l'avenir du travail - notre "contre-projet" pour le droit du travail

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  • 8/19/2019 L'avenir du travail - Notre "Contre-projet" pour le droit du travail

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    L’AVENIR DU TRAVAILNotr « contr-réform » d droi d travai

    Désarmer le droit du travail n’a rien de moderne, au contraire. Nous y voyonsplutôt un fatalisme déjà dépassé, sans principes, ni ambition face au chô-mage de masse que la crise de 2008 et les politiques macroéconomiquesétouffant la reprise ont propulsé à plus de 10%.

    La démarche imposée par la loi « Travail » n’a rien de celles que doit reven-diquer la social-démocratie. Elle n’a pas construit le compromis social degrande ampleur dont notre pays a tant besoin. Inuencée par les lobbys pa-tronaux, elle se contente d’un accord à la sauvette avec une part seulementdes partenaires sociaux.

    Elle s’est même évadée des règles élémentaires de la démocratie socialeque le Président de la République avait désignée comme l’une des marquesde ce quinquennat. Le cheminement unanimement décrié de ce projet de

    loi en fait une réforme unilatérale, sans concertation préalable sérieuse surles points durs, ni négociation à aucune des principales étapes. La brutalitésous-jacente et la menace toujours présente de l’usage de l’article 49-3 sontinacceptables pour le Parlement et le Parti socialiste. Là comme ailleurs, laforme en dit beaucoup sur le fond.

    Nous avons souhaité aller beaucoup plus loin que la simple critique. Elleest aisée, à la veille du conseil des ministres ! Les motifs sont nombreux,car ce texte est dangereux.

    Nous proposons ici une autre réforme. Ambitieuse pour tous, pour lessalariés comme pour les entreprises. Nous n’ignorons pas les attentesdes entreprises en matière de formation professionnelle, de meilleurelisibilité du code du travail. Mais l’esprit de réforme, ce n’est pas de cé-der aux discours des puissants, mais plutôt de construire ensemble lesprotections adaptées aux formes nouvelles de l’économie.

    «Le problème n’est pas tant de réformer un code que de restau-rer la conance dans le projet de société pour lequel les réformes

    sont engagées». Daniel Cohen

    Mar 2016

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    1. « CETTE LOI VISE À RÉPONDRE AUDUALISME DU MARCHÉ DU TRAVAILNUISIBLE AUX OUTSIDERS (JEUNESET PRÉCAIRES). »

    La philosophie de la loi « Travail »

    La théorie insiders/outsiders  apparaît àla n des années 80. Il s’agit d’expliquer ledualisme du marché du travail par une tropgrande protection accordée aux personnes

    en emploi pérenne. Sur ce foncement théo-rique, les think tanks libéraux, le patronat et ladroite française dénoncent depuis 20 ans lesrigidités du CDI pour expliquer le chômageélevé et la précarité d’une part importante dela population. La nouveauté vient de l’appro-priation de cet argumentaire par un gouver-nement socialiste. 83% d’embauches se fonten CDD. C’est sur ce chiffre que le gouverne-ment insiste pour appuyer son propos.

    Notre vision

    La réalité de l’emploi est bien différentedes axiomes libéraux.  Une étude de laDARES (2014)1  sur la période 2000-2012montre que la part des CDI dans l’emploi estrestée stable autour de 87% des salariés dusecteur privé. Cependant, sur la même pé-riode, la part des contrats temporaires (inté-rim et CDD) dans les embauches a augmentéet leur durée moyenne a nettement baissé.

    En réalité, c’est l’embauche en CDD de moinsd’un mois (voire une semaine) qui explose. En2012, seulement 21 % des intentions d’em-bauche en CDD concernent des CDD de plusd’un mois, contre 37 % début 2000. On a dumal à croire qu’un CDI, même exibilisé,puisse se substituer à un contrat hebdoma-daire ou mensuel.

    En outre, cette lecture duale et caricatu-rale sous-estime le continuum de situa-

    tions entre chômeurs et salariés,  le travailprécaire, le fait qu’une même personne peut

    connaître une diversité de situations tout aulong de sa vie professionnelle... Il n’existe pasde « stocks » de précaires à opposer à des «nantis », la Gauche ne saurait alimenter cettefausse opposition entre les uns et les autrespour introduire de la précarité… dans les CDI.

    En outre, il est illusoire de croire qu’une exi-bilisation accrue du marché du travail per-mettra d’aider les plus fragiles : les moinsqualiés, les jeunes, les seniors… seront tou-

     jours les premières victimes de la précarité,car abaisser les protections des mieux proté-gés, c’est en réalité abaisser les protectionsde tous, et accroître la précarité des plus vul-nérables.

    Enn, cette recherche de justication so-ciale à une réforme libérale est un contre-sens politique. Le mouvement socialiste nesaurait aujourd’hui substituer cette fausseopposition entre insiders   et outsiders   à ce

    qui devrait, même si les rapports salariaux nesont pas toujours conictuels, demeurer aucœur de nos combats : la confrontation d’in-térêts entre le capital et le travail. Or, c’est legrand oubli des débats actuels sur la naturemême de notre modèle de production.

    2. « SÉCURISER LE LICENCIEMENT FA-VORISE L’EMBAUCHE. »

    La philosophie de la loi « Travail »

    Manuel Valls (RTL 23.02) : «Ce que nous vou-lons démontrer c’est que le chef d’entreprisene doit plus avoir peur d’embaucher parcequ’il aurait éventuellement peur de licen-cier. Nous voulons donner plus de souplesseaux entreprises. Ça leur donne la possibilitéd’embaucher d’avantage et si c’est bon pourl’emploi, c’est bon pour les salariés et pour lechômage».

    Plus que faciliter le licenciement, le gouverne-ment cherche à réduire les incertitudes liées à

     AUTOUR DE LA LOI « TRAVAIL » :DEUX VISIONS DE SOCIÉTÉ, DEUX VISIONS DU PROGRÈS

    La loi « Travail » repose de façon assumée sur une philosophie libé- rale et régressive, sur l’instauration d’un modèle social dont nousne partageons pas les fondements.

    1 DARES, « Entre 2000 et 2012, forte hausse des embauches en contrats temporaires, mais stabilisation de la part des CDIdans l’emploi », Juillet 2014

    L’avenir du Travail, Notre « contre-réforme » du droit du travail - Mars 2016 

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    l’embauche. C’est ainsi qu’a été notammentjustié le plafonnement des indemnités su-pra-légales pour licenciement abusif.

    Notre vision

    La protection de l’emploi en CDI n’est passource de chômage. Selon les données del’OCDE2, la protection des contrats à duréeindéterminée est plus importante en Alle-magne, mais également aux Pays-Bas, enAutriche ou en Suède. Or, ces Etats sont pré-sentés comme des modèles en termes demise en œuvre de « réformes structurelles ».

    En outre, il n’existe pas de consensusscientique permettant d’établir un lienentre protection de l’emploi et hausse duchômage. Proposer une réforme sur ce fon-dement n’a rien de pragmatique. Le gouver-nement ne fait que céder aux assertions libé-rales.

    Enn, c’est avant toute chose l’activitééconomique qui favorise l’embauche. Lesmesures de baisses d’impôts et cotisationssur les entreprises nancées par les ménageset les restrictions budgétaires compressentl’activité. L’OFCE estime qu’une croissancedu PIB de 1,5% constitue un plancher pour

    assurer une baisse conséquente du taux dechômage.

    3. « CETTE LOI EST UNE RÉPONSE À LACOMPLEXITÉ DU DROIT DU TRAVAILDONT LES PREMIÈRES VICTIMES SONTLES SALARIÉS ET LES EMPLOYEURSDES TPE ET PME. »

    La philosophie de la loi « Travail »

    Emmanuel Macron : « Notre Code du travailest beaucoup trop complexe si bien que lessalariés connaissent mal leurs droits. »

    François Asselin  (CGPME) : « A force degrossir et de se complexier, les acteurs enont été dépossédés, ils ne le [droit du travail]maîtrisent plus. Là où il devait uidier les ini-tiatives, il est venu ger les positions. »

    Le MEDEF dénonce un code du travail passé

    de 1000 à 3000 pages en 25 ans.

    Notre vision

    La complexité supposée du code du travails’explique au moins par deux raisons: d’unepart, parce qu’il est le produit d’une tensionentre des exigences contradictoires (d’uncôté la liberté d’entreprendre et d’organisa-tion de l’employeur, de l’autre le respect desdroits des salariés) ; d’autre part, par souci de

    s’adapter à la diversité des entreprises, selonleur taille notamment.

    En outre, la simplication n’est pas le sou-ci du gouvernement qui s’est plutôt atteléà une refondation du code du travail, alorsmême qu’il y eu une recodication à droitconstant, c’est-à-dire sans modication autreque formelle des règles, en 2008. Rappelonsque le code du travail s’est construit pour pro-téger les salariés d’une situation intrinsèque-

    ment inégale marquée par le principe de su-bordination à l’employeur.

    Pour autant, le droit actuel est trop com-plexe. Il faut le rendre plus clair et plus acces-sible. Cette réforme à droit constant exigeraitdes objectifs clairs et un pilotage politiquepour les faire respecter.

    Mais la simplication peut être dangereusesi le code du travail est trop ou ou tropgénéral.  Cela conduira à redonner plus depouvoirs aux juges qui sont saisis des litigesliés au travail ; faire reculer le domaine de laloi c’est prendre le risque d’une judiciarisationaccrue des relations sociales. En Allemagne, lecode du travail comporte 3000 pages (édition2012). Si la partie normative est plus réduitequ’en France, celle relative à la jurisprudenceest bien plus épaisse.

    4. « LES PAYS EUROPÉENS ONT EN MA- JORITÉ MIS EN PLACE DES MESURES

    SIMILAIRES AVEC DES RÉSULTATS PRO-BANTS. »

    La philosophie de la loi « Travail »

    Les partisans de la loi «Travail», privés del’exemple allemand, se tournent vers les Etatsdu sud de l’Europe pour justier la réforme.Parmi eux l’Italie ou l’Espagne sont souvent ci-tés pour avoir mis en œuvre le même type demesures depuis 2011. En Italie, le « Jobs act»  entré en vigueur en mars 2015, est présentécomme la réforme à l’origine de la baisse de1 point de chômage entre décembre 2014 et

    2   Indicateurs de l’OCDE sur la protection de l’emploi 3 Données ISTAT 

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    décembre 2015. Celui-ci retrouve son niveaude 2012. En 2015, 135 000 ont été créés enCDI contre 25 000 en 20143.

    Cette justication par l’efcacité est rejointepar l’impératif de cohésion. Dans le dernierrapport du Conseil d’orientation pour l’em-ploi, sa présidente s’exprime en ces termes : «Aujourd’hui, nos économies sont interconnec-

    tées, et cela d’autant plus dans une zonemonétaire intégrée où le taux de change necorrige pas des écarts de compétitivité. Il estimpératif de regarder ce qui se fait dans lesautres pays, tout en tenant compte de la spé-cicité de chacun ».

    Notre visionLes mesures de exibilité du marché du tra-vail votées par les pays du Sud de l’UE nesont pas des gages de création d’emploi. 

    Tout d’abord parce qu’elles émanent de paysen grande difculté. Il est pour le moins ori-ginal de prendre en exemple l’Italie dont letaux de chômage a doublé depuis 2008 etreste très élevé aujourd’hui (11,5%) avec unchômage des jeunes à 40%. Pis encore en Es-pagne, où le taux de chômage atteint 20% dela population active.

    En outre, une étude du Trésor sur l’écono-mie italienne, datée de février 20164, ap-pelle à la retenue : « sur la hausse totale del’emploi en 2015, l’impact du Jobs Act est dif -cile à quantier ». La Banque d’Italie a néan-moins tenté d’estimer les effets du « Jobs act» à court terme, pour la seule région Vénétie.Les résultats montrent que l’augmentationde l’emploi salarié sur les 4 premiers mois del’année 2015 en Vénétie sont imputables à lareprise économique et au rattrapage d’après-crise (avec la baisse de la population active).Concernant le quart restant, les deux tiers se-raient attribuables aux exonérations de coti-

    sations sociales durant trois ans liées à l’em-bauche en CDI et seulement le dernier tiers…au « Jobs act » en lui-même. L’institution ita-lienne ajoute qu’« il est vraisemblable que desévaluations analogues soient applicables àl’ensemble de l’économie ».

    Enn, la Commission européenne ne pré-voit pas de reux du taux de chômage enItalien pour 2016  démontrant une fois deplus qu’appuyer la réforme française sur lesrésultats du « Jobs act » est au mieux hâtif, aupire malhonnête. Le taux de chômage italienreste aujourd’hui près de deux fois plus élevé

    qu’en septembre 2008 (6,6%).

    On ajoutera aussi l’impact négatif des ré-formes de l’emploi sur la pauvreté.  LeConseil d’orientation pour l’emploi écrit dansson rapport sur « les réformes du marché dutravail en Europe » (2015)5  que : « La pau-vreté au travail et la pauvreté tout court ontaugmenté en Europe. Si cela résulte naturelle-

    ment de la crise, on peut aussi y voir l’impactde certaines réformes. Des pays comme l’Alle-magne ou le Royaume-Uni, qui ont résolu leurproblème d’emploi, commencent à augmen-ter les salaires. » L’Allemagne subit une haussede son taux de pauvreté à mettre en parallèleavec la précarisation accrue liée aux réformesHartz.

    5. « CETTE LOI, C’EST LE PARI DU DIA-LOGUE SOCIAL. »

    La philosophie de la loi « Travail »Dès le mois de septembre, Myriam El Khomria présenté les objectifs de la future loi en cestermes : «La réforme du droit du travail, cen’est pas forcément une régression sociale,c’est renforcer le dialogue social.». L’inversionde la hiérarchie des normes telle qu’elle appa-raît dans le texte donne la primauté à l’accordd’entreprise dans de nombreux domaines. Lebut est de responsabiliser les partenaires so-ciaux en lien direct avec la réalité économique

    de leur entreprise.

    Notre visionIl ne s’agit pas d’être caricatural. Nombre d’ac-cords d’entreprises aboutiront à la protectiondes droits des salariés. Cependant les ac-cords signés dans les entreprises où les sa-lariés sont en situation de faiblesse peuventconduire à leur diminution. C’est un risquepour les salariés de l’entreprise en question.C’est aussi un risque pour les autres.

    En effet, l’accord de branche a pour méritepremier avec le principe de faveur qui in-terdit à l’accord d’entreprise d’y dérogerd’empêcher la concurrence d’entreprisesd’un même secteur par une pression à labaisse sur les droits des salariés (« dum-ping social »). Si certaines entreprises, mêmepeu nombreuses, signent un accord au rabais,alors l’argument de la concurrence pèserasur les droits de l’ensemble des salariés de labranche. La Loi de 2008 permet d’ores et déjàdes dérogations en matière de temps de tra-vail mais ses possibilités sont en l’état assezpeu exploitées.

    4 Direction général du Trésor, « Regard sur l’économie italienne », février 20165 Conseil d’orientation pour l’emploi, “Les réformes du marché du travail en Europe”, Novembre 2015 

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    LOI TRAVAILPRINCIPAUX DANGERS ET RÉGRESSIONS

    L’INVERSION DE LA HIÉRARCHIE DES NORMES REMET EN CAUSE LES PROTECTIONS DES SALARIÉS

    Le cœur du projet de loi reste le même. Dans un grand nombre de cas, c’est l’accord d’entreprisedénira la norme sociale. L’accord de branche interviendra uniquement par défaut.Les accords signés dans les entreprises où les salariés sont en situation de faiblesse peuventconduire à la diminution de leurs droits. C’est un risque pour les salariés de l’entreprise en ques-tion. C’est aussi un risque pour les autres.

    En effet, l’accord de branche a pour objectif premier dans le droit actuel d’empêcher la mise enconcurrence d’entreprises d’un même secteur et donc des droits de leurs salariés. Si certaines,même peu nombreuses, signent un accord au rabais, alors l’argument de la concurrence pèserasur les droits de l’ensemble des salariés de la branche.

    Le cas de la majoration des heures supplémentaires illustre le propos. C’est l’accord d’entreprisequi pourra la limiter à 10%. Là où les syndicats sont faibles, le risque est grand de voir la rémuné-ration des heures supplémentaires baisser et forcer les entreprises concurrentes à s’aligner.Par ailleurs, le verrou que pourrait constituer l’accord majoritaire est remis en cause par la possi-bilité de référendum qui affaiblit la légitimité des organisations syndicales.

    LES LICENCIEMENTS ÉCONOMIQUES FACILITÉS

    La réforme des licenciements économiques comporte deux parties.

    La première prévoit d’incorporer dans la loi les motifs de difcultés économiques, en précisantles critères d’évaluation de ces difcultés, notamment quatre trimestres consécutifs de baisse duchiffre d’affaires et deux trimestres consécutifs de perte d’exploitation.La seconde prévoit l’appréciation des difcultés économiques au seul niveau du territoire hexa-gonal pour les liales françaises d’un groupe, et non au niveau de l’ensemble du groupe.

    Si l’entreprise organise « articiellement » les difcultés économiques, le juge pourra requalier lelicenciement économique en licenciement dépourvu de cause réelle et sérieuse.Le juge ne pourra plus que constater la présentation «optique» présentée par l’entreprise, et direle licenciement justié. Il est donc complètement écarté En outre, les critères qui dénissent lesdifcultés économiques peuvent très simplement être contournés. Grâce à des montages nan-ciers et comptables élémentaires, une entreprise bénéciera dans les faits d’un droit à licencie-ment sans fondement. Enn, retenir le seul périmètre national pour l’appréciation des difcultés,c’est offrir une prime au licenciement économique dans les liales françaises des groupes étran-gers et européens.

    LE RETOUR DES « ACCORDS COMPÉTITIVITÉ-EMPLOI » DE NICOLAS SARKOZY 

    Les entreprises se voient offrir la possibilité de signer un accord permettant la modulation dutemps de travail (et donc du salaire horaire) pour préserver et/ou développer l’emploi. Un telaccord réduirait à néant toute capacité de résistance du contrat de travail.. Le salarié le refusantpourrait être licencié pour motif personnel. L’article tel que rédigé, retire quasiment toutes les

    contraintes qui existaient pour la signature d’un accord de ce type (difcultés conjoncturelles,licenciements économique). Cette disposition s’inscrit dans la lignée de la Loi Macron qui avaitdéjà retiré certaines barrières. Le ou des critères préalables à la signature de ces accords « of -fensifs » rend la possibilité d’en conclure quasi-permanente et participe d’une exibilisation fortede la législation sur le temps de travail.

    L’avenir du Travail, Notre « contre-réforme » du droit du travail - Mars 2016

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    1. GAGNER LA BATAILLE DE L’EMPLOIPAR LA DYNAMISATION DE L’ACTIVI-TÉ ÉCONOMIQUE ACCOMPAGNÉEDE MESURES CIBLÉES

    La exibilisation du marché du travail etl’insécurisation des salariés ne créerontpas d’emplois. Nous ne pouvons espérerréduire durablement le chômage de masse

    qu’en réunissant, au préalable, les condi-tions d’une redynamisation de l’activité éco-nomique. Des mesures fortes de soutien aupouvoir d’achat des classes populaires etmoyennes (par la réforme scale progressivenotamment) et à l’investissement des collec-tivités territoriales (rétablissement pour sou-tenir l’investissement public des dotationsbaissées ces dernières années) demeurentabsolument nécessaires. Le soutien publicaux lières d’avenir (numérique, transition

    énergétique, services à la personne…) etdes aides spéciques aux PME (réglementa-tion des délais de paiement et encadrementdes relations entre donneurs d’ordre etsous-traitants) feront à coup sûr diminuer lechômage. « A gauche pour gagner » porteces propositions depuis de nombreux moiset a eu l’occasion de les exprimer en détailsdans son « Agenda des réformes » en 20156.(mettre un lien)

    Pour accompagner cette réorientationde la politique économique en faveur del’emploi, un certain nombre de mesuresciblées doivent être prises pour réduirele chômage :

    • Initier un plan de soutien aux missionslocales  leur permettant notamment derenforcer leurs moyens humains au mo-ment où de nombreuses collectivités sedésengagent, alors que les missions lo-

    cales voient leur rôle renforcé (garantie jeunes, sortie des emplois d’avenir, dé-crocheurs, etc.).

    • Soutenir l’emploi associatif.  Les asso-ciations loi 1901, dans nombre de leurssecteurs d’activité, créent aujourd’huides emplois et ont des besoins de recru-tement, mais rencontrent des difcultésde modèle économique du fait de leurpositionnement non lucratif et du reculde l’aide de la puissance publique. Pouraider à la pérennisation des contrats ai-

    dés (emplois d’avenir notamment), àla stabilisation et à l’accroissement desrecrutements, une politique publiquede l’emploi associatif doit être mise enœuvre : dispositif scal permettant d’ennir avec la discrimination que subissentces structures empêchées, contrairementaux entreprises lucratives, de toucher le-bénécier du CICE, aide aux logiquesde mutualisation et groupements d’em-ployeurs, appui à la pérennisation des

    emplois d’avenir...

    • Améliorer les conditions du chômagepartiel.  L’Etat doit donc renforcer lesmoyens de Pôle emploi pour permettreun taux d’indemnisation plus généreuxet applicable plus longtemps en cas detravail fortement réduit et une instructionplus rapide des dossiers de demanded’activité partielle.

    • Déployer la puissance publique pourchasser les emplois dans les territoiresles plus touchés par le chômage. Deséquipes exclusivement dédiées à lalutte contre le chômage de longue du-rée piloteraient l’ensemble des actions :ces commissaires à l’emploi arrêteraientdes plans d’action à trois ans mobilisantautour d’objectifs précis la totalité desmoyens disponibles sur les territoires.Ils auraient la responsabilité d’étendre,

    après expérimentation, l’opération « zérochômeurs de longue durée ».

    NOTRE PROJET POUR L’EMPLOI

    ET LA PROGRESSION DES DROITS DES TRAVAILLEURS

    Savoir concilier en France la performance économique et la sécu- rité professionnelle, construire des protections adaptées à la miseen cause du salariat par les nouveaux modèles économiques émer- 

    gents : voici le sens de nos propositions de réforme.

    6 Lien : http://agauchepourgagner.fr/agendadesreformes/

    L’avenir du Travail, Notre « contre-réforme » du droit du travail - Mars 2016 

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    2. CONSTRUIRE UN MARCHÉ DU TRA-VAIL PLUS EFFICACE ET UN CODE DUTRAVAIL PLUS PROTECTEUR

    A. Restaurer la hiérarchie des normes,fondée sur le principe de faveur, le respectde la loi et la primauté de la conventioncollective de branche.

    Depuis plus de trente ans, la France a connuun mouvement continu de développementde la négociation d’accords dérogatoires àla loi au niveau des entreprises. La garantiedu rôle protecteur de la loi et la revalorisa-tion de la branche professionnelle dans lesnégociations collectives est dès lors un im-pératif économique et social majeur. Nousproposons de garantir par la loi les principesfondamentaux du droit du travail et les ga-ranties élémentaires des salariés, sans quedes dérogations puissent leur être imposéespar accord collectif. S’agissant du champ dela négociation collective (salaires, temps detravail, organisation du travail, …), nous pro-posons de revaloriser le rôle de la brancheprofessionnelle, qui devra xer les grandesnormes d’organisation du travail et de pro-tection des salariés.

    B. Réformer les prud’hommes dans lesens de l’efcacité et non de la régression

    Plutôt que de plafonner ou de conformerà un barêmebarème les indemnités de li-cenciement, il s’agit de donner de la lisibi-lité et de la prévisibilité en réformant lesprud’hommes:

    • Raccourcir les délais et améliorer la qua-lité de la procédure de jugement, notam-ment en imposant la non-recevabilité despièces communiquées hors des délaisprescrits par le bureau de conciliation etd’orientation.

    • Augmenter le nombre de juges dépar-titeurs en commençant par les plus grosConseils qui traitent à eux seuls la moitiédes affaires. 3

    C. Face à l’ination des contrats courtset précaires, instaurer une sur-cotisationsur le principe du « pollueur-payeur »

    Agir contre le chômage nécessite égale-ment de lutter contre la précarité de l’em-ploi.

    • Moduler les cotisations employeur àl’assurance-chômage, non selon le typede contrat de travail comme l’a instau-ré la loi du 14 juin 2013 sur la sécurisa-tion de l’emploi, avec des exemptionspour la majorité des contrats courts (in-térim, saisonniers), mais selon le coûtinduit pour l’assurance chômage.  Le

    taux de cotisation de chaque entrepriseserait déterminé en fonction du solde deses cotisations et des dépenses d’indem-nisation de ses ex-salariés au chômage,quel que soit le type de contrat sur lequelils sont embauchés.

    • Renforcer les sanctions administrativesen cas de recours abusif au travail précaire(contrats à durée déterminée et travailtemporaire) pour renforcer les capacités

    d’action de l’inspection du travail.D. Moderniser le travail au prot dessalariés et l’adapter aux nouveaux modesde vie

    Moderniser le travail ce n’est pas travaillerplus pour gagner autant et dans de moinsbonnes conditions. «A gauche pour ga-gner» propose cinq réformes de progrèssocial pour adapter nos règles au monde

    du travail du 21e siècle :• Relancer une dynamique de partage du

    temps de travail.  Aujourd’hui, le travailest déjà partagé (et réduit pour certainset certaines) entre ceux qui travaillent 0heures (les chômeurs), ceux qui travaillentà temps plein (en moyenne 39.6 heureshebdomadaires selon l’INSEE) et ceux–surtout celles-, qui travaillent à tempspartiel et n’ont pas les moyens d’en

    vivre : plus de la moitié des travailleurs àtemps partiels perçoivent moins de 800euros par mois. Le choix n’est donc pasentre partage ou non du temps de tra-vail, mais entre partage « sauvage » telqu’il se pratique aujourd’hui et un par-tage qui permette à d’avantage de gensde travailler. La réduction du temps detravail, qui ne doit plus être nécessaire-ment pensée sous un prisme hebdoma-daire, mais en lien avec le temps de tra-

    vail tout au long de la vie, les périodesde formation, de congés d’engagement,de reprise d’études… doit s’articuler avecla mise en œuvre du compte personnel

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    d’activité. Plus précisément, « A gauchepour gagner » propose de franchir unepremière étape dès 2017 en organi-sant le passage aux 32h (payées 35h)pour les travailleurs de nuit même encas de modulation du temps de travail (letravail de nuit est particulièrement dan-gereux pour la santé physique et moraledes individus) et pour tous les travauxpénibles. En attendant, les 35h doiventêtre renforcées en xant un plancher demajoration des heures supplémentairesde 25%, et 50% à partir de la septièmeheure supplémentaire sans possibilité deremise en cause par convention ou ac-cord collectif.

    • Atteindre enn l’égalité femmes-hommes au travail. La loi doit xer un

    délai d’un an, assorti d’astreintes et desanctions nancières, aux entreprisespour l’établissement de l’égalité salarialeentre femmes et hommes occupant unposte équivalent, à ancienneté et com-pétence égales. Les femmes de retourde congés maternité devront avoir la ga-rantie de retrouver un poste similaire etseront protégées pendant 18 mois.

    • Instaurer un « droit au temps libre et

    prévisible » en inscrivant dans la loi lanécessité d’un préavis d’au moins sept jours pour toute modication d’emploidu temps, un droit au refus des modi-cations d’horaires, une indemnité pourles interruptions du temps libre par l’em-ployeur et le principe d’un temps d’as-treinte rémunéré au moins au tiers dusalaire normal.

    • Faciliter la reconnaissance du burnout

    comme maladie professionnelleEn France des centaines de milliers detravailleurs sont exposés à un risque éle-vé d’épuisement professionnel («burnout»). Ceci est le plus souvent dû à unesurcharge de travail et a des modes d’or-ganisation délétères.Il faut aujourd’hui faciliter la reconnais-sance de l’épuisement professionnel,pour répondre aux difcultés et souf -frances des personnes concernées et

    inciter les entreprises à intégrer la pré-vention de ce risque dans leur politiquemanagériale et leur organisation du tra-vail.

    C’est pourquoi nous proposons de facili-ter la reconnaissance individuelle des casde « burn out » par les comités régionauxde reconnaissance des maladies profes-sionnelles, en abaissant le seuil d’instruc-tion des dossiers, aujourd’hui xé à untaux minimum d’incapacité permanentepartielle (IPP) de 25%, seuil qui éliminel’immense majorité des cas de «burnout».Nous proposons également que la com-position des comités régionaux soit ren-forcée et ouverte à des professionnelsspécialistes des risques psychosociaux,an de faciliter l’identication et la pré-vention du «burn out».

    E. Les nouvelles protections dansl’économie numérique émergente.

    La numérisation de l’économie prend deuxformes : la numérisation accélérée des en-treprises existantes, « traditionnelles » etl’apparition des formes inédites de la nou-velle économie, parmi les quelles les plates-formes et les modèles collaboratifs.

    L’impact est déjà considérable sur le salariat,les collectivités de travail…Le phénomèneUber le démontre. Mais ce n’est qu’un do-maine parmi tous les modèles qui explosent:

    l’hébergement touristique, la restauration,le transport, les auto-écoles, les services àla personne connaissent le même sort. Desemplois sont crées, beaucoup sont détruits.Ces évolutions produisent de l’externalisa-tion, et des emplois précaires là où le sala-riat était la règle : le numérique se nourrit del’essor du travail indépendant.

    Pour protéger aujourd’hui, il faut innover.Une réforme du code du travail en 2016 ne

    saurait l’ignorer. C’est l’un des principauxpoints aveugles de la loi « Travail », déjà dé-passée avant d’être déposée.

    • Adapter le droit du travail à la numéri-sation de l’économie en luttant contrele salariat déguisé de l’économie col-laborative.  La loi doit organiser la re-qualication en salariés des travailleursdes plates-formes numériques employéssous statut d’indépendant, mais se trou-

    vant en situation de « sur-subordination »vis-à-vis de la plateforme. Le critère de ladépendance économique doit être pré-cisé dans ce but.

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    • Réglementer les plateformes : pour sor-tir de la jungle de l’uberisation, l’éco-nomie numérique doit se développer,mais aussi être régulée en temps réel. « L’intermittence permanente et généra-lisée » subie ne saurait êttre un projet desociété. Le droit du travail doit reconnaîtreune responsabilité sociale des plates-

    formes. En l’état, elles affaiblissent la pro-tection sociale des travailleurs, qu’ellesmobilisent, fragilisent le nancement dela Sécurité sociale (sans oublier les pertesde recettes scales et la concurrence dé-loyale, destructrice d’emplois).

    • Protéger les travailleurs d’une dégra-dation numérique de leurs conditionsde travail.  Le numérique, avec l’omni-présence de la messagerie électronique,peut conduire à une intensication du tra-vail, facteur de risques psycho-sociaux, àune altération de l’équilibre entre vie pri-vée et vie professionnelle, et à l’isolementdans le télétravail, s’il est mal organisé. Latraçabilité des salariés, de leur mobilité etde leurs performances contribuent éga-lement à la pression accrue et aux nou-veaux stress.Pour protéger les travailleursde telles dérives, le projet de loi El Khomri

    fait un premier pas en évoquant un « droità la déconnexion », qui reste cependantvirtuel puisque renvoyé, en l’absenced’accord, au bon vouloir de l’employeur.Il faut également aller plus loin en cla-riant les conditions d’exercice et lesdroits collectifs du télétravail.

    • Promouvoir les coopératives. Les struc-tures coopératives (SCOP, CAE, SCIC…)sont très bien adaptées à l’économie nu-mérique. Elles ouvrent en outre, à l’imagedes coopératives d’activités et d’emplois,une troisième voie entre travail salariésubordonnée et travail indépendant pré-carisé, en répondant à une demande dedémocratie sociale par la participation dechaque employé à la gestion et au capitalde l’entreprise. Ces nouvelles formes depropriété sociale d’entreprise en phaseavec l’économie numérique doivent être

    davantage encouragées et soutenues,notamment par le Programme d’investis-sement d’avenir.

    F. Redonner de la sécurité dans uneéconomie désormais « éclatée ».

    Plus que la division  « insiders/outsiders »,c’est désormais la différence de situationentre les salariés des grands groupes don-neurs d’ordre ou des franchiseurs, et ceuxdes entreprises sous-traitantes, franchisées,et des travailleurs indépendants externali-sés…qui constituent le vrai fossé entre sécu-rité et précariat.

    L’extension de la notion de coemployeur permettrait aux « sous-traités » d’avoir enface d’eux les sociétés et les groupes quidétiennent en réalité une bonne part dulien de subordination et du pouvoir écono-mique, et donc de leur destin professionnel.Ces travailleurs pourraient exercer le droit

    syndical dans les deux entreprises, partici-per aux élections professionnelles, intégrerles CHSCT, bénécier des formations ou desrestaurants d’entreprise…et donc sortir dela sous-condition dans laquelle ils sont relé-gués (par exemple dans les entreprises desécurité, de propreté, de maintenance…)

    3. CRÉER UNE VÉRITABLE SÉCURITÉ SO-CIALE PROFESSIONNELLE, DANS LECADRE D’UNE PROTECTION SOCIALEREFONDÉE

    Nous croyons que la mise en place duCompte Personnel d’Activité peut être leprélude à une évolution majeure de notremodèle social, à l’obtention de nouveauxprogrès sociaux, de nouvelles conquêtes so-ciales pour la France au 21eme siècle.. Maisà certaines conditions.

    A l’inverse de ce qui est actuellement pré-vu dans le projet de loi, nous ne voulonspas d’un CPA se résumant à une simple jux-taposition de droits existants, et « vendu» comme une contrepartie à un recul desdroits et protections. Nous croyons qu’ilfaut, au contraire, inscrire dès à présentle CPA dans une démarche de long terme,comme la première pierre de la sécuritésociale professionnelle que nous appelonsde nos vœux, dans le cadre d’une protec-tion sociale refondée.

    Cette sécurité sociale professionnelle quenous défendons permettrait de répondre àdeux objectifs essentiels dans la période :

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    • créer des nouveaux droits pour permettreaux citoyens de construire des transitionset des évolutions sécurisées dans leurstrajectoires personnelles et profession-nelles, de s’émanciper dans un environ-nement du travail mouvant, de bénécierd’une autonomie renforcée dans un cadrecollectif garanti ;

    • répondre à la nécessité de la protectionsociale des travailleurs-non-salariés, sanslaquelle le risque d’une dualité crois-sante sur le marché du travail, entre ceuxqui bénécient de l’ensemble des droitsrattachés au salariat « traditionnel », etceux qui en sont partiellement ou totale-ment exclus (précaires, travailleurs indé-pendants...), sera un besoin grandissant.

    Réussir le pari de cette sécurité sociale pro-fessionnelle demande donc de s’accorder aupréalable sur deux éléments :

    • l’afrmation des principes clairs quidoivent guider la philosophie, la mise enplace et les objectifs du CPA, comme pre-mière pierre de cette SSP ;

    •• la proposition d’une méthode et d’un ca-

    lendrier à déployer autour de cette visionpartagée

    Du CPA à la SSP : se mettre d’accord surles principes et les objectifs

    Le CPA ne saurait être une contrepartie àun marché du travail davantage éxibili-sé et précarisé : c’est en ce sens que nousnous opposons à la loi «travail» et à sa phi-losophie, et que nous refusons le marchan-

    dage actuellement proposé entre facili-tation des licenciements, inversion de lahiérarchie des normes et mise en place duCPA. Il faut au contraire à la fois de nouvellesprotections dans le code du travail, et denouveaux droits garantis à travers la sécuri-té sociale professionnelle. Le CPA serait unepremière brique. C’est en ce sens que nousdemandons le retrait de la loi «Travail» et lamise en place du CPA dans un autre textelégislatif qui lui serait pleinement dédié.

    Le CPA est une brique de la mise en placed’une sécurité sociale professionnelle, quidoit elle-même s’inscrire dans le cadre d’une

    protection sociale refondée, autour d’unprincipe : dans la lignée des «droits de tiragesociaux» dénis par Alain Supiot, les droitsne doivent plus être rattachés au statut,au type d’emploi ou d’activité profession-nelle exercés, mais bien à la personne ; etdoivent permettre d’exercer des libertéstout au long de la vie grâce aux liens de

    solidarité.Dans cette vision, la protection sociale doitêtre considérée comme un investissementet non comme un coût, ce qui implique queles politiques publiques cessent de réduireles recettes de la protection sociale (fuite enavant des exonérations de cotisations so-ciales) et de se xer des objectifs contre-pro-ductifs de réduction des dépenses (cf lesactuelles pressions aux économies lors des

    négociations en cours pour l’assurance chô-mage).

    En résumé, l’enjeu de cette SSP est deconstruire de nouvelles possibilitésd’émancipation et de progrès pour lescitoyens, dans leurs trajectoires person-nelles et professionnelles, et pas la miseen place de « bouées de sauvetage » dansun marché du travail davantage instableet précarisé.

    Défnir une méthode et un calendrier

    Il faut sortir de la dictature du court-termeet de l’obsession de la communication pourproposer une vision d’ensemble et de longterme. Il est impératif de mettre en placeet de xer dès à présent, sur plusieurs an-nées, un calendrier présentant les étapes quipermettront d’inscrire cette première pierrequ’est le CPA dans la mise en place d’une sé-curité sociale professionnelle, au sein d’uneprotection sociale refondée.

    Des négociations avec les partenaires so-ciaux devront ainsi se tenir pour évoquer lessujets suivants :

    • dénition des droits garantis au sein decette protection sociale refondée : droitsgarantis comme les prestations familleet santé - droits en dotation comme laformation professionnelle - droits spéci-ques comme les prestations handicap,aidants… - droits accumulés comme chô-mage, épargne salariale ...

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    • conditions de portabilité de ces droitsentre toutes les situations profession-nelles, et de fongibilité

    • gouvernance et nancement... Avecl’objectif de garantir une effectivité per-sonnelle de droits nancés de manièrecollective.

    Dans la première étape qui pourrait avoirlieu cette année autour de la création duCPA, il s’agit :

    a. de stabiliser et d’approfondir lesdroits actuellement prévus dans le CPA:

    • effectivité du Compte de Prévention dela Pénibilité, avec nancements mobili-

    sés en conséquence

    • montée en puissance du Compte Per-sonnel de Formation, qui nécessite suiviet accompagnement dans le cadre dela mise en œuvre de la récente réformede la formation professionnelle (mise enplace effective d’un conseil en évolutionprofessionnelle suivi de la conséquencedu passage de l’obligation de dépenser

    à l’obligation de former, clarication etsimplication du système des listes éli-gibles aux formations).

    b. d’aller dès à présent plus loin, dansle CPA, en matière de formation tout aulong de la vie

    • Mobiliser des nancements nouveauxpour la formation des décrocheurs, despersonnes les plus éloignées de l’em-ploi, et des travailleurs non-salariés :produit de la sur-cotisation des contratsprécaires, redéploiement d’une partiedu pacte de responsabilité, taxation desplateformes numériques…

    • Accentuer l’aide aux structures de l’In-sertion par l’Activité Economique quiassurent l’accompagnement social despersonnes les plus éloignées de l’emploi

    et rencontrent aujourd’hui des difcultésde nancement de leurs missions et desformations

    c. d’intégrer au CPA un compte «Re- tour à l’emploi»  qui permettrait la portabili-té des droits aux allocations chômage, dansle prolongement des droits rechargeablesmis en place par la loi de sécurisation del’emploi de 2013.

    d. d’intégrer au CPA l’épargne sala- 

    riale, qui actuellement ne peut être mo-bilisée qu’à la n du contrat de travail, etpermettre son utilisation pour des heuresde formation ou des heures d’engagementdans des activités non-marchandes

    4. RENFORCER LE DIALOGUE SOCIALEN REDYNAMISANT LE SYNDICA-LISME

    La négociation collective et le dialogue

    social ne peuvent être approfondis que siles partenaires sociaux sont dans une re-lation équitable : sans syndicats forts, lessalariés demeureront en position défavo-rable.  « A gauche pour gagner » proposedonc un grand plan de relance du syndica-lisme qui se traduirait par une campagne as-sumée par les pouvoirs publics sur l’intérêtde la syndicalisation, par l’accroissement(comme en Allemagne) de la présence desreprésentants syndicaux dans les conseils

    d’administration des entreprises an derendre plus attractifs les mandats syndicauxet le vote aux élections professionnelles etpar   la limitation du cumul des mandatssyndicaux dans le temps  pour favoriserl’accès aux responsabilités syndicales. Plusdiscutée, l’instauration d’un chèque syndi-cal doit faire l’objet d’un débat préalabledans le monde professionnel.

    Cette revalorisation du dialogue social

    doit enn s’appuyer sur les outils numé-riques. Le projet de loi fait un premier pasen ouvrant sous conditions l’accès de l’intra-net d’entreprise aux syndicats. Mais il fautaller plus loin : en prévoyant également unaccès syndical à la messagerie électroniquede l’entreprise ; en créant, comme l’a fait lesyndicat allemand IG Metall avec la plate-forme FairCrowdWork Watch, un site inter-net public de notation des entreprises (etnotamment des plateformes de l’économie

    collaborative) par les salariés eux-mêmes,permettant ainsi de faire remonter des in-formations sur leurs conditions de travail se-lon une logique de réputation et de diffuserles bonnes pratiques.

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    L’AVENIR DU TRAVAILNotr « contr-réform » d droi d travai

    Ont contribué à ce document : Laurent Baumel, Fanélie Carrey-Conte, PascalCherki, Gaëtan Gorce, Marie-Noëlle Lienemann, Christian Paul, Denys Robiliard,Barbara Romagnan et Gérard Sebaoun.