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L’Institut Dauphine d’Ostéopathie en partenariat avec le Federal European Register of Osteopaths Promotion 2013 MEMOIRE n°23 Présenté et soutenu publiquement le ……………………… à Paris par Mr CUEILLE Romain né le 26 Juillet 1986 à Kinshasa Pour l’obtention du DIPLÔME d’OSTÉOPATHE (D.O.) Prise en charge ostéopathique du bégaiement Membres du jury : Président : Assesseurs : Directeur du mémoire : Van Den Driessche Stéphane, Ostéopathe D.O.

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Page 1: L’Institut Dauphine d’Ostéopathie Federal European ... · 2 Bonfils P. et Chevallier J.M. anatomie ORL Tome 3, édition Flammarion 2005 3 Leboursier T. La langue dans le concept

L’Institut Dauphine d’Ostéopathie

en partenariat avec le

Federal European Register of Osteopaths

Promotion 2013

MEMOIRE n°23

Présenté et soutenu publiquement le ……………………… à Paris par

Mr CUEILLE Romain né le 26 Juillet 1986 à Kinshasa

Pour l’obtention du

DIPLÔME d’OSTÉOPATHE (D.O.)

Prise en charge ostéopathique du bégaiement

Membres du jury : Président : Assesseurs : Directeur du mémoire : Van Den Driessche Stéphane, Ostéopathe D.O.

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TABLE DES MATIÈRES

INTRODUCTION :.………………………………………………………………………….3

Chapitre I. Généralités :……………………………………………………………………...4

I. Rappels anatomiques et physiologiques : ............................................................................ 4

A. Les structures impliquées dans la respiration………………………………………..4

B. Le larynx………………………………………………………………………………..5

C. L'os hyoïde…………………………………………………………………………….10

D. La sphère bucco-faciale………………………………………………………………12

II. Généralités sur les troubles du langage articulé : ............................................................. 14

A. Les orthophonistes :.................................................................................................... 14

B. La parole :.................................................................................................................... 15

C. Les différents troubles du langage : .......................................................................... 16

III. Etiologies et théorie émises sur les causes du bégaiement: ............................................. 19

A. Causes psychologiques : ............................................................................................. 20

B. Causes environnementales : ....................................................................................... 21

C. .Causes neurophysiologique : .................................................................................... 21

D. . Cause génétique : ...................................................................................................... 23

E. Mécanisme Valsalva : ................................................................................................. 24

Chapitre II. Cas clinique..…………………………………………………………………..28

I. Présentation du patient :..................................................................................................... 26

II. Protocole d’examen : ........................................................................................................ 26

A. Examen orthophonique :............................................................................................ 26

B. Examen ostéopathique : ............................................................................................. 27

C. Test et techniques utilisées :....................................................................................... 30

Chapitre III. Résultat…………………………………………………………………….…36

CONCLUSION :…………………………………………………………………………….39

RÉSUMÉ :…………………………………………………………………………………...41

BIBLIOGRAPHIE :………………………………………………………………………...42

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Introduction :

Le champ de l’ostéopathie étant très étendu, les ostéopathes disposent d’une palette de

techniques variées de prise en charge offrant la possibilité à chaque thérapeute de choisir les

outils les plus adaptés pour ses patients. De plus, force est de constater que l’utilisation des

techniques manuelles commence à s’étendre dans la prise en charge de différentes pathologies

d’origines et de symptomatologie diverses. C’est notamment le cas en orthophonie ou la

thérapie manuelle est de plus en plus répandu dans la rééducation des troubles du langage

articulé. Ces techniques sont inspirées de l’ostéopathie, d’où mon intérêt à étudier le bénéfice

de l’ostéopathie dans le cadre de l’orthophonie.

La voix est un instrument complexe mêlant posture, émotion, vécu, état physique ou

psychique. Une perturbation d’une de ces fonctions peut ainsi perturber la personne dans son

ensemble et réciproquement. D’après des témoignages d’orthophonistes, le résultat de la

rééducation orthophonique, dans la prise en charge du bégaiement, reste très variable. Cela va

de la guérison à l’échec total sans que nous sachions pourquoi. Cette étude cherche donc à

montrer pourquoi la thérapie manuelle est bénéfique dans ce cas ; ainsi que l’intérêt d’une

prise en charge ostéopathique plus globale, en complément d’une rééducation orthophonique

pour certain trouble du langage articulé. Cette réflexion nous permettrait d’enrichir nos

connaissances interprofessionnelles et soulignerait la complémentarité et les spécificités de

chaque profession.

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CHAPITRE I : GÉNÉRALITÉS

I. Rappels anatomiques et physiologiques :

A. Les structures impliquées dans la respiration :

Le cadre osseux:

Avec la colonne vertébrale dorsale et la ceinture scapulaire, les côtes constituent le cadre

osseux de la mécanique respiratoire. L’extension de la colonne vertébrale facilite l’inspiration

forcée, sa flexion améliore l’expiration forcée en rapprochant le plan des côtes de l’axe du

rachis. La ceinture scapulaire sert de point d’insertion à des muscles respiratoires accessoires.

La musculature:

Les muscles intercostaux externes entrent en action lors de l’inspiration tandis que les

intercostaux internes ont une fonction mécanique expiratoire. Les muscles inspirateurs

thoraciques suspendent la cage thoracique. Les scalènes antérieurs, moyens et postérieurs, le

petit pectoral et le sterno-cleido-occipito-mastoïdien (voir dessin 1, selon Netter) participent

au maintien de la partie supérieure de la cage thoracique et ne sont inspirateurs que lors des

inspirations forcées. Le petit dentelé postérieur et supérieur et le grand dentelé ont une action

sur les côtes : ils permettent l’élargissement de la base thoracique. Le diaphragme est le

muscle inspirateur principal. Selon Cornut, il peut être assimilé à une membrane à tension

constante, équilibrant en permanence le milieu thoracique et le milieu abdominal. Le grand

droit contribue à l’abaissement des dernières côtes. Les obliques abaissent les côtes lors de

l’expiration forcée. Le transverse augmente la pression abdominale lors de l’expiration forcée.

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Dessin 1, selon Netter :

B. Le larynx :

De par sa position et sa constitution anatomiques, le larynx est une structure essentielle dans

les fonctions que nous souhaitons observer. Le larynx trouve sa position d’équilibre en fin

d’expiration. « C’est donc à ce niveau que les tensions musculo-aponévrotiques, appliquées

sur le larynx se neutralisent »1. Piron explique que cette position sert de référence pour les

tests de mobilité laryngée et que le traitement manuel doit chercher à restaurer cette position

1 Piron A. Principes d’ostéopathie appliqués à la phoniatrie, édition Symétrie 2007

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d’équilibre. Selon Bonfils et Chevalier2, l’espace viscéral du cou peut se subdiviser en deux

parties : un axe respiratoire, formé par le larynx en haut et la trachée en bas, un axe digestif

postérieur constitué par l’hypo pharynx en haut et l’œsophage en bas.

Les cartilages :

Les structures cartilagineuses du larynx (voir dessin 2, selon Netter) sont de deux sortes :

• Les cartilages cricoïde, thyroïde et épiglottique sont les cartilages de soutien. Ils jouent

un rôle essentiel dans la respiration en maintenant ouverte la filière laryngée. Ils

entrent également en jeu lors de la déglutition et de la phonation.

• Les cartilages aryténoïdes sont des cartilages mobiles qui jouent un rôle capital dans la

phonation, mais aussi dans la déglutition.

2 Bonfils P. et Chevallier J.M. anatomie ORL Tome 3, édition Flammarion 2005

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Dessin 2, selon Netter :

La musculature:

• les muscles adducteurs des plis vocaux : le crico-aryténoïdien latéral, le thyro-

aryténoïdien moyen, le thyro-aryténoïdien supérieur et les muscles aryténoïdiens

transverse et oblique

• les muscles abducteurs des plis vocaux : le crico-aryténoïdien postérieur

• les muscles tenseurs des plis vocaux : le crico-thyroïdien et le thyro-aryténoïdien

inférieur. (voir dessin 3, selon Netter)

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• A l’exception du crico-thyroïdien innervé par le nerf laryngé supérieur, branche du

nerf vague X, tous ces muscles sont innervés par le nerf récurrent, autre branche du

X.

Dessin 3, selon Netter :

La musculature extrinsèque :

Elle assure l’attache du larynx à la base du crâne, à la mandibule et à la ceinture scapulaire.

L’os hyoïde joue ici un rôle majeur, car tous les muscles extrinsèques s’insèrent sur lui.

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• Les muscles élévateurs du larynx (le muscle stylo-hyoïdien, le muscle thyro-hyïdien

et les muscles digastriques : mylo-hyoïdien et génio-hyoïdien qui appartiennent à la

constitution du plancher buccal) naissent tous de l’os hyoïde ou y sont rattachés par

des ligaments. Leur innervation est assurée par le nerf du mylo-hyoïdien, le nerf facial

VII, les nerfs cervicaux et le grand hypoglosse XII.

• Les muscles abaisseurs du larynx (sterno-hyoïdien, sterno-thyroïdien et omo-

hyoïdien) unissent le larynx au sternum, à la clavicule et à la scapula. Ils sont innervés

par les nerfs cervicaux et le grand hypoglosse XII. (voir dessin 4, selon Netter)

Dessin 4, selon Netter :

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C. L’os hyoïde :

Complètement isolé du reste du squelette, cet os, situé à la partie antérieure du cou, au-dessus

du larynx et en dessous de la base de langue, fait le lien mécanique entre les régions

mandibulaire, pharyngo-laryngée et thyroïdienne. Frontière entre les régions sus et sous

hyoïdiennes, il entretient des attaches ligamentaires et musculaires avec la mandibule, la

langue et la base de crâne en sus hyoïdien, ainsi que le sternum, la scapula et le cartilage

thyroïde en sous hyoïdien.

Cet os joue ainsi un rôle important dans la phonation, la respiration et la déglutition puisqu’il

« participe intimement à la biodynamique laryngée. Sa position est le témoin privilégié de

l’équilibre tensionnel musculo-aponévrotique de toute la région cervico-céphalique »1. « Sa

situation « suspendue » à la face antérieure du cou fait de lui un véritable écran de contrôle

de l’équilibre myofascial »3.

1 Piron A. Principes d’ostéopathie appliqués à la phoniatrie, édition Symétrie 2007 3 Leboursier T. La langue dans le concept ostéopathique, rééducations orthophoniques 2006

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Dessin 5, selon Netter :

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D. La sphère bucco-faciale :

Le pharynx :

Le pharynx est la partie du canal vocal reliant le larynx à la bouche et aux fosses nasales. Il

est constitué de trois étages, de haut en bas : le rhinopharynx, l’oropharynx et l’hypopharynx

(orifice supérieur du larynx). La musculature pharyngée est composée de trois muscles

constricteurs ainsi que du muscle élévateur, innervés respectivement par les nerfs, vague X et

glosso-pharyngien IX4.

Le vélum:

Également appelé voile du palais, le vélum est une cloison musculo-membraneuse mobile qui

prolonge le palais dur en arrière, et sépare le rhinopharynx de l’oropharynx. Le nerf vague et

le nerf mandibulaire, branche du nerf trijumeau V, assurent son innervation. Le velum joue

un rôle de clapet lors de la déglutition et de la phonation, en fermant les fosses nasales grâce

aux muscles élévateurs du palais.

La langue:

La langue est un organe complexe composé de 17 muscles, intervenants dans la mastication,

la déglutition, la phonation et l’articulation. Elle est innervée par deux nerfs moteurs, issus

des IXème et XIIème paires crâniennes, et des nerfs sensitifs issus des Vème, IXème et

Xème paires crâniennes.

Différents muscles relient sa base à l’os hyoïde, à la mandibule et à la base du crane2.

Ses différentes formes sont caractéristiques de ses fonctions (phonation, articulation,

déglutition). Par son insertion dans une chaine musculaire allant de la base du crâne

jusqu’aux membres inférieurs, elle joue un rôle déterminant dans « l’organisation posturale

globale de l’individu »3 et intervient dans le diagnostic et le traitement ostéopathique.

4 Hansen J.T. & Kamina P, Mémofiches anatomie Netter : Tête et cou, édition Masson 2007 2 Bonfils P. et Chevallier J.M. anatomie ORL Tome 3, édition Flammarion 2005 3 Leboursier T. La langue dans le concept ostéopathique, 2006 rééducations orthophoniques

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Les articulations temporo-mandibulaires :

Elles relient la mâchoire inférieure à la base du crâne. Le nerf mandibulaire innerve les

muscles de ces articulations qui permettent les mouvements antéropostérieurs et latéraux du

maxillaire ainsi que l’ouverture et la fermeture buccale. Selon Piron, les mouvements des

articulations temporo-mandibulaires ont également une influence sur la position du larynx.

Dessin 6, selon Netter :

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II. Généralités sur les troubles du langage articulé :

A. Les orthophonistes

En France l’activité des orthophonistes concerne le domaine de toutes les pathologies et

troubles de la communication, du langage, de la parole et de la voix. Leur principal objectif

est donc thérapeutique.

Ils contribuent au rétablissement du langage et de la parole sous toutes ses formes, chez les

patients présentant des difficultés à produire spontanément un langage articulé, quelles que

soient les origines des difficultés.

Ils corrigent les troubles du langage oral ou écrit, de la parole et de la voix.

Les orthophonistes ont un rôle préventif important, ils interviennent dans la prévention et dans

le dépistage précoce des troubles du langage sous toutes ses formes .

Les méthodes employées par les orthophonistes sont étudiées et définies selon les besoins du

patient. Elles comportent essentiellement des examens, destinés à établir un bilan

orthophonique de ce qui existe et de ce qui est à traiter. Ceci aboutit à une évaluation précise

des altérations et des possibilités dans le domaine de la voix, de la parole et du langage oral et

écrit des patients. Ces examens nécessitent l’emploi d’épreuves spécifiques d’articulation et

de phonétique ; d’évaluation des capacités de perception, de parole, de langage, de

compréhension et d’expression écrite. Ces tests sont doublés d’une expérience clinique,

propre à l’orthophoniste, qui pose ainsi le diagnostic orthophonique.

Une fois le diagnostic posé, l’orthophoniste met en place des actes thérapeutiques comportant

exclusivement des activités fonctionnelles et relationnelles excluant toute médicamentation ou

correction orthopédique. Ces actes sont composés principalement par de la rééducation

fonctionnelle, de la respiration, des mouvements et des positions des organes phonatoires, de

la coordination des mouvements intervenant dans la phonation, de l’organisation spatiale et

temporelle, de la coordination du geste graphique, de l’organisation ou réorganisation du

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système linguistique impliqué, de la mise en place d’un nouveau code de communication

verbal ou non verbal ou de l’apprentissage d’un moyen de communication alternatif.

Afin d’optimiser son travail, l’orthophoniste dispose, en plus de son relationnel et de son

savoir-faire propre, d’un certain nombre d’outils et de moyens tels que : jeux, jouets,

instruments de musique, livres, images, logiciels informatiques, etc.

B. La parole :

« Parler est une praxie, c’est-à-dire, un geste exécuté dans un but précis, dans ce cas : entrer

en relation et communiquer. Cette intention entraine une prise d’air suivie d’une expiration

sur laquelle, nous allons parler. Au passage, l’air est sonorisé par les cordes vocales (larynx)

qui se rapprochent. Il est ensuite transformé en sons distinctifs par les résonateurs : le

pharynx, le nez, la bouche, et par les articulateurs : la lange, les lèvres, les mâchoires et le

voile du palais »5.

La production de la parole se produit à trois niveaux : le niveau respiratoire appelé « la

soufflerie », le niveau laryngé, décrit comme un « vibrateur » et le niveau supra-laryngé

constitué par les « résonateurs »6.

Certaines structures anatomiques impliquées dans la production de la parole interviennent

également dans la physiologie d’autres fonctions telles que la respiration et la déglutition.

1. Respiration et phonation

La phonation est « l’ensemble des phénomènes entrainant la production des sons du langage

articulé »7. Elle correspond donc à la voix qui est définie par sa hauteur, son intensité et son

5 Vincent Elisabeth, Le bégaiement, la parole desorchestrée, Milan 2004 6 - Le Huche François, Le bégaiement, option guérison, Albin Michel 1999

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timbre. Elle est « greffée sur la respiration »8. En effet, pour émettre un son, l’air en

provenance des poumons passe par le larynx et fait vibrer les cordes vocales. La fréquence du

son ainsi produit est modifiée, grâce à l’action des muscles tenseurs des cordes vocales ou

celle des muscles dilatateurs de la glotte. Ce son est ensuite amplifié et modulé par les

résonateurs (le vestibule laryngé, le pharynx, la cavité buccale, les fosses basales, le

rhinopharynx et l’espace créé entre les lèvres et les dents par la protrusion labiale) dont la

taille et la forme varient pour modifier le timbre de la voix.

2. Le contrôle neurologique :

Il est important de souligner l’implication du système nerveux qui « fonctionne comme une

boucle cybernétique complexe »9dans la production de la parole, qu’elle soit normale ou

pathologique. Les nombreuses voies nerveuses reliant le cerveau aux organes musculaires

effecteurs de la parole interviennent de l’élaboration (aires du langage) à la production (aires

motrices) de la parole10. Son déclenchement fait donc intervenir une « séquence d’activations

cérébrales successives »11.

En résumé, les nerfs crâniens innervent les effecteurs, et la voie pyramidale en assure le

contrôle volontaire. Les effecteurs sont régulés en boucle par deux systèmes : le système

extrapyramidal avec les noyaux gris centraux et le système cérébelleux. Le système nerveux

central assure donc la programmation, l’initiation, l’exécution et la bonne coordination de la

parole.

C. Les différents troubles du langage :

Il existe de nombreux troubles associés à la production de la parole ; en voici les principaux :

7 Brin F., Courrier C., Lerdele E., & Masy V., Dictionnaire d’orthophonie, édition Isbergues 2004 8 Cornut G., La mécanique respiratoire dans la parole et dans le chant. 1959 9 Cornut G. La voix. Que sais-je ?, 2004 10 Pinto S., Innervation périphérique des organes de la parole, 2007 11 Dachy B., Neuro-anatomie fonctionnelle de la parole. Définition et classification des dysarthries, 2008

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On distingue différents types de troubles articulatoires, une distinction classique , à laquelle

les cliniciens ont longtemps adhéré, et qui se base sur l’étiologie, est celle entre un trouble

organique et un trouble fonctionnel. Dans un trouble organique de l’articulation, on relève une

cause physique identifiable qui permet de rendre compte du problème. Si cette cause est

située dans les organes périphériques de la parole, le problème est appelé dysglossie. Si le

problème provient d’une lésion ou d’une dysfonction du système nerveux central, on parlera

de dysarthrie. D’autre part lorsqu’aucune base physique claire ne permet d’expliquer le

trouble articulatoire, celui-ci est considéré comme étant d’origine fonctionnelle. Il est alors

appelé dyslalie. Toutefois il n’est pas toujours facile de faire la distinction entre un trouble

articulatoire fonctionnel et un trouble organique. De plus cette distinction ne semble pas avoir

d’implications claires au niveau du traitement orthophonique.

1. Les dysarthries :

La dysarthrie est un « trouble de la réalisation motrice de la parole, secondaire à des lésions

du système nerveux central ou périphérique »12 pouvant aboutir à une faiblesse, une lenteur

ou une incoordination des muscles impliqués dans la parole. La dysarthrie « englobe toute

perturbation du contrôle neuromusculaire de l’exécution de la parole »11. Ainsi, elle concerne

également les perturbations retentissant sur les trois étages contribuant à la production de la

parole (respiratoire, laryngé, supralaryngé). La dysarthrie comprend des troubles

d’articulation, d’altération de la voix et de la résonnance. Des troubles de la déglutition sont

parfois associés.

2. La dyslalie :

C’est un trouble moteur de l’articulation, elle rend difficile la prononciation de certains

phonèmes (élément sonore distinctif du langage). Le discours et la syntaxe sont tout à fait

valides. La dyslalie peut être d’origine fonctionnelle ou organique.

12 Auzou P. & Rolland-Monnoury V., Batterie d’évaluation clinique de la dysarthrie, édition Isberg 2006 11 Dachy B., Neuro-anatomie fonctionnelle de la parole. Définition et classification des dysarthries, 2008

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3. L’aphasie :

On parle d’aphasie quand un individu a perdu totalement ou partiellement la capacité de

s‘exprimer par la parole, et/ou de comprendre ce qu’on lui dit. C’est un trouble du langage lié

à une pathologie du système nerveux central, due à une lésion caractéristique d’une aire

cérébrale : l’aire de Broca. On distingue l’aphasie motrice ou aphasie de Broca, l’aphasie

sensorielle ou aphasie de Wernicke et l’aphasie mixte.

4. Le bégaiement :

Le bégaiement est un trouble de la parole affectant le débit de la parole, caractérisé par des

répétitions et des prolongations involontaires des sons, syllabes, mots ou phrases, ainsi que

par des pauses silencieuses involontaires durant lesquelles le sujet est incapable de produire

un son. C’est un trouble fréquent touchant 1% de la population mondiale.

L’Organisation mondiale de la santé le définit comme une « parole caractérisée par une

répétition fréquente de sons et de syllabes ou par des hésitations ou pauses fréquentes,

pendant au moins 3 mois » et le classe parmi les troubles émotionnels ou comportementaux.

Selon Ajuriaguerra, « le bégaiement est un trouble de la réalisation du langage qui se

caractérise par des répétitions ou des blocages entrainant une rupture du rythme et de la

mélodie du discours. »

Selon Littré « il s’agit d’un embarras plus ou moins grave de la parole qui se manifeste par

l’hésitation, la répétition saccadée, la suspension pénible et même l’empêchement complet de

la faculté d’articuler. »

« Des dimensions psychologiques et psychopathologiques sont toujours présentes dans le

bégaiement, mais amènent peu de consultation en psychiatrie. Les facteurs de stress somato-

psychiques (fatigue, maladie…) et émotionnels (traumatismes psychologiques, conflits…)

déclenchent ou aggravent les symptômes. D’ailleurs le bégaiement entraine habituellement

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des répercussions affectives et sociales qui, en filigrane, font l’objet d’attentions parmi les

techniques thérapeutiques phoniatriques et de rééducation. La confiance du patient en lui-

même, l’acceptation de ses difficultés, ainsi que le développement de certaines compétences

qui le rendent maître de son problème, nous semblent toujours présents, entre autre, dans les

différentes prises en charge orthophoniques. »13.

« Le bégaiement, avec ses soi-disantes causes neurologiques, physiologiques, chimiques et

génétiques, accompagnées de facteurs développementaux, environnementaux ayant des effets

négatifs, se manifeste par une élocution épisodique et un langage désordonné, les deux

négativement renforcés, peut devenir une puissante habitude qui s’auto perpétue en plus de

s’intégrer entièrement dans la vie d’une personne. »14 C’est pourquoi le bégaiement ne se

résume pas à un trouble du rythme de la parole. C’est une lutte contre la volonté d’émettre

une phrase, un combat perpétuel mené contre le patient lui-même, qui va engendrer ce trouble

de la communication.

III. Etiologies et théories émises sur les causes du bégaiement:

Les causes précises du bégaiement n’étant pas encore identifiées, il est normal qu’il n’y ait

pas de cure efficace dans tous les cas. Il est cependant intéressant de passer en revue les

diverses théories avancées et qui sont l’origine de la précédente description. Précisons que ce

texte traite principalement de la forme de bégaiement la plus commune : celui dit

« développé » c’est-à-dire le bégaiement qui débute presque toujours à l’enfance, pendant le

développement du langage adulte ou, plus rarement, en début d’adolescence.

13 Van Hout Anne, Estienne Françoise, Les bégaiements : histoire, psychologie, évolution,

variétés, traitements, Masson, 2ème édition 2002

14 Gerald J., Dynamique du bégaiement

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A. Causes psychologiques :

Beaucoup de psychologues et de psychiatres pensent encore que le bégaiement est causé par

un traumatisme psychologique infantile. D’autres croient qu’il reflète une personnalité

déviante ou névrotique, ou encore qu’il résulte d’un haut niveau d’anxiété. En d’autres mots,

le bégaiement serait un désordre émotif, une réaction émotive. Il n’existe pourtant pas d’étude

permettant de valider cette théorie.

D’après les chercheurs l’aspect psychologique consiste en un seul élément, qui déclenche la

réaction de « blocage » et que cet élément déclencheur serait la présence d’une ou de

plusieurs personnes. Selon eux, les personnes qui bégaient semblent être pourvues d’une

tendance inhérente, ne leur permettant pas de supporter la présence d’autres personnes. Elles

seraient alors incapables de produire un mécanisme normal de la parole. D’autre part les

observations faites sur ce trouble du langage articulé montrent qu’il faut être deux pour que le

bégaiement se manifeste, d’où la nature à la fois psychologique et sociologique du

bégaiement.

En réalité, même si les facteurs psychologiques ne sont pas la cause première du bégaiement,

il est très probable, que le cumul de situations angoissantes à force de paroles et de

communication pénible en public, soit fortement contributif à l’alimentation du processus de

bégaiement. De plus, il semblerait que le bégaiement chronique devienne inévitable avec

l’âge. En effet, l’adulte bègue aura vécu des milliers de situations de parole où il aura été

embarrassé, frustré et humilié par son bégaiement et les possibles réactions

d’incompréhension de ses interlocuteurs. De telles expériences répétées auront

indéniablement des effets néfastes sur la perception et la confiance que se fait de lui-même le

sujet bègue, rendant d’autant plus difficile la thérapie.

Il semblerait donc que les personnes atteintes de bégaiement manquent clairement de

confiance en elles-mêmes. Cependant, ces caractéristiques ne sont que des conséquences du

bégaiement créant ainsi un cercle vicieux en devenant des habitudes réactionnelles face aux

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situations de prise de parole en public. Le manque de confiance en soi ne peut donc pas

expliquer l’apparition du bégaiement.

B. Causes environnementales :

Selon certaines théories, le bégaiement se développerait chez certains enfants qui feraient

l’objet de très fortes pressions, en particulier à cause des exigences de leurs parents pour le

développement du langage. Ainsi le bégaiement serait causé par le comportement des parents.

Bien qu’il soit facile d’imaginer que des pressions environnementales contribuent à

augmenter le défaut d’élocution du sujet bègue, aucune étude ne permet d’affirmer cette

théorie. Ces pressions environnementales n’ont d’effets que sur des personnes ayant déjà des

prédispositions au bégaiement. Il est donc peu probable que le bégaiement puisse être causé

par telle éducation parentale.

C. .Causes neurophysiologique :

Nous savons que le bégaiement existe dans toutes les langues et toutes les cultures du monde,

et cela depuis les tout premiers temps où l’homme a acquis l’usage de la parole. « Comment

alors expliquer que des environnements psychologiques aussi différents, en l’absence d’une

défectuosité organique, puissent produire une dysfonction aussi constante et persistante que le

bégaiement ? »15.

D’après le Dr Christy Ludlow, les facteurs psychologiques ne peuvent, à eux seuls, instituer et

perpétuer un bégaiement chronique sans la présence d’une importante dysfonction

neurologique.

15 Dr Christie Christy Ludlow, spécialiste américaine des troubles de la voix

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Le cerveau est le siège de la pensée, des émotions et des actions. Or les variations

comportementales des individus sont le reflet de variations des fonctions neurologiques.

En sachant qu’il n’y a rien d’anormal au niveau laryngien chez les sujets qui bégaient, on peut

supposer que si la parole d’un individu est ponctuée de blocages, de répétitions et

d’hésitations, le problème peut venir du contrôle de l’appareil de la parole. Le fonctionnement

de leur cerveau diffère donc de celui des personnes dont la fluence verbale est normale.

Cette différence ne résulte pas d’un traumatisme psychologique ni de certaines actions

parentales. Certaines théories évoquent donc une origine neurologique, voir génétique.

Il existe une forme de bégaiement plus rare dit « acquis ». Il apparaît généralement

soudainement chez des adultes, n’ayant pas d’antécédent de bégaiement, suite à un

traumatisme crânien, une lésion à la tête, une tumeur au cerveau ou tout autres accidents

majeurs impliquant des fonctions neurologiques. Selon les observations du Docteur Christy

Ludlow, on remarque des lésions des régions motrices pyramidales et extrapyramidales chez

certains vétérans du Vietnam blessés à la tête, présentant un bégaiement acquis suite à leurs

blessures. Selon beaucoup de chercheurs, les dysfonctions de la parole seraient la

conséquence d’un dommage crânien. Cependant il n’existe aucune preuve qu’un dommage

crânien puisse causer le bégaiement. De plus une majorité des personnes bègues ne présentent

aucun antécédent de traumatisme crânien. Même si les origines de certains cas de bégaiement

apparus dès l’enfance peuvent s’expliquer dans des lésions neurologiques, suite à l’anoxémie

(insuffisance d’oxygène à la naissance), de tels cas sont très minoritaires chez les individus

qui bégaient.

Selon le Dr Christy Ludlow, le bégaiement serait une condition neurophysiologique traitable.

Il s’agirait d’un problème anatomique, mécanique et neuromusculaire, du flux de l’air à

l’intérieur d’un circuit fonctionnel spécifique. Le nerf vague et ses branches laryngiennes

seraient mis en cause.

Les observations faites chez les personnes bègues montrent que le temps requis, pour initier

les vibrations des cordes vocales lors de la parole, était plus long que chez les sujets dont la

fluence verbale est normale. De plus, les deux ensembles musculaires du larynx qui dans des

conditions normales ont des activités opposées se contracteraient simultanément lors du

bégaiement, empêchant ainsi une élocution normale. Des irrégularités mineures dans les

activités électriques ainsi que dans la circulation sanguine, observées dans le cerveau de

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personnes bègues, montrent que 84 % des sujets bègues étudiés présentent des défectuosités

neurologiques du système nerveux central. Sans que les régions et la nature du déficit soient

précisément identifiées, l’idée que ces défectuosités neurologiques soient responsables du

bégaiement est décrite comme très séduisante par de nombreux chercheurs.

D. . Cause génétique :

Selon les constatations de recherches épidémiologiques, il y aurait un facteur ou une

prédisposition génétique chez les enfants qui bégaient. Des observations montrent que le

bégaiement se perpétue dans certaines familles, cette hypothèse est renforcée par des études

du bégaiement chez les jumeaux.

Le risque qu’une personne puisse bégayer est évalué à 5%, cependant, grâce à une guérison

spontanée ou un début tardif, le pourcentage général s’établit à 1% de la population. De plus,

ce risque est triplé si un frère ou une sœur du même sexe bégaie. Quant aux personnes

présentant des antécédents familiaux de bégaiement, le risque est plus que triplé par rapport à

celui de la population en général. 60 % des bègues auraient au moins une personne qui bégaye

dans leur entourage familiale.

Une étude de l’université de Yale montre que plus de 20% des personnes suivant une thérapie

contre le bégaiement avait un père bègue et 6% avait une mère présentant un bégaiement.

Parmi les personnes de sexe masculin qui bégaient, 9% de leurs filles et 22% de leurs fils

seront susceptibles de bégayer, chez les adultes de sexe féminin ces risques sont de 17% et

36% respectivement.

Cependant, il est facile de réaliser que toutes les personnes bègues ne présentent pas

forcément d’antécédents familiaux de bégaiement. Les gènes ne peuvent donc pas expliquer

universellement le bégaiement.

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E. Mécanisme Valsalva :

La manœuvre de Valsalva est classiquement décrite comme une manœuvre d’équilibrage

permettant d’harmoniser la pression entre l’oreille externe et l’oreille moyenne. Cette

manœuvre consiste à rétablir de force l’équilibre entre la pression extérieure (pression de

l’eau par exemple dans le cas d’un plongeur) et la pression intérieure de l’oreille moyenne en

insufflant de l’air par le biais des trompes d’Eustache.

Cette manœuvre est utilisée par les personnes pratiquant la plongée sous-marine ainsi que par

les femmes qui accouchent.

William D. Parry parle du mécanisme Valsalva comme étant « un phénomène dont le but est

de raidir le tronc du corps afin de rendre plus efficace l’effort physique »16. D’après lui le

larynx est mis en œuvre dans l’effort physique du mécanisme Valsalva. En effet lors d’une

manœuvre Valsalva, les cordes vocales et les fausses cordes vocales se referment

complètement, empêchant ainsi le passage de l’air. Cette fonction du larynx est désignée

« effort de fermeture ».

Simultanément, les muscles abdominaux et de la cage thoracique se contractent afin

d’augmenter la pression de l’air dans les poumons. Plus ils se contractent afin d’accroître

cette pression, plus le larynx se referme afin de retenir cet air.

Lors de l’effort causé par la prise de parole en public ou suite à l’appréhension de situation de

paroles menaçantes, il serait possible de croire qu’activer le mécanisme Valsalva, afin de

rendre plus efficace l’effort fourni pour vaincre le blocage phonatoire, soit la chose à faire.

Au contraire d’après William D. Parry, il nuit à la parole au moins de deux manières :

• En favorisant la fermeture forcée de la bouche ou du larynx afin d’amasser une

réserve d’air.

• En programmant le larynx pour une fermeture forcée plutôt que de le préparer à la

phonation d’une voyelle.

De cette façon le mécanisme Valsalva, sensé nous aider à vaincre un effort important, agit

inversement chez le bègue, créant un blocage plus important de la fluence. Alors que le sujet

16 William D. Parry, orthophoniste/logopédiste américain

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bègue tente inconsciemment de surmonter cet effort à l’aide du mécanisme Valsalva, celui-ci

le place face à un mur insurmontable.

Cette théorie du mécanisme Valsalva expliqué par William D. Parry semble être séduisante.

Cependant le docteur Marie-Claude Monfrais-Pfauwadel, phoniatre et spécialiste en ORL, le

reprend en affirmant, d’après ses observations, que « le mécanisme de Valsalva suppose une

fermeture complète de la glotte en triple plicature avec bascule de l'épiglotte. Or dans les

laryngospasmes du bégaiement, il n'y a pas de bascule de l'épiglotte - jamais. On observe des

mouvements involontaires rapides et vifs, incontrôlables, appelés myotonies d'intention et

d'action, voir myoclonies, mais il n'y a pas de bascule de l'épiglotte. Le larynx a une double

commande nerveuse : involontaire et réflexe qui lui permet de se fermer automatiquement en

triple plicature avec ascension vers la base de la langue lors de la déglutition ; volontaire, en

amorçage, lors de la phonation avec un mécanisme en double plicature, dont l'accolement

écartement des plis vocaux qui engendre le son de la voix. L'hypothèse de Parry impliquerait

que lors de l'intention de parole, dans le bégaiement, le larynx, soit comprendrait mal l'ordre

envoyé, soit l'exécuterait mal et se mettrait en position de déglutition (triple plicature avec

bascule de l'épiglotte) et non en position de phonation. Le sujet serait alors obligé à une forte

poussée de la colonne d'air pour arriver à ouvrir sa glotte »17.

17 Monfrais-Pfauwadel Marie-Claude, Un manuel du bégaiement, Solal 2000

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CHAPITRE II : CAS CLINIQUE

I. Présentation du patient :

Pour la réalisation de ce mémoire, j’ai demandé l’aide d’une jeune orthophoniste tout juste

sortie d’école. Ses conseils et son savoir-faire ont été utile à ma compréhension des

mécanismes. En revanche, il fut difficile pour elle de nous présenter un sujet bègue

consentant pour l’expérimentation d’un traitement ostéopathique. J’ai donc effectué mes

recherches de patients seul et me suit tourné vers mon entourage. Par chance j’ai eu

l’opportunité de rencontrer un patient bègue depuis de nombreuses années et désireux d’en

découdre avec son bégaiement. Etonnamment il n’avait jamais consulté, ni suivi aucune

thérapie.

Après lui avoir présenté notre projet, le patient semblait consentant. Il se rendit disponible

pour une rencontre avec l’orthophoniste.

Suite à cet entretien et à l’explication de notre démarche, une bonne entente s’était instaurée,

le traitement allait pouvoir commencer.

II. Protocole d’examen :

A. Examen orthophonique :

L’orthophoniste consulte dans un premier temps le patient afin d’effectuer un premier bilan,

avant de passer au traitement ostéopathique.

Ce bilan est composé d’un interrogatoire afin d’évaluer :

• la date d’apparition des premiers symptômes

• un événement traumatique éventuellement lié à la date d’apparition des premiers

symptômes

• le degré d’atteinte et de sévérité du bégaiement

• un antécédent de prise en charge orthophonique

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• des antécédents familiaux de bégaiement

• le comportement phonatoire du patient (voix, posture)

• les comportements associés aux symptômes (perte de contact visuel, expressivité,

manifestation neuromotrice)

• une évaluation psychologique

B. Examen ostéopathique :

L’évaluation orthophonique terminée, nous mettons en place un planning de rendez-vous en

fonction des disponibilités du patient. Nous verrons notre patient huit fois, chaque séance

étant espacée de trois semaines. Une seconde évaluation orthophonique a été planifiée après

la quatrième séance.

À la première séance, après avoir instauré un climat de confiance, nous commençons notre

anamnèse afin d’orienter au mieux le traitement ostéopathique.

1. Anamnèse :

• état civil

• âge, activité sportive, fumeur ou non

• situation familiale, situation professionnelle

• motif de consultation

• apparition des premiers symptômes

• mode d’apparition (si connu)

• évolution des symptômes

• antécédents familiaux de bégaiement

• antécédents traumatiques, médicaux et chirurgicaux

• évènements traumatisants

Le patient choisi pour cette étude est un homme âgé de 48 ans, marié et ayant 2 enfants. Il

travaille en tant qu’ouvrier dans le bâtiment. Il présente un bégaiement depuis sa plus tendre

enfance sans savoir précisément la date d’apparition. Il nous décrit des périodes de sa vie

durant lesquelles il a été possible de maîtriser son bégaiement et de le diminuer

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considérablement. Ainsi il a oscillé entre des périodes calmes de plusieurs mois où le

bégaiement était peu présent, et des périodes de « crise » où ses troubles de la fluence verbale

étaient très dérangeants. D’après lui, ces périodes ont été complètement aléatoires. Il est

incapable de donner une explication à ce phénomène, faisant de lui un patient présentant des

troubles du bégaiement atypique.

Le patient nous parle de son enfance comme étant défavorisée, expliquant ainsi pourquoi il

n’a jamais été suivi et traité pour cette pathologie. Nous pouvons noter qu’aujourd’hui, son

bégaiement se fait le plus ressentir pendant les moments de fatigue intense et d’irritabilité.

Notre patient ne présente pas d’antécédent familial de trouble du même type. Il n’a subi au

cours de sa vie, que des traumatismes mineurs ne nécessitant aucune hospitalisation, et aucun

traumatisme crânien.

Sans suivi thérapeutique, nous soulignons le fait qu’il ait appris à vivre avec ce trouble et à le

surmonter seul grâce à un certain travail sur lui-même. Avec le temps, il a acquis la capacité

de se relaxer et de dominer le bégaiement lorsque celui-ci devenait trop important. Même si,

aujourd’hui, son bégaiement se fait moins entendre qu’auparavant, il est toujours présent et

nuit toujours à notre patient.

Lors de la première séance, il nous relate son enfance et nous décrit une adolescence

houleuse et de nombreuses disputes parentales.

Au fur et à mesure de la séance, il se détend et un climat de confiance, propice au travail,

s’instaure entre nous.

2. Observation :

L’observation s’effectue de face, de profil puis de dos. Nous observons particulièrement

l’attitude posturale du patient qui présente un plan scapulaire postérieure induisant une

cyphose dorsale légèrement accentuée. Cette cyphose est accompagnée d’une cassure

cervicale en regard de la 7ème vertèbre cervicale. Le patient semble être renfermé sur lui-

même, les épaules basses, la tête déjetée en avant et les omoplates tirées en arrière, comme

pour protéger instinctivement la région viscérale du cou (voir figure C du dessin 7).

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Dessin 7, schéma des différents types de posture :

3. Enregistrement de la voix :

Afin d’objectiver les résultats du traitement, nous demandons au patient d’enregistrer sa voix.

Le sujet accepte à la condition que les enregistrements ne soient pas divulgués, et effacés une

fois notre dernière séance passée. Les enregistrements sont effectués avant chaque séance

lors de l’anamnèse afin de reconstituer les conditions normales d’un échange verbal.

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C. Tests et techniques utilisés :

1. Protocole de tests :

Nous mettons en place un protocole de tests qui sera réalisé à chaque consultation. Une fois

le patient confortablement installé en décubitus dorsal :

• Approche crânienne globale

Patient allongé sur le dos, praticien à la tête du sujet, les coudes reposants sur la table pour

plus de stabilité. On contacte le crâne du patient par une prise classique. Index et majeur en

avant du conduit auditif, annulaires et auriculaires en arrière. Les pouces ne sont pas en

contact. Ici nous cherchons à évaluer la densité globale de la boule crânienne.

La mise en place de la densité se fait de manière très progressive en comprimant les deux

mains vers le centre du crâne.

Ce test nous permet de nous rendre compte des différentes dysfonctions ostéopathiques

crâniennes que nous pourrons retrouver chez notre patient. Nous serons plus attentif aux

dysfonctions ostéopathiques de la base crânienne, notamment de l’occiput, car des insertions

du pharynx prennent attaches au niveau du tubercule pharyngien de l’occiput.

• Test de la suture occipito-mastoïdienne

Le test s’effectue le patient allongé sur le dos et le praticien assis à la tête du sujet. Une main

va se positionner en prise papillon sur le temporal concerné, le majeur dans le conduit auditif

externe, le pouce et l’index contrôlent l’apophyse zygomatique, la pulpe de l’annulaire se

positionne sur la pointe de la mastoïde et l’auriculaire sur la portion mastoïdienne. L’autre

main se positionne transversalement sous l’occiput. Le praticien met en place les paramètres

de densité et de tension et teste en portant son attention sur la suture occipito-mastoïdienne.

Cette suture forme le foramen jugulaire qui livre passage à des structures neurologiques

importantes telles que le nerf glosso-pharyngien (IX), le nerf pneumogastrique (X) et le nerf

spinal (XI). La suture occipito-mastoïdienne est importante à tester car elle est en relation

directe avec le nerf glosso-pharyngien (IX) et le nerf pneumogastrique (X) qui participent à

l’innervation sensitivo-motrice du pharynx.

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• Test des articulations temporo-mandibulaire (ATM)

Le patient est toujours en position de décubitus dorsal, le praticien assis à la tête du sujet. Les

index et les majeurs se placent en regard des articulations temporo-mandibulaires droite et

gauche. Nous testons cette articulation en ouverture, fermeture, antépulsion, rétropulsion et

diduction. Puis nous évaluons la tension des muscles masséters, temporaux, et les muscles

ptérygoïdiens latéraux.

Les ATM offrent plusieurs fonctions notamment la fonction de phonation. Dans le cadre de

notre étude, ces structures sont importantes à tester et à normaliser afin d’optimiser cette

fonction.

• Test de l’os hyoïde

Le patient est confortablement installé en décubitus dorsal, le praticien se place debout à la

tête du patient. La main gauche se positionne à plat sur le frontal pour servir de point d’appui,

la main droite se positionne en pince polici indexielle sur l’os hyoïde afin de le mobiliser en

translation, abaissement, élévation et légère traction et compression. Ces mouvements sont

réalisés de manière passive. Puis nous testons de manière active en faisant intervenir la

déglutition.

Ensuite, nous testons de la même manière l’os hyoïde par rapport au cartilage thyroïde qui

sert de point fixe. Pour finir, nous mobilisons dans les mêmes paramètres le cartilage

thyroïde par rapport au cartilage cricoïde et inversement.

L’os hyoïde doit être testé et normalisé car il entretient des liens ligamentaires et musculaires

avec la mandibule et la langue. Il appartient à l’appareil phonatoire par ses connexions

mandibulaires et laryngées. C’est un os très mobile, ses déplacements sont importants et se

manifestent notamment au cours de la phonation. C’est en partie grâce à la migration caudale

de l’os hyoïde que nous pouvons jouir d’un langage articulé.

• Test de la cage thoracique

Nous effectuons un test global de la cage thoracique. Pour ce faire, le patient est allongé en

décubitus dorsal, le praticien se tient debout à la tête du sujet, il positionne ses mains à plat

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sur la face ventrale du thorax de part et d’autre du sternum. Le praticien se positionne bien

ancré au sol afin d’apporter un point d’appui principal et un fulcrum pour le patient.

L’attention et l’intention sont focalisées sur l’ensemble de la cage thoracique du patient. Le

praticien est à la recherche d’une éventuelle tension.

Puis nous testons le sternum. La technique est une recherche de densité par rebond. Pour

cela, le patient reste allongé en décubitus dorsal. Le praticien se tient debout sur le coté du

patient et vient positionner le talon de sa main sur le sternum du patient, afin d’initier de très

légers rebonds dans le sens antéropostérieur, afin de percevoir d’éventuelles zones de

densités.

Ces zones sont testées à la recherche de dysfonctions qui pourraient entrainer un défaut de

ventilation. Cette fonction est importante lors de la phonation. L’air en provenance des

poumons passe par les différents organes de la phonation afin de faire vibrer les cordes

vocales et produire un son.

• Test diaphragme

Le patient est confortablement allongé sur le dos, le praticien est debout sur le côté droit du

patient. La main gauche du praticien est positionnée sur la partie inférieure du gril costal, le

pouce tourné vers le bassin. Sa main droite est positionnée sur le gril costal controlatéral, un

peu plus latérale et postérieure que la main gauche. Cette prise est puissante et nous permet

de rentrer plus aisément dans la densité, pour cela les bras du praticien se tendent et il

rapproche les deux mains l’une de l’autre, pour rentrer en compression. Il peut s’aider de la

rotation de son corps.

Pour les mêmes raisons que précédemment, le test diaphragmatique trouve son importance

dans la fonction de ventilation et de respiration afin de permettre la phonation.

Le second test diaphragmatique est actif. Le patient et le praticien gardent leur position. Le

praticien va venir positionner ses pouces en regard des coupoles diaphragmatiques droites et

gauches au plus proches de la rampe chondrocostale. Une fois positionné, le praticien

demande au patient une inspiration profonde afin d’apprécier le mouvement actif du

diaphragme en inspiration et en expiration.

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• Test global du sacrum :

Le patient reste allongé en décubitus dorsal, le praticien est debout au niveau du bassin du

patient. Il glisse la main caudale sous le sacrum en passant entre les jambes du patient, de

manière que la pointe du sacrum vienne reposée dans le creux de la main. Le coude de la

main caudale est positionné à plat sur la table afin d’optimiser la stabilité et l’ancrage du

praticien. L’autre main contrôle les iliaques par un appui des doigts et du coude sur les épines

iliaques antéro-supérieures.

Dans cette position nous cherchons à percevoir les mouvements de flexion et d’extension du

sacrum. Le sacrum peut être considéré comme un prolongement de la base crânienne grâce

aux connexions qu’il entretient avec la dure-mère. Par conséquent, il peut être testé et traité

avec la même intention que le test et le traitement de la base du crâne.

2. Traitement :

Une fois le protocole de tests effectué, nous avons relevé les dysfonctions trouvées afin de les

traiter à l’aide des techniques suivantes :

• Réharmonisation de la base et de l’occiput en 3 temps :

Le sujet est en décubitus dorsal, tête proche du haut de la table. Le praticien est assis à la tête

du sujet. Il positionne ses mains en coupe sous l’occiput avec les index au niveau des

mastoïdes, les majeurs en regard de l’arc postérieur de C1 et les auriculaires et annulaires au

niveau de l’écaille occipitale. La technique se déroule en trois étapes :

- emmener l’occiput en extension

- faire une supination des mains afin de provoquer une adduction du temporal, par les

mastoïdes

- faire une disjonction cranio-cervicale avec un glissement postérieur des condyles par

rapport aux glènes.

Dans cette position le praticien suit les mouvements de l’occiput et des temporaux jusqu'à

obtenir un relâchement tissulaire.

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• Techniques sur les temporaux :

La mise en place de la technique s’effectue de la même manière que le test de la suture

occipito-mastoïdienne à la différence que la main temporale va se positionner, non pas en

prise papillon, mais avec un contact par la face dorsale des deuxièmes phalanges. Le poing

étant fermé, cette prise permet au praticien d’avoir une meilleure puissance, nécessaire pour

la bonne réalisation de la technique.

Une fois la position initiée le praticien met en place les paramètres de densité et de tension

afin d’entrer en communication tissulaire avec la région occipito-mastoïdienne. Le praticien

suit le déroulement tissulaire jusqu'à l’obtention d’un Still Point et de la sensation d’une

légère expansion. Plusieurs déroulements sont souvent nécessaires.

• Technique sur les muscles sous occipitaux :

Le sujet est installé en décubitus dorsal, le praticien est assis à la tête du sujet. Les mains sont

positionnées en coupe sous l’occiput, la pulpe des doigts sur les muscles sous occipitaux. Le

praticien effectue une légère traction céphalique jusqu'à ressentir une mise en tension des

muscles sous occipitaux sous ses doigts. Puis il effectue un glissement antérieur de l’occiput

par rapport à la première cervicale afin d’étirer les muscles concernés. Le praticien maintient

la tension jusqu'à ressentir un relâchement tissulaire.

• Technique de relâchement global de la loge viscérale du cou :

Le sujet reste confortablement allongé sur le dos. Le praticien s’assoit à côté du patient au

niveau de ses épaules. La main céphalique va se positionner à plat derrière la nuque du

patient. La main caudale vient à plat en regard de la main céphalique et englobant la loge

viscérale du cou. La mise en tension est très douce afin de ne pas procurer de sensation

d’oppression au patient. Le praticien met en place les paramètres subjectifs qui sont :

présence, attention, intention ; et les paramètres de palpation objectifs qui sont : densité,

tension et vitesse. Le déroulement s’effectue en suivant les mouvements tissulaires globaux

de la loge viscérale du cou. Cette technique permet de relâcher les tensions des fascias

cervicaux superficiels, moyens et profonds.

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• Technique de Trigger point et ponçage :

Nous effectuons des techniques de Trigger point sur les muscles intervenant dans la

déglutition et la phonation afin de relâcher les tensions présentes. Ces muscles sont les

masséters, les ptérygoïdiens latéraux, les muscles supra hyoïdiens, infra hyoïdiens et

digastriques. Le relâchement des tensions musculaire par le biais des techniques de Trigger

point permet une meilleure stabilisation de l’os hyoïde, facilitant ainsi le traitement par

techniques directes sur cet os.

• Technique sur l’os hyoïde :

Le patient garde la même position que précédemment tandis que le praticien se positionne

debout à la tête du sujet. Le but de cette technique est de normaliser les dysfonctions trouvées

dans les paramètres de translation, d’élévation et d’abaissement.

Pour ce faire nous utilisons un principe utilisé en énergie musculaire. Le praticien contact

l’os hyoïde par une pince pouce index, l’autre main va générer un point fixe sur la

mandibule.

Nous emmenons l’os hyoïde dans le paramètre de non facilité, par exemple chez notre

patient, l’os hyoïde ayant des difficultés à s’abaisser par rapport à l’élévation, nous abaissons

celui-ci et demandons une déglutition tout en maintenant la tension et le paramètre

d’abaissement, puis après un court instant, l’os hyoïde se relâche et nous pouvons gagner

dans le paramètre d’abaissement. Cette manœuvre est réalisée trois fois pour chaque

paramètre dysfonctionnel.

• Technique sur le diaphragme

La mise en position est la même que pour le test passif. Nous mettons en place les paramètres

objectifs et subjectifs jusqu'à obtenir un déroulement tissulaire et un relâchement global du

diaphragme.

• Rééquilibration cranio-sacrée

À la fin de chaque séance nous terminons par une technique de rééquilibration cranio-sacrée.

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CHAPITRE III - RÉSULTATS

Grâce à la bonne coopération du patient et à sa réceptivité, nous avons pu créer un climat

favorable mettant le patient, et moi-même dans de bonnes dispositions afin que la relation

patient praticien soit la meilleure possible.

Durant les premiers instants de la séance initiale, nous avons senti le patient très tendu, une

certaine excitation était palpable. Son bégaiement se faisait beaucoup ressentir n’aidant en

rien notre sujet à se détendre. Il nous a fallu plusieurs minutes avant qu’il ne se relaxe, nous

permettant ainsi de gagner sa confiance petit à petit.

Pendant cet entretien, nous avons pris le temps d’expliquer au mieux notre démarche,

pourquoi et comment nous pourrions lui venir en aide et tenter d’améliorer sa fluence verbale

au quotidien. Nous avons ensuite établi un planning de rendez-vous afin d’optimiser le suivi.

Avant chaque phase de test, nous avons enregistré la voix du patient afin de comparer

l’évolution de la fluence verbale.

Une fois les bases posées, nous avons commencé notre protocole de test. Lors de la première

séance, nous avons pu constater que le patient présentait une rupture de la courbure cervicale

en hyperlordose. Compte tenu de la position anatomique des instruments de la phonation

nous pouvons penser qu’une relation existe entre la courbure cervicale et les perturbations

anatomo-physiologiques des organes de la voix, dues à un mauvais positionnement dans

l’espace.

Dans un premier temps, nous avons noté que des tensions étaient palpables au niveau de la

base du crâne, des cervicales, des trapèzes ainsi que du sternum. Le patient nous décrit une

souffrance en regard de la charnière cervico-dorsale associé à une trapezalgie bilatérale

depuis plusieurs années.

Durant notre approche crânienne il fut intéressant pour nous de remarquer un défaut de

mobilité au niveau des deux temporaux, mais surtout au niveau de la suture l’occipito-

mastoïdienne gauche. Cette dysfonction crânienne nous était apparue comme majeure par

rapport aux autres densités crâniennes. Il nous a semblé intéressant de nous concentrer sur cet

aspect, car le temporal est classiquement considéré comme un os « clef » en ostéopathie

crânienne.

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En effet, le temporal est souvent appelé « le fauteur de trouble ». Il est situé entre les sphères

antérieure et postérieure du crâne. Il est en contact avec le sphénoïde, les pariétaux et

l’occiput. Certains ostéopathes le considèrent comme le reflet des iliaques. Il possède un lien

important avec les cervicales via le sterno-cleido-occipito-mastoïdien. Il s’articule avec

l’occiput et forme les sutures occipito-mastoïdienne. Les occipito-mastoïdienne possèdent

des liens neurologiques important via le nerf vague (X) qui participe à l’innervation des

poumons, de la respiration, le nerf glossopharyngien (IX) qui va intervenir dans la déglutition

et l’innervation de la langue. D’ou sont importance capitale dans la prise en charge des

troubles du langage articulé et donc de notre traitement.

Nous accordons donc un certain temps à la première séance pour lever les dysfonctions des

temporaux.

Lors de la 2èmeconsultation, le patient semblait ravi de nous voir et motivé à poursuivre le

travail entrepris. Nous enregistrons une deuxième fois sa voix et notons déjà une

amélioration. Mais ceci pouvait être due à l’accommodation au praticien.

Toujours au cours de cette 2ème séance, nous avons constaté un amoindrissement des tensions

ressenties auparavant, surtout au niveau des cervicales et des trapèzes. Les tensions du

sternum étaient encore bien présentes et les temporaux, quant à eux, bénéficiaient d’une

meilleure mobilité, mais cependant pas suffisamment convaincante.

L’os hyoïde présentait un défaut d’abaissement et de translation droite. Lors de cette séance

nous avons attaché plus d’importance au traitement de la loge viscérale du cou et des muscles

intervenants dans la phonation et la déglutition, tout en continuant le travail entreprit sur les

temporaux.

Pendant la séance suivante, nous pouvions ressentir de nets progrès vis-à-vis de la confiance

du patient envers notre travail. Il ajouta qu’il se sentait plus libre de ses mouvements et moins

tendu au niveau cervical et des dorsales hautes. Nous constatons que le patient souffre

beaucoup moins de la région cervicale, les fascias cervicaux et les muscles de cette région

sont détendus, les articulations sont moins sous compression et moins sollicitées.

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Cette séance fut très encourageante pour la suite. Les tensions perçues diminuaient

considérablement. Cette consultation a été en grande partie accordée à la détente de la cage

thoracique grâce à un travail sternal, costal et diaphragmatique.

À la séance suivante, le travail entrepris, afin de libérer les tensions thoraciques, avait été

vraisemblablement bénéfique puisque le patient nous avait fait part d’une sensation de

« libération » au niveau thoracique et qu’il se sentait moins tendu et moins angoissé.

Les sutures occipito-mastoïdienne nous semblaient désormais beaucoup moins tendues qu’à

la première séance.

Au début de la séance suivante, maintenant qu’il avait pris conscience de la diminution de ses

tensions corporelles, nous décidions de lui faire entendre les enregistrements de sa voix afin

de lui faire prendre conscience de l’évolution de son bégaiement.

Plus les consultations avançaient plus nous pouvions remarquer une meilleure mobilité des

différentes zones de tension trouvées à la première séance. Ainsi qu’une nette amélioration

de la capacité du patient à prendre la parole devant nous.

Le travail sur le temporal nous a semblé capital, mais aussi celui exercé sur l’os hyoïde et la

loge viscérale du cou, lui offrant désormais une meilleure mobilité et des tensions amoindries

au niveau des muscles ptérygoïdiens, supra et infra hyoïdien. Cette rééquilibration a permis

aux organes de la phonation une plus grande liberté de mouvement, améliorant leur

physiologie.

Cette mobilité ainsi gagnée et ces tensions amoindries lui on peut être permis de retrouver

une articulation améliorée et une fluidité plus certaine dans sa prise de parole. Ou peut-être

était-ce la confiance qu’il nous a accordée au fur et à mesure des séances qui lui a permis

d’être moins stressé et angoissé lui offrant de meilleures conditions de prise de parole.

Le patient a semblé être satisfait et a décidé de continuer le travail entrepris en ostéopathie.

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CONCLUSION :

Suite à cette étude, nous avons pu constater une certaine amélioration du trouble dont souffre

notre patient, sans pour autant pouvoir complètement l’objectiver. La voix est plus posée, le

timbre de voix semble être sensiblement modifié. Les organes de la loge viscérale du cou se

sont assouplis, le larynx et le pharynx sont mieux équilibrés. Ces changements peuvent

expliquer une résonnance différente des cordes vocales par variation de l’air expiré, la

phonation devient plus fluide. Nous pouvons penser que le traitement ostéopathique a

favorablement modifié le positionnement dans l’espace des cordes vocales et des organes de

la phonation en diminuant les tensions environnantes. La courbure cervicale s’est légèrement

améliorée, les fascias cervicaux se sont détendus, les tensions musculaires ont diminuées, la

base du crâne s’est équilibrée et les organes de la phonation qui y sont suspendus sont

également plus détendus et mieux équilibrés dans l’espace, améliorant ainsi leur fonction.

Les résultats de l’étude ostéopathique ont montré que des dysfonctions des structures en

relations avec les organes de la phonation pouvaient influencer l’élocution par une atteinte

indirecte du positionnement et de la physiologie de ceux-ci.

Nous avons pu mettre en évidence l’efficacité d’un traitement ostéopathique bien suivi, et

avons pu constater qu’il pouvait être bénéfique à l’amélioration de l’élocution des bègues. Il

nous apparaît donc que l’ostéopathie peut être indiquée pour le traitement du bégaiement et

peut s’appliquer conjointement avec le traitement orthophonique dans certaines mesures.

Il aurait été intéressant d’effectuer cette étude sur un nombre de patients plus important afin

de valider au mieux le bilan obtenu sur notre cas clinique et de les confronter à d’autres

résultats avec le même protocole.

Quoi qu’il en soit, l’ostéopathie aura été bénéfique à notre patient en lui permettant de

diminuer considérablement les tensions dont il souffrait et de lui faire prendre conscience,

grâce aux enregistrements effectués, qu’il pouvait encore nettement améliorer son élocution

et maitriser son angoisse lors de la prise de parole.

Cette étude montre qu’une collaboration peut très bien fonctionner entre l’orthophonie et

l’ostéopathie et qu’il est toujours bénéfique de prendre en compte la globalité du patient.

Bien que le flou soit persistant aux vues des nombreuses théories étiologiques du bégaiement,

il n’est pas une fatalité, et des solutions telles que la prise en charge orthophonique couplée

aux techniques manuelles ostéopathique peuvent considérablement aider.

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Cette collaboration entre, d’un coté le savoir-faire orthophonique, et de l’autre ostéopathique,

met en exergue ce proverbe chinois « si nous avons chacun un objet et que nous les

échangeons, nous avons chacun un objet. Si nous avons chacun une idée et que nous les

échangeons, nous avons chacun deux idées. »

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RÉSUME :

Ce mémoire a pour but de comprendre les relations entre les structures anatomiques

permettant la phonation et les troubles du langage articulé, et de mettre en évidence les biens

fondés d’une approche ostéopathique dans la prise en charge de ces troubles, plus

particulièrement du bégaiement.

Dans un premier temps nous retraçons les théories étiologiques du bégaiement, puis nous

appliquons un protocole de test afin de prodiguer un traitement ostéopathique sur un cas

clinique atteint de bégaiement, et d’en évaluer les bénéfices.

This thesis aims to understand the relationships between anatomical structures for phonation

and disorders of spoken language and highlight a property based osteopathic approach in the

management of these disorders and more specifically for stuttering.

At first we trace the etiological theories of stuttering, then we apply a test protocol to provide

an osteopathic treatment on a clinical case reached stuttering in order to assess the benefits.

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- Dachy B., Neuro-anatomie fonctionnelle de la parole, 2008

- Hansen J.T. & Kamina P, Mémofiches anatomie Netter : Tête et cou, édition Masson 2007

- Leboursier T. La langue dans le concept ostéopathique, 2006 rééducations orthophoniques

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- Magoun Harold Ives, Ostéopathie dans le champ crânien, Sully, édition originale 1951

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- Tricot Pierre, Approche tissulaire de l’ostéopathie : un modèle du corps conscient, Sully

2002

- Van Hout Anne, Estienne Françoise, Les bégaiements : histoire, psychologie, évolution,

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- Vincent Elisabeth, Le bégaiement, la parole desorchestrée, Milan 2004

Documents utilisés à titre d’information :

- Mémoire de Tanguy Houyvet « Le bégaiement et l’ostéopathie », 2011, IPEO

- Mémoire de Pascale Fauvet « Le bégaiement et l’ostéopathie », 2006

- Recherche bibliographique de Anne Lanoux « Le langage oral de l’enfant et

l’ostéopathie », 2008 ISO Paris

- Cours IDO Paris de 2008 à 2013

- Internet

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