l'Écriture dit : j'ai cru, c'est pourquoi j'ai parlé. et nous

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- 10 juin 2018 - 10ème dimanche du Temps Ordinaire - Année B « Qui est ma mère ? qui sont mes frères ? » L'Écriture dit : J'ai cru, c'est pourquoi j'ai parlé. Et nous aussi, qui avons le même esprit de foi, nous croyons, et c'est pourquoi nous parlons. Car, nous le savons, celui qui a ressuscité le Seigneur Jésus nous ressuscitera, nous aussi, avec Jésus, et il nous placera près de lui avec vous. Et tout cela, c'est pour vous, afin que la grâce, plus largement répandue dans un plus grand nombre, fasse abonder l'action de grâce pour la gloire de Dieu. C'est pourquoi nous ne perdons pas courage, et même si en nous l'homme extérieur va vers sa ruine, l'homme intérieur se renouvelle de jour en jour. 2 Co 4,13-16 Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 3,20-35 Alors Jésus revient à la maison, où de nouveau la foule se rassemble, si bien qu'il n'était même pas possible de manger. Les gens de chez lui, l'apprenant, vinrent pour se saisir de lui, car ils affir- maient : « Il a perdu la tête. » Les scribes, qui étaient descendus de Jérusalem, disaient : « Il est possédé par Béelzéboul ; c'est par le chef des démons qu'il expulse les démons. » Les appelant près de lui, Jésus leur dit en parabole : « Comment Satan peut-il expulser Satan ? Si un royaume est divi- sé contre lui-même, ce royaume ne peut pas tenir. Si les gens d'une même maison se divisent entre eux, ces gens ne pourront pas tenir. Si Satan s'est dressé contre lui-même, s'il est divisé, il ne peut pas tenir ; c'en est fini de lui. Mais personne ne peut entrer dans la maison d'un homme fort et pil- ler ses biens, s'il ne l'a d'abord ligoté. Alors seulement il pillera sa maison. Amen, je vous le dis : Tout sera pardonné aux enfants des hommes : leurs péchés et les blasphèmes qu'ils auront profé- rés. Mais si quelqu'un blasphème contre l'Esprit Saint, il n'aura jamais de pardon. Il est coupable d'un péché pour toujours. » Jésus parla ainsi parce qu'ils avaient dit : « Il est possédé par un esprit impur. » Alors arrivent sa mère et ses frères. Restant au-dehors, ils le font appeler. Une foule était assise autour de lui ; et on lui dit : « Voici que ta mère et tes frères sont là dehors : ils te cherchent. » Mais il leur répond : « Qui est ma mère ? qui sont mes frères ? » Et parcourant du regard ceux qui étaient assis en cercle autour de lui, il dit : « Voici ma mère et mes frères. Celui qui fait la volonté de Dieu, celui-là est pour moi un frère, une sœur, une mère. » Acclamons la Parole de Dieu.

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Page 1: L'Écriture dit : J'ai cru, c'est pourquoi j'ai parlé. Et nous

- 10 juin 2018 - 10ème dimanche du Temps Ordinaire - Année B « Qui est ma mère ? qui sont mes frères ? »

L'Écriture dit : J'ai cru, c'est pourquoi j'ai parlé. Et nous aussi, qui avons le même esprit de foi, nous croyons, et c'est pourquoi nous parlons. Car, nous le savons, celui qui a ressuscité le Seigneur Jésus nous ressuscitera, nous aussi, avec Jésus, et il nous placera près de lui avec vous. Et tout cela, c'est pour vous, afin que la grâce, plus largement répandue dans un plus grand nombre, fasse abonder l'action de grâce pour la gloire de Dieu. C'est pourquoi nous ne perdons pas courage, et même si en nous l'homme extérieur va vers sa ruine, l'homme intérieur se renouvelle de jour en jour. 2 Co 4,13-16

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 3,20-35

Alors Jésus revient à la maison, où de nouveau la foule se rassemble, si bien qu'il n'était même pas possible de manger. Les gens de chez lui, l'apprenant, vinrent pour se saisir de lui, car ils affir-maient : « Il a perdu la tête. » Les scribes, qui étaient descendus de Jérusalem, disaient : « Il est possédé par Béelzéboul ; c'est par le chef des démons qu'il expulse les démons. » Les appelant près de lui, Jésus leur dit en parabole : « Comment Satan peut-il expulser Satan ? Si un royaume est divi-sé contre lui-même, ce royaume ne peut pas tenir. Si les gens d'une même maison se divisent entre eux, ces gens ne pourront pas tenir. Si Satan s'est dressé contre lui-même, s'il est divisé, il ne peut pas tenir ; c'en est fini de lui. Mais personne ne peut entrer dans la maison d'un homme fort et pil-ler ses biens, s'il ne l'a d'abord ligoté. Alors seulement il pillera sa maison. Amen, je vous le dis : Tout sera pardonné aux enfants des hommes : leurs péchés et les blasphèmes qu'ils auront profé-rés. Mais si quelqu'un blasphème contre l'Esprit Saint, il n'aura jamais de pardon. Il est coupable d'un péché pour toujours. » Jésus parla ainsi parce qu'ils avaient dit : « Il est possédé par un esprit impur. » Alors arrivent sa mère et ses frères. Restant au-dehors, ils le font appeler. Une foule était assise autour de lui ; et on lui dit : « Voici que ta mère et tes frères sont là dehors : ils te cherchent. » Mais il leur répond : « Qui est ma mère ? qui sont mes frères ? » Et parcourant du regard ceux qui étaient assis en cercle autour de lui, il dit : « Voici ma mère et mes frères. Celui qui fait la volonté de Dieu, celui-là est pour moi un frère, une sœur, une mère. » – Acclamons la Parole de Dieu.

Page 2: L'Écriture dit : J'ai cru, c'est pourquoi j'ai parlé. Et nous

Marc 3, 31-35 : s’ouvrir à l’imprévu de Dieu Marc souligne par deux fois (v. 31 et 32) que sa mère et ses frères sont dehors. Dehors, non pas au sens extérieur, mais dehors au sens qu’à leurs yeux, Jésus est fou (Mc 3, 21). Les gens de chez lui (v.21) ne reconnaissent plus Jésus tant il déroge à l’éducation qu’il a reçue. Son com-portement est déraisonnable, inconcevable, anormal. Pour ses parents, Jésus a tellement changé qu’il a besoin d’être saisi (v.21), d’être ramené à l’ordre. Voilà le message central de ce passage. Jésus est tellement hors-norme que sa famille, les gens de chez lui, veulent le rame-ner à la raison. Au terme de ce passage, un renversement complet de situation se produit. Les siens (Mc 3, 21), la famille de sang de Jésus, ont plutôt été saisis par Jésus (Mc 3, 21), eux qui voulaient pourtant le saisir. Ils ont entendu Jésus les inviter à entrer dans sa famille et ils ont réalisé que Jésus ne retournait pas dans la sienne. Au lieu de saisir Jésus de l’extérieur, eux qui étaient de-hors, ils l’ont saisi de l’intérieur. Par en dedans. Au lieu de s’emparer du Jésus physique, ses proches ont été saisis, impressionnés, par le Jésus «projet nouveau», Parole neuve. Jésus ramène «à l’ordre» les gens de sa famille. Celle-ci observe que Jésus refuse de replâtrer le message religieux de son temps; elle perçoit, comme la foule assise à ses pieds, qu’il n’est pas si désorienté qu’il en a l’air. Les gens commencent à réaliser que le langage nouveau de Jé-sus éloigne la foule d’un athéisme religieux qui surgit d’une formulation morte de la foi, pour citer Jean Sullivan. Le pape Paul VI s’interroge sur le bien fondé de bien dire les choses de la foi si les gens n’y comprennent rien. Devant la foule, Jésus tient un langage plein de sens. Qui fait sens. La foule s’ouvre avec fébrili-té à la parole faite chair. Elle presse que la bonne nouvelle de celui qui a perdu la tête ne se re-trouve pas dans la mémorisation de toutes les lois, dans la récitation d’un rigoureux catéchis-me au langage incompréhensible ou encore dans la défense d’une institution. C’est dans la dé-sinstallation de ses sécurités qui naît d’une rencontre vraie assise aux pieds de Jésus, que se trouve la bonne nouvelle. La foule vit son annonce de la bonne nouvelle. Son annonciation. Assise aux pieds de Jé-sus, elle vit la surprise de Dieu. Elle vit avec une émotion palpable l’inattendu, l’imprévu, celui d’être visitée par Dieu. Et si c’était ça faire la volonté de Dieu ? Dans sa question qui est ma mère, Jésus donne lui-même une réponse : ce sont ceux et celles qui s’ouvrent à ce qui leur arrive, à l’imprévu de Dieu. Dieu n’annonce pas son arrivée à la sa-maritaine. Il n’a pas prévenu Paul qu’il va tomber de son cheval. Il n’a pas informé Charles de Foucauld qu’il passerait sa vie dans un désert. Il n’a pas annoncé à Marie qu’un ange la visite-rait. Il n’a pas annoncé à un journaliste septique qu’il allait se convertir en enquêtant sur la foi, rapporte le site Aleteia du 26/12/16. Pour Marie, cette surprise de Dieu s’ouvre sur un magnificat, un OUI à sa volonté, jusque dans les détails et non un OUI en général. Pour nous, elle nous pousse, comme réponse à l’imprévu de ce qui nous arrive, à clamer que ta volonté soit faite. Toute vraie rencontre avec Dieu repose sur cette certitude de ne pas prévoir ce que Dieu va faire. L’agir de Dieu, sa volonté, est impossible à prévoir, impossible à cerner, impossible à en-fermer dans nos schèmes de pensée.

Pour Marie, comme pour nous, la seule chose que nous pouvons nous dire, que nous pou-vons prévoir, c’est que Dieu nous attend encore au tournant, et que cet imprévu est la plus bel-le chose qui puisse nous arriver. AMEN.

Abbé G. Chaput