le droit d’auteur, Ça marche paroles d’auteurs professionnels
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8/20/2019 LE DROIT D’AUTEUR, ÇA MARCHE PAROLES D’AUTEURS PROFESSIONNELS
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LE DROIT D’AUTEUR,ÇA MARCHEPAROLES D’AUTEURS PROFESSIONNELS
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Tous les pays sont ers de leurscréateurs – de leurs écrivains, de leursartistes, de leurs musiciens et cinéastes.Les cultures et les identités nationaless’incarnent dans leurs œuvres et,à travers elles, peuvent toucher lemonde entier. Source de savoir et dedivertissement, le travail des créateursest aussi une richesse de premièreimportance, à la fois pour les économiesnationales et pour l’économie mondiale.
Dans de nombreux pays, les lières dela création constituent le secteur enplus forte croissance.
Il existe de nombreuses raisons detrouver juste et raisonnable l’idée dedévelopper les exceptions au droitd’auteur qui donnent libre accès auxœuvres. Et tous les créateurs veulentque leurs œuvres soient lues, écoutées,regardées, admirées, appréciées. Alors
où est le problème? Le problème estque toute décision que vous envisagezde prendre doit impérativementprotéger le droit fondamental del’auteur à être rémunéré pour chaqueutilisation de son œuvre – un droitqui a été reconnu par la Déclarationuniverselle des droits de l’homme, parla Convention de Berne, ainsi que parles traités internationaux et législationsnationales qui leur ont succédé.
Faute de cette garantie, les créateurs,qui, nous en sommes tous bienconscients, tirent en général desrevenus très faibles de leur travail,seront dans l’incapacité de poursuivreleur activité. Vous aurez alors favorisél’accès à des œuvres dont le nombreet la diversité iront en s’amenuisant,sans que cette tendance puisse être
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John Degen, poète et romancier,est directeur exécutif de l’Union
des écrivains du Canada etprésident du Forum international
des auteurs. A v e c l ’ a i m a b l e a u t o r i s a t i o n d e J o h n D e g e n
compensée par les seuls contenus crééspar les utilisateurs. Telle n’est pas, nousle savons, votre intention, mais il n’estdans l’intérêt de personne de répondreà un problème de long terme par unesolution destructrice à court terme.Les créateurs veulent nous offrir de laculture, de l’information et du plaisir,mais pour qu’ils continuent à le faire,encore faut-il qu’ils puissent subvenir àleurs besoins.
Le Forum international des auteursreprésente les intérêts de quelque500 000 écrivains et artistes visuels dumonde entier. Nous vous demandonsde veiller à ce que tout instrument
juridique à venir tienne compte de lanécessité pour les créateurs de gagnerleur vie par leur travail et prévoie desdispositions réalistes dans ce sens,notamment en ce qui concerne les
exceptions actuellement à l’étude enfaveur des bibliothèques et des servicesd’archives, de l’enseignement et dela recherche. La présente brochurecontient des témoignages de créateursdu monde entier (ceux-là même quidépendent du droit d’auteur pourvivre), qui nous expliquent en quoi ledroit d’auteur est important pour eux.
Aux membres du SCCR,
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En ce qui me concerne, mes livres m’ont rapporté bien peu dedroits d’auteur, mais ce peu-là m’est très précieux.
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© S
al I d r i s s
Née au Zimbabwe, Elinor Sisulu,écrivaine sud- africaine et
militante des droits de l’homme,est l’auteur du livre pour enfants
maintes fois primé The Day GogoWent to Vote. Elle-même a reçu
le prestigieux prix Noma pourl’édition africaine en 2003. Elle
milite pour la promotion du livreet l’essor de la littérature depuis
de nombreuses années.
ELINOR SISULUAFRIQUE DU SUD
Il est navrant d’apprendre que les gouvernementsafricains sont en faveur d’exceptions au droit d’auteur.La plupart des auteurs africains, en particulier ceux quiécrivent dans des langues indigènes, peinent à vivrede leur travail. Ces exceptions viendront éroder le peuqu’ils arrivent à gagner et il en résultera une diminutiondes contenus produits dans ces pays.
La fondation Puku pour la littérature enfantine que je préside vient d’organiser son tout premier festival
littéraire. Cet exercice m’a ouvert les yeux sur lesdifcultés auxquelles doit faire face l’édition en languesafricaines. Certains éditeurs gardent d’excellentsmanuscrits dans leurs tiroirs parce que leur publicationne serait pas viable commercialement.
Certes, des exceptions au droit d’auteur pourraientpermettre aux bibliothèques, aux services d’archives etaux établissements d’enseignement de moins dépenserpour l’acquisition de contenus, mais les œuvres qu’ilspourront se procurer seront moins variées et de moinsbonne qualité, en tout cas venant des auteurs denos pays.
Je suis très sensible à la nécessité de rendre lescontenus pédagogiques accessibles à tous, mais ilnous faut inventer d’autres solutions pour atteindre cetobjectif. Dépouiller les auteurs du peu qu’ils gagnentn’est pas la voie à suivre.
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Au cours de ces dix dernières années, j’ai écrit et publié plus d’une dizaine d’ouvragesen arabe et en anglais sur l’histoire de la médecine au Soudan, la médecinetraditionnelle et les règles de procédure. Comme la plupart des auteurs, j’aimerais quemes livres soient achetés et lus, de manière à pouvoir diffuser mon message et créer etpublier d’autres œuvres. J’aimerais voir mes livres sur les rayonnages des bibliothèquesdu monde entier. Malheureusement, ils n’ont jamais pu franchir les frontières du payset, dans le pays, je suis à peine rentré dans les frais de publication, sans parler dedégager un bénéce pour produire d’autres ouvrages.
J’aimerais voir les bibliothèques et les services d’archives soudanais se développer,préserver leurs acquisitions, soutenir l’enseignement et la recherche, s’échanger et seprêter des documents. Ces établissements devraient pouvoir accéder normalement aumarché international pour y acheter des biens intellectuels. Mais tel n’est pas le cas.
L’embargo économique total imposé au Soudan depuis 1997 étouffe notre vieculturelle, scientique et éducative, car aucune transaction nancière ne peut êtreréalisée à travers les banques internationales pour vendre ou acheter un ouvrageintellectuel, universitaire ou scientique. Conséquence à peine croyable : cela faitmaintenant plus de vingt ans que le Soudan n’a pas acheté, par les voies ofcielles, derevues ou de manuels scientiques, que ce soit sous format numérique ou papier.
Les auteurs soudanais peinent à accéder aux sources de savoir internationales, auxbibliographies et aux bases de données. Ils ont encore plus de difcultés à se livrerà la moindre activité pédagogique en ligne ou à consulter les archives nationalesconservées à l’étranger.
La réputation des auteurs soudanais s’est dégradée, des mouvements culturels etscientiques ont été entravés et la vitalité et la viabilité intellectuelle du pays en ontbeaucoup souffert. La qualité, la quantité et la diversité de la production intellectuelleont fortement baissé ces dernières années.
Lorsque des produits intellectuels soudanais sont copiés, distribués ou enregistrés
légalement dans le pays ou à l’étranger, les auteurs n’ont aucun moyen de surveiller lemarché et de toucher leur dû puisqu’il n’existe aucun mécanisme de collecte. Même sil’on en mettait un en place, l’argent collecté ne pourrait pas entrer dans le pays.
Pour conclure sur une note personnelle : an que mes œuvres soient accessibles auxutilisateurs, je les ai mises gratuitement à disposition sur internet. J’ai la chance de nepas dépendre de ma plume pour vivre. Autrement, je serais mort de faim.
PROFESSEUR AHMADAL SAFISOUDAN
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Professeur d’anesthésiologie, Ahmad Al Sa estl’auteur de nombreux ouvrages en arabe et enanglais sur la médecine traditionnelle soudanaise,l’histoire de la médecine et les systèmes de santé. Ilpréside aujourd’hui l’Union des écrivains soudanais.
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A v e cl ’ ai m a b l e a u t or i s a t i o
n d u pr of e s s e ur A h m a d A l S a
Comme la plupart des auteurs, j’aimeraisque mes livres soient achetés et lus, demanière à pouvoir diffuser mon message etcréer et publier d’autres œuvres. J’aimeraisvoir mes livres sur les rayonnages desbibliothèques du monde entier.
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À quelles difcultés sont confrontés les auteursdu Panama? Comme je l’ai dit, à un manqued’encadrement institutionnel, qui empêche nos livresd’être jugés équitablement et d’être vendus et diffusésau mieux dans les écoles.
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© J o r g e G a l l a r d o
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Les talents d’écrivain de CarlosWynter Melo sont reconnus
au niveau national commeinternational. En 2007, il a fait
partie des jeunes écrivainslatino-américains distingués
dans le cadre du projet Bogotá39. En 2012, lors de la 25e
foire internationale du Livre deGuadalajara, il gurait dans la
liste des « 25 secrets les mieuxgardés d’Amérique latine ». Il
a publié un roman et plusieursrecueils de nouvelles.
CARLOS ORIELWYNTER MELOPANAMANos livres arrivent dans les écoles et les universités parle jeu de l’offre et de la demande, dans un contextede relations très étroites entre les dirigeants de cesétablissements et les libraires. De temps à autre,les vendeurs font des offres au niveau de l’État, etils remportent ou non le marché. Chaque contratcomporte des clauses et de conditions particulières, etle succès d’un livre dépend de l’habileté de ceux quile commercialisent.
Bien que le Panama soit signataire de la Conventionde Berne et respecte plusieurs traités, il souffre d’unencadrement institutionnel trop lâche. Pour développerson économie, il a fait le sacrice de règlementationsqui auraient apporté un cadre commun et une certainesécurité juridique à sa population. Cela ne peut pasnous laisser indifférents étant donné les conséquencesà moyen et long terme de cette situation : mépris desdroits des auteurs et de principes éthiques essentiels(compétence, collaboration), risque de corruption.
L’idéal serait que les règles soient plus claires, mieuxrespectées et plus transparentes. Cela permettrait à lasociété civile de jouer un rôle actif dans la passationdes contrats, les droits d’auteur seraient calculés demanière plus équitables, le coût et la répartition deslivres dans les établissements scolaires seraient plus
justes et la qualité des livres régulée.
Comment fonctionne la loi sur les bibliothèques,les services d’archives et les établissementsd’enseignement ? C’est une loi récente et elle n’est pas
appliquée partout. Certains la connaissent et d’autresnon. Nous espérons qu’elle entrera bientôt dansles usages.
À quelles difcultés sont confrontés les auteursdu Panama? Comme je l’ai dit, à un manqued’encadrement institutionnel, qui empêche nos livresd’être jugés équitablement et d’être vendus et diffusésau mieux dans les écoles.
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Devenu écrivain à plein tempsà l’approche de la trentaine,Harry Thurston a publié plusd’une vingtaine de livres de
poésie, d’histoire naturelle, de journalisme et de mémoire –une carrière littéraire fertile etgratiante, sinon qu’il partage
le motif de plainte habituel desécrivains : pas assez d’argent au
regard du travail fourni.
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A v e c l ’ a i m a b l e a u t o r i s a t i o n d e H a r r y T h u r s t o n
HARRY THURSTONCANADA
La situation n’était déjà pas brillante, mais ilsemblerait qu’elle s’aggrave sous l’effet de larévolution numérique et des bouleversements quecelle-ci provoque dans le monde de l’édition. Ici, auCanada, c’est encore pire parce que les désastreuxchangements introduits dans la loi sur le droit d’auteurviennent ponctionner les revenus d’auteurs dont lespoches étaient déjà bien vides.
Je suis inquiet pour les écrivains, à tous les stades deleur carrière : pour ceux qui font leurs débuts dansun monde où la culture est de plus en plus « libre »(comprendre : un monde où les consommateurs sontlibres de ne pas payer les contenus culturels) ; pourceux qui sont en milieu de carrière et dont les livres,ne faisant pas partie des best-sellers, sont de moinsen moins soutenus par les éditeurs ; et pour les plusâgés comme moi, qui peuvent s’attendre à voir leurproduction diminuer à mesure qu’ils vieillissent – etavec elle leurs revenus déjà bien maigres.
Rémunérer les auteurs pour les usages publics qui sontfaits de leurs œuvres (reprographie ou copie numérique
dans le système éducatif, dans les services d’archives,dans les bibliothèques pour la conservation des fonds)est essentiel pour assurer leur sécurité nancière.
Les lecteurs doivent comprendre que s’ils veulentproter à l’avenir du travail de création de nosécrivains, il faut qu’ils le payent : dans les commerces(virtuels ou physiques), sur Internet, dans le systèmeéducatif et dans les établissements publics comme lesbibliothèques et les services d’archives.
D’après une étude de 2010, si l’on s’entient à leurs revenus d’écrivain, les troisquarts de nos membres vivent en dessousdu seuil de pauvreté. Et pourtant, ungrand nombre de ces écrivains dansla gêne doivent être bien connus deslecteurs du Canada et d’ailleurs.
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MANDY MARTINAUSTRALIE
Des versements de droits d’auteur apparaissentpériodiquement sur mon compte en banque, souventdans des périodes où je n’ai pas eu de vente, et ils sontfort bienvenus.
Beaucoup d’artistes indigènes vivent dans descommunautés isolées et connaissent des conditions delogement et de santé préoccupantes.
Les droits d’auteur versés pour des usagespédagogiques sont importants : la plupart descollections publiques qui détiennent mes œuvresm’ont fait parvenir des demandes an de les incluredans leurs collections numériques et j’ai apprécié cesigne de reconnaissance et la conrmation que cesétablissements possèdent mes œuvres.
” A v e c l ’ a i m a b l e a u t o r i s a t i o n d e
M a n d y M a r t i n
Martin – Firestorm Mt Connor 3, 2015,huile sur toile de lin, 100 x 100 cm
Martin – Incident 1, 2014,huile sur toile de lin, 150 x 150cm
Les sommes, même minimes, générées par lareconnaissance des droits des artistes grâce au droitd’auteur sont importantes et contribuent à assurerla subsistance d’artistes dont les revenus sontgénéralement très bas.
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Artiste née en 1952 à Adélaïde,Mandy Martin a exposé de
nombreuses fois, tant en Australieque dans le monde entier.
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MIKE SAMBALIKAGWAMVONAMALAWICela fait de nombreuses années que les auteursdu Malawi et d’Afrique en général sont privés de la
juste rémunération de leurs écrits. La loi sur le droitd’auteur censée protéger les œuvres de l’esprit n’estpas respectée. Le taux de pauvreté qui sévit dans laplupart des pays d’Afrique est aussi avancé comme uneexplication à ces mauvaises pratiques. Pour se préparerà leurs examens, de nombreux élèves et étudiants,en particulier dans l’enseignement secondaire et
à l’université, photocopient des livres entiers (enparticuliers des manuels) plutôt que d’en acheter desexemplaires. Un tel scénario prive les auteurs du fruitde leur travail et un grand nombre meurent dans ledénuement. Résultat : les auteurs africains ne comptentplus gagner leur vie grâce à leur métier et ont ni parse résigner à n’écrire qu’une partie du temps.
C’est seulement il y a quelques années que laCopyright Society of Malawi (COSOMA) s’est lancéedans un projet autour du droit de reprographie
pour juguler ces mauvaises pratiques. La COSOMAa notamment mené une campagne nationalepour délivrer des licences aux grosses agences dereprographie, de même qu’aux établissementsd’enseignement (enseignement supérieur et secteurassociatif, surtout), tout en leur expliquant les raisonsde cette démarche.
Les auteurs africains sont déjà dans une situationprécaire ; abaisser encore le niveau de protection descontenus qu’ils produisent ne fera qu’ajouter de la
détresse à leurs difcultés matérielles. Par ailleurs, celaencouragera les établissements scolaires à renoueravec leur habitude de photocopier les livres et lespériodiques en tout illégalité et sans restriction, ce quiaffaiblira la loi sur le droit d’auteur au moment mêmeoù les sociétés de gestion collective du pays s’efforcentd’en améliorer l’application.
Né en 1958, Mike SambalikagwaMvona, est l’auteur de onze livres
et a publié près d’une centainede nouvelles. Président de
l’Union des écrivains du Malawidepuis onze ans, il est aussi vice-président du Forum international
des auteurs depuis 2014. Sonprochain roman, The Presidential
Race, doit sortir cette année.
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Les auteurs africains sont déjà dans
une situation précaire ; abaisser encorele niveau de protection des contenusqu’ils produisent ne fera qu’ajouter de ladétresse à leurs difcultés matérielles.
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n d eMi k e S am b al i k a gw aMv on a
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En Inde, les infractions au droit d’auteur sontd’une grande banalité ; les livres, les DVD etautres produits culturels publiés et vendus entoute illégalité sont pour moi comme pour tous lespassants un spectacle quotidien – bien plus encoreque les éléphants et les afches de Bollywood !
Auteur d’un livre publié àHouston aux États-Unis et traduit
en plusieurs langues (2012 isLight Years Away ), Girish Rathna
fait partie des jeunes écrivainsindiens qui se sont fait un nom
sur la scène internationale.
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P h o t o © P h o t o gr a ph er
GIRISH RATHNAINDE
Pour un auteur venant d’un pays aussi divers que l’Inde,les infractions au droit d’auteur sont d’une grandebanalité ; les livres, les DVD et autres produits culturelspubliés et vendus en toute illégalité sont pour moicomme pour tous les passants un spectacle quotidien –bien plus encore que les éléphants et les afches de Bollywood !
En Inde, les bibliothèques, les services d’archives etles établissements d’enseignement protent déjàénormément des exceptions prévues par les traitésactuels ; il faut donc regarder de près les nouvellesmesures proposées parce qu’elles pourraient beaucoupnuire aux auteurs et aux éditeurs. Aujourd’hui la plupartdes écoles et des universités refusent d’obéir auxdirectives et obligent leurs étudiants à acheter leuradmission ou exigent des frais de scolarité exorbitants,alors on imagine comment le nouveau traité pourraitleur fournir un prétexte pour exploiter encore plus lesétudiants et les auteurs.
La situation pourrait empirer si des changementsdans la loi offraient une excuse toute trouvée
à la publication, à la diffusion et aux échangesinternationaux illicites. À l’ère du numérique, internetpourrait être une redoutable arme de destruction de lavaleur des auteurs en Inde – ou n’importe où dans lemonde, d’ailleurs.
Les auteurs seraient alors découragés de consacrerdu temps, de l’argent et l’énergie à la créationd’œuvres de valeur protégées par la loi sur la propriétéintellectuelle, ce qui provoquerait nalement unebaisse globale de la production.
A v e c l ’ a i m a b l e a u t o r i s a t i o n d e G i r i s h R a t h n a
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SOPHIE MASSONAUSTRALIE
Auteur d’une soixantaine d’ouvrages jeunesse primés et publiés dansde nombreux pays.
Comme la plupart des auteurs qui écrivent essentiellement pour lesenfants et les adolescents, je tire une bonne partie de mes revenusdes achats réalisés par les écoles et les bibliothèques publiques. Celasignie non seulement que je perçois des sommes conséquentes pourle droit de prêt, mais aussi que mes livres sont souvent photocopiéspour être utilisés en classe, et dans les deux cas je perçois desdroits par l’intermédiaire de la Copyright Agency en Australie et del’ALCS au Royaume-Uni. Si de nouvelles exceptions en faveur desbibliothèques et des établissements scolaires devaient être adoptées,
je suis convaincue que cela aurait des conséquences très néfastespour les auteurs en général et pour les auteurs jeunesse en particulier– ceux-là même dont les œuvres ouvrent les portes de la littératureaux enfants.
Si nous croyons réellement que l’éducation est un droit, alors nousdevons aussi croire que les enfants ont un droit à l’imaginaire, carles deux sont intimement liés. Appauvrir (et donc peut-être réduireau silence) ceux qui nourrissent cet imaginaire ne permettra pas dedonner leur chance aux jeunes lecteurs du monde entier. Loin de là.
J’ai souvent eu la joie de me sentir toutepetite en entendant des jeunes quiavaient grandi avec mes livres me direà quel point ces livres avaient comptépour eux.
Australienne, Sophie Masson estl’auteur d’une soixantaine d’ouvrages
jeunesse primés et publiés dans denombreux pays.
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t i on d e S o ph i eM a s s on
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IMAGINEZ UN MONDEoù les auteurs ne recevraient pas la juste récompense de leur travail…
Les revenus que les écrivains du Canada tirent
de leur activité d’écriture ont baissé de 27 % par
rapport à 1998. Dans 81 % des cas, ces revenus se
situent en dessous du seuil de pauvreté.
Source: enquête réalisée par l’Union des écrivains
du Canada, « Dev a lu i n g C re ato r s , E nd a nge r in g
C re ativ ity », 2015
Suit e à la mise en œuv r e d es d is posit ions sur l’« ut ilisat ion équit able » pr év ues par les nouv elles exce pt ions en f av eur d e l’enseignement au Canad a, une ét ud e r éalisée par Pw C a conclu que « à t er me, l’éd it ion d e nouv eaux cont enus pour les ét ablissement s pr imair es et second air es d u Canad a d is par aî t r a d ans une t r ès lar ge mesur e et d e ce f ait la qualit é d es cont enus
ut ilisés par les élèv es baisser a ».
En out r e, « les r ev enus d es écr iv ains, aut eur s et illust r at eur s canad iens pr ov enant d e sour ces canad iennes d iminuer ont et , comme on n’a per çoit aucun r ev enu d e r em placement d ans l’imméd iat ou à l’av enir , beaucou p se d ét our ner ont d e ce sect eur . Les nouv elles d is posit ions, et leur s ef f et s sur le mar ché, ent r av ent la ca pacit é d es pr od uct eur s d e cont enus à se saisir d es possibilit és of f er t es par le numér ique et d écour agent l’innov at ion d ans le sect eur mar chand numér ique canad ien ».Sour ce: Pr icew at er house Coo per s LLC, ‘ E conomi c I m pact o f t he C anad i an E d ucat i onal S ect or ’s F ai r D eal i ng G ui d
el i nes’, 2015
CA NA DA
Aux États-Unis, les auteurs ayant répondu à uneenquête de l’Authors Guild ont indiqué que lerevenu médian qu’ils tirent de l’écriture a baissé de24 % au cours de ces cinq dernières années.
Source: enquête réalisée en 2015 par l’Authors Guild(États-Unis) auprès de ses membres et de 1 300écrivains non membres
ÉT AT S-U N I S
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Ve nd re les li v res à pe r te po u r f o u r ni r les éco les a
co nd ui t à ne ve rse r a uc u ns d roi ts a u x a u te u rs, ce
q ui les a p ri vés de le u rs re ve n us. Les pe r tes s u bie
s
pa r les édi te u rs o n t e u des co nséq ue nces néga ti v
es
e t o n t p ro voq ué la f e r me t u re de maiso ns d’édi tio
n
a u Zi m ba b we, de so r te q ue no us so m mes o b ligés
d’i m po r te r des ma n ue ls.
So urce: i nf o r ma tio ns f o u r nies pa r le Co nsei l des
e xa me ns d u Zi m ba b we, Ha ra re
E n 2005, 40 % des auteur s du Roy aume-Uni v iv aient ex clusiv ement de leur s tr av aux d’écr itur e ; en 2013, cette pr opor tion était tombée à tout juste 11,5 %. L e r ev enu moy en que les auteur s pr of essionnels tir aient de leur activ ité av ait baissé de 29 % en ter mes r éels depuis 2005.Sour ce: « T he Bus i ness of Be i n g A n Aut ho r : A S u r v e y of Aut ho r s’ E a r n i n g s a nd C o nt r act s », univ er sité Queen Mar y de L ondr es, 2015
R U
C O RÉE D U SU D
ZIMBABWE
26,2% des artistes coréens ne tirent aucun revenu mensuel de leur activité artistique.
Source: rapport sur les artistes et leurs activités, ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme, Corée du Sud, 2012
« Les ar tistes v isuels connaissent d es car r ièr es pr écair es et leur r ev enu moy en se situe bien en d eçà d u r ev enu méd ian national au R oy aume-U ni (21 320 £). En 2009-2010, le r ev enu méd ian d ’un photogr a phe était d e 15 000 £, celui d ’un illustr ateur d e 15 723 £ etcelui d ’un plasticien d e 10 000 £ seulement. »
Sour ce: Centr e f or Intellectual Pr o per ty Policy & Management (CIPPM), univ er sité d e Bour nemouth, R oy aume-U ni, « C o p yr i ght cont r act s and ear ni ngs o f vi sual cr eat or s: A sur ve y o f 5 ,8 0 0 Br i t i sh d e si g ner s , f ne ar t i st s , i l l u st r at or s and phot o g r a pher s », 2011
En janv ier 20 11, le d écès d e l’écr iv aine G o-eun Choi ( 197 9-20 11), mor t e d ’une malad ie chr onique d ans sa chambr e à Seok su-d ong ( Any ang ), a at t ir é l’at t ent ion d e l’o pinion publique sur la pauv r et é d ont souf f r ent les ar t ist es. Suit e à cela, l’Assemblée nat ionale a v ot é la loi sur l’assist ance aux ar t ist es ( 28 oct obr e 20 11), d it e « loi Choi G o-eun ». I l s’ag it d e la pr emièr e loi d ’assist ance v isa nt une pr of ession s pécique et non d es g r ou pes sociaux d éf av or isés.
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Cette magnifque image a été créée sans qu’aucuns droitsn’aient été versés à son auteur.
Par chance, nous l’avons eue gratuitement.
Si les lois ne protègent pas les créateurs et leurtravail, le métier d’auteur, quelle que soit le moyend’expression, ne sera plus viable et disparaîtra.
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”Maureen Duffy, (Royaume-Uni) est l’auteur de 34 livres, dont desoeuvres de ction, des essais, des pièces de théâtre et des recueils depoésie. Elle est reconnue dans le monde entier pour les services qu’elle
a rendus à la littérature et son action en faveur de la réforme de la loisur l’égalité.
© Ni aH u gh e s 2 0 1 3