le cartogramme : une autre dimension de l’espace urbain
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"Le Cartogramme : une autre dimension de l’espace urbain" par Dominique Andrieu, géographe, cartographe de l’Université de Tours (MSH).TRANSCRIPT
Les cartogrammes Le kilomètre ne vote pas
Dominique ANDRIEU Géographe - cartographe
Maison des Sciences de l’Homme Val de Loire Université de Tours - Université d’Orléans - CNRS
Quel est ce lieu ?
Les points du vue de la cartographie
Et celui-ci ?
Les points du vue de la cartographie
Les points du vue de la cartographie
À l’image de ces 2 tests photographiques : - la carte, comme la photo, a des imperfections techniques ; la Tour Eiffel ne se penche pas pour regarder l’affiche au sol!
Les points du vue de la cartographie
À l’image de ces 2 tests photographiques : - la carte, comme la photo, n’est pas LA RÉALITÉ, elle donne à voir une réalité simplifiée et réduite.
Les points du vue de la cartographie
Par cette présentation je souhaiterais vous montrer qu’il existe d’autres points de vue en cartographie que celui de la carte topographique ou la vue aérienne (Google Map!!).
Les points du vue de la cartographie
Les cartogrammes sont un de ces points de vue utiles à connaître :
- nous sommes partis des limites et imperfections qui existent en cartographie - les outils existent aujourd’hui : que créent-ils ? - l’apport de ces représentations spatiales à la connaissance du territoire.
1. Imperfections et limites de la cartographie
La cartographie se heurte à une réalité géographique : beaucoup de phénomènes ont une répartition spatiale très contrastée où les fortes concentrations côtoient les très faibles densités.
Les méthodes traditionnellement déployées par la cartographie pour représenter ces répartitions s’avèrent peu pertinentes.
Ici un cas classique : - les points ne se distinguent plus dans les districts très peuplés
- que représente la position du point dans les districts désertiques du nord ?
Les contrastes entre les fortes et les faibles concentrations des phénomènes géographiques
1.1 Contraste des densités
Le carton est cette solution cartographique qui agrandit l’échelle d’une partie de l’espace cartographié où l’information devient trop dense.
1.2 Le carton
La région parisienne est un classique en France .
Le cas extrême : le maillage des circonscriptions législatives. Les contraintes spatiales sont grandes :
- La plus petite surface fait de 3 km² à Paris La plus grande fait 5100 km² dans les Landes Soit un rapport de 1 à 1700. - En nombre de votants inscrits le rapport est de 1 à 6 : 163 122 dans la 6e du Var, contre 27 563 pour la 2e de Lozère.
Que voyez-vous ?
- Beaucoup de cartons
- des trous à l’endroit des espaces agrandis
- des échelles variables
- des petites circonscriptions encore invisibles.
La perception de la continuité de l’espace est difficile.
Ces limites de la cartographie pourraient se résoudre en « agrandissant » les espaces peuplés et « réduisant » ceux qui le sont moins.
1.3 Quelle solution ?
Problème : l’échelle change.
Quel paramètre cartographique modifie-t-on ?
Ces limites de la cartographie pourraient se résoudre en « agrandissant » les espaces peuplés et « réduisant » ceux qui le sont moins.
1.3 Quelle solution ?
L’échelle change : solution refusée par J. Bertin à l’époque de la « Sémiologie graphique » en 1967. Pourtant ces méthodes existent : les anamorphoses.
2. Les cartogrammes
G. Palsky (1996) Des chiffres et des cartes, Paris, CTHS-Géographie.
Exemple de 2 anamorphoses éditées en 1888 par E. Cheysson.
Les anamorphoses sont variées, mais elles ont toutes pour point commun de modifier l’unité de mesure de l’espace représenté. L’intérêt pour ces méthodes n’est pas récent.
2. Les cartogrammes
Les cartogrammes sont des anamorphoses particulières : « transformations cartographiques de poids »
(Cauvin, 1998).
La nouvelle unité de mesure des cartogrammes provient d’une quantité renseignant un maillage de l’espace : le nombre d’habitants par pays, etc.
L’apport de l’informatique facilite la construction de ces fonds de carte.
2.1 Les outils
Les outils existent aujourd’hui
http://scapetoad.choros.ch/
http://www.spatial-modelling.info/Anaplaste-
Cartogram-Software-in
Scape Toad
2- soit intégrés dans des applications : Arc GIS, Cartes & Données, etc.
Anaplaste
1- soit indépendamment d’applications :
2.1 Les outils
3- soit proposés par des sites Internet : cartographie en ligne ou simples catalogues
http://www.worldmapper.org
L’intérêt de ce site est de proposer de nombreux cartogrammes dont les dimensions sont très variées (pas uniquement appuyées sur la population). Dommage que certains cartogrammes ne soient pas utilisés comme fond carte… nous allons voir cela
http://aire.ums-riate.fr
Ce site de cartographie interactive sur l’Europe propose des représentations classiques, mais aussi d’autres solutions très intéressantes, lorsque les données le permettent, dont les cartogrammes.
2.2 Les formes
Nombreuses sont les utilisations où seul le contraste des formes et des tailles est recherché
http://www.worldmapper.org Cartogramme de Worldmapper : exemple du volume de gaz carbonique émit par pays en 2000.
http://show.mappingworlds.com/world/ Cartogramme non contigu de Show®World : exemple de nombre d’enfants par pays.
2.2 Les formes
Les cartogrammes créent un nouvel espace avec ses dimensions dont les formes ne sont qu’une composante.
Sur une carte « classique », les formes sont utilisées pour reconnaitre les lieux :
- La forme de la France dans un planisphère
- Les départements dans un fond de France
- Mais êtes-vous capables de reconnaitre la commune de Tours ?
2.3 Le fond de carte
Le fond de carte sert à repérer les lieux d’un espace.
Il informe sur les distances , la taille des surfaces topographiques, etc.
Comté de Morton
43 km de long
Il n’est donc pas facile de se repérer, surtout si le fond de carte a des formes homogènes et s’il représente un espace inconnu de nous tous : le KANSAS !
2.3 Le fond de carte
Ces nouvelles dimensions, la population de 2010, informent sur la localisation des villes et l’armature urbaine qui les relient, etc.
Comté de Sedgwick (Wichita)
500 000 habitants
Le cartogramme crée un autre fond de carte avec de nouvelles dimensions.
Comté de Morton 3200 habitants
Kansas City
Topeka (capital)
2.4 Le fond et la forme
Les cartogrammes sont avant tout un moyen d’explorer les dimensions inhabituelles de nos territoires.
Les formes ne sont pas seulement un moyen de communication : elles ne doivent pas être le seul intérêt d’utilisation des cartogrammes.
Les cartogrammes de la population sont plus adaptés à cartographier les caractéristiques sociales ou démographiques d’un espace.
2.5 La cartographie du vide
Une cartographie du vide : le cas de la Suisse
La cartographie des résultats d’un référendum sur un fond « classique » (topographique) montre la répartition suivante des surfaces :
• 46% des surfaces sont représentées par la couleur du OUI
• 54% par la couleur du NON.
Rapportées aux proportions de votants, le OUI représente 58% des surfaces du cartogramme : c’est le résultat final de cette votation.
2.5 La cartographie du vide
Pourquoi une telle inversion ?
Le cartogramme de la population inverse radicalement l’image de l’espace Suisse : la perception est inversée.
En 2006 : 20 % de la population française vit sur moins de 0.7% de la surface du territoire.
2.5 La cartographie du vide
Cet exemple montre que l’espace cartographié appliqué aux sciences humaines et sociales doit être vu avec d’autres lunettes.
En 2006 : 20 % de la population française vit dans une commune peuplée de plus 57 500 habitants…
2.5 La cartographie du vide
En 2006 : 20 % de la population française vit sur moins de 0.7% de la surface du territoire.
Cet exemple montre que l’espace cartographié appliqué aux sciences humaines et sociales doit être vu avec d’autres lunettes.
En 2006 : 20 % de la population française vit dans une commune peuplée de plus 57 500 habitants…
La contrainte de ces constructions est de respecter : - les voisinages entre les communes - la continuité de l’espace.
3. Mon espace habité Changer de lunettes pour représenter ces nouvelles dimensions : le cartogramme.
Ces dimensions ne sont pas celles pratiquées lorsque : -nous nous déplaçons
- nous employons des cartes.
Elles s’approchent d’une représentation mentale de l’espace structurée autour des villes.
3. Mon espace habité Il va falloir apprendre à lire ces cartes.
3. Mon espace habité
Les « grandes » communes sont peuplées et urbaines au centre des agglomérations.
Nantes
Angers
Tours
Orléans
Seriez-vous capable de trouver… Blois
Saumur
Bourges
3. Mon espace habité
Longilignes, étirées autour des agglomérations et attirées par elles, les communes forment les « couronnes périurbaines » en orange.
Nantes
Angers
Tours
Orléans
Maintenant que vous connaissez votre espace habité, explorons-le…
Quelle interprétation géographique ?
1- Le niveau régional Classique en géographie
2- Le niveau urbain facilité grâce au cartogamme
Les gradients urbains
Les secteurs urbains
Utilisation du cartogramme comme fond de carte pour représenter les revenus des ménages.
Un exemple d’application en géographie électorale
- le profil urbain de notre lieu d’habitation, notre urbanité, influence plus nos choix politiques que la région où l’on vit.
- Le km ne vote pas!
Le cartogramme comme système de projection.
Une cartographie qui peut combiner des échelles « classiques » très différentes : les réseaux infra-urbains et inter-urbains se côtoient sur la même carte.
Le cartogramme comme système de projection.
Une perception de la vulnérabilité des populations soumises à l’aléa d’inondation à l’échelle du bassin de la Loire : une géo-morphologie humaine de notre environnement.
3. Mon espace habité
Et pourquoi pas du charlatanisme ?
Ces représentations de l’espace déforment ou transforment surtout nos habitudes cartographiques.
4. Conclusion : transformation, déformation, etc.
Elles révèlent une organisation multi-dimensionelle de nos territoires : mon rôle est de montrer l’une d’entre elles au travers de cartogrammes de la population.
On pourrait choisir d’autres dimension de l’espace que celle produite pas la population :
- la richesse : PIB des pays - voir aussi la multiplicité des indicateurs de Worldmapper.
4. Conclusion