la valeur des méthodes sérologiques dans la recherche de la peste chez les rongeurs en période de...

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M~declne et Maladies Infectieuses. 1971 - 1 - 9 - 327-330 Le Docteur Marcel BALTAZARD vient de disparaitre le I'" septembre 1971. Directeur de rlnstitut Pasteur de rlran, puis Chef du Service d'Epid6miologie de I'lnstitut Pasteur de Paris, le Docteur BALTAZARD rut le continuateur de I'oeuvre de Charles NICOLLE, puis de Georges BLANC, dont il se consid~rait comme "'le f/Is, le fr~re et rami". Plut6t qu'un ~loge acad~mique, nous pr~f~rons faire paraffre ici son dernier travail. La R6daction. E i 13 f~vrier 1908 - 1 ~ septembre 1971 La.valeur des m6thodes s rologiques dans la recherche de la peste chez les rongeurs en p6riode de silence de l'infection par M. Baltazard (*), A. Dodin (*), M. Bourdin (*), J. Wiart (*) et H. H. Mollaret (*) Trois methodes s6rologiques sont utilisees actuel- lement dans les recherches sur la peste chez les rongeurs : la neutralisation des anticorps, la fixation du compl6ment et I'h6magglutination passive. La neutralisation des anticorps de L6vi et al. (1962) employ6e surtout par les auteurs sovi6tiques sert sp6cialement b la recherche sur les cadavres et m6me sur les squelettes. La r6action de fixation du compl6ment, pratiqu6e d6s 1909, avec des antigenes de suspensions micro- biennes ou des extraits microbiens, pour I'identifi- cation des cas humains, n'a 6t6 appliqu6e b Is recherche de la peste chez les rongeurs que Iorsque ont pu ~tre utilis6s des antig~nes purifi6s, en par- ticulier la fraction F1 (Baker et al., 1947) pr6par6e & la George Williams Hooper Foundation par 1'6quipe de K. F. Meyer (Chen. et al., 1952). Elle n'est plus employ6e actuellement que comme m6thode d'appoint. La m~me fraction protdinique FI, ou des antig~nes purifi6s de m6me type (Amies, 1951; Seal, 1951), c'est-&-dire plus ou moins d6barrass6s de la fraction polyosidique, permettait en 1954 b trois 6quipes de chercheurs: Chen et Meyer, N6el et Baltazard (uti- lisant la fraction FI) et Landy et Trapani (utilisant I'antig~ne d'Amies), de mettre au point une technique d'h6magglutination passive, en utilisant la m6thode de "tannage" qui venait d'etre ddcrite par Boyden (1951) et permettait I'adsorption des prot6ines sur les 6rythrocytes. II semblait en effet certain que la fraction prot6inique, dont les recherches immunologiques montraient qu'elle 6tait apparemment le composant antig6nique et immunisant seul actif chez I'animal, devait donner une h6magglutination plus sensible et plus s0ro que celle qui avait et~ d6crite par Amies (1951) ou Chen (1952), n'utilisant que la fraction polyosidique, seule adsorb6e par les 6rythrocytes non trait6s par I'acide tannique. En effet, cette r~action appliqu6e & la recherche de la peste chez les rongeurs sauvages allait se montrer une m6thode de choix, particuli~rement apr~s que Cavanaugh (1965) I'ait simplifi6e en utilisant le "Microtiter Equipment" de Sever (1962), infiniment moins on6reuse en travail et en temps que les m6thodes classiques d'isolement du bacille par cul- ture ou passage aux animaux de laboratoire, et de surcroit tr~s sensible. Si sensible, que les taux les plus bas ne pouvaient ~tre consid6r6s comme sp6cifiques : K.F. Meyer fixait au 1:16 le taux "positif" et classait les animaux pr6- sentant des taux inf6rieurs (1:2, 1:4, 1:8) comme "reactors", ayant seulement une valeur indicative, Iorsqu'ils 6taient trouv6s en territoire infect6. C'est en effet en foyer de peste que le chercheurs commen(~aient d'appliquer la m6thode d'h6maggluti- nation passive & la recherche de la peste chez les rongeurs: d~s 1961 aux U.S.A. (Cavanaugh et al., 1961, 1962, 1963, 1965) puis en U.R.S.S. (Sutchkov et al., 1962 ; Zalygina, 1962 ; L6vi et al., 1963, 1964). En 1965, K.F. Meyer, qui venait d'utiliser cette m6thode en foyer inv~t~r6 sur des s6rums de ron- geurs r~colt6s au Kenya parR.B. Heisch (Meyer, 1964), entreprenait avec Mc Neill et Wheeler la premiere recherche en territoire anciennement infect6 mais * Service d'6pld6mlologle, Instltut Pasteur, 25, rue du Dr- Roux, F75 - Paris-XVt. 327

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M~declne et Maladies Infectieuses. 1 9 7 1 - 1 - 9 - 3 2 7 - 3 3 0

Le Docteur Marcel BALTAZARD vient de disparaitre le I '" septembre 1971. Directeur de rlnstitut Pasteur de rlran, puis Chef du Service d'Epid6miologie de I'lnstitut Pasteur de Paris, le Docteur BALTAZARD rut le continuateur de I'oeuvre de Charles NICOLLE, puis de Georges BLANC, dont il se consid~rait comme "'le f/Is, le fr~re et rami". Plut6t qu'un ~loge acad~mique, nous pr~f~rons faire paraffre ici son dernier travail.

La R6daction.

E

i

13 f~vr ier 1 9 0 8 - 1 ~ septembre 1971

La.valeur des m6thodes s rologiques dans la recherche de la peste chez les rongeurs

en p6riode de silence de l'infection par M. Baltazard (*), A. Dodin (*), M. Bourdin (*), J. Wiart (*) et H. H. Mollaret (*)

Trois methodes s6rologiques sont utilisees actuel- lement dans les recherches sur la peste chez les rongeurs : la neutralisation des anticorps, la fixation du compl6ment et I'h6magglutination passive.

La neutralisation des anticorps de L6vi et al. (1962) employ6e surtout par les auteurs sovi6tiques sert sp6cialement b la recherche sur les cadavres et m6me sur les squelettes.

La r6action de fixation du compl6ment, pratiqu6e d6s 1909, avec des antigenes de suspensions micro- biennes ou des extraits microbiens, pour I'identifi- cation des cas humains, n'a 6t6 appliqu6e b Is recherche de la peste chez les rongeurs que Iorsque ont pu ~tre utilis6s des antig~nes purifi6s, en par- ticulier la fraction F1 (Baker et al., 1947) pr6par6e & la George Williams Hooper Foundation par 1'6quipe de K. F. Meyer (Chen. et al., 1952). Elle n'est plus employ6e actuellement que comme m6thode d'appoint.

La m~me fraction protdinique FI, ou des antig~nes purifi6s de m6me type (Amies, 1951; Seal, 1951), c'est-&-dire plus ou moins d6barrass6s de la fraction polyosidique, permettait en 1954 b trois 6quipes de chercheurs: Chen et Meyer, N6el et Baltazard (uti- lisant la fraction FI) et Landy et Trapani (utilisant I'antig~ne d'Amies), de mettre au point une technique d'h6magglutination passive, en utilisant la m6thode de "tannage" qui venait d'etre ddcrite par Boyden (1951) et permettait I'adsorption des prot6ines sur les 6rythrocytes. II semblait en effet certain que la fraction prot6inique, dont les recherches immunologiques montraient qu'elle 6tait apparemment le composant antig6nique et immunisant seul actif chez I'animal, devait donner

une h6magglutination plus sensible et plus s0ro que celle qui avait et~ d6crite par Amies (1951) ou Chen (1952), n'utilisant que la fraction polyosidique, seule adsorb6e par les 6rythrocytes non trait6s par I'acide tannique.

En effet, cette r~action appliqu6e & la recherche de la peste chez les rongeurs sauvages allait se montrer une m6thode de choix, particuli~rement apr~s que Cavanaugh (1965) I'ait simplifi6e en utilisant le "Microtiter Equipment" de Sever (1962), infiniment moins on6reuse en travail et en temps que les m6thodes classiques d'isolement du bacille par cul- ture ou passage aux animaux de laboratoire, et de surcroit tr~s sensible.

Si sensible, que les taux les plus bas ne pouvaient ~tre consid6r6s comme sp6cifiques : K.F. Meyer fixait au 1:16 le taux "positif" et classait les animaux pr6- sentant des taux inf6rieurs (1:2, 1:4, 1:8) comme "reactors", ayant seulement une valeur indicative, Iorsqu'ils 6taient trouv6s en territoire infect6.

C'est en effet en foyer de peste que le chercheurs commen(~aient d'appliquer la m6thode d'h6maggluti- nation passive & la recherche de la peste chez les rongeurs: d~s 1961 aux U.S.A. (Cavanaugh et al., 1961, 1962, 1963, 1965) puis en U.R.S.S. (Sutchkov et al., 1962 ; Zalygina, 1962 ; L6vi et al., 1963, 1964).

En 1965, K.F. Meyer, qui venait d'utiliser cette m6thode en foyer inv~t~r6 sur des s6rums de ron- geurs r~colt6s au Kenya parR.B. Heisch (Meyer, 1964), entreprenait avec Mc Neill et Wheeler la premiere recherche en territoire anciennement infect6 mais

* Service d'6pld6mlologle, Instltut Pasteur, 25, rue du Dr- Roux, F75 - Paris-XVt.

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actuelle'ment silencieux : Hawaii. II voulait bien nous faire part, avant publication, de ses r6sultats : rats, souris et mangoustes,* sur toute la surface de rile, montraient des pourcentages relativement ~lev~s de "reactors" et de "positifs" alors que la peste n'avait pu ~tre isol~e des rongeurs ou de leurs puces Hawaii, en d~pit d'un travail de surveillance continu et serr~ dans les districts anciennement infect6s, depuis huit ans au moins et m~me quarante-sept ans pour certains districts.

Nous avions aussitSt ridge d'essayer de r~soudre par cette m~thode I'~nigme que nous posait la r~sis- tance & la peste d'une esp~ce de m~rions (M~riones persicus) dans la r~gion de Kazvin. Infect~e au si~cle dernier (Tholozan, 1874), cette r~gion, situ~e

cent cinquante kilom6tres du foyer de Kurdistan, semblait bien ne plus avoir connu la peste depuis de Iongues armies, aussi loin que s'~tendaient la m~moire de ses habitants et les archives locales ou nationales. De plus, nous la tenions depuis onze ans sous observation continue et serr~e, y capturant chaque annie au moins mille m~rions, dont jamais la peste n'avait ~t~ isol~e.

Comment expliquer la r~sistance des M. persicus dans cette r~gion, alors que nous venions de mon- trer qu'elle n'existait qu'en foyer de peste, I'esp~ce pr~sentant au contraire la plus haute sensibilit~ Iors- qu'elle ~tait captur~e dans des r~gions qui n'avaient jamais ~t~ infect6es (Baltazard et al., 1963)? Nous savions que, comme ravaient montr~ en U.R.S.S. L~vi et ses collaborateurs (1959, 1963), cette r~sis- tance ~tait de nature g~n~tique et nous rexpliquions par la pression s~lective qu'exer(;ait sur les ron- geurs le contact continu avec le sol infect~ des ter- riers, dont nous venions de d~montrer le rSle de r~servoir permanent de la peste en foyer inv~t~r~ (Karimi, 1963 ; Mollaret, 1963 ; Baltazard et al., 1963).

L'existence d'une telle r~sistance dans la r~gion de Kazvin ne pouvait s'expliquer que par deux hypo- theses. Ou bien elle ~tait due & la Iongue persis- tance g~n6tique de facteurs stables, acquis dans le pass~ et maintenus par rinbreeding serr~ que leur extreme sSdentarit~ imposait & ces rongeurs. Ou bien la peste ~tait encore pr~sente apr~s tant d'an- n~es dans le sol des terriers profonds des M. per- sicus et continuait d'exercer sur ces rongeurs sa pression continue.

Une enqu~te par h~magglutination devait permettre de r~soudre le probl~me et nous demandions K.F. Meyer s'il pourrait ~tudier les =s~rums de m~rions de cette r~gion.

K.F. Meyer acceptait aussit6t et notre collabora- teur M. Eftekhari lui envoyait en avril 1965 un lot de s~rums de M. persicus de la r~gion de Kazvin, pr61ev~s avant une experience d'~preuve qui devait prouver leur forte r~sistance naturelle. Deux lots de s~rums "t~moins" 6talent joints & cet envoi : run, r~colt~ en territoire pesteux par Karimi au Kur- distan (t~moins de forte r~sistance), rautre prove- nant de la r~gion de T~h~ran, jamais infect~e (t~moins de r~sistance nulle).

* Qui non seulement se nourrissent de rongeurs mals vivent en contact ~troit avec eux. "It Is unknown whether classical vector transmission or Infection through Ingestion of rats sick or dead from plague plays a role in the infection of the mongoose." (K.F. Meyer.)

K.F. Meyer nous envoyait rapidement les r~sul- tats : des 193 s~rums de M. persicus de la r~gion de Kazvin, 13, soit 6,2 %, se montraient "reactors" (1:16); 4, soit 1,9 %, ~taient "positifs" (1:16), avec un taux maximum de 1:128.

Mais la s~rie du foyer en activit~ du Kurdistan, & vrai dire compos~e de 16 s~rums seulement, ne mon- trait paradoxalement que 2 "reactors" au taux tr6s bas de 1:4 et pas de positifs.

Plus paradoxal encore ~tait le r~sultat de la s~rie de la r~gion de T~h~ran, jamais infect6e : sur 39 s~rums test~s, un se montrait "reactor" & 1:8 (soit, comme I'~crivait K.F. Meyer, 2,5 %).

Nous consid6rions pour notre part que de tels r6sultats qui, en apparence, faisaient la preuve de la presence de la peste dans le foyer de Kazvin (avec m~me des pourcentages plus ~lev~s qu'en zone de peste active) ne pouvaient ~tre publi~s avant qu'aient ~t~ largement ~tendus ces premiers son- dages et ~limin~es les causes d'erreur que semblait indiquer la presence d'un "reactor" dans une zone o~ la peste n'avait & coup s~r jamais existS.

Cependant, un peu plus tard, K.F. Meyer (1965) publiait les r6sultats de renqu~te s~rologique de Hawaii, o~J Quan et al. (1965) venaient de mettre en ~vidence une r~sistance marquee de Rattus exulans* oppos~e & la grande sensibilit~ de Rattus rattus, de m~me type exactement que celles que nous avions observ~es ~ Java ( Baltazard & Bahma- nyar, 1960) en p~riode d'activit~ de la peste.

Tablant sur des r~sultats, chez les deux esp~ces de rat hawaiennes r~sistantes, strictement super- posables ~ ceux obtenus chez les m~rions iraniens de Kazvin ("reactors" : 8 , 1 % et 6,8 '% & Hawaii contre 6,2 '% & Kazvin ; positifs : 1,5 % et 1,9 %

Hawaii contre 1,9 % & Kazvin ; titre le plus ~lev~ & Hawaii comme & Kazvin 1:128), K. F. Meyer concluait cependant & la presence de la peste : "This study has proved the continued presence of a permanent reservoir of plague in indigenous rodent and mon- goose populations...". II semblait en eff~t tr~s frapp~ par les hauts pourcentages de "reactors" (33,2 %) et de positifs jusqu'au 1:64 (12,5 %) trouv~s chez les mangoustes, m~me dans les districts o~J les r~sul- tats de rh~magglutination chez les rongeurs ~taient n6gatifs ou tr~s bas.

L'un de nous, & I'~poque (1965) revenait, du Br6- sil, oe il avait pu mettre en ~vidence rexistence de Iongues p~riodes de silence de I'infection dans cer- tains foyers autonomes de peste du Nordeste (Bal- tazard, 1969). II ~tait donc tent~ d'accepter les conclusions de K. F. Meyer et d'admettre la presence silencieuse de la peste dans la r~gion de Kazvin par analogie avec Hawaii.

En 1968, ~taient publi6s les r~sultats de I'enqu~te organis~e par K.F. Meyer & Formose El'a~wan) et dans deux de ses iles d~pendantes (Mc Neill et al., 1968). Ces r~sultats ~taient cette fois franchement paradoxaux. Si la grande ile de Ta[wan, o5 la peste ne s'est pas manifest~e depuis seize ans, ne mon- trait chez les rats et chez les musaraignes qu'un pourcentage de "reactors" de 4,5 % et deux animaux positifs seulement (musaraignes 1:16 et 1:32) sur

* La r~sistance de R. norvegicus ~talt ~galement observ~e.

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281 capturds, par contre I'ile route proche de Ma Kung montrait 66 o~ de musaraignes positives a des taux pouvant atteindre 1:256 ; les R. rattus accusaient 30 % de positifs, dont certains & 1:64, les R. norve- gicus 15 '% jusqu'au 1:64 dgalement.

Dans I'ile de Chin Men {Quemoy) tr~s dloignde de TaTwan et trOs proche de la cote chinoise, ile o0 la peste n'avait pas dt6 trouv~e depuis seize ans, les pourcentages de positifs allaient jusqu'& 52 % chez les R. rattus, 22,6 % chez les R. norvegicus; 3 musaraignes sur 8 capturdes montraient des taux de 1:16, 1:32 et 1:128.

Lee auteurs concluaient que la peste est actuel- lement prOsente ~ TaTwan et ses iles.

II nous apparaissait que certaines causes d'erreur pouvaient interfOrer dane de telles enquires et plus particuli~rement I'existence chez de nombreux germes de relations antig~niques dtroites avec le bacille pesteux. L'un de nous, avant de joindre notre dquipe, avait dtudi6 Ionguement & I'lnstitut Pasteur de Mada- gascar les antig~nes du bacille pesteux par lee m~thodes d'immuno-~lectrophor~se (Dodin, 1963; Dodin & Brygoo, 1965), de double diffusion en gdlose et d'hdmagglutination conditionnde (Dodin & Brygoo, 1968, 1969).

Nous d~cidions de reprendre ensemble I'dtude de I'h~magglutination des h~maties sensibilis~es avec la classique fraction F 1 par des sdrums d'animaux infectds de germes, d'une part antigdniquement pro- ches, d'autre part frequemment trouvds chez les rongeurs. Une experimentation prdalable par diffu- sion en gdlose et analyse immuno-~lectrophordtique, ainsi que des observations antOrieures (Dodin & Bry- goo, 1965) nous faisaient choisir Salmonella typhi- murium, germe de surcroit commun chez lee ron- geurs. Deux des quatre souches utilisdes (4.12 et 1.4.5.12), inoculdes par vole percutande & des cobayes, ne faisaient apparaitre dans leur s~rum aucun pouvoir hdmagglutinant vis-a-vis des h6maties sensibilisdes & la fraction I du bacille pesteux. Par

contre les deux autres souches (1,4.12 et 4.5.12) faisaient apparaftre une rdaction positive au taux de 1:160. Des cricdtidds sauvages du BrOsil (Ca/o- mys ca/Iosus) vivant sur une terre contaminde par lee m~mes souches 1.4.12 et 4.5.12, accusaient tous au troisiOme jour des taux de 1:80.

Des rats d'egouts (Rattus norvegicus) nourris de pain contamine avec ces souches montraient le bacille d~s le cinqui~me jour dans leurs ddjections et atteignaient au vingt et uniOme jour des taux allant jusqu'& 1:64.

D'autres experiences, dgalement par ingestion, dtaient faites sur R. norvegicus avec Salmonella enteritidis, donnant des taux de 1:320 chez trois animaux.

Enfin, une premiere recherche dans la nature, sur une population de rats musquds {Ondatra) de I'ouest de la France, montrait sur 26 animaux 2 "reactors" (1:8) et un "positif" (1:40).

Ces premieres expdriences sont actuellement dten- dues, en m~me temps que les ~tudes par diffusion en gdlose qui montrent les communautds antig~niques multiples des fractions protdiniques du bacille pes- teux, du bacille de Malassez et Vignal, de plusieurs Salmonella, de certaines Bruce//a et m~me de Pseu- domonas pseudoma//ei (bacille de Whitmore), tous germes largement rdpandus dane la nature chez lee rongeurs sauvages.

II semble d~s & present que les fractions protdi- niques du bacille pesteux, m~me la plus spdcifique, la fraction C, ne peuvent fournir I'antig~ne spdcifique ndcessaire & la rdaction d'hdmagglutination. Nous reprenons actuellement I'dtude de I'hdmagglutination polyosidique, dont les travaux des dquipes de A.M. Staub et O. Westphall ont montrd, en mati~res de Salmonella, I'extr~me spdcificit~ : mdthode peut- ~tre moins sensible, mais plus sore et d'apparition plus rapide ; mdthode simple quant ~ la prdparation de I'antig~ne et & I'adsorption sur les hdmaties, telle que I'ont ddcrite Amies (1951) ou Chen (1952).

R E S U M E La mOthode d'hdmagglutination protdinique, largement et quasi uniquement utilis~e & I'heure actuelle pour la recherche sdrologique de la peste chez lee rongeurs, n'est pas specifique aux taux actuellement acceptds.

SUMMARY The method of proteinic hemagglutination, which is nowadays universally and almost solely used for the serological detection of plague among rodents, is not specific at the present rates.

B I B L I O G R A P H I E

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