement suédoissoutient fortement la SEE. L’unique et principalecontroverse peut être trouvée dans la réduction desimpôts sur le travail, comme susmentionné. Cescontroverses ainsi que la croissance paradoxale duchômage connue en ce moment étaient au cœur desélections suédoises cette année. Le résultat de cesélections, dévoilé le 17 septembre 2006, indique que,selon la population suédoise, le parti social-démo-crate a échoué dans sa tâche de création d’emplois.Par conséquent, dans un avenir proche, nous pou-vons nous attendre à un changement au niveau de lapolitique fiscale. Bien que les sociaux-démocratessoient parvenus à maintenir une bonne qualité de vieainsi q’un taux d’emploi et des taux économiquesélevés, les barrières fiscales, auxquelles ils refusentde s’attaquer, ne leur permettent pas de favoriser lacréation d’emplois et les ont finalement exclu dugouvernement.

    En termes de politique économique, le principalobjectif du gouvernement social-démocrate étaitd’atteindre une croissance élevée et durable ainsique le plein emploi. Ces aspects étaient considérésessentiels afin d’ouvrir la voie à une meilleure qua-lité de vie et à un bien-être équitable. Afin d’attein-dre cet objectif, le gouvernement a considéré la sta-bilité macroéconomique comme une conditionpréalable (PAN suédois 2004). Le gouvernementsuédois a établi deux objectifs principaux pour lapolitique budgétaire : que les finances publiquesindiquent un surplus de 2% du PIB au cours d’uncycle économique et que les dépenses ne dépas-sent pas les plafonds budgétaires. La principale rai-son de l’objectif d’un surplus de 2% est la futurepression démographique sur les systèmes de sécu-rité sociale. La Suède fait partie des nations de l’UEqui présentent les finances publiques les plus for-tes. Les surplus des finances publiques avoisinentles 2% en 2000-2003. En ce qui concerne les pla-fonds des dépenses, la Suède les a rencontrés cha-que année depuis leur introduction en 1997. Desprix stables sont aussi une condition préalable pourune politique économique fructueuse. Le nouveaugouvernement modéré montre d’importantes simili-tudes avec l’ancien gouvernement. Cette situationlaisse penser que la même ligne politique sera sui-vie par le gouvernement modéré bien que certainschangements se produiront certainement au niveaudu système d’imposition.

    Le Riksdag (Parlement suédois) a commencé à seconcentrer sur la stabilité des prix afin d’arriver à unepolitique monétaire bien équilibrée en 2004 (laSuède étant en dehors de l’Eurozone). La banque

    centrale indépendante suédoise, la Riksbank, adéfini la stabilité des prix comme une augmentationde maximum 2% des prix à la consommation, avec unintervalle de tolérance de ±1 point de pourcentage. Legouvernement social-démocrate a soutenu l’accentmis sur la politique monétaire et l’objectif de l’infla-tion (PAN suédois 2004).

    En termes de politique du marché du travail, le gou-vernement a travaillé en vue de donner à la politiquedu marché du travail une orientation plus claire. Lefait de se concentrer sur le travail et les compétencesa semblé être la priorité de la politique de l’anciengouvernement. Il insistait sur le fait que, dans tousles domaines et dans toutes les parties du pays, lapolitique devait se concentrer sur l’embauche dedavantage de personnes. Les mesures actives contrele chômage sous forme d’éducation, de stage etd’emploi se sont vues offrir la priorité. Au final, cela aservi de base aux efforts en vue d’atteindre les objec-tifs de plein emploi, de faible taux de chômage, demeilleure qualité et de meilleure productivité au tra-vail ainsi que de cohésion sociale, poursuivis par legouvernement social-démocrate et, on l’espère, parle gouvernement modéré.

    En 2003, les dépenses relatives à la politique du mar-ché du travail s’élevaient à 2.3% du PIB : 1.1% étantdédiés aux mesures actives et 1.2% au soutien finan-cier. En Suède, la politique d’intervention sur le mar-ché du travail est combinée à une indemnité de chô-mage qui, elle-même, combine une sécurité durevenu et une exigence d’ajustement. L’OCDE5 arécemment insisté sur le fait que les pays avec unepolitique d’intervention sur le marché du travail etdes indemnités de chômage relativement généreu-ses parvenaient à concilier un marché du travaildynamique et une certaine sécurité pour lesemployés. Les politiques suédoises du marché dutravail sont conformes à cela.

    En termes de chômage chez les jeunes, la jeunessesuédoise a tendance à être au chômage pour despériodes plus brèves que les autres tranches d’âge.Cependant, le chômage de longue durée chez les jeu-nes a augmenté entre 2001 et 2003, suivi par unredressement et une nouvelle chute en 2004. Le chô-mage chez les jeunes femmes est moins importantque chez les jeunes hommes. Ce phénomène estprincipalement dû à un système de soin à l’enfancecorrect et généreux. En 2003, le Comité national dumarché du travail (National Labour Market Board -NLMB) a adopté l’objectif de réduire de moitié lenombre de jeunes chômeurs de longue durée pour le31 août 2004. Cet objectif a été atteint en juin 2004.Cette diminution a été principalement due aux effortsintensifiés des bureaux de placement et au fait que

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  • le Service public pour l’emploi (SPE) a accordé unepriorité particulière à l’emploi et à la formation desjeunes. En automne 2004, le gouvernement social-démocrate a proposé que les communes soient obli-gées de rester informées de l’occupation des jeunesde moins de 20 ans ; en s’assurant que chaque jeunechômeur rédige, dans les 14 jours, un plan d’actionindividuel en collaboration avec un bureau de place-ment, en offrant aux jeunes, qui ne trouvent pasd’emploi dans les 90 jours, des activités organiséesde recherche d’emploi et en mettant provisoirementà disposition des jeunes, âgés de 20 à 24 ans, l’inci-tation générale d’embauche après seulement 6 moisd’inscription, au lieu de 12 actuellement.

    Ces mesures actuelles pour les jeunes (le« Programme local de soutien pour les jeunes » et leprogramme de « Garantie d’épanouissement person-nel ») sont constamment évaluées et améliorées.Une des récentes actions inclut un programme d’ac-tivités de recherche d’emploi obligatoire.

    La flexibilité du système suédois offre aussi de nom-breuses possibilités de compléter ses qualificationsselon les besoins du marché du travail et les indivi-dus (PAN suédois 2004). Cependant, et selon lesrecommandations annuelles de l’Union européenne,les efforts doivent encore être maintenus afin d’éviterdes contraintes au niveau de l’offre de travailleurs. Envue du vieillissement de la population, il faudra main-tenir l’offre de travailleurs en exploitant les sourcespotentielles de main d’œuvre parmi les immigrés, lesjeunes ou les malades de longue durée et en exploi-tant les incitations au travail. L’évaluation du groupede travail sur l’emploi et l’analyse, dans les rapportscommuns sur l’emploi, de la mise en œuvre deslignes directrices de la SEE et des recommandationsdu Conseil pour 2003 indiquent que la Suède devraitimmédiatement donner la priorité aux points sui-vants :• augmenter la flexibilité des travailleurs et desentreprises ;• faciliter le développement des PME, en particulierpar une réduction des charges administratives ;• attirer plus de gens sur le marché du travail et fairede l’emploi une réelle option pour tous ; • aborder le nombre croissant de personnes en arrêtmaladie à long terme en encourageant des solutionsbasées sur le travail et en améliorant les conditionsde travail ; • éliminer les derniers pièges du chômage et del’inactivité ;• surveiller de près les résultats des actions pourintégrer les immigrés dans la population active ; • investir plus et mieux dans le capital humain etdans l’apprentissage tout au long de la vie ; • réduire l’abandon scolaire et augmenter l’accès à la

    formation pour les personnes peu qualifiées et éco-nomiquement inactives ; • aborder la question des rétrécissements naissantset des disparités de compétences dans les secteurs àfaible ou moyenne spécialisation (Recommandations2004).

    4.1.1.3. Emploi et syndicats suédois

    La Suède a derrière elle une longue tradition de dia-logue social bipartite fructueux. Le taux d’adhésionsyndicale atteint plus de 80% et les conventions col-lectives sont réputées couvrir plus de 90% desemployés. Selon la législation nationale, les conven-tions collectives sont applicables à tous les employésd’un secteur, qu’ils soient membres d’un syndicat ounon. De manière caractéristique, la Suède ne prévoitpas de législation ou de mécanisme gouvernementalqui étendrait les effets et/ou le champ d‘applicationd’une convention collective à d’autres secteurs. C’estle cas pour le salaire minimum. Le salaire minimumest uniquement défini par les conventions collectiveset, par conséquent, par les partenaires sociaux auniveau sectoriel.

    Bien qu’on estime que le dialogue social bipartitefonctionne mieux que le dialogue social tripartite, legouvernement exprime souvent un profond intérêtpour les discussions et les négociations avec les par-tenaires sociaux. On peut affirmer que certaines ten-sions ressenties au niveau tripartite proviennent del’étroite collaboration qui existe entre LO-Suède etles sociaux démocrates au pouvoir jusqu’en septem-bre 2006. Cela a été le cas pendant plusieurs annéeset le ministre du Travail actuel était un ancien respon-sable LO. Par conséquent, LO se définit ouvertementcomme un des principaux partisans du gouverne-ment et participe toujours au financement de la cam-pagne électorale du parti social-démocrate.Contrairement à ce que pourrait dicter le bon sens,cette situation ne crée toutefois pas de déséquilibreimportant entre les confédérations syndicales. Parcontre, cela semble bel et bien fournir un argumentaux associations des employeurs pour refuser denégocier en détail au niveau central. C’est une desraisons pour lesquelles le dialogue social bipartiteest plus fructueux en Suède. Cependant, il serait inté-ressant de voir si cette situation évolue avec leschangements récents au niveau du gouvernement.

    Le système suédois est composé de trois confédéra-tions syndicales, regroupant un grand nombre desyndicats sectoriels. Ceux-ci sont : la confédérationsyndicale suédoise (Landsorganisationen I Sverige,LO-Suède) représentant les ouvriers, la confédéra-tion suédoise pour les employés professionnels(TCO) représentant les employés de bureau et la

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    4. Études de ca s et débats

  • « Sveriges Akademikers Centralorganisation »(SACO) représentant les travailleurs universitaires.La connexion de LO-Suède avec le parti social-démocrate est apparue au cours de l’après-guerre.Dans les années 1970 et 1980, l’influence exercéepar LO Suède sur le gouvernement social-démo-crate était tellement importante que l’organisationavait obtenu l’adoption de la législation octroyantplus de droits de négociation aux syndicats. Bienque cela ait aidé les syndicats à s’établir fermementdans le système de dialogue social actuel, certai-nes tensions ont vu le jour entre eux et les organi-sations patronales. Ces dernières ont tendance àprendre leur distance face aux négociations auniveau central de crainte de voir se développer lalégislation sur le travail. Cette situation, bien queplus légère, persistait toujours jusqu’à récemmentet a créé une situation où le dialogue social bipar-tite, à tous les niveaux, fonctionnait mieux que ledialogue social tripartite. Il est intéressant de noterune caractéristique spécifique du modèle scandi-nave (puisque cela apparaît aussi au Danemark),qui veut que la plupart des décisions et des chan-gements concernant le travail se déroulent par l’in-termédiaire de négociations collectives6. C’est éga-lement le cas pour les directives européennes rela-tives au travail qui, en Suède, sont principalementmises en œuvre par l’intermédiaire de conventionscollectives plutôt que par l’intermédiaire de lalégislation nationale. De plus, il existait, jusqu’àrécemment, une politique délibérée du gouverne-ment social-démocrate visant à encourager les par-tenaires sociaux à travailler ensemble et à négociercollectivement. C’est le cas depuis la fin de années1930. En Suède, les syndicats sont hautementproactifs puisqu’ils ont créé, ces dernières années,un très fructueux centre de recherche internationalsur les questions européennes relatives à l’emploi :le Arbetslivsinstitutet (Institut de recherche sur lavie professionnelle), au sein duquel trois confédé-rations syndicales sont représentées avec le gou-vernement suédois. Les quatre institutions finan-cent le programme SALTSA (programme communpour la recherche sur la vie professionnelle enEurope) qui permet aux chercheurs d’étudier lestendances du marché du travail et les développe-ments du dialogue social au sein de l’Union euro-péenne. Il s’agit probablement du seul exemple dece type en Europe. Par conséquent, il sera essentielde suivre les futurs développements du dialoguesocial européen en tenant compte des récents

    changements au niveau du gouvernement et desmodifications que cela peut entraîner.

    4.1.1.4. Stratégie pour la croissance et l’emploi etdialogue social national

    En ce qui concerne les lignes directrices européennespour l’emploi nouvellement intégrées, les trois confé-dérations ont accueilli favorablement la réforme7.Elles approuvent toutes le fait que les politiques pourl’emploi et les politiques économiques sont intégréesdans la nouvelle SCE. Elles reconnaissent que celapermet aux différents départements et ministères detravailler ensemble et, par conséquent, de gagnerplus de transparence au niveau de l’ensemble du pro-cessus. Du point de vue de la SACO, les nouvelleslignes directrices intégrées offrent une base solidepour l’évaluation et la restructuration de la politiquepour l’emploi au sein des États membres. Cependant,les trois confédérations s’accordent sur la nécessitéd’insister sur le rôle des organisations du marché dutravail dans le développement des politiquesconnexes. Elles considèrent que les accords entre lespartenaires sociaux sont souvent préférables au droitdu travail et expliquent que, puisque les majoritéspolitiques varient, la législation gouvernementalerelative à la politique du marché du travail peut êtremoins efficace que celle des participants du marchédu travail qui ont une compréhension plus profondeet générale des règles et des circonstances sur lemarché du travail. Par conséquent, les syndicats sué-dois recommandent que les lignes directrices recon-naissent davantage le potentiel des accords entre lespartenaires sociaux. Cependant, cette demande resteindépendante de la dernière réforme du processuseuropéen pour l’emploi. Il n’est aucunement questionde diluer les lignes directrices pour l’emploi ou le rôledes partenaires sociaux au sein de la SCE intégréenouvellement réformée, au contraire. Elles s’accor-dent toutes sur le fait que la SEE a permis de définirclairement, dans les textes européens8, le rôle despartenaires sociaux et leur responsabilité dans lesnégociations collectives.

    De plus, il est important de souligner que les repré-sentants LO expliquent que la Stratégie de Lisbonnea aussi permis aux partenaires sociaux d’être infor-més, de manière régulière et constante, des diffé-rents développements au niveau de l’emploi.L’exercice de mise à jour annuel, qui rassemble tousles partenaires sociaux autour d’une table afin d’éla-

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    6 Interview ralisée avec le Prof. Lars Magnusson, expert national sur le dialogue social et professeur à l’université d’Upssala. 7 Interviews réalisée avec SACO, LO et TCO en août 2006.8 Ibid.

  • borer le PNR, est considéré très positivement. Il per-met aux partenaires sociaux d’obtenir une mise àjour sur une base régulière9.

    En termes de contenu, plusieurs actions ont étéentreprises pour coordonner davantage le processusde Lisbonne au niveau national et pour stimulerdavantage l’emploi. En réponse à la ligne directrice18, par exemple, les partenaires sociaux et les servi-ces publics pour l’emploi ont collaboré afin de dési-gner un coordinateur national pour vérifier si l’entréedes jeunes sur le marché du travail pouvait être faci-litée par des accords entre les partenaires sociaux.Ce coordinateur national a publié, en 2005, un textequi identifiait les différentes barrières à l’emploi pourles jeunes. Ces barrières incluaient des coûts sala-riaux élevés et une utilisation insuffisante de l’ap-prentissage. Bien que ce texte ait été vivement criti-qué par tous les partenaires sociaux, les discussionssont toujours en cours pour trouver des solutions etstimuler l’emploi chez les jeunes.

    Ce texte, qui s’attaque aussi aux domaines de com-pétence, a réveillé un ancien débat national sur le

    « Compte des compétences ». Plusieurs syndicatsont examiné la possibilité de créer un « Compte descompétences » afin de stimuler et de faciliter l’ap-prentissage tout au long de la vie, principalementpour contrecarrer les changements démographiqueset pour permettre aux travailleurs plus âgés de restersur le marché du travail plus longtemps. Bien que legouvernement ait soutenu cette idée, aucun accordn’a été conclu entre les partenaires sociaux sur lesujet. L’argument de LO-Suède est que le « Comptedes compétences » serait principalement financé parle gouvernement afin d’éviter une distribution dés-équilibrée entre les travailleurs. Sous sa formeactuelle, l’accord est considéré, par un certain nom-bre de partenaires sociaux et par le gouvernement,comme un système qui offre plus de soutien aux tra-vailleurs mieux éduqués et mieux payés. Puisqu’il n’apas été convenu d’autres subsides de la part desemployeurs et du gouvernement, le projet de texte,bien qu’existant, a été mis de côté pour l’instant. LaSACO est, cependant, un fervent défenseur de cettemesure et continuera à travailler sur son développe-ment11. En effet, le nouveau gouvernement pourraitchoisir d’étudier cette action de plus près.

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    4. Études de ca s et débats

    Annexer le texte des parte-naires sociaux au PNR

    Comme ce fut le cas auDanemark, depuis 2004, l’anciengouvernement suédois a prévud’annexer la contribution despartenaires sociaux au PNR2006. La seule condition pourque cela soit une réussite estque le texte soit produit par tousles partenaires sociaux, d’uncommun accord. Si cette condi-tion est respectée, le texte serapublié dans son intégralité avecle PNR. Bien qu’il s’agisse d’ungrand progrès et que cela repré-sente une pratique très positivedans le domaine de la SCE, il estessentiel de noter que cet objec-tif n’a pas été facile à atteindre.En 2005, par exemple, la mêmepromesse avait été faite aux par-tenaires sociaux mais l’opéra-

    tion avait échoué suite au refusdes employeurs privés de colla-borer au niveau central et des’accorder sur un texte définitif.Bien que tous les autres parte-naires sociaux aient convenud’un texte définitif, la contribu-tion des partenaires sociaux n’apas pu être annexée au PNRpuisque la condition du gouver-nement, qui veut que le textereprésente tous les partenairessociaux, n’avait pas été respec-tée. Il sera essentiel d’observersi le nouveau gouvernement suitla même voie. Parallèlement à la nécessité sus-mentionnée d’accorder plusd’importance aux partenairessociaux, les représentants LOexpliquent que les gouverne-ments nationaux et laCommission européenne doiventprendre plus de mesures afin de

    s’assurer qu’une seule organisa-tion ne puisse pas bloquer l’en-semble d’un processus. Ils expli-quent qu’aux vues de ce quis’est passé l’an dernier enSuède, il est trop facile pour uneseule organisation de sabotertout un processus. Par consé-quent, ils demandent qu’un élé-ment spécifique soit ajouté auxlignes directrices afin de garantirque le texte définitif des parte-naires sociaux ne sera pas com-promis parce qu’un partenairerefuse de collaborer. Les effortsfournis par ceux qui travaillentensemble devraient être repré-sentés et pas dilués sur la déci-sion d’un seul partenaire. LOexplique également que, si unetelle mesure devait être appli-quée, ces partenaires intransi-geants seraient plus enclins ànégocier10

    9 Interview réalisée avec Lena Westerlund et Monika Arvidsson, économistes, LO-Suède (la confédération syndicale suédoise), enseptembre 2006.10 Interview réalisée avec Lena Westerlund et Monika Arvidsson, LO-Suède, en août 200611 Interview réalisée avec le Secrétaire général du SACO, Ake Zettermark (Sveriges Akademikers Centralorganisation), en août 2006.

  • En termes d’organisation, un groupe « Lisbonne » aété créé dès 1998 à la suite de la création de laStratégie de Lisbonne. Avec ce groupe « Lisbonne »,tous les partenaires sociaux sont invités à discuter età participer aux débats européens relatifs à l’emploi.Il s’agissait d’un groupe très performant dés ledépart. Cette plateforme permet aux partenairessociaux d’élaborer leur texte commun, qui estensuite soumis au gouvernement. Ce dernier l’ac-cepte souvent comme tel et demande rarement desamendements. Le texte a jusqu’ici été incorporé dansle PNR, bien que le gouvernement prévoie, cetteannée, d’annexer le texte commun au PNR. Cela était

    également prévu dans le PNR 2005. Comme susmen-tionné, ce projet a été contrarié par le refus de colla-borer au texte définitif de l’association desemployeurs privés, qui est une organisation extrême-ment puissante en Suède. Il est, cependant, essentielde signaler qu’il s’agit du seul incident du genre enre-gistré au sein de la plateforme depuis 1998. Celavient principalement du fait que le PNR 2005 devaitprendre en compte la SCE nouvellement réformée etdevait, par conséquent, réévaluer tous les détailsinclus dans le texte. Historiquement, les employeursont estimé qu’il était difficile de coopérer au niveaucentral pour les différentes raisons susmentionnées.

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    Changements structurels–actions des partenairessociaux

    Afin de s’attaquer au processusde restructuration, les partenai-res sociaux ont travaillé ensem-ble afin d’élaborer certainesmesures solides et afin de contre-carrer le chômage structurel.D’une part, les « accords de tran-sition », souvent appelés les «accords de reconversion », fontpartie de ces mesures et cou-vrent la plupart des secteurs dumarché du travail. L’objectif deces accords est de fournir aux tra-vailleurs licenciés divers régimesde reconversion ou d’éducation,en complément aux régimesofferts par les services publicspour l’emploi, et de faciliter leurretour sur le marché du travaildans les plus brefs délais. Cesaccords sont signés par les parte-naires sociaux et administrés parles conseils pour la sécurité del’emploi. Les activités desconseils sont financées par lesemployeurs, qui destinent unepart du salaire de leurs employésau financement des conseils. Lepremier conseil a été établi en1974 et couvrait les travailleurssalariés des secteurs de l’indus-trie et des services. Dans lesannées 1990, le secteur gouver-nemental, les banques et lesemployés engagés par les socié-tés locales étaient les seuls à êtreinclus dans les accords. Les

    ouvriers du secteur privé ont fina-lement été inclus dans l’accorddans le dernier texte, signé l’an-née dernière. Ce laps de tempsentre l’inclusion des travailleursdes différents secteurs est dû aufait que les trois confédérationssuédoises n’ont pas négociéleurs accords ensemble. Elles onttoutes leurs propres négocia-tions, bien que cela puisse résul-ter en un seul texte. Cependant,l’accord définitif, présentéconjointement par les partenairessociaux, permet une meilleurecollaboration entre les organisa-tions patronales et les syndicats.Ils partagent la responsabilitédes changements nécessaires(Zettermark, 2006). D’autre part, il existe aussi « l’ac-cord industriel » dont il est ques-tion dans le PNR suédois. Cetaccord a été conclu en 1997 entredouze organisations patronaleset huit syndicats. Il représente,en effet, tous les secteurs de l’in-dustrie en Suède. L’accord est unique car il :- couvre l’ensemble du secteur del’économie suédoise qui estexposé à la concurrence ;- brise les anciennes frontièresentre les ouvriers et les employésde bureau dans les syndicats - introduit un modèle de négocia-tion collective et de résolution deconflit entièrement nouveau.

    Sur la base de cet accord, les dif-férentes parties partagent les

    responsabilités en matière defixation des salaires, dans leurdomaine respectif du marché dutravail, et contribuent à une fixa-tion plus efficace des salaires.Cela a facilité la combinaisonréussie du faible taux de chô-mage et de la stabilité des prix. Dans l’accord, les parties ontégalement établi leurs évalua-tions communes des perspecti-ves pour les activités industriel-les, y compris la concurrenceinternationale, les conditionséconomiques, la compétitivité etla disponibilité de l’énergie. Deplus, l’importance de la recher-che et du développement, ainsique de l’éducation et de la forma-tion, a été étudiée en détail etsoumise pour évaluation auComité de l’Industrie.Enfin, un cadre pour les procédu-res de négociation des salairesest défini dans l’accord dans lebut spécifique de ne pas devoiravoir recours à une action indus-trielle. Les parties sont invitées àdébuter les négociations troismois avant l’expiration de l’ac-cord précédent.Les initiatives des partenairessociaux pour faire face aux chan-gements industriels ont été trèsfructueuses jusqu’ici et appré-ciées par le gouvernement natio-nal. Ce dernier utilise souvent cetexemple dans son propre PNRpour rapporter les pratiquesexemplaires du dialogue socialbipartite.

  • Cette année ne présentera pas autant de difficultéspuisque le processus est beaucoup plus léger.

    Il est important de noter que cette plateforme est unesorte d’innovation dans le dialogue social suédoispuisque les trois confédérations n’ont pas l’habitudede travailler ensemble sur des conventions collectives.Il est intéressant de remarquer que c’est le cas pourdes actions relatives à des changements structurels.

    Par conséquent et bien que les confédérations syndi-cales n’aient pas tendance à publier des textes com-muns ou à négocier au niveau central, le dialoguesocial bipartite reste un succès et a tendance à géné-rer des innovations au niveau des actions, ce qui estsouvent inexistant au niveau national.

    Conformément à l’accord industriel, chaque confédé-ration syndicale possède également sa propre assu-rance industrielle (Omstallnings). Bien que chacuneait été créée à un moment différent et reste indépen-dante des autres, elles ont toutes le même objectif :aider les travailleurs licenciés à revenir rapidementsur le marché du travail. Ces assurances peuvent être décrites comme un petitcompte, tenu par chacune des confédérations syndi-cales et financé en collaboration avec lesemployeurs. Il s’agit principalement de fournir desinformations et un coaching pour l’emploi aux travail-leurs menacés de licenciement. Il s’agit d’une actionpréventive d’intervention précoce. Il existe troisaccords, un par fédération. Dans le cas de LO-Suède,cependant, une partie de l’assurance industriellepour les ouvriers est financée par l’impôt bien qu’ellereste inférieure à celle des employés de bureau.Cette assurance représente un pourcentage dessalaires. Par conséquent, le niveau salarial a unegrande influence sur le montant mis de côté. C’estune des raisons avancées par les confédérations syn-dicales pour expliquer pourquoi les accords ne peu-vent pas être négociés et convenus collectivement.

    4.1.1.5. Conclusions

    La participation des syndicats en Suède peut êtredécrite comme exhaustive et extrêmement positive.Plusieurs fois par an, les trois confédérations syndi-cales se réunissent avec les organisations patronalessur la plateforme Lisbonne afin de suivre de près leprocessus européen et de convenir de leur texte com-mun. Toutes les confédérations syndicales ont, eneffet, déclaré être extrêmement satisfaites de laStratégie pour la croissance et l’emploi nouvellementréformée. Elles voient cette réforme comme unemanière positive, pour les différents départements,de travailler ensemble et, pour l’ensemble du proces-sus, de gagner plus de transparence.

    En Suède, les confédérations syndicales ont accueillifavorablement la Stratégie de Lisbonne dès le début.Elles déclarent que cela leur a permis d’obtenir desinformations ainsi qu’une meilleure connaissancedes politiques gouvernementales. Elles apprécientégalement le fait que cette stratégie aide à établirune reconnaissance formelle du dialogue social dansles textes européens ainsi qu’au niveau national.

    Lorsqu’on examine le cas de la Suède, il est frappantde noter qu’il s’agit d’un des rares pays de l’UE qui asupplanté les objectifs de Lisbonne, dans tous lessens du terme. Comme susmentionné, les objectifsquantitatifs sont déjà conformes aux objectifs deLisbonne. Mais, plus important encore, la Suède estdéjà sur la bonne voie en ce qui concerne les objec-tifs plus implicites tel qu’un dialogue social réussi. Ledialogue social fonctionne bien au niveau bipartiteen Suède et les conventions collectives tendent àremplacer la législation dans la plupart des cas,comme pour l’établissement du salaire minimum etla mise en œuvre des directives européennes. La confiance accordée aux partenaires sociaux leurpermet d’être extrêmement proactifs. C’est le casdans les exemples susmentionnés où les confédéra-tions syndicales ont créé, en accord avec les organi-sations patronales, leur propre assurance indus-trielle. Cette mesure, qui vise à aider les travailleurslicenciés à retrouver un travail avant même d’avoir dûquitter le précédent, est un exemple extrêmementpositif d’intervention précoce. Bien que ces régimesd’assurance ne fournissent pas des montants trèsimportants, ils contribuent à l’information des travail-leurs en ce qui concerne la formation et leur fournis-sent, dans une certaine mesure, un coaching pourl’emploi. Il s’agit d’un exemple unique au sein del’Union européenne. Les syndicats suédois tendent àêtre hautement proactifs dans le développement,avec les partenaires sociaux, de mesures de forma-tion et d’apprentissage tout au long de la vie.

    En général, nous pouvons conclure que les syndicatssont bien informés et participent activement à l’éla-boration du PNR, en collaboration avec le gouverne-ment et les employeurs. Si le texte des partenairessociaux est finalement annexé au PNR cette année,compte tenu du changement récent de gouverne-ment, cela représentera encore un progrès impor-tant. Cependant, il est intéressant de noter que lessyndicats suédois réclament une meilleure recon-naissance de leur travail au niveau national et auniveau européen. En ce sens, des mesures devraientêtre prises afin de s’assurer que le texte commun despartenaires sociaux ne sera pas mis de côté si un despartenaires refuse de collaborer. Comme susmen-tionné, ce fut le cas en Suède l’an dernier. En effet, letexte commun n’a pas pu être annexé au PNR parce

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    4. Études de ca s et débats

  • que l’association des employeurs privés a refuséd’apposer sa signature. Cette situation peut laisserentendre qu’un partenaire social à plus de pouvoirque les autres. Par conséquent, les lignes directricesde la SCE doivent contenir des mesures qui mention-nent que le texte commun doit apparaître, même siun des partenaires sociaux n’est pas d’accord. Cettesituation devrait stimuler les partenaires sociaux à semettre accord et à travailler ensemble. Le travail despartenaires sociaux ne doit pas être rejeté.

    Références

    • Interview réalisée avec la confédération suédoisedes employés professionnels (TCO), Mme LenaHagman, chef économiste, en août 2006• Interview réalisée avec la confédération syndicalesuédoise (LO-Suède), Mme Monika Arvidsson etMme Lena Westerlund, économistes, en août 2006• Interview réalisée avec le « Sveriges AkademikersCentralorganisation », M. Ake Zettermark, Secrétairegénéral, et Hanna Eriksson, en août 2006• Zettermark, A. (2006) « Labour market reforms andmacroeconomic policies in the Lisbon agenda »(réformes du marché du travail et politiques macroé-conomiques à l’ordre du jour de Lisbonne), présentéà la conférence de la CES, 20-21 mars 2006, Bruxelles• PAN suédois 2004• PNR suédois 2005• Recommandations du Conseil européen 2004• Recommandations du Conseil européen 2005

    4.1.2. Le cas de la Hongrie12

    Avant d’aborder les questions qui sont au cœur de cerapport, à savoir les politiques de l’emploi sur le plan

    national et les liens avec la stratégie européenne del’emploi, il faut avoir à l’esprit un certain nombre deparamètres qui permettent d’inscrire ces questionsdans un contexte plus global. Ainsi, la carte qui estreprise ci-dessous montre combien la Hongrie, unpays d’Europe centrale au passé très riche est unerégion carrefour au croisement de nombreux axesgéographiques. La Hongrie a ainsi des frontières avecpas moins de 6 pays (l’Autriche, la Slovaquie, laRoumanie, l’Ukraine, la Slovénie et la Croatie). Cesrelations tant étroites que conflictuelles à certainségards avec ses voisins sont centrales dans et pour ledéveloppement et notamment au niveau du marchédu travail. Dans cette configuration, Budapest, lacapitale, avec ses deux millions d’habitants, joue unrôle central dans le pays d’autant que les autres vil-les sont de taille beaucoup plus modestes ( 200.000habitants pour les plus grandes).Sur le plan politique, la fin du communisme en Hongriea été suivie par l’apparition de nouvelles élites politi-ques autour de trois catégories : la richesse (profes-sions libérales, artistes, entrepreneurs), le prestige(intellectuels, médias), et le pouvoir ( hauts fonction-naires, notables locaux)13. A cette nouvelle élite appar-tiennent les députés hongrois élus depuis 1990.

    Enfin, on insistera sur le poids de l’histoire et sur lanécessité de donner le temps au temps dans cettemutation longue et complexe qui est marquée par lepassage d’une économie planifiée à son antithèse,l’économie de marché. Le changement des règles aété radical en instaurant l’autonomie et la liberté dechoix, de décision et d’entreprise des acteurs écono-miques autres que l’Etat modifiant par là-même toutle comportement économique de ces mêmes acteursjusqu’au niveau économique le plus privé. Le rôle del’Etat loin d’avoir disparu a et continue d’évoluer à lasuite d’un retournement complet qui l’a vu passé del’avant-plan à l’arrière-plan. Il reste que pour une partsignificative de la population hongroise l’Etatdemeure l’acteur central de la pièce quand il s’agit derépondre aux préoccupations quotidiennes de la