le capital social : un dÉterminant des coopÉrations …
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Université de Pau et des Pays de l’Adour
École doctorale ED481 « Sciences sociales et Humanités »
THÈSE DE DOCTORAT
Mention Sciences de Gestion
Soutenue publiquement le 19 octobre 2017 par
Sybille Ramon Dupuy
Après avis de :
Directeur Mme Sandrine Cueille Maître de conférences
Université de Pau et des Pays de l’Adour
Directeur Mme Céline Ohayon Professeur des Universités
Université de Bordeaux
Directeur M. Jean-Jacques Rigal Professeur émérite des Universités
Université de Pau et des Pays de l’Adour
Membres du jury :
Rapporteur M. Christophe Assens Professeur des Universités
Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines
Rapporteur M. Damien Talbot Professeur des Universités
Université Clermont Auvergne
Suffragant M. Christian-François Roques-Latrille
Professeur émérite des Universités
Université Paul Sabatier Toulouse III
Suffragant M. Thierry Verstraete Professeur des Universités
Université de Bordeaux
LE CAPITAL SOCIAL :
UN DÉTERMINANT DES COOPÉRATIONS
INTER-ORGANISATIONNELLES
TERRITORIALISÉES
Le thermalisme dans les Landes
L’université n’entend donner aucune approbation ni improbation aux opinions émises
dans ce document ; ces opinions doivent être considérées comme propres à leur
auteur.
« All knowledge is connected to all
other knowledge. The fun is in making
the connections. »
Arthur C. Aufderheide1
« Nous autres, Messieurs, nous voulons
vendre de l'eau. C'est par les médecins
que nous devons conquérir les
malades. »
Guy de Maupassant2
1 Arthur C. Aufderheide (1922–2013)
2 « Mont-Oriol » , Guy de Maupassant (1887), Victor-Havard (ed. Folio Classique, 2002, p. 189)
REMERCIEMENTS
Je remercie ici tous ceux qui m'ont accompagnée dans la conduite de cette passionnante
recherche, et qui ont partagé le chemin intellectuel, professionnel et personnel dans
l'élaboration de ma thèse.
Tout d'abord, je souhaite remercier mes directeurs de thèse pour s'être engagés dans mon
travail doctoral et pour la confiance qu'ils m'ont accordée. J'ai une profonde gratitude pour le
Professeur émérite Jean-Jacques Rigal pour son concours dans la méthodologie d'analyse et
pour sa grande disponibilité tout au long de ce travail. Je lui suis reconnaissante pour son
niveau d'exigence qui m'a guidée. Ensuite, mes remerciements vont à Sandrine Cueille, Maître
de conférences, qui par sa curiosité a contribué à initier cette recherche. Sa rigueur et sa
clairvoyance dans l'analyse sont un exemple pour moi. Je tiens à remercier également le
Professeur Céline Ohayon, Directrice de l'Institut du Thermalisme, qui a encadré ce projet en
me témoignant sa confiance. Son ouverture d'esprit m'a aidée à conduire cette démarche
scientifique.
J'adresse mes remerciements au Professeur Christian-François Roques-Latrille, Président de
l'Institut du Thermalisme et Président du conseil scientifique de l'AFRETh, qui a contribué par
ses suggestions et son éclairage à la présente étude.
Ma reconnaissance s'adresse aux membres du laboratoire CREG de l'IAE Pau-Bayonne pour
leurs conseils et leur bienveillance. Je remercie particulièrement M. Camille Chamard,
directeur de l'IAE Pau-Bayonne, les professeurs Jacques Jaussaud, Jean-Pierre Neveu, et
Antoine Renucci, ainsi que Mme Marie-Laure Grillat, Mme Gisèle Mendy-Bilek, M. Olivier
Mérignac, et M. Jean-Marc Montaud, Maîtres de conférences. Merci au personnel de l'IAE à
Bayonne pour leur présence et leur soutien.
Je tiens à remercier M. Olivier Bessy, professeur au département Géographie-Aménagement
de l'UPPA, pour sa pensée vive et ses conseils dans l'orientation de cette recherche. Je
remercie également le Professeur Emmanuel Lazega, membre du Centre de Sociologie des
Organisations (CSO-CNRS), pour notre longue entrevue qui a stimulé mon intérêt pour
l'analyse des réseaux sociaux. Je remercie aussi à M. Jean-Philippe Galan, Professeur à l'IAE
Bordeaux. Ses conseils pour conduire la recherche doctorale m'ont été précieux.
Je remercie les chercheurs en mathématiques, statistiques et informatique de l'UPPA qui m'ont
aiguillée dans le choix des méthodes et des logiciels de traitement de données adaptés à ma
recherche. Merci à Mme Noëlle Bru, M. Simplice Dossou-Gbete, et M. Christian Paroissin du
LMAP, et M. Bernard Jeannet du LIUPPA. Merci à leurs étudiants qui m'ont apporté leur aide,
en particulier Marwan Lakrari et Christine Pucheu.
J'adresse mes remerciements au Conseil Départemental des Landes qui a contribué
financièrement à la réalisation de mon travail doctoral, et permis à l'Institut du Thermalisme
(Université de Bordeaux) de me proposer un contrat de chargée de recherche en tant que
doctorante, que j'ai eu le grand honneur de recevoir. Je tiens à remercier le Conseil Régional
d'Aquitaine, le cluster Aqui O Thermes et la Chambre de Commerce et d'Industrie des Landes
pour leur participation financière à la conduite de cette recherche.
Je remercie chaleureusement le Docteur Karine Dubourg, directrice adjointe de l'Institut du
Thermalisme. Ses connaissances sur le thermalisme, qu'elle a généreusement partagées, et ses
encouragements ont contribué au plaisir de conduire ce travail. Merci à tout le personnel de
l'Institut du Thermalisme qui m'a accueillie et en particulier Dorothée Laplace, documentaliste,
qui m'a offert son concours à plusieurs reprises.
Je souhaite remercier les personnes, universitaires et professionnels du thermalisme, qui se
sont montrées disponibles pour participer au comité de suivi de la thèse. Leurs
questionnements et leur bienveillance ont aiguisé ma réflexion. Je remercie particulièrement
Mme Elisabeth Bonjean, conseillère régionale en charge du thermalisme, et M. Claude-Eugène
Bouvier, délégué général du CNETh, pour s'être montrés disponibles et attentifs à toutes les
étapes de ce travail.
Merci aux personnes qui ont accepté de me recevoir afin d’être interviewées et de me confier
leurs expériences (responsables d'établissements thermaux, médecins, élus, personnel des
collectivités territoriales, etc.). Je remercie particulièrement les personnes qui ont participé aux
groupes de travail pour la conception du questionnaire, ainsi que toutes les personnes qui ont
pris le temps d'y répondre.
J'ai une pensée particulière pour mes parents, ma sœur, ma famille et mes amis qui m'ont
soutenue efficacement dans cette aventure intellectuelle et humaine. Et une pensée affectueuse
pour mon époux et mes fils qui m'ont accompagnée patiemment. Un immense merci à vous
tous pour vos encouragements.
Plus qu'une expérience professionnelle, la thèse est l'expérience d'une vie. Je suis transformée
par l'exercice scientifique de la thèse, et cette démarche intellectuelle me passionne.
SOMMAIRE
INTRODUCTION GÉNÉRALE 1
CHAPITRE 1. ANALYSE DES COOPÉRATIONS INTER-ORGANISATIONNELLES
TERRITORIALISÉES 11
INTRODUCTION DU CHAPITRE 1. 13
SECTION 1 - LE TERRITOIRE : UNE CONSTRUCTION SOCIALE 15
SECTION 2 - LES COOPÉRATIONS ENTRE DES ACTEURS PUBLICS ET DES ACTEURS PRIVÉS GÉOGRAPHIQUEMENT
PROCHES : UNE FORME DE GOUVERNANCE TERRITORIALE 24
SECTION 3 - LES COOPÉRATIONS ENTRE DES ACTEURS PRIVÉS CONCURRENTS GÉOGRAPHIQUEMENT PROCHES :
UNE COOPÉTITION PARTICULIÈRE 35
CONCLUSION DU CHAPITRE 1. 52
CHAPITRE 2. LE CAPITAL SOCIAL INFLUENÇANT LES COOPÉRATIONS INTER-
ORGANISATIONNELLES TERRITORIALISÉES : SA CARACTÉRISATION 53
INTRODUCTION DU CHAPITRE 2. 55
SECTION 1 - CAPITAL SOCIAL ET COOPÉRATIONS : DES CONCEPTS RELIÉS 57
SECTION 2 - LE CADRE THÉORIQUE DES RÉSEAUX SOCIAUX ET LA CRÉATION DE CAPITAL SOCIAL 65
SECTION 3 - L'ANALYSE DES RÉSEAUX SOCIAUX : UNE MÉTHODE ADAPTÉE À L'ÉTUDE DU CAPITAL SOCIAL 74
CONCLUSION DU CHAPITRE 2. 97
CHAPITRE 3. ÉTUDE DE L'INFLUENCE DU CAPITAL SOCIAL SUR LES CIOT PAR L'ANALYSE DES
RÉSEAUX SOCIAUX : LE THERMALISME DANS LES LANDES 99
INTRODUCTION DU CHAPITRE 3. 101
SECTION 1 - MISE EN ÉVIDENCE DES COOPÉRATIONS 103
SECTION 2 - MISE EN ÉVIDENCE DES CARACTÉRISTIQUES DES RÉSEAUX SOCIAUX 148
SECTION 3 - DISCUSSION DES LIENS ENTRE LES CARACTÉRISTIQUES DES RÉSEAUX SOCIAUX ET LES
COOPÉRATIONS 181
CONCLUSION DU CHAPITRE 3. 191
CONCLUSION GÉNÉRALE 193
BIBLIOGRAPHIE 207
ANNEXES 229
LISTE DES FIGURES 325
LISTE DES TABLEAUX 327
LISTE DES ENCADRÉS 329
LISTE DES CARTES 331
LISTE DES GRAPHIQUES 333
TABLE DES MATIÈRES 335
LISTE DES SIGLES
ACM : Analyse des Correspondances Multiples
AFRETh : Association Française de Recherche Thermale
ANMCT : Association Nationale des Maires des Communes Thermales
CAH : Classification Hiérarchique Ascendante
CCI : Chambre de Commerce et d'Industrie
CIO : Coopérations Inter-Organisationnelles
CIOT : Coopérations Inter-Organisationnelles Territorialisées
CNAM : Caisse Nationale d'Assurance Maladie
CNETh : Conseil National des Exploitants Thermaux
CQP : Certificat de Qualification Professionnelle
EA : Ecosystème d'Affaires
ETP : Education Thérapeutique du Patient
FFCM : Fédération Française des Curistes Médicalisés
HAS : Haute Autorité de Santé
HPST : Hôpital Patient Santé Territoire (Loi)
NOTRe : Nouvelle Organisation Territoriale de la République (Loi)
PRS : Projet Régional de Santé
SEM CTD : Société d'Economie Mixte Compagnie Thermale de Dax
SETL : Syndicat des Etablissements Thermaux Landais
SMR : Service Médical Rendu
SNS : Stratégie Nationale de Santé
TNI : Théorie Néo-Institutionnelle
UNCAM : Union Nationale des Caisses d'Assurance Maladie
1
INTRODUCTION GÉNÉRALE
En sciences de gestion, la coopération est une stratégie d'adaptation collective des
organisations aux menaces de l'environnement (Astley et Fombrun, 1983). Cette option
stratégique est particulièrement adoptée par les acteurs des secteurs d'activités ancrées sur un
territoire (Pecqueur, 2007), car ils sont captifs des ressources naturelles spécifiques de ce
territoire physique et exploitées localement (activités viticole, touristique, par exemple). La
coopération apparaît alors comme une stratégie permettant aux acteurs de gérer collectivement
un « destin commun » (Baumard, 2000) face aux mutations de l'environnement.
Les coopérations inter-organisationnelles dans les secteurs d'activités ancrées sur un territoire,
concernent des entreprises souvent concurrentes, mais également leurs partenaires, notamment
publics, compte tenu de l'enjeu économique et social de leur activité pour les territoires. Les
coopérations inter-organisationnelles (CIO) dans le cas des secteurs d'activités ancrées sur un
territoire sont le thème de notre recherche.
La problématique de la recherche
Différentes disciplines des sciences de gestion se sont intéressées aux CIO, c'est-à-dire pour
reprendre la définition largement citée de Schermerhorn (1975, p. 847), aux relations entre des
organisations autonomes destinées à la réalisation conjointe d'objectifs individuels. Les CIO
ont été abordées dans des travaux en management public et en management stratégique.
Les questions de recherche étudiées par les chercheurs en management public touchent, sans
que nous soyons exhaustifs, au rôle des acteurs publics dans la gouvernance collaborative
(Ansell et Gash, 2007 ; Chabault et Martineau, 2013), au management public des territoires en
partenariat avec des entreprises privés (Zardet et Noguera, 2014), et au développement du
marketing territorial impliquant les acteurs privés et publics (Eshuis et al., 2013 ; Rochette et
al., 2016), pour ne citer que des références récentes.
Dans une perspective de management stratégique, les CIO sont consubstantielles aux
comportements collectifs, et en particulier aux stratégies collectives, aux écosystèmes
d'affaires et aux réseaux territorialisés. Cependant, la diversité des partenaires des
coopérations est inégalement retenue dans les analyses de ces comportements collectifs, et
l'importance accordée au territoire est variable.
Introduction générale
2
Une stratégie collective désigne selon Astley et Fombrun (1983), une réponse d'un ensemble
d'organisations qui coopèrent en vue de s'adapter aux variations de l'environnement. Or, la
théorisation fondatrice des stratégies collectives ne considère pas les organisations publiques
comme des acteurs (ibid.). Cependant, des travaux empiriques indiquent que les stratégies
collectives sont fortement encouragées par les pouvoirs publics (Yami, 2006), notamment à un
niveau territorial, où une convergence des intérêts privés et publics conduit les pouvoirs
publics à initier et promouvoir les stratégies collectives entre entreprises (Gundolf et Jaouen,
2009 ; Noireaux et Poirel, 2014). Certains auteurs suggèrent alors un élargissement du concept
des stratégies collectives. Ainsi, Asselineau et Cromarias proposent de qualifier de « stratégie
collective de territoire » (2010, p. 161), l'institutionnalisation et la formalisation de la stratégie
collective des entreprises par le biais de l'implication des pouvoirs publics territoriaux.
Les écosystèmes d'affaires (EA) constituent également une grille de lecture des CIO, centrée
sur les coopérations inter-entreprises. Ainsi, dans les EA, définis par Moore (1993, p. 76)
comme des communautés économiques constituées d'entreprises, la présence d'autres acteurs
(les organismes publics, les fournisseurs, les investisseurs, les clients) est évoquée, mais les
interactions entre les entreprises et ces autres acteurs, notamment publics, ne sont pas
centrales (Fréry et al., 2012). En outre, la notion d'écosystème, empruntée par les sciences de
gestion aux sciences du vivant (biologie), renvoie à l'idée de territoire. En effet, en écologie,
un écosystème désigne l'association d'une biocénose (communauté d'êtres vivants) et d'un
biotope (étendue géographique) (Dajoz, 2006). Or, la plupart des auteurs qui utilisent le cadre
d'analyse des EA s'affranchissent totalement de la dimension géographique (Daidj, 2011). A
notre connaissance, seuls quelques-uns estiment qu'un territoire dans sa dimension
géographique peut correspondre à un EA, c'est le cas de Bahrami et Evans (1995) qui
qualifient ainsi la Silicon Valley.
Concernant les « réseaux territorialisés d'organisations », définis comme des « ensembles
coordonnés d'acteurs hétérogènes, géographiquement proches, qui coopèrent et participent
collectivement à un processus de production » (Ehlinger et al., 2007, p. 156), l'accent est mis
autant sur les relations de coopération entre des organisations privées que sur celles entre des
organisations privées et publiques (Bocquet et al., 2009 ; Helmsing, 2001). Les réseaux
territorialisés d'organisations étudiés en management stratégique sont principalement des
districts industriels, des clusters, ou des pôles de compétitivité. Toutefois, ils ne sont pas
confinés à ces types de dynamiques territoriales, et concernent le plus souvent des
coopérations impliquant des PME (Detchenique et Loilier, 2016).
La comparaison de ces trois comportements collectifs distingués dans la littérature (stratégies
collectives, EA, réseaux territorialisés) (Tableau 1) met en évidence que les coopérations entre
un ensemble d'organisations hétérogènes, privées et publiques, situées sur un territoire sont
appréhendées avec une attention égale uniquement dans les réseaux territorialisés
d'organisations.
Les coopérations inter-organisationnelles dites « territorialisées » (CIOT) (Girard, 2015), entre
les acteurs d'un réseau territorialisé d'organisations dans le cas des secteurs d'activités ancrées
sur un territoire, constituent la problématique retenue pour la recherche.
Introduction générale
3
Tableau 1 - Comparaison des comportements collectifs selon le type de coopération abordé
(issue de la revue de littérature sur les CIO dans une perspective de management stratégique)
Types de
coopérations
Comportements
collectifs
Coopérations entre
organisations privées
Coopérations entre
organisations privées et
publiques
Prise en compte du
territoire géographique
sur lequel sont situées
les organisations
partenaires
Stratégies collectives
Les stratégies collectives
peuvent être encouragées
par les organisations
publiques
Seulement dans le cas des
stratégies collectives
encouragées par les
pouvoirs publics
Écosystème d'affaires (EA)
Les organisations
publiques sont présentes
dans les EA mais leurs
interactions avec les
entreprises ne sont pas
centrales
Un EA n'est pas
caractérisé par un
territoire
Réseau territorialisé
d'organisations
: type de coopérations abordé par la littérature sur le comportement collectif concerné
Le cadre conceptuel choisi et la question de recherche
Les coopérations inter-organisationnelles territorialisées (CIOT) sont centrales dans l'étude de
la gouvernance des réseaux territorialisés d'organisations (Bocquet et al., 2009 ; Helmsing,
2001 ; Mendez et Mercier, 2006). Dans ces travaux, les difficultés des acteurs à coopérer sont
soulignées. Or, les coopérations inter-organisationnelles y sont considérées souhaitables et
comme devant être encouragées pour faire face aux turbulences de l'environnement (Emery et
Trist, 1965 ; Miles et Snow, 1986). Nous pensons alors que la mise en évidence des facteurs
de difficulté des CIOT présente un intérêt.
Comme un réseau d'organisations désigne un ensemble de relations entre organisations
(Thorelli, 1986), et compte tenu du principe d'encastrement (embeddedness) (Granovetter,
1985) selon lequel toute action économique est encastrée dans des réseaux de relations inter-
personnelles, nous retenons que les réseaux territorialisés d'organisations sont encastrés dans
des réseaux sociaux, et que ces réseaux sociaux peuvent influencer les CIOT.
La question de recherche qui en découle peut se formuler ainsi : comment les réseaux sociaux
influencent-ils les CIOT ?
La sociologie des organisations fournit un courant théorique adapté au traitement de cette
question. L'approche par le capital social envisage l'ensemble des ressources disponibles qui
sont liées à la possession d'un réseau de relations sociales (Bourdieu, 1980 ; Inkpen et Tsang,
2005 ; Lin, 2008 ; Nahapiet et Ghoshal, 1998), et indique que le capital social facilite la
coopération (Coleman, 1988 ; Putnam, 1995). Ainsi, le capital social est engendré par les
Introduction générale
4
réseaux sociaux (Lin, 2005 ; Portes, 2000 ; Uzzi, 1997), et son influence sur les coopérations
pourrait dépendre en partie de la structure des réseaux sociaux (Adler et Kwon, 2002 ; Burt,
2000). En effet, le capital social présente les effets bénéfiques de la cohésion des individus en
facilitant les coopérations, mais comporte un risque de surencastrement qui peut entraîner une
inertie collective et freiner les coopérations.
Notre question de recherche peut alors être précisée. Il s'agit de comprendre comment le
capital social détermine les CIOT entre les acteurs d'un réseau territorialisé d'organisations,
ceci dans le cas spécifique des secteurs d'activités ancrées sur un territoire.
Le rapprochement des coopérations inter-organisationnelles et des réseaux sociaux permet de
proposer une approche socio-organisationnelle, mobilisée en sociologie des organisations en
France initialement par Lazega (2009), mais peu utilisée en sciences de gestion malgré son
intérêt (Baret et al., 2006 ; Chauvet et Chollet, 2010 ; Huault, 2004 ; Kilduff et Brass, 2010).
En proposant de traiter la question de l'influence des réseaux sociaux sur les CIOT, la finalité
principale de cette recherche est de contribuer à la construction d'une méthodologie d'analyse
des réseaux sociaux susceptible de mettre en évidence le capital social comme déterminant de
ces coopérations.
Ainsi, le cadre théorique de l'analyse des réseaux sociaux, dont l'intérêt est de « replacer au
centre de la réflexion les contraintes situationnelles dans lesquelles se trouvent immergés les
acteurs » (Huault, 2004, p. 50), guide le protocole de recherche de la thèse. Une analyse
qualitative du terrain étudié permet alors d'interpréter les résultats de l'analyse quantitative des
réseaux sociaux.
La conception de l'objet de la recherche, qui « traduit et cristallise » notre projet de
connaissance (Quivy et Van Campenhoudt, 2006) est schématisé ci-dessous (Figure 1). A
partir du thème de recherche choisi, nous avons spécifié la problématique dont découle la
question de recherche, « expression (...) précise et opératoire » de l'objet de recherche (Allard-
Poesi et Maréchal, 2014, p. 48).
Figure 1 - La conception de l'objet de la recherche doctorale
Le thème
les coopérations inter-organisationnelles (CIO)
La problématique
les coopérations inter-organisationnelles territorialisées
(CIOT)
La question de
recherche
Comment le capital social détermine les CIOT entre les acteurs d'un réseau territorialisé
d'organisations, ceci dans le cas spécifique des secteurs d'activités ancrées sur un territoire ?
Introduction générale
5
Le terrain de la recherche
Le thème de cette recherche doctorale est initié par un terrain : le thermalisme dans les
Landes.
Le thermalisme désigne l' « utilisation, sur place ou par adduction directe, pour le traitement
interne ou externe de malades, d’eaux minérales naturelles, chaudes ou non, comme aussi de
produits dérivés (boues ou gaz), à propriétés thérapeutiques démontrées » (Guidicelli et al.,
2013, p. 143). Selon l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS)3, le thermalisme est une
médecine traditionnelle et contribue à apporter la santé et le bien-être aux individus.
En France, le thermalisme est intégré dans le système de santé depuis plus d'un demi-siècle.
C'est un secteur qui rassemble des acteurs spécifiques : des offreurs (les établissements
thermaux), des clients (les curistes assurés sociaux, et les curistes non pris en charge par
l'Assurance Maladie), des institutions publiques qui régulent l'activité thermale (l'État, les
agences régionales de santé- ARS), des financeurs (les assurances maladies obligatoires et
complémentaires, les ménages), des médecins et des entreprises support (hôtellerie, transport,
loisirs...). Les nombreuses interactions entre les différents acteurs et l'émergence de structures
inter-organisationnelles, telles que des associations et syndicats professionnels (des
exploitants thermaux, des médecins, des communes thermales, des acteurs locaux) contribuent
à l'institutionnalisation de ce secteur, à l'origine du développement de réseaux sociaux locaux
et sectoriels.
Le thermalisme est un secteur d'activité ancien, fortement ancré sur les territoires riches en
eaux minérales naturelles, dont les caractéristiques sont liées à la géographie du lieu, et qui ne
peuvent être exploitées que localement. Il représente un poids économique local très souvent
majeur, et est marqué par une implication des collectivités territoriales.
Le thermalisme est fortement présent dans les Landes, le département thermal le plus
fréquenté en France (Carte 1). Les Landes comptent 5 stations thermales qui regroupent 19
établissements thermaux exploités en totalité par des entreprises privées depuis 20134 et qui
ont accueilli près de 76 000 curistes en 2016, soit 13% du marché national (Carte 1). Le
thermalisme est une « activité économique essentielle »5 pour le territoire landais, générateur
de 172 M€ de chiffre d'affaires en 2016, et près de 2 000 emplois directs en 2015. Or, après
une baisse du nombre de curistes entre 2002 et 2009 en France, les acteurs du thermalisme
landais observent que le regain d'intérêt pour les cures thermales observé nationalement
(+21% entre 2009 et 2016) ne suit pas la même progression dans les Landes (+9% entre 2009
et 2016).
3 Organisation mondiale de la Santé. (2013). Stratégie de l’OMS pour la médecine traditionnelle 2014-2023.
Genève.
4 La Société d'Economie Mixte Compagnie Thermale de Dax a exploité quatre établissements thermaux appartenant à la ville de Dax et cédés progressivement à des exploitants privés à partir de 2008.
5 Comité Départemental du Tourisme des Landes, & Chambre de Commerce et de l’Industrie des Landes. (2016). Les ressources du thermalisme landais en 2016. Observatoire économique du thermalisme.
Introduction générale
6
Les acteurs publics et privés du thermalisme dans les Landes constatent donc des difficultés
d'adaptation collective face aux mutations de l'environnement, auxquelles ils semblent ne pas
s'adapter comme les acteurs d'autres territoires thermaux en France. L'environnement du ther-
malisme français évolue depuis la fin des années 2000 sur de nombreux plans. Les plus mar-
quants sont : un renforcement du cadre règlementaire qui alourdit le coût du contrôle sanitaire
des établissements thermaux, une évolution des clientèles qui sont davantage actives, une
concurrence nationale dynamique, et un regroupement d'établissements thermaux au sein
d'organisations disposant de ressources importantes comparativement à une large majorité de
petits exploitants.
Ainsi, comme l'histoire du thermalisme landais est marquée par des coopérations entre les
divers acteurs locaux, les acteurs privés et publics rencontrés s'interrogent sur leur
organisation collective présente et future dans l'objectif d'assurer la pérennité de l'activité
thermale sur le territoire. En outre, nous avons observé, après quelques mois de recherche
exploratoire sur le terrain, des difficultés de coopération entre les acteurs en interaction.
Cette problématique sectorielle et territoriale, privée et publique du thermalisme dans les
Landes nous est apparue comme un terrain pertinent pour l'étude des CIOT entre les acteurs
d'un réseau territorialisé d'organisations, dont les activités sont ancrées sur leur territoire. Ce
travail doctoral propose de mettre en évidence les caractéristiques des réseaux sociaux du
thermalisme dans les Landes qui contraignent les coopérations entre les acteurs du secteur, et
notamment entre les exploitants thermaux d'une part, et avec leurs partenaires publics d'autre
part.
Carte 1 - Le thermalisme en France et les stations thermales dans les Landes6
6 Adaptée d'une carte réalisée par le Conseil Départemental du Tourisme des Landes, Observatoire, 2017
St-Paul-lès-Dax Dax Saubusse Eugénie-les-Bains
Préchacq-les-Bains
LANDES
75 820 curistes
Introduction générale
7
Tableau 2 - Les chiffres clés du thermalisme en France et dans les Landes
France7 Landes8
Stations thermales (nombre de) 89 5
Etablissements thermaux (nombre d') 110 19
Fréquentation en 2016 (nombre de cursites
conventionnés) 588 000 76 000
Evolution de la fréquentation 2009-2016 + 21 % + 9 %
Emplois (directs, indirects, induits) 100 000 11 000
Structuration de la thèse et son plan
Le plan de la thèse simplifie et réduit les entrelacs de l'analyse conduite : les Coopérations et
leurs difficultés (Chapitre 1) peuvent être reliées à des modalités de fonctionnement du
Réseau social professionnel des acteurs, et ces liens de causalité nécessitent une méthode
adaptée pour les révéler (Chapitre 2), méthode que nous testons dans le cas du thermalisme
dans les Landes (Chapitre 3). Cette organisation de l'exposé doctoral facilite la description des
concepts utilisés afin de mettre en évidence les effets que les réseaux sociaux et le capital
social exercent sur les CIOT9. Mais elle ne restitue pas la chronologie du parcours intellectuel
effectué tout au long de ce travail doctoral et la démarche menée en étapes perçues
initialement comme très heuristiques : des allers retours entre le terrain et les cadres
théoriques, entre les cadres théoriques même, des hésitations sur la manière de présenter
l'ensemble de ces éléments, méthodes et résultats, et sur le plan de la thèse finalement retenu
autour de trois chapitres.
Un premier chapitre présente les cadres conceptuels du Territoire et de la Coopération,
permettant de caractériser les CIOT et d'en dégager les déterminants potentiels liés aux
réseaux sociaux professionnels et territorialisés qui les encastrent. Pour cela, il a d'abord été
décidé de présenter un état de l'art sur le territoire, vu comme une construction sociale
(Lussault, 2007), en se focalisant sur le concept de proximité et ses diverses formes
(géographique et a-spatiales) (Torre et Rallet, 2005 ; Zimmermann, 2008) afin de comprendre
les influences du territoire sur les CIOT. Comme illustré dans la Figure 2, deux types de CIOT
sont retenus et ensuite abordés à la lumière de la littérature. Nous traitons premièrement des
coopérations inter-organisationnelles entre des acteurs publics et privés géographiquement
proches, ce qui nous permet de souligner le caractère relationnel de la gouvernance de
territoire (Detchenique et Loilier, 2016 ; Ehlinger et al., 2007 ; Provan et Kenis, 2008).
Deuxièmement, notre revue de littérature sur la coopétition fait ressortir que la complexité des
coopérations entre des concurrents géographiquement proches s'explique par la dimension
sociale de la situation de coopétition (Cusin et al., 2013 ; Gnyawali et Madhavan, 2001 ;
Staber, 2001). Ainsi, compte tenu de l'encastrement social de la gouvernance territoriale et de
7 Données du Conseil National des Exploitants Thermaux
8 Données du Conseil Départemental du Tourisme des Landes
9 Les effets des coopérations sur les réseaux sociaux et le capital social ne font pas partie de l'objet de cette recherche doctorale.
Introduction générale
8
la coopétition entre des acteurs proches géographiquement, l'approche par les réseaux sociaux
est finalement retenue comme cadre théorique de la recherche.
Figure 2- Articulation du chapitre 1
Le deuxième chapitre présente le cadre théorique central de la recherche. Plus spécifiquement,
il aborde comment, selon la littérature, les réseaux sociaux engendrent un capital social
(Bourdieu, 1980 ; Lin, 2008 ; Nahapiet et Goshal, 1998 ; Portes, 2000 ; Uzzi, 1997) qui
facilite ou contraint les CIO (Coleman, 1988 ; Putnam, 1993, 1995 ; Walker et al., 1997). Or,
comme l'analyse des réseaux sociaux permet de décrire les structures sociales et mettre en
évidence leurs effets (Borgatti et al., 2009 ; Tichy et al., 1979), elle apparaît la méthode
adaptée pour montrer comment et dans quelle mesure le capital social détermine les CIOT ou
tout le moins peut leur être mis en correspondance. La mise en œuvre de l'analyse des réseaux
sociaux, ainsi que sa singularité dans le cas d'un réseau inter-organisationnel territorialisé,
sont ensuite explicitées, concernant notamment la délimitation du réseau observé (Laumann et
al., 1983). Les trois niveaux d'enchaînement du deuxième chapitre sont représentés dans la
Figure 3 ci-dessous.
Figure 3 - Articulation du chapitre 2
Réseaux sociaux
Capital social
Un positionnement épistémologique de type interprétativiste est donc adopté pour cette re-
cherche. En effet, l'interprétativisme constitue une approche compréhensive et vise une
connaissance idiographique du cas étudié (Allard-Poesi et Perret, 2014). Ainsi, le troisième
chapitre rend compte de l'étude empirique menée sur le terrain du thermalisme dans les
Landes, étude articulée selon une double démarche, qualitative et quantitative. La démarche
qualitative, elle même menée en deux volets, est suivie de l'analyse quantitative des réseaux
sociaux.
Ainsi, dans les premiers mois du travail doctoral, une exploration qualitative (entretiens libres,
observations non-participantes, consultation de documents) a permis de proposer une analyse
concurrentielle du secteur du thermalisme selon le modèle de Porter (1982). Elle conduit à
proposer une analyse néo-institutionnelle du thermalisme dans les Landes, soulignant la
multiplicité des acteurs en relations et la diversité des logiques institutionnelles en présence
(DiMaggio et Powell, 1983 ; Friedland et Alford, 1991; Thornton et Ocasio, 2008). Dans un
second temps, des entretiens semi-directifs mettent en évidence et caractérisent les difficultés,
Les coopérations inter-organisationnelles
territorialisées (CIOT)
territoire
proximités
privé-public privé-privé
gouvernance de territoire coopétition
Chapitre 1
Chapitre 2
Coopérations
Introduction générale
9
dans le cas du thermalisme dans les Landes, de la gouvernance de territoire et de la
coopétition. Enfin, dans le troisième temps de méthode de recherche, un questionnaire
générateur de noms fournit un matériau composé d'individus et de relations caractérisés. Des
typologies des individus et des relations ont été établies pour l'étude des réseaux sociaux sous-
jacents au capital social du thermalisme observé. Ainsi, la mesure des indicateurs des
propriétés structurales et la représentation graphique de ces réseaux sociaux sont rapprochés
des difficultés des CIOT constatées par la démarche qualitative.
La discussion vise à apporter un éclairage sur les effets du capital social sur les difficultés des
CIOT du thermalisme dans les Landes. Les quatre stades de raisonnement du troisième
chapitre sont repris dans la Figure 4.
Figure 4 - Articulation du chapitre 3
En conclusion, notre travail a cherché à mettre en évidence, à la fois méthodologiquement et
sur un cas concret et très spécifique, le thermalisme dans les Landes, comment des situations
de CIOT peuvent être rapprochées des caractéristiques du réseau social et du capital social des
acteurs de ces coopérations (Figure 5). Nous croyons avoir observé des indications de typolo-
gies et de structures qui paraissent correspondre à la réalité observée de certaines
coopérations. Ainsi, par exemple, l'analyse des réseaux sociaux portant sur trois classes
d'individus (les exploitants thermaux, les individus exerçant dans les syndicats et associations
professionnelles, et les agents des collectivités territoriales) montre des caractéristiques
structurales qui révèlent un capital social faible semblant contraindre les stratégies de
coopérations et d'adaptation. L'analyse de la structure des réseaux sociaux et du capital social
du thermalisme dans les Landes, et des effets de ces derniers sur les coopérations, aide à
comprendre les difficultés des CIOT des acteurs et leur problématique d'adaptation collective
aux mutations de leur environnement.
1er) Thermalisme observé
acteurs
relations
2iè) Coopérations déclarées
secteur thermal
difficultés de coopérations
4iè) Rapprochements
CIOT Réseau sociaux et
Capital social
3iè) Réseau social du
thermalisme
typologies
mesure
structure
Chapitre 3
Introduction générale
10
1er) Thermalisme observé
acteurs
relations
2iè) Coopérations déclarées
secteur thermal
difficultés de coopérations
4iè) Rapprochements
CIOT Réseau sociaux et
Capital social
Figure 5- Articulation des chapitres de la thèse
Réseaux sociaux
Capital social
Les coopérations inter-organisationnelles
territorialisées (CIOT)
territoire
proximités
privé-public privé-privé
gouvernance de territoire coopétition
Chapitre 1
Chapitre 2
3iè) Réseau social du
thermalisme
typologies
mesure
structure
Chapitre 3
Coopérations
11
CHAPITRE 1.
ANALYSE DES COOPÉRATIONS
INTER-ORGANISATIONNELLES
TERRITORIALISÉES
12
13
INTRODUCTION DU CHAPITRE 1.
Notre thèse porte sur les coopérations inter-organisationnelles territorialisées (CIOT), en
particulier dans le cas d'organisations de secteurs d'activités ancrées sur un territoire, tel que le
terrain qui nous a conduit à cette problématique : le thermalisme dans les Landes. Or, comme
nous l'observerons et le développerons dans le chapitre 3, sur ce terrain deux types de CIOT
semblent présenter des difficultés pour les acteurs, alors même qu'elles constituent des voies de
stratégies d'adaptation collective aux mutations de l'environnement de ces activités. Ces deux
types de CIOT sont : les coopérations entre acteurs publics et acteurs privés, et les
coopérations entre acteurs privés concurrents, dans les deux cas acteurs géographiquement
proches. L'objectif de ce premier chapitre est d'inscrire les coopérations, et leurs deux types,
dans les connaissances établies par la littérature scientifique, et d'en dégager les déterminants
pouvant expliquer les difficultés rencontrées par les acteurs.
Les coopérations entre acteurs publics et acteurs privés géographiquement proches, désignées
dans la littérature en sciences sociales par le terme « gouvernance territoriale », sont pour
l'essentiel, l'objet de recherche dans deux champs disciplinaires des sciences de gestion : le
management public et le management stratégique. Nous tâcherons alors de justifier notre choix
du management stratégique pour l'étude de la gouvernance territoriale dans le cas des secteurs
d'activités ancrées sur un territoire. Nous distinguerons différentes formes de gouvernance
territoriale selon le degré de formalité de la coopération et le type d'acteurs dominants, et
mettrons en évidence les spécificités de la « gouvernance territoriale mixte » impliquant des
acteurs privés et publics, que nous retenons pour l'étude des coopérations inter-
organisationnelles dans le cas des secteurs d'activités ancrées sur un territoire. A partir d'une
revue de la littérature de situations empiriques (Bocquet et Mothe, 2009 ; Mendez et Mercier,
2006), nous aborderons des problématiques de la « gouvernance territoriale mixte », afin
d'identifier des explications possibles des difficultés des acteurs à coopérer. En outre, nous
distinguerons les divers cadres d'analyse théorique mobilisés, et choisirons l'approche par les
réseaux car elle permet de souligner l'influence des relations inter-organisationnelles sur les
coopérations.
Pour le second type de coopérations, celui entre acteurs privés concurrents géographiquement
proches, nous retiendrons une analyse selon les travaux portant sur les stratégies de
coopétition. Notre objectif est de comprendre la complexité de la stratégie de coopétition
lorsque les compétiteurs sont géographiquement proches et avec des contenus d'activités
quasiment identiques. Nous verrons que la diversité des fondements théoriques de la
coopétition témoigne de sa complexité (Martinet, 2006). Notre état de l'art sur la coopétition
permettra d'en proposer une caractérisation, et de mettre en évidence les difficultés du
management de cette situation stratégique.
Au-delà de leurs différences, ces deux types de CIOT semblent présenter des spécificités quasi
similaires dans le cas des secteurs d'activités ancrées sur un territoire. Ainsi, il nous semble
important d'aborder dans le premier temps de ce chapitre le concept de territoire, en nous
Chapitre 1. Analyse des coopérations inter-organisationnelles teritorialisées (CIOT)
14
focalisant sur le concept de proximité. En effet, les proximités géographique et a-spatiales
influent sur les coopérations (Torre et Rallet, 2005 ; Zimmermann, 2008), et nous chercherons
à comprendre comment s'exercent leurs influences sur les CIOT.
La démarche retenue pour le premier chapitre de cette recherche doctorale est schématisée
alors dans la Figure 6.
Figure 6 - Logique d'articulation du chapitre 1
Section 1 - Le territoire : une
construction sociale
Comprendre comment les diverses
formes de proximité influencent les
CIOT
Section 2 - Les coopérations entre des
acteurs publics et des acteurs privés
géographiquement proches : une forme
de gouvernance territoriale
Appréhender les problématiques
de la « gouvernance territoriale mixte », et
identifier les cadres d'analyse mobilisés
dans la littérature
Section 3 - Les coopérations entre des
acteurs privés concurrents
géographiquement proches : une
coopétition particulière
Comprendre la complexité de la
situation stratégique de coopétition entre
des acteurs privés concurrents
géographiquement proches
Chapitre 1. Analyse des coopérations inter-organisationnelles teritorialisées (CIOT)
15
SECTION 1 - LE TERRITOIRE : UNE CONSTRUCTION SOCIALE
Terme polysémique, le territoire est à la fois un synonyme de lieu et d'espace dans un usage
courant, une caractéristique de l'animal pour la biologie, et il résulte d'une construction sociale
et comprend une dimension administrative pour les sciences sociales. Cette section se propose
alors de présenter les acceptions du concept de territoire retenues par les sciences de gestion
(1). Par ailleurs, lorsqu'on parle de territoire et de coopérations inter-organisationnelles, il
semble important d'aborder la question des proximités. En effet, une revue de littérature sur
l'approche du territoire en sciences de gestion intègre les notions de proximités dans les
analyses (2) et met en évidence les effets des proximités sur les coopérations inter-
organisationnelles (3).
1. Le concept de territoire
Le concept de territoire est étudié par diverses disciplines des sciences sociales, dont la
géographie sociale et les sciences de gestion.
Pour la géographie sociale, le concept de territoire est distinct de la notion d'espace
géographique, auquel la dimension sociale fait défaut. En effet, le territoire représente le
rapport humain à une portion limitée de la surface terrestre (Lima, 2009). Il « témoigne d’une
appropriation à la fois économique, idéologique et politique de l’espace par des groupes qui se
donnent une représentation particulière d’eux-mêmes, de leur histoire, de leur singularité » (Di
Méo, 1998, pp. 42-43). Il confère aux groupes humains une identité commune (Di Méo, 2004 ;
Retaillé, 1997).
Le géographe social aborde alors la notion de territoire selon deux acceptions distinctes. D'une
part, le territoire comprend une dimension administrative définie pour l'action publique, et
d'autre part il est vu comme une construction sociale (Bessy, 2008 ; Coulom, 2014).
Dans la perspective administrative, le territoire est un espace contrôle et borné (Lévy et
Lussault, 2013), et correspond à une définition juridique (Vanier, 1995). Résultant d'un
découpage de l'espace, il correspond, particulièrement en France, à un niveau administratif où
une politique est mise en œuvre selon une démarche hiérarchique descendante. Le territoire
caractérise alors l'espace d'exercice de pouvoirs institués. Nous tenons compte de cette
dimension administrative du territoire car elle permet d'identifier les acteurs impliqués dans la
coopération sur le territoire étudié dans notre thèse. Ainsi, certaines entités politiques ou
administratives sont acteurs des activités économiques sur leur territoire, par compétence
juridique ou parce qu'elles se sont saisies de ces rôles.
En parallèle de cette perspective administrative pour le géographe social, le territoire résulte
d'une construction sociale, et constitue un enchevêtrement de réalités collectives (Lussault,
2007). Il est un espace abstrait et idéel, plutôt que tangible. Il est une « Formation Socio-
Chapitre 1. Analyse des coopérations inter-organisationnelles teritorialisées (CIOT)
16
Spatiale » découlant de l'existence « des unités et des discontinuités socio-spatiales
significatives fondées, dans un cadre géographique repérable, sur des interrelations spécifiques
entre l'espace et la société » (Di Méo, 1991, p. 206). Construit social, le territoire résulte d'un
processus de construction d’un « dedans » par rapport à un « dehors » (Leloup et al., 2005, p.
330), et se construit en opposition avec les territoires voisins. Par ailleurs, un territoire peut
alors regrouper des lieux disjoints (Gumuchian et Pecqueur, 2007).
L'acception du terme territoire au regard de la géographie sociale offre un cadre conceptuel
pertinent pour l'étude des situations stratégiques (Lauriol et al., 2008b ; Raulet-Crozet, 2008)10
.
Pour les sciences de gestion, le territoire est alors entendu comme une « modalité
d'organisation de l'espace » (Lauriol, 2008a), ou une « forme d'organisation spatialisée »
(Chabault et al., 2014). La prise en compte de la dimension sociale du territoire géographique
se retrouve en particulier dans des travaux de recherche récents portant sur les effets de la
localisation géographique sur la coopération entre acteurs (Balland, 2012 ; Hong et Su, 2013 ;
Knoben et Oerlemans, 2006).
Pour le territoire qui nous concerne, celui de l'exercice d'une activité économique historique,
ancrée à un espace géographique parce que la ressource naturelle exploitée en est extraite, nous
nous situons dans le prolongement des travaux qui font ressortir les trois dimensions - spatiale,
administrative et sociale - du territoire étudié. La dualité de la proximité, à la fois
géographique et non géographique est alors mise en évidence.
2. L'approche du territoire par les proximités
Les premiers travaux sur le territoire et les effets de la proximité géographique sur l'économie
locale ont été menés conjointement dans les années 90 : par l'école californienne de géographie
économique sur les clusters (Scott, Storper, Walker), en Italie sur les districts industriels
(Becattini, Dei Ottati), et en France sur les systèmes productifs localisés (Courlet, Pecqueur).
La proximité a constitué un objet de recherche, particulièrement central pour l'Ecole française
de la Proximité, et notamment pour le groupe informel « Dynamiques de Proximité » fondé par
des géographes, économistes, gestionnaires et sociologues (Bellet et al., 1998 ; Boschma, 2005
; Kirat et Lung, 1999 ; Rallet et Torre, 2005 ; Gilly et Torre, 2000).
Leurs publications, principalement dans des revues des sciences régionales, telles que Regional
Studies, International Journal of Urban and Regional Research, Growth and Change,
constituent des références théoriques majeures de travaux en sciences de gestion portant sur
l'analyse des questions de coopération entre des acteurs proches géographiquement (Ben
Letaifa et Rabeau, 2013 ; Geldes et al., 2015 ; Hansen, 2015 ; Staber, 2001). Le groupe
« Dynamiques de Proximité » a en particulier initié les réflexions sur les différentes
dimensions du concept de proximité, en distinguant la proximité géographique et les
proximités non géographiques.
10 Pour le groupe de recherche "Stratégies, espace et territoire" de l'Association Internationale de Management
Stratégique (Appel à communications - AIMS 2015, Paris, 3-5 juin 2015), le dialogue entre la géographie sociale et le management stratégique semble en effet prometteur.
Chapitre 1. Analyse des coopérations inter-organisationnelles teritorialisées (CIOT)
17
Dans cette littérature, la proximité géographique est une mesure de la distance physique qui
sépare deux entités (individus, organisations, villes, ...). Elle exprime une distance absolue.
Mais elle est également une distance relative, car elle est une « représentation portée par des
individus de la distance qui sépare dans l’espace des objets et/ou des individus » (Talbot, 2008,
p. 292). En effet, la perception de la proximité géographique est un jugement individuel de
données objectives (distance métrique, coût temporel et monétaire), qui dépend de
caractéristiques personnelles (âge, genre, catégorie sociale, ...) (Torre et Rallet, 2005). La
proximité géographique exprime alors une distance, à la fois relative et absolue entre deux
acteurs (Gosse et Sprimont, 2010).
Alors que la conceptualisation de la proximité géographique fait largement consensus au sein
des chercheurs du groupe « Dynamiques de Proximité », la dimension non géographique de la
proximité, les divise. Les deux filiations - les interactionnistes et les institutionnalistes - sont
successivement exposées.
Pour le courant interactionniste (Bouba-Olga et Grossetti, 2008 ; Rallet et Torre, 2005 ; Gilly
et Torre, 2000 ; Zimmermann, 2008), la proximité non géographique est qualifiée de proximité
organisée. La proximité organisée « concerne différentes manières qu’ont les acteurs d’être
proches, en dehors de la relation géographique, le qualificatif organisée faisant référence au
caractère agencé des activités humaines (et non à l’appartenance à une organisation en
particulier) » (Torre, 2010, p. 415). Elle résulte d'une double logique : une logique
d'appartenance qui traduit le fait que les membres d'une organisation (entreprise,
administration, réseau social, communauté, etc.) interagissent grâce à l'existence de règles et
de routines de comportement, et une logique de similitude qui exprime une communauté de
croyances et de savoirs entre les membres de l'organisation (Torre et Rallet, 2005). Ainsi, elle
décrit la capacité d'une organisation à faire interagir ses membres.
Par ailleurs, la proximité organisée peut être facilitée par la proximité géographique (Gosse et
Sprimont, 2010). En effet, les acteurs ont plus de chance de se rencontrer s'ils sont
géographiquement proches.
Figure 7 - Typologie de la proximité selon l'approche interactionniste
Pour le courant institutionnaliste, la conception interactionniste de la proximité non
géographique néglige les interactions incarnées des habitudes collectives qui sous-tendent les
relations inter-individuelles (Talbot, 2005). Pour lui, les interactionnistes n'intègrent pas la
dimension institutionnelle sans toutefois l'occulter. Les institutionnalistes (Boschma, 2005 ;
Proximité
Géographique
Organisée
Chapitre 1. Analyse des coopérations inter-organisationnelles teritorialisées (CIOT)
18
Colletis et Pecqueur, 2005 ; Talbot, 2005) plaident pour une « endogénéisation des
institutions » dans l'analyse du rôle de l'espace sur les actions économiques. Les chercheurs
institutionnalistes distinguent alors trois formes de proximité : une proximité géographique,
une proximité institutionnelle, et une proximité organisationnelle, vue comme une forme
particulière de la proximité institutionnelle.
Ainsi, la proximité institutionnelle traduit le fait qu'un groupe d'individus partage et se
conforme à un même ensemble d'institutions. Pour les institutionnalistes américains (Aoki,
2006 ; Williamson, 1994), les institutions résultent de la répétition d'actions individuelles
dérivant en habitudes collectives stabilisées. Les institutions exercent une pression sociale sur
les individus qui auront tendance à s'y conformer. Face à un environnement complexe et
incertain, les institutions présentent l'avantage de réduire la recherche d'information, et le
besoin d'analyse qui précèdent toute action. Les institutions sont des structures qui encadrent
les comportements, notamment collectifs, et sont ainsi « fondatrices de relations sociales et
donc d'une forme de proximité » (Talbot, 2008, p. 299).
Eu égard à ce qui précède, la proximité organisationnelle apparaît comme une forme
particulière de proximité institutionnelle, dans laquelle les coordinations de nature cognitive
(règles) et politique (choix collectifs) permettent de répondre à la problématique de leurs
actions collectives (Talbot, 2005). La proximité organisationnelle lie les acteurs participant à
une activité collective dans le cadre d'une organisation (entreprise) ou entre des organisations
(entreprises d'un groupe industriel ou d'un réseau) (Kirat et Lung, 1999).
Figure 8 - Typologie de la proximité selon l'approche institutionnaliste
Le courant institutionnaliste est étendu. La typologie de la proximité selon l'approche
institutionnaliste est complétée par Boschma (2005) par une dimension cognitive et une
dimension sociale de la proximité, mises en évidence en vue d'expliquer les influences de la
proximité sur les coopérations. Ainsi, la proximité cognitive exprime la capacité des acteurs à
apprendre des autres. Des acteurs sont proches cognitivement lorsqu'ils partagent la même base
de connaissance et d'expertise. Concernant la dimension sociale de la proximité, Boschma
prend en compte l' « encastrement social » du fait économique (Granovetter, 1985). En
substance, l'encastrement social signifie que les actions économiques sont intriquées dans un
réseau de relations interpersonnelles. La dimension sociale de la proximité caractérise un
Proximité
Géographique
Institutionnelle Organisationnelle
Chapitre 1. Analyse des coopérations inter-organisationnelles teritorialisées (CIOT)
19
niveau micro d'analyse. En effet, la proximité sociale souligne le rôle des relations sociales,
basées sur la confiance, l'amitié et les relations familiales entre individus, alors que les autres
dimensions de la proximité désignent un niveau macro d'analyse, c'est-à-dire entre des
organisations.
Figure 9 - Typologie de la proximité selon l'approche institutionnaliste étendue
Au-delà des nuances, les approches des interactionnistes et des institutionnalistes,
reconnaissent la distinction entre proximité géographique et non spatiale. Elles facilitent
l'appréhension d'un territoire d'étude selon différentes dimensions de la proximité, et leurs
influences sur les interactions entre acteurs.
3. Les effets de la proximité sur les coopérations inter-organisationnelles
territorialisées
Cinq dimensions de la proximité - géographique, institutionnelle, organisationnelle, sociale,
cognitive - sont donc à distinguer comme présentant des effets sur les interactions entre
acteurs. Précisons les dans le cas qui est le nôtre et intéressant les coopérations inter-
organisationnelles territorialisées.
Concernant la proximité géographique, la littérature en économie régionale comme en science
de gestion a montré qu'elle peut favoriser les coopérations inter-organisationnelles
territorialisées (Balland, 2012 ; Barabel et al., 2009 ; Gosse et Sprimont, 2010). En effet, la
proximité géographique occasionne des face-à-face entre individus, qui permettent de créer la
confiance et des transferts d'information, et facilitent la coopération sur un territoire (Colletis
et Pecqueur, 2005 ; Pecqueur et Zimmermann, 2004). En effet, dans les réseaux territoriaux,
tels des districts industriels11
et des clusters12
, la proximité géographique permet aux individus,
entreprises et institutions d'entrer en relations afin de mener des actions collectives (Gosse et
11 Un district industriel se définit comme : « a socio-territorial entity which is characterized by the active presence
of both a community of people and a population of firms in one naturally and historically bounded area » (Becattini, 1990, p. 39).
12 Porter (1998, p. 78) définit des clusters comme : « Clusters are geographic concentrations of interconnected companies and institutions in a particular field ».
Proximité
Géographique
Institutionnelle Organisationnelle
Sociale
Cognitive
Chapitre 1. Analyse des coopérations inter-organisationnelles teritorialisées (CIOT)
20
Sprimont, 2010). Il faut toutefois noter que certains réseaux socio-économiques, tels que les
écosystèmes d'affaires13
reposent sur une coopération facilitée par les technologies de
l'information et de communication, alors que les acteurs ne sont pas proches
géographiquement. De même, les organisations multinationales illustrent des situations de
coopération entre des entités qui se passent de localisations géographiques proches. La
proximité géographique ne constitue pas une condition nécessaire à la coopération.
De plus, la proximité géographique ne garantit pas l'interaction entre acteurs, et encore moins
l'envie de co-construire un projet commun (Girard, 2015). Le partage d'un même espace
géographique n'induit pas nécessairement des relations entre acteurs (Talbot, 2005, 2008). La
proximité géographique constituerait un potentiel de relations entre individus, mais n'implique
pas l'existence de relations inter-individuelles. Elle peut au contraire être une source de conflits
et de tensions, et s'avérer alors être un obstacle à la coopération. En effet, dans des contextes
de concurrence intense ou d'utilisation de ressources communes (foncières,
environnementales), les rivalités entravent les coopérations (Ben Letaïfa et Rabeau, 2013 ;
Carrincazeaux et al., 2008 ; Rallet et Torre, 2004). De plus, la proximité géographique
augmente le risque d'échanges involontaires d'informations entre des acteurs cognitivement
proches (Boschma, 2005). Il peut en résulter un climat de méfiance qui nuit à la coopération
(Suire et Vicente, 2008). La proximité géographique ne constitue donc pas non plus une
condition suffisante à la coopération.
Afin de faciliter la coopération des acteurs dans des projets collaboratifs, peuvent être mis en
place des mécanismes de substitution - où des types de proximité non spatiale remplacent la
proximité géographique -, et de chevauchement - où la proximité géographique favorise la
proximité non spatiale - (Hansen, 2015). La littérature portant sur les réseaux inter-
organisationnels territorialisés illustre ces deux mécanismes. Par exemple, l'élargissement
géographique d'un réseau territorial, par l'intégration de nouveaux membres éloignés des
premiers acteurs, peut conduire à une diversification des cadres cognitifs, et à la dilution des
liens inter-organisationnels initiaux. La proximité géographique fondatrice de la coopération
entre les acteurs se trouve modifiée. Une proximité organisationnelle et une proximité
institutionnelle sont alors nécessaires pour accompagner la mise en place de projets de
coopération entre tous les acteurs (Barabel et al., 2009). Par ailleurs, dans le cas d'un réseau
inter-organisationnel territorialisé fondé sur une activité mature à image forte et symbolique, la
proximité géographique est essentielle pour initier une régénération stratégique, vue comme
une modification de la stratégie mise en œuvre tout en restant dans le même secteur d'activité
(Detchenique et Loilier, 2014). Elle n'est pourtant pas suffisante pour poursuivre le processus ;
les proximités sociale et organisationnelle doivent être mobilisées.
La proximité organisationnelle n'est cependant pas la panacée. En effet, peu de proximité
organisationnelle ne permet pas aux entreprises de bénéficier des économies potentielles
(Boschma, 2005). A l'inverse, une trop forte proximité organisationnelle, relativement aux
autres formes de proximité, peut enfermer les acteurs dans une routine. Les coopérations
13 Un écosystème d'affaires est défini par Moore (1996) comme : « la communauté économique supportée par une
base d'organisations et d'individus en interaction » (traduit par Ben Letaïfa, 2014).
Chapitre 1. Analyse des coopérations inter-organisationnelles teritorialisées (CIOT)
21
établies ne sont alors pas remises en cause, et il n'y a pas de renouvellement des schémas de
pensée. Ainsi, par exemple, un réseau territorial, bâti pour des raisons d'aubaine financière et
qui ne repose pas sur une proximité sociale, risque de produire une organisation cloisonnée
provoquant l'inertie des acteurs et ne permettant de faire émerger des initiatives collectives
(Assens et Abittan, 2012).
De même, des relations sociales de longue date, ou qui sous-tendent des engagements
personnels forts, présentent le risque de générer une proximité sociale qui enferme les
individus dans leurs réseaux de relations. Cet entre-soi entrave les coopérations avec de
nouveaux partenaires (Staber, 2001) et fait courir un risque de déconnexion avec
l'environnement en constante évolution (Uzzi, 1997).
Concernant la proximité cognitive, une faible proximité entrave les coopérations. En effet, les
acteurs ne se comprennent pas suffisamment pour envisager des coopérations. A l'inverse, une
proximité cognitive trop forte réduit les opportunités d'échanger des connaissances nouvelles,
car les acteurs disposent des mêmes connaissances et expertises. Une proximité cognitive forte
limite les coopérations, en particulier lorsque celles-ci visent une action collective pour
développer l'innovation (Talbot, 2008).
Ainsi, les cinq types de proximité - géographique, organisationnelle, institutionnelle, sociale, et
cognitive - sont complémentaires et nécessaires à des degrés variables, pour engendrer ou
maintenir l'action collective.
De plus, des phénomènes d'interdépendance entre les cinq types de proximités peuvent être
soulignés. En effet, la proximité sociale est stimulée par la proximité géographique des
organisations, car les faibles distances occasionnent des interactions sociales qui encouragent
la confiance inter-individuelle et suscitent des initiatives de coopérations inter-
organisationnelles. De même, une faible proximité sociale est d'autant plus élevée que la
proximité organisationnelle est forte (Girard, 2015).
La Figure 10 présente une synthèse de l'interdépendance des cinq dimensions de la proximité,
et l'influence de la combinaison de leurs effets sur les coopérations inter-organisationnelles
territorialisées.
Figure 10 - Les types de proximités et les coopérations inter-organisationnelles
territorialisées (adapté de Gosse et Sprimont, 2010)
Chapitre 1. Analyse des coopérations inter-organisationnelles teritorialisées (CIOT)
22
En synthèse, cette sous-section permet d'avancer que les coopérations inter-organisationnelles
territorialisées sont influencées (facilitées ou entravées) par les interactions inter-
organisationnelles générées par les proximités géographiques et non spatiales.
Or, les interactions inter-organisationnelles ne sont pas désincarnées. En effet, comme l'ont
montré les travaux en sociologie économique menés par Granovetter (1985), les actions
économiques sont « encastrées » dans des réseaux de relations interpersonnelles (Huault,
1998). Ainsi, Rallet (2002, p. 22) souligne que « les effets de proximité sont produits par
l'articulation entre les relations inter-organisationnelles et les relations inter-individuelles ».
A cet égard, il faut noter que certains auteurs évoquent la notion de proximité relationnelle
pour désigner le fait que des individus sont proches car ils entretiennent des relations
(Chevallier et al., 2014 ; Nicholson et al., 2013). Ils distinguent alors la proximité
géographique qui crée un potentiel de relations, de la proximité relationnelle qui exprime « la
capacité d'acteurs à nouer des relations » (Chevallier et al., 2014). Cette dimension
relationnelle ne constitue pas une dimension supplémentaire de la proximité, mais plutôt une
alternative à l'ensemble des dimensions non spatiales.
Conclusion de la section 1: Les proximités géographiques et non spatiales génèrent des
relations inter-individuelles qui influencent les coopérations inter-organisationnelles
territorialisées
A l'issue de la section 1, la revue de littérature sur le concept de territoire et sur l'approche par
les proximités en particulier, permet de définir le territoire comme la conjonction de
proximités géographiques et non spatiales (Zimmerman, 2008).
Par ailleurs, nous avons mis en évidence que les proximités génèrent des interactions inter-
organisationnelles. Ainsi, pour le sociologue et économiste Veltz (2002), le territoire, compris
comme un système social et non simplement spatial, est un fournisseur de ressources
relationnelles. Or, l'analyse des effets des proximités indique que les interactions inter-
organisationnelles influencent les coopérations inter-organisationnelles.
Eclairés par ces éléments de littérature, et en raison de l'encastrement des actions économiques
dans les réseaux de relations interpersonnelles (Granovetter, 1985), nous avons l'intuition que
les relations interpersonnelles peuvent être un facteur explicatif des coopérations inter-
organisationnelles territorialisées.
En conséquence, nous adjoignons une dimension relationnelle aux dimensions administrative,
spatiale et sociale, présentées en début de cette section, pour caractériser le territoire étudié.
Nous nous inscrivons alors dans la lignée de Lauriol (2006, p. 367) qui s'est intéressé à la
question du territoire pour la stratégie, et qui définit le territoire comme une organisation qui
« maille (...) ou encastre différents acteurs porteurs de rationalités diverses et limitées,
différents niveaux d'intervention (le local, le national, le global, etc.), différentes institutions et
organisations (...) autour de projets et d'intérêts communs ». Nous retenons la définition du
Chapitre 1. Analyse des coopérations inter-organisationnelles teritorialisées (CIOT)
23
concept de territoire de Lauriol, Perret et Tannery (2008a), qui conçoivent le territoire «
comme une forme d'organisation de l'action collective spatialisée et territorialisée » (ibid., p.
187).
Fort de ces éléments, nous examinons alors dans la littérature les enjeux relationnels des
coopérations inter-organisationnelles territorialisées, entre acteurs publics et privés d'une part
(Section 2), et entre acteurs privés concurrents d'autre part (Section 3).
Chapitre 1. Analyse des coopérations inter-organisationnelles teritorialisées (CIOT)
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SECTION 2 - LES COOPÉRATIONS ENTRE DES ACTEURS PUBLICS ET DES ACTEURS
PRIVÉS GÉOGRAPHIQUEMENT PROCHES : UNE FORME DE GOUVERNANCE
TERRITORIALE
Lorsqu'on observe sur le terrain les coopérations inter-organisationnelles entre des acteurs
publics et privés géographiquement proches, des difficultés à coopérer peuvent être constatées
dans le cas des secteurs d'activités ancrées sur un territoire. L'implication conjointe des acteurs
publics et des acteurs privés dans l'activité économique du territoire observé ne semble pas
aisée, et nous proposons d'appréhender les problématiques de ces coopérations spécifiques.
Pour cela, nous justifierons le choix dans un premier temps du champ disciplinaire du
management stratégique pour comprendre les spécificités de ce type de coopérations,
désignées dans la littérature en sciences sociales par le terme « gouvernance territoriale » (1).
Les diverses formes de gouvernances territoriales seront ensuite présentées (2), puis leurs
problématiques examinées (3). Enfin, nous identifierons des cadres théoriques d'analyse de la
gouvernance territoriale mobilisés dans la littérature, et retiendrons celui qui nous semble
pertinent afin de comprendre les difficultés de coopérations entre des acteurs publics et des
acteurs privés géographiquement proches (4).
1. Le choix d'un champ disciplinaire pour étudier la gouvernance
territoriale
La gouvernance territoriale est un objet de recherche de deux champs disciplinaires des
sciences de gestion : le management public et le management stratégique.
La notion de gouvernance a été introduite dans les années 1990 dans les sciences politiques,
afin de désigner l'évolution de l'exercice de l'autorité publique par la participation croissante de
la société civile, et du secteur privé en particulier (Gaudin, 1998). Cette conceptualisation de la
notion de gouvernance est précisée ici car elle est reprise en management stratégique. Pour les
sciences politiques, comme en management stratégique, le mot gouvernance est préféré au
terme gouvernement, qui de haut en bas et imposé par l'acteur public, n'a pas de sens dans un
contexte où les organisations publiques et privées se partagent les ressources, l'information, et
le pouvoir. La notion de gouvernance met en particulier l'accent sur les responsabilités
partagées concernant les questions économiques et sociales (Stoker, 1998). Elle connote alors
la coordination nécessaire des acteurs publics et de leurs partenaires privés dans l'objectif
d’« atteindre un modicum d'efficacité » (Paquet, 2014, p. 645).
En management public, les coopérations public-privé résultent d'une « gouvernance
collaborative », engageant organisations extérieures et « gouvernement » dans un processus de
prise de décision collective, formelle et consensuelle, visant la mise en œuvre d'une politique
publique (Ansell et Gash, 2007). Les coopérations public-privé prennent forme en particulier
Chapitre 1. Analyse des coopérations inter-organisationnelles teritorialisées (CIOT)
25
lors de la délégation de missions publiques (Amar et Berthier, 2007 ; Hill et Lynn, 2005). La
gouvernance collaborative se caractérise par la multiplicité et l'hétérogénéité des acteurs -
publics et privés - impliqués (Emerson et al., 2011), et sur l'interdépendance des pouvoirs
associés à l'action collective (Casteigts, 2003). Ainsi, la gouvernance territoriale développe des
formes d'action impliquant les institutions locales, ainsi que les acteurs privés, et leurs
organismes collectifs (Chappoz et Pupion, 2012). Sur la base d'une revue de littérature, Ansell
et Gash (2007) relèvent les différents facteurs qui influencent le succès d'une gouvernance
collaborative locale : les antécédents de conflit ou de coopération, les incitations à la
participation des parties prenantes, les déséquilibres de ressources et pouvoir, le leadership, et
le design institutionnel. Ils identifient des variables cruciales pour le processus de
collaboration : le dialogue en face à face, la confiance, et le développement de l'implication et
de la compréhension mutuelle. Ces variables sont également identifiées dans la littérature en
management stratégique qui étudie des situations de coopération entre des acteurs privés et
publics au niveau d'un territoire.
En management stratégique, la question de la gouvernance territoriale tient à la transformation
des acteurs d'un territoire en parties prenantes impliquées dans une action collective (Michaux
et al., 2011). La gouvernance territoriale intègre la diversité des acteurs d'un territoire : acteurs
économiques (entreprises, associations d'entreprises, etc.), institutionnels (collectivités
territoriales, État, etc.) et sociaux (associations, syndicats, etc.). Sous cet angle d'analyse, la
gouvernance territoriale désigne un processus multi-organisationnel de dialogue et de prise de
décisions partagée, en d'autres mots, c'est un espace de management stratégique multi-
organisationnel (Michaux et al., 2011), qui repose sur des relations inter-organisationnelles
(Begalli et al., 2014).
Nous notons de cette analyse des champs du management public et du management stratégique
qu'ils montrent communément le caractère collectif de la gouvernance territoriale, et en
particulier l'action coordonnée entre de multiples acteurs locaux, publics et privés. Néanmoins,
ces approches divergent quant aux objectifs assignés à la gouvernance territoriale.
En effet, pour le management public la gouvernance territoriale est au cœur de la démarche
volontariste de l'Etat ou de la collectivité instituée pour le développement des territoires
(Ehlinger et al., 2007). Ainsi, les questions étudiées en management public sont centrées sur la
gouvernance territoriale comme moyen et forme de mise en œuvre d'une politique publique.
En management stratégique, la gouvernance territoriale vise à pérenniser les activités des
acteurs d'un territoire. La gouvernance territoriale y est en particulier étudiée dans le cas de
réseaux d'acteurs géographiquement proches : les districts industriels selon le modèle italien,
les clusters (au sens de Porter) et les pôles de compétitivité français.
En conséquence, le champ disciplinaire du management stratégique est retenu pour l'analyse de
la situation de gouvernance territoriale qui nous est donnée à analyser dans la thèse, mais en
précisant les diverses formes de la gouvernance territoriale.
Chapitre 1. Analyse des coopérations inter-organisationnelles teritorialisées (CIOT)
26
2. Les formes de la gouvernance territoriale
De nombreuses études empiriques et professionnelles ont mis en évidence des formes de
gouvernance territoriale, que l'on peut distinguer selon les critères suivants : le degré de
formalité de la coopération, et le type d'acteurs dominants.
Le degré de formalité de la coopération distingue deux formes de gouvernance territoriale. La
gouvernance informelle est fondée sur des relations étroites entre les parties prenantes,
enracinées dans un tissu économique ancien, selon le modèle du district à l'italienne (Amin,
1999 ; Dei Ottati, 1996 ; Mistri, 1999). La gouvernance formelle est, elle, structurée avec des
conseils et des comités de pilotage. C'est le cas des clusters14
créés pour le développement
d'une technologie (Amin, 1999 ; Chabault, 2010 ; Eggrickx, 2000 ; Gomez, 2009 ; Mendez et
Mercier, 2006). Cependant, des formes de gouvernance formelles, telles que les clusters,
reposent souvent sur un historique de coopérations informelles (Yami et Nemeh, 2014).
Les formes de gouvernance territoriale sont aussi distinguées selon le type d'acteurs
dominants, c'est-à-dire les acteurs-clés en charge de la coordination des acteurs (Pecqueur,
2003) : la gouvernance privée, la gouvernance publique, la gouvernance privée collective et,
enfin la gouvernance mixte.
Ainsi, la gouvernance est dite privée, quand elle est informelle et dominée par une entreprise
leader qui joue un rôle de pivot et qui pilote les dispositifs de coordination (Bocquet et Mothe,
2009a ; Mendez et Mercier, 2006).
La gouvernance est dite publique, lorsqu'elle est dominée par des institutions publiques (État,
collectivités territoriales, etc.), qui assurent le moteur des dispositifs formels de la coordination
locale (Mendez et Mercier, 2006). La gouvernance est en effet très souvent initiée par les
pouvoirs publics, qui se saisissent d'un mouvement spontané d'agglomération d'entreprises
pour en faire une véritable opportunité de développement local (Chabault, 2010).
La gouvernance peut aussi être privée collective, dans le cas où les acteurs privés s'auto
organisent (Gilly et Perrat, 2003). Cette forme de gouvernance, encore dite associative, est
définie comme « une combinaison d'institutions privées et spécialisées en charge de
l'élaboration, de l'adaptation et de l'exécution des règles collectives » (Elhinger et al., 2007,
p.164). La gouvernance privée collective a été premièrement observée dans les districts
industriels italiens de la région Emilie Romagne, qui configurent « un réseau d'institutions
formelles et informelles se renforçant mutuellement, unies par un certain style de vie
combinant le succès entrepreneurial, un bon gouvernement et la cohésion sociale » (Amin,
1999 ; p. 395). Elle repose sur un sentiment d'appartenance communautaire, basé sur la
confiance et la solidarité. L'acteur-clé de la gouvernance privée collective est une institution
formelle qui impulse une coordination des stratégies des acteurs, comme par exemple un
syndicat professionnel (Gilly et Perrat, 2003).
14 Porter (1998, p. 78) définit les clusters comme des « geographic concentrations of interconnected companies
and institutions in a particular field ».
Chapitre 1. Analyse des coopérations inter-organisationnelles teritorialisées (CIOT)
27
Cependant la gouvernance privée collective présente un risque de « lock-in », lorsqu'elle
adhère aux routines et pratiques existantes, et rend les entreprises incapables d'évoluer et de
saisir de nouvelles opportunités. Ce risque est accentué lorsque la gouvernance est contrôlée
par un petit groupe d'entreprises et/ou de familles (Helmsing, 2001 ; p. 299). Ainsi,
l'institutionnalisation des pratiques et les conventions partagées privilégieraient l'homogénéité
et n'intègreraient pas suffisamment la diversité des acteurs (Mendez et Mercier, 2006).
L'implication des acteurs publics locaux dans une forme de gouvernance collective apparaît
comme la solution afin de prendre en compte la diversité des acteurs d'un territoire (Bocquet et
al., 2009).
Alors, le plus souvent, la gouvernance évolue pour devenir une structure mixte, avec la
participation de tous les acteurs locaux, privés et publics, qu'ils soient individuels ou
associatifs (Ehlinger et al., 2007 ; Leloup et al., 2005). Cette gouvernance mixte est nécessaire
pour créer une dynamique collective entre acteurs hétérogènes, déficitaires en ressources et en
capacités d'interaction (Bocquet et Mothe, 2009a). La gouvernance est dans ce cas partenariale,
combinant les dimensions économiques et sociopolitiques, et pallie le risque de « lock-in »
(Boquet et al., 2009). Ce partenariat évite le repli sur soi des groupes d'acteurs dont les
objectifs et les stratégies diffèrent, et facilite leur collaboration. Si la gouvernance mixte est à
dominante privée, les acteurs locaux privés sont en charge de la gouvernance, et les acteurs
publics interviennent en tant que partie prenante (externe). Dans le cas de la gouvernance
mixte à dominante publique, les acteurs publics sont des parties prenantes internes, et la
gouvernance est assurée par leurs institutions publiques, qui deviennent des acteurs clés
(Bocquet et Mothe, 2009a ; Gomez, 2009).
Dans tous les cas, la gouvernance territoriale est chargée de rendre possible la prise de décision
fondée sur la juxtaposition d'intérêts privés et de l'intérêt collectif (Ehlinger et al., 2007), qui
peuvent être convergents ou contradictoires (Alberti, 2001). La difficulté tient à la recherche
d'un consensus pour un « profit collectif » (Gomez, 2009).
Le Tableau 3 présente une synthèse des différentes formes de gouvernance territoriale selon le
degré de formalité de la coopération et le type d'acteur dominant.
Tableau 3 - Les formes de gouvernance territoriale selon le degré de formalité de la
coopération et le type d'acteur dominant
Formes de gouvernance territoriale
Privée Publique Privée Collective Mixte
Degré de
formalité de la
coopération
Informel Formel Informel et
Formel
Informel et
Formel
Acteur dominant
la coordination
Une entreprise
leader
Des institutions
publiques
Plusieurs acteurs
privés
Plusieurs acteurs
privés et publics
Les formes de gouvernance territoriale sont spécifiques aux configurations des secteurs et des
territoires concernés (Boquet et Mothe, 2009b).
Chapitre 1. Analyse des coopérations inter-organisationnelles teritorialisées (CIOT)
28
En effet, selon Alberti (2001), qui a développé un cadre théorique pour la gouvernance des
districts industriels, la forme de gouvernance serait liée à des contingences internes (le degré
d'individualisme des membres, la nature et la taille des membres, la disponibilité des
ressources, etc.) et externes (le type d'industrie, le cadre légal, la pression concurrentielle, etc.).
Par ailleurs, Provan et Kenis (2007) considèrent que les formes de gouvernance dépendent de
facteurs interreliés : la confiance, le nombre d'acteurs, le consensus sur les objectifs à atteindre,
et le besoin de compétences collectives. Des études empiriques montrent que la forme de la
gouvernance territoriale peut également résulter de choix des acteurs, comme par exemple, le
degré d'intervention des acteurs publics (Favoreu et al., 2008), l'intégration des acteurs
localisés dans un périmètre géographique élargi (Chabault, 2010), ou le départ de l'entreprise
leader (Detchenique et Loilier, 2016).
Dans le cas qui est le nôtre, le concept de gouvernance territoriale à retenir est celui de
gouvernance mixte. Son rôle principal est d'encourager et stimuler les projets de coopération
entre des acteurs privés hétérogènes et publics. Cependant, la littérature indique que la
gouvernance territoriale, y compris mixte, est un exercice difficile, avec des difficultés de
coopérations entre acteurs publics et privés géographiquement proches. Les travaux en
management stratégique relèvent des problématiques liées aux rôles des acteurs publics dans la
gouvernance territoriale (3.) et d'autres venant des activités et de l'efficacité de l'instance de
gouvernance (4.)
3. Le rôle des acteurs publics dans la gouvernance territoriale
Les acteurs publics interviennent dans la gouvernance territoriale car ils souhaitent soutenir le
développement économique local (Brette et Chappoz, 2007 ; Gilly et Perrat, 2003 ; Grandori et
Soda, 1995). En effet, les politiques publiques tendent à favoriser l'essor des coopérations entre
les acteurs privés afin de maintenir une activité économique au niveau du territoire (Brousseau,
2000). Ainsi, l'acteur public est chargé de rendre possible une mobilisation de l'ensemble des
acteurs sur des objectifs communs de développement, partageant ou acceptant de partager une
même vision à moyen et long terme du territoire (Leloup et al., 2005).
Dans le cas d'un réseau d'acteurs géographiquement proches, constitué principalement de
PME, la gouvernance rend nécessaire l'implication des partenaires institutionnels publics. En
effet, les PME ne disposent pas de ressources humaines suffisantes pour dégager du temps afin
de s'impliquer dans la gouvernance. Les pouvoirs publics institutionnels jouent alors un rôle
dans « l'identification d'un problème partagé et la visée d'une recherche d'une solution par une
coordination coopérative » (Leloup et al., 2005, p. 328). La gouvernance donne aux acteurs
publics un rôle d'orientation, d'animation, d'arbitrage, et de communication (Ehlinger et al.,
2007 ; Leloup et al., 2005).
L'Encadré 1 présente succinctement l'implication des acteurs publics dans le cadre de
dispositifs de gouvernance territoriale en France.
Chapitre 1. Analyse des coopérations inter-organisationnelles teritorialisées (CIOT)
29
Encadré 1 : Une illustration de l'implication des acteurs publics dans la gouvernance territoriale : les
dispositifs français
En France, l'implication financière de l'État est décentralisée au niveau des régions qui sont compétentes
pour le développement économique des territoires. Les institutions publiques impliquées dans la
gouvernance territoriale sont à la fois régionales et locales. La région et les institutions publiques locales
(départements, agglomérations, villes) sont des parties prenantes internes plus ou moins impliquées dans
la gouvernance des clusters français : pôles de compétitivité et grappes d'entreprises.
En s'inspirant des clusters anglo-saxons, le gouvernement français a lancé en 2004 une politique
industrielle accompagnée de la création du dispositif de pôle de compétitivité15
. Un pôle de
compétitivité rassemble, sur un territoire bien identifié et une thématique donnée, des entreprises petites
et grandes, des laboratoires de recherche et des établissements de formation. Il a vocation à soutenir
l'innovation, favoriser le développement des projets collaboratifs de recherche et développement (R&D)
particulièrement innovants. Les pouvoirs publics nationaux et locaux sont étroitement associés à cette
dynamique.
Le dispositif des grappes d'entreprises16
(initié en 2009, en complément du dispositif de pôle de
compétitivité lancé en 2004), permet de favoriser les coopérations et mutualisations de moyens
principalement autour d’actions collectives. Constituées et dirigées principalement par des TPE/PME,
les grappes d’entreprises ont un fort ancrage territorial et associent, selon les contextes, des grandes
entreprises et des acteurs de la formation, de la recherche et de l’innovation. Elles favorisent les
coopérations avec les autres acteurs publics et privés, notamment de la formation, de la gestion de
l’emploi et des compétences et de l’innovation.
Le rôle des dispositifs de gouvernance territoriale est « de renforcer les synergies et
d’améliorer la dynamique collaborative entre les acteurs publics et privés dans le but de
renforcer les capacités d’innovation et la compétitivité à long terme des entreprises » (Bocquet
et al., 2009, p. 227).
Cependant, l'implication des institutions publiques locales dans la gouvernance territoriale
comporte des limites. En effet, une forte implication des institutions publiques locales peut
conduire à des difficultés pour gérer la tension entre l'ancrage local et l'ouverture nécessaire
aux entreprises pour innover (Bocquet et Mothe, 2009b).
Une instance représentative des acteurs privés et publics sur un territoire, dont la finalité est la
coordination des acteurs du territoire, est constituée pour dépasser ces limites (Ehlinger et al.,
2007 ; Alberti, 2001). La formalisation de l'instance de gouvernance peut être pilotée par les
acteurs publics locaux, à condition qu'ils soient légitimes (Bocquet et Mothe, 2009a), et que
leur intervention s'adapte à mesure que la gouvernance évolue (Favoreu et al., 2008). La
gouvernance territoriale s'appuie sur des supports institués, permettant de rassembler les
acteurs venant d'horizons cognitifs variés, autour de « référents partagés » (Elhinger et Perret,
2009). Ainsi, la gouvernance territoriale crée une « proximité institutionnelle » (Mendez et
Mercier, 2006), et s'efforce de faire converger les différentes représentations des acteurs vers
des objectifs communs (Boquet et al., 2009).
15 http://competitivite.gouv.fr/politique-des-poles/la-politique-des-poles-depuis-2005-472.html
16 https://www.data.gouv.fr/fr/datasets/grappes-d-entreprises-30382804/
Chapitre 1. Analyse des coopérations inter-organisationnelles teritorialisées (CIOT)
30
Parallèlement au rôle des acteurs publics, les activités et l'efficacité de l'instance de
gouvernance semblent pouvoir expliquer les difficultés d'exercice de la gouvernance
territoriale.
4. Les difficultés liées aux activités et à l'efficacité de l'instance de
gouvernance
Les activités de l'instance de gouvernance territoriale
Le recours à une instance de gouvernance répond au besoin de coopération des acteurs privés
et publics d'un territoire, pour la réalisation de leur objectif commun (Alberti, 2001; Elhinger
et al., 2007 ; Jones et al., 1997).
L'instance de gouvernance territoriale est une structure formelle, composée des acteurs du
territoire. Elle est dotée d'une légitimité professionnelle, de pouvoirs spécifiques et de
ressources propres (Ehlinger et al., 2007). Elle est une entité administrative distincte de ses
membres. En anglais Network Administrative Organization, elle est un intermédiaire qui joue
le rôle clé de coordination et de soutien du réseau des acteurs (Provan et Kenis, 2008), et
d'architecte social (Alberti, 2001), dans le sens où elle doit prendre en compte l'hétérogénéité
des membres. L'instance de gouvernance n'est pas un membre du réseau, mais « se retrouve au
cœur d'un réseau relationnel dynamique ouvert sur l'extérieur » (Ehlinger et al., 2007, p. 168).
Elle joue un rôle stratégique et opérationnel.
L'instance de gouvernance est chargée d'alimenter la « réflexion stratégique » des acteurs
locaux (au sens de Calori et al., 1997)17
. Elle développe des choix stratégiques, par exemple,
fixer les objectifs de développement à long terme, définir le périmètre du réseau des acteurs et
les modalités d'accueil des nouveaux entrants, résoudre les éventuels conflits d'intérêts
(Gomez, 2009).
Au niveau opérationnel, le rôle de l'instance de gouvernance est de présenter les résultats pour
insuffler la gouvernance (Bocquet et al., 2009). La dimension opérationnelle de la
gouvernance implique les membres dans l'élaboration, la coordination et le suivi opérationnel
des projets (Bocquet et Mothe, 2009a ; Provan et Kenis, 2007).
L'efficacité de la gouvernance territoriale
L'efficacité de la gouvernance territoriale est définie par Provan et Kenis (2007) comme
l'atteinte de résultats positifs pour l'ensemble des organisations, qui n'auraient pas pu être
réalisés par les organisations agissant individuellement.
Des principes et mécanismes sont recommandés par la littérature en vue de rendre efficace une
gouvernance territoriale.
17 Selon Calori, Véry et Arrègle (1997), l'expression « réflexion stratégique » traduit l'ensemble des processus
stratégiques (diagnostic et décisions) mis en œuvre par les dirigeants d'entreprise.
Chapitre 1. Analyse des coopérations inter-organisationnelles teritorialisées (CIOT)
31
Premièrement, la gouvernance devrait être capable de construire sa légitimité (Ehlinger et
Perret, 2009 ; Paquet, 2014), et se faire accepter par l'ensemble des acteurs afin de permettre
leur mobilisation et leur coopération.
En second lieu, pour être efficace la gouvernance devrait être dédiée à des domaines
relativement circonscrits, qui répondent aux différents besoins des membres (Ehlinger et
Perret, 2009 ; Paquet, 2014), au risque qu'ils se désolidarisent et aillent chercher à l'extérieur
du réseau ce qu'ils ne trouvent plus à l'intérieur.
Enfin, troisièmement, la gouvernance devrait être capable de se régénérer pour éviter les
risques de sur-intégration. La gouvernance devrait permettre la souplesse et la réactivité
nécessaires pour assurer l'ouverture du réseau territorialisé, aussi bien au niveau géographique
qu'au niveau des activités (secteurs connexes, ou autres secteurs).
L'examen des conditions d'efficacité de la gouvernance territoriale nous conduit à la question
de l'évaluation de sa performance. Or, la littérature retient que l'évaluation de la performance
de la gouvernance territoriale est difficile à réaliser (Bocquet et Mothe, 2009), ce qui ne facilite
pas l'orientation des décisions d'évolution de la gouvernance. Même si, dans la pratique, elle
peut être évaluée au regard des objectifs qui sont assignés par les pouvoirs publics18
impliqués
financièrement comme dans le cas des pôles de compétitivité français (Hussler et al., 2013),
l'évaluation de la performance est complexe car elle échappe aux critères auxquels se réfère la
théorie libérale. En effet, dans une logique d'efficacité financière, les décideurs politiques
devraient équilibrer les coûts de soutien à la coopération entre organisations, et les bénéfices
attendus. Or, l'évaluation de la mesure de la performance d'une gouvernance territoriale, dans
le cadre de la pensée libérale, impliquerait d'établir des droits de propriété sur la rente
économique. Or, le « profit collectif » résultant d'une coproduction collective du pôle de
compétitivité ne peut être évalué (Gomez, 2009).
Au total, pour le cas qui est le nôtre, l'analyse des conditions de coopération entre des acteurs
publics et des acteurs privés, nous retenons que la gouvernance territoriale est marquée par une
finalité stratégique. Elle est de cadre mixte, avec un poids fort des acteurs privés et avec un
accompagnement et un soutien financier des acteurs publics. Les difficultés du processus de
gouvernance sont liées au rôle de l'instance de gouvernance et à la complexité de la mesure de
sa performance. Ces problématiques de gouvernance territoriale peuvent être analysées dans
une perspective de management stratégique avec des cadres théoriques adaptés.
5. Les cadres d'analyse théorique de la gouvernance territoriale
Plusieurs cadres théoriques de la gouvernance d'entreprise sont utilisés par les auteurs en
management stratégique, pour montrer comment les concepts de gouvernance territoriale et de
18 Des contrats de performance pluriannuels, basés sur des feuilles de route stratégiques des pôles, sont signés
entre la gouvernance des pôles, l’État et les collectivités locales. Des objectifs sont fixés, et la performance est évaluée au regard de ces objectifs.
http://competitivite.gouv.fr/documents/commun/Politique_des_poles/2013-2018/2pages-politique-poles.pdf
Chapitre 1. Analyse des coopérations inter-organisationnelles teritorialisées (CIOT)
32
coopération entre des acteurs sont liés. L'approche par la Proximité, la théorie de l'Agence et la
théorie de l'Intendance sont utilisées afin de montrer que la gouvernance territoriale est un
processus de coopération entre des acteurs multiples d'un territoire. L'approche par les Coûts
de Transaction et celle par les Ressources et Compétences aident à comprendre comment la
gouvernance territoriale permet aux acteurs d'un territoire de viser l'efficacité de l'action
collective. L'approche sous l'angle des « réseaux » permet de souligner et d'opérationnaliser le
caractère relationnel de la finalité de la gouvernance territoriale.
Dans la perspective de montrer comment des acteurs économiques et sociopolitiques divers,
tous situés sur un même territoire, peuvent conduire un projet local de développement, les
économistes de l'école de la Proximité prennent non seulement en compte la dimension
spatiale du fait productif, mais intègrent également dans leurs analyses les dimensions
organisationnelles et institutionnelles de la proximité (Gilly et Wallet, 2001 ; Torre, 2011). La
gouvernance territoriale, qu'ils nomment « gouvernance locale » est alors introduite comme
« un processus de confrontation et d'ajustement tout à la fois de systèmes de représentations et
d'actions de groupes d'acteurs proches géographiquement mais pouvant être issus de champs
organisationnels et institutionnels différents en vue de la réalisation d'un projet local de
développement » (Gilly et Wallet, 2001). La gouvernance locale désigne alors ici une forme de
régulation territoriale et d'interdépendance dynamique entre agents notamment productifs et
institutions locales (Leloup et al., 2005, p.324).
Le cadre théorique de l'Agence (Jensen et Meckling, 1976) peut être adapté et appliqué au
processus dynamique de conduite d'un projet collectif par les acteurs d'un secteur et d'un
territoire. Cette théorie a été mobilisée pour l'étude des districts industriels italiens19
(Alberti,
2001 ; Becattini, 1991), car le manque de confiance, les intérêts personnels, l'asymétrie
d'information peuvent accentuer les divergences entre les acteurs du district et réduire
l'efficacité du district dans son ensemble. Un comité de district, composé de préférence de
parties prenantes externes au district, peut alors contrôler les acteurs du district, et limiter les
divergences d'intérêts (Alberti, 2001).
A l'inverse de la théorie de l'Agence, la théorie de l'Intendance (stewardship theory) (Davis et
al., 1997) ne suppose pas l'existence de conflits d'intérêts. Les agents et les principaux
partagent les mêmes intérêts, et les agents agissent pour soutenir les intérêts des principaux.
Selon ce cadre théorique, le comité de district industriel, composé de parties prenantes internes
au district, n'est pas chargé de surveiller les parties prenantes du district, mais de les
accompagner dans leur réflexion stratégique, les conseiller et renforcer la légitimité de leurs
actions (Alberti, 2001).
Selon l'école des Coûts de Transaction (Coase, 1937 ; Williamson, 1981), la corporate
governance désigne les modes de coordination internes à la firme qui permettent de réduire les
coûts de transaction, et qui s'avèrent plus efficaces que le marché. Pour les auteurs de cette
19 A la suite des travaux de Marshall (1922), Becattini (1990) définit un district industriel comme : « (...) a socio-
territorial entity which is characterised by the active presence of both a community of people and a population of firms in one naturally and historically bounded area ».
Becattini G., (1990), “The Marshallian Industrial District as a Socio-Economic Notion”, in Pyke et al., Industrial Districts and Inter-firm Cooperation in Italy, International Institute for Labor Studies
Chapitre 1. Analyse des coopérations inter-organisationnelles teritorialisées (CIOT)
33
école, le terme governance décrit la nature des coordinations entre agents, dès lors qu'est
rejetée la position considérant le prix de marché comme seul agent de régulation des échanges.
Par analogie, la gouvernance territoriale apparaît alors comme une forme de régulation entre
agents locaux notamment productifs et institutionnels, visant à davantage d'efficacité (Leloup
et al., 2005).
En outre, l'approche par les Ressources et Compétences, conçue pour l'entreprise (Barney,
1991 ; Wernerfelt, 1984), permet de préciser le rôle du territoire dans la relation entre la
gouvernance et l'efficacité collective. En effet, les auteurs en management stratégique qui se
réfèrent à ce cadre théorique, considèrent qu'un territoire dispose d'un stock de ressources, et
d'un niveau de compétences à mobiliser afin de créer, préserver ou accroître un avantage
concurrentiel bénéfique à l'ensemble des acteurs du territoire. Ainsi, par exemple, Mendez et
Mercier (2006) indiquent dans leurs travaux, qu'au niveau d'un territoire qui abrite un secteur
industriel ancien composé essentiellement de PME, la capacité des acteurs à coopérer
représente la compétence la plus fondamentale. En effet, chaque entreprise individuellement ne
dispose pas des moyens nécessaires pour développer l'innovation, tandis que la mutualisation
des ressources permet de construire des compétences et ressources collectives (infrastructures,
R&D, formation, par exemple). Une bonne gouvernance territoriale correspondrait alors à une
aptitude organisationnelle susceptible de développer des compétences (innovation,
commerciales, par exemple) nécessaires à l'acquisition des avantages concurrentiels recherchés
(Mendez et Mercier, 2006).
Par ailleurs, certains auteurs en management stratégique examinent la gouvernance territoriale
sous l'angle des « réseaux », afin de souligner les rôles et formes des relations et coopérations
entre des acteurs proches géographiquement (Detchenique et Loilier, 2016 ; Ehlinger et al.,
2007 ; Provan et Kenis, 2008). Les réseaux territorialisés sont alors vus comme « des
ensembles coordonnés d'acteurs hétérogènes, géographiquement proches, qui coopèrent et
participent collectivement à un processus de production » (Ehlinger et al., 2007, p. 156).
Ces lectures théoriques des modalités de la gouvernance territoriale, nous ont fait retenir le
filtre descriptif des réseaux de relations entre les acteurs privés et les acteurs publics locaux.
En effet, pour le cas qui est le nôtre d'entreprises d'un secteur d'activités contraint et protégé
par la ressource, l'eau thermale, et d'un territoire socialement tissé par cette activité, et dont la
vie économique en dépend très fortement, les descriptions par les théories de l'Agence, de
l'Intendance, des Coûts de Transaction, et des Ressources et Compétences ne paraissent pas
opérationnalisables. Elles ne nous semblent pas permettre de révéler des facteurs susceptibles
de valider les perceptions des acteurs sur les conditions stratégiques d'évolution de leurs
activités ou de cette économie locale. En revanche, l'analyse par les réseaux de relations, et
nous y reviendrons dans les chapitres 2 et 3, nous paraît susceptible de décrire utilement les
formes et degrés de coopérations entre les acteurs privés et publics.
Chapitre 1. Analyse des coopérations inter-organisationnelles teritorialisées (CIOT)
34
Conclusion de la section 2 : L'analyse par les réseaux est pertinente pour comprendre
les CIOT comme forme de gouvernance territoriale mixte
Cette section a conduit à justifier le choix du champ du management stratégique pour étudier la
question de la gouvernance territoriale. En nous appuyant sur des analyses de cas empiriques,
nous avons caractérisé les formes de la gouvernance territoriale, et avons retenu la forme de
gouvernance mixte, c'est-à-dire impliquant des acteurs hétérogènes géographiquement proches,
publics et privés, car elle permet l'analyse des coopérations entre ces différents types d'acteurs.
Nous avons focalisé notre revue de la littérature sur les problématiques relevant des
coopérations entre acteurs publics et acteurs privés géographiquement proches. Celles liées
aux coopérations entre des acteurs privés concurrents géographiquement proches seront
abordées dans la section suivante.
Ainsi, nous avons repéré dans la littérature en management stratégique, les trois principales
problématiques liées aux coopérations entre acteurs publics et acteurs privés
géographiquement proches, ainsi que les cadres analytiques utilisés pour leur traitement. Ces
problématiques - le rôle des acteurs publics, les activités de l'instance de gouvernance, son
efficacité - soulèvent également des questionnements dans le cas étudié pour la thèse. Nous
avons alors décidé de retenir le cadre d'analyse des réseaux territorialisés d'organisations, car
cette approche souligne le caractère relationnel de la gouvernance territoriale, et nous semble
pertinente pour progresser dans la compréhension des difficultés de coopérations entre acteurs
publics et acteurs privés d'un secteur d'activités ancrées sur un territoire.
Chapitre 1. Analyse des coopérations inter-organisationnelles teritorialisées (CIOT)
35
SECTION 3 - LES COOPÉRATIONS ENTRE DES ACTEURS PRIVÉS CONCURRENTS
GÉOGRAPHIQUEMENT PROCHES : UNE COOPÉTITION PARTICULIÈRE
Les coopérations entre acteurs privés, à la fois concurrents et géographiquement proches,
constituent la forme particulière de coopérations entre entreprises observée sur notre terrain de
recherche. Cette situation de coopération est nommée « coopétition » dans la littérature.
La coopétition fait l'objet d'une riche littérature empirique. Des programmes de recherche
spécifiques sont consacrés à l'industrie, où ces stratégies de coopétition dominent (Depeyre et
Dumez, 2007 ; Le Roy et Yami, 2007). Ceci est en particulier le cas dans le secteur de la haute
technologie (Fernandez et Chiambaretto, 2013 ; Gueguen, 2010 ; Le Roy et Sanou, 2014). En
revanche, peu de recherches ont été menées à ce jour sur la coopétition entre entreprises
concurrentes géographiquement proches. Notre revue de littérature a permis de relever
quelques études menées dans des secteurs marqués par une prédominance de PME, notamment
agricoles (Hannachi et al., 2010 ; Petzold et Carpenter, 2015) et vitivinicoles (Dana et al.,
2013 ; Granata et Le Roy, 2014 ; Loubaresse et Cusin, 2015). Il ressort de ces études que les
entreprises rencontrent des difficultés à coopérer avec leurs concurrentes. Cependant, la
coopétition apparaît comme la stratégie qui permet aux entreprises d'une même zone
géographique de protéger le territoire, vu comme un bien commun (Cusin et al., 2013 ;
Hannachi et al., 2010). Au total, ces études soulignent la complexité de coopérer entre
compétiteurs, mais la complexité liée à la proximité géographique des coopétiteurs n'est pas, à
notre connaissance, spécifiquement étudiée.
Ainsi, afin de mieux comprendre les difficultés à coopérer des entreprises concurrentes et
proches géographiquement, nous analysons l'ensemble de cette littérature et présentons la
genèse et de la théorisation du concept de coopétition (1), explicitons la complexité de la
situation stratégique de coopétition, en particulier la dimension relationnelle de cette situation
stratégique paradoxale (2), et exposons le management de la situation de coopétition (3).
1. Genèse et théorisation du concept de coopétition
Nous constatons que la définition de la coopétition n'est pas stabilisée dans la littérature, et
explicitons le choix d'une définition pour servir notre recherche.
1.1. Genèse du concept de coopétition
La genèse du concept de coopétition provient de l'adoption il y a une vingtaine d'années de ce
néologisme managérial par le milieu académique.
La paternité du terme anglais « co-opetition » ou « coopetition » reviendrait au PDG de
Novell, entreprise américaine fabricant de logiciels. Dans un article du New York Times de
Chapitre 1. Analyse des coopérations inter-organisationnelles teritorialisées (CIOT)
36
199220
, Raymond Noorda explique que le développement et le succès de son entreprise
reposent sur sa philosophie des affaires qu'il qualifie de « co-opetition ». Cet état d'esprit
coopétitif, que Noorda perçoit comme une éthique des affaires, le conduit à privilégier la
coopération avec ses concurrents pour contribuer à la croissance du marché, alors avantageuse
pour tous. Egalement pragmatique, cet entrepreneur visionnaire et charismatique, explique que
la coopération avec ses concurrents a permis à son entreprise de développer un système
d'exploitation spécifique à la mise en réseau, compatible avec les logiciels et matériels
informatique disponibles. Novell est alors devenu avec Netware, leader avec 65% des parts de
marché.
Le terme coopétition est adopté par le milieu académique quelques années après. La
combinaison des manœuvres concurrentielles et coopératives faisait déjà l'objet de recherches
(Jorde et Teece, 1989), mais il est apparu nécessaire aux chercheurs en management
stratégique de nommer l'association entre les concepts de concurrence et de coopération. Ils
conviennent de façon générale (Bengtsson et al., 2010 ; Brandenburger et Nalebuff, 1995 ;
Dagnino et al., 2007 ; Fernandez et al., 2010 ; Gnyawali et al., 2016 ; Granata et Marquès,
2014 ; Lado et al., 1997 ; Le Roy et al., 2013 ; Roy, 2010), que le terme coopétition,
contraction de COOPération et de compÉTITION, décrit le fait de coopérer avec ses
concurrents. Le terme coopétition est qualifié de néologisme pendant près de vingt ans, et fait
l'objet de débats pour en préciser la définition ainsi que pour la spécification de ses contours.
Or, pour les sciences sociales, il semble admis qu'une notion devient un concept à partir du
moment où il y a une interaction dynamique entre sa dénomination, sa compréhension et son
extension (Dumez, 2011). De néologisme managérial, la coopétition devient alors concept
dans les années 2000 (Chiambaretto, 2011), et constitue depuis lors « un champ de recherche
autonome et reconnu au plan académique » (Cusin et al., 2013, p. 108).
1.2. Théorisation : la dimension ontologique de la coopétition
Le terme coopétition emprunte aux deux termes, coopération et concurrence, mais les auteurs
en management stratégique distinguent bien la coopétition, de la coopération et de la
concurrence. Dans la situation de coopétition, des entreprises ne peuvent être, exclusivement
en compétition, ou exclusivement en coopération. En associant deux concepts
fondamentalement opposés, la coopétition est un concept contre-intuitif. Le Roy, Yami et
Dagnino (2010, p. 24) évoquent un « défi lancé à la logique aristotélicienne dominante [dans
laquelle une chose et son contraire ne peuvent être vraies en même temps] qui justifie de
l'emploi du mot coopétition. »
Une brève présentation de l'évolution des idées en management stratégique permet de
comprendre l'opposition, pour les sciences de gestion, des paradigmes de concurrence et de
coopération, et la spécificité de la coopétition. La concurrence constitue un objet de recherche
en stratégie primordial dès les années 1950 (Ansoff, 1957 ; Chandler, 1962). Les chercheurs
appréhendent dès lors le développement des entreprises sous le prisme de la conquête et la
défense des marchés aux dépends des concurrents. Dans les années 1990, la durabilité
20 Fisher Lawrence M., « Preaching Love Thy Competitors », The New York Times, March 29, 1992
Chapitre 1. Analyse des coopérations inter-organisationnelles teritorialisées (CIOT)
37
recherchée de l'avantage concurrentiel défendue par Porter (1982) semble être un vœu pieux
qui ne peut se réaliser dans un contexte de mondialisation et de concurrence grandissante. Les
entreprises en concurrence sont alors amenées à coopérer d'une part pour faire face aux
turbulence de leur environnement inter-organisationnel (Emery et Trist, 1965), et d'autre part
afin de réduire l'incertitude des comportements des autres organisations (Astley et Fombrun,
1983 ; Bresser et Harl, 1986). Koenig (1996, p. 264) définit la coopération en ces termes :
« Un comportement concerté qui a pour motif d’améliorer la position relative de ses auteurs ou
d’aménager le contexte de leur action ». Dyer et Singh (1998) proposent alors une approche
relationnelle, selon laquelle la coopération génère des bénéfices relationnels (protection contre
des manœuvres opportunistes, habitudes de partage des connaissances, complémentarité des
ressources et capacités) qui procurent un avantage concurrentiel durable aux entreprises. Ainsi,
le secteur industriel et en particulier celui des hautes technologies, connaît depuis les années
2000, une intensification des relations de compétition et de coopération (Le Roy et al., 2013).
Au total, la coopétition que les chercheurs peuvent observer, combine deux paradigmes a priori
contradictoires : le paradigme concurrentiel qui prône la rivalité (D'Aveni, 1995 ; Porter,
1982 ; Smith et al., 1992), et le paradigme relationnel qui défend la coopération (Dyer et
Singh, 1998). La coopétition permet de dépasser la vision manichéenne des comportements
d'entreprise et apparaît comme une stratégie hybride entre l'affrontement et la coopération, tel
que l'illustre le triptyque de Koenig (1996) (Figure 11).
Figure 11 - Le triptyque de Koenig (1996)
La théorie de la coopétition n’est cependant ni une extension des théories de l'affrontement, ni
une extension des théories de la coopération (Le Roy et al., 2010).
Enoncer ce que n'est pas la coopétition n'est pas satisfaisant. S'interroger sur la définition de la
coopétition conduit à se poser des questions spécifiques : Quels sont les acteurs concernés par
la coopétition? Quels sont les déterminants de la coopétition? Quels sont les résultats et
impacts de la coopétition sur la performance? Comment est-elle gérée, mesurée? Ces questions
spécifiques nécessitent une théorisation spécifique, dont l'objectif est d'apporter une définition
du concept.
Chapitre 1. Analyse des coopérations inter-organisationnelles teritorialisées (CIOT)
38
1.3. Théorisation : les contributions majeures à la définition de la coopétition
Les trois contributions majeures qui ont posé des bases pour les propositions de définitions
ultérieures sont exposées dans un ordre chronologique, puisqu'elles se sont consécutivement
influencées.
Le réseau de valeur pour une entreprise de Brandenburger et Nalebuff
Brandenburger et Nalebuff (1995) s'appuient sur la théorie des jeux21
, pour proposer un modèle
stratégique selon l'idée que des concurrents peuvent coexister dans une logique « gagnant-
gagnant ». Ces auteurs adaptent au « jeu des affaires » la théorie des jeux qui prône
l'importance de centrer son attention sur les autres plutôt que sur soi-même, et pose le principe
que chaque action de joueurs entraîne des réactions des autres joueurs. En s'appuyant sur cette
théorie, Brandenburger et Nalebuff (1995) ont introduit le concept de réseau de valeur d'une
entreprise, représenté par un schéma qui comprend tous les participants en interaction dans le
jeu des affaires (Figure 12). Selon eux, dans le réseau de valeur d'une entreprise, il n'y a plus
de concurrents mais des « substituts » et des « complémentaires ».
Figure 12 - Le réseau de valeur d'une entreprise (adapté de Nalebuff et Brandenburger,
1995)
Le réseau de valeur de l'entreprise résulte de l'interdépendance entre les participants au jeu des
affaires. Les interactions entre les participants au jeu des affaires prennent place le long de
deux dimensions.
Sur la dimension verticale, les ressources vont des fournisseurs vers l'entreprise, et les
produits et services vont de l'entreprise vers les clients. Les flux monétaires suivent les
directions inverses.
Sur la dimension horizontale, se trouvent les substituts et les complémentaires qui
interagissent avec l'entreprise, sans transaction financière. Les substituts sont des concurrents
auprès desquels les clients peuvent acheter des produits ou services, ou à qui les fournisseurs
21 John von Neumann et Oskar Morgenstern. (1944). Theory of Games and Economic Behavior. Princeton
University Press
Fournisseurs
Clients
Substituts - - - - - - -
-
Entreprise - - - - - - - - Complémentaires
Chapitre 1. Analyse des coopérations inter-organisationnelles teritorialisées (CIOT)
39
peuvent vendre leurs ressources. Les complémentaires, quant à eux, sont des entreprises à qui
les clients peuvent acheter des produits complémentaires à ceux vendus par l'entreprise.
Brandenburger et Nalebuff ont utilisé les termes complémentaires et substituts plutôt que
concurrents. Selon eux, si un participant est qualifié de concurrent, cela focalise l'esprit sur la
concurrence et empêche la compréhension des interdépendances qui existent dans le jeu des
affaires, et notamment les opportunités de coopération. Ils suggèrent alors le terme de
coopétition pour traduire leur thèse.
La coopétition, selon Brandenburger et Nalebuff (1995), peut être définie comme un état
d'esprit qui conjugue simultanément la concurrence et la compétition, et qui permet un
rapprochement d'intérêts entre entreprises concurrentes.
Les comportements de recherche de rente de Lado, Boyd et Hanlon
Lado, Boyd et Hanlon (1997) rapprochent la théorie des jeux, la Resource-based View22
et la
théorie socio-économique23
. Ils proposent la notion de comportement syncrétique de recherche
de rente, pour expliquer comment les firmes d'un secteur peuvent générer des rentes
économiques, et atteindre une performance durable, par la concurrence et la coopération
simultanées. La définition retenue de la recherche de rente24
fait référence à la recherche de
ressources et de moyens qui permettent à l'organisation de choisir, développer et mettre en
œuvre des stratégies aux retombées économiques supérieures.
Selon Lado Boyd et Hanlon (1997), les rentes économiques peuvent être générées par des
comportements stratégiques qui relèvent de deux orientations distinctes : une orientation
compétitive et une orientation coopérative. Ils montrent que la coopération et la concurrence
peuvent se produire simultanément, et que l'entreprise conduit une stratégie globale, en
combinant des niveaux de coopération (faible, forte) et de compétition (faible, forte). Selon
eux, les comportements de recherche de rente peuvent être de quatre types selon les niveaux de
coopération et de concurrence combinés (Tableau 4).
Tableau 4 - Les comportements de recherche de rente (adapté de Lado et al., 1997)
Orientation compétitive
Faible Forte
Orientation
coopérative
Forte Comportement coopératif
de recherche de rente
Comportement syncrétique
de recherche de rente
Faible Comportement
monopolistique de
recherche de rente
Comportement compétitif de
recherche de rente
22 Initié par Wernerfelt B. (1984), et développé notamment par Barney J. B. (1991), le courant de la Resource-
based View (RBV) est basé sur la thèse que l'avantage concurrentiel soutenable dépend du contrôle des ressources par l'entreprise.
23 La théorie socio-économique défend l'idée que les décisions et actions économiques des individus ne sont pas
uniquement rationnelles mais également basées sur les valeurs et émotions (Etzioni, 1988), et qu'elles sont encastrées dans un réseau de relations interpersonnelles (Granovetter, 1985).
24 Cités par les auteurs pour la définition de la recherche de rente : Bowman, E. H. (1974), R. P. (1984).
Chapitre 1. Analyse des coopérations inter-organisationnelles teritorialisées (CIOT)
40
Pour Lado, Boyd et Hanlon, la coopétition correspond à un comportement syncrétique (à la
fois coopératif et compétitif) de recherche de rente par l'entreprise. Elle décrit une orientation
stratégique de la firme pour atteindre un « équilibre dynamique » entre stratégies
concurrentielles et coopétitives (ibid., 1997, p. 122).
Les relations entre concurrents d'un secteur de Bengtsson et Kock
Bengstsson et Kock (1999, 2000) fondent leur approche sur la Resource-based View et sur la
théorie des réseaux sociaux25
, et s'inspirent de recherches menées sur les relations
économiques et non économiques dans des réseaux de concurrents26
. Ils observent dans leurs
travaux empiriques que les relations horizontales entre deux concurrents sont basées sur leur
dépendance mutuelle vis-à-vis des ressources, et selon leur position concurrentielle relative sur
un secteur d'activités. Ils distinguent alors quatre stratégies relationnelles entre deux
concurrents sur un secteur d'activités : la coexistence, la coopération, la compétition et la
coopétition (Tableau 5).
Tableau 5 - Les relations entre concurrents (adapté de Bengtsson et Kock, 1999)
Position relative sur le secteur
Forte Faible
Besoin en
ressources
extérieures
Fort Coopétition Coopération
Faible Compétition Coexistence
Une entreprise qui a une forte position sur le secteur, et qui n'a pas besoin de ressources
détenues par son concurrent, se centre sur des relations concurrentielles. Si par contre, une
entreprise a une faible position sur le secteur et a besoin de ressources détenues par le
concurrent, alors la coopération apparaît comme la meilleure solution. Dans le cas où une
entreprise a une faible position sur le secteur et si elle n'a pas besoin de se rapprocher de son
concurrent pour obtenir des ressources, elle adoptera une stratégie de coexistence. A l'opposé,
elle développera des relations de coopétition, si elle a une forte position sur le secteur et un fort
besoin de ressources détenues par le concurrent.
Pour Bengtsson et Kock (2000, p. 412), la relation dyadique et paradoxale qui émerge quand
deux entreprises coopèrent et sont en même temps en concurrence l'une avec l'autre est appelée
« coopétition ».
Ces trois contributions - Brandenburger et Nalebuff (1995), Lado et al. (1997) et Bengtsson et
Kock (2000) - sont considérées comme les fondements de la théorie de la coopétition (Le Roy
et al., 2010). La coopétition est cependant encore aujourd'hui un concept jeune, dont la
25 Selon la théorie des réseaux sociaux, il est nécessaire de prendre en compte les relations sociales pour mener
une analyse économique (Granovetter, 1985).
26 Bengstsson et Kock (1999, 2000) se sont en particulier appuyés sur les travaux de Easton et Araujo (1992) et
d'Easton et al. (1993) portant sur les relations économiques et non économiques entre concurrents dans les réseaux d'affaires.
Chapitre 1. Analyse des coopérations inter-organisationnelles teritorialisées (CIOT)
41
théorisation n'est pas aboutie. En conséquence, la définition de la coopétition n'est pas
stabilisée. Plusieurs définitions sont proposées par les chercheurs, et nous ferons le choix d'une
définition pour notre recherche.
1.4. Une définition non stabilisée de la coopétition et choix d'une définition
pour notre recherche
Parvenir à une définition consensuelle semble poser problème, car la coopétition représente
une rupture par rapport à la conception dominante selon laquelle, la coopération et la
concurrence sont considérées comme opposées.
Depuis les années 2000, se constitue un corpus théorique qui a popularisé les trois
contributions majeures que nous avons exposées (Brandenburger et Nalebuff, 1995 ; Lado et
al., 1997 ; Bengtsson et Kock, 1999). La coopétition est devenue un objet de recherche qui
mérite un examen théorique, et quelques auteurs consacrent une part de leurs recherches à
compléter ou préciser les définitions des trois contributions majeures. Nous faisons référence
en particulier aux travaux de Bengtsson et al. (2010), Bengtsson et Kock (2014), Dagnino et
al. (2007), Gnyawali et al. (2010), Le Roy et al. (2010). Ces auteurs ont successivement réalisé
des états de la littérature qui montrent la non stabilité du concept et proposent à leur tour des
définitions du terme coopétition. Ces définitions diffèrent principalement du fait de
l'oscillation entre une vision dyadique et une vision large (plusieurs acteurs), et qui
comprennent ou écartent les relations verticales (relations clients-fournisseurs).
En effet, certains auteurs suggèrent une définition large de la coopétition, et la définissent
comme « un système d'acteurs qui interagissent sur la base d'une congruence partielle des
intérêts et des objectifs » (Dagnino et al., 2007, p. 95). Dans la même veine, Gnyawali, He et
Maghavan admettent que la coopétition peut impliquer un nombre de joueurs supérieur à deux,
mais ces auteurs se concentrent sur la coopétition bilatérale, interfirmes et horizontale qu'ils
étudient comme l'exemple le plus clair de la « vraie » coopétition (Gnyawali et al., 2010,
p.60). La coopétition est en fait souvent limitée à la dyade. Pour Bengtsson, Eriksson et
Wincent (2010, p.32), la coopétition est « une relation entre deux acteurs, où les deux
dimensions de la relation [dimension coopérative et dimension concurrentielle] sont divisées
entre activités », et ces auteurs définissent la coopétition comme une « combinaison de
concurrence et de coopération au sein du même contexte d'interaction » (Bengtsson et al.,
2010, p. 30).
Les relations verticales entre entreprises sont inégalement appréhendées dans les définitions
proposées de la coopétition. Ainsi, il est communément admis qu' « une stratégie de
coopétition peut être définie comme étant soit verticale soit horizontale, selon que les joueurs
sont adjacents verticalement l'un par rapport à l'autre dans la chaîne de valeur de l'industrie, ou
sont des rivaux à la même étape dans cette chaîne de valeur » (Gnyawali et al., 2010, p. 58).
Cependant, certains auteurs ont des avis divergents. Il semble essentiel à Le Roy, Yami et
Chapitre 1. Analyse des coopérations inter-organisationnelles teritorialisées (CIOT)
42
Dagnino que « les entreprises [soient] (...) en compétition pour satisfaire les mêmes clients, ce
qui exclut les cas dans lesquels il n'y a que des relations verticales » (2010, p.25)27
.
Plus récemment, Bengtsson et Kock ont proposé une définition qui rapproche les différentes
définitions de la coopétition, concernant le nombre de joueurs impliqués, et l'axe de la relation
des affaires. Ainsi, selon Bengtsson et Kock (2014, p. 182), la coopétition est « une relation
paradoxale entre deux ou plusieurs acteurs engagés simultanément dans des interactions
coopératives et compétitives, indépendamment du fait que leur relation soit horizontale ou
verticale ».
Nous retenons cette définition parce qu'elle précise le caractère paradoxal de la coopétition, et
car elle nous paraît illustrer la situation stratégique des entreprises concurrentes et proches
géographiquement étudiées dans notre thèse, les exploitants thermaux dans les Landes.
Cependant, afin de comprendre les difficultés à coopérer de ces entreprises, il nous semble
nécessaire de caractériser à la lumière de la littérature, la complexité de la situation stratégique
de coopétition, complexité dont témoigne la diversité des points de vue (Martinet, 2006).
2. La coopétition : une situation stratégique complexe
La complexité de la coopétition est liée à un ensemble d'éléments qui la caractérisent - la
pluralité de ses déterminants, le nombre des acteurs impliqués, la difficulté à en évaluer la
performance -, ainsi qu'au paradoxe qui définit cette situation stratégique paradoxale. Nous
détaillons tour à tour l'ensemble de ces facteurs de complexité.
2.1. Les caractéristiques de la coopétition
La littérature indique que la coopétition est caractérisée par une diversité de déterminants et
qu'elle peut être observée à des niveaux distincts. Elle est de plus caractérisée par la difficulté à
en évaluer la performance.
Les déterminants de la coopétition
Nous distinguons les déterminants internes et externes de la coopétition relevés dans la
littérature.
Les déterminants internes de la coopétition sont de deux types. Premièrement, pour une
entreprise, la coopétiton est une stratégie utilisée pour accéder à des ressources (Fernandez et
al., 2010 ; Pellegrin-Boucher et Le Roy, 2009). La coopétition est d'autant plus pratiquée que
chacun des coopétiteurs ne possède pas seul des ressources et compétences pour obtenir un
marché (Fernandez et Le Roy, 2010). Des exemples de cas étudiés dans la littérature illustrent
ce point. En s'alliant à ses concurrents, une entreprise cherche à atteindre une taille suffisante,
27 Le Roy, Yami et Dagnino retiennent un second point pour définir la coopétition : « pour qu'il y ait coopétion il
faut que la coopération et la compétition aient lieu en même temps, ce qui exclut les cas dans lesquels elles sont successives et non simultanées » (2010, p.25).
Chapitre 1. Analyse des coopérations inter-organisationnelles teritorialisées (CIOT)
43
en particulier pour se placer sur des marchés mondiaux (Luo, 2007). Par ailleurs, la
mutualisation des budgets permet à chaque entreprise partenaire de disposer du seuil de
ressources nécessaires pour développer l'innovation. Deuxièmement, l'existence d'intérêts
communs (Mariani, 2007) et l'objectif de diminution des avantages d'un concurrent commun
(Gnyawali et al., 2006) peuvent inciter des entreprises concurrentes à développer des relations
de coopétition.
Les déterminants externes de la coopétition sont liés aux évolutions et incertitudes de
l'environnement (Padula et Dagnino, 2007). Lorsque les entreprises sont menacées par des
événements tels que des changements régulatifs (Okura, 2007), une crise sectorielle, l’arrivée
d’un nouveau concurrent menaçant les entreprises en place, ou un changement important des
techniques de production (Roy, 2010), elles rechercheront alors des bénéfices dans la
coopération avec des concurrents.
Les niveaux de la coopétition
Les niveaux de la coopétition peuvent tout d'abord être distingués selon le nombre de
coopétiteurs impliqués, et sont analysés en management stratégique et en management des
ressources humaines. Premièrement, en management stratégique, les niveaux macro et meso de
la coopétition sont étudiés. Au niveau macro, la coopétition s'exprime dans un réseau qui peut
englober plusieurs entreprises et des acteurs publics (Bengtsson et Kock, 2000 ; Gnyawali et
al., 2006 ; Mariani, 2016 ; Velu, 2016). Au niveau méso (dyadique), la coopétition s'exerce
entre deux concurrents directs (Bengtsson et Kock, 1999, 2000 ; Dagnino et Padula, 2002 ;
Fernandez et Le Roy, 2013). Deuxièmement, en management des ressources humaines ou en
psychologie organisationnelle, les chercheurs s'intéressent à la coopétition intra-
organisationnelle, en se focalisent sur les individus ou des groupes d'individus (Géraudel et
Salvetat, 2010). C'est le niveau micro de la coopétition. Ainsi, par exemple, au sein d'une
même entreprise, les filiales, les services, ou les individus coopèrent et peuvent se
concurrencer pour l'accès aux ressources humaines, financières ou matérielles (Luo et al.,
2006).
Par ailleurs, les niveaux de la coopétition peuvent être distingués selon les stades dans la
chaîne de valeur. La concurrence se produit habituellement dans les stades de la chaîne de
valeur qui sont proches des clients, tels que la commercialisation et le marketing, alors que la
coopération pour la création de valeur a lieu généralement dans les premiers stades de la
chaîne de valeur, tels que la R&D et l'approvisionnement (Gnyawali et al., p. 2010).
En outre, une analyse croisant le nombre de concurrents impliqués et le nombre de stades de la
chaîne de valeur sur lesquels s'exerce la coopétition permet de dégager quatre formes de
coopétition (Dagnino et Padula, 2002) (Tableau 6).
Chapitre 1. Analyse des coopérations inter-organisationnelles teritorialisées (CIOT)
44
Tableau 6 - Les formes de coopétition (adapté de Dagnino et Padula, 2002)
Nombre de firmes impliquées
Deux Plus de deux
Nombre de
stades dans la
chaîne de
valeur
Un Coopétition dyadique
simple
Coopétition en réseau
simple
Plusieurs Coopétition dyadique
complexe
Coopétition en réseau
complexe
De plus, les relations horizontales ou verticales entre les entreprises permettent de distinguer
les niveaux de la coopétition. La plupart des recherches sur la coopétition se centrent sur les
relations horizontales, c'est-à-dire les relations de concurrence. En revanche, des contributions
récentes reviennent à la conception de la coopétition de Nalebuff et Brandenburger (1995), et
soulignent la nécessité d'adopter une vue plus large de la coopétition en considérant qu'elle
peut impliquer également des relations verticales, c'est-à-dire des relations clients-fournisseurs
entre coopétiteurs (Chiambaretto et Dumez, 2016 ; Hamouti et Le Roy, 2015 ; Lacoste, 2012).
Ainsi, Gnyawali, He et Madhavan (2010) distinguent la coopétition verticale de la coopétition
horizontale, selon que les acteurs sont adjacents verticalement dans la chaîne de valeur ou sont
des rivaux au même stade dans cette chaîne de valeur. Dans un objectif de clarification, il nous
semble important de pointer les différences entre la coopétition verticale et l'impartition d'une
part, et entre la coopétition horizontale et la collusion d'autre part. En effet, l'impartition vue
comme « une conduite entrepreneuriale consistant à confier à des firmes partenaires divers
rôles au sein d’un système global d’activités » (Barreyre, 1988) se distingue de la coopétition
verticale par le fait que les acteurs ne sont pas nécessairement concurrents. La collusion, en
tant qu'entente illicite entre concurrents, a pour objectif l'appropriation de la valeur des autres
parties prenantes, tandis que la coopétition horizontale souligne la création de valeur pour
toutes les parties prenantes, y compris les clients (Brandenburger et Nalebuff, 1995).
La performance de la coopétition et sa mesure
Les textes fondateurs de la théorie de la coopétition retiennent une approche normative de la
performance de la coopétition (Le Roy et Sanou, 2014). La coopétition est une stratégie qui
devrait conduire à une plus grande performance pour l'entreprise qui l'adopte (Bengtsson et
Kock, 1999, 2000 ; Lado et al., 1997 ; Le Roy et al., 2010 ; Nalebuff et Brandenburger, 1996).
Elle assurerait le plus de performance, « puisqu'elle apporte à l'entreprise le double bénéfice
procuré par la coopération et par la compétition » (Le Roy et al., 2010, p. 21). En effet, d'une
part, la coopération permettrait à l'entreprise de réaliser des économies, par l'accès à moindre
coût à des ressources et informations indispensables (Lado et al., 1997). D'autre part, la
concurrence est un stimulant à l'innovation, qui permettrait à l'entreprise d'améliorer sa
position sur le marché (Fernandez et al., 2010).
Cette assertion théorique a donné lieu à quelques vérifications empiriques qui tendent à
montrer la performance des stratégies de coopétition (Hamouti et Le Roy, 2015 ; Le Roy et
Chapitre 1. Analyse des coopérations inter-organisationnelles teritorialisées (CIOT)
45
Sanou, 2014 ; Morris et al., 2007 ; Rusko, 2011). Dans le cas de PME, il y aurait une relation
forte et positive entre la stratégie de coopétition et la performance des entreprises (Morris et
al., 2007). Les résultats de Rusko (2011) indiquent que la coopétition entre les acteurs d'une
filière traditionnelle peut contribuer au succès de l'ensemble des entreprises de la filière. De
plus, la stratégie coopétitive apparaîtrait comme étant plus performante que la stratégie
agressive (au sens de Lado et al., 1997)28
et que la stratégie coopérative (Le Roy et Sanou,
2014).
Cependant, la coopétition peut comporter des risques qui en limiteraient la performance. Tout
d'abord, coopérer avec des concurrents présente un risque de transfert de connaissance non
souhaité. Des asymétries entre partenaires-concurrents en terme de partage de connaissance
peuvent conduire à limiter la performance de la coopétition pour certains coopétiteurs
(Gnyawali et Madhavan, 2001). Par ailleurs, la littérature présente des résultats contradictoires
concernant l'influence de la coopétition sur l'intensité concurrentielle. Pour certains, coopérer
avec ses concurrents maintiendrait l'intensité concurrentielle (Hamel et al., 1989 ; Leroy et al.,
2013). En effet, lorsqu'une entreprise collabore avec ses concurrents dans l'objectif d'améliorer
sa compétitivité et d'obtenir un avantage concurrentiel, cette opportunité existe également pour
ses partenaires-concurrents. Ainsi, des coopétiteurs qui développeraient des projets
coopératifs, continueraient à se concurrencer durement (Hamel et al., 1989 ; Leroy et al.,
2013). Comme, selon la pensée portérienne, une intensité concurrentielle élevée serait nuisible
à la performance des entreprises, la hausse de l'intensité concurrentielle constituerait un effet
préjudiciable de la coopétition sur la performance. Pour d'autres, à l'inverse, la coopération
avec les concurrents « adoucirait » l'intensité concurrentielle (Oxley et al., 2009 ; Ritala,
2012), car une coopération en R&D entraînerait l'amélioration de la compétitivité de toutes les
entreprises partenaires. Dans ce cas, la coopétition contribuerait à une amélioration de la
performance pour l'ensemble des entreprises. En résumé, la stratégie de coopétition doit être
considérée à la fois comme une source de performance supérieure et comme une source de
risque accru (Le Roy et Czakon, 2016).
Par ailleurs, le niveau de performance de la coopétition pour l'entreprise serait lié au niveau
d'incertitude de l'environnement. Les travaux de Ritala (2012) ont montré que la coopétition
serait davantage performante pour les entreprises qui évoluent rapidement dans des marchés
présentant de fortes incertitudes liées aux dynamiques de changements de la demande, de la
concurrence et de la technologie (au sens de Beckman et al., 2004 cité par Ritala). En effet, les
entreprises qui partagent certains risques et certains coûts avec leurs concurrents seraient en
capacité d'innover davantage. A l'inverse, lorsque le niveau d'incertitude du marché est bas, la
stratégie de coopétition ne dégagerait pas davantage de valeur pour l'entreprise.
L'étude de la mesure quantitative de l'impact de la coopétition sur la performance est encore à
ce jour peu développée. Une mesure unidimensionnelle ne semble pas envisageable puisque
les variables et les logiques de la coopétition (compétitive et coopérative) sont distinctes. Une
mesure multidimensionnelle de la coopétition devrait inclure des variables mesurant la
28 Une stratégie est qualifiée d'agressive selon Lado, Boyd et Hanlon (1997) lorsqu'une entreprise choisit la
compétition avec ses concurrents en évitant toute forme de coopération avec eux.
Chapitre 1. Analyse des coopérations inter-organisationnelles teritorialisées (CIOT)
46
coopération d'une part, et des variables mesurant la compétition d'autres part (Fernandez et al.,
2010). Cette méthode a été adoptée par Le Roy et Sanou (2014) qui ont mesuré la propension
agressive et la propension coopérative de chaque entreprise du réseau d'entreprises étudié. La
propension agressive a été mesurée par trois variables : le volume des actions et réactions
concurrentielles, le temps mis entre chaque action et réaction concurrentielle, la complexité
des actions et réactions concurrentielles. La propension coopérative a été mesurée par le calcul
de la centralité (au sens de Faust, 1997, cité par Le Roy et Sanou, 2014) de l'entreprise dans le
réseau.
Nous constatons par l'exposé détaillé des caractéristiques de la coopétition - ses déterminants,
le nombre des acteurs impliqués, ses effets sur la performance la difficulté à en évaluer la
performance - que la coopétition est une situation stratégique complexe. En outre, le paradoxe
de la coopétition et l'ambigüité relationnelle qu'il engendre en font également une stratégie
complexe.
2.2. Le paradoxe et l'ambigüité relationnelle de la coopétition
La coopétition correspond à une situation stratégique paradoxale29
(Chen, 2008 ; Gnyawali et
al., 2016 ; Pellegrin et Fenneteau, 2007 ; Raza-Ullah et al., 2014), car les entreprises arbitrent
en permanence entre les impératifs de leur destin individuel et les contraintes du destin
commun (Baumard, 2000). En effet, dans la coopétition, les risques et les coûts sont supportés
par l'ensemble des coopétiteurs, mais chaque entreprise cherche à défendre ses positions
concurrentielles, tout en assurant son accès à des ressources communes (Salvetat, 2007). En
effet, « la coopération repose sur la recherche de synergies et sur des besoins de
complémentarités, alors que la concurrence résulte de la volonté de défendre des compétences
clés malgré la similarité des ressources, compétences ou encore des produits et/ou services des
compétiteurs » (Saives et Desmarteau, 2005).
Pour une entreprise, l'enjeu de la coopétition consiste à « profiter au maximum des ressources
et compétences mutualisées, tout en prenant garde que le rival ne se renforce pas de façon
asymétrique » (Fernandez et Le Roy, 2013, p. 63). En effet, la coopétition est porteuse de
risque de pillage des savoirs et des ressources par le partenaire-concurrent (Gnyawali et al.,
2006). Le paradoxe entre coopération et concurrence provient alors de tensions entre les
« bénéfices communs » et les « bénéfices privés » (Khanna et al., 1998). Les tensions peuvent
entraîner l'immobilisme des organisations, voire limiter les effets positifs de la coopétition
(Chen, 2008). Au contraire, les tensions peuvent mener vers un cercle vertueux lorsque les
organisations sont capables de s'engager dans la gestion de la situation paradoxale (Gnyawali
et al., 2016).
Par ailleurs, le paradoxe de la coopétition comporte une dimension sociale qui est source
d'ambigüité relationnelle entre les coopétiteurs (Roy, 2010). En effet, la coopétition n'est pas
anonyme ; ce n'est pas un phénomène uniquement économique, mais également social, car les
dirigeants des entreprises concurrentes se rencontrent et échangent des informations. Peuvent
29 Est utilisée ici la notion de paradoxe définie comme « des éléments contradictoires mais inter reliés qui existent
simultanément et persistent dans le temps » (Smith et Lewis, 2011, p. 382).
Chapitre 1. Analyse des coopérations inter-organisationnelles teritorialisées (CIOT)
47
alors se développer des relations de pouvoir, de confiance, et même d'amitié entre les
individus, et ces émotions simultanément positives et négatives engendrent des tensions entre
les acteurs (Razah-Ullah et al., 2014).
Ainsi, selon la littérature, la coopétition est une stratégie complexe, caractérisée par de
nombreux déterminants, une diversité des niveaux sur lesquels elle s'exerce, une difficulté à en
évaluer la performance, et par l'ambigüité relationnelle liée à cette situation stratégique
paradoxale. Compte tenu de la complexité de la situation de coopétition, et afin de mieux la
comprendre, il nous semble intéressant d'aborder la question du management de la coopétition.
3. Le management de la coopétition
Du fait de forces contraires - concurrence vs coopération -, les tensions apparaissent comme
des menaces qui peuvent compromettre un projet de coopération (Fernandez et al., 2014). Or,
les auteurs qui contribuent à la théorisation de la théorie de la coopétition conviennent que c'est
la simultanéité de coopération et de concurrence qui conduit à des gains partagés pour les
coopétiteurs. La recherche de la réduction des tensions, par la baisse de la pression
concurrentielle ou par une réduction de la coopération, entraînerait une baisse de la
performance de la coopétition. La gestion du paradoxe de coopétition n'est donc pas de choisir
entre la coopération et la concurrence, mais de gérer les tensions entre les deux (Clarke-Hill et
al., 2003), ou de maintenir un équilibre entre eux (Chen, 2008).
3.1. Les modes de gestion
Diverses solutions sont envisagées par la littérature pour proposer aux entreprises des modes
de gestion des tensions issues du paradoxe de coopétition.
Le management des contradictions et des dualités
Les travaux récents de Gnyawali et al. (2016) suggèrent que les tensions entre le coopétiteurs
issues du paradoxe de coopétition reposent sur deux éléments constitutifs d'un paradoxe : les
contradictions et les dualités. Les contradictions sont des forces spécifiques qui proviennent du
fait que les organisations sont des entités distinctes aux objectifs et stratégies différents (Smith
et Lewis, 2011). La gestion des contradictions repose alors sur l'acceptation des différences et
sur le défi d'équilibrer les intérêts. Les dualités sont induites par le fait de travailler avec un
concurrent pour la création de bénéfices communs, tout en rivalisant âprement pour l'obtention
de gains individuels supérieurs (Smith et Lewis, 2011). La gestion des dualités repose sur le
développement d'une perspective holistique pour intégrer des oppositions.
Le management de la coopétition selon le principe de la séparation
Le principe de séparation permet de disjoindre la compétition de la coopération et permet
d'opérer le clivage des activités (Pellegrin-Boucher, 2010).
Chapitre 1. Analyse des coopérations inter-organisationnelles teritorialisées (CIOT)
48
La résolution du paradoxe de coopétition peut se faire sur un axe temporel, selon une logique
diachronique lorsque les relations concurrentielles et compétitives s'expriment en alternance, à
des périodes successives (Josserand et Perret, 2003). Cependant, la séparation sur un axe
temporel s'oppose à la simultanéité de la coopération et de la concurrence, caractéristique de la
coopétition largement admise par les auteurs en management stratégique (Bengtsson et Kock,
2014 ; Brandenburger et Nalebuff, 1995 ; Chiambaretto et Dumez, 2016 ; Fernandez et al.,
2014 ; Granata et Marques, 2014 ; Lado et al., 1997 ; Le Roy et al., 2010 ; Pellegrin-Boucher,
2010 ; Yami et al., 2012).
La gestion du paradoxe peut se faire sur un axe spatial. De nombreux auteurs (Bengtsson et
Kock, 2000 ; Dumez et Jeunemaître, 2005 ; Ibert, 2004 ; Koenig, 1996 ; Pellegrin-Boucher,
2010) suggèrent que les entreprises concurrentes opèrent un clivage des activités pour gérer la
simultanéité des relations concurrentielles et coopératives. Dans ce cas, le paradoxe est réduit
parce que la génération de bénéfices communs a lieu dans des activités qui diffèrent de celles
où l'entreprise génère ses bénéfices privés (régions géographiques, étapes de la chaîne de
valeur, segments de marchés, etc.). Ainsi, par exemple, très souvent les entreprises coopèrent
et s'unissent pour développer la R&D et défendre leurs intérêts partagés (lobbying), et sont en
concurrence pour la commercialisation de leur offre.
Pour les grandes entreprises, mais cela ne correspond pas aux formes de coopétition qui nous
intéressent, cette séparation peut se matérialiser en interne, par la division des tâches entre
unités fonctionnelles distinctes. Des équipes de projet et des managers de projets peuvent être
mis en place pour cloisonner au sein de l'entreprise la compétition et la coopération, et
permettre de gérer les tensions (Fernandez et al., 2014). Ainsi, sont créés des postes de
managers d'alliances qui ne traitent que des aspects coopératifs (Pellegrin-Boucher et
Fenneteau, 2007).
Pour les PME, la séparation formelle des activités coopératives de celles concurrentielles, peut
être rendue possible par la création d'une structure collective pour gérer la coopération, tandis
que la compétition est gérée par l'entreprise individuellement. La séparation permet alors de
rendre possible la simultanéité de la coopération et de la concurrence (Granata et Le Roy,
2014).
Toutefois, la séparation peut poser problème, aussi bien pour les grandes entreprises que pour
les PME. En effet, dans les grandes entreprises, des dissensions internes peuvent apparaître
entre les individus qui gèrent la coopération et ceux qui traitent de la compétition (Fernandez
et Le Roy, 2013 ; Pellegrin-Boucher et Fenneteau, 2007). Pour les PME, la difficulté provient
de la spécificité de centralisation du management, car le dirigeant doit distinguer les niveaux
d'analyse (individuel et collectif) et alterner son comportement selon les activités (compétitive
et coopérative) (Granata et Le Roy, 2014). Dans les deux cas, la séparation est insuffisante, et
il semble nécessaire aux individus de gérer la coopétition par l'intégration de la logique
paradoxale de la coopétition (Granata et Le Roy, 2014).
Chapitre 1. Analyse des coopérations inter-organisationnelles teritorialisées (CIOT)
49
Le management de la coopétition selon le principe de l'intégration
Le principe d'intégration repose sur la capacité des individus à intégrer (ou internaliser) le
paradoxe de coopétition (Clarke-Hill et al., 2003 ; Fernandez et Le Roy, 2013 ; Pellegrin-
Boucher et Fenneteau, 2007). Chen (2008) suggère que l'intégration de la coopétition par
l'individu nécessite un état d'esprit « transparadoxal », c'est-à-dire s'il considère les deux
concepts en terme de relations et d'interdépendance, selon une tournure d'esprit intégrative et
équilibrée, plutôt que comme les deux côtés opposés d'un paradoxe, selon une logique
dichotomique.
Dans les grandes entreprises, l'intégration individuelle de la logique paradoxale peut se faire
par la formation, la formalisation de procédures, et l'explication de la stratégie de coopétition
par la direction générale (Fernandez et Le Roy, 2013 ; Pellegrin-Boucher et Fenneteau, 2007).
Cela permet aux individus de comprendre les raisons qui conduisent certains salariés à être en
situation de coopération avec les concurrents. Dans les PME, la recherche ne s'est pas encore
portée, à notre connaissance, sur l'étude des capacités du dirigeant à intégrer le paradoxe
coopétitif.
Par ailleurs, certains auteurs proposent l'intervention d'un acteur tiers pour gérer l'ambigüité
relationnelle de la coopétition.
3.2. Le rôle de l'acteur tiers dans la gestion de l'ambigüité relationnelle de la
coopétition
Dans les PME, les mêmes individus peuvent être impliqués dans des activités à la fois
concurrentielles et coopétitives, même s'il est difficile pour des individus, souvent des
dirigeants, d'internaliser les tensions issues du paradoxe de coopétition. Pour Bengtsson (2000)
la coopétition ne peut être gérée par la même personne. Il serait préférable de confier les
activités coopératives et les activités concurrentielles à des personnes différentes, ou la
coordination de la coopétition à un tiers. Dans ce cas, un médiateur (association
professionnelle par exemple) peut jouer le rôle d'intermédiaire, et aider à définir la manière
dont les entreprises doivent coopérer et se concurrencer (Pellegrin-Boucher, 2010).
Dans le cas de la coopétition en réseau (Dagnino et Padula, 2002), la relation coopétitive est
difficile à équilibrer en raison du nombre important d'acteurs dans le réseau dit « coopétitif »
(Ben Letaïfa, 2014 ; Hiesse et al., 2009). Des tensions peuvent apparaître liées à des
asymétries de ressources résultant de la position et du statut des entreprises. En effet, les
résultats de la coopétition peuvent être plus avantageux pour certains acteurs. Des
organisations intermédiaires (comme une association professionnelle) peuvent aussi jouer le
rôle d'acteur tiers pour faciliter les relations de coopétition, et assurer des relations de
coopétition équilibrées (Bengtsson et al., 2010).
Cet acteur tiers peut être considéré comme un broker car il est extérieur à la relation de
coopétition (Hiesse et al., 2009). Selon Hiesse, Fernandez et Dari (2009), l'acteur tiers est un
intermédiaire qui joue le rôle de facilitateur, coordinateur et architecte de la coopétition.
Chapitre 1. Analyse des coopérations inter-organisationnelles teritorialisées (CIOT)
50
L'acteur tiers est facilitateur en jouant un rôle dans la formation du réseau mais également dans
le développement et le bon déroulement des échanges entre les membres du réseau. Il est
garant du respect des règles fixées par les concurrents, et facilite la diffusion d'informations. Il
favorise la création de relations de confiance. L'acteur tiers est coordinateur quand il assure la
gestion opérationnelle du réseau coopétitif. L'acteur tiers est architecte car il construit le
réseau. Il catalyse la coopération entre les membres, et peut être amené à gérer les entrées et
sorties des membres du réseau.
Nous voyons ainsi l'importance du rôle de l'acteur tiers dans la gestion de l'ambigüité
relationnelle de la coopétition. Nous nous interrogeons alors sur la possibilité d'envisager
l'acteur public comme acteur tiers de la coopétition. Cependant, nous ne disposons pas de
références de littérature qui mettent en évidence ce rôle de l'acteur public.
Nous avons toutefois l'intuition que, dans le cas de coopérations inter-organisationnelles
territorialisées, les acteurs publics peuvent jouer un rôle d'acteur tiers de la coopétition entre
des concurrents géographiquement proches. Nous élargissons alors les raisons de l'implication
des acteurs publics dans la gouvernance territoriale. Aux missions de soutien de projets
collaboratifs, pourrait s'ajouter un rôle de facilitateur de la coopétition entre des concurrents
géographiquement proches.
Conclusion de la section 3 : La dimension relationnelle est un facteur de complexité de
la coopétition pour des entreprises proches géographiquement
L'analyse de la situation stratégique de coopétition entre des entreprises proches
géographiquement a permis de souligner que la coopétition est un concept jeune dont la
théorisation n'est pas aboutie. La littérature empirique met particulièrement en évidence la
complexité de la situation stratégique de coopétition, qui s'explique notamment par l'ambigüité
relationnelle entre les compétiteurs. La gestion de la simultanéité des relations concurrentielles
et compétitives constitue en effet la problématique majeure pour les coopétiteurs, qui visent
une amélioration de leur performance individuelle.
Concernant le cas de la coopétition entre des acteurs proches géographiquement, il est à noter
que peu d'études scientifiques ont porté sur la problématique de la proximité des coopétiteurs.
Toutefois, les quelques travaux que nous avons identifiés indiquent que la dimension
relationnelle de la coopétition qui la facilite ou la contraint se trouve renforcée lorsque les
coopétiteurs sont géographiquement proches. Ainsi, la confiance et la cohésion sociale entre
les partenaires-adversaires, souvent liées à une histoire commune, expliqueraient le succès de
la stratégie de coopétition (Cusin et al., 2013). A l'inverse, un long passé de rivalité entre des
concurrents proches géographiquement peut limiter la confiance réciproque et rendre difficile
leur coopération (Asselineau et Cromarias, 2010 ; Le Roy et al., 2013 ; Le Roy et Guillotreau,
2009).
Nous avions retenu les réseaux territoriaux d'organisations comme cadre d'analyse des
coopérations entre des acteurs publics et privés, car cette approche souligne le caractère
Chapitre 1. Analyse des coopérations inter-organisationnelles teritorialisées (CIOT)
51
relationnel de la gouvernance territoriale. Après avoir examiné les formes et spécificités de la
coopétition des seuls acteurs privés, nous avons souligné le fort encastrement de la coopétition
dans les relations sociales, ce qui donne une place encore renforcée aux relations sociales entre
acteurs hétérogènes, géographiquement proches, comme facteur des CIOT.
Chapitre 1. Analyse des coopérations inter-organisationnelles teritorialisées (CIOT)
52
CONCLUSION DU CHAPITRE 1.
Avec ce premier chapitre, nous avons cherché à identifier les déterminants des CIOT, et en
particulier les facteurs des difficultés à coopérer que peuvent rencontrer les acteurs d'un secteur
d'activités ancrées sur un territoire.
Pour cela, nous avons caractérisé, dans le premier temps de ce chapitre, le concept de territoire
sur lequel nous fondons notre travail de recherche. Il ressort de notre analyse de la littérature
que le territoire émerge d'une conjonction de proximités géographique et a-spatiales, qui
génèrent des interactions inter-organisationnelles influençant les CIOT.
Nous nous sommes alors intéressés à deux types de CIOT qui paraissent présenter des
difficultés aux acteurs du secteur initiateur de la recherche doctorale, le Thermalisme dans les
Landes que nous observerons et analyserons dans le chapitre 3. Ainsi, une analyse de la
littérature sur les coopérations entre acteurs publics et privés d'une part, et entre acteurs privés
concurrents d'autre part, acteurs géographiquement proches dans les deux cas, permet de
dégager les relations sociales comme facteur déterminant des CIOT.
Ainsi, nous pensons que les interactions inter-organisationnelles générées par les proximités
géographiques et non géographiques, sont encastrées dans des relations sociales qui
influencent les CIOT, et en particulier la gouvernance territoriale et la coopétition entre des
acteurs proches géographiquement.
Afin de comprendre les déterminants de la difficulté à coopérer des acteurs d'un secteur
d'activités ancrées sur un territoire, nous posons la question de recherche suivante :
Comment les réseaux sociaux influencent-ils les CIOT ?
De manière plus précise, nous considérons plusieurs questionnements :
- Comment les réseaux sociaux génèrent une ressource collective pouvant être utilisée par les
acteurs pour coopérer?
- Quels risques présentent les structures des réseaux sociaux pour les coopérations?
Afin d'éclairer notre réflexion, nous proposons dans le chapitre 2 d'analyser la littérature
concernant l'influence des réseaux sociaux sur les CIOT. La sociologie des organisations, et
notamment l'approche par le capital social, fournit un courant théorique adapté au traitement
de ces questions.
53
CHAPITRE 2.
LE CAPITAL SOCIAL INFLUENÇANT LES
COOPÉRATIONS
INTER-ORGANISATIONNELLES
TERRITORIALISÉES : SA CARACTÉRISATION
54
Chapitre 2 Le capital social influençant les CIOT : sa caractérisation
55
INTRODUCTION DU CHAPITRE 2.
Les coopérations inter-organisationnelles jouent un rôle sur les adaptations stratégiques des
entreprises. Dans le cas des CIOT, la dimension territoriale introduit une particularité, car elle
implique la proximité, géographique et souvent institutionnelle, des acteurs d'un secteur
d'activité. Cette dimension est d'autant plus prégnante que dans certains cas, les relations
sociales occupent une place particulière née de la très forte proximité des acteurs soumis aux
mutations de l'environnement d'une part et du type de secteur d'activité d'autre part. C'est en
particulier le cas, comme celui du thermalisme dans les Landes, quand le secteur est protégé
par la ressource extraite et exploitée exclusivement localement, mais que cet élément devient
une menace car elle réduit la capacité de diversification.
La question de recherche pose alors les réseaux sociaux comme un déterminant des formes de
coopération, eux mêmes intervenant dans les perceptions de l'environnement et les évolutions
stratégiques des entreprises. Notre exploration théorique des travaux sur cette thématique a
révélé la place centrale faite par la littérature au concept de capital social (Kilduff et Brass,
2010 ; Nahapiet et Goshal, 1998 ; Provan et al., 2007 ; Walker et al., 1997).
Ce deuxième chapitre s'intéresse donc au capital social, stock de ressources nées des réseaux
sociaux et mis à la disposition des acteurs d'un réseau. Les ressources, informationnelles du
contexte du secteur et du territoire dans notre cas, sont présentées dans la littérature comme
aidant ou limitant les coopérations. D'où l'importance d'observer et caractériser le capital
social, en particulier en fonction des configurations du réseau social qui l'a engendré, et
d'approcher les liens qu'il entretient avec les coopérations.
Pour cela, nous aborderons les fondements théoriques du capital social dans les réseaux
sociaux (Bourdieu, 1980 ; Lin, 2008 ; Nahapiet et Goshal, 1998 ; Portes, 2000 ; Uzzi, 1997) et
montrerons que ce concept est relié aux coopérations (Putnam, 1995). Nous verrons alors que
l'analyse des réseaux sociaux permet de comprendre comment ils génèrent le capital social
(Burt, 2000 ; Coleman, 1988). Nous soulignerons que l'analyse des réseaux sociaux est une
méthode adaptée pour comprendre comment et dans quelle mesure le capital social détermine
les coopérations, et proposerons une méthode d'étude du capital social en explicitant la
singularité de l'analyse des réseaux sociaux dans le cas d'un réseau inter-organisationnel
territorialisé.
Nous synthétisons la démarche retenue pour ce chapitre 2 comme suit.
Chapitre 2 Le capital social influençant les CIOT : sa caractérisation
56
Figure 13 - Logique d'articulation du chapitre 2
Section 1 - Capital social et
coopérations : des concepts reliés
Comprendre comment le capital
social est relié aux coopérations inter-
organisationnelles
Section 3 - L'analyse des réseaux
sociaux : une méthode adaptée à l'étude
du capital social
Mettre en évidence la singularité de
l'analyse des réseaux sociaux dans le cas
d'un réseau inter-organisationnel
territorialisé
Section 2 - Le cadre théorique des
réseaux sociaux et la création de
capital social
Comprendre comment les réseaux
sociaux engendrent le capital social
Chapitre 2 Le capital social influençant les CIOT : sa caractérisation
57
SECTION 1 - CAPITAL SOCIAL ET COOPÉRATIONS : DES CONCEPTS RELIÉS
Le capital social, "ressource engendrée" par les relations sociales, est, à ce stade de l'analyse,
considéré comme un déterminant des formes de CIOT. La littérature sur ce concept fait
apparaître qu'un nombre croissant de chercheurs en sociologie, sciences politiques, et
économie, mais également en théorie des organisations et en stratégie, ont recours au capital
social pour chercher à répondre à leurs questionnements sur l'action collective. L'engouement
pour ce concept transdisciplinaire, devenu champ de recherche dans les années 2000-2010, est
tel que l'on trouve de nombreuses publications scientifiques dont l'objet est de recenser les
développements théoriques du capital social (Adler et Kwon, 2002, 2014 ; Geindre et Dussuc,
2012, 2015 ; Payne et al., 2011). Mais dans la grande variété des acceptions du capital social
introduites par la littérature, il nous faut retenir celles que nous estimons les plus adaptées à
notre recherche des déterminants de nature réticulaire des CIOT. Pour cela, après avoir
examiné le concept de capital social et ses fondements théoriques (1), nous expliciterons les
traits descriptifs de l'acception finalement adoptée (2).
1. Les fondements théoriques du capital social
Le fondement théorique du capital social résulte principalement de travaux de sociologues qui
ont défini le concept, et de discussions sur l'usage métaphorique du terme "capital" pour
décrire un phénomène social. Les définitions et les comparaisons avec les autres formes de
"capital" permettent de circoncire l'acception du capital social retenue pour notre thèse.
1.1. Les définitions du capital social
L'origine du concept revient au sociologue français Pierre Bourdieu qui en a proposé la
première analyse. Le capital social est alors défini comme « l'ensemble des ressources
actuelles ou potentielles qui sont liées à la possession d'un réseau durable de relations plus ou
moins institutionnalisées d'interconnaissance et d'inter-reconnaissance ; ou en d'autres termes,
à l'appartenance à un groupe, comme ensemble d'agents qui ne sont pas seulement dotés de
propriétés communes (...) mais sont aussi unis par des liaisons permanentes et utiles »
(Bourdieu, 1980, p. 2). Au sens de Bourdieu, le capital social représente les avantages retirés
par un individu de la participation au groupe et de la possession d'un réseau de relations.
Par la suite, dans la littérature anglo-saxonne en sociologie, James Coleman et Robert Putnam
ont chacun proposé une définition du capital social par sa fonction. Selon Coleman, le capital
social recouvre « une variété d’entités qui ont deux éléments en commun : elles consistent
toutes en aspects de la structure sociale, et elles facilitent certaines actions des acteurs –
individus ou acteurs collectifs – à l’intérieur de la structure » (1988, p. S98, traduit par Ritaine,
2001). Putnam souligne également l'utilité du capital social pour faciliter l'action collective, et
le définit comme « les caractéristiques de l'organisation sociale comme les réseaux, les normes
Chapitre 2 Le capital social influençant les CIOT : sa caractérisation
58
et la confiance qui facilite la coordination et la coopération pour un bénéfice mutuel » (ibid.,
1995, p. 67).
Ces travaux en sociologie ont essaimé, en particulier chez les chercheurs en management qui
ont saisi le concept de capital social pour expliquer de nombreuses situations : le recrutement
(Leana et Van Buren, 1999), l'entrepreneuriat (Geindre et Dussuc, 2015 ; Arrègle et Durand,
2004), les relations avec les fournisseurs (Gordon et Cheah, 2014), les comportements
collectifs (Ahuja, 2000a et b ; Inkpen et Tsang, 2005 ; Oh et al., 2004 ; Wolfe, 1998), etc. Les
auteurs les plus cités sont Nahapiet et Goshal, pour lesquels le capital social représente « la
somme des ressources actuelles et potentielles, encastrées au sein du réseau de relations
possédées par un individu ou un groupe, disponible à travers lui et retirée de ce réseau » (ibid.,
1998, p. 243).
Une synthèse des travaux menés en sciences sociales, conduite par Adler et Kwon, donne à
comprendre le caractère collectif du capital social. La recherche sur le capital social est basée
sur l'intuition que la "bienveillance" entre individus est une ressource disponible pour les
individus et pour le groupe. Par le terme "bienveillance", ces auteurs font référence à la
sympathie et à la confiance qui incitent à échanger des informations et génèrent de la solidarité
(ibid., 2002, p. 23). Ils montrent que les sources du capital social se trouvent dans la structure
sociale dans laquelle un acteur est situé.
La définition donnée par Lin dans le Handbook on Social Capital (2008) précise le lien entre
le capital social et les réseaux sociaux : « le capital social est défini comme des ressources
encastrées dans les réseaux sociaux des individus, ressources accessibles et qui peuvent être
mobilisées à travers les liens de réseaux ».
Tableau 7 - Différentes définitions du capital social
Auteurs Définitions
Bourdieu (1980)
« l'ensemble des ressources actuelles ou potentielles qui sont liées à la possession
d'un réseau durable de relations plus ou moins institutionnalisées d'interconnaissance
et d'inter-reconnaissance ; ou en d'autres termes, à l'appartenance à un groupe,
comme ensemble d'agents qui ne sont pas seulement dotés de propriétés communes
(...) mais sont aussi unis par des liaisons permanentes et utiles »
Coleman ( 1988)
« une variété d’entités qui ont deux éléments en commun : elles consistent toutes en
aspects de la structure sociale, et elles facilitent certaines actions des acteurs –
individus ou acteurs collectifs – à l’intérieur de la structure »
Putnam ( 1995) « les caractéristiques de l'organisation sociale comme les réseaux, les normes et la
confiance qui facilite la coordination et la coopération pour un bénéfice mutuel »
Nahapiet et
Goshal (1998)
« la somme des ressources actuelles et potentielles, encastrées au sein du réseau de
relations possédées par un individu ou un groupe, disponible à travers lui et retirée de
ce réseau »
Adler et Kwon
(2002)
« la bienveillance [sympathie et confiance] disponible pour les individus et les
groupes »
Inkpen et Tsang
(2005)
« l'ensemble des ressources générées par un réseau de relations d'un individu ou d'une
organisation, encastrées dans ce réseau et disponible à travers ce réseau »
Lin (2008) « des ressources encastrées dans les réseaux sociaux des individus, ressources
accessibles et qui peuvent être mobilisées à travers les liens de réseaux »
Chapitre 2 Le capital social influençant les CIOT : sa caractérisation
59
Afin de préciser l'acception du concept de capital social retenue dans notre thèse, nous
examinons dans la littérature les discussions sur l'usage métaphorique du terme "capital".
1.2. Le "capital" social : usage d'une métaphore
Dans l'exercice de définition du capital social, de nombreux auteurs ont procédé à la
comparaison du "capital social" à d'autres formes de capital : financier, physique, humain
(Adler et Kwon, 2002 ; Burt, 1995 ; Coleman, 1988). Le capital social s'apparente alors à
certaines autres formes de capital et s'en distingue par certains aspects.
Ainsi, comme les autres formes de capital, le capital social peut faire l'objet d'investissements
dans l'attente d'un flux de bénéfices futurs. Par un investissement dans la construction d'un
réseau de relations, les acteurs individuels (les individus) et collectifs (les groupes d'individus,
une entreprise par exemple), peuvent augmenter leur capital social et ainsi obtenir un accès
accru à l'information. De plus, les acteurs collectifs peuvent renforcer leur identité collective et
leur capacité à mener des actions collectives (Adler et Kwon, 2002).
Comme le capital physique et le capital humain, le capital social a besoin d'être entretenu
(Adler et Kwon, 2002 ; Leana et Buren, 1999 ; Walker et al., 1997). Cependant, comme le
capital humain, mais à la différence d'un capital physique, le capital social n'obéit pas à des
mécanismes de dépréciation (Ahn et Ostrom, 2008). De plus, il peut devenir obsolète en
fonction des changements contextuels, et le rythme de ces modifications ne peut être anticipé.
A l'inverse des autres formes de capital, aucun acteur n'a la propriété exclusive du capital
social (Adler et Kwon, 2002 ; Burt, 1992). Le capital social constitue une forme partagée de
capital, puisque tous les participants à sa création y ont accès. Si l'un des participants se retire,
ses connexions sont dissoutes. Ainsi, les effets du capital social sont bénéfiques tant au niveau
individuel (accès à l'information à travers le réseau social) qu'au niveau collectif (coopération
facilitée) (Cucchi et Fuhrer, 2011).
Enfin, alors qu'il est possible de quantifier les investissements pour le développement des
autres types de capital, concernant le capital social, seuls ses effets peuvent être mesurés
(Adler et Kwon, 2002 ; Fernandez et al., 2000). En effet, les efforts investis dans la
construction des réseaux sociaux peuvent être repérés, mais ils sont difficilement quantifiables.
Cette différence majeure entre le capital social et les autres formes de capital conduit certains
auteurs à insister sur le fait que le terme "capital" doit être utilisé comme une métaphore (Adler
et Kwon, 2002 ; Solow, 2000), voire à juger inappropriée l'association des deux termes
(Tittenbrun, 2014).
Les distinctions opérées par les auteurs sont résumées dans le Tableau 8.
Chapitre 2 Le capital social influençant les CIOT : sa caractérisation
60
Tableau 8 - Comparaison du capital social avec les autres formes de capital
Capital financier Capital physique Capital humain Capital social
Peut faire l'objet
d'investissement
A besoin d'être entretenu
Se déprécie avec l'usage
Peut être la propriété
exclusive d'un seul
acteur
Les investissements pour
son développement
peuvent être quantifiés
Nous tirons des diverses définitions du capital social et des comparaisons avec les autres
formes de capital, les trois traits descriptifs suivants :
Le capital social peut être appréhendé aux niveaux individuel et collectif.
Le capital social peut être mobilisé pour faciliter l'action des acteurs, en particulier
l'action collective. Il facilite la coopération.
Le capital social apparaît comme un "stock" de ressources encastrées dans les réseaux
de relations sociales entre les individus susceptibles d'en bénéficier.
Chacun de ces traits descriptifs comporte des implications pour notre recherche. Comme nous
étudions des coopérations inter-organisationnelles qui paraissent poser des difficultés aux
acteurs du cas qui nous intéresse, le thermalisme dans les Landes, il nous semble utile de
comprendre par l'analyse de la littérature comment le capital social, appréhendé au niveau
collectif, facilite les coopérations. Les relations constitutives des réseaux sociaux qui
permettent l'accès et la mobilisation de ressources seront alors examinées.
2. Les implications pour la recherche de l'acception retenue du concept de
capital social
Les implications des trois traits descriptifs du capital social retenus pour notre thèse sont
exposées ici.
2.1. Une perspective multi-niveaux du capital social
Notre revue de littérature visant à définir le capital social met en évidence que les auteurs
donnent une perspective individuelle et collective du concept.
Chapitre 2 Le capital social influençant les CIOT : sa caractérisation
61
Actif de l'individu pour l'auteur fondateur du concept (Bourdieu, 1980), le capital social est
introduit à un niveau individuel comme « les amis, les collègues, et plus généralement les
contacts à travers lesquels vous recevez des opportunités pour utiliser votre capital financier et
humain » (Burt, 1992, p. 9). Mais le capital social peut dépasser l'individu pour être étendu au
collectif. Coleman (1993) passe de l'individu aux petits groupes, par la transition de la paire au
système. Du groupe aux communautés, le saut est fait en sciences politiques par Putnam (1993,
1995). Il parle de "stock" de capital social possédé par des communautés (et mêmes des
nations), et discute de l'effet du capital social sur leur développement.
Le capital social au niveau collectif et son effet sur la coopération des acteurs sont discutés par
Putnam (1995). A ce niveau, le capital social est sous-jacent à la structure interne du réseau
social reliant les individus au sein de la communauté : il confère à la communauté sa cohésion
et facilite la poursuite d'objectifs collectifs. Ce capital social est qualifié de "capital social
collectif" par Portes (2000). Dans la même idée, l'expression "capital socio-territorial" est
utilisée par Fontan et Klein (2004) afin de rendre compte des ressources encastrées dans les
relations entre des acteurs qui occupent physiquement un territoire.
Les distinctions entre le capital social de l'individu et le capital social collectif sont discutées
par quelques auteurs (Lin, 2001, 2008 ; Portes 2000), qui s'efforcent d'associer les perspectives
individuelle et collective du capital social. Selon Lin (2008), le capital social individuel peut
être étendu au capital social collectif, et en particulier à celui d'une organisation à laquelle
chaque membre apporte son capital social.
Ainsi, pour notre thèse, le terme "capital social" adopté désigne le capital social collectif sous-
jacent à un réseau inter-organisationnel. On trouve alors dans la littérature des éléments
pouvant constituer des indications des bénéfices et risques du capital social sur l'action
collective. Nous nous intéressons en particulier aux effets du capital social sur les coopérations
inter-organisationnelles.
2.2. Les effets du capital social sur les coopérations inter-organisationnelles
La littérature montre que les bénéfices du capital social pour un groupe d'acteurs sont de même
nature que les bénéfices du capital social pour les acteurs individuels. Trois types d'avantages
du capital social collectif y sont identifiés.
L'information est le premier bénéfice. Pour un acteur, le capital social facilite l'accès à des
sources plus larges d'information, et améliore la pertinence et la promptitude de l'information
(Adler et Kwon, 2002 ; Ahuja, 2000a, 2000b). Lorsque les transferts d'information entre des
acteurs d'un réseau s'accompagnent de réciprocité, alors tous les acteurs du réseau bénéficient
de la diffusion de l'information (Burt,1997a). L'accès à l'information est ainsi un avantage
collectif du capital social. Par exemple, dans une étude sur le secteur du textile, Uzzi (1997) a
montré que le transfert d'informations sur les consommateurs, au sein de la filière, aide les
entreprises à s'adapter aux évolutions de la demande.
Chapitre 2 Le capital social influençant les CIOT : sa caractérisation
62
L'influence, le contrôle, et le pouvoir constituent le second bénéfice du capital social. Un
acteur influent peut faire bénéficier de son pouvoir l'ensemble des acteurs du réseau auquel il
appartient. Ceux-ci peuvent alors défendre des intérêts communs, et sont ensemble plus
puissants pour exercer une influence (Adler et Kwon, 2002).
Le troisième avantage du capital social est la solidarité et le respect des normes. Des normes
sociales et des croyances fortes, associées à un degré élevé de fermeture du réseau social,
encouragent la conformité aux règles, limite les actions opportunistes et évite d'avoir à recourir
à des contrôles formels. Dans le cas d'un réseau d'entreprises, le capital social est considéré
comme de la "colle" qui permet de maintenir la cohésion du réseau (Anderson et Jack, 2002 ;
Porter, 2000).
Au total, on peut croire que les trois avantages du capital social peuvent faciliter les
coopérations inter-organisationnelles. Putnam souligne à cet égard que « travailler ensemble
est plus facile dans une communauté bénie par un stock substantiel de capital social » (1993, p.
35-36)30
.
Cependant, le capital social comporte deux types de risques qui peuvent l'emporter sur ses
avantages :
Tout d'abord, une forte solidarité à l'intérieur du groupe peut surencastrer les acteurs dans leurs
relations. Un tel surencastrement réduit le flux de nouvelles idées et informations dans le
groupe, entraînant un esprit de clocher et une inertie qui limitent l'accès aux opportunités
(Nahapiet et Goshal, 1998). La déclaration de Powell et Smith-Doerr (1994, p. 393, citée par
Adler et Kwon, 2002) semble particulièrement illustrer ce risque : « The ties that bind may
also turn into ties that blind » . Par exemple, pour une entreprise membre d'un groupe, une
confiance très forte en ses fournisseurs peut induire une fidélité qui ralentit la recherche
d'innovations, ainsi que leur adoption au sein du groupe.
Ensuite, dans le cas de communautés constituées de membres fortement reliés, les normes
peuvent dicter le partage des ressources entre les membres et contraindre les initiatives
entrepreneuriales. Certains acteurs peuvent alors adopter des comportements opportunistes, en
ne respectant pas les normes et en agissant dans leur seul intérêt (Fulconis et Paché, 2008). Ces
comportements réduisent les bénéfices du capital social pour le groupe (Portes, 1998 ; Uzzi,
1997).
Un surinvestissement en capital social constitue ainsi une contrainte pour accéder à de
nouvelles informations, et entraîne des comportements opportunistes qui peuvent en particulier
entraver les coopérations inter-organisationnelles.
Nous retenons que les bénéfices et risques du capital social dépendent des relations entre les
membres du groupe. Afin de comprendre comment ces relations peuvent influencer les
coopérations inter-organisationnelles territorialisées, il est important à ce stade de préciser le
type de relations sous-jacentes au capital social collectif.
30 Traduction libre
Chapitre 2 Le capital social influençant les CIOT : sa caractérisation
63
2.3. Le capital social : un stock de ressources encastrées dans les relations
sociales
Les auteurs qui ont contribué à l'origine du concept (Bourdieu, 1980 ; Burt, 1992 ; Coleman,
1988 ; Putnam, 1993) s'accordent à reconnaître que les relations sociales constituent la
structure sous-jacente au capital social. Cependant, différents types de relations sociales
engendrant le capital social sont distingués dans la littérature.
Ainsi, Adler et Kwon (2002) soulignent que les relations sociales sont soumises à l'influence
des relations hiérarchiques. Celles-ci modèlent les relations sociales car elles dictent les
relations de travail et les flux d'information.
Par ailleurs, on doit à Lin (2008) la distinction des relations sociales en fonction de leur
intensité et de leur réciprocité. L'auteur définit ainsi trois types de relations sociales : binding,
bonding et bridging.
Les relations de type binding sont des relations intimes qui impliquent la réciprocité des
échanges de services. Ce sont des liens de partage de sentiments et de support mutuel. Les
interactions sont réciproques et intenses.
Les relations de type bonding sont caractérisées par des liens qui permettent le partage
d'informations et de ressources entre des membres appartenant à un même cercle social.
Les relations de type bridging permettent d'accéder à des ressources plus variées que celles
procurées par des relations de type binding et bonding. Ce sont des relations de faible intensité
et non réciproques.
Afin d'analyser les relations sociales, Lin (2008) suggère alors de mobiliser deux principes
bien établis en sociologie : l'homophilie et l'hétérophilie. Le principe d'homophilie postule qu'il
existe une forte corrélation entre l'intensité des interactions et les ressources partagées.
Ainsi, en raison du principe d'homophilie, des relations de type binding ne permettent
d'accéder qu'à des ressources similaires, et les relations de type bonding ne permettent
d'accéder à de nouvelles ressources que si elles sont suffisamment riches et variées. Ce sont
alors les relations de type bridging qui, en raison du principe d'hétérophilie, permettent aux
membres d'un réseau d'acquérir de nouvelles ressources. Ainsi, la qualité et la quantité de
ressources dépendent des caractéristiques des réseaux de relations sociales. Lin (2008) pose
alors que les réseaux constitués de ces différents types de relations sociales déterminent le
capital social.
Conclusion de la section 1 : Le capital social est un stock de ressources engendré par
les réseaux sociaux et il facilite les coopérations.
Dans cette première section, nous nous sommes intéressés au capital social afin de comprendre
comment il est lié aux coopérations inter-organisationnelles. Nous avons relevé que les
diverses définitions du capital social introduites dans la littérature, principalement en
sociologie, présentent communément le capital social comme un stock de ressources
(Bourdieu, 1980 ; Inkpen et Tsang, 2005 ; Lin, 2008 ; Nahapiet et Goshal, 1998).
Chapitre 2 Le capital social influençant les CIOT : sa caractérisation
64
Nous avons identifié dans la littérature trois types de ressources constitutives du capital social,
qui sont des avantages pour les acteurs en vue de l'action individuelle ou collective : l'accès à
l'information, ensuite l'influence, le contrôle et le pouvoir, et enfin la solidarité et le respect des
normes du réseau. Dans une perspective d'adaptation stratégique, nous nous intéressons
particulièrement à l'information, ressource permettant de connaître l'environnement et ses
menaces.
Par ailleurs, nous avons retenu de l'analyse des diverses définitions du capital social, que ces
ressources sont encastrées dans les réseaux sociaux (Inkpen et Tsang, 2005) et générées par les
réseaux sociaux (Lin, 2008), et que le caital social facilite l'action collective (Coleman, 1988),
en particulier de la coopération (Putnam, 1995).
Nous proposons alors dans la section suivante d'étudier le cadre théorique des réseaux sociaux
afin de comprendre comment ils génèrent le capital social, et son influence sur les
coopérations.
Chapitre 2 Le capital social influençant les CIOT : sa caractérisation
65
SECTION 2 - LE CADRE THÉORIQUE DES RÉSEAUX SOCIAUX ET LA CRÉATION DE
CAPITAL SOCIAL
L'étude théorique du capital social présentée dans la section précédente a révélé que le capital
social est engendré par les réseaux de relations sociales, et qu'il facilite les coopérations. Ainsi,
nous présentons dans cette section le fondement théorique de l'analyse des réseaux sociaux (1),
dans l'objectif de comprendre comment les réseaux de relations sociales engendrent le capital
social (2).
1. Le fondement théorique de l'analyse des réseaux sociaux
L'analyse des réseaux sociaux repose sur le concept d'encastrement relationnel de Granovetter
(1985), qui permet de prendre en compte les effets des structures sociales sur les actions
économiques. L'encastrement relationnel signifie que les relations entre les personnes et la
structure du réseau de ces relations sont un élément explicatif du fait économique. L'action des
individus est alors facilitée et limitée, à la fois par la structure et par les ressources mises à
disposition par les réseaux sociaux dans lesquels elle s'inscrit (Brass et al., 2004).
L'analyse des réseaux sociaux permet ainsi de montrer la dépendance des individus à l'égard de
leurs contacts personnels, c'est-à-dire la contrainte du réseau social dans lequel ils s'inscrivent
(Huault, 1998). L'analyse des réseaux sociaux s'appuie alors principalement sur la théorie de la
force des liens faibles de Granovetter (1973), et sur la théorie des trous structuraux de Burt
(1995), que nous exposons tour à tour.
1.1. La théorie de la force des liens faibles de Granovetter
La théorie de "la force des liens faibles" de Granovetter (1973) repose sur deux postulats.
Le premier postulat pose que plus un lien est fort entre deux personnes, plus la probabilité que
leurs réseaux sociaux se chevauchent est grande : si A et B sont reliés par un lien fort, et s'il en
est de même pour B et C, il y a une grande chance pour que A et C soient reliés, au minimum
par un lien faible.
Le second postulat introduit que les liens qui relient les personnes peuvent être source
d'informations nouvelles. L'idée est qu'un "lien pont" est un lien qui relie un individu A à un
individu G, alors que G n'est pas relié aux autres individus reliés à A (Figure 14). Grâce à ce
lien entre A et G, A peut prendre connaissance d'informations qui ne circulent pas encore
parmi les personnes avec lesquelles il est relié par un lien fort. Un lien fort ne peut pas être un
"lien pont". Seuls les liens faibles permettent alors de "faire pont".
En rapprochant les deux postulats, Granovetter affirme que les liens forts ne peuvent pas être
source d'information nouvelle. La raison est la suivante. Tout d'abord, selon le premier
Chapitre 2 Le capital social influençant les CIOT : sa caractérisation
66
postulat, dans la Figure 14, si A et G étaient reliés par un lien fort, alors G aurait au minimum
un lien faible avec un autre individu avec lequel A est relié. Cela impliquerait que le lien entre
A et G ne soit pas un "lien pont", car il y aurait de multiples chemins pour relier A à G à
travers des individus reliés aux deux à la fois. Ensuite, comme les ponts sont sources
d'information nouvelle, et que seuls les liens faibles sont des ponts, les liens faibles sont
potentiellement les meilleures sources d'information nouvelle.
Figure 14 - "La force des liens faibles"
Granovetter caractérise la force d’un lien par une combinaison (de quantité) de temps,
d'intensité émotionnelle, de confiance mutuelle, et de services réciproques. Ainsi, il suggère la
fréquence des relations afin de différencier les liens forts des liens faibles.
Granovetter illustre sa théorie et montre qu’il est moins important d’être fortement inséré dans
un réseau, que d’avoir accès, par des liens faibles, à plusieurs réseaux. Par exemple, il constate
que la meilleure façon de trouver un emploi semble être de passer par des connaissances
éloignées plutôt que par des amis proches. De plus, il observe que certains groupes de
personnes parviennent facilement à s’organiser pour atteindre des objectifs communs, alors
que d’autres non. Ainsi, la théorie de "la force des liens faibles" de Granovetter (1973)
explique que les liens faibles permettent de jeter des ponts entre les réseaux, et qu'ils
permettent de relier des groupes distincts pour accéder à des informations nouvelles.
Cette théorie, complétée par la théorie des trous structuraux de Burt (1997, 1995) constitue
pour l'essentiel le fondement théorique de l'analyse des réseaux sociaux.
1.2. La théorie des trous structuraux de Burt
La théorie des trous structuraux introduite par Burt (1995, 1997) est centrée sur le réseau d'un
individu donné, dès lors appelé ego network.
Burt soutient que si l'on compare les sommets A et B de la Figure 14, l'ego network de A
procure potentiellement plus d'information nouvelle à A que l'ego network de B n'en procure à
B, en raison de la relation AG. En effet, la relation AG n'est pas redondante puisque cette
relation est la seule que A peut utiliser pour joindre G. En effet, A ne peut se servir d'aucune de
ses autres relations pour joindre G. Ainsi, un trou structural consiste en une relation non
redondante entre deux contacts. En résumé, la théorie des trous structuraux de Burt pose que la
non redondance des liens entre deux individus permet de faire émerger des opportunités
d'accéder à des informations nouvelles dans le réseau.
B
D
G
A
E
C
Chapitre 2 Le capital social influençant les CIOT : sa caractérisation
67
L'origine des trous structuraux repose sur deux critères : le critère de la cohésion porte sur
l'ensemble du réseau, et le critère de l'équivalence permet de porter attention aux relations
individuelles entre un individu et les membres de son ego network.
Selon le critère de la cohésion, deux relations d'un individu sont redondantes si les deux
individus auxquels il est relié sont connectés entre eux. Plus un réseau est dense, plus il
présente de cohésion, et moins il comporte de trous structuraux.
Selon le critère de l'équivalence, deux individus sont structuralement équivalents si leurs
relations sont avec les mêmes individus (Wasserman et Faust, 1994). Ils ne sont pas forcément
en relation, pourtant ont accès aux mêmes sources d'information. Pour les autres membres du
réseau, ils sont des contacts redondants. En conséquence, une absence de liens entre deux
contacts d'un individu ne signifie pas une absence de redondance. Il existe un trou structural
entre deux contacts d'un individu, soit parce qu'ils ne sont pas liés entre eux, soit parce qu'ils
ne sont pas structuralement équivalents.
Ainsi, certains individus bénéficient d'un avantage si leur ego network est composé de
plusieurs parties déconnectées les unes des autres. Ces individus exploitent le ou les trous
structuraux nés de ces déconnexions, et ont des opportunités de se poser en intermédiaire, en
contrôlant les flux d’information entre les acteurs se trouvant de part et d'autres de ce trou
(individu A de la Figure 15). Par exemple, un dirigeant disposant d’un réseau important de
contacts non redondants, et donc riche en trous structuraux, est un entrepreneur plus apte à
contrôler l’information et à négocier avec les autres acteurs. S'il est positionné, à l'inverse,
dans un réseau pauvre en trous structuraux, le dirigeant est au centre de relations qui limitent
les opportunités d’innovation et d'adaptation (individu B de la Figure 2).
Figure 15 – Les trous structuraux
La théorie des liens faibles de Granovetter et celle des trous structuraux de Burt sont
rapprochées par certains auteurs. Les ponts de Granovetter sont les liens non redondants de
Burt. Les ponts de Granovetter, comme les liens non redondants de Burt, permettent la
circulation d'information nouvelle dans un réseau (Borgatti et Halgin, 2011).
L'analyse des réseaux sociaux basée sur ces deux théories, et plus largement sur les
caractéristiques structurales du réseau étudié, appréhende les effets du réseau sur la circulation
A
B
Chapitre 2 Le capital social influençant les CIOT : sa caractérisation
68
de l'information. L'analyse des réseaux sociaux permet alors de comprendre comment les
réseaux sociaux engendrent le capital social, vu comme un stock de ressources, en particulier
informationnelles.
Dans la sous-section suivante, nous introduisons les principaux apports de la littérature
théorique concernant l'impact des caractéristiques des réseaux sociaux sur la création de capital
social.
2. Les réseaux sociaux créateurs de capital social
Le capital social est un ensemble de ressources mises à disposition des membres du réseau,
créé par les relations, et dont les caractéristiques dépendent du réseau (2.1.). Les ressources
sont, nous l'avons vu dans la section 1 de ce chapitre, un capital pour l'action des membres du
réseau, peut-être même pour leur communauté ou une partie d'elle. Elles facilitent leurs
actions, y compris stratégiques, mais elles peuvent aussi les limiter et les orienter (2.2).
2.1. Les caractéristiques des réseaux sociaux sous-jacents au capital social
Deux visions des caractéristiques structurales susceptibles d'engendrer du capital social sont
largement distinguées dans la littérature : la fermeture du réseau (network closure) de Coleman
(1988), et les trous structuraux de Burt (1995, 1997).
Selon Coleman (1988), la fermeture (closure) signifie l'existence de liens suffisants entre un
certain nombre d'individus pour garantir le respect de normes communes, réduisant ainsi les
asymétries d'information et renforçant le capital social des parties prenantes. La fermeture dans
une structure sociale crée la confiance entre les individus, et Coleman fait l'hypothèse que la
fermeture des réseaux et leur densité sont des pré-requis importants du capital social. Le
capital social est basé sur la réciprocité attendue entre les acteurs, et une structure de relations
fermée est davantage porteuse de capital social pour ses membres qu'une structure ouverte. En
effet, dans des réseaux ouverts, les acteurs se font moins confiance, ils s'attendent à moins de
réciprocité. Un moindre respect des normes diminue la confiance et affaiblit le capital social.
Ainsi, Coleman s'attache à la qualité de la relation et souligne les bénéfices de la solidarité
découlant des relations fortes. La force du lien entre les partenaires est une combinaison de la
fréquence des relations, de l'intensité émotionnelle, de l'intimité et de la réciprocité des
services (Granovetter, 1973). Rejoignant la vision de Coleman, certains parlent même de la
force des liens forts (Krackhardt, 1992 ; Lin, 2008).
Alors que pour Coleman la densité des réseaux est une condition nécessaire à l'émergence de
capital social, pour Burt c'est l'absence relative de liens, qu'il appelle trous structuraux, qui
facilite la création de ressources.
En effet, selon Burt (1995, 1997), les réseaux denses font circuler une information redondante,
alors que des liens faibles sont sources de nouvelles idées et de ressources. La configuration
Chapitre 2 Le capital social influençant les CIOT : sa caractérisation
69
structurelle des relations, avec des sous-réseaux épars et donc des trous structuraux, génère du
capital social grâce à un plus large spectre de sources d'informations non redondantes.
Selon Burt, un réseau épars avec peu de relations redondantes procure des bénéfices supérieurs
de capital social parce que les individus ont la possibilité de se placer en intermédiaire entre
d'autres individus qui seraient sinon déconnectés. Selon cette vision, la structure du réseau joue
un rôle majeur.
La différence de visions entre Coleman et Burt reflète la différence entre les interprétations
relationnelle et structurelle du capital social. Nous en déduisons que pour un réseau donné, la
fermeture du réseau peut accroître le partage de ressources entre les membres du réseau, et les
trous structuraux peuvent faciliter l'accès à des ressources plus variées, en particulier
informationnelles.
Par la suite, Burt (2000) complète d'ailleurs son analyse initiale (1997, 1995) et se rapproche
du point de vue de Coleman (1998) en précisant qu'il existe des facteurs de contingence et que
les deux mécanismes de réseau (trous structuraux et fermeture de réseau) peuvent être associés
pour déterminer le capital social d'un réseau d'acteurs. Les trous structuraux sont la source du
capital social pour le groupe, mais la fermeture du réseau peut être essentielle pour partager les
bénéfices du capital social entre les membres du groupe31
.Cette analyse explique les effets des
caractéristiques du réseau d'un groupe d'acteurs sur sa performance (Tableau 9).
Tableau 9 - Matrice des effets des caractéristiques du réseau pour un groupe (Burt, 2000)32
Groupe désintégré,
avec plusieurs
perspectives,
plusieurs ressources
Performance
maximum
Performance
minimum
Groupe cohésif, avec
une seule perspective,
une seule ressource
A ce stade, nous avons vu que l'analyse des réseaux sociaux permet de s'intéresser à la fois à la
qualité des liens et à la configuration des réseaux, et qu'elle permet d'expliquer la création du
capital social pour un groupe. Selon ses caractéristiques structurales, un réseau génère un
capital social, plus ou moins important, qui favorise les actions, individuelles et collectives,
des membres de ce réseau. Mais des études théoriques et empiriques ont montré qu'il pouvait
également constituer un frein, générer des risques, et que l'on devait s'intéresser à cet équilibre
bénéfices-risques.
31 Les visions rapprochées sont reprises par diverses contributions (Hansen, 1999 ; Hite et Hesterly, 2001 ; Rost,
2011 ; Suire, 2004 ; Walker et al., 1997).
32 Adapté de Burt (2000, p. 395)
présence de trous
structuraux
élevée
faible
fermeture de réseau
élevée faible
Chapitre 2 Le capital social influençant les CIOT : sa caractérisation
70
2.2 Analyse de l'équilibre bénéfices-risques du réseau pour le capital social
C'est à partir de l'analyse du rôle du capital social des communautés dans le développement
économique des pays menée par Woolcock (1988), qu'Adler et Kwon (2002) conduisent une
analyse de l'équilibre bénéfices-risques du réseau pour le capital social des organisations en
croisant deux dimensions (Tableau 10). Sur la première dimension sont opposés le nombre des
relations (peu nombreuses vs nombreuses) et l'intensité des relations (fortes vs faibles) dans un
groupe. Sur la seconde dimension, les relations à l'intérieur du groupe (bonding) sont opposées
aux relations à l'extérieur du groupe (bridging). Quatre types de situations sont identifiées.
Tableau 10 - Analyse de l'équilibre bénéfices-risques du réseau pour le capital social selon
Adler et Kwon (2002)
Relations à l'intérieur du groupe (bonding)
Peu nombreuses et faibles Nombreuses et fortes
Relations
avec
l'extérieur
du groupe
(bridging)
Peu
nombreuses
et faibles
Capital social faible Risque de surencastrement
Nombreuses
et fortes Risque d'anomie
33 Capital social potentiellement
élevé
Dans la situation où les membres du groupe sont faiblement interconnectés et le groupe est
faiblement relié à l'extérieur, alors le groupe pâtit d'un capital social faible. A l'opposé, un
groupe dont les membres sont fortement interconnectés et qui est fortement relié à l'extérieur,
bénéficie d'un capital social potentiellement élevé.
Les deux autres types de situations, décrivent un capital social présentant un risque pour les
acteurs du groupe. Des relations internes nombreuses et fortes, combinées à des relations
externes peu nombreuses et faibles, créent une situation dans laquelle la solidarité interne peut
être néfaste à l'intégration des acteurs dans un ensemble plus large. Le risque de
surencastrement peut entraîner un isolement du groupe. L'autre situation présentant un risque
est celle correspondant à des relations internes peu nombreuses et faibles, associées à des
relations nombreuses et fortes avec l'extérieur. Cette situation présente un risque d'anomie.
Dans une situation d'anomie, les normes et les valeurs communes au groupe sont affaiblies, la
confiance baisse, et le groupe se désagrège.
Nous proposons de compléter l'analyse d'Adler et Kwon (2002) par l'approche de Uzzi (1997)
car elle permet de préciser le risque du surencastrement des relations sociales pour les
entreprises. L'analyse de ce risque présente un intérêt pour notre recherche, car la situation que
nous avons pu observer dans le cas du réseau territorialisé d'organisations étudié semble
correspondre.
33 Le dictionnaire de français Larousse (2016) propose la définition suivante de la notion d'"anomie" : « Etat de
désorganisation, de déstructuration d'un groupe, d'une société, dû à la disparition partielle ou totale des normes et des valeurs communes à ses membres ».
Chapitre 2 Le capital social influençant les CIOT : sa caractérisation
71
Uzzi (1997) distingue les relations encastrées et les relations « à longueur de bras » (arms'
length), qui sont deux types de relations opposées. Les relations « à longueur de bras » sont des
relations d'affaires, qui permettent d'échanger des informations. Les relations encastrées sont
des relations entre les membres d'un même groupe. Elles sont caractérisées par la confiance et
des dimensions personnelles, plutôt que par des contrats.
Ainsi, s'interrogeant sur l'encastrement social et ses effets sur les stratégies des entreprises,
Uzzi (1997, p. 57) pose les questions suivantes. Est-ce qu'une entreprise qui devient trop
encastrée socialement rencontre des difficultés d'adaptation stratégique? Est-ce que des
relations encastrées avec quelques partenaires du réseau limitent l'information non redondante
et l'accès à de nouvelles opportunités? Uzzi (1997) explique le risque de surencastrement
social des entreprises, en mettant en évidence que les entreprises ont accès à des opportunités
du fait de relations encastrées avec leurs partenaires jusqu'à un certain seuil. Il qualifie alors de
surencastrement, la situation dans laquelle toutes les entreprises d'un réseau sont connectées
par des relations entre elles. Les travaux de Uzzi montrent que des relations de coopération
dans un réseau de relations surencastrées peuvent être source de conflits entre les entreprises,
et réduire leur capacité à s'adapter à leur environnement. En effet, cette situation de
surencastrement réduit le flux d'informations nouvelles dans le réseau, du fait de liens
redondants avec les partenaires du réseau. L'absence ou le faible nombre de liens avec des
partenaires extérieurs présente un risque de fermeture du réseau, qui peut entraîner son déclin.
Selon l'approche de Uzzi (1997), la structure optimale du réseau est un mélange de relations
encastrées et de relations « à longueur de bras ». Les relations encastrées permettent aux
membres du réseau d'être reliés. A l'inverse, les relations « à longueur de bras » évitent un
isolement du marché et de ses opportunités.
Cependant, il semble que des éléments de contexte doivent être pris en compte pour analyser
l'équilibre bénéfices-risques du réseau pour le capital social d'un groupe. Il n'y aurait pas de
réponse simple et universelle à la question de la structure du réseau optimale (Ahuja, 2000a).
Ainsi, Uzzi (1997) souligne que si la tâche à réaliser par le groupe nécessite davantage de
confiance et de coopération, des relations répétées avec un petit nombre de partenaires sont
préférables. Si, par contre, la tâche relève de la rationalité économique et de la concurrence,
des relations éloignées avec un nombre plus important de partenaires sont plus efficientes.
Nous trouvons dans la littérature empirique, des situations distinctes en fonction de la
configuration du réseau et de la qualité des relations. Nous en citons quelques unes ci-dessous.
Dans des environnements incertains, la combinaison de trous structuraux et d'une forte densité
de relations permet d'accéder à l'information et de la transférer entre partenaires. Ainsi, cette
situation de réseau est favorable aux coopérations. Gargiulo et Benassi (2000) montrent en
effet que le succès de la coopération résulte du délicat compromis entre la sécurité de coopérer
dans un réseau cohésif, et la flexibilité procurée par un réseau riche en trous structuraux.
Dans le cas de la formation d'un réseau de coopération industrielle, les trous structuraux
facilitent la formation du réseau, car l'accès à l'information est particulièrement crucial dans
Chapitre 2 Le capital social influençant les CIOT : sa caractérisation
72
cette phase de la vie du réseau. A mesure que le réseau devient bien établi, des relations plus
denses sont davantage nécessaires car elles permettent la transmission d'information et la
coopération entre les partenaires (Walker et al., 1997).
Dans le cas des groupes composés de plusieurs filiales qui connaissent des environnements en
mutation, l'ouverture vers l'extérieur des filiales est particulièrement nécessaire, mais des
relations étroites entre un petit nombre de filiales peuvent contraindre cette ouverture en raison
de la réciprocité attendue entre les filiales (Hansen,1999)
Conclusion de la section 2 : Le capital social engendré par les réseaux sociaux dépend
de la structure des réseaux sociaux
Dans cette section, nous avons abordé les fondements théoriques des réseaux sociaux afin de
comprendre comment ils créent le capital social. Nous avons présenté en particulier la théorie
de la force des liens faibles de Granovetter (1973) et celle des trous structuraux de Burt (1997,
1995), car ces théories appréhendent les effets de la structure des réseaux sociaux sur la
circulation de ressources, et notamment de l'information, entre les membres d'un réseau.
Par ailleurs, nous avons exposé les cadres théoriques mettant en évidence les caractéristiques
des réseaux sociaux qui engendrent un capital social pour les membres d'un réseau. Ainsi, deux
théories complémentaires, celle de la fermeture de réseau de Coleman (1988) et celle des trous
structuraux de Burt (1997, 1995), permettent de comprendre comment les trous structuraux
sont la source du capital social, et comment la fermeture de réseau est essentielle au partage
des bénéfices du capital social entre les membres du réseau. L'analyse de l'équilibre bénéfices-
risques du réseau pour le capital social selon Adler et Kwon (2002), complétée par celle de
Uzzi (1997), met en évidence différents niveaux de capital social en fonction de la structure
des relations sociales du réseau.
Ainsi, au total dans cette section, nous avons introduit les effets de la structure des réseaux
sociaux sur la circulation des ressources entre les membres d'un réseau, et, ce faisant, sur la
création de capital social.
Nous choisissons alors de resserrer la question de recherche initialement posée pour cette thèse
" Comment les réseaux sociaux influencent-ils les CIOT ? ", en nous intéressant précisément à
l'influence du capital social, c'est-à-dire à l'influence des ressources disponibles liées à la
possession d'un réseau de relations sociales, et en particulier à celles permettant une
connaissance partagée du contexte stratégique. Nous proposons alors la question de recherche
suivante :
Comment le capital social détermine t-il les CIOT ?
Néanmoins, comme le capital social est engendré par les réseaux sociaux, nous suggérons que
l'analyse des réseaux sociaux permettrait de comprendre comment le capital social détermine
les coopérations. Nous présentons alors dans la section suivante l'intérêt et la mise en œuvre de
Chapitre 2 Le capital social influençant les CIOT : sa caractérisation
73
l'analyse des réseaux sociaux, dans l'objectif de mobiliser cette méthode pour comprendre
comment le capital social détermine les CIOT.
Chapitre 2 Le capital social influençant les CIOT : sa caractérisation
74
SECTION 3 - L'ANALYSE DES RÉSEAUX SOCIAUX : UNE MÉTHODE ADAPTÉE À L'ÉTUDE
DU CAPITAL SOCIAL
Nous avons retenu que le capital social, créé par les réseaux sociaux, influence les
coopérations. Comprendre cette influence, en particulier sur les CIOT, passe donc par l'analyse
des réseaux sociaux.
L'intérêt et la mise en œuvre de l'analyse des réseaux sociaux sont maintenant bien établis et
d'usage fréquent dans des approches scientifiques. Nous les expliciterons de manière générale
dans deux premiers temps de cette section (1 et 2), puis présenterons son adaptation au cas
d'un réseau inter-organisationnel territorialisé (3) avec la finalité de caractériser le capital
social selon des formes susceptibles d'aider à faire apparaître ses liens avec les CIOT.
1. L'intérêt de l'analyse des réseaux sociaux
L'analyse des réseaux sociaux, méthode essentiellement utilisée en sociologie, présente un
intérêt pour la recherche en sciences de gestion (Chauvet et Chollet, 2010 ; Huault, 2004 ;
Kilduff et Brass, 2010). Dès lors, nous nous appuyons sur les travaux de recherche sur les
organisations pour montrer que cette méthode est pertinente pour l'objet de notre recherche.
Elle présente par ailleurs un intérêt méthodologique que nous détaillons par la suite.
1.1 La pertinence de l'analyse des réseaux sociaux pour l'objet de la
recherche
L'intérêt de l'analyse des réseaux sociaux est présenté de manière générale dans la définition
d'un réseau social donnée par le sociologue Mitchell (1969, p. 2), cité par Tichy, Tushman et
Fombrun (1979) : « a specific set of linkages among a defined set of persons, with the
additional property that the characteristics of these linkages as a whole may be used to
interpret the social behavior of the persons involved »34
. Ainsi, un réseau social est défini
comme un ensemble de relations entre des personnes, et les caractéristiques de la structure des
relations entre ces personnes peuvent être utilisées pour interpréter leurs comportements.
Pour autant, un réseau social ne se réduit pas à une somme de relations. Le réseau social
constitue un tout, une structure dont les membres font partie. L'analyse des réseaux sociaux (ou
Social Network Analysis) permet alors de décrire les structures sociales, et de mettre en
évidence les causes et conséquences de la structure des relations (Borgatti et al., 2009 ; Tichy
et al., 1979). L'analyse des réseaux sociaux est ainsi un moyen de révéler les contraintes qu'un
34 Nous proposons la traduction suivante : « un ensemble spécifique de liens entre un ensemble défini de
personnes, présentant la propriété que les caractéristiques de ces liens comme un tout peuvent être utilisées pour interpréter le comportement social des personnes impliquées ».
Chapitre 2 Le capital social influençant les CIOT : sa caractérisation
75
réseau social fait peser sur ses individus, et de comprendre comment il favorise les
comportements (Degenne et Forsé, 2004).
L'intérêt de l'analyse des réseaux sociaux est expliqué par les auteurs en sociologie des
organisations. Pour Lazega (1994), on ne peut comprendre le "comportement stratégique" des
entreprises sans connaître leur position dans la structure des relations entre toutes les
organisations de leur secteur. Ainsi, en utilisant l'analyse des réseaux sociaux, la sociologie des
organisations a mis en évidence le rôle des réseaux sociaux dans l'activité des entreprises, et a
ouvert la voie de la recherche portant sur la coopération et la concurrence dans l’action
collective. L'analyse des réseaux sociaux est en particulier utile pour chercher la structure des
communautés économiques locales, fortement intégrées pour des raisons historiques et sociales
(Eloire et al., 2011 ; Lazega, 2014, 2009). Pour les sciences de gestion, l'introduction de
l'analyse des réseaux sociaux permet de montrer que « l'action des individus est tout à la fois
facilitée et limitée par la structure et les ressources disponibles des réseaux sociaux dans
lesquels ils s'inscrivent » (Huault, 2004, p. 53).
Nous pensons alors que l'analyse des réseaux sociaux convient à l'analyse du capital social
collectif pour explorer le cas d'un réseau inter-organisationnel territorialisé, tel que le
thermalisme dans les Landes.
Au-delà de son intérêt pour l'objet de notre recherche, l'analyse des réseaux sociaux est une
méthode qui permet une flexibilité méthodologique comme le montre la littérature présentée
ci-dessous.
1.2 L'intérêt méthodologique de l'analyse des réseaux sociaux
L'analyse des réseaux sociaux est une méthode d'analyse intéressante car elle peut être
déployée à de multiples niveaux. En effet, les travaux de recherche menés sur les réseaux
sociaux et les organisations portent sur trois niveaux d'analyse distincts : un niveau intra
organisationnel (relations interpersonnelles), un niveau inter unités dans une organisation
(relations entre filiales, entre services), et un niveau inter-organisationnel (relations entre
organisations).
Or, dans les trois niveaux, ces relations reposent sur des liens interpersonnels. Par exemple, il
apparaît d'une étude menée dans le champ de l'entrepreneuriat, que l'environnement relationnel
de l'entrepreneur est une variable déterminante de l'identification des opportunités pour
l'organisation (Chauvet et Chollet, 2010).
De plus, une revue de littérature menée par Brass et al. (2004) montre que la recherche des
déterminants des réseaux au niveau inter-organisationnel impose de s'intéresser aux
déterminants des relations interpersonnelles. En effet, lorsque le réseau sous-tend des relations
de coopération entre acteurs (des organisations, leurs fournisseurs, leurs clients, leurs
concurrents), les motivations de la coopération relèvent soit du niveau inter-organisationnel
(réduction de l'incertitude, acquisition de ressources, renforcement de la légitimité, atteinte
d'objectifs collectifs), soit du niveau inter-personnel (la confiance entre les acteurs, les normes,
Chapitre 2 Le capital social influençant les CIOT : sa caractérisation
76
les similarités entre acteurs, le contexte historique, culturel et institutionnel, la pression à
coopérer, l'expérience de la coopération) (Brass et al., 2004).
Par ailleurs, l'analyse des réseaux sociaux permet d'articuler les niveaux d'analyses par
l’approche du linked design. « L’idée du linked design consiste à examiner séparément des
« réseaux complets » (au sens de Wasserman et Faust, 1994) de niveaux différents, puis à les
articuler grâce à des informations sur l’appartenance de chaque individu du premier réseau
(inter-individuel) à l’une des organisations du second réseau (inter-organisationnel) » (Lazega
et al., 2007 ; p. 94).
Ainsi, l'analyse des réseaux sociaux apporte une flexibilité méthodologique en distinguant les
niveaux d'analyse. En effet, elle permet de décrire les individus, leurs relations, l'ensemble de
la structure relationnelle, et de considérer la structure des relations et la position occupée par
les individus comme des déterminants de leurs comportements (Lazega, 2014). En permettant
de relier les différents niveaux d'analyse, de partir de l'individu pour analyser la structure
sociale d'un champ organisationnel, et leur influence mutuelle, l'analyse des réseaux sociaux
présente un intérêt pour une recherche en stratégie d'entreprise (Baret et al., 2006 ; Huault,
2004).
En outre, il semble important de se demander si le niveau d'analyse des relations est cohérent
avec le cadre théorique retenu pour traiter la problématique. Ainsi, Lecocq (2003)
recommande au chercheur de se pencher sur le protocole de la recherche pour vérifier la
cohérence interne de celle-ci. En effet, dans sa thèse, Lecocq (2003) s'intéresse aux
comportements d'acteurs d'un réseau inter-organisationnel ; les relations entre les organisations
constituent le niveau d'analyse retenu. Pour notre part, afin d'étudier les coopérations inter-
organisationnelles territorialisées comme forme d'adaptation collective, nous fondons notre
thèse sur le cadre théorique de l'encastrement des relations économiques dans les liens sociaux
(Granovetter, 1985). Notre recherche relève du niveau inter-organisationnel ; les acteurs sont
des organisations (entreprises, fournisseurs, partenaires, instance de contrôle et de régulation,
par exemple). Cependant, dans un objectif de cohérence avec le cadre théorique de
l'encastrement relationnel, notre analyse consiste, comme nous le présenterons ultérieurement,
à caractériser les relations des individus membres des organisations.
Etant donné la flexibilité de la méthode quant aux niveaux d'analyse, l'analyse des réseaux
sociaux apparaît particulièrement adaptée pour caractériser le capital social collectif et son
influence sur les coopérations inter-organisationnelles territorialisées.
Cependant, c'est une approche méthodologique encore aujourd'hui originale en sciences de
gestion en raison de la complexité de sa mise en œuvre.
Chapitre 2 Le capital social influençant les CIOT : sa caractérisation
77
2. La mise en œuvre de l'analyse des réseaux sociaux
Méthodologiquement, l'analyse des réseaux sociaux présente certaines difficultés que l'on doit
prendre en compte, en particulier pour la collecte des données et pour la description du réseau
social.
2.1 La collecte des données de réseaux sociaux
L'analyse de réseau repose sur des données sociométriques35
. La collecte des données consiste
donc à obtenir des informations sur les relations entre les individus, et éventuellement sur les
caractéristiques des individus. La principale difficulté pour le chercheur réside dans la
sélection des relations auxquelles il s’intéresse et donc dans la définition des frontières du
réseau. De nombreux auteurs en sociologie soulignent l'importance de définir correctement les
frontières d'un réseau pour mener une analyse de réseau (Lazega, 1998 ; Doreian et Woodard,
1994). Même si dans l'absolu un réseau n'a pas de frontières, en pratique, l'usage de l'analyse
des réseaux sociaux suppose de délimiter l'ensemble observé (Saglietto, 2006).
Ainsi, comme le comportement individuel est considéré dépendant, au moins partiellement, de
la nature des relations sociales d'un acteur avec d'autres, une attention particulière doit être
portée aux règles d'inclusion. Les règles d'inclusion concernent à la fois la sélection des acteurs
ou nœuds du réseau, et le choix des types de relations entre les acteurs à étudier. Si des acteurs
ou une des relations sont omis, cela peut fausser la configuration de l'ensemble des acteurs
dans un réseau, et les résultats de l'analyse peuvent ne pas avoir de sens (Doreian et Woodard,
1994). Comme la position d'un nœud est définie en fonction de tous les autres nœuds, si
certains nœuds sont manquants, alors les mesures de la structure sont sérieusement
compromises.
Plusieurs critères peuvent être utilisés pour établir les frontières du réseau social étudié. Le
choix du critère dépend de l'objet de la recherche, mais tous les critères ne permettent pas
d'obtenir le même niveau de fiabilité des résultats de l'analyse. Certaines règles d'inclusion sont
basées sur les caractéristiques communes des acteurs, ou sur des activités communes
auxquelles ils participent. Il peut par exemple s'agir de l'appartenance à une organisation : dans
la recherche menée par Lazega (1992), tous les avocats d'un cabinet d'avocats d'affaires. Dans
ces cas-là, les frontières d'un réseau social existent a priori, sont évidentes et ne peuvent être
remises en cause. Il s'agit d'une démarche de réseau dit "complet" (total network ou whole
network), qui consiste à construire le réseau social de la population concernée à partir des
relations existantes entre tous les individus.
Cependant, les frontières des réseaux sociaux ne cadrent pas nécessairement avec les
institutions (Assens, 1999). Le chercheur qui pressent l'impossibilité d'une démarche de
"réseau complet", peut alors opter pour une démarche de "réseaux personnels" (ego network).
Dans ce cas, le réseau social est reconstitué avec les "réseaux personnels" des individus, et par
un effet boule de neige à partir du "réseau personnel" d'un premier individu interrogé. En effet,
35 La sociométrie est une méthode qui permet d'établir les relations entre les individus.
Chapitre 2 Le capital social influençant les CIOT : sa caractérisation
78
un premier individu cite des personnes avec lesquelles il est en relation, puis les personnes
citées sont elles-mêmes interrogées sur leurs relations, et ainsi de suite. C'est la décision de fin
de ce processus qui détermine alors les frontières du réseau étudié. Ainsi, Eloire, Penalva-Icher
et Lazega (2011) recommandent de cesser définitivement de solliciter des individus à partir du
moment où l'on prend conscience qu'ajouter de nouveaux acteurs n'apportera plus rien de
nouveau à la connaissance du processus étudié. Ils définissent ainsi un point de saturation des
données (Glaser et Strauss, 1967). Lorsque l'enquête terrain commence avec une liste partielle
d'acteurs qui s'étoffe au fil de la passation du questionnaire, Eloire, Penalva-Icher et Lazega
(2011) ont mis en évidence que plus l'enquête avance, plus la probabilité qu'un nouvel enquêté
cite des acteurs non encore présents dans la liste diminue. Ils identifient alors deux types
d'acteurs favorisant la clôture du système social : des individus n'ayant aucune relation avec les
personnes de la liste (qualifiés d'isolés), et des individus ne citant que des acteurs déjà présents
dans la liste (qualifiés d'intégrés).
Laumann, Marsden et Prensky (1983) distinguent deux approches de la définition des
frontières d'un réseau. Premièrement, l'approche "réaliste", basée sur la perception qu'ont les
acteurs du réseau, et qui correspond à une démarche de "réseaux personnels". Deuxièmement,
l'approche "nominaliste", basée sur le point de vue d'un observateur extérieur, souvent le
chercheur, et qui elle correspond à une démarche de "réseau complet". Nous en déduisons alors
que la méthode de collecte des données du réseau dépend du choix de la démarche de
définition du réseau.
Ainsi, dans le cas d'une approche "nominaliste", trois méthodes de collecte sont
envisageables : les archives, les artefacts, et l'observation in situ. Dans le cas d'une approche
"réaliste", l'on distingue l'enquête et l'auto-relevé.
Nous notons par ailleurs que le chercheur se confronte à des questions de validité et de fiabilité
pour choisir la méthode de collecte des données de réseaux.
En effet, comme les méthodes de l'approche "nominaliste" (archives, artefacts, observations in
situ) ne font pas intervenir les acteurs étudiés dans la collecte des données, l'on peut alors
penser qu'elles garantissent une certaine fiabilité. Cependant, le chercheur peut se questionner
sur la validité de ces méthodes, dans la mesure où il n'est pas certain que les données collectées
mesurent bien les relations qui l'intéressent.
Les méthodes qui relèvent de l'approche "réaliste" (l'enquête et l'auto-relevé) permettraient
d'assurer une validité de construit, dans la mesure où les questions et les consignes adressées
aux individus dont on souhaite collecter les relations sont suffisamment précises. Cependant, la
méthode de l'auto-relevé est une méthode qui peut sembler contraignante aux individus
étudiés, puisqu'elle consiste à leur demander de relever eux-mêmes leurs interactions,
constituant ainsi un journal. De plus, les données collectées peuvent être insuffisamment
fiables, dans la mesure où tous les acteurs n'apportent pas le même niveau de rigueur au relevé
de leurs relations.
La méthode d'enquête est la méthode la plus répandue, car elle apparaît souvent comme la
méthode la plus facile à mettre en œuvre. Les enquêtes comportent une question principale
Chapitre 2 Le capital social influençant les CIOT : sa caractérisation
79
appelée « générateur de noms », qui vise à faire nommer par l'enquêté les personnes avec
lesquelles il est en relation (Eloire et al., 2011 ; Lazega, 2014). Selon Lazega (2014), la
formulation du générateur de noms doit rester simple, afin d'éviter les interprétations variables
par les individus interrogés. Une solution est de « spécifier le critère le plus précis possible
pour signifier l'existence d'un lien entre deux individus, de manière à ce que toutes les
personnes interrogées utilisent le même critère et que les liens mentionnés soient du même
type » (ibid., p. 25). Le questionnaire peut comprendre également des questions classiques
portant sur les attributs des acteurs et sur les caractéristiques des relations. L'ensemble des
informations collectées permet d'analyser la qualité des liens entre les individus et la
configuration du réseau social
Le Tableau 11 reprend les cinq méthodes différentes de collecte des données de réseaux
sociaux, selon les descriptions faites par Angot et Josserand (2014).
Tableau 11 - Les méthodes de collecte de données des réseaux sociaux (d'après Angot et
Josserand, 2014)
Les archives Les archives de certains documents témoignent de la coappartenance des
individus à une entité (organisation, événement) et contiennent des
informations sur les acteurs et leurs relations. Ainsi, une relation est
considérée exister entre trois individus x, y et z, si leurs trois noms
apparaissent dans le document examiné (compte rendu de réunion d'un
conseil d'administration par exemple).
Les artefacts Le chercheur collecte des artefacts de la relation entre deux acteurs. La
digitalisation des interactions humaines démultiplie le potentiel de collecte
des données (emails échangés, réaction sur un réseau social, affiliation à un
même site internet).
L'observation
in situ
Le chercheur observe directement en situation les relations telles qu'elles se
déroulent sur le terrain.
L'auto-relevé Le chercheur demande aux individus étudiés de relever eux-mêmes leurs
interactions constituant ainsi un journal.
L'enquête Le chercheur interroge les individus sur leurs relations avec d'autres
individus. Il utilise des questionnaires ou réalise des entretiens.
Chaque méthode de collecte présentant des avantages et des limites, des méthodes mixtes,
combinant plusieurs techniques, peuvent apporter une vision fiable du réseau (Tichy et al.,
1979). Ainsi, nous notons que Lecocq (2003) a utilisé une méthode originale, qu'il nomme
"réseau complet ouvert" (ego-total network), combinant "réseau complet" et "réseau
personnel". En effet, ce chercheur a identifié un réseau inter-organisationnel composé
d'organisations impliquées dans une activité commune, puis a demandé aux acteurs d'évoquer
l'ensemble de leurs relations que ce soit avec des acteurs du réseau inter-organisationnel focal
ou avec d'autres acteurs. Le protocole comprend ainsi deux phases : la première correspond à
une démarche de "réseau complet", et la seconde correspond à une démarche de "réseau
personnel". Cette méthode satisfait à la fois les approches réaliste et nominaliste de
délimitation de réseau. Dès lors, l'identification de l'ensemble observé est une démarche
robuste, puisque le réseau ainsi défini est une réalité pour le chercheur et pour les acteurs. Ce
Chapitre 2 Le capital social influençant les CIOT : sa caractérisation
80
protocole est justifié théoriquement, et a fait l'objet de validation par les spécialistes de
l'analyse de réseaux.
Quelle que soit la méthode de collecte choisie, il est nécessaire d'en justifier le choix, car cela
permet d'éviter des résultats tautologiques avec les caractéristiques fixées par la règle
d'inclusion choisie. Par exemple, apprendre qu'un réseau construit avec la méthode de boule de
neige est bien connecté ne constitue pas un résultat très riche (Laumann et al.,1992).
Ainsi, outre la complexité de collecte des données, les outils qui permettent de décrire les
structures relationnelles étudiées font de l'analyse des réseaux sociaux une méthode délicate à
mettre en œuvre.
2.2. La description des réseaux sociaux
Dans la perspective de recherche sur les réseaux sociaux, les réseaux de relations constituent le
principal objet d'analyse. Ce sont donc les relations entre les acteurs (individus ou
organisations) qui sont principalement analysées plutôt que les acteurs de manière isolée
(Brass et al., 2004).
Ainsi, les représentations matricielle et graphique des réseaux sociaux, et la quantification des
propriétés des réseaux sont proposées par la littérature pour conduire l'analyse des réseaux
sociaux.
2.2.1. Les représentations matricielle et graphique des réseaux sociaux
Les données sociométriques peuvent être présentées dans un tableau comprenant deux
colonnes, de manière à lister des paires d'acteurs pour lesquels un lien a été enregistré.
Cependant, elles sont le plus souvent entrées dans une matrice carrée, appelée matrice
d'adjacence, où les individus sont répertoriés à la fois en lignes et en colonnes. Par convention,
les individus en lignes sont les sommets de départ des relations, et les individus en colonnes
sont les sommets d'arrivée des relations. Un 1 indique que les individus sont reliés, un 0 qu'ils
ne le sont pas. La présentation matricielle peut être enrichie en plaçant aux croisements des
lignes et des colonnes des valeurs numériques descriptives de la relation (par exemple le poids
de la relation).
Ces tableaux peuvent être utilisés pour la représentation graphique du réseau sur une carte
appelée sociogramme. Le sociogramme fondé par Moreno (1970) représente les relations entre
des personnes. Il est la représentation symbolique d'un réseau social d'acteurs. Un
socociogramme est constitué de nœuds (ou sommets) et de flèches (ou arcs, ou arêtes) reliant
les nœuds. Le chemin entre deux sommets est constitué d'une séquence d'arcs et de sommets
distincts. Dans l'analyse des réseaux sociaux, les nœuds sont des individus caractérisés par un
certain nombre d'attributs (sexe, âge, fonction, etc.), et les liens sont des relations qualifiées par
leur contenu, leur intensité, leur fréquence (Lazega, 1998, 1994).
Afin de positionner les individus d'un réseau sur le sociogramme, la sociométrie fait appel à de
nombreux algorithmes mis en œuvre par des logiciels de représentation de réseau. Les
algorithmes reposent sur la théorie des graphes, qui constitue « la clé de voûte » de la
recherche des propriétés des réseaux (Saglietto, 2006). La théorie des graphes est utilisée pour
Chapitre 2 Le capital social influençant les CIOT : sa caractérisation
81
l'analyse des réseaux sociaux car elle fournit un vocabulaire qui permet de décrire les
propriétés structurelles des relations sociales, et parce qu'elle offre des algorithmes avec
lesquels les propriétés relationnelles peuvent être définies, quantifiées et mesurées (Wasserman
et Faust, 1994).
L'enjeu de la représentation graphique des réseaux est de faciliter l'analyse par la visualisation
de la structure globale des sommets et des relations. Dès les débuts de la représentation des
réseaux sociaux par Moreno dans les années 1930, des critères de spatialisation des sommets et
des arcs ont été définis. Par convention, quelques critères sont retenus : 1) les arcs doivent être
plus ou moins de longueur identique ; 2) les sommets se répartissent sur le graphe (en général,
les sommets les plus connectés sont placés au centre de la figure, et les sommets les moins
connectés sont placés en périphérie de la figure) ; 3) il faut limiter, autant que possible, le
chevauchement des arcs (Crnovrsanin et al., 2014). Ces principes sont intégrés dans la plupart
des algorithmes retenus par les logiciels de représentation graphique (Beauguitte, 2015). Mais
compte tenu du caractère fréquemment contradictoire de ces critères, les algorithmes
généralistes de représentation graphique des réseaux sont souvent heuristiques (Brandes et al.,
2012).
La plupart des algorithmes reposent sur la mesure de la proximité entre individus. Ils
produisent des schématisations des réseaux fondées sur les paradigmes de physique « force-
directed ». Ces algorithmes considèrent les sommets comme des particules de même charge
qui se repoussent, et les arcs comme des ressorts qui tendent à rapprocher les sommets. Les
sommets sont positionnés dans le graphe selon un processus itératif, jusqu'à ce que l'ensemble
atteigne un équilibre. L'analogie à la physique de ces algorithmes permet l'optimisation des
critères de spatialisation. Il en résulte que les sommets les plus reliés sont proches, et, à
l'inverse, que les sommets les moins reliés sont éloignés. Cette méthode de spatialisation des
sommets est acceptable pour les graphes des réseaux de petite taille.
D'autres algorithmes utilisent l'équivalence structurale, et regroupent les individus
structurellement équivalents.
Le choix de l'algorithme de représentation graphique du réseau est problématique pour le
chercheur, qui vise à ce que le résultat puisse donner lieu à une interprétation adaptée. D'après
une revue de la littérature sur la visualisation des données de réseaux sociaux menée par
Conway (2014), deux approches guident la représentation graphique. L'approche
d' « excellence graphique » consiste à présenter clairement, avec précision, les acteurs et les
relations, au moyen de couleurs et de formes. L'approche de l' « argument visuel » détermine la
valeur d'une représentation graphique à la faculté de stimulation des pensées (ibid, p.10).
L'analyse des réseaux sociaux par la représentation matricielle et graphique s'accompagne
d'une analyse quantitative grâce à la mesure des propriétés des réseaux que nous abordons à
présent.
Chapitre 2 Le capital social influençant les CIOT : sa caractérisation
82
2.2.2 La mesure des propriétés des réseaux sociaux
Les propriétés des réseaux peuvent être mesurées à trois niveaux : au niveau du contenu de la
relation, au niveau de la nature de la relation, au niveau de la structure du réseau social.
Analyse du contenu de la relation
Le contenu de la relation correspond à ce qui est échangé entre deux acteurs qui sont en
relation. Tichy, Tushman et Fombrun (1979) distinguent quatre types de contenu de la
relation : un échange d'ordre affectif (amitié), un échange d'influence ou de pouvoir, un
échange d'information, et un échange de biens et de services. Un réseau social distinct peut se
développer pour chaque type de contenu. Par exemple, dans une organisation, le réseau
d'échange d'information peut être décentralisé et fortement connecté, alors que le réseau
d'influence peut être centralisé, avec des relations passant par l'intermédiaire du dirigeant.
Analyse de la nature de la relation
La nature de la relation peut être décrite selon trois dimensions.
L'intensité de la relation indique le nombre de relations n dans une période donnée.
La réciprocité de la relation indique le degré avec lequel les individus sont en relation avec
une intensité similaire entre eux, pour un type de contenu.
La multiplexité fait référence au fait que des individus ont plusieurs types de relations
simultanément. Dans ce cas, un individu peut citer plusieurs fois la même personne, et autant
de fois que de types de relations différents. Une relation donnée est multiplexe si elle sert à
plusieurs sortes d'échanges à la fois.
Au-delà du contenu et de la nature de la relation, il est important d'analyser les caractéristiques
du réseau social car « la forme du réseau [social] a une incidence sur les ressources qu'un
individu peut mobiliser et sur les contraintes auxquelles il est soumis » (Forsé, 2008).
Analyse de la structure du réseau
L'analyse des réseaux sociaux permet de décrire les caractéristiques structurales à trois
niveaux.
1er niveau : le réseau dans sa globalité
Une analyse interne permet de décrire le réseau dans sa globalité. Elle peut être réalisée sur les
relations entre l'ensemble des acteurs qui composent un réseau. Il s'agit de mesurer la manière
dont les acteurs sont connectés dans le réseau. Deux types d'indices sont utilisés pour cette
description.
Un premier type d'indices mesure la densité d'un réseau. La densité représente le rapport entre
le nombre de relations existantes et le nombre de relations possibles, compte tenu de la taille
du réseau. La taille du réseau représente le nombre d'individus que compte le réseau.
Densité du réseau : δ = L/(g(g-1)) où g est le nombre d'individus du réseau et L le nombre de
relations.
Chapitre 2 Le capital social influençant les CIOT : sa caractérisation
83
Par exemple, dans l’étude menée par Lazega (2014) sur 71 avocats, 4970 relations sont
possibles, et 892 relations sont observées. La densité est : δ = 892/4970 = 0,17
L'autre type d'indices mesure le diamètre d'un réseau, et repose sur la distance entre les
acteurs d'un réseau.
La distance entre deux acteurs du réseau représente le nombre de relations qui les relie.
Plusieurs chemins peuvent relier deux acteurs ; il peut y avoir plusieurs valeurs de distance
entre deux acteurs. Une distance basse indique que les individus sont davantage proches que
lorsque la distance est plus élevée.
La distance géodésique entre deux acteurs correspond au chemin le plus court. La distance
géodésique entre les deux acteurs les plus distants l'un de l'autre établit alors le diamètre du
réseau.
2ème niveau : au niveau des sous-groupes
Une analyse peut être menée au niveau des sous-groupes qui structurent un réseau. Pour
établir ces regroupements, deux approches sont disponibles.
On peut distinguer des groupes en raison de leur cohésion, ou de la forte densité des liens
entre leurs membres. Appelés « cliques », ce sont des sous-parties du réseau dans lesquelles
les acteurs sont reliés plus étroitement entre eux qu'avec le reste du réseau. La densité de
chaque clique est plus forte que celle de l'ensemble du réseau.
Des individus peuvent également être regroupés parce qu'ils ont les mêmes types de relations,
sans qu'ils soient nécessairement liés entre eux. Ces individus sont regroupés en raison de leur
équivalence structurale. Ils constituent des « blocs » parce qu'ils ont le même profil
relationnel (Lazega, 2014 ; Sailer, 1978). Dans un sociogramme, deux sommets sont dits
structuralement équivalents s'ils sont reliés de manière identique avec les mêmes sommets
(Lorrain et White, 1971). Des acteurs structuralement équivalents sont situés de manière
semblable dans la structure, ils subissent les mêmes contraintes et bénéficient des mêmes
opportunités et ressources (Lazega, 1994).
Comme l'équivalence structurale stricte ne se réalise presque jamais pour les relations sociales,
l'équivalence structurale est le plus souvent approchée par des méthodes statistiques. Les
méthodes utilisées généralement pour mettre en évidence l'équivalence structurale se basent
sur une matrice d'adjacence, et utilisent la corrélation (méthode de blockmodeling) ou la
distance euclidienne (méthode de Burt). La méthode de blockmodeling est basée sur un modèle
mathématique pour lequel il n'y a pas, à ce jour, un consensus pour en évaluer la qualité
(Lazega, 2014). De plus, des tests effectués sur des matrices dont les blocs sont connus à
l'avance ont souvent donné des résultats décevants (Beauguitte, 2012). La méthode de Burt
(1982), quant à elle, offre la possibilité de tester l'hypothèse selon laquelle des acteurs
structuralement équivalents, ont des distances identiques vers tous les autres acteurs. La
classification hiérarchique ascendante peut également permettre de détecter l'équivalence
structurale (Mercanti-Guérin, 2010).
Chapitre 2 Le capital social influençant les CIOT : sa caractérisation
84
3ème niveau : au niveau des individus
Une analyse au niveau des individus permet de mettre en évidence leur position structurale.
Tous les individus n'ont pas la même importance dans le réseau. L'analyse permet ainsi de
s'intéresser à des acteurs particuliers, parce qu'ils y ont des positions centrales ou
intermédiaires.
La centralité est une caractéristique essentielle de la position structurale d'un individu. La
centralité d'un individu dans le réseau dépend du nombre de relations avec les autres individus.
Les individus centraux occupent une position privilégiée dans les échanges d'information par
exemple. Nous exposons les trois types de centralité qu'il est possible de calculer : la centralité
de degré, la centralité de proximité, et la centralité d'intermédiarité.
La centralité de degré d'un individu est mesurée par son nombre de connexions directes aux
autres membres du réseau. Un individu est ainsi dit central lorsqu'il est fortement connecté aux
autres membres du réseau, et à l'inverse il est périphérique lorsqu'il est faiblement connecté
aux autres. Pour chaque sommet (i) du graphe, l'indice de centralité de degré absolu est égal à
son nombre de relations directes ( ). Cet indice ne tient pas compte des caractéristiques
structurales du graphe, ni des caractéristiques structurales des individus auxquels l'individu est
relié. Un individu central est davantage central lorsqu'il est relié à des individus eux-mêmes
centraux. De plus, le nombre absolu de liaisons ne peut servir de base si l'on veut comparer des
graphes. Un individu relié à 4 personnes n'est pas dans la même situation si le réseau compte
au total 13 personnes ou 100 personnes. On calcule alors pour chaque individu un indice de
centralité relative, ou centralité normée, en divisant la centralité absolue par la centralité
maximale envisageable pour le graphe. La centralité maximale de degré correspond au nombre
maximum de sommets auxquels il est possible d'être connecté. Si le graphe compte g sommets,
la centralité maximale de degré d'un sommet i est - . Donc, l'indice de centralité
normée d'un sommet i est :
/ (g-1)
Le résultat est compris entre 0 et 1, et 1 signifie que le sommet est relié à tous les autres
individus du réseau.
La centralité de degré permet de mesurer l'activité ou la capacité d'échange de chaque individu
au sein d'un réseau. Deux mesures permettent de rendre compte de cet aspect de la centralité.
La centralité de proximité permet d'évaluer le degré de proximité d'un individu avec tous les
autres individus. Elle est mesurée par la somme des distances géodésiques le reliant à tous les
autres individus. C'est une mesure de l'éloignement, mais qui, en tant qu'inverse de la
proximité, est interprétable comme une mesure de la centralité : les points les plus éloignés
sont les moins centraux, et inversement (Degenne et Forsé, 2004). La centralité de proximité
d'un individu i est :
Chapitre 2 Le capital social influençant les CIOT : sa caractérisation
85
où est la plus petite des longueurs de chemins reliant les sommets i et j d'un graphe (la
distance géodésique entre i et j).
Un acteur est par ailleurs intermédiaire, lorsqu'il permet de mettre en relation des groupes non
reliés. La centralité d'intermédiarité mesure alors la faculté d'intermédiarité d'un individu.
Un individu peut très bien être faiblement connecté aux autres (degré de centralité faible) et
s'avérer un intermédiaire indispensable dans les échanges pour tous les membres du réseau,
particulièrement entre des membres peu connectés. Un tel individu peut influencer les sous-
groupes en distordant ou en filtrant les informations, et il est en meilleure position pour
coordonner l'ensemble des membres du réseau.
Ainsi, la centralité d'intermédiarité d'un individu vis-à-vis de deux autres lui permet de se
trouver sur le chemin géodésique reliant ces derniers. La centralité d'intermédiarité de
l'individu i est la proportion des distances géodésiques entre j et k passant par i. Soit la
totalité des chemins géodésiques entre j et k, et un chemin entre j et k passant par i, la
centralité d'intermédiarité se mesure de la manière suivante :
) /
Le Tableau 12 reprend les principaux indicateurs permettant de décrire les caractéristiques
structurales d'un réseau social.
Tableau 12 - Principaux indicateurs des caractéristiques structurales d'un réseau social
Nature de la relation
Intensité
Réciprocité (ou symétrie)
Multiplexité
Description de l'indicateur
Mesure la force de la relation entre deux individus.
Mesure le degré selon lequel une relation est communément perçue par les
individus participant à la relation.
Mesure le degré avec lequel chaque paire d'individu est relié par des
relations multiples.
Structure du réseau
Taille
Distance
Distance géodésique
Diamètre
Densité
Clique
Bloc
Equivalence
Nombre d'individus participant au réseau.
Nombre de relations entre deux individus.
Distance minimale entre deux individus.
La plus longue distance géodésique.
Nombre de relations dans le réseau sur le nombre de relations possibles.
Sous-groupe d'individus tous reliés entre eux par des liens réciproques.
Sous-groupe d'individus structuralement équivalents.
Caractère de ce qui est équivalent. Des individus sont équivalents lorsqu'ils
ont le même type de relations
Position de l'individu
Centralité de degré
Centralité de proximité
Centralité d'intermédiarité
Nombre de liens directs d'un acteur avec les autres acteurs du réseau.
Un individu est central lorsque la distance géodésique qui le relie à d'autres
individus est faible. Il est relié le plus directement (avec le moins
d'intermédiaires) au reste des acteurs du réseau.
Capacité d'un individu d'intervenir dans la relation entre deux autres
individus.
Chapitre 2 Le capital social influençant les CIOT : sa caractérisation
86
A ce stade de la section 3, l’analyse des réseaux sociaux apparaît comme une méthode
sociologique rigoureuse de modélisation de structures relationnelles. Par ailleurs, nous avons
vu que c’est un instrument au service de l'étude de l’action collective, qui permet
d'appréhender les contraintes de réseaux sociaux dans lesquels les acteurs sont immergés. En
conséquence, l'analyse des réseaux sociaux paraît être une méthode adaptée à l'étude des
réseaux de relations sociales dans le cas d'un réseau inter-organisationnel territorialisé.
L'analyse des réseaux sociaux, vue dans un cadre général jusque là, est explicitée dans le cas
d'un réseau inter-organisationnel territorialisé ci-après.
3. La singularité de l'analyse des réseaux sociaux dans le cas d'un réseau
inter-organisationnel territorialisé
Après avoir présenté l'analyse des réseaux sociaux dans un cadre général, nous proposons un
protocole de collecte, et des adaptations du traitement des données pour décrire les réseaux
sociaux d'un réseau inter-organisationnel territorialisé.
3.1. La collecte des données d'un réseau inter-organisationnel territorialisé
La principale contrainte pour collecter des données de réseaux sociaux d'un réseau inter-
organisationnel territorialisé provient du fait que les relations sociales professionnelles sont un
sujet sensible. Le chercheur peut se heurter à des résistances de la part des acteurs dont on met
à plat les relations. En effet, ils peuvent juger que leurs relations sont confidentielles, compte
tenu de leur caractère stratégique.
A cette contrainte s'ajoutent deux autres paramètres : celui de l'approche du capital social d'un
réseau inter-organisationnel territorialisé, et celui de la délimitation des frontières de ce réseau.
Ainsi, afin d'augmenter la validité interne et la fiabilité de la recherche, une attention
particulière doit être apportée à la conception du protocole de collecte de données selon ces
trois points.
L'approche du capital social d'un réseau inter-organisationnel territorialisé
L'approche du capital social d'un groupe d'individus détermine la perspective selon laquelle est
menée l'analyse des réseaux sociaux, et en conséquence le mode de collecte des relations. En
effet, comme nous l'avons présenté dans une section précédente, le capital social représente
une ressource retirée des réseaux sociaux, générée par deux types de relations. Le capital social
d'un groupe d'individus provient à la fois des relations internes entre les membres du groupe
(bonding), et des relations externes des individus du groupe (bridging).
Selon la vision des relations de type bonding, le capital social est vu comme une ressource
provenant des relations internes au sein d'un groupe d'acteurs, en particulier comme une
ressource inhérente aux relations qui donnent à la communauté sa cohésion, et favorisent la
Chapitre 2 Le capital social influençant les CIOT : sa caractérisation
87
coopération et l'atteinte d'objectifs collectifs (Coleman, 1988 ; Putnam, 1993). Dans ce cas,
l'analyse des réseaux sociaux est menée selon une approche de "réseau complet", et consiste à
construire le réseau social d'un groupe d'individus. Le chercheur collecte des données sur les
relations entre individus à l'intérieur d'un groupe.
Selon la vision des relations de type bridging, le capital social est une ressource qui provient
du réseau social reliant un groupe d'acteurs à des individus extérieurs au groupe, et qui
comporte des avantages en terme d'information et de contrôle découlant de réseaux épars
(Bourdieu, 1980 ; Burt, 1992 ; Portes, 1998). L'analyse des réseaux sociaux est menée selon
une approche de réseau personnel ("ego network"), et consiste à définir le réseau social de
chaque acteur du groupe. Les relations de chaque acteur sont collectées sans délimiter a priori
les frontières de l'ensemble observé.
Or, de même qu'une entreprise est influencée à la fois par les relations en interne (entre
individus, entre services) et par ses relations avec l'extérieur (avec les autres entreprises ou les
institutions), un groupe d'acteurs est influencé à la fois par les relations entre acteurs du groupe
et par les relations avec des individus extérieurs au groupe (Hansen, 1999 ; Hite et Hesterly,
2001 ; Rost, 2011 ; Suire, 2004 ; Walker et al., 1997). L'analyse du capital social d'un groupe
d'acteurs nécessite alors de combiner les approches de "réseaux personnels" et de "réseau
complet", et de collecter en conséquence les relations de type bonding et les relations de type
bridging. Qualifié de "réseau complet ouvert" par Lecocq (2003), cette approche consiste à
collecter les relations entre individus à l'intérieur du groupe, sans délimiter a priori les
frontières de l'ensemble observé.
Pour analyser le capital social collectif des acteurs d'un réseau inter-organisationnel
territorialisé, nous suggérons qu'il est important de s'intéresser aux relations que les acteurs du
réseau inter-organisationnel territorialisé entretiennent entre eux, et aux relations que chacun
des acteurs entretient avec des individus extérieurs au réseau inter-organisationnel
territorialisé. Collecter uniquement les relations entre les acteurs du réseau inter-
organisationnel territorialisé consisterait à fermer a priori les frontières du réseau. Nous
suggérons de collecter les relations sociales qui ne peuvent être envisagées par le chercheur
(même si sa connaissance du cas étudié est approfondie), et qui font sens pour les acteurs du
réseau inter-organisationnel territorialisé. La collecte doit permettre d'intégrer dans l'analyse le
plus grand nombre possible de relations. Nous suggérons alors une démarche de "réseau
complet ouvert", qui permet de collecter les relations du réseau inter-organisationnel
territorialisé, sans fermer a priori les frontières de l'ensemble observé.
Se pose alors la question de la définition des frontières de l'ensemble observé et donc de
l'étendue des relations à collecter.
La définition des frontières de l'ensemble observé
Comme nous l'avons présenté dans un cadre général afin de définir les frontières d'un réseau,
Laumann, Marsden et Prensky (1983) distinguent deux stratégies non exclusives qui se
différencient selon la perspective adoptée. Selon l'approche « nominaliste », la définition des
frontières du réseau social est basée sur le point de vue d'un observateur extérieur au réseau,
Chapitre 2 Le capital social influençant les CIOT : sa caractérisation
88
souvent le chercheur. Selon l'approche « réaliste », la délimitation des contours du réseau
social est basée sur la perception des acteurs.
Dans la perspective de définir les frontières d'un réseau inter-organisationnel territorialisé
conformément à la démarche de "réseau complet ouvert", une approche mixte, à la fois
nominaliste et réaliste, semble pertinente.
Ainsi, prendre en compte dans l'analyse les relations entre acteurs d'une liste préétablie par le
chercheur et les relations perçues par les acteurs (qu'ils fassent ou non partie de la liste
préétablie) permettrait selon nous une définition des frontières du réseau étudié en intégrant le
plus grand nombre possible d'acteurs dans le cas d'un réseau territorialisé (Figure 16).
Figure 16 - La définition des frontières d'un réseau territorialisé
Au total, nous suggérons que le mode de collecte des données de réseaux sociaux d'un réseau
territorialisé correspond à une démarche de "réseau complet ouvert", et permet une double
approche "nominaliste et "réaliste" de délimitation des frontières du réseau.
Le choix d'un mode de collecte des données de réseaux sociaux
Suite à la présentation des cinq modes de collecte spécifiques à l'analyse des réseaux sociaux
distingués par Angot et Josserand (2014), nous argumentons ici la méthode retenue pour
l'étude d'un réseau inter-organisationnel territorialisé.
Nous ne retenons pas les modes des archives, des artefacts, et de l'observation in situ puisqu'ils
ne permettent pas une délimitation réaliste des frontières. En effet, les archives, les artefacts, et
l'observation in situ sont des méthodes de collecte qui ne font pas intervenir les acteurs. C'est
le chercheur qui opère un travail de relevé des relations entre les acteurs à partir de documents
(compte rendu de réunion d'un conseil d'administration par exemple), d'artefacts des relations
(courriels échangés, réactions sur un réseau social, affiliation à un même site internet, par
exemple), ou d'observations des relations en situation telles qu'elles se déroulent sur le terrain.
Définition des frontières
d'un réseau dans le cas
général : deux approches
(Laumann et al,1992)
approche nominaliste
(basée sur le point de vue du
chercheur)
approche réaliste
(basée sur la perception des
acteurs)
approche nominaliste
(liste des répondants préétablie par le
chercheur)
et
approche réaliste
(générateur de noms)
Définition des frontières dans le cas d'un réseau
territorialisé : approche mixte
(Eloire et al., 2011 ; Lecocq, 2003 ; Lazega, 1992)
Chapitre 2 Le capital social influençant les CIOT : sa caractérisation
89
A l'inverse, l'auto-relevé et l'enquête mobilisent la participation des individus dont les relations
sont analysées. Nous écartons cependant la méthode de l'auto-relevé, car c'est une méthode qui
peut sembler intrusive aux individus, et dont la fiabilité ne serait pas satisfaisante. Nous
préconisons alors une enquête. Dans ce cas, le chercheur interroge les individus sur leurs
relations avec d'autres individus. Deux techniques distinctes peuvent être utilisées : le
chercheur peut soit conduire des entretiens, soit soumettre aux enquêtés un questionnaire.
Cependant, quelle que soit la technique choisie (entretien ou questionnaire), le chercheur doit
tenter de lever la résistance de la part des acteurs dont il met à plat les relations. Chacune des
deux techniques d'enquête tente de lever cette limite.
L'enquête par entretien permet d'expliquer l'intérêt de l'étude à l'enquêté et espérer ainsi
accroître le nombre de relations déclarées. Cependant, nous pensons qu'il est préférable de ne
pas retenir la méthode d'enquête par entretien pour l'analyse des réseaux sociaux d'un réseau
inter-organisationnel territorialisé. Nous avançons deux raisons. Premièrement, l'entretien est
une méthode adaptée à un nombre limité de répondants36
, car elle nécessite du temps pour
conduire des entretiens individuels. Dans le cas d'un réseau inter-organisationnel territorialisé,
la collecte par entretien peut exiger un temps très long, car il est difficile d'anticiper le nombre
total d'entretiens à conduire dans une démarche de "réseaux personnels" où le réseau est
reconstitué par effet boule de neige. La deuxième raison à l'élimination de ce mode de collecte
dans le cas d'un réseau inter-organisationnel territorialisé est liée à la situation d'entretien. En
effet, un répondant peut être enclin à déclarer des relations fictives afin de ne pas paraître
déviant face au chercheur. La répétition d'un tel comportement pourrait biaiser les résultats de
l'étude.
Dans le cas d'un réseau inter-organisationnel territorialisé, nous recommandons alors la
méthode d'enquête par questionnaire.
L'enquête par questionnaire est la méthode la plus répandue pour la reconstruction d'un réseau
social, car elle apparaît souvent comme la méthode la plus faisable. Cependant, l'enquête par
questionnaire présente selon nous deux limites lourdes de conséquences pour l'analyse des
réseaux sociaux. Premièrement, compte tenu du caractère sensible des éléments de réponse, le
nombre de personnes nommées par les individus est souvent limité. Les répondants donnent
généralement entre trois et cinq noms (Lin, 2005). En conséquence, le réseau social reconstruit
par l'agrégation des réseaux personnels des individus est restreint. Deuxièmement, comme les
noms qui viennent à l'esprit des répondants sont ceux avec lesquels les acteurs ont les relations
les plus fortes, les ressources captées sont homogènes, et les relations sont homophiles au
répondant (Ventolini, 2010). Or, comme le postule la théorie sur les réseaux sociaux
(Granovetter, 1974 ; Burt, 1992), ce sont les liens faibles qui permettent de faire le pont avec
d'autres parties de la structure sociale, et d'accéder ainsi à des sources d'information externes à
un groupe d'acteurs. Les données manquantes sur de tels liens peuvent conduire à sous-estimer
le capital social d'un groupe d'individus.
36 Eloire, Penalva-Icher et Lazega (2011) ont mené des entretiens auprès de 40 restaurateurs, Lecocq (2003)
auprès de 7 dirigeants d'entreprises de transport, et Lazega (1992) auprès de 71 avocats. La conduite d'entretiens auprès de 128 chercheurs sur le cancer a mobilisé plusieurs enquêteurs (Lazega et al., 2007).
Chapitre 2 Le capital social influençant les CIOT : sa caractérisation
90
Deux techniques peuvent être utilisées pour accroître le nombre de relations déclarées.
Dans une première technique, l'enquête peut être réalisée à partir d'une liste préétablie par le
chercheur. Cette technique est utilisée dans une démarche de "réseau complet", lorsque le
chercheur a la connaissance de l'ensemble des individus du réseau auquel il s'intéresse. En
effet, une connaissance "ethnographique" approfondie du milieu social étudié et de ses
dilemmes spécifiques d’action collective est nécessaire au chercheur pour mener une analyse
des réseaux sociaux dans le cas d'un réseau inter-organisationnel territorialisé37
. Ainsi, chaque
individu de la liste est interrogé et doit décrire sa relation avec tous les individus de la liste.
Cette technique de collecte peut entraîner, selon nous, des effets négatifs sur la validité de la
recherche. D'une part, les frontières du réseau définies par le chercheur peuvent ne pas
correspondre à la réalité des acteurs, ce qui limite la construction du réseau aux relations entre
les acteurs identifiés par le chercheur. D'autre part, les répondants peuvent être incités à
nommer des individus auxquels ils n'auraient pas pensé sans la liste. Des relations peuvent
alors être surreprésentées. En résumé, des relations critiques pour les acteurs avec des
individus non listés peuvent être omises, et des relations avec les acteurs listés peuvent être
surreprésentées. Ainsi, les données des réseaux sociaux collectées peuvent être biaisées.
La deuxième technique consiste à interroger le répondant sur ses contacts qu'il doit lister
spontanément.
Des chercheurs (Eloire et al., 2011 ; Lazega, 1992 ; Lecocq, 2003) ont combiné ces deux
techniques d'enquête par questionnaire. Ainsi, il est demandé à chaque individu d'une liste
préétablie par le chercheur d'évoquer tous les acteurs avec lesquels il est en relation, que ce soit
des acteurs identifiés par le chercheur ou avec d'autres acteurs. La combinaison de ces deux
techniques de collecte des relations permet d'obtenir un réseau plus large que celui qui pourrait
être construit en utilisant l'une ou l'autre technique seule (Reagans et McEvily, 2003). Cette
technique d'enquête correspond à une approche de "réseau complet ouvert" (Lecocq, 2003).
Ce mode de collecte semble pertinent pour analyser les réseaux sociaux d'un réseau inter-
organisationnel territorialisé. Cependant, nous estimons que lorsque la liste des acteurs
identifiés par le chercheur est longue, il existe un risque de refus des acteurs à consacrer le
temps nécessaire pour consulter l'ensemble de la liste, sélectionner des individus avec lesquels
ils interagissent, en ajouter d'autres, puis répondre aux questions caractérisant chaque relation.
Nous pensons que l'enquêté pourrait chercher à limiter sa participation en réduisant le nombre
de relations déclarées. En conséquence, l'ensemble des données recueillies peut être limité.
Dans l'objectif d'interroger le plus grand nombre possible d'acteurs d'un réseau inter-
organisationnel territorialisé, nous suggérons une enquête auto-extensive qui consiste à :
premièrement, soumettre un générateur de noms aux individus répertoriés dans une liste
préétablie sans leur laisser voir cette liste, et deuxièmement aux individus cités, et ainsi de
suite. Le questionnaire, diffusé ainsi par effet boule de neige, permettrait selon nous de
collecter les données de réseaux des individus répertoriés dans la liste préétablie (approche
37 Ce conseil nous a été communiqué à l'occasion d'un entretien avec le professeur Emmanuel Lazega en
novembre 2014 (Centre de Sociologie des Organisations, Paris).
Chapitre 2 Le capital social influençant les CIOT : sa caractérisation
91
nominaliste) et de ceux qui n'ont pas été envisagés par le chercheur mais qui font sens pour les
acteurs (approche réaliste).
Ainsi, le protocole de collecte que nous proposons correspond bien à une approche combinée
bonding et bridging du capital social, et à une démarche de réseau complet ouvert. Ce
protocole permet par ailleurs une définition des frontières selon une double approche
nominaliste et réaliste.
Le protocole de collecte des données de réseaux sociaux que nous préconisons dans le cas d'un
réseau inter-organisationnel territorialisé est résumé dans la Figure 17.
Figure 17 - Le protocole de collecte de données d'un réseau inter-organisationnel
territorialisé
Générateur de noms diffusé par effet boule de neige à partir d'une liste préétablie
Les données de réseaux ainsi collectées font ensuite l'objet d'un traitement dont les spécificités
sont présentées ci-dessous.
3.2. La description d'un réseau inter-organisationnel territorialisé
Dans cette sous-section, nous souhaitons montrer comment les outils de description des
réseaux sociaux que nous avons présentés dans un cadre général peuvent être adaptés pour
mener une analyse des réseaux sociaux d'un réseau inter-organisationnel territorialisé. Les
adaptations portent sur le traitement des données collectées, et sur les mesures pertinentes pour
en déduire les influences sur les coopérations.
3.2.1. Le traitement des données d'un réseau inter-organisationnel territorialisé
Afin de mener une analyse d'un réseau inter-organisationnel territorialisé, il est nécessaire
d'envisager le traitement d'un grand volume de données. Le volume de données collecté peut
être important pour deux raisons : d'une part, un réseau inter-organisationnel territorialisé
comporte souvent un grand nombre d'acteurs, et donc d'individus possiblement reliés, et
d'autre part, les variables retenues pour décrire les relations et les individus peuvent être
Approche du capital social
bonding
et
bridging
Démarche d'analyse des
réseaux sociaux
réseau complet ouvert
Approche de définition des
frontières
nominaliste
et
réaliste
Chapitre 2 Le capital social influençant les CIOT : sa caractérisation
92
nombreuses. Un volume important de données présente une contrainte pour une analyse des
réseaux sociaux car il complexifie les représentations matricielles et graphiques du réseau
étudié.
Ainsi, un recours aux méthodes de classification des données est suggéré, car ces méthodes
permettent de condenser un grand nombre de données en un petit nombre de classes
homogènes. Il sera alors possible de décrire des types de relations sociales entre des types
d'individus d'un réseau inter-organisationnel territorialisé, et ce dans l'objectif de mettre en
évidence le capital social du réseau.
Dans l'objectif de révéler une typologie des données de réseaux sociaux qui corresponde à la
réalité, nous privilégions une procédure de classification automatique paramétrable, car elle
permet de combiner une classification hiérarchique réalisée par un algorithme et l'intervention
du chercheur en particulier dans le choix du nombre de classes. Cette méthode combinée est
reconnue augmenter la validité de la classification (Donada et Mbengue, 2014).
Si les algorithmes de classification sont nombreux et dotés de propriétés spécifiques, nous
nous sommes restreints à une forme standard, celle de la méthode de classification
hiérarchique ascendante (CAH), couplée avec une analyse des correspondances multiples
(ACM). La CAH repose sur la minimisation de la distance entre les données. A l'issue du
processus, sont regroupées dans une classe les observations les plus similaires, les classes étant
différentes entre elles. La CAH produit un arbre hiérarchique (le dendogramme) qui propose
des partitions emboitées de classes, et le choix du nombre de classes à retenir, laissé au
chercheur, repose sur l'observation de l'apparence globale de l'arbre hiérarchique et du graphe
du gain d'inertie38
. Les statisticiens (Husson et al., 2010, p. 4) préconisent de fixer le nombre
de classes qui correspond au saut d'inertie le plus grand.
Mais la CAH s'effectue sur des données métriques de calcul de distances entre les
observations. Or, nos données d'individus et de relations sont qualitatives. Nous recourons
alors à une analyse des correspondances multiples (ACM), qui permet de transformer des
données qualitatives en données numériques (les facteurs), sur lesquelles il est ensuite possible
d'appliquer un algorithme de classification (Saporta, 2011).
La classification permettrait ainsi d'obtenir les typologies des trois types de données
collectées :
- les données des individus répondant à l'enquête, appelés Egos
- les données des individus avec lesquels les Egos sont en relation, appelés Alters, décrites
selon le point de vue des Egos
- les données des Relations entre les Egos et les Alters, décrites selon le point de vue des Egos.
La Figure 18 illustre la complémentarité de l'ACM et de la CAH permettant d'obtenir une
classification des données.
38 L'inertie correspond à la variabilité entre les classes obtenues successivement.
Chapitre 2 Le capital social influençant les CIOT : sa caractérisation
93
Figure 18 - La classification des données
Les classes ainsi obtenues peuvent être visualisées sur la représentation graphique du réseau
social. En effet, il est alors possible de distinguer sur le sociogramme les classes des Egos en
attribuant aux sommets une forme ou une couleur distincte selon la classe à laquelle l'Ego
appartient. De même, les classes de Relations peuvent être distinguées par la forme ou la
couleur des arcs. Les classes d'Alters ne peuvent être visualisées, dans la mesure où un
individu est Alter autant de fois qu'il est cité et peut se trouver en tant qu'Alter dans plusieurs
classes.
Le réseau social ainsi représenté graphiquement peut donner lieu à une analyse selon une
démarche inductive (Lazega, 2014). En effet, le chercheur peut, avec son intuition et ses
connaissances du terrain, interpréter les effets de la structure du réseau sur le problème étudié.
Dans le cas de l'étude des effets de la structure relationnelle sur les coopérations inter-
organisationnelles territorialisées, nous pensons que l'analyse graphique doit être complétée
par la mesure des propriétés structurales du réseau.
3.2.2 La mesure des propriétés structurales d'un réseau inter-organisationnel
territorialisé
Après avoir présenté dans une sous-section précédente les principaux indicateurs de
description d'un réseau social, nous revenons à présent sur certains indicateurs qui semblent
pertinents pour mettre en évidence les effets de la structure relationnelle d'un réseau inter-
organisationnel territorialisé sur la coopération des acteurs membres du réseau. Pour cela, nous
faisons principalement référence à des auteurs qui se sont intéressés à la diffusion de
l'information et aux coopérations (Ahuja, 2000a, 2000b ; Casanueva et al., 2013 ; Froehlicher,
Variables caractérisant les Egos
(ou les Alters, ou les Relations)
Analyse des
Correspondances
Multiples
Facteurs
Classification
Hiérarchique
Typologie
n classes d'Egos
(ou n classes d'Alters,
ou n classes de Relations)
Chapitre 2 Le capital social influençant les CIOT : sa caractérisation
94
1998 ; Gnyawali et Madhavan, 2001 ; Reagans et McEvily, 2003 ; Rost, 2011 ; Walker et al.,
1997).
Ainsi, l'intensité des relations, la structure du réseau (densité et équivalence structurale), et la
centralité des individus sont les quatre indicateurs les plus mobilisés dans ces travaux. Nous
montrons ci-dessous l'intérêt de l'utilisation de chacun de ces indicateurs pour l'objet de notre
recherche.
L'intensité de la relation entre deux individus est essentiellement opérationnalisée dans la
littérature par la mesure de la fréquence de la relation (Reagans et McEvily, 2011 ; Rost,
2011). La mesure de la fréquence peut être complétée par la mesure de la proximité
émotionnelle (mesurée par la confiance entre deux individus), et celle de la proximité
cognitive (mesurée par la comparaison des secteurs professionnels dans lesquels exercent les
individus) (Rost, 2011). Or, la littérature a montré, comme nous l'avons vu précédemment, que
la force des liens entre individus permet d'expliquer la diffusion de l'information (Granovetter,
1985) et la création de capital social (Coleman, 1988). L'intensité semble être un indicateur
pertinent pour mesurer l'influence des relations sociales sur les coopérations inter-
organisationnelles territorialisées.
La densité, qui mesure la proportion de relations dans un réseau, compte tenu du nombre de
relations totales possibles, est un indicateur clé d'analyse de la cohésion d'un réseau (Reagans
et McEvily, 2003). En effet, les réseaux denses facilitent les flux d'information entre les
individus du groupe (Coleman, 1988). L'analyse de la densité d'un réseau est menée
simultanément à l'analyse de la fermeture d'un réseau, afin d'en comprendre leurs effets
conjugués (Gnyawali et Madhavan, 2001 ; Rost, 2011). Pour un groupe d'individus donné, la
densité des relations sociales et la fermeture du réseau accroissent le partage de ressources
entre les membres (Bourdieu, 1980 ; Coleman, 1988 ; Lin, 2008). Or, pour acquérir de
nouvelles ressources, le capital social "interne" (au sens de Lin, 2008) peut ne pas être
suffisant. En revanche, un réseau ouvert peut faciliter l'accès à des ressources plus variées
(Burt, 2000 ; Lin, 2008) et accroître le capital social du groupe (Reagans et McEvily, 2003).
Ainsi, Reagans et McEvily (2003) analysent, parallèlement à la densité du réseau étudié, la
diversité du réseau, qu'ils appréhendent comme la diversité des domaines d'expertise des
individus.
L'équivalence structurale est le troisième indicateur permettant de décrire les réseaux sociaux
dans l'objectif de comprendre comment le capital social détermine les coopérations. En effet,
des individus structuralement équivalents ont accès aux mêmes sources d'information, et ont
tendance à adopter des comportements similaires et à coopérer (Douard et Heitz, 2003 ;
Gnyawali et Madhavan, 2001). L'équivalence structurale semble alors être un indicateur
pertinent pour l'analyse du capital social comme déterminant des coopérations inter-
organisationnelles territorialisées. Nous rappelons que des individus sont dits structuralement
équivalents lorsqu'ils ont le même type de relations avec les mêmes individus, sans pour autant
qu'ils soient eux-mêmes reliés (Wasserman et Faust, 1994). Ainsi, il est possible de mesurer
l'équivalence structurale entre deux acteurs d'un réseau à l'examen de leurs relations identiques
(Walker et al., 1997).
Chapitre 2 Le capital social influençant les CIOT : sa caractérisation
95
Le quatrième indicateur retenu pour expliquer comment le capital social, inhérent aux réseaux
sociaux, détermine les coopérations inter-organisationnelles, est la centralité. En effet, la
centralité indique l'importance de la position stratégique d'un acteur dans son réseau, par le fait
d'être impliqué dans de nombreuses relations (Wasserman et Faust, 1994). Un acteur central
reçoit des informations nouvelles avant les autres acteurs moins centraux, et en quantité
supérieure, et il encourage la coopération au sein d'un réseau d'acteurs (Gnyawali et
Madhavan, 2001). Ainsi, un acteur central a tendance à initier la coopération avec les autres
acteurs du réseau étudié (Ehlinger et al., 2015).
Le Tableau 13 synthétise l'intérêt de chaque indicateur pour comprendre les effets du capital
social collectif sur les CIOT.
Tableau 13 - Les indicateurs des propriétés structurales d'un réseau inter-organisationnel
territorialisé
Indicateurs Modes d'opérationnalisation des
indicateurs
Intérêt pour comprendre les effets du
capital social collectif sur les CIOT
Intensité Calcul de la fréquence des relations
(Reagans et McEvily, 2011 ; Rost,
2011)
Calcul de la force des relations
(Granovetter, 1985)
Explique la diffusion des informations et la
création de capital social (Coleman, 1988).
Cohésion Calcul de la densité du réseau
(Reagans et McEvily, 2011)
Analyse de la fermeture du réseau
(Gnyawali et Madhavan, 2001 ; Rost,
2011)
Explique les effets conjugués de la densité
et de la fermeture du réseau sur partage de
ressources entre ses membres (Bourdieu,
1980 ; Coleman, 1988), et l'accroissement
du capital social (Reagans et McEvily,
2011).
Analyse de la diversité du réseau
(Reagans et McEvily, 2011)
Explique l'accès à des ressources variées
(Burt, 2000 ; Lin, 2008), et l'accroissement
du capital social (Reagans et McEvily,
2011).
Equivalence
structurale Examen des profils relationnels
(Wasserman et Faust, 1994)
Explique la création de capital social entre
des individus structuralement équivalents et
leur tendance à coopérer (Douard et Heitz,
2003 ; Gnyawali et Madhavan, 2001).
Importance de
la position
stratégique d'un
acteur
particulier
Calcul de la centralité d'un acteur
dans un réseau (Wasserman et Faust,
1994)
Un acteur central reçoit des informations
nouvelles avant les autres et en quantité
supérieure. Il accroit le capital social
(Gnyawali et Madhavan, 2001).
Conclusion de la section 3 : L'analyse des réseaux sociaux est une méthode adaptée
pour comprendre comment le capital social détermine les CIOT
Cette section a cherché à proposer une méthode d'analyse des réseaux sociaux adaptée à la
caractérisation du capital social, dans le but de comprendre comment il détermine les CIOT.
Pour cela, les intérêts généraux de l'analyse des réseaux sociaux ont été détaillés et singularisés
pour un réseau inter-organisationnel territorialisé. Nous avons suggéré un protocole particulier
de collecte des caractéristiques des réseaux sociaux et des frontières du réseau à analyser. Dans
Chapitre 2 Le capital social influençant les CIOT : sa caractérisation
96
cette méthode, nous avons justifié le recours aux techniques complémentaires de classification
hiérarchique des données et d'analyse des correspondances multiples, et justifié des indicateurs
de mesure des propriétés structurales descriptives d'un réseau inter-organisationnel
territorialisé, ensemble de paramètres susceptibles d'entrer dans la compréhension des effets du
capital social sur les CIOT.
Chapitre 2 Le capital social influençant les CIOT : sa caractérisation
97
CONCLUSION DU CHAPITRE 2.
L'objectif de ce deuxième chapitre était d'apporter des éléments de réponse théoriques et
méthodologiques à la question de recherche formulée largement à la fin du chapitre 1 :
Comment les réseaux sociaux influencent-ils les CIOT ?
Il ressort de notre revue de littérature que l'approche par le capital social, désignant
communément l’ensemble des ressources accessibles via le réseau de relations sociales, en
particulier dans le cadre de l'action collective, fournit un cadre théorique adapté au traitement
de notre question. En effet, le capital social facilite les coopérations. Nous avons alors précisé
notre question de recherche, formulée ainsi : Comment le capital social détermine les CIOT
entre les acteurs, ceci dans le cas spécifique des secteurs d'activités ancrées sur un territoire ?
Comme le capital social est engendré par un réseau de relations sociales, son analyse passe par
celle des réseaux sociaux et des méthodes bien établies dans la littérature. Mais ces méthodes
d'analyse demandent à être adaptées aux singularités d'un réseau inter-organisationnel
territorialisé, ceci en particulier pour la collecte des données, mais aussi pour leur traitement
du fait de la multi dimensionnalité des caractérisations des individus et de leurs relations.
Ainsi, dans le sens de Huault (2004 , p. 59) qui indique que « les réseaux sociaux n'ont pas
d'effet simple », et préconise qu'ils « doivent être appréhendés selon une variété de
configurations, de modes d'organisation, liés à des contingences historiques et relationnelles
particulières », nous étudierons, dans le chapitre terminal, le contexte du thermalisme dans les
Landes, exemple très typé de secteur d'activité fortement territorialisé, préalablement à la
conduite d'une analyse des réseaux sociaux en appliquant la méthode que nous venons de
préconiser dans ce chapitre. Nous nous approchons ainsi de l'objectif de comprendre comment
le capital social détermine les coopérations inter-organisationnelles de ce secteur d'activités
ancrées sur un territoire.
98
99
CHAPITRE 3.
ÉTUDE DE L'INFLUENCE DU CAPITAL
SOCIAL SUR LES CIOT PAR L'ANALYSE DES
RÉSEAUX SOCIAUX : LE THERMALISME
DANS LES LANDES
100
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
101
INTRODUCTION DU CHAPITRE 3.
Nous avons présenté dans le premier chapitre une analyse des CIOT à la lumière de la
littérature et avons souligné que ces coopérations sont particulièrement encastrées dans des
réseaux de relations sociales. Nous avons introduit dans le deuxième chapitre le capital social,
défini comme l'ensemble des ressources accessibles via le réseau de relations sociales, et avons
relevé dans la littérature qu'il facilite les coopérations. Nous avons alors suggéré que le capital
social d'un réseau d'acteurs économiques territorialisés y détermine pour partie les CIOT. Nous
avons ainsi proposé l'analyse des réseaux sociaux comme méthode adaptée en vue de
comprendre leurs liens avec les coopérations et en particulier les CIOT. Nous sommes
maintenant dans cette troisième étape de la thèse en situation de concrétiser ces postures
analytiques sur un cas concret et longuement exploré : le thermalisme dans les Landes.
Le thermalisme est un secteur d'activités ancrées sur les territoires riches en eaux minérales
naturelles, dont les caractéristiques sont liées à la géographie du lieu et qui ne peuvent être
exploitées que localement. Comme nous le développerons, le thermalisme français est un
secteur intégré dans le système de santé depuis plus d'un demi-siècle, fortement
institutionnalisé, rassemblant de nombreux acteurs (exploitants thermaux, curistes, régulateurs,
financeurs, médecins, ...). Représentant un poids économique local très souvent majeur, ce
secteur est marqué par une implication des collectivités territoriales, et par des CIOT comme
forme d'adaptation collective aux mutations de l'environnement. C'est particulièrement le cas
dans les Landes, département qui accueille le plus grand nombre de curistes en France.
Cependant, depuis quelques années, le taux de croissance du thermalisme local est
relativement faible comparé à la croissance moyenne nationale.
Au final et en application, ce troisième chapitre est consacré à l'étude de l'influence du capital
social du thermalisme dans les Landes sur les coopérations inter-organisationnelles de ce
secteur d'activités territorialisées. Après avoir justifié le positionnement interprétativiste
adopté, nous rendrons compte de l'étude empirique menée sur le terrain, selon une double
démarche, qualitative et quantitative. Nous verrons que la démarche qualitative, conduite en
tout début de ce travail doctoral, permet de proposer une analyse concurrentielle du secteur du
thermalisme et une analyse néo-institutionnelle du thermalisme dans les Landes, tout en
révélant les CIOT de ce secteur d'activités territorialisées. Nous expliciterons ensuite comment
l'analyse quantitative des réseaux sociaux, déployée dans un second temps, l'a été pour décrire
les réseaux sociaux du thermalisme dans les Landes. Les caractéristiques des réseaux sociaux
et le capital social généré seront alors rapprochés des CIOT révélées, dans l'objectif de
comprendre comment le capital social détermine les coopérations, dans le cas concret du
thermalisme dans les Landes.
Le chapitre 3 est articulé selon la logique illustrée dans la Figure 19.
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
102
Figure 19 - Logique d'articulation du Chapitre 3
Section 1 - Mise en évidence des
coopérations
Présenter les CIOT du thermalisme
dans les Landes
Section 2 - Mise en évidence des
caractéristiques des réseaux sociaux
Décrire les réseaux sociaux
générateurs du capital social du
thermalisme dans les Landes
Section 3 - Discussion des liens entre
les caractéristiques des réseaux
sociaux et les coopérations
Rapprocher les caractéristiques des
réseaux sociaux et les CIOT révélées
afin de comprendre comment le capital
social détermine les coopérations du
thermalisme dans les Landes
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
103
SECTION 1 - MISE EN ÉVIDENCE DES COOPÉRATIONS
Les CIOT présentent un intérêt majeur pour le thermalisme dans les Landes car elles sont liées
aux stratégies d'adaptation collective des organisations aux menaces de l'environnement. Cette
section inventorie et expose les CIOT de ce secteur d'activités ancrées sur un territoire. Ainsi,
comme notre recherche vise une compréhension idiographique, nous expliciterons notre
posture épistémologique interprétativiste (1). Nous verrons ensuite comment la démarche
qualitative adoptée et conduite en deux volets permet de proposer une analyse concurrentielle
du secteur du thermalisme et une analyse néo-institutionnelle du thermalisme dans les Landes
(2), afin de révéler les caractères des CIOT de ce secteur d'activités territorialisées (3).
1. Posture épistémologique adoptée pour une approche compréhensive des
CIOT
Notre recherche s'inscrit clairement dans une posture interprétativiste puisque notre projet de
recherche est de proposer une grille de lecture des CIOT selon une approche interprétativiste,
que nous désignons par l'expression « grille d'interprétation ».
En effet, l'interprétativisme adopte une approche compréhensive plutôt qu'explicative, visant
une connaissance idiographique plutôt que nomothétique39
(Allard-Poesi et Perret, 2014).
L'interprétativisme ne permet pas d'établir des lois générales, mais « se donne pour objet de
comprendre les actions et les significations que les acteurs accordent à leurs expériences du
monde étant entendu que c'est au travers de ces significations et actions qu'ils construisent la
réalité sociale. » (Allard-Poesi et Maréchal, 2014, p. 54).
Or, notre démarche vise à comprendre une réalité vécue par les acteurs du thermalisme dans
les Landes, étant donné que c'est par les significations qu'ils donnent à leurs CIOT que les
CIOT du thermalisme dans les Landes existent. Cette approche idiographique privilégie l'étude
descriptive du cas étudié, renseigné de manière dense, afin de « donner à voir » la réalité des
acteurs.
Ainsi, pour le chercheur interprétatif, la réalité est liée à un contexte, elle n'est indépendante ni
de l'observateur, ni des individus qui constituent cette réalité (Schwandt, 1998) ; et c'est sur
cette dernière caractéristique que la démarche interprétativiste se distingue de celle
constructiviste. En effet, dans la perspective interprétativiste, « la réalité sociale est construite
au travers du jeu des intentions et des interactions des acteurs qui construisent le sens de cette
réalité par la confrontation et le partage de leurs représentations. » (Allard-Poesi et Perret,
2014, p.26). Par ailleurs, « l'activité scientifique n'est pas portée par un objet à connaître
extérieur à elle-même (comme dans la perspective positiviste), mais consiste à développer une
compréhension de la réalité sociale qu'expérimentent les sujets étudiés » (Allard-Poesi et
Maréchal, 2014, p. 57).
39 L'objet et la méthode des approches nomothétiques est de permettre d'établir des lois générales ou universelles,
représentées par des relations constantes entre les phénomènes observés.
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
104
Dès lors, définir l'objet de recherche suppose une immersion dans le phénomène étudié et son
observation plus ou moins participante. L'objet de recherche peut être précisé tout au long de la
recherche, à mesure que la compréhension du chercheur, par l'empathie et une adaptation
constante au terrain se développe, pour ne trouver sa forme définitive qu'à la fin de la
recherche (Diné, 2007). Pour notre part, nous avons commencé à élaborer l'objet de notre
recherche suite à une période d'exploration du secteur. Nous avons ensuite soumis notre projet
de recherche et notre interprétation aux acteurs concernés à de nombreuses reprises tout au
long de la recherche40
.
Ainsi, nous cherchons à assurer la validité par une description dense du contexte, comme le
recommande Sandberg (2005), et par notre empathie en développant une proximité avec les
acteurs (en adoptant leur langage propre, par exemple). En outre, l'analyse des réseaux sociaux,
pertinente pour comprendre les CIOT, exige une connaissance ethnographique approfondie du
milieu social étudié, connaissance acquise au moyen d'approches qualitatives (Lazega, 2014).
Cette recherche est menée selon une démarche abductive. L'abduction « permet d’échapper à
la perception chaotique que l’on a du monde réel par un essai de conjecture sur les relations
qu’entretiennent effectivement les choses » (Koenig, 1996, cité par David, 1999). La démarche
abductive adoptée consiste alors pour le chercheur en management à procéder par des allers-
retours entre les observations et les théories tout au long de la recherche, afin de « structurer
son système d'observations et produire du sens » (Charreire Petit et Durieux, 2014). En effet,
nous avons mobilisé des concepts et intégré la littérature concernant notre objet de recherche,
et nous nous appuyons sur cette connaissance pour donner du sens aux nombreuses
observations et résultats empiriques. Notre conceptualisation nouvelle produite, sous forme de
grille d'interprétation, est propre au terrain étudié. Cependant, le dispositif méthodologique
expliqué et justifié dans la section suivante (Section 2) peut permettre de confronter notre
grille d'interprétation à d'autres contextes semblables. La généralisation devra alors se
soumettre à l'examen attentif de parenté des contextes (Allard-Poesi et Perret, 2014).
2. Analyse stratégique du secteur du thermalisme et lecture néo-
institutionnelle
Les CIOT ont été introduites comme des stratégies d'adaptation à l'environnement, source de
menaces et d'opportunités pour les entreprises. Pour le secteur étudié, le thermalisme, nous
proposons une présentation de l'environnement par une analyse stratégique du secteur en
France. Comme notre recherche intéresse en particulier les acteurs du thermalisme dans les
Landes, nous proposons une analyse selon une approche néo-institutionnelle car, dès les
premiers mois de la recherche, les acteurs nous ont paru fortement interconnectés.
Préalablement à l'exposé de ces analyses, nous détaillons les modes de l'exploration des
données, comme l'exige la conduite de la recherche selon une perspective épistémologique
interprétativiste.
40 Nous avons présenté notre interprétation en particulier lors de la réunion du comité de recherche doctorale, à
laquelle participaient des acteurs locaux et nationaux du secteur, et à la réunion de rentrée du cluster thermal aquitain (Aqui O Thermes).
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
105
2.1. Les modes de l'exploration empirique de l'environnement du thermalisme
Pour recueillir les données sur l'environnement du thermalisme, nous avons eu recours à des
sources complémentaires : des entretiens, des observations, et de la documentation.
Nous avons tout d'abord identifié les acteurs clés du secteur du thermalisme du territoire des
Landes, et des instances nationales, avec l'aide du personnel de direction de l'Institut du
Thermalisme41
, et avons ainsi constitué une liste classifiée des acteurs du thermalisme. Cette
liste initiale a été complétée au fur et à mesure de l'avancée de notre exploration : des acteurs
ont émergé de la lecture de documents et d'articles de presse, ou ont été mentionnés lors des
premiers entretiens individuels menés. Une lettre de mission de mes directeurs de thèse
(Annexe 1), a été envoyée aux acteurs repérés pour les informer de ma venue en vue de
recueillir leurs témoignages. D'autres acteurs ont été identifiés suite à des rencontres fortuites
lors d'événements professionnels auxquels nous avons assisté.
Nous avons mené 58 entretiens individuels (Tableau 14). Nous avons rencontré 38 personnes,
de mars 2013 à avril 2014, qui se sont exprimées librement, en continu sur le thème « Santé
et/ou bien-être ? Le thermalisme face aux mutations », et recueilli leurs perceptions des
diverses mutations (clientèle, concurrence, règlementaire) et de leurs questionnements. Par la
suite, nous avons eu recours à 20 entretiens directifs, afin d'obtenir des précisions et des
compléments d'information sur les environnements du thermalisme, et dans l'objectif de
recouper avec des informations obtenues par d'autres sources (documentation, observations).
Tableau 14 - Entretiens par type d'acteurs conduits entre mars 2013 et octobre 2015
Type d'acteur interviewé Caractéristiques ou intitulé de l'organisation dans
laquelle travaille l'acteur interviewé
Entretiens
libres de
mars 2013 à
avril 2014
Entretiens
directifs de
novembre
2013 à
octobre 2015
Directeur d'établissement thermal Situé en Aquitaine principalement. 5 2
Directeur de groupe thermal Situé en Aquitaine principalement. 3 1
Directeur/technicien de service de
collectivité territoriale Région Aquitaine, Conseil Départemental des
Landes, Agglomération du Grand Dax, Ville 8 2
Elu des collectivités territoriales Région Aquitaine, Agglomération du Gd Dax, Ville 2 2
Représentant d'association
professionnelle
Fédération Thermale et Climatique Française,
Conseil National des Exploitants Thermaux,
Syndicat des Etablissements Thermaux des Landes,
Association des Maires des Communes Thermales
4 3
Enseignant-chercheur En médecine, pharmacie, économie de la santé. 6 3
Médecin thermal Situé en Aquitaine 3 0
Personnel d'organisme de tutelle Agence Régionale de Santé, Assurance Maladie 1 2
Représentant d'association de
curistes
Fédération Française de Curistes Médicalisés, Union
Nationale de défense des Assurés et du Thermalisme
Médicalisés
2 1
Autre personne impliquée dans le
thermalisme
CCI, Office de Tourisme, Cluster Aqui O Thermes,
Institut du Thermalisme, Médias 4 4
Nombre total d'entretiens 38 20
41 L'Institut du Thermalisme est un établissement d'enseignement et de recherche de l'Université de Bordeaux
support de la recherche doctorale.
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
106
Le deuxième type de sources de données comprend les observations directes, passives dans la
majorité des cas, que nous avons réalisées à l'occasion de visites de sites (principalement des
établissements thermaux), et d'événements clés du secteur (Tableau 15).
Tableau 15 - Evénements ayant donné lieu à une observation
Initiateurs de
l'événement Intitulé de l'événement Dates
Professionnels
AG du cluster Aqui O Thermes, Dax 21/03/2013, 30/06/2014
Réunion de rentrée du cluster Aqui O Thermes, Dax 19/09/2013, 07/10/2014
Conférence Mer et Santé, Biarritz 04/10/2013
Journées d'Automne du Thermalisme, Enghien-les-Bains et
Bagnoles-de-l'Orne 8/11/201, 5/11/2014
Journée Scientifique de la Société Française de Médecine
Thermale, Paris 24/01/2014
Salon Thermalies, Paris 24/01/2014
Collectivités
territoriales
Bilan de la politique régionale 2007-2012 en matière de
tourisme du département des Landes, Dax 09/04/2013
Conférence de presse du co-président du Groupe d'études de
l'Assemblée Nationale : climatisme et thermalisme, Dax 31/10/2013
Lancement de la filière Silver Economie en Région Aquitaine,
Bordeaux 17/02/2014
Restitution du Schéma Départemental du Tourisme et des
Loisirs de Pyrénées Atlantiques, Pau 28/04/204
Séminaire "Les évolutions de la filière thermale" -
Communauté d'agglomération du Grand Dax 21/04/2015
Présentation du dispositif d'enquête de clientèle par le Comité
Départemental du Tourisme des Landes aux exploitants
thermaux, Dax
11/02/2016
Scientifiques
Conferencia Termalismo - Galicia, Vigo (Espagne) 28 au 30/01/2014
Réunion du groupe de travail "Réseau du thermalisme", Dax 10/12/2014, 19/01/2015
La troisième source de données est constituée de documents que nous avons rassemblés et
listés en Annexe 2 (rapports parlementaires et ministériels, rapports des collectivités
territoriales, rapports d'activités d'associations et de syndicats professionnels, presse
professionnelle, presse locale, publications scientifiques en sciences humaines et sociales,
etc.). Cette documentation nous a permis de compléter certaines informations recueillies en
entretien, et a eu pour fonction de développer notre connaissance du secteur, décrit
ultérieurement dans ce chapitre.
Afin de faciliter l'exploitation des données retirées de ces trois types de sources, des notes ont
étés prises et conservées dans des cahiers numérotés. L'ensemble de ces données exploratoires
a été condensé dans deux documents. Le premier document, écrit en juillet 2013, synthétise les
spécificités du secteur du thermalisme en France. Le second document propose des grilles de
lecture des traitements analytiques des données collectées. Ce second document a été présenté
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
107
en comité de la recherche doctorale incluant des professionnels, et réuni en février 2014. Une
analyse stratégique du secteur du thermalisme en France est dès lors proposée.
2.2. Une analyse stratégique du secteur du thermalisme en France
Le secteur du thermalisme comprend l'ensemble des établissements thermaux qui proposent
des soins à base d'eau minérale naturelle. Cette offre s'accompagne très souvent de
l'hébergement, et d'une offre de détente et de loisirs. Le thermalisme en France peut être alors
segmenté en trois types d'activités (Figure 20).
La première est la médecine thermale qui a une visée curative et préventive. La médecine
thermale est une pratique ancienne qui distingue à présent les cures conventionnées et les cures
non conventionnées. Ainsi, les cures thermales conventionnées, traditionnellement d'une durée
de 18 jours et prises en charge par l'Assurance Maladie, représentent l'activité principale. Les
cures thermales non conventionnées, dites « libres », généralement d'une durée inférieure à 18
jours, permettent aux exploitants thermaux de retirer de la médecine thermale une rentabilité
supérieure à l'activité conventionnée. Les exploitants thermaux développent également des
programmes d'éducation à la santé et d'éducation thérapeutique, qui ne sont pas pris en charge
à ce jour par l'Assurance Maladie.
La deuxième est le thermalisme non médical qui regroupe les diversifications du thermalisme
vers une offre de détente et de loisirs (spa, aqualudisme).
La troisième regroupe l'hébergement (hôtellerie, résidence, camping) et la restauration.
Figure 20 - Les activités du thermalisme
Notre analyse est centrée sur l'activité de la médecine thermale, et en particulier sur les cures
thermales conventionnées qui représentent la part principale de cette activité (environ 95% en
moyenne par établissement selon les estimations du CNETh). Une analyse concurrentielle dans
la lignée de Porter (1982) permet de mettre en évidence les forces qui influent sur l'intensité
concurrentielle entre les exploitants thermaux, acteurs centraux du thermalisme. L'activité
La médecine thermale Thermalisme non médical
Education
thérapeutique
Aqualudisme Spa Cures
thermales
libres
Cures
thermales
conventionnées
Le thermalisme : santé et bien-être
Hébergement et
restauration
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
108
thermale des exploitants thermaux est soumise à une forte pression, car la concurrence directe
est intense, la menace des substituts est réelle, les fournisseurs disposent d'un pouvoir
important, et la règlementation est pressante. Nous reprenons à présent chacune de ces forces,
et complétons notre analyse concurrentielle en mentionnant une faible pression exercée par les
clients, ainsi que des barrières à l'entrée principalement d'ordre règlementaire qui rendent
exceptionnels les entrants potentiels.
Les exploitants thermaux concurrents
L'intensité concurrentielle élevée entre les 110 établissements thermaux des 89 stations
thermales en France s'explique par le fait que la cure thermale conventionnée est règlementée
et ne peut être différenciée par les exploitants thermaux. Elle s'exerce spécifiquement entre les
stations thermales dont les eaux minérales naturelles correspondent aux mêmes orientations
thérapeutiques42
.
La faible marge d'exploitation retirée par le thermalisme conventionné, qui ne dépasserait pas
3% du chiffre d'affaires selon une étude du CNETh, a pour effet d'intensifier la concurrence
entre les établissements thermaux en France. Leur seuil de rentabilité est fortement lié à
l'évolution du coût de l'eau minérale naturelle achetée pour la majorité des établissements aux
communes propriétaires des sources43
, aux coûts de l'énergie et aux coûts de main d'œuvre44
qui représentent les charges les plus importantes.
Toutefois, deux éléments permettent aux exploitants thermaux de se différencier.
D'une part, les exploitants thermaux tentent de se différencier au niveau de l'offre de soins
complémentaires, et des caractéristiques d'hébergement lorsque celui-ci est intégré.
D'autre part, l'élément différenciant majeur des établissements thermaux est leur localisation
sur le territoire national. En effet, l'eau minérale naturelle utilisée par l'établissement thermal
est propre à la station thermale, puisqu'elle est d'origine souterraine et qu'elle doit être
exploitée sur le lieu du captage. Par ailleurs, les stations thermales concourent à l'attraction des
curistes par leur offre touristique. Nous précisons que les stations thermales sont plutôt situées
dans les zones montagneuses et touristiques au sud d'une ligne Bordeaux-Nancy. Cette
répartition territoriale s'explique autant par les ressources géologiques que par l'histoire,
puisque certains régimes, notamment le Second Empire, ont fortement contribué au
développement le la villégiature thermale. La Carte 2 présente les stations thermales en France.
42 Le thermalisme est indiqué pour douze orientations thérapeutiques : la rhumatologie, la neurologie, la
dermatologie, la gynécologie, la phlébologie, les troubles du développement de l’enfant, les affections urinaires,
les affections des voies respiratoires, des muqueuses bucco-linguales, psychosomatiques, digestives et les
maladies cardio-artérielles. Cependant l'orientation thérapeutique de rhumatologie représente 75% des cures thermales prescrites, et les trois quarts des stations thermales disposent de cette orientation.
43 Un petit nombre d'exploitants thermaux privé sont propriétaires des sources d'eau minérale naturelle qu'ils exploitent (par exemple, la Chaîne Thermale du Soleil).
44 L'établissement thermal comprend du personnel de soins (un infirmier diplômé d'état dont la présence est
obligatoire en permanence dans l'établissement pendant les soins de cure (Décret n°56-284 du 9 mars 1956), des
kinésithérapeutes, des agents thermaux), et des agents techniques et d’entretien, et compte également un personnel administratif (commercial, comptable, financier, ressources humaines).
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
109
Carte 2- Les stations thermales en France
La concurrence s'exerce entre des établissements dont la fréquentation est très contrastée selon
les stations. D'après les données sur la fréquentation concernant les cures thermales
conventionnées, compilées par le syndicat professionnel du thermalisme (Conseil National des
Exploitants Thermaux, CNETh), les cinq première stations françaises (Balaruc-les-Bains, Dax,
Gréoux-les-Bains, Aix-les-Bains, Amélie-les-Bains) attirent chacune plus de 25 000 curistes
annuels alors que la moyenne est d'environ 6 500 curistes (Graphe 1). A elles cinq, elles
cumulent un tiers du nombre total de curistes conventionnés en France en 201645
. Balaruc-les-
Bains et Dax, dont les fréquentations s'élèvent respectivement en 2016 à 52 722 curistes et 47
281, sont incontestablement les plus importantes stations thermales françaises.
45 La fréquentation dans les établissements thermaux français en 2016 s'elève à 587 913 curistes conventionnés
(CNETh).
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
110
Graphe 1 - Fréquentation des 5 premières stations thermales en France en 2016
La concurrence s'exerce entre exploitants thermaux dont les modes de gestion sont
distincts : privés ou publics. Les trois quarts des 110 exploitants thermaux en France sont
actuellement des sociétés de droit privé, qui gèrent en pleine propriété ou par délégation de
service public (DSP).
D'une part, la concurrence s'exerce entre des entreprises privées de taille variable. Ainsi, les
établissements thermaux privés à caractère familial, sont concurrencés par les établissements
appartenant à des groupes, jouissant de ressources commerciale et marketing supérieures.
Ainsi, parmi les cinq premières stations françaises, trois établissements thermaux
appartiennent à des groupes spécialisés : les thermes de Gréoux-les-Bains et Amélie-les-Bains
appartiennent au groupe Chaîne Thermale du Soleil, et les thermes d'Aix-les-Bains
appartiennent au groupe Valvital. Le Tableau 16 présente les différents groupes en France.
Tableau 16 - Les groupes thermaux en France46
Année de
Création
Chiffre d’affaires
(millions €)
Nombre
d’établissements thermaux
Chaîne Thermale du Soleil 1946 123 (2014) 19
Arenadour 2013 1,896 (2011) 647
Valvital (Cie Européenne des Bains) 1989 39 (2014) 11
Eurothermes 1974 45 (2014) 3
France Thermes 2007 NC 2
Sources d'Equilibre (Compagnie Lebon) 2014 NC 2
Santé Actions 1998 NC 2
De plus, des groupes de l'industrie alimentaire, de la cosmétique, ou de l'industrie du jeu se
sont intéressés à la complémentarité de l’offre thermale et sont devenus exploitants de stations
46 Tableau réalisé à partir de données issues des communiqués de presse des groupes et de sites web spécialistes
de l’information juridique et financière des entreprises.
47 Ces 6 établissements sont situés dans les Landes : 3 sont situés à Dax, 3 à Saint-Paul-lès-Dax.
0
10 000
20 000
30 000
40 000
50 000
60 000
Fréquentation
moyenne
Balaruc-les-Bains
(Hérault)
Dax
(Landes)
Gréoux-les-Bains
(Alpes-de-Haute-
Provence)
Aix-les-Bains
(Savoie)
Amélie-les-Bains
(Pyrénées Orientales)
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
111
thermales : par exemple, Danone (thermes d’Evian), Pierre Fabre (thermes d’Avène), Lucien
Barrière (thermes d’Enghien-les-Bains) et Partouche (thermes de Plombières-les-Bains). Ces
établissements thermaux ne représentent pas une part de marché très forte puisqu'il s'agit
d'établissements qui n'accueillent qu'un nombre limité de curistes (environ 2 000 curistes par
an au plus).
D'autre part, les établissements thermaux sous gestion publique, sous forme de régie, de
société d'économie mixte (SEM), ou de société publique locale (SPL), peuvent exercer une
pression concurrentielle dont l'intensité est variable selon le niveau d'investissement public,
concernant la modernisation des thermes ou la promotion. Nous notons par exemple que
l'établissement thermal de Balaruc-les-Bains, en gestion publique (sous forme de Société
Publique Locale) et dont la construction a été financée par les collectivités territoriales, est
devenu depuis 2014 l'établissement le plus fréquenté en France.
Les entrants potentiels
Historiquement, la principale barrière à l'entrée dans le secteur du thermalisme est constituée
par l'accès à la ressource en eau minérale naturelle. Les nouveaux entrants sont exceptionnels.
En effet, la création de nouveaux établissements thermaux repose sur l'autorisation d'exploiter
une source d'eau minérale naturelle48
. De plus, l'établissement thermal doit obtenir un
agrément49
pour être admis à recevoir des assurés sociaux. Ainsi, en 1983 ont été créées deux
nouvelles stations : Saint Paul-les-Dax, et Amnéville (à proximité de Vichy). Plus récemment,
la ville de Nancy a reçu un agrément en 2014 et prévoit l'ouverture de son établissement
thermal en 2020.
Les substituts
Les substituts à la médecine thermale représentent une menace hétérogène pour les exploitants
thermaux.
La médecine allopathique, médecine qui repose sur la prescription de médicaments, constitue
le principal substitut de la médecine thermale. En effet, la pharmacopée tient une place
prépondérante dans les traitements proposés par les médecins pour les maladies chroniques. A
l'inverse, la cure thermale prescrite par le médecin (généraliste ou spécialiste) semble réduire
la consommation de médicaments par les patients50
. La baisse de la menace de l'allopathie
comme substitut des cures thermales est recherchée par la profession.
48 Le code de la Santé Publique (Article R1322-5 modifié par Décret n°2010-344 du 31 mars 2010 - art. 39)
prévoit que l’exploitation de l’eau minérale est soumise à autorisation délivrée par le ministère de la Santé après
avis de l'hydrogéologue agréé en matière d'hygiène publique sur les caractéristiques physico-chimiques et biologiques de l’eau, et de l’Académie nationale de médecine qui juge son intérêt thérapeutique.
49 Pour être admis à recevoir des assurés sociaux, l’établissement thermal doit satisfaire aux dispositions du décret
du 9 mars 1956 complétant le décret du 20 août 1946 et en particulier se conformer aux normes d’agrément définies par son annexe XXVI, sous le contrôle d’une commission régionale d’agrément.
50 Wittwer, J. (2015). The impact of spa therapy on ambulatory health care expenses of osteoarthritic patients: preliminary results of Ecotherm study. Présenté à ISPOR 18th Annual European Congress, Milan.
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
112
Deux éléments tendent à encourager les médecins à prescrire une cure thermale. D'une part, les
études scientifiques51
démontrant le service médical rendu (SMR) par le thermalisme52
apportent la preuve de l'efficacité de la médecine thermale. D'autre part, une tendance au
renforcement de l'enseignement de la crénothérapie en faculté de médecine, sollicitée par la
profession, vise à renforcer la connaissance de la médecine thermale par les médecins, et à
baisser les réticences éventuelles à la prescription de la cure thermale.
Les médecines traditionnelles53
(par exemple, l'homéopathie et l'ostéopathie), autres que la
médecine thermale, peuvent également constituer un substitut à la cure thermale
conventionnée, dans la mesure où ces médecines sont prises en charge par les organismes
d'assurance maladie (publics et privés).
Les cures de thalassothérapie qui reposent sur l'utilisation de l'eau de mer et ont une visée
préventive, peuvent représenter un substitut pour les cures thermales libres car elles ne sont pas
prises en charge par l'Assurance Maladie comme les cures thermales libres. Elles ne sont pas
un substitut de la cure thermale conventionnée, principalement en raison de leur coût
généralement plus élevé pour le curiste.
Les cures thermales à l'étranger peuvent être prises en charge par l'Assurance Maladie dans
certains cas et sous certaines conditions. Elles constituent selon nous un substitut négligeable à
ce jour.
Les clients
Les clients du thermalisme sont principalement des curistes "conventionnés", puisque selon les
exploitants thermaux rencontrés, les cures conventionnées représentent en moyenne 95% du
chiffre d'affaires de l'établissement thermal. Leur traitement thermal est pris en charge par
l'Assurance Maladie dans le cadre de la Convention Nationale Thermale54
, et en conséquence,
le pouvoir de négociation des curistes se limite à participer au choix de la station thermale
prescrite par le médecin.
Cependant, leur pouvoir de négociation pourrait évoluer compte tenu de leur nombre croissant,
comme l'indique la hausse des cures thermales suivies en France ces dernières années (+21%
entre 2009 et 2016), tendance qui devrait se poursuivre compte tenu du vieillissement de la
population55
, de l'intérêt pour les médecines traditionnelles56
, et des campagnes de
communication du CNETh et de la Chaîne Thermale du Soleil.
51 Quatre études qui démontrent l’efficacité des cures thermales ont été publiées dans des revues scientifiques
internationales : Maâthermes sur les problèmes de poids, Thermatrose sur l’arthrose du genou, Stop-Tag pour le
trouble anxieux généralisé, et Pacthe sur le bien être de la femme ayant subi un traitement pour le cancer du sein.
52 Le Service Médical Rendu (SMR) par le thermalisme est défini par la Convention Nationale Thermale comme « l'évaluation du thermalisme au système de santé » (Article 10, Arrêté du 1er avril 2003).
53 L'Organisation Mondiale de la Santé reconnaît la médecine thermale comme une médecine traditionnelle (Stratégie de l’OMS pour la médecine traditionnelle pour 2014-2023).
54 Arrêté du 1er avril 2003 portant approbation de la convention nationale thermale entre les caisses d’Assurance maladie et le CNETh.
55 Deux tiers des curistes sont âgés de plus de 60 ans selon l'Etude CNETh- TNS HealthCare de 2006.
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
113
Par ailleurs, satisfait par la médecine thermale, comme l'indiquent les résultats d'une étude
présentée dans l'Encadré 2, les curistes se sont organisés afin de défendre leurs intérêts et
œuvrer pour le maintien de la prise en charge des cures thermales par l'Assurance Maladie et
par les organismes complémentaires de santé, qui constituent les clients payeurs du
thermalisme. Deux associations de curistes, présentées dans l'Encadré 3 œuvrent ainsi pour
défendre les intérêts des curistes auprès des organismes d'assurance maladie publics et privés.
Concernant les curistes libres, ils disposent d'un pouvoir de négociation, puisque,
contrairement aux curistes conventionnés, la cure thermale est composée de soins thermaux
librement proposés par l'établissement thermal, en dehors de la Convention Nationale
Thermale.
Encadré 2 - Les bienfaits de la cure thermale du point de vue des curistes
D'après la dernière étude menée au niveau national par le CNETh en 2006 et avec TNS HealthCare
auprès d'un échantillon de 112 419 curistes, les bénéfices retirés de la cure sont les suivants : moins de
douleurs physiques, un recours moindre aux médicaments et aux consultations médicales, une
amélioration du sommeil. Ils se disent attachés au caractère naturel de la cure thermale, au fait que la
cure thermale soit un complément à la médecine traditionnelle et soit remboursée, qu’elle n’ait pas
d’effets secondaires, et qu’elle ait une vraie vocation médicale. Ils sont de plus 46% à juger que les
traitements thermaux sont plus efficaces que les traitements médicamenteux. Par ailleurs, pour 60% des
curistes la situation géographique de la station thermale (environnement, climat, zone touristique) paraît
compléter l’efficacité de la cure.
Encadré 3 - Les associations de curistes
La Fédération Française de Curistes Médicalisés (FFCM), association nationale de curistes assurés
sociaux agréée par le Ministère de la Santé, fondée en 2000, la FFCM agit pour l’adoption de
dispositions favorables aux curistes concernant le confort et la qualité des soins, et pour s’assurer du
respect des conditions tarifaires prévues par la Convention Nationale Thermale. Depuis 2011, la FFCM
œuvre avec le CNETh pour que les curistes mutualistes n’aient plus à avancer le tiers-payant auprès des
établissements thermaux.
L’Union Nationale de Défense des Assurés Sociaux et du Thermalisme Médicalisé (UNATHERM)
créée en 2005 est attachée à l’accès aux soins pour tous et défend le thermalisme médicalisé.
Les fournisseurs
Les fournisseurs qui disposent d'un pouvoir important sur les exploitants thermaux sont
principalement de deux types : les fournisseurs en ressource thermale, et les fournisseurs de
conseil et ingénierie.
Les fournisseurs en ressource thermale, principalement l'eau minérale naturelle et ses dérivés
(boues, gaz), sont le plus souvent des établissements publics locaux. Leur pouvoir sur les
établissements thermaux est important car ils disposent d'un monopole d'exploitation de la
source et le transfert vers un autre fournisseur est règlementairement impossible. En effet, les
exploitants des thermes doivent utiliser exclusivement la ressource thermale de la station où ils
56 Le thermalisme est une médecine traditionnelle pour l’OMS (rapport " Stratégie de l'OMS pour la médecine
traditionnelle 2014-2023 ").
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
114
sont localisés. De plus, l'utilisation de la ressource en eau minérale naturelle et ses dérivés
représente le facteur clé de succès de tout exploitant thermal.
Les fournisseurs de conseil et ingénierie accompagnant les établissements thermaux dans leurs
évolutions, dans leurs démarches qualité et de maîtrise des risques sanitaires, disposent d'un
pouvoir important car ils sont peu nombreux et très spécialisés. Par exemple, un cabinet de
conseil en gestion de la qualité basé à Dax, et spécialisé dans l'activité thermale, a ainsi
contribué à la création d'un système de management de la sécurité sanitaire57
, en collaboration
avec le ministère de la santé, le syndicat national des exploitants thermaux (CNETh), et les
associations nationales de curistes.
Les pouvoirs publics
Le thermalisme en France est une activité fortement régulée par les pouvoirs publics. Plusieurs
autorités de régulation interviennent dans le thermalisme : l'Etat et les ministères, les Agences
Régionales de Santé (ARS), et l'Assurance Maladie. Les collectivités territoriales interviennent
dans le financement du secteur par les subventions accordées localement. Une synthèse est
proposée dans le Tableau 17.
L'Etat
Les politiques nationales reflètent l’ambivalence du thermalisme, thérapeutique qui participe
d’un tourisme de santé.
L’Etat exerce, par l’entremise du ministère en charge de la santé et de ses services
déconcentrés des compétences régaliennes importantes pour la médecine thermale.
L'Etat définit les conditions générales de remboursement des cures par les régimes
d’Assurance Maladie et d’accidents du travail. La Stratégie Nationale de Santé (SNS) lancée
par le ministère des Affaires Sociales et de la Santé en 2013, s’est fixée la prévention comme
axe prioritaire, dans lequel s’inscrit la médecine thermale. Ainsi, les premières concrétisations
de la SNS apparaissent dans la Loi de Financement de la Sécurité Sociale 2014, et notamment
la modification du code de la Sécurité Sociale58
pour prévoir un tarif de responsabilité de la
cure thermale qui sert de base pour la prise en charge par l’Assurance Maladie et qui n’évolue
pas pendant la période conventionnelle de 5 ans, et un prix limite de facturation des soins
thermaux par forfait tenant compte des facteurs de coûts d'exploitation.
L’Assurance maladie intervient dans le remboursement des frais médicaux, et dans certains cas
des frais de transport et d’hôtellerie des cures thermales59
. L’Union Nationale des Caisses
d’Assurances Maladie (UNCAM), soumise à la double tutelle du ministère chargé de la
Sécurité sociale et du ministère de l'Économie et des finances, renégocie tous les cinq ans avec
le CNETh la Convention Nationale Thermale.
57 Certification Aquacert
58 Par ajout de l’article L162-40
59 Article L162-39 Code de la Sécurité Sociale Modifié par LOI n°2013-1203 du 23 décembre 2013 - art. 66
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
115
En outre, il apporte des aides directes aux projets de rénovation et de développement des
stations thermales dans le cadre des contrats de plan qu’il passe avec les régions.
Par ailleurs, l'Etat joue un rôle dans l'accompagnement de l'activité thermale par la formation
des médecins thermaux. En effet, les facultés de médecine assurent un enseignement en
hydrologie et climatologie pendant le cursus de médecine générale, et quelques universités
(Montpellier, Lorraine, Toulouse) délivrent un diplôme d'université (DU) de médecine
thermale, et assurent la formation professionnelle continue des médecins. De plus, certains
laboratoires de recherche des universités conduisent des projets en lien avec le thermalisme
(laboratoires d’hydrologie, de santé publique, de pharmacie, de sciences économiques et de
gestion).
Le ministère en charge de la santé est directement concerné par le thermalisme en tant que
médecine thermale. En effet, le code de la Santé Publique60
prévoit que l’exploitation de l’eau
minérale est soumise à autorisation préfectorale près avis de l'hydrogéologue agréé en matière
d'hygiène publique sur les caractéristiques physico-chimiques et biologiques de l’eau, et de
l’Académie nationale de médecine qui juge son intérêt thérapeutique.
Les Agences Régionales de Santé (ARS) interviennent principalement dans le secteur pour
ordonner les analyses de contrôle sanitaire, et pour assurer la surveillance des eaux minérales
naturelles utilisées à des fins thérapeutiques dans les établissements thermaux61
, car ils sont
soumis à des exigences de qualité bactériologiques particulièrement sévères62
. Les contrôles
sont réalisés depuis la ressource jusqu'aux différents points d'usages dans l'établissement
thermal63
. Par ailleurs, dans le cadre de la loi HPST64
, les ARS assurent la mise en place de
programmes d'Education Thérapeutique du Patient (ETP)65
, et autorisent des programmes
d'ETP en milieu thermal.
De plus, les ARS disposent dans leurs projets régionaux de santé (PRS) d'un schéma régional
de prévention, et peuvent recourir aux établissements thermaux pour assurer une mission de
service public sur un territoire santé66
. La prévention, inscrite comme une priorité nationale
dans la loi HPST vise en premier lieu les maladies chroniques. Dans ce cadre, les
établissements thermaux contribuent à la mise en place de programmes d'éducation
thérapeutique du patient (ETP), qui doivent être validés par les ARS, et soumis à prescription
médicale. Ils développent par ailleurs des actions de promotion de la santé, dont le
développement est encouragé et soutenu par les ARS.
60 Article R1322-5 modifié par Décret n°2010-344 du 31 mars 2010 - art. 39
61 Arrêté du 22 octobre 2013 relatif aux analyses de contrôle sanitaire et de surveillance des eaux minérales naturelles utilisées à des fins thérapeutiques dans un établissement thermal
62 Arrêté du 19 juin 2000 relatif à la gestion du risque microbien lié à l'eau minérale dans les établissements thermaux.
63 Art. R1322-39 à 44-5 du code de la santé publique
64 Loi « Hôpital, Patients, Santé, Territoire » du 21 juillet 2009.
65 La loi HPST a défini l’ETP comme une thérapeutique à part entière, structurée par un cadre règlementaire.
66 Art. L. 6112-2. − (...) « Lorsqu’une mission de service public n’est pas assurée sur un territoire de santé, le
directeur général de l’agence régionale de santé, sans préjudice des compétences réservées par la loi à d’autres autorités administratives, désigne la ou les personnes qui en sont chargées » .
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
116
Nous notons que la Haute Autorité de Santé (HAS) n'intervient pas dans le thermalisme. Alors
que la HAS est chargée d'évaluer le service médical rendu (SMR) d’un traitement en se basant
sur plusieurs critères (comme par exemple, son efficacité, ses effets indésirables, son intérêt en
terme de santé publique ou encore son intérêt par rapport aux autres traitements disponibles),
la HAS n'a pas sollicité d'étude sur le SMR du thermalisme. Le thermalisme en tant que
pratique thérapeutique est concerné par la HAS puisque cette instance pourrait être saisie pour
évaluer le thermalisme et pourrait faire évoluer le remboursement des cures. La démarche
entreprise par les professionnels du thermalisme pour communiquer les résultats de la
recherche thermale démontrant le SMR semblent jusque là suffire.
Les collectivités territoriales
Le thermalisme représente un enjeu économique pour les collectivités territoriales puisqu'il est
une activité non négligeable pour l'emploi et l'économie localement. En effet, selon le CNETh,
le thermalisme engendre sur l'ensemble du territoire national 100 000 emplois (directs,
indirects et induits), et le chiffre d'affaires généré par les curistes et leurs accompagnants est
estimé à environ 840 millions d'euros (dépenses médicales, d'hébergement, d'alimentation et de
transport). De plus, la contribution fiscale du thermalisme, relevant directement des
établissements thermaux, ou des activités liées localement (hébergement, restauration,
transport, commerce), représente une source de recettes d'autant plus importante pour les
collectivités territoriales que le thermalisme est présent dans des zones sensibles du point de
vue de l'aménagement du territoire (zones rurales ou montagnardes), où l'économie est peu
diversifiée ou en déclin.
Ainsi, dans l'objectif de soutenir leur territoire thermal, les collectivités territoriales (régions,
départements, agglomération, commune) subventionnent le thermalisme, et impulsent des
initiatives de coopérations des acteurs locaux. Or, la création d'instances de promotion
collective régionales (l'association Thermauvergne en 1985, le cluster Auvergne Thermale
Innovation en 2013, le cluster Aqui O Thermes en 2009 en Nouvelle Aquitaine, et un cluster
en Occitanie dont la création est prévue en 2017), concourent à l'intensification de la
concurrence entre les territoires thermaux, et entre les établissements situés dans ces régions.
Tableau 17 - Synthèse du rôle de l'Etat
Etat
Ministère en charge de la santé
- Assurance Maladie : prise en charge financière des cures thermales
- Agences Régionales de Santé : surveillance sanitaire et ETP
Plan contrats-régions : financement de la rénovation des structures
Universités : formation des médecins et du personnel para-médical
Collectivités territoriales
Subventions financières :
- la rénovation des structures
- le soutien aux structures de gouvernance territoriale
- la promotion du territoire
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
117
En conclusion, notre analyse concurrentielle du secteur du thermalisme en France a permis de
mettre en évidence : l'intensité concurrentielle particulièrement vive entre établissements
thermaux en France, et l'environnement dans lequel s'inscrit le thermalisme landais.
Par ailleurs, lors de notre exploration empirique, le thermalisme dans les Landes nous a paru
comme un réseau inter-organisationnel territorialisé très empreint de son passé, et fortement
institutionnalisé. De plus, les nombreux acteurs rencontrés ont témoigné d'un objectif partagé
de pérenniser l'activité thermale, tout en reconnaissant rencontrer des difficultés d'adaptation
collective face à un environnement en mutation.
Le cadre de la théorie néo-institutionnelle (TNI) semble alors pertinent pour présenter le
thermalisme dans les Landes, et ce pour deux raisons. Premièrement, une analyse néo-
institutionnelle est menée à un niveau inter-organisationnel, appelé champ organisationnel, qui
comprend la totalité des acteurs (les fournisseurs, les clients, les organisations offrant des
produits ou services concurrents, et les instances de régulation), et qui repose sur les
interactions entre les organisations du champ (Di Maggio et Powell, 1983). De plus, selon
DiMaggio et Powell (1983), l'existence d'un champ repose sur : « une reconnaissance mutuelle
de partager un objectif commun »67
(ibid., p. 148). Deuxièmement, la TNI est utile pour
analyser des secteurs d'activités qui ont la particularité de se fonder sur des institutions
fortement héritées du passé (Trouinard, 2004).
Ainsi, une analyse néo-institutionnelle du thermalisme dans les Landes est présentée dans la
sous-section suivante.
2.3. Une analyse néo-institutionnelle du thermalisme dans les Landes
Les résultats de nos explorations empiriques fondent l'analyse du champ organisationnel du
thermalisme dans les Landes, que nous structurons en : une analyse du contexte historique,
recommandée par la TNI pour l'étude d'un champ organisationnel (DiMaggio et Powell, 1997),
parce qu'elle s'avère utile pour comprendre l'adaptation collective d'un secteur et d'un territoire
(Yami, 2003 ; Marchesnay, 2001), ce qui est le cas du thermalisme dans les Landes ; et une
présentation des acteurs et de leurs interactions, afin de comprendre les logiques
institutionnelles du champ.
Nous proposons une lecture du contexte historique du thermalisme en France dans l'Encadré 4.
67 Traduction libre.
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
118
Encadré 4- Historique du secteur du Thermalisme en France
Une pratique ancestrale non régulée
Le thermalisme en tant que pratique de santé et de bien être par les eaux thermales remonte à la plus
Haute Antiquité, et se répand en France sous l'influence de la civilisation Romaine.
Oublié pendant le Moyen Âge du fait des invasions barbares, le thermalisme connaît un grand essor à la
Renaissance. Seigneurs, membres de familles princières, lettrés et savants viennent se soigner dans les
villes thermales créant un effet de mode.
En 1604, sous l’impulsion de Henri IV, est inaugurée la première Charte des Eaux Minérales qui
formalise avec plus ou moins de rigueur une tradition empirique. Amplifié par la création d’une société
d’hydrologie médicale au XVIIIème siècle, l’engouement pour le thermalisme est freiné sous la période
révolutionnaire, puis regagne un intérêt sous l’Empire.
Les XIXème et XXème siècles témoignent du développement scientifique du thermalisme. Dès sa
création en 1820, l’Académie de médecine comprend une commission des eaux minérales. Les sociétés
et instituts d’hydrologie réalisent des analyses géologiques, et des travaux sur les caractères physiques et
chimiques des eaux minérales, ainsi que sur leurs effets biologiques. Sous le Second Empire, avec
l’avènement du chemin de fer, le thermalisme se démocratise et les villes d’eaux se multiplient.
Le thermalisme connaît son âge d’or de la fin du XIXème siècle au début de la seconde guerre
mondiale, avec la fréquentation d'une clientèle aristocratique provenant des pays voisins d'Europe.
A partir de 1922, sont créées dans les facultés de médecine, des chaires d’hydrologie chargées de
dispenser aux étudiants l’enseignement de la crénothérapie.
La crise de 1929 ralentit le développement des stations thermales, et une diversification de la clientèle
s’opère. D’abord issue de la grande bourgeoisie des industriels et banquiers, elle comporte
progressivement des professions libérales et des représentants des classes moyennes.
Une ère de croissance sous dépendance des volontés gouvernementales
Après la seconde guerre mondiale, le thermalisme est reconnu officiellement comme une thérapeutique
et à partir de 1947 la Sécurité Sociale prend en charge les cures thermales. Le « thermalisme social »
permet le passage d’un nombre total de 246 000 curistes en France en 1952 à un maximum atteint de
600 000 curistes en 198868
. Cependant les ordonnances de 1959 et 196869
liées aux volontés
gouvernementales de restreindre le financement public, montrent la fragilité du secteur par rapport aux
politiques publiques, puisque suite à ces deux ordonnances le nombre de curistes a sensiblement chuté.
1993 - 2009 : quinze ans de déclin
Après une période de stagnation de 1985 à 1992, le déclin du thermalisme s’amorce à partir de 1993 à
un rythme de 1% par an, ramenant en 2005 le nombre de curistes au niveau de 1975 soit environ
500 000 curistes. Les probables causes de ce déclin sont diverses : raréfaction de certaines maladies ;
apparition des antibiotiques ; réticence à passer trois semaines en cure ; déclin de l’enseignement de la
crénothérapie dans les facultés de médecine ; et image « vieillote » du thermalisme.
Cette baisse de fréquentation, conjuguée à deux rapports publics70
qui critiquent le thermalisme et
menacent le maintien de la prise en charge des cures thermales par l'Assurance Maladie, ont stimulé la
réaction collective des professionnels du secteur afin de sauvegarder leur activité. Dès lors, les
exploitants thermaux français se sont conjointement engagés dans la professionnalisation de leurs
pratiques thermales71
.
68 L’historique de nombre de curistes provient du CNETh (Conseil National des Exploitants Thermaux).
69 L’ordonnance de 1958 revient sur celle de 1947, et précise que les salariés ne peuvent pas utiliser les congés
payés pour une cure thermale, et qu’ils doivent obtenir un congé sans solde pour partir en cure. Cette
ordonnance a été annulée en 1960. L’ordonnance de 1968 porte le ticket modérateur de 20% à 30% et abroge le remboursement des arrêts de travail prescrits à l’occasion d’une cure thermale. Elle a également été annulée.
70 Les interventions publiques dans le domaine du thermalisme, Rapport public particulier, Cour des comptes. (1995), et Rapport sur le thermalisme français (Nº 2000119), Inspection générale des affaires sociales, (2000).
71 Leur coopération résulte dans la rédaction d'un Guide des Bonnes Pratiques Thermales, la mise en place d'une
formation professionnelle qualifiante propre au thermalisme (Certificat de Qualification Professionnelle Agent thermal), et l'élaboration d'un système de management de la sécurité sanitaire adapté (certification Aquacert).
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
119
L'action collective et la croissance retrouvée
Les maires des communes thermales se joignent en association (l'Association Nationale des Maires des
Communes Thermales créée en 1995) afin de défendre le thermalisme sous ses aspects politiques,
économiques et sociaux. De même, les exploitants thermaux créent le Conseil National des Exploitants
Thermaux (CNETh) en 2002. Ce syndicat regroupe l’ensemble des établissements thermaux français et
œuvre en faveur d'une meilleure reconnaissance de la médecine thermale. Il travaille, en cohérence avec
les pouvoirs publics, pour aboutir à une Convention Nationale Thermale72
. Cette convention prévoie
notamment les conditions de garantie de qualité des soins, et les mécanismes de prise en charge
financière des cures. De plus, une régulation étroite se met en place sur le plan du contrôle sanitaire.
Ainsi, comme l'illustre le Graphe 2, la fréquentation thermale cesse de ralentir à partir de 2007 et la
baisse semble enrayée depuis 2009. En 2016, on compte 588 200 curistes, soit 4,5% de plus qu’en 2015.
La progression cumulée depuis 2009 est de 20,8%, et elle est de 8,7% sur les 3 dernières années. Ce
regain d’intérêt semblerait lié à plusieurs facteurs : la démonstration de la preuve du service médical
rendu des cures thermales encouragée par la profession, l’importance grandissante accordée par les
français à la santé et au bien-être, le vieillissement de la population, et l'inscription de la prévention
comme axe prioritaire de la loi HPST73
.
Graphe 2 - Fréquentation des Curistes Assurés Sociaux
Source : graphe établi à partir de données du Conseil National des Etablissements Thermaux (CNETh)
La fréquentation des 89 stations thermales françaises, compilée chaque année par le CNETh,
permet de comparer l'évolution des fréquentations nationale et landaise. Nous constatons que
les stations thermales landaises bénéficient faiblement de la hausse de la fréquentation
nationale depuis 2009. Elle n'a évolué que de 8,6 % entre 2009 et 2016, alors que celle
nationale a augmenté de 20,8 % sur la même période, même si les tendances semblent
parallèles, comme l'illustre le Graphe 3.
72 Arrêté du 1er avril 2003 portant approbation de la convention nationale thermale entre les caisses d’Assurance
maladie et le CNETh.
73 Loi « Hôpital, Patients, Santé, Territoire » du 21 juillet 2009.
480 000
500 000
520 000
540 000
560 000
580 000
600 000
2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014 2016
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
120
Graphe 3 - Fréquentation thermale entre 2009 et 2015
Source : graphe établi à partir de données du Conseil National des Etablissements Thermaux (CNETh)
L'évolution de la fréquentation thermale moins favorable dans les Landes74
en comparaison
avec la moyenne nationale, semble concerner principalement la station thermale de Dax
comme l'illustre le Graphe 3. En effet, la station thermale de Dax, qui réalise plus de 60% de la
fréquentation du département des Landes, a connu une stagnation et même une baisse de sa
fréquentation entre 2010 et 2015, alors que les autres stations du département, comme la
moyenne nationale, bénéficiaient d'une fréquentation globalement en progression sur cette
période. L'on peut toutefois noter que Dax retrouve en 2016 son niveau de fréquentation de
2009.
Graphes 4 - La fréquentation dans les stations thermales des Landes entre 2009 et 2016
74 Les Landes comptent cinq stations thermales (Dax, Eugénie-les-Bains, Préchacq-les-Bains, Saint-Paul-lès-Dax,
et Saubusse) (carte en Annexe 3).
-4%
-3%
-2%
-1%
0%
1%
2%
3%
4%
5%
6%
2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016
France
Landes
-10,00%
-5,00%
0,00%
5,00%
10,00%
15,00%
20,00%
2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016
Saubusse
Préchacq-les-Bains
France
Saint-Paul-lès-Dax
Eugénie-les-Bains
Landes
Dax
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
121
L'évolution singulière de la fréquentation thermale landaise conduit à penser que le
thermalisme dans les Landes présente des particularités.
2.3.2. Les particularités du champ organisationnel du thermalisme dans les Landes
Le thermalisme dans les Landes présente la particularité de compter de nombreux acteurs en
interactions, et de combiner différentes logiques institutionnelles.
2.3.2.1. Les acteurs du champ du thermalisme dans les Landes
L'exploration empirique a permis d'identifier les catégories d'acteurs du champ du thermalisme
dans les Landes : les exploitants thermaux, les collectivités territoriales, les médecins, les
régulateurs, les curistes, les universités et centres de formation, les fournisseurs, et les
chambres consulaires. Nous les présentons ci-dessous leurs comportements stratégiques.
Les exploitants thermaux des Landes
Les exploitants thermaux des Landes ont pour activité principale le thermalisme médical, et
développent des cures thermales libres non conventionnées. La plupart ont opéré une
diversification concentrique vers deux types d'activités complémentaires au thermalisme
médical. Le premier est l’hébergement et la restauration, et le second comporte des activités
thermales non médicales (spa, aqualudisme).
La concentration de l'activité thermale sur deux stations Dax et sa voisine Saint-Paul-lès-Dax
(qui comptent respectivement 1375
établissements thermaux et 3 établissements thermaux pour
un total de 19 sur le département) est unique en France. Comme la majorité des stations
thermales, les trois autres stations thermales des Landes (Eugénie-les-Bains, Préchacq-les-
Bains, Saubusse) ont un seul établissement thermal.
Les exploitants des établissements thermaux landais ne sont pas homogènes. Cette diversité
tient à l'évolution de la propriété des établissements, et en particulier des établissements des
stations thermales de Dax et de Saint-Paul sur la période 2012-2016. Deux évènements ont
déclenché cette évolution.
75 Dax compte 13 établissements thermaux, mais 12 ont été en activité entre 2013 et 2016.
0 5 000
10 000 15 000 20 000 25 000 30 000 35 000 40 000 45 000 50 000
2009
2016
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
122
Le premier événement est lié au désengagement de la commune de Dax de l'exploitation puis
de la propriété des établissements thermaux de la société d'économie mixte la Compagnie
Thermale de Dax (SEM CTD). En effet, après avoir subdélégué en 1997 au groupe ACCOR
l’exploitation des établissements dont elle était propriétaire, la commune de Dax en avait repris
l'exploitation en gestion directe suite au retrait du groupe hôtelier en 201076
. Puis, suite à des
difficultés financières, la SEM CTD a été mise en procédure de sauvegarde en 2011, et la
commune s'est ensuite progressivement séparée de ses établissements thermaux. Ainsi, trois
établissements thermaux ont été cédés à des exploitants privés entre 2012 et 2015, et un
établissement (Le Splendid) encore propriété de la ville de Dax, est confié pour son
exploitation à un groupe hôtelier (Vacances Bleues) qui le convertira en hôtel 4 étoiles
(ouverture prévue en 2018) et ne proposera pas des cures thermales conventionnées.
Le deuxième événement est lié à la fusion du groupe familial local Thermadour (comptant cinq
établissements thermaux) et de l'exploitant thermal Les Thermes des Arènes, et à la prise de
participation majoritaire d'un fonds d’investissement bancaire au nouveau groupe ainsi formé77.
Ainsi, à côté des modes d'exploitation traditionnels du thermalisme dans les Landes, par les
thermes familiaux d'une part, et par des exploitants privés suite à la cession de l'exploitation
publique pour les thermes de la SEM CTD d'autre part, l'exploitation de près de la moitié des
établissements thermaux landais est conduite depuis 2013 par des investisseurs extérieurs au
secteur et au territoire. Par ailleurs, l'opérateur thermal leader national (La Chaîne Thermale du
Soleil) exploite deux établissements thermaux landais (Eugénie-les-Bains, Préchacq-les-Bains)
dont il a la propriété. Le Tableau 18 présente les modes d'exploitation distincts et le nombre
d'établissements concernés selon leur situation géographique. Le Tableau 19 détaille les 19
établissements thermaux des Landes en 2016.
Tableau 18 - Les modes d'exploitation des établissements thermaux des Landes
Mode d'exploitation des
établissements thermaux
Nombre
d'établissements Situation géographique
Etablissements exploités par les
entreprises familiales
propriétaires
8 7 à Dax, 1 à Saubusse
Etablissement acquis par fonds
d'investissements 7
Deux groupes d'investissements : l'un
exploite 3 établissements à Dax et 3 à
Saint-Paul-lès-Dax, et un autre groupe
exploite un établissement à Dax
Etablissements rachetés par un
investisseur indépendant, non
originaire du secteur, qui en
assure l'exploitation et la
direction
2 2 établissements à Dax
Etablissements appartenant à un
groupe thermal leader au niveau
national
2 1 établissement à Eugénie-les-Bains, et 1
établissement à Préchacq-les-Bains
76 La conclusion anticipée du contrat d'exploitation par ACCOR des établissements de la SEM CTD, relève des
désaccords concernant le non respect des obligations d'investissements de la part des deux parties, et de la faible rentabilité de l'activité thermale.
77 Ce groupe nommé Arenadour compte six établissements thermaux, devient leader localement et un acteur majeur sur le plan national.
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
123
Tableau 19 - Les établissements thermaux des Landes en octobre 2016
Commune
thermale
Etablissement thermal Propriété / Exploitation
Dax
Thermes de l'Avenue
Thermes Bains Saint Pierre
Thermes Bains Sarrailh
Thermes Bérot
Thermes Borda
Thermes Les Ecureuils
Thermes indépendants.
Entreprises familiales depuis leur création.
Thermes Foch Thermes achetés aux créateurs en 2008 par un
investisseur indépendant.
Dax O'Thermes
Thermes achetés par un
groupe d'investissement
en 2012
Thermes achetés à la
Compagnie
Thermale de Dax,
SEM dissoute en
2013. Thermes Daxadour
Thermes achetés par un
investisseur indépendant
en 2013
Thermes Jean Nouvel Thermes achetés par la
famille Bérot en 2015
Thermes du Grand Hôtel
Thermes Les Arènes
Thermes Régina
Thermes du groupe Arenadour (résultat de la
fusion en 2013 du groupe Thermes Adour et des
Thermes Les Arènes).
L'actionnaire majoritaire est un fonds
d'investissements.
Saint-Paul-Lès-Dax Thermes des Chênes
Thermes de Christus
Thermes Sourcéo
Eugénie-les-Bains Thermes d'Eugénie-les-Bains
Propriétés de la Chaîne Thermale du Soleil. Préchacq-les-Bains Thermes de Préchacq-les-
Bains
Saubusse Thermes de Saubusse Thermes indépendants.
Entreprise familiale depuis leur création.
Les exploitants thermaux landais sont réunis au sein du syndicat des Etablissements Thermaux
Landais (SETL), et la plupart sont membres du cluster thermal Aquitain (Aqui O Thermes).
Les exploitants thermaux de Dax et Saint-Paul-lès-Dax sont rassemblés en association afin
d'organiser collectivement la promotion du territoire thermal du Grand Dax.
Pour compléter cette présentation des exploitants thermaux dans les Landes, il convient de
mentionner que Dax compte l'un des deux hôpitaux thermaux français. L'hôpital thermal de
Dax est un établissement de santé publique qui dispose d'un service adapté à prise en charge de
curistes atteints de pathologies lourdes ou handicapantes.
Les collectivités territoriales impliquées dans le thermalisme dans les Landes
Diverses collectivités territoriales sont impliquées dans le thermalisme dans les Landes. Nous
présentons les acteurs concernés : la région Aquitaine, le département des Landes, la
communauté d'agglomération du Grand Dax, et les communes thermales.
Le Conseil Régional d'Aquitaine78
contribue depuis de nombreuses années à l'activité
thermale de la région, et du département des Landes en particulier. En effet, la politique
régionale en faveur du thermalisme est prévue dès 1994 par le Conseil Economique et Social
78 L'analyse porte sur la Région Aquitaine, et pas sur la Région Nouvelle Aquitaine, en raison de la période de
collecte de données.
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
124
d'Aquitaine. Considérant l'importance du thermalisme tant dans la vie économique et sociale,
que dans l'aménagement de l'espace aquitain, il est décidé dans le cadre du Contrat de Plan
Etat-Région 1994-1998, de mettre en œuvre un Plan Thermal Aquitain afin de coordonner
l'activité thermale et d'aller au-delà des subventions financières ponctuelles accordées jusque là
aux communes et syndicats intercommunaux, seuls bénéficiaires des subventions régionales.
Une des priorités d'actions retenues concernait la qualité de la ressource en eau et des soins, et
mettait particulièrement l'accent sur la recherche. Jusque là, la majorité des projets financés par
la Région concernaient l'amélioration de l'accueil des curistes (infrastructures, équipement de
loisirs, hébergement). Pour cela, un Comité Scientifique et Technique était constitué afin
d'orienter les interventions de la Région, et un Comité Régional du Thermalisme était chargé
d'examiner les dossiers de demande de prise en charge. Ainsi, depuis la fin des années 1990, la
région Aquitaine est intervenue sur plusieurs types d'actions : l'amélioration de l'hygiène et de
la qualité des prestations et des installations des établissements thermaux aquitains, la
recherche appliquée et les études cliniques, et la formation des personnels. Dans le cadre du
plan thermal aquitain, les aides régionales ont permis la modernisation des établissements
thermaux en Aquitaine. Les établissements thermaux landais ont reçu 70% des subventions
octroyées par la région entre 1995 et 1997. La Région a contribué à financer pour moitié la
construction de l'Institut du Thermalisme en 2005, seul institut universitaire en France dédié à
l'activité thermale, et participe au financement de la formation des personnels dans le cadre de
son plan régional de formation. La Région a soutenu en 2009 la mise en place du cluster
thermal aquitain AQUI O Thermes, et participe au budget annuel du cluster à hauteur de 40%
des ressources publiques. Accompagné jusqu'en 2012 par le Conseil Régional comme une
filière touristique à valoriser, le thermalisme est depuis 2013 spécifiquement géré par la
commission en charge du développement économique.
Le montant des aides régionales en faveur du thermalisme landais sur la période 2007-2012
s'est élevé à 1,368 millions €, soit 44% des aides versées pour le thermalisme au niveau
régional.
Au-delà du soutien financier, le Conseil Régional d'Aquitaine est intervenu politiquement en
1999 pour défendre la prise en charge des soins de cures thermales, dont la réduction était
proposée par le directeur de la CNAM de l'époque.
Le Conseil Départemental des Landes soutient le thermalisme comme l'une des filières
touristiques principales des Landes. En effet le thermalisme est inscrit dans les engagements
du département à travers le "schéma départemental de développement du tourisme et du
thermalisme" depuis 2010. Les aides du département visent à renforcer le thermalisme
médicalisé, et faire évoluer l'offre pour aller vers un tourisme de santé. Ainsi, les aides sont
dirigées vers trois types de bénéficiaires : l'Institut du Thermalisme (mise à disposition de
personnel, subventions de fonctionnement, subventions de recherche), les communes (la
maîtrise de la qualité de la ressource et des équipements thermaux, l'aménagement urbain lié
au bien-être, les études et recherche en matière de tourisme de santé), et les hôtels intégrés aux
établissements thermaux (extension ou modernisation).
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
125
Par ailleurs, le Comité Départemental du Tourisme des Landes réalise régulièrement des
études auprès des curistes afin de mieux connaître leur profil et leurs attentes, et s'est doté d'un
club de promotion du thermalisme afin de proposer une stratégie de communication pour
valoriser le thermalisme landais.
La Communauté d’agglomération du Grand Dax soutient le thermalisme, par sa
contribution financière au cluster thermal aquitain à hauteur de 30% des ressources publiques,
soit 15% de l'ensemble des ressources. Les stations thermales voisines de Dax et de Saint-
Paul-lès-Dax font de l'agglomération du Grand Dax la première destination thermale en France
avec 60 900 curistes en 2016.
La promotion du thermalisme de ces stations, menée conjointement par les offices de tourisme
des deux communes, est transférée en 2016 à un office intercommunal de tourisme et de
thermalisme en application de la loi NOTRe79
.
Les communes thermales
Les maires des cinq stations thermales landaises en activité80
font partie de l'Association
Nationale des Maires des Communes Thermales (ANMCT), qui a pour but de défendre le
thermalisme sous ses aspects politiques, économiques et sociaux ; de favoriser son
développement et ses activités annexes, telle que la valorisation du patrimoine thermal et
l'activité touristique en général dans les communes concernées.
En tant que communes classées en stations thermales81
, les communes de Dax et Saint-Paul-
lès-Dax disposent sur leur territoire d'un casino82
, dont le prélèvement sur le produit des jeux
contribue aux recettes municipales. Elles perçoivent également les taxes de séjour prélevées
sur les curistes.
Dans les Landes, l'implication des communes est variable selon les stations. La ville de Dax
est un acteur historique particulièrement impliqué dans le thermalisme. Longtemps propriétaire
d'établissements thermaux, la ville de Dax en a également assuré périodiquement la gestion au
moyen de la SEM Compagnie Thermale de Dax.
La ville de Dax contribue financièrement au fonctionnement du cluster thermal aquitain
puisqu'elle participe autant que la communauté d'agglomération aux ressources du cluster
thermal aquitain (30% des ressources publiques, soit 15% de l'ensemble des ressources).
Les communes thermales landaises de Dax, Saint-Paul-lès-Dax et Saubusse sont propriétaires
de la ressource thermale. La commune de Dax est particulièrement impliquée dans la
79 Loi n° 2015-991 du 7 août 2015 portant nouvelle organisation territoriale de la République.
80 La station thermale de Tercis-les-Bains a cessé son activité en 2001, par décision préfectorale suite à la découverte de bactéries dans le réseau d'eau thermale.
81 Une commune est classée station thermale si elle est inscrite à la Nomenclature Générale des Actes
Professionnels (NGAP) de l’Assurance maladie, ce qui permet de donner lieu au remboursement par l’Assurance maladie des soins de cures thermales reçus dans la station.
82 Article 1er de la loi du 15 juin 1907.
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
126
production et la distribution de l'eau minérale naturelle et du péloïde83
, confiée à la Régie des
Eaux et Boues de Dax.
Les médecins thermaux landais
Les 45 médecins thermaux landais sont en relation avec les exploitants thermaux pour le suivi
médical des curistes. Ce sont des acteurs indispensables au thermalisme puisqu'ils prescrivent
les soins thermaux. Parmi eux, les 38 médecins thermaux de Dax et Saint-Paul-lès-Dax sont en
relations au sein de la Société des Médecins Thermaux de Dax.
Les curistes des établissements thermaux landais
Une étude menée en 2009 par le Comité Départemental des Landes84
, permet de dresser un
profil des curistes des établissements thermaux landais. Comme les personnes en cure sur
l'ensemble des établissements thermaux en France85
, les 3/4 des curistes venus dans les Landes
sont retraités et ils ont 65,5 ans d'âge moyen. Ce sont des habitués des cures thermales puisque
seuls 15% effectuent une cure thermale pour la première fois. Ils sont fidèles aux stations
thermales landaises puisque seul un quart des curistes venait en 2009 dans les Landes pour la
première fois.
Les régulateurs du thermalisme dans les Landes
L'ARS d'Aquitaine, outre l'exercice du contrôle sanitaire des exploitants thermaux landais, a
instauré dans le cadre de l'animation territoriale du système de santé, des conférences de
territoire dans lesquels les exploitants thermaux landais ne sont pas, à notre connaissance,
représentés pour leur propre compte. Cependant, certains acteurs du thermalisme landais
entrent dans leur composition, par exemple : des médecins thermaux, au titre de professionnel
de santé libéral ; des élus des collectivités territoriales dans lesquelles sont situés des
établissements thermaux ; des usagers du thermalisme, représentés par une association agréée ;
et des membres d'organismes œuvrant dans le domaine de la promotion de la santé.
Les fournisseurs des exploitants thermaux landais
Les fournisseurs en ressource thermale dans les Landes, principalement eau minérale naturelle
et boues, sont le plus souvent des établissements publics. Comme au niveau du secteur, ce sont
des fournisseurs uniques et de première importance pour les établissements thermaux.
Ainsi, par exemple, la Régie des eaux et de boues de Dax est l'unique fournisseur des
établissements thermaux de Dax pour l'eau thermale et le péloïde, et de Saint-Paul-lès-Dax
83 Boue utilisée en thérapeutique thermale. Le péloïde de Dax est le résultat d'un procédé pharmaceutique unique
au monde de préparation de produit thermal à base de limon de l'Adour, d'eau minérale, d'algues et de bactéries thermales.
84 Etude menée auprès de 3945 curistes en partenariat avec la Chambre de Commerce et d'Industrie des Landes, l'Institut du Thermalisme et le Syndicat des Etablissements Thermaux Landais.
85 Etude menée en 2006 par le CNETh et TNS HealthCare auprès d'un échantillon de 112 419 curistes.
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
127
pour le péloïde uniquement86.
Dans l'objectif de pérenniser l'activité thermale sur la station, les
tarifs en eau minérale naturelle et péloïde sont fixés par la Régie des eaux et de boues de Dax
de manière à contribuer au maintien d'une marge pour les exploitants thermaux.
Les fournisseurs de conseil et ingénierie accompagnent les établissements thermaux dans leurs
évolutions, dans leurs démarches qualité et de maîtrise des risques sanitaires. Un cabinet de
conseil en gestion de la qualité basé à Dax, et spécialisé dans l'activité thermale, a ainsi
contribué à la création d'un système de management de la sécurité sanitaire87
, en collaboration
avec le ministère de la santé, le syndicat national des exploitants thermaux (CNETh), et les
associations nationales de curistes.
Les universités et centres de formation liées au thermalisme dans les Landes
L'Université de Bordeaux comporte deux composantes dont les activités sont directement liées
au thermalisme dans les Landes. La première est le Laboratoire Hydrologie-Environnement,
accrédité pour l'analyse de la qualité des eux minérales naturelles utilisées pour les soins dans
les établissements thermaux. La seconde est l'Institut du Thermalisme qui propose des
formations aux personnes destinées à exercer leur activité professionnelle en particulier dans
ce secteur88
, et conduit des projets de recherche appliquée en lien avec les besoins des
exploitants thermaux. En outre, le GRETA des Landes propose une préparation au Certificat
de Qualification Professionnel (CQP) agent thermal en partenariat avec l’Institut du
Thermalisme.
La Chambre de Commerce et d'Industrie des Landes
La Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI) des Landes accompagne les exploitants
thermaux et rend un service d’études et d’information, notamment sur les curistes par
l’Observatoire du Thermalisme.
Ainsi, les différents acteurs du thermalisme, à la fois les organisations et les personnes
physiques, sont étroitement liés. De plus, de nombreuses personnes physiques se trouvent
impliquées dans plusieurs associations professionnelles nationales. Le Tableau 20 présente les
principales associations professionnelles du thermalisme dans lesquelles les acteurs landais
sont impliqués.
86 En effet, le groupe Thermadour, seul exploitant à Saint-Paul-lès-Dax est propriétaire du forage et accède par ses
propres moyens à la ressource en eau minérale naturelle. Ce groupe est propriétaire d'un forage à Dax également et s'approvisionne partiellement en eau auprès de la régie de Dax.
87 Certification Aquacert
88 Licences professionnelles (techniques et gestion des eaux de santé, management des centres de remise en forme et bien-être par l'eau, et santé par l'alimentation) et en DU (pratiques hydrothermales).
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
128
Tableau 20 - Les associations professionnelles du thermalisme
FTCF - Fédération Thermale
et Climatique Française
Créée en 1924, elle a pour objet l'étude de tous les problèmes
se rattachant à la vie des stations thermales ou climatiques et la
coordination de tous les efforts en vue du développement du
thermalisme et du climatisme. Elle fédère :
les communes dotées d'établissements thermaux
le Conseil National des Exploitants thermaux (CNETh)
le Syndicat National des Médecins des Stations
Thermales
la Société Française de Médecine Thermale
les fédérations thermales régionales
des conseils généraux ayant des stations thermales sur
leurs territoires
AFTh - Association
Française des Techniques
hydro thermales
Créée en 1968, cette société savante a pour objet de développer
des techniques d’utilisation de l’eau thermale et la démarche
qualité. Elle regroupe les spécialistes (ingénieurs, techniciens,
gestionnaires, fournisseurs, fabricants, bureaux d’études,
scientifiques...) ayant un intérêt scientifique et universitaire
pour les techniques thermales.
ANMCT – Association
Nationale des Maires de
Communes Thermales
Créée en 1995, elle a pour but de défendre le thermalisme sous
ses aspects politiques, économiques et sociaux ; de favoriser
son développement et ses activités annexes, telle que la
valorisation du patrimoine thermal et l'activité touristique en
général dans les communes concernées.
CNETh - Conseil National
des Etablissements
Thermaux
Créé en 2002, il regroupe l’ensemble des établissements
thermaux français et œuvre en faveur de l'amélioration et à une
meilleure reconnaissance de la médecine thermale. Il travaille,
en cohérence avec les pouvoirs publics, et notamment auprès
de l’Assurance Maladie, du Ministère des Affaires Sociales et
de la Santé, et du Ministère du Budget. Il se donne une mission
d’information pour faire connaître et reconnaître les atouts de
cette médecine millénaire. Son budget de fonctionnement est
constitué des cotisations des établissements thermaux et des
communes thermales au prorata du nombre de curistes
conventionnés accueillis.
AFRETh – Association
Française pour la Recherche
Thermale
Créée en 2004, elle a pour but « de promouvoir la recherche
scientifique appliquée à l’activité des établissements
thermaux, et notamment la recherche clinique ».
Les 3 membres fondateurs de cette association représentent
les diverses facettes de l’activité thermale au plan national :
l’ANMCT pour les stations et l’environnement territorial, la
FTCF pour les acteurs scientifiques, médicaux et
économiques du thermalisme, et le CNETh pour les
établissements thermaux. C’est un outil de haut niveau qui
permet, entre autre, de mener à bien l’évaluation du service
médical rendu (SMR) par la médecine thermale. Les projets
de recherche clinique portés par l’AFRETh sont financés par le CNETh et l’ANMCTh.
Ainsi, nous avons constaté que les divers acteurs du thermalisme dans les Landes sont en
interactions, et en particulier les exloitants thermaux et les collectivités territoriales impliquées
financièrement.
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
129
En outre, il apparaît de notre analyse qualitative que les acteurs du thermalisme dans les
Landes sont soumis à plusieurs logiques institutionnelles, entendues comme des ensembles de
croyances, de valeurs, et des pratiques socialement partagées (Friedland et Alford,1991).
2.3.2.2. Les différentes logiques institutionnelles
Les logiques institutionnelles sont des prescriptions sociales, "tenues pour acquises", guidant le
comportement des acteurs du champ (Thornton et Ocasio, 2008).
Les données collectées (par entretiens, observations, documentations) nous permettent
d'identifier quatre logiques institutionnelles, qui fondent des comportements des acteurs du
thermalisme dans les Landes : une logique de marché, une logique de santé, une logique
publique, et une logique politique. Une description de chaque logique précisant les acteurs qui
l'adoptent met en évidence l'intrication des logiques dans l'environnement institutionnel du
thermalisme dans les Landes.
La logique de marché
Même si le thermalisme a une vocation médicale, les exploitants thermaux sont pour les trois-
quarts des organisations privées dont la pérennité repose sur une logique de marché, selon
laquelle la rentabilité est recherchée au moyen d'une offre répondant à la demande des clients.
En tant qu'opérateurs de la médecine thermale, les exploitants thermaux réalisent 90%89
de leur
chiffre d'affaires par les cures thermales conventionnées et prises en charge par l'Assurance
Maladie. Cependant, afin de se distinguer de leurs concurrents et de s'adapter aux mutations du
marché, les exploitants thermaux différencient leur offre de cures libres non conventionnées, et
se diversifient (spa, thermoludisme, par exemple) comme nous l'avons abordé dans la Section
1 de ce chapitre.
Ainsi, au-delà des cures thermales conventionnellement d'une durée de 18 jours et prises en
charge par l'Assurance Maladie, des formules de courts séjours, de quelques jours à une
semaine, qui ne donnent pas lieu à remboursement, complètent l'offre thermale en réponse aux
attentes des clients. Ces mini-cures attirent les accompagnants des curistes, ou même des
curistes qui souhaitent entretenir les bienfaits de la cure annuelle. Elles ne représentent
cependant qu'une faible part de la fréquentation des établissements.
Des diversifications sont alors entreprises afin de satisfaire une clientèle plus variée, ou des
touristes de passage dans la station thermale. Ainsi, de nombreux établissements thermaux
s'équipent d'un « spa » thermal et proposent des soins individuels (modelages et esthétiques),
d’un espace fitness, et disposent d'une piscine d'eau thermale dédiée à leur clientèle.
De plus, afin de développer leurs parts de marché sur le secteur des activités de détente et de
bien-être liées à l'eau, un exploitant thermal landais a créé un centre thermoludique, proposant
des bassins et des jeux d’eaux alimentés en eau minérale naturelle.
89 Selon les données du CNETh.
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
130
Le thermoludisme et le spa thermal permettent aux établissements thermaux de mieux répartir
leur activité sur l’ensemble de l’année, puisqu'ils sont généralement fermés de novembre à
mars. Cette diversification vise également à redynamiser l’activité thermale médicale grâce à
l’impact sur la qualification, la motivation du personnel et la démarche commerciale qu’elle
suppose. Ces activités ont également pour objectif de rajeunir l’image du thermalisme,
longtemps jugée « vieillotte ».
Logique de santé
Le thermalisme a une vocation médicale. C'est une pratique de santé ancestrale comme nous
l'avons présentée dans l'Encadré 1 de cette section, résumant l'histoire du thermalisme en
France. La Société française d'hydrologie et de climatologie médicales, appelée aujourd'hui
Société Française de Médecine thermale, est une des plus anciennes sociétés savantes
médicales en France. Elle a un rôle moteur dans l'évaluation de la médecine thermale, et dans
la précision des indications du thermalisme. De plus, depuis 2004, l’association française pour
la recherche thermale (AFRETh), financée par les exploitants thermaux et les communes
thermales, est engagée dans l'étude du service médical rendu (SMR) par le thermalisme90
.
L'apport de la preuve scientifique du SMR par le thermalisme permet de répondre aux attentes
du ministère de la santé et de la caisse d'Assurance Maladie, dans le cadre de la Convention
nationale thermale, et vise le maintien de la prise en charge des cures thermales.
De plus, dans l'objectif d'affirmer la légitimité du thermalisme en santé publique, certains
exploitants thermaux proposent des programmes d'éducation thérapeutique du patient (ETP), et
contribuent à la prévention, inscrite comme une priorité nationale dans la loi HPST91
. Dans le
cadre de la prévention des maladies chroniques, les établissements thermaux contribuent à la
mise en place de programmes d'ETP, validés par les ARS, soumis à prescription médicale, et
facturés aux curistes. Ils développent par ailleurs des actions en éducation et promotion de la
santé, dont le développement est encouragé et soutenu par les ARS.
La logique publique
Les collectivités territoriales s'impliquent pour soutenir et développer le thermalisme dans les
Landes, comme nous l'avons abordé en présentant les acteurs du champ, dans un objectif
d'intérêt général sur le plan économique, puisqu'ils considèrent le thermalisme comme un
secteur d'activités, générateur d’emplois.
Les régulateurs (préfet, ARS, Caisse régionale d'Assurance Maladie), et les composantes
concernées de l'Université de Bordeaux (Institut du Thermalisme, Laboratoire Hydrologie-
Environnement) agissent selon la logique publique de part leurs missions d'intérêt général sur
les plans sanitaires en particulier.
90 Quatre études qui démontrent le SMR par le thermalisme ont été publiées dans des revues scientifiques
internationales : Maâthermes sur les problèmes de poids, Thermatrose sur l’arthrose du genou, Stop-Tag pour le
trouble anxieux généralisé, et Pacthe sur le bien être de la femme ayant subi un traitement pour le cancer du sein.
91 La loi « Hôpital, Santé, Patient » du 21 juillet 2009, a défini l’ETP comme une thérapeutique à part entière, structurée par un cadre règlementaire.
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
131
Plus largement, les chambres consulaires répondent à la logique publique puisqu'elles
remplissent des missions d'intérêt général en faveur des acteurs économiques.
La logique politique
Les élus des collectivités territoriales landaises s'impliquent pour soutenir l'activité thermale au
plan national. Un groupe d’études Climatisme et Thermalisme, constitué à l’Assemblée
Nationale afin de défendre les causes en faveur du thermalisme lors des débats, est co-dirigé
par un député landais.
Ainsi, nous constatons que le thermalisme dans les Landes est un champ organisationnel
complexe, puisque de multiples logiques institutionnelles cohabitent (Scott, 1987). Les acteurs
sont alors soumis à des régulations, des ordres normatifs et des logiques culturelles diverses.
Le Tableau 21 permet de visualiser que les principaux acteurs du champ opèrent selon
plusieurs logiques institutionnelles, mettant ainsi en relief l'intrication des quatre logiques
institutionnelles. Nous observons en particulier les exploitants thermaux, acteurs centraux du
thermalisme, qui obéissent à la fois aux logiques de marché et de santé. Ce faisant, ils
construisent une identité idiosyncrasique et deviennent des organisations « hybrides » (Gilbert
et al., 2012). Selon (Battilana et Dorado, 2010), sont dites « hybrides » des organisations qui
combinent différentes logiques.
Tableau 21 - Chevauchement des logiques du thermalisme dans les Landes
Logique de marché Logique de santé Logique publique Logique politique
Exploitants thermaux
Collectivités territoriales
Médecins,
paramédicaux
Régulateurs
Curistes
Organismes complémentaires santé
Fournisseurs
Universités et centres de formation
Chambres consulaires Chambres consulaires
Or, Reay et Hinings (2009) ont montré que des logiques institutionnelles concurrentes peuvent
coexister par le développement de relations de coopération entre les acteurs. Cettte coexistence
constitue donc un axe particulier aux relations de coopération du thermalisme, dans les Landes
en particulier, et nous cherchons à en connaître les perceptions par les exploitants thermaux,
acteurs centraux.
3. Les caractères révélés des CIOT : analyse qualitative
L'analyse du champ du thermalisme dans les Landes a mis en évidence que les acteurs sont
amenés à intéragir selon une pluralité de logiques qui se chevauchent. Afin de comprendre
comment ces interactions sont liées aux coopérations, nous nous intéressons aux perceptions
des acteurs, ce qui, selon la posture interprétativiste adoptée, donne à voir les significations
qu'ils accordent à leur réalité. Ainsi, le recueil des perceptions des exploitants thermaux sur les
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
132
relations entre les acteurs du champ, et sur leurs coopérations, nous permettra ensuite de
décrire les CIOT du thermalisme dans les Landes.
3.1. Des entretiens semi-directifs pour recueillir les perceptions des directeurs
des établissements thermaux sur les CIOT et les relations entre acteurs du
champ
Nous avons cherché à recueillir les perceptions des directeurs des établissements thermaux
(exploitants thermaux) sur les relations professionnelles entre les acteurs du thermalisme dans
les Landes et sur leurs coopérations. Pour cela, nous avons utilisé une approche qualitative.
Nous utilisons la méthodologie décrite par Miles et Huberman (2003), selon trois activités :
condensation des données collectées, présentation des données, et vérification des données.
Nous avons mené ces trois types d'activités analytiques en parallèle, avant, pendant et après la
collecte de données.
La condensation de données renvoit « à l'ensemble des processus de sélection, centralisation,
simplification, abstraction et transformation des données brutes » (Miles et Huberman, 2003,
p. 29). Elle consiste à rédiger des résumés de notes d'observation de terrain et des synthèses
documentaires, à retranscrire des entretiens, à réaliser des codages de l'ensemble de ces
sources, à repérer des thèmes, etc. Nous avons condensé les données collectées tout au long de
cette investigation.
La deuxième activité consiste à présenter les données, c'est-à-dire à assembler les informations
de façon organisée, de manière à permettre d'en tirer des conclusions. Face à la difficulté de
présenter une information dense en vue de son interprétation, nous avons complété les
narrations, par des tableaux qui facilitent la synthèse et permettent de tirer des conclusions
justifiées.
Notre collecte des données a été orientée dès le début de la recherche car nous commencions à
envisager des explications possibles des comportements stratégiques observés. Ainsi, nous
avons procédé à une série d'entretiens semi-directifs afin de collecter les données de
perceptions des exploitants thermaux sur les interactions entre acteurs du thermalisme dans les
Landes et sur leurs coopérations. L'entretien en face-à-face est privilégié, car c'est une méthode
d'enquête qui permet d'obtenir des informations profondes et riches, notamment sur les sujets
impliquant personnellement le répondant. Les entretiens semi-directifs ont été menés avec les
directeurs des 10 entreprises thermales du Grand Dax.
Le guide d'entretien
Le guide d'entretien (Tableau 22) est construit afin d'amener progressivement le répondant vers
le thème central de la recherche : la coopération d'acteurs d'un secteur sur un territoire.
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
133
Tableau 22 - Thèmes du guide d'entretien semi-directif
Thème 1 Comment caractérisez vous l'activité stratégique principale de votre entreprise,
ou ses activités si vous en exercez plusieurs?
Thème 2 Cette activité ou ces activités, est-elle -ou sont-elles- marquée(s) par votre
histoire ? celle du thermalisme ? Comment voyez -vous l'avenir pour votre
établissement?
Thème 3 Pour vous, quels critères mesurent la valeur de votre activité ?
Thème 4 Quels sont les 3 ou 4 principaux facteurs environnementaux qui
conditionneront l'avenir de votre entreprise, de ses activités, de leurs évolutions ?
Thème 5 Quelles sont les catégories de relations sociales professionnelles que vous jugez
importantes pour envisager vos évolutions stratégiques ?
Thème 6 Que pensez-vous des stratégies collectives avec les autres acteurs du thermalisme
ou de secteur connexes ? Sur quoi pourraient-elles porter, avec quels moyens et
organisations, avec quels difficultés et freins ?
Notre guide d'entretien comprend tout d'abord des questions de fait (au sens de Grawitz, 2001),
qui sont susceptibles d'attirer « des réponses ayant le plus de chances d'être vraies » (ibid., p
678), et qui permettent de débuter l'entretien sans gêner le répondant. Ainsi, les thèmes 1 à 3
du guide d'entretien visent une description par le répondant des activités stratégiques
principales de l'entreprise qu'il dirige, et de leurs évolutions. Ces questions ont permis de
compléter les informations collectées préalablement lors de la phase exploratoire.
La question du thème 4 est une transition qui permet de vérifier les données collectées lors de
la phase exploratoire.
La question du thème 5 invite alors le répondant à indiquer les catégories de relations sociales
professionnelles qu'il juge importantes pour envisager les évolutions stratégiques. Cette
question repose sur deux éléments théoriques saillants retenus au chapitre 2 : l'encastrement
social de toute activité économique (Granovetter, 1985), et l'hypothèse que le développement
stratégique des entreprises d'un territoire et d'un secteur repose sur celui des pratiques
relationnelles (Begalli et al, 2014 ; Charters et Michaux, 2014). Une relance sur ce thème
permet de demander au répondant de préciser les informations échangées,
La question du thème 6 est une question d'opinion. Il s'agit de collecter des informations sur ce
que le répondant pense des coopérations stratégiques. L'expression « stratégie collective » a été
préférée à celle de « coopération » pour coller au vocabulaire utilisé des professionnels, tel que
nous l'avons relevé au cours de la recherche exploratoire. L'expression « coopération » évoque
pour eux une sémantique davantage abstraite, voire liée à la diplomatie. L'éviter favorisait une
empathie recommandée pour la conduite de l'entretien. Cette liberté de choix de vocabulaire,
peut selon nous, se justifier par la proximité des définitions des « stratégies collectives »
(Hawley, 1950)92
et de la « coopération » (Koenig, 1996)93
. Nous pensons que nous pouvions
transférer les résultats de l'analyse des perceptions des stratégies collectives à notre objet de
recherche, sans risque de biais. Le test du questionnaire a confirmé la compréhension du terme
92 La stratégie collective se définit comme la mobilisation conjointe de ressources et la formulation d'actions
communes entre des collectivités d'organisation (Hawley, 1950).
93 Koenig (1996, p. 264) définit la coopération en ces termes : « Un comportement concerté qui a pour motif d’améliorer la position relative de ses auteurs ou d’aménager le contexte de leur action. »
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
134
« stratégie collective », et les réponses à cette question étaient bien relatives à la «
coopération » des acteurs.
En fin d'entretien, au thème 6, des questions de relance sont prévues concernant les objets des
coopérations, et les moyens et types d'organisations avec lesquels des coopérations
stratégiques peuvent être mises en place, ainsi que sur les difficultés et les freins envisagés.
Le guide d'entretien a été testé auprès d'un directeur d'établissement thermal. Il est apparu que,
suite à notre première phrase d'introduction pour orienter l'entretien vers ses visions
stratégiques, le répondant a discouru spontanément de l'évolution du thermalisme en général,
et de son entreprise en particulier. Cette première partie d'entretien spontanée a permis de
recueillir des données correspondant à certains thèmes prédéterminés. Cependant, laisser parler
librement le répondant, a fait courir le risque de ne plus disposer suffisamment de temps pour
aborder l'ensemble des thèmes prédéterminés. Il a alors été décidé de débuter l'entretien en
indiquant que l'échange portait sur six thématiques, et de poser ensuite la question du premier
thème.
La Conduite des entretiens
Nous avons mené 13 entretiens individuels semi-directifs avec les dirigeants des
établissements thermaux du Grand-Dax, dans leurs bureaux, de mars à octobre 2015 (Annexe
4). Ces entretiens d'une durée variant de 1 heure à 3 heures, ont fait l'objet d'une prise de notes.
Les répondants ont été assurés de l'anonymat et de la confidentialité des données.
Les répondants ont répondu de manière aisée aux questions des trois premiers thèmes ; ils
prenaient plaisir à expliquer les réalisations et projets de leurs entreprises, et à partager leur
vision de l'avenir du secteur. Alors qu'ils listaient ensuite les principaux facteurs
environnementaux qui conditionnent l'avenir de l'activité thermale en France, ils venaient à
citer et expliciter des problématiques locales du secteur. Certains sont même assez
naturellement venus aborder les thèmes suivants, sans que l'on ait eu besoin de les questionner.
En effet, leur logique de discours les conduisait à évoquer les catégories de relations sociales
professionnelles jugées importantes pour envisager leurs évolutions stratégiques, ainsi que les
coopérations avec les autres acteurs. Si le discours des répondants n'a pas nécessairement suivi
l'ordre du guide d'entretien, notre empathie couplée à notre connaissance des problématiques
du secteur, nous a permis de les amener vers les thèmes prévus.
Nous avons choisi de ne pas enregistrer ces entretiens compte tenu du caractère sensible du
sujet, susceptible de générer une menace pour les personnes étudiées (Renzetti et Li, 1993, cité
par Condomines et Hennequin, 2013). Le sujet de la coopération, et en particulier celui des
relations sociales professionnelles, sont des sujets sensibles.
De plus, l'entretien semi-directif sollicité, semblait être perçu comme la poursuite d'échanges.
En effet, à l'occasion de réunions locales et lors d'événements professionnels de portée
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
135
nationale94
, nous avons pu échanger de manière informelle avec des directeurs d'établissements
thermaux, au sujet de leurs préoccupations de gestion (stratégie, marketing, ressources
humaines). Notre intérêt pour comprendre les problématiques de l'activité thermale, associé à
notre position de chercheur au sein de l'Institut du Thermalisme, nous ont permis d'établir une
relation professionnelle avec les directeurs d'établissements thermaux préalablement à ces
entretiens semi-directifs. Nous avons eu recours à la prise de notes au mot, tout en maintenant
un échange de regards avec le répondant afin de lui montrer que nous entendions son propos,
et ainsi l'encourager à poursuivre. Nous sommes conscients que les entretiens enregistrés
permettent de recueillir des données plus exhaustives et plus fiables que la prise de notes.
Mais, nous pensons que le non enregistrement des entretiens a permis de recueillir des
réponses plus longues et argumentées : « puisque vous n'enregistrez pas, je peux vous dire ... »
avons nous entendu plusieurs fois.
Nous avons ainsi obtenu un corpus95
constitué des retranscriptions des treize entretiens semi
directifs, soit 36 pages (16940 mots).
L'analyse de contenu
L'objectif de notre analyse de contenu était de rendre compte des représentations des dirigeants
des entreprises thermales sur les coopérations. Seuls les thèmes 5 et 6, centraux pour notre
recherche (les catégories de relations professionnelles jugées importantes pour envisager les
évolutions stratégiques de l'entreprise, et les stratégies collectives) ont fait l'objet d'une analyse
de contenu96
.
Nous avons privilégié une analyse thématique à d'autres types d'analyse de données
textuelles97
. Nous disposons en effet d'un corpus hétérogène issu des « stratégies discursives et
[les] schèmes idéologiques des locuteurs » Fallery et Rodhain (2007, p.4).
Nous avons envisagé d'utiliser un logiciel d'analyse qualitative (Sphinx Quali ou SONAL)
pour opérer cette analyse, et réduire les biais d'interprétation. En effet, une analyse de contenu
non informatisée, présentait le risque d'être influencée par nos préjugés. Cependant, compte
tenu de la taille limitée du corpus (13 entretiens98
), nous avons opté pour une analyse
« artisanale[s] » de contenu (Bardin, 2007, p. 12).
94 Nous avons par ailleurs pu présenter l'avancement de notre travail de recherche doctorale aux directeurs des
établissements thermaux interviewés, à l'occasion d'une réunion du cluster thermal aquitain (Aqui O Thermes) en octobre 2014.
95 Le corpus est défini par Bardin (2007, p. 127) comme l'ensemble des documents pris en compte pour être soumis aux procédures analytiques.
96 Les thèmes 1 à 4 ont servi, d'une part à vérifier les éléments de contexte, dont nous avons pris connaissance en
phase exploratoire, et d'autre part, à conduire progressivement l'entretien vers les thèmes 5 et 6.
97 Des facteurs de choix entre des analyses lexicales, linguistiques, cognitives et thématiques sont suggérés dans la
communication de Fallery et Rodhain à la XVI Conférence de l'AIMS, Montréal, 6-9 Juin 2007
98 Les 13 entretiens avec les directeurs des 10 établissements thermaux sont rendus anonymes et numérotés ET1 à
ET10. Pour trois entreprises, nous avons mené un entretien avec deux personnes différentes, car les fonctions de
direction étaient depuis peu partagées, avec de nouveaux collaborateurs moins expérimentés dans le secteur thermal. Nous avons distingué l'entretien avec la deuxième personne, en le numérotant « bis ».
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
136
Nous avons pratiqué le codage des données en établissant les « catégories d'une analyse de
contenu » (Grawitz, 2001, p. 697), pour obtenir une « description précise des caractéristiques
pertinentes du contenu » (Holsti, 1969, cité par Bardin, 2007, p. 134).
Pour cette opération, nous avons combiné deux approches : celle de Miles et Huberman
(2003), avec une « liste de départ » de codes, qui correspondent à des catégories définies a
priori, et celle de Strauss et Corbin (1990), d'une démarche inductive pour laisser émerger les
catégories. Ainsi, nous avons établi une grille catégorielle, listant les maîtres codes par
catégorie, à partir des thèmes de notre guide d'entretien. Ensuite, la lecture « flottante »99
de
chaque compte-rendu d'entretien, nous a permis d'inventorier les éléments de réponse,
formulés par des phrases ou des portions de phrase, qui constituent des unités d'analyse. La
catégorisation a alors consisté à classer les unités d'analyse dans des sous catégories, et à leur
attribuer des codes communs en raison de caractéristiques sémantiques communes.
Par exemple, nous sommes partie du maître code CAT indiquant les catégories de relations
sociales professionnelles jugées importantes, et avons incrémenté des codes pour les sous
catégories mises à jour, comme par exemple CAT-COL (catégories-collectivités locales) et
CAT-CON (catégories-concurrents).
Au fil de cette lecture « flottante » nous repérions des unités d'analyse, qui n'entraient dans
aucune sous catégorie définie jusque là. Nous ajoutions alors de nouvelles sous catégories afin
de traiter l'ensemble du corpus. La liste des sous catégories a ainsi été complétée au fur et à
mesure de notre lecture.
Nous avons ensuite procédé à une lecture approfondie de chaque transcription d'entretien, afin
de repérer la présence/absence des unités d'analyse, et d'énumérer leurs fréquences. Nous
partons en effet du postulat posé par Bardin (2003), selon lequel une catégorie/sous-catégorie
est d'autant plus significative que les unités d'analyses correspondantes sont répétées avec une
plus grande fréquence.
Enfin, nous avons retraité notre grille catégorielle, en procédant au regroupement de certaines
sous-catégories lorsque nous constations des fréquences cumulées faibles, et que le
regroupement avait du sens pour l'analyse. Par exemple, nous avons regroupé les catégories de
relations sociales professionnelles CAT-KIN (kinés salariés) et CAT-AGT (agents thermaux),
dans une seule catégorie CAT-AGT (agents thermaux et kinés) et ajouté les fréquences
d'occurrence des deux catégories regroupées. Notons que nous n'avons pas regroupé certaines
sous-catégories alors que leur fréquence était faible, car même marginales, elles constituaient
des catégories intéressantes pour l'interprétation.
Notre analyse de contenu a alors été menée à deux niveaux, selon un processus itératif : une
analyse verticale afin de déchiffrer chaque entretien, et une analyse horizontale afin de repérer
les répétitions fréquentielles des unités d'analyse sur l'ensemble des entretiens. Ces deux
niveaux d'analyse ont été menés conjointement.
99 Ce qualificatif est issu de l'ouvrage de Bardin (2007, p. 126), et désigne une lecture dont l'objectif est de faire
connaissance avec le corpus.
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
137
Comme recommandé par Bardin (2003), nous avons très souvent eu recours aux unités de
contexte (paragraphes) pour saisir la signification des unités d'analyse, et réaliser le codage des
données. Par exemple, lorsqu'il est fait mention de concurrence par un répondant, les unités de
contexte ont guidé la catégorisation de l'unité d'analyse. Lorsque l'unité d'analyse se rapportant
à la concurrence fait partie d'un paragraphe relatif aux catégories de relations sociales
professionnelles jugées importantes, l'unité d'analyse a été codée CAT-CON. Par contre,
lorsque l'unité d'analyse se rapportant à la concurrence est relative à des difficultés de
coopération, elle a été codée DIF-CON.
Afin de s'assurer la fiabilité du codage, il est recommandé d'avoir recours à plusieurs codeurs
(Thiétart, 2014). Cependant, la connaissance intime du terrain requise dans notre cas, nous a
fait coder seule, et afin d'assurer la stabilité du codage, nous avons répété le codage à deux
périodes distinctes100
. Ces deux opérations de codage ont donné des catégorisations de données
très similaires.
La catégorisation de notre corpus est synthétisée dans une grille catégorielle (Annexe 5).
Afin de préparer notre analyse des coopérations des acteurs du thermalisme dans les Landes,
nous avons procédé au repérage de verbatims simultanément à la codification. Nous avons
exclusivement sélectionné des verbatims signifiants du thème de la coopération, afin de rendre
compte d'une manière plus authentique les perceptions des individus sur ce thème (Ganassali,
2008). Les verbatims extraits sont classés par élément sur lesquels portent l'analyse (Annexe
6).
Au total, nous disposons d'un large volume de données, collectées par des techniques diverses.
Les entretiens, observations et documents ont permis non seulement de conduire une analyse
stratégique du secteur du thermalisme et de proposer une analyse néo-institutionnelle du
thermalisme dans les Landes, comme nous les avons présentées, mais les données obtenues ont
également complété l'analyse de contenu des perceptions des exploitants thermaux sur les
coopérations entre les acteurs, afin de proposer une interprétation des CIOT du thermalisme
dans les Landes. La Figure 21 schématise les sources de données qualitatives et leurs
utilisations dans notre recherche.
Figure 21 - Les sources de données qualitatives et leurs utilisations
100 Nous avons mené le codage une première fois en octobre 2015, suite au dernier entretien réalisé, et une
deuxième fois en avril 2016.
Entretiens
+
Observations
+
Documents
Présenter le secteur du thermalisme
en France
Décrire le champ organisationnel du
thermalisme dans les Landes
Entretiens semi-directifs Interpréter les coopérations inter-
organisationnelles territorialisées du
thermalisme dans les Landes
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
138
3.2. Une interprétation des CIOT du thermalisme dans les Landes
Un retour à la littérature sur les CIOT présentée dans le Chapitre 1 donne du sens aux données
collectées, et conduit à notre interprétation des CIOT du thermalisme dans les Landes. Nous
exposons tout d'abord un bref historique des CIOT du thermalisme dans les Landes issu de
l'analyse qualitative réalisée. Nous dégageons ensuite les principales difficutés des CIOT.
3.2.1. Un bref historique des CIOT du thermalisme dans les Landes
Une présentation sous forme historique, détaillée en trois périodes, nous semble pertinente
pour mieux comprendre la situation étudiée.
L'émergence des coopérations du thermalisme dans les Landes
Dès le XIXe siècle des relations de coopération permettent le développement du thermalisme
dans les Landes, puisque les premiers « bains médicaux » ont été construits à Dax par des
entrepreneurs privés sous l'impulsion du maire de la ville, souhaitant bénéficier de l'arrivée du
chemin de fer pour développer cette activité ancestrale.
Dans la phase de croissance du thermalisme, consécutive à la prise en charges des cures par
l'Assurance Maladie à partir de 1947, la coopération entre les établissements thermaux des
Landes s'organise. Leur dépendance vis à vis des autorités de tutelle, et en particulier de la
Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes, a
entraîné dans les années 1970-80 la réunion de tous les exploitants thermaux Landais, privés et
publics101
, au sein d'un syndicat professionnel local (Syndicat des Etablissements Thermaux
Landais - SETL), afin de défendre notamment les prix des soins thermaux. Un directeur
d'établissement thermal, répondant à l'entretien semi-directif se remémore : « on avait intérêt à
se rencontrer », et il précise « le fait d'avoir la ville à ses côtés, c'était important ».
Déclin du thermalisme : organisation des acteurs pour renforcer leur coopération
Suite à l'ère de croissance du thermalisme jusque dans les années 1990, un déclin du nombre
de curistes s'amorce, dans les Landes comme pour l'ensemble des stations thermales en France.
Ainsi, à la fin des années 2000, les pouvoirs publics locaux constataient une érosion des parts
de marché du Grand Dax (incluant les deux villes thermales de Dax et Saint-Paul-lès-Dax),
alors que le thermalisme était « le moteur de l'activité économique de l'agglomération »102
. En
effet, l'activité thermale générait un important chiffre d'affaires, et plusieurs milliers d'emplois
directs et indirects dans les secteurs de la santé, de l'hôtellerie-restauration et du commerce103
.
Première destination thermale de France (13 % de part de marché nationale), l'agglomération
représentait 85 % du thermalisme landais et 70 % du thermalisme aquitain. Les pouvoirs
publics locaux ont alors impulsé la construction d'un plan de développement de la filière.
101 La ville de Dax était alors propriétaire de cinq établissements exploités par la société d'économie mixte «
Compagnie Thermale de Dax » (SEM CTD).
102 Grand DAX - Contrat d’agglomération, 2009 -2014, p72
103 Un tiers des commerçants réalisaient plus de 20% de leur chiffre d'affaires avec la clientèle thermale du
département selon l'Observatoire économique du thermalisme (« Les ressources du thermalisme landais », 2010).
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
139
Conforté par le Service Médical Rendu du thermalisme démontré scientifiquement, et par
l'évolution démographique à priori porteuse pour le secteur thermal, le plan de développement
définissait une stratégie commune, qui reposait sur une large collaboration des acteurs locaux
autour du renforcement des liens entre la recherche, la formation et les entreprises thermales :
« le travail en réseau et le renforcement des coopérations apparaissent comme un pré-requis à
la réussite de cette démarche ».104
La mise en œuvre de ce plan de développement s'est
accompagnée de la création d'une instance de gouvernance, de type cluster. L'enjeu du cluster
AQUI O Thermes créé en 2009, est de « fédérer des acteurs publics et privés pour créer de
nouvelles opportunités, mutualiser les moyens pour élaborer des projets innovants »105
.
Une évolution difficile des coopérations locales
La création du cluster AQUI O Thermes et l'avènement du syndicat national (CNETh), ont
entraîné une évolution de la coopération entre les acteurs du thermalisme dans les Landes,
jusque là portée par le syndicat professionnel local (SETL). Un directeur d'établissement
thermal interviewé indique : « Le collectif, nous l'avons pratiqué des années 1970 jusqu'aux
années 2000. » La création des deux nouvelles instances de gouvernance de la coopération, ont
restreint le rôle du syndicat « historique », tel qu'il est qualifié par un directeur interviewé, tant
au niveau local que national. A présent, les exploitants thermaux, héritiers des fondateurs des
thermes ou repreneurs extérieurs, « n'ont pas les habitudes du SETL », raconte un directeur
d'établissement thermal interviewé. En effet, les exploitants thermaux disposent de multiples
occasions d'être en relations. Ainsi, les membres du cluster (établissements thermaux,
collectivités locales, instituts de formation et de recherche, chambres consulaires) échangent
dans ce cadre à l'occasion de l'assemblée générale, et des réunions du conseil d'administration
et du bureau. Ils travaillent ensemble au sein de groupes thématiques (mutualisation des
ressources, formation, recherche et innovation, communication, par exemple). D'autres acteurs
du thermalisme (offices de tourisme, médecins thermaux, fournisseurs, consultants),
partenaires du cluster (Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie), sont invités à
participer à leurs échanges. Certains directeurs d'établissements thermaux, peuvent par ailleurs
être en relations lors de commissions du CNETh (communication, affaires sociales, par
exemple). De plus, un événement annuel national (les Rencontres Nationales du Thermalisme)
organisé par les diverses fédérations du thermalisme106
, est l'occasion pour les acteurs du
thermalisme Landais de se retrouver, et d'échanger sur le développement du secteur. Ces
multiples occasions d'échanges, aux niveaux national et local, pour l'ensemble des acteurs du
thermalisme Landais, et en particulier pour les exploitants thermaux, ont aujourd'hui réduit le
spectre des activités et de l'influence du SETL. Cependant, de nombreux directeurs
d'établissements thermaux landais déplorent le manque d'opportunités de communiquer entre
eux exclusivement, alors que le syndicat leur en offrait la possibilité. Un directeur
d'établissement interviewé constate en effet que « le syndicat, on n'en fait rien. (...) Il ne nous
104 Grand DAX - Contrat d’agglomération, 2009 -2014, p73
105 Extrait du site web www.aquiothermes.fr
106 Fédération Thermale et Climatique Française (FTCF), Association Nationale des Maires de Communes
Thermales (ANMCT), Conseil National des Etablissements Thermaux (CNETh), Association Française des
Techniques hydro thermales (AFTh), Association Française pour la Recherche Thermale (AFRETh), et la Société Française de Médecine Thermale (SFMTh).
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
140
informe pas. On a l'info du CNETh directement ». Certains directeurs d'établissements
thermaux regrettent l'extinction actuelle de leur syndicat, et la baisse de leur coopération. L'un
d'eux témoigne « Avant avec le syndicat, on avait deux réunions (...). Maintenant une seule par
an. On n'est pas assez groupés. (...) J'aimerais qu'on se rencontre plus souvent ». Cependant,
pour un directeur d'établissement thermal, le syndicat représente « un carcan » qui freine le
développement, car il serait « associé avec la mairie ».
De même, pour un autre directeur d'établissement thermal, « les limites de l'action collective
sont liées à l'histoire des relations politiques ». Les relations politiques semblent « trop
lourdes » pour certains directeurs. L'un d'eux parle même de « mafia dacquoise ».
Ainsi, nous constatons que, pour le thermalisme dans les Landes, comme dans le cas de
nombreux secteurs et territoires étudiés dans la littérature (Asselineau et Cromarias, 2011 ;
Barabel et al., 2004 ; Mendez et Mercier, 2006 ; Michaux et al. , 2014), les coopérations
héritées du passé, entravent les coopérations à développer, pourtant jugées nécessaires pour
pérenniser un secteur sur un territoire.
Ainsi, malgré de nombreux facteurs positifs pour l'avenir du secteur thermal (vieillissement de
la population, persistance des maladies chroniques, intérêt croissant des Français pour les
thérapies naturelles, effets iatrogéniques des médicaments, importance de la prévention en
faveur de la réduction des dépenses de santé de l’Etat, etc.), tous les acteurs, privés et publics,
constatent que les Landes, et Dax en particulier, ne bénéficient pas de la hausse de
fréquentation de l'ensemble des stations thermales françaises depuis le début des années
2010107
. Les acteurs du thermalisme local expriment cependant la nécessité de se rassembler
afin de saisir les opportunités de croissance pour la filière thermale (établissements thermaux,
collectivités locales, médecins, offices de tourisme, instituts de formation et de recherche,
etc.), portées par une demande en hausse.
Cependant notre analyse qualitative fait apparaître les difficultés des CIOT du thermalisme
dans Landes.
3.2.2. Les difficultés des CIOT du thermalisme dans les Landes
Nous retenons trois difficultés largement évoquées par les acteurs, et les détaillons ci-dessous :
- des difficultés de coopération entre les exploitants thermaux et les collectivités territoriales ;
- des difficultés de coopération entre les exploitants thermaux concurrents sur le territoire du
Grand Dax ;
- des difficultés à définir un territoire de coopération.
107 Sur la période 2011-2016, la fréquentation des établissements thermaux français a connu une hausse de 14%,
alors qu'elle n'est que de 4,7% pour les landais. La fréquentation du Grand Dax est de 2,4% : celle de Dax a
baissé de -0,7% et celle de Saint-Paul-Lès-Dax a progressé de 14,9%. Ces valeurs ont été calculés à partir des
chiffres de fréquentation communiqués par les établissements thermaux et les offices de tourisme au CNETh. Ces chiffres comprennent uniquement les fréquentations en cures remboursées par l'Assurance Maladie.
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
141
3.2.2.1. Les difficultés de coopération entre les exploitants thermaux et les
collectivités territoriales
Certains directeurs d'établissement thermaux perçoivent un manque d'implication de la ville
depuis la cessation d'activité de la Compagnie Thermale de Dax. Auparavant, les actions de
communication de la ville pour soutenir le thermalisme, bénéficiaient aux établissements
thermaux publics, tout en soutenant indirectement les établissements privés. Pour un directeur
d'établissement thermal, une implication publique actuelle moindre dénote que « la station et
les collectivités n'ont pas de stratégie pour la station », alors que « dans l'intérêt général, tout le
monde peut trouver sa voie ». Selon les directeurs d'établissements thermaux, le maintien du
soutien financier de la ville pour communiquer sur la destination thermale de Dax, se
justifierait par l'enjeu économique et social que représente le thermalisme, notamment en terme
d'emplois directs et induits108
. Ils revendiquent un poids économique local important, et
réclament une promotion du territoire par les collectivités publiques, mettant en avant
principalement le secteur thermal. Ils considèrent que les pouvoirs locaux ne valorisent pas
suffisamment le secteur thermal du territoire. Les directeurs d'établissements thermaux
déplorent un manque d'intérêt de la part des collectivités publiques locales pour leurs
exploitations, et ont l'impression de ne pas être compris : « ils ne s'intéressent pas à nous ». Les
directeurs d'établissement thermaux perçoivent un désengagement de la ville concernant la
communication de l'activité thermale. Ainsi, un directeur d'établissement thermal rapporte un
débat au sujet du financement de la communication : « en réunion, ils [les élus] disent qu'il faut
que ce soit les thermaux, mais c'est toute une ville qui vit du thermalisme ». Un autre précise :
« On a nos comptes de résultat à tenir. La place du politique, c'est la valorisation du territoire.
La promotion du territoire et du département ne dépend pas de nous ». Pour d'autres : « je ne
comprend pas que l'on n'ait pas pu faire une pub pour vanter le thermalisme des Landes »,
« l'objectif serait de créer une destination, sur laquelle on va pouvoir communiquer », « il
faudrait une vraie communication collective portée par un projet commun », et « il faut arrêter
de diluer (les dépenses en communication) ».
Pour leur part, les pouvoirs publics locaux, souhaitent que les directeurs d'établissements
soient davantage actifs, et ne comptent pas uniquement sur les dépenses publiques pour
communiquer en faveur du secteur thermal. La demande d'une participation financière aux
établissements thermaux, pour composer le budget du Club de Promotion du Thermalisme et
du Tourisme de Santé Landais109
, a été perçue à son lancement en 2013, comme une
« révolution » par les responsables d'établissements thermaux.
Face à des logiques divergentes, contraignantes pour la coopération, l'instance de gouvernance
de la coopération tente de fédérer et favoriser les liens entre les acteurs privés et publics.
108 1400 emplois directs et 7200 emplois induits (Grand DAX - Contrat d’agglomération, 2009 -2014)
109 Le Club de Promotion du Thermalisme et du Tourisme de Santé Landais, créé à l'initiative du Comité
Départemental du Tourisme des Landes, regroupe les acteurs privés et publics des Landes (établissements thermaux, offices de tourisme, cluster AQUI O Thermes, collectivités locales).
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
142
L'instance de gouvernance de la coopération remise en question
Des difficultés de coopération entre les acteurs locaux, privés et publics, apparaissent au sujet
de l'instance de gouvernance du thermalisme sur le territoire, le cluster AQUI O Thermes.
AQUI O Thermes110
est la structure d'une gouvernance mixte, assurée à la fois par les acteurs
privés et publics. Elle compte une quarantaine de membres qui se réunissent une fois par an en
assemblée générale, et est administrée par un Conseil d'Administration, réuni deux fois par an,
composé de 18 représentants (9 représentants pour le collège Entreprises, 4 représentants pour
le collège Formation-Recherche, et 5 représentants pour le collège Institutionnels). Le collège
Entreprises est exclusivement constitué d'établissements thermaux. Le collège Formation-
Recherche inclut les chambres consulaires (CCI et Chambres des métiers et de l'artisanat). Le
collège Institutionnels regroupe les collectivités locales (Région Aquitaine, Département des
Landes, Agglomération du Grand Dax, Comité Départemental du Tourisme des Landes). Le
bureau, présidé par un membre du collège Entreprises, et d'un vice président issu de chacun
des collèges, est chargé de la gouvernance stratégique. La gouvernance opérationnelle est mise
en œuvre par l'animateur du cluster et deux collaborateurs, chargés de piloter les groupes de
travail composés de membres (communication, recherche et innovation, mutualisation,
formation).
AQUI O Thermes est l'instance de gouvernance territoriale, sous forme mixte, à dominante
privée, puisque le bureau est composé majoritairement de directeurs d'entreprises. Les acteurs
publics locaux sont des parties prenantes internes, qui contribuent au budget du cluster à
hauteur de 50%. AQUI O Thermes a pour objectif de favoriser les coopérations, et a
notamment facilité la mutualisation des ressources, et la mise en place de projets de recherche
et développement, qui permettent aux établissement thermaux de baisser leurs charges.
Les directeurs d'établissements thermaux ont des attentes élevées vis à vis du cluster AQUI O
Thermes. Certains s'interrogent sur son efficacité pour développer le secteur, en raison du
nombre important d'acteurs dans le cluster, de leur hétérogénéité, et d'une implication jugée
trop forte des pouvoirs publics locaux.
Le nombre d'acteurs privés et publics, est perçu par les responsables d'établissements
thermaux, comme source de grandes difficultés pour la coopération. Un répondant témoigne :
« les difficultés sont liées au nombre de thermes, au nombre d'institutions ». Un autre
répondant précise que « Pour décider, il ne faut pas être trop nombreux. Au cluster, tous les
acteurs sont présents. Avec l'agglo [Grand Dax], il y a des villages qui n'ont pas intérêt à y
participer (...) ». Un répondant constate que dans « les réunions où on est le plus, rien
n'avance ».
Par ailleurs, du fait de l'implication des acteurs publics locaux, jugée trop forte, certains
directeurs d'établissements thermaux envisageraient une organisation fondée sur la coopération
entre établissements thermaux uniquement. Pour un directeur d'établissement thermal, « il y a
un réel souci de monopole et de contrôle de la ville de Dax. On n'a le choix de rien. On est
110 AQUI O Thermes, association loi 1901, labellisée depuis 2011 « grappe d'entreprises » par la Délégation
interministérielle à l’aménagement du territoire et à l’attractivité régionale (DATAR).
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
143
obligé de traiter avec eux »111
. Pour un autre, « AQUI O Thermes est une très bonne idée à la
base. (...) Mais il dépend trop de la ville. (...) Ce serait bien de créer un AQUI O Thermes de
dirigeants d'établissements thermaux sans l'interaction de la ville, sans l'Office de Tourisme,
sans la Régie des Eaux ». D'autres partagent ce point de vue : « Il faudrait se mettre autour de
la table sans les élus », « Pourquoi les institutionnels devraient se [le cluster] l'approprier? Pour
des jeux de pouvoirs? », « Je supprimerais AQUI O Thermes. Inutile. A quoi sert-il? On
pourrait former un club de thermaux informel. »
Par ailleurs, le renforcement de la coopération entre acteurs privés, souhaité par les directeurs
d'établissements thermaux, est confronté au défi de la coopétition comme l'indique notre
analyse de contenu.
3.2.2.2. Le défi de la coopétition entre exploitants thermaux sur le territoire du
Grand Dax
Des coopérations nécessaires entre concurrents
Le thermalisme Landais présente la singularité d'une forte coopétition sur le territoire. A la fois
concurrents et partenaires, les 15 établissements thermaux du Grand Dax doivent gérer le
paradoxe d'un destin individuel et d'un destin commun. Un directeur d'établissement thermal
indique que « Le fait d'être uni, et faire des actions collectives est indispensable. » Selon un
autre, « Le collectif, tout le monde est d'accord », et pour un autre, « c'est dommage de ne pas
tirer profit de cette force d'être 15 établissements ». Au-delà des coopérations pour la
mutualisation des ressources, et le développement de la recherche et de l'innovation pour
diminuer les charges, notamment suite au renforcement des contrôles sanitaires exigés par le
Code de la Santé Publique, la coopération est recherchée pour faire face à leurs concurrents
communs situés dans d'autres régions. Les établissements thermaux du Grand Dax sont
particulièrement attentifs à la progression de Balaruc-les-Bains, qui a remplacé Dax depuis
2014 à la tête du classement des stations thermales françaises en nombre de curistes
conventionnés112
.
Quelques répondants illustrent l'importance du « collectif » en mentionnant la pratique du
rugby, sport très pratiqué dans le Sud Ouest de la France, et soutenu par des entreprises
locales, notamment thermales : « quand on est groupé, on a une force de pénétration
supérieure », et « plus on est, plus on est fort ensemble ». La coopération semble conditionnée
à l'existence d'un « intérêt commun », comme l'indiquent certains directeurs : « Il faudrait que
l'on puisse avoir une stratégie collective », « un projet commun ».
Cependant, l'hétérogénéité des établissements thermaux rend la coopération davantage
complexe. Selon un répondant : « il y a 15 établissements différents, avec des moyens
différents, des personnes différentes ». De plus, selon un autre : « on a l'impression que
111 La Régie des Eaux et Boues de Dax est le fournisseur exclusif d'eau thermale et de boue, nécessaires à
l'activité des établissements thermaux, à l'exception de deux établissements thermaux fournis par leur propre source.
112 Un nouvel établissement thermal a ouvert à Balaruc-les-Bains (Languedoc-Roussillon-Midi Pyrénées) en 2014, afin de remplacer deux établissements devenus vétustes.
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
144
certains roulent pour eux, et les autres sont exclus. Il y a un déséquilibre ». Le cluster AQUI O
Thermes pourrait jouer le rôle de l'acteur tiers, qui facilite des coopétitions équilibrées. Pour un
répondant, « je pensais qu'avec AQUI O Thermes, on pourrait faire plus, mais le fait qu'on soit
si nombreux sur une si petite ville, on est obligé de se bouffer ». De même, pour un autre
répondant : « la difficulté, c'est le nombre d'établissements thermaux ».
Des difficultés de coopétition variables selon le niveau de la chaîne de valeur
Les établissements thermaux qui collaborent au sein du cluster AQUI O Thermes pour la
mutualisation de certains achats et de la R&D, se retrouvent en concurrence pour attirer des
curistes dans leurs établissements respectifs. Conformément aux travaux menés par Gnyawali
et al., (2010), la coopération dans les premières étapes de la chaîne de valeur (R&D et
sourcing) ne semble pas poser de problème, alors qu'elle devient complexe dans les niveaux de
la chaîne de valeur qui sont proches des clients, tels que la communication et la
commercialisation. La commission chargée de la communication du cluster Aqui O Thermes a
ainsi rencontré des freins à la mise en place d’une communication commune à tous les
établissements lors d'un salon professionnel annuel national (Les Thermalies), dans lequel ils
sont exposants sous le pavillon commun de Dax. La communication portait sur une cure
libre113
, de courte durée, non remboursée par l'Assurance Maladie. Or les diversifications du
thermalisme, entendues comme les cures qui sortent du champ de la convention nationale
thermale et qui ne sont pas remboursées par l'Assurance Maladie, relèvent d'une pratique
concurrentielle. A l'opposé, la coopération semble plus aisée pour les cures
« conventionnées », pour lesquelles des tarifs et des soins thermaux identiques sont pratiqués.
Des stratégies de diversification différentes (spa thermal tourné vers le bien être pour certains,
cure courte en thermalisme médical pour d'autres) apparaissent comme une difficulté à la
coopération. Un directeur d'établissement thermal estime que « le problème de Dax, c'est qu'on
fait tous des choses différentes ». A l'opposé, d'autres considèrent que l'isomorphisme
contraindrait le développement du secteur thermal sur le territoire. En effet, un répondant
considère que « la station et le Grand Dax s'enferment dans le thermalisme médical. C'est pas
parce qu'on va faire du bien-être que l'on va galvauder le thermalisme médical ».
Nous constatons que les difficultés de coopération, entre établissements thermaux d'une part, et
entre établissements thermaux et collectivités locales d'autre part sont centrées sur
l'agglomération du Grand Dax. Or le territoire de coopération du thermalisme, institué par les
pouvoirs publics, dépasse ce périmètre, et recouvre les territoires définis administrativement,
des Landes, et plus largement de l'Aquitaine.
3.2.2.3. Des difficultés à définir le territoire de coopération
Les établissements thermaux landais, adhérents au Conseil National des Etablissements
Thermaux, dispensent des soins aux assurés sociaux, et ne sont pas juridiquement des
113 Lancée en janvier 2013, la cure Ossentiel est une offre de court-séjour pour prévenir et soulager les maux de
dos et problèmes de jambes lourdes. De durée inférieure à 18 jours, elle n'entre pas dans le champ de la convention nationale thermale et n'est pas remboursée par l'assurance maladie.
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
145
établissements de santé. Ils participent pourtant au système de santé dans les territoires, et sont
soumis à l'organisation territoriale du système de santé dans le cadre de la loi HPST114
. Le
territoire de coopération, entre exploitants thermaux et collectivités territoriales d'une part, et
entre exploitants thermaux d'autre part, pour le maintien et le développement du secteur
thermal, se définit de manière indépendante des territoires de santé prévus par la loi HPST.
Un cluster thermal Aquitain
Si l'on se réfère à l'histoire des coopérations du thermalisme dans les Landes, le cluster AQUI
O Thermes est issu d'une initiative publique locale (agglomération du Grand Dax). Or, le
cluster thermal a été soutenu dès sa création par la région Aquitaine qui participe au budget du
cluster115
.
Qualifié de « cluster thermal aquitain », le périmètre du territoire est indiqué dans son nom
AQUI O Thermes. Cependant, le cluster thermal aquitain est constitué d'un « noyau dur »,
composé des établissements thermaux ancrés sur le territoire du Grand Dax (Dax et Saint-Paul-
lès-Dax).
Les établissements de Saubusse-les-Bains et de Préchacq-les-Bains sont membres du cluster.
L'établissement de Préchacq-les-Bains appartient au groupe leader sur le plan national (La
Chaîne Thermale du Soleil), et l'on peut penser que l'adhésion de cet établissement au cluster,
permet au groupe de se tenir informé de ses activités. A l'inverse, le risque de transfert
d'informations de la Chaîne Thermale du Soleil vers les autres membres du cluster est mince,
du fait de la grande discrétion de sa direction en réunions du cluster. De plus, cet établissement
n'est pas un acteur majeur du cluster, compte tenu des capacités d'accueil de curistes, limitées
par un faible débit d'eau minérale.
Seul un établissement thermal des Landes n'est pas membre du cluster. La non adhésion au
cluster de l'établissement thermal d'Eugénie-les-Bains, qui jouit d'une forte notoriété, constitue,
selon un directeur d'établissement thermal du Grand Dax, la faiblesse du cluster : « Je trouve
dommageable qu'il [le cluster] ne regroupe pas tous les établissements Landais. Le cluster a ses
limites. Pour ce qui se passe au niveau national, le cluster ne compte pas. Il n'est pas connu. Ce
sont les syndicats qui comptent ».
Seul un établissement thermal des Pyrénées-Atlantiques, sur les quatre que compte le
département, est membre du cluster. Les thermes de Salies-de-Béarn ont rejoint le cluster après
sa création, sous la pression des élus du Conseil Régional, afin de développer le cluster au-delà
des Landes.
Le seul établissement thermal du Lot-et-Garonne, Casteljaloux, n'est pas membre du cluster.
En résumé, cinq stations thermales sur les dix que compte le territoire Aquitain, sont
représentées dans le cluster AQUI O Thermes, dont quatre dans le département des Landes.
114 Loi Hôpital, Patients, Santé, Territoire du 29 septembre 2009
115 Le budget du cluster est financé à 50% sur fonds publics dont 37% par le Conseil Régional d'Aquitaine et 63% par l'agglomération du Grand Dax.
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
146
Les difficultés de l'élargissement du territoire thermal
L'élargissement du territoire du cluster AQUI O Thermes par l'élargissement à la grande région
Nouvelle Aquitaine, peut conduire à une diversification des cadres cognitifs des acteurs, et à la
dilution des liens inter-organisationnels initiaux. Le territoire initial de coopération, le Grand
Dax, fonde son identité sur la combinaison de dynamiques économiques et sociales
singulières. Son élargissement, au département des Landes, puis à l'Aquitaine a modifié les
logiques inter-organisationnelles. L'élargissement du territoire de coopération, a permis à de
nouveaux acteurs d'intégrer le cluster, mais a entraîné des difficultés de coopération entre les
acteurs du territoire initial.
On constate fin décembre 2016 la création d'une association des établissements thermaux du
Grand Dax qui ont décidé de se regrouper afin de conduire une campagne de communication
commune pour le territoire thermal de l'agglomération.
Les difficultés liées à la promotion du territoire
Les désaccords entre les acteurs privés et publics, concernant la définition du territoire sur
lequel devrait porter la communication, témoignent de leur difficulté à coopérer.
Pour les directeurs d'établissements thermaux du Grand Dax, la communication devrait porter
sur la destination dacquoise. Pour l'ensemble des directeurs, Dax pourrait être la locomotive du
territoire. Un répondant rappelle les difficultés du choix de territoire pour les communications
passées, et anticipe les difficultés à venir : « vendre l'Aquitaine, qu'est ce que ça peut apporter
à Préchacq ou à Dax? Si on vend Dax, Saubusse va s'en plaindre ». Pour d'autres, « il faut
associer la région, mais pas parler du bassin Aquitain, ni des Landes en général, mais de
Dax », « les gens veulent une destination, Dax, Balaruc, Vichy... ».
Pour les pouvoirs publics locaux, en particulier pour l'agglomération du Grand Dax,
communiquer sur la destination thermale du Grand Dax, permet de promouvoir la place de
première destination thermale de France, auprès des clientèles française et étrangère116
. Par
ailleurs, le transfert de la compétence tourisme aux intercommunalités en lieu et place des
communes, à partir du 1er janvier 2017117
, motive la communication sur la destination du
Grand-Dax.
Le fait que la communication du territoire soit un « outil crucial d’aménagement et de
développement territoriaux au service des régions qui leur permettent de renforcer leur
attractivité et leur identité locale » (Chappoz et Pupion, 2012 ; Houllier-Guibert, 2012), peut
aider à comprendre les difficultés de coopérations stratégiques portant sur la définition du
territoire thermal à promouvoir.
Dans l'objectif de comprendre ces difficultés des CIOT du thermalisme dans les Landes, nous
effectuons un retour vers la grille de lecture théorique proposée dans les deux premiers
116 La destination thermale dacquoise fait partie des huit sites sélectionnés par le programme européen Roman
thermal spa of Europe.
117 Article 68 de la Loi NOTre, du code général des collectivités territoriales.
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
147
chapitres. En effet, notre revue de littérature a mis en évidence que les réseaux de relations
sociales engendrent un capital social collectif qui détermine les CIOT. Selon cette grille de
lecture, les réseaux sociaux du thermalisme dans les Landes engendreraient un capital social
collectif qui déterminerait les CIOT, et permettrait de comprendre les trois difficultés de
coopération évoquées.
Cette grille de lecture guide alors le dispositif méthodologique de l'étude des CIOT du
thermalisme dans les Landes. En effet, nous proposons dans la section suivante une analyse
des réseaux sociaux du thermalisme dans les Landes dans l'objectif de comprendre comment le
capital social (engendré par les réseaux sociaux) détermine les CIOT.
Conclusion de la section 1 : L'analyse qualitative du thermalisme dans les Landes
révèle des difficultés de CIOT
L'analyse qualitative exploratoire (entretiens libres, observations non-participantes,
consultation de documents) a mis en évidence des mutations de l'environnement du
thermalisme en France, en particulier de l'environnement règlementaire. Nous avons par
ailleurs montré l'existence d'une pression concurrentielle forte entre les territoires thermaux, et
explicité la problématique territoriale spécifique du thermalisme dans les Landes. La lecture
néo-institutionnelle du thermalisme dans les Landes souligne la multiplicité d'acteurs en
interactions, et une diversité de logiques institutionnelles en présence. Ainsi, une analyse de
contenu des entretiens semi-directifs, conduits auprès des directeurs des établissements
thermaux, complète notre analyse qualitative et met en évidence les difficultés de coopération
entre les exploitants thermaux et les collectivités territoriales, et entre exploitants thermaux
concurrents géographiquement proches.
Au total, les CIOT du thermalisme dans les Landes se caractérisent par des difficultés relatives
à la gouvernance territoriale et à la coopétition entre exploitants thermaux. Comme les acteurs
du thermalisme dans les Landes sont face à une problématique d'adaptation collective, nous
proposons de comprendre comment sont précisément déterminées les CIOT. Nous pouvons
nous appuyer sur notre revue de littérature présentée dans le chapitre précédent, et introduire le
capital social, ensemble de ressources accessibles via le réseau de relations sociales, qui
facilite les coopérations. L'analyse des réseaux sociaux a été retenue et adaptée pour
comprendre comment le capital social détermine les CIOT. Nous appliquons cette logique au
cas réel du thermalisme dans les Landes, d'abord en faisant apparaître les caractéristiques des
réseaux sociaux engendrant le capital social, puis dans une dernière section en rapprochant le
capital social et les CIOT observées.
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
148
SECTION 2 - MISE EN ÉVIDENCE DES CARACTÉRISTIQUES DES RÉSEAUX SOCIAUX
La méthode développée dans le chapitre précédent, comme permettant d'étudier l'influence du
capital social sur les CIOT, est maintenant déployée dans le cas du thermalisme dans les
Landes. Ainsi, cette section décrit le protocole de collecte des données de réseaux sociaux, et
leur analyse. Nous verrons les spécificités de la conception et de la diffusion d'un questionnaire
générateur de noms dont l'objectif est de fournir un matériau composé d'individus et de
relations caractérisées (1). L'analyse des réseaux sociaux pourra ensuite être mise en œuvre
grâce à la représentation graphique et à la mesure d'indicateurs des propriétés structurales
retenus pour cette méthode (2).
1. Le protocole de collecte des données de réseaux sociaux
Afin de mettre en œuvre la collecte des données de réseaux sociaux du thermalisme dans les
Landes, nous utilisons le protocole préconisé dans le cas d'un réseau inter-organisationnel
territorialisé que nous avons présenté dans le Chapitre 2 (Section 3.1.). Ce protocole nécessite
alors la constitution d'une liste d'acteurs par le chercheur, et la collecte des relations selon la
perception des acteurs. Un questionnaire diffusé par effet « boule de neige » permet alors de
collecter les données de réseaux intégrant les individus répertoriés dans la liste du chercheur, et
ceux qui n'ont pas été envisagés. Au total, les données sont collectées auprès des individus
listés, et de ceux avec lesquels ils sont en relation.
1.1. Une liste initiale des acteurs du thermalisme dans les Landes
Pour initier la collecte, nous avons identifié des individus connus du réseau du thermalisme
dans les Landes. Nous avons utilisé la tactique d'interlock118
qui permet de repérer les acteurs
d'un réseau en retraçant leur appartenance à une institution ou à leur participation à un même
événement sectoriel localement (Eloire et al., 2011 ; Laumann et al., 1983). Cette technique
permet de répertorier les acteurs du réseau prescrit qui correspond au réseau de relations
formelles entre les acteurs dans le cadre d'une institution (Tichy et al., 1979).
Pour cela, nous avons utilisé une liste de professionnels de l'activité thermale ou d'activités
connexes, compilée lors de notre exploration empirique du secteur, et qui comporte 289
individus. Ces individus sont situés principalement dans les Landes, dans les Pyrénées
Atlantiques, et plus largement en région Nouvelle Aquitaine. Figurent dans ce répertoire
également, des individus menant une activité liée au thermalisme sur le plan national au sein
d'associations et syndicats professionnels. Les secteurs connexes et concurrents sont présents
dans une moindre mesure. Quelques personnes du thermalisme situées dans d'autres régions
118 Le terme interlock est généralement non traduit dans les publications scientifiques en langue française. L'on
peut toutefois noter qu'il est traduit par « interconnexion » par Weber et Gomez (2008).
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
149
françaises, et à l'international (Espagne, Italie, Portugal) font aussi partie de ce repérage initial.
Le Tableau 23 liste des exemples pour chaque type d'individus.
Tableau 23 - Exemples d'individus listés
Types
d'individus
Professionnels de
l'activité thermale
situés en région
Nouvelle Aquitaine
Professionnels des
secteurs connexes
et concurrents
situés en région
Nouvelle Aquitaine
Individus menant
une activité liée au
thermalisme sur le
plan national au
sein d'associations
et syndicats
professionnels
Professionnels du
thermalisme situées
dans d'autres
régions françaises,
et à l'international
(Espagne, Italie,
Portugal)
Exemples Responsables
d'établissements
thermaux,
médecins
thermaux,
enseignants-
chercheurs, etc.
Agents et élus des
collectivités
territoriales,
fournisseurs,
commerçants,
journalistes,
responsables
d'établissements de
spa, d'aqualudisme,
de thalassothérapie,
etc.
Responsables
d'associations : des
exploitants
thermaux, de la
médecine thermale,
de la recherche
thermale, des
techniques hydro
thermales, des
maires des
communes
thermales, des
curistes, etc.
Chercheurs,
médecins, agents de
collectivités
territoriales,
responsables
d'établissements
thermaux, etc.
A partir de cette liste de 289 individus, nous avons retenu grâce à la tactique d'interlock, une
liste de 177 individus, acteurs du réseau du thermalisme dans les Landes. Cette liste comprend
les membres d'institutions professionnelles locales (Syndicat des Etablissements Thermaux des
Landes, Club de Promotion du Thermalisme et du Tourisme de Santé, cluster thermal
Aquitain, Société des Médecins Thermaux de Dax), ainsi que les participants à des évènements
professionnels (par exemple, un séminaire du thermalisme organisé par l'agglomération du
Grand Dax) ou à des actions conjointes particulières (par exemple, des opérations de
communication)119
.
La plus grande part des individus listés (70%) est basée dans les Landes, mais cette liste
comprend également des acteurs du thermalisme des Pyrénées Atlantiques et de la Gironde
(24%). Leur proximité géographique (Pyrénées Atlantiques et Gironde sont limitrophes aux
Landes) et institutionnelle avec les acteurs du thermalisme des Landes, nous permet de
supposer l'existence des relations entre ces acteurs. De plus, quelques acteurs impliqués dans le
thermalisme au niveau national et international (6%), identifiés comme des partenaires des
acteurs landais, ont été retenus.
Notons toutefois que pour certaines organisations, notre liste comporte plusieurs individus.
Nous avons décidé de conserver tous les individus, car un individu ne peut être en charge de
l'ensemble des relations avec d'autres organisations. De fait, les relations de chaque individu
peuvent contribuer au capital social de l'organisation. Nous avons toutefois vérifié à l'aide de
119 Les 112 individus qui n'ont pas été conservés pour constituer la liste n'interviennent pas dans les Landes, et
n'ont pas une activité professionnelle connexe au thermalisme (par exemple, la thalassothérapie).
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
150
sources secondaires (par exemple, des organigrammes d'organisations) que les acteurs listés et
retenus relèvent d'un niveau hiérarchique leur octroyant une responsabilité à caractère
stratégique pour leur organisation.
Cette liste de 177 individus correspond à une approche nominaliste de définition des frontières
du réseau. A partir de cette liste, le réseau complet ouvert du thermalisme dans les Landes
devrait se construire dans l'étape suivante de collecte des données.
1.2. La collecte des relations
Afin de mettre en œuvre à moindre coût la diffusion du questionnaire par effet « boule de
neige », auprès d'un nombre important de répondants potentiels, la collecte en ligne nous a
paru un outil particulièrement adapté. De plus, alors que des modes de collecte plus
traditionnels (questionnaires papier ou par email) nécessitent un temps important (notamment
pour l'administration du questionnaire), un questionnaire en ligne via internet permet une auto-
administration du questionnaire, et une transmission des données quasi-immédiate. Ce mode
de collecte est d'autant plus utile que le sujet est sensible. La distanciation de la collecte par
internet permet de rendre les participants moins enclins à la désirabilité sociale. Par
conséquent, « la collecte en ligne peut accroître la fiabilité des données par l'élimination des
biais liés à l'intervieweur » (Jean, 2015).
Nous présentons la conception du questionnaire et du site internet dédié à la collecte des
données de réseaux sociaux, et nous détaillons les démarches relatives à la diffusion de
l'enquête.
Conception du questionnaire
Sur la base de notre connaissance de l'environnement du secteur du thermalisme, présenté dans
la Section précédente, nous avons procédé à la rédaction du questionnaire visant à obtenir des
répondants une description de leurs relations professionnelles avec des personnes dont
l'activité professionnelle est liée au thermalisme, ou à des secteurs connexes.
Le questionnaire comporte deux parties. La première partie vise à recueillir les informations
personnelles et professionnelles sur les répondants.
La deuxième partie vise à faire déclarer les individus avec lesquels le répondant entretient des
relations professionnelles essentielles pour la pérennité et le développement de son activité.
Deux types de questions sont posées. Le premier porte sur l'identification et l'activité
professionnelle de l'individu avec lequel il est en relation. La seconde catégorie caractérise la
relation que le répondant entretient avec cet individu. Cette deuxième partie du questionnaire
est répétée autant de fois que le répondant déclare une relation. Dans l'exemple présenté dans
la Figure 22, le répondant déclare quatre relations.
Notons que selon la terminologie de l'analyse des réseaux sociaux, présentée dans le Chapitre 2
(Section 3.2.), le répondant est appelé Ego, l'individu avec lequel il déclare une relation est
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
151
appelé Alter, et les caractéristiques de leur relation décrite par l'Ego sont désignées par le
terme Relation. Ainsi, nous reprendrons cette terminologie.
Figure 22 - Exemple illustrant le questionnaire
Afin d'éviter des difficultés de compréhension ou des imprécisions qui risquent de freiner le
répondant et entraîner des non réponses au questionnaire, nous avons soumis le questionnaire à
la critique d'un groupe de travail : questions et réponses possibles, mais aussi textes de
consignes pour chaque question. Ce groupe de travail constitué de 7 professionnels (2
directeurs d'établissements thermaux, un directeur de CCI, un directeur adjoint du Conseil
Départemental des Landes, un directeur du Conseil Régional Aquitaine, un médecin thermal,
un universitaire) a été réuni une première fois le 10 décembre 2014. Nous avons tenu compte
de leurs commentaires et modifié notre première version du questionnaire. Le questionnaire
finalisé, comportant 33 questions, est présenté dans le Tableau 24.
Au cours de cette première réunion, a également été débattue la question d'une indication
éventuelle du nombre de relations à déclarer. Les professionnels du groupe et futurs
répondants à l'enquête nous ont conseillé de ne pas mentionner de nombre limite ou indicatif
de relations à déclarer, car certains acteurs peuvent abandonner leur participation au
questionnaire estimant que cela leur prendrait trop de temps120
, ou au contraire, chercher à
atteindre le nombre demandé pour se mettre en valeur (même s'ils sont informés de l'anonymat
des données). Les professionnels du groupe ont alors suggéré d'indiquer un nombre minimum
relativement bas de relations (trois, par exemple) afin de s'assurer d'une participation minimale
de la part de chaque répondant. Or, nous avons estimé qu'une suggestion basse pouvait réduire
le nombre de relations déclarées. Nous avons alors décidé de ne pas suggérer de nombre de
relations, et de laisser les listes ouvertes, afin que chaque répondant puisse compléter sa liste à
sa convenance, conformément à la suggestion de Lin (2008).
Les membres du groupe de travail ont participé à une seconde réunion le 19 janvier 2015 pour
commenter le site internet d'enquête en cours de création sur ses aspects esthétiques et
fonctionnels (sans toutefois le tester).
120 Une durée maximale de 15 minutes a été plusieurs fois évoquée spontanément par des acteurs lors de
rencontres informelles, et elle a été confirmée par des participants aux réunions du groupe de travail.
Moi, répondant (Ego)
mes informations personnelles
mes informations professionnelles
Une relation professionnelle
L'individu (Alter)
son indentification
son activité professionnelle
Notre relation professionnelle
ses caractéristiques
Une relation professionnelle
L'individu (Alter)
son indentification
son activité professionnelle
Notre relation professionnelle
ses caractéristiques
Une relation professionnelle
L'individu (Alter)
son indentification
son activité professionnelle
Notre relation professionnelle
ses caractéristiques
Une relation professionnelle
L'individu (Alter)
son indentification
son activité professionnelle
Notre relation professionnelle (Relation)
ses caractéristiques
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
152
Tableau 24 - Le questionnaire
Le répondant
Informations personnelles : nom, prénom, ville, CP, pays, adresse e-mail, n° de téléphone, tranche d'âge
Informations professionnelles : durée de mon expérience avec le thermalisme, intitulé de l'organisation dans
laquelle j'exerce, secteur d'activité de cette organisation, type d'organisation, mon statut dans l'organisation,
mon ancienneté dans l'organisation, et intitulé des autres organisations dans lesquelles j'interviens.
Une relation professionnelle
Personne en relation Caractéristiques de la relation
Identification de la personne : Pour mon activité, la personne avec qui je suis en
relation est :
Civilité
Nom
Prénom
Téléphone
Concurrent
Partenaire
Client
Prescripteur
Fournisseur / sous-traitant
Instance de contrôle-régulation
Autre situation Son activité professionnelle :
Organisation dans laquelle elle exerce:
Type de l'organisation : Les types d'information échangées :
PME
Groupe privé
Activité libérale
Syndicat et association professionnelle
Etablissement public
Collectivité (Région, Département,
EPCI, leurs agences, ...)
Etat
Je ne sais pas
Autre type
Techniques hydro-thermales et innovation
Ressources humaines
Financement des activités
Fonctionnement administratif
Marketing (produit, prix, communication)
Modalités de développement :
spécialisation, diversification, ...
Clientèles
Coopération ou exploitation conjointe
Cadres règlementaires
Autre type d'information
Secteur de l'organisation : Fréquence de cette relation :
Thermal médical
Spa, aqualudisme
Thalassothérapie
Technique hydrothermale
Hôtellerie, logeurs, camping, ...
Transport
Commerce ou service
Enseignement/recherche et formation
Conseil aux entreprises
Médias (généralistes et professionnels)
Bancaire et financier
Administration publique
Autre secteur
Plusieurs fois par mois
Plusieurs fois par an
1 à 2 fois par an
Rarement
Poids de
cette
relation :
Indiquez l'importance relative de cette
relation par rapport aux autres. Valeurs de
1 à 10 (proportionnelle à l'importance).
Lieu de cette organisation : Ville, CP, Pays
Commentaires sur cette relation :
Statut de la personne avec qui je suis en relation
dans son organisation :
Dirigeant d'entreprise
Cadre (privé ou public)
Non cadre
Travailleur indépendant
Elu (local, régional, national, européen)
Actionnaire
Autre statut
Intitulé des autres organisations dans lesquelles
elle intervient :
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
153
La conception du site internet dédié
La conception du site internet, dont le nom permet de marquer le caractère scientifique de
l'enquête121
, a consisté à élaborer les différentes pages du site internet, et à tester le site
préalablement au lancement de l'enquête. Outre les 20 pages dédiées au questionnaire, des
pages pour l' "Accueil", la "Présentation", les "Données publiées"122
, l' "Identification", et de
"Profil" (Annexe 7) ont été développées.
La page "Accueil" titrée « Enquête scientifique sur les réseaux sociaux du thermalisme » est
illustrée d'un exemple de représentation d'un réseau. La finalité scientifique est renforcée par
les logos de l'Université de Bordeaux et de l'Institut du Thermalisme afin de la distinguer de
nombreuses enquêtes Internet pour lesquelles sont sollicités des professionnels.
La page "Présentation" détaille "La finalité de l'enquête", et explicite et met en valeur la
construction du réseau par les répondants eux-mêmes : "Votre participation", "Partenaires",
"Responsables et contacts". En effet, le groupe de travail a insisté sur le besoin de clarifier ce
qu'il est attendu du répondant, et la construction auto-extensive du réseau social. Cette page a
par ailleurs pour objectif de rassurer les enquêtés au sujet de la confidentialité et de la sécurité
des informations recueillies. Pour finir, cette page présente le soutien des partenaires
institutionnels et indique les noms et contacts des responsables de l'enquête.
La page "Identification" permet au répondant sollicité de s'identifier et d'accéder à la page
"Questionnaire"123
. Une fois identifié124
, le répondant accède à la page du questionnaire.
Les pages du "Questionnaire" défilent les questions des parties présentées supra, en trois blocs
successifs, et dans l'ordre suivant : "Mes données personnelles", "Mon activité personnelle",
"Mon réseau professionnel" (Annexe 8). Afin d'éviter les abandons, nous avons souhaité nous
assurer que l'auto-administration du questionnaire demeure simple. Ainsi, le répondant débute
par les questions sur ses données personnelles et professionnelles, puis est invité à répondre
aux questions concernant son réseau professionnel. Un tableau récapitulatif de ses relations
déclarées, visible après chaque déclaration d'une relation, permet au répondant de visualiser la
liste de ses relations et les poids qu'il a attribués à chacune, et éventuellement de modifier des
éléments saisis (notamment le poids). La liste des relations peut être complétée par le
répondant à chaque nouvelle connexion au site. La séquence de fonctionnement du
questionnaire peut être visualisée dans la Figure 23.
121 L'URL du site est www.institut-thermalisme.fr . Ce nom de domaine a été créé spécifiquement pour l'enquête
122 La page "Données publiées" est prévue pour présenter des statistiques de diffusion et de résultats de l'enquête,
et des cartographies illustratives des réseaux des acteurs susceptibles d'inciter la participation des répondants.
Au stade du lancement de l'enquête, les statistiques et cartographies publiques ne sont pas publiées. Au final,
elle n'a pas été utilisée.
123 La page "Identification" offre également la possibilité à une personne qui visite le site internet sans posséder
d'identifiants pour participer à l'enquête, de remplir le formulaire pour en faire la demande. Après vérification
de son profil professionnel (secteur d'activité, localisation géographique), nous lui communiquions des identifiants ou l'informions qu'à ce stade l'enquête ne peut être étendue.
124 La personne identifiée a également accès à une page "Profil" qui permet au répondant de changer de mot de passe.
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
154
Figure 23 - Séquence de fonctionnement du questionnaire
Une fois le site internet développé, nous avons effectué une série de tests afin de vérifier la
clarté des textes du questionnaire et la convivialité du site. Le questionnaire en ligne a été
testé par quatre professionnels du thermalisme, qui n'avaient par participé au groupe de travail
lors de la phase de conception du questionnaire, et par un groupe d'étudiants et des membres
du personnel administratif universitaire125
afin d'en vérifier le bon fonctionnement avec
différentes configurations d'ordinateurs et de leurs systèmes. Aucune incompréhension des
questions n'a été soulevée, mais ces tests ont mis en évidence des bogues dans l'enregistrement
automatique des données saisies, qui ont nécessité de nombreuses interventions techniques du
développeur126
. Par ailleurs, pendant ces tests, nous avons observé un temps moyen nécessaire
à l'auto-administration de l'enquête de 15 minutes environ pour 10 relations saisies.
Le développement du site internet d'enquête a été finalisé fin juin 2015. Nous exposons ci-
dessous les démarches relatives à la diffusion, l'animation et la clôture de l'enquête.
La diffusion et l'animation de l'enquête
Dans la perspective de collecte d'un réseau complet ouvert, l'enquête a été lancée fin juin 2015
auprès des 177 individus retenus comme liste initiale. Ces individus ont été contactés pour
participer à l'enquête par courriel via une adresse dédiée à l'enquête127
. L'adresse du site dédié
à l'enquête et les identifiants personnels à la personne contactée ont été intégrés dans les
courriels envoyés. Ils permettent aux participants de répondre au moment qui leur est le plus
propice. Le texte de la ligne Objet « Votre participation à l'avenir du thermalisme » a été
soigneusement composé afin d'alerter l'enquêté.
La participation à l'enquête des acteurs centraux du thermalisme dès son lancement, était
nécessaire pour démarrer le processus de recrutement des répondants par effet boule de neige.
Nous avons alors contacté directement 28 acteurs centraux128
du thermalisme dès le jour de
lancement. En tant que chercheur de l'Institut du Thermalisme, nous avions établi avec ces
acteurs une relation de confiance au fil des rencontres formelles et informelles dans le cadre de
notre approche qualitative.
125 13 étudiants du Master 1 Management des organisations sanitaires et médico-sociales de l'IAE de l'UPPA,
ainsi que 5 collègues du personnel administratif de l'Institut du Thermalisme et de l'UPPA.
126 Ces tests ont été conduits à diverses reprises de février à juin 2015.
128 Il s'agit de dirigeants des établissements thermaux, de médecins thermaux locaux, et de quelques élus des collectivités territoriales localisés dans les Landes.
Mes données personnelles Mon activité
professionnelle
Mon réseau professionnel affiche les relations saisies
Caractéristiques de la relation Personne en relation
(son identité + son activité pro)
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
155
Afin de réduire le travail d'animation de l'enquête, et assurer la qualité de communication avec
les enquêtés, nous avons anticipé diverses situations et rédigé des modèles de courriels (M0,
M1, M2, M3, M4, M4bis, M5). La finalité et les caractéristiques de chaque type de courriels
sont détaillées dans le tableau annexé (Annexe 9).
La conduite d'une l'enquête en ligne auprès d'un nombre important d'acteurs exigeant beaucoup
de temps (Jean, 2015), nous avons délégué une partie des tâches d'animation de l'enquête
(invitations à participer, relances, réponses aux demandes d'aide) à une collègue,
documentaliste à l'Institut du Thermalisme, qui a une connaissance du secteur et des acteurs129
.
Une campagne de communication presse a accompagné le lancement de l'enquête
(communiqué de presse en Annexe 10), tant dans le journal quotidien régional, que dans le
magazine d'informations d'une commune thermale, et une revue professionnelle130
.
L'animatrice a suivi la participation à l'enquête dès son lancement (par mail ou téléphone), et
effectué des relances dans les semaines suivantes jusqu'à fin août 2015. Des invitations à
participer ont été envoyées aux personnes déclarées comme relations par des répondants (effet
boule de neige). S'est alors posée la question de la délimitation des frontières du réseau et de la
clôture du recrutement : tel acteur cité comme étant en relation avec un participant au réseau
devait-il être contacté pour participer à l'enquête?
La délimitation des frontières du réseau et la clôture du recrutement
Comme nous l'avons évoqué dans le chapitre 2, il est nécessaire de délimiter les frontières du
réseau observé (Saglietto, 2006), afin que les résultats de l'analyse des réseaux sociaux aient un
sens (Doreian et Woodard, 1994). Dans notre étude, à partir de la liste de 177 personnes, ont
été déclarées des relations avec des personnes faisant partie de la liste, et avec des personnes
que nous n'avions pas listées (119 individus). Afin de constituer le réseau du thermalisme dans
les Landes, nous avons alors sélectionné les individus à enquêter selon la règle d'inclusion
détaillée dans le Tableau 25.
Tableau 25 - Règle d'inclusion des individus cités comme relations
Caractéristiques des individus
Nombre
d'individus
Individus retenus Individus exerçant dans le secteur thermal ou dans un secteur
lié au thermalisme (prescripteurs, financeurs, investisseurs...),
ou exerçant dans un secteur connexe y compris concurrent, et
situés dans les Landes.
88
Individus non retenus Individus exerçant dans un secteur connexe ou concurrent du
thermalisme (hôtellerie et thalassothérapie) hors du territoire
des Landes, et les individus exerçant dans des organismes
régulateurs dont l'action ne porte pas sur le territoire des
Landes (ARS d'autres départements).
31
Individus cités ne faisant pas partie le la liste initiale 119
129 Par ailleurs, une ligne de téléphone portable dédiée à l'enquête a été mise en place pour permettre aux
répondants de demander une assistance et être guidé pendant leur auto-administration du questionnaire. Le numéro de téléphone est indiqué sur chaque courriel envoyé.
130 Sud-Ouest du samedi 25 juillet 2015, AQUAE N°66 du 7 juillet 2015, Le magazine d'informations de la ville de Dax N°40 Octobre-Novembre 2015
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
156
Ainsi, l'extraction hebdomadaire de la base de données depuis le lancement de l'enquête fin
juin 2015, et le traitement au cas par cas des nouvelles relations, a entraîné la diffusion de
l'enquête par effet boule de neige jusqu'au moment où les individus retenus pour participer à
l'enquête n'ont pas déclaré de relations, malgré plusieurs relances. Après une analyse de la
participation à l'enquête que nous aborderons infra, nous avons décidé d'en clôturer la diffusion
le 30 octobre 2015, et de conduire l'analyse sur les données collectées. La délimitation de
l'ensemble étudié correspond alors à une situation observée à un moment donné.
Analyse de la participation à l'enquête
Le taux de réponse à l'enquête est calculé grâce au système de suivi des invitations à participer
mis en place. Nous comptions 80 répondants à l'enquête au 30 octobre 2015 pour un total de
267 invitations à participer (Tableau 26). Le taux de réponse à l'enquête est donc de 30%.
Tableau 26 - Invitations à participer à l'enquête
Personnes de la liste initiale 177
Personnes non citées comme relations mais non listées 88
Demandes spontanées 2
TOTAL INVITATIONS 267
Ce taux de réponse peut être considéré comme plutôt faible pour permettre une analyse des
réseaux sociaux. En effet, d'un point de vue théorique, la construction d'un réseau social
complet suppose de devoir obtenir la participation à l'enquête de tous les membres de
l'ensemble observé (Lazega, 1992 ; Berkowitz et Wellman, 1988). Cependant, une
comparaison avec des taux de participation obtenus dans quelques cas empiriques (Encadré 5
Tableau 27) nous permet de considérer que le taux obtenu est suffisant pour mettre en œuvre
une analyse des réseaux sociaux.
Encadré 5 - La participation à une enquête sur les réseaux sociaux
Dans le cas d'études des réseaux sociaux utilisant une enquête par questionnaire, le taux de participation
maximum obtenu est de 90% (Gargiulo et al., 2009 ; Mehra et al., 2006 ; Oh et al., 2004). Eloire et al.
(2011) modèrent l'exigence de participation de tous les membres de l'ensemble observé dans le cas de
l'analyse d'un réseau complet inter-organisationnel et avancent que : « si plus d'un quart des individus
identifiés refusent de répondre, la qualité de l'enquête sera réellement mise en danger » (p. 94).
Il faut toutefois noter que ce postulat est variablement corroboré dans les études empiriques, car le
temps nécessaire à recueillir les données sur les interactions de tous les acteurs sur le terrain peut être
très long et se révèle souvent incompatible avec les contraintes de la recherche (temps alloué,
financement disponible). La participation peut n'atteindre que 43% (Rodan et Galunic, 2004), ou 29%
(Allix-Desfautaux et Renaud, 2010). Lorsque les enquêtés sont sollicités par courriel pour répondre à un
questionnaire en ligne, un taux de réponse de 50% est considéré comme un taux important (Bernela et
Levy, 2016). En effet, bien que variable selon la population sollicitée et le sujet étudié, les taux de
participation pour des enquêtes en ligne sont généralement bien inférieurs au taux obtenu par d'autres
méthodes de collecte (Jean, 2015). Ainsi, pour Lee (2014), même si un taux de participation de 40% est
loin d'être idéal, il peut être jugé satisfaisant pour un recrutement des répondants par courriel. Les
participations obtenues sont souvent plus faibles ; par exemple, Hussler et Hamza-Sfaxi, (2013) ont
obtenu 23,5% de participation à l'enquête des réseaux sociaux d'un pôle de compétitivité menée par
internet.
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
157
Tableau 27 - Taux de participation à une enquête sur les réseaux sociaux
Postulat théorique 100% nécessaire pour la construction d'un réseau complet (Lazega, 1992)
ou un minimum de 75% (Eloire et al., 2011)
Etudes empiriques Enquête par questionnaire :
94% (Oh et al., 2004), 93% (Gargiulo et al., 2009), 90% (Mehra et al.,
2006)
43% (Rodan et Galunic, 2004)
29% (Allix-Desfautaux et Renaud, 2010)
Enquête en ligne :
50% est considéré comme un taux important (Bernela et Levy, 2016)
40% est un taux satisfaisant (Lee, 2014)
23,5% (Hussler et Hamza-Sfaxi, 2013)
En conclusion, l'enquête par questionnaire en ligne avec un recrutement des répondants par un
effet boule de neige nous a paru le mode le plus pertinent de collecte des données des réseaux
sociaux du thermalisme dans les Landes.
Cependant, même si la solution informatique a facilité notre travail de collecte des données
(Annexe 11), nous devons constater que le succès de ce mode d'enquête est tributaire de la
volonté des personnes contactées à participer et de la capacité à les inciter. En effet, le taux de
participation obtenu, faible compte tenu du caractère local de l'enquête, s'explique par deux
facteurs : principalement par la réticence des acteurs à évoquer leurs relations professionnelles,
et en second, comme l'avait anticipé le groupe de professionnels réuni lors de la conception du
questionnaire, certaines personnes sollicitées pouvaient ne pas se sentir légitimes sur les
stratégies de l'organisation (notamment publique) dans laquelle ils exercent.
2. L'analyse des réseaux sociaux : analyse quantitative
Dans cette section, nous procèderons à la préparation des données collectées, et à leur
classification, afin de pouvoir réaliser une représentation graphique du réseau et une analyse de
ses propriétés structurales.
2.1. La préparation des données des réseaux sociaux du thermalisme dans les
Landes
La récupération des données depuis la base de données du site web d'enquête et le transfert
vers un serveur de notre laboratoire ont été réalisés automatiquement et quotidiennement, dans
un double objectif : d'animation de l'enquête dans un premier temps, comme nous l'avons
présenté dans la sous-section précédente, et de préparation des données pour configurer et
tester les logiciels d'analyse des données.
La préparation des données a consisté en la numérotation de chaque individu du réseau, par la
conduite de deux opérations décrites en Annexe 12.
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
158
De la base de données sont extraites deux tables de données, la table des Egos et la table des
Alters+Relations, qui présentent en colonne les variables. Ces tables sont présentées sous
forme disjonctées, car elles contiennent pour chaque variable du questionnaire autant de
colonnes que de modalités de cette variable131
. A chaque modalité de variable correspond donc
une colonne dans la table, avec une valeur vide si la modalité n'a pas été choisie par le
répondant.
La table des Egos contient 44 colonnes : 43 modalités (isues de 7 variables) et le Num de
l'Ego.
La table des Alters+Relations contient : 32 modalités (issues de 4 variables caractérisant
l'Alter), et 22 modalités (issues de 3 variables caractérisant la Relation de l'Ego avec l'Alter).
Elle indique également le Num de l'Ego et le Num de l'Alter.
La Figure 24 ci-dessous présente les tables de données des Egos et des Alters+Relations.
Figure 24 : Les tables de données
La numérotation des individus du réseau permet de distinguer un Ego et/ou Alter. Comme
l'illustre la Figure 25, l'enquête retient 80 répondants (Egos), qui citent 226 Alters. Ils l'ont été
par 49 Egos, en effet 31 Egos se sont caractérisés mais n'ont pas cité de relations, et ce malgré
de nombreuses relances. Parmi les 226 Alters, 66 Alters se trouvent être des Egos, et donc 160
Alters ne sont pas Egos.
131 Les différentes variables ont été présentées supra (Tableau 24) et le catalogue des données listant les modalités
de chaque variable est repris en Annexe 13.
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
159
Figure 25 - Répartition numéraire des individus étudiés selon qu'ils sont Egos et/ou Alters
2.2. La classification des individus et des relations des réseaux sociaux du
thermalisme dans les Landes
Dans l'objectif de représenter graphiquement le réseau social observé, et d'en permettre
l'analyse, nous avons classé les individus et les relations. En effet, compte tenu du nombre
important de variables caractérisant les individus et les relations, nous avons classé les Egos, et
les Alters+Relations afin de pouvoir ensuite les distinguer selon leurs classes sur la
représentation graphique.
Ainsi, puisque les Egos, les Alters et les Relations sont caractérisés par des variables
qualitatives, nous avons utilisé les méthodes complémentaires d'analyse des correspondances
multiples (ACM) et de classification hiérarchique ascendante (CAH), conformément à la
méthode préconisée supra (Chapitre 2, Section 3). Cependant, pour recourir à une ACM, les
variables actives doivent avoir à peu près le même nombre de modalités, et les modalités ne
doivent pas être sous ou sur représentées. Or, dans notre jeu de données, les variables ont un
nombre de modalités qui va de 2 à 14. Réaliser une ACM sur des variables qui ont des
nombres de modalités très différents pourraient présenter un biais statistique. Préalablement à
la mise en œuvre de l'ACM et de la CAH, nous exposons ci-dessous le traitement des données
brutes.
2.2.1. Traitement préalable : regroupement des modalités
Nous cherchons à réduire les écarts du nombre de modalités entre les variables en diminuant le
nombre de modalités des variables qui ont un grand nombre de modalités. Pour cela, nous nous
interrogeons sur le regroupement des modalités qui ont des effectifs faibles. Pour les
160 Alters ne
sont pas Egos
80 Egos 226 Alters
8 Egos
ont des relations
66 Egos
sont
Alters 14 Egos
ne sont pas
Alters
6 Egos n’ont
pas de
relations
41 Egos
ont des
relations
25 Egos
n'ont pas
de relations
240 individus et 399 relations
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
160
statisticiens, une modalité qui concerne moins de 2%, ou même moins de 5% des effectifs, est
une modalité rare (Chiche et Le Roux, 2010 ; Le Lan, 2005).
Une modalité qui a une fréquence faible, peut alors être regroupée avec une autre modalité de
la variable, à la condition que la nouvelle modalité résultant du regroupement des modalités,
ait du sens. Dans les cas où des modalités à faible fréquence ne peuvent être regroupées à
d'autres modalités, nous choisissons de les agréger dans une modalité "Divers".
Le Tableau 28 présente pour une variable prise en exemple, la distribution des effectifs pour
chacune de ses modalités, et le recodage des modalités regroupées.
Tableau 28 - Tableau de distribution et de recodage des modalités regroupées (variable
2.9_âge)
Modalités Fréquence Modalités recodées
2.9_m30 4 5.26% m46
2.9_31-45 34 44,74% m46
2.9_46-55 19 25,00% 46-55
2.9_56-65 18 23,68% p55
2.9_p65 1 1,32% P55
Total général 76
Dans cet exemple, les modalités 2.9_m30 (moins de 30 ans) et 2.9._31-45 (de 31 ans à 45 ans)
sont regroupées dans une modalité m45 (moins de 45 ans). Et les modalités 2.9_56-65 (de 56
ans à 65 ans) et 2.9._p65 (plus de 65 ans) sont regroupées dans une modalité p55 (plus de 55
ans).
Une même procédure de réduction du nombre de modalités a été opérée pour les variables à
choix multiples (QCM). Le détail de ces recodages est indiqué en Annexe 14.
Suite à ce regroupement des modalités, les Egos sont carcatérisés par 36 modalités (au lieu de
43), et les Relations par 48 modalités (au lieu de 54). L'écart du nombre de modalités du jeu de
données est sensiblement réduit : entre 2 et 11, au lieu de 2 et 14. Le catalogue des données
recodées est présenté en Annexe 15. Les tables des données présentent alors les effectifs des
modalités regroupées.
Suite au regroupement de certaines modalités et à leur recodage, nous proposons ci-après une
description des participants à l'étude, en distinguant les Egos (répondants) et les Alters qu'ils
indiquent et les Relations qu'ils disent avoir avec eux. Au plan technique de l'analyse des
données, ces résultats illustrent que les modalités des variables présentent des fréquences qui
permettent les calculs de l'ACM préalable à la mise en œuvre de la CAH. Par ailleurs, ces
statistiques descriptives présentées ci-après donnent une indication des singularités observées
concernant les acteurs et les relations du réseau du thermalisme dans les Landes (Encadré 6).
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
161
Les participants à l'enquête : les Egos
Figure 1 - Les Egos par sexe
Figure 2 - Les Egos par classe d'âge
Figure 3 - Les Egos par durée d'expérience avec
le thermalisme
Figure 4 - Les Egos par durée d'ancienneté dans
l'organisation dans laquelle ils exercent leur activité
professionnelle
Figure 5 - Les Egos par type d'organisation dans laquelle ils exercent leur activité professionnelle
Figure 6 - Les secteurs d'activité dans lesquels
exercent les Egos (plusieurs réponses possibles)
Figure 7 - Les statuts des Egos (plusieurs réponses
possibles)
Femmes
35%
Hommes
53,75%
N'a pas
répondu
11,25% Moins de 45
ans
47,50% Entre 45 et
55 ans
23,75%
Plus de 56
ans
23,75%
N'a pas
répondu
5,00%
Inférieure
à 3 ans
13,75%
Entre 3 et
10 ans
33,75%
Au-delà
de 10 ans
46,25%
N'a pas
répondu
6,25% Inférieur
à 3 ans
20,00%
Entre 3
et 10
ans
32,50%
Au-delà
de 10
ans
41,25%
n'a pas
répondu
6,25%
PME (hors
groupe), SCP, ...
27,50%
Groupe privé
6,25%
Activité libérale
12,50%
Syndicat et
association
professionnelle
7,50%
Établissement
public
20,00%
Collectivité
(Région,
Département,
EPCI, leurs
agences...)
10,00%
Divers : je ne sais
pas, autre type
10,00%
N'a pas répondu
6,25%
42
17 15 14 10 9 9 8 7
17
30
22
9 5 4
9
Cadre (privé
ou public)
Dirigeant
d'entreprise
Travailleur
indépendant
Élu (local,
régional,
national,
européen)
Non cadre Divers :
actionnaire,
autre statut
L'âge médian des Egos est environ 45 ans.
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
162
Les Alters déclarés en relation, données selon le point de vue de l'Ego répondant
Figure 1 - Les Alters par sexe
Figure 2 - Les Alters par type d'organisation
Figure 3 - Les secteurs d'activité dans lesquels
exercent les Alters selon le point de vue des Egos
(plusieurs réponses possibles)
Figure 4 - Les statuts des Alters selon le point de
vue des Egos (plusieurs réponses possibles)
Femmes
38,79%
Hommes
49,37%
Non
renseigné
11,84%
PME (hors
groupe), SCP, ...
21,91%
Groupe privé
17,63%
Activité libérale
5,79%
Syndicat et
association
professionnelle
17,63%
Établissement
public
16,37%
Collectivité
(Région,
Département,
EPCI, leurs
agences...)
9,07%
État
3,53%
Divers : je ne sais
pas, autre type
6,05%
Non renseigné
2,02%
206
78 59 51 47 47 43 40 31 30
65
103 102
29 23
17
63
Les autres secteurs d'activité comptent un nombre
d'Alters plus bas.
Le sexe de 47 Alters n'a pas été renseigné.
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
163
Les Relations déclarées du point de vue des Egos
Figure 1 - Les types de relations avec les Alters selon le point de vue des Egos
(plusieurs réponses possibles)
Figure 2 - Les types d'informations échangées avec les Alters (plusieurs réponses
possibles)
Figure 3 - La fréquence de la relation avec
l'Alter
Figure 4 - Le poids de la relation
avec l'Alter
282
51 47 27 19 17
41
159 148
112 110
95 87
74 71 67 75
Plusieurs
fois par
mois
25,69%
Plusieurs
fois par an
51,13%
1 à 2 fois
par an
15,87%
Rarement
5,29%
Non
renseigné
2,02%
0%
5%
10%
15%
20%
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
164
Encadré 6 - Commentaire des statistiques descriptives des participants à l'étude et de leurs
relations
Concernant les Egos, la durée médiane d'expérience avec le thermalisme est de 10 ans. Les Egos
exercent leur activité professionnelle en grande partie dans des PME du secteur thermal médical, et dans
des établissements publics et des collectivités en lien avec le thermalisme. Les Egos sont principalement
des cadres et des dirigeants d'entreprise, et près de la moitié des Egos exercent leur activité
professionnelle depuis plus de 10 ans. Les Egos déclarent être en relation principalement avec des Alters
exerçant dans le secteur thermal médical.
Les Alters cités sont principalement des cadres privés ou publics et des dirigeants d'entreprise. Ils sont
dans une moindre mesure des travailleurs indépendants et des élus. Les Relations avec des partenaires
surpassent les autres types de relations (par exemple, avec des fournisseur). Les types d'informations
échangées sont variées et concernent davantage les cadres règlementaires, les techniques hydrothermales
et l'innovation, la coopération et le marketing que le marketing, les clientèles, les ressources humaines,
le fonctionnement administratif et le financement des activités.
Les Relations sont fréquentes, puisque la moitié ont lieu plusieurs fois par an. Les Relations avec des
partenaires surpassent les autres types de Relations. Les informations échangées concernent
principalement les cadres règlementaires, les techniques hydrothermales et l'innovation, les coopérations
ou l'exploitation conjointe, et le marketing.
2.2.2. La mise en œuvre de la classification
Nous avons mis en œuvre la classification des individus et des relations sur le jeu de données
transformé suite au regroupement de certaines modalités de variables. Le jeu de données
transformé comprend donc deux tables, une avec 74 Egos et 43 colonnes de modalités, et une
seconde avec 397 Alters+Relations et 54 colonnes modalités132
.
Pour réaliser l'ACM et de la CAH des Egos, des Alters, des Relations et des Alters+Relations,
nous avons utilisé le logiciel de statistiques R133
, et retenu les scripts présentés en Annexe 16,
Annexe 17, Annexe 18, Annexe 19.
La classification hiérarchique laisse libre le choix du nombre de classes retenu, même si elle
propose un nombre optimal. Nous retenons trois classes pour les Egos, trois classes pour les
Relations, et trois classes pour les Alters, et 4 classes pour les Alters+Relations. Ces classes
sont interprétées dans le Tableau 29. Nous avons retenu ces niveaux de classe après avoir
essayé si des niveaux plus fins que ceux proposés par R n'étaient pas plus pertinents. La
méthode de fixation du nombre de classes et la description détaillée de chaque classe est
présentée en Annexe 20.
132 Nous supprimons du jeu de données brutes 6 Egos et 2 Relations.
- Les 6 Egos supprimés correspondent à des individus qui n'ont pas déclaré de relations et n'ont pas été cités
comme Alters. Ce sont des individus isolés, non reliés aux autres. Il s'agit des Ego_Num : 120, 216, 235, 241,
242, et 245.
- Les 2 Relations supprimées correspondent à des Relations sans Alters. Il s'agit des R_Num : 913 et 938.
133 Version de R i386 3.2.1 et les packages RCommander et FactomineR
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
165
Tableau 29 - Interprétation des classes d'Egos, d'Alters, de Relations, et d'Alters+Relations
N°
classe Effectif Interprétation
74
Egos
1 7 Les personnes exerçant leur activité dans une organisation
dans le secteur de la thalassothérapie
2 22 Les personnes exerçant leur activité dans le secteur du
thermal médical
3 11 Les personnes qui exercent une activité libérale
4 13 Les agents publics et les élus
5 16 Les individus qui exercent dans l'administration publique
6 5 Les répondants qui n'ont quasiment pas renseigné leur profil
dans le questionnaire
397
Alters
1 74 Les conseillers en techniques hydrothermales
2 114 Les directeurs d'établissements thermaux et d'hôtels /
résidence / camping
3 59 Les professionnels de l'enseignement / la recherche et la
formation
4 31 Les professionnels du secteur médical et paramédical
5 85 Les professionnels qui exercent une activité de support
6 34 Les professionnels du secteur public
397
Relations
1 96
Les relations avec des fournisseurs ou des instances de
régulation. Les informations échangées concernent les
cadres règlementaires.
2 195 Les relations avec des partenaires
3 106
Les relations d'échanges d'informations liées au
management interne et au management stratégique d'une
organisation
397
Alters+Relations
1 206 Les relations avec des fournisseurs
2 44 Les relations avec l'administration publique (collectivité
territoriale, Etat) et les élus.
3 37 Les relations avec des professionnels du secteur médical-
paramédical
4 110 Les relations d'échanges d'informations liées au
management stratégique des activités thermales
Sur le plan technique de l'analyse, cette classification nous a permis de nous assurer de la
dépendance entre les classes des Egos, des Alters, des Relations, et des Alters+Relations.
Ainsi, nous avons procédé à quatre tests d'indépendance du Khi² (script utilisé en Annexe 27).
Les résultats de calculs du Khi² (Annexe 28) indiquent la p-value134
. Le Tableau 30 présente
notre analyse des résultats des tests d'indépendance entre les classes.
134 La p-value indique la probabilité que les variables ne sont pas liées significativement. Plus la p-value est
petite, plus il est incontestable que les variables considérées sont liées. Par convention, un seuil de 5% est fixé.
Si p-value est inférieure à 0,05, alors les variables sont liées. Nous adoptons pour notre cas cette règle de
décision pour conclure sur la dépendance ou l'indépendance des classes. Ainsi, nous concluons que les classes sont liées lorsque la p-value est inférieure à 0,05.
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
166
Tableau 30 - Analyse des tests d'indépendance
Test
d'indépendance
entre les classes
p-value Conclusion Interprétation
Egos et Alters 6e-14 Les classes d'Egos et d'Alters
sont liées.
Les membres des classes d'Egos
citent les membres des classes
d'Alters de manière dépendante.
Egos et Relations 1e-06 Les classes d'Egos et de
Relations sont liées.
Les membres des classes d'Egos
déclarent des types de Relations de
manière dépendante.
Egos et
Alters+Relations
2e-13 Les classes d'Egos et
d'Alters+Relations sont liées.
Les membres des classes d'Egos
déclarent des types
d'Alters+Relations de manière
dépendante.
Alters et Relations 5e-05 Les classes d'Alters et de
Relations sont liées.
Les membres des classes d'Alters
sont cités dans des types de
Relations de manière dépendante.
2.3. La représentation graphique des réseaux sociaux du thermalisme dans les
Landes
Nous avons réalisé la représentation graphique des réseaux sociaux du thermalisme dans les
Landes, comme abordé dans le chapitre 2 (section 3), pour faciliter l'analyse des réseaux
sociaux.
Nous avons alors utilisé la double approche présentée par Conway (2014) pour guider les
représentations graphiques. L'approche d' « excellence graphique » qui consiste à présenter
clairement, avec précision les acteurs et les relations au moyen de couleurs et de formes, nous
a conduit à choisir un logiciel de représentations des réseaux permettant de colorer les
sommets et les arcs du réseau, ainsi que d'en proposer des formes diverses. L'approche de
l' « argument visuel » qui détermine la valeur d'une représentation graphique à la faculté de
stimulation des pensées, nous a amené à essayer divers algorithmes de représentation. Nous
détaillons à présent les choix du logiciel de représentation graphique et de l'algorithme retenu,
ainsi que la préparation des données. Nous présentons ensuite le sociogramme obtenu.
Le choix d'un logiciel de représentation graphique des réseaux sociaux
Il existe de nombreux logiciels de représentation des réseaux sociaux qui sont utilisés par les
chercheurs en sciences humaines et sociales, principalement par les sociologues et les
géographes.
Au cours de notre revue de littérature sur la visualisation des réseaux sociaux, nous avons
constaté que les chercheurs en gestion utilisent notamment les logiciels d'analyse des réseaux
sociaux Gephi (Mamavi, 2015) et UCInet135
(Allix-Desfautau et Renaud, 2010 ; Oh et al.,
2004). Nous les avons alors comparés avec d'autres logiciels, open source et gratuits
(Cytoscape, Tulip, Visone, Socnetv), ou payants (TouchGraph, Tom Sawyer, Linkurious,
KeyLines). Nous avons écarté l'éventualité d'utiliser les modules de représentation de réseau
135 Netdraw est le module de visualisation du logiciel UCInet.
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
167
de R, alors que nous avons utilisé ce logiciel pour l'analyse statistique, en raison d'une qualité
de représentation graphique assez pauvre. Nous n'avons pas sélectionné Pajek, car ce logiciel
est adapté à la représentation de grands réseaux comprenant des milliers de sommets. Nous
avons alors procédé à une analyse comparée des logiciels retenus sur différents critères :
options de représentation, qualité graphique, choix des algorithmes de spatialisation, facilité de
manipulation, etc.
Nous avons décidé d'opter pour le logiciel Cytoscape136
. Bien que ce logiciel soit dédié à
l'analyse des graphes par les chercheurs en biologie, plusieurs raisons ont motivé notre choix.
Cytoscape dispose du plus grand nombre de paramètres permettant de différencier la
représentation des sommets et des arcs, par la couleur, la forme, ou la taille. Il permet la
visualisation de nombreuses données à la fois sur un seul graphe. Cytoscape permet d'opérer
des filtrages pour créer des sous graphes pour ne visualiser uniquement que les sommets et les
arcs sélectionnés. De nombreux algorithmes de spatialisation sont possibles, et permettent une
grande variété de représentations graphiques. En complément de la représentation du réseau
par le graphe, des mesures quantitatives permettent l'analyse des propriétés des réseaux (par
exemple, la centralité).
Le choix d'un algorithme de spatialisation
Comme nous l'avons mentionné dans le chapitre 2 (section 2.1), la sociométrie fait appel à de
nombreux algorithmes afin de positionner les individus d'un réseau sur le sociogramme. Les
algorithmes, qui reposent sur la mesure de la proximité entre les individus et qui produisent
des schématisations des réseaux fondées sur les paradigmes « force-directed » , sont adaptés
pour les réseaux de petite taille. Nous avons alors retenu pour la représentation des réseaux
sociaux du thermalisme dans les Landes, l'algorithme utilisé par défaut dans Cytoscape et
reposant sur ce paradigme, intitulé Prefuse Force Directed Layout.
La préparation des données
Les données nécessaires pour réaliser le sociogramme du thermalisme dans les Landes sont
présentées sous forme d'une liste de paires d'acteurs entre lesquels une relation a été déclarée.
Nous avons par ailleurs exploité les données concernant les attributs des individus déclarant les
relations (les Egos), et des données concernant les attributs des relations selon le point de vue
de l'individu déclarant la relation (les données des Alters et des Relations). Nous avons pour
cela utilisé le résultat des typologies des Egos (6 classes) et des d'Alters+Relations (4 classes).
Ainsi, deux tables (Encadré 7 et
Tableau 31) ont été chargées dans Cytoscape pour obtenir les représentations du réseau
présentées ci-après.
136 Cytoscape version 3.4.0
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
168
Encadré 7 - Les tables permettant la construction du sociogramme du thermalisme dans les
Landes
- Une première table de données des relations permet de construire le sociogramme. Elle
comporte 3 colonnes : la colonne du numéro de l'Ego, la colonne du numéro de l'Alter, et la
colonne du numéro de la classe de l'Alter+Relation. Un même individu est Ego lorsqu'il
déclare une relation, et Alter lorsqu'il est cité par un autre Ego. Les deux premières colonnes
suffisent pour représenter les sommets et les arcs entre les sommets. La troisième colonne
permet de différencier sur le graphe les arcs en fonction de la classe de l'Alter+Relation.
- La deuxième table comporte la colonne du numéro de l'Ego et la colonne du numéro de la
classe de l'Ego afin de différencier sur le graphe le sommet en fonction de la classe de l'Ego.
Tableau 31 - Les tables de données utilisées pour la représentation graphique du réseau
Ego_Num Alter_Num N° Classe de l'Alter+Relation Ego_Num N° Classe de l'Ego
Table des relations Table des Egos
Le sociogramme obtenu
Ainsi, le sociogramme du thermalisme dans les Landes comprend des sommets représentant
les Egos et les Alters, et des arcs qui représentent les Relations avec les Alters déclarées par les
Egos. Il faut noter qu'un Alter a pu être cité par plusieurs Egos. Dans ce cas chaque Ego a
décrit l'Alter selon son point de vue. Les données caractérisant un Alter selon le point de vue
de chaque Ego sont portées par chaque arc dirigé vers cet Alter. Le graphe est orienté. Les arcs
sont dirigés des Egos vers leurs Alters.
La Figure 26 est une représentation graphique de l'ensemble du réseau.
Figure 26 - Représentation de l'ensemble du réseau
Ce sociogramme comprend un ensemble de 397 flèches et 234 sommets.
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
169
Les sommets sont colorés en fonction de la classe de l'Ego. Les sommets qui représentent des
individus qui sont Alters mais pas Egos (colorés en vert sur le sociogramme). Les arcs sont
colorés en fonction de la classe de l'Alter+Relation. La différenciation des sommets et des arcs
par la couleur en fonction des typologies des Egos et des Alters+Relations permet une
représentation qui facilite la visualisation et l'analyse. Le Tableau 32 indique les couleurs des
sommets et des arcs en fonction du numéro de la classe.
Tableau 32 - Couleurs des sommets et des arcs du sociogramme du thermalisme dans les
Landes
Les individus qui sont Alters mais pas Egos (colorés en vert sur le sociogramme) sont placés
en périphérie du graphe. Parmi ces 160 individus, 129 ont été sollicités pour participer à
l'enquête, et 31 n'ont pas étés invités conformément à notre règle d'inclusion afin de délimiter
les frontières du réseau du thermalisme dans les Landes.
Un petit réseau comprenant 7 flèches et 8 sommets, qui n'est pas relié à la large masse du
réseau peut être observé. Il s'agit de quelques acteurs du thermalisme dans les Pyrénées
Atlantiques. Même si la participation de ces acteurs est très faible en effectif, la représentation
graphique fait apparaître qu'ils ne se disent pas reliés aux acteurs du thermalisme dans les
Landes et ne sont pas cités par ces derniers. Nous avons décidé de focaliser notre analyse sur la
masse principale du réseau représenté : 390 flèches et 226 sommets connectés.
Cette représentation graphique permet de visualiser le réseau du thermalisme dans les Landes à
plusieurs niveaux (au niveau de l'ensemble du réseau, au niveau de sous-groupes, et au niveau
de certains acteurs particuliers) et de conduire une analyse à chaque niveau.
La visualisation du réseau peut nous aider à interpréter l'influence de la structure du réseau sur
les coopérations entre les membres. En effet, l'analyse des similarités structurales et des
configurations de relations permet de décrire la manière dont les structures du réseau font
peser des contraintes sur les membres tout en leur offrant des opportunités (Lazega, 2014). A
partir de cette représentation graphique, nous avons conduit l'analyse des réseaux sociaux du
thermalisme dans les Landes dans l'objectif de comprendre les effets du capital social collectif
sur les CIOT.
N° classe des
Alters+Relations
Effectifs des
classes
Couleur des arcs N° classe
des Egos
Effectifs des
classes
Couleur des
sommets
1 206 Turquoise 1 7 Turquoise
2 44 Bleu 2 22 Bleu
3 37 Rose 3 11 Rose
4 110 Rouge 4 13 Rouge
5 16 Jaune
6 5 Orange
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
170
2.4. L'analyse des propriétés structurales du réseau du thermalisme dans les
Landes
Dans l'objectif de comprendre les effets du capital social collectif sur les CIOT, nous avons
utilisé quatre indicateurs des propriétés structurales du réseau qui semblent pertinentes pour
notre recherche, au regard de la littérature présentée dans le chapitre 2 (section 3). Nous
rappelons ci-dessous ces indicateurs, leur mode d'opérationnalisation, ainsi que leur intérêt
pour la recherche.
Tableau 33 - Les indicateurs des propriétés structurales d'un réseau inter-organisationnel
territorialisé
Indicateurs Modes d'opérationnalisation des
indicateurs
Intérêt pour comprendre les effets
du capital social collectif sur les
CIOT
Intensité Mesure de la fréquence des
relations (Reagans et McEvily, 2011 ;
Rost, 2011)
Mesure de la force des relations (Granovetter, 1985)
Explique la diffusion des
informations et la création de capital
social (Coleman, 1988).
Cohésion Calcul de la densité du réseau (Reagans et McEvily, 2011)
Analyse de la fermeture du réseau (Gnyawali et Madhavan, 2001 ; Rost,
2011)
Explique les effets conjugués de la
densité et de la fermeture du réseau
sur le partage de ressources entre
ses membres (Bourdieu, 1980 ; Coleman,
1988), et l'accroissement du capital
social (Reagans et McEvily, 2011).
Analyse de la diversité du réseau (Reagans et McEvily, 2011)
Explique l'accès à des ressources
variées (Burt, 2000 ; Lin, 2008), et
l'accroissement du capital social (Reagans et McEvily, 2011).
Equivalence
structurale Examen des profils relationnels
(Wasserman et Faust, 1994) Explique la création de capital
social entre des individus
structuralement équivalents et leur
tendance à coopérer (Douard et Heitz,
2003 ; Gnyawali et Madhavan, 2001).
Importance de
la position
stratégique
d'un acteur
particulier
Calcul de la centralité d'un acteur
dans un réseau (Wasserman et Faust,
1994)
Un acteur central reçoit des
informations nouvelles avant les
autres et en quantité supérieure. Il
accroit le capital social (Gnyawali et
Madhavan, 2001).
2.4.1. L'analyse de l'intensité
La mesure de la fréquence des relations (Reagans et McEvily, 2011 ; Rost, 2011) et celle de la
force des relations (Granovetter, 1985) permettent d'analyser l'intensité des relations dans un
réseau.
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
171
Selon la description des données du réseau présentée supra, la fréquence des relations du
réseau du thermalisme dans les Landes est élevée puisqu’un quart (25,69%) des relations entre
deux individus du réseau ont une fréquence de « plusieurs fois par mois », et plus de la moitié
(51,13%) ont une fréquence de « plusieurs fois par an ».
La force des relations, mesurée par le poids des relations selon la perception des individus
déclarant les relations, peut être visualisée sur la représentation graphique (Figure 27).
L'épaisseur des arcs est proportionnelle au poids de la relation, sur une échelle allant de 1 à 10.
Les arcs paraissent épais. En effet, selon l'analyse descriptive 51% des relations déclarées ont
un poids supérieur à 7.
Figure 27 - Représentation du poids des relations de l'ensemble du réseau
2.4.2. L'analyse de la cohésion
D'après la littérature (Reagans et McEvily, 2011 ; Rost, 2011), le calcul de la densité permet
d'opérationnaliser la mesure de la cohésion d'un réseau. La densité représente le rapport entre
le nombre de relations existantes et le nombre de relations possibles, compte tenu du nombre
d'individus137
.
Ainsi, la densité du réseau du thermalisme dans les Landes mis en évidence par l'enquête est de
0,007138
. Par comparaison, la densité d'un réseau de 71 avocats d'affaires étudié par Lazega
(1992) s'est élevée à 0,17. La très faible densité du réseau observé du thermalisme dans les
Landes peut s'expliquer par le pourcentage élevé d'individus (68%) qui n'ont pas participé à
l'enquête (en déclarant leurs relations), mais qui figurent sur le réseau parce qu'ils ont été cités.
L'analyse de la densité est également menée au niveau des sous-groupes d'individus du réseau.
Or, des classes d'Egos ont été identifiées. Le nombre de relations des individus de chaque
137 Densité du réseau : δ = L/g(g-1) où g est le nombre d'individus du réseau et L le nombre de relations.
138 Le réseau du thermalisme dans les Landes mis en évidence par l'enquête compte 240 individus et 399 relations).
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
172
classe d'Egos est connu grâce aux filtres opérés avec Cytoscape. La densité du réseau constitué
de l'ensemble des relations de chaque classe d'Egos est indiquée dans le Tableau 34.
Tableau 34 - La densité du réseau du thermalisme dans les Landes
Nombre
de
sommets
reliés139
Nombre
de
relations140
Densité
Ensemble du réseau 226 390 0,007
Réseau des Egos de la classe 1 26 23 0,035
Réseau des Egos de la classe 2 91 110 0,013
Réseau des Egos de la classe 3 40 34 0,022
Réseau des Egos de la classe 4 97 118 0,013
Réseau des Egos de la classe 5 95 112 0,013
Réseau des Egos de la classe 6 0 0 NA
Les réseaux de chaque classe d'Egos présentent une densité supérieure à la densité de
l'ensemble du réseau (δ de l'ensemble = 0,007). Chaque réseau de classe d'Egos constitue un
groupe d'individus plus étroitement reliés entre eux qu'avec l'ensemble du réseau (thermalisme
dans les Landes). Chaque classe d'Egos constitue une « clique » (Lazega, 1994), et présente
une forte cohésion qui tend à faciliter les flux d'informations intraclasse (Coleman, 1990).
Nous décrivons chaque « clique » dans le
Tableau 35.
Tableau 35 - Les « cliques » d'Egos
Le réseau des Egos de la classe 1 présente une densité supérieure à l'ensemble des autres
réseaux de classes d'Egos (δ classe 1 = 0,035). Il constitue la clique des Egos qui exercent leur
activité dans le secteur de la thalassothérapie et des autres individus avec lesquels ils ont
déclaré une relation.
Le réseau des Egos de la classe 3 présente une densité relativement élevée (δ classe 3 = 0,022).
Il constitue la clique des Egos qui exercent une activité libérale et des autres individus avec
lesquels ils ont déclaré une relation.
Les réseaux des Egos des classes 2, 4 et 5 présentent une densité plus faible que les réseaux
des Egos des classes 1 et 3 (δ classes 2, 4 et 5 = 0,013).
Le réseau des Egos de la classe 2 constitue la clique des Egos qui exercent leur activité dans le
secteur thermal médical et des autres individus avec lesquels ils ont déclaré une relation.
Le réseau des Egos de la classe 4 constitue la clique des Egos qui exercent leur activité dans un
syndicat ou une association professionnelle et des autres individus avec lesquels ils ont déclaré
une relation.
Le réseau des Egos de la classe 5 constitue la clique des Egos qui exercent leur activité dans
une administration publique et des autres individus avec lesquels ils ont déclaré une relation.
139 Le nombre de sommets reliés totalise l'effectif des Egos de la classe, et le nombre des autres individus
auxquels les Egos de la classe sont directement reliés.
140 Le nombre de relations totalise les relations entre les Egos de la classe, et leurs relations avec les autres individus auxquels ils sont directement reliés.
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
173
2.4.3. L'analyse de l'équivalence structurale
Afin de mettre en évidence une éventuelle équivalence structurale entre des individus du
réseau du thermalisme dans les Landes, nous avons réalisé plusieurs représentations
graphiques, en fonction des classes d'Egos et des classes d'Alters+Relations. Pour cela, des
filtres sont opérés au moyen de Cytoscape sur l'ensemble du réseau, par classe
d'Alters+Relations, puis par classe d'Egos.
2.4.3.1. Filtrage des Alters+Relations
Sur chaque graphe, ne figurent que les Alters+Relations qui sont de même classe, ce qui
permet d'identifier les Egos qui ont déclaré des Alters+Relations de même classe. Ces Egos ont
alors un même profil relationnel.
Les Figure 28, Figure 29, Figure 30 et Figure 31 présentent respectivement les visualisations
des Alters+Relations des classes 1, 2, 3, et 4141
.
Figure 28- Visualisation des
Alters+Relations classe 1
Figure 29 - Visualisation des
Alters+Relations classe 2
Figure 30 - Visualisation des
Alters+Relations classe 3
Figure 31 - Visualisation des
Alters+Relations classe 4
Nous reprenons chacun des graphes afin de les commenter l'un après l'autre.
141 Ces représentations graphiques sont des représentations optimisées « Prefered layout » de Cytoscape. La
superposition de ces 4 graphes ne permettrait pas de retrouver le graphe de l'ensemble du réseau.
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
174
Le Tableau 36 des effectifs croisés des Alters+Relations et des Egos nous indique la répartition
des Egos en fonction des classes d'Alters+Relations.
Tableau 36 - Répartition des effectifs des classes d'Alters+Relations par classe d'Egos
Ego/AR 1 2 3 4
1 7,8% 4,5% 2,7% 3,6%
2 27,2% 27,3% 24,3% 30,0%
3 6,3% 6,8% 40,5% 2,7%
4 26,2% 11,4% 24,3% 45,5%
5 32,5% 50,0% 8,1% 18,2%
Total 100% 100% 100% 100%
Filtrage des Alters+Relations classe 1
Les Alters+Relations de la classe 1 (flèches turquoise) sont des relations avec un fournisseur.
Elles sont déclarées par des Egos qui exercent leur activité dans l'administration publique
(classe 5 des Egos, sommets jaunes) (32,5%), et/ou dans le secteur thermal médical (classe 2
des Egos, sommets bleus) (27,2% des Egos), et/ou dans un syndicat ou une association
professionnelle (classe 4 des Egos, sommets rouges) (26,2%). Les Alters+Relations de la
classe 1 permettent de relier 156 sommets, parmi lesquels 56 sont des Egos et 100 sont Alters
mais ne sont pas Egos. 20 Egos sont cités mais n'ont pas déclaré d'Alters+Relations. Nous
concluons que 36 Egos ont un profil relationnel identique, plutôt avec un fournisseur.
Filtrage des Alters+Relations classe 2
Les Alters+Relations de la classe 2 (flèches bleues) sont des relations avec un professionnel de
l'administration publique. Elles sont déclarées par des Egos qui exercent leur activité dans
l'administration publique (classe 5 des Egos, sommets jaunes) (50% des Egos). Les
Alters+Relations de la classe 2 permettent de relier 50 sommets, parmi lesquels 21 sont des
Egos et 29 sont Alters mais ne sont pas Egos. 3 Egos sont cités mais n'ont pas déclaré
d'Alters+Relations. Nous concluons que 18 Egos ont un profil relationnel identique, plutôt
avec un professionnel de l'administration publique.
Filtrage des Alters+Relations classe 3
Les Alters+Relations de la classe 3 (flèches roses) sont des relations avec un travailleur
indépendant du secteur médical-paramédical. Elles sont plutôt déclarées par des Egos qui
exercent une activité libérale (classe 3 des Egos, sommets roses) (40,5% des Egos), et/ou
exercent dans le secteur thermal-médical (classe 2 des Egos, sommets bleus) (24,3% des egos),
et/ou sont des personnes exerçant dans des syndicats ou associations professionnelles (classe 4
des Egos, sommets rouges) (24,3% des egos). Les Alters+Relations de la classe 3 permettent
de relier 42 sommets, parmi lesquels 24 sont des Egos et 18 sont Alters mais ne sont pas Egos.
7 Egos sont cités mais n'ont pas déclaré d'Alters+Relations. Nous concluons que 17 Egos ont
un profil relationnel identique, plutôt avec un professionnel du secteur médical-paramédical.
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
175
Filtrage des Alters+Relations classe 4
Les Alters+Relations de la classe 4 (flèches rouges) sont plutôt des relations d'échanges
d'informations liées au management stratégique et au management interne d'une organisation.
Elles sont déclarées par des Egos qui sont plutôt des personnes exerçant dans des syndicats ou
associations professionnelles (classe 4 des Egos, sommets rouges) (45,5% des Egos), et/ou
exercent dans le secteur thermal-médical (classe 2 des Egos, sommets bleus) (30% des Egos).
Les Alters+Relations de la classe 4 permettent de relier 70 sommets, parmi lesquels 36 sont
des Egos et 34 sont Alters mais ne sont pas Egos. 6 Egos sont cités mais n'ont pas déclaré
d'Alters+Relations. Nous concluons que 30 Egos ont un profil relationnel identique, plutôt
avec un professionnel du secteur médical-paramédical.
Certains Egos peuvent se trouver sur l'un ou plusieurs de ces quatre sous-graphes.
Cette analyse ne permet pas de conclure sur une éventuelle équivalence structurale. Cependant,
elle a permis de mettre en évidence un résultat marquant : les relations avec un professionnel
de l'administration publique (Alters+Relations de la classe 2) sont plutôt déclarées par des
individus qui exercent dans l'administration publique (Egos de la classe 5).
2.4.3.2. Filtrage des Egos
Comme pour les Relations, nous observons à présent la représentation du réseau en filtrant par
classe d'Egos afin d'en repérer des profils relationnels par classe. Les Figures 32 à 37
présentent pour chaque classe d'Egos (1 à 6) leurs Alters+Relations.
Le Tableau 37 des effectifs croisés des Egos et des Alters+Relations nous indique la répartition
des Alters+Relations en fonction des classes d'Egos.
Tableau 37 - Répartition des effectifs des classes d'Egos par classe d'Alters+Relations
Ego/AR 1 2 3 4 Total
1 69,6% 8,7% 4,3% 17,4% 100%
2 50,9% 10,9% 8,2% 30,0% 100%
3 38,2% 8,8% 44,1% 8,8% 100%
4 45,8% 4,2% 7,6% 42,4% 100%
5 59,8% 19,6% 2,7% 17,9% 100%
Les quatre représentations ci-dessous permettent de visualiser les Egos des classes 1 à 6142
.
142 Ces représentations graphiques sont des représentations optimisées « Prefered layout » de Cytoscape. La
superposition de ces 4 graphes ne permettrait pas de retrouver le graphe de l'ensemble du réseau.
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
176
Figure 32 - Visualisation des Egos classe 1
Figure 33 - Visualisation des Egos classe 2
Figure 34 - Visualisation des Egos classe 3
Figure 35 - Visualisation des Egos classe 4
Figure 36 - Visualisation des Egos classe 5
Figure 37 - Visualisation des Egos classe 6
Nous reprenons chacun des graphes afin de les commenter l'un après l'autre.
Filtrage des Egos classe 1
Les Egos de la classe 1 (sommets turquoise) déclarent plutôt des Alters+Relations de la classe
1 (flèche turquoise). Les individus qui exercent plutôt leur activité dans la thalassothérapie
déclarent plutôt des relations avec des fournisseurs (69,6% des Alters+Relations).
Filtrage des Egos classe 2
Les Egos de la classe 2 (sommets bleus) déclarent plutôt des Alters+Relations des classes 1
(flèches turquoise) et 4 (flèches rouges). Les individus qui exercent plutôt dans le secteur
thermal-médical déclarent plutôt des relations avec des fournisseurs (50,9% des
Alters+Relations) et ce sont plutôt des relations permettant des échanges d'informations liées
au management stratégique et au management interne d'une organisation (30% des
Alters+Relations).
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
177
Filtrage des Egos classe 3
Les Egos de la classe 3 (sommets roses) déclarent plutôt des Alters+Relations des classes 3
(flèches roses) et 1 (flèches turquoise). Les individus qui exercent plutôt une activité libérale
déclarent plutôt des relations avec des individus qui sont des travailleurs indépendants et qui
exercent une activité médicale-paramédicale (44,1% des Alters+Relations) et des fournisseurs
(38,2% des Alters+Relations).
Filtrage des Egos classe 4
Les Egos de la classe 4 (sommets rouges) déclarent plutôt des Alters+Relations des classes 1
(flèches turquoise) et 4 (flèches rouges). Les individus qui exercent plutôt dans des syndicats et
associations professionnelles déclarent plutôt des relations avec des fournisseurs (45,8% des
Alters+Relations) et les relations permettent plutôt des échanges d'informations liées au
management stratégique et au management interne d'une organisation (42,4% des
Alters+Relations).
Filtrage des Egos classe 5
Les Egos de la classe 5 (sommets jaunes) déclarent plutôt des Alters+Relations des classes 1
(flèches turquoise). Les individus qui exercent leur activité dans l'administration publique
déclarent plutôt des relations avec des fournisseurs (59,8% des Alters+Relations).
Cette analyse nous permet de mettre en évidence que chaque classe d'Egos a un profil
relationnel, et que les classes 2 et 4 ont quasiment le même profil relationnel, puisque les
individus de cette classe sont davantage reliés aux Alters+Relations des classes 1 et 4. Ils
constituent un « bloc » (Lazega, 2014).
Nous retenons alors de cette analyse qu'il existe une équivalence structurale entre les individus
qui exercent dans le secteur thermal-médical et les individus qui exercent dans des syndicats et
associations professionnelles, puisque ces deux classes d'individus ont le même profil
relationnel (relations avec des fournisseurs et relations permettant des échanges d'informations
liées au management stratégique et au management interne des organisations).
En conclusion, l'analyse de l'équivalence structurale met en évidence :
- une clique constitué des individus qui exercent dans l'administration publique
- un bloc constitué des individus qui exercent dans le secteur thermal-médical et des individus
qui exercent dans des syndicats et associations professionnelles.
2.5. L'analyse au niveau des individus du thermalisme dans les Landes
Une analyse au niveau des individus met en évidence le rôle qu'ils peuvent jouer grâce à leur
position structurelle. Tous les individus n'ont pas la même importance dans un réseau social.
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
178
L'analyse permet de s'intéresser à des acteurs particuliers, parce qu'ils ont des positions
centrales, ou intermédiaires dans le réseau.
Les individus centraux occupent une position privilégiée dans les échanges, notamment par
rapport à ceux qui sont à la périphérie du réseau. Ils sont des nœuds de communication
importants. La centralité est une caractéristique essentielle de la position structurale d'un
individu. La centralité d'un individu dans le réseau est fonction du nombre de relations avec les
autres individus.
Nous avons extrait les valeurs de centralité de proximité et d'intermédiarité des Egos calculés
par Cytoscape143
(Annexe 29). A partir du tableau de Cytoscape présentant les données de
centralité pour chaque sommet, nous avons observé la répartition des sommets en fonction de
leur degré de centralité (Tableau 38).
Tableau 38 - Les centralités de proximité et d'intermédiarité
Centralité de proximité ( ) Centralité d'intermédiarité (
= 1
0,6 ˂ ˂ 0,9
0,18 ˂ ˂ 0,6
= 0
15 sommets
5 sommets
29 sommets
185 sommets
0,01 ˂ ˂ 0,07
0 ˂ ˂ 0,01
= 0
9 sommets
29 sommets
195 sommets
234 sommets 234 sommets
Nous avons repéré 15 sommets qui ont un degré de centralité de proximité égale à 1. Nous
visualisons ces 15 sommets colorés en noir sur la Figure 38.
Figure 38 - Les individus centraux dans le réseau du thermalisme dans les Landes
Nous remarquons que les individus qui présentent une centralité de proximité élevée dans le
réseau du thermalisme dans les Landes sont éparpillés sur le sociogramme.
Un acteur est par ailleurs intermédiaire, lorsqu'il permet de mettre en relation des groupes non
reliés. La Figure 39 permet de visualiser les sommets qui présentent les centralités
d'intermédiarité parmi les plus élevées.
143 Cytoscape dispose d'un outil d'analyse (Network Analyzer) qui permet le calcul des indicateurs de centralité.
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
179
Un individu peut très bien être faiblement connecté aux autres (degré de centralité faible), et
s'avérer un intermédiaire indispensable dans les échanges pour tous les membres du réseau. Il
est indépendant des autres pour communiquer, et peut contrôler la communication entre les
autres. Un tel individu peut influencer le groupe en distordant, ou en filtrant les informations.
Il a une meilleure position pour coordonner l'ensemble des membres du réseau. Il occupe alors
une position centrale.
Nous comparons les listes des individus qui ont les degrés de centralité de proximité et
d'intermédiarité les plus élevés. Nous observons que les individus qui ont les degrés de
centralité de proximité et d'intermédiarité les plus élevés sont des Egos des classes 1 à 5, sans
qu'aucune classe soit significativement davantage représentée.
La taille du cercle représentant le sommet est d'autant plus large que la centralité
d'intermédiarité du sommet est importante. Trois sommets se distinguent nettement. La couleur
du sommet nous indique la classe des Egos. Le sommet le plus large ( = 0,07) est coloré en
turquoise ; cela indique que le sommet est dans la classe 1. Cet individu exerce une activité
liée au secteur de la thalassothérapie. Les deux autres sommets présentent un degré de
centralité d'intermédiarité identique ( = 0,05), et font partie de la même classe d'Egos, la
classe 4. Ces deux individus exercent leur activité professionnelle dans un syndicat ou une
association professionnelle.
Figure 39 - Les individus intermédiaires dans le réseau du thermalisme dans les Landes
Des individus sont importants parce qu'ils permettent au réseau d'être relié avec l'extérieur.
L'analyse des propriétés structurales du réseau du thermalisme dans les Landes procure un
traitement des données qui nous permet d'analyser le capital social collectif du thermalisme
dans les Landes, et d'étudier ses effets sur les CIOT.
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
180
Conclusion de la section 2 : L'analyse des réseaux sociaux permet de caractériser les
réseaux sociaux générateurs du capital social du thermalisme dans les Landes
Afin de comprendre comment le capital social détermine les coopérations, dans le cas du
thermalisme dans les Landes, nous avons analysé les réseaux sociaux qui le génèrent. Ainsi, la
représentation graphique du réseau de ce secteur territorialisé, et la mesure de l'intensité, de la
cohésion et de l'équivalence structurale, constituent un ensemble de données descriptives de ce
réseau.
Après ces deux étapes empiriques, nous disposons donc de données d'une part sur les CIOT et
d'autre part sur les réseaux sociaux engendrant le capital social des acteurs d'un secteur
territorialisé précis : le thermalisme dans les Landes. Le rapprochement de ces deux ensembles
de données nous autorise à proposer une réponse à notre question de recherche : comment le
capital social détermine t-il les CIOT ? Cependant, alors que le capital social est défini comme
facilitant les coopérations, nous nous demandons pourquoi, dans le cas de ce secteur sur ce
territoire, et à l'instant étudié, observe-t-on un capital social qui contraindrait plus qu'il ne
faciliterait les coopérations?
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
181
SECTION 3 - DISCUSSION DES LIENS ENTRE LES CARACTÉRISTIQUES DES RÉSEAUX
SOCIAUX ET LES COOPÉRATIONS
Pour comprendre comment le capital social détermine les CIOT du thermalisme dans les
Landes, nous rapprochons donc les caractères des CIOT révélées par l'analyse qualitative de
l'interprétation des résultats de l'analyse des réseaux en nous appuyant en particulier sur les
théories de Burt (2000) et Adler et Kwon (2002), présentées dans le chapitre 2. Ce faisant,
nous effectuons un retour vers les cadres théoriques exposés dans le chapitre 1, liés au
territoire et à la proximité, ainsi qu'aux coopérations et en particulier à la gouvernance
territoriale et à la coopétition. Ainsi, nous présentons les liens entre les réseaux sociaux et les
CIOT (1) et mettons en évidence des difficultés de coopérations cohérentes avec les résultats
de l'analyse des réseaux sociaux (2), et des difficultés de coopétition que les résultats de
l'analyse des réseaux sociaux ne peuvent suffire à éclairer (3).
1. Présentation des liens entre réseaux sociaux et coopérations
Les résultats obtenus de l'analyse des réseaux sociaux du thermalisme dans les Landes
permettent d'analyser le capital social collectif du thermalisme dans les Landes, et aident à
comprendre ses effets sur les CIOT. Pour cela, nous utilisons le modèle d'analyse d'Adler et
Kwon (2002), présenté dans le chapitre 2 (section 2), qui met en évidence les bénéfices et
risques du capital social collectif fondés sur le nombre et l'intensité des relations, à l'intérieur et
avec l'extérieur d'un réseau.
Le réseau du thermalisme dans les Landes rassemble l'ensemble des individus qui ont participé
à l'enquête et leurs relations (74 individus et 397 relations). Nous analysons la densité du
réseau par le nombre de relations, et l'intensité des relations par leur fréquence (Reagans et
McEvily, 2011 ; Rost, 2011) et leur force (Granovetter, 1985).
Ainsi, la densité du réseau observé, défini par le rapport entre le nombre de relations existantes
et le nombre de relations possibles144
, s'élève à 0,007145
. Cette faible densité peut s'expliquer
par le pourcentage élevé d'individus (68%) qui n'ont pas participé à l'enquête, mais qui figurent
dans le réseau parce qu'ils ont été cités. L'on peut penser que s'ils avaient répondu au
questionnaire, ils auraient introduit des relations avec des sommets existants.
D'après les statistiques descriptives présentées supra (section 2), la fréquence des relations à
l'intérieur du réseau du thermalisme dans les Landes est élevée puisqu’un quart (25,69%) des
relations entre deux individus ont une fréquence de « plusieurs fois par mois », et plus de la
moitié (51,13%) ont une fréquence de « plusieurs fois par an ». De plus, les relations à
144 Densité du réseau : δ = L/g(g-1) où g est le nombre d'individus du réseau et L le nombre de relations.
145 Le réseau du thermalisme dans les Landes mis en évidence par l'enquête compte 240 individus et 399 relations).
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
182
l'intérieur du réseau du thermalisme dans les Landes sont fortes, comme l'illustre la
représentation graphique (Figure 40) sur laquelle les arcs sont d'autant plus épais que le poids
de la relation est élevé : 51% des relations déclarées ont, selon le point de vue des répondants,
un poids supérieur à 7146
.
Figure 40 - Représentation du poids des relations de l'ensemble du réseau
Ainsi, les relations à l'intérieur du réseau du thermalisme dans les Landes semblent peu
nombreuses et fortes.
En revanche, les relations avec l'extérieur du réseau observé semblent peu nombreuses et
faibles. En effet, seules 31 relations sont avec l'extérieur du réseau. Cela peut s'expliquer par
nos critères pour interrompre la propagation du réseau. De fait, il s'agit des relations déclarées
avec des individus que nous n'avons pas retenus pour l'enquête147
. Par ailleurs, plus de la
moitié de ces relations ont un poids inférieur à 5 et une fréquence inférieure ou égale à 2 fois
par an. Cette situation semble présenter un risque pour le thermalisme dans les Landes, car
selon Uzzi (1997), le faible nombre de liens avec l'extérieur peut entraîner un isolement qui
réduit la capacité du groupe à saisir les opportunités du marché.
Ces caractéristiques structurales du réseau du thermalisme dans les Landes - des relations peu
nombreuses et fortes à l'intérieur, et des relations peu nombreuses et faibles à l'extérieur -
mettent en évidence les bénéfices et risques du capital social collectif selon le modèle
d'analyse de Adler et Kwon (2002). Nous illustrons la situation du thermalisme dans les
Landes sur ce modèle (Tableau 39). Cependant, il associe dans une seule et même dimension
le nombre de relations et l'intensité des relations, qui sont soit peu nombreuses et faibles, soit
nombreuses et fortes, et il ne permet pas d'analyser la situation du thermalisme dans les
Landes, dans laquelle les relations sont peu nombreuses et fortes.
146 Le poids est apprécié sur une échelle de 1 à 10, où 1 correspond à un poids très faible et 10 un poids très élevé.
147 Pour rappel, n'ont pas été invités à participer à l'enquête, les individus exerçant dans un secteur connexe ou
concurrent du thermalisme (hôtellerie et thalassothérapie) situé hors du territoire des Landes, et les individus
exerçant dans des organismes régulateurs dont l'action ne porte pas sur le territoire des Landes (ARS d'autres départements).
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
183
Tableau 39 - Analyse de l'équilibre bénéfices-risques du capital social selon Adler et Kwon
(2002)
Relations à l'intérieur du groupe (bonding)
Peu nombreuses et faibles Nombreuses et fortes
Relations
avec
l'extérieur
du groupe
(bridging)
Peu
nombreuses et
faibles
Capital social
faible
Risque de
surencastrement
Nombreuses et
fortes Risque d'anomie
Capital social potentiellement élevé
En nous basant sur ce modèle d'analyse, nous ne sommes pas en mesure de déduire que le
thermalisme dans les Landes est caractérisé par le fait de disposer d'un capital social faible.
Nous ne pouvons pas non plus affirmer que le thermalisme dans les Landes est soumis au seul
risque de surencastrement. On peut cependant croire que le thermalisme dans les Landes se
trouve dans une situation entre-deux.
On peut alors penser que cette situation entre-deux présente une contrainte pour les acteurs du
thermalisme dans les Landes pour des raisons liées d'une part au fait de disposer d'un capital
social collectif faible, et d'autre part au risque de surencastrement des acteurs. Ces deux
situations peuvent être détaillées en effectuant un retour sur la littérature.
D'une part, on peut supposer qu'un capital social faible limite les bénéfices pour les acteurs. En
effet, Inkpen et Tsang (2005) ont mis en évidence que les échanges d'informations sont
facilités entre les membres d'un réseau présentant un capital social collectif élevé. Nous
pouvons penser l'inverse pour un réseau qui dispose d'un capital social collectif faible.
De plus, le capital social collectif favorise la solidarité et rend les acteurs d'un groupe plus
puissants pour défendre des intérêts communs (Uzzi, 1997), nous pouvons penser qu'au
contraire, un capital social collectif faible réduit la solidarité entre les membres d'un groupe, et
réduit la capacité du groupe à défendre des intérêts communs.
En outre, selon Putnam (1995), le capital social encourage les comportements coopératifs, un
capital social faible faciliterait dans une moindre mesure la coopération des membres du
réseau.
Ainsi, le capital social du thermalisme dans les Landes, estimé faible selon nos observations,
limite les échanges d'informations entre les acteurs, réduit la solidarité entre les membres, et ne
facilite pas les comportements coopératifs. On retrouve là, des déclarations des directeurs
d'établissements thermaux des Landes qui rapportent que la création de nouvelles instances
collectives de coopération dans les années 2000 (le syndicat national CNETh et le cluster
régional Aqui O Thermes) a entraîné l'augmentation du nombre d'acteurs impliqués dans le
thermalisme dans les Landes, et s'est accompagnée d'une baisse de la solidarité entre les
exploitants thermaux landais. Certains directeurs d'établissements thermaux ont décrit des
Thermalisme
Landes
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
184
démarches individuelles, en même temps que des actions communes de plus en plus limitées,
comme celles du Syndicat des Établissements Thermaux Landais.
D'autre part, un surencastrement peut réduire le flux de nouvelles idées (Nahapiet et Goshal,
1998), induire un esprit de clocher et une inertie qui ne permettent pas au groupe de s'adapter
aux évolutions de son environnement, et entraîner son déclin (Adler et Kwon, 2002). L'analyse
des relations du thermalisme dans les Landes indiquent que les acteurs ont plutôt déclaré des
relations avec des individus exerçant dans le secteur thermal-médical. En effet, les Alters cités
appartiennent majoritairement au secteur thermal-médical. De plus, il ressort des entretiens
semi-directifs avec les directeurs d'établissements thermaux, qu'ils n'envisagent pas de
coopérer avec des acteurs de secteurs connexes.
Or, nous constatons que le thermalisme landais peine à bénéficier depuis quelques années de la
hausse nationale de l'activité. De fait, la fréquentation des cures conventionnées a évolué de
8,6% entre 2009 et 2016 dans les Landes, alors qu'elle a augmenté de 20,8% sur la même
période au niveau national. Sachant que les stations thermales voisines de Dax et de Saint-
Paul-lès-Dax représentent 80% de la fréquentation thermale landaise, et que les autres stations
thermales des Landes suivent plutôt le rythme d'augmentation de fréquentation nationale, il
semble que la problématique de la moindre performance landaise est à attribuer à ces deux
stations. Il nous semble que l'esprit de clocher « dacquois » pourrait expliquer, par exemple,
les difficultés à s'entendre avec les autres acteurs du thermalisme dans les Landes, et avec ceux
situés dans les autres départements de la région, notamment pour la mise en œuvre d'une
stratégie de communication commune. En effet, nous avons constaté un désaccord entre les
acteurs du thermalisme de Dax et de Saint-Paul-lès-Dax, et les autres acteurs du thermalisme
dans les Landes (collectivités territoriales et exploitants des autres stations thermales), sur
l'utilisation, pour une communication commune, de la marque « Dax » comme « locomotive »,
selon l'expression employée. Les acteurs dacquois défendent leur « destination thermale », et
ne souhaitent pas voir Dax et Saint-Paul-lès-Dax englobées dans une « marque » plus large.
Cet esprit de clocher est renforcé par le fait que douze des seize établissements thermaux de
Dax et de Saint-Paul-lès-Dax ont été exploités par des indépendants, principalement des
entreprises familiales depuis leur création. En outre, même si la moitié des directions des
établissements thermaux dacquois ont été rassemblées dans un groupe de six établissements
thermaux en 2013, et quatre établissements publics de l'ancienne SEM CTD ont été cédés à des
exploitants privés depuis 2008, des pratiques relationnelles distinctes héritées du passé
demeurent. Ainsi, une hiérarchie des acteurs semble perdurer avec des acteurs jugés importants
par les directeurs d'établissements thermaux, qui disposeraient d'une autorité et d'un pouvoir
reconnus, par les directeurs de la deuxième ou troisième génération (ou plus), et par les
directeurs des établissements repris à la SEM qui sont nouveaux dans le secteur.
Les observations et déclarations confirment et renforcent les caractéristiques structurales du
réseau du thermalisme dans les Landes. Les flux d'informations injectés de l'extérieur vers
l'intérieur du réseau semblent réduits, générant ainsi un niveau de capital social faible, ce qui
n'encourage pas les coopérations, et présente un risque de surencastrement qui enferme sur
eux-mêmes les acteurs et réduit les opportunités d'adaptation stratégique.
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
185
En fait, comme nous le montrons par la suite à l'aide des résultats de l'analyse du réseau, les
caractéristiques structurales d'au moins deux groupes d'acteurs sont marquantes et déterminent
le capital social collectif, et peuvent ainsi aider à expliquer les difficultés de CIOT. Il s'agit des
relations des exploitants thermaux et des collectivités territoriales.
2. Des difficultés de coopération en cohérence avec les caractéristiques des
réseaux sociaux : les coopérations entre exploitants thermaux et
collectivités territoriales
L'analyse du réseau social peut être conduite en observant des groupes d'individus.
Considérons ainsi le réseau des exploitants thermaux d'une part, puis celui des collectivités
locales d'autre part.
2.1. La structure du réseau des exploitants thermaux
La classe 2 des Egos rassemble ceux qui ont déclaré exercer leur activité dans le secteur
thermal médical148
. Le filtrage du réseau des Egos de la classe 2 (Figure 41) permet de
visualiser qu'ils (sommets bleus) déclarent plutôt des Alters+Relations des classes 1 (flèches
turquoise) et 4 (flèches rouges). Ainsi, les individus qui exercent dans le secteur thermal-
médical déclarent plutôt des relations avec des fournisseurs (50,9%) et ceux sont plutôt des
relations permettant des échanges d'informations de nature management stratégique et
management interne d'une organisation (30%).
Figure 41 - Visualisation des Egos classe 2
148 Les individus de cette classe exercent dans le secteur thermal médical mais ne sont pas des médecins qui eux
sont regroupés dans la classe des Egos qui exercent une activité libérale (classe 3).
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
186
De manière voisine (Figure 42), les Egos de la classe 4 (sommets rouges), qui exercent dans
des syndicats et associations professionnelles, déclarent aussi plutôt des Alters+Relations des
classes 1 (flèches turquoise) et 4 (flèches rouges). Ils déclarent plutôt des relations avec des
fournisseurs (45,8%) et les relations permettent plutôt des échanges d'informations de nature
management stratégique et management interne d'une organisation (42,4%).
Figure 42 - Visualisation des Egos classe 4
Les classes d'Egos 2 et 4 ont donc quasiment le même profil relationnel, puisque les individus
de ces deux classes sont davantage reliés aux Alters+Relations des classes 1 et 4. Ils
constituent un « bloc » au sens de l'analyse structurale (Lazega, 2014). Ils sont structuralement
équivalents, sans être nécessairement liés entre eux. Ils constituent un « bloc » d'individus qui
disposent de relations redondantes, et ont accès aux mêmes informations (Burt, 1987).
Conformément à la littérature (Douard et Heitz, 2003 ; Gnyawali et Madhavan, 2001), ces
individus ont tendance à adopter des comportements similaires et à coopérer. De fait, des
exploitants thermaux landais sont membres actifs d'associations professionnelles locales et
nationales, ils ont accès aux mêmes informations, et ont tendance à opérer des choix
managériaux et stratégiques identiques. Ils ont tendance à coopérer même si, comme nous
l'avons vu dans l'analyse qualitative, ces coopérations ne semblent pas aisées.
2.2. La structure relationnelle des collectivités territoriales
Les effectifs croisés des classes des Egos et des Alters+Relations nous permettent de conclure
que les individus exerçant dans l'administration publique ont davantage de relations avec des
individus exerçant dans l'administration publique. La visualisation du réseau des
Alters+Relations de la classe 2 (flèches bleues) qui correspondent à des relations avec un
professionnel de l'administration publique, permettent de faire le même constat (Figure 43). De
fait, 50% des Alters+Relations qui correspondent à des relations avec un professionnel de
l'administration publique sont déclarées par un professionnel de l'administration publique
(classe 5 des Egos, sommets jaunes).
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
187
Figure 43 - Visualisation des Alters+Relations classe 2
Or, la densité du réseau des Egos de la classe 5 (0,013), supérieure à la densité du réseau
global (0,007), indique que la cohésion entre ces individus est plus forte que la cohésion entre
l'ensemble des membres du réseau. Les individus qui exercent dans l'administration publique
constituent donc une « clique » au sens installé dans la méthode d'analyse des réseaux sociaux
(Lazega, 2014), dotée d'un capital social qui leur est propre (Coleman, 1988).
Au total, l'analyse de la structure relationnelle des exploitants thermaux et celle des
collectivités territoriales introduit l'hypothèse de deux caractéristiques du réseau du
thermalisme dans les Landes, focalisant trois catégories d'acteurs. Premièrement, les individus
qui exercent dans le secteur thermal-médical et ceux qui exercent dans des syndicats et
associations professionnelles présentent une équivalence structurale, qui nous autorise à penser
qu'ils ont le même profil relationnel et constituent un « bloc.». Deuxièmement, les individus
qui exercent dans l'administration publique présentent une forte cohésion, et constituent une
« clique ».
Ces résultats nous paraissent cohérents avec une analyse des acteurs et des coopérations en
appliquant la théorie des parties prenantes (Freeman, 1984 ; Mitchell et al., 1997). En effet, les
difficultés de coopération observées et déclarées concernent principalement les exploitants
thermaux, acteurs centraux, et les collectivités territoriales, parties prenantes via leur soutien
financier au secteur dans l'espoir de création d’emploi et de richesse collective. Les autres
acteurs du réseau du thermalisme (régulateurs, curistes, institut de formation et de recherche,
médecins, offices de tourisme, chambres consulaires, fournisseurs, logeurs, commerçants et
restaurateurs, transporteurs et agences de voyage) sont des parties prenantes dont l'influence
relationnelle est moindre, et sont moins impliquées dans les CIOT.
Or, l'analyse des réseaux sociaux du thermalisme dans les Landes ne met en évidence que de
faibles relations entre ces deux groupes d'acteurs. En effet, seules 10,9% des relations
déclarées par les exploitants thermaux sont des relations avec l'administration publique
(collectivités territoriales, État) et les élus. Parallèlement, 42% des relations déclarées par les
élus sont des relations d'échanges d'informations concernant le management stratégique des
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
188
activités thermales149
. Ce résultat peut expliquer les difficultés de coopération entre les
collectivités territoriales et les exploitants thermaux.
En outre, comme nous l'avons abordé dans la présentation du champ du thermalisme dans les
Landes, les différences de logiques guidant les comportements des exploitants thermaux et les
collectivités territoriales, constituent un autre facteur déterminant des CIOT. En effet, alors que
pour les collectivités territoriales, la coopération avec les exploitants thermaux est souhaitée
afin de maintenir une activité économique sur le territoire, pour les exploitants thermaux, la
coopération est recherchée afin d'aider au fonctionnement (par exemple, subventions attendues
pour la communication du thermalisme local qui relève de la promotion touristique, stabilité
du coût de la ressource en eau thermale). Ainsi, la logique d'intérêt général pour les pouvoirs
publics, à laquelle peut se greffer une logique électorale, et la logique de rentabilité pour les
entreprises thermales sont délicates à combiner pour mener une coopération locale.
A ces difficultés privé-public pour les coopérations s'ajoutent celles entre les exploitants
thermaux.
3. Les difficultés de coopétition entre exploitants thermaux : des facteurs
au-delà des réseaux sociaux
La structure du réseau des Egos de la classe 2 permet d'éclairer les difficultés de coopération
entre exploitants thermaux dans les Landes exposées par notre analyse qualitative. Cette classe
2 comprend 22 Egos, et son réseau est constitué de 91 sommets et 110 arcs, comme l'illustre la.
Figure 44.
Figure 44 - Visualisation des Egos de la classe 2
149 Comme la classification hiérarchique n'a pas révélé une classe regroupant les relations avec les exploitants
thermaux, nous utilisons la classe des relations d'échanges d'informations concernant le management stratégique des activités thermales.
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
189
Ce réseau semble présenter de nombreux trous structuraux et une fermeture du réseau
élevée150
. En effet, la plupart des Egos (sommets bleus) ont de nombreuses relations non
redondantes avec leurs Alters, ce qui engendre de nombreux trous structuraux. De plus, des
Egos de ce réseau sont reliés entre eux, avec une densité (0,013), supérieure à la densité de
l'ensemble du réseau (0,007), ce qui indique une cohésion entre ces individus plus forte que la
cohésion de l'ensemble du réseau.
En suivant l'Analyse de Burt (2000), une telle configuration de réseau procurerait un capital
social optimal au groupe. En effet, les trous structuraux permettent de fournir des informations
provenant de l'extérieur du groupe, et la fermeture permet le partage des informations entre les
membres du groupe, ce qui en cumul contribue au développement d'un capital social collectif
qui pourrait faciliter des coopérations pour un bénéfice mutuel.
Cependant, la situation de coopétition, entendue comme la simultanéité de coopération et de
concurrence, présente des difficultés qui ont été mises en évidence par notre analyse
qualitative, car soulignées par les acteurs du thermalisme interviewés. En effet, ils ont rapporté
que la coopétition, peut être plus avantageuse pour certains exploitants thermaux. Les
établissements thermaux qui accueillent un grand nombre de curistes sont centraux dans le
réseau coopétitif. Considérés comme les chefs de file du thermalisme local, ils sont plus
autonomes et plus compétitifs. Les plus faibles perçoivent la coopétition comme une stratégie
gagnant-perdant. Par ailleurs, cette coopétition peut être qualifiée de "complexe" (Dagnino et
Padula, 2002) parce qu'elle concerne plusieurs niveaux de la chaîne de valeur
(approvisionnement, communication) et un nombre important d'entreprises.
Ainsi, nous pensons que les difficultés de coopération entre les établissements thermaux
proviendraient davantage d'autres facteurs que de la configuration de la structure relationnelle
des coopétiteurs. Nous en suggérons trois.
Premièrement, les difficultés de coopération proviendraient de la dimension humaine de la
coopétition. Les directeurs d'établissements thermaux se disent favorables à la coopération
entre concurrents, et pensent même qu'elle est indispensable à leur adaptation collective.
Cependant, la coopétition n'est pas anonyme ; c'est un phénomène social (Roy, 2010). Afin de
coopérer, les dirigeants des établissements thermaux concurrents se rencontrent, échangent des
informations. Des relations de confiance, voire même d'amitié se créent entre directeurs.
Cependant, des relations de pouvoir peuvent également se développer, et certains directeurs
d'établissements thermaux évoquent même une animosité entre certains individus. Un directeur
d'établissement thermal interviewé témoigne de cet état d'esprit paradoxal « Les limites sont
les relations humaines. On est confrères et concurrents ». De plus, comme nous l'avons évoqué
dans la revue de littérature, la gestion des tensions entre des bénéfices communs et des
bénéfices privés au niveau individuel peuvent se matérialiser par des émotions négatives qui
entravent la coopération entre coopétiteurs (Razah-Ullah et al., 2014). La dimension humaine
150 Pour rappel : un trou structural consiste en une relation non redondante entre deux individus A et B, c'est à
dire que A ne peut se servir d'aucune de ses relations avec d'autres individus pour joindre B (Burt, 2000), et la fermeture du réseau signifie l'existence de liens réciproques entre les membres du réseau (Coleman, 1988).
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
190
sous-jacente à l'« ambigüité relationnelle » de la situation de coopétition (Roy, 2010) pourrait
alors expliquer les difficultés de coopération.
Deuxièmement, comme il est souvent suggéré (Saives et Desmarteau, 2005 ; Le Roy et al.
2013), la proximité géographique qui facilite la multiplication des relations entre les
concurrents, est une variable à prendre en compte pour comprendre les difficultés de
coopérations entre concurrents situés sur le même espace géographique. Ainsi, la proximité
géographique des établissements thermaux dans les Landes, concentrés en particulier sur le
Grand Dax (16 pour un total de 19), peut expliquer les freins à leur coopération.
Troisièmement, des recherches ont montré que la coopétition, lorsqu'elle est induite, est plus
efficace à condition que les managers soient suffisamment flexibles, notamment dans le cas
d'entreprises appartenant à des industries fortement régulées (Mariani, 2007), ce qui est le cas
du thermalisme. En favorisant la coopération par un soutien à la création du cluster AQUI O
Thermes, les pouvoirs publics locaux ont induit une proximité organisée et institué la
coopétition entre des exploitants proches géographiquement. Or, l'étude qualitative semble
montrer que les responsables des établissements thermaux souhaitent coopérer sans que leur
coopération soit nécessairement instituée par les pouvoirs publics.
Ainsi, nos résultats rejoignent la littérature qui note que la dimension humaine sous-jacente à
la coopétition se trouve renforcée lorsque la coopétition est développée par des acteurs qui
partagent une histoire et une culture commune locale (Asselineau et Cromarias, 2010). Nos
résultats confirment en particulier ceux de Cusin et al. (2013), car nous pensons que le succès
de la coopétition dépend fortement de la confiance et de l'attachement émotionnel entre les
partenaires-adversaires proches géographiquement.
Conclusion de la section 3 : il n'existe pas de liens d'influence simples entre réseaux
sociaux et coopérations
L'analyse du capital social du thermalisme dans les Landes indique que les CIOT sont freinées
par les structures relationnelles du réseau des acteurs, et en particulier par celles des
exploitants thermaux et celles des collectivités territoriales.
Toutefois, les structures relationnelles ne peuvent constituer l'unique déterminant des CIOT.
En effet, la coopétition du thermalisme dans les Landes comporte une dimension humaine,
d'ordre individuel, qui semble en particulier surpasser les contraintes relationnelles.
Par ailleurs, cette analyse du capital social du thermalisme dans les Landes montre que les
éléments de contexte doivent être pris en compte pour analyser « l'équilibre bénéfices-risques
du capital social » . Nous rejoignons la conclusion d'Ahuja (2000a) en termes d'influence des
réseaux sociaux sur les coopérations, selon laquelle il n'existe pas de réponse simple et
universelle à la question de la structure du réseau la plus avantageuse pour faciliter les
coopérations.
Chapitre 3 Etude de l'influence du capital social sur les CIOT par l'analyse des réseaux sociaux : le thermalisme dans les Landes
191
CONCLUSION DU CHAPITRE 3.
Notre modélisation théorique a conduit à poser que le capital social, stock de ressources
engendré par les réseaux sociaux des acteurs d'un réseau territorialisé d'organisations,
détermine les CIOT. Nous avons alors fixé comme objectif de recherche de comprendre
comment le capital social détermine les CIOT entre les acteurs, ceci dans le cas spécifique des
secteurs d'activités ancrées sur un territoire.
Les stratégies de CIOT du thermalisme dans les Landes auxquelles nous nous intéressons en
particulier dans ce chapitre terminal, ont été étudiées selon une double approche qualitative et
quantitative. De nombreuses données ont été collectées à l'aide d'entretiens, d'une observation
non-participante, de consultation de documents, de discussions informelles, et de
questionnaires générateurs de noms. Ces matériaux ont fait l'objet d'une analyse dans l'objectif
de comprendre comment le capital social détermine les CIOT du thermalisme dans les Landes.
Ainsi, nous avons procédé à l'interprétation des situations stratégiques vécues par les acteurs
centraux à partir de leurs perceptions, et avons dégagé les principales difficultés des CIOT du
thermalisme dans les Landes : des difficultés relatives à la gouvernance territoriale, et des
difficultés relatives à la situation de coopétition des exploitants thermaux.
Les éléments saillants de notre analyse du capital social, par les apports des résultats de
l'analyse des réseaux sociaux, ont alors aidé à comprendre comment le capital social collectif
détermine les CIOT du thermalisme dans les Landes.
192
193
CONCLUSION GÉNÉRALE
En conclusion de ce travail doctoral, nous revenons d'abord sur l'orientation de la thèse en
management stratégique, et résumons ensuite la démarche de la recherche. Puis nous abordons
les apports de la thèse sur le plan académique et pour les acteurs du terrain, et avançons les
limites détectées à nos travaux. Enfin nous proposons des prolongements à l'étude présentée.
1. Orientation de la thèse en management stratégique et démarche de la
recherche
« Santé et/ou bien-être ? Le thermalisme face aux mutations » , c'est en ces termes que le
Département des Landes, qui a initié cette recherche, posait un questionnement d'adaptation
sectorielle. Pour le Département des Landes, financeur de cette recherche, et premier
département thermal de France, ce questionnement sectoriel est également territorial car le
thermalisme représente un enjeu économique local important.
Ce questionnement pouvait être abordé par plusieurs champs disciplinaires des Sciences de
Gestion. Des approches par le management public, le marketing et le management stratégique
pouvaient être envisagées et auraient permis de soulever des questions de recherche distinctes
mais tout aussi pertinentes pour les acteurs du thermalisme dans les Landes. Nous indiquons
ci-dessous l'intérêt de chaque approche et précisons notre choix d'orientation de la recherche
en management stratégique.
1.1. Approche en management public
Comme le thermalisme est un secteur d'activités marqué par les interventions des organisations
publiques et notamment territoriales, le management public est un champ disciplinaire qui
aurait permis d'apporter un éclairage au questionnement de l'adaptation sectorielle et
territoriale posé par les collectivités territoriales, acteurs du thermalisme dans les territoires à
plusieurs titres. Elles sont financeurs des travaux de modernisation des infrastructures
thermales, souvent fournisseurs de la ressource en eau minérale naturelle, elles sont la tutelle
des activités touristiques pour les curistes de leurs stations via leurs offices de tourisme... Les
collectivités territoriales (Agglomération, Communes et Pays au fil des réorganisations, mais
aussi Région, Département) sont particulièrement impliquées financièrement dans les Landes.
Elles soutiennent les exploitants thermaux, privés pour l'essentiel, notamment par une
contribution financière à la modernisation des établissements thermaux, et contribuent au
développement d'un réseau territorialisé institutionnalisé sous forme de grappe d'entreprises
(cluster Aqui O Thermes). Ainsi, des questions de recherche auraient pu être soulevées. Quel
Conclusion générale
194
est le rôle des acteurs publics dans la gouvernance territoriale du thermalisme, en particulier
dans les Landes ? Comment s'inscrit la politique publique locale de soutien du thermalisme
dans des politiques publiques locales plus générales (tourisme, économie, social) ? Une
réflexion sur ces points aurait permis d'apporter des éléments de réponse aux collectivités
territoriales compte tenu des exigences règlementaires de performance de l’action publique, au
regard des dépenses engagées (Loi Organique relative aux Lois de Finance). Cet angle
d'analyse en management public aurait permis de répondre directement à l'institution publique
prescriptrice de la recherche, en analysant les stratégies publiques. Toutefois, il nous est
rapidement apparu que le questionnement sectoriel et territorial posé, oriente l'analyse sur la
prise en compte des évolutions environnementales du thermalisme. Or, ces mutations sont non
seulement consécutives à des décisions prises à un niveau macro par les institutions publiques
nationales, et dans ce cas l'angle d'analyse en management public local perd de sa pertinence,
mais également à celles prises à un niveau micro par le client et chaque entreprise offreuse, et
dans ce cas des angles d'analyse en marketing et management stratégique devraient être
privilégiés.
1.2. Approche en marketing
Selon une approche en marketing, la compréhension du comportement du consommateur, en
vue d'aider les entreprises du secteur du thermalisme à définir un positionnement des activités,
aurait pu constituer un objectif de recherche doctorale intéressant pour les entreprises du
secteur, car la plupart ont adopté des stratégies de diversification151
. Deux sujets de recherche
auraient permis en particulier d'éclairer les entreprises thermales sur les perceptions des
clientèles. Le premier aurait pu être l'analyse de perception de congruence152
des activités liées
à l'exploitation des eaux thermales, médicales d'une part et spécifiques de bien-être et de loisirs
d'autre part. Un objectif de la recherche aurait pu être la caractérisation des déterminants de la
perception de congruence des diverses activités du thermalisme par les clients. Le second sujet
d'analyse aurait pu être l'étude de la perception de la légitimité des exploitants thermaux à
opérer dans ces deux activités. En effet, les diversifications ont conduit les entreprises à
positionner la nouvelle activité dans une ou des catégories153
distinctes de l’activité existante,
ce qui a pu entraîner un chevauchement de catégories influençant la perception de la
légitimité154
de l’entreprise par les clients dans les nouvelles catégories (Alexy et George,
2013 ; Vergne, 2012). L'axe de recherche en marketing aurait pu intéresser les acteurs du
secteur sur le plan national (par exemple, le Conseil National des Exploitants Thermaux, la
Chaîne Thermale du Soleil), et n'aurait pas présenté un intérêt pour le seul prescripteur de cette
recherche doctorale. Une recherche dans cet axe en marketing pourrait être développée après
cette thèse.
151 Moisset, P. (2011). La diversification des activités des stations thermales. Ministère de l’économie, des finances
et de l’industrie. Conseil National du Tourisme. 152 La congruence désigne « le fait pour deux entités d'aller bien ensemble » (Maille et Fleck, 2011). 153 Selon Rosch (1978), une catégorie est un ensemble d’objets considérés similaires et partageant des
caractéristiques communes. Les catégories représentent des infrastructures cognitives portant sur les attributs et
caractéristiques des produits, et aident ainsi les consommateurs à distinguer le type de produit dont il s’agit. Les catégories permettent de regrouper les produits dans des segments qui facilitent les comparaisons.
154 Vergne et Wry (2014) rappellent que selon Suchman (1995), la légitimité est définie comme la congruence aux normes sociales.
Conclusion générale
195
Enfin, le questionnement sectoriel et territorial, donné à traiter dans le cadre de cette recherche
doctorale, peut aussi être abordé sous l'angle du management stratégique.
1.3. Approche en management stratégique
Le management stratégique est utile, en particulier, pour comprendre les motivations, freins et
limites des diversifications des activités par les entreprises thermales locales. Au-delà des
réflexions portées au niveau de chaque organisation, le management stratégique permet
également d'appréhender les questionnements sectoriels et territoriaux, sous un angle collectif
rassemblant l'ensemble des acteurs (entreprises, fournisseurs, financeurs, agences de
régulations, clientèles...). Ainsi, la stratégie des entreprises d'un secteur peut être vue comme le
produit d'un processus collectif pour faire face à la complexité de l'environnement (Autissier et
Bensebaa, 2014). Or, le thermalisme est en France un secteur de santé qui rassemble des
offreurs (les exploitants thermaux), des clients (les curistes), des agences de régulation
(agences régionales de santé par exemple), et des acteurs spécifiques du secteur et du territoire,
prescripteurs (les médecins) et divers partenaires locaux (collectivités territoriales, chambres
consulaires...). Ces nombreux acteurs sont soumis au même macro-environnement.
Localement, ils interagissent afin de s'adapter à ses mutations, et parfois afin d'orienter ses
évolutions.
Dans le cas du thermalisme dans les Landes, il nous est apparu dès les premiers mois de la
recherche doctorale, que le questionnement relatif à l'adaptation aux mutations de
l'environnement était lié aux coopérations entre les acteurs de ce secteur territorialisé. Nous
avons alors cherché à comprendre pourquoi les coopérations entre les acteurs du thermalisme
dans les Landes entre 2009 et 2016, période de hausse du nombre de curistes en France, ne
semblent pas permettre une adaptation collective des exploitants thermaux aux mutations de
leur environnement, comme l'indique la moindre progression du nombre de curistes dans les
Landes. Nous avons alors choisi de traiter la problématique du thermalisme sous l'angle du
management stratégique, en nous intéressant en particulier aux coopérations inter-
organisationnelles territorialisées (CIOT).
Ayant retenu l'orientation en management stratégique pour conduire notre thèse, nous avons
alors dû adopter un cadre théorique permettant l'étude des CIOT. L'économie des coûts de
transaction (Williamson, 1981) est le cadre théorique généralement utilisé pour étudier les
coopérations inter-organisationnelles (CIO), et en particulier pour en expliquer les facteurs
d'émergence. Toutefois, un pluralisme théorique combinant la théorie des coûts de transaction,
l'approche fondée sur les ressources et compétences, ainsi que les travaux sur l'apprentissage
est souvent préconisé (Barthélemy et al., 2001). La théorie des Parties Prenantes (PP)
(Freeman, 1984) nous a également semblé pouvoir présenter un intérêt pour étudier les CIOT
car elle aurait permis de rechercher, par l'analyse des attributs possédés par chaque PP
(Mitchell et al., 1997), une première explication aux difficultés à coopérer des acteurs du
thermalisme dans les Landes que nous avons observées et déclarées par les acteurs. Or, nous
avons constaté que le thermalisme dans les Landes est fortement institutionnalisé, et il est
ressorti de l'analyse des PP que celles privées et celles publiques sont en interaction. De plus,
comme nous l'avons exposé en introduction de la thèse, les coopérations entre un ensemble
Conclusion générale
196
d'organisations hétérogènes, privées et publiques, situées sur un territoire, comme dans le cas
du thermalisme dans les Landes, sont consubstantielles aux réseaux territorialisés
d'organisations. Ainsi, et compte tenu de l'encastrement de l'activité économique dans les
réseaux de relations sociales (Granovetter, 1985), nous avons décidé d'opter pour le cadre
théorique des réseaux sociaux pour étudier les CIOT entre les acteurs du réseau territorialisé
d'organisations qui était notre objet. Les sociologues des organisations qui ont installé le cadre
théorique de l'analyse des réseaux sociaux, proposent une approche par le capital social, vu
dans le prolongement de Bourdieu (1980) comme l'ensemble des ressources liées à la
possession d'un réseau de relations sociales, et indiquent que le capital social facilite les
coopérations (Putnam, 1995 ; Coleman, 1988). Dans une perspective d'adaptation stratégique,
nous nous sommes intéressés à la ressource constitutive du capital social permettant de
connaître l'environnement, ses opportunités et ses menaces. Nous avons alors proposé d'utiliser
le cadre théorique des réseaux sociaux afin de comprendre les difficultés de coopérations, et
plus particulièrement le capital social engendré par ces réseaux sociaux.
Ainsi, le choix entre ces trois angles d'analyse -management public, marketing, management
stratégique- susceptibles de répondre à la commande et présentant chacun un intérêt de
recherche doctorale, n'a été opéré qu'après quelques mois d'immersion dans le terrain étudié,
au sein de l'Institut du Thermalisme (Université de Bordeaux).
Notre étude doctorale est donc consacrée aux coopérations entre les acteurs d'un réseau
territorialisé d'organisations et à l'influence exercée par le capital social du réseau. Par une
caractérisation de ce capital social, nous avons traité de déterminants de l'adaptation
stratégique collective et apportons des éléments de réponse à la commande d'analyse de la
situation du thermalisme dans les Landes.
Ce secteur d'activité est ancien et fortement ancré sur les territoires riches en eaux minérales
naturelles exploitées localement. En France, le thermalisme est un secteur lié à la santé,
fortement institutionnalisé, dépendant largement du financement public. Notre approche
exploratoire a mis en évidence que le thermalisme dans les Landes présente un contexte social
hérité d'une histoire de coopérations inter-organisationnelles. De plus, nous avons constaté que
l'ensemble des acteurs de ce territoire thermal155
s'interrogent sur leurs stratégies face aux
évolutions des besoins des curistes, des incertitudes règlementaires, et des enjeux économiques
locaux de ce secteur d'activité.
Afin d'apporter un éclairage à l'ensemble des acteurs du thermalisme dans les Landes, il nous
est apparu nécessaire de qualifier les modalités d'adaptation collective des acteurs de ce champ
organisationnel, et en particulier les coopérations inter-organisationnelles. Nous avons focalisé
notre analyse sur deux types de coopération, d'une part sur la gouvernance du territoire et donc
les coopérations entre des acteurs privés et publics, et d'autre part sur la situation de
coopétition entre des entreprises proches géographiquement. Notre revue de littérature a mis en
évidence que le territoire apparaît comme un fournisseur de ressources relationnelles qui
peuvent faciliter ou limiter les coopérations entre les acteurs. De plus, comme l'a montré la
155 Nous utilisons l'expression « ce territoire thermal » pour désigner l'ensemble des acteurs impliqués dans le
thermalisme dans les Landes, même s'ils ne sont pas situés géographiquement dans le département des Landes.
Conclusion générale
197
sociologie des organisations, les décisions économiques des acteurs ne sont pas isolées mais
sont encastrées dans des configurations relationnelles spécifiques. Nous avons suggéré alors
que les ressources relationnelles d'un groupe d'acteurs sur un territoire, qui génèrent le capital
social du groupe, influencent l'adaptation collective. Le capital social collectif présente des
effets bénéfiques de cohésion mais comporte un risque de surencastrement qui peut entraîner
une inertie collective.
Pour comprendre comment le capital social collectif influence l'adaptation collective du
thermalisme dans les Landes, nous avons cherché à caractériser la cohésion des acteurs et
l'ouverture de ce champ organisationnel. Pour cela, nous avons mis en œuvre une
méthodologie comportant deux volets. Premièrement, nous avons réalisé un diagnostic des
représentations des dirigeants des exploitations thermales locales, par une approche qualitative
à partir de nos observations et de leurs déclarations. Puis, deuxièmement, nous avons procédé à
une analyse quantitative afin de reconstituer les structures des réseaux sociaux dans lesquels se
situent les acteurs.
La méthode d'analyse des réseaux sociaux présente des difficultés d'opérationnalisation, et
pose notamment un problème de délimitation des frontières du réseau à analyser. Nous avons
adopté une démarche d'analyse de "réseau complet ouvert", qui consiste à ne pas délimiter a
priori les frontières de l'ensemble observé. Pour cela, nous avons collecté les données des
relations des acteurs du thermalisme dans les Landes, via une enquête auto-administrée, et
auto-extensive à partir d'une liste initiale d'acteurs locaux. Nous avons traité ces données de
réseaux sociaux en utilisant un protocole d'analyse sociométrique. Ainsi, nous avons choisi
d'examiner la cohésion entre les membres du réseau grâce à l'analyse de la densité et de la
fermeture du réseau, parce que la cohésion permet d'expliquer les effets de la structure du
réseau sur le partage de ressources informationnelles entre ses membres. D'autre part nous
avons cherché à interpréter l'équivalence structurale des membres du réseau observé, car elle
permet de mettre en évidence la création de capital social et la tendance à coopérer entre les
membres structuralement équivalents. La visualisation du réseau a permis d'illustrer les
caractéristiques du réseau, et notamment celles limitant l'adaptation collective.
Nos résultats mettent à jour l'influence du capital social sur la capacité à coopérer des acteurs
d'un réseau inter-organisationnel territorialisé. Nous observons que les structures relationnelles
des acteurs ancrés sur un territoire peuvent être vues comme "corrélées" à des perceptions des
coopérations, et ce dans le cas du thermalisme dans les Landes (d'où sont issues les données).
Nous montrons que la structure relationnelle des acteurs d'un secteur d'activités ancrées sur un
territoire peut engendrer un capital social qui contraint les CIOT. Premièrement, nous
montrons qu'un réseau dense d'acteurs faiblement reliés avec l'extérieur du réseau entraîne
deux conséquences négatives pour l'adaptation collective. D'une part une telle structure de
réseau engendre un capital social faible qui limite les échanges d'informations entre les acteurs,
entravant ainsi les coopérations. D'autre part, elle comporte un risque de surencastrement des
acteurs dans le réseau qui réduit le flux de nouvelles idées et induit un « esprit de clocher »
contraignant l'adaptation collective. Deuxièmement, les résultats permettent de suggérer que
l'ensemble constitué de deux groupes distincts d'acteurs, les exploitants thermaux et les
collectivités territoriales, présenterait un capital social collectif faible. Troisièmement, notre
Conclusion générale
198
recherche suggère que les difficultés de la coopétition entre partenaires-concurrents proches
géographiquement ne semblent pas pouvoir être expliquées par l'analyse des réseaux sociaux,
mais nécessitent de prendre en compte d'autres facteurs, et en particulier des facteurs d'ordre
humain.
Reprenons les principales conclusions de cette thèse, et discutons-en les apports et limites afin
d'avancer des prolongements.
2. Les principaux apports
Notre recherche apporte une contribution sur les plans théoriques, méthodologiques et
managériaux.
Au plan théorique, notre recherche précise, dans une situation particulière d'entreprises, les
liens entre le capital social et les CIOT. Ces coopérations spécifiques ne sont abordées que
dans peu de travaux. Nous avons produit une caractérisation du capital social tel qu'il nous est
paru pertinent comme déterminant des CIOT, ce qui complète la mise en évidence des
déterminants des CIO par Schermerhorn (1975), qui considère qu'il faut s'intéresser à leurs
déterminants pour savoir comment les stimuler et les faciliter. Par ailleurs, nous relativisons la
thèse de la coopération comme stratégie permettant une adaptation collective à
l'environnement. En effet, la complexité de la coopétition semble contraindre la coopération, et
limite l'influence de la coopération sur l'adaptation collective.
Au plan méthodologique, pour conduire l'analyse du réseau social et du capital social comme
facteurs potentiellement explicatifs de l'adaptation stratégique collective via les CIOT en place,
nous avons proposé une analyse croisée des réseaux sociaux et des CIOT. La méthode
proposée rapproche une caractérisation des réseaux sociaux professionnels avec les formes de
coopérations révélées par une analyse qualitative. Cette méthode comprend la collecte des
données de réseau selon un protocole adapté (un générateur de noms diffusé par effet boule de
neige à partir d'une liste pré-établie) et une caractérisation des réseaux sociaux professionnels
par classification des acteurs et relations. L'analyse du réseau inter-organisationnel
territorialisé est ensuite conduite grâce à la cartographie156
des réseaux sociaux professionnels
mis à jour et à la mesure d'indicateurs de propriétés structurales de réseau. Enfin, nous
considérons l'équilibre entre l'ouverture du réseau et la cohésion des acteurs au sein du réseau
en utilisant les grilles de Burt (2000) et d'Adler et Kwon (2002), pour en évaluer les effets sur
leurs coopérations. Au total, cette méthode, appliquée au thermalisme dans les Landes,
pourrait être utilisée pour l'analyse d'autres secteurs d'activités également ancrées sur un
territoire et fortement captives de leur métier.
Au plan des pratiques managériales, les apports de la thèse consistent à éclairer les acteurs
du thermalisme dans les Landes qui s'interrogent sur la progression de l'activité thermale en
deçà de l'évolution nationale depuis 2009.
156 La cartographie est réalisée au moyen du logiciel Cytoscape.
Conclusion générale
199
Les coopérations des acteurs vues comme des stratégies d'adaptations collectives aux menaces
de l'environnement ne semblent pas permettre au thermalisme dans les Landes de bénéficier de
la croissance nationale. Notre thèse propose de comprendre cette situation par une analyse
croisée des coopérations entre les divers acteurs du thermalisme dans les Landes, publics et
privés, et de leurs relations professionnelles. Les implications des résultats de la thèse pour le
thermalisme dans les Landes sont de trois ordres : l'ouverture du réseau social, la gouvernance
territoriale et la gestion de la coopétition.
L'ouverture du réseau social
L'analyse qualitative permet de mettre en évidence que les acteurs du thermalisme dans les
Landes ont de nombreuses opportunités d'entrer en relation avec les acteurs de ce secteur situés
dans d'autres territoires thermaux, et avec les secteurs connexes. On peut citer, par exemple,
les journées nationales du thermalisme organisée par le syndicat professionnel (CNETh) et les
séminaires de l'European Spas Association. Cependant, l'enquête sur les réseaux sociaux révèle
que les acteurs du thermalisme dans les Landes déclarent être en relations quasiment
exclusivement avec des acteurs du secteur dans les Landes, à l'exception des relations avec des
individus travaillant dans les syndicats professionnels nationaux. Nous listons plusieurs
facteurs explicatifs de ce résultat.
Premièrement, cela peut être dû à un biais de l'enquête. Le questionnaire n'a peut-être pas été
suffisamment compris, et les répondants n'ont alors pas pensé déclarer leurs relations
extérieures au secteur et au territoire. De plus, les répondants n'ont peut-être pas consacré assez
de temps à répondre, et n'ont alors déclaré que les premières relations auxquelles ils pensaient,
et pas la totalité de leurs relations.
Deuxièmement, il se pourrait qu'ils n'aient pas jugé que leurs relations extérieures au secteur et
au territoire eussent pu leur être utiles pour leurs décisions stratégiques. Cependant, nous
écartons ce facteur car les exploitants thermaux ont largement déclaré des relations avec leur
syndicat national (CNETh).
Enfin, grâce à nos analyses qualitative et quantitative, nous pouvons penser que la proximité
géographique, la proximité institutionnelle et la proximité sociale ont influencé les relations
déclarées par les répondants.
La proximité géographique des nombreux acteurs du thermalisme dans les Landes occasionne
des face-à-face qui permettent aux acteurs d'entrer en relation. Nous pouvons alors supposer
que les acteurs du thermalisme dans les Landes sont entourés d'un nombre et d'une pluralité
d'acteurs suffisants pour constituer un potentiel de relations utiles à leur prise de décision
stratégique, et qu'ils ne cherchent pas à entrer en relations avec des personnes à l'extérieur de
cette zone géographique proche.
La proximité institutionnelle, qui traduit le fait qu'un groupe d'individus partage et se conforme
à un même ensemble d'habitudes et de normes, amène probablement les acteurs du
thermalisme dans les Landes, institutionnellement proches, à déclarer des relations avec les
mêmes individus. On constate en effet que les acteurs landais ont largement déclaré être en
Conclusion générale
200
relation avec les membres du cluster Aqui O Thermes, dont la plupart sont membres, et du
syndicat national des exploitants thermaux (CNETh). Nous pensons alors que les relations des
acteurs du thermalisme dans les Landes avec des individus exerçant leur activité
professionnelle au sein du cluster Aqui O Thermes ou du CNETh présentent l'avantage de
réduire la recherche d'informations puisque ceux-ci réalisent une veille informationnelle large
(sur d'autres territoires thermaux nationaux et internationaux, et sur des secteurs connexes)
dont ils partagent les analyses et les synthèses. Le CNETH facilite l'accès à une information
relative au thermalisme médical en France et à l'international. Le cluster Aqui O Thermes
permet aux acteurs landais d'accéder à de nouvelles sources d'informations en particulier par
l'intégration de nouveaux membres éloignés géographiquement157
.
La proximité sociale, qui sous-tend des engagement personnels forts au moyen de relations
basées sur l'amitié et les liens familiaux, peut induire une confiance entre les acteurs qui ne
cherchent pas l'information au par ailleurs. Ainsi, cet entre-soi peut entraver les relations des
acteurs avec de nouveaux partenaires.
Au total, l'analyse indique que la recherche d'informations par les acteurs du thermalisme dans
les Landes, nécessaire à leur prise de décision stratégique, s'oriente vers des individus proches
géographiquement, institutionnellement et socialement. Or, comme l'indique la littérature, la
proximité géographique ne garantit pas la coopération des acteurs, et la proximité sociale
présente le risque d'enfermer les acteurs dans des réseaux de relations. La proximité
institutionnelle des acteurs du thermalisme dans les Landes semble alors nécessaire pour
impliquer la coopération des acteurs autour d'un projet commun, intégrer de nouveaux acteurs
permettant une ouverture vers de nouvelles sources d'informations, et ainsi permettre aux
acteurs de s'adapter aux évolutions de leur environnement.
La gouvernance territoriale
L'analyse des réseaux sociaux du thermalisme dans les Landes révèle que les exploitants
thermaux, qui sont tous privés, et les collectivités territoriales constituent deux groupes qui
sont faiblement connectés et qui ne sont quasiment pas reliés avec des acteurs extérieurs au
secteur et au territoire. Or, nous tirons de notre analyse de la littérature que des organisations
faiblement reliées entre elles et avec l'extérieur disposent d'un capital social collectif faible, qui
ne permet pas de faciliter leurs coopérations.
Par ailleurs, il ressort de l'analyse qualitative que les exploitants thermaux et les collectivités
territoriales rencontrent des difficultés à coopérer. Il semble par exemple que les exploitants
thermaux et les collectivités territoriales ne s'accordent pas sur la détermination du territoire
thermal à promouvoir.
Les exploitants thermaux trouvent la participation des collectivités territoriales à la
gouvernance territoriale du thermalisme dans les Landes contraignante. Selon eux, la poursuite
d'objectifs communs de développement économique limiterait leurs prises de décisions
individuelles. Or, les collectivités territoriales (la région Aquitaine, le département des Landes,
157 La région Nouvelle Aquitaine compte 14 stations thermales. Aux 10 stations présentes en Aquitaine s'ajoutent
les stations de Poitou-Charentes (Jonzac, La Roche Posay, Saujon) et du Limousin (Evaux les Bains).
Conclusion générale
201
l'agglomération du Grand Dax) contribuent financièrement au fonctionnement de la
gouvernance territoriale du thermalisme dans les Landes, en particulier depuis la création en
2009 du cluster Aqui O Thermes qu'ils ont initié, et permettent la mobilisation de l'ensemble
des acteurs pour réaliser, par exemple, des économies d'échelle au niveau de l'équipement, la
modernisation des établissements, le développement de projets de recherche...
Les exploitants thermaux interviewés remettent en cause la gouvernance territoriale du
thermalisme dans les Landes en place au moment de l'enquête, que l'on peut qualifier de
« mixte à dominante publique ». Ils lui préfèrent une coopération impliquant uniquement des
exploitants thermaux. Nous pensons que l'évolution du nombre et du type d'acteurs
géographiquement et institutionnellement proches des exploitants thermaux du Grand Dax,
suite au retrait de la ville de Dax en tant qu'exploitant thermal majeur dans les Landes158
et à
l'intégration dans le cluster Aqui O Thermes d'exploitants localisés dans un périmètre
géographique élargi, ont modifié l'environnement des acteurs du thermalisme dans les Landes.
Notre analyse qualitative indique que le mode de gouvernance territoriale « mixte à dominante
publique » ne semble plus répondre aux exploitants thermaux locaux. Leurs déclarations et la
création d'une association des exploitants thermaux du Grand Dax159
indiquent qu'ils sont
partisans d'une gouvernance, dite « privée collective », de type associative, qui leur permettrait
de s'organiser sans l'intervention des acteurs publics, sur des projets ponctuels, comme par
exemple la communication. La gouvernance territoriale « privée collective » qui configure un
réseau de relations formelles et informelles, reposant sur un sentiment d'appartenance
communautaire, existe déjà en parallèle de la gouvernance territoriale mixte du thermalisme
dans les Landes. Cependant, le Syndicat des Exploitants Thermaux Landais (SETL) qui est
l'instance de cette gouvernance « privée collective », parallèle à la gouvernance territoriale
« mixte à dominante publique » du thermalisme dans les Landes, ne semble plus faciliter la
coopération des acteurs privés avec leurs partenaires publics autant que par le passé.
Nous suggérons alors une évolution de la gouvernance territoriale du thermalisme dans les
Landes vers une gouvernance territoriale « mixte à dominante privée », dans laquelle les
acteurs privés pourraient être en charge de la gouvernance territoriale et les acteurs publics en
seraient des parties prenantes. L'objectif de cette forme de gouvernance serait de rendre
possible la juxtaposition des intérêts privés (assurer la rentabilité des établissements thermaux)
et de l'intérêt collectif (assurer l'attractivité des stations thermales des Landes auprès des
curistes), tout en diffusant auprès de l'ensemble des acteurs une vision partagée du
développement du secteur et du territoire. Un rôle de pivot dans la gouvernance territoriale
pourrait être confié à un acteur privé. Cette préconisation implique de s'intéresser au rôle de
l' « acteur pivot » qui devrait intégrer les logiques publiques et de marché et à ses compétences
managériales.
158 La SEM Compagnie Thermale de Dax a progressivement cédé trois établissements thermaux à des exploitants
privés. 159 Nous avons observé en 2016 la création d'une association regroupant uniquement les établissements thermaux
du Grand Dax en particulier dans l'objectif de conduire une campagne de communication commune pour le territoire thermal de l'agglomération.
Conclusion générale
202
La gestion de la coopétition
Il ressort de l'analyse des réseaux sociaux que la configuration des relations entre les
exploitants thermaux des Landes serait optimale pour faciliter leurs coopérations. Par ailleurs,
notre analyse qualitative souligne que les exploitants thermaux partagent un héritage de
coopération dont témoigne la pérennité du Syndicat des Exploitants Thermaux Landais.
Comme nous avons pu l'observer plus récemment, cette nécessité de coopérer s'est manifestée
par exemple par la solidarité spontanée dont les exploitants thermaux ont fait preuve afin
d'accueillir les curistes des établissements inondés par une crue de l'Adour en 2014. Par
ailleurs, le besoin de développer une campagne de communication commune a motivé la
création d'une association par les exploitants thermaux du Grand Dax en 2016.
Pourtant, les exploitants du Grand Dax en particulier déclarent des difficultés de coopération
entre eux. La coopération entre concurrents serait selon les « petits » exploitants thermaux à
caractère familial depuis plusieurs générations, plus avantageuse pour les « gros » exploitants
thermaux. Ils voient la coopétition comme une stratégie « gagnant-perdant ». Cette difficulté
de coopération entre des exploitants thermaux proches géographiquement a été observée par
exemple pour le lancement commun d'une offre de cure libre160
.
Par ailleurs, les proximités géographique, institutionnelle et sociale des directeurs des
établissements thermaux du Grand Dax, qui créent de nombreuses occasions de rencontres et
d'échanges d'informations, permettent le développement de relations de confiance et d'amitié,
mais également de pouvoir. La difficulté des exploitants thermaux du Grand Dax à gérer la
coopétition, mise en évidence par notre analyse qualitative, va dans le sens de la littérature qui
indique que la complexité de la coopétition relève d'un facteur humain. Notre étude indique
que la coopétition entre des partenaires-concurrents proches géographiquement serait difficile
à gérer par les individus, en particulier lorsqu'ils partagent un historique de relations et un
destin commun. La littérature a montré que la séparation de la gestion des activités
concurrentielles et coopératives rend possible la gestion de la coopétition. La séparation des
activités de concurrence et de coopération est possible dans une grande entreprise qui dispose
de ressources humaines suffisantes pour opérer cette séparation par le biais de départements
distincts. Pour les PME, comme dans le cas des entreprises viticoles sur le territoire du Pic
Saint Loup (Granata et Le Roy, 2014), lorsqu'une structure formelle distincte des entreprises
gère la coopération, les dirigeants des entreprises sont davantage en situation de pouvoir gérer
simultanément coopération et compétition. Pour gérer la coopétition du thermalisme dans les
Landes, et du Grand Dax en particulier, nous recommandons alors de faire intervenir une entité
distincte qui pourrait jouer le rôle d'un « acteur tiers ». Cet acteur pourrait être dédié à la
gestion de la coopération entre les entreprises en assurant le bon déroulement des échanges
d'informations entre les partenaires-adversaires.
Au total, les difficultés de coopération entre acteurs privés et publics d'une part, et entre
opérateurs privés concurrents d'autre part, ne sont pas faciles à réduire. Toutefois les échanges
d'informations paraissent intervenir positivement, et pourraient se concrétiser par la création
160 La cure libre est une cure non conventionnée.
Conclusion générale
203
d'un rôle de coordination de la discussion entre les différents types d'acteurs, et de diffusion
d'informations stratégiques et organisationnelles dépassant le seul territoire et le secteur du
thermalisme. Comment et à qui devrait être confié ce rôle (cluster, opérateur leader, tiers
spécifique, etc.) n'est pas de ce niveau d'analyse. En revanche, ce qui paraît incontestable au vu
des analyses qualitative et quantitative, est que le périmètre de cette action devrait être local, et
non pas être plus large (régional).
3. Les limites de la recherche
Les limites identifiées de cette recherche doctorale sont relatives d'une part aux biais
d'observation du réseau social étudié, et d'autre part à la caractérisation de la structure du
réseau social et du capital social. Ces limites semblent fréquentes dans les recherches en
management (Conway, 2014). Elles peuvent cependant constituer des faiblesses qui limitent la
validité de nos interprétations.
Les données inexistantes ou erronées sont problématiques. L'objectif est de collecter
l'ensemble des données de réseaux sociaux. Alors qu'il semble irréaliste d'obtenir un taux de
réponse de 100%, il convient de viser au minimum 75% (Eloire et al., 2011) de participation
des membres d'un groupe. Un taux inférieur risque de conduire à une mauvaise représentation
du réseau, et à une interprétation trompeuse. Plusieurs raisons ont pu conduire à nous éloigner
de l'objectif de collecte de l'ensemble des relations ou entraîner la collecte de données
biaisées : les non réponses, la méthode de collecte choisie, des biais de réponses. Les données
de réseaux sociaux sont des données sensibles que le répondant peut refuser de dévoiler,
malgré l'anonymat des réponses. De plus, des données relationnelles d'institutions publiques
n'ont probablement pas pu être collectées, car des individus interrogés, ne se sentant pas
légitimes pour répondre au nom de l'institution qui les emploie, n'ont pas participé à l'enquête.
La méthode de collecte des données de réseaux sociaux, au moyen d'un questionnaire diffusé
par effet boule de neige, choisie car elle permet d'intégrer dans le réseau le plus grand nombre
possible d'individus, ne permet cependant pas de s'assurer de la complétude des données de
réseaux collectées. Les réponses peuvent être biaisées du fait de défaillances de la mémoire, de
variations dans la compréhension des relations dont l'étude fait objet, de la taille du réseau
personnel, du temps alloué pour répondre, et de la surreprésentation du réseau afin de paraître
davantage connecté ou relié avec certains individus.
La visualisation du réseau qui résulte de la représentation graphique guidée par l'analyse
statistique préalable, peut conduire à une interprétation trompeuse de certaines caractéristiques
du réseau. Il n'existe cependant pas, selon l'état de la littérature mené par Conway (2014), de
méthode pour interpréter ou décoder les visualisations de réseau.
Le respect de l'anonymat et du non consentement à participer à l'enquête constituent selon
nous deux limites d'ordre éthique à notre recherche. Premièrement, le respect de l'anonymat
des répondants et de leurs relations est bien assuré pour la représentation graphique du réseau,
car les noms des individus ne sont pas mentionnés. Cependant, pour reconstituer le réseau
étudié par l'agrégation des réseaux de chaque répondant, l'individualisation de chaque
Conclusion générale
204
répondant par le chercheur est indispensable. Deuxièmement, le non consentement d'un
individu à participer à l'enquête ne lui garantit pas de ne pas apparaître dans le réseau, car il
peut être cité par un ou plusieurs répondants.
La définition des frontières du réseau à analyser et des choix effectués pour définir une
règle d'inclusion posent un problème. Lorsqu'une analyse de réseaux est menée au sein d'un
groupe bien identifié d'individus, au niveau intra-organisationnel comme au sein d'une équipe
de projet ou d'un service, l'appartenance au réseau est assez claire. Dans le cas des recherches
qui portent sur des communautés d'individus, l'appartenance au groupe est plus difficile à
définir. Dans notre cas, nous avons commencé par enquêter les individus connus pour être
essentiels au réseau étudié et avons procédé à l'identification d'autres membres à partir de ces
premiers individus enquêtés. L'utilisation de cette approche d'échantillonnage « boule de
neige » nous a conduit à définir des règles pour interrompre le recrutement des répondants et la
collecte de données qui auraient sans doute pu être poursuivis. Sans décision de règles pour
recruter ou ne pas recruter des individus dans le réseau, la collecte de données aurait conduit à
un ensemble de ramifications qui pouvaient s'étendre à l'extérieur de la communauté. Comme
le recommandent Laumann, Marsden et Prensky (1983), la règle de décision que nous avons
choisie pour fixer les frontières du réseau, est liée à notre question de recherche. Cependant, la
règle choisie peut influencer grandement la structure du réseau révélé par l'analyse. Ainsi, les
conclusions retirées de notre analyse de réseaux sociaux du thermalisme dans les Landes
doivent être considérées comme une explication possible. Des explications alternatives
peuvent être fondées sur des données de réseaux sociaux non collectées (Fombrun, 1982 ; p.
288).
4. Les prolongements de la recherche
Les prolongements envisagés sont de deux natures : ceux qui permettraient de réduire les biais
et limites ci-dessus exposés, et ceux qui viseraient à élargir le champ d'application, tout en
conservant les deux caractères singuliers des secteurs d'activités ancrées sur un territoire : la
proximité des acteurs et leur captivité par les ressources naturelles du territoire.
Notre étude ne porte que sur des relations entre les acteurs qui sont d'ordre formel. Ce sont des
relations d'ordre stratégique, puisque les individus ont été interrogés sur les relations qui leur
semblaient essentielles pour le développement et la pérennité de leur activité professionnelle.
Les relations informelles entre les acteurs qui relèvent du soutien de liens amicaux ou
familiaux ne sont pas étudiées. Or, la communauté locale du thermalisme est fortement
institutionnalisée pour des raisons historiques et sociales, qui dépassent les raisons
économiques. Si la coopération entre les acteurs est orientée par des logiques de stratégie, elle
est également soumise à d'autres processus. Des principes de solidarité sociale entre amis
peuvent expliquer les relations entre les acteurs, qui sont alors des relations de conseil et de
soutien (Lazega, 2014). Nous préconisons alors d'inclure dans l'analyse des réseaux sociaux les
relations informelles dans le cas de l'étude du capital social d'un réseau inter-organisationnel
Conclusion générale
205
territorialisé, comme cela a pu être effectué dans le cas d'une étude de collaboration intra-
organisationnelle (Cross et al., 2002).
Par ailleurs, par nécessité opérationnelle et par volonté de traiter un cas spécifique, nous avons
limité le réseau social observé et les CIOT. Nous avons alors défini les frontières du réseau en
écartant des relations sociales qui auraient sans doute permis d'étendre le réseau inter-
organisationnel territorialisé au-delà d'un espace départemental et sectoriel. Or, si on doit
s'intéresser au seul secteur du thermalisme, en considérant plusieurs territoires nationaux
(Auvergne-Rhône-Alpes, Pyrénées-Occitanie-Méditerranée, par exemple) et internationaux
(Allemagne, Espagne, Italie par exemple), des comparaisons pourraient faire apparaître des
particularités locales liées à l'histoire, mais aussi de contrôle capitalistique, de poids de
l'activité dans l'économie des territoires, éléments qui pourraient atténuer le capital social
comme facteur déterminant des CIOT.
Notre étude n'aborde pas la question de l'évolution des réseaux sociaux, comme cela a été
réalisé dans d'autres secteurs161
. Il conviendrait à l'avenir de conduire une analyse
longitudinale, en répétant l'analyse des réseaux sociaux sur des données collectées au terme de
plusieurs saisons thermales afin d'étudier l'évolution de l'influence du capital social sur les
CIOT. A l'inverse, la mise en place des CIOT pourrait laisser pressentir des variations des
réseaux sociaux ; il serait ainsi intéressant de pouvoir analyser l'influence des CIOT sur le
capital social.
Enfin, la méthodologie développée pour cette recherche portant sur un secteur de santé
pourrait être appliquée à d'autres secteurs d'activités territorialisés. Nous pensons en particulier
au secteur viticole, où les problématiques de gouvernance territoriale et de coopétition ont
largement été étudiées162
, mais qui n'ont pas fait l'objet, à notre connaissance, d'une analyse des
réseaux sociaux afin de comprendre comment le capital social détermine les CIOT.
Cette thèse a contribué à comprendre comment le capital social engendré par les réseaux
sociaux détermine les CIOT entre les acteurs d'un réseau territorialisé d'organisations, dans le
cas spécifique du thermalisme dans les Landes. Il s'agirait à présent d'identifier les moyens
pour agir sur la composition et la structure des réseaux sociaux (Chauvet et Chollet, 2010), afin
d'engendrer un capital social qui facilite les CIOT.
161 Comme par exemple celui des jeux vidéos aux Etats-Unis (Venkatraman et Lee, 2004) 162 Begalli et al. (2014) , Michaux et Charters (2014), Cusin et al. (2013), Ditter et Brouard (2013)
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228
229
ANNEXES
Annexe 1 - Lettre de mission ................................................................................................................. 231
Annexe 2 - Documents ........................................................................................................................... 232
Annexe 3 - Les stations thermales des Landes et de Nouvelle Aquitaine .............................................. 234
Annexe 4 - Entretiens semi-directifs avec les directeurs des établissements thermaux du Grand Dax .. 235
Annexe 5 – Catégorisation des entretiens semi-directifs avec les directeurs des établissements thermaux
du Grand Dax ......................................................................................................................................... 236
Annexe 6 - Verbatims ............................................................................................................................ 237
Annexe 7 - Les pages "Accueil", "Présentation", "Données publiées", "Identification", et "Profil" du site
internet de collecte des données de réseaux sociaux du thermalisme ..................................................... 240
Annexe 8 - Les pages "Questionnaire" du site internet de collecte des données de réseaux sociaux du
thermalisme ............................................................................................................................................ 248
Annexe 9 - La typologie des courriels .................................................................................................... 268
Annexe 10 - Communiqué de presse ...................................................................................................... 269
Annexe 11 - Les étapes de la collecte des données de réseaux sociaux ................................................. 271
Annexe 12 - La numérotation des individus du réseau .......................................................................... 272
Annexe 13 - Le catalogue de modalités ................................................................................................. 273
Annexe 14 - Le recodage des variables QCM ........................................................................................ 275
Annexe 15 - Le catalogue de modalités recodées................................................................................... 280
Annexe 16 - Script de l'ACM et la CAH des Egos ................................................................................. 282
Annexe 17 - Script de l'ACM et la CH des Relations ............................................................................ 283
Annexe 18 - Script de l'ACM et la CAH des Alters+Relations .............................................................. 284
Annexe 19 - Script de l'ACM et de la CAH des Alters .......................................................................... 285
Annexe 20 - Méthode de fixation du nombre de classes et description détaillée de chaque classe ........ 286
Annexe 21 - Résultats de la CAH des Egos (6 classes) .......................................................................... 304
Annexe 22 - Résultats de la CAH des Egos (3 classes) .......................................................................... 306
Annexe 23 - Résultats de la CAH des Relations (3 classes)................................................................... 307
Annexe 24 - Résultats de la CAH des Relations (7 classes)................................................................... 309
Annexe 25 - Résultats de la CAH des Alters ......................................................................................... 312
Annexe 26 - Résultats de la CAH des Alters+Relations ........................................................................ 315
Annexe 27 - Script du test d'indépendance entre les classes d'Egos, d'Alters, de Relations, et des
Alters+Relations ..................................................................................................................................... 318
Annexe 28 - Résultats du test d'indépendance entre les classes d'Egos, d'Alters, de Relations, et des
Alters+Relations ..................................................................................................................................... 321
Annexe 29 - Analyse de la centralité des Egos ...................................................................................... 323
230
Annexes
231
Annexe 1 - Lettre de mission
Annexes
232
Annexe 2 - Documents
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Bilan 2013. (également consulté pour 2014 et 2015)
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Annexes
233
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Communauté d’agglomération du Grand Dax. Projet d’agglomération Grand Dax
2009-2020.
Communauté d’Agglomération du Grand DAX (2008) - Etude de faisabilité d’un
Pôle de Compétitivité Thermal - Plan d’actions.
Contrat d’agglomération Grand DAX 2009-2014, Renforcer la compétitivité et
l’attractivité d’un territoire - Action #4.a Appuyer l’émergence d’un Cluster
thermal.
Rapport d’activité 2013 Cluster Aqui O Thermes. (également consulté pour 2014 et
2015)
Presse professionnelle (veille de mars 2013 à octobre 2016)
Actualités pharmaceutiques
Anales de Hidrología Médica
Aquae
Bulletin d'information de l'Afth (Association française des techniques
hydrothermales)
La Lettre d'information du CNETh (Conseil National des Exploitants Thermaux)
La Presse Thermale et Climatique
Officiel du Thermalisme
Presse généraliste (veille de mars 2013 à octobre 2016)
L'Express
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Le Nouvel Economiste
Cahier Espaces
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Queneau, P. (2000). Médecine thermale. Faits et preuves. Masson.
Annexes
234
Annexe 3 - Les stations thermales des Landes et de Nouvelle Aquitaine
Annexes
235
Annexe 4 - Entretiens semi-directifs avec les directeurs des établissements
thermaux du Grand Dax
Entretien Durée Date
ET1 1h30 04/03/2015
ET1 Bis 1h15 02/07/2015
ET2 2h45 04/03/2015
ET2 Bis 1h10 09/03/2015
ET3 1h20 05/03/2015
ET4 1h10 05/03/2015
ET5 1h 09/03/2015
ET6 1h30 12/03/2015
ET7 2h15 17/03/2015
ET8 1h10 24/04/2015
ET8 Bis 40 minutes 02/07/2015
ET9 1h 23/06/2015
ET10 1h30 06/10/2015
Annexes
236
Annexe 5 – Catégorisation des entretiens semi-directifs avec les directeurs des établissements thermaux du Grand Dax
Annexes
237
Annexe 6 - Verbatims
Thème Perceptions des directeurs d'établissements thermaux
Thème 1
Activités
stratégiques
Thermalisme médical : principalement cure conventionnée, développement de
courts séjours non remboursés
Spa thermal
Thème 2
Histoire du secteur
Tous les directeurs des établissements thermaux sont positifs pour l'avenir du
thermalisme, et regrettent que les Landes, et la station thermale de Dax en
particulier ne bénéficient pas de la hausse de fréquentation des stations
thermales françaises.
Thème 3
Valeur de l'activité
thermale
Nombre de curistes
Thème 4
Facteurs
environnementaux
Remboursement par l'Assurance Maladie
Contrôle de l'ARS
Animation locale : ouverture des commerces et restaurants 7/7j
Thème 5
Catégories de
relations sociales
Importantes avec : leurs concurrents, les institutions professionnelles, les
collectivités locales, leurs clients.
De moindre importance avec : médecins, personnel thermal, fournisseurs,
partenaires spécialisés (média), logeurs/restaurateurs, office de tourisme,
instituts de formation, mutuelles et organismes de retraite.
Thème 6
Coopération
- Une coopération jugée nécessaire
Tous les répondants sont favorables à la coopération avec les autres acteurs du
secteur.
Pour ET8 « Le fait d'être uni, et faire des actions collectives est
indispensable. ». ET2, « Le collectif, toute le monde est d'accord ». ET3 « Il faudrait que l'on
puisse avoir une stratégie collective », « un projet commun ». La coopération
semble conditionnée, à l'existence d'un « intérêt commun », comme l'indique le
répondant ET9. Pour ET5 « c'est dommage de ne pas tirer profit de cette force
d'être 15 établissements ». Quelques répondants illustrent l'importance du «
collectif » en mentionnant la pratique du rugby, sport très pratiqué dans le Sud
Ouest de la France, et soutenu par des entreprises locales, notamment thermales.
Pour ET1Bis « quand on est groupé, on a une force de pénétration supérieure »
et pour ET8 « plus on est, plus on est fort ensemble ».
Aucun directeur d'établissement thermal n'envisage une coopération avec des
acteurs de secteurs connexes.
- Visions divergentes de la coopération avec les acteurs publics locaux
Certains envisagent une organisation de la coopération des acteurs du secteur
avec les collectivités publiques locales, mais déplorent un manque d'implication
et de vision collectives de leur part. Selon le point de vue de ET1, « la station et
les collectivités n'ont pas de stratégie pour la station ». Pourtant ce répondant
précise que « dans l'intérêt général, tout le monde (collectivités publiques,
établissements thermaux) peut trouver sa voie ».
Les autres privilégient une coopération fondée sur une organisation entre
établissements thermaux uniquement. En effet, alors qu'ils ont tous des attentes
élevées vis à vis du cluster, ils s'interrogent sur son efficacité, du fait notamment
de l'implication des acteur publics locaux. Pour le répondant ET4, « Aqui O
Thermes est une très bonne idée à la base. (...) Mais il dépend trop de la ville.
(...) Ce serait bien de créer un Aqui O Thermes de dirigeants d'établissements
thermaux sans l'interaction de la ville, sans l'office de tourisme, sans la régie des
eaux ». De même, pour ET2Bis « Il faudrait se mettre autour de la table sans les
élus ». Et pour ET1Bis « Pourquoi les institutionnels devraient se l'approprier?
Pour des jeux de pouvoirs? ». Pour ET3 « Je supprimerais Aqui O Thermes.
Inutile. A quoi sert-il? On pourrait former un club de thermaux informel. »
- Une coopération souhaitée pour la communication du secteur thermal
local
Les directeurs d'établissements thermaux constatent une coopération
Annexes
238
satisfaisante entre eux dans le cadre du cluster, concernant la mutualisation de
leurs achats. Ils pensent que la coopération devrait porter sur la communication
de leur activité, et paradoxalement souhaitent qu'elle soit soutenue
financièrement par les collectivités locales.
En effet, ils revendiquent un poids économique local important, et réclament
une promotion du territoire par les collectivités publiques, mettant en avant
principalement le secteur thermal. Ils considèrent que les pouvoirs locaux ne
valorisent pas suffisamment le secteur thermal du territoire, et rendent les
établissements thermaux responsables de la communication de l'activité
thermale. Ainsi, ET7 rapporte que « concernant la communication (...), en
réunion ils [les élus] disent qu'il faut que ce soit les thermaux, mais c'est toute
une ville qui vit du thermalisme ». ET2Bis « on a nos comptes de résultat à
tenir. La place du politique, c'est la valorisation du territoire. La promotion du
territoire et du département ne dépend pas de nous ». ET2 « je ne comprend pas
que l'on n'ait pas pu faire une pub pour vanter le thermalisme des Landes ». ET9
« l'objectif serait de créer une destination, sur laquelle on va pouvoir
communiquer ». ET3 « il faudrait une vraie communication collective portée par
un projet commun ». ET8Bis « il faut arrêter de diluer ».
- Difficultés et freins
Pour la majorité des directeurs des établissements thermaux, l'élaboration et la
mise en œuvre de la coopération, est un processus difficile. ET2Bis « les
stratégies collectives, on essaie avec le cluster ».
Des logiques différentes entre acteurs
La principale difficulté provient des différences de logiques entre les acteurs.
Des logiques divergentes entre acteurs privés et publics sont mises en évidences.
ET1 « ils sont dans leur vision électorale ». La logique entrepreneuriale,
nécessaire à l'exploitation des établissements thermaux, fait selon les
répondants, défaut à la ville de Dax qui s'est retirée de l'activité thermale en
cédant les établissements de la Compagnie Thermale. Auparavant, les actions de
communication menées pour soutenir les établissements thermaux publics, et
financées par la ville, bénéficiaient également aux établissements privés de Dax.
Les directeurs d'établissements thermaux perçoivent à présent un manque
d'implication de la part de la ville qui les place devant leur responsabilité, et les
accuse de passivité en communication, comme décrit par les répondant ET2Bis
« vous les thermaux, vous ne bougez pas ».
D'autre part, la logique de marché, qui régit la logique de gestion des
établissements thermaux, ne s'applique pas pour la fourniture de produits
thermaux utilisés par les établissements. La Régie des Eaux et Boues de Dax,
est le fournisseur exclusif de produits thermaux utilisés par les établissements.
Les directeurs des établissements thermaux ont l'impression de ne pas être
compris par la municipalité, alors qu'ils sont clients de la ville. ET10 « ils ne
s'intéressent pas à nous », et pour ET4 « il y a un réel souci de monopole et de
contrôle de la ville de Dax. On n'a le choix de rien. On est obligé de traiter avec
eux ».
Sont mentionnées également des logiques distinctes entre entreprises privées qui
adoptent des stratégies de diversification différentes : spa thermal tourné vers le
bien être pour certains, et cure courte en thermalisme médical pour d'autres.
Pour certains des choix différents de diversification apparaissent comme une
difficulté. Pour ET5, « le problème de Dax, c'est qu'on fait tous des choses
différentes ». A l'opposé, d'autres considèrent que c'est lorsqu'une seule voix de
diversification est envisagée, que le développement est freiné. En effet pour
ET9 « la station et le Grand Dax s'enferment dans le thermalisme médical. Ce
n’est pas parce qu'on va faire du bien-être que l'on va galvauder le thermalisme
médical ».
De nombreux acteurs hétérogènes
Le nombre d'acteurs est perçu comme source de grandes difficultés pour la
coopération. Pour ET1Bis, « les difficultés sont liées au nombre de thermes, au
nombre d'institutions ». De même, pour ET5 « la difficulté, c'est le nombre
d'établissements thermaux ». Cette difficulté apparaît évidente au sein du cluster
Annexes
239
AOT. Pour ET1 « Pour décider, il ne faut pas être trop nombreux. Au cluster,
tous les acteurs sont présents. Avec l'agglo [Grand Dax], il y a des villages qui
n'ont pas intérêt à y participer (...) », ET2bis « les réunions où on est le plus,
rien n'avance ». ET4 « je pensais qu'avec AOT, on pourrait faire plus, mais le
fait qu'on soit si nombreux sur une si petite ville, on est obligé de se bouffer ».
L'hétérogénéité des acteurs rend encore davantage complexe la coopération.
Pour ET8 « il y a 15 établissements différents, avec des moyens différents, des
personnes différentes », ET6 « on a l'impression que certains roulent pour eux,
et les autres sont exclus. Il y a un déséquilibre ».
L'histoire des relations politiques et des relations humaines
Par ailleurs, l'histoire des relations politiques, et les relations humaines,
expliquent pour nombre d'entre eux les difficultés de coopération : qu'il s'agisse
d'histoire des relations politiques entre individus de la même ville, pointée par
ET1Bis, « nous avons à Dax un problème d'histoire trop lourde, d'histoire de
(...) relations politiques opposées », ou des villes thermales voisines de Dax et
St-Paul-lès-Dax. ET4 parle de « mafia dacquoise ». Les difficultés des relations
humaines et le manque de confiance, qui peuvent caractériser une situation de
coopétition, empêchent le développement de la coopération : ET8Bis « Les
limites sont les relations humaines. On est confrères et concurrents », et ET3
précise « il y a une telle animosité ».
La définition du territoire
La définition du territoire semble poser problème pour la coopération,
notamment concernant le territoire sur lequel devrait porter la communication.
ET8 « vendre l'Aquitaine, qu'est ce que ça peut apporter à Préchacq ou à Dax?
Si on vend Dax, Saubusse va s'en plaindre ». Pour ET5 « il faut associer la
région, mais pas parler du bassin aquitain, ni des Landes en général, mais de
Dax ». ET9 « les gens veulent une destination, Dax, Balaruc, Vichy ... ». Pour
les répondants, Dax pourrait être la locomotive du territoire, par exemple, pour
ET8 « il faut une locomotive, et Dax en est une ».
Pour ET8, c'est plutôt la non adhésion au cluster d'un établissement thermal
landais appartenant au groupe leader sur le plan national (Eugénie-les-Bains,
propriété du groupe La Chaîne Thermale du Soleil), qui constitue la faiblesse du
cluster : « Je trouve dommageable qu'il ne regroupe pas tous les établissements
landais. Le cluster a ses limites. Pour ce qui se passe au niveau national, le
cluster ne compte pas. Il n'est pas connu. Ce sont les syndicats qui comptent ».
Annexes
240
Annexe 7 - Les pages "Accueil", "Présentation", "Données publiées", "Identification", et "Profil" du site internet de collecte des
données de réseaux sociaux du thermalisme
Annexes
241
Annexes
242
Annexes
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Annexes
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Annexes
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Annexes
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Annexes
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Annexe 8 - Les pages "Questionnaire" du site internet de collecte des données de réseaux sociaux du thermalisme
Annexes
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Annexe 9 - La typologie des courriels
Courriel Finalité et caractéristiques
M0
Pour informer les acteurs de l'enquête sur les réseaux sociaux du thermalisme.
Afin de stimuler l'intérêt des destinataires et les sensibiliser sur le caractère
essentiel de leur participation, ce courriel est personnalisé au nom de chaque
destinataire et la première phrase est adaptée à chaque catégorie professionnelle
(médecins, dirigeant d'établissement thermal, institutionnel). Un document de
présentation détaillée de l'enquête est joint à ce courriel (Cf. Annexe 9). Il
comprend notamment un schéma de la séquence de fonctionnement du
questionnaire en ligne.
M1
Pour communiquer les identifiants personnels à chaque enquêté.
Envoyé un jour après l'envoi de M0, depuis le back-office du site internet. Ce
courriel donne une indication du temps nécessaire à l'auto-administration de
l'enquête, et précise que le nombre de relations déclarées n'est pas limité, et que les
réponses peuvent être complétées à la convenance du répondant lors de plusieurs
connections.
M2 Pour relancer les répondants qui ont répondu de manière incomplète au
questionnaire.
M3
Pour inviter toute personne citée comme relation professionnelle par un ou
plusieurs répondants, que nous retenons pour reconstituer le réseau. Présente
l'enquête et invite la personne à participer à l'enquête en ligne à l'aide d'identifiants
personnels. Envoyé par le back-office du site internet.
M4
Pour informer certaines personnes qu'elles ont été citées dans le cadre de l'enquête
scientifique des réseaux professionnels du thermalisme, et qu'elles pourront être
invitées dans la perspective d'une extension de l'étude.
M4 bis
Pour informer une personne déjà sollicitée et qui n'a pas encore participé à
l'enquête, qu'elle a été citée comme relation professionnelle d'un acteur du
thermalisme.
Permet de relancer cette personne en comptant sur le caractère incitatif du fait
d'être déclaré comme une relation par autrui.
M5
Pour relancer un répondant qui a répondu de manière incomplète au questionnaire,
et qui a été cité comme relation professionnelle d'un acteur du thermalisme.
Permet de relancer cette personne en comptant sur le caractère incitatif du fait
d'être déclaré comme une relation par autrui.
Annexes
269
Annexe 10 - Communiqué de presse
Une enquête scientifique sur les réseaux professionnels du
thermalisme
Pourquoi cette enquête?
Le thermalisme représente un poids économique essentiel pour les stations thermales d'Aquitaine : emploi direct et indirect, image des stations, investissements, activités touristiques, etc. Or, il est contesté par d’autres offres ciblant ses clientèles traditionnelles et potentielles, et principalement conditionné à des modes de prises en charge spécifiques.
En outre, la preuve scientifique du service médical rendu par le thermalisme, ainsi que des évolutions
des tendances de consommation pour la santé et le bien-être, présentent des atouts et des opportunités pour la pérennité et le développement du secteur.
Dans ce contexte positif, mais face aux évolutions des environnements concurrentiels et règlementaires, les entreprises thermales, et les acteurs privés et publics liés à l’activité thermale, se questionnent sur les mutations stratégiques éventuelles à opérer afin d’assurer la pérennité du secteur.
Quelles stratégies de développement pour le secteur thermal ? Quelles alternatives pour l’organisation du secteur sur un territoire ?
Quelles orientations de marketing-stratégique sur un marché élargi "Santé - Bien-être" ?
Afin d’apporter des éléments de réponse à ces questions, et aider à la formulation de stratégies conjointes privé-public, l’Institut du Thermalisme (Université de Bordeaux),
pilote et anime un projet de recherche doctorale avec des visées applicatives en management.
Qui participe?
L'enquête doit faire apparaître les cartes des « réseaux professionnels », et donner un éclairage sur les forces et les faiblesses des stratégies du secteur thermal sur ses territoires. Plus précisément, elle doit faire apparaître certains facteurs des réseaux professionnels qui conditionnent la lecture des évolutions des environnements du thermalisme, et l'émergence de
réponses individuelles (entreprises), et collectives (entre entreprises et avec les politiques publiques). Elle sera lancée auprès des acteurs du thermalisme et de tous ceux qui lui sont liés (établissements thermaux, médecins, collectivités locales, centres de recherche, organismes de formation, offices de tourisme, logeurs, excursionnistes, etc.), qui par leur activité, présagent du thermalisme de demain.
Comment?
Une plateforme web dédiée à l'enquête
www.institut-thermalisme.fr
Annexes
270
Les acteurs recevront par email leurs identifiant et
mot de passe personnels, et seront invités à
renseigner leur Réseau professionnel, selon la
séquence ci-dessous.
Aucune donnée d'identité ne sera utilisée pour
l'analyse, et les individus ne seront repérés que par
un identifiant numérique pour le traitement
statistique des données. Les résultats seront des
cartographies du type de la page d’accueil du site.
Seules des synthèses seront rendues publiques.
Partenaires
Contacts
Doctorante
Sybille Dupuy
Chargée de recherche, Institut du Thermalisme,
Université de Bordeaux
Ecole doctorale SSH, Laboratoire IAE-CREG,
Université de Pau et des Pays de l'Adour (UPPA)
Encadrement scientifique
Céline Ohayon-Courtès, Pr. Université de
Bordeaux
Jean-Jacques Rigal, Professeur émérite UPPA
Sandrine Cueille, Maître de conférences UPPA,
responsable Master 2 Management de la santé
Support recherche et animation
Karine Dubourg, Directrice adjointe, Institut du
thermalisme, Université de Bordeaux
Dorothée Laplace, Documentaliste, Institut du
thermalisme, Université de Bordeaux
Pour toute question relative à cette enquête :
06 29 37 18 03
Institut du thermalisme, 8 rue St Ursule, 40 100,
Dax
Cette enquête est menée avec la rigueur de la recherche universitaire, et dans le respect de la déontologie scientifique.
Mes données Personnelles
Mon activité personnelle (7 questions)
Mon réseau professionnel affiche les relations saisies
Caractéristiques de la relation (4 questions + commentaire)
Personne en relation (son identité + 5 questions)
Annexes
271
Annexe 11 - Les étapes de la collecte des données de réseaux sociaux
Etapes de la collecte des données Objectifs
Octobre 2014
7/10 - Réunion de rentrée du cluster
AQUI O Thermes
22/10 - Début de la collaboration avec
des chercheurs en mathématiques et
statistiques
- Présenter aux acteurs du thermalisme le projet d'analyse
des réseaux du thermalisme
-Discuter des données à collecter, et préparer le traitement
des données de réseaux sociaux
Novembre 2014
Début du développement du site
internet
Décembre 2014
10/12 - Réunion du groupe de travail
constitué de professionnels
- Discuter du site internet et du questionnaire
Janvier 2015
19/01 - Réunion d'un groupe de travail
constitué de professionnels
- Présenter le site internet en cours de développement, et
discuter des modifications nécessaires
Février 2015
19/02 - Test du questionnaire en ligne
- Obtenir les avis de 4 professionnels sur le texte du
questionnaire et la fonctionnalité du site
Avril 2015
10/04 - Test du questionnaire en ligne
21/04 - Séminaire du thermalisme de
l'agglomération du Grand Dax
- Tester le site internet auprès d'étudiants
- Annoncer aux acteurs du thermalisme le lancement de
l'enquête internet sur les réseaux du thermalisme
Mai-Juin 2015
Finalisation du site internet d'enquête
Fin juin - Campagne de communication
23/06 - Lancement des courriels
29/06 - AG du cluster AQUI O
Thermes
- Tests du questionnaire par l'équipe de recherche et
amendements du site internet par le développeur
- Informer la presse généraliste et spécialisée pour
sensibiliser les acteurs
- Inviter les acteurs de la liste de départ à participer à
l'enquête
- Inviter les membres à participer à l'enquête, et rassurer
sur la confidentialité des réponses
Juillet à Novembre 2015
Animation de l'enquête
- Envoi des courriels d'invitation, relances, assistance aux
enquêtés
Annexes
272
Annexe 12 - La numérotation des individus du réseau
Deux opérations permettent la numérotation des individus du réseau.
1ère opération : le repérage des individus afin de leur attribuer un numéro identifiant unique
Dans la base de données du site web de collecte sont attribués deux types de numéros : un
numéro identifiant le répondant qui déclare ses relations (Ego-Id), et un numéro identifiant
chaque relation avec un alter (Alter-Id). Etant donné qu'un même individu peut être cité
comme Alter par différents Egos, et qu'un Ego peut être un Alter pour d'autres Egos, il est
nécessaire pour construire les réseaux sociaux d'attribuer un seul et même numéro à chaque
individu, qu'il soit Ego ou Alter. Ainsi, pour chaque création d'un Ego ou chaque création
d'une Relation, deux cas sont possibles, et chaque cas requiert un traitement particulier. Dans
un premier cas, l'individu n'est pas encore dans la base de données (en tant qu'Ego ou Alter),
un numéro unique (Num) lui est alors attribué. Dans le deuxième cas, l'individu est déjà dans
la base de données, il s'agit de lui affecter le numéro (Num) qui lui a déjà été attribué.
2ème opération : l'affectation du numéro de l'individu Alter à chaque relation
Dans la base de données extraite du site web de collecte, les Alters ne sont pas identifiés par un
numéro. Ce sont les Relations qui sont affectées d'un numéro. Pour chaque Relation, les
modalités caractérisant l'Alter dépendent du point de vue de l'Ego. Il était alors nécessaire pour
chaque Relation de reconnaître l'individu Alter pour lui attribuer son numéro, et ainsi diriger la
relation vers un individu identifié. Pour cela, nous examinions les données caractérisant l'Alter
selon le point de vue de l'Ego (principalement la civilité, le nom, et le prénom). En cas de
confusion pour cause d'homonymie, ou de différence dans l'orthographe du nom, les autres
caractéristiques étaient consultées (email, téléphone, intitulé de l'organisation) afin d'éviter les
erreurs d'attribution de numéro. Si l'individu n'était pas encore dans la base (en tant qu'Alter ou
Ego), un numéro lui était attribué. Si l'individu était déjà dans la base, le numéro préalablement
attribué lui était affecté.
Annexes
273
Annexe 13 - Le catalogue de modalités
Annexes
274
Annexes
275
Annexe 14 - Le recodage des variables QCM
Afin de décider des modalités à regrouper, nous calculons les effectifs des modalités.
Le Tableau 40 présente pour la variable 3.3 prise en exemple, les fréquences des modalités
simples, et des combinatoires de modalités.
Tableau 40 - Exemple de calcul de fréquence de la variable 3.3 (le secteur d'activité de
l'organisation dans lequel j'exerce)
Modalités
Fréquence
3.3_Ther 15 20,55%
3.3_AP 8 10,96%
3.3_autre 6 8,22%
3.3_ERF 5 6,85%
3.3_Ther,3.3_SA 4 5,48%
3.3_Ther,3.3_HotLC 3 4,11%
3.3_M 2 2,74%
3.3_Ther,3.3_SA,3.3_HotLC 2 2,74%
3.3_Ther,3.3_SA,3.3_Thal,3.3_TechT,3.3_MPM,3.3_ERF 2 2,74%
3.3_HotLC,3.3_CS,3.3_AP 1 1,37%
3.3_ERF,3.3_CE 1 1,37%
3.3_Ther,3.3_SA,3.3_Thal,3.3_CE 1 1,37%
3.3_M,3.3_AP 1 1,37%
3.3_ERF,3.3_AP 1 1,37%
3.3_MPM 1 1,37%
3.3_Ther,3.3_SA,3.3_MPM,3.3_HotLC 1 1,37%
3.3_SA 1 1,37%
3.3_Ther,3.3_SA,3.3_Thal,3.3_TechT,3.3_CE 1 1,37%
3.3_TechT,3.3_AP 1 1,37%
3.3_Ther,3.3_MPM,3.3_ERF,3.3_AP 1 1,37%
3.3_CE,3.3_AP 1 1,37%
3.3_Ther,3.3_SA,3.3_autre 1 1,37%
3.3_Ther,3.3_AP 1 1,37%
3.3_Ther,3.3_SA,3.3_HotLC,3.3_CS 1 1,37%
3.3_Ther,3.3_CS,3.3_ERF,3.3_CE,3.3_autre 1 1,37%
3.3_Ther,3.3_SA,3.3_TechT,3.3_HotLC 1 1,37%
3.3_CE 1 1,37%
3.3_Ther,3.3_SA,3.3_Thal,3.3_ERF,3.3_CE 1 1,37%
3.3_Ther,3.3_SA,3.3_Thal,3.3_TechT,3.3_MPM,3.3_CS 1 1,37%
3.3_HotLC 1 1,37%
3.3_Ther,3.3_TechT,3.3_CS,3.3_ERF,3.3_CE,3.3_M 1 1,37%
3.3_Ther,3.3_MPM 1 1,37%
3.3_Ther,3.3_Thal,3.3_TechT,3.3_CS,3.3_CE 1 1,37%
3.3_Ther,3.3_MPM,3.3_Dep 1 1,37%
3.3_Ther,3.3_MPM,3.3_ERF 1 1,37%
Total général 73 100,00%
Ce tableau nous permet de repérer les modalités qui ont des fréquences faibles, et qui entrent
dans des combinatoires de modalités. Nous constatons que les quatre modalités X3.3_M,
Annexes
276
X3.3_Dep, X3.3_BF, X3.3_CS ont des fréquences faibles, mais ces modalités entrent dans des
combinatoires de modalités. Il n'est pas aisé sur ce tableau de lire les effectifs totaux de chaque
modalité. Ce calcul de fréquence est insuffisant pour décider du regroupement des modalités.
Un tableau croisé des fréquences entre les modalités fait apparaître les fréquences des
associations des modalités deux par deux dans les modalités composites. Le Tableau 41
présente pour la variable 3.3 prise en exemple, le calcul de fréquence croisée des modalités de
la variable.
Tableau 41 - Calcul de fréquence croisée des modalités de la variable 3.3 (le secteur
d'activité de l'organisation dans lequel j'exerce)
X3.3_Ther X3.3_SA X3.3_Thal X3.3_TechT X3.3_MPM X3.3_HotLC X3.3_Dep X3.3_CS X3.3_ERF X3.3_CE X3.3_M X3.3_BF X3.3_AP X3.3_autre
X3.3_Ther 42 16 7 7 8 8 1 5 7 6 1 0 2 2
X3.3_SA 16 17 6 5 4 5 0 2 3 3 0 0 0 1
X3.3_Thal 7 6 7 5 3 0 0 2 3 4 0 0 0 0
X3.3_TechT 7 5 5 8 3 1 0 3 3 3 1 0 1 0
X3.3_MPM 8 4 3 3 9 1 1 1 4 0 0 0 1 0
X3.3_HotLC 8 5 0 1 1 10 0 2 0 0 0 0 1 0
X3.3_Dep 1 0 0 0 1 0 1 0 0 0 0 0 0 0
X3.3_CS 5 2 2 3 1 2 0 6 2 3 1 0 1 1
X3.3_ERF 7 3 3 3 4 0 0 2 14 4 1 0 2 1
X3.3_CE 6 3 4 3 0 0 0 3 4 9 1 0 1 1
X3.3_M 1 0 0 1 0 0 0 1 1 1 4 0 1 0
X3.3_BF 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0
X3.3_AP 2 0 0 1 1 1 0 1 2 1 1 0 15 0
X3.3_autre 2 1 0 0 0 0 0 1 1 1 0 0 0 8
Nous décidons de regrouper les modalités qui ont une faible fréquence, et qui ne rentrent que
peu fréquemment dans des combinatoires de modalités. Par exemple, à partir du tableau x pour
la variable 3.3, nous décidons de regrouper les trois modalités X3.3_M, X3.3_Dep, X3.3_BF,
X3.3_autre dans une nouvelle modalité, que nous appelons 3.3_Divers.
La modalité X3.3_CS qui a un effectif faible (soit 6), pourrait être également regroupée dans la
modalité 3.3_Divers. Cependant elle est combinée avec la modalité X3.3_Ther avec un effectif
de 5. Nous nous questionnons sur la pertinence statistique du regroupement des deux
modalités : X3.3_CS et X3.3_Ther.
Afin de juger de la pertinence du regroupement de modalités d'une variable, nous recourons à
une ACM sur la variable. Cela nous permet de repérer les modalités qui viennent ensemble
dans les réponses. Nous considérons alors ces modalités comme "liées", et nous suggérons de
les regrouper.
Afin de pouvoir recourir à une ACM, nous avons dû modifier les tableaux de données extraits
de la base. En effet, pour procéder à une ACM, il faut disposer d'un tableau disjonctif complet.
Or, les tableaux de données extraits de la base étaient des tableaux disjonctifs qui présentaient
un grand nombre de cellules vides. Pour chaque ligne des deux tableaux (des Egos ou des
Annexes
277
Relations), les cellules contenaient la modalité lorsque le répondant avait choisi cette modalité,
ou les cellules étaient vides dans le cas contraire. Pour procéder à l'ACM, nous avons procédé
à deux types de modification. Premièrement, nous avons condensé les colonnes disjonctés
correspondant aux questions à choix unique. Par exemple, pour la variable "civilité", les deux
colonnes "sex_F" et "sex_M" ont été condensées en une seule colonne "sex" qui contient soit
"sex_F" soit "sex_M". Deuxièmement, nous avons complété les colonnes des modalités de
questions à choix multiples, en remplaçant la valeur de la modalité indiquée dans la cellule par
"oui", et en indiquant "non" lorsque la cellule était vide. Par exemple, pour la variable des
Egos "secteur d'activité" et la modalité "thermal médical", la colonne "3.3_Ther" qui
contenaient des cellules renseignées avec "3.3_Ther" et d'autres cellules vides, a été remplacée
par une colonne contenant uniquement des "oui" et des "non". Ces colonnes sont binaires :
"oui" lorsque la modalité est choisie, "non" dans le cas contraire.
Pour faciliter la lecture des titres de colonnes, nous avons recodifié les variables. Par exemple,
la variable relative au secteur d'activité de l'Ego "3.3" devient "S" (pour 'Secteur', et la
modalité "thermal médical" reste "Ther" (pour 'Thermal médical'). Donc la variable_modalité
"3.3_Ther" devient "S.Ther".
Nous utilisons le logiciel de statistiques R163
afin de réaliser les calculs et les représentations
graphiques de l'ACM.
Nous utilisons les représentations graphiques des coordonnées des modalités sur les axes, afin
d'observer visuellement une proximité éventuelle entre les modalités.
Graphe 5 - Représentations graphiques de l'ACM pour la variable S (le secteur d'activité de
l'organisation dans lequel j'exerce).
163 Version de R i386 3.2.1 et les packages RCommander et FactomineR
Annexes
278
Les représentations graphiques de l'ACM pour la variable S, sur les axes factoriels Dim.1 et
Dim.2, nous permettent de visualiser que la modalité S.CS_oui est éloignée de la modalité
S.Ther_oui.
Le Tableau 42 présente pour la variable S prise en exemple, les résultats de l'ACM calculés
avec l'aide du logiciel R.
Tableau 42 - ACM pour la variable 3.3 (le secteur d'activité de l'organisation dans lequel
j'exerce)
Dim.1 ctr cos2 v.test Dim.2 ctr cos2 v.test
S.Ther_non -0.619 6.393 0.356 -5.335 0.486 6.543 0.219 4.185
S.Ther_oui 0.575 5.936 0.356 5.335 -0.451 6.076 0.219 -4.185
S.SA_non -0.331 3.006 0.413 -5.750 0.208 1.970 0.163 3.609
S.SA_oui 1.247 11.315 0.413 5.750 -0.783 7.417 0.163 -3.609
S.Thal_non -0.253 2.019 0.674 -7.345 -0.053 0.145 0.029 -1.528
S.Thal_oui 2.670 21.347 0.674 7.345 0.556 1.538 0.029 1.528
S.TechT_non -0.246 1.889 0.552 -6.645 -0.077 0.307 0.054 -2.078
S.TechT_oui 2.244 17.239 0.552 6.645 0.702 2.804 0.054 2.078
S.MPM_non -0.159 0.777 0.202 -4.019 0.083 0.352 0.055 2.097
S.MPM_oui 1.271 6.218 0.202 4.019 -0.663 2.818 0.055 -2.097
S.HotLC_non -0.043 0.055 0.013 -1.013 0.191 1.846 0.259 4.555
S.HotLC_oui 0.302 0.390 0.013 1.013 -1.357 13.105 0.259 -4.555
S.ERF_non -0.142 0.582 0.097 -2.788 -0.188 1.693 0.170 -3.687
S.ERF_oui 0.682 2.785 0.097 2.788 0.902 8.104 0.170 3.687
S.CE_non -0.168 0.870 0.226 -4.253 -0.192 1.883 0.294 -4.850
S.CE_oui 1.345 6.963 0.226 4.253 1.534 15.065 0.294 4.850
S.AP_non 0.153 0.662 0.103 2.872 -0.160 1.196 0.112 -2.994
S.AP_oui -0.674 2.911 0.103 -2.872 0.702 5.264 0.112 2.994
S.Dep_non -0.005 0.001 0.002 -0.394 0.027 0.042 0.059 2.178
S.Dep_oui 0.394 0.066 0.002 0.394 -2.178 3.375 0.059 -2.178
S.CS_non -0.133 0.566 0.220 -4.199 -0.089 0.420 0.098 -2.806
S.CS_oui 1.660 7.070 0.220 4.199 1.109 5.254 0.098 2.806
S.M_non 0.004 0.001 0.000 0.154 -0.098 0.527 0.185 -3.848
S.M_oui -0.076 0.010 0.000 -0.154 1.888 10.145 0.185 3.848
S.BF_non 0.002 0.000 0.000 0.164 0.015 0.013 0.019 1.220
S.BF_oui -0.164 0.011 0.000 -0.164 -1.220 1.060 0.019 -1.220
S.autre_non 0.054 0.091 0.027 1.456 -0.044 0.102 0.018 -1.200
S.autre_oui -0.492 0.828 0.027 -1.456 0.405 0.935 0.018 1.200
Sur les sorties du logiciel R pour la variable S, nous constatons que sur l'axe 1 (Dim.1), les
cos2 des modalité S.CS_oui et S.Ther_oui ne sont pas vraiment proches (respectivement 0.356
et 0.220). Les cos2 de ces deux modalités ne sont pas proches non plus pour l'autre axe
(Dim.2) (respectivement 0,219 et 0,098).
Annexes
279
Après observation de la représentation graphique, et au vu des résultats de l'ACM, le
regroupement des modalités S.CS et S.Ther ne semble pas pertinent. Nous décidons de ne pas
regrouper la modalité S.CS avec la modalité S.Ther.
Donc, pour la variable S (le secteur d'activité de l'organisation dans lequel j'exerce), nous
choisissons de regrouper cinq modalités : S.M_oui (Médias), S.Dep_oui (Transport),
S.BF_oui (Banque Finance), S.CS_oui (Commerce ou Service), et S.autre_oui. Ces 5
modalités sont regroupées dans une seule modalité S.Div (pour Divers).
Ainsi, pour chaque variable correspondant à des QCM, nous procédons premièrement au
calcul de la fréquence des modalités afin de repérer les modalités qui pourraient être
regroupées, et nous réalisons ensuite une ACM. Cette analyse nous permet de décider du
regroupement de certaines modalités par variable. Le Tableau 43 présente pour chaque
variable la décision du regroupement des modalités.
Tableau 43 - Modalités regroupées
Variable 3.3 (recodée S pour secteur de l'ego)
Les modalités 3.3_Dep, 3.3_CS, 3.3_M, 3.3_BF et 3.3_autre sont regroupées dans la modalité
S.Div.
Variable 3.4 (recodée O pour organisation de l'ego)
Les modalités 3.4_NSP et 3.3_autre sont regroupées dans la modalité O.Div.
Variable 3.5 (recodée F pour fonction de l'ego)
Les modalités 3.5_ACT et 3.5_autre sont regroupées dans la modalité F.Div.
Variable 5.4 (recodée AO pour organisation de l'alter)
Les modalités 5.4_NSP et 5.4_autre sont regroupées dans la modalité AO.Div.
Variable 5.6 (recodée AS pour secteur de l'alter)
Les modalités 5.6_Dep, 5.6_M, 5.6_BF et 3.3_autre sont regroupées dans la modalité AS.Div.
Variable 5.9 (recodée AF pour secteur de l'alter)
Les modalités 3.5_ACT et 3.5_autre sont regroupées dans la modalité AF.Div.
Variable 6.1 (recodée TR pour type de relation)
Les modalités 6.1_CLT et 6.1_PRES ont des effectifs faibles lorsqu’elles sont modalité
unique, mais elles entrent fréquemment dans des combinatoires de modalités. Les résultats de
l'ACM sur la variable montrent que ces modalités ne sont pas fortement reliées avec d'autres
modalités en particulier. Des regroupements avec d'autres modalités ne sont pas souhaitables.
Variable 6.2 (recodée TI pour type d'information)
Les modalités 6.2_FIN, 6.2_FCT et 6.2_DEV ont des effectifs faibles lorsque elles sont
modalité unique, mais elles entrent fréquemment dans des combinatoires. Ces modalités ne
sont pas fortement reliées avec d'autres modalités en particulier. Des regroupements avec
d'autres modalités ne sont pas souhaitables.
Annexes
280
Annexe 15 - Le catalogue de modalités recodées
Annexes
281
Annexes
282
Annexe 16 - Script de l'ACM et la CAH des Egos
Dataset_egos <-
read.table("C:/Thèse/Analyse_reseaux/Analyse_R/Dupuy/25 nov
2016/stats_egosExcl6.csv", header=TRUE, sep=";",
na.strings="NA", dec=".", strip.white=TRUE)
Dataset_egos.MCA<-Dataset_egos[, c("Ego_Num","sex", "age",
"Exp", "S.Ther", "S.SA", "S.Thal", "S.TechT", "S.MPM",
"S.HotLC", "S.ERF", "S.CE", "S.AP", "S.Div", "Org", "F.DIR",
"F.CAD", "F.NC", "F.TI", "F.ELU", "F.Div", "Anc")]
res_egos<-MCA(Dataset_egos.MCA, quanti.sup=1, ncp=5, graph =
FALSE)
res_egos.hcpc<-HCPC(res_egos ,nb.clust=-
1,consol=TRUE,min=3,max=10,graph=TRUE)
res_egos.hcpc$data.clust[,ncol(res.hcpc$data.clust),drop=F]
res_egos.hcpc$desc.var
res_egos.hcpc$desc.axes
res_egos.hcpc$desc.ind
plot.MCA(res_egos, axes=c(1, 2), new.plot=TRUE,
col.ind="black", col.ind.sup="blue", col.var="darkred",
col.quali.sup="darkgreen", label=c("ind", "ind.sup",
"quali.sup", "var"), title="")
plot.MCA(res_egos, axes=c(1, 2), new.plot=TRUE, choix="var",
col.var="darkred", col.quali.sup="darkgreen",
label=c("quali.sup", "var"), title="")
plot.MCA(res_egos, axes=c(1, 2), new.plot=TRUE,
choix="quanti.sup", col.quanti.sup="blue",
label=c("quanti.sup"), title="")
summary(res_egos, nb.dec = 3, nbelements=10, nbind = 10, ncp =
3, file="")
write.infile(res_egos$eig, file ="acm_egos",append=FALSE)
write.infile(res_egos$var, file ="acm_egos",append=TRUE)
write.infile(res_egos$ind, file ="acm_egos",append=TRUE)
write.infile(dimdesc(res_egos, axes=1:5), file
="acm_egos",append=TRUE)
remove(Dataset_egos.MCA)
# ----- sortie fichiers 1) des données + classes et 2) des Nums
+ lasses pour croisements
write.table(res_egos.hcpc$data.clust,"hcpc_egos.csv"
,sep=";",col.names=NA)
write.table(res_egos.hcpc$data.clust
[,c(1,ncol(res_egos.hcpc$data.clust))],"class_egos.csv"
,sep=";",col.names=NA) # ------------ params récupère 1 col de
NUMs
library(foreign, pos=16)
Annexes
283
Annexe 17 - Script de l'ACM et la CH des Relations
Dataset_Relations <-
read.table("C:/Thèse/Analyse_reseaux/Analyse_R/Dupuy/25 nov
2016/stats_RelationsExcl2.csv", header=TRUE, sep=";",
na.strings="NA", dec=".", strip.white=TRUE)
Dataset_Relations.MCA<-Dataset_Relations[, c("RNum", "ANum",
"ENum", "TR.CCR", "TR.PART", "TR.CLT", "TR.PRES", "TR.FRN",
"TR.REG", "TR.autre", "TI.Ther", "TI.RH", "TI.FIN", "TI.FCT",
"TI.MKG", "TI.DEV", "TI.CLT", "TI.COOP", "TI.REG", "TI.autre",
"R.frq")]
res_relations<-MCA(Dataset_Relations.MCA, quanti.sup= c(1:3),
ncp=5, graph = FALSE)
res_relations.hcpc<-HCPC(res_relations ,nb.clust=-
1,consol=TRUE,min=3,max=10,graph=TRUE)
res_relations.hcpc$data.clust[,ncol(res_relations.hcpc$data.clu
st),drop=F]
res_relations.hcpc$desc.var
res_relations.hcpc$desc.axes
res_relations.hcpc$desc.ind
plot.MCA(res_relations, axes=c(1, 2), new.plot=TRUE,
col.ind="black", col.ind.sup="blue", col.var="darkred",
col.quali.sup="darkgreen", label=c("ind",
"ind.sup","quali.sup", "var"), title="")
plot.MCA(res_relations, axes=c(1, 2), new.plot=TRUE,
choix="var", col.var="darkred", col.quali.sup="darkgreen",
label=c("quali.sup", "var"), title="")
plot.MCA(res_relations, axes=c(1, 2), new.plot=TRUE,
choix="quanti.sup", col.quanti.sup="blue",
label=c("quanti.sup"), title="")
summary(res_relations, nb.dec = 3, nbelements=10, nbind = 10,
ncp = 3, file="")
write.infile(res_relations$eig, file
="ch_relations",append=FALSE)
write.infile(res_relations$var, file
="ch_relations",append=TRUE)
write.infile(res_relations$ind, file
="ch_relations",append=TRUE)
write.infile(dimdesc(res_relations, axes=1:5), file
="ch_relations",append=TRUE)
remove(Dataset_Relations.MCA)
# ----- sortie fichiers 1) des données + classes et 2) des Nums
+ lasses pour croisements
write.table(res_relations.hcpc$data.clust,"hcpc_relations.csv"
,sep=";",col.names=NA)
write.table(res_relations.hcpc$data.clust
[,c(1,2,3,ncol(res_relations.hcpc$data.clust))],"class_relation
s.csv" ,sep=";",col.names=NA)# ------------ params récupère 3
col de NUMs
Annexes
284
Annexe 18 - Script de l'ACM et la CAH des Alters+Relations
Dataset_AR <-
read.table("C:/Thèse/Analyse_reseaux/Analyse_R/Dupuy/25 nov
2016/stats_altersExcl2.csv", header=TRUE, sep=";",
na.strings="NA", dec=".", strip.white=TRUE)
Dataset_AR.MCA<-Dataset_AR[, c("RNum", "ANum", "ENum", "Asex",
"AOrg", "AS.Ther", "AS.SA", "AS.Thal", "AS.TechT", "AS.MPM",
"AS.Hot", "AS.CS", "AS.EF", "AS.CE", "AS.AP", "AS.DIV",
"AF.DIR", "AF.CAD", "AF.NC", "AF.TI", "AF.ELU", "AF.Div",
"TR.CCR", "TR.PART", "TR.CLT", "TR.PRES", "TR.FRN", "TR.REG",
"TR.autre", "TI.Ther", "TI.RH", "TI.FIN", "TI.FCT", "TI.MKG",
"TI.DEV", "TI.CLT", "TI.COOP", "TI.REG", "TI.autre", "R.frq")]
res_AR<-MCA(Dataset_AR.MCA, quanti.sup=(1:3), ncp=5, graph =
FALSE)
res_AR.hcpc<-HCPC(res_AR ,nb.clust=-
1,consol=TRUE,min=3,max=10,graph=TRUE)
res_AR.hcpc$data.clust[,ncol(res.hcpc$data.clust),drop=F]
res_AR.hcpc$desc.var
res_AR.hcpc$desc.axes
res_AR.hcpc$desc.ind
plot.MCA(res, axes=c(1, 2), new.plot=TRUE, col.ind="black",
col.ind.sup="blue", col.var="darkred",
col.quali.sup="darkgreen", label=c("ind", "ind.sup",
"quali.sup", "var"))
plot.MCA(res_AR, axes=c(1, 2), new.plot=TRUE, choix="var",
col.var="darkred", col.quali.sup="darkgreen", label=c("var",
"quali.sup"))
plot.MCA(res_AR, axes=c(1, 2), new.plot=TRUE,
choix="quanti.sup", col.quanti.sup="blue",
label=c("quanti.sup"))
summary(res_AR, nb.dec = 3, nbelements=10, nbind = 10, ncp = 3,
file="")
remove(Dataset_AR.MCA)
# ----- sortie fichiers 1) des données + classes et 2) des Nums
+ lasses pour croisements
write.table(res_AR.hcpc$data.clust,"hcpc_AR.csv"
,sep=";",col.names=NA)
write.table(res_AR.hcpc$data.clust
[,c(1,2,3,ncol(res_AR.hcpc$data.clust))],"class_AR.csv"
,sep=";",col.names=NA)# ------------ params récupère 3 col de
NUMs
Annexes
285
Annexe 19 - Script de l'ACM et de la CAH des Alters
Dataset_alters <-
read.table("C:/Thèse/Analyse_reseaux/Analyse_R/Dupuy/25 nov
2016/stats_UnicAltersExcl2.csv", header=TRUE, sep=";",
na.strings="NA", dec=".", strip.white=TRUE)
Dataset_alters.MCA<-Dataset_alters[, c("RNum", "ANum", "ENum",
"Asex", "AOrg", "AS.Ther", "AS.SA", "AS.Thal", "AS.TechT",
"AS.MPM", "AS.Hot", "AS.CS", "AS.EF", "AS.CE", "AS.AP",
"AS.DIV", "AF.DIR", "AF.CAD", "AF.NC", "AF.TI", "AF.ELU",
"AF.Div")]
res_alters<-MCA(Dataset_alters.MCA, quanti.sup = c(1:3), ncp=5,
graph = FALSE)
res_alters.hcpc<-HCPC(res_alters ,nb.clust=-
1,consol=TRUE,min=3,max=10,graph=TRUE)
res_alters.hcpc$data.clust[,ncol(res_alters.hcpc$data.clust),dr
op=F]
res_alters.hcpc$desc.var
res_alters.hcpc$desc.axes
res_alters.hcpc$desc.ind
plot.MCA(res_alters, axes=c(1, 2), new.plot=TRUE,
col.ind="black", col.ind.sup="blue", col.var="darkred",
col.quali.sup="darkgreen", label=c("ind", "ind.sup",
"quali.sup", "var"), title="")
plot.MCA(res_alters, axes=c(1, 2), new.plot=TRUE, choix="var",
col.var="darkred", col.quali.sup="darkgreen",
label=c("quali.sup", "var"), title="")
plot.MCA(res_alters, axes=c(1, 2), new.plot=TRUE,
choix="quanti.sup", col.quanti.sup="blue",
label=c("quanti.sup"), title="")
summary(res_alters, nb.dec = 3, nbelements=10, nbind = 10, ncp
= 3, file="")
write.infile(res_alters$eig, file ="res_alters",append=FALSE)
write.infile(res_alters$var, file ="res_alters",append=TRUE)
write.infile(res_alters$ind, file ="res_alters",append=TRUE)
write.infile(dimdesc(res_alters, axes=1:5), file
="res_alters",append=TRUE)
remove(Dataset_alters.MCA)
# ----- sortie fichiers 1) des données + classes et 2) des Nums
+ lasses pour croisements
write.table(res_alters.hcpc$data.clust,"hcpc_alters.csv"
,sep=";",col.names=NA)
write.table(res_alters.hcpc$data.clust
[,c(1,2,3,ncol(res_alters.hcpc$data.clust))],"class_alters.csv"
,sep=";",col.names=NA)# ------------ params récupère 3 col de
NUMs
Annexes
286
Annexe 20 - Méthode de fixation du nombre de classes et description détaillée de
chaque classe
Les résultats des classifications hiérarchiques des Egos, des Relations, et des Alters sont
présentés les Annexe 21 à 26.
R propose un nombre "optimal" de 6 classes pour les Egos.
Pour analyser chaque classe (dans R nommée $category$), nous observons les valeurs des
pourcentages indiqués dans les trois colonnes suivantes des sorties de R présentées dans
l'Annexe 21 : Global (pourcentage de l'ensemble des individus qui ont cette modalité),
Mod/Cla (pourcentage de la modalité dans la classe), et Cla/Mod (pourcentage de la classe
dans la modalité). Afin de décrire la classe, nous retenons les modalités qui ont des valeurs
v.test positives et suffisamment élevées pour que la modalité caractérise la classe. En effet, la
modalité caractérise d'autant plus la classe que la valeur v.test est grande. Ainsi, nous retenons
les modalités qui ont des valeurs de v.test supérieures 2.
Nous décidons de ne pas analyser les modalités des QCM qui ont pour extension "_non". En
effet, ces modalités correspondent soit à des non choix de la part des répondants, soit à des non
réponses à la question. Nous ne pouvons donc retirer une information valable des valeurs des
caractéristiques de la classification hiérarchique pour ces modalités. Nous retenons uniquement
pour notre analyse les descriptions des modalités qui ont pour extension "_oui".
Description des classes des Egos
Nous détaillons la description de la classe 1 des Egos, à partir des sorties de R présentées dans
le Tableau 44 ci-dessous.
Tableau 44 - Valeurs résultant de la classification hiérarchique des Egos pour la classe 1
$category$`1`
Cla/Mod Mod/Cla Global p.value v.test
S.Thal=S.Thal_oui 100.000000 100.00000 9.459459 5.556855e-10 6.202513
S.TechT=S.TechT_oui 71.428571 71.42857 9.459459 2.632338e-05 4.203143
S.SA=S.SA_oui 35.294118 85.71429 22.972973 4.136123e-04 3.531243
S.CE=S.CE_oui 44.444444 57.14286 12.162162 3.355691e-03 2.933125
S.Ther=S.Ther_oui 17.500000 100.00000 54.054054 1.035996e-02 2.563578
S.MPM=S.MPM_oui 33.333333 42.85714 12.162162 3.801660e-02 2.074676
S.MPM=S.MPM_non 6.153846 57.14286 87.837838 3.801660e-02 -2.074676
S.Ther=S.Ther_non 0.000000 0.00000 45.945946 1.035996e-02 -2.563578
S.CE=S.CE_non 4.615385 42.85714 87.837838 3.355691e-03 -2.933125
S.SA=S.SA_non 1.754386 14.28571 77.027027 4.136123e-04 -3.531243
S.TechT=S.TechT_non 2.985075 28.57143 90.540541 2.632338e-05 -4.203143
S.Thal=S.Thal_non 0.000000 0.00000 90.540541 5.556855e-10 -6.202513
Il apparaît de ces résultats, que dans la classe 1, les Egos sont caractérisés par 6 variables
relatives au secteur de l'organisation dans laquelle ils exercent. Nous détaillons dans le Tableau
45.
Annexes
287
Tableau 45 - Description de la classe 1 des Egos
Les 6 variables
caractérisant les Egos
de la classe 1
Description de la classe 1 des Egos
Coefficient
multiplicateur
par rapport à
l'ensemble des
Egos
S.Thal=S.Thal_oui
Dans la classe 1, 100% des Egos exercent leur activité
professionnelle dans une organisation dont l'activité est la
thalassothérapie, alors que 9,46% de l'ensemble de la
population des Egos exercent leur activité professionnelle
dans une organisation dont l'activité est la thalassothérapie.
De plus, 100% des Egos qui ont participé à l'enquête et qui
exercent leur activité professionnelle dans une organisation
dont l'activité est la thalassothérapie sont dans la classe 1.
10
S.TechT=S.TechT_oui
Dans la classe 1, 71,42% des Egos exercent leur activité
professionnelle dans une organisation dont l'activité porte sur
les techniques hydrothermales, alors que 9,46% de l'ensemble
de la population des Egos exercent leur activité
professionnelle dans une organisation dont l'activité porte sur
les techniques hydrothermales.
7,5
S.SA=S.SA_oui
Dans la classe 1, 85,71% des Egos exercent leur activité
professionnelle dans une organisation dont l'activité est le spa
ou l'aqualudisme, alors que 22, 97% de l'ensemble de la
population des Egos exercent leur activité professionnelle
dans une organisation dont l'activité est le spa ou
l'aqualudisme.
3,7
S.CE=S.CE_oui
Dans la classe 1, 57,14% des Egos exercent leur activité
professionnelle dans une organisation dont l'activité est le
conseil aux entreprises, alors que 12,16% de l'ensemble de la
population des Egos exercent leur activité professionnelle
dans une organisation dont l'activité est le conseil aux
entreprises.
4,7
S.Ther=S.Ther_oui
Dans la classe 1, 100% des Egos exercent leur activité
professionnelle dans une organisation dont l'activité est
thermale médicale, alors que 54,05% de l'ensemble de la
population des Egos exercent leur activité professionnelle
dans une organisation dont l'activité est thermale médicale.
1,8
S.MPM=S.MPM_oui
Dans la classe 1, 42,86 % des Egos exercent leur activité
professionnelle dans une organisation dont l'activité est
médicale ou paramédicale, alors que 12,16% de l'ensemble de
la population des Egos exercent leur activité professionnelle
dans une organisation dont l'activité est médicale ou
paramédicale.
3,5
Nous procédons de même pour analyser chacune des cinq autres classes d'Egos. Les valeurs
résultant de la classification hiérarchique des Egos en six classes sont présentées ci-dessous.
Nous résumons notre description des six classes d'Egos dans le Tableau 46 ci-dessous. Les
descriptions de chaque classe d'Egos et la comparaison avec les autres classes nous permet
d'attribuer un type de profil d'Egos à chaque classe d'Egos.
Annexes
288
Tableau 46 - Analyse de la classification à 6 classes d'Egos (classification a)
Classe
n°
Nombre
d'Egos Description de la classe
Interprétation du
profil des Egos
1 7 Tous les Egos de la classe 1 exercent dans une organisation
dont l'activité est dans la thalassothérapie. Tous les Egos qui
exercent dans une organisation dont l'activité est dans la
thalassothérapie sont dans la classe 1.
71% des Egos de la classe 1 exercent dans une organisation
dont l'activité est dans les techniques hydrothermales. La part
des Egos qui exercent dans une organisation dont l'activité est
dans les techniques hydrothermales est 8 fois plus importante
dans la classe 1 que pour l'ensemble des Egos.
86% des Egos de la classe 1 exercent dans une organisation
dont l'activité est dans le spa et l'aqualudisme. La part des Egos
qui exercent dans une organisation dont l'activité est dans le
spa et l'aqualudisme est 4 fois plus importante dans la classe 1
que pour l'ensemble des Egos.
57% des Egos de la classe 1 exercent dans une organisation
dont l'activité est dans le conseil aux entreprises. La part des
Egos qui exercent dans une organisation dont l'activité est dans
le conseil aux entreprises est 5 fois plus importante dans la
classe 1 que pour l'ensemble des Egos.
Tous les Egos de la classe 1 exercent dans une organisation
dont l'activité est dans le secteur thermal médical. La part des
Egos qui exercent dans une organisation dont l'activité est dans
le secteur thermal médical est 2 fois plus importante dans la
classe 1 que pour l'ensemble des Egos.
43% des Egos de la classe 1 exercent dans une organisation
dont l'activité est dans le médical-paramédical. La part des
Egos qui exercent dans une organisation dont l'activité est dans
le médical-paramédical est 3½ fois plus importante dans la
classe 1 que pour l'ensemble des Egos.
Les personnes
exerçant leur
activité dans une
organisation dans
le secteur de la
thalassothérapie
2 22 68% des Egos de la classe 2 exercent dans une PME. La part
des Egos qui exercent dans une PME est 2½ fois plus
importante dans la classe 2 que pour l'ensemble des Egos.
64% Egos de la classe 2 sont dirigeants d'entreprise. La part
des Egos qui sont dirigeants d'entreprise est 2½ fois plus
importante dans la classe 2 que pour l'ensemble des Egos.
41% des egos de la classe 2 exercent dans une organisation
dont l'activité est dans le secteur de
l'hôtellerie/logeurs/camping. La part des Egos qui exercent
dans une organisation dont l'activité est dans le secteur de
l'hôtellerie/logeurs/camping est 3 fois plus importante dans la
classe 2 que pour l'ensemble des Egos.
82% des egos de la classe 2 exercent dans une organisation
dont l'activité est dans le thermal médical. La part des Egos qui
exercent dans une organisation dont l'activité est dans le
secteur thermal médical est 1½ fois plus importante dans la
classe 2 que pour l'ensemble des Egos.
45% des egos de la classe 2 exercent dans une organisation
dont l'activité est dans le secteur du spa/aqualudisme. La part
des Egos qui exercent dans une organisation dont l'activité est
dans le secteur spa/aqualudisme est 2 fois plus importante dans
la classe 2 que pour l'ensemble des Egos.
18% des Egos de la classe 2 exercent dans un groupe privé. La
part des Egos qui exercent dans un groupe privé est 3½ fois
plus importante dans la classe 2 que pour l'ensemble des Egos.
64% des Egos de la classe 2 ont une ancienneté de plus de 10
ans dans l'organisation dans laquelle ils exercent. La part des
Egos qui ont une ancienneté de plus de 10 ans dans
l'organisation dans laquelle ils exercent est 1½ plus importante
Les personnes
exerçant leur
activité dans le
secteur du
thermal médical
Annexes
289
dans la classe 2 que pour l'ensemble des Egos.
3 11 82% des Egos de la classe 3 exercent une activité libérale.
Tous les Egos qui ont une activité libérale sont dans la classe 3.
73% des Egos de la classe 3 sont travailleurs indépendants.
Tous les Egos qui sont travailleurs indépendants sont dans la
classe 3.
Les personnes qui
exercent une
activité libérale
4 13 38% des Egos de la classe 4 exercent dans l'administration
publique. Tous les Egos qui exercent dans l'administration
publique sont dans la classe 4.
62% des Egos de la classe 4 ont une ancienneté inférieure à 3
ans dans l'organisation dans laquelle ils exercent. La part des
Egos qui ont une ancienneté inférieure à 3 ans dans
l'organisation dans laquelle ils exercent est 3 fois plus
importante dans la classe 4 que pour l'ensemble des Egos.
46% des Egos de la classe 4 ont une expérience avec le
thermalisme, inférieure à 3 ans. La part des Egos qui ont une
expérience avec le thermalisme, inférieure à 3 ans est 4 fois
plus importante dans la classe 4 que pour l'ensemble des Egos.
31% des Egos de la classe 4 sont des élus. Tous les Egos qui
sont des élus sont dans la classe 4.
31% des Egos de la classe 4 ont un statut d'actionnaire, ou un
statut autre que dirigeant d'entreprise, ou que cadre, ou que non
cadre, ou que travailleur indépendant, ou qu'élu. La part des
Egos qui ont un statut d'actionnaire, ou un statut autre que
dirigeant d'entreprise, ou que cadre, ou que non cadre, ou que
travailleur indépendant, ou qu'élu est 3 fois plus importante
dans la classe 4 que pour l'ensemble des Egos.
Les agents
publics et les élus
5 16 63% des Egos de la classe 5 exercent dans l'administration
publique. La part des Egos qui exercent dans l'administration
publique est 3½ fois plus importante dans la classe 5 que pour
l'ensemble des Egos. 69% des Egos de la classe 5 exercent
dans un établissement public. La part des Egos qui exercent
dans un établissement public est 3 fois plus importante dans la
classe 5 que pour l'ensemble des Egos.
88% des Egos de la classe 5 sont cadres. La part des Egos qui
sont cadres est 2½ fois plus importante dans la classe 5 que
pour l'ensemble des Egos.
69% des Egos de la classe 5 ont une ancienneté dans
l'organisation dans laquelle ils exercent entre 3 et 10 ans. La
part des Egos qui ont une ancienneté dans l'organisation dans
laquelle ils exercent entre 3 et 10 ans est 2 fois plus importante
dans la classe 5 que pour l'ensemble des Egos.
69% des Egos de la classe 5 ont une expérience avec le
thermalisme entre 3 et 10 ans. La part des Egos qui ont une
expérience avec le thermalisme entre 3 et 10 ans est 2 fois plus
importante dans la classe 5 que pour l'ensemble des Egos.
44% des Egos de la classe 5 exercent dans l'enseignement/la
recherche/la formation. La part des Egos qui exercent dans
l'enseignement/la recherche/la formation est 2½ fois plus
importante dans la classe 5 que pour l'ensemble des Egos.
Les individus qui
exercent dans
l'administration
publique
6 5 La classe 6 regroupe tous les Egos qui n'ont pas répondu aux
questions à choix unique relativement à : leur ancienneté dans
l'organisation dans laquelle ils exercent, leur expérience avec le
thermalisme, et leur âge. Tous les Egos de la classe 6 n'ont pas
répondu aux questions à choix unique relativement à : leur
ancienneté dans l'organisation dans laquelle ils exercent, leur
expérience avec le thermalisme, et le type d'organisation dans
laquelle ils exercent.
Les répondants
qui n'ont pas
quasiment pas
renseigné leur
profil dans le
questionnaire.
Total 74
Annexes
290
Cette classification des Egos ne nous semble pas discriminer suffisamment les Egos. En effet,
3 classes (2, 4 et 5) dont les effectifs sont les plus élevés, sont caractérisées par des modalités
de variable dont la représentativité dans la classe n'est pas dramatiquement plus importante (de
1½ à 4 fois plus) que dans l'ensemble des Egos. Les classes 1 et 3 se distinguent clairement des
autres classes, mais leur effectif est peu important. La classe et 6 regroupe les Egos qui ont
apporté peu de réponses au questionnaire. Compte tenu de l'effectif total assez faible, nous
suggérons de recourir à une nouvelle classification des Egos afin de réduire le nombre de
classes. Nous déplaçons la ligne sur le dendogramme obtenu avec R, de manière à passer de 6
à 3 classes, comme illustré dans la Figure 45.
Figure 45 - Dendogramme de la classification hiérarchique des Egos
Les données précises et complètes résultant de la classification hiérarchique des Egos en 3
classes sont présentées dans le tableau ci-dessous.
L'analyse des trois classes obtenues est résumée dans le Tableau 47.
Tableau 47 - Analyse de la classification à 3 classes d'Egos (classification b)
Classe
n°
Nombre
d'Egos Description de la classe
Interprétation du
profil des Egos
1 8 88% des Egos de la classe 1 exercent dans une organisation
dont l'activité est dans la thalassothérapie. Tous les Egos qui
exercent dans une organisation dont l'activité est dans la
thalassothérapie sont dans la classe 1.
75% des Egos de la classe 1 exercent dans une organisation
dont l'activité est dans les techniques hydrothermales. La part
des Egos qui exercent dans une organisation dont l'activité
est dans le secteur des techniques hydrothermales est 8½ fois
plus importante dans la classe 1 que pour l'ensemble des
Egos.
63% des Egos de la classe 1 exercent dans une organisation
dont l'activité est dans le conseil aux entreprises. La part des
Les individus qui
exercent dans le
thermal médical, et
la thalassothérapie
ou les techniques
hydrothermales ou
le conseil aux
entreprises ou le
spa/aqualudisme ou
l'enseignement/la
recherche/la
formation.
Annexes
291
Egos qui exercent dans une organisation dont l'activité est
dans le conseil aux entreprises est 8½ fois plus importante
dans la classe 1 que pour l'ensemble des Egos.
75% Egos de la classe 1 exercent dans une organisation dont
l'activité est dans le spa/aqualudisme. La part des Egos qui
exercent dans une organisation dont l'activité est dans le
spa/aqualudisme est 3½ fois plus importante dans la classe 1
que pour l'ensemble des Egos.
Tous les Egos de la classe 1 exercent dans une organisation
dont l'activité est dans le secteur thermal médical. La part des
Egos qui exercent dans une organisation dont l'activité est
dans le secteur thermal médical est 2 fois plus importante
dans la classe 1 que pour l'ensemble des Egos.
50% des Egos de la classe 1 ont une ancienneté dans leur
organisation inférieure à 3 ans. La part des Egos qui ont une
ancienneté dans leur organisation inférieure à 3 ans est 2½
fois plus importante dans la classe 1 que pour l'ensemble des
Egos.
50% des Egos de la classe 1 exercent dans l'enseignement/la
recherche/la formation. La part des Egos qui exercent dans
l'enseignement/la recherche/la formation est 2 fois plus
importante dans la classe 1 que pour l'ensemble des Egos.
Les individus qui
ont une ancienneté
dans leur
organisation
inférieure à 3 ans.
2 61 39% des Egos de la classe 2 ont une ancienneté dans leur
organisation entre 3 et 10 ans. Tous les Egos qui ont une
ancienneté dans leur organisation entre 3 et 10 ans sont dans
la classe 2.
39% 2es Egos de la classe 2 ont une expérience avec le
thermalisme entre 3 et 10 ans. Tous les Egos qui ont une
expérience avec le thermalisme entre 3 et 10 ans sont dans la
classe 2.
Les individus qui
ont une ancienneté
dans leur
organisation et une
expérience avec le
thermalisme entre 3
et 10 ans
3 5 La classe 3 regroupe tous les Egos qui n'ont pas répondu aux
questions à choix unique relativement à : leur ancienneté
dans l'organisation dans laquelle ils exercent, leur expérience
avec le thermalisme, et leur âge. Tous les Egos de la classe 6
n'ont pas répondu aux questions à choix unique relativement
à : leur ancienneté dans l'organisation dans laquelle ils
exercent, leur expérience avec le thermalisme, et le type
d'organisation dans laquelle ils exercent.
Les répondants qui
n'ont pas quasiment
pas renseigné leur
profil dans le
questionnaire
Total 74
La classification hiérarchique des Egos regroupant les Egos en 3 classes (classification b) ne
nous semble pas pertinente, puisqu'elle consiste au regroupement dans la classe 2 des Egos des
classes 2, 3, 4 et 5 de la classification hiérarchique à 6 classes (classification a).
Les descriptions des classes 1 et 3 (classification b) sont quasiment identiques aux descriptions
des classes 1 et 6 de la classification hiérarchique à 6 classes (classification a). De plus les
effectifs des classes 1 et 3 (classification b) sont quasiment identiques aux effectifs des classes
1 et 6 de la classification hiérarchique à 6 classes (classification a).
Les modalités caractérisant le plus fortement les individus de la classe 2 sont relatives à leur
expérience avec le thermalisme et leur ancienneté dans leur organisation.
Nous décidons de conserver la classification à 6 classes d'Egos (classification a). En effet, la
description des 6 classes obtenues nous semble plus pertinente pour comprendre les
différences de comportements entre les individus. Nous observons toutefois que la
Annexes
292
classification à 6 classes fait apparaître que les Egos des classes 1, 2 et 3 relèvent du secteur
privé, alors que les classes 4 et 5 regroupent les Egos qui relèvent du secteur public.
Nous procédons de manière identique pour décrire les classes des relations.
Description des classes des Relations
Le nombre de classes découlant du processus automatique de R conduit à définir 3 classes de
Relations.
Tableau 48 - Analyse de la classification à 3 classes de Relations (classification c)
Classe
n°
Nombre
de
Relations
Description de la classe
Interprétation
du type de
Relations
1 96
39% des Relations de la classe 1 sont des Relations avec des
personnes qui sont autres qu'un concurrent, ou qu'un partenaire, ou
qu'un client, ou qu'un prescripteur, ou qu'un fournisseur/sous-traitant,
ou qu'une instance de contrôle-régulation. La part de ce type de
Relations est 4 fois plus importante dans la classe 1 que pour
l'ensemble des Relations.
39% des Relations de la classe 1 sont des Relations avec un
fournisseur. La part des Relations qui sont un fournisseur est 4 fois
plus importante dans la classe 1 que pour l'ensemble des Relations.
22% des Relations de la classe 1 sont des Relations avec une instance
de contrôle-régulation. La part des Relations qui sont avec une
instance de contrôle-régulation est 4 fois plus importante dans la
classe 1 que pour l'ensemble des Relations.
58% des Relations de la classe 1 sont des Relations qui font l'objet
d'échanges d'informations sur les cadres règlementaires. La part des
Relations qui font l'objet d'échanges d'informations sur les cadres
règlementaires est 1½ fois plus importante dans la classe 1 que pour
l'ensemble des Relations.
Relations avec
des
fournisseurs
ou des
instances des
régulations
Informations
échangées sur
les cadres
règlementaires
2 195 98% des Relations de la classe 2 sont des Relations avec un
partenaire. La part des Relations qui sont avec un partenaire est 1½
fois plus importante dans la classe 2 que pour l'ensemble des
Relations.
25% des Relations de la classe 2 ont une fréquence de l'ordre de 1 à 2
fois par an. La part des Relations qui ont une fréquence de l'ordre de
1 à 2 fois par an est 1½ fois plus importante dans la classe 2 que pour
l'ensemble des Relations.
18% des Relations de la classe 2 sont des Relations avec un
prescripteur. La part des Relations qui sont avec un prescripteur est
1½ fois plus importante dans la classe 2 que pour l'ensemble des
Relations.
Relations avec
des partenaires
3 106 La classe 3 comprend des Relations qui font l'objet d'échanges
d'informations sur le marketing (81% des Relations), ou sur les
modalités de développement (70% des Relations), ou sur les
clientèles (61% des Relations), ou sur le financement des activités
(39%), ou sur le fonctionnement administratif (39%), ou sur les
techniques hydro-thermales et l'innovation (56%). La part des
Relations qui font l'objet d'échanges d'informations sur le marketing,
ou sur les modalités de développement, ou sur les clientèles est 3 fois
plus importante dans la classe 3 que pour l'ensemble des Relations.
La part des Relations qui font l'objet d'échanges d'informations sur le
financement des activités, ou sur le fonctionnement administratif est
2½ fois plus importante dans la classe 3 que pour l'ensemble des
Relations. La part des Relations qui font l'objet d'échanges
d'informations sur les techniques hydro-thermales et l'innovation est
1½ fois plus importante dans la classe 3 que pour l'ensemble des
Relations
d'échanges
d'informations
liées au
management
interne et au
management
stratégique
d'une
organisation.
Relations avec
des partenaires
Relations
Annexes
293
Relations.
80% des Relations de la classe 3 sont des Relations avec un
partenaire, ce qui représente une part légèrement supérieure à la part
des Relations avec un partenaire pour l'ensemble des Relations.
12% des Relations de la classe 3 sont des Relations avec un
concurrent. La part des Relations qui sont avec un concurrent est 3
fois plus importante dans la classe 3 que pour l'ensemble des
Relations.
11% des Relations de la classe 3 sont des Relations avec un client. La
part des Relations qui sont avec un client est 2½ fois plus importante
dans la classe 3 que pour l'ensemble des Relations.
69% des Relations de la classe 3 ont une fréquence de plusieurs fois
par an. La part des Relations qui ont une fréquence de plusieurs fois
par an est 1½ fois plus importante dans la classe 3 que pour
l'ensemble des Relations.
fréquentes
(plusieurs fois
par an)
Total 397
Nous suggérons d'augmenter le nombre de classes afin d'affiner l'interprétation de la
classification, et de repérer les relations comprises dans la classe 1, de manière à regrouper les
relations avec les fournisseurs d'une part, et les relations avec les instances de régulation
d'autre part. Par ailleurs, nous estimons que la classe 2 ne se distingue par fortement des autres
classes. En effet, quasiment l'ensemble des Relations de la classe 2 sont des Relations avec un
partenaire. Or, la part des Relations qui sont avec un partenaire dans la classe 2 est à peine 1,5
fois plus importante que pour l'ensemble des Relations. La classe 3 est également caractérisée
par des Relations avec des partenaires.
Nous fixons le nombre de classes à 7 comme l'illustre la Figure 46.
Figure 46 - Dendogramme de la classification hiérarchique des Relations
Les valeurs résultant de la classification hiérarchique des Relations en 7 classes sont présentées
en Annexe 24.
Annexes
294
Tableau 49 - Analyse de la classification à 7 classes de Relations (classification d)
Classe
n°
Nombre
de
Relations
Description de la classe Interprétation du
type de Relations
1 36 94% des Relations de la classe 1 sont des Relations avec des
personnes qui sont autres qu'un concurrent, ou qu'un
partenaire, ou qu'un client, ou qu'un prescripteur, ou qu'un
fournisseur/sous-traitant, ou qu'une instance de contrôle-
régulation. La part de ce type de Relations est 9 fois plus
importante dans la classe 1 que pour l'ensemble des Relations.
Pour 42% des Relations de la classe 1, les types d'informations
échangées sont autres que : les techniques hydro-thermales et
l'innovation, les ressources humaines, le financement des
activités, le fonctionnement administratif, le marketing, les
modalités de développement, les clientèles, la coopération ou
l'exploitation conjointe. La part de ce type de Relations est 2
fois plus importante dans la classe 1 que pour l'ensemble des
Relations.
Pour 64% des Relations de la classe 2, les informations
échangées sont relatives aux cadres règlementaires. La part des
Relations permettant un échange d'informations sur les cadres
règlementaires est 1½ fois plus importante dans la classe 1 que
pour l'ensemble des Relations.
69% des Relations de la classe 1 ont une fréquence de
plusieurs fois par an. La part des Relations qui ont une
fréquence de plusieurs fois par an est 1½ fois plus importante
dans la classe 3 que pour l'ensemble des Relations.
Relations
permettant un
échange
d'information sur
les cadres
règlementaires
2 60 68% des Relations de la classe 2 sont des Relations avec un
fournisseur. La part des Relations qui sont avec un fournisseur
est 5½ fois plus importante dans la classe 2 que pour
l'ensemble des Relations.
35% des Relations de la classe 2 sont des Relations avec une
instance de régulation. La part des Relations qui sont avec une
instance de régulation est 5 fois plus importante dans la classe
2 que pour l'ensemble des Relations.
Relations avec
des fournisseurs
et instances de
régulation
3 97 96% des Relations de la classe 3 sont des Relations avec un
partenaire. La part des Relations qui sont avec un partenaire est
1½ fois plus importante dans la classe 3 que pour l'ensemble
des Relations.
Pour 40% des Relations de la classe 3, les types d'informations
échangées sont autres que : les techniques hydro-thermales et
l'innovation, les ressources humaines, le financement des
activités, le fonctionnement administratif, le marketing, les
modalités de développement, les clientèles, la coopération ou
l'exploitation conjointe. La part de ce type de Relations est 2
fois plus importante dans la classe 1 que pour l'ensemble des
Relations.
31% des Relations de la classe 3 ont une fréquence de 1 à 2
fois par an. La part des Relations qui ont une fréquence de 1 à
2 fois par an est 2 fois plus importante dans la classe 3 que
pour l'ensemble des Relations.
13% des Relations de la classe 3 sont d'une fréquence rare. La
part des Relations qui sont d'une fréquence rare est 2½ fois
plus importante dans la classe 3 que pour l'ensemble des
Relations.
Relations peu
fréquentes avec
les partenaires
4 105 La classe 4 comprend des Relations qui font l'objet d'échanges
d'informations sur la coopération ou l'exploitation conjointe
(62% des Relations), ou sur les techniques hydro-thermales et
l'innovation (52%), ou sur le fonctionnement administratif
(26%), ou sur les cadres règlementaires (50% des Relations),
ou sur le financement des activités (24%). La part des
Relations
d'échanges
d'informations
liées au
management
interne d'une
Annexes
295
Relations qui font l'objet d'échanges d'informations sur les
techniques hydro-thermales et l'innovation, ou sur le
fonctionnement administratif, ou sur les cadres règlementaires,
ou sur le financement des activités est 1½ fois plus importante
dans la classe 4 que pour l'ensemble des Relations. La part des
Relations qui font l'objet d'échanges d'informations sur la
coopération ou l'exploitation conjointe est 2 fois plus
importante dans la classe 4 que pour l'ensemble des Relations.
99% des Relations de la classe 4 sont des Relations avec un
partenaire. La part des Relations qui sont avec un partenaire est
1½ fois plus importante dans la classe 4 que pour l'ensemble
des Relations.
28% des Relations de la classe 4 sont des Relations avec un
prescripteur. La part des Relations qui sont avec un
prescripteur est 2½ fois plus importante dans la classe 4 que
pour l'ensemble des Relations.
39% des Relations de la classe 4 ont une fréquence de
plusieurs fois par mois. La part des Relations qui ont une
fréquence de plusieurs fois par mois est 1½ fois plus
importante dans la classe 4 que pour l'ensemble des Relations.
organisation.
Relations avec
des partenaires
Relations
fréquentes
(plusieurs fois
par mois)
5 44 La classe 5 comprend des Relations qui font l'objet d'échanges
d'informations sur les clientèles (82% des Relations), ou le
marketing (86% des Relations), ou les modalités de
développement (66% des Relations). La part des Relations qui
font l'objet d'échanges d'informations sur les clientèles est 4
fois plus importante dans la classe 5 que pour l'ensemble des
Relations. La part des Relations qui font l'objet d'échanges
d'informations sur le marketing, ou sur les modalités de
développement est 3 fois plus importante dans la classe 5 que
pour l'ensemble des Relations.
27% des Relations de la classe 5 sont des Relations avec un
client. La part des Relations qui sont avec un client est 7 fois
plus importante dans la classe 5 que pour l'ensemble des
Relations.
95% des Relations de la classe 5 sont des Relations avec un
partenaire. La part des Relations qui sont avec un partenaire est
1½ fois plus importante dans la classe 5 que pour l'ensemble
des Relations.
82% des Relations de la classe 5 ont une fréquence de
plusieurs fois par an. La part des Relations qui ont une
fréquence de plusieurs fois par an est 1½ fois plus importante
dans la classe 5 que pour l'ensemble des Relations.
Relations
d'échanges
d'informations
liées au
management
stratégique d'une
organisation
Relations avec
les partenaires
Relations assez
fréquentes
(plusieurs fois
par an)
6 16 Toutes les Relations de la classe 6 sont des Relations avec des
concurrents. La part des Relations qui sont avec un concurrent
est 25 fois plus importante dans la classe 6 que pour l'ensemble
des Relations.
81% des Relations de la classe 6 sont des Relations avec un
partenaire. La part des Relations qui sont avec un partenaire est
3 fois plus importante dans la classe 6 que pour l'ensemble des
Relations.
La classe 6 comprend des Relations qui font l'objet d'échanges
d'informations sur les ressources humaines (69% des
Relations), ou sur le fonctionnement administratif (63%), ou
sur les techniques hydro-thermales et l'innovation (81%). La
part des Relations qui font l'objet d'échanges d'informations
sur les ressources humaines, ou sur le fonctionnement
administratif est 3 fois plus importante dans la classe 6 que
pour l'ensemble des Relations. La part des Relations qui font
l'objet d'échanges d'informations sur les techniques hydro-
thermales est 2 fois plus importante dans la classe 6 que pour
l'ensemble des Relations.
94% des Relations de la classe 6 ont une fréquence de
Les relations
avec les
concurrents, vus
comme des
partenaires (à
81%).
Relations
d'échanges
d'informations
liées au
management
interne d'une
organisation.
Relations assez
fréquentes
(plusieurs fois
par an)
Annexes
296
plusieurs fois par an. La part des Relations qui ont une
fréquence de plusieurs fois par an est 2 fois plus importante
dans la classe 6 que pour l'ensemble des Relations.
7 39 La classe 7 comprend des Relations qui font l'objet d'échanges
d'informations sur le financement des activités (79% des
Relations), ou sur les modalités de développement (85%), ou
sur le marketing (87%), ou sur le fonctionnement administratif
(62%), ou sur la coopération ou l'exploitation conjointe (74%),
ou sur les techniques hydro-thermales et l'innovation (82%),
ou sur les cadres règlementaires (82%), ou sur les clientèles
(59%), ou sur les ressources humaines (46%). La part des
Relations qui font l'objet d'échanges d'informations sur le
financement des activités est 5 fois plus importante dans la
classe 6 que pour l'ensemble des Relations. La part des
Relations qui font l'objet de chacun des autres types
d'informations est entre 2 à 3½ fois plus importante dans la
classe 7 que pour l'ensemble des Relations.
51% des Relations de la classe 7 ont une fréquence de
plusieurs fois par mois. La part des Relations qui ont une
fréquence de plusieurs fois par mois est 2 fois plus importante
dans la classe 7 que pour l'ensemble des Relations.
Relations
d'échanges
d'informations
liées au
management
interne et au
management
stratégique d'une
organisation
Total 397
La classification à 7 classes (classification d) ne discrimine pas plus finement les Relations en
fonction du type de la personne en relation.
En effet, on retrouve dans la classe 2 davantage de relations avec un fournisseur et de relations
avec une instance de régulation que pour l'ensemble des Relations. Les relations avec un
fournisseur et de relations avec une instance de régulation ne sont pas séparées dans la
classification à 7 classes (classification d).
Seule la classe 2 se distingue des classes 3, 4, 5, 6 et 7 qui regroupent chacune des Relations
avec un partenaire.
La variable discriminante des classes 1, 3, 4, 5, 6 et 7 est le 'type d'informations échangées'. La
classe 1 comprend des Relations qui permettent des échanges d'informations sur les cadres
règlementaires, les classes 4 et 6 sur des types d'informations relatives au management interne
de l'organisation (ressources humaines, fonctionnement administratif, techniques hydro-
thermales, financement des activités), et la classe 5 sur les types d'informations relatives au
management stratégique (modalités de développement, clientèles, marketing). La classe 7 est
caractérisée par le fait qu'elle regroupe, davantage que pour l'ensemble, des Relations qui font
l'objet de chacun des neuf types d'informations (techniques hydro-thermales, ressources
humaines, financement des activités, fonctionnement administratif, marketing, modalités de
développement, clientèles, coopération ou exploitation conjointe, cadres règlementaires).
Annexes
297
Description des classes des Alters
Tableau 50 - Analyse de la classification des Alters
Classe
n°
Nombre
d'Alters Description de la classe
Interprétation
du profil des
Alters
1 74
64% des Alters de la classe 1 exercent dans une organisation dont
l'activité est dans le secteur des techniques hydrothermales. La part
des Alters qui exercent dans une organisation dont l'activité est dans
le secteur des techniques hydrothermales est 4 fois supérieure dans
la classe 1 que pour l'ensemble des Alters.
49% des Alters de la classe 1 exercent dans une organisation dont
l'activité est dans le commerce ou les services. La part des Alters qui
exercent dans une organisation dont l'activité est dans le commerce
ou les services est 5 fois supérieure dans la classe 1 que pour
l'ensemble des Alters.
36% des Alters de la classe 1 exercent dans une organisation dont
l'activité est dans le secteur du conseil aux entreprises. La part des
Alters qui exercent dans une organisation dont l'activité est dans le
secteur du conseil aux entreprises est 3 fois supérieure dans la classe
1 que pour l'ensemble des Alters.
70% des Alters de la classe 1 sont des hommes. La part des Alters
masculins est 1½ fois plus importante dans la classe 1 que pour
l'ensemble des Alters.
36% des Alters de la classe 1 exercent dans une organisation dont
l'activité est dans le secteur du spa/aqualudisme. La part des Alters
qui exercent dans une organisation dont l'activité est dans le secteur
du spa/aqualudisme est 2 fois supérieure dans la classe 1 que pour
l'ensemble des Alters.
38% des Alters de la classe 1 exercent dans une PME. La part des
Alters qui exercent dans une PME est 1½ fois plus importante dans
la classe 1 que pour l'ensemble des Alters.
31% des Alters de la classe 1 exercent dans un groupe privé. La part
des Alters qui exercent dans un groupe privé est 2 fois plus
importante dans la classe 1 que pour l'ensemble des Alters.
38% des Alters de la classe 1 sont dirigeants d'entreprises. La part
des Alters qui sont dirigeants d'entreprise est 1½ fois plus
importante dans la classe 1 que pour l'ensemble des Alters.
Les conseillers
en techniques
hydrothermales.
2 114 89% des Alters de la classe 2 exercent dans une organisation dont
l'activité est dans le secteur thermal médical. La part des Alters qui
exercent dans une organisation dont l'activité est dans le secteur
thermal médical est 1½ fois supérieure dans la classe 2 que pour
l'ensemble des Alters.
34% des Alters de la classe 2 exercent dans une organisation dont
l'activité est dans l'hôtellerie/l'hébergement/le camping. La part des
Alters qui exercent dans une organisation dont l'activité est dans le
l'hôtellerie/l'hébergement/le camping est 3 fois supérieure dans la
classe 2 que pour l'ensemble des Alters.
49% des Alters de la classe 2 exercent dans une PME. La part des
Alters qui exercent dans une PME est 2 fois plus importante dans la
classe 2 que pour l'ensemble des Alters.
54% des Alters de la classe 2 sont dirigeants d'entreprises. La part
des Alters qui sont dirigeants d'entreprise est 2 fois plus importante
dans la classe 2 que pour l'ensemble des Alters.
27% des Alters de la classe 2 exercent dans une organisation dont
l'activité est dans le secteur du spa/aqualudisme. La part des Alters
qui exercent dans une organisation dont l'activité est dans le secteur
du spa/aqualudisme est 1½ fois supérieure dans la classe 2 que pour
l'ensemble des Alters.
25% des Alters de la classe 2 exercent dans un groupe privé. La part
Les directeurs
d'établissements
thermaux et
d'hôtels/résiden
ce/ camping
Annexes
298
des Alters qui exercent dans un groupe privé est 1½ fois plus
importante dans la classe 2 que pour l'ensemble des Alters.
3 59 80% des Alters de la classe 3 exercent dans un établissement public.
La part des Alters qui exercent dans un établissement public est 5
fois plus importante dans la classe 3 que pour l'ensemble des Alters.
56% des Alters de la classe 3 exercent dans l'enseignement/la
recherche/la formation. La part des Alters qui exercent dans
l'enseignement/la recherche/la formation est 5 fois plus importante
dans la classe 3 que pour l'ensemble des Alters.
59% des Alters de la classe 3 sont cadres. La part des Alters qui sont
cadres est 2 fois plus importante dans la classe 3 que pour
l'ensemble des Alters.
29% des Alters de la classe 3 exercent dans une organisation du
secteur de la thalassothérapie. La part des Alters qui exercent dans
une organisation du secteur de la thalassothérapie est 4 fois plus
importante dans la classe 3 que pour l'ensemble des Alters.
66% des Alters de la classe 3 sont des femmes. La part des Alters
féminins est 1½ fois plus importante dans la classe 3 que pour
l'ensemble des Alters.
20% des Alters de la classe 3 exercent dans l'administration
publique. La part des Alters qui exercent dans l'administration
publique est 2 fois plus importante dans la classe 3 que pour
l'ensemble des Alters.
22% des Alters de la classe 3 exercent dans une organisation dont
l'activité est dans le secteur du conseil aux entreprises. La part des
Alters qui exercent dans une organisation dont l'activité est dans le
secteur du conseil aux entreprises est 2 fois supérieure dans la classe
3 que pour l'ensemble des Alters.
Les
professionnels
de
l'enseignement/l
a recherche et la
formation
4 31 87% des Alters de la classe 4 sont travailleurs indépendants. La part
des Alters qui sont travailleurs indépendants est 12 fois plus
importante dans la classe 4 que pour l'ensemble des Alters.
65% des Alters de la classe 4 exercent une activité libérale. La part
des Alters qui exercent une activité libérale est 11 fois plus
importante dans la classe 4 que pour l'ensemble des Alters.
39% des Alters de la classe 4 exercent dans une organisation dont
l'activité est dans le secteur médical/paramédical. La part des Alters
qui exercent dans une organisation dont l'activité est dans le secteur
médical/paramédical est 5 fois plus importante dans la classe 4 que
pour l'ensemble des Alters.
71% des Alters de la classe 4 exercent dans une organisation dont
l'activité est dans le secteur thermal médical. La part des Alters qui
exercent dans une organisation dont l'activité est dans le secteur
thermal médical est 1½ fois plus importante dans la classe 4 que
pour l'ensemble des Alters.
32% des Alters de la classe 4 exercent dans un syndicat ou une
association professionnelle. La part des Alters qui exercent dans un
syndicat ou une association professionnelle est 2 fois plus
importante dans la classe 4 que pour l'ensemble des Alters.
Les
professionnels
du secteur
médical et
paramédical
5 85 60% des Alters de la classe 5 exercent dans le secteur du transport,
ou des médias, ou bancaire et financier, ou dans un autre secteur que
le thermal médical, ou le spa/aqualudisme, ou la thalassothérapie, ou
les techniques hydrothermales, ou le médical/paramédical, ou
l'hôtellerie / l'hébergement /le camping, ou l'enseignement / la
recherche / la formation, ou les commerce et services, ou le conseil
aux entreprises, ou l'administration publique. La part des Alters qui
exercent dans une organisation dont l'activité est dans le secteur du
transport, ou des médias, ou bancaire et financier, ou dans un autre
secteur que ceux listés, est 4 fois plus importante dans la classe 5
que pour l'ensemble des Alters.
56% des Alters de la classe 5 sont actionnaires ou ont un autre statut
que dirigeant d'entreprise, ou cadre, ou non cadre, ou travailleur
indépendant, ou élu. La part des Alters qui sont actionnaires ou ont
Les
professionnels
qui exercent un
activité de
support
Annexes
299
un autre statut que dirigeant d'entreprise, ou cadre, ou non cadre, ou
travailleur indépendant, ou élu, est 3½ fois plus importante dans la
classe 5 que pour l'ensemble des Alters.
19% des Alters de la classe 5 exercent dans une organisation dont le
type n'est pas connu de l'Ego, ou est autre qu'une PME, ou un
groupe privé, ou une activité libérale, ou un syndicat/association
professionnelle, ou un établissement public, ou une collectivité, ou
l'Etat. La part des Alters qui exercent dans une organisation dont le
type n'est pas connu de l'Ego, ou est autre qu'une PME, ou un
groupe privé, ou une activité libérale, ou un syndicat/association
professionnelle, ou un établissement public, ou une collectivité, ou
l'Etat, est 3 fois plus importante dans la classe 5 que pour l'ensemble
des Alters.
35% des Alters de la classe 5 exercent leur activité dans un syndicat
ou une association professionnelle. La part des Alters qui exercent
leur activité dans un syndicat ou une association professionnelle est
2 fois plus importante dans la classe 5 que pour l'ensemble des
Alters.
6 34 91% des Alters de la classe 6 exercent dans l'administration
publique. La part des Alters qui exercent dans l'administration
publique est 9 fois plus importante dans la classe 6 que pour
l'ensemble des Alters.
71% des Alters de la classe 6 exercent dans une collectivité. La part
des Alters qui exercent dans une collectivité est 8 fois plus
importante dans la classe 6 que pour l'ensemble des Alters.
47% des Alters de la classe 6 sont des élus. La part des Alters qui
sont des élus est 9 fois plus importante dans la classe 6 que pour
l'ensemble des Alters.
29% des Alters de la classe 6 exercent dans une organisation de
l'Etat. La part des Alters qui exercent dans une une organisation de
l'Etat est 8 fois plus importante dans la classe 10 que pour
l'ensemble des Alters.
Les
professionnels
du secteur
public
Total 397
La classification des Alters fait apparaître des classes bien discriminées. En effet, on ne
retrouve pas les mêmes modalités caractérisant chacune des classes. Les classes sont
suffisamment discriminées pour nous permettre d'interpréter le profil des Alters de chaque de
classe.
Description des classes des Alters+Relations
Tableau 51 - Analyse de la classification des Alters+Relations
Classe
n°
Nombre
d'Alters+Relations Description de la classe
Interprétation du
type
d'Alters+Relations
1 206 22% des Alters+Relations de la classe 1 sont des
relations avec un fournisseur. 90% des
Alters+Relations qui sont des relations avec un
fournisseur sont dans la classe 1. La part des
Alters+Relations qui sont des relations avec des
fournisseurs est 2 fois plus importante dans la classe 1
que pour l'ensemble des Alters+Relations.
15% des Alters+Relations de la classe 1 sont des
relations avec un Alter dont l'activité est dans la
thalassothérapie. 96% des Alters+Relations qui sont
des relations avec un Alter dont l'activité est dans la
thalassothérapie sont dans la classe 1. La part des
Alters+Relations qui sont des relations avec avec un
Les relations avec
des fournisseurs
Annexes
300
Alter dont l'activité est dans la thalassothérapie est 2
fois plus importante dans la classe 1 que pour
l'ensemble des Alters+Relations.
27% des Alters+Relations de la classe 1 sont des
relations avec un Alter qui exerce dans un groupe
privé. 80% des Alters+Relations qui sont des
relations avec un Alter qui exerce dans un groupe
privé sont dans la classe 1. La part des
Alters+Relations qui sont des relations avec avec un
Alter qui exerce dans un groupe privé est 1 fois plus
importante dans la classe 1 que pour l'ensemble des
Alters+Relations.
16% des Alters+Relations de la classe 1 sont des
relations avec un Alter qui exerce dans une
oragnisation de commerce ou de service. 80% des
Alters+Relations qui sont des relations avec un Alter
qui exerce dans une organisation de commerce ou de
service sont dans la classe 1. La part des
Alters+Relations qui sont des relations avec avec un
Alter qui exerce dans une organisation de commerce
ou de service est 1½ fois plus importante dans la
classe 1 que pour l'ensemble des Alters+Relations.
26% des Alters+Relations de la classe 1 sont des
relations avec un Alter qui exerce dans une
organisation du secteur du spa et de l'aqualudisme.
68% des Alters+Relations qui sont des relations avec
un Alter qui exerce dans une organisation du secteur
du spa et de l'aqualudisme sont dans la classe 1. La
part des Alters+Relations qui sont des relations avec
avec un Alter qui exerce dans une organisation du
secteur du spa et de l'aqualudisme est 1½ fois plus
importante dans la classe 1 que pour l'ensemble des
Alters+Relations.
2 44 91% des Alters+Relations de la classe 2 sont des
relations avec un Alter qui exerce dans
l'administration publique. 93% des Alters+Relations
qui sont des relations avec un Alter qui exerce dans
l'administration publique sont dans la classe 2. La part
des Alters+Relations qui sont des relations avec avec
un Alter qui exerce dans l'administration publique est
9 fois plus importante dans la classe 2 que pour
l'ensemble des Alters+Relations.
55% des Alters+Relations de la classe 2 sont des
relations avec un Alter qui exerce dans une
collectivité territoriale. 67% des Alters+Relations qui
sont des relations avec un Alter qui exerce dans une
collectivité territoriale sont dans la classe 2. La part
des Alters+Relations qui sont des relations avec avec
un Alter qui exerce dans une collectivité territoriale
est 6 fois plus importante dans la classe 2 que pour
l'ensemble des Alters+Relations.
32% des Alters+Relations de la classe 2 sont des
relations avec un Alter qui est un élu. 61% des
Alters+Relations qui sont des relations avec un Alter
qui est un élu sont dans la classe 2. La part des
Alters+Relations qui sont des relations avec un Alter
qui est un élu est 6 fois plus importante dans la classe
2 que pour l'ensemble des Alters+Relations.
20% des des Alters+Relations de la classe 2 sont des
relations avec un Alter qui exerce dans une institution
de l'Etat. 64% des Alters+Relations qui sont des
relations avec un Alter qui exerce dans une institution
Les relations avec
l'administration
publique
(collectivité
territoriale, Etat) et
les élus.
Annexes
301
de l'Etat sont dans la classe 2. La part des
Alters+Relations qui sont des relations avec avec un
Alter qui exerce dans une institution de l'Etat est 6
fois plus importante dans la classe 2 que pour
l'ensemble des Alters+Relations.
27% des Alters+Relations de la classe 2 sont des
relations avec une instance de régulation. 44% des
Alters+Relations qui sont des relations avec une
instance de régulation sont dans la classe 2. La part
des Alters+Relations qui sont des relations avec une
instance de régulation est 4 fois plus importante dans
la classe 2 que pour l'ensemble des Alters+Relations.
3 37 73% des Alters+Relations de la classe 3 sont des
relations avec un Alter qui est travailleur indépendant.
93% des Alters+Relations qui sont des relations avec
un Alter qui est travailleur indépendant sont dans la
classe 3. La part des Alters+Relations qui sont des
relations avec un Alter qui est travailleur indépendant
est 10 fois plus importante dans la classe 3 que pour
l'ensemble des Alters+Relations.
54% des Alters+Relations de la classe 3 sont des
relations avec un Alter qui exerce une activité
libérale. 87% des Alters+Relations qui sont des
relations avec un Alter qui exerce une activité libérale
dans la classe 3. La part des Alters+Relations qui sont
des relations avec un Alter qui exerce une activité
libérale est 10 fois plus importante dans la classe 3
que pour l'ensemble des Alters+Relations.
49% des Alters+Relations de la classe 3 sont des
relations avec un Alter qui exerce dans le secteur
médical-paramédical. 60% des Alters+Relations qui
sont des relations avec un Alter qui exerce dans le
secteur médical-paramédical sont dans la classe 3. La
part des Alters+Relations qui sont des relations avec
avec un Alter qui exerce dans le secteur médical-
paramédical est 7 fois plus importante dans la classe 3
que pour l'ensemble des Alters+Relations.
30% des Alters+Relations de la classe 3 sont des
relations avec sont des relations avec un prescripteur.
23% des Alters+Relations qui sont des relations avec
avec un prescripteur sont dans la classe 3. La part des
Alters+Relations qui sont des relations avec un
prescripteur est 3 fois plus importante dans la classe 3
que pour l'ensemble des Alters+Relations.
Les relations avec
des professionnels
du secteur
médical-
paramédical
4
110 73% des Alters+Relations de la classe 4 sont des
relations d'échange d'informations relatives au
marketing. 73% des Alters+Relations qui sont des
relations d'échange d'informations relatives au
marketing sont dans la classe 4. La part des
Alters+Relations qui sont des relations d'échange
d'informations relatives au marketing est 2½ fois plus
importante dans la classe 4 que pour l'ensemble des
Alters+Relations.
57% des Alters+Relations de la classe 4 sont des
relations d'échange d'informations relatives aux
modalités de développement. 66% des
Alters+Relations qui sont des relations d'échange
d'informations relatives aux modalités de
développement sont dans la classe 4. La part des
Alters+Relations qui sont des relations d'échange
d'informations relatives aux modalités de
développement est 2 fois plus importante dans la
Les relations
d'échanges
d'informations
liées au
management
stratégique des
activités thermales
Annexes
302
classe 4 que pour l'ensemble des Alters+Relations.
50% des Alters+Relations de la classe 4 sont des
relations d'échange d'informations sur les clientèles.
63% des Alters+Relations qui sont des relations
d'échange d'informations sur les clientèles sont dans
la classe 4. La part des Alters+Relations qui sont des
relations d'échange d'informations sur les clientèles
est 2½ fois plus importante dans la classe 4 que pour
l'ensemble des Alters+Relations.
68% des Alters+Relations de la classe 4 sont des
relations d'échange d'informations sur les techniques
hydro-thermales et l'innovation. 51% des
Alters+Relations qui sont des relations d'échange
d'informations sur les techniques hydro-thermales et
l'innovation sont dans la classe 4. La part des
Alters+Relations qui sont des relations d'échange
d'informations sur les techniques hydro-thermales et
l'innovation est 2 fois plus importante dans la classe 4
que pour l'ensemble des Alters+Relations.
50% des Alters+Relations de la classe 4 sont des
relations avec des dirigeants d'entreprise. 54% des
Alters+Relations qui sont des relations avec des
dirigeants d'entreprise sont dans la classe 4. La part
des Alters+Relations qui sont des relations avec des
dirigeants d'entreprise est 2 fois plus importante dans
la classe 4 que pour l'ensemble des Alters+Relations.
53% des Alters+Relations de la classe 4 sont des
relations d'échange d'informations pour la coopération
ou l'exploitation conjointe. 52% des Alters+Relations
qui sont des relations d'échange d'informations pour
la coopération ou l'exploitation conjointe sont dans la
classe 4. La part des Alters+Relations qui sont des
relations d'échange d'informations pour la coopération
ou l'exploitation conjointe est 2 fois plus importante
dans la classe 4 que pour l'ensemble des
Alters+Relations.
36% des Alters+Relations de la classe 4 sont des
relations d'échange d'informations relatives au
financement des activités. 60% des Alters+Relations
qui sont des relations d'échange d'informations
relatives au financement des activités sont dans la
classe 4. La part des Alters+Relations qui sont des
relations d'échange d'informations relatives au
financement des activités est 2 fois plus importante
dans la classe 4 que pour l'ensemble des
Alters+Relations.
15% des Alters+Relations de la classe 4 sont des
relations avec un concurrent. 94% des
Alters+Relations qui sont des relations avec un
concurrent sont dans la classe 4. La part des
Alters+Relations qui sont des relations avec un
concurrent est 3½ fois plus importante dans la classe
4 que pour l'ensemble des Alters+Relations.
73% des Alters+Relations de la classe 4 sont des
relations avec un Alter qui exerce dans une
organisation du secteur thermal médical. 39% des
Alters+Relations qui sont des relations avec un Alter
qui exerce dans une organisation du secteur thermal
médical sont dans la classe 4. La part des
Alters+Relations qui sont des relations avec un Alter
qui exerce dans une organisation du secteur thermal
médical est 1½ fois plus importante dans la classe 4
Annexes
303
que pour l'ensemble des Alters+Relations.
38% des Alters+Relations de la classe 4 sont des
relations avec un Alter qui exerce dans une PME.
48% des Alters+Relations qui sont des relations avec
un Alter qui exerce dans une PME sont dans la classe
4. La part des Alters+Relations qui sont des relations
avec un Alter qui exerce dans une PME est 2 fois plus
importante dans la classe 4 que pour l'ensemble des
Alters+Relations.
Total 397
Annexes
304
Annexe 21 - Résultats de la CAH des Egos (6 classes)
$category$`1`
Cla/Mod Mod/Cla Global p.value v.test
S.Thal=S.Thal_oui 100.000000 100.00000 9.459459 5.556855e-10 6.202513
S.TechT=S.TechT_oui 71.428571 71.42857 9.459459 2.632338e-05 4.203143
S.SA=S.SA_oui 35.294118 85.71429 22.972973 4.136123e-04 3.531243
S.CE=S.CE_oui 44.444444 57.14286 12.162162 3.355691e-03 2.933125
S.Ther=S.Ther_oui 17.500000 100.00000 54.054054 1.035996e-02 2.563578
S.MPM=S.MPM_oui 33.333333 42.85714 12.162162 3.801660e-02 2.074676
S.MPM=S.MPM_non 6.153846 57.14286 87.837838 3.801660e-02 -2.074676
S.Ther=S.Ther_non 0.000000 0.00000 45.945946 1.035996e-02 -2.563578
S.CE=S.CE_non 4.615385 42.85714 87.837838 3.355691e-03 -2.933125
S.SA=S.SA_non 1.754386 14.28571 77.027027 4.136123e-04 -3.531243
S.TechT=S.TechT_non 2.985075 28.57143 90.540541 2.632338e-05 -4.203143
S.Thal=S.Thal_non 0.000000 0.00000 90.540541 5.556855e-10 -6.202513
$category$`2`
Cla/Mod Mod/Cla Global p.value v.test
Org=Org_O.PME 71.42857 68.18182 28.378378 2.558155e-06 4.703439
F.DIR=F.DIR_oui 66.66667 63.63636 28.378378 3.309690e-05 4.151039
S.HotLC=S.HotLC_oui 90.00000 40.90909 13.513514 3.780466e-05 4.120503
S.Ther=S.Ther_oui 45.00000 81.81818 54.054054 1.916620e-03 3.102857
S.ERF=S.ERF_non 36.66667 100.00000 81.081081 3.879291e-03 2.887814
S.SA=S.SA_oui 58.82353 45.45455 22.972973 5.180463e-03 2.795593
S.AP=S.AP_non 36.06557 100.00000 82.432432 6.067608e-03 2.744105
Org=Org_O.GP 100.00000 18.18182 5.405405 6.357409e-03 2.728754
Anc=Anc_A.p10 45.16129 63.63636 41.891892 1.700686e-02 2.386559
S.CE=S.CE_non 33.84615 100.00000 87.837838 3.328753e-02 2.128598
F.Div=F.Div_non 33.33333 100.00000 89.189189 4.993129e-02 1.960552
F.TI=F.TI_non 33.33333 100.00000 89.189189 4.993129e-02 1.960552
F.Div=F.Div_oui 0.00000 0.00000 10.810811 4.993129e-02 -1.960552
F.TI=F.TI_oui 0.00000 0.00000 10.810811 4.993129e-02 -1.960552
Org=Org_ 0.00000 0.00000 10.810811 4.993129e-02 -1.960552
Org=Org_O.AL 0.00000 0.00000 12.162162 3.328753e-02 -2.128598
S.CE=S.CE_oui 0.00000 0.00000 12.162162 3.328753e-02 -2.128598
S.AP=S.AP_oui 0.00000 0.00000 17.567568 6.067608e-03 -2.744105
S.SA=S.SA_non 21.05263 54.54545 77.027027 5.180463e-03 -2.795593
S.ERF=S.ERF_oui 0.00000 0.00000 18.918919 3.879291e-03 -2.887814
S.Ther=S.Ther_non 11.76471 18.18182 45.945946 1.916620e-03 -3.102857
S.HotLC=S.HotLC_non 20.31250 59.09091 86.486486 3.780466e-05 -4.120503
F.DIR=F.DIR_non 15.09434 36.36364 71.621622 3.309690e-05 -4.151039
$category$`3`
Cla/Mod Mod/Cla Global p.value v.test
Org=Org_O.AL 100.000000 81.81818 12.16216 4.976288e-10 6.219850
F.TI=F.TI_oui 100.000000 72.72727 10.81081 1.094783e-08 5.715350
F.CAD=F.CAD_non 23.913043 100.00000 62.16216 3.191711e-03 2.948644
S.SA=S.SA_non 19.298246 100.00000 77.02703 4.414285e-02 2.012732
S.SA=S.SA_oui 0.000000 0.00000 22.97297 4.414285e-02 -2.012732
Org=Org_O.PME 0.000000 0.00000 28.37838 1.823612e-02 -2.360789
F.CAD=F.CAD_oui 0.000000 0.00000 37.83784 3.191711e-03 -2.948644
F.TI=F.TI_non 4.545455 27.27273 89.18919 1.094783e-08 -5.715350
$category$`4`
Cla/Mod Mod/Cla Global p.value v.test
Org=Org_O.SAP 100.000000 38.461538 6.756757 0.0000798944 3.944717
Anc=Anc_A.m3 57.142857 61.538462 18.918919 0.0001760354 3.751136
Exp=Exp_E.m3 66.666667 46.153846 12.162162 0.0006170402 3.424011
F.ELU=F.ELU_oui 100.000000 30.769231 5.405405 0.0006214009 3.422097
S.Ther=S.Ther_non 29.411765 76.923077 45.945946 0.0170805052 2.384970
F.Div=F.Div_oui 50.000000 30.769231 10.810811 0.0313344966 2.152799
Anc=Anc_A.p10 6.451613 15.384615 41.891892 0.0353426699 -2.104410
Exp=Exp_E.3-10 4.166667 7.692308 32.432432 0.0346210593 -2.112763
F.Div=F.Div_non 13.636364 69.230769 89.189189 0.0313344966 -2.152799
S.Ther=S.Ther_oui 7.500000 23.076923 54.054054 0.0170805052 -2.384970
F.ELU=F.ELU_non 12.857143 69.230769 94.594595 0.0006214009 -3.422097
Annexes
305
$category$`5`
Cla/Mod Mod/Cla Global p.value v.test
S.AP=S.AP_oui 76.923077 62.50 17.56757 2.501021e-06 4.708046
Org=Org_O.EP 68.750000 68.75 21.62162 3.210506e-06 4.656872
F.CAD=F.CAD_oui 50.000000 87.50 37.83784 6.694314e-06 4.503183
Anc=Anc_A.3-10 45.833333 68.75 32.43243 9.867698e-04 3.294272
Exp=Exp_E.3-10 45.833333 68.75 32.43243 9.867698e-04 3.294272
S.SA=S.SA_non 28.070175 100.00 77.02703 8.608665e-03 2.627216
S.ERF=S.ERF_oui 50.000000 43.75 18.91892 1.007331e-02 2.573302
S.Ther=S.Ther_non 35.294118 75.00 45.94595 1.052260e-02 2.558165
F.DIR=F.DIR_non 28.301887 93.75 71.62162 2.392887e-02 2.258269
F.DIR=F.DIR_oui 4.761905 6.25 28.37838 2.392887e-02 -2.258269
Anc=Anc_A.m3 0.000000 0.00 18.91892 2.224317e-02 -2.286190
S.Ther=S.Ther_oui 10.000000 25.00 54.05405 1.052260e-02 -2.558165
S.ERF=S.ERF_non 15.000000 56.25 81.08108 1.007331e-02 -2.573302
S.SA=S.SA_oui 0.000000 0.00 22.97297 8.608665e-03 -2.627216
Org=Org_O.PME 0.000000 0.00 28.37838 2.207031e-03 -3.060859
F.CAD=F.CAD_non 4.347826 12.50 62.16216 6.694314e-06 -4.503183
S.AP=S.AP_non 9.836066 37.50 82.43243 2.501021e-06 -4.708046
$category$`6`
Cla/Mod Mod/Cla Global p.value v.test
Anc=Anc_ 100.00000 100 6.756757 6.207801e-08 5.412710
Exp=Exp_ 100.00000 100 6.756757 6.207801e-08 5.412710
Org=Org_ 62.50000 100 10.810811 3.476369e-06 4.640459
age=age_ 100.00000 60 4.054054 1.542639e-04 3.784103
S.Ther=S.Ther_non 14.70588 100 45.945946 1.727358e-02 2.380832
Exp=Exp_E.p10 0.00000 0 48.648649 3.115956e-02 -2.155029
age=age_A.m45 0.00000 0 48.648649 3.115956e-02 -2.155029
S.Ther=S.Ther_oui 0.00000 0 54.054054 1.727358e-02 -2.380832
Annexes
306
Annexe 22 - Résultats de la CAH des Egos (3 classes)
$category$`1`
Cla/Mod Mod/Cla Global p.value v.test
S.Thal=S.Thal_oui 100.000000 87.5 9.459459 4.445484e-09 5.866702
S.TechT=S.TechT_oui 85.714286 75.0 9.459459 1.035798e-06 4.884713
S.CE=S.CE_oui 55.555556 62.5 12.162162 3.886692e-04 3.547660
S.SA=S.SA_oui 35.294118 75.0 22.972973 1.460891e-03 3.182342
S.Ther=S.Ther_oui 20.000000 100.0 54.054054 5.102665e-03 2.800480
Anc=Anc_A.m3 28.571429 50.0 18.918919 4.221140e-02 2.031430
S.ERF=S.ERF_oui 28.571429 50.0 18.918919 4.221140e-02 2.031430
S.ERF=S.ERF_non 6.666667 50.0 81.081081 4.221140e-02 -2.031430
Anc=Anc_A.3-10 0.000000 0.0 32.432432 3.562217e-02 -2.101214
Exp=Exp_E.3-10 0.000000 0.0 32.432432 3.562217e-02 -2.101214
S.Ther=S.Ther_non 0.000000 0.0 45.945946 5.102665e-03 -2.800480
S.SA=S.SA_non 3.508772 25.0 77.027027 1.460891e-03 -3.182342
S.CE=S.CE_non 4.615385 37.5 87.837838 3.886692e-04 -3.547660
S.TechT=S.TechT_non 2.985075 25.0 90.540541 1.035798e-06 -4.884713
S.Thal=S.Thal_non 1.492537 12.5 90.540541 4.445484e-09 -5.866702
$category$`2`
Cla/Mod Mod/Cla Global p.value v.test
S.Thal=S.Thal_non 91.04478 100.000000 90.540541 9.535563e-07 4.900989
S.TechT=S.TechT_non 89.55224 98.360656 90.540541 6.007405e-05 4.012520
Anc=Anc_A.3-10 100.00000 39.344262 32.432432 3.390722e-03 2.929899
Exp=Exp_E.3-10 100.00000 39.344262 32.432432 3.390722e-03 2.929899
S.CE=S.CE_non 87.69231 93.442623 87.837838 7.252570e-03 2.685019
S.SA=S.SA_non 87.71930 81.967213 77.027027 4.689127e-02 1.987281
S.SA=S.SA_oui 64.70588 18.032787 22.972973 4.689127e-02 -1.987281
S.CE=S.CE_oui 44.44444 6.557377 12.162162 7.252570e-03 -2.685019
age=age_ 0.00000 0.000000 4.054054 4.411946e-03 -2.847100
Org=Org_ 37.50000 4.918033 10.810811 3.504078e-03 -2.919665
Anc=Anc_ 0.00000 0.000000 6.756757 7.989440e-05 -3.944717
Exp=Exp_ 0.00000 0.000000 6.756757 7.989440e-05 -3.944717
S.TechT=S.TechT_oui 14.28571 1.639344 9.459459 6.007405e-05 -4.012520
S.Thal=S.Thal_oui 0.00000 0.000000 9.459459 9.535563e-07 -4.900989
$category$`3`
Cla/Mod Mod/Cla Global p.value v.test
Anc=Anc_ 100.00000 100 6.756757 6.207801e-08 5.412710
Exp=Exp_ 100.00000 100 6.756757 6.207801e-08 5.412710
Org=Org_ 62.50000 100 10.810811 3.476369e-06 4.640459
age=age_ 100.00000 60 4.054054 1.542639e-04 3.784103
S.Ther=S.Ther_non 14.70588 100 45.945946 1.727358e-02 2.380832
Exp=Exp_E.p10 0.00000 0 48.648649 3.115956e-02 -2.155029
age=age_A.m45 0.00000 0 48.648649 3.115956e-02 -2.155029
S.Ther=S.Ther_oui 0.00000 0 54.054054 1.727358e-02 -2.380832
Annexes
307
Annexe 23 - Résultats de la CAH des Relations (3 classes)
$category$`1`
Cla/Mod Mod/Cla Global p.value v.test
TR.PART=TR.PART_non 78.260870 93.750000 28.967254 7.706768e-58 16.031447
TR.autre=TR.autre_oui 90.243902 38.541667 10.327456 1.452719e-21 9.538243
TR.FRN=TR.FRN_oui 72.549020 38.541667 12.846348 3.290260e-15 7.879374
TI.CLT=TI.CLT_non 30.645161 98.958333 78.085642 3.747617e-11 6.613727
TR.REG=TR.REG_oui 81.481481 22.916667 6.801008 1.081698e-10 6.455069
TI.COOP=TI.COOP_non 31.929825 94.791667 71.788413 2.494120e-10 6.327347
TI.MKG=TI.MKG_non 31.010453 92.708333 72.292191 2.944908e-08 5.544681
TI.FCT=TI.FCT_non 28.527607 96.875000 82.115869 1.379894e-06 4.827887
TI.DEV=TI.DEV_non 29.139073 91.666667 76.070529 1.173842e-05 4.382391
TI.RH=TI.RH_non 28.173375 94.791667 81.360202 2.598089e-05 4.206106
TI.FIN=TI.FIN_non 27.878788 95.833333 83.123426 3.024418e-05 4.171620
TI.REG=TI.REG_oui 35.220126 58.333333 40.050378 3.477715e-05 4.139693
TR.PRES=TR.PRES_non 26.571429 96.875000 88.161209 1.003858e-03 3.289443
TR.PRES=TR.PRES_oui 6.382979 3.125000 11.838791 1.003858e-03 -3.289443
TI.REG=TI.REG_non 16.806723 41.666667 59.949622 3.477715e-05 -4.139693
TI.FIN=TI.FIN_oui 5.970149 4.166667 16.876574 3.024418e-05 -4.171620
TI.RH=TI.RH_oui 6.756757 5.208333 18.639798 2.598089e-05 -4.206106
TI.DEV=TI.DEV_oui 8.421053 8.333333 23.929471 1.173842e-05 -4.382391
TI.FCT=TI.FCT_oui 4.225352 3.125000 17.884131 1.379894e-06 -4.827887
TI.MKG=TI.MKG_oui 6.363636 7.291667 27.707809 2.944908e-08 -5.544681
TI.COOP=TI.COOP_oui 4.464286 5.208333 28.211587 2.494120e-10 -6.327347
TR.REG=TR.REG_non 20.000000 77.083333 93.198992 1.081698e-10 -6.455069
TI.CLT=TI.CLT_oui 1.149425 1.041667 21.914358 3.747617e-11 -6.613727
TR.FRN=TR.FRN_non 17.052023 61.458333 87.153652 3.290260e-15 -7.879374
TR.autre=TR.autre_non 16.573034 61.458333 89.672544 1.452719e-21 -9.538243
TR.PART=TR.PART_oui 2.127660 6.250000 71.032746 7.706768e-58 -16.031447
$category$`2`
Cla/Mod Mod/Cla Global p.value v.test
TR.PART=TR.PART_oui 67.730496 97.948718 71.032746 3.129880e-36 12.568915
TI.MKG=TI.MKG_non 62.020906 91.282051 72.292191 1.098032e-17 8.563173
TI.DEV=TI.DEV_non 60.264901 93.333333 76.070529 2.213748e-16 8.209899
TR.autre=TR.autre_non 54.775281 100.000000 89.672544 1.009104e-13 7.439705
TI.CLT=TI.CLT_non 56.129032 89.230769 78.085642 9.344320e-08 5.339034
TR.FRN=TR.FRN_non 54.046243 95.897436 87.153652 1.405754e-07 5.264495
R.frq=F.2an 76.190476 24.615385 15.869018 2.251336e-06 4.729446
TR.REG=TR.REG_non 51.891892 98.461538 93.198992 2.280816e-05 4.235463
TR.PRES=TR.PRES_oui 74.468085 17.948718 11.838791 2.017727e-04 3.716787
TR.CLT=TR.CLT_non 51.058201 98.974359 95.214106 3.993490e-04 3.540514
TI.REG=TI.REG_non 55.462185 67.692308 59.949622 2.036883e-03 3.084801
R.frq=NA 100.000000 4.102564 2.015113 3.144869e-03 2.953211
TI.FIN=TI.FIN_non 52.424242 88.717949 83.123426 3.485246e-03 2.921344
TR.CCR=TR.CCR_non 50.526316 98.461538 95.717884 7.947551e-03 2.654290
TI.Ther=TI.Ther_non 54.216867 69.230769 62.720403 8.620431e-03 2.626751
TI.FCT=TI.FCT_non 51.533742 86.153846 82.115869 4.016051e-02 2.052094
TI.FCT=TI.FCT_oui 38.028169 13.846154 17.884131 4.016051e-02 -2.052094
TI.Ther=TI.Ther_oui 40.540541 30.769231 37.279597 8.620431e-03 -2.626751
TR.CCR=TR.CCR_oui 17.647059 1.538462 4.282116 7.947551e-03 -2.654290
TI.FIN=TI.FIN_oui 32.835821 11.282051 16.876574 3.485246e-03 -2.921344
TI.REG=TI.REG_oui 39.622642 32.307692 40.050378 2.036883e-03 -3.084801
TR.CLT=TR.CLT_oui 10.526316 1.025641 4.785894 3.993490e-04 -3.540514
TR.PRES=TR.PRES_non 45.714286 82.051282 88.161209 2.017727e-04 -3.716787
TR.REG=TR.REG_oui 11.111111 1.538462 6.801008 2.280816e-05 -4.235463
R.frq=F.pfa 37.438424 38.974359 51.133501 1.936114e-06 -4.759981
TR.FRN=TR.FRN_oui 15.686275 4.102564 12.846348 1.405754e-07 -5.264495
TI.CLT=TI.CLT_oui 24.137931 10.769231 21.914358 9.344320e-08 -5.339034
TR.autre=TR.autre_oui 0.000000 0.000000 10.327456 1.009104e-13 -7.439705
TI.DEV=TI.DEV_oui 13.684211 6.666667 23.929471 2.213748e-16 -8.209899
TI.MKG=TI.MKG_oui 15.454545 8.717949 27.707809 1.098032e-17 -8.563173
TR.PART=TR.PART_non 3.478261 2.051282 28.967254 3.129880e-36 -12.568915
$category$`3`
Cla/Mod Mod/Cla Global p.value v.test
TI.MKG=TI.MKG_oui 78.181818 81.1320755 27.707809 6.593776e-45 14.061011
TI.DEV=TI.DEV_oui 77.894737 69.8113208 23.929471 2.068020e-35 12.418736
Annexes
308
TI.CLT=TI.CLT_oui 74.712644 61.3207547 21.914358 1.317323e-27 10.887837
TI.FIN=TI.FIN_oui 61.194030 38.6792453 16.876574 5.178428e-11 6.565714
TI.FCT=TI.FCT_oui 57.746479 38.6792453 17.884131 8.005774e-10 6.144813
TI.Ther=TI.Ther_oui 39.864865 55.6603774 37.279597 6.982786e-06 4.494213
TR.CCR=TR.CCR_oui 76.470588 12.2641509 4.282116 1.856282e-05 4.281511
R.frq=F.pfa 35.960591 68.8679245 51.133501 1.869937e-05 4.279880
TI.RH=TI.RH_oui 47.297297 33.0188679 18.639798 2.340983e-05 4.229609
TI.COOP=TI.COOP_oui 40.178571 42.4528302 28.211587 2.165682e-04 3.698862
TI.autre=TI.autre_non 30.434783 92.4528302 81.108312 2.344142e-04 3.678713
TR.CLT=TR.CLT_oui 63.157895 11.3207547 4.785894 8.003619e-04 3.352670
TR.autre=TR.autre_non 28.651685 96.2264151 89.672544 6.282989e-03 2.732635
TR.FRN=TR.FRN_non 28.901734 94.3396226 87.153652 6.983669e-03 2.697622
TR.REG=TR.REG_non 28.108108 98.1132075 93.198992 1.281789e-02 2.488789
TR.PART=TR.PART_oui 30.141844 80.1886792 71.032746 1.397974e-02 2.457784
TR.PART=TR.PART_non 18.260870 19.8113208 28.967254 1.397974e-02 -2.457784
TR.REG=TR.REG_oui 7.407407 1.8867925 6.801008 1.281789e-02 -2.488789
R.frq=F.rar 4.761905 0.9433962 5.289673 1.227715e-02 -2.504077
TR.FRN=TR.FRN_oui 11.764706 5.6603774 12.846348 6.983669e-03 -2.697622
TR.autre=TR.autre_oui 9.756098 3.7735849 10.327456 6.282989e-03 -2.732635
TR.CLT=TR.CLT_non 24.867725 88.6792453 95.214106 8.003619e-04 -3.352670
TI.autre=TI.autre_oui 10.666667 7.5471698 18.891688 2.344142e-04 -3.678713
TI.COOP=TI.COOP_non 21.403509 57.5471698 71.788413 2.165682e-04 -3.698862
TI.RH=TI.RH_non 21.981424 66.9811321 81.360202 2.340983e-05 -4.229609
TR.CCR=TR.CCR_non 24.473684 87.7358491 95.717884 1.856282e-05 -4.281511
TI.Ther=TI.Ther_non 18.875502 44.3396226 62.720403 6.982786e-06 -4.494213
R.frq=F.2an 4.761905 2.8301887 15.869018 1.902732e-06 -4.763490
TI.FCT=TI.FCT_non 19.938650 61.3207547 82.115869 8.005774e-10 -6.144813
TI.FIN=TI.FIN_non 19.696970 61.3207547 83.123426 5.178428e-11 -6.565714
TI.CLT=TI.CLT_non 13.225806 38.6792453 78.085642 1.317323e-27 -10.887837
TI.DEV=TI.DEV_non 10.596026 30.1886792 76.070529 2.068020e-35 -12.418736
TI.MKG=TI.MKG_non 6.968641 18.8679245 72.292191 6.593776e-45 -14.061011
Annexes
309
Annexe 24 - Résultats de la CAH des Relations (7 classes)
$category$`1`
Cla/Mod Mod/Cla Global p.value v.test
TR.autre=TR.autre_oui 82.9268293 94.444444 10.32746 7.554971e-40 13.211259
TR.PART=TR.PART_non 29.5652174 94.444444 28.96725 3.712327e-18 8.687276
TI.COOP=TI.COOP_non 12.6315789 100.000000 71.78841 3.358058e-06 4.647608
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TI.FCT=TI.FCT_non 11.0429448 100.000000 82.11587 5.735224e-04 3.443837
TI.autre=TI.autre_oui 20.0000000 41.666667 18.89169 9.389262e-04 3.308215
TI.CLT=TI.CLT_non 11.2903226 97.222222 78.08564 1.126285e-03 3.256919
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TI.FIN=TI.FIN_non 10.6060606 97.222222 83.12343 9.284953e-03 2.601380
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TR.PRES=TR.PRES_oui 0.0000000 0.000000 11.83879 8.532956e-03 -2.630220
TR.FRN=TR.FRN_oui 0.0000000 0.000000 12.84635 5.516788e-03 -2.775199
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TI.CLT=TI.CLT_oui 1.1494253 2.777778 21.91436 1.126285e-03 -3.256919
TI.autre=TI.autre_non 6.5217391 58.333333 81.10831 9.389262e-04 -3.308215
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TI.COOP=TI.COOP_oui 0.0000000 0.000000 28.21159 3.358058e-06 -4.647608
TR.PART=TR.PART_oui 0.7092199 5.555556 71.03275 3.712327e-18 -8.687276
TR.autre=TR.autre_non 0.5617978 5.555556 89.67254 7.554971e-40 -13.211259
$category$`2`
Cla/Mod Mod/Cla Global p.value v.test
TR.FRN=TR.FRN_oui 80.392157 68.333333 12.846348 1.232860e-31 11.702821
TR.PART=TR.PART_non 45.217391 86.666667 28.967254 1.900303e-24 10.204123
TR.REG=TR.REG_oui 77.777778 35.000000 6.801008 3.029293e-14 7.597062
TI.CLT=TI.CLT_non 19.032258 98.333333 78.085642 1.984089e-06 4.755038
TI.FCT=TI.FCT_non 18.098160 98.333333 82.115869 4.411978e-05 4.084774
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TI.FIN=TI.FIN_non 17.878788 98.333333 83.123426 9.268338e-05 3.908988
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TI.MKG=TI.MKG_non 18.815331 90.000000 72.292191 4.124854e-04 3.531964
TR.autre=TR.autre_non 16.853933 100.000000 89.672544 8.124426e-04 3.348521
TR.CLT=TR.CLT_non 15.873016 100.000000 95.214106 4.106500e-02 2.042873
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TI.REG=TI.REG_non 12.184874 48.333333 59.949622 4.993839e-02 -1.960491
TR.CLT=TR.CLT_oui 0.000000 0.000000 4.785894 4.106500e-02 -2.042873
TR.autre=TR.autre_oui 0.000000 0.000000 10.327456 8.124426e-04 -3.348521
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TI.CLT=TI.CLT_oui 1.149425 1.666667 21.914358 1.984089e-06 -4.755038
TR.REG=TR.REG_non 10.540541 65.000000 93.198992 3.029293e-14 -7.597062
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$category$`3`
Cla/Mod Mod/Cla Global p.value v.test
TI.Ther=TI.Ther_non 36.546185 93.814433 62.720403 2.289070e-15 7.924586
TR.PART=TR.PART_oui 32.978723 95.876289 71.032746 5.242445e-12 6.898852
TI.REG=TI.REG_non 35.714286 87.628866 59.949622 1.736348e-11 6.726632
Annexes
310
TI.DEV=TI.DEV_non 31.125828 96.907216 76.070529 4.923922e-10 6.221510
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TI.CLT=TI.CLT_non 27.741935 88.659794 78.085642 2.696036e-03 3.000424
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TR.CCR=TR.CCR_oui 0.000000 0.000000 4.282116 7.619237e-03 -2.668493
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$category$`4`
Cla/Mod Mod/Cla Global p.value v.test
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TR.CCR=TR.CCR_oui 5.8823529 0.952381 4.282116 4.022583e-02 -2.051422
TI.FIN=TI.FIN_non 24.2424242 76.190476 83.123426 3.227534e-02 -2.140984
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TI.CLT=TI.CLT_oui 13.7931034 11.428571 21.914358 1.726201e-03 -3.133695
TI.MKG=TI.MKG_oui 15.4545455 16.190476 27.707809 1.633135e-03 -3.149923
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TI.autre=TI.autre_oui 6.6666667 4.761905 18.891688 2.679991e-06 -4.693935
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TR.PART=TR.PART_non 0.8695652 0.952381 28.967254 1.347158e-17 -8.539575
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$category$`5`
Cla/Mod Mod/Cla Global p.value v.test
TI.CLT=TI.CLT_oui 41.379310 81.818182 21.914358 1.077938e-19 9.080786
TI.MKG=TI.MKG_oui 34.545455 86.363636 27.707809 5.611444e-18 8.640201
Annexes
311
TI.DEV=TI.DEV_oui 30.526316 65.909091 23.929471 3.258821e-10 6.285937
TR.CLT=TR.CLT_oui 63.157895 27.272727 4.785894 2.348882e-08 5.584119
TI.REG=TI.REG_non 17.226891 93.181818 59.949622 2.355036e-07 5.168878
R.frq=F.pfa 17.733990 81.818182 51.133501 1.035694e-05 4.409584
TR.PART=TR.PART_oui 14.893617 95.454545 71.032746 2.610911e-05 4.204992
TI.COOP=TI.COOP_non 14.035088 90.909091 71.788413 1.448406e-03 3.184827
TR.autre=TR.autre_non 12.359551 100.000000 89.672544 6.133983e-03 2.740532
TR.REG=TR.REG_non 11.891892 100.000000 93.198992 3.735274e-02 2.081888
R.frq=F.pfm 5.882353 13.636364 25.692695 4.673736e-02 -1.988673
TR.REG=TR.REG_oui 0.000000 0.000000 6.801008 3.735274e-02 -2.081888
TR.autre=TR.autre_oui 0.000000 0.000000 10.327456 6.133983e-03 -2.740532
R.frq=F.2an 1.587302 2.272727 15.869018 3.526726e-03 -2.917657
TI.COOP=TI.COOP_oui 3.571429 9.090909 28.211587 1.448406e-03 -3.184827
TR.PART=TR.PART_non 1.739130 4.545455 28.967254 2.610911e-05 -4.204992
TI.REG=TI.REG_oui 1.886792 6.818182 40.050378 2.355036e-07 -5.168878
TR.CLT=TR.CLT_non 8.465608 72.727273 95.214106 2.348882e-08 -5.584119
TI.DEV=TI.DEV_non 4.966887 34.090909 76.070529 3.258821e-10 -6.285937
TI.MKG=TI.MKG_non 2.090592 13.636364 72.292191 5.611444e-18 -8.640201
TI.CLT=TI.CLT_non 2.580645 18.181818 78.085642 1.077938e-19 -9.080786
$category$`6`
Cla/Mod Mod/Cla Global p.value v.test
TR.CCR=TR.CCR_oui 94.117647 100.00 4.282116 1.268925e-27 10.891246
TI.RH=TI.RH_oui 14.864865 68.75 18.639798 1.040952e-05 4.408487
TR.PART=TR.PART_non 11.304348 81.25 28.967254 1.569461e-05 4.318707
TI.FCT=TI.FCT_oui 14.084507 62.50 17.884131 6.716798e-05 3.986101
R.frq=F.pfa 7.389163 93.75 51.133501 2.993672e-04 3.615847
TI.Ther=TI.Ther_oui 8.783784 81.25 37.279597 3.623959e-04 3.566055
TI.autre=TI.autre_non 4.968944 100.00 81.108312 3.262505e-02 2.136667
TI.autre=TI.autre_oui 0.000000 0.00 18.891688 3.262505e-02 -2.136667
R.frq=F.pfm 0.000000 0.00 25.692695 7.756744e-03 -2.662479
TI.Ther=TI.Ther_non 1.204819 18.75 62.720403 3.623959e-04 -3.566055
TI.FCT=TI.FCT_non 1.840491 37.50 82.115869 6.716798e-05 -3.986101
TR.PART=TR.PART_oui 1.063830 18.75 71.032746 1.569461e-05 -4.318707
TI.RH=TI.RH_non 1.547988 31.25 81.360202 1.040952e-05 -4.408487
TR.CCR=TR.CCR_non 0.000000 0.00 95.717884 1.268925e-27 -10.891246
$category$`7`
Cla/Mod Mod/Cla Global p.value v.test
TI.FIN=TI.FIN_oui 46.268657 79.487179 16.87657 2.516846e-20 9.237771
TI.DEV=TI.DEV_oui 34.736842 84.615385 23.92947 2.542180e-17 8.465884
TI.MKG=TI.MKG_oui 30.909091 87.179487 27.70781 3.008121e-16 8.173001
TI.FCT=TI.FCT_oui 33.802817 61.538462 17.88413 1.088298e-10 6.454147
TI.COOP=TI.COOP_oui 25.892857 74.358974 28.21159 3.573490e-10 6.271603
TI.Ther=TI.Ther_oui 21.621622 82.051282 37.27960 2.356852e-09 5.971082
TI.REG=TI.REG_oui 20.125786 82.051282 40.05038 2.286250e-08 5.588815
TI.CLT=TI.CLT_oui 26.436782 58.974359 21.91436 1.250609e-07 5.285940
TI.RH=TI.RH_oui 24.324324 46.153846 18.63980 3.370023e-05 4.146903
R.frq=F.pfm 19.607843 51.282051 25.69270 3.377510e-04 3.584480
TI.autre=TI.autre_non 11.490683 94.871795 81.10831 1.305098e-02 2.482375
TI.autre=TI.autre_oui 2.666667 5.128205 18.89169 1.305098e-02 -2.482375
R.frq=F.2an 1.587302 2.564103 15.86902 8.346173e-03 -2.637735
TI.RH=TI.RH_non 6.501548 53.846154 81.36020 3.370023e-05 -4.146903
TI.CLT=TI.CLT_non 5.161290 41.025641 78.08564 1.250609e-07 -5.285940
TI.REG=TI.REG_non 2.941176 17.948718 59.94962 2.286250e-08 -5.588815
TI.Ther=TI.Ther_non 2.811245 17.948718 62.72040 2.356852e-09 -5.971082
TI.COOP=TI.COOP_non 3.508772 25.641026 71.78841 3.573490e-10 -6.271603
TI.FCT=TI.FCT_non 4.601227 38.461538 82.11587 1.088298e-10 -6.454147
TI.MKG=TI.MKG_non 1.742160 12.820513 72.29219 3.008121e-16 -8.173001
TI.DEV=TI.DEV_non 1.986755 15.384615 76.07053 2.542180e-17 -8.465884
TI.FIN=TI.FIN_non 2.424242 20.512821 83.12343 2.516846e-20 -9.237771
Annexes
312
Annexe 25 - Résultats de la CAH des Alters
$category$`1`
Cla/Mod Mod/Cla Global p.value v.test
AS.TechT=AS.TechT_oui 79.661017 63.513514 14.861461 1.634587e-30 11.481480
AS.CS=AS.CS_oui 90.000000 48.648649 10.075567 5.410058e-26 10.544079
AS.CE=AS.CE_oui 52.941176 36.486486 12.846348 2.205788e-09 5.981879
Asex=Asex_A_m 26.530612 70.270270 49.370277 6.468375e-05 3.995038
AS.AP=AS.AP_non 20.903955 100.000000 89.168766 7.972821e-05 3.945216
AF.Div=AF.Div_non 21.556886 97.297297 84.130982 1.212636e-04 3.843557
AS.SA=AS.SA_oui 34.615385 36.486486 19.647355 1.515501e-04 3.788516
AOrg=AOrg_AO.PME 32.183908 37.837838 21.914358 5.087684e-04 3.476097
AOrg=AOrg_AO.GP 32.857143 31.081081 17.632242 1.568435e-03 3.161714
AF.TI=AF.TI_non 20.108696 100.000000 92.695214 1.969781e-03 3.094751
AF.DIR=AF.DIR_oui 27.450980 37.837838 25.692695 1.055585e-02 2.557068
AS.EF=AS.EF_non 20.000000 94.594595 88.161209 4.922711e-02 1.966619
AS.Hot=AS.Hot_non 20.000000 94.594595 88.161209 4.922711e-02 1.966619
AS.EF=AS.EF_oui 8.510638 5.405405 11.838791 4.922711e-02 -1.966619
AS.Hot=AS.Hot_oui 8.510638 5.405405 11.838791 4.922711e-02 -1.966619
AF.DIR=AF.DIR_non 15.593220 62.162162 74.307305 1.055585e-02 -2.557068
AOrg=AOrg_AO.EP 7.692308 6.756757 16.372796 9.028220e-03 -2.610984
AF.TI=AF.TI_oui 0.000000 0.000000 7.304786 1.969781e-03 -3.094751
AOrg=AOrg_AO.COL 0.000000 0.000000 9.068010 4.032671e-04 -3.537936
AS.SA=AS.SA_non 14.733542 63.513514 80.352645 1.515501e-04 -3.788516
AF.Div=AF.Div_oui 3.174603 2.702703 15.869018 1.212636e-04 -3.843557
AS.AP=AS.AP_oui 0.000000 0.000000 10.831234 7.972821e-05 -3.945216
Asex=Asex_A_f 7.792208 16.216216 38.790932 4.497914e-06 -4.586939
AS.CE=AS.CE_non 13.583815 63.513514 87.153652 2.205788e-09 -5.981879
AS.CS=AS.CS_non 10.644258 51.351351 89.924433 5.410058e-26 -10.544079
AS.TechT=AS.TechT_non 7.988166 36.486486 85.138539 1.634587e-30 -11.481480
$category$`2`
Cla/Mod Mod/Cla Global p.value v.test
AS.Ther=AS.Ther_oui 49.029126 88.596491 51.889169 2.880655e-22 9.704649
AS.Hot=AS.Hot_oui 82.978723 34.210526 11.838791 1.639195e-16 8.245902
AOrg=AOrg_AO.PME 64.367816 49.122807 21.914358 1.976558e-15 7.942807
AF.DIR=AF.DIR_oui 59.803922 53.508772 25.692695 9.199319e-15 7.749861
AS.TechT=AS.TechT_non 33.727811 100.000000 85.138539 2.950076e-10 6.301380
AS.CE=AS.CE_non 32.947977 100.000000 87.153652 7.518394e-09 5.778915
AS.DIV=AS.DIV_non 33.734940 98.245614 83.627204 1.528679e-08 5.658313
AF.Div=AF.Div_non 33.532934 98.245614 84.130982 3.269404e-08 5.526361
AS.EF=AS.EF_non 32.571429 100.000000 88.161209 3.667547e-08 5.506155
AS.AP=AS.AP_non 32.203390 100.000000 89.168766 1.750125e-07 5.224091
AS.CS=AS.CS_non 31.652661 99.122807 89.924433 1.152674e-05 4.386352
AS.MPM=AS.MPM_non 30.517711 98.245614 92.443325 2.807528e-03 2.988062
AF.TI=AF.TI_non 30.434783 98.245614 92.695214 3.806927e-03 2.893732
AS.SA=AS.SA_oui 39.743590 27.192982 19.647355 1.949308e-02 2.335965
AOrg=AOrg_AO.GP 40.000000 24.561404 17.632242 2.554678e-02 2.233033
AS.SA=AS.SA_non 26.018809 72.807018 80.352645 1.949308e-02 -2.335965
AOrg=AOrg_AO.Div 8.333333 1.754386 6.045340 1.666412e-02 -2.394036
AF.TI=AF.TI_oui 6.896552 1.754386 7.304786 3.806927e-03 -2.893732
AS.MPM=AS.MPM_oui 6.666667 1.754386 7.556675 2.807528e-03 -2.988062
AOrg=AOrg_AO.COL 8.333333 2.631579 9.068010 2.472887e-03 -3.026639
AOrg=AOrg_AO.AL 0.000000 0.000000 5.793451 3.177461e-04 -3.600385
AS.CS=AS.CS_oui 2.500000 0.877193 10.075567 1.152674e-05 -4.386352
AS.AP=AS.AP_oui 0.000000 0.000000 10.831234 1.750125e-07 -5.224091
AS.EF=AS.EF_oui 0.000000 0.000000 11.838791 3.667547e-08 -5.506155
AF.Div=AF.Div_oui 3.174603 1.754386 15.869018 3.269404e-08 -5.526361
AS.DIV=AS.DIV_oui 3.076923 1.754386 16.372796 1.528679e-08 -5.658313
AOrg=AOrg_AO.EP 3.076923 1.754386 16.372796 1.528679e-08 -5.658313
AS.CE=AS.CE_oui 0.000000 0.000000 12.846348 7.518394e-09 -5.778915
AS.TechT=AS.TechT_oui 0.000000 0.000000 14.861461 2.950076e-10 -6.301380
AF.DIR=AF.DIR_non 17.966102 46.491228 74.307305 9.199319e-15 -7.749861
AS.Hot=AS.Hot_non 21.428571 65.789474 88.161209 1.639195e-16 -8.245902
AS.Ther=AS.Ther_non 6.806283 11.403509 48.110831 2.880655e-22 -9.704649
$category$`3`
Cla/Mod Mod/Cla Global p.value v.test
AOrg=AOrg_AO.EP 72.307692 79.661017 16.372796 9.548449e-35 12.295735
AS.EF=AS.EF_oui 70.212766 55.932203 11.838791 2.973488e-21 9.463660
Annexes
313
AF.CAD=AF.CAD_oui 33.980583 59.322034 25.944584 3.502923e-09 5.906104
AS.Thal=AS.Thal_oui 54.838710 28.813559 7.808564 5.625784e-08 5.430305
Asex=Asex_A_f 25.324675 66.101695 38.790932 4.980745e-06 4.565597
AS.DIV=AS.DIV_non 17.771084 100.000000 83.627204 1.016244e-05 4.413688
AF.DIR=AF.DIR_non 18.983051 94.915254 74.307305 1.437971e-05 4.337982
AS.Hot=AS.Hot_non 16.857143 100.000000 88.161209 3.091112e-04 3.607542
AF.TI=AF.TI_non 16.032609 100.000000 92.695214 7.795528e-03 2.660800
AS.CS=AS.CS_non 16.246499 98.305085 89.924433 1.095801e-02 2.544035
AS.AP=AS.AP_oui 27.906977 20.338983 10.831234 1.919444e-02 2.341733
AS.CE=AS.CE_oui 25.490196 22.033898 12.846348 3.278845e-02 2.134664
AOrg=AOrg_AO.GP 7.142857 8.474576 17.632242 3.818815e-02 -2.072829
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$category$`4`
Cla/Mod Mod/Cla Global p.value v.test
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$category$`5`
Cla/Mod Mod/Cla Global p.value v.test
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AF.Div=AF.Div_oui 76.190476 56.470588 15.869018 1.694956e-25 10.436179
AS.SA=AS.SA_non 26.332288 98.823529 80.352645 1.837651e-08 5.626629
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AOrg=AOrg_AO.Div 66.666667 18.823529 6.045340 1.059123e-06 4.880323
AOrg=AOrg_AO.SAP 42.857143 35.294118 17.632242 6.945152e-06 4.495363
Annexes
314
AS.AP=AS.AP_non 24.011299 100.000000 89.168766 1.612477e-05 4.312734
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AS.TechT=AS.TechT_non 24.556213 97.647059 85.138539 4.104356e-05 4.101525
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AF.CAD=AF.CAD_oui 14.563107 17.647059 25.944584 4.623465e-02 -1.993245
AOrg=AOrg_AO.E 0.000000 0.000000 3.526448 3.215563e-02 -2.142471
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AS.Hot=AS.Hot_oui 4.255319 2.352941 11.838791 7.524539e-04 -3.369717
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AOrg=AOrg_AO.PME 3.448276 3.529412 21.914358 2.323913e-07 -5.171364
AS.Ther=AS.Ther_oui 10.679612 25.882353 51.889169 5.103706e-08 -5.447659
AS.SA=AS.SA_oui 1.282051 1.176471 19.647355 1.837651e-08 -5.626629
AF.Div=AF.Div_non 11.077844 43.529412 84.130982 1.694956e-25 -10.436179
AS.DIV=AS.DIV_non 10.240964 40.000000 83.627204 1.173247e-28 -11.105979
$category$`6`
Cla/Mod Mod/Cla Global p.value v.test
AS.AP=AS.AP_oui 72.0930233 91.176471 10.831234 6.262490e-33 11.952998
AOrg=AOrg_AO.COL 66.6666667 70.588235 9.068010 6.501481e-22 9.621283
AF.ELU=AF.ELU_oui 69.5652174 47.058824 5.793451 2.987113e-14 7.598877
AOrg=AOrg_AO.E 71.4285714 29.411765 3.526448 4.454842e-09 5.866353
AS.Ther=AS.Ther_non 16.2303665 91.176471 48.110831 4.373371e-08 5.475071
AF.DIR=AF.DIR_non 11.1864407 97.058824 74.307305 3.720717e-04 3.559140
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AS.SA=AS.SA_oui 1.2820513 2.941176 19.647355 4.589564e-03 -2.834513
AOrg=AOrg_AO.EP 0.0000000 0.000000 16.372796 1.704849e-03 -3.137346
AOrg=AOrg_AO.SAP 0.0000000 0.000000 17.632242 9.898511e-04 -3.293396
AOrg=AOrg_AO.GP 0.0000000 0.000000 17.632242 9.898511e-04 -3.293396
AF.DIR=AF.DIR_oui 0.9803922 2.941176 25.692695 3.720717e-04 -3.559140
AOrg=AOrg_AO.PME 0.0000000 0.000000 21.914358 1.456366e-04 -3.798394
AS.Ther=AS.Ther_oui 1.4563107 8.823529 51.889169 4.373371e-08 -5.475071
AF.ELU=AF.ELU_non 4.8128342 52.941176 94.206549 2.987113e-14 -7.598877
AS.AP=AS.AP_non 0.8474576 8.823529 89.168766 6.262490e-33 -11.952998
Annexes
315
Annexe 26 - Résultats de la CAH des Alters+Relations
$category$`1`
Cla/Mod Mod/Cla Global p.value v.test
TI.MKG=TI.MKG_non 65.505226 91.2621359 72.292191 2.489242e-19 8.989250
TI.DEV=TI.DEV_non 63.907285 93.6893204 76.070529 1.200533e-18 8.814656
TI.FCT=TI.FCT_non 61.042945 96.6019417 82.115869 3.192591e-16 8.165820
TI.CLT=TI.CLT_non 62.258065 93.6893204 78.085642 1.029989e-15 8.023232
AS.AP=AS.AP_non 57.627119 99.0291262 89.168766 2.501350e-12 7.003226
TI.FIN=TI.FIN_non 59.393939 95.1456311 83.123426 8.958472e-12 6.822315
AF.TI=AF.TI_non 55.978261 100.0000000 92.695214 1.850836e-10 6.373234
TR.FRN=TR.FRN_oui 90.196078 22.3300971 12.846348 6.685175e-10 6.173365
AS.Thal=AS.Thal_oui 96.774194 14.5631068 7.808564 1.617834e-08 5.648575
TI.COOP=TI.COOP_non 60.350877 83.4951456 71.788413 6.825214e-08 5.395713
AOrg=AOrg_AO.GP 80.000000 27.1844660 17.632242 1.184749e-07 5.295833
AF.ELU=AF.ELU_non 54.812834 99.5145631 94.206549 7.113429e-07 4.958241
TI.Ther=TI.Ther_non 61.044177 73.7864078 62.720403 2.237345e-06 4.730711
TR.PART=TR.PART_non 67.826087 37.8640777 28.967254 4.733354e-05 4.068417
TR.CCR=TR.CCR_non 53.947368 99.5145631 95.717884 5.930781e-05 4.015548
AS.CS=AS.CS_oui 80.000000 15.5339806 10.075567 1.365586e-04 3.814320
TI.autre=TI.autre_oui 70.666667 25.7281553 18.891688 2.831226e-04 3.630272
AS.MPM=AS.MPM_non 54.223433 96.6019417 92.443325 1.136197e-03 3.254431
TR.autre=TR.autre_oui 75.609756 15.0485437 10.327456 1.221591e-03 3.233790
AS.SA=AS.SA_oui 67.948718 25.7281553 19.647355 1.519491e-03 3.170935
R.frq=R.frq_F.2an 69.841270 21.3592233 15.869018 1.830509e-03 3.116437
AOrg=AOrg_AO.EP 69.230769 21.8446602 16.372796 2.174534e-03 3.065298
R.frq=R.frq_ 100.000000 3.8834951 2.015113 4.916758e-03 2.812438
AOrg=AOrg_AO.Div 79.166667 9.2233010 6.045340 5.568015e-03 2.772192
AS.Ther=AS.Ther_non 58.638743 54.3689320 48.110831 9.818162e-03 2.582169
AS.DIV=AS.DIV_oui 64.615385 20.3883495 16.372796 2.523642e-02 2.237765
AF.CAD=AF.CAD_oui 61.165049 30.5825243 25.944584 2.913894e-02 2.181602
TI.RH=TI.RH_non 54.489164 85.4368932 81.360202 3.150889e-02 2.150586
AS.EF=AS.EF_oui 65.957447 15.0485437 11.838791 4.085720e-02 2.044976
AS.EF=AS.EF_non 50.000000 84.9514563 88.161209 4.085720e-02 -2.044976
TI.RH=TI.RH_oui 40.540541 14.5631068 18.639798 3.150889e-02 -2.150586
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AS.Thal=AS.Thal_non 29.781421 99.0909091 92.191436 4.053908e-04 3.536549
R.frq=R.frq_F.pfa 35.467980 65.4545455 51.133501 4.099247e-04 3.533610
TR.autre=TR.autre_non 30.056180 97.2727273 89.672544 8.915768e-04 3.322678
AF.TI=AF.TI_non 29.347826 98.1818182 92.695214 5.349741e-03 2.785184
AS.CE=AS.CE_oui 43.137255 20.0000000 12.846348 1.153842e-02 2.525955
AOrg=AOrg_ 62.500000 4.5454545 2.015113 4.714605e-02 1.984986
AOrg=AOrg_AO.COL 13.888889 4.5454545 9.068010 4.657353e-02 -1.990158
R.frq=R.frq_F.2an 15.873016 9.0909091 15.869018 1.902789e-02 -2.344984
AS.CE=AS.CE_non 25.433526 80.0000000 87.153652 1.153842e-02 -2.525955
AOrg=AOrg_AO.E 0.000000 0.0000000 3.526448 9.728852e-03 -2.585320
R.frq=R.frq_F.rar 4.761905 0.9090909 5.289673 9.473267e-03 -2.594485
AF.TI=AF.TI_oui 6.896552 1.8181818 7.304786 5.349741e-03 -2.785184
TR.autre=TR.autre_oui 7.317073 2.7272727 10.327456 8.915768e-04 -3.322678
AOrg=AOrg_AO.AL 0.000000 0.0000000 5.793451 4.446209e-04 -3.512076
AOrg=AOrg_AO.EP 10.769231 6.3636364 16.372796 4.224051e-04 -3.525675
AS.Thal=AS.Thal_oui 3.225806 0.9090909 7.808564 4.053908e-04 -3.536549
TR.CLT=TR.CLT_non 25.661376 88.1818182 95.214106 2.055620e-04 -3.712081
TR.PART=TR.PART_non 14.782609 15.4545455 28.967254 1.544443e-04 -3.783812
TI.FCT=TI.FCT_non 23.312883 69.0909091 82.115869 6.232630e-05 -4.003826
TR.FRN=TR.FRN_oui 5.882353 2.7272727 12.846348 4.281286e-05 -4.091751
TI.autre=TI.autre_oui 9.333333 6.3636364 18.891688 2.519751e-05 -4.213023
TI.RH=TI.RH_non 22.910217 67.2727273 81.360202 2.034089e-05 -4.261116
AS.AP=AS.AP_oui 2.325581 0.9090909 10.831234 7.164007e-06 -4.488757
AS.Ther=AS.Ther_non 15.706806 27.2727273 48.110831 2.127995e-07 -5.187794
TR.CCR=TR.CCR_non 24.736842 85.4545455 95.717884 6.930029e-09 -5.792611
TI.FIN=TI.FIN_non 21.212121 63.6363636 83.123426 1.413471e-09 -6.053938
TI.COOP=TI.COOP_non 18.245614 47.2727273 71.788413 8.381541e-11 -6.493589
AF.DIR=AF.DIR_non 18.644068 50.0000000 74.307305 4.261334e-11 -6.594694
TI.Ther=TI.Ther_non 14.056225 31.8181818 62.720403 7.190240e-15 -7.781090
TI.CLT=TI.CLT_non 17.741935 50.0000000 78.085642 1.615015e-15 -7.967817
TI.DEV=TI.DEV_non 15.562914 42.7272727 76.070529 3.004760e-20 -9.218788
TI.MKG=TI.MKG_non 10.452962 27.2727273 72.292191 1.533722e-33 -12.069333
Annexes
318
Annexe 27 - Script du test d'indépendance entre les classes d'Egos, d'Alters, de
Relations, et des Alters+Relations
# S_croise_Egos x Alters x Relations
# ---------------------- param?tres
volume <- "C:/Thèse/Analyse_reseaux/Analyse_R/Dupuy/25 nov 2016"
f1 <- "Class_egos.csv"
f2 <- "Class_alters.csv"
f3 <- "Class_relations.csv"
f4 <- "Class_AR.csv"
fich_sort <-"Class_croise.CSV"
# ----------------------
volume
f1
f2
f3
f4
fich_sort
setwd (volume)
# ----------------------
D1 <- read.table ( f1, header=TRUE, sep=";", na.strings="NA",
dec=".", strip.white=TRUE)
ncol (D1)
D1 <- D1 [,c(2,3)] # ---------------------- param?tres
ncol(D1)
names(D1)
# ----------------------
D2 <- read.table ( f2, header=TRUE, sep=";", na.strings="NA",
dec=".", strip.white=TRUE)
ncol (D2)
D2 <- D2 [,c(2,3,4,5)]
ncol (D2)
names(D2)
# ----------------------
D3 <- read.table ( f3, header=TRUE, sep=";", na.strings="NA",
dec=".", strip.white=TRUE)
ncol (D3)
D3 <- D3 [,c(2,3,4,5)]
ncol (D3)
names(D3)
# ----------------------
D4 <- read.table ( f4, header=TRUE, sep=";", na.strings="NA",
dec=".", strip.white=TRUE)
ncol (D4)
D4 <- D4 [,c(2,3,4,5)]
ncol (D4)
names(D4)
# ---------------------- Init de 0 ? vide (r?ros)
nc2 <- ncol (D2)
C.Alter <- rep(0,nrow (D2)) #D2$clust
C.Ego <- rep(0,nrow (D2))
C.Relat <- rep(0,nrow (D2))
C.AltRel <- rep(0,nrow (D2))
D0 <-cbind(D2[,c(1,2,3)],C.Ego ,C.Alter, C.Relat, C.AltRel)
# ---------------------- report des 4 classes dans D0
# cherche dans la class de D1 pour mettre dans D0 col 2
for ( ia in 1:nrow(D2)) {
for ( ie in 1:nrow(D1)) {
Bool <- (D2[ia,3]== D1[ie,1]) #----- param?tres
if (Bool) D0[ia,4] <- D1[ie,2]
}
}
Annexes
319
# cherche dans la class de D2 pour mettre dans D0 col 3
for ( ia in 1:nrow(D2)) {
for ( ir in 1:nrow(D3)) {
Bool <- (D2[ia,1]== D2[ir,1]) #----- param?tres
if (Bool) D0[ia,5] <- D2[ir,4]
}
}
# cherche dans la class de D3 pour mettre dans D0 col 4
for ( ia in 1:nrow(D2)) {
for ( ir in 1:nrow(D3)) {
Bool <- (D2[ia,1]== D3[ir,1]) #----- param?tres
if (Bool) D0[ia,6] <- D3[ir,4]
}
}
# cherche dans la class de D4 pour mettre dans D0 col 5
for ( ia in 1:nrow(D2)) {
for ( ir in 1:nrow(D4)) {
Bool <- (D2[ia,1]== D4[ir,1]) #----- param?tres
if (Bool) D0[ia,7] <- D4[ir,4]
}
}
# ---------------------- # chercle les Egos sans relations
sans <- rep(0,nrow(D1))
sans <- cbind(sans,sans)
isans <- 0
for (ie in 1:nrow(D1)) {
compt <- 0
for ( ia in 1:nrow(D0)) {
Bool <- (D0[ia,3]== D1[ie,1])
if (Bool) compt <- compt+1
}
if (compt==0) {
isans = isans+1
sans [isans,1]<- D1[ie,1]
sans [isans,2]<- D1[ie,2] #col=2 est la classe
}
}
egos_sans_relation <- sans [c(1:isans),]
print (egos_sans_relation)
# ----------------------
# save du fichier des classes E, A, R et A+R de la relation
write.table(D0,fich_sort,sep=";",col.names=NA)
# ----------------------
Ego <- D0[,4]
Alter <- D0[,5]
Relat <- D0[,6]
AR <- D0[,7]
# ----------------------
khideux <- chisq.test(Ego , Alter)
khideux
khideux$observed
# khideux$expected
khideux$residuals
# ----------------------
khideux <- chisq.test(Ego , Relat)
khideux
khideux$observed
# khideux$expected
khideux$residuals
# ----------------------
khideux <- chisq.test(Ego , AR)
khideux
Annexes
320
khideux$observed
# khideux$expected
khideux$residuals
# ----------------------
khideux <- chisq.test(Alter , Relat)
khideux
khideux$observed
# khideux$expected
khideux$residuals
# ----------------------
Annexes
321
Annexe 28 - Résultats du test d'indépendance entre les classes d'Egos, d'Alters, de
Relations, et des Alters+Relations
> khideux <- chisq.test(Ego , Alter)
> khideux
Pearson's Chi-squared test
data: Ego and Alter
X-squared = 107.33, df = 20, p-value = 6.016e-14
> khideux$observed
Alter
Ego 1 2 3 4 5 6
1 4 3 8 1 7 0
2 26 34 6 8 27 9
3 0 8 1 15 8 2
4 20 41 19 6 24 8
5 24 28 25 1 19 15
> # khideux$expected
> khideux$residuals
Alter
Ego 1 2 3 4 5 6
1 -0.1386851 -1.4025813 2.4782637 -0.5939461 0.9353165 -1.4034861
2 1.2138004 0.4293599 -2.5592507 -0.2011145 0.7105627 -0.1370520
3 -2.5174454 -0.5643011 -1.8029983 7.5765090 0.2670065 -0.5343606
4 -0.4253761 1.2224462 0.3494732 -1.0588479 -0.2515695 -0.6624156
5 0.6835992 -0.7337589 2.0479304 -2.6191478 -1.0169344 1.7461772
> # ----------------------
> khideux <- chisq.test(Ego , Relat)
> khideux
Pearson's Chi-squared test
data: Ego and Relat
X-squared = 42.313, df = 8, p-value = 1.183e-06
> khideux$observed
Relat
Ego 1 2 3
1 6 16 1
2 33 43 34
3 10 13 11
4 11 61 46
5 36 62 14
> # khideux$expected
> khideux$residuals
Relat
Ego 1 2 3
1 0.1858465 1.3991615 -2.0745834
2 1.2410162 -1.5006038 0.8542815
3 0.6202037 -0.9054611 0.6378769
4 -3.2824624 0.3993500 2.5821452
5 1.7134182 0.9420737 -2.9083548
> # ----------------------
> khideux <- chisq.test(Ego , AR)
> khideux
Pearson's Chi-squared test
data: Ego and AR
X-squared = 86.66, df = 12, p-value = 2.181e-13
> khideux$observed
AR
Ego 1 2 3 4
1 16 2 1 4
2 56 12 9 33
3 13 3 15 3
4 54 5 9 50
5 67 22 3 20
Annexes
322
> # khideux$expected
> khideux$residuals
AR
Ego 1 2 3 4
1 1.17682192 -0.34393073 -0.78108054 -0.93992973
2 -0.14269822 -0.05482715 -0.39098845 0.45671591
3 -1.10524107 -0.39576628 6.64637722 -2.09188970
4 -0.92387248 -2.23375925 -0.60233218 3.02638473
5 1.16538006 2.72106039 -2.30228095 -1.98049387
> # ----------------------
> khideux <- chisq.test(Alter , Relat)
> khideux
Pearson's Chi-squared test
data: Alter and Relat
X-squared = 37.235, df = 10, p-value = 5.154e-05
> khideux$observed
Relat
Alter 1 2 3
1 30 32 12
2 27 42 45
3 15 35 9
4 2 19 10
5 19 45 21
6 3 22 9
> # khideux$expected
> khideux$residuals
Relat
Alter 1 2 3
1 2.86178522 -0.72112802 -1.74536664
2 -0.10794418 -1.87023962 2.63938265
3 0.19406004 1.11830260 -1.70146344
4 -2.00744211 0.96698204 0.59886243
5 -0.34280317 0.50288385 -0.35584217
6 -1.82107979 1.29686186 -0.02591636
> # ----------------------
Annexes
323
Annexe 29 - Analyse de la centralité des Egos
Degré de centralité de proximité
Degré de centralité d'intermédiarité
324
325
LISTE DES FIGURES
Figure 1 - La conception de l'objet de la recherche doctorale..................................................... 4
Figure 2- Articulation du chapitre 1 ............................................................................................ 8
Figure 3 - Articulation du chapitre 2 ........................................................................................... 8
Figure 4 - Articulation du chapitre 3 ........................................................................................... 9
Figure 5- Articulation des chapitres de la thèse ........................................................................ 10
Figure 6 - Logique d'articulation du chapitre 1 ......................................................................... 14
Figure 7 - Typologie de la proximité selon l'approche interactionniste .................................... 17
Figure 8 - Typologie de la proximité selon l'approche institutionnaliste .................................. 18
Figure 9 - Typologie de la proximité selon l'approche institutionnaliste étendue .................... 19
Figure 10 - Les types de proximités et les coopérations inter-organisationnelles territorialisées
(adapté de Gosse et Sprimont, 2010) ........................................................................................ 21
Figure 11 - Le triptyque de Koenig (1996) ............................................................................... 37
Figure 12 - Le réseau de valeur d'une entreprise (adapté de Nalebuff et Brandenburger, 1995)
.................................................................................................................................................. 38
Figure 13 - Logique d'articulation du chapitre 2 ....................................................................... 56
Figure 14 - "La force des liens faibles" ..................................................................................... 66
Figure 15 – Les trous structuraux ............................................................................................. 67
Figure 16 - La définition des frontières d'un réseau territorialisé ............................................. 88
Figure 17 - Le protocole de collecte de données d'un réseau inter-organisationnel territorialisé
.................................................................................................................................................. 91
Figure 18 - La classification des données ................................................................................. 93
Figure 19 - Logique d'articulation du Chapitre 3 .................................................................... 102
Figure 20 - Les activités du thermalisme ................................................................................ 107
Figure 21 - Les sources de données qualitatives et leurs utilisations ...................................... 137
Figure 22 - Exemple illustrant le questionnaire ...................................................................... 151
Figure 23 - Séquence de fonctionnement du questionnaire .................................................... 154
Figure 24 : Les tables de données ........................................................................................... 158
Figure 25 - Répartition numéraire des individus étudiés selon qu'ils sont Egos et/ou Alters . 159
Figure 26 - Représentation de l'ensemble du réseau ............................................................... 168
Figure 27 - Représentation du poids des relations de l'ensemble du réseau ........................... 171
Figure 28- Visualisation des Alters+Relations classe 1 .......................................................... 173
326
Figure 29 - Visualisation des Alters+Relations classe 2 ......................................................... 173
Figure 30 - Visualisation des Alters+Relations classe 3 ......................................................... 173
Figure 31 - Visualisation des Alters+Relations classe 4 ......................................................... 173
Figure 32 - Visualisation des Egos classe 1 ............................................................................ 176
Figure 33 - Visualisation des Egos classe 2 ............................................................................ 176
Figure 34 - Visualisation des Egos classe 3 ............................................................................ 176
Figure 35 - Visualisation des Egos classe 4 ............................................................................ 176
Figure 36 - Visualisation des Egos classe 5 ............................................................................ 176
Figure 37 - Visualisation des Egos classe 6 ............................................................................ 176
Figure 38 - Les individus centraux dans le réseau du thermalisme dans les Landes ............... 178
Figure 39 - Les individus intermédiaires dans le réseau du thermalisme dans les Landes ...... 179
Figure 40 - Représentation du poids des relations de l'ensemble du réseau ............................ 182
Figure 41 - Visualisation des Egos classe 2 ............................................................................ 185
Figure 42 - Visualisation des Egos classe 4 ............................................................................ 186
Figure 43 - Visualisation des Alters+Relations classe 2 ......................................................... 187
Figure 44 - Visualisation des Egos de la classe 2 .................................................................... 188
Figure 45 - Dendogramme de la classification hiérarchique des Egos .................................... 290
Figure 46 - Dendogramme de la classification hiérarchique des Relations ............................. 293
327
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1 - Comparaison des comportements collectifs selon le type de coopération abordé ... 3
Tableau 2 - Les chiffres clés du thermalisme en France et dans les Landes ............................... 7
Tableau 3 - Les formes de gouvernance territoriale selon le degré de formalité de la
coopération et le type d'acteur dominant................................................................................... 27
Tableau 4 - Les comportements de recherche de rente (adapté de Lado et al., 1997) .............. 39
Tableau 5 - Les relations entre concurrents (adapté de Bengtsson et Kock, 1999) .................. 40
Tableau 6 - Les formes de coopétition (adapté de Dagnino et Padula, 2002) ........................... 44
Tableau 7 - Différentes définitions du capital social ................................................................ 58
Tableau 8 - Comparaison du capital social avec les autres formes de capital .......................... 60
Tableau 9 - Matrice des effets des caractéristiques du réseau pour un groupe (Burt, 2000) .... 69
Tableau 10 - Analyse de l'équilibre bénéfices-risques du réseau pour le capital social selon
Adler et Kwon (2002) ............................................................................................................... 70
Tableau 11 - Les méthodes de collecte de données des réseaux sociaux (d'après Angot et
Josserand, 2014) ........................................................................................................................ 79
Tableau 12 - Principaux indicateurs des caractéristiques structurales d'un réseau social ......... 85
Tableau 13 - Les indicateurs des propriétés structurales d'un réseau inter-organisationnel
territorialisé ............................................................................................................................... 95
Tableau 14 - Entretiens par type d'acteurs conduits entre mars 2013 et octobre 2015 ........... 105
Tableau 15 - Evénements ayant donné lieu à une observation ............................................... 106
Tableau 16 - Les groupes thermaux en France ....................................................................... 110
Tableau 17 - Synthèse du rôle de l'Etat ................................................................................... 116
Tableau 18 - Les modes d'exploitation des établissements thermaux des Landes .................. 122
Tableau 19 - Les établissements thermaux des Landes en octobre 2016 ................................ 123
Tableau 20 - Les associations professionnelles du thermalisme ............................................. 128
Tableau 21 - Chevauchement des logiques du thermalisme dans les Landes ......................... 131
Tableau 22 - Thèmes du guide d'entretien semi-directif ......................................................... 133
Tableau 23 - Exemples d'individus listés ................................................................................ 149
Tableau 24 - Le questionnaire ................................................................................................. 152
Tableau 25 - Règle d'inclusion des individus cités comme relations ...................................... 155
Tableau 26 - Invitations à participer à l'enquête ..................................................................... 156
Tableau 27 - Taux de participation à une enquête sur les réseaux sociaux ............................. 157
328
Tableau 28 - Tableau de distribution et de recodage des modalités regroupées (variable
2.9_âge) ................................................................................................................................... 160
Tableau 29 - Interprétation des classes d'Egos, d'Alters, de Relations, et d'Alters+Relations 165
Tableau 30 - Analyse des tests d'indépendance ....................................................................... 166
Tableau 31 - Les tables de données utilisées pour la représentation graphique du réseau ...... 168
Tableau 32 - Couleurs des sommets et des arcs du sociogramme du thermalisme dans les
Landes ..................................................................................................................................... 169
Tableau 33 - Les indicateurs des propriétés structurales d'un réseau inter-organisationnel
territorialisé ............................................................................................................................. 170
Tableau 34 - La densité du réseau du thermalisme dans les Landes ....................................... 172
Tableau 35 - Les « cliques » d'Egos ........................................................................................ 172
Tableau 36 - Répartition des effectifs des classes d'Alters+Relations par classe d'Egos ........ 174
Tableau 37 - Répartition des effectifs des classes d'Egos par classe d'Alters+Relations ........ 175
Tableau 38 - Les centralités de proximité et d'intermédiarité ................................................. 178
Tableau 39 - Analyse de l'équilibre bénéfices-risques du capital social selon Adler et Kwon
(2002) ...................................................................................................................................... 183
Tableau 40 - Exemple de calcul de fréquence de la variable 3.3 (le secteur d'activité de
l'organisation dans lequel j'exerce) .......................................................................................... 275
Tableau 41 - Calcul de fréquence croisée des modalités de la variable 3.3 (le secteur d'activité
de l'organisation dans lequel j'exerce) ..................................................................................... 276
Tableau 42 - ACM pour la variable 3.3 (le secteur d'activité de l'organisation dans lequel
j'exerce) ................................................................................................................................... 278
Tableau 43 - Modalités regroupées ......................................................................................... 279
Tableau 44 - Valeurs résultant de la classification hiérarchique des Egos pour la classe 1 .... 286
Tableau 45 - Description de la classe 1 des Egos .................................................................... 287
Tableau 46 - Analyse de la classification à 6 classes d'Egos (classification a) ....................... 288
Tableau 47 - Analyse de la classification à 3 classes d'Egos (classification b) ....................... 290
Tableau 48 - Analyse de la classification à 3 classes de Relations (classification c) .............. 292
Tableau 49 - Analyse de la classification à 7 classes de Relations (classification d) .............. 294
Tableau 50 - Analyse de la classification des Alters ............................................................... 297
Tableau 51 - Analyse de la classification des Alters+Relations .............................................. 299
329
LISTE DES ENCADRÉS
Encadré 1 : Une illustration de l'implication des acteurs publics dans la gouvernance
territoriale : les dispositifs français ........................................................................................... 29
Encadré 2 - Les bienfaits de la cure thermale du point de vue des curistes ............................ 113
Encadré 3 - Les associations de curistes ................................................................................. 113
Encadré 4- Historique du secteur du Thermalisme en France ................................................ 118
Encadré 5 - La participation à une enquête sur les réseaux sociaux ....................................... 156
Encadré 6 - Commentaire des statistiques descriptives des participants à l'étude et de leurs
relations ................................................................................................................................... 164
Encadré 7 - Les tables permettant la construction du sociogramme du thermalisme dans les
Landes ..................................................................................................................................... 168
330
331
LISTE DES CARTES
Carte 1 - Le thermalisme en France et les stations thermales dans les Landes ........................... 6
Carte 2- Les stations thermales en France .............................................................................. 109
332
333
LISTE DES GRAPHIQUES
Graphe 1 - Fréquentation des 5 premières stations thermales en France en 2016 .................. 110
Graphe 2 - Fréquentation des Curistes Assurés Sociaux ........................................................ 119
Graphe 3 - Fréquentation thermale entre 2009 et 2015 ........................................................... 120
Graphes 4 - La fréquentation dans les stations thermales des Landes entre 2009 et 2016 ..... 120
Graphe 5 - Représentations graphiques de l'ACM pour la variable S (le secteur d'activité de
l'organisation dans lequel j'exerce). ........................................................................................ 277
334
335
TABLE DES MATIÈRES
INTRODUCTION GÉNÉRALE 1
CHAPITRE 1. ANALYSE DES COOPÉRATIONS INTER-ORGANISATIONNELLES
TERRITORIALISÉES 11
INTRODUCTION DU CHAPITRE 1. 13
SECTION 1 - LE TERRITOIRE : UNE CONSTRUCTION SOCIALE 15
1. LE CONCEPT DE TERRITOIRE 15
2. L'APPROCHE DU TERRITOIRE PAR LES PROXIMITÉS 16
3. LES EFFETS DE LA PROXIMITÉ SUR LES COOPÉRATIONS INTER-ORGANISATIONNELLES TERRITORIALISÉES 19
SECTION 2 - LES COOPÉRATIONS ENTRE DES ACTEURS PUBLICS ET DES ACTEURS PRIVÉS GÉOGRAPHIQUEMENT
PROCHES : UNE FORME DE GOUVERNANCE TERRITORIALE 24
1. LE CHOIX D'UN CHAMP DISCIPLINAIRE POUR ÉTUDIER LA GOUVERNANCE TERRITORIALE 24
2. LES FORMES DE LA GOUVERNANCE TERRITORIALE 26
3. LE RÔLE DES ACTEURS PUBLICS DANS LA GOUVERNANCE TERRITORIALE 28
4. LES DIFFICULTÉS LIÉES AUX ACTIVITÉS ET À L'EFFICACITÉ DE L'INSTANCE DE GOUVERNANCE 30
5. LES CADRES D'ANALYSE THÉORIQUE DE LA GOUVERNANCE TERRITORIALE 31
SECTION 3 - LES COOPÉRATIONS ENTRE DES ACTEURS PRIVÉS CONCURRENTS GÉOGRAPHIQUEMENT PROCHES :
UNE COOPÉTITION PARTICULIÈRE 35
1. GENÈSE ET THÉORISATION DU CONCEPT DE COOPÉTITION 35
1.1. Genèse du concept de coopétition 35
1.2. Théorisation : la dimension ontologique de la coopétition 36
1.3. Théorisation : les contributions majeures à la définition de la coopétition 38
1.4. Une définition non stabilisée de la coopétition et choix d'une définition pour notre
recherche 41
2. LA COOPÉTITION : UNE SITUATION STRATÉGIQUE COMPLEXE 42
2.1. Les caractéristiques de la coopétition 42
2.2. Le paradoxe et l'ambigüité relationnelle de la coopétition 46
3. LE MANAGEMENT DE LA COOPÉTITION 47
3.1. Les modes de gestion 47
3.2. Le rôle de l'acteur tiers dans la gestion de l'ambigüité relationnelle de la coopétition 49
CONCLUSION DU CHAPITRE 1. 52
CHAPITRE 2. LE CAPITAL SOCIAL INFLUENÇANT LES COOPÉRATIONS INTER-
ORGANISATIONNELLES TERRITORIALISÉES : SA CARACTÉRISATION 53
INTRODUCTION DU CHAPITRE 2. 55
SECTION 1 - CAPITAL SOCIAL ET COOPÉRATIONS : DES CONCEPTS RELIÉS 57
1. LES FONDEMENTS THÉORIQUES DU CAPITAL SOCIAL 57
1.1. Les définitions du capital social 57
1.2. Le "capital" social : usage d'une métaphore 59
2. LES IMPLICATIONS POUR LA RECHERCHE DE L'ACCEPTION RETENUE DU CONCEPT DE CAPITAL SOCIAL 60
2.1. Une perspective multi-niveaux du capital social 60
2.2. Les effets du capital social sur les coopérations inter-organisationnelles 61
336
2.3. Le capital social : un stock de ressources encastrées dans les relations sociales 63
SECTION 2 - LE CADRE THÉORIQUE DES RÉSEAUX SOCIAUX ET LA CRÉATION DE CAPITAL SOCIAL 65
1. LE FONDEMENT THÉORIQUE DE L'ANALYSE DES RÉSEAUX SOCIAUX 65
1.1. La théorie de la force des liens faibles de Granovetter 65
1.2. La théorie des trous structuraux de Burt 66
2. LES RÉSEAUX SOCIAUX CRÉATEURS DE CAPITAL SOCIAL 68
2.1. Les caractéristiques des réseaux sociaux sous-jacents au capital social 68
2.2 Analyse de l'équilibre bénéfices-risques du réseau pour le capital social 70
SECTION 3 - L'ANALYSE DES RÉSEAUX SOCIAUX : UNE MÉTHODE ADAPTÉE À L'ÉTUDE DU CAPITAL SOCIAL 74
1. L'INTÉRÊT DE L'ANALYSE DES RÉSEAUX SOCIAUX 74
1.1 La pertinence de l'analyse des réseaux sociaux pour l'objet de la recherche 74
1.2 L'intérêt méthodologique de l'analyse des réseaux sociaux 75
2. LA MISE EN ŒUVRE DE L'ANALYSE DES RÉSEAUX SOCIAUX 77
2.1 La collecte des données de réseaux sociaux 77
2.2. La description des réseaux sociaux 80
2.2.1. Les représentations matricielle et graphique des réseaux sociaux 80
2.2.2 La mesure des propriétés des réseaux sociaux 82
3. LA SINGULARITÉ DE L'ANALYSE DES RÉSEAUX SOCIAUX DANS LE CAS D'UN RÉSEAU INTER-
ORGANISATIONNEL TERRITORIALISÉ 86
3.1. La collecte des données d'un réseau inter-organisationnel territorialisé 86
3.2. La description d'un réseau inter-organisationnel territorialisé 91
3.2.1. Le traitement des données d'un réseau inter-organisationnel territorialisé 91
3.2.2 La mesure des propriétés structurales d'un réseau inter-organisationnel territorialisé
93
CONCLUSION DU CHAPITRE 2. 97
CHAPITRE 3. ÉTUDE DE L'INFLUENCE DU CAPITAL SOCIAL SUR LES CIOT PAR L'ANALYSE DES
RÉSEAUX SOCIAUX : LE THERMALISME DANS LES LANDES 99
INTRODUCTION DU CHAPITRE 3. 101
SECTION 1 - MISE EN ÉVIDENCE DES COOPÉRATIONS 103
1. POSTURE ÉPISTÉMOLOGIQUE ADOPTÉE POUR UNE APPROCHE COMPRÉHENSIVE DES CIOT 103
2. ANALYSE STRATÉGIQUE DU SECTEUR DU THERMALISME ET LECTURE NÉO-INSTITUTIONNELLE 104
2.1. Les modes de l'exploration empirique de l'environnement du thermalisme 105
2.2. Une analyse stratégique du secteur du thermalisme en France 107
2.3. Une analyse néo-institutionnelle du thermalisme dans les Landes 117
2.3.2. Les particularités du champ organisationnel du thermalisme dans les Landes 121
2.3.2.1. Les acteurs du champ du thermalisme dans les Landes 121
2.3.2.2. Les différentes logiques institutionnelles 129
3. LES CARACTÈRES RÉVÉLÉS DES CIOT : ANALYSE QUALITATIVE 131
3.1. Des entretiens semi-directifs pour recueillir les perceptions des directeurs des
établissements thermaux sur les CIOT et les relations entre acteurs du champ 132
3.2. Une interprétation des CIOT du thermalisme dans les Landes 138
3.2.1. Un bref historique des CIOT du thermalisme dans les Landes 138
3.2.2. Les difficultés des CIOT du thermalisme dans les Landes 140
3.2.2.1. Les difficultés de coopération entre les exploitants thermaux et les collectivités
territoriales 141
337
3.2.2.2. Le défi de la coopétition entre exploitants thermaux sur le territoire du Grand Dax
143
3.2.2.3. Des difficultés à définir le territoire de coopération 144
SECTION 2 - MISE EN ÉVIDENCE DES CARACTÉRISTIQUES DES RÉSEAUX SOCIAUX 148
1. LE PROTOCOLE DE COLLECTE DES DONNÉES DE RÉSEAUX SOCIAUX 148
1.1. Une liste initiale des acteurs du thermalisme dans les Landes 148
1.2. La collecte des relations 150
2. L'ANALYSE DES RÉSEAUX SOCIAUX : ANALYSE QUANTITATIVE 157
2.1. La préparation des données des réseaux sociaux du thermalisme dans les Landes 157
2.2. La classification des individus et des relations des réseaux sociaux du thermalisme dans
les Landes 159
2.2.1. Traitement préalable : regroupement des modalités 159
2.2.2. La mise en œuvre de la classification 164
2.3. La représentation graphique des réseaux sociaux du thermalisme dans les Landes 166
2.4. L'analyse des propriétés structurales du réseau du thermalisme dans les Landes 170
2.4.1. L'analyse de l'intensité 170
2.4.2. L'analyse de la cohésion 171
2.4.3. L'analyse de l'équivalence structurale 173
2.4.3.1. Filtrage des Alters+Relations 173
2.4.3.2. Filtrage des Egos 175
2.5. L'analyse au niveau des individus du thermalisme dans les Landes 177
SECTION 3 - DISCUSSION DES LIENS ENTRE LES CARACTÉRISTIQUES DES RÉSEAUX SOCIAUX ET LES
COOPÉRATIONS 181
1. PRÉSENTATION DES LIENS ENTRE RÉSEAUX SOCIAUX ET COOPÉRATIONS 181
2. DES DIFFICULTÉS DE COOPÉRATION EN COHÉRENCE AVEC LES CARACTÉRISTIQUES DES RÉSEAUX SOCIAUX :
LES COOPÉRATIONS ENTRE EXPLOITANTS THERMAUX ET COLLECTIVITÉS TERRITORIALES 185
2.1. La structure du réseau des exploitants thermaux 185
2.2. La structure relationnelle des collectivités territoriales 186
3. LES DIFFICULTÉS DE COOPÉTITION ENTRE EXPLOITANTS THERMAUX : DES FACTEURS AU-DELÀ DES RÉSEAUX
SOCIAUX 188
CONCLUSION DU CHAPITRE 3. 191
CONCLUSION GÉNÉRALE 193
BIBLIOGRAPHIE 207
ANNEXES 229
LISTE DES FIGURES 325
LISTE DES TABLEAUX 327
LISTE DES ENCADRÉS 329
LISTE DES CARTES 331
LISTE DES GRAPHIQUES 333
TABLE DES MATIÈRES 335
338
RÉSUMÉ
Cette thèse propose une analyse croisée des coopérations inter-organisationnelles
territorialisées (CIOT) et du capital social, entendu comme l'ensemble de ressources
accessibles aux organisations généré par leurs relations professionnelles. Pour cela, nous
développons une méthode rapprochant une caractérisation des réseaux sociaux professionnels
par classification des acteurs et relations, avec les formes de coopérations révélées par une
analyse qualitative.
Cette méthode est appliquée au thermalisme dans les Landes, secteur captif d'une ressource
locale, l'eau minérale naturelle, et caractérisé par la proximité de nombreux acteurs publics et
privés qui s'interrogent sur leurs coopérations en vue de s'adapter aux mutations de leur
environnement.
Nos résultats mettent à jour les liens entre le capital social collectif détenu par l'ensemble des
organisations publiques et privées du thermalisme dans Les Landes et deux types de CIOT.
D'une part, notre analyse indique qu'un capital social collectif faible entrave la gouvernance
territoriale mixte (publique-privée). D'autre part, nos résultats suggèrent que les difficultés de
la coopétition entre acteurs privés concurrents proches géographiquement ne s'expliquent pas
uniquement par leur capital social collectif, mais par d'autres facteurs, en particulier humains.
Mots clés : coopérations inter-organisationnelles territorialisées (CIOT), gouvernance de
territoire, coopétition, analyse des réseaux sociaux, capital social, thermalisme, stratégie,
management public
SUMMARY
This thesis provides a cross analysis of local inter-organizational cooperations (LIOC) and
social capital, understood as accessible resources through professional relationships. For this
purpose, we develop an analysis method that reconciles the characterization of professional
social networks by the classification of actors and relations, with forms of cooperation
revealed by a qualitative analysis.
This method is applied to thermalism in Les Landes. This sector is strongly entrenched in the
local mineral water resource and is characterized by the proximity of numerous public and
private actors who question their cooperations in order to adapt to their evolving environment.
The results indicate links between social capital owned by all private and public actors of
thermalism in Les Landes and two kinds of LIOC. First, our analysis show that weak collective
social capital hinders mixed (public-private) local governance. Second, our results suggest that
difficulties of coopetition between geographically close private competitors may not only due
to collective social capital, but they could be explained by other factors, particularly human
factors.
Key words: local inter-organizational cooperations (LIOC), local governance, coopetition,
social network analysis, social capital, thermalism, strategy, public management