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LANGOUSTES DE LA ZONE INTERTROPICALE AFRICAINE PAR E. POSTEL (ORSTOM) 14

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LANGOUSTES DE LA ZONE INTERTROPICALE AFRICAINE

PAR

E. POSTEL

(ORSTOM)

14

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SOMMAIRE

I . INTRODUCTION ...................................................... II . LISTE DES ESPÈCES .................................................

A . Ocean atlantique .............................................. B . Ocean indien ..................................................

III . CLEFS DE DÉTERMINATION ........................................... A . Clef generique ................................................ B . Clefs specifiques ...............................................

a ) Ocean atlantique, genre Palinurus .......................... b ) Ocean atlantique, genre Panulirus ........................... c ) Ocean indien. genre Panulirus .............................

IV . APERÇU BIOGÉOGRAPHIQUE ........................................... V . APERÇU ÉCOLOGIQUE ................................................

VI . APERÇU HALIEUTIQUE ............................................... A . Genre Palinurus ...............................................

a) Pêche au casier ........................................... b ) Peche au chalut ..........................................

B . Genre Panulirus ............................................... a) Pêche au casier .......................................... b ) Pêche à la nasse ......................................... c ) Pêche au filet droit ....................................... d ) Pêche au chalut .......................................... e) Pêche en plongée ......................................... f ) Ramassage en zone intertidale .............................

C . Commercialisation des produits .................................. a) Pêche extra-africaine ...................................... b ) Pêche africaine ...........................................

399

400 400 400

402 402 403 403 404 404

405

409

413 413 413 417 417 418 418 419 421 421 422 422 422 424

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398 E . POSTEL

D . Note sur quelques essais récents de pêche à la langouste ............ 426 E . Résumé. conclusions. avenir .................................... 426

VI1 . MONOGRAPHIES SPÉCIFI~UES .......................................... A . Palinurus mauritanicus ......................................... B . Palinurus charlestoni ........................................... C . Paliniirus gilchristi ............................................. D . Pandirus rissoni .............................................. E . Panulirus sp . aff . echinatus ...................................... F . Panulirus dasypus ............................................. G . Panulirus homarus .............................................. H . Panulirus longipes ............................................. I . Panulirus ornatus .............................................. J . Panulirus penicillatus .......................................... IC . Panulirus polyphagus ........................................... L . Panulirus versicolor ............................................

. . .

428 428 436 438 439 453 458 459 462 465 467 468 468

VI11 . BIBLIOGRAPHIE ................................................ .... 471

. .

. . . .

. . .

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I. INTRODUCTION

Les langoustes forment un groupe zoologique relativement homogène, généralement classé en une seule famille (Palirzuridae) rattachée au sous-ordre des Décapodes Macroures.

La zone intertropicale des biogéographes s’étend : a ) côté Océan atlantique ; du Cap Blanc (environ 210 N.) au Cap Frio (environ

b ) côté Mer Rouge - Océan Indien : du Golfe de Suez (environ 300 N.) au Cap

On considère en outre habituellement comme dépendances africaines : a ) côté Océan atlantique : l’archipel du Cap Vert et les iles du Golfe de Guinée

b ) côté Mer Rouge - Océan indien : Madagascar, les Comores et les Mascareignes. C’est dans les cadres zoologique et géographique ainsi définis que se situe mon étude.

J e me suis efforcé, malgré la tentation de puiser et d’extrapoler des résultats beaucoup plus spectaculaires obtenus en d’autres points du Globe, notamment en Extrême Orient, de la maintenir dans ses strictes limites.

Les sources d’information sont rares et surtout disparates, les unes purement systématiques, les autres purement commerciales, ce qui ne facilite pas la tâche du compilateur. L’exposé s’en ressent, oh l’on remarquera non seulement des différences considérables de densité mais aussi de nombreuses lacunes, notamment au .niveau des monographies spécifiques. Faute de pouvoir réaliser dans de telles conditions une synthèse équilibrée, j ’ai simplement tenté de rassembler nos connaissances en une somme ordonnée, palier nécessaire et point de départ utile pour de futures recherches.

190 S.).

Récife (environ 340 S.).

(Fernando-Po, San Thomé, Anobon, etc.).

(Paris, Avril 1964)

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400 E. POSTEL

II. LISTE DES ESPeCES

Le découpage adopté élimine : a) au Nord Palinurus elephas (FABRICIUS 1787) = P. vulgaris Latreille 1804 qui à

l’Est de son aire de répartition ne sort pas de Méditerranke et à l’Ouest atteint au maxi- mum le Cap Bojador (environ 260 N.)1;

b ) au Sud Jasus lalandei (H. MILNE EDWARDS 1837) qui à l’Est se son aire de répar- tition ne dépasse guère le Cap Agulhas (extrême pointe de l’Afrique du Sud) et à l’Ouest atteint au maximum Cape Cross (environ 220 S.).

La liste des espèces s’établit comme suit :

A. OCÉAN ATLANTIQUE

Genre Palinurus FABRICIUS 1798. 1. Palinurus mauritanicus GRUVEL 191 1 (cité comme sous espèce). 2. Palinurus charlestonì FOREST et POSTEL 1964.

Genre Panulirus WHITE 1847. 3. Panulirus rissoni (DESMARETS 1825). 4. Panulirus sp. aff. echinatus SMITH 1869.

B. MER ROUGE ET OCÉAN INDIEN

Genre Justitia HOLTHUIS 1946. 5. Justitia longimana mauritiana (MIERS 1882).

Genre Linuparus WHITE 1847. 6. Linuparus trigonus (VON SIEBOLD 1824).

Genre Palinurellus VON MARTENS 1878. 7. Palinurellus zuieneckii (DE MAN 1881).

(1) Le Cap Bojador constitue Bgalement la limite pratique de repartition du homard (Homarus vulgaris). Cependant celui-ci peut, tres occasionnellement, descendre plus bas. J’en ai vu en 1952 tì bord d’un langoustier en escale ti Dakar un specimen (mhle d‘un peu plus de 3 kilogs) provenant du Cap Barbas (environ 220 N.).

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LANGOUSTES DE LA ZONE INTERTROPICALE AFRICAINE

Genre Palinurus FABRICIUS 1798.

8. Palinurus gilchristi STEBBING 1900.

Genre Palinustus A. MILNE EDWARDS 1880.

9. Palinustus inossambicus BARNARD 1926.

Genre Panulirus WHITE 1847.

10. Panulirus dasypus (LATREILLE 1804). 11. Panulirus homarus (LINNÉ 1758). 12. Panulirus longipes (A. MILNE EDWARDS 1868)l. 13. Panulirus ornatus (FABRICIUS 1798). 14. Panulirus penicillatus (OLIVIER 1791). 15. Panulirus polyphagus (HERBST 1793). 16. Panulirus versicolor (LATREILLE 1804).

Genre Puerulus ORTMANN 1897.

17. Puerulus carinatus BORRADAILE 1910. 18. Puerulus sewelli RAMADAN 1938.

I

401

Remarque : La synonymie des différentes espèces sera donnée ultérieurement. I1 est néanmoins nécessaire d’attirer dès maintenant l’attention sur deux binômes très souvent rencontrés dans la littérature et qu’il faut pouvoir, sans aucune hésitation, rapporter à leurs correspondants. Ce sont :

a ) dans l’Océan atlantique

b) dans l’Océan indien

Voir en outre la note (1).

Le tableau I dresse un état du nombre des espèces reconnues dans le monde, en en Afrique et Afrique intertropicale. On peut y constater la richesse comparée des eaux de cette dernière région.

Panulirus regius BRITO CAPELLO 1864 = P. rissoni2 ;

Panulirus burgerì (DE HAAN 1841) = P. homarus.

,

I

I

(1) HOLTHUIS (1946) a assimile P. longipes 5. P . japonicus. Bien que je m’en tienne presque toujours, dans le domaine de la taxonomie, aux conclusions de cet auteur, je fais cette fois exception en raison d’un temoignage recent de Bruce qui, aprbs avoir vecu longtemps B Zanzibar, se trouve maintenant B Hong-Kong et m’&rit : In the E.A.M.F.R.O. (East african marine fisheries organization, Zanzibar) reports P . longipes was referred t o P . japonicus (VON SIEBOLD) following HOLTHUIS in the Snellius report. However, since coming to Hong-Kong, I have become familiar with P . japonicus ss. str. and consider that the East African species should be referred to MILNE EDWARDS’ species n. J e considhre donc comme appartenant i I’espBce longipes tout ce qui jusqu’d maintenant avait kt6 attribue en Afrique de L’Est B l’esphce japonicus.

(2) Panulirus regius doit etre adopte d’une façon definitive par suite d’une decision du Comite de Nomen- clature. (Voir Bull. Zool. Nomencl., vol. X I I , part. 2,1956). (Note ajoutee au moment de la correction des &preuves).

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402 E. POSTEL

TABLEAU I

GENRES

Jasus. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Justitia. . . . . . . . . . . . . . . . . . Linupar us. ............... Nupalirus ................ Palinur ellus. . . . . . . . . . . . . . Palinurus. . . . . . . . . . . . . . . . Palinustus. . . . . . . . . . . . . . . . Panulir us. ............... Puerulus. ................

TOTAUX. ............

NOMBRES D’ESPÈCES RECONNUES

dans le monde

2 1 1 1 2 4 2

16 4

33

en Afrique

20

en Afrique intertropicale

O 1 1 O 1 3 1 9 2

18

III. CLEFS DE DaTERMINATION

A. CLEF GBNÉRIQUE

(d’après HOLTHUIS, modifié et simplifié).

1. Ni processus ni forte épine dirigés antérieurement au-dessus du pédoncule oculaire. Carapace uniformément tuberculée, sans épines. .........

.... .Palinurellus VON MARTENS

2. Processus ou forte épine dirigés antérieurement au-dessus du pédoncule oculaire. Carapace avec épines et tubercules.

21. $pine supraorbitaire non dentelée dorsalement. Les segments abdominaux n’ont jamais plus d’une rainure transversale ; le reste de la surface est parfois marqué de sculptures squamiformes. Le premier périopode n’est pas très long et ne porte pas de dactyle en forme de crochet.

21 1. Carapace prismatique. Chez la femelle les pléopodes du second segment abdominal portent un stylamblys bien développé, ayant la même taille que ceux des paires suivantes.

21 11. Antennules très longues. Le premier segment du pédoncule antennulaire atteint au-delà du dernier segment du pédoncule antennaire. De longs poils

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LANGOUSTES DE LA ZONE INTERTROPICALE AFRICAINE 403

raides sur les périopodes. Bpines supraorbitaires tronquées et antérieurement crénelées, non soudées en leur milieu.. ........

..... Palinustus A. MILNE EDWARDS.

21 12. Antennules plutôt courtes. Le troisième segment seulement du pédonculaire atteint au-delh du dernier segment du pédoncule antennaire. Premiers pléopodes absents chez la femelle. Périopodes nus ou garnis de poils courts.. ...... 21121. fipines supraorbitaires fusionnées dans la région médiane en un large

rostre renflé.. ........ .... .Linuparus WHITE.

21 122. fipines supraorbitaires largement séparées.

.... .Puerulus ORTMANN.

212. Carapace cylindrique. Chez la femelle les pléopodes du second segment abdominal portent un stylamblys réduit (ou nul) beaucoup plus petit que ceux des paires sui- vantes.

2121. Antennules A flagelles courts, plus courts que la moitié du pédoncule. Chez la femelle l’endopode des pléopodes du second segment abdominal porte un stylamblys distinct.

21211. Pas d’organe stridulant h la base de l’antenne. Bordure antéroventrale des épines supraorbitaires non dentelée. ......... ..... Jasus PARKER.

21212. Organe stridulant A la base de l’antenne. Bordure antéroventrale des épines supraorbitaires dentelée.. ........

. .... .Palinurus FABRICIUS.

2122. Antennules h flagelles longs, plus longs que le pédoncule. €?pines supraorbi- taires non dentelées ventralement. Chez la femelle l’endopode des pléopodes du second segment abdominal est dépourvu de stylamblys ..........

.... I .Panulirus WHITE.

22. fipine supraorbitaire dentelée dorsalement. Les segments abdominaux portent chacun 4 ou 5 rainures transversales ; il n’y a jamais de sculptures squamiformes. Le premier pério- pode est extrèmement long et porte un dactyle fortement recourbé. .........

.... .Justitia HOLTHUIS.

B. CLEFS SPÉCIFIQUES

a) Atlantique. Genre Palinurus. 1. Forte dent subdistale sous le propode. €?pine distale au bord supérieur du carpe. Coloration h

14-1

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404 E. POSTEL

dominante rouge. Les taches colorées donnent une impression annelée, notamment sur les périopodes. .........

..... Palinurus charlesdoni FOREST et POSTEL.

2. Dent subdistale sous le propode faible ou obsolète. Pas d’épine distale au bord supérieur du carpe. Coloration A dominante rose. Les taches colorées donnent une impression marbrée, notamment sur les périopodes ..........

..... Palinurus mauridanicus GRUVEL.

b) Atlantique. Genre Panulirus. 1. Couleur verte plus ou moins marquée de jaune e t de violet.. ........

..... Panulirus rissoni (DESMARETS)~.

2. Couleur brune plus ou moins semée de petits points bleus. ......... .... .Panulirus sp. aff. échinafus SMITH.

c) Mer Rouge et Océan Indien. Genre Panulirus (d’après MONOD e t PETIT, 1929, modifié). 1. Des sillons tergaux transversaux sur les somites abdominaux.

11. Un palpe (exopodite) au troisième maxillipède (maxillipède externe) ; sillons transversaux médiodorsalement ininterrompus partout ; bord antérieur de ces sillons entier, jamais festonné ou lobé.

11 1. Palpe du troisième maxillipède avec un flagellum développé, multiarticulé ; segment antennulaire avec deux épines principales. Teinte générale variant du brun-marron au violet rouge. Pattes brunes avec filets orangés et taches blanches. .........

..... Panulirus Zongipes (A. MILNE EDWARDS).

112. Palpe du troisihme maxillipède rudimentaire, réduit A un moignon sans flagellum ; segment antennulaire avec quatre épines principales groupées sur un socle commun. Carapace vert sombre marquée par un sillon profond autour duquel la couleur passe au brun. Abdomen brun ponctué de blanc sale. Pattes vert-marron avec bandes latérales et supérieures, très étroites, jaune clair. .........

..... Panulirus penicillatus (OLIVIER).

12. Pas de palpe au troisième maxillipède ; sillons transversaux médio-dorsalement ininter- rompus partout ou seulement aux somites 1-3 et 6 ou 1-4 e t 6 (interrompus : 4-5 OU

5) ; bord antérieur des sillons plus ou moins distinctement festonné.

121. Sillons transversaux présentant une tendance A l’oblitération, plus marqués sur les côtés que medio-dorsalement où ils sont obsolètes, presque évanescents aux somi- tes 4-5 ou 5 ; bord antérieur des sillons présentant des indications très peu appa- rentes de feston simplement juxtaposées (Aucune indication sur la couleur dans les eaux africaines). .........

..... Panulirus dasypus (LATREILLE).

(1) Voir note 2, page 401.

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LANGOUSTES DE LA ZONE INTERTROPICALE AFRICAINE 405

122. Sillons transversaux fortement marqués sur tous les somites et sur toute l’étendue de ceux-ci ; bord antérieur des sillons portant une série de festons ciliés, d’aspect squa- miforme et imbriqué. Coloration générale rouge-brun. Bourrelet inférieur de céphalo- thorax bleu ciel. Les tergites abdominaux portent dans la région dorso-latérale une tache jaune ..........

..... Paizulirus homarus (LINN~~).

2. Pas de sillons tergaux transversaux sur les somites abdominaux chez l’adulte ; troisième maxillipède sans palpe.

21. Segment antennulaire avec deux fortes épines ; deuxième maxillipède avec flagellum développé, multiarticulé. .........

..... Paizulirus polyplzagus (HERBST).

22. Segment antennulaire avec quatre fortes épines ; deuxième maxillipède avec une flagellum obsolète ou nul.

221. Palpe du troisième maxillipède sans trace de flagellum ; coloration verdâtre avec, sur la partie antérieure du céphalothorax, de fines marbrures et sur la partie moyenne des tergites abdominaux une large bande foncée transversale.. ........

..... Paizulirus ornatrrs (FABRICIUS).

222. Palpe du troisième maxillipède avec un rudiment obsolète et inarticulé de flagellum ; coloration verte ; céphalothorax largement semé de taches bleu-foncé sur fond clair ; pattes avec lignes longitudinales foncées et claires ; tergites abdominaux avec, au bord postérieur, une bande foncée transversale contenant elle-même une ligne centrale claire. .........

..... Panulirus versicolor (LATREILLE).

IV. APERCU BIOGfiOGRAPHIQUE

Les genres, Justitia, Linuparus, Palinurellus, Palinustus et Puerulus ne sont connus en Afrique que de points uniques ou peu nombreux de l’Océan indien (Fig. 1).

Le genre Palinurus est localisé à la région Nord-ouest africaine (P. mauritanicus), aux Iles du Cap Vert ( P . clzarlestoni) et à un secteur limit6 d’Afrique du Sud (façade Océan Indien) (P. gilchristi) (Fig. 2). La zone de plus forte concentration de P. mauri- tanicus se situe au large du Sahara (entre 180 et 250 N.). L’espèce remonte jusqu’au Sud-ouest de l’Irlande. Elle est également connue de Méditerranée occidentale.

Le genre Panulirus occupe l’ensemble de la zone intertropicale africaine telle qu’elle a 6th définie dans l’introduction (Fig. 2). I1 est absent d’Afrique du Nord, de Suez à Tarfaya (Cap Juby), et d’Afrique du Sud (façade atlantique).

Paizulirus rissoni festonne la côte occidentale du Rio de Oro à l’Angola. Sa répartition

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406 E. POSTEL

Tropique du . - - - - - - - -

e 50 3 O C

o Palinurellus wienecki o Justitia mauritiana a Palinustus mossambicus

+ Linuparus trigonus o Puerulus carinatus e Puerulus sewelli

Fig. 1. - RBpartition gkographique des especes des genres Justifia, Linuparus, Palinurellus, Palinistus et Puerulus.

y est discontinue. I1 recule notamment devant les fortes dessalures (estuaires et lagunes). Les points connus de fortes concentrations sont les régions de Villa Cisneros, du Cap Barbas, du Cap Blanc (Sahara espagnol), du Cap Bald (Gambie). L'espèce existe aussi, plus disséminée, mais en quantités néanmoins importantes le long des côtes sénégalaises. P . rissoni est peu abondant dans le Golfe de Guinée, exception faite de quelques pointe-

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LANGOUSTES DE LA ZONE INTERTROPICALE AFRICAINE 407

OCEAN ATLANTIQUE

&Ascension

+ Palinurus mauritanicus PaIinurus charleston¡ Ste.-H

o Palinurus gilchristi + Panulirus rissoni

o Panulirus sp. aff.echinatus . Panulirus dasypus ------- a Panulirus homarus t Panulirus longipes . Panulirus ornatus o Panulirus penicillatus

Panulirus versicolor n Panulirus polyphagus Ca1

15'

15' 30'

INDIEN ar Dinores

150

Fig. 2. - RBpartition geographique des esphes des genres Palinurus et Panulirus. Pour les especes P. maurifa- nicus. P. gilchrisfi et P. rissoni les dimensions des signes representatifs sont fonction du cokfficient d'abondance.

ments rocheux près d'Assinie en Côte d'Ivoire. De gros peuplements existeraient en Angola (région sud - da Franca, ìn liti.). P. rìssonì est également connu des Iles du Cap Vert et des Iles du Golfe de Guinée (Fernando Po, Saô Thomé, Anobon, etc...). Quelques captures isolées ont été signalées il y a longtemps sur les côtes méditerranéennes franco-espagnoles. On peut considérer que l'espèce en est maintenant complètement disparue.

Panulirus sp. aff. echinatus semble focalisé sur les Iles du Cap Vert. I1 y forme d'assez grosses concentrations. On ne l'a jamais vu sur la côte africaine,.mais on le connait par

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408 E. POSTEL

contre d’Ascension, de Ste Hélène, du rocher St Paul et - si son identité avec P. echinatus est un jour démontrée - de Fernando de Noronha et des côtes du Brésil.

Dans l’Archipel du Cap Vert où P. rissoni et P. sp. aff. echinatus sont souvent associés leurs proportions respectives varient avec les iles et avec la saison. J’extrais des nombreuses données publiées par da Franca et ses collaborateurs (1962) à la suite de pêches expérimentales conduites quelques années plus tôt celles relatives aux Iles S. Vicente, Sta Luzia (guirlande nord), Sal, Boavista (frange est), Brava (extrêmité sud-ouest). Résumées dans le tableau II, elles donnent une excellente idée de ces varia- tions e t mettent en évidence les tendances des deux espèces : africaine pour la première (dominante dans les Iles nord et est), centre-atlantique pour la seconde (dominante à Brava).

S. Vicente. . . . .

Sta Luzia.. ....

Sal. ...........

Boavista. ......

Brava. . . . . . . . .

Avril

TABLEAU II

M a i I Juin Juillet Septem- Octobre Novem- Août I bre 1 1 bre

Chaque case est coup6e en deux par une diagonale. Le chiffre situ6 au-dessus et B gauche de celle-ci indique le nombre de captures de P. rissoni, le chiffre situ6 au-dessous et B droite le nombre de captures de P. sp. aff. echinatus. Les cases blanches correspondent h des lacunes dans les observations.

P. ornatus et P. versicolor constituent le tandem caractéristique du Canal de Mozambique et de la Côte orientale africaine proprement dite. Si l’on s’en tient à des notations isolées il vient s’y ajouter en chaque point un certain nombre d’espèces, mais si l’on prend en compte le volume des populations on peut considérer : - que le tandem existe seul au Mozambique ; - qu’il se transforme en trio à Nosy-Bé comme à Zanzibar par adjonction de

P. longipes. Les proportions de ces trois espèces varient d’une région à l’autre. Le symbole A

désignant la plus nombreuse, le symbole C la moins nombreuse, les classements au

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LANGOUSTES DE LA ZONE INTERTROPICALE AFRICAINE 409

P. ornatus

Mozambique, à Nosy-Bé et à Zanzibar s’ordonnent selon les indications du tableau III. Pour Zanzibar le tableau s’appuie sur un sondage chiffré réalisé par BRUCE (in litt.) : A = 176, B = 72, C = 54.

P. versicolor P. longipes

Mozambique. ............. II No Sy-Bé ................. Il Zanzibar. ................ Il

B

C I A l B

A I B C I Les trois espèces prhcédentes sont complètement absentes de la côte S.E. de

Madagascar, oh elles sont remplacées par l’association P. homarus - P. peizicillatus dans laquelle P. homarus est toujours dominant (La proportion est d’environ 6/1 à son avantage - FOURMANOIR, CROSNIER et CHARBONNIER 1960)l.

Six espèces se trouvent aux Mascareignes : P. Aoinarus, P. longipes, P. ornatus, P. penicillatus, P. polyphagus, P. versicolor. Les plus communes sont P. longipes et P. penicillatus (DE BAISSAC, in litt.). Trois sont signalées aux Comores : P. ornatus, P. penicillatus et P. versicolor (FOURMANOIR 1955), trois également en Mer Rouge : P. homa- rus, P. ornaius, P. penicillatus.

P. dasypus est connu par quelques exemplaires dans l’extrême Nord de Madagascar (MONOD e t PETIT 1929) ainsi qu’à Zanzibar (HALL 1961). I1 serait mieux représenté au Kenya (BRUCE, in litt.).

Le désordre apparent dans la répartition géographique des Panulirus dont il vient d’être question est probablement dû à des facteurs écologiques. En outre aucune de ces formes n’est strictement limitée à la région Est-africaine qui ne constitue, en définitive, au point de vue faunistique, qu’un secteur particulier du domaine indien.

V. APERCU GCOLOGIQUE

A part un récent travail de PICHON (1964) sur les langoustes de la région de Nosy-BB, aucune étude africaine ne mérite vraiment le qualificatif d’écologique. On trouve néan- moins chez quelques auteurs (GRUVEL 1911, POSTEL 1959 et 1962, FOURMANOIR, CROSNIER

(1) P . homarus est la seule espbce citee de la côte Est du Protectorat d’Aden (GEORGE 1964), territoire extra- africain tres proche des Somalis sur lesquelles on ne possede aucun renseignement.

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410

O

100

200

300

400

500

600

Profondeu

E. POSTEL

?

Répartition en profondeur Genre Palinurus

Fig. 3. - RBpartition en profondeur des especes du genre Palhzurus.

et CHARBONNIER 1960, HALL 1961, DA FRANCA et ses collaborateurs 1962, MARCHAL 1964, etc ...) de brèves notations ayant trait aux conditions de milieu (hydrologie, nature du substrat) dans lequel vivent habituellement les animaux étudiés. Celles-ci, jointes à des informations obtenues près des pêcheurs professionnels, qui sont, on le sait, d’excellents observateurs, permettent de dégager quelques idées générales.

I1 existe d’abord une différence essentielle dans la répartition bathymétrique des deux genres Palinurus et Panulirus, les seuls suffisamment nombreux pour qu’on puisse tenter d’ébaucher à leur sujet un canevas écologique quelque peu significatif. Palinurus est un genre profond qu’on ne rencontre pratiquement pas à moins de 50 m (Fig. 3). Panulirus est un genre côtier qu’on ne rencontre pratiquement pas au delà de 50 m (Fig. 4). I1 s’ensuit que le genre Palinurus vit dans des eaux relativement froides (130 à 140 vers 200 m., niveau des plus fortes concentrations), le genre Panulirus dans des eaux chaudes (jusqu’à 300). Dans ce dernier genre l’espèce la plus resistance au froid est

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10

20

30

35

Profondet

LANGOUSTES DE LA ZONE INTERTROPICALE AFRICAINE 41 1

R6partition en profondeur Genre Panulirus A

c n mètres d d o: o:

Fig. 4. - RBpartition en profondeur des especes du genre Pandirus (en partie d’aprbs PICHON).

l’espèce ouest-africaine P. rissoizi qui supporte en hiver dans la région Cap Blanc-Cap Vert des températures de l’ordre de 150 à 160.

Les trois Palinurus vivent isolés les uns des autres. Palinurus charlestoni paraft inféodé à des faciès rocheux dans lesquels il fréquente de préférence les talus à forte pente. P. nzauritaizicus et P. gilclzristi s’adaptent plus facilement à des faciès sableux et sablo-vaseux puisqu’on peut les pêcher l’un e t l’autre au chalut. P. rnaurifanicus manifeste néanmoins une prédilection certaine pour les coraux profonds (Dendroplzyllia).

Panulirus sp. aff. eclzinafus n’est connu que de faciès rocheux ou corralliens. P. ris- soni, de même tendance, est cependant moins exigeant. On le rencontre sur fonds durs mais chalutables au large du Sénégal (faciès à Arca et à Chama), voire même sur fonds sablo-vaseux dans le Golfe de Guinée. Dans ce dernier cas les pointements rocheux sont jamais très éloignés.

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412 E. POSTEL

P. sp. aff. echinatus et P. risoni sont parfois associes aux Iles du Cap Vert. Panulirus longipes, P. ornatus, P . versicolor semblent plus ou moins liés aux faciès

coralliens et à leurs dérives (amoncellement de corail mort, micro-atolls en herbiers littoraux, etc...). La première espèce est très exigeante sur la clartd des eaux (elle ne supporte pas de sédimentation dans ses abris), la seconde moins, la troisième beaucoup moins.

P. longipes et P. versicolor s’agglomèrent en groupe et peuvent cohabiter. P. ornatus est solitaire (PICHON, 1964).

Panulirus homarus vit sur faciès rocheux, à faible profondeur, le plus souvent en mode battu. GEORGE (1964) fait remarquer qu’on ne le connait pas en régions corallien- nes.

Panulirus penicillatus se trouve associé en proportions variables soità P. homarus, soit au trio 1on.gipe.s-ornatus-versicolor, ce qui montre une assez large indifference à 1’6gard du substrat, à condition toutefois qu’il présente une certaine dureté.

On ne sait rien en Afrique des caractéristiques écologiques des deux dernières especes : P. dasypus et P. polyphagus.

Le tableau IV résume d’une façon très succincte les afinités (proportionnelles au nombre de croix) des différentes espèces précedemment citées.

TABLEAU IV

P. mauritanicus.. .. P. charlestoni. ..... P. gilchristi.. ...... ____ ~~

P. sp. aff. echinatus P. risoni.. ....... P . homarus.. ...... P. longipes.. ...... P. ornatus .........

P. versicolor.. ..... P. penicillatus. ....

Faciès profonds

iocheux

X

x x x X

Coral- lien

X

Sablo- vaseux

X

X

locheux

x x x x

x x x

X

x x X

Faciès côtiers

Coral- lien

X

X

x x x x x x x

X

Sablo- vaseux

X

Herbier littoral

X

X

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LANGOUSTES D E LA ZONE INTERTROPICALE AFRICAINE 413

VI. APERGU HALIEUTIQUE

Paliiiurus et Panulirus sont les seuls genres suffisamment bien représentés pour faire l’objet d’une exploitation commerciale.

A. GENRE PALINuRUS

On le pêche : - soit au casier sur fonds rocheux et coralliens ; - soit au chalut sur fonds sablo-vaseux.

a) Pêche au casier. LIEUX DE PÊCHE (Voir aperçus biogéographique et écologique) (Fig. 5). - Côte occidentale d’Afrique, de 180 à 250 N. et de GO à GOO mètres de profondeur.

~ , 5 0 I. Brava 1 50 -

4 F! mauritanicus

D f? charlestoni

m P. rissoni

e P. sp. aff. echinatus Fig. 5. - Lieux de pdche privilegies de P . mauritanieus, P. charlestoni, P. rissoni et P . sp. aff. eehinafus.

Les lieux les plus frequentes se situent au large du Banc d’brguin par fonds voisins de 200 m. - Iles du Cap Vert, de 150 à 300 m. de profondeur.

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E. POSTEL 414

ESPSCES P~CHÉES.

- Côte occidentale d’Afrique : P. mauritanicus. - Iles du Cap Vert : P. charlestoni.

ENGIN. Casier cylindrique (en fait le cylindre est légèrement applati et sa section est une

ellipse à faible excentricité) dont les génératrices sont matérialisées par des lattes de bois régulièrement espacées, et les bases par un cercle de filet. Longueur du casier = 70 cm., grand diamètre = 57 cm., petit diamètre = 49 cm. Une entrée elliptique (30 x 27 cm.) est ouverte sur le côté du cylindre. Elle se prolonge par un goulot profond d’environ 15 cm.

BATEAUX. Les bateaux caseyeurs sont des unités de 30 à 35 m, d’une puissance de l’ordre de

500 chevaux. Ils sont équipés d’une installation de chalutage (légère) qui leur permet de pêcher leur appât et sont armés par un équipage d’une quinzaine d’hommes. Les seuls caseyeurs opérant actuellement sur la côte occidentale d’Afrique sont français et basés sur deux ports finistériens : Camaret e t Douarnenez. Les aménagements intérieurs comportent : - soit uniquement des installations de congélation et des chambres froides :

congélateurs purs ; - soit ces mêmes installations ajoutées à des viviers : langoustiers mixtes (Fig. 6 ) ; - soit uniquement des viviers : langoustiers purs. Chronologiquement ces trois types de bateaux sont apparus en ordre inverse de leur

humération 1.

MÉTHODES DE P ~ C H E .

La pêche au casier sur la Côte occidentale d’Afrique remonte à 1954. Aux Iles du Cap Vert elle ne date que de 1963 (mises à part les pêches expérimentales exécutées en 1958-59 par le Centro de Biologia piscatoria portugais). Les premiers bateaux (1954 à 1956) partaient avec 150 à 200 casiers. Ils partent maintenant avec plus de 500 auxquels viennent s’ajouter de nombreuses pièces de rechange (cercles et lattes).

Les casiers lestés par des galets sont disposés en chapelets (filières) de dimensions variables (20 à 50 casiers - distance moyenne entre casiers 25 m.). Les gros langoustiers ont souvent plus de 300 casiers à l’eau en même temps (5 à 10 filières). I1 faut pour les boëtter 200 à 250 kilogs d’appât par jour. L’appât est (( fait B au chalut, théoriquement pour toute la durée de la campagne, au moment oh le bateau arrive sur les lieux de pêche, de preference vers le Banc d’Arguin. I1 est conservé en chambres froides. Tous les poissons sont utilisés. Les meilleurs, connus sous le nom de Q Pironneaux )), appartiennent à la famille des Sparidés. On les prend entre 80 et 150 mètres de profondeur.

(1) Les langoustiers purs, bateaux les plus anciens, ont en general des dimensions inferieures & celles des lan- goustiers mixtes et des congelateurs. Ils ne depassent gube 25 & 30 m.

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Fig. 6. - Langoustier mixte de 31 mBtres. C = chambres froides. V = viviers. D’aprBs un plan aimablement communique par les chantiers Keraudren de Camaret (Finistbre).

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416 E. POSTEL

Les filières sont ((levées o à l’aide d’un cabestan attelé sur un moteur auxiliaire d’une vingtaine de chevaux et (( remouillées D immédiatement après extraction des prises et renouvellement de la boëtte. L’opération commence vers 5 heures du matin. ~

Elle se poursuit presque toujours très au-delà de midi. L’état de la mer, la profondeur de pêche, la nature du fond (croches) influent sur sa vitesse.

MÉTHODES DE CONSERVATION.

Les langoustes sont conservées : - soit vivantes en viviers ; - soit congelées en chambres froides.

Les viviers occupent le centre du bateau. Ils son, alimentés en eau de mer par des trous ou des fentes percés dans les bordés.

Des étagères à claires-voies multiplient les surfaces auxquelles peuvent s’aggriper les crustacés e t évitent un entassement préjudiciable sur le fond des viviers. La charge est de l’ordre de 200 kilogs de langouste au mètre cube. L’état sanitaire de la cargaison est régulièrement vérifié par sondage ou par examen in situ à l’aide de scaphandres autonomesl. Les pertes sont de l’ordre de 10 à 20%.

Pour la conservation en chambres froides, le céphalothorax est élimine. Les queues enveloppées dans une gaine de plastique sont rangées en caissettes avant passage au tunnel de congélation. Le rendement en queue (par rapport à l’animal entier) est de l’ordre de 113.

Les gros langoustiers peuvent entreposer jusqu’à 20 tonnes de langoustes vivantes et 25 tonnes de queues congelées. I1 n’est pas d’exemple qu’ils aient jamais fait leur plein.

EFFORT DE PÊCHE.

Nombre de bateaux = une quarantaine. Nombre de voyages = au début (1954-56) trois a quatre par an, actuellement deux.

RENDEMENTS ET APPORTS.

Le rendement moyen est actuellement de l’ordre de 1 kilog de langouste par casier

Apports en 1963 (conversion faite des queues congelées en langoustes entières -

P. mauritanicus - de l’ordre de 2.500 tonnes. P. charlestoni - de l’ordre de 15 tonnes.

e t par jour.

coéficient 3).

(1) Le rassemblement des langoustes sur le fond des viviers, indice auquel les equipages attachent une grosse importance, decble une (( fatigue )) de la cargaison dCle en general A un manque d’oxygbne. Le rembde consiste B deplacer le bateau (on le fait tourner en rond) de façon A ce que son mouvement ambne un renouvellement de l’eau et par consequent un apport d‘oxygene.

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LANGOUSTES DE LA ZONE INTERTROPICALE AFRICAINE

e m ba nzibar

TANGANYIKA I d

15'

--I------ > Fort Dauphin

-ondon

i O 0

a I? gilchristi

f? longipes, F? ornatus,

I? versicolor

* I? homarus, I? penicillatus * {

417

Fig. 7. - Lieux de pêche privilbgibs de P. gilchristi, P . Iongipes, P. ornatus, P . versicolor, P . homarus et P. peni- cillatus.

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418 E. POSTEL

b ) Pêche au chalut. Aucun langoustier ne pêche au clzalut, sauf nous l’avons vu pour (( faire son appât D. Par contre tous les chalutiers qui travaillent au large de la Mauritanie (sensu lato)

ramassent occasionnellement des langoustes appartenant à l’espèce mauritanicus, et certains bateaux spécialisés recherchent l’espèce gilchristi au large du Natal (Fig. 7).

Toutes les langoustes prises au chalut sont conservées en chambres froides. Le nombre et l’origine variée des chalutiers pêchant sur les côtes d’Afrique occi-

dentale - il en vient d’Espagne, du Portugal, de France, d’Italie, de Grèce, d’Israël, de Pologne, d’URSS et du Japon - rendent impossible une évaluation même approchée des quantités capturées. On peut néanmoins penser qu’elles dépassent très largement 1 .O00 tonnes.

Les mises à terre annuelles de P. gilchristi sont de l’ordre de 100 tonnes.

B. GENRE PANULIRUS

On le pêche : - soit au casier ou à la nasse sur fonds rocheux et coralliens ; - soit au filet droit sur fonds rocheux et sur fonds durs ; - soit au chalut sur fonds durs et sablo-vaseux.

I1 est également chassé en plongée ou ramassé à marée basse dans la zone intertidale.

a) Pêche au casier. Pratiquée seulement, et depuis peu (1963), aux Iles du Cap vert la pêche au casier

interresse principalement l’espèce P. sp. aff. echinatus et accessoirement l’espèce P. rissoni (Fig. 5).

Bateaux, engins et méthodes sont les mêmes que pour P. mauritanicus, mais les filières sont, en raison des caractéristiques écologiques propres aux deux espèces, mouil- lées beaucoup moins profond (de 5 à 25 mètres).

Les captures de P. sp. aff. echinatus ont été de l’ordre de 10 tonnes en 1963, celles de P. rissoni de l’ordre de 1 tonne.

b ) Pêche I la nasse. LIEUX DE PÊCHE.

La pêche à la nasse est localisée dans la région S.E. de Madagascar, de O h quelques mètres de prodondeur (Fig. 7).

ESPÈCES P&CHÉES.

P. homarus. P. penicillatus.

ENGIN.

Nasse polyèdrique de type polynésien, L’ouverture est latérale.

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LANGOUSTES DE LA ZONE INTERTROPICALE AFRICAINE 419

BATEAUX.

Pirogues monoxyles de 7 à 8 m., montées par deux ou trois pêcheurs possédant chacun trois ou quatre nasses.

MÉTHODES DE PÊCHE.

Lestées de cailloux, les nasses sont mouillées le soir, relevées le lendemain matin. Le meilleur appât est la moule distribuée à raison de 1 kilog environ par nasse. A défaut de moules qui deviennent rares à proximité des villages de pêcheurs, ceux-ci boëttent avec des balanes ou des patelles.

MÉTHODES DE CONSERVATION.

Les langoustes sont vendues vivantes e t entreposées par l’acheteur en viviers flottants en attendant leur expédition par avion au départ de Fort Dauphin.

EFFORT DE PÊCHE.

Une trentaine de pirogues.

RENDEMENTS ET APPORTS.

Rendements : de un à deux kilogs par nasse et par jour de pêche. Apports : Les mises à terre annuelles, constituées pour 516 de P. honiarus et pour

1/6 de P. periicillafus, sont de l’ordre d’une vingtaine de tonnes.

c) Pêche au filet droit.

LIEUX DE PÊCHE.

Côte occidentale d’Afrique : Rio de Oro, Mauritanie, Sénégal, Côte d’Ivoire [Assinie). Eaux peu profondes (jusqu’à une vingtaine. de mètres).

ESPBCE PÊCHÉE.

P. risoni. Voir aperçus biogéograpliique et écologique. Les lieux de pêche les plu^ fréquentés correspondent aux zones connues de plus fortes concentrations (Fig. 5).

ENGIN.

Filet droit. Longueur = environ 30 mètres, hauteur = environ 1 m. ; dimensions

Le filet, d’origine française, a été adopté (plus ou moins modifié) par les autres des mailles = 8 à 10 cm. de côté.

pêcheurs europhens ou africains.

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420 E. POSTEL

BATEAUX. Pêcheurs africains : Pirogues (ouoloves au Sénégal, apolloniennes et fantes en Côte d’Ivoire). Longueur

la plus courante : 8 à 10 m., équipage : 3 à 4 hommes au SénégaI, 4 chez les Apolloniens, 5 à 6 chez les Fantes (les pirogues de Côte d’Ivoire sont moins longues mais plus larges et plus lourdes que les pirogues du Sénégal).

Pêcheurs européens : a ) français - bateaux à viviers de 20 à 30 m., puissance de 200 à 500 chevaux,

équipages d’une dizaine d’hommes. I1 n’y a pratiquement pas de congélateurs à pêcher au filet. La disposition des viviers est la même que chez les caseyeurs. Leur capacité moyenne d’entreposage est de l’ordre de 15 à 25 tonnes de Iangoustes vivantes.

b ) espagnols - bateaux à viviers de 20 à 22 m. Capacité d’entreposage de l’ordre de 5 à 6 tonnes de langoustes vivantes.

M É T H O D E S DE PÊCHE.

Les filets mis bout à bout pour former une tessure pouvant atteindre plusieurs centaines de mètres sont mouillés le soir et relevés le lendemain matin, par les pirogues dans le cas de la pêche africaine, par des annexes (canots) basées sur le bateau mère dans le cas de la pêche européenne. En ce qui concerne les langoustiers français, ces canots mesurent 5 à 6 m., sont équipés d’un moteur de 10 à 15 chevaux et sont montes par trois ou quatre hommes. Un rouleau d’environ 1 m. de longueur (diamètre de 5 à 7 cm.), fixé à l’avant (tribord), facilite la manœuvre d’embarquement des filets qui sont halés à la main. Chaque langoustier emploie 2 ou 3 annexes.

Les pirogues africaines mouillent une vingtaine de filets. Les bateaux français qui vers 1948-19501 embarquaient de 400 à 500 filets (12 à 15 kilomètres) partent maintenant avec 1.200 à 1.500 (36 à 45 kilomètres). Le tiers est mis à l’eau en même temps et remplacé par roulement. Les travaux de ramendage (réparation) occupent la majeure partie du temps des équipages. J’ignore le nombre de filets employés par les Espagnols.

MÉTHODES DE CONSERVATION.

Les pêcheurs africains rapportent leurs captures dans le fond de leurs pirogues. Ils trainent parfois derrière eux de petits viviers flottants. e t a n t donné qu’il leur arrive de pêcher très loin de leur port d’origine (certaines pirogues de Dakar et de JoaI frequentent assez régulièrement les côtes de Gambie) les pertes en route sont considérables. Elles atteignent jusqu’à 60%.

Les pêcheurs européens conservent leurs captures en viviers. Les conditions de conservation, les soins apportés à la cargaison, le pourcentage de pertes sont comparables à ceux que nous avons vus pour P. mauritanicus. La charge des viviers est légèrement supérieure : 250 kilogs au mètre cube.

(6) La peche au Blet sur la COA remonte aux annbes prbcbdant immbdiatement la premiere guerre mondiale (Voir POSTEL 1962).

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LANGOUSTES DE LA ZONE INTERTROPICALE AFRICAINE 421

EFFORT DE PIICHE. Pêche africaine : impossible à Bvaluer. Pêche européenne. a ) Pêche française

Nombre de bateaux : une dizaine tous basés sur Douarnenez. Nombre de voyages : Vers 1948-1950 quatre en moyenne par an, actuellement

deux. b ) Pêche espagnole

La pêche espagnole est récente et date seulement de quelques années. Nombre de bateaux : une dizaine en majorité basés sur Las Palmas (Canaries). Nombre de voyages : aucun renseignement.

RENDEMENTS ET APPORTS.

Vers 1950 la moyenne des rendements était de l’ordre de 2 à 3 langoustes pour 10 mètres de filet. Actuellement elle n’atteint pas la moitiB de cette valeur.

Les apports de la pêche française qui jusqu’en 1961 s’étaient maintentis au dessus de 300 tonnes sont tombes en 1963 aux environs de 100 (moins de bateaux et rendements plus bas).

Aucun renseignement sur les apports de la pêche esgagnole. On peut. les estimer également à 100 tonnes.

Aucun renseignement sur la pêche globale du Sénégal. Les apports du secteur sud sont de l’ordre de 80 tonnes. C’est le secteur le plus riche. On peut estimer à 100 tonnes les apports globaux.

Aucun renseignement sur la pêche en Côte d’Ivoire. Les apports ne depassent pas quelques tonnes (estimation).

DA FRANCA (in litt.) me signale de petites pêcheries de P. rissoni en Angola, sans m’indiquer le mode de capture. I1 est probable que le filet droit est le principal engin employé. Les mises à terre, uniquement destinées à la consommation locale, seraient de l’ordre de quelques tonnes.

d ) Chalut. Pas de pêche systématique. Captures occasionnelles de P. rissoni en Mauritanie, au Sénégal, dans le Golfe de

Les apports sont de l’ordre de : - quelques tonnes en Mauritanie, au Sénégal, au Liberia, au Nigeria (estimation) ; - douze à quinze tonnes en Côte d’Ivoire (statistique du Port d’Abidjan) ; - deux tonnes au Cameroun (CROSNIER, in litt.) ; - deux tonnes au Congo-Brazza (CROSNIER, in litt.).

Guinee.

e ) PlongBe. C’est la méthode la plus utilisée - et bien souvent la seule utilisée - sur les côtes

d’Afrique orientale, la côte ouest de Madagascar, les Comores, les Mascareignes et la Mer Rouge (Fig. 7).

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422 E. POSTEL

Elle porte principalement : - à Zanzibar et au Kenya sur les espèces P. ornatus, P. uersicolor, P. longipes

- à Nosy-Bé sur les mêmes espèces (Ia seconde Btant la plus nombreuse) ; - aux Mascareignes sur les espèces P. longipes, P. penicillatus et P. ornafus ; - en Mer Rouge sur les espèces P. ornafris et P. penicillafus. On doit à HALL (1961) une interessante étude sur cette méthode dans l’Ple de

Zanzibar, où vingt-quatre pêcheurs la pratiquent à plein temps et une trentaine (qui s’ajoutent éventuellement aux précédents) quand I’occasion s’en présente. Les plongeurs sont répartis en équipes de deux à six hommes. Leur équipement consiste simplement en masques, tubas et harpons (pas de scaphandres autonomes).

Les rendements varient d’un point à l’autre de l’€le. Ils sont également fonction de la saison. Exprimés en homme / jour les plus bas se situent à 9’83 livres, les plus élevés à 18’68 livres, la moyenne à 13 livres environ (la livre anglaise vaut, je le rappelle, 453 gr). Les apports sont proportionnels à l’effort de pêche, ce qui prouve qu’on n’a pas encore atteint le plafond d’exploitation. Ils se sont élevés : - en 1959 à 13.927 langoustes (50.433 livres) ; - en 1960 à 8.040 langoustes (34.473 livres). Les premiers sondages faits au Kenya laisseraient entrevoir des rendements plus

faibles qu’à Zanzibar (3 à 5 livres par homme /jour). Pourtant, et sans doute en raison du développement des côtes, les apports globaux y sont plus importants et dépassent assez régulièrement les soixante tonnes annuelles.

La plongée est aussi pratiquée dans l’Atlantique, à titre occasionnel le long de la côte d’Afrique, de façon plus suivie aux Iles du Cap Vert. On ignore le tonnage des mises à terre.

La pêche dite sportive entre dans cette catégorie. Elle intervient surtout à proximité des grandes villes, OZI les peuplements langoustiers sont systématiquement dbcimés.

(la première étant la plus nombreuse) ;

f ) Ramassage en zone intertidale. Le ramassage en zone intertidale est pratiquement limité à 1’0cBan indien. I1 se

fait de nuit, à la lampe, au moment des marées de vive-eau.

C. COMMERCIALISATION DES PRODUITS

a) Pêche extra-africaine. 1) Pêche française. Produits congelés. Représentent un peu plus du tiers de la production. S’intègrent

Produits vivants. Représentent le complément. Sont entreposes dans des viviers

Les produits de la pêche française sont entièrement ramenBs par bateaux et debarques

Tonnage annuel : de Ifordre de 2.500 à 3.000 tonnes (Fig. 8).

dans une chaine du froid ininterrompue jusqu’au consommateur.

rdgulateurs situés pour la plupart en Bretagne.

dans deux ports : Camaret et Douarnenez.

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LANGOUSTES D E LA ZONE INTERTROPICALE AFRICAINE 423

2) Pêche espagnole. Ne traite que des produits vivants transbordés à Las Palmas (Canaries) à destination

Tonnage annuel : de l’ordre de 100 tonnes (estimation). de l’Espagne continentale, notamment de Barcelone.

4000 - 1 Panulirus rissoni -.v... ...

Palinurus mauritanicus 1

Fig. 8. - Les apports de la pdche française en provenance du secteur sbnbgalo-mauritanien de 1957 ii 1962, conversion faite des queues congelbes en langoustes entieres (cobfficient de conversion = 1/3).

3) Divers (chalutage). Ne traite que des produits congelés commercialisés en même temps que le poisson

Tonnage annuel : de l’ordre de 1.000 tonnes (estimation).

I

sur des marchés extrêmement variés (Europe, Pays de l’Est, Japon).

b ) Pêche africaine. I1 existe partout une activité locale, pêchant pour la consommation locale et vendant

En outre on trouve des pêcheries d’une certaine importance : - Au Sénégal. Produits vivants et congelés expédiés par fret bateau frigo ou par

sur les marchés locaux.

avion.

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424 E. POSTEL

Palinurus gilchristi PanuIirus rissoni

Palinurus mauritanicus Panulirus sp. aff. echinatus

n Palinurus charleston¡ p l PanuIirus Iongipes ,I? ornatus ,I? versicolor ::.:.*. . Panulirus homarus .F? penicillatus

Fig. 9. - Proportions des captures par espece (cercle central), par genre (premibre couronne), par ocean (deuxibme couronne) e t par secteur (segment externe).

Espèce exportée : P. rissoni. Principal marché : France. Tonnage annuel : de l’ordre de 60 tonnes (estimation).

- En Afrique du Sud et au Mozambique (Lourenço Marquès). Produits congelés

Espèce exportée : P. gilchristi. Principal marché : USA. Tonnage annuel : de l’ordre de 100 tonnes (estimation).

- A Madagascar. Produits vivants expédiés par avion. Espèces exportées : P. homarus et P. penicillatus. Principal marché : France. Tonnage annuel : de l’ordre de 10 à 15 tonnes (estimation).

expédiés par fret bateau frigo ou par avion.

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LANGOUSTES DE LA ZONE INTERTROPICALE AFRICAINE

2.500

1.000 ?

425

15

TABLEAU V

P . sp. aff.

echinatus

P.P.P. ornatus

versicolor longipes

120 e

P . rissani

maurifani- ’’ 1 cha&oni CU5

P . sp. aff.

P . gilchrisfi

P.P. homarus

Denicillatur

P . rissoni

Casier. ............ Nasse. ............ Chalut. ........... Filet droit.. ....... Plongée. .......... Ramassage. .......

Totaux arrondis.

1

30 ? 350 e ?

10

100

e ?

20

e ? e

100 1 10 400 20 120 3.500 1 15

La lettre e designe des quantites inconnues sans importance economique autre que locale.

TABLEAU VI

P . mauritani-

CUS

P.P.P. ornatus

versicolor longipes

P.P. homarus

lenicilla f ur

P . :harles€ onì

P . gilchristi

France. . . . . . . . . . . . Espagne. . . . . . . . . . .

Iles du Cap Vert ... Pays du Golfe de

Guinée. ......... Angola. ........... Afrique du Sud (côte

Est). ........... Mozambique. ....... Côte orient. d’Afri-

que. ............ Madagascar. ....... Comores. .......... Mascareignes. ...... Mer Rouge.. ...... Autres pays (Chalu-

tage atlantique) . Totaux arrondis

Sénégal. ...........

15 100 100 ? 100 ? e ?

30 ? e ?

2.500

1 .o00

3.500

e ? e ?

100 Q ?

100

120 e ? e ? e ? e ?

20

e ? e ?

Q ?

10 1 400 120 15 20

La lettre e a la mdme signification que dans le tableau V. La lettre Q designe des quantites plus importantes mais Bgalement inconnues.

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426 E. POSTEL

- A Zanzibar et au Kenya. Produits congelés expédiés par fret bateau frigo ou

Espèces exportées : P. ornatus, P. versicolor, P. longipes. Principal marché : Grande

Tonnage annuel : de l’ordre de 120 tonnes (chiffre communiqué par les industriels). Le tableau V donne un résumé des captures par espèce (ou groupe d’espèces) et par

type d’engin employé, le tableau VI un résumé des captures par espèce (ou groupe d’espèces) et par pays (ou groupes de pays) (Ordres de grandeur annuels exprimés en tonnes en tenant compte des éléments connus ou estimés pour les années les plus récentes). La figure 9 matérialise les proportions de ces captures par espèce, par genre et par Océan.

par avion.

Bretagne.

D. NOTE SUR QUELQUES ESSAIS RÉCENTS DE PÊCHE A LA LANGOUSTE

En dehors des pêches expérimentales portugaises auxquelles j ’ai déjà fait de larges emprunts, il convient de signaler les essais récents tentés à Nosy-Bé (Madagascar) et en Côte fransaise des Somalis.

Les premiers, conduits par PICHON, ont porté sur l’emploi : - de tuyaux métalliques offrant aux crustacés des abris artificiels aussi voisins

que possible des abris naturels qu’ils habitent ordinairement ; - de casiers métalliques parallélépipédiques (soit à une seule ouverture supérieure,

soit à deux ouvertures latérales) boëttés avec du poisson frais ou du poisson salé. Les seconds, entrepris par l’armement privé, ont mis en jeu six casiers bois cylin-

driques (type Bretagne Sud), deux casiers de même forme mais métalliques, deux casiers pyramidaux (type Afrique du Sud), trois filets droits (type Mauritanie).

Tous ont été négatifs. On ne possède aucun renseignement sur les résultats des pêches expérimentales

(chalut et balances) inscrites au programme de la Société malgache d’exploitation frigorifique (SMEF) et de la Société franco-mauricienne de pêche (SFMP), dont ANGOT (1963) avait rappelé les prémices.

E. RÉSUMÉ, CONCLUSIONS, AVENIR

Malgré l’arbitraire qu’il comporte, mais en raison des commodités de raisonnement qu’il introduit, je crois utile de tenter un morcellement des eaux africaines en différentes zones de pêche plus ou moins nettement caractérisées, pour lesquelles état actuel d’exploitation et perspectives d’avenir seront relativement faciles à mettre en évidence.

a ) Mauritanie-Sénégal. Espèces pêchées : P. mauritanicus, P. rissoni. Répartition : diffuse, avec quelques points de très forte concentration. Méthodes de pêche : Casiers, filets, chalut. Exploitants : Etats riverains, France, Espagne. Accessoirement tous les pays qui

chalutent sur les fonds de pêche mauritaniens. Production annuelle : de l’ordre de 3 à 4.000 tonnes. Avenir : Taux optimum d’exploitation déjà dépasse pour les deux espèces.

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LANGOUSTES DE LA ZONE INTERTROPICALE AFRICAINE 427

b ) Iles du Cap Vert. Espèces pêchées : P. charlestonì, P. rissonì, P. sp. aff. echinafus. Répartition : Diffuse avec quelques points de forte concentration. Méthodes de pêches : casiers. Exploitants : Iles du Cap Vert, France. Production annuelle : de l’ordre de quelques dizaines de tonnes. Avenir : Exploitation à son début. Peut être sérieusement développée sous contrôle

scientifique. Le potentiel annuel de production dépasse probablement 1 .O00 tonnes.

c ) Golfe de Guinée. Espèce pêchée : P. rissoni. Répartition : très diffuse. Pas de zone connue de forte concentration. Méthodes de pêche : Filets, chalut. Exploitants : Etats riverains. Production annuelle : de l’ordre de quelques dizaines de tonnes. Avenir : nul, sauf peut-être dans le Sud de l’Angola.

d ) Natal et Sud Mozambique. Espèce pêchée : P. gilcliristi. Répartition : relativement concentrée. Méthode de pêche : chalut. Exploitants : Afrique du Sud, Mozambique. Production annuelle : de l’ordre de 100 tonnes. Avenir : Exploitation à son début. Peut être développée sous contrôle scientifique.

En tenant compte des surfaces inexploitées par rapport aux surfaces exploitées on peut estimer que le potentiel de production est égal à trois ou quatre fois les mises à terre actuelles.

e ) Canal de Mozambique et Côte orientale d’Afrique. Espèces pêchées : P. ornatus, P. longipes, P. versicolor. Répartition : diffuse, souvent même clairsemée (liée aux massifs coralliens). Méthode de pêche : plongée (harpon). Exploitants : Etats riverains. Production annuelle : de l’ordre de 150 tonnes. Avenir : impossibilité d’emploi des méthodes à grand rendement. Les captures

pourraient être augmentées en multipliant les points de plongée, mais il ne semble pas que, même en mettant les choses au mieux, les apports actuels puissent être multipliés par un coéEcient supérieur à 4 ou 5.

f ) Sud-Est de Madagascar. Espèces pêchées : P. homarus, P. penicillafus. Répartition : limitée, fortes concentrations. Méthode de pêche : nasses. Exploitant : Madagascar. Production annuelle : de l’ordre de 20 tonnes. Avenir : Plafond atteint.

15

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428 E. POSTEL

g ) Mascareignes.

Espèces pêchées : P. penicillatus, P. ornatus, P. longipes. Répartition : clairsemée (liée aux récifs coralliens). Méthode de pêche : plongée. Exploitants : Mascareignes. Production annuelle : de l’ordre de quelques tonnes. Avenir : purement local et très limité.

h ) Mer rouge et Golfe d’Aden (rive africaine).

Espèces pêchées : P. penìcìllattrs, P. ornatus. Répartition : clairsemée (liée aux récifs coralliens). Méthode de pêche : plongée. Exploitants : Gtats riverains. Production annuelle : de l’ordre de quelques tonnes. Avenir : local et limité.

VI I. MONO GRAPHIES SPBCIFIQUES

A. Palinurus mauritanicus

SYNONYMIE : P. vulgaris var. ìnflata GRUVEL 1910. P. vulgaris var. mauritanicus GRUVEL 1911. P. thomsonì SELBIE 1914.

NOMS VERNACULAIRES : Français : Langouste rose. Portugais : Lagosta ’rosea.

RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE ET BATKYMÉTRIQUE.

A . En Afrique : Côte occidentale, de 40 m. à 600 m. Les plus fortes concentrations connues se situent au large du Banc d’Arguin par environ 200 m. Limite méridionale : hauteur Saloum-Gambie (environ 140 N., observation personnelle).

B. Hors Afrique ; Côtes d’Europe occidentale jusqu’au SW. de l’Irlande. Bassin ouest méditerranéen (Espagne et Algérie).

TAILLE ET POIDS.

La taille atteint 75 em., le poids 6 kilogs (Gruvel 1911). Les mareyeurs franGais

Le tableau VI1 donne les correspondances taille / poids notées par VINCENT-CUAZ signalent assez régulièrement des spécimens dépassant 5 kilogs.

(1958) sur des lots pêchés en septembre 1955, janvier 1956 et Mai 1956.

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LANGOUSTES DE LA ZONE INTERTROPICALE AFRICAINE 429

Les modes étaient : - en septembre 1955 - pour les mâles 42 cm.

- pour les femelles 42 cm. - en janvier 1956 - pour les mâles 43 cm.

- pour les femelles 43 cm. ; - en mai 1956 - pour les mâles 33 cm et 45 cm.

- pour les femelles 43 cm.

La mesure exacte de la longueur totale est difficile à réaliser sur des animaux vivants. J’ai préféré, au cours de quelques sondages effectués récemment (Décembre 1963, Janvier-Février 1964) sur les apports de langoustiers camaretoisl, retenir comme carac-

TABLEAU VI1

Taille (en cm.)

27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37

39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49

38

Septembre 1955 N = 60

1300 1380 1660 1518 1988 2015 2300 2330 2566 2280 2300

Poids moyen (en gr.)

Janvier 1956 N = 240

1100

1350 1433 1462 1625 1709 1870 1973 2172 2483 2376 2876 2640 2500 2933

Mai 1956 N = 314

650 700 800 800 930 866

1009 1160

‘ 1200 1345

. 1387 ” 1494

1512 1590 1627 1609 1954 2151 2400 2550 2550 2925

(1) De Camaret (Finisthre), port dont il a d6jh BtB question.

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430 E. POSTEL

téristique de taille la longueur du céphalothorax, telle que la définissent les carcinologis- tes, c’est-à-dire la distance comprise entre l’extrêmité postérieure de ce dernier et la pointe de son épine antéro-médiane.

Les apports à Camaret sont triés en sept catégories de poids répondant à des impé- ratifs commerciaux : moins de 700 gr., de 700 à 1200, de 1200 à 1500, de 1500 à 2000, de 2000 à 2500, de 2500 à 3000, plus de 3000.

Une dizaine d’individus, choisis parmi les plus gros et les plus petits, ont été mesurés dans chaque catégorie afin d’établir la correspondance intervalles taille/intervalles poids. Cette correspondance figure au tableau VIII.

TABLEAU VI11

<7 7-12 12-15 15-20 20-25 25-30 >30 115 115-136 134-1 52 150-165 162-180 181-1 95 195

(Ies poids sont exprimes en hectogrammes, Ies tailles en miIIim8tres)

Les chevauchements qu’on constate sont dûs aux variations de taille qu’on peut avoir pour un même poids, ou inversement aux variations de poids qu’on peut avoir pour une même taille. Ces variations apparaissent déjà dans les données de VINCENT- CUAZ, où plusieurs enjambements peuvent être mis en évidence (par exemple lre colonne, 3e, 4e et 5e lignes).

En 1962 et 1963, 900 tonnes de langoustes roses vivantes ont été débarquées à Camaret, soit :

<7 ..................... 261 tonnes 7-12 ..................... 261 O

12-15 ..................... 138 B 15-20 ..................... 125 O

20-25. .................... 74 ))

>25 ..................... 41 B

Le mode se situe à la frontière des deux premières catégories (longueur de céphalo- thorax voisin de 115 mm.? longueur totale voisine de 28 à 30 cm.).

I1 convient d’insister sur le fait que ce mode est le mode commercial, et qu’il est probablement influencé par les désirs de la clientèle qui préfère les langoustes d’un poids moyen de 600 à 800 grammes. Les pêcheurs recherchent donc systématiquement les fonds qui leur procurent un maximum de spécimens avoisinant ce poids. En outre lorsqu’une partie de la cargaison doit être congelée en raison de l’encombrement des viviers, un tri intervient’qui sacrifie les plus gros individus au bénéfice des plus petits dont le prix, vivants, est proportionnellement plus élevé. Ces différentes raisons font que le mode réel se situe sans doute au dessus du mode commercial. I1 y a peu de chances cependant pour qu’il soit resté au niveau enregistré en 1955-1956 (voir ci-dessus).

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LANGOUSTES D E LA ZONE INTERTROPICALE AFRICAINE 43 1

REPRODUCTION ET CROISSANCE.

VINCENT-CUAZ (1958) a noté les sex rafio suivants : - 2 en septembre ; - 1,65 en janvier ; - 3,20 en Mai ; toujours au bénéfice des femelles. E n outre toutes les femelles d’une taille supérieure à 37 cm. observées par lui en

J’ai de mon côté enregistré en Février 1964, toujours à Camaret et toujours sur des janvier 1956 étaient ovigères.

apports en provenance de la région d’Arguin, les résultats exprimés dans le tableau IX.

TABLEAU IX

t 7 7-12 12-15 15-20 20-25 25-30 >30 Total N. mâles . . . . . . . . . . . . . 50 28 15 3 4 9 7 116 N. femelles.. . . . . . . . . . . 36 (3) 27 (5) 4 8 1 (1) 76(9)

Total. . . . . . . . . . . . . . . . . 86 55 19 11 5 9 7 192 (entre parentheses : sombre de femelles ovigbres)

Première constatation : les mâles semblent atteindre une taille supérieure à celle des femelles.

Deuxième constatation : le sex ratio général est ici de 1,52 au bénéfice des mâles. Ceux-ci prédominent sauf dans les catégories 7-12 (sex ratio = 1) et 15-20 (sex rafio = 2’5 au bénéfice des femelles, résultat probablement non significatif parce que portant sur un trop petit nombre).

Troisième constatation : le pourcentage des femelles ovigères est très réduit. Les apparentes contradictions entre mes observations et celles de VINCENT-CUAZ

montrent la complexité de la question. Le (( spectre physiologique H d’un stock varie d’une région à l’autre, et dans une même région d’une profondeur à l’autre. Nous verrons plus loin que les pêcheurs ont déjà remarqué un étagement caractéristique dans la répartition des tailles. Cet étagement intervient probablement dans la répartition des sexes, et pour un même sexe dans la répartition des stades de maturité. Des mouve- ments saisonniers, ascendants au printemps, descendants en automne, viennent compliquer un problème auquel on ne peut espèrer trouver de solution que par des études conduites méthodiquement sur place.

La taille de première maturité est inconnue. La plus petite femelle ovigère rencontrée jusqu’à maintenant mesurait 112 mm. (taille du céphalothorax, observation personnelle).

On ne sait rien ni sur la fécondation, ni sur le nombre d’œufs, ni sur les formes larvaires. Plusieurs auteurs ont signalé l’abondance des phyllosomes de langoustes dans les contenus stomacaux de thons pêchés entre Cap Blanc et Cap Vert, mais aucune identification exacte n’a précisé s’ils appartenaient à Palinurus mauritanicus, à Panulirus regius ou à un mélange de ces deux espèces.

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432 E. POSTEL

GCOLOGIE. I1 n’existe pas d’étude écologique sur la langouste rose. Les indications qui suivent

proviennent de renseignements obtenus auprès des pêcheurs et recoupés à plusieurs sources.

Palinurus maurilanicus se rencontre, comme je l’ai déjà dit, de 40 à 600 mètres de profondeur. Les plus fortes concentrations paraissent se situer : - aux intersaisons vers 200 m., - en été un peu plus haut, - en hiver un peu plus bas, dans tous les cas dans des eaux dont la température est voisine de 140. Les ((upwel-

lings B provoquent probablement des perturbations temporaires et assez anarchiques dans cette répartition.

Une loi générale semble cependant se dégager qui veut que par grands fonds, c’est à dire au-delà de 300 m., dominent - quelque soit la saison - les grosses femelles ovigères et les individus immatures (longueur total inférieure à 15 cm.), tandis que par moyennes profondeurs les groupes de taille sont plus régulièrement répartis.

La langouste rose n’est inféodée à aucun faciès. Si elle préfère sans aucun doute le (( corail profond )) (Dendrophyllia ramea, D. cornigera, Lophohelin prolifera), générale- ment concentré dans la zone de rupture de pente du plateau continental ou à l’accore des fosses qui l’entaillent, on la rencontre aussi sur fonds rocheux et sablo-vaseux.

La faune associée comporte de nombreuses espèces. Les pêcheurs réservent une attention particulière au (( crabe chinois H (Calappn rubroguttata)l dont la présence est, parait-il, un excellent indice, e t dont les limites de répartition coïncident assez exacte- ment avec celles de P. mauritanicus. On note au nombre des captures interessantes faites dans les casiers à langoustes celles relativement nombreuses de Paramola cuvieri et celles exceptionnelles de Lithodes tropicalis.

PBCHE ET COMMERCIALISATION.

Depuis longtemps les chalutiers qui fréquentent les côtes de Mauritanie ont (( ramas- sé )) de la langouste rose. Cependant la pêche vraiment et uniquement axée sur la capture de ce crustacé n’a pris naissance qu’en 1954 (POSTEL 1962).

On a pendant quelques années (1955 à 1957) pu croire à l’avenir d’un chalutage spécialisé, mais à partir de 1958 celui-ci s’est progressivement effacé devant les caseyeurs.

Tous les bateaux qui, actuellement, pêchent systématiquement la langouste rose sont des caseyeurs. Tous sont également français.

Nous avons vu plus haut leur taille (environ 30 mètres), leur nombre (une quaran- taine), leur méthode de pêche. Nous avons appris qu’ils sont basés sur deux ports finis- tériens : Camaret et Douarnenez, qu’ils travaillent le plus souvent entre 180 et 250 N. à la limite du plateau continental ou à proximité des fosses qui le parcourent, et qu’ils font en moyenne deux voyages par an. Le nombre des ventes au port de Camaret précise cette dernière notion (tableau X).

(1) Ne pas confondre avec Eriocheir sinensis.

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LANGOUSTES D E LA ZONE INTERTROPICALE AFRICAINE 433

TABLEAU X

Nombre de bateaux ayant vendu : 1 fois 2 fois

1961.. . . . . . . . . . . . . . 7 . . . . . . . . . . . . . . . 9 . . . . . . . . . . . . . . . 1962 . . . . . . . . . . . . . . . 9 . . . . . . . . . . . . . . . 7 . . . . . . . . . . . . . . . 1963 . . . . . . . . . . . . . . . 7 . . . . . . . . . . . . . . . 14 . . . . . . . . . . . . . . .

3 fois 3 3 1

Les apports de la flottille française se sont élevés1 : - en 1957 à 420 tonnes - 1958 510 - 1959 1590 - 1960 2500 - 1961 3460 - 1962 2560

J’ai déjà indiqué que le prix à l’unité de poids varie en fonction de la taille et que les langoustes les plus cotées sont celles de 600 à 800 grammes.

A Douarnenez la fraction vivante des cargaisons est vendue en bloc après déter- mination du poids moyen de ses constituants par sondage portant sur une centaine d’exemplaires. A Camaret elle est, nous l’avons vu, triée par catégories de poids. Le nombre de ces catégories est passé de 4 en 1960 à 7 en 1963, ceci surtout par fraction- nement de la catégorie la plus lourde qui a vu croftre sa limite inférieure de 2 à 2’5 puis à 3 kilogs. On peut depuis avril 1961 suivre trimestre par trimestre l’évolution des cinq catégories définies par les intervalles suivants : < 7, 7-12, 12-15, 15-20, > 202 (Fig. 10).

Du deuxième trimestre 1961 au troisième trimestre 1962 la catégorie 7-12 est dominante et le graphique de répartition. affecte la forme d’une courbe en cloche asymétrique, l’asymétrie s’expliquant en partie par le fait que les langoustes d’un poids inférieur à 400 gr. n’apparaissent pas dans les apports et que la catégorie < 7 se réduit en réalité à sa fraction 4-7. Les pêcheurs trouvent en majorité les langoustes qu’ils recherchent, celles d’un poids voisin de 800 gr.

A partir du troisième trimestre 1962 le graphique prend une forme en U. Cette forine représente assez fidèlement la composition des populations au-delà de 300 mètres oh, nous l’avons vu au paragraphe c( écologie D, ce sont d’une part les gros, d’autre part les petits individus qui dominent. I1 est probable que la raréfaction des stocks sur les fonds normalement exploités a entrahé les bateaux à pêcher de plus en plus profond. L’ccoverfishing~ déjà manifesté par la chute du tonnage global se trouve confirmé par la diminution‘des classes moyennes.

I1 en existe d’autres preuves.

(1) Tonnages exprimes en langoustes entieres aprhs conversion du poids des queues congelees (coefficient 3). (2) Les statisticiens regretteront le manque d’homogeneite des intervalles employes.

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434

Tonnes 60

50

40

30

20

10

1961

1 Tonnes 60

E. POSTEL

I I

I I I

50

40

30

20

10

1962

I I I Tonnes , ! I !

1963

l e r Trimestre 2 e Trimestre 1 3 C Trimestre I 4 e Trimestre

Cat6aories

I ' I

" 'm (7 .:.:.:. 7-12 12-15 15-20 >20

Fig. 10. - Constitution des apports de langouste rose (P. mauritanicus) A Camaret de 1961 B 1963 (voir texte).

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LANGOUSTES DE LA ZONE INTERTROPICALE AFRICAINE

11/1960 4/1961 811961 1/1962

11/1962 5/1963

11/1963

435

5 mois 61 4 mois 58,7 5 mois 45,s lOmois 56,6 6 mois 29,l 6 mois 35,l

En conservant Camaret comme exemple on constate que : 31 ventes y ont eu lieu en 1961 realisant un total de 1431 tonnes 32 - 1962 - 1174 D 38 I 1963 - 992

soit une moyenne à la vente de : 46 tonnes en 1961 36 0 1962 26 D 1963

Les rendements par bateau et par mois subissent la même évolution. En voici trois exemples (Tableau XI).

11/1960 4/1961 8/1961 2/1962 6/1962

11/1962 5/1963

TABLEAU XI

5 mois 35’6 4 mois 30,7 6 mois 35,l 4 mois 38,4 5 mois 31,3 6 mois 23,l

Bateau I

Mois de I Inter- I

9/1961 16/1961

3/1962 8/1962 1/1963 8/1963

vente I valle I

6 mois 39,3 6’5 3 mois 31,l 10’4 3 mois 15,2 5 5 mois 31,6 6,3 5 mois 38,3 7,6 7 mois 18,7 2,7

Aoyennc par mois

12’2 14,6

9’2 5,6 5

5’9

Bateau 2

Mois de I Inter- I ApportsIMoyenn vente I valle I I

Bateau 3

loyennt Par mois

En dehors des variations saisonnières, et après un accroissement de la moyenne mensuelle dû soit une à meilleure connaissance des lieux de pêche, soit à une augmenta- tion du nombre des casiers mis en service, on assiste dans tous les cas à une diminution constante de celle-ci.

L’cc overfishing est indéniable. Reste à savoir s’il est le fait des langoustiers. Les fonds mauritaniens sont exploités - et très intensément - par de gros chalutiers

appartenant à de nombreuses nations ; Espagne, Portugal, France, Italie, Grèce, Israël, Pologne, URSS, Japon. Ces bateaux recherchent du poisson, mais pêchent aussi de la langouste. O n ignore en quelle quantité (j’ai avancé le chiffre de 1.000 tonnes, évaluation arbitraire dont je porte l’entière responsabilitb). En outre leur puissance et leurs moyens sont tels qu’ils peuvent se permettre de travailler dans le (( corail profond o considéré comme riche. La destruction du milieu à laquelle aboutit leur activité est encore plus nuisible à la conservation de la faune que ne le sont leurs captures. Elle intervient certainement dans le cas de la langouste comme un facteur essentiel de dépeuplement. Si une réglementation doit un jour survenir - et il serait souhaitable qu’elle survfnt - dle devra en premier lieu viser les Chalutiers.

15-1

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436 E. POSTEL

B. Palinurus charlestoni

SYNONYMIE : Palinurus mauritanicus DA FRANCA et coll. 1962. NOM VERNACULAIRE : Français : Langouste rose des Iles du Cap Vert.

RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE ET BATHYMÉTRIQUE.

Iles du Cap Vert de 50 m. à 300 m. de profondeur et sans doute au-delà. Les iles de Sal, Boavista et Brava paraissent les plus riches. Maximum de concentration aux environs de 200 m.

TAILLE ET POIDS.

Le premier exemplaire connu (signalé par da Franca et ses collaborateurs 1962) mesurait 50 em. et pesait 3.650 gr. I1 constitue un record.

Les apports (en langoustes vivantes) des langoustiers français (la pêche commerciale date de fin 1963) se répartissent conformément aux indications du tableau XII. Le groupe le mieux représenté est celui des langoustes pesant de 700 à 1200 gr.

TABLEAU XI I

Catégories.. . . . . . . . . . . . . . . . . . <7 7-12 12-15 15-20 20-25 > 2 5 Apports en kilogs.. . . . . . . . . . . 1190 3350 795 745 530 170 % du total.. 18 49 12 11 8 2 . . . . . . . . . . . . . . . .

La correspondance entre poids et taille du céphalothorax est donnée dans le tableau XIII. Elle repose sur les mensurations d’une dizaine d’exemplaires (choisis parmi les plus gros et les plus petits) dans chaque catégorie.

TABLEAU XIII

................ Catégories de poids <7 7-12 12-15 15-20 >20 Taille du céphalothorax en mm. . . .110 110-131 132-147 149-159 . 160

REPRODUCTION ET CROISSANCE.

Le dimorphisme sexuel est assez net. Sans rechercher les détails qui caractérisent mâle et femelle comme la forme et la surface des pleiopodes, le développement de l’épine subdistale du propode, on les reconnaft facilement l’un de l’autre, même vus par la face dorsale, simplement par comparaison des périopodes (plus longs et plus forts chez le mâle que chez la femelle).

Le sex ratio, établi par sondage sur les cargaisons de deux bateaux dont l’un, le Folgor, rentré en fin Décembre 1963, avait pêché àBrava (extrêmité S.W. de l’archipel du Cap Vert) et l’autre, le Rocamadour, rentré au début février suivant, avait pêché à Sal (extrêmité N.E. de l’archipel), est donné dans le tableau XIV.

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Catégories dc poids

Folgor . . . . . . Rocamadour,

Totaux . . .

m f m

10 18 37 49

47 67

---

---

LANGOUSTES DE LA ZONE INTERTROPICALE AFRICAINE

TABLEAU XIV

9 9

18

437

O O

o ___

<7 I 7-12 I 12-15 I 15-20 I 20-25 I Totaux -- -- f m

41 61

102

--

-

104 110

214 -

Globalement il est égal à 2/1, au bénéfice des femelles, mais change d’une catégorie à l’autre. Les changements sont comparables dans les deux cargaisons.

Les mâles deviennent dominants dans la catégorie 15-20 et restent seuls dans la catégorie 20-25, ce qui fait penser qu’ils atteignent une taille supérieure à celle des femelles Celles-ci comportent une forte proportion d’ovigères dans la cargaison du Folgor, une faible proportion dans celle du Rocamadour (tableau XV). Les deux bateaux ayant pêché à la même profondeur (environ 200 m.). Cette différence peut s’expliquer soit par le décalage de leurs dates de retour ce qui impliquerait une saison de ponte nettement marquée, soit par le décalage de leurs lieux de pêche ce qui impliquerait une certaine autonomie des populations de chacune des iles, soit, bien entendu, par combinaison des deux facteurs. Le problème est posé.

On ne sait rien du nombre d’œufs, des formes larvaires, ni de la croissance de P. clzarlestoni.

GCOLOGIE. On rencontre P. ckarlestoni sur faciès rocheux profonds et accidentés, dans des eaux

dont la température est de l’ordre de 120 à 140. Elle est absente des plateaux et vit de préférence sur les talus à forte pente.

PÊCHE ET COMMERCIALISATION.

Quelques bateaux français ont sollicité et obtenu sous certaines conditions, l’auto- risation de travailler dans l’Archipel du Cap Vert en fin 1963. Ce sont les premiers essais de pêche commerciale de P. charlestoizi. Ils ont eu lieu au casier.

Le rendement moyen est dans les meilleures Tles (elles ont été citées au paragraphe répartition géographique) de l’ordre de deux langoustes par casier et par jour. I1 est sujet à de grosses variations.

Les apports, débarqués à Camaret (partie en langoustes vivantes, partie en queues congelées) sont de l’ordre d’une quinzaine de tonnes.

I1 semble que le potentiel de production des Iles du Cap Vert soit assez élevé, mais les conditions de pêche y sont, en raison de leur nature volcanique, difficiles et les pertes de matériel exceptionnellement lourdes.

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438 E. POSTEL

C. Palinurus gilchristi

SYNONYMIE : Connu sous le seul nom de P. gilchristi.

BARNARD (1926 et 1950) distingue une forme typique P. gilchristi proprement dite qui serait relativement côtière, et deux variétés natalensis et delagoae vivant en eaux profondes (au-delà de 150 m.), la première en face du Natal, la seconde au large du Mozambique Sud. Au point de vue morphologique la variété natalensis ferait la transition entre la forme typique et la variété delagoae, dont elle serait d’ailleurs très voisine.

I1 ne semble pas que les chercheurs travaillant actuellement en Afrique du Sud aient entériné cette manière de voir. Les statistiques officielles ne font état en tous cas que d’une seule forme gilchristi. NOM VERNACULAIRE : Gilchrist’s Crayfish.

RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE ET BATHYMÉTRIQUE :

Limitée à l’Afrique du Sud, façade Océan indien. Remonte au Nord jusqu’à Delagoa Bay (Mozambique), au large de laquelle l’espèce

est encore assez abondante. Descend au Sud jusqu’à l’extrême pointe de l’Afrique. Quelques spécimens isolés auraient été capturés dans False Bay et dans Table Bay (région du Cap). Les plus fortes concentrations connues se trouvent au large du Natal.

Bchelonnage bathymétrique : de 50 m. environ jusqu’au-delà de 400. Maximum de densité vers 200-250 m.

TAILLE ET POIDS.

D’après les industriels sud-africains la taille moyenne serait légèrement inférieure à celle de Jasus lalandei. Barnard (1950) cite un mâle de’25 cm. et une femelle de 31 cm.

QCOLOGIE.

la rapproche de P. mauritanicus. Espèce d’eaux profondes, vivant sur fonds rocheux, sableux et sablo-vaseux, ce qui

PÊCHE ET COMMERCIALISATION.

Exploitation récente (1958) à la suite de pêches expérimentales réalisées par l’Africana I I , bateau de recherche sud-africain. Certains coups de chalut de l’Africana I I (filet type OTL de 90 pieds de corde de dos) ont donné des rendements de 1.000 langoustes à l’heure (Agulhas Bank, 200 à 250 m.).

Toutes les pêches commerciales sont basées sur le chalutage. E n Afrique du Sud leur progression a été rapide : 1959 2.000 livres de queues congelées 1962 137.502 livres de langoustes entières 1963 212.468 livres de langoustes entières. Au Mozambique, il n’existe pas de statistiques des captures. On sait simplement

qu’une seule entreprise s’intéresse à l’exploiration de P. gilchristi (DE FREITAS, in litt.).

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LANGOUSTES DE LA ZONE INTERTROPICALE AFRICAINE 439

D. Panulirus rissonil

SYNONYMIE : Paliizurus fasciatus RISSO 1816 (non FABRICIUS), Palinurus ornatus HERKLOTS 1861 (non FABRICIUS), Panulirus regius BRITO CAPELLO 1864, Palinurus longipes PFEFFER 1881, Palinustus phoberus ROCHEBRUNNE 1883, Paliizurus regius PFEFFER 1897, Palinostus phoberus RATHBUN 1900, Puer aflaizticus BOUVIER 1905, Puerulus atlanticus CALMAN 1909, Panulirus regius DA FRANCA et coll. 1962.

NOMS VERNACULAIRES : Français : Langouste verte, langouste royale. Portugais : Lagosta verde, lagosta real.

RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE ET BATHYMÉTRIQUE :

Du Cap Juby (Tarfaya, Maroc)2 au Sud de l’Angola. Iles du Cap Vert et du Golfe de

Depuis la côte jusqu’à environ.: - 30 m. de profondeur en Mauritanie (d’après les pêcheurs) ; - 40 m. au Sénégal (POSTEL 1949) ; - 28 m. en Côte d’Ivoire (MARCHAL et BARRO 1964) ; - 20 in. en Angola (DA FRANCA in litt.).

MARCHAL et BARRO écrivent (1964) : ((A titre indicatif pour 54 traits de chalut effectués sur des fonds de 13 à 20 m. et ayant remené au total 1358 langoustes, le rende- ment s’établit ainsi (tableau XV).

I1 semble qu’il y ait un maximum de langoustes sur les fonds de 16 m. En fait il est possible qu’il y en ait autant, sinon plus dans les fonds inférieurs à 14 m., mais le chalutage y est rendu très diMicile par la présence de nombreuses roches. Par contre il est certain qu’au-delà de 20-21 m., la capture des langoustes y est de plus en plus rare (maximum de profondeur noté : 28 m.). Panulirus rissoni est une espèce côtière, qui de plus semble inféodée à un faciès rocheux )).

Guinée (Fernando Po, San Thomé, Anobon, etc...).

I (I) Voir note 2, page 401. (2) Quelques rares specimens pris par les agents de l’déropostale avant la dernikre guerre mondiale, et vus par

de vieux pdcheurs douarnenistes.

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440 E. POSTEL

Frequentes

1 80 200 220 240 260 280 300 320 340 360 380 Classes de taille (intervalle= 10 centimètres)

P. rissoni P. sp. aff. echinatus

------

Fig. 11. - RBpartition des tailles chez P . rissoni et P. sp. aff. echinafus des Iles du Cap Vert (d'aprbs DA FRANCA et COL).

Poids en. t

1 O0 Longueur totale

210 230 250 270 290 310 330 350 370 en centimetres 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1

D

Relation taille/poids P. rissoni

Fig. 12. - Relation taille poids chez P . rissoni des Iles du Cap Vert (d'aprbs DA FRANCA et 0011.).

grammes 1900- 1800- 1700- 1600- 1500- 1400- 1300- 1200- 1100- 1000-

900 - 800- 700- 600 - 500- 400- 300- 200-

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LANGOUSTES DE LA ZONE INTERTROPICALE AFRICAINE 441

TABLEAU XV

13 m. 14 15 16 17 18 19 20

25 105 286 389 392 222

4 15

Nombre de lan- Nombre de traits goustes par trait Nombre de langoustes Profondeur

2 4

10 10 13 12 1 2

12’5 26,25 28,6 38’9 30,7 18’5 4 7,5

En Mauritanie et au Sénégal les maximums de concentration varient avec la saison. Ils se situent le plus généralement aux environs de 10 m. [observations personnelles).

Les plus fortes densités sont connues de la région de Villa Cisneros, du Cap Barbas, du Cap Blanc (Sahara espagnol), du Cap Bald (Gambie). P. rissoizi est encore abondant au Sénégal (Petite côte), en Côte d’Ivoire (région d’Assinie), en Angola (région Sud) et aux Iles du Cap Vert.

TAILLE ET POIDS.

Deux études récentes permettent d’aborder sérieusement la question : la première de DA FRANCA et ses collaborateurs (1962) sur les langoustes des Iles du Cap Vert, la seconde de MARCHAL et BARRO (1964) sur celles de Côte d’Ivoire.

Aux Iles du Cap Vert les tailles les plus fréquemment observées sont celles de 30 à 32 cm (Fig. 11). Elles correspondent à un poids moyen de 850 à 950 gr. Une analyse plus détaillée (fig. 12) montre que : - mâles et femelles atteignent la même taille (maximum enregistré dans les

deux cas = 37 em.). - qu’à taille égale le poids des mâles est supérieur à celui des femelles. - que la différence de poids entre les deux sexes s’accentue avec la taille (maximum

En Côte d’Ivoire les tailles les plus fréquemment observées sont (fig. 13) : - chez les mâles celles de 17 à 18 cm ; - chez les femelles celles de 18, 20 et 22 em.

Au-delà de 30 cm. il n’y a plus que des mâles. La taille maximale enregistré est de 35 em. Elle correspond à un poids d’environ 1600 gr.

DA FRANCA et ses collaborateurs ont exprimé la relation taillelpoids sous forme d’un graphique en coordonnées normales (voir plus haut fig. 11). MARCHAL et BARRO

enregistré chez les mâles 1860 gr., chez les femelles 1250 gr.).

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442 E. POSTEL

Nombre d'individus

130

120

110

100

90

80

70

60

50

40

30

20

10

10

a mâles

femelles

15 20 25 30 35 Taille en centimètres

Fig. 13. - RBpartition des tailles chez P. rìssoni de CGte d'Ivoire (d'aprks MARCHAL et BARRO).

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Poids en grammes

ZOO[

Fig. 14.

1500

1200

1000 !O0 800 700 600

500

400

300

200

150

1 O0 90 80 70

60, 50,

LANGOUSTES DE LA ZONE INTERTROPICALE AFRICAINE

+ mâles o femelles ovigères

femelles non ovigiires

443

Relation taille poids (Côte d’Ivoire) Coordonnées logarithmiques

- Relation tailielpoids chez P . rissoni de C6te d’Ivoire (Goordonnbes logarithmiques)

/ MARCHAL et BARRO).

(d’aprbs

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444 E. POSTEL

ont opéré en coordonnées logarithmiques e t abouti à I’établissement d’une formule du type classique

y = axb

y étant exprimé en dizaines de grammes et x en décimètres, les paramètres a et b

3’74 et 3,20 pour les mâles ; 4’22 et 2’84 pour les femelles non ovigères ; 5,08 et 2,78 pour les femelles ovigères.

Les droites représentatives mâles et femelles (log y = log a + b log x) (fig. 14) se croisent en un point correspondant à une taille d’environ 16 cm. Au-dessous les différences de poids sont faibles et ((de l’ordre du hasard de l’hchantillonnage et de l’imprécision des mesures n. Au-dessus ces différences s’accentuent au bénéfice des mâles. Les auteurs considèrent le point de croisement des deux droites comme le début de la taille de première maturité.

sont respectivement égaux à :

BIO MÉTRIE.

Des résultats interessants peuvent être tirés de l’étude du rapport : longueur du céphalothorax.

longueur totale Ce rapport varie :

- Aux Iles du Cap Vert de 40’00 à 50’00 chez les mâles, moyenne 45’56 de 36,67 à 45,45 chez les fem. , moyenne 42,09

- En Côte d’Ivoire de 36,90 à 43’34 chez les mâles, moyenne 39’25 de 34,36 à 38’81 chez les fem. , moyenne 36’63

La différence entre sexes est significative. Le céphalothorax des mâles est toujours proportionnellement plus long que celui des femelles.

Le rapport précédent présente en outre d’après les observations faites en Côte d’Ivoire une allométrie positive plus marquée chez les mâles que chez les femelles, passant pour les premiers de 38 (classes de 12 à 14 cm;) à 42 (classe de 34 cm.), et ne variant pour les secondes que d’une seule unité.

I1 existe donc chez P. rissoni des caractères sexuels secondaires décelables par mor- phométrie.

La morphométrie montre aussi qu’on se trouve en Côte d’Ivoire et aux Iles du Cap Vert en présence de populations différentes. La population cap-verdienne est une popu- lation neuve (tailles moyennes élevées), la population éburnéenne une population probablement1 surexploitée (tailles moyennes beaucoup plus basses).

(1) Probablement, car si une diminution progressiue de la taille moyenne est un signe certain d’n overfishing u,

une petite taille n’en est pas un a priori. On connait dans d’autres classes (poissons notamment) des populations naines dans le Golfe de GuinBe.

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LANGOUSTES DE LA ZONE INTERTROPICALE AFRICAINE 445

REPRODUCTION ET CROISSANCE.

. S e x ratio.

Nettement plus de mâles que de femelles aussi bien aux Iles du Cap Vert (1,7/1), où l’échantillonnage a porté sur 209 langoustes prises de juillet à novembre 1958 e t d’avril à juillet 1959, qu’en Côte d’Ivoire (1,42/1), où l’échantillonnage a porté sur 2216 langoustes prises le même mois (décembre) pendant 5 années consécutives (1959 à 1963).

En Côte d’Ivoire le sex ratio est indépendant de la profondeur. I1 varie par contre avec la taille : (( jusqu’à 17 cm. il y a plus de mâles que de femelles (plus de 61 % pour les langoustes de 16 cm.). Ensuite le nombre des femelles est beaucoup plus élevé (près de 85 % dans la classe de 23 cm.). Les mâles redeviennent prépondérants à partir de 28 cm. et au-delà de 30 cm. il n’y a plus que des mâles D (MARCHAL et BARRO 1964). Une telle variation est inconnue dans l’Archipel du Cap Vert, oh les mâles restent en général plus nombreux que les femelles quelque soit la classe examinée. I1 est important d’ajouter que DA FRANCA et ses collaborateurs ont attiré l’attention sur le fait que le sex ratio changeait d’une fle à l’autre.

Le bilan est embrouillé. I1 est bien entendu impossible de comparer des données obtenues dans des conditions aussi différentes (longue période non répétée aux Iles du Cap Vert, pêche au casier peut-être sélective ---_brève période répétée en Côte d’Ivoire, pêche au chalut sans doute non selective), c’est pourquoi la seule attitude possible pour le moment est-elle de se borner à les enregistrer.

Femelles ovigères.

MARCHAL et BARRO ont montré qu’à une période donnée (décembre) le pourcentage de femelles ovigères est, en Côte d’Ivoire, fonction de la taille (tableau XVI). La relation entre les deux variables ne parait pas exprimable sous une forme simple, et le nombre d’observations est trop faible dans le bas du tableau pour qu’on puisse les considérer comme significatives. Néanmoins la mise en evidence d’un phénomène qui n’apparait ni linéaire, ni normalement distribué (courbe de GAUSS) est intéressante.

La plus petite femelle ovigère rencontrée en Côte d’Ivoire mesurait 16 cm., ce qui confirme les conclusions théoriques des auteurs sur la taille de première maturité (voir ci-dessus dernier alinea du paragraphe taille et poids). Une femelle de 219 mm. portait 416.000 œufs (poids des œufs 37,32 gr. - nombre d’œufs au gramme 11.171).

C’est sur la durée de la période de ponte aux Iles du Cap Vert que permettent de raisonner les données publiées par DA FRANCA et ses collaborateurs (résumées dans le tableau XVII). Celle-ci s’étale au moins sur huit mois (avril à novembre avec une pointe en juillet-août. Les masses d’œufs sont orange, rouge ou marron. Ces couleurs corres- pondent à des phases successives du développement embryonnaire : pas de taches pigmentaires oculaires, traces de taches, taches bien marquées. I1 existe à tous moments un mélange de femelles à différents stades d’évolution.

La plus petite femelle ovigère rencontrée aux Iles du Cap Vert mesurait 23 cm.

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446 E. POSTEL

TABLEAU XVI

Classes

16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30

TOTAL . . . .

Nombre total de femelles

56 97

133 105 128 102 121 99 80 49 37 21 12 8 5

1053

Mois

Avril. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Mai. . . . . . . . . . . . , . . . . . . . . Juin ..................... Juillet. . . . . . . . . . . . . . . . . . . Août. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Septembre. . . . . . . . . . . . . . . Octobre. . . . . . . . . . . . . . . . . . Novembre. . . . . . . . . . . . . . . ,

Total. . . . . . . . . . . . . . . . . .

Nombre

5 34 53 53 64 66 85 59 37 25 16 11 3 2 3

516

FEMELLES OVIGBRES

Pourcentage par classe

8,93 35 ,O5 39,85 50,48 50 64,71 70,25 59,60 46,25 51 ,O2 43,24 52,38 25,OO 25,OO 60,OO

TABLEAU XVII

49,OO

Pourcentage par sapport au total der

femelles ovigères

0,97 6,59

10,27 10,27 12,40 12,79 16,47 11,43 7,17 4,84 3,10 2,13 0,58 0,39 0,58

NOMBRE DE FEMELLES

Avec œufs 1 Sans œufs

3 12 9 5 4 6 2 7

5 13 3 1 O O 1 7

48 30 I

Pourcentage

38 48 75 83

100 100 66 50

61

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LANGOUSTES DE LA ZONE INTERTROPICALE AFRICAINE 447

Pas de renseignements pour les autres mois. Le faible nombre des observations fait du tableau un tableau indicatif non un tableau significatif.

Formes larvaires. Quelques indications figurent déjà chez GRUVEL (1911). MARCHAL et BARRO donnent

des mensurations complètes d’un Puerulus de 23,6 mm. et insistent sur les allometries qui accompagnent le passage de ce stade à la forme adulte.

De nombreux phyllosomes peuvent être récupérés dans les estomacs de thons. Ils n’ont jamais été étudih.

Croissance. La croissance est liée au phénomène de mue. Le pointage exécuté classe par classe par MARCHAL et BARRO des spécimens en mue

sur un total de 713 langoustes examinées (256 mâles, 457 femelles) conduit aux résultats suivants :

Pourcentage en mue - sans tenir compte du sexe : 21/713 = 3,09 % - mâles : 6/256 = 2,34 % - femelles : 16/457 = 3,50 % Remarquant que les mâles atteignent une taille supérieure à celle des femelles

(voir paragraphe taille et poids) les deux auteurs avancent que (( comme a priori il n’y a pas de raison pour que les uns vivent plus vieux que les autres il est logique d’admettre que leur croissance est plus rapide )). Ils ajoutent : (( On peut supposer que les mues sont plus espacées chez les femelles la présence des œufs les empêchant de muer pendant de longues périodes, comme c’est le cas pour le homard (BOUVIER 1940) u.

On notera la contradiction entre cette conclusion et les données statistiques précé- demment exprimées (pourcentage des femelles en mue supérieur à celui des mâles en mue), contradiction qui n’implique pas forcément une erreur d’interprétation mais peut aussi bien reposer sur une insuffisance d’information. Rappelons en effet que la période d’observation concerne uniquement le mois de Décembre. Le problème est biologique- ment et pratiquement important. On souhaiterait le voir abordé sur une plus large échelle.

GCOLOGIE. La langouste verte est une espèce côtière qui vit normalement sur fonds rocheux,

mais qui peut à l’occasion s’aventurer sur fonds sableux et sablo-vaseux. Les chalutiers de Lagos en capturent même régulièrement quelques exemplaires sur fonds de vase molle au large de la Nigeria (LONGHURST in litt.).

Au Sénégal, comme en Mauritanie et au Rio de Oro, les récifs immergés coupés de failles et fouillés d’anfractuosités apparaissent comme un milieu d’élection pour P. rissoni (observations personnelles). Aux Iles du Cap Vert les fonds à blocs rocheux, anfractueux, de dimensions variables, séparés par des taches de sable ou de coquilles brisées sont plus volontiers fréquentés que les plate-formes peu accidentées (da Franca et coll. 1962).

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448 E. POSTEL

Les températures les plus fortes notées en Côte d’Ivoire et aux Iles du Cap Vert sont de l’ordre de 280, les salinités les plus fortes (Iles du Cap Vert) de l’ordre de 38/1000, les plus faibles (Côte d’Ivoire) de l’ordre de 34/1000. La permanence des populations de la pointe du Cap Blanc implique une certaine résistance au froid, et la faculté de supporter pendant de longues périodes (janvier à avril) des températures de l’ordre de 150 à 160.

P. rissoni semble donc une espèce relativement tolérante aux conditions hydrolo- giques, ce qui explique le feston des peuplements isolés distribués le long de la côte occi- dentale d’Afrique, à l’occasion et à proximité des pointements rocheux.

La faune associée comporte de nombreuses espèces, pratiquement toutes celles qui vivent par petits fonds. Aucune étude ni aucune remarque ne permet cependant de mettre en évidence un type quelconque de communauté. DA FRANCA et ses coll. ont simple- ment noté qu’aux Iles du Cap Vert P. rissoni est souvent prise en compagnie de P. sp. aff. echinafus et de Scgllarus latus.

PÊCHE ET COMMERCIALISATION.

On pêche la langouste verte : - systématiquement au filet ; - occasionnellement au chalut ; - exceptionnellement en plongée ; - expérimentalement au casier ;

1. Pêche au fi let C’est de loin la plus importante. Elle est pratiquée : a) par des pêcheurs européens (français et espagnols) ; b ) par des pêcheurs africains (mauritaniens, sénégalais, é,urnéens et sans doute

Engins, bateaux et méthodes ont été décrits au chapitre intitulé <( Aperçu halieuti-

La pêche française est née avant la première guerre mondiale (POSTEL 1962), la pêche

Trois phénomènes caractérisent la dernière décade : - le déclin de la pêche française, dû en partie à l’appauvrissement des fonds

classiquement exploités, en partie à une reconversion de la flottille langoustière vers la pêche de la langoustes rose (Palinurus mauritanicus). - le développement rapide de la pêche sénégalaise (au regard de laquelle les autres

pêches africaines sont négligeables), dû aux possiblités nouvelles d’expédition par avion. - l’apparition de la pêche espagnole.

angolais).

que B.

africaine quelques années plus tard.

Pêche francaise. La pêche française est essentiellement basée sur Douarnenez. Les tableaux XVIII

e t XIX donnent, le premier le volume des apports et la moyenne annuelle par vente de 1949 à 1963, le second le volume des apports et la moyenne mensuelle par vente pour la période globale 1955-1962.

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Années

1042/12

877

Juillet

3308124

13,8

~

1949 1950 1951 1952 1953 1954 1955 1956 1957 1958 1959 1960 1961 1962 1963

642/8 409/4 640/8 1323/12 2849/21

8 10,2 8 11 12,5

Août Septembre Octobre Novembre Décembre

3699/26 3500/20 1899/14 1925/17 2312/16

14,2 17,5 13,5 11,3 14,5 1962

LANGOUSTES DE LA ZONE INTERTROPICALE AFRICAINE

TABLEAU XVIII

440 356 492 402 477 442 360 455 48 1 560 306 31 1

191 116

Nombre de ventes

Pas de renseignements

31 34 37 36 30

15

449

Moyenne Dar vente

11,6 13,4 13 15,5 10,2

12,7

Chaque case comporte trois donn(?es, deux exprimees sous forme de fraction, la troisibme isolbe. Le numbrateur de la fraction represente le tonnage debarque (en centaines de kilogs), le dbnominateur le nombre de ventes, le chiffre isole le poids moyen par vente (en tonnes). La periode considWe va de I’annbe 1955 (incluse) L4 l’annbe 1962 (incluse). N’ont pas et6 prises en consideration les annees 1960 et 1961 pour lesquelles il est impossible de faire la distinction entre langoustes vertes et langoustes roses, les documents cossultbs L4 cet effet manquant trop

souvent de clartb.

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450 E. POSTEL

On peut déduire : a ) du tableau XVIII : - que l’effort de pêche sur la langouste verte a beaucoup diminué depuis 1959.

I1 s’est, comme je l’ai déjà dit, en partie report6 sur la langouste rose. - que la moyenne des ventes n’a pas sensiblement fléchie, malgré une diminution

des stocks constatée, avouée, et déplorée par les pêcheurs eux-mêmes. La mise en œuvre de moyens de plus en plus considérables cache en partie cette raréfaction, dont elle amorçe par contre un dangereux processus d’acc61ération.

b ) du tableau XIX : - que la meilleure période de pêche sur les fonds dits mauritaniens (Cap Barbas,

Cap Blanc), qui fournissent au moins les 9/10 de la production, se situe en juillet-août (mises à terre d’aoht-septembre). Les pointes secondaires (mars et décembre) sont aber- rantes et uniquement provoquées par les approches des fêtes de Pâques et de Noël.

Pêche espagnole. Basée sur Las Palmas (Canaries). Rien à ajouter à ce qui en a déjà été dit à 1 ’ ~ Aperçu

halieutique )).

Pêche sénégalaise. La pêche sénégalaise vient de connaftre un brusque essor avec le développement des

transports aériens. Destinée jusqu’en 1950 environ à couvrir uniquement les besoins de la consommation locale et l’avitaillement des paquebots en escale à Dakar, les apports annuels se chiffraient alors aux alentours de 20 tonnes. Ils sont passés en dix ans à plus de cent.

A. BLANC a bien voulu me communiquer les quantités débarquées mois par mois sur la (( Petite Côte o (région située au Sud de Dakar) en 1960-61-62. On les trouvera rassemblées dans le tableau XX.

TABLEAU X X

II I 1960

Janvier. . . . . . . . . . . . . . . . . . Février. . . . . . . . . . . . . . . . . . Mars. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Avril. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Mai ..................... Juin. .................... Juillet. . . . . . . . . . . . . . . . . . . Août. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Octobre. . . . . . . . . . . . . . . . . . Novembre. ............... Décembre. . . . . . . . . . . . . . . .

Totaux. ..............

Septembre. . . . . . . . . . . . . . .

~

17040 14245 15284 13360 15960 14866 7705 1614 1738 2301 8028 6524

118665

1961

6224 7703 861 1 7115 7719 8938 5458 2911 3959 5122 5400 8640

77800

Poids exprimes en kilogrammes

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LANGOUSTES DE LA ZONE INTERTROPICALE AFRICAINE 45 1

I

La (( Petite Côte o représente à peu près les trois quarts de la production sénégalaise. Si l’on élimine l’année 1960 faussée par de nombreux apports de Gambie on constate deux périodes de pointe, l’une en décembre sans doute due à un accroissement de l’effort aux approches de Noël, l’autre en mai-juin sans doute due à une concentration périodique des crustacés dans la région considérée. Le creux d’août-septembre correspond en même temps à un mouvement probable de dispersion et à une saison météorologiquement instable qui réduit le nombre des sorties.

Le principal marché d’exportation est, nous l’avons vu, la France.

Pêche éburnéeizrze.

La pêche de l a langouste au filet est, en Côte d’Ivoire, pratiquement limitée aux villages d’Azuretti et Mohami, situés tous les deux dans la région Bassam-Assinie (région Est). Elle n’intéresse que quelques pêcheurs. Les filets ont une longueur de 80 à 150 m., une chute de 12 mailles (côté de la maille = 50 mm.). Le matériel employé pour leur fabrication est un coton de 0’8 mm (2 brins de 4 fils). Ils sont cachoutés (LASSARAT 1958).

Aucune évaluation n’a jamais été faite des quantités capturées. Elles sont, au plus, de l’ordre de deux à trois tonnes.

2. Pêche a u chaluf

Les seuls pays pour lesquels on ait quelques précisions à ce sujet sont la Côte d’Ivoire

a) Quantités débarquées à Abidjan par les chalutiers de pêche fralche (en kilogram- le Cameroun e t le Congo.

mes d’après les statistiques officielles du port :)

1955 6460 1956 13535 1957 12372 1958 15501 1959 57735 1960 47100 1961 22410 1962 13550

Pêche angolaise. I Encore au stade expérimental. Aucune indication précise de rendements ni de

volume des captures.

La répartition par mois, qu’on pourra consulter chez MARCHAL et BARRO (1964),

b ) Quantités débarquées à Douala (Cameroun) par les chalutiers de l’armement ne montre pas de variations sensibles avec la saison.

Cotonnec (en kg, CROSNIER in litt.).

J F M A M J J A S O N D 1961 4 77 2 159 34 56 93 1962 169 35 80 45 224 44 34 27 164 75 386 229 1963 77 189 337 32 27

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452 E. POSTEL

c ) Quantités débarquées à Pointe Noire (Congo) par les chalutiers de l’armement Cotonnec (en kg, CROSNIER in litt.).

O N D 1962 . 200 166 29 673. 22 36 42 O 25 93 152 42 1963 54 3 101 110 157 114 66 6

J F M A M J J A S

Pas de conclusion possible dans les deux derniers cas au sujet d’une période plus favorable de pêche en fonction de la saison,

D’après CROSNIER l’armement Cotonnec représente 80 % des pêches camerounaises et 60 % des pêches congolaises. Les tonnages de langouste pêchbes par ces deux pays sont donc pratiquement nbgligeables.

- - . - -- - _ - _ _ -- - ._ -

3. Pêche en plongée

Occasionnelle. J’ai déjà mentionné les incidences néfastes de la pêche dite sportive sur des peuple-

ments limités. Un exemple : I1 a sufi de deux ans (1952-1953) pour ratisser complè- tement le gisement dalrarois de la Pointe de Fann, oh les rendements initiaux se situaient pourtant à un niveau élevé (de 5 à 10 langoustes par demi-journée pour un plongeur moyen non muni de scaphandre).

4. Pêche au ‘casier

Limitée aux Iles du Cap Vert et non encore complètement établie sur un plan professionnel.

Des essais méthodiques poursuivis par da Franca et ses collaborateurs ont abouti à des résultats pratiques interessants. E n voici un résumé succinct :

La pêche au casier est la seule méthode qui semble applicable aux Iles du Cap Vert. Encore convient-il de remarquer que la forte houle (calema) qui règne dans cette région gêne assez souvent les opérations en bouleversant et en entrahant les engins. Les pertes sont sensibles. Ces réserves ont été récemment confirmées par les langoustiers français qui se sont rendus sur place.

Les essais portugais ont eu lieu de juillet à novembre 1958 et d’avril à juillet 1959. Le total des jours de pêche s’élève à 75, le nombre de casier[jour à 938, le montant des captures à 209 langoustes, leur poids à 195,130 kg, ce qui conduit aux moyennes suivantes :

Poids individuel : 930 gr. Capture par jour de pêche - en nombre = 2,79.

en poids = 2,602 kg.

Capture par jour e t par casier - en nombre = 0,22. - en poids = 205 gr.

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LANGOUSTES DE LA ZONE INTERTROPICALE AFRICAINE 453

Ces moyennes changent d’une fle à l’autre montrant une répartition hétérogène de P. rissoni sur laquelle j’ai déjà insisté dans l’t Aperip biogéographique o. La comparaison des moyennes de 1958 (N = 0,27, P = 0,257) e t de 1959 (N = 0,19, P = 0,178) fait en outre apparaftre des résultats qui laissent pressentir une variation sensible des rende- ments avec la saison.

La langouste verte n’a pratiquement pas été exploitée commercialement jusqu’à maintenant. ’Des langoustiers ont occasionnellement fait escale dans l’Archipel, mais sans chercher à l’explorer d’une façon cohérente. Les récentes tentatives, beaucoup plus sérieuses que les précédentes, ont été essentiellement dirigées vers la pêche de Panulirus sp. aff. echinatus et celle de Palinurus charlestoni. Quelques tonnes de Panulirus rissoni ont été prises au casier en recherchant la première de ces deux espèces.

E. Panulirus sp. aff. echinatus

Le statut de Panulirus sp. aff. ecliinatus n’est pas encore fixé. Le problème, sur lequel se sont déjà penchés les chercheurs du Centro de Biologia piscatoria portugais, est actuellement à I’étude au Muséum National d’Histoire naturelle de Paris (Chaire de Zoologie - Département des Crustacés), où une dizaine d’exemplaires des deux sexes ont été rassemblés.

SYNONYMIE : Panulirus guttatus BENEDICT 1893. Panulirus guttatus (Latr.) var. DA FRANCA et coll. 1962.

NOMS VERNACULAIRES : Français : Langouste brune des Iles du Cap Vert. Portugais : Lagosta vermelha.

RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE ET BATHYMÉTRIQUE.

Afrique : Archipel du Cap Vert. Eaux côtières jusqu’à une trentaine de mètres de profondeur. D’après les essais de da Franca et coll. Brava serait l’fle la plus riche.

Hors Afrique : Ascension, Ste Hélène (FOREST, communication verbale), Rocher S t Paul et, en cas d’identité avec P. echinatus Fernando de Noronha et côtes du Brésil.

TAILLE ET POIDS.

Fréquence de distribution en fonction de la taille et relation taillelpoids sont exposées dans le tableau XXI et exprimées graphiquement sur les figures 11 et 15, le tout emprunté à da Franca et coll.

On constate à l’examen de ces documents que : a) les mâles atteignent une taille supérieure à celle des femelles (39 cm contre 35). b ) les mâles sont, à taille égale, plus lourds que les femelles, et que I’écart entre

les poids des deux sexes va en s’accentuant progressivement.

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454

Poids en grammes

2400 - 2300 - 2200 - 2100 - 2000 - 1900 - 1800 - 1700 -

- - - - - -- - _ _ - - - - - - - - - - - -

1600 - 1500 - 1400 - 1300 - 1200 - 1100 - 1000 - 900 - 800 - 700 - 600 - 500 - 400 - 300 - 200 - 100 -

E. POSTEL

- _ - - -

Longueur totale

210 230 250 270 290 310 330 350 370 390 en centimetres 1 % I I I I I I I I I I I ' " ' I ' 1

-

t

Pig. 15. - Relation taillelpoids chez P . sp. a r . echinatus des Iles du Cap Vert (d'aprbs DA FRANCA et coll.)

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LANGOUSTES DE LA ZONE INTERTROPICALE AFRICAINE 455

Glasses (Longueur totale)

21 cm 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39

TABLEAU XXI ~

Fréquence

Mâles

1 O O 1 4 3 6 6

15 9 6 9 9 7

16 15 6 2 2

Femelles

O O O 1 O 4 4

11 28 11 16 5 2 1 1 O O O O

Poids moyen (en gr)

Mâles

280 - - 500 520 543 667 728 796 908

1077 1097 1274 1341 1453 1635 1768 2125 2400

Femelles

- - - 450

515 617 645 720 752 773 946

1025 1270 1200

-

- - - -

c) La répartition des mâles en fonction de la taille présente deux modes (29 et 35-36 cm) contre un seul à celle des femelles (29 cm).

REPRODUCTION ET CROISSANCE.

De nombreux caractères sexuels secondaires permettent de reconnaftre les mâles des femelles. Un diagnostic rapide et sûr peut par exemple être tiré de l’examen des pério- podes (pattes), nettement plus longs et plus forts chez les premiers que chez les secondes.

est également signi- ficatif. I1 varie :

long. céphaloth. long. totale DA FRANCA et coll. ont montré que le rapport

- chez les mâles de 40,74 à 49’72. moyenne : 45, 53 ; - chez les femelles de 38,71 à 44,82. Moyenne : 42, 40.

Sex ratio. On voit d’après les donnees du tableau XXI que les 201 langoustes examinées

par les chercheurs portugais se partagent en 117 mâles et 84 femelles (Sex ratio général = 1’39, au benefice des mâles). On voit encore que les pourcentages des deux sexes sont

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456 E. POSTEL

2 3

5

fonction de la taille. Da Franca et coll. ajoutent que ces pourcentages varient, parfois très fortement, avec l’origine des échantillons (100 % de femelles à S. Antaô, Boavista et S. Tiago). On doit remarquer, et les auteurs précités n’ont pas manqué de le faire, que ces derniers sont bien souvent trop faibles (3 individus pour S. Antaô, 5 pour Boavista, 1 pour S. Tiago) pour être réellement significatifs.

Des sondages exécutés sur la première cargaison débarquée dans un port frangais confirment en partie ces observations1. Appliqués aux différentes catégories de poids commercialement exigées (moins de 700 gr., de 700 à 1200, de 1200 à 1500, de 1500 à 2000. Pas de spécimens au-dessus de 2000) ils ont en effet donné les résultats suivants (Tableau XXII).

2 5 7 1

9 6 -~~

TABLEAU XXII

20 1

21 ,~

Mâles Femelles

7 . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86 . . . . . . . . . . . . . . . . . . 112 7-12 . . . . . . . . . . . . . . . . . . 229 . . . . . . . . . . . . . . . . . . 183

12-15 . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74 . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 15-20 . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18 . . . . . . . . . . . . . . . . . . O

49 32

81

- - Total . . . . . . . . . . . . . . . . . 407 . . . . . . . . . . . . . . . . . . 296

S e x ratio général = 1,37 au bénéfice des mâles (très voisin du précédent. Coïnci-

Les femelles dominent au-dessous de 700 gr. ; elles disparaissent au-dessus de dence ou loi biologique ?).

1200.

Femelles ovigères.

Le tableau XXIII résume les observations de da Franca et coll.

TABLEAU XXIII

Ovigères.. . . . Non ovigèrer

Total . . . . .

Avr.

O 1

1

Mai

2 O

2

Juin I Juil. I Août Sept.

17 14

31

oct.

1 5

6

Nov. I Total

(I) Travaux personnels. Point de debarquement : Camaret. Date de debarquement : 18 DBcembre 1963. Nom du bateau : Polgor. Lieux de pêche : Brava. Periode de p6che : Octobre-Nokembre 1963. L’inter& de ces observations provient du nombre eleve des individus sur lequel elles ont porte, ainsi que de la limitation des deux facteurs espace et temps.

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LANGOUSTES DE LA Z O N E INTERTROPICALE AFRICAINE 457

I PÊCHE ET COMMERCIALISATION.

En dehors des captures faites en plongée e t qui restent occasionnelles, la langouste brune est uniquement pêchée au casier. La houle et la nature des fonds éliminent en effet l’emploi des filets.

RBsultats des pêches expérimentales poursuivies par les Portugais (voir P. rissoni, pêche au casier) :

Nombre de jours de pêche : 75 ; Nombre de casiers/jour : 938 ;

Dans la cargaison du Folgor (débarquée, je le rappelle, le 18 décembre 1963) on constate encore une proportion élevée de femelles ovigères : 17/112 (15 %) dans la caté- gorie <7, 651183 (35 %) dans la catégorie 7-12.

La période de ponte s’étend donc au moins sur neuf mois (avril à décembre). L’état actuel de nos connaissances ne permet pas d’en connaître les modalités.

La plus petite femelle ovigère notée par DA FRANCA et coll. mesurait 23 em.

GCOLOGIE. P. sp. aff. echinatus est une espèce côtière. Les meilleures pêches faites par les portu-

gais l’ont été sur des (( fonds à blocs rocheux, anfractueux, de dimensions très variables, séparés par des zones de sable ou de coquilles pulvérisées D. C’est sans doute que l’espèce présente une certaine prédilection pour ce genre de faciès. Les pêcheurs français ont remarqué qu’on la trouvait également (( dans le corail o.

‘ Les conclusions exposées dans l ’ d p e r p biogéographique, jointes aux constatations de da Franca et coll. portant sur les pourcentages respectifs des deux Paizulirus à deux périodes différentes de l’année (tableau XXIV), montrent que la langouste brune est une espèce d’eaux chaudes et salées. Les limites au-dessous desquelles les probabilités de rencontre d’individus groupés tombent pratiquement à zéro sont une température de 240 et une salinité de 35/1000, cette dernière condition étant obligatoirement réalisée aux Iles du Cap Vert quelque soit la saison, et demandant par là même à être confirmée en d’autres points de l’aire de répartition.

~

% P. sp. aff. echinatus . . . . . . . . . . . % P. rissoni.. . . . . . . . . . . . . . . . . . .

I TABLEAU XXIV

Avril à Juillet Juillet à Novembre

46 63 54 37

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458 E. POSTEL

Nombre de langoustes brunes capturées : 201 ; Poids de langoustes brunes capturées : 199, 690 kg. ; Poids moyen unitaire : 990 gr. Capture par jour de pêche : Nombre : 2,68 ;

Capture par jour et par casier : Nombre : 0,21 ; Poids : 2,663 kg. ;

Poids : 0,213.

Rendements très variables avec les tles et la saison. Les meilleures captures ont été enregistrées à Brava avec un taux moyen de une langouste par jour et par casier.

Résult,ats et répartition des premiers apports de la pêche commerciale (langoustier Folgor) :

Apports de l’ordre de 10 tonnes pour environ deux mois de pêche. Il est impossible de donner une moyenne journalière, le Folgor ayant travaillé, parfois simultanément, parfois alternativement, à la côte (P. sp. aff. echinatzu) et en profondeur (P. charlesfoni). Deux à trois langoustes brunes par jour et par casier semblent lesmoyennes le plus souvent enregistrées dans de bonnes conditions de pêche (beau temps, pose et relève facile des engins). Une partie de la cargaison a été rapportée en queues congelées, une partie en crustacés entiers (6.450 kg.) Pour cette dernière fraction la répartition pondérale est la suivante :

1700 kg. 3000 1100 650

- Langoustes d’un poids unitaire inférieur à 700 gr.. . . . . . . . . . . . . . . . . - Poids unitaire compris entre 700 et 1200 gr.. ..................... - Poids unitaire compris entre 1200 et 1500 gr.. .................... - Poids unitaire compris entre 1500 et 2000 gr.. .................... Cette répartition est interessante non seulement pour les données pratiques que l’on

peut en tirer, mais aussi pour les éléments démographiques qu’elle apporte sur la physio- nomie d’une population vierge en un point précis (Brava) et pendant une période relati- vement courte (octobre-novembre). C’est un des rares cas où l’océanographie appliquée aux pêches dispose d’un tel point de départ. I1 sera probablement utile pour contrôler l’évolution des stocks.

Passée pratiquement inaperçue jusqu’en 1958 (date des premiers essais portugais) la langouste brune des Iles du Cap Vert parait être le crustacé côtier le plus abondant de l’archipel. Elle peut sans aucun doute donner lieu à une exploitation beaucoup plus poussée que celle à laquelle elle est actuellement soumise.

F. Panulirus dasypus

SYNONYMIE : Connu sous le seul nom de P. dasypus.

NOMS VERNACULAIRES :

Madagascar (PETIT 1930) : Orana (désigne tous les crustacés) Orandrety (désigne toutes les langoustes).

(1) Comme il fallait s’y attendre la fraction entreposbe en viviers est arrivbe A Camaret tres fatigube, sinon morte. Le transport de langoustes brunes b. 1’6tat vivant ne peut etre tent6 avec quelques chances de succes que dans les mois d‘btb. D’Octobre b. Juin il faudra se rbsoudre A la congblation.

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LANGOUSTES DE LA ZONE INTERTROPICALE AFRICAINE 459

RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE ET BATHYMÉTRIQUE~.

Afrique du Sud (Natal) (BARNARD 1950) ; Kenya (BRUCE, iiz litt.). Afrique : Socotra, Madagascar (région de Diégo Suarez) (MONOD et PETIT 1929) ;

Hors Afrique : Océan indien, Archipel malais, Japon (HOLTHUIS 1946).

TAILLE ET POIDS.

Aucune indication en dehors des mensurations données par MONOD et PETIT (1929) (une femelle grainée = 120 mm., un mâle = 140 mm), et par BARNARD (1950) (un mâle = 232 min).

~ C O L O G I E ET PÊCHE.

Les seuls renseignements que je possède à ce sujet sont ceux qu’a bien voulu me communiquer A.J. BRUCE (in litt.) :

a From Kenya, I received some specimens of P. dasypus froin the Fisheries OfEcer, Mr. ALLFREE, where they were apparently the basis of a small local trap fishery, occuring on sandylmuddy bottom. On the E. side of Zanzibar, a t Chwaka, there was a similar region of sand with weed wich was reputed to harbour a different lobster from the three commercial species but I was not able to abtain specimen. It may well have been P. dasypus 9.

P. dasypus est sans intérêt économique dans la portion africaine de son aire de répartition.

G. Panulirus homarus

SYNONYMIE : Paliizurus Burgeri DE HAAN 1841 ; Seizex bürgeri ORTMANN 1891 ; Panulirus burgeri BOUVIER 1905 ; Panulirus Burgeri GRUVEL 1911 ; Panulirus Biirgeri MONOD et PETIT 1929 ; Parzulirus biirgeri FOURMANOIR, CROSNIER et CHARBONNIER 1960.

NOMS VERNACULAIRES : Afrique du Sud : Bürger’s Crayfish (BARNARD 1950) ; Madagascar : Orandrety mena (PETIT 1930).

RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE ET BATHYMÉTRIQUE

En Afrique : Afrique du Sud (Algoa Bay, East London, côtes du Natal) (BARNARD 1950), Madagascar (région Sud et surtout Sud-Est) (GRUVEL 1911, FOURMANOIR et coll. 1960).

(1) L’existence de P. dasypus en Afrique reste problematique pour certains auteurs qui pensent A une confu- sion possible avec P. homarus (voir notamment la discussion de BARNARD, 1950). I1 est impossible devant l’indigence de la documentation dont on dispose de prendre position d’une façon categorique. Mais même en y admettant sa prbsence, P . dasypus doit être considbrb comme rare dans les eaux africaines.

16

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- 1

460 E. POSTEL

Hors Afrique : De la Mer Rouge au Sud du Japon et à la Polynésie ( HOLTHUIS 1946). La présence (et l’abondance) de P. homarus sur les côtes de l’Hadramaout (Protectorat d’Aden) vient d’être confirmé par GEORGE (1964).

L’espèce est côtière. On la trouve à Madagascar entre 2 et 10 m. de profondeur (FOURMANOIR et coll. 1960). BARNARD (1950) signale une capture faite par 34 brasses en Afrique du Sud.

TAILLE ET POIDS.

FOURMANOIR, CROSNIER et CHARBONNIER donnent à Madagascar - comme taille moyenne : 26 cm. - comme taille maximum : 35 cm.

REPRODUCTION ET CROISSANCE.

Puerulus signalé et décrit par GORDON (1953).

BCOLOGIE ET P ~ C H E .

GEORGE (1964) considère P. homarus comme une espèce de fonds rocheux, absente des faciès corralliens. C’est ce que confirme sa répartition à Madagascar, où les peuple- ments importants sont justement localisés dans l’extrême Sud-Est de la Grande Ile, dépourvu de coraux et caractérisé par de nombreux affleurements de gneiss et de micaschistes. On peut ajouter que P. homarus se trouve surtout en mode battu et dans des eaux dont la température dépasse généralement 240.

La seule région d’Afrique où P. homarus soit connu pour faire l’objet d’une exploi- tation régulière est celle de Fort Dauphin (Madagascar). Ses principaux centres de pêche sont la Baie d’Itaperina et la rade de Ste Luce, le moyen exclusif par lequel on le capture des nasses mouillées soit à pied sec à marée basse, soit plus souvent à partir de pirogues.

Les pirogues langoustières ont en moyenne 8 m. de longueur, sont dépourvues de balancier, et le tronc creusé qui constitue leur base est rehaussé par un bordé d’une quinzaine de centimètres maintenu au moyen de ligatures en lianes. Elles sont montées par deux ou trois hommes possédant chacun quatre nasses.

Ces nasses, de type polynésien, ont une forme polyèdrique. Leur ouverture est laté- rale. Elles sont lestées par des cailloux, mouillées et relevées à l’aide d’un court orin végétal, et repérées par un flotteur en bois.

Le meilleur appât est la moule distribuée à raison de 1 kg. environ par nasse. A défaut de moules, qui deviennent rares à proximité des villages de pêcheurs, ceux-ci emploient des balanes ou des patelles.

Les nasses sont mouillées dans la soirée, relevées à l’aube. Elles donnent des rende- ments de l’ordre de deux kilogs de langouste par unité et par jour de pêche. Ces rende- ments varient avec la saison. Le mois d’octobre est considéré comme celui au cours duquel ils sont les plus élevés.

Au total une trentaine de pirogues, c’est-à-dire au maximum une centaine de pêcheurs, se livrent à l’exploitation de la langouste. La consommation sur place ne dépasse pas deux tonnes. Les exportations, qui transitent toutes par Fort Dauphin, qui sont toutes

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LANGOUSTES DE LA ZONE INTERTROPICALE AFRICAINE 461

effectuées par voie aérienne, dont une fraction est débarquée à Tananarive, mais dont la plus grosse partie continue sur le France, se sont élevees (CROSNIER, in litt.)l. - en 1958 à 24.500 kg. - en 1959 à 21.500 kg. - en 1960 à 21.898 kg. - en 1961 à 17.956 kg. - en 1962 à 12.060 kg. La pêche, reglementée depuis 1962, est fermée du l e r octobre au l e r février, ce qui

explique en partie la faiblesse des exportations réalisées au cours de cette derniere année.

Des essais d’amélioration de la pêche à la langouste ont été tentés conjointement par la Station océanographique de Nosy Bé et la Division des pêches de Majunga. Ils ont porté sur : - les appâts, - les engins, - la recherche de nouveaux fonds.

Essais sur appâts. L’emploi classique de poissons (téléostéens) n’a pas donné de résultats favorables,

non plus que celui de la viande de bœuf ni de la chair de requins.

Essais sur engins. a) casiers hémisphériques en osier du type Bretagne-Nord. Rendements plus faibles

que les nasses indigènes. b ) Filets à langouste de type méditerranéen (Trémails : longueur 95 m., chute

1,80 m.). Bons résultats : 20 langoustes en moyenne par jour et par filet. Mais les dégâts considérables causés par les requins (Carcharinus, Negaprion, etc ...) rendent la méthode pratiquement inutilisable.

Recherche de nouveaux fonds. Les recherches effectuees en 1958 par 1’ORSOM I dans la région de Fort Dauphin

avaient mis en évidence à quelques milles de la côte deux arêtes rocheuses parallèles à celle-ci, l’une par 25 m. de profondeur, l’autre par 50 m. Une campagne de l’Alexis LaZanne (avril-mai 1960) a eu pour objectif de vérifier les possibilités de pêche sur ces fonds.

Ont été employés simultanément : des nasses à simple entrée supérieure, des nasses à double entrée latérale, des filets classiques en nappe simple (hauteur 1’50 m., mailles de 75 mm. au carré). Résultats nuls. I1 semble que les peuplements langoustiers soient strictement limités à la côte et ne s’étendent pas aux faciès rocheux plus profonds.

(1) Les apports e t par consequent les exportations sont approximativement constitues : pour 5/6 de P . homarus, pour 116 de P . penicillafus.

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462 E. POSTEL

’essentit de ce qui FOURMANOIR, CROSNIER e t CHARBONNIER, à qui j di emprunt précède, doutent d’une extension possible de l’exploitation langoustière à Madagascar. 1ls.écrivent en effet en conclusion de leur étude :

a L’intensification de la pêche se heurte d’autre part au risque d’épuisement de la population localisée, et aucun autre secteur côtier de Madagascar ne parait offrir des conditions favorables à une pêche intensive aux langoustes n.

H. Panulirus longipes

SYNONYMIE : P. japonicris var. longipes A. MILNE EDWARD 1868, P. japonicus GRUVEL 1911, P. japonicus var. longipes MONOD et PETIT 1929, P. japonicus HOLTHUIS 1946, P. japonicus BARNARD 1950, P. japonicus HALL 1961.

J’ai donné en note 2 les raisons qui m’ont amené à ne pas adopter le point de vue d’Holthuis, pourtant suivi par la majorité des carcinologistes.

NOMS VERNACULAIRES.

Madagascar (PETIT 1930) : Orana (désigne tous les crustacés), : Orandrety (désigne toutes les langoustes), : Tsitsikibé (désigne toutes les langoustes dans l’Ouest

et le Sud-Ouest - dialecte sakalave).

RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE ET BATHYMÉTRIQUE.

En Afrique : Un spécimen signalé du Mozambique (Delagoa Bay) (BARNARD 1950). Présence reconnue par différents auteurs aux Mascareignes, à Madagascar (façade Ouest) et en Afrique de l’Est.

Hors Afrique : La confusion longipes [japonicus rend difficile une délimitation exacte de l’aire de répartition de chacune des deux formes. P. longipes ne semble pas sortir de l’Océan indien.

Espèce côtière. PICHON (1964), à qui l’on doit les seules données précises, a rencontré P. longipes entre 2 et 18 m. de profondeur dans la région de Nosy Bé (Voir fig. 4). Maxi- mum de densité entre 5 et 8 mètres.

TAILLE ET POIDS.

pêchées à Zanzibar. Je dois à BRUCE (in littG) les renseignements suivants portant sur des langoustes

a) mâles (nombre d’exemplaires examinés : 12) Taille (longueur du céphalothorax)

maximum 145 mm minimum 98 mm moyenne 112 mm

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LANGOUSTES DE LA ZONE INTERTROPICALE AFRICAINE

Septembre 1961. . . . . . . Octobre 1961 . . . . . . . . . .

463

NOMBRE DE MALES NOMBRE DE FEMELLES Il ovigères

5 6 20 9

Poids maximum 1.304 gr. minimum 397 gr. moyen 745 gr.

Taille maximum 148 min minimum 81 mm moyenne 128 inm

Poids maximum 1445 gr. minimum 453 gr. moyen 1023 gr.

b ) femelles (nombre d’exemplaires examinés : 7)

Les chiffres ci-dessus n’ont, comme le fait remarquer BRUCE, qu’une valeur limitée, les variations de poids pour une même taille étant considérables. I1 faut noter en outre que minima et moyennes sont faussés par le fait que les pêcheurs ne livrent sur les marchés que les spécimens dépassant une certaine taille.

L’échantillonnage est trop faible pour entériner comme une caractéristique de l’es- pèce le léger avantage de taille et de poids pris ici par les femelles sur les mâles.

REPRODUCTION ET CROISSANCE.

Voici les caractéristiques de deux lots examinés par Bruce, toujours à Zanzibar (tableau XXV).

Le sex ratio s’inverse, et d’une façon considérable, de l’un à l’autre. Par contre la proportion de femelles en phase active de reproduction est, dans les deux cas, élevée. On ignore la durée de la période de ponte, mais les observations de BRUCE laissent à penser que l’automne marque probablement sa saison de pointe (conclusions valables localement, bien entendu).

fécondées

5 5

L total

15 14

Puerulus signalé et décrit par GORDON (1953).

BCOLOGIE ET PÊCHE.

Dans la région de Nosy Bé (N.W. de Madagascar) P. Zongipes est, d’après Pichon (1964), étroitement associé aux zones des Porites qui marquent la tombée extérieure des massifs madréporiques. C’est au regard des processus de sédimentation la moins tolé- rante des trois espèces couramment rencontrées dans le N.W. de Madagascar (P. Zongipes P. ornaius et P. versicolor). Le moindre dépôt vaseux suffit à I’éliminer.

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464 E. POSTEL

P. Zongipes s’abrite dans les cavités qui creusent les édifices en forme de dômes construits par les Porites. Toujours d’après Pichon, ces cavités doivent satisfaire à un certain nombre de conditions : - surplombs nettement accusés (les cavités sensiblement horizontales sont toujours

vides) ; - pas de larges communications avec le sommet ou le côté opposé du massif ; - volume réduit, surtout vers le fond, mais permettant néanmoins la présence

simultanée de plusieurs individus. L’existence de ramifications comme la présence d’accidents - bourrelets, crêtes ou replats - aussi bien sur le plancher qu’au plafond sont des facteurs favorables. - enfin, une fois encore, absence de dépôts sédimentaires.

. P. Zongipes manifeste un certain degré de sociabilité. Pichon n’a jamais rencontré d’individus isolés. I1 a pu par contre dénombrer jusqu’à dix langoustes dans la même cavité. Certains massifs de Porites ressemblent à de véritables ruches. D’autres, sans raison apparente, sont complètement inhabités.

P. Zongipes se tient généralement au fond de son refuge, faisant face à l’entrée. L’homochromie qu’elle présente par rapport au milieu ajoutée au fait que ses antennes ne dépassent pas l’ouverture de sa cachette rendent son repérage relativement difficile.

C’est pourtant en plongée que P. Zongipes est capturé dans les régions pour lesquelles nous avons quelques faibles renseignements sur sa pêche : Côte ouest de Madagascar et surtout Zanzibar.

Dans ce dernier secteur : (( The general practice is to cleane out one particular reef as far as possible and then move on tho another and so on. On returning to the first about 2-3 weeks the previously occupied inches are usually found to have been reoccu-. pied by a fresh supply wich are then cleaned out again. This was interpreted as implying a migration into shallow water from deeper waters. I am not sure that this is necessarily the case as trawling around the fringes of the reefs never produced a lobster. Also, postlarval and very small juveniles (carap.ace length about 1 cm) can be found beneath stones or dead coral a t low water spring tide level o (BRUCE, in litt.)l.

Dans la région de Nosy Bé quelques captures sont faites à la foêne ou au harpon pendant les basses mers de vive-eau, en période de nouvelle lune. La pêche a lieu de nuit, à la lueur de lampes à pétrole. Les langoustes en quête de nourriture remontent parfois jusqu’au voisinage de la surface où la phosphorescence de leurs yeux permet de les repérer aisément (PICHON, 1964).

Des essais de pêche à l’aide de tuyaux métalliques (offrant des abris comparables à ceux du biotope naturel) et de casiers en treillage et fer cornière (à une ou deux entrées) n’ont donné à PICHON que des résultats négatifs1.

P. Zongipes fait partie du trio régulièrement exploitee dans la zone Nord du Canal de Mozambique et sur les côtes d’Afrique orientale. I1 est diMicile de dire en quelles proportions elle intervient dans l’ensemble des captures, mais il semble à première vue qu’elle soit la moins abondante des trois espèces1. Une évaluation prudente fixerait à

(1) s‘applique à P . Iongipes, P . ornatus et P . versicolor.

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LANGOUSTES DE LA ZONE INTERTROPICALE AFRICAINE 465

une trentaine de tonnes les quantités mises à terre annuellement. L’espoir de voir P. Zoiz-

gipes capable de supporter une exploitation vraiment industrielle parait hors de propos.

I. Panulirus ornatus

SYNONYMIE : désigné sous le seul nom de P. ornatus. I

NOMS’ VERNACULAIRES : Afrique du Sud : Ornate crayfish (BARNARD 1950), Madagascar : Voir P. longipes.

RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE ET BATHYMÉTRIQUE :

En Afrique : Afrique du Sud (côtes du Natal, rare) (BARNARD 1950), Mozambique (KALK 1958), Afrique de l’Est, Madagascar (côte ouest), Mascareignes, Côte française des Somalis (MONOD et PETIT ’1929), Côtes d’Erythrée (BEN TUVIA 1963).

Hors Afrique : De la Mer rouge à Formose et la Polynésie (HOLTHUIS 1946). Espèce côtière. Dans la région de Nosy Bé P. ornatus se rencontre depuis la partie

inférieure de la zone intertidale jusqu’à des profondeurs dépassant 25 m., profondeurs que PICHON (1964) - à qui je dois ces renseignements - n’a pas enco~re pu préciser. Une frange de discontinuité se situe entre 3 et 6/7 m. Elle correspond à des impératifs écologiques que nous verrons plus loin.

TAILLE ET POIDS.

J e dois à BRUCE (in litt.) les renseignements suivants portant sur des langoustes

a) mâles (nombre d’exemplaires examinés 34) pêchées à Zanzibar :

Taille (longueur du céphalothorax) maximum 181 mm. minimum 98 mm. moyenne 139 mm.

Poids maximum 2070 gr. minimum 482 gr. moyen 1182 gr.

b ) femelles (nombre d’exemplaires examinés 23) Taille maximum 184 mm.

minimum 85 mm. moyenne 152 mm.

Poids maximum 2268 gr. minimum 567 gr. moyen 1511 gr.

Maxima comparables, mais moyennes nettement plus élevées chez les femelles que chez les mâles.

~~~

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466 E. POSTEL

Septembre 1961. . . . . . . Octobre 1961 . . . . . . . . . .

Les chiffres ci-dessus n’ont, comme le fait remarquer Bruce, qu’une valeur limitée, les variations de poids pour une même taille étant considérables. C’est ainsi qu’un P. ornahzs mâle de 160 mm. fcéphalothorax) peut peser de 1160 à 1780 gr. et un P. ornatus femelle de même taille de 1130 à 1840 gr. Réciproquement pour un poids donné de 1150 gr. on trouve des longueurs de céphalothorax s’khelonnant de 141 à 162 mm.

Les remarques faites au sujet P. longipes sont également valables ici. P. ornatus atteint couramment 4 kg. à Madagascar (PETIT 1930). GRUVEL (1911)

signale à 1’Ile Maurice des exemplaires de 60 cm. de longueur totale (Poids = 4 à 5 kg.). Un spécimen de la côte du Kenya est exposé au Coryndon M u s e u m de Nairobi. Le poids indiqué est de 9 livres.

NOMBRE DE MALES

73 41

REPRODUCTION ET CROISSANCE.

Voici les caractéristiques de deux lots examinés par Bruce, toujours à Zanzibar

ovigères fécondées

11 11 23 14

(tableau XXVI) . TABLEAU XXVI

total

22 37

Le sex ratio varie d’un lot à l’autre, mais reste dans les deux cas au bénéfice des mâles. Dans les deux cas également la proportion de femelles en phase active de reproduc- tion atteint 100 %. L’automne est à Zanzibar la période de pointe de la reproduction.

Puerulus signalé et décrit par GORDON (1953). Allometries de croissance étudiées par le même auteur (1960).

I ~ O L O G I E ET PÊCHE.

Dans la région de Nosy Bé P. ornatus fréquente, d’après PICHON (1964), des biotopes

- Biotopes à Cymodocea ciliata aux faibles profondeurs (Individus jeunes, céphalo-

- Zone des Porites et bas de pente corallienne (Individus adultes). C’est le hiatus existant entre ces deux horizons qui induit la discontinuité constatée

dans la répartition bathymétrique. Les jeunes P. ornatus cherchent refuge à la base des blocs de madréporaires dont

l’herbier est semé. Les adultes s’abritent dans les cavités du massif corrallien, oh, vivant isolément, ils adoptent de préférence les (( trous o à leurs dimensions, laissant les grands surplombs à P. longipes et P. versicolor. Contrairement à ce que font ces deux espèces

différents suivant I’âge, et par conséquent la taille, des individus :

thorax < 10 cm) ;

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LANGOUSTES DE LA ZONE INTERTROPICALE AFRICAINE 467

ils se tiennent à l’ouvert de leur niche, le céphalothorax dépassant le plus souvent tout entier à l’extérieur1. Le comportement cavernicole s’atténue d’ailleurs avec la profondeur. A partir d’une vingtaine de mètres P. ornatus semble se localiser au voisinage de petits blocs qui ne peuvent lui procurer qu’un abri très relatif, et s’aventure volontiers, de jour, sur sable ou sur sable vaseux. La fréquence de P. ornatus dans les milieux coralliens releverait, toujours d’après PICHON, de raisons d’ordre nutritionnel.

P. ornatus est, dans la région de Nosy Bé, capturée aux basses mers de vive eau à la foêne ou au harpon dans l’herbier à Cymodocées (petits individus), en plongée nue le long des récifs. I1 en est de même à Zanzibar et sur les côtes du Kenya (HALL 1961, BRUCE in litt., voir aperçu halieutique et monographie de P. longipes).

Le volume des captures est faible à Madagascar, aux Mascareignes et en Mer Rouge, plus élevé en Afrique de l’Est, oh l’espèce forme la majorité des apports. On peut évaluer entre 60 et 80 tonnes les mises à terre annuelles de ce crustacé.

Sans doute arriverait-on à quintupler ce chiffre en mettant en valeur l’ensemble des fonds de pêche africains, mais aucune méthode à grand rendement (casiers ou filets) ne semble utilisable, et’il n’est pas certain qu’une ponction annuelle de 3 à 400 tonnes n’aille pas au-delà de la limite compatible avec la conservation des stocks à leur niveau actuel.

J. Panulirus penicillatus

SYNONYMIE : désigné sous le seul nom de P. penicillatus.

NOMS VERNACULAIRES.

Afrique du Sud : variegated crayfish (BARNARD 1950). Le nom s’applique à des

Madagascar : Voir P. longipes. Sur la côte Est P. penicillatus porte le nom spécial exemplaires importés ou vus au Mozambique.

d’orandrety mainty (PETIT 1930).

RÉPARTITION GÉ O GRAPHI Q UE ET B ATHY MÉTRI QY E.

En Afrique : La citation de STEBBING - Agulhas Bank - est sujette à caution. On ne possède aucune référence actuelle sur la présence de P. penicillatus en Afrique de Sud (BARNARD 1950). On le connait par contre : du Mozambique (Barnard 1950)’ de Madagascar (relativement abondant sur la Côte Est, rare sur la côte Ouest), des Masca- reignes (espèces la plus abondante à Maurice, de BAISSAC in litt.), d’Afrique de l’Est, du Golfe d’Aden et de Mer Rouge.

Hors d’Afrique : De la Mer rouge à la Corée, aux Iles Hawaii et aux Galapagos (HOLTHUIS 1964).

Espèce côtière. Dans la région de Fort Dauphin (Madagascar) l’espèce ne semble pas descendre au-dessous de 10 m. (FOURMANOIR et coll. 1960).

(1) C’est Bgalement l’attitude la plus courante Tadjourah (Côte française des Somalis), oil la base de la jet& offre de nombreux abris, presque tous occupBs (observation personnelle, Juin 1957).

16-1

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468 E. POSTEL

TAILLE ET POIDS.

Taille moyenne 30 cm, maximum 45 cm (FOURMANOIR et coll.).

GCOLOGIE ET P ~ ~ C H E .

On ne sait rien sur l’écologie de P. penicillatus sinon qu’on la trouve associée à P. homarus dans le Sud Est de Madagascar, au trio P. longipes, P. ornatus, P. versicolor en Afrique de l’Est, et qu’elle semble dominante aux Mascareignes et en Mer Rouge. Malgré une large tolérance à l’égard du substratum révélée par les précédentes associations, P. penicillatus ne semble nulle part très abondante.

Elle intervient en appoint dans les pêcheries de Zanzibar et du Kenya où on la prend en plongée, et constitue environ le 1/6 des apports dans le Sud Est de Madagascar où elle est prise à la nasse (voir note p. 461).

Sans autres bases que quelques sondages personnels et quelques indications recueil- lies auprès de biologistes et de professionnels, j’évalue à une dizaine de tonnes les quantités de P. penicillatus mises à terre annuellement dans le secteur africain de son aire de répar- tition. I1 ne semble guère possible de les augmenter de façon spectaculaire, à moins que les Mascareignes e t la Mer Rouge, encore très mal connues au point de vue faune quantita- tive, ne révèlent des richesses que rien jusqu’à maintenant ne fait cependant prévoir.

K. Panulirus polyphagus

SYNONYMIE : P. fasciatus GRUVEL 1911.

RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE.

En Afrique : Ile Maurice (MONOD et PETIT 1929). Hors d’Afrique : des Indes au Japon et à la Polynésie (HOLTHUIS 1946). L’espèce est rarissime dans la partie africaine de son aire de répartition. On ne

possède d’indications ni sur la taille, ni sur le poids qu’elle y atteint. On ne connait rien de son écologie. Elle n’a dans les régions qui nous intéressent aucune importance écono- mique.

L. Panulirus versicolor

SYNONYMIE : Panulirus ornafus var. taeniatus GRUVEL 191 1.

NOMS VERNACULAIRES.

Afrique du Sud : striped crayfish (BARNARD 1950). Madagascar : voir P. longipes.

RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE ET BATHYMÉTRIQUE.

E n Afrique : Afrique du Sud (Natal) et Mozambique (BARNARD 1950). Madagascar (côte Ouest) et Mascareignes (MONOD et PETIT 1929). Afrique de l’Est (HALL 1950). Mer rouge (côtes d’Erythrée) (BEN TUVIA 1963).

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LANGOUSTES DE LA ZONE INTERTROPICALE AFRICAINE 469

NOMBRE DE MALES

14

29

Hors d’Afrique : De la Mer Rouge à la Polynésie (HOLTHUIS 1946). Espèce côtière. Dans la région de Nosy-Bé P. versicolor se rencontre, d’après PICHON

(1964), depuis la côte jusqu’à 16 m. de profondeur. Maximum de concentration entre 4 et 12 m.l.

NOMBRE DE FEMELLE

ovigères fécondées total

3 6 10 14 5 19

TAILLE ET POIDS.

pêchées à Zanzibar. J e dois à BRUCE (in litt.) les renseignements suivants portant sur des langoustes

a ) mâles (nombre d’exemplaires examinés 18) Taille (longueur du céphalothorax)

maximum 133 mm. minimum 97 mm. moyenne 128 mm.

Poids maximum 1220 gr. minimum 453 gr. moyen 964 gr.

Taille maximum 141 mm: minimum 76 mm. moyenne 124 mm.

Poids maximum 1615 gr. minimum 538 gr. moyen 1065 gr.

b ) femelles (nombre d’exemplaires examinés 13)

Les tailles moyennes sont voisines. Les femelles l’emportent légèrement au poids

A Madagascar P. versicolor atteindrait des tailles comparables à celles de P. ornatus. (Voir remarques faites au sujet de P. loizgipes et P. ornatus).

REPRODUCTION ET CROISSANCE.

(tableau XXVII). Voici les caractéristiques de deux lots examinés par Bruce, toujours à Zanzibar

~~

Septembre 1961. . . . . . . Octobre 1961 ..........

(1) Guhzh me signale une capture faite A la ligne par 70 m. de profondeur B La RBunion. L’espbce y serait normalement moins profonde et frequenterait volontiers les fonds sableux (on la prend assez rbgulibrement dans les trhmails A poissons).

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470 E. POSTEL

Le sex ratio est assez constant, au bénéfice des mâles. Dans les deux cas la proportion de femelles en phase active de reproduction est élevée (elle atteint même 100 % dans le second). L’automne est probablement à Zanzibar, comme pour P. Zongipes et P. ornatus, la période de pointe de la reproduction.

Puerulus signalé et décrit par GORDON (1953).

BCOLOGIE ET PÊCHE.

biotopes successifs en fonction de la profondeur : Dans la région de Nosy Bé P. versicolor se trouve, d’après PICHON (1964), dans trois

- zone des microatolls du platier interne, - zone des blocs morts de madréporaires en avant de la levée détritique, - zone des dômes de Porites.

P. versicolor occupe a ) dans la première de ces zones - soit des cavités creusées à la base des microatolls (Porites) e t dont le plancher

est constitué par des particules sédimentaires de nature granulométrique variable. - soit quelquefois des abris découpés dans des massifs morts appartenant sans

doute à l’espèce Acropora palifera. b ) dans la seconde des cavités de formes diverses résultant de l’accumulation

c ) dans la troisième d’ Acropora morts, plus ou moins remaniés.

- soit des cavités habitées également par P. longipes et décrites précédemment. - soit des tunnels et boyaux pénétrant les massifs de Porites, mais dans lesquels

- soit la partie inférieure des auvents située àla base même des massifs coralliens.

P. versicolor parait donc particulièrement tolérante à l’égard des conditions de milieu. C’est en tous cas l’espèce qui, à Nosy-Bé, présente la répartition la plus large et supporte les plus grandes variations dans la forme et la nature du substrat, aussi bien que dans l’éclairement et l’agitation de l’eau.

P. versicolor est plus sociable que P. ornatiis, moins que P. longipes. Les groupes les plus nombreux observés par PICHON comptaient 5 ou 6 individus. Dans son abri la langouste fait presque toujours face à l’entrée. I1 arrive souvent que la partie distale des flagelles antennulaires dépasse l’orifice du refuge. Leur couleur claire, presque blanche permet de les repérer facilement.

La pêche de P. versicolor a lieu suivant les mêmes méthodes que celle de P. longipes et P. orrztaus. C’est, à Nosy-Bé, l’espèce la plus abondante.

Le volume des captures est faible à Madagascar, aux Mascareignes et en Mer Rouge, plus élevé en Afrique de l’Est où l’espèce vient au deuxième rang des apports. On peut évaluer à une quarantaine de tonnes les mises à terre annuelles de ce crustacé dans la région africaine de son aire de répartition.

l’intensité de l’éclairement élimine P. Zongipes.

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Les cartes et graphiques qui illustrent cette étude ont été réalisés par le Service cartogra- phique de 1’ORSTOM.

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